Saison 2 - Partie 2 17-B. The Ghost of Sorworth Place 18-B. Last Rites for a Dead Druid 20-A. I'll Never Leave You - Ever 20-B. There Aren't Anymore MacBanes 21-A. The Sins of the Fathers Date de diffusion : 01 décembre 1971 Scénario : Alvin Sapinsley, d 'après une nouvelle d'H. P. Lovecraft Mise en scène : Jack Laird Durée : 26’51’’ Résumé : A Boston, vers la fin du XIXème siècle, le jeune professeur d’art Richard Pickman est renvoyé d’une école accueillant les jeunes filles de la haute société. En effet il a présenté à celles-ci l’une de ses propres peintures, représentant une sinistre goule ans un cimetière, un sujet jugé inapproprié. L’une de ses élèves, Mavis Goldsmith, est néanmoins intriguée par le tableau et se décide à visiter l’atelier de Pickman en l’absence de celui-ci. Elle va y effectuer une terrifiante rencontre. Critique : Night Gallery s’attaque ici à un authentique défi, avec l’adaptation d’une des œuvres maîtresses de H.P. Lovecraft, emblématique de son style aussi bien que de son univers. Un évènement d’ailleurs souligné par un vibrant hommage au Maître de Providence lors du traditionnel prologue. La gageure se voit remportée haut la main grâce au talent de la transposition à l’écran écrite par Alvin Sapinsley, auteur vétéran dont la carrière remonte aux débuts de la télévision mais, qui écrivit surtout pour le genre policier. Il sait rendre croissant le suspense jusqu’à la révélation horrifique et crée judicieusement le personnage de Mavis Goldsmith, idéale pour servir de guide au spectateur lors de la découverte de l’univers cauchemardesque de Pickman et de ses peintures au si troublant réalisme. Par ailleurs il imprègne les dialogues entre Mavis et Pickman d’une indéniable poésie gothique, rendant parfaitement compte de la qualité littéraire de l’oeuvre originelle. Le passage de l’écrit au visuel se déroule également à la perfection, avec Jack laird effectuant sans doute sa meilleure mise en scène de l’anthologie et particulièrement suggestive. Les artistes et costumiers des Studios Universal apportent aussi une précieuse contribution, nous offrant une impeccable reconstitution d’époque, mais aussi et surtout une Créature authentiquement terrifiante, digne de ce que pouvait alors proposer le cinéma. Louise Sorel et Bradford Dillman effectuent de solides compositions, sans sombrer dans l’hyperbole. On peut regretter que le dénouement postérieur à l’action principale résulte quelque peu prévisible. Mais l’épisode compose un authentique chef d’œuvre doublé d’un bel hommage au pouvoir d’évocation de la peinture, en écho au sujet de l’anthologie elle-même. Anecdotes :
Date de diffusion : 01 décembre 1971 Scénario : Rod Serling, d’après une nouvelle d'Alice-Mary Schnirring Mise en scène : Jeff Corey Durée : 21’40’’ Résumé : Mark Benett est un faux medium, escroquant ses riches clients lors de pseudo séances de spiritisme montées par Joe Casey, spécialiste en effets spéciaux. Mais la tension monte dans le duo, d’autant que Benett a une liaison avec la femme de Casey, Angela. Casey meurt brusquement dans un accident de circulation. Benett et Angela vont tenter une monter une séance sans son secours, mais celle-ci va se révéler très surprenante. Critique : Après avoir connu les cimes avec Le Modèle de Pickman, le spectateur tombe ici de haut. Sans être désagréable, l’épisode reste très anodin. La chute en est ultra prévisible et le ton mélodramatique de la chute la rend pesante, surtout par rapport au manque d’intensité précédent. Le récit aurait put fonctionner si une ambiance réellement trouble et turpide s’était instaurée au sein du triangle amoureux, mais l’opus manque de temps pour cela, tandis que les comédiens se montrent aussi insipides que la mise en scène. Les amants ne sont d’ailleurs absolument pas coupables de la mort du mari, ce qui ne change rien au ton assez moralisateur de l’ensemble. L’épisode ne fait malheureusement que survoler ce qui aurait pu former un vrai sujet, l’évocation de trucages bien antérieurs à l’ère des images générées par ordinateur et formant aussi bien l’apanage des escrocs que celui du cinéma ou du music-hall. Anecdotes :
Date de diffusion : 01 décembre 1971 Scénario : Jack Laird Mise en scène : Jack Laird Durée : 1’05’’ Résumé : Quand une jolie blonde pénètre dans un ascenseur, tous les Messieurs présents ôtent leur chapeau. La Mort y entre à son tour, sous la forme d’un grand squelette portant lui aussi chapeau. Les Messieurs lui demandent alors de saluer la demoiselle, et Mister Death s’exécute… A sa manière. Critique : Certes toujours très peu substantielle, ce nouveau sketch comique se révèle plus amusante que la plupart de ces vignettes de Jack Laird visant à mettre en scène les figures horrifiques classiques de manière originale. La popularité des chapeaux masculins situe agréablement l’action dans le temps. La chute se révèle réellement inattendue et digne d’Halloween. Pour sa quasi première apparition à l’écran et dans un rôle muet, Deirdre Hall pétille déjà. Et puis avouons qu’il s’avère difficile de na pas songer à la représentation anthropomorphique de la Mort dont le regretté Terry Pratchett fit l’un des personnages les plus délectables et décalés de ses Annales du Disque-Monde. Anecdotes :
Date de diffusion : 08 décembre 1971 Scénario : Rod Serling, d'après une nouvelle d'H. P. Lovecraft Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 25’59’’ Résumé : A New York, dans les années 20, la jeune Agatha Howard rend visite au Dr. Juan Muñoz, ami de son père, avec lequel il avait tenté jadis de trouver un moyen de repousser la mort. Muñoz lui réserve un accueil cordial, mais Agatha remarque qu’un froid inhabituel règne chez son hôte, son appartement étant littéralement réfrigéré. Au fil de ses visites, Agatha finit par s’y habituer, mais reçoit une nuit un appel désespéré de Muñoz, dont la climatisation vient de tomber en panne. Elle va alors découvrir son terrible secret. Critique : Après Le Modèle de Pickman, la Galerie de Nuit incorpore un nouveau chef d’œuvre à l’occasion de cette adaptation tout à fait réussie d’Air froid, deuxième classique d’H. P. Lovecraft, auteur fondamental dont on ne soulignera jamais assez l’influence profonde qu’il exerce encore aujourd’hui sur les Littératures de l’Imaginaire (le lecteur français pourra retrouve er ces deux nouvelles et quelques autres textes formidables dans le recueil Je suis d’Ailleurs, paru dans la collection Présence du Futur, chez Denoël). Les deux