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 saison 1 saison 3

Arsène Lupin (1971-1974)

Saison 2

 


1. HERLOCK SHOLMÈS LANCE UN DÉFI

Première diffusion: 18 décembre 1973

Distribution: Roger Carel (Commissaire Guerchard), Bernard  Dhéran (Comte de Dreux-Soubise), Sophie Agacinski (Nathalie), Henri Virlojeux (Herlock Sholmès), Yves Barsacq (Wilson), Michel Peyrelon( Le général)

Résumé:  Grâce à ses talents d'aviateur et à la complicité de la belle Nathalie, Lupin parvient à dérober le prestigieux collier de Marie Antoinette, orgueil de la grande famille des Dreux-Soubise depuis des générations. Il s'agit également d'une vengeance, les Dreux Soubise ayant humilié la mère de Lupin, une cousine pauvre, durant la jeunesse de celui-ci. Herlock Sholmès intervient, lui et le gentleman Cambrioleur convenant d'un pari : Arsène dissimule le collier dans le souterrain secret d'un château  lui appartenant, tandis que l'Anglais a quatre jours pour le retrouver. L'armée cerne l'édifice. Sholmès découvre à temps la clé de l'énigme, mais voit ses effort anéantis par l'intervention catastrophique d'un Guerchard désirant s'accaparer les lauriers de la victoire. Lupin gagne son pari et s'offre le luxe de faire arrêter Guerchard en le faisant passer pour lui même !

Critique:  Le lancement de le seconde période de ses trépidantes aventures voit le retour d'Arsène Lupin dans l'Hexagone. Ce simple fait assure le succès de l'épisode, car l'on renoue pleinement avec le ton français faisant le charme de la première partie de la saison précédente. Les péripéties se rattachent de fait à un vaudeville enlevé, volontiers satirique envers les autorités et les puissants. Les dialogues regorgent derechef d'excellents mots d'esprit, énoncés goulument par quelques uns des meilleurs comédiens de la scène française d'alors, la richesse de la distribution constituant le grand atout de Herlock Sholmès lance un défi.

Jacques Monod et Bernard Lavalette excellent respectivement en Préfet autoritaire et en Ministre plus mondain, tandis que Michel Peyrelon crève l'écran en général idiot et imbu de lui même, préfigurant l'Etat Major de la Débâcle de 1940. On retrouve également avec un plaisir des plus vifs le toujours épatant Roger Carel, toujours souverain en l'ineffable Guerchard. Les seules légers regrets proviennent d'Yves Barsacq, moins savoureux que Dudicourt, le contraste se perçoit trop clairement avec le talent de Virlojeux, toujours souverain en Sholmès. Herlock arbore désormais la moustache symbolisant les Anglais depuis toujours dans notre doux pays (Cf. Astérix chez les Bretons).

Avec astuce, l'intrigue évite l'étirement verbeux d'une action trop réduite pour le format long de la série, en agrégeant harmonieusement deux textes distincts de Leblanc. L'affaire du « Collier de la Reine » permet d'exprimer plus qu'à l'accoutumée la personnalité rebelle et avide de revanche sociale d'un Lupin dont on découvre ci l'enfance malheureuse. L'opposition entre un Descrières plus grave qu'à l'accoutumée et son vieux complice de la Comédie Française  Bernard Dhéran (impayable Dreux-Soubise) s'avère délectable et incisif.

Descrières campe également avec succès un Lupin également moins espiègle qu'à l'accoutumée, lors de sa belle et sensible  romance avec la merveilleuse Nathalie, au cours de « Herlock Sholmès arrive trop tard ». Sophie Agacinski (future épouse d'un Jean-Marc Thibault réalisant avec elle un divertissant caméo) apporte un charme certain à la blonde Nathalie, à l'exquise élégance 1920. De manière amusante, c'est la seconde figure féminine des futurs emblématiques Jeux de 20 heures qu'emploie la série ! L'affrontement Lupin/Sholmès tient par ailleurs toutes ses promesses, entre brillant affrontement d'intelligences et source de piques franco-anglaises bien affutées.

La mise en scène se montre assez tranquille mais réalise de jolis plans du château et d'un aéroplane d'époque, avec un effet « Faucheurs de Marguerites » garanti. Par contre, afin  de pallier au manque de moyens, elle abuse du procédé narratif. Trop éléments onéreux se voient seulement évoqués : la grande fête de Fontainebleau, le vol (dans tous les sens du mot) de Lupin, les nombreuses ramifications du Souterrain, les 36 000 hommes de troupe se résumant à un peloton dérisoire etc. Cela finit par en devenir assez artificiel.

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2. ARSÈNE LUPIN PREND DES VACANCES

Première diffusion:18 décembre 1973

Distribution:  Roger Carel (Commissaire Guerchard), Claude Degliame (Dolores Kesselbach), Daniel Sarry (Leduc), Jacques Debary (Rudolf Kesselbach)

Résumé: Arsène Lupin, en villégiature à Etretat, voit un homme tomber accidentellement d'une falaise  Il s'agit de l'Inspecteur Lenormand, arrivé d'Indochine, qui l'espionnait en soupçonnant sa véritable identité pour lui. Lupin substitue à lui et annonce sa propre mort. Il se voit alors nommé à Cannes, où il s'intéresse à Rudolf Kesslbach. Ce milliardaire au passé criminel  a jadis découvert un trésor inca, dont, après avoir assassiné les témoins,  il a dissimulé le secret dans une statuette représentant un dieu puma. Lupin désire simplement le narguer en lui prouvant que son coffre fort dernier cri n'est pas inviolable et l'entendre avouer son histoire. Après son départ Kesselbach est tué par Leduc son secrétaire, également amant de sa femme. Leduc désire la statuette mais celle-ci se situe désormais dans une exposition organisée par la municipalité. Lupin sympathise avec  Dolores Kesselbach, innocente du crime et, sous les traits de Lenormand, fait arrêter Leduc au moment où il s'apprête à dérober la statuette. Critique:  Cet épisode s'avère fort mineur, plombé par une action bien trop inconséquente et les interminables bavardages en résultant, destinés à meubler. L'introduction, inutilement alambiquée, évoque fâcheusement Victor, de la brigade mondaine. Lupin se fait pareillement passer pour un policer et utilise ici ce  statut pour arrêter, non pas exactement un imposteur, mais un assassin faisant pesant sur lui la responsabilité du meurtre. On a donc une redite similaire, mais également bien inférieure.

