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Miss Marple (1984-1992) - Joan Hickson

Guide des épisodes


1. UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHÈQUE
(THE BODY IN THE LIBRARY)



Résumé :

Digne colonel à la retraite, le Colonel Bantry possède la belle résidence de Gossington Hall, au sein de la charmante localité de St Mary Mead. Lui et son épouse Dolly ont un jour la vive surprise de découvrir dans leur bibliothèque le cadavre d’une jeune femme inconnue. L’enquête de la police marque le pas et bientôt le brave Colonel se met à dépérir, car pointé du doigt par la rumeur publique. Mais sa vaillante épouse conserve une ressource : faire appel à la proverbiale sagacité de sa voisine et amie, Miss Jane Marple. Les deux femmes vont découvrir une étonnante vérité, malgré l’incrédule hostilité de l’Inspecteur Slack.

Critique :

La diffusion, de The Body in the Library s’étala initialement sur trois soirées. Or regarder ces trois segments en continuité conduit à une durée dépassant légèrement les deux heures et demie (154 minutes). Disons-le : nonobstant la grande qualité de l’ouvrage, c’est long, sans doute trop pour la partie du public contemporain prisant les scènes d’action ou les effets spéciaux spectaculaires, d’autant que la narration suit un rythme paisible. Davantage encore que les épisodes longs de Poirot, celui-ci s’adresse sans doute aux amateurs avertis d’Agatha Christie, particulièrement à ceux ayant lu le roman originel. En effet, ils seront alors à même d’apprécier le premier grand atout de ce pilote que représente la qualité de l’adaptation du texte.

En effet les auteurs profitent pleinement de la durée leur étant impartie afin de parfaitement restituer les différentes dimensions du livre. Contrairement aux exercices de style équivalents, aucun personnage ou développement narratif ne se voit sacrifié, l’effet d’immersion dans le texte demeure total de bout en bout. On avouera ne pas se souvenir d’une adaptation aussi fine et complète, même la trilogie du Seigneur des Anneaux s’en va galopant entre le départ de la Comté et l’arrivée à Bree, tandis qu’ici la mise en place de l’histoire fait au contraire l’objet d’un luxe de détails particulier. Certes certains éléments évoluent légèrement, l’action se voit ainsi déplacée des années 40 aux 50 (ce qui ne change pas grand-chose à la campagne anglaise), l’importance financière de l’héritage se voit quelque peu accrue, Dolly quitte peut-être un peu rapidement l’enquête… Rien de perturbant.

Les scénaristes ne se contentent pas pour autant d’effectuer un simple décalque pour autant, car ils s’entendent à profiter de ces latitudes offertes afin de mettre en avant les spécificités du roman. L’intrigue diabolique captive aisément l’amateur d’énigmes ludiques et létales, mais cela n’altère pas l’aspect auto-ironique d’Agatha Christie que véhicule The Body in the Library. L’impact volontairement sensationnaliste de la découverte du corps (issue d’un pari entre l’Auteure et un ami) se voit ainsi soulignée, ainsi que la brusque rupture du huis-clos de Gossington Hall, surprenant agréablement les amateurs. Le récit prend également le temps de soigner les situations et personnages secondaires, irrigant ainsi la narration de cet humour malicieux imprégnant souvent le regard d’Agatha sur ses protagonistes et concitoyens.

Si la caméra ne brille sans doute pas par sa mobilité, dans la grande tradition des productions en costumes d’ITV ou de la BBC d’alors. Mais la mise en scène utilise également au mieux le temps disponible pour tirer le meilleur parti de splendides décors, intérieurs ou extérieurs ; Nether Wallop figure admirablement St Mary Mead tel que l’ont imaginé d’innombrables lecteurs, il s’avère particulièrement agréable d’un découvrir les rues et demeures, l’amateur s’y sentira délicieusement en terrain connu. L’ensemble de la reconstitution historique et du travail de production se montre irréprochable, tout en sachant renouveler ses effets quand on passe au littoral anglais, quand l’action se déplace à Danemouth.

Surtout, la série sait trouver l’interprète idéale de Miss Marple en Joan Hickson. Même du fait des obligations liées au passage à un langage visuel, Miss Marple apparaît ici un tantinet plus tonique que dans le roman, on se situe très loin de la dame excentrique et tonique en diable des films des années 60. Parfaitement idoine physiquement, Joan Hickson sait à merveille tirer parti de son propre âge afin de faire ressortir l’aspect à la fois frêle et déterminé du personnage, ainsi que son côté charmant et désuet laissant vite place au regard acéré et passablement cynique que porte la digne demoiselle sur ses contemporains.

Cette détective captivante et hors normes anime l’ensemble du récit jusqu’à son terme, où sa révélation de l’intrigue se voit expédiée en une poignée de minutes, à peine imagées. On se situe à l’opposé des scénographies majestueuses de Poirot, mais c’est effectivement conforme à la simplicité et à la modestie de l’héroïne. Le reste de la distribution excelle également, en particulier Gwen Watford dans le rôle de la solide Dolly, autre figure à nous rappeler que chez Agatha Christie les femmes constituent des personnages à part entière, non des clichés ou des fantasmes.

Anecdotes :

  • Le téléfilm fut diffusé en trois parties, les 26, 27 et 28 décembre 1984.

  • En 1945, Joan Hickson interpréta Miss Pryce dans une version théâtrale de Rendez-vous avec la mort. Agatha Christie assista à une représentation et en fut enchantée. Elle déclara alors à la jeune actrice qu’elle espérait la voir un jour un jour incarner Miss Marple. Décédée en 1976, la Duchesse de la Mort n’en eut pas l’occasion, mais ses héritiers approuvèrent Joan Hickson comme étant une parfaite Miss Marple.

  • En 1962 ; Joan Hickson tint le petit rôle d’une cuisinière dans Le Train de 16 h 50, premier film où Margareth Rutherford incarna Miss Marple.

  • En 1987, Joan Hickson fut anoblie quand la Reine l’éleva au rang d’officier dans l’ordre de l’Empire britannique. Grande amatrice de la série. Elisabeth confia alors à l’actrice qu’elle interprétait Miss Marple parfaitement comme il convenait qu’elle le soit.

  • Pour le rôle de Jane Marple, Joan Hickson fut proposée deux fois aux BAFTA télévisuels, en 1987 et 1988. Anna Massey et Emma Thompson lui furent néanmoins préférées.

  • Jusqu’à son décès en 1998, Joan Hickson continua à jouer Miss Marple à travers de nombreux livres audio, un support très apprécié en Grande-Bretagne.

  • Tout au long de la série, St Mary Mead sera représenté par le village de Nether Wallop, dans le Hampshire. Il est réputé pour la beauté de ses alentours, ainsi que pour son architecture traditionnelle. Nether Wallop figure régulièrement dans les classements des plus beaux villages de la campagne anglaise.

