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 saison 1 saison 3

Amicalement Vôtre (1971-1972)

Épisodes 13 à 24

 


13. LE LENDEMAIN MATIN
(THE MORNING AFTER)

Diffusion: 21 janvier 1972

Scénario: Walter Black écrivit pour de nombreuses séries, principalement américaines, des années 50 aux 70 : Les Pierrafeu, Rawhide, Mon Oncle Bill, Chaparral, Les Espions, Les Rues de San Francisco, Hawaï Police d'Etat...

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Catherine Schell (Kristin), Tonny Bonner (Jon), Frank Gatliff (Anderson), Yutte Stensgaard (Bibi), Penny Sugg (Liv), Bernard Horsfall (Christianson), Walter Horsbrugh (Le majordome), Griffith Jones (Lars Steelman), Marianne Stone (femme de chambre).

Résumé:

Au matin, à Stockholm, Lord Sinclair se réveille et découvre qu'il est désormais marié à la charmante Kristin, évènement dont il ne conserve aucun souvenir ! Après vérification à l'état-civil Les Persuaders doivent se rendre à l'évidence : l'union est valide. Brett sympathise avec Kristin et l'emmène en Angleterre, où il doit servir d'hôte à une importante rencontre diplomatique organisée par le juge Fulton. Danny continue à mener l'enquête à Stockholm. Avec l'aide de Bibi, experte en judo, il finit par découvrir que Kristin est une agente de puissances adverses désirant faire enlever l'un des convives de Brett. Kristin introduit chez Brett Jon, un dangereux assassin. Celui-ci assomme Sinclair, puis, assisté de Kristin, conduit l'otage à un aérodrome désaffecté, où l'attend un avion. Danny arrive juste à temps pour que lui et Brett  rattrapent leurs adversaires, avant de les livrer à la police. Kristin confirme à Brett que leur mariage n'a jamais été réel.

Critique de Estuaire44:

Bien avant le Jack Shephard de Lost, Les Disparus, The Morning After débute par un gros plan suggestif sur l'œil de Lord Sinclair se réveillant. Dès son lancement, cette scène pré-générique, particulièrement réussie, nous interpelle : le héros l'ignore encore mais un évènement majeur vient de lui advenir. Avec humour et sens du coup de théâtre, elle nous dévoile avec un fracassant impact cet extraordinaire rebondissement, l'un des deux célibataires les plus invétérés des séries télé a fini par se marier !

Dès lors l'épisode renoue avec le thème toujours si porteur du protagoniste confronté à une situation incompréhensible et lui échappant totalement de prime abord, souvent exploité avec succès par Hitchcock pour le thriller ou par La Quatrième Dimension pour le Fantastique. Certes cet aspect, très présent lors du passage à l'état-civil, se voit quelque peu minoré par le fait que la mésaventure survient à un héros et non pas à un quidam dont l'effroi ou la panique résultent dès lors si communicatifs. Brett, qui redevient vite un parfait gentleman, ne donne jamais l'impression de perdre pied et il existe pire destin que de se découvrir Lady Sinclair comme compagne. Néanmoins, même si Amicalement vôtre conserve son ton coutumier associant humour et action, ce bouleversement inexpliqué dans l'univers d'une de ses deux têtes d'affiche lui apporte une précieuse spécificité.

Peut-être un peu trop tôt, on bascule dans le second temps de l'intrigue, relevant davantage d'une espionite classique et balisée. Mais le brillant scénario de Walter Black conserve tout son attrait, demeurant efficace et sans aucun temps mort. Tout en diminuant, grâce à deux belles rencontres, l'effet souvent néfaste d'une longue séparation entre les deux Persuaders, le récit souligne également avec habileté cette exaltation de l'amitié virile constituant l'un des fondements de la série. La présence si positive de Bibi vient également minorer à point nommé ce qu'il pourrait y avoir de misogyne à y opposer le personnage emblématique de la vile séductrice. Tout juste pourrait-on reprocher quelques naïvetés à l'intrigue. Que le prétendu frère, (voire Kristin elle-même) puisse s'introduire dans une conférence aussi sensible sans faire l'objet d'aucune vérification relève de la fantaisie. De même on sourit devant l'acharnement que mettent les méchants à ne décidément pas tuer Danny. Mais on retrouve là le charme rafraichissant des séries d'aventures de l'époque.

L'excellente mise en scène de Leslie Norman se montre à la hauteur de son sujet. Avec un parfait minutage et un grand sens du montage, elle parvient à rendre parfaitement tonique cette histoire éclatée entre Suède et Angleterre, de même qu'entre les parcours croisés des deux Persuaders. Le réalisateur parvient également à offrir au public des scènes d'action nerveuses, denrée guère  surabondante au sein de cette série. L'affrontement entre Danny et ses adversaires, grâce également au talent de Tony Curtis, utilise de manière divertissante le trampoline, un instrument déjà utilisé avec succès chez les Avengers. On retiendra également la spectaculaire démonstration de la Lange Rover tout terrain, un grand moment de suspens et de poursuite automobile. Norman réussit même à relativement dissiper les inconvénients des prises de vue de conducteurs en studio. La musique si évocatrice de Ken Thorne apporte également une pleine contribution à l'ensemble, soulignant avec bonheur les différents tons de cette riche histoire. Les inserts suédois apparaissent plus convaincants que les suisses de l'opus précédent. De plus ils se voient puissamment relayés par le segment anglais et l'impressionnant site d'Osterley Park.

The Morning After nous permet également de retrouver le juge Fulton, absent depuis quelques épisodes. Certes il pétille moins qu'à l'ordinaire car plus passif, n'étant pas à la manœuvre. Mais Laurence Naismith lui apporte toujours autant de sympathie. Par ailleurs le personnage, tour à tour en relation avec la police française ou le gouvernement américain, conseiller d'une banque du midi de la France ou désormais intermédiaire entre l'ONU et le gouvernement britannique, achève de basculer dans une réjouissante incrédibilité, à l'image de l'omnisciente Emma Peel, aux lisières de la running joke. Les deux méchants du jour, interprétés avec conviction,  manifestent une vraie présence, ce qui ne se vérifie pas toujours dans cette série. Christianson se montre autoritaire et sûr de lui, tandis que la menace palpable incarnée par Jon (excellent Tony Bonner) apporte beaucoup de crédibilité à la seconde partie de l'intrigue. Qu'il soit si aisément désarmé par Danny ne le prive pas de son aura, l'univers des séries d'aventures britanniques obéissant à certaines règles immuables, comme la lenteur généralisée des adversaires à appuyer sur une détente.

Mais la plus belle réussite de cet épisode réside sans doute dans ses superbes rôles féminins. La série, si friande de la blondeur, ne gâche évidemment pas l'opportunité de son étape scandinave pour exalter celle-ci. On découvre ainsi quelques séduisantes walkyries, telles la secrétaire de l'état-civil (dont les amateurs des Avengers se demanderont où elle range ses clefs) ou l'enthousiaste masseuse, un brin archétypale, mais nous valant une scène des plus amusantes. On distinguera néanmoins l'irrésistible Bibi, dont le charme et l'enthousiasme parfois naïf ne sont pas sans nous évoquer les occasionnelles partenaires d'aventures de John Steed. Aussi sympathique qu'amusante, elle représenterait une Madame Wilde aussi crédible que l'est Lady Sinclair, d'autant que le duo entre Tony Curtis et la ravissante Yutte Stensgaard fonctionne du tonnerre. Un seul regret : à quoi bon nous la dépeindre en experte de judo pour ensuite l'exclure des scènes d'action ? Amicalement vôtre demeure véritablement datée sur certains sujets.

Kristin constitue cependant à l'évidence la grande figure féminine de The Morning After, non seulement parce qu'elle représente le pivot de l'intrigue, mais aussi grâce à l'interprétation particulièrement sensible de la merveilleuse Catherine Schell. Cette dernière apporte une véritable humanité à Lady Sinclair, la rendant bien plus complexe qu'une simple femme fatale. De plus, par son élégance, sa distinction et sa beauté, Catherine Schell rend crédible, autant qu'elle peut le devenir, cette idée d'un mariage de Brett. Ce faisant elle contribue puissamment à cette première partie de l'intrigue, qui apporte son cachet à l'épisode. Après l'avoir visionné, il s'avère bien difficile d'imaginer une autre actrice pour ce rôle ! Kristin apparaît ainsi émouvante, prise dans les rouages d'acier d'une machination mortelle, alors qu'elle en réprouve la violence et éprouve un attachement non feint pour Brett. On regrette qu'il ne lui ait pas été permis de changer de camp, ce qui lui aurait autorisé une autre porte de sortie que celle-ci. Tel quel, le tag final, l'un des plus réussis de la série, offre une belle scène d'adieu au couple éphémère, mais si attachant, formé par Lord Sinclair et celle qui demeurera notre Persuaders' Girl préférée.

Avis de Denis Chauvet:

Un des meilleurs épisodes de la série, et j’ai beau connaître toutes les répliques par cœur, je ne m’en lasse pas. Tout est superbe : l’intrigue, les dialogues, les seconds rôles, les trois jolies filles (cherchez bien, il y en a bien trois), les décors naturels, surtout en Angleterre car à la revoyure, Stockholm, c’est un peu comme Genève précédemment.

L’action se passe dans la capitale suédoise enneigée (très belle ville soit-dit en passant) puis dans une somptueuse résidence en Grande-Bretagne dans laquelle le juge Fulton a organisé un rendez-vous secret. Entre la Hongroise Catherine Schell (Lady Kristin Sinclair) et la Danoise Yutte Stensgaard, j’ai toujours eu un faible pour la seconde. Bibi est ma blonde préférée de la série (qui en compte une sacrée brochette), toujours bien roulée qu’elle soit en tenue judoka ou bottée.

Sinclair et Wilde sont séparés un bon moment mais cela ne nuit pas à l’ensemble rythmé et sans temps mort. Ma scène préférée est celle du judo : ‘J’ai toujours refusé de me défendre contre les filles’. Curtis est en grande forme physique sur le tatami et aussi plus tard sur le trampoline. A noter qu’on y voit une des premières Range Rover, mais la collaboration à la série fut brève suite au manque d’entrain de British Leyland. ‘T’en fais pas, tu l’auras quand on reviendra’ lorsque Brett manque d’écraser un cycliste.

L’aboutissement final, l’enlèvement d’un diplomate par des forces de l’Est, est banal mais l’épisode est un excellent divertissement. On peut regretter la mort inutile du ‘butler’ et la coupe de cheveux de Roger Moore du début de l’épisode ! Et pourquoi les clés de l’appartement de Londres ont-elles si peu d’importance ? L’épisode figure incontestablement dans mon top 3.  

Infos supplémentaires:

A Stockholm, Brett réside au Grand Hôtel. Inauguré en 1874, il été  construit par le français Jean-François Régis Cadier. Cet imposant palace se situe à deux pas du Palais et de l'Opéra. Il accueille traditionnellement les lauréats du Prix Nobel, ainsi que leur famille, depuis 1901. A sa suite, toutes les grandes villes de Scandinavie comportent également un « Grand Hôtel ».

Le mariage de Lord Sinclair et de Kristin Hansen a été enregistré le 15 janvier 1971, d'après le certificat de l'état-civil.

La scène du départ en avion de Kristin et Brett se déroule à l'aéroport d'Arlanda. Inauguré en 1962, cet aéroport situé à 40 km de Stockholm reste aujourd'hui le plus grand de Suède et le troisième de Scandinavie.

En se rendant à l'état-civil, Les Persuaders passent sur le Djurgårdsbron, grand pont situé au centre de Stockholm. Constitué d'une gigantesque charpente en acier reposant sur des colonnes en granit, il est orné de statues représentant le panthéon scandinave. Il fut inauguré en 1897, dans le cadre de l'exposition universelle de Stockholm.

L'imposante demeure où réside le Juge Fulton est Osterley Park, située dans les faubourgs ouest de Londres. Construit au XVIIIème siècle, cet immense manoir, aux vastes jardins, permit à plusieurs riches familles de se retirer comme à la campagne, tout en demeurant à proximité de la Capitale. Désormais propriété publique, il est ouvert au public. Son aspect à la fois spectaculaire et verdoyant lui a valu d'apparaître dans de nombreuses productions anglaises.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint

Catherine Schell (1944) appartient à une famille de l'aristocratie hongroise, qui passa en Occident à la fin des années 40, suite à la prise de pouvoir par les Communistes. Elle participe à plusieurs séries anglaises, dont L'Aventurier et Cosmos 1999, où elle incarne Maya, l'un des principaux personnages de la seconde saison. Elle apparaît également dans Partner's in Crime, Dr Who, Bergerac, Thriller... Au cinéma on l'aperçoit notamment dans Au Service Secret de Sa Majesté, Callan et Le Retour de la Panthère Rose. De 1995 à 2006, date du décès de son mari, Catherine Schell résida en France, à Bonneval, en Haute-Loire. Elle y tint des chambres d'hôtes. En février 2010 sortit Born to Adversity, roman reprenant les péripéties de Cosmos 1999, dont elle écrivit l'avant propos.

Tonny Bonner (1943) reste remémoré pour le rôle récurrent de Jerry King, dans Skippy le Kangourou (1966-1970). Très populaire dans son Australie natale, où il a accompli la majeure partie de sa carrière de comédien et de chanteur, il y patronne plusieurs organismes de bienfaisance.

Bernard Horsfall (1930) reste remémoré pour ses divers personnages de Dr Who (15 épisodes) mais il  a également participé à bien d'autres séries : Le Saint, Dixon of Dock Green, Z cars Poirot… Au cinéma, on l'aperçoit notamment dans Au Service Secret de Sa Majesté (1969) et Gandhi (1982).

Frank Gatliff (1927-1990) a connu une  longue et fertile carrière  participant à de nombreuses séries prestigieuses (Destination Danger, L'Homme à la Valise, Department S, Z Cars…). Il a survolé toute l'histoire des Avengers en jouant dans cinq épisodes : One for the mortuary (saison 1), La trahison (saison 2), Le clan des grenouilles (saison 2), Amour quand tu nous tiens (saison 6) et Le repaire de l'aigle (The new Avengers, saison1). Il est même apparu dans Police Surgeon, la série précédant historiquement les Avengers.

Yutte Stensgaard (1946), mannequin danois, se lança dans le cinéma en Grande Bretagne, en 1963. Elle tourna plusieurs comédies et films d'horreur pour la Hammer, dont le plus connu demeure Lust for a Vampire (1971). Elle participe également au Saint et Jason King. Lassée par le manque de perspectives de sa carrière, elle se retira au milieu des années 70. En 1967, elle épousa un certain Anthony Curtis, dit Tony. Ce directeur artistique n'a cependant rien à voir avec l'acteur ! Yutte Stensgaard demeure particulièrement populaire parmi les amateurs comme l'une des plus attractives actrices de la Hammer.

Séquence culte: Danny et Bibi, la judoka 

Séquence culte: Un réveil difficile

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14. UN RISQUE CALCULÉ
(ELEMENT OF RISK)

Diffusion : 24 décembre 1971

Scénario : Tony Barwick (1934-1993) écrivit pour différentes séries britanniques (Les Professionnels,  Poigne de Fer et Séduction...). Il collabora régulièrement aux productions de Gerry Anderson  (Thunderbirds, Cosmos 1999, UFO etc.)

Réalisation : Gerald Mayer (1919-2001) participa à un grand nombre de séries, principalement américaines, des années 50 aux 80. Il tourna ainsi pers épisodes de Perry Mason, Gunsmokes, Le Fugitif, Bonanza, Les Envahisseurs, Mission Impossible, Mannix, L'âge de cristal, Supercopter etc.   Il était le neveu du dirigeant historique de la MGM, Louis B. Mayer.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), June Ritchie (Charlie), Peter Bowles (Mitchell), William Marlowe (Carl), David Healy (Colonel Adler), Shane Rimmer (Lomax), James Cosmo (Inspecteur Williams), Karen Kessey (Joan), Margaret Nolan (Sophie), Carol Cleveland (Jeune femme  l'aéroport)

Résumé:

Lomax, dangereux gangster américain, se rend en Angleterre pour réaliser un grand coup. Il est intercepté par la police à l'aéroport d'Heathrow, alors que Danny se trouve sur les lieux. Il est confondu avec Lomax par les complices anglais de ce dernier et se trouve entraîné dans le complot criminel. Il ne peut dévoiler son secret, sous peine d'être tué. Grâce au Fermier, Lord Sinclair parvient à s'infiltrer dans le gang, pour venir à la rescousse de son ami. Mais Lomax s'évade et les Persuaders sont découverts avant d'avoir pu prendre la poudre d'escampette. Comme il est trop tard pour changer leurs plans, les bandits les font néanmoins participer à leur opération, consistant à détourner un chargement d'or appartenant à l'armée américaine. Mais les Persuaders parviennent à prendre le dessus et à livrer la bande aux autorités.

Critique de Estuaire44:

 

L'introduction de Un risque calculé se montre fort plaisante, du fait des intéressantes vues du Heathrow de l'époque mais aussi du bec pris avec le sourire par Danny. Malheureusement la suite va se révéler une variation peu inspirée sur un thème assez similaire à celui de Le grand blond avec une chaussure noire, sorti en 1972. On joue pareillement sur une erreur d'identité survenue dans un aéroport, ainsi que sur  les nombreuses situations amusantes  en résultant. L'épisode bénéficie ici du talent humoristique d'un Tony Curtis particulièrement en verve sur ce tempo lui convenant parfaitement. Le voir se débattre sans parvenir à s'extirper d'une inextricable situation, ou cabotiner jouissivement dans une caricature à la Patton divertit grandement et empêche Un risque calculé de sombrer dans l'ennui.

