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 saison 1 saison 3

L'homme à la valise

Épisodes 1 à 15


1. Lavage de cerveau (Brainwash)

2. Le pigeon (The Sitting Pigeon)

3. Le jour de l'exécution (Day of Execution)

4. Un million de dollars, première partie (Variation on a Million Bucks - Part 1)

5. Un million de dollars, seconde partie (Variation on a Million Bucks - Part 2)

6. Le fantôme (Man from the Dead)

7. Suzanne (Sweet Sue)

8. Des apprentis terreurs (Essay in Evil)

9. La Vénus disparue (The Girl Who Never Was)

          10. L'enlèvement (All That Glitters)

11. Les souliers du mort (Dead Man's Shoes)

12. Cherchez la femme (Find the Lady)

13. Le pont (The Bridge)

14. Trente ans après (The Man Who Stood Still)

15. La preuve (Burden of Proof)


 

 


1. LAVAGE DE CERVEAU
(BRAINWASH)



Cet épisode présenta la série au public britannique en septembre 1967, alors que les Américains préférèrent Man from the Dead quelques mois plus tard comme introduction. On comprend les Britanniques car Brainwash est formidable dans son développement sans temps mort, qui laisse le téléspectateur sous pression d’un bout à l’autre.

McGill descend d’un train à une petite gare de campagne pour y rencontrer un client. Il se fait enlever et se retrouve séquestré dans un lieu hermétique qui s’avère être un vrai labyrinthe. Un certain colonel Davies veut la confession signée de la participation de McGill, alors qu’il était un agent américain, à son éviction en 1958 de la direction d’Ikwala, un petit état africain. L’épisode, un huis-clos, rappelle par les séances de torture les interrogatoires subis par le numéro 6 (John : ‘Your cure requires a little information about Ikwala’). Les deux seuls passages en extérieur sont l’entame et la dernière scène ; pendant tout le reste, McGill est progressivement détruit psychologiquement et mentalement par un bruyant film d’actualité du pays africain passé en boucle et le manque de sommeil dévastateur. Une réalisation d’orfèvre de Charles Crichton fait participer le téléspectateur à ce cauchemar. Tout est parfait : l’enlèvement, le réveil, la tentative d’évasion, le déjeuner en tête-à-tête avec la jolie Judy, la lente descente aux enfers, le jugement, l’évasion, les motivations hallucinantes de Davies et le final. McGill sort des lieux - finalement un chantier à Londres vu le bus rouge - en titubant et la chemise sanguinolente pour s’écrouler au pied d’un policeman. Une image détonante à l’époque de Simon Templar et  Napoléon Solo à la coiffure et tenue impeccables quelque soit la situation. Cet épisode plante le décor : McGill est antipathique et froid, comme un espion sorti d’un bouquin de John Le Carré, violent (il tente d’étrangler par deux fois la jeune femme), fume cigarette sur cigarette et évolue dans un univers glauque qui n’a rien d’Avengeresque.

Le colonel Davies est Howard Marion-Crawford, décédé d'un excès de somnifères peu après, en 1969 ; un acteur qu’on a pu voir dans trois épisodes des Avengers, dont Les espions font le service. Colin Blakely (John)  a un rôle de salopard, équivalent à celui qu’il a dans Le village de la mort, bien loin du docteur Watson dans le somptueux film, La vie privée de Sherlock Holmes. Son entente avec Bradford ne transpire pas à l’écran, ce qui est gage de professionnalisme. La ravissante Suzan Farmer (Judy) a participé à des films de la Hammer mais également à des séries britanniques prestigieuses, comme Le Saint (quatre épisodes), Sherlock Holmes (avec Douglas Wilmer), Amicalement vôtre (L’un et l’autre) et au dernier épisode de Thriller (Death in Deep Water, inconnu en France), où elle interprète Gilly, une superbe manipulatrice machiavélique en bikini, avec des cheveux courts cette fois.  

C’est l’épisode préféré de Richard Bradford, et c’était son idée de faire réciter les mois de l’année à McGill pendant le lavage de cerveau afin de montrer le personnage lutter pour ne pas perdre la raison. A mon avis, c’est sûrement un des meilleurs épisodes que la télévision a produit, toute série et pays confondus. Il n’y a rien à jeter et mon passage préféré est la découverte du miroir dans le mur et la méfiance du déjeuner (‘They put it in the salt!’). Sans oublier, bien entendu, le long processus du lavage de cerveau dont le climax est la phrase traumatisante par sa répétition : I’m going to shoot you, McGill !

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2. LE PIGEON
(THE SITTING PIGEON)

Le second épisode est beaucoup moins intéressant que l’entame proposée par les Britanniques, car c’est une histoire de détective trop classique. McGill est engagé (contraint) par la police londonienne pour escorter un témoin vingt-quatre heures avant un procès visant à condamner deux criminels de la pire espère. La particularité est que ce témoin, Rufus Blake, est le frère des deux autres ; il était dans l’ombre jusqu’à présent mais il a maintenant des idées de grandeur et il est désireux de s’approprier le magot de ses frangins planqué en Suisse contre son témoignage. McGill doit protéger l’individu poltron contre lequel l’avocat des deux frères a lancé un tueur professionnel aux trousses. L’épisode met beaucoup de temps à se mettre en route, et il ne surprend guère, même dans la seconde partie, plus intéressante. Rufus Blake est interprété par George Sewell, acteur britannique réputé, qui se déclara impressionné par la gentillesse et le professionnalisme de Bradford sur le tournage. Les autres rôles sont tenus par des têtes déjà vues comme James Grout (le policier Franklin) qui est le Chief Superintendant Strange dans Inspecteur Morse. Et puis, une pose lascive de Miss Dinsdale, la secrétaire (ou plus ?) de l’avocat, m’a fait reconnaître immédiatement Carol Cleveland, la maitresse de Cartney dans Le club de l’enfer. Quant au réalisateur, Gerry O’Hara, il participa à l’âge d’or des Avengers en travaillant sur deux épisodes de la quatrième saison.