  • La ville de Danemouth, où se trouve l’Hôtel Majestic, est en fait celle de Bournemouth, également dans le Hampshire. Située sur la côte sud de l’Angleterre, elle est très prisée des touristes pour ses plages, sa belle architecture victorienne et sa vie nocturne.

  • Le village de St Mary Mead conserve des lieux et des personnages récurrents tout au long des ouvrages d’Agatha Christie, mais sa situation géographique exacte demeure fluctuante.

  • St Mary Mead établit également une connexion avec Hercule Poirot. Dans le roman Le Train bleu, le Belge s’associe en effet contre le crime avec la jeune et charmante Katherine Grey, elle-même originaire de ce village imaginaire.

  • John Moffat (Edwards) est très connu en Grande-Bretagne pour avoir été la voix d’Hercule Poirot lors de nombreuses adaptations radio par la BBC, des années 80 aux 2000.

  • Trudie Styler (Josephine Turner) est une grande actrice de théâtre anglaise, appartenant notamment à la Royal Shakespeare Company. Elle est également connue pour être l’épouse du chanteur Sting depuis 1992. 

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2. LA PLUME EMPOISONNÉE
(THE MOVING FINGER)

Résumé :

Un corbeau trouble l’existence du paisible petit village de Lympston, par ses lettres anonymes aux révélations et au style particulièrement empoisonnés. Quand ces missives finissent par provoquer le suicide d’une habitante, Maude Calthrop, l’épouse du vicaire, fait appel à l’une de ses amies, réputée pour savoir démasquer les esprits diaboliques, Miss Marple. L’arrivée de Jane n’empêche toutefois pas un meurtre de survenir, suivi d’un deuxième. Miss Marple va toutefois parvenir à révéler le véritable dessein se dissimulant derrière ces lettres anonymes.

Critique :

Au sein d’une série réputée pour sa fidélité à l’œuvre d’Agatha Christie, La Plume empoisonnée fait figure d’œuvre dissonante. En effet, outre l’abandon de la narration par Jerry Burton, l’épisode fait apparaître Miss Marple dès la dixième minute, alors qu’elle n’intervient que très tardivement dans le roman initial, et seulement à l’occasion d’une poignée de pages, certes décisives quant à l’intrigue. Certes Jane sait rester suffisamment au second plan pour ne pas défigurer l’histoire, mais l’attachant duo protagoniste n’en voit pas moins son importance réduite.

 Par ailleurs, même si dans une moindre mesure que dans le pilote, ce double opus sait prendre son temps, s’étendant sur deux fois cinquante minutes. Cela permet de pleinement profiter d’un travail de production une nouvelle fois impeccable et de superbes localisations typiquement anglaises (les amateurs des Avengers seront comme chez eux). Cela autorise aussi de laisser la part belle à un composante importante du roman, l’analyse psychologique des personnages, le texte poussant à l’extrême le double visage, lumineux ou obscur, des petits villages anglais, typique des Miss Marple.

On ne peut cependant que regretter que la dimension humoristique du texte, notamment basée sur les différences psychologie entre hommes et femmes, se voit ici minorée, à l’instar de quelques développements romantiques secondaires. Sans être réellement sacrifiée, l’intrigue criminelle du roman résulte moins développée que dans d’autres romans et le scénario n’opte pas ici pour quelques évolutions pouvant pimenter l’enjeu en le rendant davantage ludique.  La narration de la clef de l’énigme (assez banale en soi) par Miss Marple reste ainsi rapide et toute en simplicité, loin des représentations en majesté du Poirot de Suchet. La distribution manque de visages connus, du moins de ce côté-ci de la manche mais, cela contribue à lui apporter une indéniable authenticité.

Anecdotes :

  • Le roman original fut initialement publié en 1942. Miss Marple n’apparaît que brièvement et très tardivement, pour la résolution de l’affaire. Agatha Christie estimait qu’il s‘agissait de l’un de ses meilleurs romans.

  • Les lettres du livre censées être découpées pour former les messages anonymes sont visiblement beaucoup trop petites.

  • Comme pour plusieurs autres ouvrages d’Agatha Christie, le titre original est une référence poétique. Il s’agit des premiers mots du verset 51 des quatrains de l’auteur persan Omar Khayyam (1048-1131).

  • Juste avant que la jeune femme et son petit ami se rencontrent sur le pont, on aperçoit le cottage dit de Lott Willy. Il est connu en Angleterre pour avoir été représenté par une célèbre peinture champêtre de John Constable, la charrette de foin (1821).

  • Le village de Lympston est représenté par celui d’Hoxne, dans le Suffolk. Il est connu pour la grande importance d’un site géologique situé à proximité. Celui-ci a donné son nom à un segment du pléistocène, l’Hoxnien. 

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3. UN MEURTRE SERA COMMIS LE...
(A MURDER IS ANNOUNCED)

Résumé :

Une petite annonce parue dans la gazette locale défraie soudainement la chronique. Un meurtre y est annoncé comme devant survenir le cinq octobre, à sept heures du soir, à la grande surprise des résidents. Le moment venu, plusieurs villageois surviennent sur les lieux, attirés par la curiosité. Soudain, à l’heure annoncée, un homme s’introduit dans la maison, les lumières s’éteignent et des coups de feu sont entendus. Quand les lumières sont rallumées, on découvre le cadavre de l’intrus, un inconnu. D’autres meurtres surviennent, mais Miss Marple va parvenir à découvrir la clef de l’énigme.

Critique :

Une nouvelle fois la série opte pour une adaptation du roman se développant sur une longue durée, avec une diffusion étalée sur trois soirées et repentant plus de 2 h30 de programme. On pourrait craindre que la précision apportée à la retranscription de l’intrigue conduise à une dilution de l’action et à un rythme lent du récit. Mais le spectateur ne ressent en fait absolument pas cela, car l’opus bénéficie de la parfaite adéquation entre sa longue durée et la dimension de son intrigue, l’une des plus ludiques et ambitieuses d’Agatha Christie. Il peut dès lors donner toute sa dimension à une ouverture en fanfare, aussi spectaculaire qu’original et intrigante, pour ensuite maintenir l’intérêt tout du long, voire s’offrir un final plus à suspense qu’à l’accoutumée. Le roman bénéficie d’une structure narrative davantage élaborée que lors du précédent et la série sait jouer pleinement cette carte.

Peut-être du fait du succès alors déjà rencontré, la production semble ici bénéficier de moyens supplémentaires, ce qui permet d’apprécier encore davantage l’excellence du travail de reconstitution d’époque et les beaux paysages. La musique se montre également agréablement évocatrice. Conduite par une Joan Hickson particulièrement inspirée et très divertissante, la distribution achève d’assurer la réussite de l’ensemble. Chaque acteur (et en particulier chaque actrice) correspond ainsi idéalement à la caractérisation de son personnage. Par ailleurs les amateurs du célèbre Simon Templar apprécieront ainsi de retrouver Sylvia Sym, invitée régulière du Saint et ici excellente dans le rôle de l’acérée Mrs Easterbrook. Un meurtre sera commis le... compose l’un des opus les plus aboutis de la série et une impressionnante démonstration de savoir-faire.

