sGuide des épisodes 1. Une affaire de chien (The Dog Gone Affair) 2. Aux mains de Zalamar (The Prisoner of Zalamar Affair) 3. Opération penny (The Mother Muffin Affair) 4. Sur les bords de la Tamise (The Mata Hari Affair) 5. L'Affaire de l'unité Montori (The Montori Device Affair) 6. Toros et Christeras (The Horns of the Dilemma Affair) 7. Plus fort que le roquefort (The Danish Blue Affair) 8. L'Affaire du jardin du mal (The Garden of Evil Affair) 9. La Nouvelle Atlantis (The Atlantis Affair) 10. Le Paradis Perdu (The Paradise Lost Affair) 11. Dans les griffes de l'aigle (The Lethal Eagle Affair) 12. Intrigue au petit cirque (The Romany Lie Affair) 13. Petit John Doe (The Little John Doe Affair) 14. Les Diamants de Topango (The Jewels of Topango Affair) 15. Docteur Faust (The Faustus Affair) 16. L'Affaire des O.V.N.I. (The U.F.O. Affair) 17. Tilt et boum (The Moulin Ruse Affair) 20. La Fontaine de jouvence (The Fountain of Youth Affair) 21. Le Mystère des Carpates (The Carpathian Caper Affair) 22. Course dans la vallée de la mort (The Furnace Flats Affair) 23. Duchesse ou salutiste (The Low Blue C Affair) 24. Faites-leur un prix (The Petit Prix Affair) 25. Une fameuse partie de poker (The Phi Beta Killer Affair) 26. La Montre explosive (The Double-O-Nothing Affair) 27. The U.N.C.L.E. Samurai Affair – Inédit en France 1. UNE AFFAIRE DE CHIEN Au service du T.H.R.U.S.H., le diabolique Apollo Zakinthios teste un gaz sur la population d’une petite île grecque. La substance a la propriété de ralentir grandement les mouvements. Sur place, Mark découvre le complot et prévient U.N.C.L.E.. April est parachutée sur place avec un antidote, mais celui-ci est contenu dans les puces de son teckel ! Tandis que Mark sympathise avec la belle aubergiste Tuesday Hajadakis, April perd son chien, avant d’être capturée par Apollo, qui entreprend alors de la jeter à ses piranhas. The Dog Gone Affair présente l’intérêt d’exposer dès à présent les qualités comme les défauts de The Girl from U.N.C.L.E.. L’ambiance générale de folie douce suscite une bonne humeur très communicative. Cela vaut notamment pour les deux adversaires du jour, chacun franchement divertissant dans son genre : le mégalomane extraverti et sadique, à la hautement improbable canne à pêche aux mille usages, ou l’onctueux chimiste français (Pierre Fromage !) à l’accent pittoresque, avec une excellente prestation du spécialiste Marcel Hillaire. Les péripéties style chasse au trésor autour du teckel adorable et valeureux ne cassent pas trois pattes à un canard mais animent le récit. L’appréciable présence de la toujours flamboyante Luciana Paluzzi annonce une belle succession de Guests, même si son personnage demeure périphérique. Recruter une actrice aussi italienne pour incarner une Grecque montre bien le sérieux de l’ensemble, même si une série comme le Saint a parfois connu les mêmes travers. Les Grecs se voient d’ailleurs ensevelis sous les clichés, bagarres et sirtaki. De manière étonnante, Stefanie Powers et Noel Harrison jouent leur personnage absolument au premier degré, en décalage total avec leur environnement. On ne se situe pas dans une franche comédie come Max la Menace ou Austin Powers, mais davantage dans un entre-deux. L’effet en résulte intéressant, même si l’on comprend que le public puise être dépisté par ce contraste. Noel Harrison n’est clairement pas l’acteur du siècle, mais son accent ultra British amuse et le duo formé avec Stefanie Powers fonctionne bien. Cette dernière demeure clairement la vedette de l’épisode, par sa fraicheur et son élégance. On peut effectivement regretter qu’April se voit privée de toutes les scènes d’action et de combat, mais sa débrouillardise, ses dons d‘infiltration et ses gadgets suffisent à la maintenir dans le jeu. Il serait très exagéré de la qualifier de potiche. L’actrice apporte de la conviction à son jeu, sans pour autant être Diana Rigg. En un mot, ce peu onéreux pilote montre que l’on peut apprécier The Girl from U.N.C.L.E., pour peu que l’on en prenne la mesure et que l’on se prête au jeu de cette curiosité distrayante et d’un second degré transformant nombre de ses défauts en vertus.
2. AUX MAINS DE ZALAMAR Le Sheikh Ali Hassen, souverain du Zalamar, un petit pays d'Arabie riche en pétrole et allié d'U.N.C.L.E., est assassiné. Ses popcorns ont été empoisonnés par son demi-frère et Grand Visir. Ce dernier enlève également la princesse héritière, qu'il projette de rendre folle grâce à un goutte à goutte chinois, afin de la supplanter sur le trône. Mais April est le sosie de la damoiselle en détresse et se substitue à elle pour bloquer les plans du Vizir, jusqu'à ce que Mark parvienne à la libérer. A sa grande confusion, elle découvre que la princesse était sur le point d'épouser le seigneur d'un royaume voisin. L'on s'amuse beaucoup tout au long de cet épisode, qu'il faut apprécier à l'aune d'un joyeux Nanar, sans prétention mais non dépourvu d'une fantaisie folklorique autour du mythe de l'Arabie heureuse. La diffusion du film Le Cheik lors de la séquence d'ouverture plante le décor : la fusion en mode humoristique de cet univers avec celui des Spy Shows des années 60. On se régale ainsi d'un vilain de fort bonne cuvée, avec un Vizir fatalement fourbe et cruel et au langage plaisamment pittoresque. Porté par le cabotinage jamais réfréné de Michael Ansara, il suscite également un duo divertissant avec son bras droit totalement stupide. Les diverses péripéties ne dérogent pas aux passages obligés du genre, avec quelques perles assez irrésistibles, comme ce verre de vin bu durant un mariage musulman, car "c'est traditionnel". Le tout se voit filmé dans des décors et des panoramas figurés par des peintures, dont on dira qu'ils rendent le plus beau des hommages à ceux pratiqués par Le Saint à la même époque. Tout ceci résulte fauché au point de susciter une indulgence amusée. Il en va pareillement pour une distribution jouant de manière exécrable, en particulier concernant la jeune dame de compagnie incarnée par la jolie Brenda Benet, mais avec un juvénile entrain très dans l'air du temps. Les locaux de la direction d'U.N.C.L.E. s'insèrent idéalement dans l'ambiance, avec un chef donnant en permanence l'impression d'être imbibé au bourbon, des locaux parfaitement quelconques alternant avec des salles high-tech pleines de machines qui font bip, façon passerelle de l'Enterprise mais ne servant que de téléphone longue distance ou encore un stagiaire mono-neuronal. L'aspect le moins prenant de l'opus se trouve dans les faiblardes et très dispensables séquences d'action, toujours imparties au fade Mark. A l'inverse, par ses poses malicieuses, ses accents pittoresques et son charme aussi persistant en tenue orientale qu'occidentale, Stefanie Powers s'impose réellement en atout maître de l'épisode, même si s'exprimant principalement sur son versant humoristique.
3. OPÉRATION PENNY Aux Etats-Unis l’important parrain Vito Pomade accepte de témoigner si sa fille Lisa, résidant à Londres, est mise à l’abri des représailles. U.N.C.L.E. dépêche April Dancer et Napoléon Solo pour la retrouver et la conduire en Amérique. Ils doivent tout d’abord retrouver une pièce de monnaie actionnant une machine de bonne aventure indiquant où se trouve la jeune femme. Mais l’Organisation du Crime est bien décidée à s’emparer de Lisa. Entre le gang de la redoutable Mother Muffin et les deux émissaires d’U.N.C.L.E. s’engage alors une course poursuite à travers la capitale britannique. On apprécie toujours quand une série va jusqu’au bout du concept lui ayant donné naissance et il est clair qu’avec The Mother Muffin Affair, The Girl from U.N.C.L.E. frappe un grand coup en la matière. La représentation de Londres (aucun insert) se limite à quelques murs anonymes en brique et à un bus américain simplement peint en rouge, en allusion aux fameux routemasters. Quelques extérieurs sont bravement tentés, au cours desquels on s’aperçoit que Londres est désormais dotée d’un port de pleine mer. A cette occasion les cabines téléphoniques deviennent bien entendu celles peuplant les séries américaines de l’époque et non plus les anglaises si caractéristiques. Les auteurs tentent de compenser en multipliant les références culturelles au sein des dialogues, au moins c’est gratuit. La musique se montre fort agréable. Les aventures se limitent à diverses tentatives d’évasion de la part de nos deux amis, jusqu’à la dernière, bien entendu. Volons de défaite en défaite jusqu’à la victoire finale. Tout ceci baigne dans cet entrain, cet absurde voulu et cet humour décomplexé que l’on apprécie tant dans cette série définitivement bis. Les tueurs professionnels sont grimés style Batman 1966 et résultent invraisemblablement nuls. April et Solo passent tout l’épisode grimés en Lady Macbeth et Hamlet. L’ineffable Rodney, souffre douleur de Mother, pousse la crétinerie béate jusque dans ses ultimes retranchements et la relation avec sa patronne, à base de châtiments corporels, induisent un subtext assez tordu et finalement très anglais. Evidemment on atteint un nouveau palier dans la démence avec la performance hallucinante de Boris Karloff en Drag Queen décatie, maquillée à la truelle et pastichant les mamies anglaises en un permanent délirium. Les auteurs ont la bonne idée de laisser l’artiste en liberté, quitte à figer ce qui sert d’action à l’épisode, dans une espèce de musée de cire évoquant autant Madame Tussauds que les classiques de l’épouvante. Tout ceci se déroule dans un second degré magistral, bien au-delà d’un simple cabotinage. L’opus apporte d’ailleurs un vrai plaisir d’acteurs, avec un Robert Vaughn autrement plus fringant que Noel Harrison, mais aussi une Stefanie Powers délicieuse dans sa tenue sexy en diable et toujours aussi mutine et rayonnante. April se coule joliment dans une relation apprentie/mentor avec Napoléon, n’étant pas sans évoquer Steed et la Tara des premiers épisodes. Bruce Gordon amuse également par sa caricature de gangster mafieux caricaturant gaiment son rôle fétiche de Frank Nitti. Un épisode hilarant de bout en bout, comme seul peut l’être le kitsch exacerbé érigé en système par des auteurs malicieux, finalement assez audacieux pour leur époque.
