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Interview exclusive de Diana Rigg
par Kevin Collette

de Diana

Remerciements : Festival du Film britannique de Dinard.

Pour cette interview que vous trouverez exclusivement sur notre site, Diana Rigg revient enfin sur la série et met définitivement un terme à un éventuel retour dans un projet Avengers. Elle règle aussi ses comptes avec Georges Lazenby et revient sans langue de bois sur le reste de sa carrière. Un grand merci à Kevin Collette de nous avoir donné cet entretien exceptionnel !

Commençons par le commencement : puis-je vous demander dans quelles circonstances vous avez été approchée pour le rôle d'Emma Peel sur "The Avengers" ?

Eh bien, j'ai été contactée avec probablement près de 150 autres jeunes postulantes ; à l'époque, j'étais encore étudiante en Théâtre, ce qui faisait de moi une sorte d'outsider parmi les candidates potentielles. Je crois me souvenir que les producteurs avaient en fait déjà attribué le rôle à quelqu'un d'autre ( Elisabeth Shepherd, renvoyée au milieu du tournage de la première version de "Voyage sans retour"), mais qu'ils n'en étaient pas trop satisfaits. Ils lui cherchèrent donc très vite une remplaçante. J'ai donc passé mon audition, obtenu le rôle et commencé à tourner dès le lendemain ! Très rapide, comme façon de procéder, en fait !

Le personnage était déjà bien défini lorsque vous êtes arrivée ?

Le personnage avait donc déjà été incarné avant mon arrivée. Deux ou trois années auparavant, ce personnage était alors incarné par un homme, le Dr Keel. Une femme l'a ensuite remplacé et il s'agissait de la formidable Honor Blackman. Précision : les scripts n'avaient pas été modifiés, ce qui a permis à une femme de se comporter comme un homme… par accident !

Bien avant le film de 1998, il y avait déjà des rumeurs d'un film (ou téléfilm) supposé réunir toutes les anciennes "Steed's Ladies ", que pensez-vous de l'idée en soi ?

Très franchement, pour moi, cela relève plutôt du cauchemar. Sans vouloir paraître trop catégorique, il me semble impossible de ressusciter le passé…

Que pensez-vous de l'ultime série, "The New Avengers" ?

Je vais être très honnête avec vous : je ne l'ai jamais vue. En fait, je regarde très peu la télévision. Je suis toujours très occupée quand je suis chez moi et je ne la regarde tout simplement pas…

Désolé de peut-être raviver de mauvais souvenirs, mais pouvez-vous nous parler du tournage du James Bond "Au Service Secret de Sa Majesté" ?

Ah, bien. J'ai été engagée en tant qu'actrice professionnelle pour épauler un (pause)… novice. C'est tout. J'ai fait mon travail (silence).

Le film est considéré comme l'un des meilleurs de toute la série à ce jour…

(l'actrice se contente de sourire, sans répondre)

On vous retrouve ensuite au générique du génial "Théâtre de Sang" avec Vincent Price. Le scénario faisant la part belle à des meurtres inspirés de l'œuvre de Shakespeare, je me demandais si vous aviez vous-même suggéré quelques idées ?

Un bon film, Théâtre de Sang ; non, je n'ai pas participé à son écriture, j'ai en revanche énormément apprécié de pouvoir travailler avec Vincent Price. Un très grand acteur, qui souffrait de n'être considéré que comme un acteur de films d'horreur, ce qui l'empêchait de pouvoir prétendre à un plus large répertoire. C'était un vrai plaisir que de pouvoir le voir déclamer du Shakespeare…

Le film a bien marché au box-office ?

Très très bien oui. Depuis il est devenu "culte", un peu à la manière des Dr Phibes

Vous avez renoué avec l'espionnage dans "The Assassination Bureau", aux côtés d'Oliver Reed …

Un terrible film…

À propos de votre série télé éponyme, pouvez-vous nous donner quelques détails ?

Ah, Diana… Un ratage total. Et mérité j'ajouterais. Il s'agissait en fait d'une pâle copie d'un format qui avait bien fonctionné aux États-Unis, avec un interprète britannique. Ce que j'ignorais à l'époque, vu que je vivais alors en Angleterre et qu'on m'a donc invitée à le faire aux USA. Et ça a raté misérablement… et logiquement.

Comment vous définiriez-vous ?

Je ne sais pas trop. En tant qu'actrice, il y a encore beaucoup de choses que je voudrais essayer. J'ai fait du cinéma, du théâtre, de la radio (interprétation et lecture de pièces du répertoire). C'est ça le plus intéressant dans notre métier : pouvoir essayer des choses différentes. Je suppose qu'on pourrait dire que j'ai une approche médiévale de mon art. J'aime tout essayer. Je suis une touche-à-tout en fait. C'est trop facile de se ranger, d'avoir un succès établi avec quelque chose et de s'en tenir là. J'ai été successivement actrice de théâtre, puis suis passée à la télévision (ce qui n'était pas très bien considéré pour des acteurs dignes de ce nom à l'époque… Alors que tout le monde le fait aujourd'hui... ).