Anecdotes :

  • L’épisode comporte quelques différences mineures avec le roman. Mitzi est renommée Hannah et est désignée comme Suisse, alors que sa nationalité reste inconnue dans le texte. Le chat du pasteur passe de male à femelle et est désormais nommé Delilah, au lieu de Tiglath Pileser.

  • Publié en juin 1950, le roman fit l’objet d’une grande campagne publicitaire, en tant que cinquantième ouvrage d’Agatha Christie. Parmi les amateurs de la Duchesse de la Mort, A Murder Is Announced est souvent considéré comme le meilleur roman Miss Marple.

  • Le roman fut adapté une première fois en 1956, dans le cadre de l’anthologie américaine Goodyear Television Playhouse (1951-1957), sur NBC. Miss Marple était interprétée par Gracie Fields et Patrick Simmons par Roger Moore. Deux ans plus tard, celui-ci devait accéder à la célébrité, avec Ivanhoé.

  • Le livre connut également une adaptation française en 2015, avec Murder Party, l’épisode 2.11 des Petits meurtres d’Agatha Christie. Miss Marple s’y voit évidemment remplacée par le pétillant trio formé par le Commissaire Swan Laurence, sa secrétaire Marlène Leroix et la journaliste Alice Avril. 

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4. UNE POIGNÉE DE SEIGLE
(A POCKETFUL OF RYE)

Résumé :

Alors qu’il sirotait un thé dans sa maison de campagne, le richissime homme d’affaires Rex Forstecue meurt subitement. Des graines sont retrouvées dans sa poche, sans aucune explication discernable. Toutefois, quand d’autres meurtres surviennent, Miss Marple va suspecter qu’ils sont en fait liés aux paroles d’une fameuse comptine, Sing a Song of Sixpence.

Critique :

L’épisode présente le mérite de parfaitement restituer plusieurs caractéristiques fortes des ouvrages d’Agatha Christie On connaît le goût de l’auteure pour les comptines, attesté par leur présence au cœur de son roman sans doute le plus connu, Dix petits nègres, mais aussi de la fameuse Sing a Song of Sixpence dans deux nouvelles en sus d’Une poignée de seigle (Four and Twenty Blackbirds et Sing a Song of Sixpence). Le passage à l’écran autorise ainsi l’écoute de la comptine à diverses reprises, scandant l’action. Le procédé n’est certes pas fondamentalement original, mais rouble agréablement le spectateur tout en apportant un cachet supplémentaire au récit. Heureuse circonstance, l’effet se voit souligné par une musique particulièrement réussie, tandis que le reste du travail de production se montre de grande qualité.

Par ailleurs, si l’intrigue n’est pas la plus savoureusement complexe forgée par la Duchesse de la Mort, elle sait s’appuyer sur un grand nombre de suspects, ici tous impeccablement dessinés, ainsi que sur l’univers particulier des familles bourgeoises anglaises, autre thème cher à l’auteure (les Fortescue ne sont pas sans quelque peu évoquer les Lee du Noël d’Hercule Poirot). L’épisode sait accompagner cette écriture par une excellente distribution, sachant aussi bien exprimer une saveur toute britannique que donner lieu à un joli festival de tempéraments bien trempés. A côté de la grande figure du théâtre britannique qu’est Timothy West (impeccable en Rex Fortescue), les Whovians apprécieront ainsi de retrouver le charme d’un Peter Davison alors fraîchement débarqué du TARDIS, où il jouait le Cinquième, et interprétant avec aisance le séduisant Lance. Les amateurs de Chapeau Melon retrouveront également avec plaisir la toujours tonique Fabia Drake (la sympathique Colonel Adams de The Danger Makers) qui apporte une belle énergie à la très amusante Miss Henderson, sans doute dotée des meilleurs dialogues de l’opus.

On regrettera par contre vivement que l’émotion véhiculée par la mort particulièrement tragique de la frêle Gladys, un événement fort, car rompant avec les aspects cérébraux et ludiques de la plupart des meurtres d’Agatha Christie. Le personnage se voit ici réduit essentiellement au prétexte de l’intervention de Jane, sans nécessité apparente. Du moins Joan Hickson sait-elle incarner avec pertinence la flamme vengeresse saisissant, à sa manière, Miss Marple, face à ce qui est devenu un cas plus personnel qu’à l’accoutumée. On apprécie également le duo formé avec l’Inspecteur Neele, avec une connivence renouvelant agréablement l’agacement exprimé par l’Inspecteur Slack, le policer plus habituellement représenté au fil des épisodes. C’est d’autant plus vrai qu’il existe une manifeste complicité entre Joan Hickson et Tom Wilkinson, que quelques années séparent encore d’une belle carrière au cinéma.

Anecdotes :

  • Le roman fut initialement publié le 09 novembre 1953.

  • Quoique globalement fidèle au roman, l’épisode comporte toutefois quelques différences. L’accident automobile final a été rajouté et certains personnages n’apparaissent pas, comme Gerald Wright ou Elaine Fortescue. Par ailleurs le titre original de l’épisode (A Pocketful of Rye) n’est pas exactement le même que le littéraire (A Pocket Full of Rye).

  • Le roman fut adapté une première fois en 1983, par un film russe intitulé Le secret des merles. Miss Marple était interprétée par l’actrice estonienne Ita Ever.

  • La prière récitée par Miss Marple et Miss Henderson récitent est en fait un extrait du Livre de Job (24:14).

  • Entendue à diverses reprises au cours de l’épisode, la comptine Sing a Song of Sixpence est interprétée par un jeune Aled Jones. Alors en début de carrière ce chanteur gallois a depuis connu un beau parcours et est devenu un animateur vedette de la télévision et de la radio.

  • Entendue à diverses reprises en cours d’épisode et revêtant une grande importance dans l’intrigue la comptine Sing a Song of Sixpence est très populaire en Grande-Bretagne. Elle représente en elle-même un mystère, car si sa forme actuelle remonte au XVIIIe siècle, sa véritable origine, sans doute bien plus ancienne, demeure inconnue. Par ailleurs le sens caché de ses énigmatiques paroles fait l’objet de plusieurs interprétations, selon lesquelles il s’agirait d’allusions à la gastronomie du XVIe siècle, au règne d’Henry VIII, au pirate Barbe-noire, etc. 

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5. L'AFFAIRE PROTHEROE
(THE MURDER AT THE VICARAGE)

Résumé :

Le désagréable colonel Protheroe, notable et magistrat local, est découvert assassiné dans la bibliothèque du pasteur de St Mary Mead. Le village est secoué par un deuxième évènement lorsque l’épouse de Protheroe et l’amant de celle-ci avouent chacun de leur côté être l’auteur du crime. Toutefois bien d’autres suspects se font jour, y compris parmi la famille Protheroe. Devant cette affluence, l’irascible Inspecteur Slack n’a plus d’autre choix que de faire appel à la proverbiale sagacité de Miss Marple.