4. SUR LES BORDS DE LA TAMISE La danseuse du ventre Marta Hurens a d’importantes révélations à faire à M. Waverly. Un rendez-vous est fixé à Londres, où elle doit participer à un spectacle consacré à Mata Hari. April voyage avec elle pour assurer sa sécurité. Mais une bombe fait exploser leur train, tuant Marta. April se fait passer pour elle et intègre la production, espérant forcer l’assassin à de dévoiler. Mark agit de même, prétendant disposer de documents indiquant l’identité du meurtrier. L'épisode marque un relatif atterrissage dans la normalité, après le particulièrement OVNI The Mother Muffin Affair. La reconstitution de Londres devient plus classique, avec des inserts et quelques tenues emblématiques, avec évidemment l'anglais Mark en chapeau melon et parapluie ou l'évocation (minimaliste) de Soho. La série se rode une formule avec la toujours élégante April en infiltration et Mark jouant les gros bras en protection de sa partenaire. L'ambiance apparaît moins portée au délire, mais la conséquence en est que l'on porte à The Mata Hari Affair les mêmes exigences qu'un épisode classique et c'est là que le bas blesse. Le récit souffre dramatiquement d'un manque quasi absolu de scénario, se résumant à une simple succession de tentatives de meurtres sur April, selon des modus operandi dépourvus de toute originalité et échouant régulièrement sans que l'héroïne ait à faire quoique ce soit. L'épisode s'étire, on peut d'ailleurs se demander si un format court à la Honey West ne conviendrait pas mieux à une série montrant ses limites dès que la folie ambiante s'essouffle. On regrette que l'évocation de l'emblématique Mata Hari ne crée aucune connexion avec l'héroïne ou que le Whodunit ne soit jamais sérieusement entrepris. Ce manque de consistance oblige les auteurs à meubler avec d'interminables digressions ou, fort heureusement, par deux forts jolis numéros de danse d'April, jazzy ou orientalisante. La gracieuse et tonique Stefanie Powers brille particulièrement dans un exercice n'ayant bien entendue rien à voir ni de près ni de loin avec la danse du ventre. La faiblesse du sujet se ressent d'autant plus fortement qu'en soi il se rapproche de l'un des meilleurs épisodes du Saint, Marcia. On reconnaîtra cependant à la mise en scène d'avoir tenté de tirer le meilleur parti du décor du théâtre, l'espace de la scène autorisant d'amples mouvements de caméra et les coulisses sombres et confinées se montrant inquiétantes. Le duo formé avec entre le classieux Edward Mulhare (très semblable au Devon Miles de K2000) et la juvénile protagoniste aux accents toujours pittoresques fonctionne plutôt bien. Jocelyne Lane se montre par contre inexpressive au possible et fait regretter l'Edina Ronay des Avengers.
5. L'AFFAIRE DE L'UNITÉ MONTORI Le siège d’U.N.C.L.E. à Rome est attaqué par des agents du T.H.R.US.H.. Ceux-ci s’emparent du Montori, un appareil en forme de bijou, permettant de se connecter à tous les réseaux de l'organiation. Les communications internes sont paralysées. Brassano, important dessinateur de vêtements, est soupçonné d’être le cerveau de l’apparition. April va se faire passer pour une importante cliente de sa boutique. Le T.H.R.US.H entreprend d’utiliser l’appareil hypnotique du Pr. Budge, afin d’assassiner les dirigeants mondiaux lors d’une importante réunion. Après une séquence introductive réellement spectaculaire, le récit joue avec malice de grands thèmes classiques de l’espionnite de l’époque (la suggestion mentale, communications et mots de passe) pour les détourner en une comédie gentillette mais souvent plaisante. Les péripéties demeurent minimalistes, avec un duo vedette en définitive peu opérant, puisque la situation n’est en définitive réglée que par la tonitruante intervention de Waverly. Celle-ci confirme la tonalité de vaudeville progressivement revêtue par l’histoire une fois sise à Paris. Les acteurs ont le bon goût de se mettre au diapason, avec une Stefanie Powers toujours en grande forme et un Edward Andrews totalement déchaîné, le ridicule exacerbé de Rossano achevant de détourner le récit d’espionnage vers la comédie pure (à défaut de subtile). La performance de John Carradine se montre également digne d’éloge, le grand acteur manifestant un beau sens de l’humour et du plaisir de jouer. Son Pr. Budge caricature avec génie les savants fous et autres esprits diaboliques peuplant les scénarios du genre, mais aussi ceux des Avengers. A côté de postures en permanence excessives et d’un certain humour de farce, Carradine parvient néanmoins à rendre l’individu fugitivement inquiétant, un excellent travail. L’opus a la bonne idée de se débarrasser durablement de Mark, laissant de l’espace à ces deux excellents acteurs. L’opus ouvre aussi une agréable fenêtre sur la haute couture de l’époque et quelques actrices aussi belles qu’élégantes. Le spectacle contient également quelques perles typiques de la série. L’action se base sur le blocage des communications par le Montori, mais l’effet tombe totalement à plat par l’emploi de simples cabines téléphoniques, ce qui n’empêche pas les héros de souligner perpétuellement le terrible embarras suscité par le dit Montori. Waverly se grimant en personnage de la Belle Epoque pour figurer un Français des Sixties vaut aussi le détour. L’amateur des Avengers appréciera qu’April utilise des lunettes noires très semblables à celles de Mrs Peel dans Les espions font le service.
6. TOROS ET CHRISTERAS Au Mexique, Alejandro De Sada, millionnaire fanatique de tauromachie et dirigeant du T.H.R.U.S.H. pour l’Amérique centrale, enlève une équipe de scientifique travaillant sur une fusée révolutionnaire. Grâce à une technologie de l’organisation, il entreprend de transférer leurs connaissances dans un ordinateur. Mark se fait passer pour un critique tauromachique, tandis qu’April se lie à un torero ami de De Sada, dans le but de libérer les prisonniers. L’épisode doit beaucoup à la grande performance de Fernando Lamas. Par sa prestance et son allant, il suscite le premier adversaire réellement crédible de nos deux héros. Il faut dire que l’auto parodie ne correspondait pas vraiment au profil psychologique de l’acteur. Sa dimension hispanique sonne juste parmi les innombrables caricatures peuplant la série, d’autant qu’il s’exprime à de multiples reprises en un pur Castillan. Cette dimension apporte une vraie valeur ajoutée au récit, nous valant de multiples références culturelles, une somptueuse musique à base de guitare espagnole (mais aussi une Bossa nova assez hors sujet) et de forts jolis décors. Les Mexicains se voient traités sans guère de condescendance. La similitude avec les paysages californiens autorisent de relativement nombreux extérieurs. Cela nous vaut une scène de voitures assez supérieure au niveau coutumier de la production, avec toutefois des les doublures demeurant particulièrement évidentes. Les péripéties se succèdent à un rythme soutenu, même si souvent gratuites (les deux héros se faisant capturer aussi facilement qu’ils se libèrent). Le mélange de haute technologie et d’éléments plus pittoresques (la pelote basque tueuse, supplice de la couverture …) génère cette fantaisie nécessaire à la série. April brille par sa bonne humeur et une garde robe aussi variée que colorée, on apprécie qu’elle participe activement à l’affrontement final.
