Saison 15 1. FANTÔMES ET ZOMBIES Résumé : D’abord réfugiés dans une crypte du cimetière, Sam, Dean et Castiel échappent aux Zombies grâce à l’intervention du Démon Belphégor. Occupant le corps du défunt Jack, celui-ci veut également que les âmes des Damnés retournent en Enfer, et une alliance malaisée se met en place. Le groupe triomphe d’esprits vengeurs jadis affrontés par les Winchester et qui s’en prennent à une petite ville. La blessure causée à Sam par l’Equalizer semble avoir des conséquences insoupçonnées. Critique : L’ultime saison à bord de l’Impala démarre véritablement sur les chapeaux de roue, grâce à l’introduction formidablement pertinente de Belphégor. Outre la dimension passablement surréaliste que revêt ce nom pour le public français, le Démon accélère considérablement la mise en place de l’univers très particulier de cette saison 15 voyant un grand nombre de damnés, dont des esprits jadis combattus par les Winchester, être renvoyés sur Terre par Chuck. Outre son sortilège permettant de résoudre efficacement le cliffhanger de fin de saison 14, Belphégor communique de manière aussi rapide qu’amusante de nombreuses informations vitales à nos héros (dont l’ouverture, de la Cage, hum, à suivre…). Certes, le procédé scénaristique se voit comme le nez au milieu de la figure, mais les dialogues s’avèrent suffisamment imprégnés d’humour pour qu’il n’empèse pas le récit. L’excellent Alexander Calvert interprète avec un plaisir communicatif le très amusant et cynique Belphégor, loin du pathos permanent inhérent à Jack. Comme on le comprend. Back and to the Future (nom de Zeus !) a également la bonne idée d’installer une épouvante fort efficace, Les Zombies ont recours aux grands classiques du genre. On s’attendrait presque à voir débouler Negan avec Lucille en pogne. Mais on apprécie surtout que l’épisode saisisse d’emblée les potentialités offertes par le retour des âmes d’années, en opposant à Sam, Dean et Castiel quelques-uns des esprits vengeurs ou fantômes les plus mémorables de la série. L’effet madeleine joue d’autant plus à plein que les interprètes reprennent leur rôle, même des années plus tard (Gacy le Clown, Bloody Mary, Lizzie Borden...). La seule exception notable demeure l’absence de Sarah Shahi pour l’emblème Dame Blanche affrontée lors du pilote de Supernatural, mais l’on se doute bien que le cachet de l’actrice est désormais inabordable pour la série. Le manque de moyens se retrouve également dans la moindre sophistication de la représentation des esprits mais la mobilité d’une caméra toujours imaginative et un montage nerveux compensent largement cette faiblesse. Riche en action horrifique l’opus prend également le temps d’installer l’autre excellent fil rouge de la saison, avec la connexion entre Chuck et Sam révélant à ce dernier des visions de fins alternatives à Supernatural, immuablement abominables. Un pilote de saison agréablement tonique, évidemment taillé sur mesure pour les fans et augurant fort bien de l’ultime combat du Clan Winchester Anecdotes :
2. L'ATTRAPE-ÂMES Résumé : Les esprits sont désormais menés par Jack l’Éventreur. Rowena et le fantôme de Kevin interviennent pour rendre les barrières permanentes, puis pour enfermer les esprits vengeurs dans un cristal. Ketch arrive également, annonçant avoir été engagé par le Démon Ardat pour tuer Belphégor, son rival. Diminué par le tir de l’Equalizer, Chuck ne peut plus quitter cet univers. Il demande de l’aide à Amara, mais celle-ci critique son comportement et refuse d’intervenir. Critique : Raising Hell confirme que, si le callback de personnages est depuis longtemps pratiqué à grande échelle par Supernatural (encore récemment avec l’univers-miroir de l’Apocalypse), ce procédé d’écriture va devenir une vraie martingale lors de cette ultime saison, en forme de rétroviseur. Le récit du jour se voit en effet marqué par un défilé de retours fatalement inégaux, avec des figures dont on avait parfois pris congé depuis plusieurs saisons. On recycle, mais avec talent, sans abdiquer l’ambition narrative, du moins le plus souvent. On adore en particulier les retrouvailles avec Amara, personnage agréablement renouvelé par le rejet assumé du mode « je suis les Ténèbres » pour un style de vie nettement plus épicurien. Le contraste fonctionne parfaitement et suscite un vrai choc surréaliste. De nouveau portée avec beaucoup de présence par la formidable Emily Swallow (récemment dans SEAL Team et, bon, The Mandalorian), Amara sait néanmoins préserver son aura et porter un regard toujours aussi cinglant sur Chuck, nettement moins à son aise que lors de la confrontation avec Métatron. La révélation de Sa blessure, astucieusement auto-infligée, reste un judicieux moyen de rendre la saison tout simplement envisageable. Le seul regret est que la neutralité affichée d'Amara fait qu'on ne la reverra sans doute pas ultérieurement, sauf peut-être pour le grand final. On reste nettement plus réservé sur le retour du sympathique Kevin, car il nous smeble relever du simple fan service. L'histoire aurait très bien pu se passer de lui, et sa réapparition n'aurait véritablement pris sens que s'il avait retrouvé sa mère. Le pathos condamnation à l'errance oblige également à une circonvolution assez artificielle autour de Chuck et de la destinée de John et Bobby. On apprécie bien davantage de retrouver Rowena et Ketch, personnages d'autant plus amusants qu'ils savent conserver leur cachet British mais aussi une pointe acidulée de leur ancien dévouement au Mal, alors même qu'ils sont désormais pleinement intégrés au Clan Winchester. Une fois de plus (la dernière ?), on se dit que l’on tenait là un bon sujet de série dérivée, autour d’une romance improbable mais savoureuse, et d’une action déplacée en Grande Bretagne, au folklore si riche. Le fin duo présente aussi le mérite d’apporter un humour que le trio vedette est incapable d’insuffler, car logiquement marqué par les morts de Jack et Mary. Malgré ses retours l’épisode sait ne pas mettre trop en retrait Sam, Dean et Castiel. Il exploite ainsi l’enracinement géographique (assez original au sein d’une série aussi nomade que Supernatural) de l’arc des esprits pour explorer l’état des relations au sein du trio, mais aussi susciter une intéressante controverse autour de Chuck et du libre arbitre. Amusante par son côté décalé, la confrontation avec Jack l’Éventreur souffre cependant d’un certain manque de souffle. Anecdotes :
3. LE BÂTON DE LILITH Résumé : Rowena comprend que les barrières vont fatalement s’effondrer. Belphégor et Castiel se rendent en Enfer pour récupérer la Corne de Lilith. Ardat tue Ketch et attaque Belphégor, qu’il accuse de vouloir en réalité devenir le Roi de l’Enfer, mais perd le combat. Castiel brise la Corne et tue Belphégor. Rowena se résout à utiliser un sortilège capturant les esprits en elle, avant de mourir en les emportant en Enfer avec elle. Dévasté, Sam accepte de la poignarder, accomplissant ainsi l’ancienne prophétie. Castiel prend du recul, comprenant que Dean lui reproche la mort de Mary. Critique : La conclusion de l’arc des esprits et de la Ghostapocalypse, comme l’appelle Dean, manifeste toutes les qualités et toute la force d’une authentique fin de saison. En effet, il se montre particulièrement riche en action et en péripéties, mais développe aussi, d’une manière réellement surprenante, une intense émotion. Il sait embrasser l’ensemble des forces en présence, avec la participation bienvenue de la communauté des Chasseurs venue en renfort du Clan Winchester, mais aussi en déployant la narration aussi bien sur Terre qu’en Enfer. Si les contraintes budgétaires se font toujours autant ressentir, notamment en ce qui concerne les effets spéciaux, la visite de ce domaine finalement très peu exploré par Supernatural qu’est l’Enfer (nettement moins que le Paradis) reste un beau morceau de bravoure. On le doit une nouvelle fois aux décorateurs de la série, qui nous régale d’une Chambre de Lilith aussi gothique qu’évocatrice avec. Son vestibule et ses statues. Les combats répondent évidemment à l’appel, en particulier grâce à la très badass Ardat, interprétée par la spécialiste es rôles d’action qu’est Sharon Taylor (Faora dans