J'ai toujours voulu jouer dans une comédie musicale. La première que j'ai interprétée aux États-Unis a été un four total, mais j'ai enchaîné ensuite sur une réussite ! C'est comme ça que je fonctionne. Je me sentirais très triste de ne pas tout essayer, il y a tellement de choses passionnantes à faire…

 

 

©Kevin Collette 2006

Interview de Annette Andre 
par Denis Chauvet

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A l’occasion de la sortie de ses mémoires le 16 septembre, WHERE HAVE I BEEN ALL MY LIFE ?, l’actrice Annette Andre a répondu à mes questions, qui donnent un aperçu très intéressant du livre.

Tout amateur de séries cultes britanniques se souvient des apparitions d’Annette Andre dans CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, LE SAINT, AMICALEMENT VOTRE, LE PRISONNIER, LE BARON et la série MON AMI LE FANTOME. 
Annette Andre, dont la carrière débuta à la fin des années 50, relate dans ses mémoires de nombreuses anecdotes et ses rencontres avec Richard Burton, Tony Curtis, Cary Grant, Maurice Chevalier, Patrick Macnee, Sir Roger Moore, Paul Newman, Sue Lloyd, Benny Hill et bien d’autres. 
Annette Andre a un site personnel :
https://annetteandreofficial.wordpress.com

Comment décririez-vous vos mémoires en deux lignes ? 

Pour quelqu'un d'extrêmement timide, je me suis surprise à écrire un livre intime et assez révélateur sur ma vie personnelle et professionnelle.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de tournage de séries ? 

J'ai adoré travailler dans AMICALEMENT VOTRE (épisode 'La danseuse'), non seulement à cause de Roger Moore, mais aussi avec Tony Curtis. Roger et moi avions travaillé ensemble merveilleusement plusieurs fois auparavant (ndlr : cinq épisodes du Saint), mais Tony, je le connaissais seulement à travers ses films. Je l'ai trouvé étonnamment perfectionniste et il a insisté pour répéter nos scènes à plusieurs reprises et créer de bonnes relations. J'ai senti que le talent de Tony en tant qu'acteur avait toujours été sous-estimé.

CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (épisode 'La Mandragore') était l'un de mes premiers rôles dans une série télévisée en Angleterre et j'ai apprécié chaque instant de travail avec Patrick Macnee, en tant qu'acteur et ami pendant de nombreuses années.

Malheureusement, LE PRISONNIER (épisode 'L’enterrement') fut la série que j’ai le moins appréciée, principalement à cause du comportement inacceptable de Patrick McGoohan. Il nous a réprimandés, moi et d’autres acteurs, sans raison particulière, et un jour qu’il avait bu, il s’est emporté violemment contre notre metteur en scène, Bob Asher, un homme aimable et gentil, devant l’ensemble des acteurs et l’équipe de production car il était en désaccord avec une idée que Bob avait suggéré. Bob est sorti et il n'est jamais revenu sur le plateau. Je n’ai jamais pardonné à Patrick.

Quel est l’acteur qui vous a le plus impressionné durant votre carrière ?

Je pense que l’acteur qui m’a le plus impressionné est Buster Keaton qui a joué mon père dans le film "Le forum en folie" (1966). Il était une immense star, âgé de 85 ans, pas en bonne santé, mais il prenait le temps de s’asseoir et de me parler autant que possible. Il était le professionnel complet, exécutant tout ce que le réalisateur lui demandait sans jamais se plaindre, et cela consistait à courir sur place, à tomber et à esquiver les chars de course. C'était son dernier film. Il restera dans ma mémoire pour toujours.

Version originale :

How would you describe your Memoirs in one or two sentences?

For someone who is extremely shy, I surprised myself by writing an intimate and quite revealing book about my personal and professional life.

What are your best memories of shooting in a series?

I loved working in THE PERSUADERS, as not only was I with Roger Moore again, but also with Tony Curtis. Roger & I had worked happily together many times before, but Tony I only knew from watching his films. I found him surprisingly intense and he insisted on rehearsing our scenes multiple times & creating good character relationships. I felt that Tony’s talent as an actor had always been underestimated.

THE AVENGERS was one of my first roles in a TV series in England, & I enjoyed every minute working with Patrick McNee, as an actor & as a friend for many years.