7. PLUS FORT QUE LE ROQUEFORT Au Danemark, le T.H.R.U.S.H. a installé une base secrète contenant le générateur d’un rayon capable de détruire navires de guerre et sous-marin. Mais le système est instable et nécessite de mini composants pour ne pas exploser. Ceux-ci sont transmis dissimulés dans du fromage local, mais ce dernier est mangé accidentellement pat un gourmet, Stanley Umlaut. Mark et April vont tenter de récupérer Stanley avant que l’organisation maléfique ne mette la main sur le contenu de son estomac. L’intrigue ne s’extraie pas de quelques poncifs des séries d’espionnage à la James Bond (base des antagonistes contenant un projet secret que les héros vont détruire) joints à ceux propres à The Girl from U.N.C.L.E. (succession effervescente de captures et d’évasions, tentatives de mises à mort hautement exotiques d’April) pour ne constituer qu’un support à un interminable numéro de Dom DeLuise. Les amateurs du comique se régaleront, d’autant qu’on le découvre ici très jeune, méconnaissable sans la fameuse barbe qui apparaitra plus tard. Le comédien a déjà toute sa faconde mais, dans ce le domaine éminemment subjectif qu’est l’humour, on le préfère décidemment en interventions concises et efficaces. A force, son débit de mitraillette et sa jovialité extravertie finissent par lasser, un phénomène expérimenté derechef bien plus tard dans l’épisode Urgo de Stargate SG-1. L’épisode trouve néanmoins un second souffle grâce à des agents du T.H.R.U.S.H. tous plus joyeusement débiles les uns que les autres, K.A.O.S. est renvoyé loin derrière. Cela vaut aussi pour le chef complètement fou (complètement) de la base. On apprécie en particulier le délire intégral et sans concessions autour d’Hansel et Gretel, les mitrons diaboliques, ainsi que de la sorcière/boulangère/chirurgienne/mère adoptive du chef, etc. Les acteurs jouent à fond la carte de la crétinerie massive, avec une bonne humeur assez irrésistible. Les Danois caricaturaux et du meilleur goût font songer au Goldmember d’Austin Powers, version batave. Avec ses couloirs, ses chariots et son canon de la mort assemblé en quelques néons, la base demeure aussi archétypale que fauchée aux blés. Quand un invité nécessite de l’espace narratif la série a la bonne idée de toujours sacrifier Mark, ce qui permet à Stefanie Powers de briller à nouveau par son charme et par le premier degré avec lequel elle incarne April, soulignant par contraste le bagout de DeLuise. De plus les auteurs facétieux n’ont pas oublié de doter la belle d’une robe particulièrement moulante dans cette opus où elle se voit copieusement aspergée, ce qui ne gâche en rien le plaisir.
8. L'AFFAIRE DU JARDIN DU MAL U.N.C.L.E. et le T.H.R.U.S.H. sont en quête d'un sérum capable de transférer l'esprit d'un mort dans le corps d'un de ses descendants. Son concepteur a été tué par le Culte de Cambodyses, une secte d'assassins du Moyen-Orient, aux ongles imbibés de poison mortel. Cet allié du T.H.R.U.S.H. entend désormais voler de ses propres ailes. Le Culte veut se servir de l'ultime descendante de Cambodyses comme réceptacle du Fondateur. April va se substituer à cette jeune femme participant au tournage d'un Western à Berlin, afin d'infiltrer le sanctuaire secret du Culte. Au fil des épisodes, l’on se rend compte que la faiblesse de The Girl from U.N.C.L.E. ne résulte pas tant du kitsch joyeux et assumé de ses scénarios ou de son sympathique manque de moyens, mais plutôt de la répétitivité de ses péripéties. Répartition des tâches entre April (infiltration) et Mark (action), récit de cartoon entre captures et évasions également accélérées, scène centrale à la cliffhanger de Batman 1966 voyant April promise à un trépas aussi spectaculaire que fantaisiste, présentation monolithique de la situation par Waverly, etc. Sous son côté farfelu, la série s’avère un Formula Show passablement rigide. L’épisode du jour ne dépareille pas des précédents, avec un modus operandi vite équivalent et une opposition Culte/T.H.R.U.S.H. s’avérant décevante par son manque d’implication réelle dans le récit. De plus la réutilisation massive du décor des souterrains de l’épisode précédent lasse rapidement. Quelques perles maintiennent néanmoins l’intérêt. Il en va ainsi du péplum délirant autour du Culte, très dans le genre de l’épatant pharaon Tut de Victor Buono dans Batman 1966. Supposés être des assassins nimbés de secret, les membres du Culte se reconnaissent aisément à leurs ongles grotesquement surdimensionnés, à côté desquels l’auriculaire des Envahisseurs reste un modèle de discrétion. Le moment le plus amusant de l’épisode demeure la visite burlesque des studios de la production, ce qui confère à l’ensemble un aspect de sous Epic assez plaisant pour l’amateur des Avengers (beaucoup de palmiers à Berlin). En roue libre dans son rôle de réalisateur tyrannique, Oscar Beregi nous offre d’ailleurs un réjouissant Von Gerb, cousin de Von Schnerk. Les acteurs s‘amusent bien sur le tournage de la série, cela se sent à l’écran. L’anglais Mark se dote lui aussi d’une spectaculaire guimbarde. Entre danseuses orientales, femmes fatales et actrices, l’épisode joue aussi joliment la carte du charme, avec une April toujours aussi irrésistible.
9. LA NOUVELLE ATLANTIS Aidé par April et Mark, le Pr. Antrum recherche la mythique Atlantide. La cité contiendrait le secret d’un rayon concentrant la lumière solaire, bien plus puissant que le laser. Antrum détermine que l’entrée d’Atlantis se trouve aux Caraïbes. Elle se situe sur la propriété du très excentrique Honore Le Gallows, aimant vivre comme un seigneur français du Grand Siècle. Mais le T.H.R.U.S.H. intervient et kidnappe nos héros. L'écriture du scénario par Richard Matheson crée bien entendu l'évènement. Après avoir été l'un des piliers de La Quatrième Dimension de Rod Serling, le grand auteur à poursuivi une participation plus erratique avec la télévision, tout en continuant à édifier son œuvre propre. La grande curiosité consistait donc à vérifier si Matheson allait hausser le niveau narratif de la série, par l'une des ces constructions à la fois renversantes et impeccablement édifiées dont il a le secret. Force est de constater que la déception est relativement au rendez-vous, Matheson se fondant purement et simplement dans la formule de la série. On ne discerne ici aucune originalité véritable, avec la sempiternelle succession de captures et d'évasions/libérations pareillement déconcertantes de facilité constituant l'ossature des intrigues de The Girl from U.N.C.L.E.. De plus il leste April d'un boulet persistant en la personne d'un Yankee aussi niais et inopérant que gentillet. On reconnaitra à l'écrivain d'avoir su porter ce style narratif à son paroxysme, démultipliant et variant les évènements, sur un rythme d'enfer (on compte pas moins d'une dizaine de péripéties de ce genre). Surtout Matheson met en œuvre avec panache la seconde partie de la charte de The Girl from U.N.C.L.E. : l'élément fantaisiste, voire délirant. Honore Le Gallows nous régale d'une parodie irrésistible de Français, avec un accent caricatural dépassant tout ce que l'on avait entendu jusque là durant les séries Sixties. La dinguerie autour du Dix-septième Siècle se voit poussée très loin, sans la moindre concession malvenue à la vraisemblance ou au bon goût, mais aussi avec un appréciable aspect menaçant. Le Gallows est un grand seigneur orgueilleux et prédateur, pas un doux Excentrique des Avengers. Comme clou du spectacle il nous vaut un duel d'escrime étonnant de technicité avec April. L'épisode trouve aussi un second souffle avec ses nombreux extérieurs et ses scènes d'actions nautiques fort correctement filmées, pour le coup originales au sein de la série (le budget s'avère clairement supérieur à la moyenne de la série). A noter un étonnant tag final, exprimant à quel point Mark et April n'en ont rien à cirer d'Atlantis, en fait, ce qui résume sans doute de manière sarcastique l'opinion de Matheson sur son ouvrage du jour.
10. LE PARADIS PERDU Le T.H.R.U.S.H. développe de nouvelles voies de contrebande, afin de ruiner les pays riverains du Pacifique. Après avoir suscité une mutinerie, Mark et April s’emparent des plans dissimulés sur un navire croisant dans le sud de l’océan. Devant abandonner le bateau, ils s’échouent sur une île paradisiaque inconnue. Ils se trouvent confrontés au maître des lieux, le pittoresque roi pirate Genghis Gomez VIII, mais aussi au capitaine du T.H.R.U.S.H, bien décidé à récupérer les documents. L’épisode constitue le premier véritable four de la The Girl from U.N.C.L.E. Genghis Gomez et ses sbires ne sont jamais drôles, mais vulgaires et passablement répugnants. La série troque ici sa fantaisie et son dynamisme contre un humour pachydermique et répétitif, durant l’interminable séjour sur cette île improbable. Les acteurs invités, en particulier Monte Landis, cabotinent sans le génie et l’allant de nombre de leurs précurseurs. Le scénario apparaît totalement mis à écart durant les deux tiers du récit, au profit d’une succession de gags indigestes, avec en arrière plan une tonalité de « bon sauvage » assez pénible à regarder aujourd’hui. Il reste éloquent que l’arrivée du T.H.R.U.S.H. soit perçue comme celle de la cavalerie, tant elle apporte un semblant de relance à l’intrigue. Après les agréables extérieurs de The Atlantis Affair, revenir à un décor confiné en studio s’avère frustrant, d’autant qu’aucune animation n’est tentée par la mise en scène. Seuls émergent la fraicheur d’une Stefanie Powers toujours élégante et la plaisante musique de la série.
