L'Homme qui valait trois milliards Saison 3
La troisième saison de L’Homme qui valait trois milliards a été diffusée sur la chaine ABC les dimanches soirs à 20H00 à partir du 14 septembre 1975 jusqu’au 7 mars 1976, sauf rares exceptions. Cette troisième saison a pourtant bien failli ne pas voir le jour. Alors que la première saison avait connu un très bon taux d’audience avec 22.7 sur l’échelle d’audimat de Nielsen pour une 11ème place des programmes télévisés les plus regardés aux États-Unis, la seconde saison a chuté considérablement avec un taux d’audience de 17.1 pour terminer au 51ème rang. Il faut dire que la concurrence était bien plus féroce lors de cette année télévisuelle 1974-75. Programmées pour le vendredi soir, les aventures de l’homme bionique furent moins populaires que l’humour de la nouvelle sitcom Chico and the Man (inédit en France et au Québec) diffusée sur NBC et qui a terminée l’année télévisuelle en 3ème position des émissions les plus regardées avec un taux d’audience de 28.5. Et après la sitcom, NBC diffusait une nouvelle série policière bien connue: 200 dollars plus les frais, qui a terminé au 12ème rang avec un taux de 23.7. NBC dominait donc largement le créneau télévisuel du vendredi soir. La série semblait se diriger vers une fin prématurée, mais les producteurs et les diffuseurs ne voulurent pas renoncer sans se battre. Vers la mi-saison et après le congé des Fêtes, elle fut donc déplacée au dimanche soir opposée à Cher, une émission de variété animée par la célèbre chanteuse du même nom sur CBS, et Le Monde Merveilleux de Disney, la célèbre série d’anthologie pour enfants du célèbre producteur sur NBC. Certes, ces deux émissions ont terminé au-dessus du top 30, mais ont représenté une concurrence moindre. Cela dit, si la série remontait un peu au niveau de l’auditoire après ce changement, il n’y avait pas de quoi pavoiser et la rumeur de sa fin prochaine a vite couru dans les couloirs du studio Universal; les exécutifs étant prêts à y mettre la hache définitivement. Et c’est là qu’on en arrive au 16 mars 1975, date de diffusion de La Femme bionique 1ère partie. Tout comme la suite la semaine suivante, cet épisode a attiré un auditoire record pour la série (elle a été la 4ème émission la plus regardée dans tout le pays au moment de sa diffusion) et contre toute attente, a suscité de très nombreuses réactions de la part des fans et du public. La mort de Jaime Sommers à la fin de ce double-épisode a créé un tel émoi national, au point que les producteurs et les studios ont été littéralement bombardés de lettres critiquant leur manque de sensibilité, ou faisant état de leur incompréhension devant la mort d’un personnage avec lequel le public s’est attaché. Devant un tel engouement et considérant la faiblesse des pilotes potentiels pour de nouvelles séries à venir, les exécutifs du studio Universal ont donné le feu vert pour une troisième saison, mais avec une condition sine qua none: que Jaime Sommers soit de retour pour l’ouverture afin de profiter d’un démarrage optimal. Bien sûr, Harve Bennett et toute l’équipe de production étaient d’accord, mais comment faire revenir un personnage décédé, surtout quand cette mort fut décidée et imposée par ces mêmes exécutifs du studio pour des raisons de rentabilité? Heureusement, l’auteur Kenneth Johnson avait un peu prévu le coup. Revenant aux fondements de la première version de son script où Jaime Sommers n’était pas morte, mais sombrait dans le coma, il a décidé d’y intégrer certains éléments tirés d’un ancien script portant sur le domaine de la cryogénie, un nouveau domaine scientifique pour lequel il avait déjà fait des recherches préalables. À partir de là, Kenneth Johnson tenait le point de départ pour un nouveau script réussissant à justifier le retour de Jaime Sommers. Restait toutefois un autre problème de taille à combler: convaincre l’actrice Lindsay Wagner de reprendre le rôle de Jaime. Or, cette dernière n’était plus sous contrat avec Universal, qui a commis l’erreur de ne pas exercer son option de lui soumettre de nouvelles offres, et elle voulait profiter de cette liberté pour se consacrer davantage vers une carrière au cinéma. À ses yeux, Jaime Sommers n’a représenté qu’un rôle parmi tant d’autres et elle ne voyait aucun intérêt à revenir dans la peau de ce personnage à travers lequel au départ elle ne se reconnaissait pas. La possibilité d’une actrice remplaçante fut donc envisagée par le réseau ABC, mais cette suggestion n’a jamais été prise en considération par les producteurs. À leurs yeux, c’était Lindsay Wagner ou personne, surtout devant la colère des téléspectateurs dans leurs lettres qui ont fait part de leur affection pour l’actrice dans le rôle de Jaime. Afin de la convaincre de revenir incarner la femme bionique, la vice-présidente d’Universal de l’époque, Monique James, s’est mis en devoir de contacter l’agent de Lindsay, Ron Samuels. Coïncidemment et ironiquement, ce dernier était le mari de l’actrice Lynda Carter qui allait bientôt devenir la célèbre Wonder Woman dès 1976, soit l’autre super-héroïne de l’époque au petit écran avec Jaime Sommers. Habile négociateur, Ron Samuels est parvenu à convaincre sa cliente de revenir incarner Jaime dans un autre double-épisode pour 25 000 $ (pour 21 jours de tournage), soit plus que ce qu’elle n’avait jamais gagné en salaire lors des deux dernières années alors qu’elle était sous contrat. Mieux encore, Samuels a vite flairé la probabilité de la création d’une série parallèle mettant en vedette exclusivement les aventures de Jaime Sommers à courte échéance. Lorsque sous la suggestion du producteur Fred Silverman, cette probabilité est devenue réalité, Samuels a alors exigé pour sa cliente un accord de cinq ans pour un salaire annuel de plusieurs milliers de dollars, plus une option pour un téléfilm par an et un pourcentage sur les revenus futurs de la série (incluant les produits dérivés), baptisée Super Jaimie, et qui a débuté dès janvier 1976. Certes, Lindsay Wagner était toujours aussi réticente à l’idée d’incarner sur une base régulière la femme bionique, jusqu’à ce qu’un proche ami ait réussi à la convaincre qu’elle pouvait faire sienne du personnage en la modelant selon certains attributs qui lui tiennent à cœur. C’est ainsi qu’à la longue, Lindsay en viendra elle aussi à s’attacher à Jaime. Par contre, la possibilité d’une série mettant en vedette le pendant féminin de Steve Austin n’était pas du goût de Lee Majors. Ce dernier craignait de perdre une partie de sa célébrité acquise et que Lindsay lui fasse de l’ombre. Harve Bennett et Kenneth Johnson ont cependant tôt fait de le rassurer car non seulement les deux séries devaient avoir des styles divergents, mais avec assez d’éléments pour les rapprocher lors des épisodes-croisés (crossovers), toujours avec la possibilité de poursuivre la relation Steve-Jaime après le double-épisode sur sa « résurrection ». Kenneth Johnson fut d’ailleurs en quelque sorte récompensé pour la qualité de son travail. Suite au départ du producteur Joe L. Cramer, désireux de relever d’autres défis, Harve Bennett n’a pas hésité à confier ce poste crucial au créateur de Jaime Sommers. Réticent au départ, étant donné sa volonté de se consacrer plutôt à la réalisation pour accompagner son travail de scénariste, Johnson s’est laissé finalement convaincre par Bennett de devenir producteur de la troisième saison devant l’argument que c’est cette position qui permet un plus grand contrôle du contenu global d’une série télé que celle de réalisateur. La nomination de Kenneth Johnson aux côtés de Lionel E. Siegel à la production a cependant apporté un changement par rapport aux deux saisons précédentes. Plutôt que de produire tous les épisodes en tandem, les deux hommes se sont séparé la tâche en produisant chacun de leurs côtés un lot d’épisodes. À l’arrivée, Lionel E. Siegel en a produit onze et Kenneth Johnson neuf sur les 21 programmés pour la saison Trois. Largement occupé également par la mise en chantier et la production de Super Jaimie, dont la diffusion était prévue pour janvier 1976, Johnson a confié la production d’un épisode, Tanya, au producteur associé Arnold F. Turner. Les auspices s’annonçaient donc plus que favorables à l’aube de cette troisième saison. Mais un malheur a frappé toute l’équipe avant la fin de la post-production, lorsque le compositeur de la série Oliver Nelson mourût prématurément d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans, alors qu’il n’avait pas terminé la composition musicale des derniers épisodes. Il a alors fallu en urgence trouver des remplaçants capables de respecter le style unique et la signature musicale qu’il a su implanter depuis ses débuts en 1974. Nous y reviendrons. Le 31 août et le 7 septembre 1975, les reprises du double-épisode La Femme bionique étaient diffusées sur les ondes d’ABC. Vers la fin de la seconde partie, la voix d’un annonceur prévint les téléspectateurs du retour de Jaime Sommers pour la semaine suivante. Les dés étaient donc jetés pour le lancement de cette troisième saison, tandis que des fans impatients et un nouveau public ayant découvert la série grâce à Jaime allaient enfin voir une partie de leurs vœux exaucés. 1. LE RETOUR DE LA FEMME BIONIQUE - 1RE PARTIE Résumé : Sérieusement blessé aux jambes au cours d’une mission, Steve Austin est rapatrié très rapidement vers la clinique spéciale de Rudy Wells afin d’y être soigné. Ses jambes réparées, Steve commence une période de réhabilitation, mais il est également persuadé d’avoir aperçu la femme qu’il aime, Jaime Sommers, toujours en vie dans une des chambres de la clinique. Ne pouvant finalement plus cacher la vérité, Oscar et Rudy avouent à Steve que Jaime est bel et bien vivante, sauvée grâce aux découvertes récentes dans le domaine cryogénique d’un des jeunes adjoints de Rudy Wells, le docteur Michael Marchetti. Steve a été maintenu dans l’ignorance afin de ne pas avoir de faux espoir; Jaime ayant été longtemps dans le coma et ne s’étant réveillée que tout récemment. Pire encore, lorsque Steve va rendre visite à Jaime, cette dernière ne le reconnaît plus, et n’a aucun souvenir de son amour pour lui. Le cœur momentanément brisé, Steve accepte néanmoins d’aider Jaime dans sa réhabilitation et à redécouvrir son existence. Critique : Attendue avec impatience, ce Retour de la femme bionique constitue finalement un très bon démarrage alors que la chimie entre Lee Majors et Lindsay Wagner opère à nouveau à l’écran, malgré l’amnésie qui affecte Jaime Sommers. L’auteur Kenneth Johnson a donc réussi à éviter la plupart des écueils qu’incombe l’écriture d’une suite d’un scénario à succès, surtout dans la manière de ramener au petit écran un protagoniste important censément décédé. La réussite de cette suite repose étrangement sur plusieurs sacrifices au plan du récit qui ont certes la qualité d’imposer davantage la personnalité à la fois forte et fragile de Jaime, en vue de l’éloigner progressivement de Steve. Blessée profondément en son âme et son corps, Jaime cherche à redécouvrir son existence, ce qui ne va pas sans souffrances. Mais elle n’hésite pas à aller de l’avant sans savoir où cela va l’amener, malgré la peur que cela lui procure. Ce faisant, l’histoire d’amour avec Steve s’avère progressivement mise de côté au profit d’une quête d’identité où Jaime cherche à se retrouver elle-même, tout comme Steve l’avait fait dans le pilote. À la différence que l’amnésie de Jaime complique les choses au point où sa quête risque d’être plus longue et parsemée d’embûches qui contribuent à la rendre encore plus attachante aux yeux du public. Ces choix scénaristiques de Kenneth Johnson ont aussi l’avantage d’éviter la répétition des recettes qui ont fonctionné dans La Femme bionique. Toutefois, si ces sacrifices pris par l’auteur lui permettent de marquer des points, notamment dans la dimension psychologique apportée au personnage de Jaime, ils en atténuent de beaucoup la puissance émotionnelle par rapport au premier double-épisode. De plus, la prémisse de base entourant la résurrection de Jaime et sa mise au secret par Oscar Goldman et Rudy Wells afin de ne pas affecter les sentiments de Steve, fourmille de contorsions à la logique et soulève des questions laissées sans réponse: qu’en est-il des funérailles de Jaime qui semblent n’avoir jamais eu lieu puisque personne n’en fait mention? À quoi servent les précautions de mettre Jaime au secret si Steve peut s’apercevoir aussi facilement de sa présence au centre de recherches de Rudy? Et malgré la tension narrative que cet élément apporte, n’est-ce pas un grave manque à la déontologie médicale que le docteur Marchetti encourage indirectement les sentiments de Jaime envers lui alors qu’elle est sa patiente? Ces défauts n’empêchent pas cette première partie d’être de bonne qualité, mais il n’y a rien de surprenant à ce que l’ensemble soit quelque peu inférieur à La Femme bionique. Ce constat restera le même pour la seconde partie, pour des raisons quelques peu différentes, mais ce n’est pas dénigrer l’ensemble qui est de bonne facture. Anecdotes :
-Steve (en chaise roulante): Tell me something... And I want it straight... will I ever be able to run sixty miles per hour again? -Rudy: (riant) Sure you will - eventually - but not for a while, and even then, not very far. Listen... I know you, so don't push it, do you hear?