THE PRISONER unfortunately, was my least favorite series, mostly due to Patrick’s McGoohan’s unacceptable behavior. He berated me & other actors for no particular reason, & one day when he’d been drinking, he verbally destroyed our director, Bob Asher, a kind, gentle man, in front of the entire cast & crew because he disagreed with a direction Bob suggested to him. Bob walked out & never returned to the set. I would never forgive Patrick for that.

Who is the actor who impressed you most during your career?

I think the actor who most impressed me was Buster Keaton who played my father in the film “A Funny Thing Happened on the Way To the Forum”. He was a huge star, 85 years old, not in good health, but he took the time to sit & talk to me whenever possible. He was the complete professional, performing everything the director asked with never a complaint, which included running on the spot, falling over & dodging racing chariots. It was his last movie. He will remain in my memory forever.

Interview de Diana Rigg
par Alex Taylor

 

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De passage en France lors du Festival de Dinard, Diana Rigg accepta de donner une interview à Alex Taylor pour l'émission Continentales, dans le cadre de la rediffusion (ou, parfois, diffusion d'épisodes inédits) de la série. Voici un transcript de cette interview qui date de 1992.

Introduction d'Alex Taylor :Il y a quelques mois Diana Rigg est venue en France pour le festival du cinéma britannique de Dinard. Nous étions vraiment très contents dans Continentales, car c'est rare qu'elle donne des interviews ; elle a donné son accord pour que je lui pose quelques questions entre des visionnages de films car elle faisait partie du jury. C'est avec beaucoup d'émotion que je l'ai rencontrée. Même si ça fait quand même 10 ans que j'interviewe des gens, je me suis retrouvé tout d'un coup comme le petit garçon qui avait grandi avec Mrs Peel qui était en face. Tout le monde m'avait prévenu qu'elle n'aimait pas du tout qu'on lui parle de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, ce qui est compréhensible car elle l'a fait il y a plus de 25 ans maintenant et depuis elle a fait bien d'autres choses encore. Je lui ai posé la question si elle préférait faire du théâtre, de la télévision ou du cinéma.

Je lui ai posé la question si elle préférait faire du théâtre, de la télévision ou du cinéma.

Pour moi, le théâtre est plus excitant car c'est le plus direct : vous avez le public en face de vous. Je pense qu'un miracle se produit au théâtre. Parce que les gens pourraient rester chez eux et regarder la télévision. Ils pourraient aller au cinéma, où tout est représenté à l'écran. Alors qu'ils viennent au théâtre qui est souvent très cher, il est difficile de se garer, c'est bondé, difficile et on est à côté d'inconnus. Et les gens mettent en commun leur imagination avec nous les acteurs. Je pense que c'est un miracle, c'est pour ça que j'adore le théâtre. La télévision, le cinéma, c'est tout à fait autre chose à cause de la technique. Cela n'en est pas moins du grand art, comparable à celui d'un acteur dramatique, mais c'est un autre genre d'art. Il ne faut pas oublier que, quand quelqu'un a joué son rôle, le film est monté, on y ajoutera de la musique et toute sorte d'autres choses qui auraient pu ne pas y être. Indubitablement, le théâtre est la forme d'art la plus pure.

Est-ce qu'il y a un rôle que vous avez trouvé dur à jouer ?

J'ai trouvé Lady Macbeth très dur (NDR : elle l'a jouée au thêatre en 1972). Je ne savais pas pourquoi, jusqu'à ce que quelques années plus tard, Laurence Olivier me dise que le secret de Lady Macbeth réside dans son manque d'imagination. Seulement de l'ambition, pas d'imagination. Et j'ai totalement compris ce qu'il disait et pourquoi je peinais et j'avais des difficultés. Si quelqu'un m'avait donné cette brillante vision de cette femme, j'aurais pu la jouer car j'en suis capable. Alors que je cherchais à la percer, à en trouver la vérité. Et je n'avais pas trouvé cette limite.

Quand avez-vous découvert votre talent pour la comédie ?

Assez tôt, dès l'école. (elle rit)

Où avez-vous été à l'école ?

J'ai été dans une école très convenable. J'étais à l'école auprès de gens de Moravie, de Tchécoslovaquie. Ils s'étaient installés en 1758 en Grande-Bretagne. C'étaient des quakers. Alors à l'église, les hommes étaient d'un côté, les femmes de l'autre. Très convenable. Même si ce n'est pas un très bon terreau pour une actrice !

Cette éducation quaker vous a-t-elle marquée ?

La discipline m'a marquée en effet. Je crois en la discipline. Si on y souscrit, elle peut vous apporter une paix infinie.

Et quelle discipline vous imposez-vous pour le moment ?

Mmmm. Eh bien, je bois, je fume, donc pas de discipline à ce niveau ! (elle rit) Plutôt la discipline de l'esprit, de l'âme.