Smallville). De quoi compenser la trop grande facilité de la victoire de Castiel sur Belphégor. Mais c’est par son insertion dans la saison 15 que l’opus revêt toute sa dimension. En effet, à, côté de la succession des retours, Supernatural veille à conclure les dossiers et parcours de ses personnages au long cours. Après Kevin et Amara, nous disons ici adieu avec émotion à Ketch et Rowena, tombés au champ d’honneur. Le sacrifice de la Sorcière se montre particulièrement bouleversant grâce au lien installé entre elle et Sam, au soin apporté à la conclusion de la prophétie les concernant et a la toujours parfaite entente entre Jared Padalecki et Ruth Connell. Ces moments s’avèrent particulièrement cruels car, même si elle trouve ici son aboutissement, on ne sait en définitive pas si la marche vers la rédemption de Ketch et Rowena a été couronnée de succès et s’ils ont gagné le paradis. Pour la Sorcière, c’est même le contraire qui est clairement indiqué. Ceci-dit, Supernatural reste Supernatural, et il ne s’agit peut-être que d’un au-revoir. La séparation entre Dean et Castiel, qu j’ai trouvé pleinement conçue comme une rupture amoureuse, concoure pleinement à cet ensemble très sombre, même si l’on se doute bien que la série ne va pas se passer durablement de l’Ange. En définitive l’opus sait nous faire ressentir l’originalité déstabilisante d’une conclusion voyant Chuck échouer pour la toute première fois échouer en tant qu’écrivain suprême. En effet, même la non survenue de l’Apocalypse biblique en fin de saison 5 correspondait à Son Dessein, au considérable effarement de Michael. Ici la Fin de l’histoire qu’Il avait proclamée se voit déjouée, autant dire que Chuck, déjà diminué dans Ses pouvoirs et Son essence, se voit désormais confronté au test ultime des meilleurs antagonistes de série télé : savoir rebondir après l’échec du Maître Plan initial. Après avoir achevé l’héritage de la saison 14, Supernatural aborde dorénavant des territoires totalement inconnus, mais l’on conserve confiance en cette saison 15 pour l’heure pleinement aboutie : inépuisable est l’imagination de Chuck et imprévisibles sont Ses Voies. . Anecdotes :
4. UN ÉCRIVAIN DE TALENT Résumé : Sam fait un cauchemar le voyant retomber sous l’emprise du Sang de Démon, puis tuer Dean et Benny. Toujours brisé par la mort de Rowena, il participe ensuite à une Chasse au Vampire avec Dean, durant laquelle il se montre quasi dépressif. Lui aussi abattu, Chuck se rend chez Becky, sous son identité de Carver. Elle le convainc de se remettre à écrire Il annihile ensuite Becky et sa famille, avant de commencer à écrire la Fin de Supernatural. Critique : Atomice Monsters vient apporter son premier trou d’air à une saison 15 jusqu’ici très relevée. Via une Chasse au Monstre de la Semaine, Supernatural y introduit la traditionnelle respiration succédant à un épisode clef du fil rouge de saison. Malheureusement l’affaire du jour s’avère longtemps dépourvue de tout réel intérêt. L’enquête tourne court, du fait d’un enregistrement vidéo providentiel, tandis que le décor ultra balisé d’un collège américain, avec ses rituels et ses figures connues par cœur ne suscite aucune étincelle. La saison 15 ne viendra pas non plus rehausser l’intérêt des Vampires de Supernatural, décidément de bien faibles adversaires. On devine aisément le pot aux roses et l’émotion du jeune home préférant mourir plutôt que de devenir un monstre n’intervient que bien tardivement. Et, manifestement cela ne trouble guère les Winchester non plus. Couic. Le trouble de Sam, incapable de se sentir libre vis-à-vis de sa destinée aurait été ment plus troublant d’un point de vue existentiel si l’on ignorait que Chuck est toujours à la manœuvre. Or l’autre récit de l’épisode consiste précisément à Le remettre en selle, avec cette fois un réel succès. Revoir la toujours adorable Becky fait évidemment plaisir, d’autant que le personnage a su mûrir et évoluer. Emily Perkins rend le personnage toujours aussi lumineux, ce qui tombe à pic à ce moment particulièrement sombre de la saison. Chuck continue à être magnifiquement exploité par les auteurs, entre auto-critique narquoise ou distinction entre la dimension horrifique du programme et les fan fictions qu’il génère encore et toujours. Cette approche méta constitue un bel hommage aux fans, dans la droite ligne de l’épisode 200. Mais l’opus acquiert avant tout son impact en montrant Chuck définitivement basculer dans le Mal quand Il vaporise Becky, un moment des plus troublants, relayé par la fin particulièrement sinistre qu’il entreprend d’écrire pour Sam et Dean on pressent d’emblée une connexion avec le cauchemar de Sam, moment de bravoure d’une mise en scène de Jensen Ackles par ailleurs trop sage. Anecdotes :
5. TROP FACILE Résumé : Dean et Sam affrontent deux frères Loups-Garous ayant capturé une jeune fille. A leur grande surprise, celle-ci se révèle être Lilith, ressuscitée par Chuck au sein du Vide, puis envoyée en quête de l’Equalizer. Elle détruit l’arme et révèle que Chuck prévoit comme fin de Supernatural que Sam et Dean s’entre-tuent. Sam comprend que ses cauchemars sont en fait des fins alternatives imaginées par Chuck, qu’il perçoit du fait de la connexion existant entre eux. Critique : L’épisode se situe dans le prolongement du précédent, avec un certain retour à la formule classique de Supernatural, après le grand chambardement initial connu par la saison. Mais là où Atomic Monsters dissociait totalement ses événements marquants et mythologiques de la Chasse menée par Sam et Dean, contribuant ainsi à la rendre ultra classique et prévisible, Proverbs 17:3 a la bonne idée de fusionner le tout, qui en devient délicieusement étrange. Cette formule fonctionne d’autant mieux qu’elle s’effectue via un twist ravageur, avec cette fois le retour de nulle autre que Lilith. Le fait même que l’enquête soit jusque à ce moment assez classique en soi (Loups-garous se substituant ici aux Vampires, habituel parallèle entre l’histoire du jour et la situation des Winchester) concourent astucieusement à donner plus de force encore au retournement de situation. L’évocation de Lilith en quasi-déité du Mal lors de The Rupture tombait également à pic, c’était finement joué de la part des showrunners. S’il reste parfaitement logique et cohérent que Lilith n’occupe désormais plus le même Vaisseau (seul Lucifer aura eu, la plupart du temps, ce privilège), on regrettera toutefois une relative moindre présence à l’écran d’Anna Grace Barlow vis-à-vis de l’inoubliable Katherine Boecher. Mais on évite toute catastrophe car, même si elle est devenue un simple instrument de la volonté divine, Lilith reste Lilith : cruelle et surpuissante, aux répliques narquoises toujours aussi redoutables. Son aura se voit affirmée par la destruction de l’Equalizer, tout comme ce fut le cas pour Dagon avec le Colt. Évidemment le symbole phallique manque de finesse, mais c’est précisément là que l’opus prend tout son sens, par la révélation que Chuck est de retour en manipulateur des événements. Car si Son Écriture est aussi le Verbe, elle se manifeste bien par le manque de subtilité déjà pointé par Becky dans Atomic Monsters. Par cette mise en perspective aussi maligne que cohérente, les showrunners justifient ainsi brillamment le manque de relief des aventures de ces deux épisodes en soi si quelconques. Ce ne sont pas eux les auteurs, mais bien Chuck, nous signifient-ils en clignant de l’œil, une jolie justification de la faiblesse s’avérant en définitive une force, par effet de dévoilement. Les fins alternatives de Supernatural peuplant les cauchemars de Sam font également leur effet. La saison 15 continue à déployer un sens aigu et maîtrisé du méta-récit ludique, on se régale. Décidément Andrew Dabb et Robert Singer sont en train de prendre une magistrale revanche sur leur saison 14 en demi-teinte. Anecdotes :