Là ou les dialogues de l'original pétillaient sans cesse, ceux de la copie se montrent bien ternes, tirant sans cesse à la ligne. La mise en scène passe d'assez vive à totalement figée, tandis que les superbes panoramas de puis la Tour Eiffel cèdent la place à une reconstitution à l'évidence en toc de la Côte d'Azur. Cette seconde saison semble disposer de sensiblement moins de moyens  que la précédente et la comparaison des deux épisodes s'avèrent catastrophique pour Arsène Lupin prend des vacances.

L'épisode conserve quelques atouts, comme la beauté et personnalité singulières de Claude Degliame, ou l'abatage remarquable de Roger Carel en un Guerchard , toujours plaisamment obnubilé par Lupin et fort imbu de lui même. Jacques Monod apparaît également remarquable en préfet autoritaire et irascible, le retrouver suer la durée introduit une agréable continuité de l'univers de la série, vis à vis du défilé de la première saison. Jacques Dubary apporte une réelle présence à Kesselbach. A titre anecdotique on remarque l'apparition de l'Argus Parisien et de son journaliste affuté, spécialiste de Lupin, dont on ignore encore qu'il s'agit d'Isidore Beautrellet.

Les nostalgiques de Mystérieuses Cités d'Or s'amuseront eux à retrouver des objets d'art et des musiques andines rappelant le dessin animé de 1982. On remarque aussi de forts jolis inserts d'époque de la Riviera. Mais tout ceci ne vient que distraire fugacement dans ce qui demeure un épisode essentiellement verbeux.

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3. LE MYSTÈRE DE GESVRES

Première diffusion: 22 décembre 1973

Distribution:   Roger Carel (Commissaire Guerchard), Thérèse Liotard (Raymonde), Pauline Larrieu (Suzanne), Bernard Giraudeau (Isidore Beautrellet), Henri Tisot (Juge Duredant)

Résumé:  Lupin cambriole le Comte de Gesvres, celui-ci s'étant malhonnêtement enrichi durant la Grande Guerre. Il se fait au passage tirer dessus par Raymonde, nièce délurée du Comte.  Sous une identité d'emprunt il prend plaisir par la suite à en faire la conquête. Il doit également se soucier de la vente de son butin auprès de richissimes amateurs d'art étrangers. Mais sa principale préoccupation demeure le jeune et perspicace journaliste Isidore Beautrellet. Celui- reconstitue admirablement l'intrigue de Lupin dans l'affaire de Gesvres. Lupin ressent de la sympathie pour lui et ne lui en voudra pas de refuser d'entrer dans on organisation, d'écrire un article défavorable sous la pression de son patron, ni même d'assister, à son corps défendant, Guerchard et le Préfet.

Critique: Certes l'intrigue  commet plusieurs maladresses. Une  introduction réussie plante le décor d'une mystérieuse énigme, mais celle-ci se voit résolue très vite, pour n'être remplacée que par quelques scénettes dépourvues de liant : Le récit s'éparpille beaucoup trop  entre Lupin tentant de placer ses rapines ou de nouer un flirt avec Raymonde, l'enquête menée par le juge, l'idylle naissante entre Suzanne et Isidore, la sympathie du Gentleman Cambrioleur pour ce dernier, intervention météorique de Guerchard…

L'épisode manque d'un sujet central, la multiplication de ces instantanés le privant de consistance. On n'évite pas non plus quelques longueurs comme la poursuite dans la forêt ou les discussions dans le souterrain,  trop prolongées.

Le talent et la fantaisie de ces interprètes sauve néanmoins Le Mystère de Gesvres, le transformant en un spectacle tout à fait distrayant. Henri Tisot a droit à un véritable One-man-Show. Il se montre aussi truculent qu'hilarant, dans un numéro idéalement taillé pour lui! Thérèse Liotard et Pauline Larrieu se montrent des plus charmantes, mais l'épisode reste avant tout marqué par l'excellente prestation du regretté Bernard Giraudeau. Encore à l'orée de sa carrière donne un portrait espiègle et juvénile d'Isidore, rendant fort agréable sa relation originale avec Lupin. La complicité avec Descrières transparaît à l'écran et nous vaut des passages particulièrement amusants.

On apprécie également de découvrir l'arrière cour des activités délictueuses de Lupin, entre gestion de la logistique et démarches de vente de ses trophées (enchères à la Art Incorporated !). Cela achève de donner un ton particulier à cet épisode égratignant au passage les mœurs de la presse. Heureusement pour Isidore, Lupin a de meilleures manières que Fantômas envers Fandor !