-Steve (menaçant Oscar et Rudy au sujet de Jaime): You've got five seconds to tell me what's going on, or I'm gonna start using this Bionic arm you two gave me and throw you both through these walls!
-Jaime (qui résume son sentiment sur son amnésie): Steve, sometimes I feel like I'm just on the edge of remembering, and then it hurts and it's so frustrating cause I... It's driving me crazy, isn't there anything they can do? 2. LE RETOUR DE LA FEMME BIONIQUE - 2E PARTIE Résumé : Bien que toujours vivante grâce au docteur Marchetti, Jaime Sommers a perdu la mémoire et les seuls flashs de son passé ne riment qu’avec douleur et souffrance. Steve se rend donc avec elle à Ojai, afin d’espérer stimuler positivement sa mémoire. Mais la souffrance ne fait que grandir davantage, même pour Steve qui doit lui cacher son amour pour elle, tout en constatant que Jaime s’amourache de son sauveur, le docteur Marchetti. Toutefois, Jaime demande à Steve et Oscar de lui confier une mission afin de l’aider à aller de l’avant et à consacrer son esprit à autre chose que de chercher à retrouver la mémoire. Malheureusement, la mission échoue alors que les souvenirs de Jaime lui font croire à tort que Steve est en danger. Devant se rendre à l’évidence que sa présence éveille les souvenirs de Jaime et sont les causes de sa douleur, Steve prend la décision drastique de s’éloigner d’elle indéfiniment. Elle sera finalement transférée à l’autre clinique de Rudy Wells dans le Colorado en compagnie du docteur Marchetti. Critique : La première partie avait pris le temps de bien établir à travers le diagnostic d’amnésie de Jaime et la quête de ses souvenirs, les contours nuancés de sa personnalité. Dans cette deuxième partie cependant, les événements se précipitent dès le moment où elle arrive dans sa ville natale d’Ojai en compagnie de Steve, au même titre que s’éloigne la probabilité de raviver leur relation amoureuse. Le fait que Steve cache aux yeux de Jaime leur amour gravé sur l’arbre près de la rivière est à cet égard annonciateur de la conclusion à venir. Ce qui est frappant dans cette seconde partie, c’est le sens de l’initiative de Jaime, qui n’hésite pas à prendre des risques en dépit des souffrances qu’ils peuvent potentiellement lui apporter, notamment au plan des souvenirs qui lui reviennent par bribes et de manière nébuleuse. Cela commence par le fait qu’elle décide par elle-même de s’éloigner du ranch de Steve pour aller à Ojai sans lui, malgré les conseils de prudence de Rudy Wells et Michael Marchetti. Ce sens de l’initiative se comprend mieux lorsque Jaime déclare à Steve à quel point les souvenirs du passé la font souffrir malgré sa volonté de retrouver la mémoire. Dans une scène poignante, elle lui demande de l’aider à aller de l’avant et de laisser derrière elle son passé. C’est aussi ce qui la motive à demander avec insistance à accomplir une mission pour Oscar, en dépit d’autres dangers auquel elle peut être confrontée. Tous ces éléments contribuent à rehausser la puissance émotionnelle du récit qui faisait quelque peu défaut dans la première partie. Par contre, le suspense n’est pas aussi bien maintenu en comparaison de La Femme bionique. En effet, l’intrigue apparait vite plus prévisible car on n’a aucun mal à se douter que la présence à Ojai de Jaime va occasionner des problèmes afin de relancer le drame à point nommé, tout comme la mission dans laquelle elle est engagée avec Steve va mal tourner. Il manque en quelque sorte ce souci du détail d’apparence anodine qui prenait plus tard une importance inattendue qu’on retrouvait dans La Femme bionique. Comme quoi le scénariste et producteur Kenneth Johnson n’a pas eu la main aussi heureuse sur ce plan. La conclusion, bien qu’elle tombe sous le sens si on est le moindrement attentif, rachète cependant pas mal de défauts. En dépit de son amour pour Jaime, Steve accepte justement parce qu’il l’aime, de s’éloigner d’elle, de la laisser vivre sa vie, afin que la souffrance de ses souvenirs ne vienne plus affecter la suite de son existence. En somme, Steve a su écouter aussi bien sa tête que son cœur pour en arriver à cette décision. Cette habile conclusion permet également d’établir les premières fondations de Super Jaimie, et l’on n’a pas manqué de noter que les traits de caractère qui ont épousé le personnage de Jaime dans cette suite, ont servi également à poser les bases du style que cette série a adopté et qui l’a démarqué de l’Homme qui valait trois milliards. Jaime Sommers, malgré son statut d’agente secrète pour l’OSI, tout comme Steve, se révélera en fait quelqu’un qui se servira de ses pouvoirs bioniques davantage au service du bien commun et des personnes en difficulté que pour combattre des vilains de tout poil au cours de diverses missions. Ce qui ne fut pas pour déplaire à l’actrice Lindsay Wagner qui désirait cette orientation et qui l’a progressivement amené à aimer ce personnage qu’elle détestait initialement. Encore et toujours le côté humain qui prévaut sur celui surhumain! Anecdotes :
-Steve (voulant aider Jaime alors qu’ils sont à Ojai): Look, I understand. How can I help you? Jaime: Help me go forward. It just hurts too much to go back - and least for now. I... I think I have to leave Ojai and everything that went with it - just leave it behind. -Jaime (gravant un cœur avec ses ongles sur un arbre) : What every woman wants: a bionic fingernail.
-Jaime (au moment de quitter Steve vers la fin de l’épisode): I don't know what it is, but sometimes I look at you and I get a feeling like there's something more. Was there?
-Steve: I'm your friend, Jaime, always was, always will be. 3. LE PRIX DE LA LIBERTÉ Résumé : Un scientifique expert en explosif, Robert Meyer, a réussi avec l’aide de complices à dérober l’un des grands symboles de la révolution américaine: la Liberty Bell, alors que les États-Unis vont bientôt célébrer son bicentenaire. Ayant perdu son emploi au sein du programme spatial à la suite de coupures budgétaires et de problèmes de santé, Meyer exige du gouvernement 5 millions de dollars et un passage libre vers un pays n’ayant aucun accord d’extradition avec les États-Unis, en échange de la restitution de la célèbre cloche, qu’il a pris soin de piéger avec un engin explosif sophistiqué que lui seul peut désamorcer et qui explosera dans quelques heures. Présent sur les lieux au moment du vol qu’il n’a pu empêcher, Steve convainc Oscar de payer les 5 millions à Meyer, mais ce dernier meurt subitement d’une crise cardiaque. Dans une course contre la montre, Steve cherche à obtenir l’aide d’un ancien élève de Meyer qui se trouve en prison, Nils Lindstrom, afin de désamorcer la bombe en échange de sa liberté. Réticent au départ, Lindstrom finit par accepter avec la promesse que Steve l’assistera dans cette tâche colossale. Critique : Il est bien connu que les producteurs américains sont friands d’histoires destinées à raviver le patriotisme de leur pays par l’intermédiaire des symboles qui le représentent. Cet épisode portant sur l’enlèvement de la « Liberty Bell », que l’on peut d’ailleurs visiter à Philadelphie, s’inscrit donc dans cette catégorie. Cela ne surprend guère considérant la volonté d’Harve Bennett de façonner Steve Austin comme un héros américain traditionnel à l’ancienne. On pouvait donc craindre que cet épisode au titre évocateur ne verse dans un symbolisme dégoulinant. Les choses démarrent d’ailleurs mal avec la scène du vol de la précieuse cloche qui s’avère bien trop facile pour les voleurs pour être crédible. Heureusement, l’intrigue grimpe en qualité en multipliant les rebondissements pour déjouer les attentes du spectateur et diminuer de beaucoup le caractère patriotique sous-jacent. Certes, on reste dans l’invraisemblance, mais l’intérêt demeure soutenu par les personnages secondaires qui composent le récit, ainsi que leurs réactions et leurs agissements. C’est ainsi que l’on passe du vol de la « Liberty Bell », accompagné d’une demande de rançon en échange de sa restitution, vers la mort du chef des voleurs à cause d’une crise cardiaque au moment d’encaisser l’argent (de la fausse monnaie!), sans avoir pu stopper la bombe destinée à faire sauter la cloche. Comme si la tension n’était pas déjà assez forte, Kenneth Johnson, toujours au scénario, a eu l’idée d’imaginer que le seul homme pouvant la désamorcer est un prisonnier du nom de Lindstrom peu disposé à aider les autorités. Cette réticence reste récurrente pendant toute la deuxième moitié de l’épisode où Lindstrom travaille à désamorcer la bombe en dépit de la promesse de Steve de le gracier. Ajoutez à cela le fait que l’engin explosif est habilement piégé, et vous avez un épisode assez solide sur le plan du suspense. Il ne faut pas passer sous silence la performance de Chuck Connors dans le rôle de Lindstrom. Habitué aux rôles de durs, étant donné ses traits et sa grande taille, dans plusieurs films, majoritairement des westerns, ce dernier donne à son personnage une intensité pertinente et naturelle qui fait que l’on croit à son comportement et à ses actions, autant que son expertise. Et à nouveau, cette intensité fait un joli contraste complémentaire avec la retenue dont Lee Majors nous a habitué dans le rôle de Steve Austin. En somme, si nous fermons les yeux sur les nombreuses incongruités du récit et son thème à saveur patriotique, il y a matière à trouver de la satisfaction dans cet épisode. Anecdotes :
-Meyer (à Steve lors des négociations): The American dream was like a beautiful balloon, Mr. Austin, but balloons have a way of bursting in your face and then there's nothing left but air. -Lindstrom: You know, maybe Meyer had the right idea putting America over a barrel. This country's given some people a raw deal. -Steve: Well, some people have given this country a raw deal. Nothing's perfect, Nils, this country's basically what we make it, nothing better, nothing worse. -Lindstrom (après avoir vu en action les pouvoirs bioniques de Steve): I don't understand you. With your strength and speed, you could have just beat it out of here, saved your own tail.