Hélas, là où le film d'Yves Robert développait un scénario alerte et riche en rebondissements, l'épisode ne parvient guère à dépasser son postulat initial. De la méprise de l'aéroport jusqu'à la réalisation du casse, on observe un vaste surplace, que quelques vaines gesticulations ou autres prévisibles péripéties (l'évasion du vrai Lomax...) ne parviennent pas à dynamiser. L'ensemble se perçoit comme bavard et répétitif, le ressort comique de la fausse identité de Danny, moteur quasi unique de l'histoire, finissant par s'user considérablement. L'épisode comptera certainement parmi ceux voyant les Persuaders le plus longtemps séparés. Brièvement reconstitué, le duo vedette produit bien ses coutumières étincelles, mais d'une manière bien éphémère. De plus, alors que l'on passe le plus clair de cet épisode verbeux à l'attendre, le fameux fric-frac, prétendument un chef-d'œuvre d'intelligence criminelle, se révèle d'un simplisme confinant au ridicule. On se situe très loin de l'attaque du train postal, voire d'Opération Tonnerre (si ce n'est de Homicide et vieilles dentelles).

La mise en scène appliquée de Gerald Mayer ne se substituera certes pas à la faiblesse narrative de l'intrigue, se bornant à une terne efficacité. Tout juste y discerne-t-on quelques plans réussis, comme de jolis paysages anglais ou l'image finale voyant les Persuaders s'éloigner sur une piste fuyant vers l'horizon. Mais l'effet obtenu reste considérablement moindre que celui de son célèbre équivalent de L'Heure Perdue. On apprécie cependant toujours autant les décors d'Harry Pottle, et ce d'autant plus que l'on dispose d'ici de tout le temps nécessaire à leur contemplation. Les petites tables de desserte en forme de tambour de l'appartement de Lord Sinclair s'avèrent délicieuses et imaginatives. L'impressionnant appartement de Mitchell se montre judicieusement à l'image de son propriétaire, cherchant à épater à tout prix en en rajoutant dans le chamarré et le flamboyant. Comme à chaque fois dans cette série, la boite de nuit estampillée 70's produit son effet, tandis que l'on décerne derechef le trophée du pire danseur des séries télé à Lord Sinclair. Par ailleurs on subit quelques inserts publicitaires assez voyants, notamment pour Martini et Sony.

Les seconds rôles n'apportent également qu'une bien faible valeur ajoutée au récit. L'intérêt des comparses de Lomax et Mitchell avoisine le nul, tandis que Shane Rimmer apporte sa solidité coutumière à un gangster tout de même très passe-partout. L'apparition dans la série de Peter Bowles crée bien entendu en soi un événement pour les amateurs des Avengers. Et l'acteur manifeste effectivement son grand talent, extrayant toute la saveur possible de quelques lignes de dialogues peu inspirés. Néanmoins, malgré sa clinquante personnalité, Mitchell souffre d'un manque évident de dimension, puisque se limitant à être la dupe de Danny durant la première partie du récit, avant de devenir un simple satellite de Lomax. Peter Bowles en trouve pas ici un personnage à la démesure de son talent, et c'est fort regrettable. Par ailleurs si l'on se réjouit de retrouver le Fermier, sa prestation paraît un peu plus convenue que la première fois. Le juge Fulton n'a également que peu matière à s'exprimer dans un rôle réduit à une simple utilité, subissant avec passivité les évènements.

La partie féminine s'avère inégale. Certes les jumelles se montrent totalement insignifiantes et le jeu de June Ritchie n'en impose guère. Le retournement de veste de Charlotte, d'une absurde soudaineté, relève du cliché éculé et s'insère particulièrement maladroitement dans une intrigue qu'il achève de faire sombrer dans l'inanité. Néanmoins la sublime Margaret Nolan demeure la vraie pépite de cet épisode accordant de nouveau la préférence  aux blondes. Par sa beauté, son naturel et sa sympathie elle remporte d'entrée les suffrages du public. Ses scènes avec Danny se montrent particulièrement amusantes, tandis que les deux bonjour/au revoir instantanés constituent un excellent pastiche de sa scène dans Goldfinger. Un clin d'œil réussi mais ne contrebalançant pas la manque d'ambition patent de Un risque calculé.

Avis de Denis Chauvet:

Un épisode en deux parties distinctes : le début assez plaisant et la fin très quelconque. Wilde est pris pour le truand Lomax à l’aéroport d’Heathrow à cause d’une mallette (décidément !). L’intrigue est basée sur ce quiproquo qui a du mal à tenir mais, une fois éventé, l’exécution du plan plonge l’épisode dans la médiocrité. En fait, Lomax est le cerveau d’un vol de lingots d’or qui doit se dérouler sur une base militaire US.

Les points d’intérêt, qui valent à l’épisode d’avoir deux bottes, sont la présence de Peter Bowles (moins saignant néanmoins que dans les Avengers), la pétillante blonde de la semaine (Charlie alias June Ritchie, superbe en rose, que je place très haut dans les blondes de la série), qui roule une pelle à 10 000$ à Wilde, et la délirante séquence de boite de nuit du Trocadero (même deux avec le tag) ; vous pouvez zapper le reste mais ce passage est culte…et on comprend que Danny préfère Charlie ou Sophie (Margaret Nolan) aux deux sœurs jumelles tartignoles proposées par Brett Sinclair, qui montre plus d’entrain avec ce duo quelconque que pour sa couverture de pseudo pilote.

Quelques longueurs, dont le baratin de Wilde/Lomax sur l’affaire, le retournement de veste absurde de Charlotte, et le final raté et fastidieux, pale copie de celui de Goldfinger, n’arrangent pas les choses. A noter le retour du Fermier, malheureusement sans Wilde, et la présence du juge Fulton. 

Infos supplémentaires:

Les sources divergent quant à la date de la première diffusion de cet épisode.

Seconde et hélas ultime apparition du Fermier, qui cette fois porte la barbe !

A la sortie de l'aéroport, Danny est emmené dans une Jaguar XJ6. Cette voiture fut construite de 1968 à 1973, à 82 123 exemplaires. Elle marqua un important renouvellement de la gamme, tant en terme de tenue de route et puissance qu'en confort et design. Durant les importante recherches menant à sa réalisation, le prototype fut désigné comme  Experimental Jaguar (XJ), terme qui perdura dans l'appellation commerciale. Les Jaguars XJ ont su évoluer par la suite et demeurent encore aujourd'hui un fer de lance de la marque.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint

Peter Bowles (1936) joué dans quatre épisodes de Chapeau Melon et Bottes de Cuir: Seconde vueMeurtre par téléphone, Remontons le Temps et Les évadés du monastère. Il a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Destination Danger, Département S, Cosmos 1999. Poirot… Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années. Il participe régulièrement à des interviews et reportages sur Chapeau Melon.

Carol Cleveland (1942) est principalement connue pour avoir été la seule partenaire féminine récurrente des Monty Pythons, dans l'ensemble de leur série télévisée, comme dans cinq de leurs films. Dans Le Club de l'Enfer, elle incarne Sara, la rivale jalouse de Mrs Peel.

June Ritchie (1938), formée à la RADA, réalisa l'essentiel de sa carrière au théâtre. Elle participe à  Tales of the Unexpected, Le Baron, Le Saint....

William Barlowe (1932-2003), également un ancien de la RADA, participa à plusieurs séries (Callan Z Cars...), mais demeure surtout connu pour ses apparitions dans Dr Who. De 1968 à 1977 il fut l'époux de Catherine Schell, avant d'épouser la veuve de Roger Delgado en 1979. Il incarne Fairfax dans... Affectueusement vôtre (saison 6 des Avengers).

Margaret Nolan (1943) fut une populaire mannequin de charme (connue sous le pseudonyme de Vicky Kennedy), au début des années 60. Après être apparue dans de nombreux magazines spécialisés, elle tenta sa chance à l'écran, où sa notoriété lui valut nombre de petits rôles. Elle incarne ainsi Dink, la masseuse de 007, dans Goldfinger (1964). C'est également elle qui apparaît peinte en or dans les affiches promotionnelles de ce film, et non Shirley Eaton. Margaret Nolan participe notamment à Destination Danger, Adam Adamant Lives !, Le Saint, ainsi qu'à la série de films humoristiques Carry On.

Séquence culte:  Danny incognito en boite de nuit

Séquence culte:  Course poursuite

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15. UNE RANCUNE TENACE
(SOMEONE WAITING)

Diffusion : 25 février 1972

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Peter Medak (1937) a travaillé pour le cinéma (Romeo is Bleeding, 1993) comme pour la télévision : Masters of Horror, The Wire, Carnivale, Breaking bad… Il fut l'époux de Julia Migenes.

Distribution: Penelope Horner (Catherine Bowman), John Cairney (les frères Jenkins), Donald Pickering (Morley Lyndon), Lois Maxwell (Louise Cornell), Maxwell Shaw (Vine) Jennie Hanley (Magda), Helena Ross (Joe)

Résumé:

Brett et Danny se sont associés dans la mise au point de la Sinclair Special, une Formule 1 sur laquelle ils fondent de grands espoirs. A l'approche d'une importante course, Sinclair fait cependant l'objet d'inquiétantes tentatives de meurtres, qui seraient liées à son passé de pilote. Par ailleurs le crime organisé tente de truquer l'épreuve, tout en faisant porter le chapeau à Danny ! Qui plus est Catherine Bowman, journaliste, mène une enquête sur cette escroquerie et est certaine de la culpabilité des Persuaders ! Tout en faisant face aux menées de leurs adversaires, nos héros parviennent à dénouer ce complexe écheveau. Il s'avère que leur ennemi était le frère jumeau d'un pilote grièvement brulé dans un accident, persuadé à tort que Sinclair en était le responsable. Après que Danny ait écarté la menace maffieuse en la personne de l'intrigante Louise Cornell, Brett finit par remporter la compétition

Critique de Estuaire44:

Après une introduction déjà spectaculaire et captivante, cet épisode de haut vol étonne par sa succession de scènes constituant autant de morceaux de bravoure mais en apparence relativement déconnectées les unes des autres et d'ambiances très diverses. En fait, le très habile scénariste qu'est Terry Nation tisse une trame plus complexe que de coutume, avec plusieurs fils (la mafia des jeux, la journaliste, le frère ivre de vengeance) s'entrecroisant harmonieusement dans un écheveau dont la progressive révélation s'effectue selon un parfait minutage. On tient ici un roman à tiroirs d'excellente facture, dont la résolution des différentes énigmes produit un suspense des plus prenants. Cette histoire très riche, outre sa virtuosité narrative, dégage une atmosphère originale au sein de la série, avec ce complot morbide, parfois situé aux confins de l'épouvante. Avec cette inquiétante maison contenant des éléments biographiques de Sinclair, les amateurs des Avengers y reconnaîtront comme une saveur proche du Joker ou de L'héritage diabolique, tandis que d'autres péripéties, comme l'attentat initial ou l'abominable cercueil pointent plutôt vers le formidable Méfiez-vous des morts.

L'épisode ne se limite pas cependant à cet aspect aussi sinistre qu'intrigant mais développe également de jolis morceaux d'humour et d'action, ces différents éléments se combinant fort efficacement. On discerne ainsi des moments particulièrement réjouissants entre Persuaders comme le pantagruélique petit déjeuner traditionnel de Lord Sinclair, assaisonné d'une nouvelle excellente histoire d'ancêtres. Le récit apporte d'ailleurs un savoureux éclairage supplémentaire sur la personnalité et les manies de Brett. Danny ne manque pas non plus de pétillantes réparties, particulièrement quand il s'improvise garde du corps de son ami. L'aspect parfois très  Chapeau Melon de Someone Waiting se voit de plus idéalement parachevé par un tag de fin au champagne ! Un cachet véritablement anglais s'observe également, notamment via ces panoramas urbains caractéristiques. Nous avons décidément laissé derrière nous le soleil de la Côte d'Azur.

L'autre atout maître d'Une rancune tenace réside dans l'inventivité et la maestria de la mise en scène de Peter Medak. D'une manière bien supérieure à ce que  l'on peut découvrir habituellement dans Amicalement vôtre, il rend parfaitement mobile sa caméra, ne reculant devant aucun audacieux cadrage rehaussant l'intensité de la scène en cours. C'est notamment le cas avec ce plan glaçant montrant Danny quasiment torturer avec une barre d'acier son agresseur pour le forcer à parler. Très « persuader », en effet. Les scènes d'action sont également fort correctement mises en valeur, comme lors de l'affrontement final ou de cette étonnante et hilarante reconstitution des affrontements du cinéma muet, que n'aurait certainement pas renié un Z. Z. von Schnerk ! S'il ne parvient pas à s'affranchir du boulet des transparentes scènes de conduite en studio, Medak réalise de superbes plans des courses de Formule 1 de l'époque. Rugissement des moteurs et splendeur des bolides, l'épisode doit certainement être populaire parmi les amateurs de sports mécaniques ! La contrepartie  en demeure que les réclames des circuits établissent sans doute un record au sein de la série en matière d'inserts publicitaires, mais qu'importe.

Si l'on regrette un mélodrame un tantinet appuyé lors de la découverte du brûlé et de son jumeau, Terry Nation réussit parfaitement les seconds rôles de son scénario. On apprécie vivement la décontraction canaille et cynique de Morley, auquel l'excellent Donald Pickering apporte une vraie veine picaresque. Le contraste entre les rodomontades et la poltronnerie de Vine s'avère également fort gouleyant. L'apparition de Lois Maxwell constitue évidemment un évènement en soi, mais elle bénéficie de plus d'une confrontation avec Tony Curtis autrement plus intéressante que les quelques insignifiantes répliques de Bernard Lee dans  Someone Like Me. Le duel crépite, tandis que les partisans de la période Cathy Gale (Les petits miracles) se prendront à rêver que Sœur Johnson a finalement réussi sa carrière au sein du crime organisé ! D'une manière amusante Penelope Horner reprend un rôle de journaliste très similaire à celui de Jenny Firston dans Le Matin d'Après, des Avengers. Elle démontre ici davantage d'à-propos et de personnalité que lorsqu'elle jouait une  occasionnelle remplaçante de Tara King. Penelope Horner apporte ainsi davantage à l'épisode que l'impact somme toute limité de son personnage. Quant aux blondes Magda et Joe, elles soulignent de manière fort divertissante les inclinations particulières de Lord Sinclair dans le choix de ses employées !

Avis de Denis Chauvet:

Un épisode à deux histoires : une tentative de fausser une course automobile et une vengeance personnelle sur Brett Sinclair, et la première a tendance à bouffer malheureusement la seconde. Le suspense est néanmoins au rendez-vous, même s’il s’estompe à la revoyure. Wilde enquête tel Sherlock Holmes (cité dans les deux versions), alors que Sinclair attend  la plupart du temps. Les meilleures séquences sont le pré-générique, la Ferrari suivie par la Volvo dans les rues mouillées de Londres sur une superbe musique jusqu’au feu rouge, Wilde et l’homme saoul au bar, le somptueux breakfast préparé par le lord (une de mes préférées de la série), et l’entrée de Magda, la nouvelle repasseuse (avec le tag, les mauvaises langues pisse-froid pourraient taxer la série de sexiste).

Comme toujours dans la série, les scènes de voitures ne sont pas top et elles ont l’air d’avoir été filmées dans la caisse de Benstead ! Les seconds rôles ne sont pas transcendants : la blonde de la semaine – Penelope Horner –  est jolie mais plus discrète qu’à l’accoutumée, Miss Moneypenny n’est pas crédible en bidouilleuse de courses et ses hommes de main sont pâlots. Reste John Cairney en Jenkins, mais son temps de présence est bref, alors que l’idée des deux frères aurait dû être mieux exploitée. Un bon final néanmoins. Toujours trois bottes, mais pas dans le haut du groupe de 3 !

Pour terminer, une petite comparaison sur les deux versions. Lors de la superbe scène du petit déjeuner, Brett précise : « Traditional English breakfast for the aristocracy », mais la réponse de Wilde est bien plus drôle en VF. « For the aristocracy ? » en version originale, et « Tu ne dois pas te sentir gonflé après tout ça » en VF ! Et pourquoi l’ancêtre de Sinclair, amateur de bonne chère, est décédé à 24 ans en VO et 29 en VF ? Mais c’est en VO que nous connaissons l’adresse exacte de Wilde : 49 Grosvenor Square Apartment 5B.  

Infos supplémentaires:

Dans la version originale, le personnage interprété par Penelope Horner se nomme Carrie Bowman et non Catherine. Sans doute a-t-on voulu éviter un prénom peu usité chez nous.

En arrière plan, quand Danny se rend chez le mécanicien, on reconnaît le fourgon Modèle H de Citroën ayant servi dans Five Miles To Midnight.

La course remportée par la Sinclair Special se déroule sur le Brands Hatch Circuit, dans le Kent au Sud-est de Londres. Le Grand Prix de Grande Bretagne s'y est déroulé à douze reprises, entre 1964 et 1986. Actuellement, il accueille de nombreuses et importantes rencontres automobiles, britanniques ou internationales.

Brett prête la Sinclair Special à Danny sur le circuit de Silverstone. Situé près d'Oxford, il accueille chaque année le Grand Prix de Formule 1 de Grande Bretagne, depuis 1987. Il s'agit d'une ancienne base de la RAF, reconvertie pour l'automobile en 1948. La bascule entre Bands Hatch et Silverstone fut provoquée par le grave accident survenu à Jacques Lafitte en 1986, qui mit en exergue la vétusté du premier.

L'épisode permet de découvrir plusieurs voitures de course de l'époque : March 701, Matra Simca MS 120, MacLaren M14A…

Un plan de course automobile est repris dans le générique, accompagnant la coupure de presse intitulée : Brett Sinclair enters Grand Prix.

D'après ses déclarations à la journaliste, Danny réside au 49, Grosvenor Square (en version originale). Situé dans le quartier de Mayfair, il s'agit d'un des endroits les plus huppés de Londres. On y trouve d'ailleurs l'ambassade des Etats-Unis et Grosvenor Square représente un point de ralliement traditionnel de la communauté américaine de Londres.