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4. LE SECRET DE L'AIGUILLE

Première diffusion: 25 décembre 1973

Distribution: Roger Carel (Commissaire Guerchard), Catherine Rouvel (Geneviève), Bernard Giraudeau (Isidore Beautrellet), Henry Virlojeux (Herlock Sholmès), Robert Rollis (Bobby)

Résumé:  Arsène Lupin réalise un grand coup d'éclat en dérobant les Joyaux de la Couronne, au coeur de la Tour de Londres. Le gouvernement britannique maintient le silence sur ce vol et  envoie Herlock Sholmès à Paris, pour organiser les recherches. Celui-ci, outre l'inévitable Commissaire Guerchard, choisit de s'appuyer sur Isidore, dont il apprécie la vivacité d'esprit et la grande connaissance de Lupin. Holmès envoie ses deux associés sur les  traces du Manuscrit de Guillaume le Conquérant. Celui-ci contient un précieux, secret, auquel Lupin semble accorder beaucoup de valeur. Une vaste chasse au trésor conduit Guerchard à l'Aiguille d'Etretat, contenant une cache jadis employée par les Rois de France, et récupérée par Lupin. Entre temps Sholmès, puis Isidore, sont enlevés par Lupin. Tandis que Guerchard a recours à des explosifs, ce qui ensevelit définitivement la cachette (abandonnée par Lupin), le Gentleman Cambrioleur explique à Isidore que toute l'aventure ne représente qu'une vaste diversion, qu'il  a lui même organisé avec l'aide  de la belle Geneviève.  Pendant ce temps, il a pu en toute tranquillité négocier la revente du trésor au gouvernement britannique, qui désire éviter le scandale.

Critique:  Comme souvent au cours de la série, l'introduction s'avère remarquablement soignée, avec une jolie reconstitution des Joyaux de la Couronne mais aussi une hilarante discussion entre un Lupin en grande tenue et le Bobby en faction. La situation développe un non sense  tout britannique judicieusement accordé à la situation, tout en  permettant de retrouver  l'excellent Robert Rollis, inépuisable second rôle du cinéma français. Après cette savoureuse mise en bouche Le Secret de l'Aiguille, joli cadeau de Noël 1973, va s'avérer absolument remarquable en actionnant à la perfection divers ressorts.

Tout d'abord le récit se déploie autour d'un lieu central de l'univers de Leblanc, cette Aiguille et cette Falaise d'Etretat non loin desquelles il écrivit nombre des exploits de son héros et où il situa son repaire secret. Ce la apporte un éclat particulier à l'aventure du jour mais l'épisode ne se contente pas d'une simple récupération. Bien au contraire le site d'Etretat va devenir un protagoniste à part entière de l'aventure. En effet il se voit admirablement mis en valeur par une mise en scène illustrant à merveille sa beauté tout en exploitant ses diverses particularités : altitude, escalier, roche de craie, dimension marine... Le succès s'avère tel que l'on ressent physiquement l'envie d'aller traîner ses guêtres du côté de cet endroit unique !

Par ailleurs Etreta sert d'écrin à un événement majeur au sein de l'univers de la série, outre la résonance particulière du vil des Joyaux de la Couronne : l'alliance des trois pires ennemis de Lupin, qui vont cette fois oeuvrer de concert. Décidément, tout concoure à faire du Secret de l'Aiguille un épisode  à part ! L'option retenue s'inscrit résolument dans la comédie facétieuse, ce qui explique peut être, outre les contraintes de temps, l'éviction trop rapide du sévère Holmès, soit l'unique regret laissé par l'épisode. Virlojeux a cependant le temps de nous régaler d'excellentes scènes,  comme cette déclamation très particulière d'Hamlet ou ce clin d'œil direct à Conan Doyle, meilleur historiographe qu'Isidore.

L'espace dégagé est intelligemment dédié à Isidore, toujours incarné avec une juvénile énergie par Bernard Giraudeau. Le personnage se montre toujours aussi astucieux et tonique (mais tenant mal l'alcool...). L'incorruptible Isidore, par la modestie de son train de vie, présente aussi le mérite de nous faire découvrir un milieu social autre que celui habituellement déployé par la série, un autre aspect de ces trépidantes années 20. Mais c'est bien Guerchard qui ramasse la mise, grâce à l'épatant numéro réalisé par un Roger Carel absolument déchaîné. Il faut le voir payer de sa personne et donner une hilarante expressivité aux crises de nerf de l'infortuné Commissaire au cours de nombreuses scènes d'excellentes comédies au cours desquelles on rit franchement : du grand art.

La réalisation se montre dynamique, multipliant les scènes courtes et incisives,  tout en accordant une large part à l'action. On suit parfaitement les diverses étapes de la vaste arnaque constituant le sel du scénario. Elle est efficacement relayée par une musique guillerette, peut être un tantinet répétitive. Elle met parfaitement Lupin en valeur, ayant compris que les déguisements de celui-ci atteignent leur efficacité optimale avec des effets chocs et variés, en évitant de trop prolonger une  personnalité d'emprunt. L'érudit excentrique, la baderne du Deuxième Bureau ou le Moine archétypal relèvent se montent fort gouleyants, avec un Descrières trouvant toujours le ton juste.

Rien ne manquera décidément à l'éclatant succès de l'épisode, puisque le traditionnel personnage féminin sort également du lot grâce à la présence de Catherine Rouvel, la vénéneuse (dans tous les sens du terme) Béatrice d'Hirson des Rois Maudits (1972-1973). Avec brio, l'actrice apporte une vraie personnalité à Geneviève qui se montre plus affirmée et volontiers prédatrice que nombres des autres compagnes d'aventures de Lupin. Porté par des talents divers s'harmonisant à merveille au sein d'un superbe paysage, Le Secret de l'Aiguille demeure bien l'un des grands classiques de ces aventures télévisées d'Arsène Lupin.