Steve: I wouldn't expect you to understand. 4. ESPIONNAGE EN MUSIQUE Résumé : Oscar Goldman est persuadé que le chanteur populaire John Perry profite de sa tournée pour vendre des informations classées top-secret à une cellule d’espionnage international. Malgré plusieurs éléments incriminants, Steve Austin se refuse à croire que John Perry, qui fut un ancien camarade de collège, soit un espion. C’est donc avec réticence qu’il accepte la mission d’accompagner le chanteur lors de sa tournée aux Philippines. Après d’heureuses retrouvailles, Steve réussit à convaincre John Perry de faire un détour par l’île de Guam sans lui avouer que c’est dans le but de tendre un piège aux membres de la cellule d’espionnage, et ainsi démasquer le mystérieux « courrier » qui leur vend ces secrets gouvernementaux. Critique : Comme dans la plupart des séries télévisées populaires, on retrouve des épisodes ayant des artistes invités issus de différents milieux afin de leur donner une autre visibilité, tout en faisant la promotion de leurs « œuvres ». Après George Foreman, ancien champion du monde poids lourds de boxe qui a fait une apparition dans l’épisode Le Sosie de la deuxième saison, c’est au tour d’un artiste issu de la musique populaire de venir honorer la série de sa présence, en l’occurrence le chanteur Sonny Bono dans le rôle de John Perry. Dès les premières minutes, on n’a aucun mal à découvrir que la mission de surveillance de Steve pendant la tournée du chanteur, n’est qu’un prétexte scénaristique convenable pour parsemer la narration de passages où Sonny Bono peut interpréter quelques-uns de ses plus grands succès. Tout comme il est aisé de deviner qu’il n’est pas l’espion qu’Oscar Goldman soupçonne d’être. Mais encore une fois, ce qui empêche de faire sombrer l’épisode dans la médiocrité, c’est son traitement léger et plein d’humour qui démontre bien que les auteurs n’ont pas du tout pris au sérieux cette faible histoire d’espionnage. La complicité amusante entre le chanteur et Lee Majors est présente dès leur premier échange, jusque dans le fait où, étant supposés être camarades de collège, les deux personnages s’amusent à se taquiner d’une façon bien particulière, au point ou parfois cet humour se perd dans la traduction française. Ce ton léger et aéré va même jusqu’à l’interprétation d’une chanson originale par Sonny Bono en concert, qui affirme qu’elle a été écrite par Steve Austin pendant son adolescence; rare moment de surprise dans cet épisode, mais qui est réussi quand on voit la surprise de Steve. En prime, la bagarre finale comporte un moment assez rigolo, alors que Steve soulève de sa main bionique John Perry afin de l’écarter de ses agresseurs. La scène ayant été présenté « à rebours » pour des raisons de commodités techniques, le visage plein de surprises de Sonny Bono au moment où il est soulevé n’en est que plus comique. Le plaisir palpable et contagieux entre les deux acteurs permet aux téléspectateurs de passer un agréable moment, d’autant plus que Sonny Bono semble avoir clairement passé du bon temps durant son passage dans la série. Espionnage en musique demeure donc divertissant sans être marquant par son ton de comédie, mais c’est visiblement assumé par les auteurs et toute l’équipe de production. Anecdotes :
-John Perry (présentant Steve lors du concert à l’île de Guam): We've got a little surprise for ya, we have a celebrity with us that I'd like to introduce now. He's not a performer, but his eh, TV show thrilled millions of people all over the world. I guess you won't recognize him here on Earth. But on the moon, he is the one and the only, the super astronaut Colonel Steve Austin, how 'bout a hand for him, folks? 5. L'ENFANT LOUP Résumé : Travaillant pour le compte d’un puissant homme d’affaires, Ishikawa, depuis son retour de la jungle, l’ancien soldat japonais Kuroda se voit chargé par son patron de se rendre sur l’île japonaise d’Hoyoko afin de rechercher un enfant qui vivrait parmi les loups, selon certains rapports ayant fait les manchettes. Kuroda accepte et demande à ce que seul Steve Austin l’accompagne dans cette expédition. Ce dernier a toutefois du mal à convaincre Oscar Goldman de partir au Japon, jusqu’à ce que Steve soumette l’hypothèse que cet enfant-loup pourrait bien être le fils disparu de l’ambassadeur Emmerson, tué avec son épouse dans la région il y a plusieurs années. Après le plaisir de leurs retrouvailles, Steve et Kuroda se rendent donc sur Hoyoko et n’ont aucun mal à retrouver l’enfant-loup, qui se trouve bien être le fils d’Emmerson. Mais le fait qu’il ait depuis très longtemps vécu dans les bois remet en question dans l’esprit de Steve et Kuroda son possible retour à la civilisation. De plus, Ishikawa ne semble pas avoir des intentions aussi généreuses à son égard puisqu’il a également chargé des hommes de main de tuer l’enfant-loup. Critique : Il est plutôt rare que la suite d’un épisode extraordinaire soit à la hauteur de son prédécesseur. Mais la scénariste Judy Burns est pourtant parvenue à faire aussi bien avec L’Enfant Loup en refusant de sombrer dans la facilité ou en s’abstenant de répéter la formule et les ingrédients qui avaient si bien fonctionnés dans Kamikaze. Dans les faits, L’Enfant Loup s’avère aussi bien une suite s’inscrivant dans la continuité de ce qui est advenu au personnage de l’ex-soldat japonais perdu dans la jungle Kuroda, qu’une histoire à part entière fondée également sur des événements réels, au sujet de l’existence d’un enfant disparu ayant grandi dans la nature sauvage loin du monde dit civilisé. La grande habileté de Judy Burns est d’avoir su conjuguer ces deux aspects dans son récit. En effet, Kuroda depuis son retour au Japon, a du mal à s’adapter aux réalités du monde dans lequel il vit et est mal à l’aise dans un emploi de gérant de magasin de chaussures; propriété d’un puissant homme d’affaires, Ishikawa. Lorsque ce dernier lui demande de partir dans l’île d’Hoyoko afin de rechercher l’enfant-loup afin de prouver son existence, Kuroda ne peut que s’enthousiasmer. Et cet enthousiasme se double par la présence à ses côtés de Steve Austin. À travers cette quête destinée à faire la lumière sur les raisons expliquant la présence de cet enfant-loup sur Hoyoko et qui permet de démasquer la fourberie d’Ishikawa, on se rend également compte à quel point Kuroda est dans son élément lorsqu’il est dans la nature. S’il a pu surmonter mentalement le fait que la guerre est terminée et que le Japon n’est plus cette puissance militaire qu’il a servie bien au-delà sans se sentir déshonorée, sa réinsertion au sein de la société japonaise moderne s’est avérée plus compliquée au point qu’il ne se sent plus chez lui. La rencontre avec l’enfant-loup sera pour Kuroda un révélateur qui confirmera ce qu’il a en fait toujours ressenti, ce qui donne beaucoup de substance à cette intrigue et la sort des sentiers battues des séries B d’aventures. Après avoir superbement incarné le fanatisme et la paranoïa du soldat japonais hors du temps depuis la fin de la dernière guerre, John Fujioka amène une belle sensibilité quelque peu fragile à son personnage de Kuroda dans cet épisode. Steve Austin, par son amitié développée depuis la fin de Kamikaze, témoigne également d’une belle empathie qui vient admirablement interagir avec la quête intérieure de Kuroda. Lui-même issu d’une petite ville de campagne, Steve est très bien placé pour comprendre son ami, et l’on n’est pas étonné de le voir chercher à convaincre Oscar Goldman de laisser Kuroda parrainer le jeune Emmerson dans la scène finale. D’une part, cela permet à l’ex-soldat de pouvoir vivre au sein d’un environnement familier dans lequel il se sent pleinement lui-même. D’autre part, en adoptant le jeune Emmerson, Kuroda permettra à l’enfant-loup d’apprendre à vivre progressivement dans un autre univers que celui dans lequel il a grandi sans se sentir perdu et privé de ses repères. Voilà un épisode qui démolit pas mal de belle façon les préjugés binaires sur la vision qu’on peut avoir entre la « nature sauvage » et le « monde civilisé ». L’Enfant loup est à nouveau un exemple que le recours subtil et crédible au thème récurrent qu’est l’humanisme donne à la série ses meilleurs épisodes. Anecdotes :
-Steve (lors de la scène finale): You know, Kuroda, you've been telling me how hard it is for you to adjust to city life. Imagine how hard it's gonna be for him. -Kuroda: You mean, Gary and I can go back, life in forest?
-Steve: For a few months. Then we'll see how it works out. 6. ESSAI MORTEL Résumé : Devant remplir son mandat annuel comme officier de réserve de l’armée de l’air, Steve Austin est chargé de remplacer le colonel Joe Gordon à la tête de l’école des pilotes d’essai de la base Edwards. Au cours d’un vol, le pilote israëlien David Levy perd le contrôle de son avion et doit s’éjecter d’urgence. Steve demande l’aide d’Oscar pour enquêter sur les circonstances du crash, car au moment de la perte de contrôle de David Levy, son œil bionique a eu des problèmes de fonctionnement. Selon Oscar, la cause du crash n’est pas accidentelle, mais provoquée par un puissant rayon tracteur paralysant les commandes électroniques de bord et que David Lévy n’était pas le pilote visé, mais plutôt le prince du Kutan, le major Aram Sakari. Ce dernier est effectivement la cible du premier ministre de son pays qui veut prendre le pouvoir, et il a engagé un certain docteur Winslow pour tuer le prince en maquillant sa mort en accident. Afin de pouvoir contrer définitivement les saboteurs, Steve décide de prendre secrètement la place du prince Sakari pour le prochain vol d’essai, au risque d’y laisser la vie. Critique : Bénéficiant à nouveau d’un accès privilégié à la base aérienne Edwards et à ses installations, toute l’équipe de production de la série a su en tirer parti pour concocter un épisode divertissant qui mélange aventure aérienne et suspense sur fond de géopolitique. Par son rythme et son contenu, on se croirait même par moment dans une adaptation au petit écran d’un récit des aventures de Buck Danny ou des Chevaliers du Ciel, Tanguy & Laverdure; créations du scénariste de BD Jean-Michel Charlier. Certains épisodes précédents nous avaient montré par moments Steve Austin aux commandes d’un avion. Mais avec Essai mortel, c’est la première fois que ses qualités d’aviateur sont mises à contribution, si on fait abstraction de l’épisode Reconstitution, où il était de retour aux commandes de la navette HL-10. Fait encore plus rare: c’est également la première fois que nous voyons Steve en position d’autorité en lien avec son grade militaire de colonel, et le fait qu’il ne soit pas au service de l’OSI et d’Oscar Goldman. Si l’intrigue contient évidemment sa part d’invraisemblances, elle est menée tambour battant en multipliant avec assez de cohérence plusieurs rebondissements. Réalisateur souvent attitré aux épisodes comportant des éléments d’aviation militaire, Christian I. Nyby II sait tirer profit des moyens à sa disposition pour insuffler la vigueur voulue à sa mise en scène qui devrait ravir les amateurs d’action. On a évidemment droit à quelques plans aériens tirés d’images d’archives, mais ils sont très bien intégrés et montés avec d’autres où l’on peut voir des avions en vol en même temps que les acteurs jouant leurs rôles. L’humour n’a pas non plus été ignoré dans l’écriture, comme en témoigne certains passages où Steve Austin et le commandant de l’école des pilotes d’essai, le colonel Joe Gordon, se livrent à quelques réparties colorées typiques du sud des États-Unis. Steve ne peut d’ailleurs résister à se servir de sa force bionique pour jouer un bon tour aux dépends du colonel Gordon, notamment lors d’une partie de bras-de-fer. Quant à l’aspect géopolitique, qui n’est pas sans rappeler la situation houleuse à l’époque au Moyen-Orient entre Israël et ses voisins après la guerre du Sinaï, il demeure certes survolé au détriment du mouvement d’ensemble. Ceci dit, l’humanisme qui a toujours prévalu dans la série a permis de faire place à un message pacifique nous rappelant qu’il ne faut pas se fier aux préjugés fondés sur l’historique des conflits. C’est ainsi que le jeune pilote israélien Sol Levy, victime malencontreuse du sabotage destiné au prince Sakari, en vient d’abord à suspecter ce dernier d’en être le responsable pour ensuite découvrir plus tard que c’est le prince qui est bel et bien visé, ce qui l’amène à se réconcilier avec lui. Essai mortel est un très bon exemple de 50 minutes qui se déroulent sans temps mort au compteur. Anecdotes :
-Prince Sakari (qui ne veut pas que Steve prenne sa place): I will not allow you to take my place in the air. I came here to fly! -Steve: That's right, but not to die.
-Commandant Gordon (à son retour de vacances vers la fin de l’épisode): Doggone it, Cowboy. Year in and year out, all I ever get is routine. Then you come down here for two weeks, I go on a vacation and what happens? Everything! You space cowboys have all the fun. Come on, jump in. No sense wearing out your feet. -Steve: Did you catch any fish?
-Commander Gordon: What do you think, marshmallow arm? 7. CIBLE DANS LE CIEL Résumé : Un agent de l’OSI est porté disparu peu de temps après avoir signalé la présence d’une installation clandestine comportant un lance-missiles dans un camp de bûcherons. Steve Austin s’y fait alors embaucher afin de le retrouver et confirmer ces informations. Si la patronne Kelly Wixted semble apprécier Steve, ce n’est pas le cas du contremaître Jeremy Burke qui a vite fait de le prendre en grippe et qui cherche à le faire renvoyer où à se débarrasser de lui. Steve découvre cependant une installation mobile, munie d’un système de lance-missiles, cachée dans une cabane isolée dans la forêt. Cette confirmation pousse Oscar Goldman et Steve à penser que quelqu’un de haut-placé a détourné cette installation dans le but d’abattre l’avion transportant les membres du cabinet présidentiel américain qui doit prochainement survoler la zone aérienne à proximité du camp des bûcherons. Critique : À chaque fois que Steve Austin est envoyé en mission par l’OSI et Oscar Goldman, les scénaristes tentent autant que possible de l’expédier dans un milieu différent, en particulier dans des endroits où l’acteur Lee Majors, au même titre que le héros qu’il incarne, puisse se fondre avec assez d’aisance. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver ici en tant que bûcheron au sein d’une entreprise de coupe d’arbres en forêt, lui qui semble très porté sur les travaux manuels et qui aime la campagne davantage que la ville. Ce qui passe un peu moins, c’est qu’on a bien du mal à croire à cette histoire de camp de bûcherons servant de couverture afin d’abattre l’avion présidentiel grâce à une installation de lance-missiles détournée par un fonctionnaire. Déjà le fait qu’une telle personne puisse détourner ainsi de l’armement militaire répertorié avec autant d’aisance s’avère peu crédible. Lorsqu’il est question de complot au cinéma et à la télévision, on a vu des plans bien moins compliqués et tout aussi habiles pour éliminer des politiciens américains de grande importance. La couleur locale apporte tout de même quelques rayons de soleil à cette histoire tirée par les cheveux. De voir Steve Austin évoluer dans un milieu qu’on a peu vu au petit écran offre au public une touche de pittoresque. L’humour, encore une fois, vient également relever l’ensemble, en particulier lorsque Steve dispute un « match » d’équilibre sur des rondins flottant sur la rivière avec le contremaître Jeremy Burke. On notera également que l’entreprise de draveurs pour lequel Steve travaille est dirigée par une femme, Kelly Wixted. Ce qui souligne encore la volonté des auteurs de la série de présenter des personnages féminins dans des postes de pouvoir, malgré le côté quelque peu paternaliste du héros. Il n’en demeure pas moins que Cible dans le ciel s’avère de qualité moyenne, en reprenant des formules éprouvées dans de meilleurs épisodes tout en usant d’invraisemblances qui ne passent cette fois pas la rampe. Anecdotes :
Steve Austin, Lumberjack était le premier titre envisagé pour cet épisode. -Steve: Could you use another hand? -Kelly Wixted: Are you kidding? If I had you around full time, I wouldn't need anybody else. -Oscar: You can have him part of the time, that's all. -Kelly Wixted: Well that's a whole lot better than nothing. -Steve (à Oscar): Well Oscar, you sure you don't wanna lumber along with us?