A partir de cette aventure, on note que Bradford, comme toute star de série, a une doublure pour des scènes anodines (de dos, ou dans des escaliers), mais elle est apparente, même si on n’est pas encore habitué, après deux épisodes, à la mouvance de l’acteur. L’histoire n’est pas inoubliable, parfois aux limites de la crédibilité (McGill ne doit pas utiliser d’arme, la petite amie ne sait pas que son Rufus est un truand alors que les frères Blake sont à la une des journaux), mais elle permet de visiter le Londres des années 60, lorsque McGill et son témoin prennent le fameux taxi noir. Les meilleures scènes sont le passage drôle au concert pour personnes âgées et le final au jardin botanique.

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3. LE JOUR DE L'EXÉCUTION
(DAY OF EXECUTION)

Cette troisième aventure est considérée par beaucoup de fans, avec raison, comme l’un des meilleurs épisodes de la série. Contrairement à d’habitude, McGill n’est pas engagé pour une poignée de dollars, et il se retrouve la cible d’une vengeance savamment planifiée. Comme Brainwash, la qualité du scénario est parfaitement exploitée par Charles Crichton (il réalisa six épisodes de Man in a Suitcase), et la distribution est prestigieuse. Donald Sutherland, peu après son passage dans The Avengers, est Willard, l’ami d’enfance de McGill, porté sur la boisson et pas courageux pour deux sous. Moira, la petite amie entreprenante de McGill, est interprétée par Rosemary Nicols, juste avant d’être Annabelle Hurst dans Département S. A noter aussi, Robert Urquhart (Jarvis, le journaliste qui aide McGill), mémorable dans Castle De’ath, et le vilain, T.P. McKenna. Quant à Bradford, il est parfait, comme toujours.

C’est en rentrant d’une soirée arrosée avec ses deux amis, Willard et Moira, que l’ancien membre des services secrets est apostrophé par le conducteur d’une voiture qui passe : ‘Hey you, Mariocki, we’re going to kill you’. Progressivement, McGill a conscience qu’il n’y a pas erreur sur la personne ; il est obligé de prendre la menace au sérieux et de se préparer à l’échéance dans son duplex londonien, un somptueux logement qu’on ne reverra plus. L’adresse est 56, Clive Mansions, SW3, et l’appartement est le numéro 7, comme on le voit sur le ticket du teinturier (en fait, Ennismore Gardens, à deux pas de Hyde Park).

Day of Execution n’a aucun temps mort et chaque action accroit le suspense et procure une atmosphère pesante. Harcelé au téléphone, McGill reçoit un costume au nom de Mariocki et une couronne mortuaire (puis il est interpellé de la sorte à un feu tricolore par une jolie jeune femme lors d’une poursuite de nuit effrénée peu banale dans les rues de Londres (un des temps forts de l’épisode). D’abord perplexe sur ces menaces de mort, McGill s’organise car son appartement est régulièrement visité. Il fait finalement mine de prendre un congé mais il revient la nuit tombée et attend, tapi dans l’obscurité. La voiture à glaces avec l’inscription ‘Soon Mariocki’ est une bizarrerie saugrenue. Enfin, McGill connaît la raison de ses ennuis (dans le final), lorsque Willard, piégé et rossé par le trio diabolique, lui remet un bout de papier avec ‘Beirut’ écrit dessus. Le passé d’espion ressurgit et l’attente des douze coups de minuit (l’heure de la vengeance) dans l’appartement au bruit de l’ascenseur fait monter la tension. Cyniquement, McGill exige 10 000$ de Willard pour le mettre en sécurité !

Le final est souvent considéré comme vite expédié (ici, McGill utilise une sorte de mannequin enflammé et un cocktail Molotov pour accueillir le trio), mais c’est le cachet de la série d’avoir une fin abrupte, sans épilogue : on a le générique alors qu’on ne s’y attend pas ! La dernière image de Moira en pleurs justifie les dires de McGill, qui ne peut s’attacher ni se fixer : ‘My life is one Mariocki after another’. 

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4. UN MILLION DE DOLLARS, PREMIÈRE PARTIE
(VARIATION ON A MILLION BUCKS - PART 1)

Max Stein, un diplomate russe, a dérobé un million de dollars qu’il a déposé dans une banque de Lisbonne avant de passer à l’Ouest. A Londres, il vit chichement avec son ami McGill, qui vient juste de retrouver Taiko, une Japonaise qu’il avait connue quatre ans plus tôt à Tokyo. Le trio ne se doute pas qu’il est surveillé pendant plusieurs semaines par des agents de tout bord, désireux de mettre la main sur le magot. Un soir, Max s’entretue avec un agent russe mais il a le temps de révéler à McGill avant d’expirer que la clé du coffre se trouve dans la dame noire du jeu d’échecs que les deux amis utilisent. Avec l’aide d’un contact, McGill organise son départ en bateau pour Lisbonne avec des faux papiers et il laisse Taiko, désemparée, dans les mêmes circonstances qu’à Tokyo. McGill a semé temporairement les Russes et ses anciens collègues de la CIA ; lors de la brève entrevue avec l’agent Michaels, celui-ci conçoit que McGill est innocent des charges de trahison qui ont causé sa démission.