11. DANS LES GRIFFES DE L'AIGLE En Autriche, deux agents du T.H.R.U.S.H. Franz Joseph et Volander sont en train de mettre au point un téléporteur. Leur machine est parvenue à téléporter un aigle dans le ciel jusque dans une cage. Ils recherchent désormais un cobaye humain dans la population locale, mais ignorent qu’April s’est infiltrée dans leur organisation, en tant que laborantine. L’épisode frappe d’entrée par une séquence d’introduction autrement plus marquante qu’à l’accoutumée. La vision d’April ligotée sur le toit d’une voiture et subissant l’assaut d’un aigle telle Prométhée suscite une tension aux lisières de l’épouvante, d’autant qu’à ce moment là on n’en comprend pas encore les enjeux. Et qu’importe qu’à la téléportation le majestueux aigle royal (en images insérées) soit inexplicablement devenu un vautour passablement déplumé, cela fait partie de ces perles participant au charme très particulier de The Girl from U.N.CL.E.. Par la suite The Lethal Eagle Affair se montre en rupture totale avec le catastrophique opus précédent, optant pour une intrigue animée, sans temps morts et développant un humour malicieux très divertissant. Que Mark échappe à la ritournelle des captures/évasions apporte une plaisante nouveauté, d’autant que sa présence cachée nous apporte un amusant vaudeville. L’épisode doit aussi beaucoup au talent et l’évidente complicité de l’épatante Margaret Leighton et de Michael Wielding, incarnent un couple étonnamment touchant pour la série. Ces vieux agents de T.H.R.U.S.H. au caractère si antagoniste, elle dynamique et fantasque, lui plus rassis et effacé, trouvent dans cet ultime aventure un prolongement pour leur amour, c’est bien vu, voire émouvant. La production se relève d’un standard correct, entre extérieurs ensoleillés et élégants décors, assez semblables à ceux du Saint. La musique demeure l’un des atouts de la série, avec notamment un orchestre traditionnel tyrolien à la musique très Sixties et déhanchée ! L’habituel amoureux du jour de la pimpante April s’avère même relativement moins un boulet que ses prédécesseurs.
12. INTRIGUE AU PETIT CIRQUE Sadvaricci, chef d'un cirque itinérant, séduit et dépouille de riches femmes, aidé par la voyante Mama Rosha, avant de les assassiner. April et Mark s’infiltrent, comme trapéziste et comme clown. Mais April doit faire face à la jalousie de la bohémienne Panthéa, qui la voit comme une rivale auprès de Sadvaricci. Elle défie April dans un duel à mort. On s’intéresse très peu à l’histoire principale, du fait du caractère hautement improbable du complot ourdi par Mama Rosha et Sadvaricci, supposant une crédulité abyssale des hautes dames visées, mais surtout parce qu’elle est mise sous le boisseau durant une bonne moitié de l’épisode au profit de la confrontation entre April et Panthéa. Entre combat louchant sur celui de Bons baisers de Russie (1963) et April jetée dans la cage de l’ours en passant par d’autres facéties, le récit prend la forme d’un Carton à la Tex Avery. Tout ceci n’apparaît guère structuré mais distrait infailliblement. L’opus amuse également par ses à-côtés. A quelques extérieurs près, l’ensemble est à l’évidence tourné en studio mais l’aspect coloré et festif de la reconstitution du cirque (roulottes, costumes, maquillages, performances d’artistes invités) résulte absolument charmant. On retrouve les mêmes atouts que pour La loi du silence des Avengers, la couleur apportant ici un plus indéniable pour un environnement aussi chamarré. Le spectacle s’adorne également de moult jolies jeunes femmes, à commencer à commencer par la brune Panthéa et la toujours irrésistible April, parfaitement mise en valeur par ses tenues de scènes. On apprécie également les perles propres à la série avec un ours mité à l’évidence interprété par un humain (c’est encore pire que celui aperçu chez Honey West), France méridionale aux permanentes allures de Californie ou jeu joyeusement caricatural des protagonistes. La bonne humeur générale déteint d’ailleurs sur une Gladys Copper s’amusant visiblement beaucoup, à l’image de la plupart des guests de la série.
13. PETIT JOHN DOE Joey Céleste, important membre d'un gang de racket, est prêt à faire des révélations sur ses associés à U.N.C.L.E.. Mais ces derniers embauchent un redoutable tueur professionnel, Little Doe, pour l'abattre. Mark étant indisponible, April se voit envoyée en Italie, pour ramener Joey au quartier général d'U.N.C.L.E.. Une romance naît entre April et Joey. Une bien agréable escapade à Rome, sentimentale à souhait, pour une April délestée d’un Mark à l’intérêt toujours très inégal. Le grand atout de ce récit plus classique qu’à l’ordinaire réside dans la rencontre avec Joey, gagnant progressivement en intérêt. Loin des joyeux hurluberlus habituels, l’élégant et spirituel Joey se montre aussi exotique qu’à l’unisson d’April, au fur et à mesure que s’installe une savoureuse romance. Entre moments complices et scènes d’action,jusqu’à une séparation étonnamment mélancolique, cette dimension apporte une vraie spécificité à l’épisode. Elle se montre tout à fait convaincante tant le courant passe entre Stefanie Powers et Pernell Roberts, parfait en Latin Lover. Mis en valeur par une mise en scène également plus élaborée qu’à l’ordinaire, le si propice cadre romain convient idéalement à cette aventure romantique très à part au sein de la série. Little Doe, tueur inexorable au pied bot vaguement diabolique, constitue un adversaire de choix, imperturbable et inquiétant. En parfait contraste, ses discussions avec son épouse ignorant tout de ses activités apportent un humour à la Tru Lies fort divertissant, sans en abuser. Quelques imperfections viennent néanmoins nuire à la réussite de l’opus. Les amusantes lunettes très datées d’April auraient amusé sur quelques minutes mais finissent par lasser. Découvrir Little Doe renoncer à sa mission par le seul discours édifiant d’April réduit quelque peu son aura. Surtout April, astucieuse et richement dotée en gadgets, continue à être toujours aussi inopérante dans les scènes de combat, ce qui s’avère particulièrement dommageable en la circonstance. Quand Mark prenait la relève, c’était en définitive toujours U.N.C.L.E. qui répondait présent. Ici il demeure désarçonnant de voir le témoin sous protection prendre tous les risques durant les affrontements, tandis que l’agente chargé de veiller sur lui se dissimule prudemment.
14. LES DIAMANTS DE TOPANGO April et Mark sont envoyés incognito au Topango, état africain riche en diamants, afin d'en protéger le trésor. Mais April est enlevée à l'aéroport, tandis que la belle et fourbe Natasha Brimstone se fait passer pour une agente d'U.N.CL.E.. Elle entreprend de séduire le Prince Nicholas, afin de lui subtiliser ses joyaux. L’idée de susciter une rivale à April, d’un profil équivalent et utilisant les mêmes armes qu’elle, n’était pas mauvaise en soi. Mais l’intrigue se serait montrée bien plus captivante dans le cadre d’une confrontation, or plus jamais April et Natasha ne se recroiseront avant le final, où un méchant encore pire aura fait basculer cette dernière dans le bon camp. Un véritable pétard mouillé, d’autant que tout le segment de l’épisode autour d’April, soit près de lamoitié, se montre mortellement ennuyeux, avec cette interminable balade verbeuse au sein d’une jungle de carton-pâte. On s’amuse davantage avec Mark et Nastasha, l’épisode renouant alors franchement avec cette tonalité de joyeux Nanar ultra kitsch et fauché constituant la griffe de la série. Inserts raccordés sans le moindre souci de vraisemblance au récit, mauvais jeu d’acteurs cabotinant à qui mieux-mieux au servi de dialogues indigents, décors minimaliste ou d’un mauvais goût fini, joyaux d’un plastique évident, invraisemblance totale d’un script décousu, on en a franchement pour notre argent. Quelques perles électrisent l’ensemble, comme un nouvelle danse 60’s surgissant du diable vauvert, la belle Leslie Uggams manifestant d’ailleurs un jeu convaincant et un redoutable déhanché. Il en va pareillement de cette version miniature de REMAK transformant ses clients en chapelet de saucisses ou en urne funéraire fumante, un poème. On regrettera une trop longue prolongation du gag d’éléments de vie occidentaux surgissant au milieu de la jungle (le côté bon sauvage reste très daté), devenant lassant à force de répétition.