-Oscar: You're barking up the wrong tree, pal. 8. PASSE CROISÉE Résumé : Steve Austin rend visite à un ancien coéquipier d’une équipe de football collégial américain, Larry Bronco, qui fait actuellement carrière dans ce sport en tant que joueur-étoile d’un club professionnel. Mais un coéquipier aigri et jaloux, Bobby La Port, parvient à le faire kidnapper avec l’aide de quelques fiers-à-bras costauds. Leur intention est de priver l’équipe de la présence de Larry, ce qui aura une influence sur le pointage final. En effet, Bobby et ses complices ont l’intention de parier sur la différence de points au score afin d’amasser un gros pactole. C’est sans compter sur Steve qui retrouve leur trace et qui a bien l’intention de délivrer son ami Larry « en dominant la ligne de mêlée » face à ces mastodontes musclés. Critique : Il a déjà été fait mention de la passion de Lee Majors pour le football américain, qu’il a pratiqué au niveau collégial et universitaire au point où il a rêvé et caressé pour un temps d’en faire une carrière professionnelle. C’est dans ce contexte que l’acteur a fait savoir qu’il était intéressé à réaliser un épisode dont le sujet tourne précisément autour de ce sport très populaire aux États-Unis. Passe croisée, sans être un travail de commande, se veut donc une réponse affirmative des producteurs au vœu de la star de la série, qui s’est clairement fait plaisir aussi bien derrière la caméra que devant, sans forcer la note et en s’appuyant sur des bases plutôt réalistes. En plus de bénéficier de l’apport de vrais joueurs professionnels, Lee Majors a su tirer parti d’une intrigue simple afin de souligner le caractère stratégique particulier et l’importance du collectif dans l’accomplissement de ce sport et à sa manière de le pratiquer. Ce qui débute donc par une banale histoire d’enlèvement d’un joueur vedette se termine en un homérique match entre Steve et Larry Bronco contre Bobby La Port et les fiers-à-bras qui les tiennent prisonniers. La réalisation de l’acteur ne cherche pas à se casser la tête en multipliant les angles de caméra pour rendre l’épisode plus excitant que nécessaire. Conscient de ses limites, Lee Majors se concentre à bien illustrer son histoire avec clarté et tire parti d’un budget limité en se refusant à montrer des stock-shots de matchs de football. En fait, en se servant des règles du jeu pour planifier l’évasion de Steve et Larry lors du match final, le récit et la mise en scène en disent bien plus sur ce sport que le fait de montrer des images tirées de l’actualité sportive nord-américaine. Le public néophyte peut donc autant apprécier cet épisode à sa juste valeur que les connaisseurs. Mentionnons au passage les performances honorables des anciens joueurs Larry Csonka et Dick Butkus comme acteurs invités malgré leur faible expérience. Il faut dire qu’ils ne sont pas les premiers à réussir cette transition du football américain vers le jeu dramatique. Jim Brown, ancien joueur pour les Cleveland Browns, et Fred Williamson, qui a joué pour les Los Angeles Raiders et les Kansas City Chiefs, ont tous les deux connus à cette époque une carrière au cinéma et à la télévision plus que respectable en tant que comédiens, et ils sont d’ailleurs toujours actifs. Passe croisée est une preuve qu’un épisode peut être assez réussi sans pour autant être obligé d’être mémorable. Anecdotes :
-Larry Bronco (étonné par la « forme physique » de Steve): What are you doing to keep fit? -Steve: You think I'm looking flabby? -Larry: I'm not talking about how you look, I'm asking what kind of shape you're in; what's under your skin? -Steve: You'd be surprised.
-Steve (montrant à Larry leur moyen d’évasion): That truck, Larry, is our ticket to freedom. -Larry Bronco: Might as well be the moon.
-Steve: Yeah, well, I've been to the moon. It's not as far as you think, pal. 9. SUPER DUEL Résumé : Au grand désarroi de Steve, son alter ego bionique, le pilote automobile Barney Hiller, est réactivé sur ordre d’Oscar par Rudy Wells, afin de vérifier s’il est possible de redonner sans risques à tout être bionique leurs pouvoirs en cas d‘urgence après avoir été ramené à une vie normale. Devant l’incertitude concernant l’état mental de Barney, Steve est chargé de le tenir à l’œil. Mais lors d’un entrainement en vue d’une course automobile, le propriétaire de l’écurie Tom Shatley exprime sa grande déception concernant les médiocres performances de Barney derrière le volant. Dans un accès de colère, Barney frappe Tom avec l’un de ses bras bioniques et croit à tort qu’il l’a tué sur le coup. Pris de panique, Barney s’enfuit et se laisse convaincre par un ancien de l’OSI, Lester Burstyn, d’utiliser ses pouvoirs pour accomplir un vol d’importance. Le pilote bionique espère ainsi que l’argent volé pourra aider la veuve de Tom, mais Steve espère bien le retrouver pour lui dire la vérité avant qu’il ne fasse plus de bêtises. Pendant ce temps, Lester Burtsyn fait kidnapper Carla, l’épouse de Barney, afin d’avoir un moyen de pression sur lui. Critique : Alors que le retour de Kuroda s’est avéré une réussite à tous les niveaux grâce à un script de qualité qui a su renouveler avec adresse des éléments soulignés en première instance, on peut aisément dire que ce n’est pas le cas avec cette suite de Cinq cents millions de plus qui marque le retour de Barney (renommé Hiller pour éviter la confusion avec la sitcom Barney Miller), l’Homme de sept millions et alter ego de Steve Austin. Dès le départ, l’explication d’Oscar Goldman pour justifier aux yeux de Steve la réactivation des pouvoirs bioniques de Barney, apparaît plutôt boiteuse. Même s’il affirme qu’il s’agit d’un test destiné à savoir s’il est possible de réactiver leurs pouvoirs pour tout homme bionique en cas d’urgence, le coût déjà élevé accordé uniquement à la greffe de membres bioniques pour ceux et celles qui pourraient en avoir besoin rend cette explication bancale, du moins à court et à moyen terme. Et comme Barney est le seul candidat pour ce type de test, pourquoi quand même prendre le risque de réactiver ses pouvoirs suite à ses problèmes de comportement dans le récit précédent; problèmes dont on ignore s’ils sont résolus? Et le pire est encore à venir. Un peu plus tard, le vilain de l’histoire, Lester Burstyn, vient parler à Barney après un entraînement de course automobile. Ce dernier lui rétorque qu’il refuse de le suivre et qu’il a de la chance qu’il ne l’ait pas dénoncé à Oscar Goldman. Quid de la raison pouvant expliquer que Barney ne l’ait pas fait, ce qui lui aurait épargné bien des soucis? L’épisode n’offre aucune explication. De surcroit, cette réponse de Barney à Burstyn laisse sous-entendre qu’il est bien loin des débordements qui affectaient sa personnalité dans Cinq cents millions de plus où il était sur le point de perdre tout contrôle. Pourtant à peine quelques instants plus tard, il frappe presque mortellement son commanditaire dans un accès de colère. C’est à partir de ce moment-là qu’on décroche complètement, alors que le tiers de l’intrigue n’est pas terminé, car un tel décalage dans la personnalité du protagoniste n’est pas crédible. La suite de l’épisode est à l’avenant, au point ou même le second affrontement bionique entre Steve et Barney se révèle plus affligeant qu’excitant. Pour compléter le tout, les autres personnages secondaires manquent de chair et servent de faire-valoir, en particulier l’épouse de Barney, Carla Peterson, qui n’a pas grand-chose à faire ici à part se faire kidnapper, ce qui la rend moins essentielle que le rôle prépondérant qu’elle avait auparavant dans son rapport avec Barney. Passons également sur la conclusion, où Barney perd à nouveau ses pouvoirs bioniques sans qu’aucune justification claire ne soit donnée aux téléspectateurs. L’Enfant-loup avait réussi à être une suite de haut niveau grâce en particulier à la manière habile dont le récit permettait au personnage de Kuroda d’évoluer par rapport à Kamikaze. C’est tout le contraire avec Super Duel (au fait, on cherche encore où il y a un super duel dans cet épisode!) alors que le personnage de Barney est très mal conçu et dessiné par les auteurs en comparaison de Cinq cents millions de plus. Avec pour conséquence de rendre cette nouvelle aventure plutôt risible et franchement décevante à plus d’un titre. Anecdotes :
-Barney (à Steve après sa réactivation bionique): Hey, come on, now Steve, don't rush me. I've only got 48 hours to play Superman again, I wanna enjoy every minute.
-Lester Burstyn (qui constate que Barney n’est pas le seul homme bionique): You show amazing strength, Colonel Austin. Anyone who can hold his own with a bionic man.
-Steve: Well I keep in shape. 10. TRAFIC RADIOACTIF Résumé : Un agent de l’OSI est porté disparu peu de temps après avoir signalé un important trafic de microprocesseurs. Muni d’une nouvelle invention de Rudy Wells afin que sa main bionique soit capable de détecter les microprocesseurs en envoyant un flash bleu à son œil bionique, Steve se fait passer pour un débardeur sur les quais du port où l’agent disparu s’était infiltré. En plus de tenter discrètement de retrouver les puces informatiques et d’identifier les trafiquants, Steve doit aussi venir en aide à Ernest, le jeune fils de madame Cook qui l’héberge. Lorsqu’il appert que cette dernière a été témoin de l’enlèvement de l’agent de l’OSI avant sa disparition, les trafiquants n’hésitent pas à la kidnapper pour éviter qu’elle ne parle à la police. Ayant réussi à récupérer les microprocesseurs, Steve espère alors les marchander en échange de sa libération. Critique : Soyons beau joueur. Alors que nous en sommes déjà la troisième saison, il faut admettre que les auteurs déploient parfois des efforts inimaginables pour trouver quelques petits trésors d’imagination et des idées de mission pour Steve Austin, en respectant les limites de Lee Majors comme acteur. Rompu déjà, comme on a pu le voir, aux travaux physiques et manuels, voilà que cette fois on retrouve Steve dans la peau d’un débardeur afin de démasquer un réseau de trafiquants de microprocesseurs sur les quais d’un port. Certes, l’enjeu de cet épisode justifie la présence d’un agent de l’OSI comme Steve Austin, doté d’ailleurs d’un nouveau gadget bionique pour l’occasion (le détecteur de puces informatiques dans sa main et son bras droit bionique). Mais les auteurs étaient sans doute conscients des limites de leur récit pour tenir dans les 50 minutes imparties, car ils ont rajoutés une sous-intrigue impliquant la logeuse de Steve, madame Cook, une mère monoparentale qui semble avoir du mal à joindre les deux bouts, et son fils Ernest, triste devant le manque de moyens dont il dispose pour réparer son vélo brisé. La série étant devenu populaire auprès des jeunes, enfants inclus, l’inclusion de cette sous-intrigue n’est pas innocente et fait d’ailleurs appel aux bons sentiments lorsque Steve demande à Ernest d’avoir la foi et de croire aux miracles pour que son vélo soit réparé. On retrouve bien là le caractère conservateur à l’ancienne voulu par le producteur Harve Bennett, en même temps qu’un exemple où les jeunes peuvent voir leur héros accomplir un vœu en leur faveur afin d’entretenir une part de rêve et préserver leur innocence face aux misères de la vie courante. Heureusement, après que Steve se soit servi de son pouvoir bionique pour réparer le vélo d’Ernest à son insu, il informe ce dernier lors de la scène finale que le miracle qui a permis à son vélo de redevenir fonctionnel est dû à la « magie de la science », ce qui procure cette fois une tendresse un petit peu plus sincère qui permet justement au public jeune de se reconnaître en Ernest, aidé par Steve Austin, le « bon samaritain ». Pour le reste, on retrouve le même dosage tout juste équilibré entre humour et action que la plupart des épisodes de la série; assez pour qu’on le classe dans la catégorie moyennement plaisante. On notera d’ailleurs cette séquence où Steve se sert de son bras bionique pour lancer avec force de grandes boites lourdes au contremaître surpris et méfiant, alors que ce dernier cherchait à le mettre à l’épreuve. Et une autre où les vilains se montrent particulièrement naïfs lorsque Steve vient faire semblant de négocier la libération de madame Cook afin de les mettre en réalité hors d’état de nuire. De quoi nous faire encore sourire en coin. Anecdotes :
-Steve (avant de tenter d’aller sauver Madame Cook): Oscar hold off sending your men onto the docks. -Oscar: Listen, have you got the chips or haven't you? -Steve: Well, I do and I don't. You see I may have to use them to bargain with. -Oscar: What! Are you crazy?! -Steve: No, just worried. -Steve (au chef des trafiquants après avoir mis hors de combat tous ses hommes de main): I don't have time to give you another demonstration, I got a bicycle to fix. -Ernest (tout heureux de voir son vélo réparé): It was magic.
