Haut les flingues ! (1984) Résumé : Dans les années 30, un détective privé rusé et un lieutenant de police rugueux – deux anciens collègues devenus concurrents – doivent faire équipe pour résoudre un meurtre. Critique : City Heat est un film mineur dans la filmographie d’Eastwood et il peut même être ‘oublié’ étant donné qu’il est coincé entre des productions bien plus intéressantes : Tightrope et Pale Rider. L’intérêt était de faire partager l’affiche par deux stars du box-office de l’époque, Clint Eastwood et Burt Reynolds, mais ce dernier semblait sur la pente descendante de sa carrière, ce qui se confirme rapidement. Le film n’est pas complètement raté et il présente quelques bons moments, mais il n’est pas resté dans les mémoires, pas plus la mienne que celles de la plupart des critiques lus ça et là. L’histoire se déroule à Kansas City dans les années 30 au temps de la prohibition, ce qui est un excellent départ, surtout que la musique de Lennie Niehaus est le plus souvent adaptée aux situations. Mike Murphy (Reynolds) est un privé malin mais réglo, tandis que son partenaire, interprété par Richard Roundtree, John Shaft dans les années 70, joue avec le feu en tentant de faire chanter des pontes de la mafia. L’imprudent est liquidé et Murphy se tourne vers le lieutenant de police Speer, l’imperturbable Eastwood, pour retrouver les criminels. Les compères sont alors pris entre deux gangs rivaux, avides de récupérer des calepins de comptabilité. L’intrigue n’est donc pas particulièrement développée et originale et aucun artifice scénaristique ne surprend dans cette histoire qui louche continuellement vers la pure comédie tout en dépeignant quelques situations dramatiques. Burt Reynolds est le privé fauché, pourvoyeur de gags qui tombent presque toujours à plat, tandis qu’Eastwood a un jeu reconnaissable, plus sérieux avec des réparties cyniques. Si Murphy, omniprésent, tape sur les nerfs, le lieutenant Speer présente quelques similitudes avec le célèbre policier interprété par Eastwood, particulièrement lors de trois excellents passages ; l’homme de main increvable qui continue à lui tirer dessus en dépit des nombreuses balles qu’il a prises dans le buffet, la façon d’obtenir le projectile chez le mafieux (‘Just want the bullet’) et l’apparition fusil en main au bout de la rue, qui va se transformer en enfer. Parmi les nombreux gags laborieux, on en relève deux qui sortent du lot. Pendant une fusillade, Murphy et Speer extirpent de leurs imperméables des pétoires aux canons de plus en plus longs. « Qui aura la plus grosse? » semble être le souci des deux compères. Enfin, dans le final au bordel, Murphy prend le déguisement du méchant loup en laissant de côté la fille déguisée en chaperon rouge et il fait le tour des chambres (‘I don’t want the animal thing’). Burt Reynolds a hérité de l’aspect comique et, dans ses mémoires, il reconnaît que Clint jouait sa formule qui fonctionne toujours tandis qu’il faisait du Jack Lemmon et il était conscient qu’il allait se faire allumer par les critiques…. Le long-métrage peut être considéré comme une comédie à part entière, un genre qui n’a jamais été synonyme de qualité pour Eastwood, bien au contraire. En outre, Reynolds a plus de temps de présence à l’écran, ce qui ne risque pas de me faire apprécier davantage le film car je n’ai jamais été fan de cet acteur. A l’époque, sa carrière était déjà plombée par de stupides Cannonball. Si on ajoute à cela qu’on a le sentiment que le tournage fut exclusivement effectué en studio, on ne peut pas dire que l’impression générale soit positive. Le titre français ridicule traduit néanmoins le côté burlesque, voire lourdingue, de l’entreprise, et on sait à quoi s’attendre contrairement à l’original. L’interprétation des seconds rôles n’est pas inoubliable mais on reconnait des têtes connues des productions des années 70 et 80. A part Richard Roundtree déjà évoqué, Madeline Kahn, qui interprète la délurée Caroline, est la plus en vue : elle plume les truands aux cartes et son langage est très fleuri. Tony Lo Bianco est un des deux chefs mafieux et dès la première séquence, faites attention et vous n’aurez aucun mal à reconnaitre Bruce M. Fischer, l’infâme Wolf de L’évadé d’Alcatraz. La distribution fait la part belle aux femmes avec Jane Alexander, la secrétaire du privé, et Irene Cara, la chanteuse (voir les informations complémentaires). Afin de comprendre la réception mitigée de City Heat, il est bon de savoir que Blake Edwards était le scénariste et réalisateur du projet à l’origine. Eastwood n’était tout d’abord pas intéressé mais Edwards réussit à le convaincre et il supprima de facto Sondra Locke pour laquelle il avait réservé un rôle ! Néanmoins, suite à une mésentente avec Eastwood sur la distribution des rôles – il voulait faire jouer sa femme -, Edwards se retira et fut remplacé par Richard Benjamin, ce que décrit Burt Reynolds dans ses mémoires, comme une manœuvre orchestrée par Eastwood. Benjamin, peu expérimenté, était en effet moins contraignant et même ‘terrifié’ de travailler avec Eastwood. Après un statu quo lors de la pré-production, Fritz Manes devint le nouveau producteur, Joseph Stinson, qui travailla sur Sudden Impact, le scénariste et Malpaso la société productrice. Haut les flingues ! est une petite comédie bavarde, souvent poussive, qui parodie allégrement les films de gangsters des années 30 et elle n’eut pas le succès escompté car elle fut considérée, avec justesse, comme une grosse déception. Cependant, ce film vaut un coup d’œil distrait, même si, comme moi, vous n’êtes pas un grand fan des pitreries du moustachu, ne serait-ce que pour les quelques passages où la présence d’Eastwood fait toute la différence. Anecdotes :
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