L'épisode est le remake de La vengeance (The Time to Die), écrit en 1968 par Terry Nation pour la saison 6 du Saint.

Le pianiste du bar est Russell Henderson, (1924), musicien originaire de Trinidad et également spécialiste reconnu du tambour d'acier traditionnel. Sa superbe carrière réalisée en Grande Bretagne depuis les années 50 lui valut d'être élevé dans l'ordre de l'Empire britannique en 2006.

Acteurs – Actrices

Loïs Maxwell (1927-2007) naquit au canada et, en mentant sur son âge, participa au théâtre aux armées durant la Guerre, en Europe. Découverte, elle s'installa en Grande-Bretagne pour éviter la cour martiale et intégra en 1944 la Royal Academy of Dramatic Arts comme plus tard une autre canadienne, Linda Thorson. Elle s'y lia d'amitié avec Roger Moore. Après quelques rôles aux États-Unis, elle se consacre à la télévision britannique (Gideon's Way, UFO, Le Saint, Chapeau Melon et Bottes de cuir) mais accède à la célébrité avec le rôle de Moneypenny, l'irrésistible secrétaire de M, le supérieur de James Bond. Elle incarna le personnage durant les 14 premiers films de la série, de 1962 (Dr No) à 1985 (Dangereusement vôtre, avec Patrick Macnee). En 1973, elle retourna au Canada où elle connut le succès dans le commerce du textile. Elle décède d'un cancer du colon.

Donald Pickering (1933-2009), fut le Dr Watson dans la série Sherlock Holmes and Doctor Watson de 1980 et apparut également dans Dr Who, Les Professionnels, les Champions, Le Saint, Fahrenheit 451 etc. Dans le Monde des Avengers il incarna Peter Roberts (le Vengeur Volant) et Freddie Cartwright (Homicide et vieilles dentelles).

Penelope Horner (1942) apparut dans plusieurs productions britanniques des années 60 et 70 : Le Saint, Armchair Theatre, Detective, L'Aventurier, Jason King… Elle mit fin à sa carrière au début des années 80. Elle incarne Jenny Firston dans Le matin d'après (saison 6 de Chapeau Melon).

Jenny Hanley (1947) fut la « jeune femme irlandaise » de Au Service Secret de Sa Majesté. Sa carrière se limita par la suite à quelques apparitions au cours des années 70 (Softly Softly, Le retour du Saint, Jason King L'Aventurier…). De 1974 à 1990, elle anima également une émission pour enfants. Elle participe à Les cicatrices de Dracula (1970), ainsi qu'à La vie privée de Sherlock Holmes (1970). Elle appartient à une importante famille anglaise. Sa grand-mère fut ainsi une photographe attitrée de la famille royale et contribua au lancement de la carrière de mannequin du jeune Roger Moore.

Séquence culte: Un petit déjeuner copieux 

Séquence culte: Confrontation finale

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16. LE MOT DE PASSE
(ANYONE CAN PLAY)

Diffusion: 5 novembre 1971

Scénario: Tony Willamson (1932-1991) fut un prolifique auteur, ayant tendance à privilégier la fantaisie au réalisme. C'est ainsi qu'il travailla pour les Avengers (9 épisodes), Jason King, Department S, Randall and Hopkirk (Deceased), Adam Adamant Lives !...Il fut également un collaborateur régulier des productions ITC et de Dennis Spooner, supervisant l'écriture de nombreux scénarios. Des problèmes cardiaques l'obligèrent à ralentir ses activités à partir du milieu des années 80.

Réalisation : Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Cyd Hayman (Lyn), Dudley Foster (Heather), Ed Devereaux (Ryker), Richard Vernon (Sir Maxwell Dean), Tim Goodman (Webster), Patrick Jordan (Pelli), Peter Forbes-Robertson (L'inspecteur Langford)

Résumé:

Dans un casino de Brighton, suite à une méprise, Danny est confondu avec un agent secret étranger. Les complices de ce dernier lui remettent, sous formes de gains à la roulette, une forte somme destinée à financer un réseau d'espions. Ayant compris leur erreur, ils se lancent à la poursuite des Persuaders. Ceux-ci se voient de plus approchés par Sir Maxwell, un digne représentant du contre-espionnage anglais ainsi que par Lyn, autre membre de la conjuration. Elle est chargée d'opérer la jonction avec le trésorier et prend elle aussi Danny pour ce dernier. Suites à diverses péripéties, nos héros s'infiltrent dans une grande réunion de l'organisation, se déroulant dans un train. Après un solide affrontement, ils parviennent à mettre tous les espions hors d'état de nuire.

Critique de Estuaire44:

A l'occasion de cet épisode particulièrement brillant, Amicalement vôtre renoue avec le genre ayant fait les riches heures des séries britanniques des Sixties : l'espionnage. Mais elle le réalise avec son génie propre : un humour et une distanciation affleurant au pastiche. De nombreux canons du genre s'y retrouvent en effet : réseaux mystérieux,  mot de passe, micro, voiture piégée, déguisement, noms de code (canard boiteux, grand dauphin…). Mais ils se voient détournés avec brio et bonne humeur, en particulier grâce à l'attitude des Persuaders eux-mêmes, prenant tout ceci (à quelques exceptions près) avec leur proverbiale décontraction.

 Ce qui aurait pu constituer le récit noir et volontiers angoissant d'innocents pris au piège  devient sous la plume du malicieux Tony Willamson une comédie légère et tonique. L'auteur évite tout temps mort et multiplie les dialogues hilarants, notamment entre les héros (réunis durant une grande partie de l'épisode) ou entre Danny et Lyn. On pourra, fugacement,   regretter certaines facilités, comme le fait qu'Heather parvienne miraculeusement dans le train ou qu'il s'agisse d'une énième méprise survenant aux Persuaders. Mais il s'agit d'une conséquence assez inévitable de leur statut particulier d'amateurs, participant pleinement à leur identité.

Par ailleurs, Le mot de passe revêtira un attrait tout particulier pour les amateurs des Avengers tant Tony Willamson multiplie comme à plaisir les clins d'œil à cette série qu'il connaît particulièrement bien,  L'original lieu du rendez-vous avec l'archétypal Sir Maxwell (excellent Richard Vernon) évoquera irrésistiblement les spectaculaires quartiers généraux  de Mother, mais aussi les savoureuses  rencontres avec One-Ten. La scène se révèle également un vrai bijou d'humour, le flegme des deux Anglais convergeant face au bouillonnement du natif de « l'ancienne colonie ». D'autres éléments viennent joliment renfoncer ce sentiment de rencontre entre les deux séries, comme ce complot dans un train évoquant Une petite gare désaffectée ou Sir Maxwell demandant à ce que l'on contacte le Ministère. On rit franchement quand on découvre l'hilarant espion londonien tenter d'assommer Danny avec un chapeau melon métallique. Mais seul un authentique maître peut dominer cette technique !

Le meilleur de l'épisode réside dans l'excellent personnage de Lyn, qui apparaît comme ce qu'aurait du être l'Olga de Meurtres distingués. Délesté des outrances et des postures caricaturales, l'humour de ses commentaires anticapitalistes ne s'en impose que davantage. La brune (pour une fois) Cyd Hayman lui apporte charme et conviction. Ses dialogues avec Danny s'avèrent irrésistibles, notamment quand celui-ci lui commente à quel point sa couverture de playboy milliardaire est insoutenable. Les autres membres du réseau se montrent solides et bien interprétés. Les joyeux drilles rencontrés dans le train valent également le coup d'œil, notamment quand ils indiquent que les grèves du chemin  de fer anglais sont orchestrées par l'étranger !

La mise en scène de Leslie Norman se montre alerte, sachant soutenir le tempo élevé de l'intrigue. Il réalise de fort jolis panoramas de cet endroit magique qu'est Brighton. L'ensemble de l'épisode se perçoit d'ailleurs comme un vibrant appel à aller découvrir cette si plaisante station balnéaire. Les nombreux affrontements insérés dans l'histoire  ne développent pas de savantes chorégraphies mais manifestent cependant une vraie débauche d'énergie de la part des acteurs. C'est en particulier le cas pour Tony Curtis, absolument impérial tout au long de l'épisode, tant sur le registre de l'action que de la comédie. Hormis le lieu de rendez-vous avec Sir Maxwell, on regrettera cependant des décors moins sophistiqués et enthousiasmants qu'à l'accoutumée, ne s'élevant guère au-dessus de leurs équivalents du Saint. Leslie Norman filme également avec un parfait minutage le joyeux tag final, se concluant sur l'image du chapeau melon et du parapluie de Sir Maxwell !

Avis de Denis Chauvet:

L’action se déroule à Brighton, charmante petite ville côtière connue pour son casino et sa jetée ressemblant à celle de Deauville. Danny Wilde est pris pour un contact lorsqu’il prononce la phrase magique et qu’il empoche le gros lot à la roulette. C’est le début d’un quiproquo (comme Un risque calculé), et les deux épisodes présentent un bon début, mais une fin qui laisse sur sa faim.

Ici aussi, nous avons droit à une séquence ‘magique’ de notre duo ; celle de l’hôtel où Brett essaie de dormir, tandis que Danny tente de se débarrasser de deux tueurs puis fait la connaissance de Section 9 : une jolie brune, une fois n’est pas coutume, qui repousse les avances de Danny (‘pas de frivolités bourgeoises’) ! L’espionne russe se rapproche plus du critère des Bond que des Avengers, avec la pitoyable Olga. Ce long passage à l’hôtel est un peu un remake de celui du Drôle d’oiseau, avec de nombreux bons mots et de scénettes cocasses (Brett en pyjama et la coupe de champ, Danny le portant sur son dos, l’arrivée de Section 9…).

Après la bagarre sur la jetée avec les policiers (‘La police, où ça ?’) et le passage de la bombe dans la Ferrari, la suite déçoit. Brett en laveur de carreaux, qui passe bêtement un appel téléphonique sur place, et la séquence d’action finale trop burlesque sont les points négatifs de l’aventure ; le final fait inévitablement penser à Une petite gare désaffectée, qui est nettement supérieur. Heureusement que camarade Wilde lit Playboy (l’édition de mars 71) et qu’il discute avec un type en salopette look cégétiste et le camarade de la capitale, un Steed qui veut déclencher une grève dans les chemins de fer ! La phrase de l’épisode pour Brett en réponse à Danny qui le trouve rouillé :’Toi, ça fait longtemps que tu es pourri de l’intérieur !’.

Pour finir, il y a toujours ce problème de chiffres dans la traduction : Section 9 est en fait Section 7 dans la VO, et puis Wilde ne pense pas à son pneu arrière, mais à sa stéréo : « My living stereo is dead ? ». 

Infos supplémentaires:

Il reste étonnant que Ryker fasse exploser une bombe dans la chambre où se trouvent  les billets de banque qu'il entend récupérer. Ceci-dit, ces derniers en ressortent miraculeusement intacts !

Dans le train, Danny lit ostensiblement un numéro de Playboy. Il est vrai que ce magazine fondé en 1954 connaît son apogée en ce début des années 70. Son record historique de vente (7 161 561 exemplaires) s'établit ainsi en 1972 et de nouvelles éditions voient le jour ailleurs qu'aux Etats-Unis. La version française est d'ailleurs lancée en 1973. La décennie verra cependant l'apparition de concurrents directs (Penthouse, Hustler…) et le début d'un inexorable déclin des ventes.

Les Persuaders se heurtent aux deux policiers sur le front de mer de Brighton, à deux pas du fameux Palace Pier (ou « Brighton Pier »). Brighton est l'une des stations balnéaires les plus célèbres de Grande Bretagne. Inauguré en 1870 par le richissime indien Albert Abdullah David Sassoon, le site est fameux pour ses extravagants bâtiments, dont le fastueux Royal pavillon à l'architecture indienne et à la décoration chinoise, et le Palace Pier. Cette immense jetée, inaugurée en 1889, contient de nombreux restaurants et salles de jeux, ainsi qu'une fête foraine permanente. Située à une heure de Londres, Brighton, souvent surnommée London-by-the-sea, est un grand lieu de ralliement pour la jeunesse anglaise.

Acteurs – Actrices

Cyd Hayman (1944) se fit connaître grâce à la série Manhunt 1970), où elle jouait le rôle proncipal. Elle participa également à Adam Adamant Lives !, L'Aventurier, Cosmos 1999, Bizarre Bizarre

Dudley Foster (1925-1973), grand spécialiste des rôles de vilain, a joué dans trois épisodes des Avengers : L'heure perdue, Rien ne va plus dans la nirsery et Étrange hôtel. Il a également tourné dans les séries Police Surgeon, Destination Danger, Z Cars, Dr Who, Le Saint... Il s'est suicidé.

Richard Vernon(1925-1997), s'est spécialisé durant sa longue carrière dans les rôles d'aristocrates anglais très dignes. Il tourna beaucoup pour la télévision (Yes, Prime Minister, The Duchess of Duke Stree, Department S…) et au cinéma (A hard day's night, Allez France !), et fut également très actif dans les dramatiques radiodiffusées de la BBC. Il participa à Goldfinger (1964) où il interpréta le Colonel Smithers, représentant de la Banque d'Angleterre confiant un lingot d'or nazi à 007 pour appâter Goldfinger. Richard Vernon incarna Lord Matterley dans The Mauritius Penny (saison 2 des Avengers).

Séquence culte: Du rififi dans l’hôtel 

Séquence culte: Danny, agent soviétique

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17. LE COMPLOT
(THE TIME AND THE PLACE)

Diffusion: 22 octobre 1971

Scénario: Michael Pertwee (1916-1991) écrivit pour de nombreuses séries anglaises ou américaines : Le Saint, Alfred Hitchcock Présente, Armchait Theatre, Destination Danger… membre d'une grande famille de comédiens, il était ainsi le frère de Jon Pertwee, l'interprète de la troisième incarnation du Docteur.

Réalisation: Roger Moore

Distribution: Ian Hendry (Lord John Croxley), Anna Palk (Marie), Patrick O'Connell (Ryder), Robert Flemyng (Sir George), David Rees (le journaliste de télévision), Basil Dignam (le Premier Ministre), Olga Lowe (la contractuelle)

Résumé:

A la campagne, Danny découvre un mort, mais, dès qu'il a le dos tourné pour avertir Brett, la dépouille disparaît. En tentant de résoudre cet étrange cas du cadavre évanoui, nos amis découvrent qu'ils se trouvent dans la vaste propriété d'une connaissance de Brett, Lord Croxley. Celui-ci les accueille fort courtoisement mais plusieurs de ses déclarations intriguent nos héros, d'autant que le mort réapparaît rapidement, dans un accident de voiture simulé. Il s'agit en fait d'un journaliste politique réputé pour ses investigations affutées. Les Persuaders mènent l'enquêtent et découvrent que le reporter était sur le point de percer le secret de Lord Croxley. Celui-ci s'apprête à faire assassiner le Premier Ministre, puis à prendre le pouvoir avec l'aide d'influents complices. Les Persuaders parviennent  à éviter in extremis l'attentat et reçoivent les félicitations officielles du Premier Ministre, au 10 Downing Street !

Critique de Estuaire44:

L'épisode réalisé par Roger Moore évite plusieurs écueils, comme trop mettre en avant son personnage (même si l'intrigue se déroule dans le milieu social de Lord Sinclair) ou composer une œuvre très personnelle, exogène à la série. Cela s'est déjà vu ailleurs, notamment dans les X-Files avec le All Things de Gillian Anderson, et l'épisode demeure au service de la série et non de l'acteur. Il n'en reste pas moins que Le Complot ne soulève guère d'enthousiasme, la faute en revenant principalement à un scénario cumulant plusieurs maladresses. Tout d'abord l'exposition se révèle beaucoup trop longue et alambiquée, un tempo passablement lent qui se retrouvera tout au long d'un épisode passablement bavard. La révélation du complot, qui apporte enfin du piment à une histoire se mouvant jusqu'ici dans le brouillard, survient trop tarpement. Plusieurs scènes, comme la visite de Sinclair au journal du disparu, paraissent superfétatoires. Elles auraient aisément pu être remplacées par un dialogue entre les héros et manquent terriblement de cachet pour ne pas s'avoiner à du remplissage.

Hormis ceux des Persuaders eux-mêmes, les dialogues se montrent souvent empesés et se prenant passablement au sérieux. Et puis, comme rarement dans la série, on discerne un abus de cette facilité scénaristique consistant à faire toujours survenir les héros au bon endroit au bon moment, à croire qu'il s'agit de la véritable justification de ce titre original passablement à la Doctor Who. Les Persuaders tombent pile au bon moment sur l'assassinat initial, Sinclair arrive pile au bon moment pour assister à l'enlèvement de Danny, puis pour lui sauver la mise, les Persuaders arrivent derechef pile au bon moment pour écouter Lord Croxley révéler intégralement le pot aux roses, puis évidemment à la rescousse du Prmier Ministre (ou en oublie sans doute). Quelques maladresses viennent se rajouter, comme la figure de style éculée de l'encre sur le carnet de notes, ici tout à fait au premier degré. Il en va pareillement avec ses deux tueurs prétendument fanatisés et sûrs d'eux, prenant la fuite dès l'arrivée du seul Sinclair. Et ils paniquent tellement qu'ils partent dans le décor… Tout ça pour placer l'explosion d'une voiture.

Les seconds rôles ne viennent guère à la rescousse du Complot.  Basil Dignam et Robert Flemyng apportent tout leur métier et leur talent à leurs personnages. Ils parviennent à tirer le meilleur parti de leurs quelques lignes de texte mais cela n'influe guère sur l'épisode. Pour les amateurs des Avengers, la grande attraction demeure bien entendu la présence d'Ian Hendry. Mais il nous semble interpréter d'une manière trop lisse un personnage déjà assez fade, manquant de démesure pour quelqu'un se lançant dans un projet aussi titanesque. Tout ceci mériterait davantage de panache et de fantaisie. Marie, interprétée  froidement et sans éclat particulier par Anna Palk, se révèle elle aussi dépourvue de stature. Surtout on s'interroge sur so réelle utilité, puisqu'elle ne démontre quasiment aucun talent particulier durant tout le récit. A croire qu'il fallait à tout prix une demoiselle dans la distribution.