15. DOCTEUR FAUST Le Pr. Quantum a inventé une machine supprimant la couleur. Bien que l'engin semble inutile, le diabolique Elzie Bubb offre de satisfaire n'importe quel souhait du professeur pour s'en emparer. Infiltrée comme laborantine, April surveille également le prototype. Quantum en tombe amoureux et se déclare prêt à échanger son Light Variator contre April ! The Faustus Affair apparaît comme l’épisode s’étant jusqu’ici le plus rapproché de Batman 1966, l’une des évidentes sources d’inspiration de The Girl from U.N.C.L.E.. La mise en scène évoque ainsi clairement les aventures lysergiques du Caped Crusader et du Boy Wonder. Fumigènes et éclairages quasi oniriques, décors délirants (peintures abominables, angles biscornus, laboratoire en folie), influence de l’esthétique des Comics : rien ne manque l’appel, si ce n’est un budget digne de ce nom et surtout le talent, tant tout ceci résulte falot et peu abouti en comparaison du mythique modèle. Il y a loin de la coupe aux lèvres également dans la résolution des combats, du fait du toujours fade Mark et d’une caméra très paresseuse. Mais la caractérisation des personnages pèche également. Tom Bosley annonce sa prestation bonasse et bien connue des Jours Heureux. Bien plus intéressant s’avère le quasi super vilain Elzie, grâce à l’énorme prestation de Raymond Massey, élégant comédien classique en pleine jouissive sortie de route, permettant enfin de rivaliser avec la série de Lorenzo Semple. Mais la clé psychologique de l’antagoniste (un peintre raté désirant détruire l’Art) n’est révélée que tardivement, tombant à plat et ne servant pas de moteur à son action ou à son costume. De ce fait, une fois dissipée la surprise initiale, le numéro méphistophélique tourne à vide. Enfin ce n’est pas faire injure à Mark et à April que de constater qu’ils ne disposent pas du potentiel transgressif de Batman, déjà devenu Légende de nombreuses années avant le lancement de sa sarcastique série. The Girl from U.N.C.L.E. aurait tout intérêt de se cantonner à son sympathique créneau, plutôt que de trop singer un modèle inaccessible.
16. L'AFFAIRE DES O.V.N.I. Au Koweït, April mène l'enquête sur Dossetti, chef d'un réseau criminel prévoyant de voler le trésor de l'émir Salim. L ordonne qu'elle soit tuée, mais l'assassin en tombe amoureux et décide plutôt de l'enfermer de son harem. Dossetti met son plan à exécution, avec de faux O.V.N.I. destinés à créer la confusion dans le palais de Salim. Après The Horns of the Dilemma Affair, nous retrouvons ici. Fernando lamas, mais sans aucun sentiment de doublon. En effet l’acteur, caractéristiquement teint en blond, a jeté aux orties son jeu relativement conventionnel pour totalement embrasser la dinguerie propre à la série, avec son personnage libidineux et mégalomane délicieusement improbable. A la bonne heure, car l’opus, d’abord relativement sérieux va progressivement basculer dans une démesure totale et permanente, comme rarement jusqu’ici. L’histoire se résume à des cavalcades trépidantes, voyant April passer d’un harem de pacotille à une grotte rempli de simili zombies (en descendant un simple escalier), puis à une base hyper moderne plein de machines rutilantes et inutiles puis à un vaisseau spatial, etc. On éclate souvent de rire, tant le délire coloré et festif se voit porté par d’excellents comédiens ravis de s’encanailler. L’irrésistible dimension nanardesque de l’entreprise se renforcé de moments particulièrement gratinés, comme ces intrigues de harem au sein d’un plateau kitschissime, recyclant massivement les décors de The Prisoner of Zalamar Affair. D’ailleurs on se divertit en constatant que la partenaire de Stefanie Powers porte à chaque fois exactement la même tenue, signe infaillible d’une production fauchée. L’amusement d’April démine fort heureusement tout ce que la situation pourrait présenter de scabreux. Le spectateur français songera au quasi contemporain Angélique et le Sultan, preuve que le kitsch peut enjamber les océans. On atteint une espèce de summum avec les inserts représentant le vaisseau spatial, tirés de films différents, couleur ou noir et blanc, faisant que la même soucoupe ne cesse de changer d’apparence en cours de récit. C’est aussi colossal qu’en permanence hilarant. Les amateurs de la Twilight Zone reconnaîtront d’ailleurs les inserts utilisés pour l’excellent Vaisseau de la Mort. Les exemples du même tonneau abondent, lors de cet opus lui même définitivement O.V.N.I..
17. TILT ET BOUM Le Dr. Vladimir Toulouse a créé la Vitamine Q, qui confère une force surhumaine, mais qui demeure mortelle à terme. Il menace de déclencher une vague de violences, à moins qu'une rançon ne lui soit versée. Mark visite l'amie alcoolique de Toulouse, Nadia Marcolescu, mais est capturé par le docteur. Il va tenter de s’en servir comme cobaye humain sur l’île de Moulin, dans les Caraïbes. Toulouse y héberge des retraités, qui lui servent eux-aussi de sujets d’expérience, à leur insu. L’île est protégée par la garde personnelle de Toulouse, les amazones de la belle Rabbit. Comme d'habitude, avec une méritoire absence de réalisme ou de sérieux pleinement assumée, les diverses péripéties ne constituent qu'un prétexte, à peu près toujours sur le même modèle de captures et de libérations également aisées. Mais l'épisode trouve un formidable relai dans son casting hors normes. Le talentueux Shelley Berman compose un simili Henri de Toulouse-Lautrec étonnant de véracité, sans doute issu de ses numéros de cabaret. Même si totalement absurde dans le contexte comme par son hilarant développement en Mastermind, la performance d'interprétation demeure indéniable. Mais les dames dominent (à tous points de vue) les débats, à commencer par une toujours somptueuse Yvonne De Carlo pastichant joyeusement son personnage de Diva : tenues kitsch et sexy, verres de cognac géants sifflés d'un trait, prédatrice sexuelle grand train, tigre apprivoisé, etc.. Le festival est permanent. L'actrice joue le jeu à fond et avec beaucoup d'allant, devenant l'un des plus mémorables exemples de ces acteurs vétérans s'amusant visiblement beaucoup sur le tournage de la série, un atout maître. La survenue de Tura Satana s'entend comme une rencontre de Russ Meyer et de The Girl from U.N.C.L.E. dans les allées du Nanarland, autant dire que le moment est solennel. C'est d'autant plus vrai que sa Rabbit se situe dans la droite succession de la Varla de Faster, Pussycat! Kill! Kill! (1965), impressionnante de présence physique. Si Yvonne De Carlo manifeste autrement plus de métier et de talent, les deux actrices s'entendent à merveille sur la ligne « plus dures que les mâles ». C'est notamment le cas quand Nadia Marcolescu se révèle un agent du T.H.R.U.S.H., condamnant Toulouse à son propre supplice (la tête seule dépassant du plancher, cernée par de mini robots explosifs convergeant vers elle, un délire total). Il en va pareillement pour le commando de jeunes tueuses dirigé par Rabbit. La présence de ces guerrières, pourvues d'uniformes moulants à souhait et d'attributs que ne renierait pas Russ Meyer en personne, n'est pas sans dégager un érotisme léger mais omniprésent (Moulin rouge!). Évidemment on se situe sur une chaine américaine grand public et tout ceci demeure autrement plus diffus que chez le créateur de Vixen et de Beyond the Valley of the Dolls. La défaite des Amazones par un groupe de vieilles personnes sportives et dopées à la Vitamine Q compose également un grand moment de pur burlesque. The Girl from U.N.C.L.E., qui est est à la série d'aventure des Sixties ce que le cinéma bis est à la Nouvelle Vague, nous offre décidément des sommets d'absurdité que l'on ne verrait nul part ailleurs. April et Mark ont le bons sens de relativement s'effacer pour laisser la place au fastueux trio diabolique du jour, dans cet épisode bénéficiant de moyens clairement supérieurs à l'ordinaire de la série.
18. L'AFFAIRE DES CATACOMBES A Venise, un voleur de haute volée est capturé par Mark et April. Mais il s'échappe et April est kidnappée quand elle se lance à sa poursuite. Mark mène l'enquête et découvre une conspiration menée par le Prince Boriarsi, visant à piller le trésor du Vatican. Boriarsi av se faire passer pour un cardinal et ses hommes pour des gardes suisses. Afin de délivrer April, il va s’associer à la belle Adriana, mêlée par hasard à l’aventure. L’épisode débute par un pastiche léger de From Russia with Love (cadre vénitien, aventures mouvementées dans l’Orient Express, adversaire féru du Noble Jeu…). L’exercice demeure superficiel mais parvient néanmoins à divertir du fait de la bonne humeur régnant. Malheureusement le récit va par la suite s’effilocher. L’intrigue se limite trop à quelques péripéties très bateau et maintes fois vues au cours de la série (évasions/captures, poursuites…). L’ensemble ne se voit que partiellement dynamisé par le précieux grain de folie coutumier et s’étire paresseusement. L’essentiel est de permettre à la caméra de tirer partie de l’impressionnant décor du palais princier, bien au-dessus de ce l’ordinaire de al série et sans doute pioché dans les magasins de la MGM. Les amateurs des Avengers reconnaîtront un schéma narratif proche de l’opus judicieusement intitulé The Girl from Auntie, avec la capture de l’héroïne récurrente, remplacée par une partenaire occasionnelle. Mais là où Chapeau Melon osait mettre quasi complètement de côté Mrs Emma Peel, ici le scénario reste sur un entre-deux stérile. April occupe une bonne moitié du récit, mais uniquement en conversant avec ses geôliers, au cours de scène statique et d’intérêt très inégal. L’inévitable Latin Lover de service (l’épisode cumule à peu près tous les poncifs italiens envisageables) apparaît ainsi bien moins marquant que le Joey de The Little John Doe Affair. On apprécie néanmoins le numéro en roue libre d’Eduardo Cianelli en Prince très Renaissance, esthète et appréciant le crime plus pour son brio que pour son aspect vénal. Le duo Mark/Adriana se voit minoré par la fadeur persistance de Noel Harrison mais permet une jolie rencontre avec la sympathique et tonique starlette française Danielle de Metz, ayant connu son aventure américaine durant les Sixties. L’écouter parler anglais avec un accent se voulant italien mais demeurent copieusement hexagonal demeure très amusant. Tout comme chez les Avengers, elle a droit aux honneurs du tag final dans la voiture de son partenaire, mais pour le coup April ne se montre pas. Il ne saurait y avoir de jalousie dans un duo uniquement amical.