Critique :

Contrairement au Poirot de David Suchet, la série a visiblement décidé de ne faire cas de l’opportunité que pouvait représenter le tout premier roman avec Miss Marple écrit par Agatha Christie. Le beau succès constitué par La mystérieuse affaire de Styles et la rencontre de Poirot et du valeureux Hastings peut dès lors susciter des regrets, mais ceux-ci sont à relativiser. Ainsi la grande importance et la saveur, apportées au véritable match opposant l’Inspecteur Slack à une Jane délicieusement pincée, revêt comme des allures de première confrontation explicitant leur relation longtemps acrimonieuse.

Surtout, l’épisode sait percevoir que l’important fait nouveau du roman demeure bien l’irruption de St Mary Mead, présent seulement en filigrane dans les conversations du Club du Mardi. Si la reconstitution d’époque maintient un haut niveau de qualité (la transposition des années 30 aux 50 s’effectuant sans heurts) et si l’intrigue s’avère derechef parfaitement restituée, on apprécie ainsi avant tout la part belle laissée à la description du village, incluant de nombreux personnages, leurs interaction set leurs secrets. L’ensemble se goute d’autant plus que Miss Marple figure au cœur de l’action et que sa prédilection pour l’observation (davantage que pour une enquête classique), s’apparente parfois malicieusement à un certain penchant pour le commérage. La dimension religieuse, entre Anglicans et « Papistes », ne se voit pas non plus négligée.

Ce point fort de l’opus souffre toutefois d’une écriture parfois relâchée à ses débuts, la découverte se prolongeant un peu trop avant que la dramatisation se mette en place. Observer des personnages inconnus pour diminuer l’intérêt du spectateur ne les reconnaissant pas, confirmant ainsi que cette série s’adresse avant tout aux amateurs d’Agatha Christie, davantage qu’aux nouveaux venus (contrairement à la postérieure série d’ITV). De plus, si Joan Hickson continue à camper une parfaite Miss Marple, si l’on excepte les excellents interprètes du pasteur et de son épouse, la distribution résulte moins marquante qu’à l’accoutumée.

Anecdotes :

  • Publié en octobre 1930, le roman est le premier où figure Miss Marple. Celle-ci était toutefois déjà apparue dans huit nouvelles du Club du Mardi. St Mary Mead est ici formellement créé, ainsi que plusieurs personnages semi récurrents. Le pasteur et son épouse, Leonard et Griselda Clement, réapparaitront ainsi dans The Body in the Library (1942) et 4.50 from Paddington (1957). Agatha Christie dédie son livre à sa fille Rosalind. 

  • L’épisode comporte peu de différences avec le texte original, même si certains prsonnages secondaires n’y apparaissent pas, tels le Dr Stone ou Gladys Cram. L’importance du pasteur dans l’enquête se voit également réduite et il n’est plus le narrateur de l’histoire. Par ailleurs le ou la coupable préfère ici le suicide à l’arrestation. Bien tendu, l’action se déplace des années 30 aux 50.

  • Sa participation à l’épisode valut à Joan Hickson une première nomination au BAFTA de la meilleure actrice de télévision. Toutefois le trophée fut remporté par Anna Massey, pour le rôle d’Edith Hope dans Hôtel du Lac.

  • L’épisode est le premier de la série à être diffusé le jour de Noël (25 décembre 1986), un choix que la BBC va réitérer à plusieurs reprises par la suite, une indication que Miss Marple est bien devenu un programme de prestige du diffuseur public britannique. 

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6. LA DERNIÈRE ÉNIGME
(SLEEPING MURDER)

Résumé :

Accompagnée de Giles, son mari épousé de fraiche date, la jeune Gwenda Reed revient en Angleterre après avoir passé la majeure partie de sa vie en Nouvelle-Zélande. Le couple achète une belle résidence mais Gwenda y ressent d’étranges et troublantes réminiscences, comme si elle y avait vécu jadis. Aidée par Miss Marple, tante d’un ami, Gwenda comprend qu’elle se souvient progressivement d’un meurtre s’étant déroulé durant sa petite enfance et qu’elle a effectivement résidé en ce lieu ! Malgré les conseils de prudence de Miss Marple lui suggérant de laisser le meurtre en sommeil, le jeune couple va entreprendre de découvrir la vérité. La vie de Gwenda sera dès lors en péril.

Critique :

A côté de ses formidables romans à énigmes, Agatha Christie a également écrit plusieurs nouvelles relevant du Fantastique. Certes souvent moins connus que les déductions de Poirot ou de Miss Marple, parfois inspirés du terroir anglais, parfois gothiques, parfois très personnels, ces textes se découvrent le plus souvent avec un vif intérêt. Le lecteur curieux pourra en trouver un bel échantillonnage dans le recueil Le Flambeau, paru au Masque (excellent sujet potentiel pour une éventuelle anthologie télévisée !). Malheureusement, dans Sleeping Murder, l’écrivaine reste au milieu du gué, en s’efforçant de conjuguer une atmosphère très gothique, autour de l’inévitable manoir, avec les rouages intellectuels d’un roman à tiroirs. Cette conjonction s’avère malaisée et l’épisode, qui brille par sa fidélité au texte, importe de fait les faiblesses du roman.

La mise en place de l’ambiance semi fantastique se traduit ainsi pareillement par toute une première partie très lente et verbeuse conduisant inévitablement à la déception quand s’achève le préambule. Les amateurs de Fantastique seront déçus d’une justification assez laborieuse -  trop lestée de coïncidences - pour les réminiscences de Gwenda, tandis que l’intrigue autour du meurtre manque d’espace pour se développer aussi efficacement qu’à l’accoutumée. Jane se voit pareillement reléguée au second plan au profit du jeune couple, or celui-ci ne compte pas parmi les plus intéressants d’Agatha Christie. A côté d’un mari asse terne, Gwenda s’en tient essentiellement au rôle aujourd’hui ultra balisé de la Damoiselle en péril.

Pour le coup on se situe vraiment aux antipodes de l’espiègle pétillement des Beresford, d’autant que le final n’est pas exempt de mélodrame. Le passage à l’écran apporte toutefois quelques couleurs au récit, grâce à une demeure fort bien choisie et filmée (magnifiques plans des jardins), ainsi qu’à une parfaite musique d’ambiance s’associant idéalement à la photographie. Géraldine Alexander (actrice australienne et non nouvelle-zélandaise) se révèle aussi belle qu’expressive et son accent apporte le charmant exotisme qui convient à Gwenda. On conserve néanmoins l’impression d’un épisode moins prenant que les précédents.

Anecdotes :

  • Rédigé au début 1940, le livre ne parut qu’en octobre 1976, après le décès d’Agatha Christie survenu en janvier de cette année. Il s’agit du dernier roman publié mettant en scène Miss Marple. Le dernier roman écrit est Nemesis, publié en 1971.