Si la mise en scène de Roger Moore se montre simplement fonctionnelle, hormis le spectaculaire accident de voiture, Le Complot conserve néanmoins certains attraits. La reconstitution de l'émission de télévision demeure une bonne idée, on retrouve d'ailleurs l'ambiance des premières minutes de Teddy Bear (avec, heureusement, une autre conclusion). L'épisode nous offre de jolis plans de la campagne anglaise et surtout de nombreuses vues très agréables de Londres. Nous découvrons ainsi d'emblématiques monuments mais aussi de charmantes rues, davantage anonymes. L'amour de Roger Moore pour sa ville transparaît à travers l'écran, avec beaucoup de sympathie. Le summum se voit atteint lors de l'impressionnant tag de fin se déroulant effectivement au 10, Downing Street ! Malgré quelques jolies piques entre Persuaders, l'épisode manque l'occasion de développer une vision réellement satirique de la haute société anglaise la plus conservatrice, mais la splendeur du décor d'Harry Pottle rend éminemment regardable la scène du complot. Enfin la position du Premier Ministre, pris entre les feux croisés de la gauche et de la faction la plus réactionnaire de son parti rend assez fidèlement compte de ce que vécut à l'époque Edward Heath. Un joli clin d'œil, auquel les spectateurs de l'époque ont certainement du être sensibles.

Avis de Denis Chauvet:

Malgré quelques bizarreries scénaristiques, cet épisode vaut un bon trois. Il fait partie de ceux que j’ai le moins vus. Evidemment, l’excellente séquence pré-générique reste dans les mémoires, ainsi que le passage de l’inspecteur Cerisier. Le mort de la forêt le sera une seconde fois, et les deux compères vont enquêter sur les circonstances du décès de ce journaliste. Les décors naturels valent un accessit à eux seuls ; la belle campagne anglaise hivernale et Londres. La capitale est enfin filmée comme elle le mérite- le bus 11 en direction d’Aldwych indique que nous nous trouvons à Fleet Street, quartier de la presse, le pub Essex Head, la White Tower (les canons ne se trouvent plus à cet endroit depuis les années 90), Tower Bridge et Whitehall donnent un cachet à l’épisode et, bien entendu, Downing Street aujourd’hui barrée et inaccessible. 

Les seconds rôles – Ian Hendry et Anna Palk, disparus trop tôt – sont crédibles et les bons mots bien savoureux. D’ailleurs, la réplique de Wilde à la vue de la belle Marie, bottée en short au bord de la route, serait montrée du doigt : ’Puisqu’on parle de pouliches, regarde un peu celle-là !’. La séquence de comédie sur les lieux de la conspiration est également cocasse (‘arrête de mâcher’) ; à noter qu’il n’y a pas d’échange audible entre Wilde et Sinclair en VO !

Dû au décès de Basil Dearden dans un accident de voiture, c’est Roger Moore lui-même qui réalisa l’épisode (et le suivant). Les bizarreries évoquées sont la réapparition du mort sans explication, Marie qui donne rendez-vous à Brett et la présence de la jeune femme dans la grange (et puis comment Brett s’est emparé du fusil de Thompson ?). La fin sur le plateau TV est rébarbative et heureusement que le tag est jubilatoire. Sans chipoter, on passe un excellent moment durant lequel le suspense est bien gardé.  

Infos supplémentaires:

Lord Sinclair rencontre Marie après être passé devant la Tour de Londres. Le Tower Bridge est alors en arrière plan.

De nombreuses rues londoniennes sont découvertes au fil de l'épisode : Little Essex Street, Whitehall, Lower Thames Street, Upper Thames Street, Fleet Street, Grove End Road, Newcourt Street etc. (source : Avengersland)

Le studio où se déroule l'émission se nomme tribune TV. Il s'agit d'un clin d'œil car, pour produire Amicalement vôtre, Roger Moore et Robert S. Baker avaient créé la société Tribune Productions.

Lors de la diffusion de l'épisode, le Premier Ministre du Royaume-Uni était le conservateur Edward Heath, qui occupa la fonction de 1970 à 1974. L'un des rares dirigeants britanniques à être un fervent partisan de la construction européenne, il fit entrer le Royaume-Uni dans le marché Commun le 1er janvier 1973.  Il s'était déjà heurté au veto du général De Gaulle en 1963. Du fait de la crise économique, des difficultés sociales et de l'aggravation du conflit irlandais, il fut battu aux élections de 1974 par le travailliste Harry Wilson. Il fut ensuite  évincé de la direction de son parti par l'aile libérale et eurosceptique incarnée par Margaret Thatcher

Acteurs – Actrices

Ian Hendry, biographie disponible sur le site.

Anna Palk (1941-1990), ancienne de la RADA, connut une brillante carrière théâtrale. Elle tourna égalemnt dans pers films, souvent fantastiques (The Earth Dies Screaming, 1965 ; Horror of Snape Island, 1972). A la télévisons elle apparaît dans les TNA (Otage), Poigne de fer et Séduction, Z cars, The Main Chance… Anna Palk décède prématurément des suites d'un cancer.

Patrick O'Connell (1934), natif d'Irlande, appartint à la Royal Shakespeare Company. A la télévision il participe à Fraud Squad, Dixon of Dock Green, Le Saint, Doctor Who, The Professionals... Il est également connu pour ses peintures et dessins.

Robert Flemyng (1912-1995à fut un grand acteur de théâtre, se produisant avec succès au West End et à Broadway. Il apparaît également régulièrement au cinéma et à la télévision. Dans les TNA, il incarna le ministre de Pour attraper un rat, avec également Ian Hendry. S'étant particulièrement distingué durant la Guerre, qu'il acheva avec le grade de colonel, il obtint la Military Cross et fut élevé dans l'ordre de l'Empire britannique.

Basil Dignam (1905-1979) fut un rand spécialiste des rôles d'autorité : hommes politiques, militaires, policiers… Il apparaît dans Le Prisonnier, Public Eye, L'Homme à la valise, Les Champions, Z cars, Crown Court… Il incarne Hugh Rydercroft dans Un chat parmi les pigeons, des TNA.

Séquence culte: Arrête la voiture 

Séquence culte: Le London Bridge et la White Tower

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18. FORMULE À VENDRE
(THE LONG GOODBYE)

Diffusion: 10 décembre 1971

Scénario: Michael Pertwee (1916-1991) écrivit pour de nombreuses séries anglaises ou américaines : Le Saint, Alfred Hitchcock Présente, Armchait Theatre, Destination Danger… membre d'une grande famille de comédiens, il était ainsi le frère de Jon Pertwee, l'interprète de la troisième incarnation du Docteur.

Réalisation: Roger Moore

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Leo Genn (Sir Hugo Chalmers), Nicola Pagett (Carla Wilks), Noel Willman (Theopolos), Glynn Edwards (Boris), Madeline Smith (Carla I), Anouska Hempel (Carla II), Valerie Leon (Space Queen), Deborah Moore (Petite fille).

Résumé:

Au cours d'un séjour en Ecosse proposé par le juge Fulton, les Persuaders tombent sur la carcasse d'un avion et de son défunt pilote. Il s'agit de Brian Wilks, brillant inventeur venant de découvrir la formule d'un carburant synthétique. Les Persuaders la récupèrent dans l'appareil. Il a été assassiné, un explosif ayant été introduit dans l'avion. Comme l'avait prévu le rusé magistrat, de nombreux appétits se font jour dès lors que la nouvelle apparaît dans la presse. Les Persuaders font ainsi l'objet de diverses tentatives visant à s'emparer de la formule (tentative d'enlèvement, visite musclée d'agents de l'Est, propositions pécuniaires de riches industriels, voire apparition de fausses filles du disparu). La véritable héritière, Carla Wilks, fait alors son entrée en scène. Après que les Persuaders aient percé à jour l'identité de l'assassin, elle décide de détruire la formule, car « le monde n'est pas prêt ».

Critique de Estuaire44:

Le duo Pertwee/Moore se reconstitue, portant partiellement remède aux travers observés précédemment dans Le Complot. On entre ainsi beaucoup plus rapidement dans le vif de l'intrigue, après un prélude écossais rondement mené. Alors qu'ils sont perdus, nos héros tombent juste pile sur une carcasse d'avion et son défunt passager ce qui évoquera de manière amusant bien des souvenirs aux amateurs de LOST. La prévision du Juge Fulton s'avère quelque peu aventureuse, mais qu'importe, l'image de Roger Moore en kilt vaut le détour, rivalisant avec celle de Patrick Macnee dans Le fantôme du château De'Ath.

La découverte du mistigri de la formule d'un carburant synthétique relève de la mythologie des séries d'aventures de l'époque, voulant qu'un document technique aussi complexe puisse tenir sur deux feuilles de papier manuscrites. En l'occurrence il déclenche une chasse au trésor qui rappellera Le Legs aux amateurs des Avengers, l'outrance des caricatures en moins. La faiblesse de l'épisode consiste en ce qu'il ne dépassera guère le stade des entrées en lice des divers prétendants. Ceux-ci, industriels, espions ou demi-mondaines, mettent d'ailleurs en œuvre l'ensemble des moyens des pression imaginables : l'argent, la violence et le charme.

Ce florilège se découvre avec plaisir tant ses diverses scènes se révèlent parfaitement écrites et interprétées, mais le récit se construit davantage par leur simple accumulation que par un progrès réel de l'action, ce qui devient quelque peu frustrant à la longue. Quand la vraie Carla intervient, largement plus de la moitié de l'épisode s'est écoulée et ce que l'on prend pour un rebondissement majeur devient rapidement un simple prétexte à une redite générale, hormis l'assez simpliste affrontement final. De plus, considérée avec recul et un brin de cynisme, la conclusion donne finalement raison à l'assassin et à sa volonté de statu quo…

La caméra de Roger Moore ne déborde pas plus d'imagination créatrice que précédemment, mais demeure efficace. On retrouve avec bonheur sa propension à filmer les rues de Londres, ce qui nous vaut de nombreux plans extérieurs réussis, ici dans des quartiers volontiers contemporains. Par contre, il ne se risque qu'à bien peu de scènes d'action. La participation de la petite Deborah s'avère par ailleurs des plus sympathiques. Par contre, légèrement plus que lors du Complot, le réalisateur semble favoriser l'acteur, tant Lord Sinclair, avec son flegme et son humour à froid so British, paraît mis en avant. Il prend véritablement la direction des opérations, tandis qu'il vient régulièrement à la rescousse de Danny, à qui sa naturelle impétuosité vaut sans cesse de se retrouver en mauvaise posture. Mais tout ceci demeure dans des proportions très acceptables.

De plus les personnages secondaires représentent un atout bien plus présent que lors de l'opus précédent. Les différents industriels, aux motivations factuellement différentes, mais tous mus par la même insatiable soif de profits, se révèlent d'authentiques  monstres froids, de plus interprétés avec une grande justesse. Les espions soviétiques, par leur arrogance, leur brutalité et leur endoctrinement leur apportent un amusant contrepoint. L'épisode semble renvoyer dos à dos les vices des deux systèmes, relevant ainsi, tout comme Le Complot, d'une ambition politique supérieure au commun de la série. Voir Chalmers être renversé par un camion marque une jolie ironie. On retrouve avec plaisir le Juge Fulton à la manœuvre, configuration où le personnage peut donner toute sa dimension.

Mais l'atout maître de l'épisode réside dans son étonnant et affriolant défilé de starlettes de l'époque, aperçues notamment dans les productions de la Hammer. Les pétillantes Madeline Smith et Anouska Hempel nous offrent deux jolis moments de charmant amoralisme, dont le choc fournit un excellent moment de comédie. Leurs rôles leur convient à merveille et, aussi bref qu'il soit, apporte un vif surcroît d'intérêt à Formule à vendre. On retrouvera d'ailleurs Madeline Smith, très intime avec Roger Moore dans Vivre et laisser mourir. On apprécie encore davantage la somptueuse Valérie Léon à bord de sa spectaculaire Space Queen Mobile, ainsi que son épatant duo avec Roger Moore, bien avant L'espion qui m'aimait. Des clins d'œil décidément très sympathiques aux futurs 007. Le fin talent et la personnalité de Nicola Pagett la situent à un niveau différent, apportant intensité et émotion à ses différentes apparitions. Après sa touchante prestation, c'est avec un goût certain que l'épisode renonce à la coutumière conclusion humoristique.

Avis de Denis Chauvet:

C’est pour moi un des classiques de la série, un épisode qu’on peut revoir tous les quatre-cinq ans avec toujours le même plaisir. L’introduction est là aussi inoubliable – une des meilleures – avec Brett et Danny en promenade en Ecosse ; Brett porte un kilt pour l’occasion. Les deux complices trouvent le squelette d’un pilote d’avion et un message concernant une formule révolutionnaire que l’homme a écrit avant de mourir, douze ans auparavant.

Londres est de nouveau à l’honneur (comme Le complot, c’est Roger derrière la caméra, et il aime la ville) avec la colonne Nelson, le fameux Routemaster (N°74), le Times et surtout le taxi noir (à l’époque sans publicité) qui joue les premiers rôles. On a même droit au chapeau melon mais son propriétaire est du mauvais côté de la loi et il enlève les deux amis dans un de ces véhicules mythiques. Brett s’échappe et fait la connaissance de la ravissante ‘Space Queen’ dans sa fusée. Danny est relâché trop facilement, mais son opiniâtreté lui permettra, dans une excellente séquence, de retrouver son lieu de séquestration. Tout le monde convoite un fameux combustible qui donne un certain sérieux à l’aventure agrémentée par une des Persuaders girls de la semaine, Nicola Pagett (vue dans Un dangereux marché).

Il y a d’autres bonnes scènes, comme le juge Fulton pétri de goutte, l’apparition des deux fausses Carla, le coup de poing de Brett qui sauve Danny, la tentative d’enlèvement de la vraie Carla, la cachette de la formule, et le suspense de savoir qui est à la tête du complot (à chaque fois, je me fais avoir !). L’intrigue est intéressante (et toujours d’actualité), les personnages bien interprétés et quelques passages ont marqué l’histoire de la série : Wilde à la recherche de son lieu de détention, la petite fille qui excite les chiens (interprétée par Deborah Moore,  la fille de Sir Roger) et la ravissante ‘Space Queen’ avec un beau baiser de persuasion  (Valerie Leon, une de mes Persuaders girls préférées). Mais avec les trois Carla (la vraie et les deux fausses), on est gâtés question jolies minois dans cet épisode ! Madeline Smith, réputée pour son opulente poitrine, la première fausse Carla, fut suggérée par Roger Moore pour le rôle de Miss Caruso dans la scène pré-générique de Vivre et laisser mourir. Quant à Anouska Hempel, Carla II, elle est la stewardess qui remet le carnet rouge aux Ozerov. En tout cas, un épisode d’actualité et le message de l’époque l’est toujours : le monde n’est pas prêt.

Pour finir, pourquoi la Space Queen conseille-t-elle à Sinclair d’utiliser son savon ? La version française est plus ‘light’ : « Un savon, tout simplement, essaye-le ; je vous jure que c’est nécessaire » et en VO : ‘Try it. I think you stink ! ». 

Infos supplémentaires:

Le premier choc pétrolier ne survenant qu'en octobre 1973, l'épisode se montre prophétique à propos des difficultés d'approvisionnement en carburant et des nécessaires voies alternatives à développer.

La voiture fusée constitue un très bel exemple de la customisation des Austin Mini, une discipline très populaire en Grande Bretagne.

Quand la Reine de l'Espace s'inquiète de perdre son emploi, Lord Sinclair lui affirme qu'elle pourra travailler pour lui. Compte tenu de ses penchants à propos de la domesticité, découverts précédemment, on se dit qu'il ne plaisante qu'à moitié !

Devant la résidence du juge nous découvrons Lord Sinclair aux côtés d'un fourgon estampillé AA Service. Il s'agit de The Automobile Association. Fondée en 1905, cette association, devenue compagnie privée en 1999, est la plus vaste de Grande Bretagne fournissant assistance, assurances et formations aux automobilistes. Elle s'étend à divers pays du Commonwealth et, tout comme Michelin, publie un guide de restaurants très populaire. Un peu d'insert publicitaire n'a jamais fait de mal !

Le même routemaster passe pas mois de quatre fois devant le domicile du juge, avec à chaque fois une publicité précisant  « Ty-phoo : puts the T in Britain !». il s'agit en effet d'une marque de thé très populaire en Grande Bretagne, remontant à 1903 et dont le nom provient de l'équivalent chinois pour « docteur ». Un peu d'insert publicitaire n'a jamais fait de mal ! (bis)

Tout comme dans Le Complot, également réalisé par Roger Moore, l'épisode nous fait découvrir de nombreux sites londoniens : Abercorn Place, Hamilton Terrace, Trafalgar Square, Alliotsen Road, Boundary Road, Charlbert Street, St John's Terrace, Queen's Grove, Townshend Road... (Source : Avengerland).

D'une manière  amusante, l'un des meilleurs épisodes d'Au cœur du complot (Like Water for Octane) se déroule d'une manière très similaire, le carburant de synthèse se voyant cependant remplacé par... la voiture à eau ! L'invention sera pareillement détruite car « le monde n'est pas prêt ».

Acteurs – Actrices

Nicola Pagett (1945) est née en Egypte. Lors d'une représentation au théâtre de What the butler saw en 1995, son comportement anormal révéla une grave dépression qui la conduisit à l'hôpital psychiatrique. Elle en est sortie et a écrit un livre relatant cette expérience, Diamonds behind my eyes en 1998. Elle a tourné dans Destination Danger, L'Homme à la Valise, Upstairs Downstairs (série à succès outre-Manche), Regan et la mini série Anna Karenina…Sa dernière apparition à l'écran date de 1999. Dans le Monde des Avengers, elle incarne l'inoubliable Adriana de Un dangereux marché.