-Steve: Well, in a way you're right. It was the magic of science. You know, the kind of magic that sends man to the moon and things like that. 11. ALCOOL À BRÛLER Résumé : Deux agents de l’OSI sont morts victimes d’une morsure venimeuse d’un crotale dans la région de Morgantown en Georgie. Oscar est persuadé que leurs morts sont reliés à un trafic d’alcool de contrebande dans ce comté où le commerce y est interdit et qu’un fonctionnaire haut-placé de Washington assure la protection des trafiquants menés par un certain Bo Willis qui contrôle toute la région. Se faisant passer pour le représentant d’une faction rivale, Steve menace les hommes à la solde de Bo Willis de leur fermer boutique. Arrêté par le shérif complice des trafiquants, Steve s’évade à son insu, détruit une des distilleries clandestines, et fait capoter une vente d’alcool en laissant croire grâce à ses pouvoirs bioniques qu’un gang rival est venu tout saccager. Ces événements font venir sur place directement de Washington le mystérieux fonctionnaire haut-placé venu s’assurer que Bo Willis a toujours le contrôle de la situation. Pendant ce temps, les trafiquants cherchent à liquider Steve définitivement. Critique : Encore une autre mission où Steve Austin s’infiltre au sein d’un milieu rural afin cette fois de mettre fin à un trafic d’alcool frelaté et d‘en démasquer le commanditaire. À la différence des épisodes précédents, la couleur locale typique du sud des États-Unis, et l’équilibre entre l’humour et le sérieux qui épicent les nombreuses situations font de celui-ci l’un des plus truculents de la série. Pour arriver à cet équilibre, les auteurs ont choisi de faire passer Steve Austin pour un important homme de main d’une bande rivale désirant s’emparer du marché des trafiquants dirigés par Bo Willis. Comme on peut le voir sur la photo de l’épisode, le look de Steve pour se mettre dans la peau d’un gangster « sudiste » est assez réussi. Et même s’il frôle la caricature, le jeu naturel de Lee Majors lui donne un air décontracté fort convaincant qui fait que les trafiquants n’ont pas le choix de le prendre au sérieux sur ses supposées intentions. À l’inverse, on découvre que l’opposition face à Steve ne doit pas non plus être sous-estimée, surtout au moment où le shérif à la solde de Bo Willis met notre héros en prison sous un habile faux prétexte. Mais Steve sait se servir de cette situation à son avantage comme si cela faisait partie de son plan. À partir de là s’enchaîne une série d’événements où Steve se moque de ses adversaires, voire même les manipule à leur insu, ce qui soutire très souvent le sourire et le rire des spectateurs, le tout souligné d’ailleurs pas une musique aux accents country ironiques. Alcool à brûler réussit en quelque sorte à user d’une certaine distanciation pour rendre haut en couleurs un récit ayant un enjeu faible en apparence. En effet, le public connaît les pouvoirs bioniques de Steve, mais pas ses adversaires, et il faut voir leur ahurissement devant leur incompréhension sur ce qui leur arrive. Le moment le plus amusant survient lorsque Steve échappe à deux tentatives d’assassinat, dont une où il est censé être empoisonné par la morsure d’un crotale, et qui se sert ensuite de sa main bionique et de quelques morceaux de pierre pour reproduire le son d’un serpent à sonnettes afin de tenir en respect le shérif et son acolyte, alors que ces derniers croyaient s’être débarrassés de lui. Si on ferme les yeux sur quelques incongruités et surtout si on le regarde en version originale afin d’en savourer davantage le ton, cet épisode s’avère plutôt réjouissant. Ce qui compense largement le schéma répétitif de ce type de mission à laquelle Steve est impliqué. Anecdotes :
-Steve (qui a décelé le piège du shérif pour l’abattre): Better not try it. Willis might not like his number one boy getting blown up. -Shérif Weems: How did you know? -Steve: I saw it in a movie once. -Shérif Weems: But it's dark. -Steve: Yeah, it was dark in the movie, too.
-Steve (se faisant toujours passé pour un gangster): Well, I'm sure you heard what happened to the still and car and the tanker truck while I was in jail. -Charles Quinten: Yes. Sounds like you have an army behind you.
-Steve: Well, let's just say I got a strong right arm. 12. L'ÉVASION Résumé : Par amour pour une femme, le scientifique Leon Jackson a fait défection pour la Russie il y a plusieurs années. Depuis la mort de cette dernière, Leon Jackson veut maintenant revenir aux États-Unis avec son fils adolescent Alex. Ce dernier a cependant pris l’habitude de grandir sous le régime communiste et s’est lié d’amitié avec Boris, l’un de ses gardiens. Si bien que lorsque Steve Austin arrive pour faire évader son père, Alex montre beaucoup de réticence à obéir et à les suivre. Lorsque le chemin principal prévu pour franchir la frontière n’est plus envisageable car anticipé par les soldats ennemis, Steve doit trouver une autre voie de sortie. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, Steve doit également s’assurer qu’Alex ne commette aucun acte pouvant indiquer aux Russes leur emplacement, après que l’adolescent ait déjà commis un impair ayant rendu son père momentanément aveugle. Critique : Alors que des épisodes précédents avaient clairement illustrés l’esprit de « détente » des relations entre Steve et la Russie communiste, voilà que L’Évasion vient saborder tout cela en ramenant certains clichés des films d’espionnage situés dans le contexte de la Guerre Froide, alors que l’homme bionique doit aider un savant et son fils à passer à l’Ouest. Avec un point de départ sentant autant le déjà-vu, les chances que la suite soit tout aussi décevante sont élevées, et on peut hélas constater que c’est tristement le cas. D’entrée de jeu, on se demande comment Steve a pu entrer aussi facilement en Russie et atteindre la maison des Jackson sans être inquiété. Ensuite, le conflit opposant le scientifique et son fils ne convainc pas et manque de tension dramatique, en plus de rendre la suite de l’intrigue totalement prévisible, alors que Steve cherche à les aider à quitter la Russie pendant que Boris et ses hommes les pourchassent. Ce conflit père-fils aurait pu apporter la touche d’humanisme chère à la série, mais là aussi, les clichés abondent à cause d’un sentimentalisme artificiel. Comme en témoigne ce moment où le fils Alex se blâme d’être responsable de la cécité temporaire de son père après une attaque des hommes de Boris, où lorsque Steve donne des leçons de morale à Alex; un ton auquel le public et les fans ne sont pas habitués. En fait, tout sonne faux dans cet épisode. Les décors naturels ne ressemblent en rien à la Russie, tout comme Boris et ses hommes de main qui n’ont rien de Russes jusque dans leur accent. L’absence de suspense et une finale bâclée auquel on ne croit pas. Il est difficile de comprendre comment un tel script aussi pauvre ait pu passer la rampe des critères de sélection et d’acceptation des producteurs, tellement il ne reflète en rien la série jusqu’au point de dénaturer ce qui avait été bâti depuis les tout débuts. Hautement dispensable. Anecdotes :
-Steve (qui donne une rare leçon de morale à Leon Jackson et son fils Alex): Look, I don't know what's going on between you two, but if we're going to get out of here alive, we're all going to have to work together. You know Leon, you treat your son here like he's some kind of scientific wonder you've created, that you just order around, but you don't really talk to him, explain what you're doing, what you're feeling. He is your son. Do you know what a wonderful thing that is to have a son? And you Alex, you treat your father like he's the enemy. I don't know where your mother is, but you both sure could use her. -Steve (qui examine les yeux de Leon Jackson devenu temporairement aveugle): It looks like they're dilating like they're supposed to. -Leon: Colonel, you're no physician.
-Steve: No, but I've seen enough concussion-induced blindness to know what I'm talking about. 13. UN HOMME DE CONFIANCE Résumé : Le concierge de l’immeuble de l’OSI, Clark Templeton O’Flaherty, profite de son emploi pour vendre clandestinement à un réseau d’espionnage des documents classés « top-secret » qu’il a réussi à récupérer avant leur destruction. Grâce à un procédé inventé par Rudy Wells que seul l’œil bionique de Steve peut identifier, ce dernier n’a aucun mal à découvrir les malversations du concierge. Mais lorsque Steve le confronte à l’intérieur d’un appartement trop luxueux pour son salaire, O’Flaherty lui explique qu’il est en fait un agent de l’OGA, une organisation de contre-espionnage ultra-secrète qui a pour mission de démasquer les chefs du réseau à qui il vend les documents de l’OSI. Steve ne croit tout d’abord pas à l’histoire d’O’Flaherty, mais lui donne la chance de prouver sa loyauté en l’accompagnant dans la suite de sa « mission », en attendant qu’Oscar Goldman vérifie ses dires. Sauf que dans cette affaire d’espionnage, le mensonge et les faux-semblants font que les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être. Critique : Voilà une histoire classique d’espionnage si on peut dire, où Steve Austin y passe la majeure partie du temps à chercher à découvrir si O’Flaherty est un espion à la solde d’une puissance étrangère ou bien un agent travaillant pour une organisation américaine si opaque au point où l’OSI en ignore l’existence. Le début de récit a de quoi faire froncer les sourcils, car on se demande dans quelles circonstances Steve a pu devenir ami avec le concierge O’Flaherty avant de le soupçonner d’être un espion, et surtout la trop grande facilité avec laquelle O’Flaherty parvient à dérober des informations top secret au sein de l’OSI. La suite de l’intrigue se révèle inutilement nébuleuse à force de chercher à trop compliquer les situations pour maintenir le mystère entourant le personnage d’O’Flaherty. On a l’impression que les auteurs ont voulu imiter quelque peu le style de la série Mission: Impossible où les romans de l’auteur John Le Carré. En vain. Le suspense manque de tonus malgré la chute finale, et le récit est trop controuvé pour qu’on puisse pleinement y adhérer. En revanche, l’un des points forts de cet épisode se trouve dans la qualité de l’interprétation, en particulier celle de Louis Gossett Jr. dans le rôle d’O’Flaherty. En dépit de l’opacité de son personnage, il a su trouver le ton juste en lui conférant une allure décontractée qui ne manque parfois pas d’humour. Sans même forcer la note, l’acteur invité parvient même à effacer Lee Majors, au point où on a l’impression qu’il n’y a que lui à l’écran, ce qui est un phénomène assez rare dans la série. Mention honorable également à Louise Latham, qui incarne la cheffe du réseau d’espionnage ennemi qui a su très bien cacher son jeu, sans faire de jeu de mots. Somme toute, Un homme de confiance demeure un épisode moyen malgré qu’on y sent un potentiel qui aurait pu le hisser parmi les très bons de la série. La fin ouvre d’ailleurs la porte à la possibilité de faire revenir le personnage dans un épisode ultérieur, mais le scénario de ce « pilote » n’était finalement pas assez abouti pour convaincre les producteurs de poursuivre l’aventure avec l’agent O’Flaherty, en dépit de l’excellent travail de son interprète. Anecdotes :
-O'Flaherty (pointant son arme sur Steve lorsque démasqué): Well, old buddy, looks like I'm gonna have to find me a new handball partner. -Steve (juste avant de rencontrer les espions): You know, one mistake and we play handball again, and you're the ball.