6. LORDO MAGNIFICARUM Résumé : Jadis entraînée en Enfer par le Molosse de Crowley, l’âme d’Eileen vient demander de l’aide à Sam et Dean. Sam découvre un sortilège de résurrection préparé par Rowena et l’utilise pour redonner vie à Eileen, malgré l’opposition d’autres Sorcières résolues à s’en emparer. Alors qu’il prend des vacances, Castiel affronte de nouveau les créatures des ténèbres quand un Djinn s’en prend à un jeune garçon. Les cas des Sorcières et du Djinn sont traités. Critique : L’épisode souffre du défaut inhérent à nombre de scénarios divisés en deux parties totalement disjointes : chacun des deux segments aurait certainement mérité un développement supplémentaire, même s’ils demeurent efficaces ici. A défaut d’une action sophistiquée, l’opus sait toutefois jouer habilement du ressort de l’émotion. Cela vaut en premier lieu pour le segment autour de Sam et d’Eileen, dont le retour se montre absolument touchant, d’autant que le courant passe toujours aussi bien entre Jared Padalecki et l’épatante Shoshannah Stern. Si le retour d’Eileen résulte peut-être moins immédiatement spectaculaire que celui de Lilith, il reste le plus émotionnellement fort que la saison nous ait proposé jusqu’ici. A défaut d’une intrigue supérieurement développée, cette partie joue habilement du doute hantant désormais Dean face à la notion de libre arbitre, ce qui le conduit à baisser les bras dès lors que Sam n’est pas en danger. De plus les Sorcières se montrent aussi cruelles et divertissantes qu’à l’accoutumée, d’autant que le casting apparaît très relevé, avec Jodelle Ferland (Dark Matter) et surtout Keegan Connor Tracy jouant de manière très amusante une Sorcière diabolique grand train, alors qu’elle incarna la Fée bleue dans Once Upon A Time. Le volet Castiel bénéficie aussi du joli casting de Jennifer Sopence, figure régulière des séries tournées à Vancouver (Continuum, Stargate Universe…). Mais ici le volet émotionnel fonctionne un tantinet moins bien, car, si Castiel décide assez théâtralement de sortir de sa retraite, il n’aura finalement été absent… que deux épisodes. Soit la durée habituelle de ces ruptures au sein du trio vedette, auxquelles plus personne ne croit vraiment depuis des années. A peine entraperçu avant d’être occis, le Djinn du jour ne restera pas non plus dans les annales de la série. Reste quelques jolis extérieurs de lacs et forêts, à une époque où l’étranglement budgétaire à conduit la série à se cantonner à des huis-clos en décor (nous restons loin de L'Esprit du Lac, en saison 1). De quoi contribuer à rendre plaisant cet opus relativement mineur mais soigné. Anecdotes :
7. BLESSURE DIVINE Résumé : Au Texas, Dean retrouve son vieil ami et ancien Chasseur Lee Webb, durant une enquête sur la disparition d’une jeune femme. Il découvre que Lee est le responsable. Ayant perdu la foi en l’Humanité, il offre des sacrifices à une sombre entité, afin d’obtenir richesse et longévité. A contrecœur, Dean tue Lee et son commanditaire. Avec l’aide de Bobby, Castiel force le shaman Sergei à aider Sam, qui découvre l’affaiblissement de Chuck. Critique : Les épisodes continuent à se scinder en deux parties quasi étanches, mais il est vrai que le compte à rebours a débuté et qu’il reste encore bien des choses à raconter ! Le segment autour des retrouvailles entre Lee et Dean souffre d’une faiblesse qu’il s’acharne à accentuer ; le fait que l’on devine instantanément que Lee est le coupable, ce qu’il ne cesse de confirmer par les maladroites fausses pistes qu’il s’efforce de semer. Mais il est vrai qu’ici c’est sans doute Chuck qui est à l’écriture, d’autant qu’en définitive Il atteint son but : les deux frères, d’armes sinon de sang, finissent par combattre à mort. La saison continue à jouer de manière originale avec le spectateur à propos de qui écrit réellement les scénarios et même la grande part prise par la musique va dans ce sens, car la controverse avec Métatron avait révélé que Chuck éprouvait un grand penchant pour la guitare. Grâce à la complicité entre Jensen Ackles et Christian Kane (encore un acteur en provenance du Buffyverse), cette partie musicale apporte une vraie valeur ajoutée ; qui devrait plaire aux amateurs d’une série comme Nashville. La partie consacrée au retour de Castiel et à la blessure de Sam présente le mérite de faire progresser l’action principale, même si cela se limite à confirmer ce que le spectateur avait déjà deviné comme la connexion entre Sam et Chuck, L’annonce de la faiblesse de ce dernier tombe à pic pour susciter quelques espoirs et dramatiser le final de mi-saison à venir, en le promettant riche en action. Cet aspect utilitaire, joint au rythme galopant imposé par le faible temps imparti, fait que les péripéties résultent quelque peu schématiques. Mais les auteurs ont l’habileté de tirer parti du relationnel pour pimenter quelque peu les choses, avec Castiel pleinement revenu en lice et un Serguei toujours aussi pittoresque et amusant. On apprécie le lien très fort qui s’installe désormais clairement entre Sam et Eileen, décidément la meilleure recrue de la saison jusqu’ici. Le récit apparaît plus habile et maîtrisé. Évidemment ce n’est pas cette fois Chuck qui est à l’écriture, à moins que qu’Il ne soit particulièrement machiavélique ! Anecdotes :
8. TALON D'ACHILLE Résumé : Avec l’aide de Donatello, Sam et Dean découvrent que Chuck a un point faible, qu’Il a seulement révélé à Michael. Rowena est devenue la Reine de l’Enfer et leur révèle que Michael a quitté l’Enfer. Michael accepte désormais de partager son Vaisseau avec l’esprit d’Adam et tue Lilith quand celle-ci tente de le conduire à Chuck. Michael révèle à Castiel comment emprisonner Chuck et lui ouvre un portail vers le Purgatoire, où se trouve une fleur nécessaire au sortilège. Sam et Eileen s’associent pour une Chasse au Vampire, mais il s’agit d’un piège tendu par Chuck. Critique : Ce final de mi-saison synthétise à merveille l’esprit animant cette si particulière saison 15: un happening permanent et débridé, mais se sombrant jamais dans la facilité. Entre effroi et humour caustique, la première partie de l’épisode accumule ainsi les scènes chocs, sur des registres divers. Ainsi la vision d’un Chuck totalement à la dérive dans son casino funèbre glace le sang, d’autant qu’il est difficile de ne pas songer au protagoniste du classique de La Quatrième Dimension que constitue C’est une belle vie: un enfant tout puissant, cruel et narcissique. Autrui n’existe que pour Son amusement, autant dire que la série peut encore aller très loin sur le sujet. On apprécie également l’élégance consistant à, pour la toute première fois, ne pas conclure la demi-saison sur un cliffhanger, un subtil moyen de confirmer que cette saison n’est pas comme les autres. Anecdotes :
9. BUTCH CASSIDY ET LE KID
Résumé : Dean et Castiel se rendent au Purgatoire, où ils se réconcilient et découvrent la fleur. Chuck entreprend de révéler à Sam le Futur, au cas où Lui-même serait vaincu par les Winchester : les monstres prolifèrent en l'absence de Dieu, les amis de Sam et Dean sont tués et ces derniers deviennent des Vampires. Sam, choqué par la révélation, refuse de prononcer le sortilège salvateur et Chuck récupère toute Sa puissance. Ébranlée, Eileen décide de prendre du recul. Critique : Avec The Trap, la saison 15 poursuit toujours aussi efficacement son tour de piste de l'ensemble de Supernatural. Lors de la séquence du Purgatoire les références aux Léviathans, à Eve, aux Alphas, à Benny Lafitte ou à tout le voyage qu'y effectuent Castiel et Dean en saison 8 se déroulent avec fluidité. Le procédé apporte de la saveur au récit, sans jamais l'appesantir. Robert Berens a l'excellente de consacrer cette partie de l'épisode non tant à de l'action déjà vue et revue dans la série, qu'à la réconciliation entre Dean et Castiel. Outre qu'elle nous ramène à la saison 4 et aux premiers temps de leur relation, la prière de Dean à Castiel compose un bouleversant moment d'émotion et une nouvelle superbe interprétation de Jensen Ackles. Mais la vraie vedette de l'épisode demeure bien entendu Chuck, toujours interprété avec éclat par Rob Benedict. Une partie du public sera sans doute troublée de voir Dien constituer le Big Bad ultime de Supernatural, mais il faut bien reconnaître qu'en Diabolical Mastermind, Chuck est Perfection, conformément à Son essence. On se régale littéralement de chacune de Ses cruelles fourberies, de ses punchlines et de Son humour faussement patelin. Sa capacité à adapter Ses plans face aux diverses tentatives des Héros et à ne jamais (jamais) perdre le contrôle du Jeu, même aux instants les plus critiques, impressionne réellement. Chuck introduit également un doute pour le moins gouleyant quant à la nature du Futur qu'il expose à Sam. Partage-t-Il réellement Son Omniscience avec ce dernier, ou ne s'agit-il que d'une vision truquée ? Rien ne l'affirme réellement, mais Sam y croît et on a tendance à le suivre, Chuck n'a pas l'ego pou s'abaisser à jouer au faussaire. Le seul regret de The Trap reste le fait que réaliser le sortilège à 11 épisodes du grand final annonçait clairement l'échec. Mais cela reste un détail. L'épisode compose un mix parfait entre horreur, humour et émotion (notamment entre Sam et Eileen) tient pleinement son rôle, concluant les arcs de la première moitié de saison (les visions de Sam, son lien avec Chuck, le sortilège) et la relance avec le pouvoir retrouvé de Chuck et le retour annoncé de Jack. Reste à voir ce que donne ra ce dernier point. Anecdotes :