nouvelles partagent la même idée d’une horreur dissimulée derrière la trompeuse normalité de notre monde et jouent avec une parfaite efficacité sur le moment où le voile se déchire, avec un impact aussi terrible pour le protagoniste que pour le public. L’épisode a la chance de réunir le meilleur duo d’auteur et réalisateur de l’anthologie avec Rod Serling et Jeannot Szwarc. Serling reconstitue à merveille la psychologie des personnages et sait instiller un mystère que l’on devine déjà horrifique autour de Muñoz, tout en jouant parallèlement sur la peur universelle de la mort. Que la seule porte de sortie soit celle proposée par le récit se montre d’une ironie dévastatrice. Celle-ci se ressent d’autant plus fortement qu’elle frappe de plein fouet la sympathique Agatha et son amour naissant pour Muñoz, Serling ne s’intéresse pas seulement au concept mais aussi aux ressentis de ses personnages, ce qui rend l’ensemble bien plus poignant pour le téléspectateur. L’aspect le plus profanatoire de l’histoire reste ainsi sans doute que Muñoz n’ait jamais abdiqué son humanité. Les images de Szwarc se montrent ingénieusement évocatrices, compte-tenu des moyens de l’anthologie, aidé par d’excellents comédiens. Le réalisateur se livre à tout un travail sur les couleurs, les lents déplacements de focus et sur les lentilles de caméra, suggérant toujours l’épouvante sans jamais la révéler pleinement, avant que l’heure ne soit venue. Anecdotes :
Date de diffusion : 08 décembre 1971 Scénario : Rod Serling, d'après une nouvelle de Basil Copper Mise en scène : John Badham Durée : 21’47’’ Résumé : L’usurier Sharsted se rend chez M. Gingold, afin de réclamer le recouvrement d’une créance. Tout en lui reprochant son avidité prédatrice, Gingold lui fait visiter sa belle collection d’œuvres d’art, dont une étrange caméra victorienne. Mais rien ne semble distraire Sharsted de sa rapacité, avant qu’il ne se trouve confronté à une capacité inattendue de la caméra. Critique : La première partie vaut par la beauté du décor de la collection de Gingold, décidément le savoir-faire et les magasins des Studios Universal auront été régulièrement sollicités avec bon heur par l’anthologie, ainsi que pour le face à face de deux épatants comédiens. Ross Martin parvient ainsi à dépasser l’obstacle d’une perruque digne des facéties d’Artemus Gordon afin de donner de l’intensité à son personnage, de même que René Auberjonois, loin de ses rôles humoristiques coutumiers, avec le sinistre et cynique Shasted. Le bel assemblage de la caméra victorienne suscite un agréable suspense, mais la révélation de son pouvoir déçoit. En effet, au-lieu de déboucher sur une conclusion choc, l’artefact ouvre une toute nouvelle séquence. Or celle-ci ne vient rien apporter de plus que lors de la découverte initiale, hormis quelques jolis effets d’image ourdis par John Badham et un discours très démonstratif sur le détestable métier d’usurier. Ce ton prêcheur finit par nous faire prendre en sympathie Sharsted (d’autant qu’il est patent que Gingold avait tous moyens de le rembourser), ce qui est certainement le contraire du but visé par ce récit d’abord intrigant avant de devenir moralisateur. Anecdotes :
Date de diffusion : 08 décembre 1971 Scénario : Jack Laird Mise en scène : Jeff Corey Durée : 1’48’’ Résumé : Dans un manoir gothique, Edgar Allan Poe rédige son poème Le Corbeau, sous le regard attentif d’un de ces oiseaux. Mais le corbeau est-il un simple spectateur ? Critique : Voici une vignette supplémentaire de Jack Laird, destinée à apporter un regard insolite et se voulant amusant sur les grandes figures de l’épouvante figure. Le manoir caricatural séduit dans les premiers instants du sketch, mais la chute tombe à plat tant elle reste prévisible, car, pour aussi absurde que paraisse la situation, la corbeau n’a tout simplement aucune autre raison d’être là que celle qui nous est révélée. On avouera également une gêne particulière à voir un écrivain essentiel, et non une simple figure fictive, passé à la moulinette de ces séquences dépourvues d’un réel intérêt et passablement irrévérencieuses. Anecdotes :
13-A. THE MESSIAH ON MOTT STREET Date de diffusion : 15 décembre 1971 Scénario : Rod Serling Mise en scène : Don Taylor Durée : 35’58’ Résumé : La veille de Noël, dans le ghetto juif du Lower East Side, le vieil Abraham Goldman est à l’agonie, malgré les bons soins du Dr. Levine. Il refuse d’être hospitalisé car cela serait abandonner à l’assistance publique Mikey, le petit-fils dont il a la charge. Tandis que par sa force de volonté, Abraham parvient à repousser une ultime fois l’Ange de la Mort, l’enfant part en quête du Messie dans les rues de New York, afin de sauver son grand-père. Critique : Diffusé le 15 décembre 1971, l’épisode sacrifie au rituel très américain des épisodes de Noël. On pourrait considérer d’un œil critique, voire cynique, le déferlement de bons sentiments qui l’anime du début à la fin, avec une conclusion d’ailleurs aussi prévisible qu’à contre-courant de la tonalité horrifique de l’anthologie. Et pourtant l’ensemble se montre irrésistiblement émouvant. Particulièrement inspiré, Rod Serling sait éviter le ton prêcheur sur lequel il achoppe parfois, évitant les tirades trop démonstratives pour au contraire privilégier l’émotion vraie de personnages dépeints avec beaucoup de saveur et d’empathie. L’auteur trouve un excellent relai chez ces comédiens, tous parfaits. On discerne une émotion particulière chez un Edward G. Robinson renouant avec ses racines judaïques à l’occasion de ce qui demeure quasiment son ultime rôle. Yaphet Kotto apparaît également particulièrement habité par son rôle aux deux visages. Tandis que l’opus s’offre le luxe de critiquer les faux visages mercantiles de Noël lors de la quête de Mikey, il sait conserver un certain mystère autour du miracle final. La mise en scène sait aérer le huis clos de la chambre de l’agonisant, tout en réussissant certaines scènes, comme l’apparition de la Mort sous forme d’ombres soudaines. Un épisode de Noël (ou d’Hanoucca) particulièrement réussi. Anecdotes :