-O'Flaherty: If it wasn't so dark you could see me shaking. 14. LE SOURIRE DU VAINQUEUR Résumé : Alors qu’il croyait se livrer à une mission de routine en allant chercher un savant spécialiste de la fusion à l’hydrogène, le docteur Losey, Steve Austin découvre que des agents ennemis tentent de le kidnapper chez lui. Après avoir sauvé le docteur Losey, Steve fait son rapport à Oscar qui est convaincu que des mouchards ont été installés dans son bureau, mais aucun micro n’est détecté après inspection. Comme seule la secrétaire d’Oscar, Peggy Callahan, était au courant de la mission de Steve, elle devient dès lors la principale suspecte. Lorsqu’elle surprend Steve en train de fouiller son appartement, elle ne supporte pas que sa loyauté soit remise en question et exige de passer au détecteur de mensonge. Elle réussit le test, mais les agents ennemis parviennent quand même à kidnapper le docteur Losey malgré que son lieu de travail était gardé secret. Steve se demande alors si la taupe au sein de l’OSI n’aurait pas un lien avec le nouveau petit-ami de Callahan, un dentiste du nom de Gene Finney. Critique : C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve dans cet épisode la secrétaire d’Oscar Goldman, Peggy Callahan, et son excellente interprète, Jennifer Darling. La spontanéité parfois naïve du personnage jumelée avec le talent d’improvisation de l’actrice constitue à nouveau l’essentiel de son charme contagieux qui rend cet épisode fort divertissant, voire très savoureux. Bien sûr, le script nous offre encore une histoire prenant à nouveau l’idée de la fuite inexplicable d’informations au sein de l’OSI comme point de départ. Mais cette fois, l’intrigue se montre un peu plus crédible et fertile en surprises bien ménagées par la mise en scène, magnifiées par la présence de Peggy Callahan dont le comportement et les réactions nous donnent droit à quelques situations comiques à la fois inattendues et réjouissantes. On se rappellera notamment que dans Vengeance, Callahan venait en aide à Steve, recherché pour meurtre. Cette fois-ci les rôles sont inversés quelque peu, alors que Callahan devient suspect no. 1. Ce n’est donc pas un hasard si cette inversion s’opère dans la scène où Callahan ne comprend pas que Steve fouille son logement et la suspecte, soit au même endroit où elle avait précédemment dans Vengeance accepté de venir en aide à Steve, blessé et pourchassé, cherchant un refuge. Même aigrie devant le fait que Steve et Oscar la suspecte, Callahan ne cesse de nous amuser. Au moment où elle passe un test de détecteur de mensonges à sa demande, elle n’hésite pas à livrer une réponse cinglante et directe à leur égard (voir Anecdotes), dont le ton jumelé à la voix particulière de l’actrice est propre à faire rire le spectateur. Qui plus est, les surprises dans l’intrigue sont propres à susciter auprès de Callahan des réactions assez drôles sans que le personnage ne verse dans le clownesque. Alors que la mise en scène détourne notre attention en nous laissant croire que le pendentif de Callahan donné en cadeau par son petit ami dissimule le micro permettant aux espions d’obtenir les informations voulues, voilà qu’on apprend par un détecteur de l’OSI qu’il s’agissait d’une fausse piste. Par intuition, Steve fait alors le rapprochement entre le fait que le petit ami en question est un dentiste et qu’il ait pu alors trafiquer un des plombages de Callahan. Malgré le refus de cette dernière de desserrer les lèvres pour être examinée, l’expression du visage de l’actrice Jennifer Darling, mélangeant à la fois la colère et la surprise de son personnage au moment où le détecteur décèle le micro caché au fond de sa bouche, vaut à elle seule tous les trophées. Cette naïveté de Callahan, trompée par son amoureux, ne la rabaisse pas au niveau d’une simple femme ingénue, bien au contraire. Sa capacité à réagir au moment présent et d’aller droit au but, même au risque d’apparaître casse-gueule, témoigne au contraire d’un certain courage et d’une intelligence vive qui en font plus qu’une simple secrétaire. Lorsqu’elle confronte son petit ami Finney, elle n’y va pas par quatre chemins pour lui dire sa façon de penser sans lever le ton. Elle se compromet donc volontairement et lorsque les hommes de Finney l’emmène dans leur repaire, elle s’arrange pour donner des indications routières dans la conversation avec ses ravisseurs afin que Steve et Oscar, captant dorénavant la longueur d’ondes du micro dans le plombage de Callahan, puisse la retracer à leur insu. Quelle belle façon de retourner leurs armes contre eux! Bien ficelé et farci d’un humour décapant de par la présence d’une Jennifer Darling en grande forme, Le Sourire du vainqueur est un épisode qui nous régale avec un certain bonheur. Anecdotes :
-Oscar: The country that develops hydrogen fusion, would be the world's greatest power. -Steve: I know, Oscar, I just didn't want to step on your lines, you get such a pleasure delivering them. (Callahan rigole) -Oscar: So, what's so funny about this? Wait a minute, this is a very serious matter. -Steve: I'm sorry, Oscar, it's you just take such a wordy way to get to the point.
-Oscar: You know Steve, I didn't think that I created a six million dollar man so that he could check apartment bugs. -Steve: It's that part of me that you didn't create that makes me want to handle it myself.
-Callahan (branchée sur le détecteur de mensonge et d’un ton direct): Why don’t you ask me straight off, colonel Austin: Am I a traitor? -Steve: Callahan, no one thinks you are a traitor! (Callahan grimace). -Steve (alors que Callahan passe toujours au détecteur): For who do you working for? -Callahan (d’un ton appuyé): A very suspicious man named Oscar Goldman. -Steve (après une légère pause): Do you like your work? -Callahan (sarcastique): Well, I did up until about half an hour ago. -Steve: Open your mouth, Callahan. -Callahan: I will not! -Steve: Look, if you wanna prove that your fiancé is innocent, open your mouth. -Callahan: My mother is the only person in the whole world who loves me completely. And she'll be broken-hearted when she learns about you. -Gene Finney: Learns what about me?
-Callahan: That you're a cad. Perhaps the caddiest cad I have ever met. 15. À QUOI PENSEZ-VOUS ? Résumé : Mark Wharton dirige une puissante organisation criminelle qui a réussi à voler 100 000 $ et le livre de code de la Marine américaine au cours de l’attaque d’un fourgon blindé. Pour le récupérer avant sa mise aux enchères sur le marché international, Steve fait de nouveau équipe avec Audrey Moss, la jeune adolescente dotée de pouvoirs extra-sensoriels, pour former un duo de magiciens afin de gagner la confiance de Wharton qui est friand de magie. Après avoir réussi leur audition, Steve et Audrey sont invités par Wharton dans sa propriété. Grâce aux pouvoirs d’Audrey, Steve connait l’emplacement où le livre de code est caché, mais est pris sur le fait au moment de s’en emparer. Alors que Steve est emprisonné dans un lieu réfrigéré où ses pouvoirs bioniques sont paralysés, Audrey cherche à convaincre Will Collins, un des hommes de Wharton qui travaille en fait pour l’OSI, de l’aider à le libérer avant que Wharton ne les démasque à leur tour tous les deux. Critique : Après Callahan, c’est au tour de la jeune adolescente doté du pouvoir de P.E.S. Audrey Moss, toujours incarnée par la pétillante Robbie Lee, de faire son retour dans la série. Et là aussi ce retour s’avère réussi, grâce au fait que le personnage est passé d’une jeune fille se sentant isolée à cause de son pouvoir, dans L’Espion et la télépathie, à une jeune adulte précoce ayant gagné en maturité dans cet épisode. De plus, l’emploi du P.E.S. dans le cadre d’un numéro de magie afin d’approcher un dangereux criminel est loin d’être mauvaise idée, mais les auteurs heureusement ne se sont pas assis dessus. Car en donnant un caractère méfiant proche de la paranoïa au vilain Mark Wharton, ils ont réussi à créer un certain suspense, qui monte crescendo à mi-parcours lorsque Steve se fait prendre par ce dernier et ses hommes de main en train de récupérer le livre de code volé. C’est aussi à partir de là qu’Audrey doit agir et prendre des risques, alors qu’elle sait que Wharton peut à tout moment découvrir ses intentions. Sachant grâce à son pouvoir que Steve est enfermé dans un endroit frigorifié affectant ses pouvoirs bioniques, elle ose contacter directement Will Collins, son seul allié risquant lui aussi d’être démasqué par Wharton, pour qu’il donne l’ordre aux hommes de Wharton de changer l’endroit où Steve est enfermé. Ce faisant, l’homme bionique peut ainsi retrouver l’usage de sa force pour se libérer et passer à l’action avant qu’il ne soit trop tard. Cette prise d’initiative intelligente de la part d’Audrey dénote sa plus grande maturité depuis sa première apparition. Elle n’a cependant rien perdu de cette belle candeur malicieuse qui faisait son charme et son humour, qu’on retrouve avec une certaine joie, principalement lors des scènes d’introduction et de conclusion, alors que Steve cherche à lui apprendre comment mieux dissimuler son pouvoir aux yeux de ses camarades de classe, incluant son petit copain d’école. Dommage qu’À quoi pensez-vous? ait marqué la dernière apparition d’Audrey (et de Robbie Lee) dans la série, car elle et Steve forment véritablement un beau duo complémentaire; ce que le dialogue souligne d’ailleurs à merveille : -Audrey: We really make a super pair, don't we? -Steve: We do sure do. Anecdotes :
-Steve (conseillant Audrey de ne pas utiliser son pouvoir en permanence): Audrey, you don't have to use that gift of yours all the time. Like I don't have to use bionics. Now if I wanna get to the second floor of a department building, I don't leap up, I can take an elevator.
-Steve: (voyant Audrey qui rigole au sujet de son costume de magicien) What's so funny? -Audrey: You look like Clark Gable. -Steve: That's enough, Scarlett.
-Steve (faisant référence à Cendrillon en amenant Audrey à son école): Here you are, my lady, the pumpkin ride is over. -Audrey: Oh, gee and I didn't even get to keep my glass slippers. Oh well, thanks for the ride. -Steve: I just wanted to make sure you didn't run away for a wicked life on the stage. Make sure you got back on the groove.
-Audrey (un peu déçue): Yeah, back in the groove... 16. L'EMPREINTE DU DIABLE - 1RE PARTIE Résumé : Un couple de géologues disparait pendant l’installation de détecteurs sismiques le long de la faille de San Madrian au nord de la Californie. Quelque temps plus tard, le camp de base de l’OSI, qui travaille de concert avec les géologues disparus, est attaqué et une partie du matériel détruit par une mystérieuse créature. Dans les deux cas, des traces d’empreintes de pas gigantesques sont découvertes sur les lieux, ce qui laisse croire qu’un être de légende baptisé le Bigfoot, où le Scalpeur tel que le nomment les Autochtones, existerait bel et bien. En suivant les traces du Bigfoot, Steve Austin retrouve un des géologues disparus, mais il ne se souvient de rien depuis son enlèvement. Toujours sur la piste, Steve finit par tomber face-à-face avec le fameux Bigfoot et le combat s’engage. Steve ignore cependant que des êtres inconnus, cachés dans la montagne, observent à distance ce duel de titans. C’est alors que Steve découvre pendant la bataille que le Bigfoot possède des membres cybernétiques. Critique : En incorporant à la série une créature mythique issue des légendes américaines, le scénariste Kenneth Johnson a encore une fois fait flèche de tout bois avec ce double-épisode; le plus populaire après La Femme bionique en matière d’audience, surtout grâce à un incroyable score de près de 45% de parts de marché au moment de sa première diffusion, écrasant toute concurrence. Avec L’Empreinte du diable, la série avait enfin atteint son apogée et la stabilité. L’une des richesses de cette première partie, c’est que Kenneth Johnson a de nouveau su user habilement du souci du détail qu’il avait si bien maîtrisé dans La Femme Bionique. Certains éléments qui semblent de moindre importance prennent une dimension plus accrue dans la seconde partie; le tout sans accuser de chutes de rythme. Notre attention est constamment sollicitée par le climat de mystère entourant l’existence du fameux « Bigfoot ». Qui est-il vraiment? De quoi a-t-il l’air? Qui sont ces gens, dont on ne voit que fugitivement leurs silhouettes, qui semblent le contrôler? Les réponses à ces questions sont superbement entretenues dans l’intrigue. La mise en scène sait aussi jouer de ce canevas en alternant avec assez de flair le décor naturel de la forêt et des montagnes du nord de la Californie avec d’autres conçus en studio, tout en sachant multiplier les angles de caméra et les contrastes dans les éclairages pour que le téléspectateur n’obtienne les informations qu’il désire que par bribes. On commence d’abord par ne voir que les jambes du « Bigfoot », puis un peu plus tard son corps sans son visage, et finalement en entier au moment où il est sur le point d’affronter Steve Austin en combat singulier. Cette scène de combat, point d’orgue de cette première partie, est sans doute la plus aboutie et la plus réussie depuis celle opposant Steve avec le double-robot de Sloan dans l’épisode Le Robot de la première saison. Il faut dire que le « Bigfoot », incarné par le catcheur français André Roussimoff dit le Géant Ferré, se révèle un adversaire de taille pour Steve et sa force bionique. Pas étonnant que le duel entre les deux s’avère musclé et robuste à plus d’un titre pendant qu’on visionne cette scène accroché à notre fauteuil. Surprise pendant l’affrontement! Steve arrache le bras du « Bigfoot » pour découvrir avec stupeur qu’il n’est en réalité qu’un être cybernétique ou un androïde (tout comme avec le double-robot de Sloan, bien que les spectateurs connaissaient sa nature dans ce cas-ci). Le monstre récupère toutefois rapidement son bras arraché et s’enfuit. Steve se lance à sa poursuite et découvre alors dans la montagne un étrange repaire avec un tunnel entouré d’un grand arc rotatif, qui se met alors à tourner, étourdissant Steve jusqu’à le mettre KO. Cette superbe première partie s’achève en suscitant clairement l’envie du public, jusqu’à le faire saliver après une bonne dégustation, pour l’inciter à revenir devant son poste de télé afin de regarder la suite. Et celle-ci ne le décevra point. Anecdotes :
-Tom Raintree: There's only one thing in the mountains that leaves a track like this. The creature of legend that roams the Timberline. My people named him Sasquatch. You call him... Bigfoot.