10. L'ÉTOFFE DES HEROS Résumé : Un cousin lui-même lycanthrope de l'épouse louve-garou de Garth a été grièvement blessé dans un Fight Club de monstres. Désormais retiré de la Chasse, Garth fait appel à Sam et Dean pour traiter le problème, mais Chuck leur a réservé une surprise à sa façon : les Winchester sont désormais privés des divers passe-droits et capacités providentielles des Héros, devenant des personnes ordinaires. Diminués, ils ne pourront remplir leur mission qu'avec l'aide de Garth. Critique : Décidément, cette saison 15 sera méta ou ne sera pas. Andrew Dabb et Robert Singer continue à user à merveille de Chuck afin d'apporter tout un humour acidulé à l'ultime tour de piste de Supernatural. On apprécie d'autant plus la dernière fourberie divine que la suspension d'incrédulité entourant les exploits de Sam et Dean, certes accentuée par la durée de la série, et donc de leur survie, demeure commune à tous les protagonistes de ce type de programme. C'est bien à un totem de la série d'aventures que s'attaquent joyeusement les auteurs, toujours vivace même si les irrésistibles excès des années 60 sont désormais derrière nous. Évidemment Chuck demeure un auteur privilégiant l'effet à la simplicité et les Winchester des personnages de série télé, donc ne pouvant être tout à fait ordinaires. Leur perte de statut se traduit donc par une avalanche de petites catastrophes finissant par devenir excessives se tournant à la comédie (l'Impala tombant deux fois en panne : hérésie). Cela finit par faire quelque peu doublon avec Baraka (3-03), même si Sam et Dean ne s'effondrent pas comme a pu le faire Bob Saint-Clar dans Le Magnifique, quand son Auteur l'a pareillement pris en grippe. On regrettera davantage le côté bâclé du Monsters Fight Club, évidemment un sujet prétexte, mais que néanmoins l'on ressent par trop survolé. Pour compléter l'épisode les auteurs ont d'ailleurs inséré un numéro onirique de claquettes entre Dean et Garth, A notre avis, le spectacle ne casse pas des briques, mais cela reste subjectif. Ackles est une nouvelle fois davantage convaincant sur le registre de la comédie. En revanche, l'épisode se rattrape largement en profitant de l'éclipse des Winchester pour positionner Garth en sauveur de la journée et authentique Héros. Une jolie manière de conclure ce que l'on pressent constituer des adieux à ce sympathique allié de Sam et Dean, présent depuis la saison 7. A l'issue d'un épisode plaisamment irrévérencieux envers les Winchester, le bonheur familial et apaisé de Garth leur apporte comme une lueur d'espoir. Anecdotes :
11. ATROX FORTUNA Résumé : Suivant le conseil de Garth, les Winchester se rendent en Alaska, afin de retrouver leur bonne fortune. Ils découvrent un bar où des parties de billard se déroulent entre adversaires désirant s’accaparer la chance de l’autre. L’endroit est dirigé par la déesse Fortuna, prélevant au passage sa dîme de chance en guise de sacrifice. Éprouvant une rancune envers Chuck, et appréciant les Héros audacieux, elle rend leur baraka à Sam et Dean. Castiel retrouve Jack, ressuscité par Billie. Critique : The Gamblers demeure un bel épisode d’actrice. Lynda Boyd apportant émotion et présence à Fortuna, de même que Hanneke Talbot (bien loin de l’USS Enterprise de Star Trek Discovery) pour la barwoman que la divinité romaine a lié telle un Démon des Carrefours. On apprécie également le choix de la Fortune, qui sourit naturellement aux audacieux, pour sans doute conclure le défilé des dieux païens constituant l’un des atouts de Supernatural. C’est d’autant plus vrai que son soutien aux valeureux Héros que sont Sam et Dean n’est pas sans évoquer la Dame, son équivalent du Disque-Monde se confrontant au Destin en leur faveur. C’est notamment le cas dans La Huitième Couleur, ce Livre premier des Annales auquel on songera à plusieurs reprises au cours de l’épisode. Bien qu’un tantinet tirée à la ligne la justification de la querelle entre Chuck et les dieux païens, n revient directement à American Gods, ce roman entourant la grande source d’inspiration de Supernatural sur ce sujet.Réunir ces vieux complices que furent Terry Pratchett et Neil Gaiman reste un vrai plaisir de l’opus, ais celui-ci va néanmoins échouer entant que relance de la saison 15. Les affrontements des Dieux du Disque fonctionnaient dans le cadre d’un polythéisme, mais ne sont plus valides à l’aune du monothéisme dominant qu’est Supernatural. Dans Le Panthéon, on a pu voir Lucifer littéralement massacrer les deux païens on a donc du mal à croire que Fortuna puisse s’imposer à Chuck. Les auteurs tentent clairement de glisser sur un trou majeur du scénario : rien n’empêche Chuck d’à nouveau priver Sam et Dean de leur baraka de Héros… Idem pour le retour de Jack, toujours accompagné de son pathos coutumier. On a aussi beaucoup de mal à accepter que ne pas utiliser ses pouvoirs empêche Chuck de le repérer, du fait de Son Omniscience, mais aussi on ne voit pas pourquoi Il échouerait là où Castiel a réussi. Et ce n’est pas comme si Chuck n’avait pas en permanence les yeux rivés sur Sam et Dean. Toujours accompagné de son pathos coutumier, on éprouve aussi de la difficulté à percevoir Jack comme un vrai péril pour son grand-père. Les auteurs estiment sans doute que l’émotion suscitée par le retour de Jack va faire passer sur tout cela, c’est un pari. Au total on aura aimé Fortuna, mais l’épisode sollicite trop notre suspension d’incrédulité. Anecdotes :
12. L'AUTRE KAIA Résumé : Dark Gaia capture Jodie pour forcer les Winchester à tenir leur promesse de la ramener dans son monde. Sam et Dean acceptent de l'aider, quand elle révèle que son monde est en train de se détruire et que Gaia y est toujours vivante. Avec l'aide de Jack, les Winchester parviennent à mener l'opération à bien, mais Dark Gaia décide de rester dans son monde. Billie indique que Chuck a entrepris de détruire tous les univers parallèles, pour se concentrer sur le duel avec les Winchester. Critique : La saison 15 et dernière s'est jusqu'ici constituée autour de trois axes : le conflit avec Chuck, au multiples résonances méta, l'effet rétroviseur suscité par le retour de nombreux personnages, mais aussi, plus classiquement, la conclusion des dossiers encore en cours. Si Galaxy Brain se centre sur ce dernier point, bouclant l'intrigue de ce qui aurait dû représenter le fil rouge de la première saison de Wayward Sisters, il aborde aussi les deux autres thèmes, d'où parfois une impression de trop plein. Il va néanmoins parvenir à en partie dépasser cette difficulté, grâce à la qualité de l'interprétation. Ainsi la désormais traditionnelle divertissante séquence méta de Chuck demeure simplement un élément de décor, sans interactions directe avec les Winchesters. On s'amuse néanmoins toujours de la saveur du jeu de Rob Benedict, mais aussi des évidentes convergences entre le coup de balai cosmique donné par Chuck, et le récent crossover massif de l'Arrowverse, supprimant pareillement tous les univers parallèles édifiés au cours des années précédentes. Le (vrai) retour de Billie tourne également quelque peu à vide, n'apportant rien de vraiment nouveau, ou qui n'aurait été anticipé, même si Lisa Berry manifeste derechef une remarquable présence. Le