Comme tout épisode en deux parties, l’histoire prend quelque temps à se mettre en place, mais l’intrigue est intéressante et les personnages bien interprétés. Stein, le Russe jovial, amateur de belles femmes et d’alcool, est truculent et il n’a rien à voir avec le guignol Brodny. Malgré la fin prématurée du personnage, Anton Rodgers fait une grande performance ; il est le numéro deux dans l’épisode du Prisonnier, Double personnalité, tourné la même année. La gracieuse Yoko Tani avait neuf ans de plus que Richard Bradford, mais les cheveux blancs de l’acteur n’ont pas rendu leur relation ridicule (l’actrice joua dans les deux derniers épisodes, couleur, de Destination danger). Citons aussi Aubrey Morris (Kenneth, le contact de McGill), sans lunettes, qui est Quince, très intéressé par les oiseaux, dans La poussière qui tue. Les meilleurs passages sont la première rencontre McGill/Taiko à l’entracte (‘I’m sorry for cheating us’), Mc Gill et Max (‘I’m an expert with women’) au café jouant aux échecs et l’arrivée de McGill lors de la mise à sac de son appartement.

Cet épisode en deux parties est sorti comme un film aux USA sous le titre To Chase a Million.

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5. UN MILLION DE DOLLARS, SECONDE PARTIE
(VARIATION ON A MILLION BUCKS - PART 2)

Tandis que Taiko rentre à Tokyo, McGill commence sa traversée vers Lisbonne, qui s’avère périlleuse. Les Russes ont un homme sur chaque bateau et la récompense offerte pour l’ancien agent, mort, est tentante. Ainsi, McGill est racketté puis agressé sauvagement dans sa cabine mais, bien que sérieusement blessé, il parvient à s’en sortir et le capitaine le fait débarquer sur le quai dans une caisse. Il n’est pas au bout de ses déboires, car il est rossé et dépouillé sur un chantier en route pour Lisbonne. En ville, il se rend chez Lucia, la femme payée pour le loger, mais McGill, épuisé, s’écroule à ses pieds. La jeune femme le soigne comme elle peut, ce qui lui permet d’avoir des forces pour se rendre à la banque et prendre l’argent ainsi que les documents. Les Russes et les Américains ont, à ce moment, déjà repéré la trace de McGill.

La seconde partie est aussi solide que la première avec, en plus, des rebondissements et du suspense. Néanmoins, Max, mais aussi Taiko disparaissent du récit et les personnages du second volet – le capitaine du bateau, les matelots – ont moins d’envergure. Heureusement qu’il y a Lucia, la Lusitanienne, interprétée par la ravissante écossaise Gay Hamilton, qui participera à un second épisode de la série. L’actrice se souvient d’avoir apprécié le tournage avec Bradford, qui était amusant et gentil. Il avait une méthode similaire à celle de Marlon Brando pour travailler. Lors d’une scène, elle devait apaiser la fièvre de McGill avec de l’eau. Bradford décréta que cela devait être de la glycérine car McGill avait des sueurs froides. D’après Gay Hamilton, Bradford s’en tenait au script mais il marmonnait beaucoup.

La seconde partie, mise en scène par un réalisateur différent, Robert Tronson (cinq épisodes de la série), débute par quelques images du premier volet, parfois inédites d’ailleurs. Les passages qui retiennent plus l’attention sont l’interrogatoire de Taiko par Michaels, l’agent de la CIA, au début de l’épisode avec des répliques clairvoyantes de la Japonaise en tenue sexy. La scène de l’agression dans la cabine est déterminante car, à partir de ce moment, McGill est blessé et Bradford retranscrit avec conviction l’état déclinant du personnage, dont l’apogée est le délire dans l’appartement de Lucia. C’est la séquence la plus captivante, car McGill, soigné par la jeune femme, est allongé sur le canapé et il a des visions de Taiko (‘I’ll never see you again’), Max et Michaels, puis Max, rigolard, se dirige vers McGill, la paume ensanglantée. Ensuite, le final est explosif : d’abord à la banque, où McGill, diminué, liquide l’agent russe, puis la course effrénée et stressante avec l’enveloppe bourrée de billets jusqu’à la boite aux lettres (‘You are crazy, Mac’). Peine perdue. Michaels laisse néanmoins 30 000$ à McGill ainsi qu’un passeport et sa valise. McGill lui dit d’en donner la moitié à Lucia puis, songeur, il détruit l’adresse de Taiko que vient de lui remettre  Michaels.

Une très bonne histoire en deux parties, finement interprétée et au suspense remarquable, que les Américains ont justement exploité en film.

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6. LE FANTÔME
(MAN FROM THE DEAD)

Man from the Dead – premier épisode diffusé aux USA - est le véritable pilote de L’homme à la valise car il répond aux nombreuses questions qu’on peut se poser en regardant la série et il fournit les antécédents essentiels du personnage principal, devenu une sorte de détective privé sans licence en Europe. En effet, McGill - titre initial de la série – a été contraint de démissionner des services secrets, mais l’intrigue de cette aventure ne laisse planer aucune ambigüité : l’agent fut accusé à tort six ans auparavant.

Rachel Thyssen reconnaît son père, décédé depuis six ans, dans une rue de Londres et la Une des journaux attire l’attention de McGill, car l’attitude de Harry Thyssen le discrédita, provoqua sa démission forcée et le fit accuser sans jugement. McGill se rend au bureau américain de Londres mais Coughlin, son supérieur de l’époque, ne croit pas à cette ‘résurrection’ et il menacera son ancien agent d’inculpation pour trahison s’il continue ses investigations. Pourtant, Harry Thyssen est le seul qui puisse témoigner que McGill obéit à ses ordres lorsqu’il autorisa la défection à l’Est du mathématicien LaFarbe. 

