Open menu

Sierra Torride

Saga Clint Eastwood

De l'or pour les braves (1970)


DE L'OR POUR LES BRAVES
(KELLY'S HEROES)

classe 4

Résumé :

Un groupe de soldats américains s’infiltre derrière les lignes allemandes pour faire main basse sur un stock nazi de lingots d’or.  

unechance 7

Critique :

A l’été 44, alors que l’armée américaine progresse vers l’Est de la France, aux alentours de Nancy, Kelly, un ancien lieutenant dégradé, fait prisonnier un colonel allemand des renseignements qui a en sa possession deux lingots d’or recouvert de plomb. L’Américain saoule l’Allemand au sens propre comme au figuré et le prisonnier finit par révéler qu'il y a un stock de 14 000 barres d'or entreposées dans un coffre de banque de la ville de Clermont, à 40 kilomètres, derrière les lignes allemandes. Un bombardement inopiné interrompt l’interrogatoire et tue le colonel, mais Kelly est déterminé à s’emparer du butin. Il met le reste du détachement dans la confidence et réussit à rallier son supérieur, le sergent ‘Big Joe’ (Telly Savalas), à sa cause. A cela s’ajoutent d’autres soldats dont Crapgame, le sergent en charge de l’approvisionnement, et le commandant de chars Sherman, Oddball dit le cinglé (Donald Sutherland). Cette joyeuse équipe devra arriver à destination en évitant les divisions allemandes et l’armée américaine, qui constitue également un obstacle à leur ambition de s’enrichir.

Après Quand les aigles attaquent, tourné deux ans plus tôt, Brian G. Hutton met de nouveau en scène Clint Eastwood dans un film de guerre. Le premier était un mélange de guerre et d’espionnage ; celui-ci place la comédie, voire la parodie, au centre des débats. Je trouve personnellement ce second film moins réussi et en-deçà du précédent, question suspense et passages spectaculaires. Kelly’s Heroes est plus axé sur l’humour et reste plaisant sans atteindre des sommets. L’intérêt de l’intrigue repose indéniablement sur son trio de vedettes ; Clint en tête mais il a tendance à se faire voler la vedette par Oddball/Sutherland et ses répliques ubuesques et Big Joe/ Savalas, parfait en sergent gueulard et déterminé. Il commande et donne des ordres à ses hommes de la même manière que Kojak fera trois ans plus tard !  L’ensemble se joue sur un air de décontraction évident et ce ramassis de joyeux soldats est davantage alléché par l'appât du gain que par la perspective de participer à l'effort de guerre commun pour libérer le territoire français du tyran nazi. Tant qu’à mourir, se disent-ils, autant chercher à gagner de l’argent !

ladoublure 3

Le début du film est excessivement lent – le premier quart d’heure se déroule de nuit sous les bombardements – et l’abus de dialogues ralentit considérablement l’action. Bien que le film soit encore long – 2h17 -, il faut savoir qu’il a subi une vingtaine de minutes de coupes ; néanmoins, la description des passages amputés laisse penser que le ciseau n’est pas tombé au bon endroit ! Après le bombardement de leurs véhicules par un avion allié, qui les a confondus avec des troupes allemandes, la progression de la petite troupe menée par Eastwood/ Savalas est plus pittoresque. Les meilleurs moments surviennent dans cette seconde partie avec le passage du champ de mines - une séquence dramatique et le décès de trois soldats -  puis l’arrivée et l’attaque dans la ville défendue par trois chars Tigre à la sinistre réputation. Cette phase finale est indéniablement la plus intéressante du film avec un clin d’œil au western spaghetti lorsque le trio se dirige vers le char allemand sur la musique empruntée à Morricone. Il est fort dommage que les trois premiers quarts du film ne soient pas à l'image de l'attaque du village et de la banque.

Le long-métrage est amoral et antimilitariste et il critique l’opportunisme des généraux américains, à l’image du général Colt qui, après avoir écouté des conversations radio du groupe en territoire ennemi, se précipite pour retirer la gloire de cette audacieuse percée dans les lignes allemandes. Evidemment, le pacte complice de Kelly avec le commandant allemand du dernier char Tigre posté devant la banque est symbolique du côté subversif du film. L’appât du gain prime avant tout et le Tigre détruit le mur d’enceinte de l’édifice, ce qui permet aux soldats unis de se partager le butin. La dernière séquence montre le chargement de l’or et le départ du camion alors que la population de la ville fête sa libération avec l’arrivée du général Colt prêt à décorer des soldats exemplaires ! 

La musique de Lalo Schifrin, ainsi que les chansons, est vraiment quelconque et on reconnait à peine la patte du musicien. Les dialogues sont par contre souvent cocasses ; ainsi, on est dans l’ambiance dès le début quand Savalas/ Big Joe demande au colonel allemand des renseignements particuliers sur Nancy, s’intéressant aux hôtels confortables et aux femmes, puis il se désole de la décision du capitaine de rester en campagne : « There's no booze, there's no broads, there's no action! » Bien qu’il n’apparaisse qu’à la demi-heure, Oddball/ Sutherland n’est pas en reste, dressé sur son char faisant gueuler la musique à tue-tête. Sa réplique à Big Joe, qui le trouve inactif, est la meilleure du film : « I'm drinking wine and eating cheese, and catching some rays, you know. »  N’oublions pas Crapgame, le bien nommé, qui tombe dans les latrines et George Savalas dans le rôle de Mulligan qu’on reconnait assez difficilement sans ses frisettes du détective Stavros !

Culte pour certains, De l’or pour les braves est pour moi un divertissement long au démarrage, parfois fastidieux (peut-être les coupes mal placées comme l’a souligné Eastwood) ; cependant, il présente quelques idées et répliques décalées savoureuses. Les soldats ne cherchent pas ici à devenir des héros ou des patriotes, mais simplement à s’en mettre plein les poches, et le cabotinage Eastwood/Savalas/Sutherland offre quelques excellents moments, mais, à ce petit jeu, Clint n’est pas le plus fort ! 

Anecdotes :

  • Le film est basé sur des évènements réels retracés dans le livre Nazi Gold: The Sensational Story of the World's Greatest Robbery - and the Greatest Criminal Cover-Up. Le larcin fut perpétré par quelques Nazis et des officiers américains.

  • Le film fut tourné en ex-Yougoslavie, de juillet à décembre 69, particulièrement en Croatie pour les scènes de rues du village de Vizinada dans le final. Une des raisons est que l’armée yougoslave possédait de nombreux chars Sherman au début des années 70. 

  • Clint Eastwood signa pour tourner ce film principalement parce que son ami et réalisateur préféré, Don Siegel, devait être le metteur en scène. Siegel eut quelques problèmes dans la finition de Sierra Torride et ce fut finalement Brian G. Hutton qui lui succéda.

  • Le tournage ne s’est pas déroulé comme prévu avec une météo peu favorable. A cela, s’ajouta la fiabilité des effets spéciaux, qui ont brûlé les décors. C'est en partie pour ces raisons que ce fut le dernier contrat qu’Eastwood passa hors Malpaso.

  • Le film sortit le 23 juin 1970 aux USA et le 26 février 1971 en France.

  • Environ vingt minutes du film furent coupées par la MGM lors de sa sortie en salles. Le titre initial, The Warriors, fut également modifié. Clint Eastwood fut mécontent de ces coupes car elles donnaient de la profondeur aux personnages et rendaient le film bien meilleur. Par exemple, la conversation dans la grange entre Kelly et Big Joe permet de connaître les raisons pour lesquelles Kelly dût porter le chapeau et fut dégradé après une action militaire.

Retour à l'index