Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) Résumé : Jules César est venu passer des vacances dans un palais d’été d’une de ses nombreuses colonies. Mais ses frasques et son attitude hautaine déplaisent de plus en plus. Le peuple en a assez et certains s’organisent pour l’assassiner. Le pauvre garagiste Ben-Hur Marcel devient leader malgré lui de cette révolte. Critique : Jean Yanne fait partie de ces incontournables des années 70/80 : sa filmographie est assez riche pour receler de belles pépites et quelques petites bouses. On commence par le bas avec cette parodie de péplum pas vraiment marquante. Mais elle a pour elle tout de même un casting impressionnant de cachetonneurs ou d'amis de Yanne qui ne sont pas dénués de tout intérêt. Sur le papier du moins. Coluche et Michel Serrault étaient de ceux qui pouvaient éventuellement livrer de belles scènes. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Jean Yanne nous livre un film encore plus paresseux que ses précédents. C'est un trait qu'on peut souvent lui reprocher. Il était doué et intelligent, mais ne reculait pas devant certaines facilités s'il pouvait gagner du temps et de l'argent. En l'occurrence avec cette grosse production pour l'époque, on regrettera qu'il n'ait pas pris un peu plus de temps pour nous pondre un scénario plus musclé et surtout pendant le tournage qu'il n'ait pas mis plus de soin à sa mise en scène. De très nombreux comédiens, pour ne pas dire tous, semblent en complète roue libre. Le jeu de certains est absent. Ça récite, mais ne joue pas vraiment. Certains viennent jouer les apparitions "minute", voire "seconde". On fait coucou, on se claque la bise et par ici la sortie. Coupé, c'est dans la boîte ! Niveau humour, Jean Yanne développe sur grand écran son sketch des taxis romains qui s'enguirlandent. Tout est axé sur la parodie, l'anachronisme. Quelques gags de situations et des quiproquos pour pimenter, et hop, l'affaire est pliée. Ce film eut un grand succès, me semble-t-il. J'étais gamin, mais j'ai tout de même le souvenir d'une grosse machine médiatique, du grand Barnum radio et télé, la promo à outrance comme on savait déjà le faire jadis et beaucoup de français s'y sont faits avoir, sans doute appâtés par les présences de Coluche et Serrault essentiellement. Succès si net que Jean Yanne s'est cru obligé de rempiler quelques années plus tard en appliquant la même recette avec la Révolution française dans "Liberté, égalité, choucroute". On est alors très loin des comédies satiriques et moralistes comme le "Tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil" des débuts du cinéaste Jean Yanne. On est ici dans l'encaissement avant imposition. Le rapport de Jean Yanne à l'argent a sans doute gâché une grande carrière d'acteur comique, mais peut-être aussi de réalisateur. Gros trou d'air au milieu de sa carrière pour fuir la fiscalité française en Californie où l'herbe n'était pas si verte. J'ai beaucoup d'admiration pour Jean Yanne ; je déplore cette espèce de cynisme, mais il semble tomber avec ce film et le suivant dans la facilité, destinée à ramener le plus d’argent possible. En conséquence, il perd de sa verve et de sa liberté. Et Michel Serrault de nous servir un César "Napoli" pour rappeler "La cage aux folles", tandis que Coluche fait du Coluche. Rien d'original, non, c'est trop compliqué, trop risqué, trop de travail. Donc rien de frappant, rien de bien consistant qui puisse s'imprimer dans les esprits. En prime, on a quelques mauvais comédiens au premier rang desquels Mimi Coutelier qui nous offre une Cléopâtre fadasse. Au final, le film peut faire rire les enfants, mais guère plus: on téléphone dans la Rome antique, des égyptiens fument des joints, ça peut marcher sur les bambins. Mais sur les adultes, le film paraît juste faiblard et même un poil ringard. C'est la raison pour laquelle je serais tenté de le ranger dans le coin nanar... ce qui ne me serait jamais venu à l'idée pour les films précédents de Jean Yanne. Quant à Coluche, il a un rôle important et néanmoins, on n’est pas porté à le vouer aux nues. Comme absent, il semble (à l’image de toute la distribution, avouons-le) faire sa part le plus simplement possible, sans y apporter le grain de folie ou la motivation qu’on attend. Anecdotes :
Séquences cultes : T'es tout seul connard ! Lucien Homosexualis Discothecus Léon Zitrone La démocratie selon Coluche |