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5. L'HOMME AU CHAPEAU NOIR

Première diffusion:27 décembre 1973

Distribution: Roger Carel (Commissaire Guerchard), Nicole Calfan (Catherine Montessieux), Henri Virlojeux (Herlock Sholmès), Karin Petersen (Juliette de Boisvert), Gérard Chevalier (Antoine de Boisvert)

Résumé:  Arsène Lupin fait croire à sa mort, espérant ainsi pouvoir profiter de vacances bien gagnées. Mais Catherine, jeune amie de Natacha, vient lui demander son aide. Elle est persuadée qu'un mystérieux homme en noir rode dans la propriété familiale et qu'il lui veut du mal. De plus un arbre, auquel elle été très attachée durant son enfance, à été inexplicablement déplacé. Lupin, sous l'identité d'un journaliste, se rend sur place, également intrigué par la réputation d'alchimiste  du grand père de la jeune femme, aujourd'hui décédé. Il a la surprise de retrouver Guerchard, envoyé à la demande de la sœur et du beau-frère de Catherine. Lupin découvre que ce sont ces deux individus qui ont changé l'emplacement de l'arbre car celui-ci délimite l'héritage du grand père Ils espèrent ainsi s'emparer d'une rivière charriant des particuliers aurifères. L'homme en noir a été conçu  afin de faire passer Catherine pour une folle auprès de Guerchard, car elle avait remarqué l'escamotage de l'arbre.

Critique:  L'épisode part sur les chapeaux de roue, avec un pré-générique une nouvelle fois rondement mené. Les pseudo funérailles de Lupin sont décrites avec humour, notamment avec un excellent clin d'œil à Pierre Lazareff, mais aussi une vraie émotion. Quand Herlock Sholmès (ultime apparition, hélas trop brève) déclare, sans être démenti, à Gurchard que celui-ci vient de perdre son seul ami, c'est assez beau.

Par ailleurs L'Homme au chapeau Noir (rien à voir avec Tonton) se conclue remarquablement, avec un parfait emboitement des pièces du puzzle. Une conclusion à la hauteur d'une intrigue originale et astucieuse, où l'on retrouve avec plaisir quelques éléments typiques de la littérature populaire à la Leblanc, volontiers mélodramatique et rocambolesque. Et puis utiliser les propriétés d'un estuaire s'avère forcément sympathique…

Malheureusement, à peine entrecoupée par quelques jolies prises de vues aériennes s'étend entre les deux une vaste étendue de dialogues guères enlevés, plombés par une mise en scène des plus inertes, et d'autre part interprétés sans génie. Les comédiens semblent effet en deçà de ce que propose habituellement la série. C'est notamment le cas pour la jeune et sublime Nicole Calfan, qui manque encore visiblement de métier pour affiner son énergie. A sa décharge, son personnage se montre imité et assez vite crispant par ses exclamations continuelles.

Les contorsions du scénario visant à faire coïncider les interventions de Gurchard et Lupin apparaissent également quelque peu capillotractées. L'épisode se suit sans déplaisir de fait de son mystère savamment entretenu jusqu'au terme du récit, mais lasse néanmoins de vifs regrets tant il aurait pu gagner en intérêt en se montrant plus nerveux. Reste le bonheur de découvrir le brave Guerchard se montrer enfin efficace, on en sort ravi pour ce commissaire foncièrement sympathique malgré ses petits travers !

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6. L'ÉCHARPE DE SOIE ROUGE

Première diffusion:29 décembre 1973

Distribution: Roger Carel (Commissaire Guerchard), Prudence Harrington (Jenny Saphir), François Guérin (Prévailles), Sacha Pitoëff (Ignatieff)

Résumé:  Lupin, lassé de l'absence d'aventure, révèle à Gerchard qu'il est toujours vivant. Dans le même temps, Jenny, artiste réputée de music hall et  ancienne amante, l'appelle à la rescousse. Elle a en effet  épousé par amour le financier douteux Prévailles. Mais celui-ci vise en fait le célèbre saphir de Jenny, cadeau d'un noble cosaque. Prévailles en a désespérément besoin car ses escroqueries s'effondrent. Il devient de plus en violent et menaçant, allant jusqu'à provoque la mort de Sacha, un ami russe de Jenny qui veillait sur elle. Lupin achève de le ruiner, avant de livrer à la justice… Avec l'aide du propre Guerchard ! Celui–ci préfère arrêter la sombre crapule que Lupin, d'autant qu'il est ému par le sort de Jenny. Mettre hors d'état de nuire le bandit lui vaut d'ailleurs la Légion d'Honneur, sans qu'il renonce pour autant à affronter Lupin.

Critique:  Handicapée par le jeu assez démonstratif, mais au si plaisant accent anglais, de la charmante Prudence Harrington (apparue également dans Les Brigades du Tigre)  cette histoire solide se suit sans déplaisir. Les divers rebondissements s'enchaînent avec réussite, même s'ils se voient trop soulignés par un montage passablement rugueux. François Guérin campe un joli portrait de canaille et la course à l'abime du personnage, toujours plus épouvantable, se  découvre avec intérêt.

La mise en scène manifeste un correct sens du tempo, tandis qu'il se confirme qu'à l'instar de John Steed ou de Lord Sinclair, Lupin dispose désormais d'un appartemnt comme décor central de ses aventures. Un Art déco du meilleur goût en caractérise l'élégante décoration. On y remarque d'amusantes portes coulissantes, dont une s'ouvrant sur une petite salle de sport contenant un mannequin d'escrime ressemblant furieusement à celui de Mrs Peel !

Pour autant, l'essentiel de ce réjouissant opus réside ailleurs, dans la relation toujours plus détectable opposant autant qu'elle unit Guerchard à Lupin. Les deux gaillards nous régalent d'unduel où s'entremêlent respect, voire même complicité, dans ce qui demeure humainement fort bien observé. On apprécie que le plaisir de Lupin de retrouver enfin le frisson de l'aventure corresponde chez Guerchard à celui de  la chasse, sans jamais départir de l'honneur.