Leo Genn (1905-1978) débuta sa carrière théâtrale dans les années 30. Il se fit connaître au cinéma par des adaptations à succès de pièces du répertoire. Il fut proposé à l'Oscar pour son rôle de Petronius dans Quo Vadis (1951) et demeure une figure importante de la scène anglaise. Sa participation à Amicalement vôtre fut l'une de ses très rares apparitions au petit écran.

Deborah Moore (1963) réalisa ici ses débuts d'actice, avant de poursuivre sa carrière au cinéma (Chaplin, 1992) et à la télévision (Des jours et des vies, Rome, Sherlock...). Elle apparut très brièvement en hotesse d'avion dans Die Another Day (2002).

Madeline Smith (1949) débuta dans le mannequinat. Durant les années 60 et 70 elle tourna dans plusieurs comédies et productions de la Hammer, (The Vampire Lovers, 1970). Elle compte parmi les actrices les plus populaires de cette maison, notamment pour ses formes généreuses. Madeline Smith eut l'honneur de jouer la première conquête du 007 de Roger Moore, au début de Vivre et laisser mourir. Elle se retira au début des années 80.

Anouska Hempel (1941) se fait connaître dans les films de la Hammer (The Kiss of the Vampire, 1963), avant de devenir l'une des Anges de la Mort de Blofeld dans Au Service Secret de Sa Majesté (1969). Elle participe également à Department S, UFO, Cosmos 1999, Le retour du Saint... Elle fut une candidate malheureuse au rôle de Jo Grant, l'une des Faithful Companions du Docteur les plus réputées. Devenue, en 1980, Lady Weinberg par son mariage avec le richissime Sir Mark Weinberg, Anouska Hempel s'est reconvertie avec succès dans les affaires : chaîne d'hôtels et design de boutiques de luxe ou de vêtements, notamment pour la famille royale. Cette figure de la haute société londonienne est surnommée "Nounou" par ses proches.

Valerie Léon (1943) connut une carrière riche en seconds rôles et en spots publicitaires (Hai Karate). Elle apparut dans  L'espion qui m'aimait (1977) et Jamais, plus jamais (1983), mais aussi The Italian Job, La malédiction de la Panthère Rose ou la série de films humoristiques Carry On. Dans No Sex, Please, We're British (1973), elle fait équipe avec Margaret Nolan, autre Persuader Girl et vedette des Carry On. Elle fit également sensation en reine égyptienne dans une production de la Hammer, Blood from the Mummy's Tomb (1971). Cette actrice particulièrement attractive incarne Betty dans George et Fred (saison 6 des Avengers).

Séquence culte: À plat 

Séquence culte: La Reine de l'Espace

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19. UN PETIT COIN TRANQUILLE
(A HOME OF ONE'S OWN)

Diffusion: 31 décembre 1971

Scénario: Terry Nation

Réalisation: James Hill (1919-1994) a réalisé neuf épisodes des Avengers, des la saison 4 jusqu'aux New Avengers. Il a aussi travaillé pour Le Saint et Worzel Gummidge (avec Jon Pertwee), ainsi que pour plusieurs films (Le capitaine Nemo et la ville sous-marine, 1969).

Distribution: Hannah Gordon (Lucy Scott), John Ronane (Rupert Hathaway), Leon Greene (Abel Gaunt), Michael Wynne (Le policier), Talfryn Thomas (le villageois), Michael Sheard (John Walden)

Résumé:

Grâce à une opportunité, Danny fait l'acquisition d'une « maison de caractère » située au cœur de l'Angleterre profonde.  Il y invite Brett, qui découvre en fait une masure dans un état abominable, inhabitée depuis des années. Tandis qu'il va s'installer à l'auberge d'un village voisin, Danny, toujours enthousiaste, débute les réparations. Mais voici que se déroulent d'inquiétants évènements laissant percevoir que la maison est maudite, tandis que le nobliau local fait pression sur Danny pour qu'il lui cède la propriété. Pendant ce temps, Brett fait la connaissance de Lucy, une prétendue photographe d'oiseaux, semblant elle aussi très intéressée par la demeure de Wilde. Après diverses péripéties ,il apparaît que le supposé noble dirige en fait un gang de faux monnayeurs installés dans le sous-sol de la maison et que les évènements fantastiques ne servaient qu'à écarter les curieux. Lucy travaille en fait pour la police. Elle et les Persuaders finissent par triompher des bandits mais Danny n'est pas pour autant au bout de ses peines !

Critique de Estuaire44:

Un petit coin tranquille s'avère une vraie pépite d'humour et de suspense, en premier lieu grâce aux Persuaders eux-mêmes. Ces derniers s'avèrent très en forme, avec un Danny à l'enthousiasme quasi enfantin, refusant de se laisser atteindre par les sous-entendus de son ami nettement plus réaliste et blasé. Les dialogues crépitent comme rarement, avec ces piques d'humour à froid que s'entend si bien à décocher le Lord Anglais (« - On commence la visite, tu vas être surpris ! -Oh, plus maintenant. »). Tony Curtis étincelle véritablement sur ce registre de pure comédie à la Billy Wilder, voyant son personnage faire face avec le sourire à l'accumulation des pires catastrophes, toujours plus loin dans le déni absurde du réel. L'habile scénario de Terry Nation tire le meilleur profit des différences existant entre un Brett, plus réaliste et meilleur connaisseur des psychologies locales, et un Danny revivant l'épopée pionnière de la Frontière. L'auteur va d'ailleurs jusqu'à lancer un léger pastiche de Western fort distrayant, tout en évitant soigneusement de ridiculiser l'Américain : son labeur force le respect et l'on observe parallèlement que Lord Sinclair ne se montre guère véloce à aider son ami dans un chantier si salissant et, comment dire, si plébéien.

En dehors de cette parfaite mise en avant du duo vedette, l'intrigue exploite joliment un thème qui ne sera sans pas évoquer Le Mort Vivant aux amateurs des Avengers. A la différence que l'arnaque au surnaturel ne dissimule pas une gigantesque base ennemie souterraine, mais, réalisme accru oblige, un simple atelier de fausse monnaie ! Les différents rebondissements s'enchaînent sans ralentir, leur parfait minutage autorisant un vrai suspens jusqu'à la révélation intelligemment retardée du pot aux roses. On pourrait regretter que le récit ne détaillat pas davantage de spécimens de la faune locale, mais, à tout prendre, l'on préfère nettement que cela ne grève pas le temps imparti aux protagonistes et au déroulement des évènements. Il faut savoir choisir et Nation démontre également son métier sur ce point.

L'auteur se voit relayé avec éclat par l'excellente mise en scène de James Hill, celui-ci renouant avec le sens du spectaculaire mais aussi de l'optimisation d'un décor qu'il a si souvent démontré dans Chapeau Melon. Il crée ainsi une introduction aussi forte que déroutante, s'affranchissant des canons de la série pour viser le Fantastique. Eléments gothiques, pentacle, emblématique corbeau d'Edgar Allan Poe, on retrouve ici, parfaitement synthétisée, l'esthétique des films de la Hammer ou de Roger Corman. Par les multiples gags qu'elle occasionne (cette barrière !), mais aussi son influence directe sur le récit (souterrain, escalier effondré, puits…), la maison occupe une place centrale. Le réalisateur de Caméra Meurtre parvient de nouveau à élever de manière enthousiasmante le décor au rang de héros à part entière de l'histoire, jusqu'à une tonitruante conclusion évoquant cette fois La Chute de la Maison Usher !  Certains à-côtés parachèvent le succès de Un petit coin tranquille, comme l'amusante superposition des rêveries de Danny sur une morose réalité, de jolis plans de la campagne anglaise ou d'efficaces scènes d'action, notamment lors du final.

En dehors des hommes de mains solidement campés par leurs interprètes, l'épisode, déjà si riche par ailleurs, ne développe véritablement que deux personnages secondaires. Rupert se montre odieux et suffisant à souhait, il représente vraiment le méchant que l'on adore jouissivement détester. Mais l'on retiendra surtout l'adorable et tonique Lucy, jouée avec beaucoup d'allant et de naturel par une Hannah Gordon s'entendant à merveille avec Roger Moore. Quoiqu'elle demeure parfaitement féminine, son caractère plus affirmé qu'à l'ordinaire et sa part active prise dans l'action tranche avec la norme des Persuaders Girls. A croire que Terry Nation et James Hill n'ont pas tout oublié de leur passage dans le Monde des Avengers !

Avis de Denis Chauvet:

Celui-là n’était pas dispo sur le site Lookiz (sur lequel j’ai visionné la série en 2010). J’avais revu des extraits en allemand lors du réveillon de Noël 2007 (ils ont encore des programmes corrects outre-Rhin pour les fêtes) mais je n’avais pas dû revoir l’épisode en entier depuis une bonne vingtaine d’années. Il fut diffusé en Angleterre pour la St Sylvestre 71.

C’est un des meilleurs de la série, même si j’avais oublié l’intrigue des faux billets. La bâtisse en ruine à retaper fait partie des grands moments de la série, et le one-man-show de Curtis/Wilde est inoubliable. On y trouve un subtil mélange de sérieux, parfois d’angoisse dans la séquence pré-générique, et d’humour (même d’extravagance dans le final). On n’oublie pas la fameuse marche de l’escalier, qui sera d’un grand secours, le puits, qui mène au souterrain, le géant à la hache, et l’hilarant tag final. On retrouve les traits de caractère du début d’Un enchainement de circonstance, avec Brett attaché à son confort, et Danny à la nature.

L’Ecossaise Hannah Gordon (Lucy) est une participante sympathique et active, et elle s’intéresse aux oiseaux (un rappel de La poussière qui tue de Chapeau melon), et le Gallois Talfryn Thomas, une trogne des Avengers, se distingue dans une grande scène au pub avec Brett. Il apparaît au générique comme ‘poacher’ (braconnier), ce qu’il est déjà dans Dans sept jours le déluge ; les deux rôles présentent de nombreuses similitudes, en particulier dans les répliques avec la même intonation (en VO, of course) sur l’endroit infréquentable : « oh, that’s a bad place, Sir, a bad place… I’ve seen things, and sounds I’ve never heard before».

C’est impossible de ne pas apprécier cet épisode. Pour la petite histoire, avec le HD, on s’aperçoit que la bouteille de vin sur la table de Wilde est du Pouilly. La meilleure scène est lorsque Danny, à pied, rend visite à son voisin, monté sur son cheval. 

Infos supplémentaires:

Danny a acheté sa bicoque 25 000 dollars de 1971, chiffre que l'on peut multiplier pas 6 pour obtenir l'équivalent actuel, soit 150 000 dollars !

Comme de coutume dans la série, la forêt représentée est celle de Black Park Lake. La masure de Danny a depuis été détruite. (Source : Avengerland)

La voiture tout terrain de Danny est une Land-Rover 88 série II. Ce modèle central de la marque, dont la première version remonte à l'immédiat après guerre, est aperçu dans de nombreux films ou séries, comme Les Dieux sont tombés sur la tête ou Daktari.

Acteurs – Actrices

Hannah Gordon (1941) est une actrice écossaise connue principalement pour ses participations à Upstairs, Downstairs, Dr Who et My wife next door. Tout en apparaissant régulièrement au théâtre, elle est également animatrice de télévision et lectrice de littérature à la BBC.

John Ronane (1933) se produit toujours activement sur scène. Il a participé à Z Cars, Dixon of Dock Green, Le Saint, Department S, The Persuaders!, The Sweeney, 1990, All Creatures Great and Small, Juliet Bravo, Howards' Way … Dans Chapeau Melon, il apparut dans Le village de la mort et L'homme au sommet.

Leon Greene (1933) est un chateur d'opéra occasionnellement acteur. Il a ainsi joué dans la série de films humoristiques Carry On.

Michael Wynne (1932) n'a fait qu'une apparition chez les Avengers (Pongo dans L'héritage diabolique), mais a tourné dans de nombreuses séries à succès : Le Saint (trois épisodes), Les Champions, L'Aventurier, Colditz, Les Mémoires de Sherlock Holmes, Wycliffe.

Talfryn Thomas (1922-1982) est un acteur gallois, connu sous le pseudo "Talf the Teeth" à cause de son physique ingrat. Il a participé à de nombreux shows radiophoniques de la BBC et à des productions tournées au pays de Galles, dont un épisode du Saint. Il a participé à Dans sept jours le déluge, et à Clowneries. Il est décédé d'un arrêt cardiaque.

Michael Sheard fut le célèbre Amiral impérial étranglé à distance par Dark Vador dans L'Empire contre-attaque (1980), mais également Adolf Hitler dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989).

Séquence culte: Visite chez le voisin 

Séquence culte: Visite du propriétaire

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20. L'UN ET L'AUTRE
(THAT'S ME OVER THERE)

Diffusion: 3 décembre 1971

Scénario: Brian Clemens

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Geoffrey Keen (Thaddeus Krane), Suzan Farmer (Ann Summers), Allan Cuthbertson (Colonel Wright), Juliet Harmer (Prune), Terence Edmond (Cliff Turner), Neil Hallett (Prentice), Derek Newark (Lloyd), Patrick Newell (gros homme à la salle des ventes).

Résumé:

Deux employés du magnat Thaddeus Krane, écœurés  par sa malhonnête et sa cruauté, font filtrer des informations compromettantes à Lord Sinclair. Celui-ci fait alors revenir le Juge Fulton à Londres, envoyant Danny à a rencontre à l'aéroport. Les deux informateurs s'apprêtent en effet à lui livrer une information capitale. Mais l'un d'entre eux est découvert puis tué. La rescapée, Ann, détient cependant un enregistrement devant être remis à Brett lors d'enchères d'œuvres d'art. Mais Kane remonte la filière et fait enlever Lord Sinclair. Le Juge et Danny n'ont plus d'autre choix que de tenter de faire passer ce dernier pour Sinclair, afin qu'Ann, qui ne connait celui-ci que téléphoniquement, leur remette l'objet. Brett s'évade et tous les divers protagonistes de l'histoire se retrouvent pour un chassé-croisé se déroulant aux enchères, d'autant que l'amie de Brett, Prune, se joint elle aussi à la danse. Finalement les Persuaders et le Juge finissent par mettre hors d'état de nuire Kane et ses hommes de main, tout en récupérant les fameuses révélations.

Critique de Estuaire44:

Ce nouvel épisode signé Brian Clemens commence par inquiéter durant sa première partie largement dominée par un total classicisme. On se trouve en effet confronté à une histoire d'espionnage des plus banales, recourant à de nombreux poncifs  passablement éculés. (la caméra, le sérum de vérité, l'indicateur…). Certains effets paraissent de plus singulièrement datés, comme l'emphase du vocabulaire utilisé pour décrire le méchant. De plus on reste confondu par l'amateurisme navrant des Persuaders (notamment Sinclair se faisant cueillir comme une fleur), qui, à ce stade de la série, ne peut résulter que d'un procédé trop visible pour mener au second temps de l'histoire. L'effet en reste mal réglé, notamment vis-à-vis de leur efficacité au combat. Il reste également étonnant qu'un homme d'affaires comme Danny ne connaisse pas un gros poisson comme Kane. L'ensemble ressort certes majoritairement bien interprété et réalisé, (à l'exception du médiocre Terence Edmond), mais, même avec son métier, on se demande bien où désire aller l'auteur avec ce récit passablement sordide, en rupture de ban avec l'humour léger d'Amicalement vôtre.

Mais ce fin joueur qu'a toujours été Brian Clemens abat ensuite ses cartes avec une grande habileté, lors d'une seconde partie transformant le pensum en un vaudeville joyeux et enlevé, organisé autour de la vente aux enchères. Les allées et venues ,parfois aux limites du besogneux, de la première partie se justifient enfin (même si trop longues) car autorisant l'emploi de l'idée maitresse de l'épisode, Danny Wilde se faisant passer pour Lord Sinclair. Le génie humoristique de Tony Curtis rend le procédé irrésistible, tant par ses mimiques que par le pétillement des dialogues (« - C'est assez facile de jouer les Brett, il suffit de faire le vide dans sa tête ! » « Par St Georges, il a compris ! »). Une autre source d'amusement provient de la découverte du juge plongé en plein cœur de l'action, le vieux lion encore rugissant faisant plaisir à voir, d'autant que le duo formé avec Danny se montre épatant tout du long.

On demeure un peu plus circonspect sur Brett pastichant à son tour Wilde, sans doute l'aspect extraverti de ce type d'humour ne convient-il pas tout à fait à Roger Moore. Fort heureusement, tout feu, tout flamme, la peu rancunière Prune (Un drôle d'oiseau) ressurgit à point nommé sous la plume de Clemens pour former un autre duo gagnant et électriser encore davantage l'atmosphère. L'impression d'accélération que produit alors le récit atteint alors son point optimal, Clemens jouant fort habilement des codes de la série tout en menant l'action à un train d'enfer. Les amateurs des Avengers ressentiront un vif amusement en découvrant le costume librement inspiré de John Steed (version 70's) que revêt Danny pour singer un aristocrate anglais. Mais aussi une pointe de véritable émotion également quand Clemens fait appel à son vieux complice Patrick Newell pour des retrouvailles brèves mais fort réussies avec le simili gentleman.