19. LA POUPÉE BULGARE Le roi du Drublegratz se meurt. Il a trois héritiers mais le T.H.R.U.S.H. est bien décidé à s'emparer du pays, via son alliée, la princesse Rapunzel. Grâce à son projecteur sonique, le Pr. Gotz assassine l'un des princes, mais Mark et April sont dépêchés pour protéger la famille royale. A l’occasion d’un festival, April se fait passer pour une go-go danseuse et Mark pour un musicien branché. Particulièrement épicé et déjanté, l’épisode s’adorne de plusieurs atouts fusionnant dans un tout absolument bouillonnant. Au-delà de son aspect de satire caustique des Maîtres Plans des Masterminds fleurissant à l’époque, l’habile intrigue entremêle trois univers totalement distincts : l’espionnite issue directement de la Guerre Froide, l’univers sucré des monarchies d’opérette à la Sissi impératrice et la modernité des Sixties entamant leur crépuscule, musique et mode (ce qui rappelle opportunément que la série est tournée en Californie, guère loin de Berkeley). Cette percussion d’univers totalement antinomique, d’autant plus massive que chacun se voit gaiement caricaturé, confère à l’ensemble une réjouissante improbabilité passablement inspirée des substances alors en vogue. Impossible de s’ennuyer dans ce charivari constant, d’autant que les comédiens se montrent à la hauteur de la fantaisie ambiante. Toujours supérieurement élégante, la ravissante et très douée Stefanie Powers se voit ici particulièrement mise en valeurs, tandis que Mark baguenaude avec une partenaire occasionnelle très oubliable. L’énergie et l’humour de l’actrice se montrent ici particulièrement à-propos, mais aussi ses indéniables talents de danseuse. Tout au long de son parcours la série aura instillé des danses sexy aux moments les plus improbables, mais elle atteint ici un sommet avec le vertigineux numéro de go-go danseuse d’une April aux charmants atoursq. Un inoubliable déhanché. La présence des The Daily Flash contribue à agréablement insérer l’opus dans son époque. Mais avouons que la vedette revient au récital inouï de Vito Scotti en caricature survoltée et jouissive de Diabolical Mastermind. Entre surjeu absolu et apparence grotesque, le gaillard explose en permanence toutes les bornes connues du cabotinage frénétique et outrancier. Un moment unique, bien au-delà de la notion fadasse de mauvaise interprétation, : ici on aborde un ultime Ailleurs. La qualité transcendante de l’exploit évite toute lassitude, d’autant que les auteurs permettent à l’Artiste de varier ses effets : délire solitaire, explications du Maître Plan à des sbires au QI d’une bûche affublés d'un costume tyrolien ou prises de bec avec une Princesse elle aussi plus grande que la vie, on ne quitte jamais le plafond. Des bagarres à la chorégraphie indigente mais débordant d’un joyeux n’importe quoi, des péripéties en permanence absurdes et des décors de carton-pâte ou ruisselant d’un kitsch sans concession aucune au bon goût achèvent de propulser l’épisode dans les contrées les plus riantes du Nanarland.
20. LA FONTAINE DE JOUVENCE Sur l'île de Rejuvena, en Scandinavie, Mark et April enquêtent sur la Baronne Ingrid Blangstead. Celle-ci propose d'accéder à la miraculeuse Fontaine de Jouvence aux épouses des puissants de ce monde, qui en échange lui révéleront de précieux secrets. April se fait passer pour une cliente et découvre que la baronne a aussi le pouvoir de faire vieillir à volonté. Deuxième grande plume de la série après Richard Matheson (The Atlantis Affair), Robert Bloch imprime davantage sa marque que son illustre prédécesseur. Avec les variations d’âge portant le récit aux confins de l’horreur et une atmosphère parfois étonnement inquiétante pour la série, l’auteur de Psychose et disciple de Lovecraft ouvre une fenêtre en miniature sur son univers si troublant. Il développe une satire sociale également à peine feutrée sur les ravages de la course au jeunisme, déjà si présente durant les Sixties (avec quelques accointances avec l’eugénisme glacé d’adversaires clairement sous-entendus nazis). L’émouvant moment où le couple des Dao convient qu’il vaut mieux vieillir ensemble ne s’en montre que plus touchant, très proche de The Trade-Ins de la Twilight Zone. L’auteur n’en respecte pas moins la cahier des charges de The Girl from U.N.C.L.E., avec quelques scènes délirantes voyant Mark être jeté aux cochons ou April enfin connaître son premier véritable combat, lors d’un affrontement féminin tournant... au catch dans la boue ! La série continue à évoquer agréablement son époque, avec des tenues quasi psychédéliques (la garde robe d’April demeurant inépuisable) ou un studio de photographe anglais, jumeau de celui de L’oiseau qui en savait trop chez les Avengers. S’il connaît un léger ralentissement en milieu de parcours, le récit se voit soutenu par une interprétation de qualité et de facture plus traditionnelle qu’à l’accoutumée. Elle se voit dominée par l’étonnante présence de la sublime Gena Rowlands, parfaite en femme glaciale et dominatrice. A l’unisson de l’écriture de Bloch, sa cruauté froide et son élégance clinique la rende plus inquiétante que les joyeux hurluberlus habituels.
21. LE MYSTÈRE DES CARPATES Mother Magda, agent du T.H.R.U.S.H., planifie le remplacement des chefs d'état du monde entier par des sosies. Mark s'empare d'un enregistrement contenant les détails de la conspiration, mais s'en voit dépossédé. Lui et April doivent le récupérer au plus vite. La présence inopinée d’un couple de jeunes mariés va considérablement compliquer la tâche de nos amis. L’introduction des jeunes mariés s’avère une idée fort peu judicieuse, car de fait ils vont apporter avec eux l’humour souvent fort niais des sitcoms familiales de l’époque, irregardables aujourd’hui. Au lieu de la l’entrainante fantaisie coutumière, on renoue ici avec ces récits bêtifiant à qui mieux-mieux, avec des acteurs de plus eux-mêmes assez quelconques. Le duo formé entre Mark et la mariée résulte particulièrement fade, mais celui entre April et le nouvel époux bénéficie au-moins du charme malicieux et enjoué de Stefanie Powers, particulièrement précieux dans le marasme ambiant. L’intrigue se traine, guère soutenue par des antagonistes manquant de panache et de folie. Même si Jack Cassidy brille de sa grande classe naturelle, il ne semble guère concerné par les évènements. L’entrée en lice de sosies ne change guère la donne, puisque l’on sait en permanence qui est qui. Quelques moments divertissants heureusement surviennent, comme la femme de ménage remplaçant Waverly dans la fameuse salle aux ordinateurs inutiles ou l’explosive partie de golf (visblement sur un terrain improvisé). On apprécie également les moments inspirés, sur un ton mineur, des fameux cliffhangers de Batman 1966 voyant April et son associé sur le point de griller dans un toaster géant ou Mark et les autres jetés dans une immense soupière bouillante, avec les légumes. Le film montrant les personnalités visées (Lyndon B. Johnson, De Gaulle, Elizabeth II, Mao Tsé-toung, Nasser) évoque joliment l’époque.
22. COURSE DANS LA VALLÉE DE LA MORT Dans l'Ouest américain, des cristaux de Triterium sont découverts dans une mine d'or abandonnée. Ils peuvent servir à l'élaboration d'armes laser très puissantes. Par testament, la mine doit revenir à celle qui remportera une course à cheval exclusivement féminine se déroulant dans la Vallée de la Mort. April y participe, ainsi que Dolly X, agente du réseau criminel, mais aussi la mystérieuse Ladybug Byrd. Pendant ce temps Mark sympathise avec Packer Jo, une proche du propriétaire décédé. L'épisode aurait présenté un grand intérêt s'il s'était emparé des codes du Western pour les passer au Ripolin facétieux que l'on apprécie chez The Girl from U.N.C.L.E.. Hélas, c'est le contraire qui se produit, le scénario se limitant rapidement à une resucée assez paresseuse de poncifs du genre. Le tempo demeure bien lent pour un récit de course et trop entrecoupé par les digressions entre Mark et Packer Jo. La présence d'une concurrente mystère la désigne bien entendu d'entrée comme la gagnante in fine. C'est d'autant plus frustrant que la version de Western retenue se montre particulièrement datée et limitée, proche des aventures édulcorées du Lone Ranger. Par ailleurs on regrette beaucoup l'enfermement très fréquent de l'action dans un évident décor (horizon en peinture), alors que les paysages naturels se situent à deux pas des studios. Une série comme Au Cœur du Temps, également abonnée aux plateaux et aux inserts, avait su tourner en extérieurs dans des circonstances similaires.