-Jaime (au téléphone dans sa classe): Your office told me that you and Steve were in the California Mountains. Eh, what are you doing, fishing? Oscar: I wish we were fishing.
-Shalon: You're really very special, Colonel Austin. Are there many more of you? Steve (après une courte hésitation): ...Yes, there's a whole army of us.
Shalon (alors que son senseur émet un signal): Now Colonel, you and I both know that's not true, don't we? 17. L'EMPREINTE DU DIABLE - 2E PARTIE Résumé : En se lançant à la poursuite du Bigfoot, Steve découvre un repaire secret dans les montagnes où se cachent des extra-terrestres qui parviennent à le capturer et qui s’intéressent grandement à ses pouvoirs bioniques. En se liant avec Shalon, la responsable scientifique de ce groupe d’extra-terrestres, Steve découvre un peuple pacifique venu étudier la Terre et ses habitants et qui possède un savoir médical et technologique avancé, notamment en ce qui concerne le Temps. Ce sont eux qui contrôlent le Bigfoot afin de protéger leur repaire et garder secrète leur existence. Pendant ce temps, afin d’éviter un futur tremblement de terre cataclysmique sur la côte californienne, Oscar a décidé de faire exploser une bombe nucléaire à un endroit précis de la faille San Madrian pour provoquer une secousse préliminaire destinée à empêcher cette catastrophe. La bombe devant exploser près du repaire des extra-terrestres, ces derniers cherchent alors à en empêcher l’explosion. Mais Steve, qui a compris que des milliers de vies humaines sont en jeu, intervient à son tour pour permettre à cette bombe d’exploser. Critique : Alors que la première partie se concentrait sur le mystère entourant l’existence de la créature mythique nommée « Bigfoot », la seconde porte sur les personnes qui l’ont conçu, qui s’avèrent être des extra-terrestres pacifiques venus étudier notre planète tout en cherchant à garder leur existence secrète. Pour ce faire, ils se sont inspirés de la légende du « Bigfoot » pour en concevoir un androïde à leur image afin de protéger leur repaire, mais sans jamais faire du mal aux humains. La capture de Steve Austin par ces mêmes extra-terrestres permet donc aux spectateurs de connaître enfin le secret du « Bigfoot », comme l’indique le titre original. Mais aussi de découvrir ces visiteurs pacifiques de l’espace par l’intermédiaire de l’homme bionique et leurs avancées scientifiques, notamment sur leur façon de contrôler le temps ainsi que leur savoir médical qui leur permet d’être protégés de toutes les maladies. Cette découverte se veut réciproque puisque ces visiteurs sont à la fois intrigués et fascinés par les pouvoirs bioniques de Steve, qu’ils avaient pu observer lors du combat entre ce dernier et le « Bigfoot » dans la première partie, au point de vouloir en savoir plus sur lui. D’une certaine manière, cette civilisation pourrait très bien ressembler à une version utopique futuriste de l’humanité sur Terre, ce qui ne manque pas de créer un lien fort avec le public, à la fois sur le plan émotionnel et de la raison. L’intrigue ne manque d’ailleurs pas de rapprochements entre ces extra-terrestres et nous, et pas juste par leur apparence. Shalon, celle qui a créé le « Bigfoot » et qui est également la scientifique en chef, montre un béguin et une attirance croissante envers Steve. Nous avions d’ailleurs un bon indice de cette attirance dans la première partie par la réaction de jalousie de Shalon lorsqu’elle apprend l’existence de Jaime Sommers dans la vie de Steve. Comme pour boucler admirablement la boucle, le scénariste Kenneth Johnson nous rappelle les premières raisons de la présence de l’OSI au début de l’aventure, soit l’étude sismique de la faille de San Madrian à proximité de la base des extra-terrestres. Lorsqu’on apprend qu’un tremblement de terre est imminent et risque de détruire toute la côte californienne, Oscar Goldman abandonne les recherches pour retrouver Steve et donne l’ordre de faire exploser une bombe nucléaire destinée à provoquer une secousse préalable qui pourrait empêcher cette catastrophe. La bombe risquant d’anéantir leur repaire, les extra-terrestres préfèrent alors la saboter pour préserver leur existence sans se soucier des nombreuses victimes humaines potentielles que leur action va causer. Steve se charge alors de leur rappeler les limites de leurs intentions pacifiques et leur insouciance face à l’importance de la vie humaine en dépit de leurs avancées scientifiques et de toutes leurs études terrestres. Passant de la parole aux actes, Steve démontre son humanisme en empêchant Shalon de saboter la bombe, pour ensuite l’aider à sauver son peuple durement touché par le séisme qui s’en est suivi. Comme quoi en dépit de certains clichés propres aux films catastrophe à la mode à l’époque de la série, cette seconde partie nous illustre la valeur de l’existence où la vie de chaque être compte, sans distinction. Ce n’est donc pas un fait fortuit si, au moment où Steve est libre de retourner parmi les siens après que les extra-terrestres lui ait fait perdre la mémoire sur ce qui s’est passé, Shalon ne peut s’empêcher, aussi bien par amour que par prise de conscience, de lui remettre discrètement un flacon de leur remède pouvant guérir ou protéger quiconque de toutes les maladies. Car c’est lorsque qu’elle a du cœur que la science aide au progrès de l’humanité. Je ne vous apprendrais rien en vous disant que l’extraordinaire succès de ce double-épisode a entraîné deux suites, dont une destinée à démarrer la quatrième saison. Anecdotes :
-Steve: You know doctor, when I first met you, your bedside manner did surprise me a little bit. You treat all your patients that way? -Shalon (en riant): Of course not, but I've been stuck here with those stuffy scientists for two years. You were like a breath of fresh air. Not only attractive and witty, but also bionic. My specialty.
-Steve Austin (en montrant le Bigfoot): Have you made others like him? -Shalon: No, he's my baby.
-Shalon (d’un ton émouvant alors qu’elle va effacer la mémoire de Steve): You will not be forgotten.
-Steve: I wish I could say the same. 18. LE PHARAON Résumé : Oscar charge Steve d’escorter une collection inestimable d’objets d’art historique, qui a été présentée au cours d’une prestigieuse tournée dans plusieurs musées nord-américains, afin d’assurer son retour au pays du Levant. Il est effectivement essentiel qu’aucun item de cette collection ne soit porté manquant aux risques de provoquer une grave rupture diplomatique entre le Levant et les États-Unis étant donné les tensions au Moyen-Orient. Hélas, Steve découvre que la statue du Pharaon doré a été remplacée par un faux, et il doit retrouver l’original en 48 heures avant qu’un égyptologue ne vienne examiner la collection. Les indices pointant en direction de l’ambassade de la République de Kalny, Steve demande à une ancienne flamme, Trish Hollander, de collaborer avec lui à la récupération de la statue, étant donné ses relations privilégiées avec le vice-consul Gustav Tokar, en échange du remboursement de ses dettes de jeu. Mais tentée par l’appât du gain, Trish songe à dérober la précieuse statue à son seul profit. Critique : Pour la troisième fois, la grande vedette de la série Lee Majors retrouve son épouse de l’époque, Farrah Fawcett, comme artiste invitée; cette fois au sein d’un épisode qui allie romance, culture pop et « realpolitik ». Diffusé en février 1976, Le Pharaon a devancé de quelques mois la présence aux États-Unis (à partir de novembre 1976) de la grande tournée mondiale de l’exposition « Les Trésors de Toutankhamon » présentant plusieurs objets rares datant de l’Antiquité égyptienne. Lors de cette tournée mondiale, qui a duré presque toute une décennie (de 1972 à 1981), elle a initié une « Tutmania » d’une ampleur telle qu’elle a marqué la culture populaire de l’époque à travers le monde. Plus qu’une publicité entourant cette exposition, cet épisode est parvenu à tirer parti du contexte géopolitique dans lequel cet événement s’est inscrit (voir Anecdotes pour plus de détails). Bien que les noms des pays mentionnés y soient fictifs, on n’a aucun mal à tisser le parallèle entre le « Levant » et l’Égypte, ne serait-ce que par les allusions historiques et géographique tandis que la république de Kalny, qui est derrière le vol du Pharaon doré dans l’intrigue, peut être difficilement associé à un pays existant, afin d’éviter tout incident ou malentendu diplomatique. À l’intérieur de ce double arrière-plan, et étant donné la présence de Farrah Fawcett, le récit place Steve Austin dans une relation ouvertement romantique avec une femme après Jaime Sommers et Shalon au cours de cette troisième saison. Sans doute que les producteurs avaient retenu la leçon de la précédente, les auteurs avaient évité de faire replonger trop vite Steve Austin dans des rapports de séduction avec d’autres femmes, au point de se contenter de quelques évocations plutôt sages ou d’ellipses de convenance. L’idée que la protagoniste soit une voleuse et joueuse compulsive a également permis à ce que cette relation ne dépasse pas le cadre de cet épisode, toujours dans l’optique de préserver la « liberté » de l’homme bionique dans ses relations affectives. Pour le reste, Le Pharaon comporte la dose attendue de suspense, d’humour et de retournements de situations, en dépit d’une mise en scène un peu trop discrète pour ce genre d’histoire et de quelques erreurs un peu grossières au plan de la continuité et de la logique. Mais ne serait-ce que pour son contexte et la qualité globale du dialogue, il n’est pas injustifié de classer cet épisode au-dessus de la moyenne. Anecdotes :
-Steve (regardant le Pharaon dorée): Wow, this thing must be worth a fortune. -Oscar: More than a fortune. Solid gold, precious gems--you can't put a price tag on a historic art treasure like this. That's why I want you personally to escort him back to Levanta in case something should, well, happen along the way. If something should happen to a national treasure like this, we'd have more trouble than we could take care of. -Steve (regardant le Pharaon de plus près): Looks like we've got trouble already, Oscar. -Oscar (voyant Steve toucher le Pharaon): Hey, wait, wait a minute--don't touch that; you might damage it! -Steve: This gold is painted lead. (enlevant le diamant de la statue et l’écrasant) The gems are made of paste. (Oscar a les yeux écarquillés) Oscar, this statue is a FAKE!
-Trish (ouvrant la porte à Steve): Well as I live and breathe! -Steve: No-one does it prettier than you Trish. -Trish: Thank you Captain Austin, or is it General by now? -Steve: Just Mister.