Ce savoureux rapport nous vaut diverses scènes particulièrement drôles et sympathiques, comme les retrouvailles, après que Guerchard ait dû  s'aventurer dans un tunnel digne des meilleurs cartoons ou l'hommage de Lupin à la rectitude morale de ce brave homme de Commissaire. Peut être davantage encore que durant la première saison, la connivence jouissive entre les toujours parfaits Descrières et Carel s'impose décidément comme le moteur principal de la série.

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7. LA DEMEURE MYSTÉRIEUSE

Première diffusion:29 décembre 1973

Distribution: Marika Green (Régine Aubry), Evelyne Dress (Arlette), Jacques Toja (Comte de Mélamare), Guy Grosso (Inspecteur Rabloux), Jean Turlier (Van Houben)

Résumé:  Le riche diamantaire Van Houben crée une robe où est insérée une fortune en diamants. La modèle Régine Aubry doit l'arborer  une soirée de gala. Mais celle-ci se voit enlevée par deux malfaiteurs masqués, qui la libère après avoir récupéré la robe. Par la suite le mystérieux duo procède de même avec  Arlette, couturière, qui parvient à s'échapper. Les deux jeunes femmes ont eu le temps d'apercevoir plusieurs pièces de la résidence des bandits, de même qu'un tableau de Quentin de La Tour. Arsène Lupin, fâché qu'on lui ait soufflé la robe qu'il convoitait, mène l'enquête, de même que l'inspecteur Rabloux. Grâce au tableau, la demeure est identifiée comme celle du Comte de Mélamare, qui est arrêté. Mais Lupin parvient à résoudre l'énigme : le Comte a été la victime d'une famille ennemie de la sienne depuis des siècles, qui s'est servi d'un manoir identique au sien pour le faire accuser. Lupin n'oublie pas de subtiliser les diamants, avant de s'éclipser en compagnie d'Arlette…

Critique:  L'énigme du jour se révèle efficacement conçue et originale. Elle entretetient un joli mystère tout en s'agrémentant agréablement d'éléments culturels, comme cette référence bien trouvée à Quentin de la Tour, peintre des figures marquantes du règne du Bien-Aimé. Lupin joue pleinement le jeu en revêtant le costume d'Hercule Poirot et en opérant à peu près exactement comme le Belge, y compris avec la proverbiale scène d'explications réunissant tous les protagonistes.

L'enquête varie agréablement ses effets en incorporant avec discernement plusieurs excellentes de comédies, celles-ci parviennent à divertir sans dénaturer l'ensemble en tirant par trop vers comédie. La réalisation se montre alerte, offrant volontiers de superbes paysages au spectateur. Par contre la saison 2 continue visiblement à ne bénéficier que de moyens inférieurs à la première : les décors demeurent certes élégants, mais n'ont plus la splendeur d'antan.

Aux côtés d'un Descrières en grande forme (excellent numéro du juge mondain), dans leur grande majorité les comédiens se montrent excellents tant ils apportent de la vie à leurs personnages joyeusement théâtraux. S'en détachent le naturel et l'allant d'une jeune Evelyne Dress épatante en petite main, mais aussi la maîtrise de Jacques Toja. L'entendre s'exprimer dans un phrasé emprunt de noblesse identique à celui du Louis XIV d'Angélique Marquise des Anges constitue un authentique atout pour La demeure mystérieuse.

On regrettera par contre l'absence de Guerchard, Guy Grosso, acteur sympathique mais limité, rendant Rabloux plus terne qu'amusant. On note aussi un prolongement un peu inutile de l'action après la révélation du pot aux roses, notamment avec une course poursuite assez vaine. Mais ces réserves  secondaires n'empêchent pas l'épisode de demeurer éminemment divertissant.

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8. LES HUIT COUPS DE L'HORLOGE

Première diffusion: 12 janvier 1974

Distribution: Corinne Le Poulain (Hortense), François Maistre (Le Baron d'Aigleroche), Pierre Londiche (Gaétan)

Résumé:  Lupin, sous l'identité d'un prince russe, s'invite chez le baron d'Aigleroche, dont il convoite un précieux parchemin. Il fait la connaissance de la superbe nièce du Baron, Hortense. Ensemble,  ils visitent un manoir abandonné depuis des années, ayant la surprise d'y découvrir  une longue-vue et une horloge pourtant  encore en marche. Malgré les interventions successives de Gaétan, cousin amoureux d'Hortense voyant un rival en Lupin, le duo va dénouer les fils de l'énigme. Le Baron épiait les rencontres entre sa femme et l'amant de celle-ci, avant de les assassiner. La longue-vue avait bloqué le mécanisme de l'horloge jusqu'à l'arrivée de Lupin. En échange du silence de celui-ci, le Baron lui remet le parchemin, de même qu'il restitue à sa nièce la fortune qu'il lui avait dérobé en tant que tuteur. 

Critique:  L'intérêt de l'épisode réside dans le duo Descrières/Le Poulain, évoquant de manière distrayante le futur Sam et Sally (1978-1980), après  Nicole Calfan apparue dans L'homme au chapeau noir. Au-delà de l'anecdote, le duo de comédiens fonctionne à merveille, apportant un charme indéniable au couple Lupin/Hortense. On apprécie que celle-ci se montre joliment rosse, évitant le piège de la caricaturale innocente jeune fille en détresse. Mais elle aurait pu davantage participer à l'action !

Le problème de l'épisode est que cette relation phagocyte toute le reste, multipliant les dialogues pas toujours relevés au détriment d'une intrigue trainant véritablement en longueur. De plus, la mise en scène se contente de filmer platement les superbes paysages naturels, on s'amuse à remarquer que, durant le duel, les doublures sont à peu près aussi évidentes que celles des Avengers.