23. DUCHESSE OU SALUTISTE Soyil Iriosan, un gangster de Chicago à la retraite est deuxième dans la succession du Baroquo, petit royaume méditerranée, dont l’économie est basée sur les jeux de casino. Il assassine le souverain en titre et vise désormais l'héritière, Stella, major de l’Armée du Salut résidant à Londres. Mark et April sont chargés de veiller sur elle et de la convaincre de revendiquer le trône. The Girl from U.N.C.L.E. pastiche ici joyeusement la série d’aventures Sixties, visant directement le modèle parfaitement incarné par le Saint. Damoiselle en détresse, adversaires pittoresques et violents, Riviera et casino, tel quel le scénario pourrait très aisément devenir l’un des exploits du célèbre Simon Templar. Bien entendu le traitement diffère, lui, largement, virant totalement à la comédie. La damoiselle devient une patronnesse hautement excentrique et vivant sa foi de manière joyeusement extravertie, tandis que la gangster devient lui aussi très improbable, entre passion pour le jazz expérimental (abominable) et tempérament haut en couleur. Sa bande de pieds nickelés vaut aussi le détour. Ce petit monde s’agite au long de gags visuels percutants et portés pour des acteurs vétérans spécialistes de la comédie débridée. La série parvient derechef à entremêler de manière dynamique des univers aussi divers que caricaturés avec le sourire : scientifique italien grotesque, gangsters archétypaux et Armée du Salut en Images d’Epinal gentiment sarcastiques. On apprécie particulièrement le dernier élément du cocktail, une parodie passablement délirante de Monaco vue comme une lilliputienne monarchie d’opérette, totalement inféodée au casino. Certaines plaisanteries touchent justes comme les armoiries entièrement composées d’outils de croupier ou le trône finalement disputé à la roulette. Si Noel Harrison demeure toujours aussi transparent, Stefanie Powers paye joliment de sa personne à l’unisson de la bonne humeur régnant. April se voit offrir quelque scènes d’action, même si évidemment aucun affrontement classique.
24. FAITES-LEUR UN PRIX Sous la direction du Pr. Pamplemousse et de Désirée d'Oeuf, une école de hauts fonctionnaires français lance une course de go-carts, destinée à servir d'exercice aux élèves. Soupçonnant un détournement d'argent Mark et April y participent. De fait la course sert à dissimuler l’attaque d’un fourgon. Comparativement aux recréations de pays opérées par The Girl from U.N.C.L.E., celles du Saint auraient largement mérité le Pullitzer pour leur véracité et la finesse de leur approche. Cette approche hautement fantaisiste et bariolée prendra ici toute sa dimension pour le public français, car c'est au tour de notre doux pays de passer à la moulinette. On s'amusera franchement de cette joyeuse caricature, au demeurant en rien hostile. Les Français représentés ici sont proches de ceux des albums d'Astérix, braillards et cocardiers, lestés de tous les ridicules propres aux poncifs coutumiers, mais demeurent foncièrement sympathiques et épicuriens. On explose tous les poncifs inimaginables en matière d'accents irrésistiblement caricaturaux, avec les spécialistes du genre que sont Marcel Hillaire et Nanette Fabray, en état de fusion. La toujours très à l'aise Stefanie Powers brille par sa maîtrise de notre accent et aussi quelques phrases en français dans le texte, parfaitement exécutées. On sort de l’épisode en ressentant qu’il fait bon vivre dans nos douces contrées. Malheureusement, au-delà du versant français, le reste de l'épisode se montre moins enthousiasmant. La série tente de créer un effet farfelu et dans l'air du temps en entremêlant les films de casse et de course, tous les deux alors en vogue. Mais cette fois la sauce ne prend pas, de la faute à un scénario trop émietté et frénétique, où tout le monde trahit tout le monde en permanence, virant à l'artificiel et au confus plutôt qu'à l'humoristique. De plus, d'abord distrayante, la course de karts devient rapidement irritante par le volume de décibels qu'elle génère, mais cela plaira sans doute aux amateurs de sports automobiles. On situe loin du charme de La chasse au trésor des Avengers, tourné avec davantage d’allant et d’extérieurs. Comme pratiquement à chaque opus, April se voit lestée de son amoureux de la semaine, avec ici Jean, un charmant jeune homme désarmant de candeur romantique et parfaitement anodin par ailleurs.
25. UNE FAMEUSE PARTIE DE POKER Un gangster est tué par son garde du corps, apparemment amnésique. Celui-ci appartient à une société spécialisée, dirigée par Sir Seabrook, un ancien camarade d'études de Waverly. Envoyés enquêter, Mark et April découvrent que Seabrook planifient de tuer de la sorte des bandits lors d'un important tournoi de poker, pour rafler la mise. L'intrigue de The Phi Beta Killer Affair manque réellement de consistance et de structure. On a réellement l'impression de se trouver face à un mini film à sketchs, avec un assemblage très lâche de scènes totalement dépariées et d'intérêt très inégal. On débute par la scène d'assassinat du gangster Big Julie établissant un amusant et farfelu parallèle avec les Ides de Mars. le tout dans un sauna aux allures de Sénat et des dialogues à l'avenant (Big Julie? Beware of Ida Martz !/Who's this ?/He's the bouncer at the Purple Forum. He says watch out for Ida Martz). On passe ensuite brusquement à un humour quasi troupier et guère pétillant autour des gardes du corps, puis à une boite de strip-tease, puis derechef à une partie de poker se voulant échevelée, etc. Pour rehausser son intérêt, l'opus peut néanmoins compter sur la présence et la personnalité hors normes de Victor Buono, un invité incontournable pour The Girl from U.N.C.L.E.. Il apporte sa saveur habituelle à l'antagoniste du jour, même si desservi par un évident maquillage destiné à le vieillir. Le grand acteur se voit relayé par deux dynamiques consœurs complètement déchainées, Barbara Nichols et Lynn Bari assurant le spectacle (il en va pareillement pour le simili strip-tease d'April). Seabrook n'en manque pas moins de caractérisation et d'écriture spécifique, on reste loin de la démesure du Roi Tut de Batman 1966 ou du Comte Manzeppi des Mystères de l’Ouest. Mark et April servent essentiellement à instaurer tant bien que mal un liant ente les différents plateaux.
26. LA MONTRE EXPLOSIVE Le T.H.R.U.S.H. a organisé un commando destiné à contrer U.N.C.L.E.. Mark s'infiltre mais est blessé à la jambe. Il dissimule un enregistrement dans une voiture. Le document est découvert par un certain Sydney, qui le met en vente. April le contacte, mais tous deux sont capturés par Kramer, chef du commando du T.H.R.U.S.H.. L’épisode devient rapidement le théâtre d’un étonnant retournement de la série. Après tant d’épisodes joyeusement farfelus et à l’absurde assumé, April et Mark se décident ici à vivre une très classique aventure. On découvre ici l’affrontement de deux réseaux, sur un mode très similaire aux séries standards de l’époque. A commencer par The Man from U.N.C.L.E., qui dépêche ici l’un de ses auteurs les plus populaires, Dean Hargrove. Tout se passe comme si le diffuseur, confronté au manque de succès de la série, tentait un ultime parti en en revenant aux fondamentaux. C’est ailleurs le chemin que suivra la série mère la saison prochaine, après une période plus fantaisiste. De nombreux fans reprochent d’ailleurs à The Girl from U.N.C.L.E. d’avoir, par son fiasco et sa tonalité, accéléré la chute de la série originelle.
27. THE U.N.C.L.E. SAMURAI AFFAIR Mark et April sont envoyés à Hawaii, sur les traces d'un criminel de guerre japonais, expert en sabre de samouraï. Sa sœur Sumata réside dans l'archipel. L'informateur local de nos héros est cependant assassiné. Il s'avère que Sumata n'est autre que le criminel grimé en femme et qu'il désire s’emparer d'un sous-marin. Mark et lui s'affrontent en duel. Après l’incartade de The Double-O-Nothing Affair, on en revient ici à du pur The Girl from U.N.C.L.E., avec le détournement farfelu du récit d’espionnage. On apprécie l’idée de s’emparer d’un sous-marin pour créer un casino clandestin, itinérant et indécelable. Mais on goûte encore davantage les perles émaillant comme de coutume le récit. Ainsi l’actrice igne Hasso, certainement douée par ailleurs, tente vaillamment de nous faire passer durant tout l’épisode son accent suédois à couper au couteau pour du japonais. On retrouve également le procédé bien connu des amateurs des New Avengers consistant à grimer un visage européen afin de le rendre asiatique. On atteint un summum quand Sumata se révèle être un homme et qu’une voix masculine double une actrice au corps toujours manifestement féminin. C’est tellement absude que l’on ne peut que franchement s‘amuser. Le manque de budget condamne aussi la mise à scène à se contenter d’un Hawaï en carton pate et inserts incorporés sans finesse aucune. Pour compenser le manque de scène d’action, on tente d’épicer la sauce avec des postures et des dialogues passablement grandiloquents entre le Mastermind et son second ne servant à rien en soi. On recycle également massivement, avec le décor de l’hacienda mexicaine de The Horns-of-the-Dilemma Affair réutilisé tel quel pour figurer une villa hawaïenne. Pourquoi pas ? Durant les quelques élémentaires bagarres subsistant, il demeure pénible de voir April se réfugier derrière les éléments de décor comme jadis Miss Vénus Smith. Il s’agit décidément d’une faiblesse de la série. Malgré ses moyens limités, l’opus parvient néanmoins à évoquer la douceur de vivre et hawaïenne et son époque, avec un groupe de jeune hippies sympathiques, dont l’adorable Angelique Pettyjohn, et un nouveau numéro de danse. Avec le recul et ces militaires d’un blanc immaculé, on songe quelque peu à Magnum. Stefanie Powers nos régale également de tenues de place fort agréables, mais la vedette revient à un Waverly n’échappant pas à la malédiction de la chemise hawaïenne.