-Trish: Steve, do you really think I'll have to go to jail? -Steve: I don't think so. Of course a lot depends on how the trial comes out. -Trish: Oh the trial. How do you think I should wear my hair? And maybe I should wear it up, proud and brave. Or how about hanging down, kind of pathetic and vulnerable. I mean when I'm on the witness stand. Maybe I should wear it in a little cloud of innocent rain that's all over my head, what do you think? -Steve: I think this is one trial I'm not gonna miss.! 19. TANYA Résumé : Steve est le gardien d’une jeune gymnaste russe surdouée, Tanya Brevski, lors de sa tournée aux États-Unis. La mission est loin d’être aisée car l’assistant et protecteur de Tanya, Alexis Branovich, ne veut pas que Steve l’emmène dans des lieux pouvant lui donner des idées subversives. De plus, un groupe composé de Russes non-favorables à la « détente », espère pouvoir faire disparaître Tanya afin que les relations entre l’URSS et les États-Unis se détériorent. Les choses se compliquent après que Steve ait sauvé la vie de Tanya, puisque la gymnaste en vient à se déclarer amoureuse de lui et se dit prête à passer à l’Ouest. Informés de ce nouveau fait, les agresseurs de Tanya la kidnappent en laissant croire qu’elle a fugué à cause de ce béguin d’adolescente. Bien que n’ayant plus le droit d’intervenir, Steve décide de suivre Alexis, convaincu que ce dernier connait l’identité des ravisseurs de Tanya et qu’il veut les confronter lui-même par amour pour elle. Critique : Il semblerait que le bloc de L’Est ait pardonné à Steve Austin son rôle dans le passage à l’Ouest du savant Leon Jackson et de son fils dans l’épisode L’Évasion puisque la Russie, du moins ses représentants dans cet épisode, lui fait confiance afin d’assurer la sécurité de leur plus prestigieuse gymnaste en tournée aux États-Unis: Tanya Brevski. Nous voici donc de retour dans l’esprit de la « détente » comme la série nous avait habitué. Au même titre que le célèbre boxeur George Foreman dans l’épisode de la deuxième saison Le Sosie, Tanya a été d’abord conçu pour tirer parti du talent de gymnaste de l’américaine Cathy Rigby, extrêmement populaire aux États-Unis à cette époque (voir Anecdotes). Si Le Sosie n’y est pas parvenu dans le cas de l’ex-champion du monde des poids lourds où le prétexte justifiant sa présence s’est avéré trop arbitraire, on ne peut en dire autant avec Tanya, puisque les aptitudes de Cathy Rigby s’y expriment sans que l’intrigue n’en pâlisse. Ce qui rend le récit intéressant, ce n’est pas tant la menace entourant la jeune gymnaste dont Steve doit la protéger, au point de faire d’elle le symbole de la possible réussite ou de l’échec des relations plus harmonieuses entre l’URSS et les États-Unis. C’est davantage dans la tendresse qui y baigne, devant la naïveté adolescente de Tanya, qui a un béguin pour Steve après qu’il lui y ait sauvé la vie, au point même de vouloir faire défection sur un coup de tête. Déjà qu’il a 20 ans de plus que Tanya, Steve doit donc apprendre à user de psychologie pour éviter un incident diplomatique où ses pouvoirs bioniques ne lui sont pas vraiment utiles. L’humanisme et L’intelligence du personnage ressortent à nouveau dans cet épisode davantage que son côté super-héroïque. Cette tendresse ne fait pas non plus sombrer l’histoire dans la mièvrerie. Lorsque Steve se rend compte qu’Alexis, le protecteur de Tanya, cache derrière son côté autoritaire et pointilleux, son amour pour la gymnaste au point de risquer sa vie pour la libérer des griffes de ses ravisseurs, il en informe cette dernière dans la scène finale avec délicatesse. De sorte que les sentiments qu’elle ressent alors pour Alexis se révèlent à la fois plus authentiques et matures qu’un simple béguin soudain, comme si la jeune fille s’était enfin ouvert les yeux afin de mieux comprendre ce qu’elle ressent. On notera que les auteurs ont pensé à rendre complémentaires les qualités athlétiques de Tanya avec celles bioniques de Steve lors de la séquence où ce dernier vient à sa rescousse pour la libérer après avoir suivi Alexis. Si on enlève l’apparition inutile de Jaime Sommers au tout début, Tanya se veut un épisode qui se suit agréablement sans être dépourvu d’un certain charme un peu retro. Anecdotes :
-Jaime: Why do you suppose Oscar wanted us to meet him here? -Steve: I dunno. It was nice spending the afternoon with you, though. -Jaime: I was just gonna say that. -Steve: You can still say it.
-Oscar: Steve, I want you to meet Tanya. -Steve: Sure. -Oscar: You're going to be her official escort while she's in the United States. -Steve: Escort? Why? -Jaime: Hm. Why me indeed? I mean, you just happen to be handsome, eh, famous, and terribly charming when you wanna be.
-Steve: Now wait a minute. 20. LA RETRAITE Résumé : À la suite d’une série de vols de pièces atomiques, un policier proche de la retraite, Greg Banner, devient un suspect étant donné qu’il n’a semblé faire aucun effort pour arrêter les voleurs alors qu’il était en service près des lieux des crimes. Steve se fait alors passer pour un officier de police et devient le nouveau partenaire de Greg Banner lors de ses patrouilles. L’étrange comportement de Greg au cours de certaines situations fait accroître d’abord les suspicions de Steve à son égard, jusqu’à ce qu’il s’effondre complètement au cours d’un cambriolage et que Steve soit faussement accusé de l’avoir agressé. Notre homme bionique est maintenant convaincu que Greg a des problèmes de santé, et que quelqu’un au sein de la police cherche à en tirer parti pour permettre le vol en toute tranquillité des composantes atomiques par des agents d’une puissance étrangère afin d’assembler une bombe nucléaire. Bien qu’il soit recherché et en fuite, Steve se met en devoir de les retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Critique : Si on fait fi de la prémisse peu plausible voulant que Steve Austin se fasse passer pour un agent de police, alors qu’il est une personnalité publique relativement connue en tant qu’astronaute, La Retraite se révèle être un assez bon épisode dans l’ensemble. L’intrigue joue avec assez de justesse sur les apparences afin que le public reste alerte, tandis que Noah Berry livre une lumineuse et sincère performance dans le rôle du policier Greg Banner. Encore une fois davantage que l’action, le scénario de Wilton Denmark, qui connaît bien les règles de la série et ses ficelles, privilégie les relations humaines en cherchant à développer un lien entre Steve et Greg au cours de leurs patrouilles. Officier vétéran proche de la retraite, Greg ne peut s’empêcher de raconter plusieurs anecdotes de métier à Steve, ce qui le rend tout de suite sympathique à ses yeux, et aux nôtres de surcroît. Si bien que lorsque Greg se comporte étrangement lors de diverses interventions policières où il est impliqué avec Steve, ce dernier, tout comme nous, se pose des questions à son sujet, mais sans aucune preuve que Greg soit complice de criminels. Le récit, tout comme la mise en scène parvient à entretenir ce doute au maximum jusqu’à l’ultime moment où lors d’un cambriolage, Greg pointe son arme sur Steve, puis s’écroule contre toute attente. La vérité éclate alors: Greg souffre d’une maladie affectant sa vision et qui le terrasse momentanément, le rendant totalement inapte. Le vétéran officier a caché son mauvais état de santé afin d’éviter de perdre son emploi de patrouilleur et sa future retraite. Dans le même temps, la personne au sein de la police qui a su tirer parti des problèmes de santé de Banner est informée de la situation, et elle réussit à convaincre les autres patrouilleurs que Steve a agressé Banner, afin de donner toute latitude aux voleurs de pièces atomiques pour qu’ils assemblent la bombe. Ce qui relance le suspense à point nommé pour une course contre la montre finale où Steve, laissé à lui-même, doit trouver le repaire des voleurs afin de contrer leur plan. Le mal dont souffre Greg n’est pas sans rappeler quelque peu celui dont souffrait le sénateur Hill dans Erreur de pilotage. La différence étant que Greg en connaissait déjà l’existence et en partie les conséquences, mais a choisi de ne rien révéler pour des raisons personnelles. En somme, Greg est fragile mais a bon cœur, et même s’il aurait plutôt dû se faire traiter par un médecin au lieu de ne rien dire, il conserve toute notre sympathie. Cela étant, La Retraite est un épisode qui vient nous rappeler qu’il ne faut pas toujours croire tout ce que l’on voit de prime abord afin de ne pas sauter trop vite aux conclusions. Anecdotes :
-Steve: You sick or something? -Greg Banner: What makes you think that? -Steve: Well, we've been on the street for nearly an hour and I haven't heard one war story.
-Steve: What if Banner had a disorder he wanted kept secret? -Oscar: No good, Steve. I've checked his health records personally. There's nothing that indicates or hints of any disorder.
-Steve: Records don't always tell it like it is, Oscar. You should know that better than anybody. 21. LE GRAND FRÈRE Résumé : Pendant un congé, Steve Austin en profite pour venir aider l’organisme bénévole des Grands Frères durant leur campagne de promotion. Étant le témoin du comportement d’un adolescent rétif à être aidé par l’organisme, Carlos Delgado, Steve décide quand même de devenir son « grand frère » et de le prendre sous son aile. Le jeune homme, qui vit dans un quartier mal famé et qui a tendance à mépriser la loi, ne se montre pas très coopératif dans sa relation avec Steve. Patient et résilient, Steve persévère et finit par découvrir que Carlos possède un intérêt réel pour l’aviation. Après un vol à bord d’un avion de chasse, un lien de confiance entre Steve et Carlos semble enfin se tisser, mais le jeune homme subit les pressions d’un chef de gang qui menace sa famille s’il ne rembourse pas rapidement une importante dette de jeu. Alors que Carlos risque de replonger dans l’illégalité, Steve prend le risque d’intervenir directement pour le ramener dans le droit chemin. Critique : Les deux précédentes saisons s’étaient terminées avec des épisodes au ton léger parsemé d’humour où Steve était opposé à des adversaires récurrents. Le Grand Frère représente donc un changement de cap avec une histoire portant sur un enjeu social, soit le parrainage de jeunes dans le besoin afin de les aider à s’intégrer harmonieusement à la société. Ce type de parrainage est chapeauté par un organisme qui existe encore de nos jours en Amérique du Nord: « Les Grands Frères et les Grandes Sœurs. » Il faut dire que Steve Austin a eu sa large part de missions de toutes sortes au cours de cette troisième saison. Cela fait donc du bien de le voir ici dans le rôle de mentor d’un jeune adolescent, Carlos Delgado, dont les actes illégaux, étant donné sa compulsion pour le jeu et la pauvreté de sa mère monoparentale, risquent de gâcher son avenir. Toutefois, le rôle de « parrain » s’avère loin d’être facile pour l’homme bionique étant donné la réticence de Carlos. C’est seulement grâce à sa patience, son sens de l’observation et sa foi envers le jeune homme que Steve parvient à créer un lien de confiance avec lui et à l’aider à sortir du cercle vicieux de l’univers sombre et négatif dans lequel il était coincé, au point même de s’y enfoncer davantage par moments, telle une pulsion. Le scénario de Kenneth Johnson fait tout pour illustrer le caractère héroïque de Steve au service d’une noble cause sans trop appuyer sur le mélodrame. On est cependant un peu perplexe devant le caractère parfois peu éthique ou questionnable de certaines actions de Steve pour venir en aide à Carlos (voir Anecdotes), malgré qu’elles témoignent d’une admirable générosité. Comme c’est également le dernier épisode de la saison, certaines scènes témoignent trop du budget restreint qui lui a été alloué, notamment par l’emploi d’images tirés d’épisodes précédents. Sans parler du décor de studio censé représenter le quartier où habite Carlos, mais qu’on a souvent vu dans d’autres séries au point où les costumes et les voitures sont datés d’une autre époque. Ces défauts viennent quelque peu amoindrir la qualité globale de l’épisode et l’empêchent d’être classé de la plus hausse note. Mais l’on ne peut que s’incliner devant la franchise du propos dans la cause qu’il défend et de l’espoir qu’il apporte, considérant le public de jeunes à qui il s’adresse. Et puis pourquoi bouder son plaisir de voir Steve user de ses pouvoirs bioniques dans une situation inédite? Lors de la scène finale du match de basket-ball dans une ruelle où Steve met en jeu la dette que Carlos doit au chef du gang, il délaisse pour une rare fois son sens du fair-play afin de lui donner une leçon sportive devant sa volonté à ne pas vouloir jouer proprement. Voilà une belle manière de conclure avec une satisfaction doublée d’un certain pincement au cœur cette troisième saison. Anecdotes :
-Carlos: Forget it man, I gotta move. I got places to go. You know what I mean? -Steve: Yeah, like into my car or back into detention. Now you call it.
-Oscar: I asked Carlos how you two got acquainted. And his answer was just unrepeatable. -Steve: Yeah, I can imagine.
-Steve (qui a vu Carlos dérober le modèle réduit de la navette dans le bureau d’Oscar): Light fingers Delgado strikes again, huh? -Carlos: I'm a collector. -Steve: Yeah, so was Al Capone. -Oscar (qui ne comprend pas ce qui se passe): Steve, would you please tell me what's going on here? -Steve: Same old story, Oscar. Dog bites man, man bites dog, you know.
-Carlos: Hey, what's with you, man? You gonna ride through the slum on a white horse, hand out silver bullets to all the drunks, try to save everybody?
-Steve: Well, it seemed to work for the Lone Ranger. |