  • Avec Curtain : Poirot's Last Case,Sleeping Murder : Miss Marple's Last Case fait partie des deux livres mis de côté par Agatha Christie pour permettre à sa fille Rosalind et à son second mari de faire face financièrement à son éventuel décès. Londres subissait alors le Blitz de plein fouet et la romancière craignait de ne pas y survivre. Dans cette atmosphère funèbre les deux romans décrivent l’ultime enquête de ses deux principaux détectives et furent conservés scellés dans un coffre-fort de banque jusqu’aux années 1970, au crépuscule de la vie d’Agatha Christie.

  • Le roman prend place durant les années 30 et met en scène une Miss Marple plus jeune et alerte qu’elle ne l’ait devenue dans les romans rédigés ultérieurement. Contrairement à Hercule Poirot, elle n’y décède pas non plus !

  • Miss Marple's Last Case s’est intitulé Murder in Retrospect, puis Cover Her Face, avant de prendre sa dénomination définitive.

  • En 2012 le livre a connu une adaptation française dans la série Les petits meurtres d’Agatha Christie (épisode 1.10), sous le titre Un meurtre en sommeil. L’enquête y est menée par le fin duo Larosière-Lampion, pour son avant-dernière aventure.

  • L’épisode fut diffusé en deux parties de cinquante minutes chacune les 11 et 18 janvier 1987. Il résulte absolument fidèle au roman, hormis pour l’action prenant désormais place durant les années 40 tardives et non plus 30.

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7. À L'HÔTEL BERTRAM
(AT BERTRAM HOTEL)

Résumé :

Grâce à la générosité de son cher neveu, Jane séjourne à Londres, au distingué et très anglais Hôtel Beltram, où elle a résidé étant enfant. Mais le portier est soudain assassiné et l’aventurière Lady Bess Sedwick est soupçonnée quand on découvre que la victime est liée à son trouble passé. Par ailleurs indigne colonel disparait sans explication. L’Inspecteur Chef Davy est sur les dents, d’autant que de nombreux vols sont perpétrés aux alentours. Heureusement il va pouvoir compter sur l’aide de Miss Marple pour découvrir une stupéfiante vérité.

Critique :

L’épisode séduira une nouvelle fois les amateurs d’Agatha Christie par la fidélité et la qualité de l’adaptation du roman originel. Le standard de production reste tout à fait digne des productions de prestige de la BBC, avec, de superbes costumes et un palace idéalement choisi (on se croirait réellement au Beltram !), filmé avec talent par une sensible réalisatrice, Mary McMurray, aidée par une musique une nouvelle fois très évocatrice. L’épisode ne se contente d’ailleurs pas d’en effectuer une simple réplique. Après des premiers épisodes exceptionnellement longs la série revêt désormais un format plus classique, avec des téléfilms de près de deux heures.

 Dès il importe de savoir capturer l’essence d’un texte, un enjeu d‘autant plus fort que ce brillant roman relève davantage de l’étude de caractères que du récit à énigmes, avec le petit monde de l’hôtel et ses savoureux ou intrigants clients. Au lieu de disséquer une intrigue ne comptant pas parmi les plus remarquables d’Agatha Christie et soufflant d’un dénouement peu vraisemblable (il faut attendre plus d’une heure pour que survienne le premier meurtre), l’épisode s’appuie avec perspicacité sur la peinture de personnages hauts en couleurs, en s’appuyant sur des acteurs idéalement choisi pour leur rôle, et disposant souvent de beaucoup de métier. On appréciera ainsi l’impeccable prestation de Caroline Blakiston, avec une Lady Beswick formant un amusant contrepoint de Miss Marple et de ses valeurs. Mais tous les comédiens s’avèrent formidables, Joan Hickson bien entendu en tête.

Quasiment aucune dimension du livre ne se voit négligée, comme la complicité entre l’amusant Inspecteur Chef et Miss Marple, où l’émotion de celle-ci à renouer avec des souvenirs de sa lointaine jeunesse. Le seul regret suscité par cet absolument délectable téléfilm est que le format de la série impose de déplacer l’action au milieu des années 50, or le roman se déroulait une bonne décennie plus tard. Dès lors, à l’unisson de l’héroïne, l’Hôtel Beltram apparaissait comme l’un des ultimes bastions d’un Angleterre traditionnelle en train de disparaitre, au sein du Swinging London où, depuis sa fenêtre, Miss Marple pourrait voir passer la Lotus Elan de Mrs Peel. Cet aspect-là du livre résulte inexistant quelques années avant l’irruption des Sixties.

Anecdotes :

  • At Bertram's Hotel, ici adapté très fidèlement, fut initialement publié en novembre 1965. Le roman présente la particularité de déplacer Miss Marple à Londres, loin de St Mary Mead. 

  • Par ailleurs Agatha n’hésite pas à ouvrir son récit par une longue et somptueusement écrite description détaillée du Bertram’s Hotel et de son atmosphère demeurée très victorienne. Pour de nombreux observateurs, cet élément clef du livre serait en fait le Brown’s Hotel, où l’écrivaine résidait souvent quand elle se rendait à Londres. Inauguré en 1837, ce palace situé à Mayfair a reçu de nombreux grands écrivains anglais (Oscar Wilde, Arthur Conan Doyle, Robert Louis Stevenson, Bram Stoker…) ainsi que des chefs d’état en visite, dont Napoléon III.

  • La distribution comporte deux actrices ayant marqué le cinéma de Science-fiction, Caroline Blakiston ayant interprété Mon Mothma dans Le Retour du Jedi (1983) et Helen Horton (Mrs Cabot) ayant été Mother, la voix du Nostromo dans Alien (1979).

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8. NEMESIS
(NEMESIS)

Résumé :

Miss Marple reçoit un étrange courrier posthume du millionnaire récemment décédé, Jason Rafiel, avec laquelle elle avait résolu une affaire quelques années plus tôt. En échange d’une forte rémunération, celui-ci fait appel à elle pour découvrir l’identité d’un assassin, mais sans lui fournir la moindre indication, hormis le nom de Némésis. Jane reçoit également une participation à un circuit de découverte de belles demeures et jardins. Elle part en voyage avec son neveu Lionel et it la connaissance de ses compagnons d’excursion. L’énigme commence à prendre corps au village d’Abbey Ducis et apparaît concerner le fils de Jason Rafiel. Les avènements prennent un tour dramatique quand l’une des voyageuses, Elizabeth Temple, est assassinée.