L'alerte caméra de Leslie Norman s'avère également un précieux atout pour l'épisode, accomplissant des plans londoniens fort suggestifs (vues de St-Paul ou de la Garde équestre sur le Mall) et de toniques affrontements (les Anges et Brett contre ses kidnappeurs, duel contre le Colonel, poursuite automobile, combat final…). Il parvient également, aidé par un nouveau superbe et vaste décor d'Harry Pottle, à reconstituer l'atmosphère si particulière d'une salle d'enchères. On observe que, si à l'issue des The Mautitius Penny, Steed se retrouve avec une quantité de timbres sur les bras, l'infortuné Lord Sinclair écope lui d'un énorme sarcophage à trente mille Livres, lors d'un tag final des plus réussis. Voilà qui lui apprendra à frayer avec l'ancienne colonie…

Laurence Naismith se régale avec ce juge prenant l'action à bras le corps et son joyeux tandem avec Tony Curtis constitue l'une des clefs de la réussite de l'épisode. Kane et ses sbires ne s'extirpent pas d'une caricature assez convenue, mais comme ils servent essentiellement de justification à la comédie endiablée se déroulant dans la seconde partie de l'épisode, cela ne tire que partiellement à conséquence. De plus des acteurs vétérans comme Geoffrey Keen, Allan Cuthbertson ou Derek Newark (ces deux derniers biens connus des amateurs des Avengers) leur confèrent une authentique solidité. Par contre Ann ne produit aucune réelle étincelle, demeurant sur le registre appliqué de la première partie du récit et ne se joignant jamais réellement à la fête par la suite. Le jeu, certes juste, de Suzan Farmer paraît d'ailleurs aussi terne que le personnage lui même.

Celle-ci souffre terriblement de la concurrence de la flamboyante Prune à qui la sublime et très sensuelle Juliet Harmer apporte une flamme remarquable. Après son intervention déjà réussie dans Un drôle d'oiseau, voici qui avive les regrets de ne l'avoir découverte davantage au fil de la série. On retrouve toute la griffe de Clemens dans le rôle de cette femme forte, autonome et affirmée, n'hésitant à plonger dans l'action pour voler à la rescousse du héros masculin. Par contre, Clemens bute à son tour sur une règle non écrite, mais clairement spécifiée ici (« Ne jamais confier une arme à une Dame ») selon laquelle une femme ne sera jamais autorisée à se battre dans Amicalement vôtre. Avec Prune il aura néanmoins réussi à développer, autant que possible dans ce cadre, son propre concept d'héroïne, avec une écriture scénaristique fort intéressante à suivre.

Avis de Denis Chauvet:

L’épisode reste dans les mémoires pour la longue séquence vaudevillesque à la salle des ventes, où Danny se fait passer pour Brett Sinclair afin qu’on lui remette une pellicule photo. Tous les personnages-clés de l’histoire se retrouvent sur ces lieux, sauf le juge, pourtant très présent dans cette aventure, et on a même le plaisir de voir très rapidement Patrick Newell. On assiste à un excellent retour de Prune/ Prue, la copine du Lord de l’épisode parisien, qui vient en aide à son ami dans une manœuvre automobile audacieuse. Une présence courte, mais Juliet Harmer est bien plus convaincante que Suzan Farmer, assez terne, et loin de son interprétation d’une superbe manipulatrice machiavélique en bikini dans un épisode de Thriller, resté inédit en France.

A part le passage des enchères – un incontournable best off de la série–, le reste est conventionnel. Brett est contacté par un employé de Thaddeus Krane, un impitoyable milliardaire, mais l’imprudent n’a pas vu la caméra, et il se fait balancer dans le vide par des hommes de main (excellent passage sur les toits où on remarque St Paul’s en arrière-plan). Il a néanmoins eu le temps de confier la preuve, un film, à sa petite amie, Ann Summers (Suzan Farmer). L’enlèvement du lord par les infirmiers meuble un peu, malgré le réveil cocasse de Sinclair devant l’ange et la croix, et prépare à la scène de l’épisode, mais on se demande pourquoi Ann s’obstine à téléphoner du bureau de son patron, acte plutôt ridicule, et la pseudo bagarre Wilde/Sinclair est grotesque.

Les passages à l’appartement de Brett permettent des répliques croustillantes, et les seconds rôles sont plus prépondérants qu’à l’accoutumée. On a droit à des rappels d’aventures précédentes (Wilde/le tigre et la goutte de Fulton) et la momie à £30 000 est un excellent tag. La phrase pour Wilde : ‘C’est assez facile de jouer les Brett. Il suffit de faire le vide dans sa tête’, ce qui sonne mieux que dans la VO (‘Think ugly’).  ‘Definitely a woman’ – ‘il n’y a pas de doute, c’est une femme’ -, est également une bonne réplique, impossible aujourd’hui…

Infos supplémentaires:

Tout comme dans Un drôle d'oiseau, le prénom Prue est remplacé par Prune en version française.

La demeure ont sont retenus Danny et Susan est une vaste ferme située dans les environs immédiats des studios de Pinewood, The Coachhouse. (source : Avengerland)

La superbe propriété où se déroulent les enchères se situe également à proximité des studios, à Langley Park.

En se rendant chez Brett, le juge et Danny passent par The Mall, à proximité du mémorial dédié à la reine Victoria, puis du Palais de Buckingham. The Mall est la voie monumentale donnant accès au Palais depuis Charing Cross et servant à de nombreuses cérémonies officielles. C'est également là que se déroulent les célèbres relèves de la Garde. Le Victoria Memorial (1911) se compose d'un colossal socle ayant nécessité 2 300 tonnes de marbre blanc, supportant une statue de la Reine surplombée par des bronzes représentant la Vérité, la Justice, et la Charité, la Victoire couronnant l'ensemble.

L'immeuble de Krane est en fait le Faraday Building, sur Queen Victoria Street. Il contient le tout premier central téléphonique ouvert à Londres, en 1902. Il desservait le Trésor, le cabinet de Guerre et Fleet Street. Le bâtiment obscurcissant la vue de St Paul depuis la Tamise, son édification fut à l'origine d'une réglementation empêchant les immeubles ultérieurs de porter atteinte aux perspectives donnant sur la cathédrale.

La pimpante voiture de sport de Prune est une Morris Garages de type B (ou MG B, remplaçant la MG A). Ce grand succès de la marque fut construit à environ 500 000 exemplaires de 1962 à 1980 et constitue un exemple réputé de l'art de la carrosserie anglaise. Cette monocoque au design très moderne pour l'époque lui autorise un poids réduit et un puissant châssis, pour une conduite effectivement très nerveuse.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint…

Geoffrey Keen (1916-2005), ancien de la RADA et de la Royal Shakespeare Company, interpréta le Ministre de la Défense Frederik Gray dans cinq James Bond, de 1977 à 1987. Il participe également à L'Ile au Trésor, Dr Jivago, Sacco et Vanzetti… A la télévision, il joue dans Le Saint, Z Cars, Destination Danger

Suzan Farmer (1942) est une figure coutumière de la télévision britannique (Le Saint -4 épisodes- Destination Danger, UFO, L'Homme à la valise, Thriller…), comme des films de la Hammer (Les Pirates du Diable, Dracula prince des ténèbres, Rasputin…). De 1965 à 1968, elle fut l'épouse d'Ian Mc Shane.

Allan Cuthbertson (1920-1988). Né en Australie, il est arrivé en Angleterre en 1947. Il joua dans quatre épisodes de Chapeau melon : The deadly air, Mort en magasin, La porte de la mort et Le document disparu. Il participe également à Jason King, Le Saint, Les Champions....

Juliet Harmer (1943) incarnait déjà Prue/Prune dans Un drôle d'oiseau. Dans Un voyage sans retour, elle joue Jill Manson, la fausse directrice d'école. Si elle participe à d'autres séries (Destination Danger, Jason King, Department S…), elle reste avant tout remémorée pour le rôle récurrent de Georgina Jones dans Adam Adamant Lives ! (1966-1967), série conçue par la BBC comme réplique aux Avengers.

Neil Hallett, décédé en 2005, a joué dans de nombreuses séries britanniques : Le Saint, Département S, Les Professionnels, Le Retour du Saint, Bergerac… Il compte cinq participations à Chapeau Melon : Dead of winter, Le Vengeur Volant, Les évadés du monastère, Visages et Steed et la voyante (The New Avengers).

Derek Newark (1933-1998) a participé à trois épisodes Chapeau Melon : Le cheval de Troie, Bons baisers de Vénus et Étrange hôtel. Il fait également de nombreuses apparitions dans des séries britanniques : L'Homme à la Valise (deux épisodes), Le Saint (deux épisodes), Les Champions, Département S, Paul Temple, Poigne de Fer et Séduction, Mission Casse-Cou. Il apparaît également dans le mythique premier épisode de Doctor Who : An Unearthly Child (1963).

Séquence culte: Aux enchères comme un Lord 

Séquence culte: Prune à la rescousse

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21. DES SECRETS PLEIN LA TÊTE
(READ AND DESTROY)

Diffusion : 28 janvier 1972

Scénario : Peter Yeldham (1927), d'origine australienne, s'installa en Grande Bretagne au début des années 60 et écrivit pour No Hiding Place, Police Surgeon, Ghost Squad… En 1973 il retrouva en Australie et se consacra à des productions locales., ainsi qu'à des romans.

Réalisation : Roy Ward Baker (1916-2010) fut un important metteur en scène britannique. Au cinéma il réalisa notamment A Night to Remember, avec Honor Blackman, qui lui valut un Golden Globe en 1958. Durant les années 50 il exerça à Hollywood, dirigeant ainsi Marilyn Monroe dans Troublez-moi ce soir (1952). Durant les années 60 il se consacra à la télévision anglaise, participant à nombreuses séries de l'époque. Il tourne ainsi 8 épisodes pour The Avengers et 18 pour Le Saint. Par la suite Roy Word Baker  devint également un  réalisateur régulier pour les films d'horreur de l'Amicus et de la Hammer. Il dirige quatre épisodes d'Amicalement vôtre : Les Pièces d'Or,  L'Héritage Ozerov, Quelqu'un dans mon genre et Des secrets plein la tête.

Distribution: Nigel Green (John Cavendish), Joss Ackland (Felix Meadowes), Magda Konopka (Ingrid), Kate O'Mara (Heidi), George Merritt (Chivers), Liot Sullivan (Joe Pfeiffer), William Mervyn (Sir Charles Worthington).

Résumé:

Felix Meadowes, un agent occidental capturé et récemment échangé contre un autre du bloc de l'Est, échappe à ses supérieurs. Il veut publier ses très embarrassantes mémoires, récolter l'argent et s'évanouir dans la nature. Pourchassé par différentes organisations, y compris deux épouses agissant de concert, il trouve refuge chez Lord Sinclair, un camarade d'études. Celui-ci l'envoie dans la résidence campagnarde d'un cousin absent, mais se voit à son tour contacté par les agents anglais, dirigés par Cavendish. Ceux-ci font pression sur lui pour qu'ils récupèrent le document, tandis que les Américains procèdent de même avec Danny. Un jeu du chat et de la souris se met en place chez le cousin de Brett, d'autant que les deux épouses et les soviétiques s'en mêlent et que Cavendish agit pour son compte. Finalement les Persuaders parviennent à s'emparer des mémoires de Meadowes et à les détruire.

Critique de Estuaire44:

Dans une étonnante mais implacable symétrie, Des secrets plein la tête échoue partout là où L'un et l'autre avait triomphé. Non seulement la greffe entre les codes de la série et ceux  l'espionnage ne prend pas, mais même ce dernier  aspect apparaît d'une rare indigence. Le précédent épisode offrait en effet un récit certes balisé, mais non déplaisant à suivre, en tout cas solidement bâti. Ici l'on se contente de l'accumulation poussive de quelques clichés à l'étonnante pauvreté, comme ce sempiternel échange de prisonniers, lesté d'une évasion déconcertante de facilité et de commentaires des plus plats. Les différents représentants des services secrets se montrent sans saveur, hormis Cavendish, grâce au talent indéniable de Nigel Green, mais l'on devine à des kilomètres qu'il est le félon. Les petites musiques nationales les accompagnant, un procédé enfantin, ne fait que souligner leur manque de personnalité intrinsèque. La maladresse hors normes du tireur finit également par irriter, tout comme l'écart existant entre la pauvreté de l'action et la multiplicité effarante des personnages. On assiste à un théâtre d'ombres se cantonnant à de simples silhouettes.

La mise en scène absolument statique de Roy Ward Baker achève de générer un ennui épais et sans rémission, qu'aucune des si prévisibles péripéties ne vient interrompre : chat qui apparaît justifiant le bruit, les allées et venues épuisantes, la course poursuite ressemblant à un Benny Hill asthmatique, le mistigri des mémoires prolongé jusqu'au ridicule (la fameuse publication tient sur deux pages). De nombreux personnages disparaissent sans que l'on sache trop ce qu'ils deviennent et Peter Yeldham ne se donne même pas la peine d'écrire un tag final digne de ce nom. L'on reste tout surpris que le pensum soit ainsi achevé, mais pas ravi pour autant. Le pire reste peut-être les deux plus insignifiantes Persuaders girls rencontrées jusqu'ici. Elles ne nous valent que des dialogues ineptes (soit la marque de l'épisode) et prises de poses manquant totalement de naturel. Passe encore pour le talent quasi inexistant de la sculpturale Magda Konopka mais sous-employer ainsi Kate O'Mara avoisine la faute professionnelle. L'idée consistant à pimenter la traditionnelle rivalité existant entre les Persuaders en les faisant employer par leurs services secrets respectifs ne fonctionne guère, ne produisant que des valses hésitations répétitives et tournant vite court. Moore et Curtis n'ont jamais matière à briller.

Seuls surnagent les superbes extérieurs anglais, parcs ou forêts, qui enchantent l'œil à travers le néant de la narration. Le personnage de Chivers recueille également les suffrages, grâce à son profil enfin soigné et au métier savoureux  de George Merritt. Ce pastiche des majordomes anglais divertit tout au long de l'épisode mais le découvrir en ancien cambrioleur recyclé tient également du cliché. Des secrets pleins la tête restera décidément  jusqu'à son terme une version poussive et sans talent des Tontons Flingueurs, Chivers faisant écho au très « anglais » Jean, incarné par Robert Dalban. Devant l'inanité de l'action on pourra également pendre le temps d'admirer le savoir faire d'Harry Pottle, ses décors développant un subtil alliage entre moderne et médiéval, d'un goût exquis.

Avis de Denis Chauvet:

J’appréhendais de revoir cet épisode ; pourtant, il n’est pas si catastrophique que cela, bien meilleur qu’Ozerov et le suivant, Zorakin. Il est certes moyen (2 bottes), parfois ennuyeux et daté, mais il conserve de bons passages (le stade, la chasse aux cerfs), des pointes d’humour (‘Vous tirez encore sur vos gens dans cette région’) et de beaux décors (naturels et studio déjà vus dans Le lendemain matin). Cette comédie sans prétention marque une nouvelle fois la rivalité anglo-américaine sur fond d’espionnage. Nos deux héros doivent mettre la main, pour leurs pays respectifs, sur les mémoires de Felix Meadowes, un espion réputé, mais ils ont de la concurrence avec les Soviétiques et les deux charmantes épouses de l’agent, entre autres.

L’intrigue est banale et même bancale (le véritable final est un ratage total), les seconds rôles ne sont pas inoubliables : Meadowes/Ackland ne convainc pas – il est bien loin de sa superbe prestation des Hêtres Rouges de la série Sherlock Holmes - et Cavendish/Green est caricatural ; pas mieux pour le Russe enfermé dans la buanderie,  avec le chat Cléo, et l’exécutif à moto qui s’empare facilement…des bottins de Londres ! Heureusement qu’il y a les ‘troisièmes’ rôles pour relever l’ensemble, le butler et les deux belles épouses cupides de l’espion. A noter les quelques vues de Londres (Trafalgar Square de nuit et Big Ben sous la pluie), la campagne hivernale (et la séquence dans les bois, la meilleure de l’épisode), la faute d’allemand : ‘Sie betreten den DDR’ (‘den’ au lieu de ‘die’), et l‘adaptation de la différence d’accent sur ‘ancestors’ par deux mots dans la VF (aïeuls, ancêtres).  

Infos supplémentaires:

L'épisode fait l'objet d'une présentation en voix off, pour la première fois depuis le  début de la série. Joe Pfeiffer agit en tant que narrateur.

Les bureaux de Cavendish donnent sur Great George Street. Entre Queen Anne's Gate, St Jame's Park et le Palais de Westminster, cette rue se situe au cœur de la Cité de Westminster. Elle contient de nombreux magasins de luxe, ainsi que de prestigieux théâtres et restaurants. On peut y trouver le Cabinet de guerre de Winston Churchill, transformé en musée sous-terrain

En se rendant à son domicile, Lord Sinclair circule sur Trafalgar Square, passant à côté de la Colonne de Nelson.

La résidence du cousin de Brett est en fait Osterley Park, déjà aperçue dans Le lendemain matin.

L'entrée de cette résidence est représentée par la grille d'accès à Heatherden Hall, déjà vue dans Sept millions de Livres.

Comme à l'accoutumée, les scènes de forêt se déroulent à Black Park Lake.

On retrouve une nouvelle fois le fourgon Modèle H de Citroën, après Minuit moins huit kilomètres et Une rancune tenace.

Le terrain de football aperçu est celui du club de Watford, dans la banlieue Ouest de Londres. Fondé en 1881, il  atteint son zénith en ce début des années 70, avec une montée en division 2 et la participation à une demi-finale de la coupe après une victoire contre Liverpool (1970). Le club, présidé durant 25 ans par Elton John, a depuis connu un parcours plus en dents de scie.

Acteurs – Actrices

Nigel Green (1924-1972) estun  acteur britannique ctrès onnu dans les années soixante. Il a joué dans Zoulou – Ipcress, danger immédiat – La lettre du Kremlin entre autres (ainsi que dans Le Vengeur Volant et Brouillard). Il est décédé d'une overdose de somnifères alors qu'il accédait au rang de star.

George Merritt (1890-1977) a souvent joué des rôles d'inspecteurs au début de sa carrière dans les années 30. Il a joué vers la fin de sa vie dans les séries cultes britanniques Le Prisonnier et Chapeau Melon (Rien ne va plus dans la nursery).