Date de diffusion : 15 décembre 1971 Scénario : Gene Kearney, d'après une nouvelle de Donald Wandrei Mise en scène : Gene Kearney Durée : 13’40’’ Résumé : Pour maintenir sa petite Frank Standish a du prendre une associée, Mrs Moore, qui le révulse par sa vulgarité, son modernisme tapageur et son avidité. Mrs Moore finit par l’expulser, tout en méprisant l’une de ses amies, Ellen, venue lui confier un vieux miroir. Celui-ci s’avère s’ouvrir sur un monde préhistorique. Critique : L’épisode consacre de précieuses minutes à une exposition de la situation passablement laborieuse, de plus alourdie d’inserts redondants. L’action ne débute véritablement qu’avec l’arrivée du miroir fatidique, mais se montre dès lors bien plus détectable. Le récit utilise de manière astucieuse ce vaste thème de la magie des miroirs irrigant l’ensemble de la littérature fantastique anglo-saxonne, de Lewis Carroll à Terry Pratchett, tandis que l’effet spécial transformant le miroir en une porte donnant sur un autre monde résulte étonnamment réussi. Les inserts de films Universal représentant des dinosaures se montrent par contre antédiluviens, mais cela participe assez bien à la tonalité comique de l’ensemble. Il en va pareillement de l’humour noir d’une chute certes très prévisible, mais inversant cruellement la perspective entre le si adorable couple de vieilles gens et une Mrs Moore jouée avec énergie par Zsa Zsa Gabor. Un épisode léger, mais plaisant. Anecdotes :
Date de diffusion : 28 décembre 1971 Scénario : Rod Serling Mise en scène : John Meredyth Lucas Durée : 15’14’’ Résumé : Dans le futur, un père ne sait que faire de son fils né difforme et vivant de se fait très isolé. Dans un premier temps les autorités ne lui proposent que l’euthanasie, mais se ravisent en suggérant au jeune homme de participer à l’installation d’une colonie terrienne sur une planète où existe déjà une autre civilisation. Une grande surprise l’y attend. Critique : L’épisode souffre d’une trop grande proximité de thème et de déroulement avec l’un des plus classiques de The Twilight Zone : The Eye of the Beholder. Ceci se ressent d’autant plus douloureusement que la comparaison ne tourne certes pas en la faveur de ce remake inavoué écrit par un Rod Serling peut-être en mal d’inspiration En effet la chute, certes amusante et non dépourvue d’astuce, ne présente en aucun cas l’impact et la résonnance de la première version. Il en va pareillement de la mise en scène, même si l’emploi de décors et d’inserts de films donne à l’ensemble une agréable saveur typique de la Science-fiction alors en vogue. En effet, elle ne saurait rivaliser avec le chef d’œuvre claustrophobe du cauchemar en noir et blanc dans lequel nous immergea jadis La Quatrième Dimension. Il en va de même concernant un maquillage assez fauché, pour lequel le passage à la couleur s’avère bien cruel. Dans des circonstances similaires, une anthologie comme Au-delà du réel aura su idéalement tiré parti du monochrome. L’épisode bénéficie toutefois de bons comédiens, dont un Dana Andrews convaincant dans le rôle du père, et de la présentation glaciale d’une dystopie administrative déshumanisée, hélas seulement entrevue. Tel quel, il ne peut cependant constituer qu’un léger amuse-bouche. Anecdotes :
Date de diffusion : 28 décembre 1971 Scénario : Gerald Sanford, d'après une nouvelle de Penelope Wallace Mise en scène : Jeff Corey Durée : 21’21’’ Résumé : Après avoir traversé un étrange orage Ann Bolt parvient dans une maison très futuriste. Elle comprend progressivement qu’elle a fait un bond de 20 ans dans le futur et que le propriétaire des lieux n’est autre que son jeune fils, devenu adulte. Il lui révèle qu’elle va tuer son mari dans un accès de jalousie, puis se suicider. Ainsi avertie, Ann rentre chez elle. Critique : On devine que la nouvelle de Penelope Wallace se voulait une évocation du pouvoir aussi irrationnel qu’irrésistible que peut revêtir la jalousie. Le passage du texte à l’écran se perçoit néanmoins avant tout comme une histoire de voyage dans le temps intrigante dans un premier temps, puis tombant tout à fait à plat. L’histoire reste ainsi floue sur les divers déplacements temporels d’Ann, avec un premier développé sur un temps très long, puis un deuxième dont le modus operandi est par contre absent. Le récit se montre de plus particulièrement verbeux et tente maladroitement de faire passer l’absence de surprise finale comme constituant une surprise en soi. Le procédé manque trop de subtilité pour fonctionner et le jeu caricatural des comédiens n’améliore guère des attitudes manquant singulièrement de crédibilité (comme l’absence de surprise chez le fils voyant sa mère arriver du passé). Avoir choisi le même acteur pour jouer le fils et le père révèle trop vite le pot aux roses. Avec le recul demeure toutefois une vision irrésistiblement amusante des années 90 par les années 70 tant elle se révèle fausse et d’un kitch ultra disco. L’humour involontaire de cette histoire rétro-futuriste nous vaut ainsi quelques gags divertissants. Anecdotes :
Date de diffusion : 28 décembre 1971 Scénario : Robert Bloch, d'après une nouvelle d'August Derleth Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 13’05’’ Résumé : En Afrique noire, le Major Crosby mène l’enquête après que l’un de ses compatriotes, un ethnologue, sait inexplicablement disparu. Crosby s’intéresses aux agissements du redoutable shaman Logoda, qu’il soupçonne d’avoir assassiné l’Anglais. Logoda tire sa magie d’une collection de têtes réduites lui assurant un grand pouvoir, mais Crosby va recevoir l’aide inattendue de la jeune Kyro. Critique : On reste sceptique devant l’adaptation très littérale de la nouvelle de Derleth par l’habituellement supérieurement talentueux Robert Bloch car toute l’aura mystérieuse de la Darkest Africa résulte hors d’âge en 1971 (sans même parler de 2017). Nous sommes en effet à l’orée de la période Blaxploitation, c’est dire comme de l’eau a coulé sous les ponts. De ce fait out sonne creux et ne va pas sans clichés racistes opposant l’homme civilisé bon teint au sauvage fatalement fourbe et sanguinaire. Mais les situations, postures et dialogues s’avèrent tellement outrés et au premier degré que l’épisode expérimente ainsi l’heureuse fortune de virer franchement au pur Nanar. Il devient ainsi succulent au second degré, arborant fièrement plusieurs signes distinctifs relevant du Nanarland, comme une reconstitution fauchée aux blés de l’Afrique noire (panoramas californiens, décors minimalistes, tamtams et cris d’animaux enregistrés…) ou jeu mauvais jusqu’à susciter l’enthousiasme chez de nombreux seconds rôles, notamment Denise Nicholas (Kyro). D’ailleurs celle-ci prendra rapidement du galon, puisque, dès l’année suivante, elle deviendra la covedette féminine de l’inénarrable et grandiose Blacula (1972), féconde et cultissime intersection du Mythe