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Jugé CoupableCréance de sang

Saga Clint Eastwood

Space Cowboys (2000)


 SPACE COWBOYS
(SPACE COWBOYS)

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Résumé :

Un ex-pilote et chercheur en aéronautique à la retraite est appelé afin de réparer un vieux satellite russe défaillant qui menace de s’écraser sur la Terre, et il insiste pour que ses anciens coéquipiers l'accompagnent dans l'espace.

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Critique :

J’ai dû revoir ce film en intégralité pour les besoins du dossier, mais ce fut une véritable punition. Il n’y a pas grand-chose à sauver de ce nanar, qui fut pourtant assez bien reçu par les critiques. Space Cowboys fit même cliqueter les tiroirs caisses du box-office aux Etats-Unis plus souvent que deux réalisations précédentes cumulées de Clint, Les pleins pouvoirs et Jugé coupable. Il est inutile de préciser que votre serviteur est un peu sceptique de ce semi-engouement pour un long métrage aussi peu savoureux, mais le thème est spécifiquement américain, ce qui a dû aider.  

Le but d’Eastwood est certes louable - rendre hommage à des pionniers de l'aviation moderne, qui n'ont pas pu participer à la conquête spatiale – mais le résultat final n’est pas enthousiasmant, malgré que la Nasa ait apporté son concours pour un souci de crédibilité. Cependant, des astronautes de métier, qui ont vu le film en avant-première, furent impressionnés par le rendu de l’espace, et Space Cowboys fut nominé aux Oscars dans la catégorie ‘meilleur montage de son’. Tout n’est donc pas ‘mauvais’ dans ce long métrage… Il est bon de savoir qu’Eastwood ne devait pas initialement le réaliser mais il se décida après le désistement de plusieurs candidats rebutés par les séquences de voyage dans l’espace. 

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Il faut patienter un petit quart d’heure avant de voir arriver Eastwood et ses acolytes, car nous avons droit à une séquence d’ouverture en noir et blanc, qui nous plonge à la fin des années cinquante, et à une mise en bouche bavarde et fastidieuse. Un passage néanmoins obligé pour nous faire comprendre la dextérité des deux as du manche qui furent remplacés par un chimpanzé pour le premier voyage dans l’espace à l’arrivée de la Nasa ! Ensuite, quarante ans plus tard, il faut aller chercher Frank Corvin, le technicien, car un satellite de communication russe à la technologique américaine à la dérive est incontrôlable, et lui seul connaît cet engin d’un autre âge. Le prétexte pour le technicien de faire revenir ses potes, aujourd'hui retraités – l’amitié est soulignée dans les rapports Hawk (Tommy Lee Jones) /Corvin - et les papys, cette fois-ci, vont réaliser leur rêve de gosses en allant réparer la capsule avant qu’elle ne rentre dans l’atmosphère. Mais leur a-t-on dit toute la vérité sur ce qu’ils vont trouver ?

Tommy Lee Jones, Donald Sutherland et James Garner furent choisis pour accompagner Eastwood dans l’espace, même si les deux premiers sont trop jeunes pour avoir été pilotes en 1958. Une distribution, certes alléchante, mais qui nous laisse sur notre faim quand on sait que Sean Connery et Jack Nicholson furent envisagés ! Nicholson en pasteur à la place de Garner, que je n’ai jamais trop apprécié, ça change tout, non ? En tout cas, c’est la première partie du film qui reste la plus intéressante – bien que totalement prévisible – avec les retrouvailles et l’entrainement, car après, dans l’espace, c’est long et fastidieux.

Frank Corvin, "Hawk" Hawkins, Jerry O'Neill et Tank Sullivan étaient membres du projet de l’Air Force pour un voyage dans l’espace, mais leur rêve fut anéanti avec l’arrivée de la Nasa et des chimpanzés. Ils abandonnent tous leur vie présente pour retrouver le ponte de l’agence qui a tout fait capoter quatre décennies plus tôt. D’un côté, les jeunes, l’arrogance et la technologie moderne ; de l’autre, les vieux, le travail à l’ancienne, le panache et la décontraction efficace. Le contraste saisissant procure l’intérêt de la première partie et son absence dans la seconde plonge le film dans l’ennui. Eastwood n’a jamais fui son âge et que cela soit William Munny, Frank Horrigan, Robert Kincaid, Luther Whitney, Steve Everett ou Frank Corvin, tous sont des personnages qui arrivent à un âge mûr où ils dressent le bilan de leur existence, avec leurs atouts et leurs défauts. La vieillesse est un thème majeur de la filmographie d’Eastwood dès le début des années 90 et elle le restera jusqu’à son dernier film en tant qu’acteur (Une nouvelle chance, 2012).