sujet principal se voit quelque peu réduit par les secondaires, mais subit surtout l'impact de cette restriction budgétaire ayant tant pesé sur les dernières saisons de Supernatural. En effet, au lieu de partir à l'aventure dans le Bad Place, le clan passe beaucoup de temps au Bunker, à ressasser des éléments déjà connus ou à perdre du temps sur de fausses pistes. L'aventure se réduit à un simple aller-retour de moins de 10 minutes. Il reste paradoxal qu'un récit autour d'un univers parallèle ressemble si longtemps à un épisode bottle ! On apprécie néanmoins le sérieux avec lequel Richard Berens répond aux diverses questions encore en suspens autour des Wayward Sisters (encore que le mystère de la Lance perdure) et le courage avec lequel il affronte l'absence de la plupart des jeunes actrices, désormais parties vers d'autres séries, et on les comprend. L'émotion dégagée par la formidable Yadira Guevara-Prip, autour des deux versions de Gaia et de leur interaction, sauve la journée, mais aussi avive les regrets quant à cette série dérivée qui va bien nous manquer. La mise en scène de Richard Speight, Jr. retrouve quelques couleurs avec les fléaux déployés par Chuck, judicieusement bibliques (comètes, déluge...), là où l'Arrowverse demeurait purement dans la Science-fiction. Anecdotes :
13. L'OCCULTUM Résumé : Billie envoie Sam, Dean et Castiel retrouver l'Occultum, artefact mystique aux immenses pouvoirs. Au cours d'une quête les emmenant en Enfer, dans le Vide et au Jardin d'Eden, ils découvrent que l'objet a été naguère possédé par Anael et Ruby. En échange de la révélation de l'emplacement de l'Occultum, Castiel ressuscite Ruby, malgré la colère du Vide ayant pris la forme de Meg. Une fois retrouvé, l'Occultum rend son âme à Jack, Sam et Dean rencontrent également des doubles d'eux-mêmes, ayant fui leur univers alternatif détruit par Chuck. Critique : On pourra reprocher à l'épisode de constricteur une énième quête à l'objet miracle tombant à pic pour résoudre les difficultés du Clan Winchester, un procédé dont la série aura décidément usé et abusé. Et il n'est pas dit qi'il ne s'agisse de la dernière de la série. Une fois cette réserve posée, ce scénario certes prétexte va déboucher sur un épisode fort plaisant, sachant tirer parti des vastes opportunités de l'univers de la série. Assez logiquement après 15 saisons, la quête de Sam, Dean et Castiel se montre en effet moins initiatique qu'humoristique et nostalgique, revisitant divers lieux, époques et personnages ayant marqué cette étonnante aventure qu'aura été Supernatural. La saison 15 joue ici pleinement la carte du regard dans le rétroviseur, en laissant la part belle aux personnages féminins. On apprécie en effet que tout se structure autour d'un carré de dames : Billie, Anael, Meg et Ruby. Quatre figures aussi fortes que différentes, rappelant à juste propos que Supernatural s'est souvent avérée plus complexe que l’image de série machiste lui ayant parfois collé à la peau. Destiny's Child plaira également à la large fraction des fans du programme désirant voir les couples Ackles et Padalecki participer tous les deux à un même épisode. On évite toutefois un scénario sombrant dans l''excès de fan service en ne le triturant pas pour que le quatuor apparaisse ensemble à l'écran. Entre péripéties, pièges tendus par Ruby et Anael, Bille devenant l'oracle du groupe ou encore un Vide devenu terriblement menaçant et cruel sous les traits de Meg, on ne s'ennuie pas tout au long de cette aventure joliment dialoguées et réalisée. Quelques regrets toutefois, dont l'absence de rencontre entre Sam et Ruby, qui ne fait que rencontrer Castiel. Mais ce n'est peut-être que partie remise après sa résurrection. Le côté chasseuses d'objets mystiques de Ruby et Anael ravive le regret de ne pas voir Bela participer aux retours de la saison, idem pour Jo et Ellen à propos des figures féminines. Assez lourds, les Sam et Dean se montrent aussi envahissants qu'inutiles, on a compris depuis longtemps compris qu'il convenait de suspendre notre incrédulité concernant les failles de l'Omniscience de Chuck. Anecdotes :
Résumé : Dean libère accidentellement une Dryade, Mrs Butters. Celle-ci était la gouvernante des Hommes de Lettres durant les années 50. Elle va assumer le même rôle auprès des Winchester. Une période euphorique s'en suit, les Chasses s'effectuant avec efficacité et le Bunker étant bien tenu. Mrs Butters est prête à tout pour défendre Sam et Dean, qui lui rend son affection. Mais ils ignorent qu'elle perçoit Jack comme un monstre, étant le fils de Lucifer. Critique : Last Holiday, où le parfait épisode de reprise pour Supernatural, après un hiatus de plus d’un semestre. Habilement, les échanges entre protagonistes dressent un panorama de la situation et des paris en présence, un élément utile si l’on n’a pas fait ses devoirs de rentrée. Au passage, l’opus se permet le luxe d’encore d’accroître les enjeux de cette ultime saison, puisque la Mort a révélé que Jack, e plus de Chuck devait occire Amara. Un challenge, d’autant que l’on se souvient qu’en saison 11 toutes les puissances de l’univers de Supernatural avaient échoué à la détruire. Mais un mouvement astucieux, puisque cela empêcherait que la Création soit engloutie par les Ténèbres éternelles et primordiales après la mort de Chuck, autre postulat établi par cette mémorable saison. Plus que jamais les jeux sont ouverts et le suspense demeure total quant à la conclusion de cette histoire au combien singulière. Mais Last Holiday s’inscrit également dans la vaste relecture de la série entreprise par la saison 15, revenant sur les Hommes de Lettres et, surtout, rendant un bel hommage au Bunker, devenu au fil des années un vrai foyer pour les Winchester. Avec l’apparition de Mrs. Butters, le récit utilise ainsi habilement l’inépuisable capacité de surprise des nombreux secrets de cet endroit, quitte à ce que cela tourne quelque peu au procédé après une si longue occupation des lieux (à ce niveau-là, on ne voit que l’Île des Disparus comme équivalent). De même l’épisode continue à fermer les dossiers résolvant les questions laissées en suspens autour des artefacts du Bunker (la table-planisphère, le Télescope, voire la télévision de la Deancave), toujours avec astuce et humour. Dans ce quasi-huis clos (voire épisode Bottle), animé avec talent par Eduardo Sánchez, l’insertion de nombreux clins d’œil au passé des Winchester ravira les fans, en un vrai quiz de la série. Plus que jamais la saison 15 place s’adresse aux fans de longue date. Ces compagnons de route apprécieront sans doute de retrouver une divinité païenne, si souvent gage d’épisode réussi. Mrs. Butters se montre délectable, autorisant quelques joyeux moments de Gore comme on aime (tête et ongles arrachés, un plaisir), tandis que l’épatante Meagen Fay apporte de la véracité à sa double nature, entre Mary Poppins et Nurse Ratched. Ce choc des deux personnalités apporte de l’humour à un récit, avec un également un Dean en roue libre. Toutefois l’on regrettera que, pour humoristique qu’il soit, Last Holiday ne devienne jamais vraiment ce pur épisode décalé que l’on apprécierait de découvrir avant la fin de Supernatural, la série s’étant montrée si généreuse sur le sujet. On aimerait également que les superbes motels de jadis, quasiment disparus depuis l’arrivée du bunker, aient aussi droit à leur hommage. La nature de Dryade de Mrs. Butters reste trop périphérique. Mais le vrai boulet de l’opus demeure Jack, encore et toujours abonné aux jérémiades diverses et variées. D’aussi loin que l’on s’en souvienne, le personnage aura chouiné en permanence sur lui-même, sur la cruauté du destin, la misère du pauvre monde, etc. On n’en peut plus de ce trauma sur pattes. Anecdotes :
Résumé : Sam et Dean se confrontent à Amara. D'abord désireuse de demeurer neutre, elle envisage de les aider contre Chuck, influencée par Dean. Pendant ce temps, Jack et Castiel enquêtent sur une série de meurtres atroces survenus dans une communauté religieuse. Castiel apprend que le sortilège de Billie fera de Jack une bombe qui annihilera Chuck et Amara, mais qui le tuera aussi. Refusant cette option, l'Ange part à la recherche d'une autre solution.