Malgré l’insistance de Coughlin et le volte-face de Rachel Thyssen, McGill engage un détective et prend une chambre en face du logement de la jeune femme. Rapidement, il s’aperçoit que les Russes la surveillent également ; très bonne scène de filature nocturne sur les quais de la Tamise à Southwalk Bridge. McGill essaie de convaincre Rachel, une conquête avant ‘l’affaire’, de le mener à son père, mais devant le refus de celle-ci, il ne peut compter que sur l’indice de son détective (un début de numéro de téléphone). Cela mène McGill au Regal City Stadium (White City Stadium, aujourd’hui démoli), où il retrouve enfin Harry Thyssen, très malade, qui lui propose un marché pour revoir sa fille.

Une très bonne histoire d’espionnage, dans la lignée des romans de Len Deighton, qui  atteste de l’innocence de McGill, un pion dans un jeu de stratégie. Révéler son impartialité compromettrait les desseins de l’agence et mettrait en danger la vie de LaFarbe, espion infiltré. McGill se sacrifie en facilitant la fuite d’Harry Thyssen, l’agent de liaison, pour qu’il ne soit pas démasqué. Cette histoire écrite par Stanley Greenberg, Executive story consultant et scénariste sur cinq épisodes dont celui en deux parties, établit la ligne que suivra la série, et le niveau de violence et de réalisme, inhabituel dans les années 60. L’intrigue est plutôt conventionnelle et on retiendra surtout la dernière partie dans le stade ; le stratagème téléphonique qui permet à McGill de faire sortir Thyssen de sa tanière, et la course de McGill dans le stade poursuivi par une vingtaine d’agents russes avant une sévère correction, ce qui constitue un des grands moments de la série (‘Where is the alleged dead man, Sir ?’).

Le titre initial devait être Man in a Suitcase, et la reprise du thème musical dans une version longue dans la première scène après le générique, lorsque McGill achète le journal, montre effectivement que l’épisode devait servir de pilote. La ravissante Angela Browne personnifie avec a propos l’employée de crèche, Rachel Thyssen, fille de l’agent mourant et aussi ancienne petite amie de McGill. Angela Browne, disparue trop tôt, fut, entre autres, Sara dans Comment réussir un assassinat et elle tourna dans les séries avec Patrick McGoohan, avec qui elle s’entendait bien : Destination danger et Le prisonnier, où elle est le numéro 86 dans J’ai changé d’avis,  une intrigue qu’elle avoua n’avoir pas saisie. Le sympathique et excentrique détective Pfeiffer est Timothy Bateson (Merryweather dans Meurtres distingués). A voir le déjeuner sandwich/bière avec McGill, et sa réplique dans le café : ‘Are they English, Sir ? I have a certain standing’ renvoie directement à la première scène de l’épisode Avengers. Stuart Damon est Williams, l’agent qui remplace McGill avant d’être Stirling dans Les champions, tandis qu’il faut être vigilant pour reconnaître la réceptionniste, Fabia Drake (le colonel Adams dans Les chevaliers de la mort) dans une petite scène avec Richard Bradford.

Pour finir, la dernière réplique de McGill à Rachel qui lui demande pourquoi sa voiture, une Hillman Imp, et sa valise sont si importantes :’They're all I own’. [C’est tout ce que je possède].

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7. SUZANNE
(SWEET SUE)

Sweet Sue est une histoire bien plus conventionnelle que les quatre précédentes, moins intéressante aussi. McGill est engagé par Mandel, un homme d’affaires puissant et riche, pour enquêter sur les relations de sa fille, la gâtée-pourrie mais jeune et jolie Sue. 300 dollars plus les frais est le tarif. Sue s’est acoquinée de deux individus qui semblent être des escrocs opportunistes. Colin et Charles ont en effet trouvé en Sue une poule aux œufs d’or et ils voient d’un mauvais œil l’arrivée de McGill, qui joue le play-boy en goguette. Sue est fascinée par l’ancien agent et celui-ci joue au chat et à la souris avec les deux jeunes truands têtes-à-claques en prétendant être un riche Américain. Lors d’une partie de poker visant à le plumer, McGill récupère l’enveloppe subtilisée dans le coffre de Mandel. Les blancs-becs traquent alors le détective qui doit convaincre Sue de la dangerosité des individus…mais elle n’en a cure ! L’intrigue n’est pas folichonne et la fin est même décevante ; alors que McGill semble avoir la partie gagnée, il tombe dans un piège et manque de peu d’être défenestré, puis il a beaucoup de mal à se débarrasser du freluquet Charles dans un mano a mano à l’issue inconnue. Dans la dernière séquence, on se rend compte que l’action de McGill n’a rien résolu du tout.

Les passages dignes d’intérêt ne sont pas nombreux, mais il y a celui de la boite. McGill fait la connaissance du trio et invite Sue à danser et elle l’aguiche en se trémoussant subjectivement, puis il provoque les deux sbires par un pari sur un jeu de pièce de monnaie (‘a very silly small time game’). Une séquence jubilatoire. En fait, Sue est une dévergondée qui attend que McGill la passe à la casserole jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il est un détective engagé par son père ! On peut noter aussi la rencontre McGill/Miss Brown dans un échange à double sens (‘That’s all I’ve got to sell, Mister McGill’), la partie de poker (avec autant de dollars que de francs) et quelques répliques comme lorsque Mandel concède : ‘Sue is running wild’ et McGill répond :’In what way ?’