28. LES OISEAUX DE LA MORT Des scientifiques se rendent en avion à un congrès. Parmi eux se trouve le Dr. Merek, inventeur d'un poison redoutable, pouvant être propagé par des oiseaux et causer de terribles dégâts. Mais le créateur de l’antidote est également à bord. Craignant que le premier n'assassine le second, April s'infiltre en tant qu’hôtesse de l'air, mais ignore qui est qui. Cet épisode au ras des pâquerettes (ou des marguerites) multiplie les contre-sens. Connaître à l’avance qui est l’assassin empêche d’emblée un Whodunit digne de ce nom de s’instituer, mais aussi de doter d’une tension dramatique le huis clos interminable constituant le cœur du récit, en inverse absolu du Nightmare at 20,000 Feet de La Quatrième Dimension. Ce tunnel verbeux n’est animé ni par une mise en scène totalement statique, ni par un quelconque suspense, ni par l’écriture des personnages. Ceux-ci, le plus souvent incarnées par des médiocres comédiens, manque de la fantaisie représentant le moteur premiers de la série, pour au contraire demeurer parfaitement quelconques (ou insupportables, comme la gamine en perpétuelle crise de nerfs). L’opus lorgne vaguement vers les films de catastrophe aérienne, mais demeure par trop insipide. On appréciera toutefois l’élégance de Stefanie Powers en tenue d’hôtesse de l’air, comme le témoignage sur les conditions de vol durant les années 60. Murray Matheson réalise une jolie performance en scientifique totalement dément sous son apparence charmante et raffinée, mais le cadre étriqué de l’intrigue l’empêche d’atteindre une véritable dimension.
29. THE KOOKY SPOOK AFFAIR Menacée, April va séjourner dans un manoir dont Mark vient d'hériter en Angleterre, en attendant de témoigner dans un procès contre M. Beaumont, chef du T.H.R.US.H. en Grande-Bretagne. Mais Mark est lui-même visé par Lady Bramwich et son fils, qui veulent l'assassiner pour à leur tour hériter de la demeure. Les amateurs des Avengers goûteront fort l’atmosphère britannique assez soignée caractérisant cet ultime opus. Pub emblématique, digne club de gentlemen abritant la quartier général anglais du T.H.R.US.H., manoir inévitablement hanté, inimitable climat londonien, accents savoureusement caricaturaux… Il ne manque pas un bouton de guêtre à l’épisode. L’interprétation se montre au diapason, avec notamment le tueur de l’organisation diabolique incarné par le sympathique acteur anglais John Orchard, qui fut le simili John Steed de Max la menace (Run, Robot, run). Erudit et élégamment sarcastique, Beaumont s’avère un adversaire élégant, doublé d’un digne gentleman. On s’amuse également en remarquant que le Bobby du jour est exactement le même que celui croisé lors de The Mother Muffin Affair. Par ailleurs la belle énergie des comédiens favorise grandement le vaudeville échevelé et teinté d’humour noir constituant le cœur du récit, L’assassin multi visages du T.H.R.U.S.H. ne cesse ainsi d’interférer avec les tentatives de meurtres menées par les membres pour le moins excentriques de la famille de Lady Bramwish, sur un ton quasi de Cartoon. Si on s’amuse franchement, on regrettera néanmoins la faible part de l’action impartie aux héros, leurs ennemis se neutralisant souvent eux-mêmes. Durant les quelques affrontements perdurant néanmoins, une nouvelle fois April se voit cantonnée à des comportements bien peu héroïques, s’appuyant totalement sur Mark. La série n’aura jamais su dépasser cette limitation. April brille toutefois une ultime fois par sa garde-robe, notamment un ensemble d’un jaune éclatant ultra 60’s, voire une tenue très proche d’un Emmapeeler. Ainsi s’achève l’épopée d’April Dancer, qui aura souvent su conjuguer pastiches de la série d'espionnage au délirant second degré et évocation de cette décennie si audacieuse que furent les Sixties.
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Présentation
The Man from U.N.C.L.E (Des agents très spéciaux, 1964-1968) fut un Spy Show américain à succès, reprenant plaisamment les caractéristiques de l’espionite de l’époque et louchant fort sur James Bond. Les deux agents d’élite de l’organisation internationale U.N.C.L.E (United Network Command for Law and Enforcement), Napoléon Solo et Illya Kuriakin , interprétés par Robert Vaughn et David McCallum, y luttaient vaillamment contre les diaboliques conspirations ourdies par le T.H.R.U.S.H. (Technological Hierarchy for the Removal of Undesirables and the Subjugation of Humanity, selon les romans dérivés), grâce à des gadgets de haute technologie. Au summum de la popularité de la série, lors de sa deuxième saison, le diffuseur NBC décida de lancer une série dérivée, pratique encore rare à l’époque. The Girl from U.N.C.L.E (Annie agent très spécial, 1966-1967) allait mettre en scène un nouveau duo d’agent, la belle et tonique April Dancer et son acolyte, le fidèle et valeureux Mark Slate. April Dancer (nom suggéré par Ian Fleming, l’héroïne devant initialement se nommer Cookie Fortune) était au préalable apparue dans un épisode de la série mère, The Moonglow Affair.(diffusé le 25 février 1966). April était alors interprétée par Mary Ann Mobley, Miss Amérique 1959, et Mark par Norman Fell. Diffusée à partir de septembre 1966 (coïncidant avec la saison 3 des Agents très spéciaux), la série va recruter Stefanie Powers et Noel Harrison pour ses rôles principaux, avec un Mark désormais rajeuni et Anglais, la Grande Bretagne étant à la mode à l’époque du Swinging London des Beatles et des Avengers, diffusés sur la concurrente ABC. Elle va développer une atmosphère plus glamour et fantaisiste, parfois aux lisières de la Science-fiction, ainsi que plus proche de l’avant-garde culturelle de l’époque, que The Man from U.N.C.L.E. Des liens forts existent néanmoins entre les deux productions : musique réorchestrée et visuel similaire pour le générique, cross-overs et présence du même supérieur, M. Waverly (Leo G. Carroll), bien avant l’Oscar Goldman de Super Jaimie et de L’homme qui valait trois milliards. Se rapprochant davantage des Avengers pour sa recherche d’une modernité, The Girl from U.N.C.L.E. demeure néanmoins au milieu du gué. April apparaît moins comme une femme d’action proche d’Emma Peel (voire de l’intrépide détective Honey West) que comme une spécialiste de l’infiltration, laissant les scènes de combat à son partenaire masculin et comptant uniquement sur son charme et ses gadgets. La relation entre Mark et April va aussi se monter moins savamment énigmatique qu’entre Steed et Mrs Peel, puisqu’il restera toujours clair qu’ils ne sont qu’amis et camarades d’aventure (nous sommes en Amérique, il ne saurait être question d’aller au-delà de très légers flirts). La série va connaître de nombreux produits dérivés (digests, comics, jouets, cinq romans) et des Guests marquants. Mais elle ne rencontrera guère de succès auprès d’un public familial déconcerté par sa tonalité se voulant avant-gardiste et des scénarios fantaisistes, voire parodiques, sous l’influence du très allumé Batman (1966-1968) créant alors l’évènement sur ABC. D’ailleurs la saison 3 de The Man fron U.N.C.L.E. subira également l’influence du Caped Crusader et du Boy Wonder, avant d’évoluer pout reconquérir son public. De son côté Stefanie Powers, malgré son talent et sa vivacité, ne dispose pas de toutes les cartes pour mettre en valeur un personnage ainsi bridé et avoisinant parfois les innombrables Damoiselles en détresse secourues par le célèbre Simon Templar, alias le Saint. La série, parfois honnie encore aujourd’hui par les amateurs de la série mère, ne trouve pas son public et doit jeter l’éponge au terme d’une unique saison de 29 épisodes. Annie Agent très spécial se regarde néanmoins aujourd’hui avec plaisir pour le charme évident de son interprète, ses gadgets divertissants, sa bonne humeur naïve mais communicative mais aussi pour la fenêtre ouverte sur la mode, la fantaisie et la vitalité des Sixties dans le vent. En France, Annie agent très spécial fut diffusée en 1969, sur la deuxième chaîne de l’ORTF. |