Critique : A cinq encablures du port, alors que l'opus précédent se positionnait en panorama d'ensemble, Gimme Shelter n'hésite pas à bouleverser l'univers de la série. Révélation du vrai lien entre Chuck et Amara (deux jumeaux dont la « séparation » a donné le Big Bang), interdiction des Pactes par une Rowena mettant au chômage tous les Démons des Carrefours, dévoilement du plan de la Mort, fatal pour Jack, départ de l'Ange, etc. L'effet s'avère un vrai choc pour le spectateur, le tout se voyant sans doute couronné par le retour d'Amara et la permanence réaffirmée du liant l'unissant à Dean. Tout cela nous vaut un épisode plein à ras bord mais sachant résister à la tentation du rythme échevelé accentuant encore la frénésie des révélations. Bien au contraire le récit prend le temps d'installer pleinement l'émotion, dans ses deux segments. Décidément les rares épisodes voyant l'antagoniste être un simple être humain constituent toujours des réussites. Gimme Shelter place ainsi de nouveau la famille au cœur de Supernatural, sans doute l'une des constantes les plus fortes de cette série au si long cours. Castiel en père de substitution de Jack se montre ainsi très émouvant lors de ses entretiens avec le pasteur (Misha Collins dans ses œuvres), il en va de même lors de l'évocation de Mary entre Dean et Amara ou de la spécificité du lien entre cette dernière et Chuck. La spiritualité se voit également abordée avec éloquence, avec cette communauté de personnes aux croyances différentes, mais unies par la recherche du bien commun, un élément revêtant une force particulière en notre période troublée. Cela n’empêche pas pas cet opus de haut niveau de nous apporter quelques touches d'humour, mais aussi de pur effroi. Oscillant entre Seven et Saw, ses scènes de meurtres et de supplices sont les plus dérangeantes que nous ait proposé Supernatural depuis longtemps. Anecdotes :
Résumé : En 1993, alors que John les avait laissés dans un motel afin de mener une Chasse, Sam et Dean avaient sympathisé avec Caitlin et Travis. Ensemble, ils avaient apparemment triomphé de Baba Yaga, monstre s'en prenant aux jeunes gens. De nos jours, Travis est tué et Caitlin envoie un SOS aux Winchester : Baba Yaga est de retour. La Mort révèle que Chuck a fini de détruire les autres univers et qu'Il est en chemin. Billie ne pourra plus intervenir avant la confrontation finale. Critique : Les joies simples sont souvent les meilleures : alors que, lors de Last Hilidays, nous regrettions que les superbes motels n'aient pas eu droit à leur épisode hommage, au même titre que le Bunker. Et c'est précisément ce que nous offre ici Drag Me Away (From You),. Le Rooster's Sunrise s'avère en effet agréablement évocateur de ces établissements à la fois surréalistes et très graphiques, ayant régulièrement illustré le talent des décorateurs de la série. Cet effet madeleine se ressent d'autant plus fortement que l'établissement se situe bien au cœur de l'intrigue, l'unicité de lieu qu'il génère jetant un pont entre les deux époques du récit. Tout fait l'objet d'un grand soin, aussi bien les chambres que les couloirs et l'extérieur, un vrai plaisir pour le fan. Par ailleurs ce décor se voit mis au service d'une intrigue au bon goût de jadis, quand chaque épisode voyait les Frères Winchester voler au secours d'une Damoiselle en détresse, avant que l'Impala ne disparaisse à l'horizon. Les jeunes acteurs sont tous excellents. L'intrigue se voit par ailleurs enrichie d'une thématique Stephen King réussie. Le Rooster's Sunrise revêt rapidement des allures d'Overlook Hotel, ce que souligne judicieusement la mise en scène par fois à la Shining (toutes proportions gardées). On apprécie également les nombreuses références à Ca, entre la juxtaposition de deux époques, le retour d'un tueur d'enfants qu l'on croyait vaincu ou la place du souvenir pour les protagonistes, entre autres éléments. La chambre d’hôtel maudite évoque aussi 1408. Malheureusement si Drag Me Away (From You) convainc en tant que Stand Alone, il en va différemment de ses rapports au fil rouge de la saison. Alors que le spectateur attend avec impatience les événements de l'arc final, il était sans doute maladroit de se replonger dans la jeunesse de Sam et Dean, déjà moultes fois explorée par le passé. Il s'avère aussi quelque peu lassant de seulement évoquer les événements en cours par ouï-dire, Billie succédant ici à Jack ou au Démon des Carrefours. Il est grand temps que l'acte final débute. Anecdotes :
Résumé : Chuck est de retour et rencontre Amara, qui plaide pour qu’Il épargne la Création. Avec l’aide d’une côte offerte par Adam, Dean et Jack initient le rituel devant transformer ce dernier en trou noir aspirant Chuck et Amara. Sam se confronte au Vide et découvre que Billie souhaite en réalité remplacer Dieu. Mais Chuck tire toutes les ficelles et convainc Amara de se fondre en lui, révélant la trahison de Dean. Il espère également que l’affrontement entre Dean et Sam à propos du sort de Jack devienne meurtrier, assurant enfin Sa fin de l’histoire. Mais Sam persuade Dean de renoncer à la violence. Les deux frères font face à la colère divine alors que Jack est sur le point de déchaîner son pouvoir. Critique : Carrefour de la saison, Unity marque avec un éclat particulier le lancement de cet arc final tant attendu. Le prologue permet à Emily Swallow de briller de toutes ses qualités de comédienne, une délicate attention au moment où elle quitte sans doute Supernatural. Unity a le grand mérite d’oser renoncer au rythme échevelé de l’action caractérisant souvent ce type d’épisode-carrefour bouleversant l’univers de la série (jurisprudence Anasazi des X-Files). Au contraire, le drame se divise en trois actes chacun centré sur l’un des protagonistes (Amara, Dean et Sam), ce qui permet de poser et d’enrichir le discours sans rien renoncer à l’intensité de multiples confrontations savamment théâtralisée. La controverse entre Amara et Chuck revêt des accents du mémorable Chuck tout-puissant (11-20), mais la perspective a changé. Amara parle en égale à Dieu, contrairement à Métatron, et, surtout, c’est autant la Création qu’elle s’efforce de sauver que Chuck lui-même, du piège tendu par les Winchester (dont elle ignore la vraie nature) aussi bien que du complexe (au combien) divin dévorant son frère. Voir l’ego d’artiste de Chuck, exacerbé devant la perspective d’une toile blanche Le conduire à refuser toutes les opportunités offertes revêt une force terrible. Tout ceci résulte merveilleusement interprété et filmé avec notamment tout un travail sur les costumes, les couleurs et la noirceur s’inversant entre les deux protagonistes. L’acte de Jack et Dean se montre très amusant dans un premier temps avec son Adam halluciné, en mode hippie revanchard et flanqué d’une Séraphina aussi angélique qu’allumée. Les divertissants dieux païens de Supernatural relevaient souvent d’American Gods, ici, pour le coup, on se situe en plein dans De bons présages ! Mais sa discussion avec Jack pose aussi Dean en champion réaffirmé du libre arbitre, une constante de la série depuis la saison 5. Derrière ses héros en jean et sa fantaisie, Supernatural pose ici avec acuité la question de savoir si la présence même de Dieu n’empêche pas l’Humanité d’être libre, sa disparition n’empêchant pas que l’on opte pour le Bien en impératif catégorique. Le duo Castiel Sam connaît sans doute l’intrigue la plus épique, avec l’expédition dans la Bibliothèque de la Mort et la confrontation mortifère avec le Vide. Jusqu’au bout la série aura usé, et peut-être abusé, des artefacts et portails magiques du Bunker (on se croirait dans Warehouse 13), mais ici cela nous vaut des scènes intenses et le plaisir de retrouver encore une fois Rachel Miner, tandis que la révélation du vrai but poursuivi par la Mort change magistralement la donne. Avec la Bibliothèque et le Paradis, l’opus boucle joliment la revue des