L’intérêt réside donc dans ces quelques scènes mais aussi, et surtout, l’espièglerie de la ravissante Judy Geeson, la jeune garce rebelle envers son père, qui est la flamme de l’épisode. C’est ‘une bouffée d’air frais’ (ce sont les termes de Richard Bradford) et elle crève l’écran, ce que j’avais déjà remarqué dans un épisode de Thriller. Elle a également une moue craquante qui ne laisse pas indifférent.

Parmi les seconds rôles, je n’ai pas reconnu de suite Miss Brown, une ancienne victime de Charles et l’informatrice de McGill dans une scène unique et prenante ; c’est Jacqueline Pearce (Marianne dans L’économe et le sens de l’histoire). Quant à Peter Blythe (vu aussi dans L’économe et également La dynamo vivante), il joue Colin et il se souvient du tournage très plaisant. Richard Bradford était détendu et sympathique. Le studio avait loué une maison pour Blythe au nord de Londres à Highgate, et ils jouaient parfois au billard. Bradford raccompagnait Blythe qui n’avait pas de voiture et lorsqu’il lui dit qu’il avait joué avec la Royal Shakespeare Company, Bradford fut si impressionné qu’il le traita comme la star de l’épisode !

L’histoire est censée se passer dans le sud de la France, mais contrairement à Amicalement vôtre quelques années plus tard, le tournage eut lieu exclusivement en Angleterre et au Pays de Galles ; la séquence automobile du pré-générique fut filmée dans le Surrey par exemple.

Ah, pour finir : les tenues de piscine des années 60 n’ont vraiment rien de sexy, que cela soit celle de Sue et surtout l’accoutrement de McGill, un short étriqué et des chaussettes blanches ! Bigre, cela fait peine à voir!

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8. DES APPRENTIS TERREURS
(ESSAY IN EVIL)

McGill est engagé par George Masters qui craint pour sa vie, particulièrement lorsqu’il apprend l’identité des trois individus descendus sous de faux noms au Glendure Hotel, un charmant palace en Ecosse. McGill prend contact avec le trio pour lui faire comprendre que tout acte déplacé est éventé et d’aucune utilité dorénavant. Felix De Burgh, le chef, est au contraire d’avis de supprimer McGill, qui en sait trop, en même temps que Masters. Peters et Harris sont plus partagés, mais ils ne se doutent pas que le mobile de De Burgh est différent des leurs. En effet, De Burgh est le seul des trois qui ne subit pas de chantage de Masters : il veut tout simplement s’approprier Lucinda, la femme du maitre-chanteur qui hait son mari et, éventuellement, reprendre le chantage sur les deux autres !

L’intrigue est bien agencée par un début d’épisode qui laisse l’audience dans le flou. McGill se trouve déjà au même hôtel que les trois comparses qui passent pour de respectables hommes d’affaires. Il remplit sa mission en les avertissant que quelque soit leur but, ils sont démasqués. McGill fait ensuite son rapport à Masters pour toucher les 500$ promis et poursuivre sa route. Or, sa voiture est trafiquée et il est enlevé dans le but de le faire disparaître dans un supposé accident de bateau, en même temps que Masters.

Parmi les meilleurs passages, la bagarre McGill/Crick dans le bureau de Masters en fait partie (‘Mine worked’). Comment se débrouille Bradford pour garder sa clope au bec pendant l’affrontement ? Il y a aussi l’enlèvement de McGill, qui avait accepté l’offre d’assistance de Lucinda (interprétée par Wendy Hall, qui n’a pas fait grand-chose après cet épisode) et l’explication orageuse de Masters avec sa femme lorsqu’il découvre qu’elle l’a trahi et qu’elle fait partie du complot : il la dépouille de tous ses bijoux avant de la jeter dehors. Le final est explosif, dans tous les sens du terme, et il ne laisse que Lucinda et Harris de vivants après l’hécatombe avec, comme souvent, le générique de fin qui coupe abruptement (I’ve got to find my suitcase’).

L’arme utilisée, une mine de la seconde guerre mondiale, est un peu le point faible du scénario (The Mine devait d’ailleurs être le titre de l’épisode). ‘One WW2 naval mine in perfect condition for the perfect murder‘. C’est vraiment compliquer quand on peut faire simple. Ce point de coté, l’histoire est excellente et le suspense bien préservé jusqu’au final révélateur et mouvementé. Le maitre-chanteur et les apprentis terreurs sont à mettre dans le même sac, bien qu’on ne connaisse jamais la teneur du chantage exercé. De très bons interprètes connus de séries agrémentent l’épisode. Felix de Burgh est Peter Vaughan, acteur toujours excellent dans les différentes séries que je chronique (The Avengers, Amicalement vôtre, Madigan, Thriller, Sherlock Holmes). Vaughan se rappelle que Bradford était extrêmement athlétique et qu’il était très agréable de travailler avec lui. Les deux acolytes sont aussi des habitués ; John Cairney (Peters) joue les frères jumeaux Jenkins dans Amicalement vôtre (Une rancune tenace) et Maurice Good (Harris) a souvent participé aux Avengers et au Saint. Sinon, j’ai dû vérifier mais l’homme à tout faire de Masters, Crick, est interprété par Peter Brace, qui fait les cascades et de petites apparitions dans The Avengers.   

L’action est supposée se passer en Ecosse, mais, en fait, quelques affiches dans l’hôtel avec des fenêtres en trompe-l’œil s’ajoutent aux inserts pour donner le change et, contrairement à Castle De’ath, tourné dans les mêmes circonstances, un seul des acteurs de la distribution - John Cairney - est écossais pour entretenir l’illusion.