Critique :

Dernier roman de Miss Marple, écrit par une Agatha Christie au soir de sa vie, Nemesis constitue un roman particulièrement sombre au sein de la bibliographie de l’auteure. Cette dimension se voit soigneusement reconstituée dans le téléfilm, la série s’avérant toujours aussi fidèle à l’essence des ouvrages, même si des modifications davantage prononcées qu’à l’ordinaire sont ici apportées à l’intrigue. Le récit prend ainsi le temps de précisément dérouler le dégradé conduisant d’un lancement très ludique (énigme de la lettre, débuts du voyage) à la résolution d’un crime ancien et abominable, où s’entremêlent les éléments aussi bien vénaux que passionnels. La narration demeure toujours très claire et permet de parfaitement saisir les rouages de la quête de vérité entreprise par Miss Marple.

L’épisode consacre également un grand soin à l’écriture des personnages, aussi bien les compagnons de voyage de Jane que les résidents, soit l’épine dorsale du récit. L’intrigue permet à nombre d’entre eux de disposer d’au moins une scène forte. La réalisation sait mettre en exergue le jeu de comédiens talentueux (on s’amuse de reconnaître Bruce Payne, futur grand spécialiste es vilains, en Michael Rafiel). Joan Hickson campe parfaitement une Miss Marple n’étant plus une observatrice avisée mais incarnant Némésis bien davantage qu’à l’accoutumée, en justicière déterminée et inflexible. Un élément clef du roman encore une fois parfaitement restitué. Le voyage organisé permet également de découvrir de superbes sites des Cotswolds.

Nemesis souffre toutefois de quelques imperfections. L’introduction d’un deuxième neveu de Miss Marple, absent du roman, ne pose pas en soi de gravissime problème mais le personnage n’apporte guère au récit, voire le parasite. Par ailleurs on s’étonne de l’inexplicable inversion d’ordre entre Nemesis et A Caribbean Mystery. Cela ôte beaucoup de force au lien existant entre Jane et Rafiel, impeccablement interprété par Frank Gatliff, figure régulière de la télévision anglaise (et ayant participé à deux épisodes de Chapeau Melon, The Sell-Out et A Chorus of Frogs). La part importante dévolue à la psychologie des personnages insuffle un rythme assez lent au récit, du moins selon les critères contemporains. L’épisode confirme particulièrement que la série s’adresse aux amateurs d’Agatha, ITV vise plutôt les nouveaux venus et les lecteurs occasionnels, une approche finalement davantage complémentaire qu’antagoniste.

Anecdotes :

  • Publié en novembre 1971, cinq ans avant la mort d’Agatha Christie, Nemesis est le dernier roman écrit mettent en scène Miss Marple.

  • L’épisode comporte quelques différences avec le roman originel, concernant notamment le modus operandi du décès de Miss Temple ou le nom de Nora Broad, devenu Nora Brent. Par ailleurs un deuxième neveu est inventé à Miss Marple et il l’accompagne durant l’aventure.

  • Fait rare dans l’œuvre d’Agatha Christie, Nemesis fait directement référence à un livre précédent. En effet le riche Jason Rafiel, dont le courrier ouvre l’histoire, s’était associé à Miss Marple pour résoudre l’énigme de A Caribbean Mystery (1964).

  • L’épisode fut diffusé en deux parties de 50 minutes chacune, le 8 et le 15 février 1987. La série inverse l’ordre des deux livres, car A Caribbean Mystery ne sera diffusé qu’en 1989. Par ailleurs Jason rafiel sera interprété par deux acteurs différents, Donald Pleasence succédant à Frank Gatliff.

  • Pour sa prestation lors de cet épisode, Joan Hickson fut proposée une seconde fois au BAFTA de la meilleure actrice. Toutefois, le trophée revint à Emma Thompson (Fortunes of War et Tutti Frutti).

  • La ville de Kingminster est en fait celle de Cirencester, dans le Gloucestershire. Plus grande ville des Cotswolds, elle constitue un important site touristique, connu pour la beauté de sin architecture et des paysages environnants. Abbey Doucis est représenté par Chipping Campden, petit bourg à proximité de Cirencester, servant de centre commercial aux villages environnants. On y trouve notamment un marché couvert remontant à 1627.

  • Némésis est la déesse grecque du châtiment et de la juste colère divine. Elle est l’exécutrice des arrêts de Zeus, la vengeresse des crimes mais aussi la mauvaise fortune châtiant l’hybris, la démesure. Surnommée Adrasteia, "celle à qui nul n'échappe", elle est représentée portant les traditionnels attributs de la justice et conduisant un char mené par des griffons.

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9. LE TRAIN DE 16 H 50
(4.50 FROM PADDINGTON)

Résumé :

Mrs McGillicuddy se rend chez son amie Miss Marple, lorsqu’elle aperçoit un homme étranglant une femme dans un train croisant le sien. La police reste sceptique devant cette déclaration, mais Jane décide d’élucider l’affaire. Malgré les ricanements de l’Inspecteur Slack, elle s’installe dans les environs du drame et de premières investigations la conduisent à s’intéresser au manoir de la famille Crakenthorpe. Trop agée pour y mener l’enquête, Miss Marple fait appel à sa nouvelle dame de compagnie, la vive et intelligente Lucy Eyelesbarrow, afin d’infiltrer la demeure en se faisant passer pour une domestique.

 Critique :

Le téléfilm bénéfice de l’entrée en matière délicieusement intrigante proposée par le roman, 4.50 from Paddington constituant un Miss Marple agréablement atypique. Néanmoins le rythme comme toujours très paisible propre à la série souffre de la concurrence directe représentée par le film de 1961. Quitte à prendre de grandes libertés avec le texte d’origine, Miss Marple fusionnant notamment avec Lucy. Margareth Rutherford lui apportait en effet beaucoup d’humour et d’énergie. On ne peut que regretter que cela soit à cette occasion que la série nous l’un de ses épisodes les plus lents, avec une longue mise en place assez fastidieuse des personnages. Point clef de l’intrigue, la découverte du cadavre par Lucy ne parvient pas non plus à relancer l’action.

L’épisode laisse particulièrement Jane en retrait, elle n’apparait réellement que par intermittences et essentiellement comme observatrice, ce qui empêche de créer une vraie dynamique dans le duo original formé avec Lucy. Heureusement la jeune héroïne du récit se voit incarnée avec talent par Jill Meager, même si la responsabilité de porter presque tout l’opus à elle seule s’avère bien lourde. Correctement interprétée, la famille Crakenthorpe résulte agréablement mystérieuse et les dialogues sont bien affutés. Le standard de production demeure remarquablement élevé, on remarque d’ailleurs que la localisation choisie pour le manoir se montre idéale. 

Anecdotes :

  • Le roman fut publié en novembre 1957. L'épisode fut diffusé fut diffusé pour Noël, le 25 décembre 1987.

  • Miss Marple étant trop âgée pour mener une enquête en infiltration, Agatha Christie lui crée ici une associée contre le crime, avec l’intelligente et vive Lucy Eyelesbarrow. Lucy connut un accueil enthousiaste chez les lecteurs et de nombreuses lettres demandèrent d’autres enquêtes menées par la courageuse jeune femme à la Duchesse de la Mort. Toutefois celle-ci ne donna pas suite.