de Dracula et de la Blaxpoitation . Le scénario est à l’avenant, ainsi quand Crosby s’avise de demander à Kyro à quoi rime au juste tout ceci, elle a cette majestueuse réponse, emblématique de tout un genre : « il vaut mieux pour vous que vous l’ignoriez ! ». Immense moment. Certes Jeannot Szwarc se souvient parfois qu’il est le meilleur réalisateur régulier de l’anthologie et nous propose alors des vues réellement inquiétantes des têtes réduites, tout comme il sait souligner l’humour narquois de la chute, mais ce n’est pas cela qui va nous gâcher la fête. Une léthargie bienheureuse reprend vite ses droits. Patrick Macnee demeure quasiment le seul à défendre son rôle avec talent et métier. Il est attendrissant de le voir recruté par les Américains pour jouer un Anglais aussi caricatural, tout comme avant Chapeau Melon. Hollywood en majesté. Premier authentique Nanar de l’anthologie, Logoda's Heads fera les délices d’un public averti et exigeant. Anecdotes :
Date de diffusion : 05 janvier 1972 Scénario : Rod Serling, d'après une nouvelle de R. C. Cook Mise en scène : John Badham Durée : 19’30’’ Résumé : Afin d’édifier une usine, le riche Michael J. Saunders veut à tout prix acheter la demeure de la charmante et âgée à Mrs Bowen. Mais celle-ci reste très attachée à la maison où s’est déroulée sa vie, et plus encore à son merveilleux jardin. Grâce à ses fameux « pouces verts », tout ce qu’elle y met en terre y pousse de manière surprenante. Dépité par son refus, Saunders envoie son homme de main régler la question, ce qui va susciter un authentique cauchemar. Critique : Pur récit d’épouvante, Green Fingers n’a d’autre ambition que d’effrayer son public, mais y parvient admirablement. Ce succès provient en premier lieu de l’admirable adaptation du texte originel par Rod Serling. Ainsi celui-ci impulse un train d’enfer à l’action dès après la scène d’introduction, propulsant littéralement dans l’horreur finale. Il n’hésite pas à créer de toutes pièces le personnage de Saunders, idéal pour dramatiser l’action. Celle-ci aurait partie de demeurer essentiellement introspective comme dans le format littéraire, du fait de la courte durée de l’épisode, qui aurait rendue malaisée l’installation de l’atmosphère. La mise en scène et l’interprétation se montrent également irréprochables. Serling a également la diabolique malice de préparer le terrain à la chute du récit, en heurtant déjà le spectateur par plusieurs confrontations de plus en plus transgressives : entre les deux protagonistes que tout oppose (et qui recréent une thématique de méfiance envers la modernité, souvent vue dans The Twilight Zone), puis entre la vie et la mort, entre la raison et la folie et même ntre les deux règnes, animal et végétal, pour couronner le processus. Il reste difficile de ne pas songer à quelques-unes des histoires les dérangeantes développées autour de Poison Ivy, comme le terrifiant House & Garden, dans le formidable dessin animé Batman The Animated Series. Anecdotes :
Date de diffusion : 05 janvier 1972 Scénario : Richard Matheson, d'après l'une de ses nouvelles Mise en scène : John Meredyth Lucas Durée : 14’25’’ Résumé : Entrepreneur funéraire de haut vol, mais passablement vénal, Morton Silkline accepte comme client l’étrange Ludwig Asper. Celui-ci lui demande d’organiser de grandes funérailles, sans regarder à la dépense. Avide, Silkline, accepte le marché, même quand il devine enfin qu’Asper est en fait un Vampire. Critique : L’épisode ne manque certes pas d’humour, reposant en grande partie sur l’épatant numéros des deux comédiens principaux, très à leur affaire et parfaitement en phase. Joe Flynn sait ainsi apporter toute une veine comique théâtrale au cupide Silkline, tandis que Walter Klemperer nous régale d’une préciosité entremêlée d’orgueil seyant fort au Vampire. Le duo apporte une savoureux pittoresque à la première et meilleure partie de l’opus, quand les dialogues nous révèlent aussi habilement que progressivement la véritable nature d’Asper. Evidemment on cabotine à qui mieux-mieux, mais avec talent et brio. Cela permet de compenser une mise en scène atone. Malheureusement, l’épisode tient mal la distance quand le déroulement de la cérémonie vire simplement à la farce pure. La procession des Monstres, Sorcières et Vampires dégage certes un humour bon enfant à l’Halloween, mais ne tient pas les promesses de l’intrigant préambule, d’autant que les nouveaux comédiens brillent moins. Si la chute résulte davantage astucieuse, la véritable déception suscitée par l’épisode reste bien qu’il est écrit par le grand Richard Matheson, qui nous a habitué à des intrigues allant bien au-delà d’une sympathique pochade. Dans la Galerie de Nuit, il s’était d’ailleurs révélé davantage percutant lors de Big Surprise. Anecdotes :
Date de diffusion : 05 janvier 1972 Scénario : Gerald Sanford & Garrie Bateson, d'après une nouvelle de Shamus Frazier Mise en scène : David Rawlins Durée : 16’03’’ Résumé : Joe et Kelly Bellman, un couple au bord du divorce, roule de nuit avant de s’arrêter dans un café isolé. L’endroit semble désert, tout en comportant un étrange jukebox répétant sans cesse la même chanson. Le tenancier apparaît alors et révèle aux Bellman que c’est l’air d’un couple de gangsters ayant connu un fin tragique en ces lieux. Mais il apparaît que c’est tout l’établissement qui est hanté. Critique : L’épisode souffre d’un travers marqué : de manière bien trop visible le couple Bellman n’est là que pour faire découvrir les lieux et leur histoire au public mais ne deviennent jamais réellement partie prenante de l’action. De manière caractéristique la chute ne les concerne en rien, ils n’y sont encore une fois que simples spectateurs. En définitive très classique, cette histoire de maison hantée manque donc d’incarnation et demeure par conséquent superficielle, d’autant que le couple défunt n’est dépeint qu’à travers quelques clichés vite survolés. Sur un thème finalement assez similaire, l’épisode La Soirée de Sadie Hawkins de Buffy contre les Vampires avait d’ailleurs judicieusement fait un choix rigoureusement opposé, en impliquant totalement Buffy et Angel. The Tune in Dan's Cafe se suit néanmoins avec intérêt grâce à l’inventivité de sa mise en scène. Celle-ci sait créer une atmosphère authentiquement étrange via une profusion d’effets visuels et sonores : angles biscornus, insertion ultra rapide d’images syncopées, ralentis très soignés, décor subtilement anxiogène, répétitions musicales, effets psychédéliques, etc. De fait, si l’exercice de style tourne quelque peu à vide, sa maestria formelle le rend réellement troublant par moments. Les acteurs apportent par ailleurs une précieuse humanité à leurs personnages schématiques. Anecdotes :