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9. LA VÉNUS DISPARUE
(THE GIRL WHO NEVER WAS)

Le capitaine Kershaw, un ancien soldat, confie à Miss Gilchrist, une antiquaire, qu’il connaît la localisation d’un Botticelli inestimable, disparu pendant la guerre. La femme engage McGill, une connaissance, pour réduire les sommes intermédiaires. Retrouver cette peinture ne s’avère pas si facile, car Foley, un compagnon d’armes déboussolé de Kershaw, l’avait en sa possession et elle a été vendue après qu’il ait peint par-dessus. La course pour la récupérer dans une boutique d’occasion est âpre, et l’appât du gain peut changer les mentalités.

Cette aventure est pour moi la plus faible visionnée jusqu’à présent. La longue séquence pré-générique semble produite pour un film sur la seconde guerre mondiale. Les combats font rage aux alentours d’un monastère italien. Le sergent Foley est tout à coup subjugué par un tableau, la tête de Vénus de Botticelli, et il en oublie le danger ambiant ; une séquence flashback très prenante avec une musique douce en contraste avec les images. La suite est laborieuse, excessivement bavarde et la plupart du temps ennuyeuse. McGill mène son enquête, en essayant d’augmenter sa part auprès de Gilchrist, tandis que Kershaw tente de le battre de vitesse. Tout ça pour ça et McGill rachète le tableau, une copie, pour que Foley puisse le contempler dans la chambre de l’institut, le seul plaisir qui lui reste dans la vie (dernière image). Rien de transcendant.

Mon passage préféré n’a rien à voir avec l’intrigue ; on y retrouve Vicki Woolf, une jolie brunette aperçue brièvement dans Amicalement vôtre (La danseuse). Ici, elle est la secrétaire de l’institut de Foley et McGill, admiratif, essaie de l’inviter à prendre le café dans une scène sympathique (You don’t like coffee, do you ?).

Bernard Lee, avec une moustache, interprète admirablement le cupide Kershaw et c’est un des rares bons points de cette aventure insipide. Il personnifie ce que les gens peuvent faire pour de l’argent. L’état désespéré de Kershaw, éternel perdant, dans sa longue supplique avec Mavis, la femme chez qui il habite, constitue la meilleure scène de l’épisode. Saoul, il finit par la poignarder involontairement avec un ciseau, sans gravité a priori. Comme quoi, Lee pouvait faire autre chose entre deux James Bond, même s’il est le meilleur M de la saga, un rôle qu’il interpréta onze fois. Il joua aussi avec Roger Moore avant que celui-ci ne devienne Bond, en étant Sam Milford, l’ami de Brett Sinclair dans Amicalement vôtre (épisode, Quelqu’un dans mon genre). Annette Carell, l’inoubliable docteur Voss des Marchants de peur, est Gilchrist, l’antiquaire, et ex improbable de McGill. L’actrice est également B dans le somptueux A, B et C du Prisonnier et elle décéda fin 1967, quelques mois après le tournage de ces trois épisodes. 

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10. L'ENLÈVEMENT
(ALL THAT GLITTERS)

McGill offre ses services pour retrouver un jeune garçon de dix ans, disparu d’un village idyllique de la campagne anglaise depuis quatre jours. Rapidement, le détective, qui passe pour un journaliste américain, se heurte aux villageois rustres et antipathiques. McGill découvre que le garçon est le fils illégitime de Michael Hornsby, un homme politique ambitieux qui brigue le poste de premier ministre. Cela lui avait été caché, tout comme la demande de rançon. Mais Hornsby est sans le sou, contrairement à sa femme. McGill accepte de servir d’intermédiaire, alors que les kidnappeurs ont décidé de supprimer tous les témoins gênants, y compris leur otage.

Une histoire classique d’enlèvement d’enfant qui tire son originalité dans la structure du scénario. McGill est engagé par un homme politique qui dit agir par sympathie pour une tierce personne, et le détective ne prend la direction des opérations, ayant toutes les cartes en main, que dans la seconde partie du récit. A part l’enlèvement, plusieurs autres thèmes sont abordés : l’influence politique, l’adultère et la méfiance de paysans bornés qui ont des secrets à cacher dans un petit village anglais, un peu comme Le village de la mort. Le titre initial était d’ailleurs : Mad Dogs and Englishmen.

Plusieurs scènes sont intéressantes comme McGill pratiquant le squash et son goût pour l’argent, déjà ressenti, est exacerbé dans cette aventure. Il a parié dix dollars au squash et demande à Hornsby, dans un cynisme malsain, 1000 £ s’il trouve l’enfant et 2000£ de plus si celui-ci est vivant !  Je ne sais pas si aujourd’hui, on accepterait ce genre de dialogues au CSA. McGill inquisiteur et malmené face aux villageois soupçonneux est une excellente scène, surtout que l’un d’entre eux, le répugnant Mason, est un kidnappeur. Le final est aussi solide et bien structuré ; dans un pub, McGill attend un coup de téléphone des ravisseurs avec qui il fait monter la pression dans un superbe passage où l’inquiétude du détective est perceptible à ses gestes. Il est contraint à faire des allers et retours (toute la nuit) avant que les kidnappeurs ne soient disposés à procéder à l’échange sur une déserte route de campagne. En fait, un piège, dans lequel McGill est blessé après une fusillade qui laisse les deux truands et sa valise pleine de vêtements inertes au milieu de la chaussée. Eric Thompson est excellent en chef de complot impitoyable.