principaux décors de la série entrepris par cette ultime saison. Le tout s’effectue sans réellement trahir le profil de Billie, puisqu’en définitive elle n’aura jamais menti aux Winchester... autrement que par omission. Avec émotion Sam se voit confirmé en boussole morale de la fratrie, face aux inclinaisons violentes de Dean. L’acte final apporte à Unity la coda qu’il mérite,avec le hoc induit par la rencontre explosive de toutes les trajectoires des personnages (quitte à tirer un peu sur la chronologie, mais après tout Chuck est aux commandes). On renoue ici avec le rythme trépidant des coups de théâtre et des twists sans retour, dans la meilleure tradition du genre. L’astuce magistrale des scénaristes réside dans la révélation parfaitement orchestrée que tous les événements participaient au maître plan divin, ce qui confirme Chuck en complotiste de génie (il ferait un tabac à Port-Réal). D’autant qu’Il doit Son succès moins à Ses facultés qu’à Son intelligence supérieure. L’habileté va jusqu’à utiliser ce twist pour pallier aux faiblesses du fil rouge de la saison : l’omniscience de Chuck n’a finalement pas été prise en défaut, tout ceci était un vaste complot. Cette conclusion place Sam et Dean en position périlleuse, Chuck, lassé, renonçant à Sa fin de l’histoire et ayant absorbé Amara grâce à sa brillante exploitation de la trahison perpétrée par Dean. Plus que jamais les jeux sont ouverts, tandis que Jack sur le point d’imploser nous vaut l’un des cliffhangers les plus percutants de la série, même si Chuck n’est guère impressionné. On pourra certes pointer que Castiel se voit réduit à un commentateur de l’action (mais avec tellement d’émotion apportée par Misha Collins), tandis que c’est l’unique personnage féminin demeurant en lice qui disparaît. Même s’il ne s’agit pas de mort à proprement parler pour les Ténèbres, le final semble promis à être exclusivement masculin Supernatural reste Supernatural. Mais, tel quel, Unity confirme l’éclatant succès de cette ultime saison et s’impose comme l’un des épisodes phares de Supernatural. Anecdotes :
Résumé : Au moment de son explosion, Billie téléporte Jack dans le Vide, ce qui le sauve, mais le laisse sans pouvoirs. Elle tente de s'emparer de lui, estimant qu'il peut encore jouer un rôle contre Chuck, mais Dean l'en empêche, s'étant emparé de sa faux. Les êtres humains disparaissent dans le monde entier, y compris ceux venus du Monde de l'Apocalypse. Billie affirme qu'il s'agit de l’œuvre de Chuck, non la sienne. Castiel fait venir le Vide, se sacrifiant pour que Billie y soit aussi engloutie, afin de sauver Dean. Avant d'être anéanti, il avoue son amour à Dean. Sam, Dean et Jack sont seuls au monde, tandis que l'Archange Michael ne répond pas à leur prière. Critique : Despair continue à développer l'arc final de Supernatural avec le même brio que lors de son lancement dans Unity mais aussi avec un art similaire de la segmentation de la narration. Là où l'opus précédent disait son histoire an actes centrés sur chaque protagoniste, ici les effets se renouvellent toutefois avec une division plus classiquement chronologique. Un premier temps se voit ainsi dédié à la résolution très efficace du cliffhanger. Les auteurs continuent à pleinement maîtriser l'écheveau des parties en présence, avec une trépidante succession d’événements, conduisant à sauver Jack de manière à la fois cohérente et spectaculaire. L'habilité suprême réside dans l’explosion de la coalition anti Chuck que suscite cette réaction en chaîne, parachevant Son succès de manière trop éclatante pour que l'on puisse croire au hasard. Ici encore Chuck est à l’œuvre et l'affrontement entre Billie, les Winchester et le Vide s'annonce au combien mortel. Entre-temps, l'opus, là aussi tout comme le précédent, n'hésite pas à ralentir le rythme des péripéties, afin de mettre le focus sur les personnages. La disparition de nombreux alliés des Winchester porte à son zénith les retours de visages connus pratiqués par la saison, mais ils valent surtout par l'humanité des quelques scènes précédent le drame. Le récit porte bien la marque de Robert Berens, auteur ayant souvent privilégié la psychologie à, l'action. Nous retrouvons ainsi tels qu'en eux-mêmes Bobby, Charlie (ceux du Monde de l'Apocalypse, bien sûr), Eileen, Donna... Le terrible reboot universel lancé par Chuck après son absorption des Ténèbres (Thanos est largement battu !) revêt de la sorte un impact émotionnel terrible. Cela permet également de glisser sur le fait que le scénario minimise clairement les conséquences apocalyptiques qu'aurait la disparition soudaine de l'Humanité (voitures, avions, machines...). L'acte final, filmé avec dynamisme par Richard Speight Jr., renoue avec l'action échevelée, toujours au service d'un récit intelligemment maîtrisé. Ainsi, sans rien sacrifier du point de vue des combats et des effets spéciaux (cet arc final bénéficiant clairement de plus de moyens que l'ordinaire de la série lors des saisons tardives), les auteurs n'oublient pas de boucler les dossiers encore en cours, comme le ressentiment de Billie contre Castiel, qui l'a un peu tuée jadis, où la résolution du pacte signé entre le Vide et l'Ange du Jeudi. Mais c'est par sa conclusion que l'opus marque définitivement les esprits, avec la terrible double disparition de Billie (toujours parfaite Lisa Berry) et, surtout, de Castiel. A l'issue d'une série ayant tant usé et abusé des morts et résurrections diverses et variées de ses protagonistes, parvenir à préserver tout l'impact émotionnel de la scène constitue un bel exploit, devant aussi beaucoup à un ultime superbe numéro de Misha Collins. On ne trouve pas les mots pour célébrer tout ce que ce merveilleux acteur aura apporté à Supernatural. Le parfait minutage du coming out de Castiel parachève le succès de Despair, d'autant qu'il s'avère cohérent aussi bien pour ce dernier que pour Dean. Anecdotes :
Résumé : Sam, Dean et Jack sont les derniers êtres vivants au Monde, le châtiment décidé par Chuck, pour avoir refusé Sa fin de l'Histoire. D'abord rejoints par Michael, ils le sont ensuite par Lucifer, renvoyé sur Terre par le Vide pour se venger de Chuck. Mais le Diable travaille en fait pour son Père, créant une nouvelle incarnation de la Mort pour avoir accès au Livre des Jours de Dieu. Sam et Dean remettent l’Épée des Archanges à Michael, qui peut enfin tuer Lucifer. Mais l'Archange les trahit à son tour, avant d'être lui-même tué par Chuck, qui déchaîne sa colère sur les Winchester. Mais le sortilège de Billie a fonctionné et ces événements ont été en fait orchestrés par Sam et Dean pour permettre à Jack d'absorber la puissance divine, rendant Chuck désormais impuissant. Jack restaure la Création, tandis que Sam et Dean sont enfin libres de l'histoire écrite par Chuck. Critique : Inherit the Earth vient superbement boucler l'arc final (mais non la série !) de Supernatural. Les auteurs savent d'abord ménager le suspense quant à la manière dont cette situation pour le moins inextricable va bien pouvoir se résoudre. Presque la moitié de l'opus se voit ainsi dédiée à la peinture de ce Monde vide et silencieux, dans une ambiance et une désespérance assez voisines de celles de Solitude, le pilote de La Quatrième Dimension. La mise en scène parvient à susciter une véritable atmosphère, grâce à quelques superbes extérieurs. Décidément, sans pour autant revenir aux années, la production bénéficie de quelques moyens supplémentaires pour cette ultime ligne droite. On apprécie certains détails, comme l'importance donnée à Route comme élément de décor, un élément consubstantiel à Supernatural, aussi bien que cette Amérique profonde évoquée par une astucieuse référence à Road 66. Souvent très beaux, les inserts (la Tour Eiffel et le Café de Flore pour Paris, mais sans Emily) évoqueront aussi agréablement les séries Sixties pour leurs aficionados, du Saint à Destination Danger. Dès lors