La fameuse énigme se résume à une astuce enfantine et à un crime prévisible dès le commencement : une intrigue tellement simpliste qu'il n'y a pas véritablement d'enquête mais plutôt de lassants allers et retours entre les deux maisons.. De plus on se demande bien pourquoi le Baron n'a pas pris la peine de faire disparaitre les corps.  Les interventions de Gaétan apparaissent davantage comme du remplissage que comme une fausse piste, avec un humour assez répétitif.

L'excellent François Maistre se voit réduit à de trop rares scènes. Lupin se cantonne à une unique personnalité d'emprunt, guère fantaisiste hormis l'accent, et jointe à un déguisement assez passe partout, hormis pour le duel.  Soit l'inverse absolu  d'un l'emploi judicieux : prestations variées, brèves et percutantes. Un épisode à voir uniquement pour la belle rencontre de Descrières et Corinne Le Poulain.

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9. LA DAME AU CHAPEAU Á PLUMES

Première diffusion:19 janvier 1974

Distribution: Fritz Muliar (Commissaire Pittora), Christine Böhm (Elfi), Dany Sigel (Lydia)

Résumé:  A Vienne, sortant d'un casino avec une valise plein de billets, Lupin est victime d'un accident de la route. Il se réveille dans un hôpital, totalement amnésique. La police est intriguée par la forte somme trouvée sur lui, pour partie composée de fausse monnaie, de même que par ses quatre passeports différents. Avec l'aide d'Elfi, sa charmante infirmière Lupin commence à remonter le fil des évènements, Sigmund Freud en personne ayant établi qu'il devait être un détective privé américain ! La mémoire lui revient après un choc survenu quand un second accident manque de se produire. En fait Lupin était au casino pour blanchir de la fausse monnaie, du fait du chantage de Lydia, la Dame au Chapeau à Plumes. Celle-ci détient en effet son véritable passeport, avec sa photo.  Lydia fait alors enlever Elfi pour forcer Lupin à restituer l'argent, mais celui-ci la dupe en ne lui donnant que la fausse monnaie !

Critique: Avec La Dame au Chapeau à Plumes  Arsène débute une virée européenne similaire à celle de la première saison, mais nettement plus brève, avec seulement quatre épisodes contre huit précédemment. De plus les voyages se limitent à l'Allemagne et à l'Autriche. Un rapport de cause à effet existe sans doute entre cette moindre présence de partenaires étrangers et la sensible restriction budgétaire ressentie cette saison.

 Le périple commence bien petitement avec cet opus. Son lancement s'avère prometteur, avec lc procédé toujours efficace du réveil amnésique dans un hôpital, déjà expérimenté, entre autres, par Lord Sinclair et Tara King. Mais ici la posture tourne court au bout de vingt minutes, n'ayant autorisé que quelques vagues flash-backs, d'autant plus que la personnalité de Lupin reste inchangée.

On comprend vite que tout ceci ne constitue qu'un simple prétexte à organiser la rencontre entre Freud et Lupin, mais celle-ci demeure totalement inopérante par manque brio et d'humour. On montre à Lupin des taches qui ressemblent à des menottes et il dit qu'elles rassemblent à des menottes.

Un fois revenue dans le schéma traditionnel, l'intrigue se révèle d'une vacuité quasi absolue, multipliant par ailleurs les raccourcis effarants et les  facilités scénaristiques. Comment diable Lydia a-t-elle bien pu se procurer le vrai passeport de Lupin, où simplement pourquoi ce document existe-t-il, l'histoire se garde bien de le préciser. Le tout se révèle par ailleurs platement filmé, avec des comédiens autrichiens pour la plupart peu inspirés, mais peut être pénalisés par le médiocre doublage.

Grimé en infirmière, Descrières est plus ridicule qu'autre chose. Le plus navrant demeure l'inexploitation du cadre unique que constitue Vienne On ne découvre aucune de ses splendeurs, sans que le temps libéré dope le moins du monde à une action se résumant à  des bavardages creux. Un épisode pour rien.

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10. LA DANSEUSE DE ROTTENBURG

Première diffusion:26 janvier 1974

Distribution: Dagmar Heller (Amélie), Charlotte Kerr (Mme Zimmermann), Günter Strack (Federlein)

Résumé: En Bavière, à Rottenburg (en fait Rothenburg ob der Tauber), Lupin sauve in extremis du suicide la jeune Amélie, qui se trouve dans  une situation financière désespérée. Elle a contracté un important emprunt, gagé sur une célèbre peinture lui appartenant, La Danseuse. Or le portrait à été volé, et la campagne d'assurance ne lui verse qu'un dédommagement misérable, arguant que sa propre expertise avait établi qu'ils 'agissait d'un faux. Arsène subodore une arnaque, effectivement l'expert, l'assureur et la directrice d'une galerie d'art se sont associés et font découvrir miraculeusement le tableau... En fait une évidente copie ! Privant ainsi Amélie de tout recours, ils envisagent de vendre l'oeuvre à un milliardaire chilien, collectionneur passionné. Lupin découvre l'affaire et se fait passer pour le Chilien. Il achète l'oeuvre à bon prix mais la cambriole après l'avoir assurée, ce qui plume l'escroc. Il la revend ensuite avec un solide bénéfice au Chilien, qui s'avère un séduisant jeune homme, reversant la forte somme à Amélie. Mais celle-ci n'est pas au bout de son heureuse fortune, puisqu'un coup de foudre l'unit au riche collectionneur, l'aventure se concluant par un mariage !

Critique:  La Danseuse de Rottenburg reste avant tout une brillante construction scénaristique, où l'escroquerie déjà astucieuse du trio se voit démontée par la contre-arnaque de Lupin, elle tout à fait splendide. Sous la patine humoristique et charmante de la série, on trouve une mécanique aussi implacable qu'élégante, dont les divers éléments s'emboîtent parfaitement, avec un vrai sens du spectaculaire et quelques rebondissements survenant à point nommé pour lui compliquer la tâche. Du travail d'orfèvre.