Date de diffusion : 12 janvier 1972 Scénario : Rod Serling Mise en scène : Jeff Corey Durée : 21’09’’ Résumé : Aigri et violent, le Capitaine Lindermann, patron d’un petit chalutier, est réputé avoir un cœur de pierre. L’impossible survient quand il découvre une sirène dans ses filets et en tombe amoureux. Le diseur de bonne aventure du village lui propose alors une potion, dont il affirme qu’elle peut donner des jambes à la sirène. Les effets du breuvage vont se révéler étonnants. Critique : Grâce à chute pétillante d‘humour noir, l’épisode propose une lecture plaisamment horrifique du vieux mythe de la sirène tel que popularisé par Hans Christian Andersen (et, depuis, par l’inévitable Disney), douze ans avant Splash. L’effet est réussi d’autant que la reconstitution du port en studio témoigne une nouvelle fois du savoir-faire des Studios Universal mis au service de la galerie de Nuit. De plus la sirène dégage une véritable impression d’étrangeté, heureusement davantage grâce à la mise en scène savamment biscornue que via un maquillage fatalement daté. L’ensemble apporte un véritable impact au retournement de situation final, même si celui ne demeure pas tout à fait imprévisible. Malheureusement l’épisode souffre d’avoir vieilli par ailleurs, du fait de dialogues trop élaborés pour ne pas en devenir théâtraux (notamment lors d’une scène de conclusion volontiers moralisatrice) et du jeu très déclamatoire des comédiens, à commencer par celui de Stuart Whitman. De manière caractéristique c’est finalement la jeune actrice incarnant la sirène qui s’en sort le mieux, alors que c’est elle qui a le moins de texte. Pour développer son idée de base, en soi assez circonscrite, la narration a également recours à une mise en place de la situation trop prolongée, ce qui met en relief ces défauts de manière fastidieuse. Salut, et encore merci pour le poisson. Anecdotes :
Date de diffusion : 12 janvier 1972 Scénario : Stanford Whitmore, d'après une nouvelle de Dulcie Gray Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 15’54’’ Résumé : La belle et égocentrique Sheila est courtisée par le riche et inquiétant Mallory. Mais elle en aime un autre et rompt quand Mallory lui offre en guise de cadeau une broche en forme de souris peu ragoutante. Il l’informa alors qu‘elle n’épousera jamais un autre homme que lui. Critique : Cet épisode détonne au sein de l’anthologie, en tournant le dos à ses points forts traditionnels ; En effet, loin d’être inattendue, la chute de cesse d’être lourdement annoncée, de manière particulièrement soulignée, tout au long d’une narration des plus bavardes. De fait on l’a devine dès l’apparition de la broche, bien trop sinistre pour ne pas en devenir prévisible ; la caméra de Jeannot Szwarc ne parvient pas à animer des scènes de dialogues interminables et figées au sein de décors bien davantage quelconques qu’à l’accoutumée. Quand l’horreur finit par poindre, l’effet s‘en voit alors gâché par une espèce de peluche résultant davantage grotesque qu’inquiétante (une faiblesse encore accentuée pour notre regard contemporain). Chacun des personnages résulte bien trop antipathiques pour que l’on s’y intéresse vraiment, y compris Sheila. Restent deux jolis numéros d’interprétation, ainsi que le charme de Sandra Locke, mais ce n’accroît que partiellement l’intérêt de cet opus ayant mal vieilli. Anecdotes :
Date de diffusion : 12 janvier 1972 Scénario : Jack Laird, d'après une nouvelle de Frank Sisk Mise en scène : Jeff Corey Durée : 12’36’’ Résumé : Un entrepreneur de pompes funèbres reçoit Cora Peddington, une femme énergique et particulièrement avare concernant les obsèques de son mari. Au cours de la conversation, il s’aperçoit que ce dernier était toutefois encore davantage pingre et détestable que son épouse. Critique : Outre son impeccable minutage, ce pur sketch d’humour noir et volontiers macabre repose quasi exclusivement sur le fabuleux abattage de Kim Hunter en forte femme que l’argent obsède, mais dont il s’avère finalement difficile de déterminer s’il s’agit d’une victime ou d’une cynique. Laird intègre parfaitement ce fait en se constituant en stand-up, où l’entrepreneur de pompes funèbres, pourtant pittoresque, n’est là que pour lui servir de confident. Tout en dégageant progressivement une vérité de plus en plus hors normes, le dialogue abonde en considérations avaricieuses d’autant plus piquantes qu’elles concernent un enterrement. Le spectateur né sous le signe d’Harpagon pourra y trouver comme un manuel des plus pratiques, le moment venu. La mise en scène du toujours habile Jeff Corey sait dynamiser le huis clos, tout en l’animant de nombreux gags visuels en phase avec cet étonnant entretien. La seule réserve concerne le public français, puisque la chute (au sens propre) sera quelque peu prévisible, tant on comprend vite que l’on se trouve face à une situation similaire à celle d’un des meilleurs films de Guitry, La Poison. Anecdotes :
Date de diffusion : 19 janvier 1972 Scénario : Rod Serling, d'après une nouvelle de C. B. Gilford Mise en scène : Ralph Senesky Durée : 21’19’’ Résumé : Joe Melcor a escroqué une entreprise en se faisant faussement passer pour un handicapé. Malgré la présence d’un enquêteur, il se rend dans une petite ville mexicaine, Camafeo, réputée pour ses miracles. Il pourra ainsi profiter pleinement de son argent, grâce à une nouvelle arnaque. Mais rien ne va se passer comme prévu. Critique : L’épisode apparaît comme un remake indirect de The Gift, lui-même l’un des opus les plus faibles de La Quatrième Dimension, Sur un mode certes légèrement plus nuancé, on y trouve ainsi la même vison d’un Mexique hors de l’Histoire, plongé dans un perpétuel sous-développement et le même obscurantisme religieux. Serling déploie des efforts si manifestes et si outrés pour que son histoire n’apparaisse pas empreinte de commisération que c’est évidemment l’effet inverse qui se produit. Par ailleurs le côté démonstratif de l’épisode et sa moralité si édifiante nuisent considérablement à son rythme. L’auteur délaye également avec tout un prologue théâtral et bavard au possible entre l’enquêteur er l’épouse de Melcor, relatant les faits antérieurs de manière très emberlificotée. Que la chute s’avère très prévisible et jouée avec un grand manque de naturel s’avère en définitive moins embarrassante que la naïveté de l’ensemble, Anecdotes :