  • 4.50 from Paddington fut le tout premier roman avec Miss Marple à être porté à l’écran. Le film Murder, She Said (1961) l’adapta en effet, de manière très libre (Jane y devient le témoin direct du meurtre et elle remplace sa jeune associée), avec une Margaret Rutherford rendant notamment l’héroïne beaucoup plus tonique et humoristique que dans les livres. Joan Hickson y figure dans un second rôle. Le succès du film donna lieu à trois suites.

  • L’épisode contient quelques différences avec le roman, notamment un Alfred encore vivant, mais agonisant, ou un mariage entre Lucy et Brian annoncé comme quasi certain par Miss Marple, alors qu’il n’est que suggéré comme possibilité dans le livre.

  • En 2008, le film français Le crime est notre affaire adapte particulièrement librement le roman. Miss Marple s’y voit en effet remplacée par d’autres héros d’Agatha Christie, le couple Beresford. Le titre du film est d’ailleurs celui d’un de leur recueil de nouvelles (Partners in Crime en version originale). Tommy et Tuppencc sont toutefois prénommés ici Bélisaire et Prudence !

  • En 2001 le roman est devenu le premier de Miss Marple à être adapté en jeu vidéo. Les précédents jeux issus d’Agatha Christie concernaient Hercule Poirot.

  • Le manoir est figuré par Orchardleigh House, dans le Somerset. Construite en 1856, la résidence est considérée comme l’un des plus beaux exemples de style dit « Nouveau riche », mêlant les influences française et élisabéthaine. Son aspect romantique lui vaut aujourd’hui d’accueillir de nombreux mariages.

  • La célèbre gare londonienne de Paddington est ici représentée par Marylebone Station, également située à Londres. Construite en 1899 pour relier la capitale au nord de l’Angleterre, elle est l’une des quatre gares de l’édition anglaise du Monopoly. Elle est également la gare où les Beatles doivent échapper à leurs nombreuses admiratrices, au début du film A Hard Day's Night (1964).

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10. LE MAJOR PARLAIT TROP
(A CARIBBEAN MYSTERY)

Résumé :

Grace à une nouvelle preuve de générosité de son cher neveu, Miss Marple part en vacances aux Barbades. Toutefois Jane s’ennuie quelque peu loin de son cher St Mary Mead quand la mort soudaine d’un autre convive, le Major Palgrave, vient rompre la monotonie du séjour. Malgré des causes à première vue naturelle, ce décès demeure troublant, car le major affirmait volontiers connaître un assassin. Une deuxième victime prouve l’existence d’un complot, que Miss Marple va entreprendre d’éclaircir, en s’associant avec le millionnaire Jason Rafiel. 

Critique :

On avouera ici une préférence pour les romans d’Agatha Christie se déroulant en Angleterre, pays dont elle constitue toujours une observatrice aussi avisée qu’acérée. Ses personnages y paraissent aussi dans leur environnement naturel, sans avoir à justifier de prétextes plus ou moins convaincants pour se déplacer à des milliers de kilomètres. De plus les rouages du meurtre restent indépendants de la localisation géographique, le déplacement n’apporte guère de valeur ajoutée là-dessus en définitive. Dans sa série, David Suchet parvient le plus souvent à dépasser cette difficulté grâce à l’humour qu’il insuffle à un Poirot ulcéré d’avoir à renoncer à son cher confort, justifiant par là le dépaysement au-delà des beaux panoramas. Le talent de Joan Hickson ne peut s‘exercer de la sorte, car Miss Marple ne se départ jamais de sa dignité très victorienne. Le fait qu’elle soit viscéralement liée à St Mary Mead ajoute encore à ce sentiment d’artificialité qui accompagne tout du long cette aventure aux Antilles.

Toutefois l’épisode ne manque certes pas d’intérêt. Les quelques changements apportés à la trame littéraire se limitent à peu de choses et n’empêche pas la narration claire et perspicace d’une intrigue certes pas foncièrement originale, mais certainement habile. Aidée par une musique judicieusement choisie et une photographie maitrisée, la mise en scène sait mettre en valeur la spécificité de l’environnement, sans toutefois tomber dans le piège de la carte postale. Mais le véritable atout de l’opus réside dans sa distribution. Contrairement à la série ultérieur d’ITV, la présente privilégie le plus souvent des acteurs solides à des vedettes d’une notoriété supérieure, mais ici c’est l’inverse qui se produit (se peut du fait du budget que dédie traditionnellement la BBC à ses épisodes spéciaux de Noël). Les amateurs des séries Sixties de retrouver T P McKenna et Sue Lloyd, vu, entre autres dans Chapeau Melon et dans Le Saint. La superbe Sophie Ward campe également parfaitement Molly Kendal, mais la grande attraction demeure la présence du grand acteur, particulièrement caméléon, que fut Donald Pleasence. Il apporte toute une dimension nouvelle à Rafiel, même si l’on peut regretter la confusion éventuelle que peut susciter un interprète différent de celui de Némésis.

Anecdotes :

  • Le roman fut publié en novembre 1964. L’épisode fut diffusé le 25 décembre 1987, dans le cadre des traditionnels épisodes de Noël de la BBC.

  • Le livre avait déjà été préalablement adapté en 1983, sur CBS, dans le cadre d’une production anglo-américaine. Miss Marple était interprétée par Helen Hayes.

  • En 2016, le roman est également adapté sur France 2, dans le cadre de la seconde époque des Petites meurtres d’Agatha Christie. L’épisode s’intitule Alfred Major parle trop (2.16) et Miss Marple s’y voit évidemment remplacée par le Commissaire Laurence et ses deux associées de choc, Marlène et Avril.

  • L’épisode comporte peu de différences avec le roman. L’action s’y déroule aux Barbades, et non sur l’île fictive de St-Honoré. Quelques personnages secondaires disparaissent, comme les Prescotts et la Señora de Caspearo.

  • La série a inversé l’ordre d’édition entre le roman et un autre, Némésis, auquel participe également le millionnaire Rafiel. Celui-ci n’est ici plus joué par Frank Gatliff, mais par Donald Pleasence. 

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11. JEUX DE GLACES
(THEY DO IT WITH MIRRORS)

Résumé :

Miss Marple rend visite à une amie d’enfance, Carrie Louise à l’appel de la sœur de celle-ci, Ruth, inquiète pour sa santé. Le mari de Carrie a transformé la vaste résidence familiale en centre d’éducation surveillée, cherchant à venir en aide à la jeunesse difficile, voire délinquante. Quand un proche de Ruth est retrouvé assassiné, Jane se lance naturellement dans l’enquête, bientôt rejoint par l’Inspecteur Slack. Mais elle se heurte à une difficulté : non seulement les autres membres de la famille sont suspects, mais aussi les dizaines de pensionnaires de l’institution ! Découvrir comment le meurtre a été commis s’avère également délicat.