Juste une seule question sur "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" que nous venons de diffuser en France : qu'est-ce que ça vous fait aujourd'hui ? Avez-vous totalement mis de côté Mrs Peel ?

Non ! On ne peut pas oublier son passé. C'est très important. Je suis très reconnaissante à Mrs Peel. C'est un peu comme feuilleter un vieil album de photos. (elle rit) Je ressemblais vraiment à ça, vous voyez ? Je regarde cette période avec beaucoup d'affection.

Avez-vous un épisode préféré ?

Je ne les ai pas vus depuis si longtemps. Pour moi, c'est comme s'ils étaient fondus en un épisode unique. Parmi les plus anciens, je me souviens bien des Cybernautes. Parce que j'étais très anxieuse : ce fut un des premiers que j'ai tournés. C'est pourquoi je m'en souviens bien. Pour le reste, il faut bien savoir qu'on faisait un épisode tous les 10 jours. Même si les scénarios étaient parfaits, ils avaient tous un moule ; c'est donc difficile de faire ressortir un épisode précis.

Qu'avez-vous appris durant le tournage des "Avengers" ?

J'ai gagné plus de confiance en moi, en tant qu'actrice. Ce que j'ai appris en filmant les Avengers, j'ai dû l'oublier en faisant d'autres films. Car on acquiert très vite une perfection technique quand on tourne 5 minutes d'épisode par jour 52 semaines par an. Et ce n'est pas toujours très bon si on tourne un film. Je pense que le côté flou, mystérieux est plus intéressant ; alors qu'en faisant de la télé, semaine après semaine, il faut être très habile.

NB : Lorsqu'Alex Taylor aborde son passé sur "The Avengers", Diana Rigg change de regard, fait la moue et lève les yeux au ciel. Cette séquence a été supprimée grâce à l'insertion d'un extrait de "Chapeau Melon et Bottes de Cuir".

 

 

©Steed3003

Interview de Patrick Macnee
par Alain Carrazé

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Dans le cadre de l'émission Destination séries(autrefois diffusée sur Canal Jimmy), Patrick Macnee a été interviewé en 1998. Ce dernier était alors en pleine promotion de son livre The Avengers and Me.

(À propos du départ de Diana Rigg) Son adieu était chargé de regrets, de remords, de « Vous allez me manquer ». C'est entièrement de son cru. (NDR : il visionne la fin de "Ne m'oubliez pas !"). La voilà. Ça me fait toujours pleurer. C'est incroyable. (NDR : vient le moment où Mrs Peel embrasse tendrement son partenaire) Incroyable, non ? (NDR : il est très ému) Ça fait vraiment pleurer. Oui, c'est un moment sublime et c'est à elle qu'on le doit. Je n'y suis pour rien, elle s'est concentrée et a joué avec ses tripes.

(À propos de l'arrivée de Linda Thorson) Quand Linda Thorson est arrivée, elle avait 20 ans. Je n'avais pas d'enfants mais une jeune fille de 20 ans, pour moi, c'est une enfant ! Et je ne suis pas un pédophile ! Donc, oui, ça a été difficile. Mais elle, très intelligemment, a fait semblant de rechercher une figure paternelle, sans que je m'en rende compte. C'était une fille brillante. Une comédienne de talent. (NDLR : il visionne maintenant, la fin de "Bizarre", dans laquelle nos deux héros quittent la série dans une fusée) C'est fabuleux ici ! Nous partions dans l'espace. Un grand moment !

Une formidable manière de finir une série !

Vous imaginez ! On ne pensait pas revenir.

Comment avez-vous ressenti la fin de la série ? Soulagé après tant d'années ?

Je faisais la série depuis trop longtemps. Mais, rétrospectivement, avec le succès de la série, je suis content d'être resté et d'avoir connu Joanna, qui est formidable ! « Absolument fabuleuse » ! Aujourd'hui elle est à l'apogée de sa carrière. J'ai eu le privilège de travailler avec quatre femmes qui se sont distinguées à cette occasion. (NDR : Macnee visionne ensuite une interview de Joanna Lumley où celle-ci confesse, non sans humour, que "Chapeau Melon" lui offrit son premier rôle intéressant) Qu'elle est belle et vivante ! Une femme très attachante !

Vous vous souvenez qu'un moment vous étiez un loup-garou ?

Tout à fait. Hurlements(NDR : sorti en 1981) est le seul bon film que j'ai fait. C'est un excellent film de Joe Dante, il n'y a pas mieux. J'en suis fier. (NDR : le journaliste lui montre ensuite un bêtisier du film) C'est très amusant ! Je ne suis pas un acteur de genre. Je fais mon possible dans une structure limitée.

 

©Steed3003