Joss Ackland (1928) est un des meilleurs acteurs britanniques de ces cinquante dernières années. Il a débuté dans les années 50 et il a joué dans 115 films, des centaines de pièces et participé à de nombreuses séries dont Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Regan, Les Aventures de Sherlock Holmes et un épisode de L'Inspecteur Barnaby en 2006. Il reçut le titre de Commander of the British Empire en 2000. Il incarne le Brigadier Hansing dans Le Matin d'Après.

Kate O'Mara (1939) fait ses débuts au théâtre dans Le Marchand de Venise (1963) et elle tourna dans des films d'horreur de la Hammer au début des années 70. Elle se concentra sur le théâtre et la télévision (Destination Danger, Le Saint – trois épisodes, Les Champions, Département S, Paul Temple, Jason King, Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Mission Casse-Cou, Dynasty, Dr Who, Absolutely Fabulous…). Elle a fondé une compagnie théâtrale dans les années 80 et elle a écrit deux livres au début des années 90. Dans Le Visage, elle interprète Lisa.

Magda Konopka (1943) appartient à une importante famille de la noblesse polonaise. Elle débuta comme mannequin, avant une carrière d'actrice limitée aux années 60 et 70, où elle tourna beaucoup en Italie. Elle participe à Destination Danger, Jason King, Department S, Satanik (1968), Quand les Dinosaures dominaient le Monde (1970)…

Séquence culte: La chasse aux cerfs 

Séquence culte: Rencontre au stade

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22. L'ENLÈVEMENT DE LISA ZORAKIN
(NUISANCE VALUE)

Diffusion : 14 janvier 1972

Scénario : David Rolfe & Tony Barwick

Réalisation : Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Viviane Ventura (Lisa), David Cargill (Patterson), George Murcell (Zorakin), Ricardo Montez (Inspector Santos), George Roderick (Propriétaire de la bodega), Sarah Lawson (Mary), Michael Culver (Kurt), Ralph Bates (Michel)

Résumé: En Espagne, dans l'hôtel où résident Brett et Danny, la jeune Lisa se fait brusquement enlever. Elle est la fille de Zorakin, un homme d'affaires douteux et brutal, avec qui Danny a connu des démêlés par le passé. Wilde se lance à la poursuite des ravisseurs mais se fait capturer. Zorakin est alors certain que c'est lui qui dirige l'affaire en sous main, et propose à Brett d'aller verser la rançon demandée s'il veut prouver la bonne foi de son ami. Lord Sinclair va alors découvrir que Lisa est la complice d'un coup monté, elle et son fiancé Michel prévoyant de s'enfuir avec la rançon. Mais Michel trompe en fait Lisa avec la gouvernante de celle-ci, qui est le véritable cerveau de toute l'affaire. Finalement les Persuaders arrêtent les escrocs et réconcilient le père avec sa fille.

Critique de Estuaire44:

On achève cet épisode avec un grand sentiment de vacuité, tant tout y apparaît dérisoire. L'argument se révèle ainsi d'un simplisme et d'une prévisibilité affligeants. Cette bluette sentimentale doublée d'un suspense à deux sous s'avère incapable de remplir tout un épisode et l'on s'amuse bien vite à noter quand l'auteur tire à la ligne pour atteindre son quota : poursuite automobile inutilement rallongée, redite générale de l'histoire à l'arrivée de Zorakin, luxe de détails pour chaque scène (comme la remise de la valise), verbiage et allers et retours stériles, accumulation de pseudo rebondissements tous plus ineptes que les précédents, humour de mauvaise farce et aux relents machistes… On se demande sérieusement si cet épisode rempli d'inserts évidents, de reprises de tournages précédents ou de scènes d'actions bâclées n'existe pas lui même en définitive uniquement pour en atteindre le nombre requis.

L'argument est si faible qu'il en finit par déteindre sur le couple vedette lui même, réduit à se caricaturer dans cette auto parodie bon marché et sans génie. A aucun moment ni Roger Moore ni Tony Curtis ne semblent intéressés par ce qui se déroule autour d'eux, ils paraissent perpétuellement en figuration. Sans doute ont-ils trop de métier pour se mentir à propos de l'inanité du spectacle. Le pire réside dans la mauvaise qualité de l'interprétation, en rupture complète avec les standards de la série. En particulier Viviane Ventura  et Ralph Bates se montrent réellement mauvais, parvenant à accroitre encore le ridicule de leurs insignifiants personnages. George Murcell démontre une belle énergie mais son rôle s'apparente tellement à une caricature outrée qu'il ne peut en extraire grand chose, de même que les quelques autres comédiens d'expérience perdus dans cette débâcle.

Après les quelques inserts initiaux clinquants de ridicule (plus caricaturaux que le cinéma franquiste des années 60), sous nos yeux éberlués se dresse à nouveau  l'Espagne d'ombre de Le coureur de dot, avec ses routes perdues dans l'ombre, ses villages déserts et figés, son côté hors d'âge, son manque absolu de crédibilité. De nouveau le cachet ibérique fait long feu, la mise en scène de bric et de broc augmentant encore la fâcheuse impression de l'épisode précédent, qlors qu'au moins lui a été tourné tout du long sur les scènes de l'action (mais jamais au sud des Pyrénées). La même perception crapoteuse de l'esprit espagnol se discerne également, avec cet inspecteur de police immédiatement aux ordres du financier brutal et douteux, tel un laquais. Jamais la série n'aurait montré de scène équivalente se déroulant en Angleterre, mais tout ceci doit sans doute paraître délicieusement méditerranéen.

Le seul élément concluant de L'enlèvement de Liza Zorakin demeure son tag final, mis en scène avec à propos et jouant avec ironie de nos indécrottables célibataires. De quoi susciter bien des regrets après ce qui restera sans doute comme l'exploitation la plus faible qui se puisse imaginer du thème de la pauvre petite fille riche. Amicalement vôtre confirme ici un point commun supplémentaire avec Chapeau Melon : quand les épisodes  s'y révèlent mauvais, c'est rarement à moitié. 

Avis de Denis Chauvet:

Le plus faible de la série. L’intrigue est bavarde, bourrée d’invraisemblances, constituée de rebondissements à gogo ridicules plus prévisibles les uns que les autres. Un retour en Espagne de pacotille calamiteux – l’hôtel Don Juan ! - et un épisode sans véritable intérêt. La meilleure séquence est la poursuite nocturne de la Ferrari, mise à l’honneur, avec un panel des airs musicaux de Ken Thorne.

Aucun second rôle n’est en vue et les Persuaders girls sont quelconques. Un faux enlèvement, une petite écervelée hystérique, qui roule comme des bleus Danny et Brett, et un truand grotesque (George Murcell, Needle dans le monde des Avengers). Seuls quelques traits d’humour, et un bon tag final sur le mariage, évitent l’assoupissement. Et ne ratez pas la scène où Wilde prépare des œufs sur le plat avec ses gants…Néanmoins, lorsque je lis dans la critique principale : ‘humour de mauvaise farce et aux relents machistes’, on est en droit de se demander si l’auteur a compris l’essence de la série…

Sinon, je suis d’accord, l’épisode n’est pas bon. Quel contraste avec le suivant ! À  noter que Ralph Bates (Michel), disparu très tôt, était un descendant de Pasteur et que Vivienne Ventura (Lisa) fut la maitresse du sultan de Brunei ! 

Infos supplémentaires:

Plusieurs plans ont été réalisés lors du tournage de Le coureur de dot, dans l'arrière pays de la Côte d'Azur.

Outres les inserts de la ville de Malaga, plusieurs plans censés représenter l'Espagne (dont ceux de l'hôtel Don juan) ont en fait été tournés à Torquay, dans le Devon. Il s'agit d'une importante localité de la côte britannique la plus chauffée par le Gulf Stream, souvent surnommée « Riviera anglaise ». On peut trouver dans cette station balnéaire très courue des plantes méditerranéennes (camélias, figuiers, lauriers, magnolias, myrtes…) et des plages de sable fins pouvant quelque peu évoquer l'Espagne.

Danny pourchasse les kidnappeurs dans les hauteurs espagnoles, mais il s'agit en fait du site de Llanberis, une passe montagneuse du nord du Pays de galles, dans le Gwynedd. Elle se trouve à proximité immédiate du Mont Snowdon, le point culminant du Pays de Galles (1 085 m).

Acteurs – Actrices

Viviane Ventura (1943), d'origine britannique, passa toute son enfance en Colombie. Se prénommant à l'occasion Vivienne, elle partagea par la suite sa carrière entre les deux côtés de l'Atlantique. Elle participe ainsi à Le Saint, Les Mystères de l'Ouest, Les Espions, Max la Menace, Dr Caraïbes... Celle qui fut proche du Sultan de Brunéi et épousa en 1972 un important financier anglais fut également une journaliste mondaine, écrivant pour Hola, Paris Match, Cosmopolitan, The Sunday, Times Magazine...

George Murcell (1925-1998) a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination Danger, Le Baron (deux épisodes), Le Saint (trois épisodes), Les Champions (deux épisodes), Amicalement Vôtre, Jason King, Les Professionnels... Daans Chapeau Melon il participa à Square root of evil (saison 1) et fut le Needle de Meurtres à épisodes (saison 6). De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The assassination bureau avec Diana Rigg.

Ricardo Montez (1923-2010), dit « Levito », était un comédien britannique originaire de Gibraltar. cela lui permit d'interpréter de nombreux rôles d'hispaniques dans les productions anglaises. Il apparaît ainsi dans Le Saint (sept épisodes), L'Homme à la valise, Jason King, Les Champions... Il tint le rôle récurrent de Juan Cervantes dans Mind Your Language (1977-1986). II fut également très engagé dans la défense des intérêts de Gibraltar au sein du Royaume-Uni. Ricardo Montez incarne le Colonel Josino dans Remontons le temps (saison 5 des Avengers)..

Sarah Lawson (1928) a tourné dans de nombreuses séries jusqu'à la fin des années 80 : Destination Danger, Le Saint, Département S,  Jason King, Les Professionnels, Bergerac (deux épisodes). Elle participa également à quelques films fantastiques (La Nuit de la Grande Chaleur, 1967 ; Les Vierges de Satan, 1968). Dans le Monde des Avengers, elle fut la Marry Marryweather de How To Succeed... at Murder.

Séquence culte: Arrivée de Brett à l’hôtel 

Séquence culte: Course-poursuite en Ferrari

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23. REGRETS ÉTERNELS

(A DEATH IN THE FAMILY)

Diffusion : 4 février 1972

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Sidney Hayers (1921-2000) tourna quelques classiques du cinéma d'épouvante (Night of the Eagle, 1962) mais se fit surtout connaître comme réalisateur de séries télé : Magnum, Agence Tous Risques, Alerte à Malibu, K 2000, Supercopter, Agence Acapulco… Il réalise huit épisodes de Chapeau Melon et quatre épisodes des New Avengers, mais aussi un autre d'Amicalement vôtre, Take Seven. Il met également en scène de nombreux téléfilms, dont Mr Jerico, avec Patrick Macnee (1969).

Distribution: Diane Cilento (Kate Sinclair), Denholm Eliott (Roland), Roland Culver (Duc de Caith), William Rushton (Lance), Moultrie Kelsall (Sir Angus), Christopher Sandford (Onslow), Ivor Dean (Mr. Beebe)

Résumé: Un à un, les membres de la famille Sinclair sont assassinés. Aidés par la cousine Kate, les Persuaders comprennent que l'un des Sinclair déblaie le chemin le séparant du titre ducal sur l'ordre de succession. Brett étant l'héritier en titre, lui aussi se voit dès lors menacé. L'enquête conduit à soupçonner le cousin Roland, un redoutable chasseur de la branche australienne de clan. Mais celui-ci périt à son tour. Les Persuaders tendent alors un piège au meurtrier, Brett et le Duc de Caith se plaçant en situation facilement atteignable pour faire sortir du bois celui-ci. Le coupable se révèle alors être effectivement Roland, qui avait simulé la mort grâce à une drogue exotique. Il périt par sa propre bombe en tentant de s'enfuir.

Critique de Estuaire44:

Près de quatre décennies après sa première diffusion, A Death In The Family demeure encore et toujours l'un des épisodes de séries télé les plus divertissants qu'il soit loisible de découvrir. La drôlerie la plus pétillante irrigue continuellement dialogues et situations, puisant à diverses sources. Cette succession de meurtres dégage un comique de répétition parfaitement exploité par la ritournelle des cérémonies funèbres et le patelin croque-mort. L'ensemble se caractérise également par un humour noir frappant toujours juste, grâce à des dialogues finement ciselés (- Es-tu sûr que l'on puisse fumer ici ? –On peut, mais il faut faire attention aux cendres). Ce n'est pas un hasard si Oscar Wilde se trouve explicitement cité, tant son esprit semble souffler sur cette écriture fine et élégamment cynique. Regrets éternels apparaît de fait comme un pastiche tonique et réussi du grand classique du cinéma anglais que constitue Noblesse oblige (1949), où un assassin à la caustique ironie se frayait pareillement un chemin vers un titre nobiliaire en éliminant successivement les héritiers mieux placés que lui. Amicalement vôtre ne développe pas une satire sociale mordante et révoltée derrière le rire, similaire à ce chef d'œuvre, préférant se maintenir dans le domaine de la pure comédie. Ce choix se révèle en définitive aussi raisonnable que judicieux, car correspondant mieux au génie d'une série atteignant ici son zénith.

De plus, si leurs portraits s'avèrent nettement moins grinçants que ceux des Ascoygne, le défilé des Sinclair vaut vraiment le détour. Chacun des étonnants membres de cette galerie de portraits se distingue par sa joyeuse excentricité. Les excellents comédiens se régalent, en tout premier lieu un Roger Moore auux nombreux rôles, se délectant visiblement de cette représentation en costumes, voire travestie. On détachera particulièrement l'oncle écossais, une jouissive synthèse des innombrables plaisanteries s'exerçant sur le sujet, Lance, un joyeux Falstaff, ou Onslow, une caricature plaisamment affutée des minets de l'époque. Les militaires de la famille, tous copieusement allumés, se révèlent également irrésistibles. A ces hurluberlus masculins, Kate apporte un précieux contrepoint, en un charmant alliage de bon sens et de joie de vivre. Il s'avère bien difficile de résister au charme de la cousine de Brett, d'autant que Diane Cilento lui apporte une vitalité rayonnante des plus communicatives. Son duo avec Tony Curtis s'impose comme l'un des plus concluants de la série. La remarquable prestation de ce grand acteur que fut Denholm Eliott domine les débats, exprimant avec un rare talent son aspect de prime abord dominateur et inquiétant, puis, une fois le masque jeté, sa folie obsessionnelle et abominable. Un très grand moment d'interprétation, à déguster également en version originale. Certes l'on comprend à peu près instantanément qu'il est le coupable, et la ruse éculée du narcotique ne trompera guère, mais l'aspect de Whodunit demeure finalement accessoire ici. Ivor Dean est ici parfaitement dans son emploi en croque mort mielleux et avide, et le retrouver face à son complice du Saint Roger Moore accroit encore l'intérêt de l'épisode.

Outre les spectaculaires déguisements de Roger Moore, et de Tony Curtis in fine, la mise en scène de Sidney Hayers se montre particulièrement imaginative dans le déroulement des meurtres. Chacun d'entre eux constitue un véritable morceau de bravoure, drôle et féroce.  On avouera un faible particulier pour la chute de la monumentale porte du château écossais, mais tous se montrent hautement réjouissants et surprenants. Les amateurs des Avengers retrouveront une saveur délicieusement proche de leur série fétiche, accompagnée d'une profusion de souvenirs. Sidney Hayers, fin praticien de cette série, semble d'ailleurs semer à plaisir les éléments de référence à Chapeau Melon, tels ces déguisements militaires également revêtus par Steed (Les espions font le service), ces assassinats délirants perpétrés par un clown (Clowneries), cette chope monstrueuse consciencieusement remplie (Le club de l'enfer), ces maquettes meurtrières (Un Steed de trop), ou encore les si symboliques Union Jack et jeu d'Echecs. Regrets éternels se montre également visuellement magnifique, Sidney Hayers tirant le meilleur parti des somptueuses résidences anglaises visitées, tandis qu'Harry Pottle réussit un appartement si psychédélique qu'une Tara King pourrait s'y sentir comme chez elle. Hilarant, brillantissime et irrésistiblement fou, A Death In The Family demeure décidément la meilleure carte de visite d'Amicalement vôtre.

Avis de Denis Chauvet:

Le classique de la série. Près d’un demi-siècle après sa première diffusion - à une exception, tous les acteurs de l’épisode sont décédés -, Regrets éternels demeure encore et toujours l'un des épisodes de séries télé les plus divertissants que la télévision a proposé. 

Tels Les Dix Petits Nègres et Noblesse oblige, les morts se succèdent à un rythme infernal, et la famille Sinclair est vite dépeuplée. Une comédie loufoque à l’humour noir incisif ; les échanges dans la crypte lors du premier enterrement sont les plus savoureux. Tous les fans de la série connaissent cet épisode par cœur dans la moindre réplique (en tout cas c’est mon cas) ; les enterrements successifs, les pièces d‘échecs, le pot de fleurs dans le parc, le piètre guitariste, le buveur invétéré, le joueur de cornemuse, le final dans la crypte, Tante Sophie….Que des scènes d’anthologie pour un des meilleurs épisodes toutes séries confondues !

Roger Moore a plusieurs rôles et il est superbement grimé en vieux militaires dans des scènes très Avengeresques (la réalisation est de Sidney Hayers) mais c’est Agatha, la tante sourde, qui est la plus hilarante ! À  noter qu’il a berné des membres de l’équipe lorsqu’il était en amiral. Qui veut s’octroyer le titre en trucidant toute la famille Sinclair sous un déguisement de clown triste ? Difficile de choisir une scène meilleure qu’une autre mais j’ai un petit faible pour celle où le croque-mort (excellent Ivor Dean) prend les mesures du Lord pour ne pas être pris au dépourvu et Danny de préciser : ‘Faites lui deux pantalons pendant que vous y êtes !’. Le superbe lord Angus, l’Ecossais avare, amateur de cornemuse et de haggis (Wilde : ‘Avoir un portefeuille aussi gonflé et finir à plat’) est joué par…a Scot, of course ! Néanmoins, son château est…gallois : c’est le somptueux château d’Harlech que j’ai visité dans les années 80 !