Les scènes intéressantes sont l’entrainement du quatuor – excellente visite médicale et la centrifuge (‘That sure will take the wrinkles out’) - et le dernier plan sublime du film accompagné de la chanson de Sinatra Fly Me to the Moon ; une scène que je ne dévoile pas pour les courageux ou les fans purs et durs comme moi. Mais ça vaut le coup d’avoir attendu plus de deux heures ! L’image de Jack Green et les dialogues, parfois intraduisibles en français, sont aussi un point positif, ainsi que la musique, dont le petit thème réussi du tout début écrit par Clint. C’est tout ! A 70 ans, l’acteur a la forme et, ce coup-ci, ce n’est pas lui le dragueur de service mais Sutherland et ses blagues salaces. Eastwood endosse même un personnage marié pour la seconde fois de sa carrière (je vous laisse trouver l’autre exception !). Dans le reste quelconque de la distribution, on reconnaît Marcia Gay Harden, qui sera nominée aux Oscars pour Mystic River, un film d’un autre calibre, et William Devane, caricatural et pénible avec son chewing-gum hollywoodien.

En définitive, Space Cowboys est bavard, long – une bonne demi-heure en trop - et ne représente pas, à mon avis, une production indispensable dans la filmographie eastwoodienne. Même si le vol en navette spatiale effectué en 1998 par John Glenn, à 77 ans, rend cette histoire un tantinet crédible, Space Cowboys déçoit et présente encore moins d’intérêt que Firefox, l’autre expérience aérienne d’Eastwood, pourtant très moyenne. Pour l’entrée dans ce nouveau millénaire, l’artiste nous sort une œuvre mineure mais il saura se rattraper, car la plupart de ses productions à venir seront deux voire trois crans au-dessus !

Anecdotes :

  • La première eut lieu le 1er aout 2000 et le film sortit aux USA quatre jours plus tard. En France, il fut présenté au Festival de Deauville pour une sortie le 6 septembre. Il fit l’ouverture de la Mostra de Venise, où Eastwood fut récompensé d'un Lion d'or d'honneur pour toute sa carrière.

  • Le tournage eut lieu en Californie, mais aussi au Texas (parking de la Nasa et université à Houston, scène du bar) et en Floride (Cape Canaveral), de juillet à octobre 1999. Les scènes d'intérieur des cockpits et simulateurs de vol furent tournées aux studios Warner à Burbank. The Halfway House Cafe a déjà servi de lieu de tournage à Eastwood (Le maitre de guerre).

  • La Nasa avait mis à disposition la ‘vomit comet’ – pas besoin de traduction – afin de créer l’apesanteur, mais Eastwood a décliné l’offre de peur que les acteurs soient malades ! Pour créer l’apesanteur à l'écran, l'équipe du film a opté pour d’autres méthodes. Les acteurs furent harnachés et accrochés au plafond, ou poussés sur des tabourets à roulettes. Pour le reste, l'équipe a eu recours aux effets spéciaux numériques d'Industrial Light & Magic ainsi qu'à des modèles réduits.

  • De jeunes acteurs personnifient les personnages des années cinquante, mais ils sont doublés par les acteurs vedettes, afin qu’on puisse les reconnaître !

  • Le tournage ne s’est pas déroulé sans inconvénient : James Garner s’est déboité une épaule et Donald Sutherland un genou.

  • Clint Eastwood: « Je tenais à ce que le film soit parfaitement crédible. Nous avions besoin du concours actif de la Nasa pour reproduire au mieux les circonstances exactes du lancement. C'est un processus complexe qui demande une planification rigoureuse et une excellente coordination. Sa simulation pour les besoins d'un tournage est sans doute encore un peu plus ardue, mais l'agence s'est donnée à fond. Le résultat m'a comblé. » (Source : Wikipedia)

  • Frank Corvin: “You know what the worst day of my life was? The day Neil Armstrong set foot on the moon. I was probably the only person in America who wanted to commit suicide that day.” [Vous savez quel a été le pire jour de ma vie ? Le jour où Neil Armstrong a mis le pied sur la lune. J'étais probablement la seule personne en Amérique qui voulait se suicider ce jour-là.]

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