On apprécie également la férocité du joyeuse de Lupin, qui n'a cependant pas la tripe cruelle au  point de détruire ses adversaires, se contentant de les rincer. L'épisode opte également pour une certaine originalité, quand Lupin se fait souiller la demoiselle...  Descrières se montre particulièrement alerte et énergique dans son hilarante composition de l'irascible Chilien !

Le courant semble également mieux passer que précédemment entre lui et ses partenaires allemands. Si la belle Dagmar Heller se montre un tantinet fade en Amélie, les autres comédiens défendent avec conviction leur personnage. Charlotte Kerr montre beaucoup de classe en femme du monde corrompue et le  Commissaire de police manifeste beaucoup plus d'humour et d'énergie que son collègue de La Demoiselle aux yeux verts. Mais  l'autre grand atout de l'épisode demeure la ville de Rothenburg elle même, splendeur miraculeusement préservée du Moyen Age et de la Renaissance allemands.

La réalisation  met parfaitement  en valeur quelques uns de ses sites les plus remarquables, dont la magnifique place médiévale de Plölein, sans trop empeser le récit. On comprend sans peine pourquoi Rothenburg constitue l'un des phares du tourisme Outre-Rhin Avec également  quelques plans réussis des splendeurs de Munich, on retrouve tout à fait l'expressivité et le sens de l'image de Fritz Umgelter, futur réalisateur de l'inoubliable Zora la Rousse (1979). On se réjouit de le retrouver également aux commandes des deux derniers épisodes allemands de la saison.

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11. LE FILM RÉVÉLATEUR

Première diffusion: 2 février 1974

Distribution: Maria Körber (Romy Heidkamp), Marie Versini (Brigitte Barett), Felix Knemöller (Sénateur Heidkamp)

Résumé:  A bord d'un dirigeable se rendant en Allemagne, Lupin se substitue à un célèbre acteur. Celui-ci est  invité par le richissime Sénateur Heidkamp, afin de présider une fête organisée autour de sa collection de bijoux. Ce magnat a en effet décidé de se lancer dans le cinéma. Sur place ; il dérobe les joyaux, dont un prestigieux diamant, mais il s'aperçoit que ce dernier est un faux. Furieux d'avoir été devancé, il décide de récupérer la pierre. Après avoir sympathisé avec l'épouse délaissée de Heidkamp, il oriente sa recherche  vers la maitresse du Sénateur, la piquante vedette Brigitte Barett. Il trouve la preuve de la duplicité de Brigitte en regardant l'un de ses films, où elle ne peut s'empêcher d'arborer le diamant. Après avoir réussi à le récupérer, il le restitue galamment à la Sénatrice, récemment divorcée, mais rend le faux à son ancien mari, pour toucher la prime promise par celui-ci !

Critique:  Cet épisode, particulièrement drôle et enlevé, accumule les bonnes idées. Il a ainsi la bonne idée d'en revenir aux fondamentaux, en décrivant un Lupin davantage cambrioleur que redresseur de tort. Cela ne le prive évidemment pas de demeurer un toujours raffiné gentleman, notamment lors de la belle rencontre avec Romy Heidkamp. Le récit le montre excellant dans les diverses disciplines de son art, en prenant  avec à-propos le temps de nous décrire par le menu le volet technique d'un cambriolage nocturne.

Le ton ressort résolument de la comédie, avec une intrigue joyeusement cynique et comme opposition une cocotte maligne mais trop présomptueuse, rien d'aussi sinistre qu'un assassinat ou un chantage sordide. Les dialogues pétillent et la visite des studios de cinéma regorgent de gags réussis au sein de l'atmosphère si électrique d'un tournage. Les poncifs des productions de l'époque se voient également joliment croqués.

L'épisode ne gaspille pas l'occasion d'une satire, certes légère des meurs de ce milieu, avec une belle galerie de portraits portés par des acteurs parfaitement convaincants. Descrières s'amuse visiblement beaucoup et se montre cabotin en diable avec des numéros particulièrement hauts en couleurs, dont le désopilant journaliste. Le mise en scène de Fritz Umgelter demeure idéalement vive et facétieuse, pertinemment synchrone avec le le comédien principal.

La reconstitution historique s'avère également de grande qualité, avec quelques brillantes idées comme l'évocation de la magie des grands Zeppelins d'avant le drame de 1937 ou la reconstitution d'une séance de cinéma d'alors. Cette dernière, clou de l'épisode, se montre des plus fidèles, tant du point de vue artistique (jeu théâtralisé des comédiens) que technique, tandis qu'est introduite l'astucieuse idée du film révélateur.

On apprécie également que le fidèle Grognard ait un rôle plus développé qu'à l'ordinaire, apparaissant comme un partenaire à part entière et non comme une simple utilité. Un épisode particulièrement truculent et inventif !

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12. LE DOUBLE JEU

Première diffusion: 9 février 1974

Distribution: Andrea Dahmen (Hélène von Wisenberg), Bernhard Helfrich (Commissaire Gottlieb), Günter Spörrle (Wagner)

Résumé:  La Baronne Hélène von Wisenberg se voit accusée de meurtre de son maître de manège hippique, car tout semble l'accuser. La Police a la preuve qu'elle était la maîtresse de la victime et estime qu'elle n'a pas supporté d'être éconduite. De plus elle est la seule a détenir les clefs de la pièce close où l'assassinat a eu lieu. De son côté elle se ne se défend pas car elle croit que son mari, qu'elle aime toujours, est le responsable, ayant découvert son infortune. Lupin, de passage dans la région, va prendre à cœur de prouver l'innocence d'Hélène. Après une enquête menée de concert avec le Commissaire local, il prouve que le coupable est le neveu du Baron. La victime trichait aux cartes avec le neveu comme complice, mais avait voulu conserver tout le butin. Arsène repart avec Hélène, celle-ci s'étend rendue compte que son mari ne l'aimait pas.