17-B. THE GHOST OF SORWORTH PLACE Date de diffusion : 19 janvier 1972 Scénario : Alvin Sapinsley, d'après une nouvelle de Russell Kirk Mise en scène : Ralph Senesky Durée : 28’20’’ Résumé : En Ecosse, un touriste américain fait la connaissance d’Ann, veuve d’un noble dégénéré et en tombe amoureux. Il s’aperçoit que le manoir où elle réside est hanté par le défunt. Il va entreprendre de la protéger, mais Ann est-elle aussi charmante qu’elle le semble ? Critique : Evidemment l’épisode doit en permanence lutter contre l’incrédulité suscitée par le paysage californien censé représenter l’Ecosse, de même qu’une superbe demeure de Pasadena représente le moins crédible château des Highlands que l’on sans doute jamais vu à l’écran. Mais, hormis pour un pub rapidement entrevu, la mise en scène a le bon goût de ne pas sombrer dans la reconstitution de pacotille pour tenter d’y pallier. Bien au contraire la parfaite facture classique, de The Ghost of Sorworth Place lui apporte une indéniable élégance formelle. Celle-ci se voit mise au service de ce qui demeure avant tout un épisode d’atmosphère. La musique de Lalo Schiffrin apporte beaucoup çà cette ambiance particulière d’un temps suspendu, sur lequel plane une menace intangible, entre deux mondes. La narration échappe également aux clichés gothiques en se centrant sur un beau portrait de femme fatale, à la fois mystérieuse et ambivalente, victime et manipulatrice. Par sa subtilité d’une forte présence, le parfait casting de Jill Ireland apporte beaucoup au succès d’un épisode souffrant malheureusement d’une conclusion trop abrupte. Anecdotes :
Date de diffusion : 26 janvier 1972 Scénario : Rod Serling Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 27’08’’ Résumé : Au Far West le bandit et assassin Sam Dichter pénètre de nuit dans une petite ville et se rend au saloon. Il se rend compte qu’il reconnaît les personnes présentes, sans toutefois les connaître. D’autres étranges évènements surviennent, qui vont l’amener à découvrir une terrifiante réalité. Critique : L’épisode soufre d’apparaître comme un évident remake d’épisodes de La Quatrième Dimension, où des damnés étaient condamnés à revivre sans cesse les conditions de leur mort, dans une vision très psychologiste de l’Enfer. Cette énième version d’apporte rien de réellement nouveau et résulte prévisible dès la mise en place de la situation. C’est d’autant plus vrai que Rod Serling retombe ici dans péché mignon consistant à trop développer des dialogues prêcheurs et parfois lénifiants. L’épisode est de ce point de vue beaucoup trop long pour son bien, malgré les prestations convaincantes de comédiens rompus au Western, dont le solide Steve Forrest. Heureusement l’excellent réalisateur Jeannot Szwarc, aidé par une habile photographie, maintient un intérêt en reconstituant à la perfection l’atmosphère des grands Westerns classiques, un genre dont l’étoile comme à pâlir en ce début des Seventies. Anecdotes :
18-B. LAST RITES FOR A DEAD DRUID Date de diffusion : 26 janvier 1972 Scénario : Alvin Sapinsley Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 22’26’’ Résumé : Chez un antiquaire, Carol Lyndey découvre une antique statue ressemblant trait pour trait à son mari Bruce. Elle l’acète et Bruce, d’abord indifférent, devient de plus en plus fasciné par la statue. Celle-ci lui apparaît dans des cauchemars, où elle semble se précipiter vers lui dès qu’il détourne le regard. Il apprend que l’objet représente en fait un sorcier du temps jadis, peut-être l’un de ses ancêtres. Critique : Ce genre d’histoire d’objet ou endroit maudit exerçant une subjugation toujours plus marquée du protagoniste n’apparait certes pas original. Mais la version ici proposée se caractérise par une narration efficace. Ainsi le récit ne cherche pas à élucider trop en avant le parcours de la statue et la réalité du rapport entre Bruce et le sorcier, ce qui serait fastidieux et contreproductif, le mystère demeurant toujours le meilleur allié de l’effroi. L’auteur joue également du contraste établi entre un jeune couple sympathique et aux dialogues pleins d’humour (un ton volontairement très sitcom) et l’épouvante dégagée par l’artéfact, afin d’accroître l’impact des manifestations horrifiques de celui-ci. La mise en scène étonnamment élaborée de Jeannot Szwarc, jouant autant des formes que des couleurs, autorise d’ailleurs des moments réellement effrayants. Les amateurs de Doctor Who s’amuseront également des convergences parfois étonnantes existant entre la statue et les Anges pleureurs, l’une des plus grandes réussites de Steven Moffat. On regrettera toutefois que Bill Bixby très à l’aise, tout comme Carol Lynley, sur le registre de la comédie le soit clairement moins quand il s’agit d’incarner l’entité maléfique. Par ailleurs, la fin demeure confuse quant à ce qu’il advient en définitive à Jenny. Anecdotes :
Date de diffusion : 09 février 1972 Scénario : Rod Serling Mise en scène : Jeff Corey Durée : 28’19’’ Résumé : A l’époque victorienne le prestigieux chirurgien Dr. John Fletcher utilise des cadavres volés pour mener à bien ses cours de dissection. Il ferme les yeux quand ces rabatteurs lui amènent des gens manifestement assassinés, car il s’agit de gens issus de la plèbe, qu’il méprise. Mais la situation va bientôt lui échapper. Critique : L’épisode résulte comme très à part au sein de l’anthologie. En effet il est l’un des rares opus de l’anthologie à ne comporter aucun élément fantastique, de quelque nature que cela soit. Par ailleurs il ne s’appuie que marginalement sur la chute de son récit, très prévisible et basée sur une énorme coïncidence, qui plus est manquant de logique (pourquoi les tueurs se seraient-ils risqués à s’aventurer dans la haute société ?). Au contraire, le scénario joue habilement la carte du portrait psychologique, avec un tableau réellement de ce médecin que l’orgueil de sa propre virtuosité conduit à traduire tous ses serments. Ce personnage maudit s’inscrit dans une atmosphère adéquate glaciale et sinistre, d’ailleurs accompagnée d’une reconstitution historique de qualité. Cornel Wilde campe efficacement ce personnage à la fois abject et impressionnant d’autorité, mais ne peut que se réfugier dans la théâtralité pour assumer une conclusion rocambolesque. L’épisode aurait pu utilement aller jusqu’au bout de sa logique en en faisant l’économie, mais cela aurait sans doute résulté trop en rupture avec la charte de l’anthologie Anecdotes :