Critique :

Si, selon l’habitude de la série, les changements apportés à l’intrigue littéraire demeurent modérés, l’adaptation de la narration des évènements résulte malheureusement moins claire que l’accoutumée. Au fil des nombreuses discussions, il est à craindre que le spectateur n’ayant pas lu le roman trouve l’histoire quelque peu confuse. Le récit se refuse également à être ludique, ne révélant que chichement les indices disponibles, alors que la participation du lecteur ou du spectateur reste l’un des grands ressorts du succès d’Agatha Christie. Tout ceci s’assortit d’un rythme particulièrement lent, alors que l’épisode apparaît déjà très long, atteignant les cent minutes de durée.

L’interprétation demeure toutefois fort relevée, avec un magnifique duo incarnant les deux sœurs. La grande Jean Simmons (Carrie) et Faith Brook (Ruth) restituent les personnages à la perfection, et, conjointement avec Joan Hickson, nous offrent une émouvante scène finale soulignant l’amitié unissant le trio formé avec Miss Marple. De son côté, Joss Ackland réalise une performance toute en puissance, apportant beaucoup de présence à Lewis Serrocold. Comme toujours aidée d’une magnifique photographie, la mise en scène sait également instiller une vraie atmosphère de mystère, tout en tirant le meilleur parti de la superbe demeure familiale.

Anecdotes :

  • Le roman fut publié en novembre 1952. L’épisode fut diffusé le 29 décembre 1991. Si Alex y survit à la tentative de meurtre menée contre lui, le reste du téléfilm est globalement fidèle au livre.

  • Le livre avait déjà été préalablement adapté en 1985, sur CBS, dans le cadre d’une production anglo-américaine. Miss Marple était interprétée par Helen Hayes, pour la seconde fois après A Caribbean Mystery, en 1983.

  • En 1964, le film Passage à tabac (Murder Ahoy !) entremêle des éléments de Jeux de glaces et de La Souricière, pièce écrite par Agatha Christie. Miss Marple y est interprétée par Margaret Rutherford.

  • En 2013, le roman est adapté par France 2 comme pilote de la seconde époque de la série Les petits meurtres d'Agatha Christie, en en conservant le titre français. Nouvellement muté dans le Nord-Pas-de-Calais, le Commissaire Swan Laurence y fait la connaissance de sa secrétaire Marlène Leroy et de la piquante journaliste Alice Avril, qui l’accompagneront désormais dans ses enquêtes (parfois contre son gré).

  • Le titre du roman fait référence à une expression passée dans le langage courant It's all done with smoke and mirrors. Elle remonte aux tours de prestidigitation de l'époque d'Houdini et signifie qu'il y a une cause rationnelle à un phénomène en apparence inexplicable. 

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12. LE MIROIR SE BRISA
(THE MIRROR CRACK'D FROM SIDE TO SIDE)

Résumé :

L’arrivée de Marina Gregg, grande star –quoiqu’en déclin – d’Hollywood provoque l’émoi à St Mary Mead. L’actrice vient tourner un film à proximité et une grande réception est donnée pour l’occasion. Durant les festivités un cocktail empoisonné destiné à Marina Gregg est bu par une convive, qui en meurt aussitôt. La star semble être visée par un mystérieux assassin, mais Miss Marple est bien décidée à tirer l’affaire au clair.

Critique :

Le miroir se brisa constituait d’emblée un excellent choix pour conclure une série débutée par Un cadavre dans la bibliothèque, tant l’on retrouve dans ses deux récits les mêmes figures marquantes de St Mary Mead. La boucle se voit ainsi plaisamment bouclée et le célèbre village agréablement placé au cœur de l’action, même si le volet du roman décrivant les bouleversements apportés par les années 60 au cœur de l’Angleterre profonde se voient quelque peu minoré. La mise en avant de ce petit monde apporte de l’entrain à la narration ainsi qu’un humour appréciable, alors que se déroule parallèlement l’un des drames les plus implacables imaginés par Agatha Christie. De fait la durée du programme se rapproche des deux heures, mais l’on ne sent pas le temps passer. Les localisations et la musique s’avèrent une nouvelle fois magnifiques, la série ayant le bon goût de s’achever sur un opus à la dimension artistique particulièrement soignée.

Les quelques inévitables coupures apportées au roman se voient opérées judicieusement, car se limitant à des tronçons secondaires non reliés à l’intrigue principale. De ce fait celle-ci se perçoit avec davantage de clarté. De plus, les personnages disparus étant essentiellement masculins (le premier mari de la star, le majordome), ceci renforce une dimension majeure du roman, la tonalité féminine du drame en cours. Le téléfilm compose ainsi un bel exemple de la propension de l’auteure à écrire les femmes en tant que personnages à part entière, là où ses confrères les réduisent le plus souvent à des clichés ou des fantasmes. La distribution va également dans ce sens, grâce à plusieurs excellentes actrices, dont la Glynis Barber de Mission Casse-cou. Joan Hickson brille également une dernière fois en parfaite incarnation de Miss Marple. On regrettera toutefois l’absence de la citation finale par son personnage, et surtout que la personnalité particulière d’Heather Badcock ne soit pas réellement développée, alors qu’il s’agit d’un élément primordial du roman. Mais, tel quel, l’opus permet à la série de se conclure sur une indéniable réussite.

Anecdotes :

  • Le roman fut publié le 12 novembre 1962 et l’épisode fut diffusé le 27 décembre 1992. Il s’agit du dernier de la série, tous les Miss Marple ayant été passés en revue.  L’épisode adapte fidèlement le roman, hormis pour quelques changements mineurs.

  • En 1980, le film The Mirror Crack'd avait déjà adapté le roman, avec Angela Lansbury dans le rôle de Miss Marple. Le reste de la distribution comportait Kim Novak, Elizabeth Taylor, Geraldine Chaplin, Tony Curtis, Rock Hudson… Pierce Brosnan y effectuait également ses débuts au cinéma.

  • Le film indien Shubho Mahurat adapte également le livre en 2003.

  • Le titre est une citation du poème The Lady of Shalott, de Lord Tennyson. (1832). Plusieurs références y sont réalisées en cours de récit et Miss Marple conclue le livre en en récitant trois strophes : She has a lovely face; God in his mercy lend her grace, The Lady of Shalott.

  • Le personnage et l’histoire de Marina Cregg s’inspirent du drame survenu à la star Gene Tierney, qui avait fortement frappé Agatha Christie. Parce qu’elle avait été atteinte de rubéole durant sa grossesse, l’actrice mit au monde en 1943 une fille aveugle et mentalement retardée.

  • Un poster d’Houdini est visible dans le bureau de l’Inspecteur Slack, un clin d’œil à l’enthousiasme pour la magie qu’il avait manifesté lors de l’épisode précédent, They Do It With Mirrors.

  • Sur l’affiche du film de Marina Gregg, on lit que le nom du producteur est George Gallaccio. Il s’agit en fait du producteur de la série.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)