Le joli village dans les Cotswolds n’est pas Little Storping in-the-Swuff, cher aux Avengers, mais Lower Slaughter dans le Gloucestershire. Le titre français est banal alors que l’original fait référence à un échange du couple Hornsby, considéré comme un couple en or mais tout ce qui brille…. A noter que lorsque Mrs Hart, la grand-mère demande : ‘Mister McGill ?’, le détective répond par deux fois : ‘Just McGill’. Comme Purdey fera dix ans plus tard.

Il y a des têtes Avengers dans cette intrigue ; d’abord le couple Hornsby. Michael est…Michael Goodliffe que je ne connaissais jusqu’alors que mort dans une cage de verre dans L’héritage diabolique, tandis que son épouse, Dolores, est Barbara Shelley, adepte des films d’horreur de la Hammer, mais aussi à la tête des Vénusiens Britanniques Associés dans Bons baisers de Vénus. Elle n’a malheureusement qu’une seule scène avec Richard Bradford (dans laquelle elle demande à McGill si elle peut  payer la rançon). On peut citer aussi Derek Newark, Rudy le ‘brave’ garde d’enfant illettré, qui participa à trois Avengers (dont également Bons baisers de Vénus) et le serveur Rankin interprété par Edward Underdown (le prétendant liquidé devant l’aquarium dans Cœur à cœur et le ‘fantôme’ du Mort-vivant).

Une solide intrigue et un épisode convaincant.

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11. LES SOULIERS DU MORT
(DEAD MAN'S SHOES)

McGill recherche un homme dans un village perturbé par des évènements étranges et terrifiants, qui sont liés aux investigations du détective. Un cartel de la drogue a raté sa cible, John Gilsen, à Milan - séquence pré-générique- et a décidé de semer la terreur dans le village natal du fugitif pour le forcer à revenir. La police britannique et les services secrets américains sont également intéressés par le retour de Gilsen, agent double détenteur d’informations vitales, et laissent s’installer la panique au village. McGill se retrouve ainsi impliqué malgré lui dans une affaire qui le dépasse.

Avec cette aventure, on sait dorénavant que McGill prend n’importe quelle mission, sans scrupule (ce que souligne le policier) et sans vérifier le sérieux de ses clients : c’est la seconde fois après Masters (Essay in Evil). En tout cas, la somptueuse première partie ne réconcilie pas McGill avec les villageois anglais, alors qu’il trouve aucune réponse, mais seulement de l’animosité à toutes ses questions concernant Gilsen. Seul dans le village, le détective fait penser au No6 voire aux Avengers. Il est affranchi petit à petit et, comme les truands et les services secrets, il décide d’attendre le retour de l’’enfant prodigue’ au village, qui, blessé, est fortement diminué.

Les meilleurs passages sont la séquence pré-générique, le début de l’épisode et la quête d’informations de McGill, isolé dans un village hostile, puis la visite du révérend et de McGill au pigeonnier, qui, on le sait déjà, sera un endroit stratégique pour le final (‘Have you ever tasted pies made of young pigeons, Mister McGill ?’). L’attaque du révérend par les motocyclistes est surprenante, le meurtre de Kane, l’agent américain, élimine un personnage inconsistant de l’histoire. Quant à la fin, McGill se sacrifie et prend une belle correction, exactement comme celle de The Man from the Dead.

Une très bonne histoire où McGill est manipulé puis pris entre deux feux. D’un coté, la police et les services secrets, de l’autre le syndicat et le cartel de la drogue, qui a engagé sous de faux prétextes le détective ! Finalement, l’ex-agent sera le dernier recours de Gilsen qui a rendez-vous chez sa petite amie et, comme d’habitude, McGill subira une bonne raclée, encore une !, dans le pigeonnier avant que les villageois, attirés par les cloches de l’église, ne fassent passer un sale quart d’heure aux méchants. 

La distribution est solide et on a l’impression d’avoir vu tous les protagonistes autre part. John Gilsen est John Carson (le tueur Fitch dans Meurtre par téléphone et Freddy du Baiser de Midas, entre autres) et le policier James Hedley est interprété par Gerald Sim, qu’on a vu dans de nombreuses séries britanniques comme The Avengers (quatre épisodes), Amicalement vôtre, Thriller, The New Avengers. Parmi le trio de truands, Peters, le ponte de la drogue aux goûts de luxe, est James Villiers (Petit gibier pour gros chasseurs) et Derren Nesbitt (Lucas) est l’inoubliable Groski dans Amicalement vôtre (Un drôle d’oiseau).  Il interprète ici aussi un tueur maniéré, qu’il perfectionnera aux cotés de Brett Sinclair et Danny Wilde. Le troisième méchant, le communiste, est caricatural et offre moins d’intérêt. A noter aussi que Jayne Sofiano (Juliette) est l’infirmière que met Steed dans le placard (Double personnalité).  Elle fait dire à Peters la réplique de l’épisode: ‘That girl is a cheese for our half dead mouse’

L’épisode a été tourné en extérieurs à Fulmer dans le Buckinghamshire, à deux miles des studios Pinewood ; c’est là aussi que la maison de Steed se trouve lors de la seconde saison des New Avengers.

Un excellent début, une bonne histoire soutenue par des interprètes de qualité, mais le final déçoit un peu.

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12. CHERCHEZ LA FEMME
(FIND THE LADY)

McGill est à Rome lorsque Mori, un de ses informateurs au temps où il était agent, lui apprend qu’il connaît Guilio, assassin et voleur d’un bijou inestimable. Espérant récupérer dix pour cent de la valeur auprès des assurances, McGill et Mori tendent un piège à l’individu, sans la présence de la police. Le détective laisse échapper le truand ainsi que Mori et le collier. Peu après, Guilio retrouve l’indic et le tue, mais avant d’expirer, il a le temps de dire au téléphone à McGill, qui lui demande où sont les bijoux :’The signora, find the signora’. A quelle femme Mori a-t-il remis le collier ? McGill, privé de passeport par le policier chargé de l’enquête, est cloitré dans son hôtel, attendant le tueur. Comme distraction, il fait la connaissance de Francesca, qui se jette dans ses bras telle une femme fatale, mais qui l’a envoyée ?