Critique:  L'épisode développe une enquête dans la grande tradition du genre, entre chambre close montre (apparemment) brisée à l'instant du crime, jeu des alibis, existence de  différents suspects, lot d'inévitables rebondissements… L'ensemble se montre solide et cohérent,  mais demeure tout à fait classiques. De plus Lupin, hormis la personnalité d'emprunt qu'il conserve tout du long, ne manifeste ici aucune spécificité.

On pourrait tout à fait se retrouver face au déroulement d'un épisode de Poirot, appliqué mais sans génie ni fantaisie. Mais ce qui plombe l'épisode demeure la mise en scène d'un Fritz Umgelter, très à l'aise dans l'aventure et le mouvement, mais qui ne parvient pas à animer un huis clos, exercice toujours éminemment délicat.

De fait on se lasse assez vite d'entendre les mêmes faits, commentés plusieurs fois par des personnes différentes et d'une action circoncise pour l'essentiel à quelques emplacements du haras tournant en boucle. De-ci, de-là on aperçoit quelques beaux panoramas bavarois, mais cet aspect reste insuffisamment exploité. Les acteurs allemands se montrent pareillement efficaces mais sans brio particulier.

Le meilleur de l'épisode demeure indubitablement Descrières, composant avec crédibilité et sans aucune caricature facile un noble prussien de la vieille école. Grâce à son art de la narration, digne du meilleur théâtre, il permet au récit d'au moins réussir le passage essentiel de la révélation de la solution de l'énigme. L'intérêt ressurgit alors vivement, mais il est bien tard.

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13. LE COFFRE-FORT DE MME IMBERT

Première diffusion: 16 février 1974

Distribution: Roger Carel (Commissaire Guerchard), Pascale Roberts (Irène Imbert), Marthe Mercadier (Sophie), Jacques Monod (le Préfet), Raymond Bussières (l'aveugle), Jean-Pierre Rambal (Benoît Imbert)

Résumé:  Irène Imbert, femme à la moralité légère, se montre terriblement dépensière. Elle ruine son timide mari,  puis use d'expédients pour maintenir son niveau de vie.  Un jour elle dépasse les bornes, en dérobant la recette d'un aveugle, joueur d'orgue de Barbarie. Lupin décide de lui donner une leçon. Il lui fait croire à un prochain héritage américain, lui faisant parvenir de faux titres. De riches financiers s'empressent de prêter de fortes sommes à Irène, en attendant le gros lot. Elle dépense sans compter, tandis que Lupin, devenu son intendant, pousse à la roue. Il cambriole le solide coffre-fort d'Irène, substituant tout l'argent par de la fausse monnaie. Puis il s'arrange pour éveiller les soupçons des banquiers. Convaincue d'escroquerie par le Préfet, Irène est alors arrêtée. Mais Lupin, magnanime et galant, la fait prestement libérer puis quitter le pays avec son mari, toujours amoureux. Il indemnise ensuite royalement l'aveugle.Critique:  Pour son ultime opus, la série a l'excellente idée de faire reprendre ses quartiers parisiens à Lupin, qui renoue avec  ses chers Préfet et Guerchard. La brève intervention de ce dernier ne s'avère guère nécessaire au bon déroulement des opérations, mais il aurait été tellement malheureux qu'il manquât à l'appel pour cette dernière aventure ! Au-delà du plaisir des retrouvailles, l'intrigue, d'ailleurs fortement inspirée faits réels, se révèle un modèle d'arnaque, astucieuse et délicieusement amorale.

Au-delà des portraits brossés avec bonne humeur d'Irène et de son cher et tendre, le récit permet de dresser un tableau satirique de l'avidité humaine, obscurcissant tout jugement. Les banquiers se révèlent assez savoureux là-dessus ! Elle autorise également un ultime tour de piste des multiples talents de Lupin. Il en va de même pour les  différentes facettes de sa personnalité complexe et ambivalente, justicier mais aussi canaille cynique et satisfaite. L'épisode a d'ailleurs l'intelligence de ne le faire sauver Irène qu'en toute dernière extrémité !

On a également le plaisir de renouer avec de  fort beaux décors, certes toujours inférieurs aux somptueuses villas de la première saison, mais néanmoins plaisants à l'œil. Le fameux coffre-fort se révèle ainsi un véritable objet d'art. La mise en scène et le montage se montrent également pertinents et toniques. Cette ultime aventure bénéficie d'une superbe distribution, accompagnant un Descrières en grande forme. Pascale Roberts, tout feu tout femme, incarne l'ultra parisienne Irène avec beaucoup de chien, tandis que le regretté Jean-Pierre Rambal (le Professeur Plumecousin des Visiteurs du Mercredi) se situe idéalement dans on emploi.

On remarque aussi la présence de l'excellente Marthe Mercadier, qui, de manière amusante,  reconstitue ainsi avec Pascale Roberts le duo d'amies des Saintes Chéries. Les amateurs des Avengers auront la joie de redécouvrir le grand Raymond Bussières dans l'émouvant rôle de l'aveugle, trois ans avant l'escapade parisienne des New Avengers.

Ainsi s'achèvent ces exploits d'Arsène Lupin. La série, certes parfois inégale et divergeant  nettement de l'œuvre de Leblanc, présente le grand intérêt de demeurer le plus souvent réellement distrayant près de quarante ans après sa diffusion. Descrières aura jusqu'au bout défendu avec panache cette vison du personnage. Il s'affirme en charismatique chef de bande de comédiens français dont la bonne humeur sans prétention continue à divertir et à subir avec succès l'épreuve du temps.

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Crédits photo: lmlr.

Images capturées par Estuaire44.