Infos supplémentaires:

Découverte dans l'épisode précédent, on retrouve ici la Passe de Llanberis, quand Brett se rend chez Angus, l'oncle écossais.

Le château prétendument écossais d'Angus se situe en effet au Pays de Galles. Il s'agit de celui d'Harlech, situé dans le Gwynedd. Construit au XIIIème siècle par Edouard Ier, il domine la mer de plus de 60 mètres. Son état remarquable lui vaut d'être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Quelques plans, cette fois en compagnie de  Danny sont, eux, tournés dans celui de Bryn Bras, également dans le Gwynedd mais nettement plus récent (XIXème siècle).

La maison de l'oncle Lance est en fait l'hôtel Edgwarebury, situé à Elstree, à deux pas des studios. Il apparaît de ce fait dans de très nombreuses productions anglaises.

Le Général Sinclair dicte ses mémoires dans le jardin de sa maison de campagne. Il s'agit en fait de Sherwood House, à Dunham, soit la propre résidence de Roger Moore durant le tournage de la série.

Tante Sophie est présentée par Brett comme "Mrs Schwartz", soit le vrai nom de Tony Curtis.

Quand Danny l'invite, Kate fait référence au siège éjectable de sa voiture. Il s'agit sans doute d'un clin d'œil, Diane Cilento étant l'épouse de Sean Connery. Dans Goldfinger, le siège éjectable de son Aston Martin se montre effectivement redoutable !

Commentaire audio Blu Ray (par Denis Chauvet):

Pour Regrets éternels, il y a de nombreux participants : Robert S Baker, Johnny Goodman, Malcom Christopher, Ken Baker et Roger Moore. Ca vaut le coup, c’est très instructif. Voici quelques anecdotes repérées à la volée.

Sur l’épisode, pas de grande révélation ; c’est une parodie de Noblesse Oblige, un classique du cinéma britannique, la demeure de la séquence pré-générique appartenait à l’époque à Roger Moore, l’Union Jack qui enveloppe les cercueils avait servi à la coupe du monde de 1966, la cave à vin est en fait la crypte des Sinclair agencée autrement. Les jardins sont ceux des studios de Pinewood, qui étaient bien situés, et la beauté des décors est soulignée. C’est assez amusant que durant tout l’épisode, les intervenants ne se remémorent pas le nom d’Harry Pottle qui leur revient…au générique final. Il avait une préférence pour le bleu. Les décors devaient être les plus luxueux possibles et la série fut la plus chère de son époque, c’était comme pour un film. Jusqu’à des meubles de qualité qui étaient loués. Le décor de rue avec l’appartement d’Onslow servait à l’époque à représenter Baker Street pour le tournage d’une série Sherlock Holmes et Roger Moore remarque que les instruments, dépassés de nos jours, étaient du dernier cri au moment du tournage.  Le décor du restaurant chinois où dinent Kate et Wilde fut utilisé pour le tournage des petits films promotionnels dans plusieurs langues. Lew Grade n’est venu qu’une seule fois sur le tournage de la série.

Les membres de la production n’épargnent pas les frasques de Tony Curtis. Il y avait ‘a dress master’ mais l’acteur n’en faisait qu’à sa tête et s’habillait comme il lui plaisait. Dans l’ensemble, il ne choisissait pas trop mal (dans la scène de la crypte, ils trouvent néanmoins qu’il est habillé en policier !). Curtis détestait les heures supplémentaires et il était très susceptible (l’exemple d’un lunch-break est cité) et l’acteur était à prendre avec des pincettes. Une anecdote ne redore pas le blason de l’acteur : à l’époque, à la fin d’un tournage, il était de tradition que les acteurs fassent des cadeaux aux membres de la production. Tony Curtis s’est fendu d’une bouteille de vin rouge à 15 shillings ! Tony Curtis portait des talonnettes car il était beaucoup plus petit que Roger Moore et il se teignait les cheveux mais, parfois, il décidait de venir tourner avec les cheveux blancs naturels. Les membres de la production sont encore reconnaissants qu’il n’ait pas eu l’idée de le faire en plein milieu d’un épisode. Par contre, l’équipe reconnaît que Curtis était un plus pour la série et qu’il effectuait la plupart de ses cascades. Il a même remplacé un cascadeur…qui avait le vertige. Pendant le tournage, Curtis et Moore ne se côtoyaient pas beaucoup ; chacun restait avec ses amis.  Les membres de la production reviennent en détails sur l’arrestation de Tony Curtis à l’aéroport de Londres pour possession de marijuana. Cela aurait pu poser problème pour le tournage car il était stipulé le renvoi de tout possesseur de drogues ! Comme le précise un des participants, Curtis était par contre un ardent défenseur de la cause anti-tabac. ‘A very strange gentleman’. Quelqu’un n’hésite pas à souligner : ‘Au début, on n’aime pas Tony Curtis, après on le déteste !’. On ne peut s’imaginer comment il était dans la vie quand on le voit jouer ! L’épisode avec Joan Collins est évidemment évoqué. Curtis l’avait insultée et elle refusait de continuer et Moore a conseillé à Curtis de s’excuser. Celui-ci dit alors à la jeune femme qu’il n’en avait pas après elle mais après la production ! Pour Curtis, cela semblait déshonorant de faire de la TV, car il n’employait jamais le mot ‘épisodes’ car il faisait 24 films ! Pour la dernière scène de Regrets éternels, Tony Curtis a tourné pendant 5 minutes travesti en femme mais la séquence ne dure que quelques secondes.

Roger Moore avoue qu’à l’époque, il fumait le cigare (des Davidoff Special comme dans la crypte) et l’acteur est apprécié par l’équipe de production. Quelqu’un de sympathique qui connaissait tous les membres de la production par leur prénom. Roger Moore regrette la disparition prématurée d’Ivor Dean avec qui il avait déjà tourné dans Le Saint. Moore précise que l’épisode ressemble à un Avengers mais ce n’est qu’une coïncidence et l’acteur se rend compte qu’il portait une alliance pendant le tournage ce qu’il n’aurait pas dû (ma femme me l’avait fait remarquer mais j’avais pensé à une bague de lord !).  Roger Moore pouvait aller en boite jusqu’à 5 heures du mat et être opérationnel dès 6h. Il avait une mémoire photogénique et il n’avait aucun mal à se souvenir de ses répliques. 

Acteurs – Actrices Diane Cilento (1933), originaire d'Australie, se fit connaître au cinéma dans les années 50 (The Truth About Women, 1957), avant de participer à diverses séries américaines et anglaises à partir de la décennie suivante (Rogue's Gallery, Tycoons, Halfway Across the Galaxy, and turn left...). De 1962 à 1973 elle fut l'épouse de Sean Connery, elle est également la mère de Jason Connery. En 2006, elle fit paraître ses mémoires : My Nine Lives.

Denholm Eliott (1922-1992) totalise plus de cent rôles au cinéma et à la télévision, où il se spécialisa dans les rôles d'excentriques de la classe supérieure britannique. Il reste sans doute principalement remémoré pour son rôle du Dr Marcus Brody, dans la trilogie des Indiana Jones. En 1988, il fut élevé au rang de Commandeur de l'Empire Britannique pour l'ensemble de sa carrière, durant laquelle il participa très fréquemment aux représentations données par la Royal Shakespeare Company.

Roland Culver (1900-1984) a commencé sa carrière en 1931. Il tourna beaucoup dans les années 30 et 40 avant de se tourner vers la télévision dans les années 60. Également grand comédien de théâtre, il était spécialisé dans les rôles de parfaits gentlemen anglais, au flegme inaltérable Il incarne le Colonel Timothy dans A vos souhaits (saison 6 des Avengers).

Willie Rushton (1937-1996) fut occasionnellement acteur (Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, 1965), mais surtout un important dessinateur de la presse anglaise. En 1961 il compte ainsi parmi les fondateurs du magazine satirique à succès The private Eye. Entre bien d'autres activités des plus variées, ce personnage très populaire en Grande Bretagne fut également le narrateur de la série humoristique Up, Pompéii ! (1969-1975).

Ivor Dean (1917-1974) a joué le rôle de l'inspecteur Claude Eustache Teal dans 23 épisodes de la série Le Saint, avec Roger Moore, entre 1963 et 1969. Il a joué dans trois épisodes de Chapeau Melon : Tueur à gages, saison 2, La chasse au trésor, saison 5 et Le document disparu, saison 6. Également à l'écran dans Randall and Hopkirk(Deceased), Jason King

Séquence culte: A la cave 

Séquence culte: Des funérailles en grande pompe

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24. ENTRE DEUX FEUX
(THE MAN IN THE MIDDLE)

Diffusion: 17 décembre 1971

Scénario: Donald James (1931-2008) fut un auteur à succès, notamment avec les enquêtes de l'inspecteur Vadim, mais aussi avec des ouvrages historiques. Il était un spécialiste reconnu de la Seconde Guerre Mondiale et de la France occupée. Durant les années 60, il  conçut des scénarios pour de nombreuses séries de Lew Grade, dont Le Saint, Cosmos 1999, L'Aventurier, Les Champions, Jason King, Department S etc. Il est également l'auteur de l'épisode Le coureur de dot. Pour Chapeau Melon et Bottes de Cuir, il écrivit l'intrigue de Un dangereux marché

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Terry-Thomas (Archibald Sinclair Beachum), Suzy Kendall (Kay Hunter), Stephen Greif (Krilov), Frank Maher (Jones), John Orchard (Gregor), Michael Balfour (Conducteur du cart), Stanley Meadows (David Price)

Résumé: Un mystérieux traître des services secrets anglais vend de précieux documents à l'Est. En Italie, à la demande du juge Fulton, Lord Sinclair se fait passer pour l'agent secret auprès de ses correspondants russes, afin d'aider à percer le secret de son identité. Mais les agents locaux ignorent l'imposture et les Persuaders se retrouvent vite pris entre deux feux. Pour encore compliquer la situation, Archibald Sinclair Beachum, un cousin éloigné de Brett, à la morale assez élastique, entre à son tour dans la danse. En s'associant avec lui, les Persuaders finissent par démasquer le coupable, tout en sauvant la belle espionne Kay après que celle-ci eut été enlevée par les soviétiques.

Critique de Estuaire44:

L'épisode présente la consistance d'une bulle de savon. En effet l'intrigue de Entre deux feux se limite à quelques figures de style ultra classique de l'espionnage, présentées ici sous la forme la plus simpliste qui se puisse imaginer. Une fois posée la situation de départ, les débats se résument à l'intervention dans l'ambassade, puis à la libération de Kay, autant dire qu'il s'agit plus d'un argument que d'un véritable récit. On comprend très vite en effet que l'unique justification de ce bricolage hâtif est de servir de véhicule à Terry-Thomas pour développer son numéro coutumier de faisan pleutre et vénal. Ce n'était d'ailleurs pas forcément un service à rendre à l'excellent humoriste que de le propulser comme moteur unique de l'épisode. D'abord très amusantes, ses pitreries deviennent vite répétitives et lassantes, devant faire face seules à l'inanité de l'ensemble. Le comédien fonctionne en accord parfait avec Moore et Curtis, et l'on sourit plus d'une fois des réparties des uns et des autres, mais cela ne suffit pas à se substituer à la faiblesse insigne d'une intrigue paresseuse et artificiellement fragmentée.

La mise en scène de Leslie Norman ne vient guère au secours de Entre deux feux. Tout comme pour l'Espagne de L'enlèvement de Liza Zorakin, mais en nettement moins ridicule, on retrouve ici une Italie composée de bric et de broc. Reprises de tournages, décors antérieurs, inserts ou images grossièrement surexposées se succèdent, renfournant l'impression de faiblesse générale. Les scènes d'action se voient néanmoins correctement réalisées, et se révèlent efficaces. L'épisode souffre néanmoins d'une médiocrité générale de l'interprétation parmi les seconds rôles, à la notable exception de Stephen Grief. Celui-ci apporte une élégance et une viscosité bienvenue à Krilov, on lui doit quelques unes des scènes les plus concluantes de Entre deux feux. Le pire réside dans le jeu proche du nul de Suzy Kendall, l'ultime Persuaders Girls de la série (forcément blonde) se limitant à prendre quelques poses indigentes et à promener de scène en scène son manque criant de talent. Elle n'est pas servie, il est vrai, par des dialogues souvent ineptes.

Outre quelques facéties souriantes de Terry-Thomas et de ses deux acolytes (joli gag de l'arbre tombant dans le mauvais sens), l'épisode réussit parfaitement son tag final, caustique et au retournement de situation bien trouvé. Pour une fois les Persuaders se font souffler la demoiselle, mais nos séducteurs ne se laissent pas facilement abattre ! Surtout, pour sa dernière prestation, le juge Fulton nous régale d'un de ses meilleurs numéros, avec un cynisme hilarant et une belle complicité avec Lord Sinclair. Et ainsi s'achèvent les aventures de Brett Sinclair et de Danny Wilde. Elles demeurent encore aujourd'hui un écho des plus plaisants de la joie de vivre du début des 70's, entre Riviera ensoleillée et une Angleterre décidément source inépuisable de trépidantes aventures.

Avis de Denis Chauvet:

On termine, malheureusement, la série avec cet épisode qui a un relent de début de saison. Il se passe en Italie et les premières images post-génériques (celles de l’Aston Martin aux abords du Colisée) sont des repiquages évidents. Encore une histoire d’espionnage et, cette fois, Brett Sinclair est pris pour un agent double : il est convoité par le bloc de l’est mais aussi les Britanniques, et il se retrouve entre deux feux. Une histoire de trahison classique qui débute par une séquence pré-générique énigmatique à la conclusion bancale (qui va oublier son passeport aussi facilement ?).

L’intrigue est terne, et il faut surtout s’attarder sur les répliques entre les deux compères et certaines situations cocasses. Je me souvenais surtout du final avec Wilde en bucheron et Sinclair à cheval faisant référence à John Wayne. La phrase pour Wilde : ‘Tu ne vas pas rester allongé ici. Tu en as assez profité. Tu dis au revoir à la dame et on s’en va’. La dame en question est Geraldine Moffat, vue dans de nombreuses séries britanniques et Get Carter avec Michael Caine. Le meilleur passage est l’enlèvement de Sinclair dans un panier de linge sale.

Kay Hunter (Suzy Kendall), la Persuaders girl finale, est très bien, au goût de Sinclair et Wilde qui se la font souffler ! Elle est blonde – une tradition respectée jusqu’au bout - et très sexy dans un top violine moulant ou des collants et chaussures rouges. En la trouvant dans sa chambre, Brett pense que c’est une attention de l’office du tourisme italien ! Elle compense en partie les faiblesses du scénario, les incapables tireurs de l’ambassade et, surtout, la trop grosse présence du fatiguant fatigué et pingre Archie, un rescapé de l’hécatombe Sinclair de Regrets éternels (à choisir, j’aurais préféré le  joueur de cornemuse !). À noter que le traitre, Stanley Meadows, a réussi le tour de force de jouer également dans les Avengers et les Brigades du Tigre, et que, d’après son passeport, le lieu de résidence de Brett Sinclair est lÉcosse….

Infos supplémentaires: La Passe de Llanberis, présente dans les deux précédents épisodes est également filmée dans celui-ci. Brett, Danny et Archie y discutent en chemin vers leur rendez-vous avec Krilov.

L'épisode reprend des vues de la promenade romaine de Lord Sinclair vue dans Minuit moins huit kilomètres. Le décor de l'hôtel est également une réutilisation de celui de L'enlèvement de Lisa Zorakin.

On retrouve une dernière fois le fourgon Citroën de Minuit moins huit kilomètres, également aperçu dans divers épisodes.

D'après son passeport, Lord Sinclair est né le 10 novembre 1930.  Il est donc un peu moins âgé que Roger Moore, né le 14 octobre 1927.

Acteurs – Actrices Terry Thomas (1911-1990) fut un comédien britannique très populaire pour ses personnages de comédie représentant des membres de la haute société picaresques, goujats et sans scrupules. En France il est particulièrement connu pour son rôle de Sir Reginald, dit « Big Moustache », dans La Grande Vadrouille (1966). Il dut se retirer à la fin des années 70, atteint par la Maladie de Parkinson.

Suzy Kendall (1944), mannequin puis actrice, connut une grande popularité durant les années 60 (The Penthouse, 1967) et 70,  où elle apparut notamment dans divers giallos italiens (L'oiseau au plumage de cristal, 1970). Elle se retira en 1978, se consacrant à  sa famille. Grande figure de la pop culture anglaise, elle demeure une icone de la génération Flower Power.

Stephen Grief (1944) a joué dans les séries Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Les Professionnels, Mission Casse-Cou et surtout Blakes 7. Il tourne encore beaucoup pour la télévision et le cinéma. Il a été récompensé plusieurs fois au théâtre et sa voix est utilisée dans des spots publicitaires. Il incarne Juventor dans Jeu à trois mains (New Avengers).

Frank Maher (1929-2007) fut un cascadeur doublant les comédiens dans de nombreuses séries des années 60, tout en apparaissant occasionnellement comme acteur. Il s'est ainsi fait passer pour Honor Blackman puis Diana Rigg dans les épisodes Balles costumées, Le cinq novembre, Les petits miracles  et Meurtres à épisodes. Il est la doublure attitrée de Patrick MacGoohan dans Le Prisonnier et Destination Danger. Il a joué aussi dans L'Homme à la Valise, Le Saint, Les Champions, Dr Who, Cosmos 1999.

Séquence culte: Torture 

Séquence culte: Un sauvetage mouvementé

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Crédits photo: TF1 Vidéo.

Images capturées par Estuaire 44. Séquences cultes sélectionnées par Denis Chauvet et montées par Steed3003.