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Quand les aigles attaquent

Saga Clint Eastwood

La kermesse de l'Ouest (1969)


1. LA KERMESSE DE L'OUEST
(PAINT YOUR WAGON)

classe 4

Résumé :

Vers 1850, à l'époque de la ruée vers l'or en Californie, un prospecteur alcoolique et un jeune fermier romantique découvrent de l'or et s'associent jusqu’à partager la même femme.

unechance 7

Critique :

De nombreuses péripéties attendent les héros, Ben Rumson (Lee Marvin) et son jeune partenaire Pardner, le bien nommé, à qui il a sauvé la vie. Les deux hommes s'installent à No Name City, en Californie, et ils sont déterminés à faire fortune par tous les moyens. Ils achètent Elizabeth (Jean Seberg), une femme mormone, aux enchères, puis ils détournent une diligence et kidnappent six prostituées, sans que cela les empêche de jouer, chanter et boire abondamment. Les relations entre le chercheur d’or alcoolique et bagarreur et le brun romantique s’harmonisent et se complètent. Pardner tente de remettre dans le droit chemin Ben, porté sur la bouteille et les jupons, mais Eastwood en candide naïf est difficile à avaler.

Il y a quelques moments bien sexistes qui finiraient d’achever le film de nos jours ; par exemple, le mormon qui a deux épouses et qui est convaincu d’en vendre une aux enchères à ces pauvres chercheurs d’or qui se la mettent derrière l’oreille. Ben remporte le lot mais attise les convoitises et les jalousies. Il décide de kidnapper les "six French tarts", dont l’arrivage est prévu dans la ville voisine, pour rassasier ses petits camarades. Pendant son absence, la belle Elizabeth tombe sous le charme de Pardner et propose aux deux hommes un ménage à trois jusqu'au jour où Elizabeth décide d'héberger une famille respectable … Le film s'en prend directement au mode de pensée dominant aux Etats-Unis, à savoir un puritanisme pur et dur et il a même un regard presque condescendant sur le couple à trois, la prostitution et l'alcool. Evidemment, tout cela est traité de manière humoristique...

ladoublure 3

 « J’ai vu des millions de dollars dépensés sur une stupidité comme La kermesse de l’Ouest. J’ai juré que ça ne m’arriverait jamais. » Ce commentaire de Clint Eastwood résume parfaitement mon sentiment sur ce film, très long – plus de deux heures trois quart – que je n’ai pas eu le courage de revoir en entier tellement il est fastidieux. Ce film est une comédie qui comprend des séquences chantées et il est le seul long métrage musical de la carrière d’Eastwood ; heureusement, car ce n’est pas un genre que j’affectionne. Bien que le rôle de Pardner fût créé spécialement pour l’acteur vu qu’il ne figurait pas dans le script original, sa participation à cette entreprise n’est pas une réussite.

Néanmoins, contrairement à Jean Seberg, Marvin et Eastwood ne furent pas doublés pour les chansons - maigre consolation – qu’ils interprètent eux-mêmes. Lee Marvin chante notamment I was born under a wandering star, la plus connue et la meilleure des treize. Quant à Clint Eastwood, il a l’air d’un grand niais romantique en chemise rose contant fleurette dans des mélodies hasardeuses, comme : « I talk to the trees but they don’t listen to me.. ». 

Clint aurait peut-être dû rester un peu de temps auprès de sa famille ce qui lui aurait épargné de tourner dans ce que je considère un des plus gros navets de sa carrière. Sa femme se plaignait de son absence à l’époque : « Je veux que Clint soit plus proche de son fils. Je vous assure qu'il l'a à peine regardé jusqu'à présent. Il enchaîne les films à une telle vitesse qu'il n'est à la maison qu'une ou deux fois par semaine. » Il y avait néanmoins une raison à ces absences (voir les infos supplémentaires) et ce fiasco a permis à Eastwood, comme il aime à le dire, de savoir ce qu’il ne faut pas faire au tournage d’un film. Celui-ci reste un mélange de western et de comédie musicale, une fable satirique, parfois amorale, souvent ridicule, qui fut un four retentissant en son temps. Les chansons à répétitions, à une ou deux exceptions près, sont intrusives, et inutiles, même si Clint Eastwood chante bien.

Après cette parenthèse à oublier, Eastwood retourne à ses fondamentaux dans un western atypique, qui va constituer sa deuxième collaboration avec Don Siegel. 

Anecdotes :

  • La kermesse de l'Ouest est un film musical adapté de la comédie musicale homonyme de Alan Jay Lerner et Frederick Loewe, créée à Broadway en 1951. Le film sortit le 15 octobre 1969 aux USA et le 15 avril 1970 en France.

  • Le tournage eut lieu dans l’Oregon et la Californie.

  • La kermesse de l'Ouest s'avéra ruineux pour la Paramount. Dû au mauvais temps, qui détruisit les décors extérieurs, et à une production chaotique, le tournage dura cinq mois, de mai à octobre 68, faisant passer le budget de 14 à plus de 20 millions de dollars, somme colossale pour l'époque... Le film reçut un très mauvais accueil, aussi bien sur le plan critique (malgré des nominations aux Golden Globes et aux Oscars) qu’au nombre d'entrées.

  • Lee Marvin buvait vraiment de l’alcool et il était quotidiennement saoul sur le plateau et les nombreuses prises ont également contribué au retard de tournage.  

  • Lorsque Romain Gary apprend la romance entre sa femme, Jean Seberg, et Clint Eastwood pendant le tournage du film dans l’Oregon, il prend l'avion et provoque Eastwood en duel au revolver mais l’acteur américain se défile (Daniel O'Brien, Clint Eastwood. Film-maker, B.T. Batsford,‎ 1996). Jean Seberg eut beaucoup de mal à accepter le fait qu’Eastwood l’ignore peu après le tournage ; celui-ci, d’après le biographe de Seberg avait déjà une liaison avec une participante du film, qui dura deux ans. A vous de deviner laquelle en regardant le film !

  • D’autres actrices furent pressenties pour tenir le rôle d’Elizabeth, dont Diana Rigg mais celle-ci, malade, dut décliner l’offre.  

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