que l'on bascule dans la confrontation ultime le rythme des péripéties et des trahisons passe en surmultipliée. Tout ceci s'avère particulièrement prenant, d'autant que les auteurs s'avèrent une nouvelle fois jouer à merveille des diverses ressources offertes par l'Univers Supernatural, afin de résoudre la situation. Tout ceci s’emboîte à merveille, tout en mettant un terme aux derniers dossiers encore en cours (fin de partie pour la quatre Archanges), ou quasi. Le scénario s'impose comme un modèle d'habilité, même si la vitesse de l'action aide à passer outre quelques failles qui perdurent malgré tout. Il n'est ainsi pas clairement expliqué comment l'omniscience de Chuck a pu être prise en défaut par le pouvoir de Jack, mais, vraiment, la performance demeure admirable de maîtrise. La cruauté du destin réservé à Chuck frappe l'esprit (Rob Benedict éblouissant jusqu'au bout), mais on aime que là comme partout ailleurs durant quinze saisons, Supernatural soit allé jusqu'au bout de ses idées. Le choix par Jack d'une divinité non plus monothéiste, mais panthéiste, concilie astucieusement la volonté de libre arbitre de Sam et Dean et la permanence d'un lien entre Dieu et l'Humanité, une belle conclusion pour cette fable morale qu'au aussi su devenir cette ultime saison. Le clou du spectacle reste bien entendu le retour aussi surprise que désiré (on n'y croyait plus!) de Lucifer. Un passage certes bref, mais avec un Mark Pellegrino en totale roue libre comme on aime, un pur plaisir. L'ultime retour (ou pas !) de la saison 15 se ressent comme son plus savoureux. Certes le montage final en forme d'album souvenir, agrémenté de l'Impala s'amenuisant vers l'horizon, ne compose pas un modèle d'originalité, mais il est parfaitement exécuté. On apprécie d'autant plus que la séquence initialement prévue, prévoyant de nombreux guests dut être réécrite du fait du COVID, Un feu d'artifices de souvenirs et un bel hommage aux enthousiasmants seconds rôles de la série, mais aussi une ultime session de rattrapage pour les inévitables oubliés de la saison 15. On avouera avoir particulièrement aimé de revoir Jo et Ellen Harvelle, ainsi que Bela Talbot, toujours dans nos cœurs malgré le temps qui passe. Inherit the Earth offre à Supernatural une parfaite conclusion, ainsi que leur liberté à Sam et Dean, ce qui ménage un beau suspense à propos de ce que va bien pouvoir nous raconter Carry On, sans doute une coda intime pour la fratrie. Anecdotes :
Résumé : Les Frères Winchester ont repris leur vie de Chasseurs de Démons, mais Dean meurt lors d'un combat contre des Vampires. Il est accueilli au Paradis par Bobby, qui lui révèle que Jack, aidé par Castiel, est en train de transformer les lieux : les âmes sont désormais libres de leurs cellules virtuelles et peuvent désormais se rencontrer. Dean part pour une randonnée au volant de l'Impala. Sam vit une longue vie loin de la Chasse et a un fils, avant de mourir à son tour et de retrouver son frère. Critique : Là où Inherit the Earth achevait aussi bien la saison 15 que l'arc de Chuck, Carry On se veut bel et bien la conclusion de toute la série. A cette fin, les showrunners posent une question aussi simple que fondamentale : en définitive, qu'était-ce que Supernatural ? A travers une coda intimiste et touchante, en parfaite harmonie envers tous leurs prédécesseurs, à commence par Eric Kripke, ils réaffirment ici qu'il s'est toujours s'agit de l'histoire d'une fratrie. Les deux se confondent, aussi bien à l'Alpha qu'à l'Oméga. Quel que soit l'intérêt que l'on ait porté à une relation aussi forte que Destiel, où à la cosmogonie de l'univers de Supernatural, ou à toute autre des multiples dimensions culturelles développées par une série si longue et féconde, le lien indissoluble entre Sam et Dean aura toujours été le cœur de Supernatural et son principe moteur. Si cette affirmation séduit par sa cohérence, elle y parvient aussi par sa prise de risques assumée et son soin apporté aux détails. Cabb et Singer logiquement centrent l'opus sur la seule fratrie, aucun autre personnage récurrent n'apparaît, hormis baby, bien entendu indissociable du duo depuis toujours, et la brêve mais précieuse apparition de Bobby. La facilité d'un retour fatalement émotionnel de Castiel se voit donc refusée, ce qui demeure bienvenu dans une série ayant déjà tant abusé des résurrections et qui évite de rendre triviale l'émotion suscitée par le parfait départ de Castiel. Et puis les auteurs indiquent bien que Cass a été sauvé du Vide par Jack et qu'il œuvre désormais au nouveau Paradis. Les fans d'un Destiel désormais canonisé seront donc libres de continuer développer à loisir leurs Fans Fictions, c'est aussi cela, le sens de Carry On. L'autre grande prise de risque reste la mort de Dean, surtout lors d'une aventure somme toute volontairement banale, presque insignifiante. S'en scandaliser serait oublier que la grandeur des Chasseurs réside précisément là : dans tous leurs combats leur vie est mise sur la balance. Et puis Dean a toujours été un guerrier, une telle fin paraît aussi digne de lui que logique. Dans ses premières notes sur Supernatural, Kripke l'assimilait explicitement au Gunslinger, le Pistolero de La Tour Sombre. On ne peut ici que laisser la parole à Stephen King, à propos du décès similaire d'Eddie, devenu lui-même un Pistolero aux côtés de Roland de Gilead : « Car ce garçon était un Pistolero, vrai, et c'était la seule fin possible pour un homme tel que lui.» (La Tour Sombre, chapitre 11). Comme pour Destiel, les showrunners demeurent fidèles à la tradition bien établie de Supernatural d'aller jusqu'au bout de ses idées, contre vents et marées. Carry On s'appuie également sur une ultime grand composition d Jensen Ackles et Jared paladecki, aussi lors de la déchirante séparation que des lumineuses retrouvailles, ou lors des moments humoristiques (parce que, oui, on se sera souvent bien amusé à bord de l'Impala). Il s'appuie de même sur une réalisation très sensible, rendant notamment un bel et ultime hommage aux sublimes forêts de la Colombie britannique, un autre lien avec les X-Files. On apprécie également le grand soin apporté à l'écriture et à la mise en scène d'absolument chaque scène, multipliant les passerelles à vers les premières saisons du programme, à travers postures, dialogues, costumes ou éléments de décor. Le dialogue final entre les deux frères reprend ainsi mot pour mot celui de leur première rencontre lors du pilote, et un pont joue un rôle crucial, comme lors de la confrontation avec la Dame Blanche, leur première adversaire. La posture de la mort de Dean évoque celle de Sam lors de All Hell Breaks Loose (2-21), il est fait référence au tourtes et bières préférées de Dean, l’enquête se montre plaisamment archétypale, etc. On pourrait multiplier les exemples, mais chaque moment de Carry On compose une apothéose du vaste revival, particulièrement réussi, entrepris par la saison 15. Derechef la série s'adresse avant tout aux fans de longue date. Il est également cohérent que, pour Sam, la Chasse s'interrompe dès la mort de Dean, ou que sa vie de famille ne soit que survolée, ici encore tout réside dans la fratrie. On avouera avoir particulièrement apprécié que l'émouvante rencontre avec le Bobby historique ait permis de lever le voile sur les derniers dossiers en suspens : son devenir, ainsi que celui du Paradis. Tous les livres de Supernatural sont désormais refermés. Avec cet ultime chef d’œuvre que constitue Carry On, Supernatural achève de prendre place au sein de l'un ces ces Panthéons qu'elle a tant affectionnés, celui des plus grandes séries américaines relevant de l'Imaginaire. Ce captivant Road Movie à travers une Amérique folklorique et biblique, au son du meilleur Classic Rock, restera assurément dans l'histoire télévisuelle. On ne peut que souhaiter que le lancement d'une franchise permette un jour de poursuivre le voyage. Anecdotes :
|