Date de diffusion : 09 février 1972 Scénario : Jack Laird, d'après une nouvelle d'Hal Dresner Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 14’01’’ Résumé : Frances Turchin vient se plaindre auprès de la police, car son mari ne cesse de lui dire qu’il va la tuer et de simuler l’évènement. Il espère que la nervosité de sa femme lui occasionnera un évènement fatal. Le policier en service va être considérablement impressionné par cette histoire. Critique : Les amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir se plairont à observer d’amusantes convergences entre ce récit et l’épisode particulièrement efficace qu’est Meurtres à épisodes. Les autres pourront s’amuser d’un véritable sketch, aux dialogues particulièrement réjouissants et variés. On débute ainsi sur un humour avant de passer à une charge caustique sur le mariage, de plus en plus teintée d’une misogynie assez mordante. Le ton totalement cynique de l’ensemble se montre souvent pétillant et nous vaut une chute réellement astucieuse, L’épisode capitalise également sur l’abattage et le métier de deux comédiens vétérans. Ceux-ci s’amusent visiblement beaucoup et n’hésitent pas à surjouer l’affaire à l’instar d’un sketch du Saturday Night Live, ce qui convient idéalement ici Anecdotes :
Date de diffusion : 09 février 1972 Scénario : Jack Laird, d'après une nouvelle de Jeffry Scott Mise en scène : Timothy Galfas Durée : 7’16’’ Résumé : Poursuivi de près par la police, le gangster Landau fait appel à un exportateur crapuleux, afin d’être envoyé discrètement en Argentine, contre 15 000 dollars. Son partenaire semble sûr de lui, affirmant avoir toujours respecté ce type de contrat. Et il a effectivement mis au point une martingale très originale. Critique : Ce très bref sketch brille par son humour noir, versant in fine dans le pur macabre lors d’une conclusion réellement énorme. En soit l’idée de base manque de réelle originalité, sous des formes variées elle a en effet utilisé dans plusieurs séries d’aventures des Sixties, dont Le Saint et Chapeau Melon et Bottes de Cuir dans Remontons le Temps. Si la mise en scène n’a guère l’occasion de briller lors de ce huis clos concis et très statique, les dialogues et le jeu pittoresque des comédiens induisent d’emblée un ton goguenard fort délectable. On devine d’emblée que le gangster assassin se met dans un fort mauvais pas, mais la menace sait rester totalement dissimulée jusqu’à la chute, un fort bel exercice de style. Anecdotes :
20-A. I'LL NEVER LEAVE YOU - EVER Date de diffusion : 16 février 1972 Scénario : Jack Laird, d'après une nouvelle de Rene Morris Mise en scène : Daniel Haller Durée : 26’32’’ Résumé : En Angleterre, au XIXe siècle, la fermière Moira a pris en horreur son époux, qui agonise longuement d’une maladie l’ayant privé d tout charme. Elle fait appel à une sourcière afin d’abréger la vie de son époux, d’autant qu’elle a pris un amant. Mais rien ne va se passer comme prévu. Critique : Jack Leard opte ici pour un surprenant virage à 180°. En effet il délaisse l’humour se voulant décalé qu’il projette le plus souvent sur l’épouvante gothique, pour en venir à l’expression la plus primale du genre. Si l’histoire ne comporte guère de surprise en soi, elle rejoint ainsi idéalement les thématiques des anciens films de la Hammer à son meilleur niveau, avec plusieurs figures archétypales, comme la femme fatale, la sorcière décatie où le mâle cynique et dominateur. Le grand mérite de I'll Never Leave You - Ever repose sur la parfaite cohérence de son propos. A travers le décor emblématique et sinistres à souhait, les dialogues et postures paroxystiques, le jeu ultra théâtralisé des acteurs, les maquillages effrayants ou la musique suggestive, l’épisode sait saisir toute l’essence d’un style. Grâce au gran savoir-faire de Daniel Haller, sa réussite est telle que sa conclusion pourtant des plus prévisibles, se montre réellement effrayante. Lois Nettleton exprime avec talent les diverses facettes de Moira, à la fois instigatrice d’un meurtre mais aussi victime du désir sexuel des hommes. Anecdotes :
20-B. THERE AREN'T ANYMORE MACBANES Date de diffusion : 16 février 1972 Scénario : Alvin Sapinsley, d'après une nouvelle de Stephen Hall Mise en scène : John Newland Durée : 23’07’’ Résumé : Le jeune Andrew MacBane se passionne pour la sorcellerie, ce qui le fait négliger ses études. Quand son oncle menace de le déshériter, il invoque un démon pour l’assassiner. Mais l’entité s’attaque ensuite aux amis d’Andrew, sans que celui-ci puisse l’en empêcher. Critique : La mise en bouche de l’épisode se montre prometteuse, avec une mise en place très rapide de la situation et l’instauration d’un vrai suspense autour du rapport d’Andrew à la magie noire : mythomanie ou véritable talent ? La mise en scène se montre efficace et la narration se voit soutenue par l’interprétation très intense de Joel Grey, idéale pour positionner le protagoniste à mi-chemin entre folie et don visionnaire. Malgré ses atours et sa coiffure si 70’s, les amateurs de Buffy contre les vampires s’amuseront en retrouvant le futur interprète de Doc, démon autrement blasé vis-à-vis de la sorcellerie. Malheureusement la seconde partie de l’intrigue en revient à des schémas narratifs beaucoup plus balisés, conduisant d ‘ailleurs à une conclusion ultra classique. Du plus le récit délaye durant toute une longue scène où Andrew rabâche tout ce que l’on a déjà appris ou compris, sans aucune plus-value autre qu’un drama familial superflu. Inquiétant quand il demeurait dissimulé, le démon devient grotesque quand il apparaît, l’anthologie trahissant ici son âge. Anecdotes :
Date de diffusion : 23 février 1972 Scénario : Halsted Welles, d'après une nouvelle de Christianna Brand Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 29’22’’ Résumé : Au Moyen-âge, dans une contrée ravagée par la peste, la famille d’un riche fermier décédé fait appel à un mangeur de péchés. Ce dernier est censé festoyer en compagnie du mort et ainsi avaler ses péchés afin qu’il aille au paradis. Mais le Mangeur de péchés est lui-même malade, et sa femme, tourmentée par la faim, envoie leur fils à sa place. Critique : Cet épisode se montre d’abord formellement impeccable, se structurant en tableaux médiévaux qui pourront, toutes proportions gardées, évoquer Le Retour de martin Guerre au public français, par sa description d’un Moyen-âge cruel, dépourvu de toutes enluminures. Le talent de Jeannot Szwarc et son sens aigu de l’image apportent beaucoup à l’impact visuel de ces différents scènes successives, de même que des plateau plateaux particlièrement suggestifs, qui seront réutilisés lors du tournage de I'll Never Leave You – Ever, cette saison. La distribution réalise également une formidable prestation, encore rehaussée par la présence d’une icône du film d’épouvante comme Barbara Steele, ici parfaitement dans son emploi dans le rôle de la veuve fortunée. Michael Dunn ase montre également étonnant en laquais, bien loin du plastronnant Loveless des Mystères de l’Ouest. Sa présence nous rappelle d’ailleurs que la dernière partie de sa carrière, durant les années 70 fut principalement dédiée aux films d’horreur. Mais c’est bien son propos qui distingue cet opus singulier, à la chute aussi sinistre qu’astucieuse. En effet il peut se lire à deux niveaux, sous l’optique traditionnelle des contes et légendes de nos terroirs mais aussi dépouillé de tout atour fantastique, en considérant qu’il ne s’agit ici que de superstitions archaïques. Dès lors il devient une condamnation à la force rare de l’aliénation sociale, conduisant les pauvres à abdiquer leur dignité pour survivre. Anecdotes :
21-B. YOU CAN'T GET HELP LIKE THAT ANYMORE Date de diffusion : 23 février 1972 Scénario : Rod Serling Mise en scène : Jeff Corey Durée : 20’20’’ Résumé : Dans un futur proche, une société commercialise des robots spécialisés dans les différents métiers de la domesticité. Mais certains clients fortunés se servent de la passivité de ce qui demeure à leurs yeux des objets pour pouvoir se défouler à leur encontre. Mais les robots apprennent progressivement des humains. Critique : Cet épisode apporte une tonalité commune à la première partie du même programme que constituait The Sins of the Fathers. Par des voies différentes, les deux segments condamnent en effet pareillement la tyrannie déshumanisante d’une société bâtie entre dominants et dominés et surplombée par l’argent comme vecteur de puissance. Ces deux discours se tiennent avec un stupéfiant tranchant pour un Network des années 70. Mais le fantastique aussi bien qu’ici la Science-fiction partagent la même vertu de pouvoir contourner bien ces censures les considérant comme des styles mineurs. Il en va de la Galerie de Nuit comme auparavant de la Quatrième dimension. Toute la première partie de You Can't Get Help Like évoque d’ailleurs clairement l’un des meilleurs opus de la précédente anthologie de Serling, The Trade-Ins, quand le vendeur présente les différents modèles de robots aux acheteurs. Toutefois si l’opus demeure visuellement très efficace, son propos devient malheureusement quelque peu caricatural, tant le couple des propriétaires de la servante se montre haïssable. Mais là aussi la réalité rattrape la fiction quand l’actualité nous montre des domestiques traités en esclaves, y compris avec violence. Le récit peut s’appuyer sur la composition très sensible Lana Wood dans le rôle de la martyre finissant par se rebiffer, car elle lui apporte la même sympathie qu’avait suscité la malheureuse Plenty des Diamants sont éternels. On regrettera par contre une conclusion bien trop soudaine et comme sortie de nulle part, qui affaiblit le propos global de l’épisode. Anecdotes :
Date de diffusion : 01 mars 1972 Scénario : Rod Serling, d'après une nouvelle d'Oscar Cook Mise en scène : Jeannot Szwarc Durée : 33’08’’ Résumé : Au XIXe siècle, Steven Macy est recruté comme régisseur d’une plantation de tabac, à Bornéo. Mais il prend le pays et son climat en horreur et se consume de désir pour l’épouse du propriétaire, Rhona Warwick. Il décide de faire appel à un malfrat local, qui propose d’occire le mari grâce à une méthode locale, un perce-oreille introduit dans le conduit auditif et progressant ensuite jusqu’au cerveau. Critique : L’épisode apparaît comme l’un des plus longs de l’anthologie et de fait souffre de plusieurs longueurs, notamment dans la mise en place de la situation, très délayée. Par ailleurs les dialogues résultent trop théâtraux, de même que certains effets de caméra, comme la lumière sans cesse accentuée sur le y eux de Macy, ou l’entendre hurler hors champ à deux reprises, au point d’évoquer certaines pages de la Rubrique-à-Brac de Gotlib. On an connu Jeannot Szwarc mieux inspiré, et il semble ici en partie butter sur la difficulté à rendre horrifique une menace en soi totalement invisible pour le téléspectateur. Il reçoit fort heureusement le soutien des acteurs, avec une Joanna Pettet toujours aussi convaincante pour cette nouvelle participation à l’anthologie, et surtout Laurence Harvey, dont la propre maladie insuffle un réalisme soudainement troublant aux tourments vécus par Macy. Le public français pourra également voir dans ce récit une version horrifique de la nouvelle de Maupassant, La Bête à Maît' Belhomme. Anecdotes :
Date de diffusion : 01 mars 1972 Scénario : Stanford Whitmore, d'après une nouvelle d'E.C. Tubb Mise en scène : Timothy Galfas Durée : 16’38’’ Résumé : La fille du Pr. Putman meurt, renversée par un chauffard. Putman sombre alors dans une profonde dépression, s’imaginant que sa fille est toujours vivante. Cela l’empêche de mener à bien son important travail au service du programme atomique de l’armée américaine. Un psychiatre est chargé de le guérir. Critique : Cette histoire apparaît singulière au sein de l’œuvre d’Edwin Charles Tubb, grand auteur britannique de Science-fiction le plus souvent attiré par les récits se déroulant dans un lointain futur (cycle de L’Aventurier des Etoiles) et non à l’époque contemporaine. Mais elle l’est aussi par sa structure narrative, qui résulte comme un empilement de scènes plus improbables les unes que les autres (immersion complète dans la folie interrompue au moindre incident, scènes de jeu avec la fille absente, collègue de Putman tout d’un coup clairvoyant sur son cas sans aucune raison, conclusion choc irréaliste…). Ce qui pourrait sembler rédhibitoire finit toutefois par conférer à l’ensemble une dimension de cauchemar éveillé impactant directement le spectateur. Il est à regretter que la mise en scène, trop sage, ne participe pas davantage à ce mouvement. Mais le talent et la sensibilité de William Windom rendent réellement troublantes les scènes où le père s’adresse à l’absente. Anecdotes :
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