Acceptable sur le papier, l’intrigue est en définitive bien moyenne avec beaucoup de bavardages et de lenteurs. Il ne se passe pas grand-chose et le temps est meublé par des dialogues laborieux McGill/Francesca à l’hôtel (‘Do you like what you see ?). Richard Bradford a lui-même confié que plusieurs épisodes de Man in a Suitcase étaient à l’origine destinés à d’autres séries. Celui-ci possède les caractéristiques du Baron ou du Saint pour différentes critiques et je plussoie. Le final au cimetière est bon : il révèle la cachette de Mori, l’identité de Francesca et il y a également une bagarre bien chorégraphiée. Je ne dévoile pas l’astuce et il est heureux que le titre initial original ait été changé, car il sapait le peu de suspense.

Le clochard édenté à l’hygiène douteuse, Mori, est un personnage attachant - la première scène à l’hôtel est intéressante - et on comprend la peine de McGill à son assassinat, mais deux autres figures de l’épisode ont un rôle plus déterminant. The Commandante, interprété par l’inégalable Patrick Cargill (Lovejoy dans Cœur à cœur et Pemberton dans Les marchands de peur), exerce une sorte de chantage jubilatoire sur McGill dans l’espoir de s’octroyer une part de la récompense. Il l’utilise comme appât même s’il lui propose de lui rendre son passeport à l’hôtel pour s’en débarrasser dans la meilleure scène de l’épisode (‘No, I have a date here’). Il joue un policier beaucoup plus machiavélique que le tueur, bien fade interprétation en comparaison. A lui seul, Cargill fait grimper l’épisode d’un melon ! Sa dernière réplique à McGill est significative : ‘The trouble with you is you didn’t trust anybody !’. Quant à Francesca, c’est Jeanne Roland, qui a ici une prestation bien plus longue que celle dans Avec vue imprenable. La même année, elle fit une apparition dans On ne vit que deux fois.

L’action est censée se passer à Rome mais il y a peu d’efforts, contrairement à Essay in Evil en Ecosse, pour cacher la réalité : aucune prise ne fut effectuée en Italie et quelques inserts complètent un tournage 100% studio. Certes, certains plans, comme le cimetière et les catacombes, donnent le change, mais l’ensemble ‘pue’ le studio. Pour cette raison, l’épisode est vraisemblablement une resucée d’une autre série habituée à ce genre de procédés comme Le Saint.

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13. LE PONT
(THE BRIDGE)

Big Ben sonne cinq coups et McGill est réveillé par un lord qui le paye £1000 pour qu’il sauve son fils, parti se suicider en sautant d’Albert Bridge. Tim Gormond se sent responsable de la mort d’un ami qui a glissé en gravissant ce pont, et il tente de mettre fin à ses jours de la même façon. McGill arrive à temps pour le sortir de la Tamise, mais Tim n’en est pas à sa première tentative. Rapidement, l’ex agent s’aperçoit que la vérité sur ce décès survenu un an auparavant n’est pas celle établie. Tim n’était pas le seul témoin du drame, car deux autres jeunes ont assisté à la scène. Annabelle Fenchurch, également présente, n’a pas été entendue et elle ne figure même pas au compte-rendu : la fille de Sir Walter est pourtant au centre de l’intrigue.

Estampillé par Richard Bradford lui-même comme étant l’épisode le plus mauvais de la série, The Bridge, aussi prestigieux soit-il, est en tout cas l’une des aventures les plus pénibles que j’ai vue jusqu’à présent. Le premier quart d’heure est consacré au sauvetage et ses conséquences à la demeure des Gormond ; puis l’enquête de McGill pour retrouver les témoins est rapide et la fin en flashback est ridicule comme rarement. Annabelle remercie finalement le détective: ‘Thank you for freeing me’…

Jane Merrow est la ‘guest star’ qu’on remarque car elle a joué dans le dernier épisode Peel (Mission très improbable) et elle a été pressentie pour être une Avengers girl. Les amateurs des Champions reconnaitront Anthony Nicholls (Tremayne) dans le rôle de Sir Walter Fenchurch et Robert Urquhart est le journaliste Jarvis pour la seconde, et dernière, fois dans une courte scène (l’acteur n’est même pas crédité au générique).

Une histoire de mensonges et de jalousie qui tire en longueurs et, jusqu’à cinq minutes de la fin, la même question revient sans arrêt : ‘Que s’est-il passé sur ce pont ?’ De nouveau des gosses de riches, comme dans Sweet Sue, avec encore moins de réussite ici. Rien de sensationnel et l’attente n’est pas récompensée. La meilleure scène est la rouste que prend McGill par les sbires de Sir Walter dans la cour du garage (seule séquence d’action). Concernant la scène du pont au début, Richard Bradford a déclaré que Rodney Bewes, qui interprète brillamment Tim, a commencé à grimper sur le pont et qu’il s’est senti obligé de le suivre (par contre, le saut est effectué par un cascadeur). Il apprit plus tard que l’assurance ne le couvrait pas en cas de blessure. La phrase de l’aventure pour McGill: ‘As my mother always said, there is only one truth!’

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14. TRENTE ANS APRÈS
(THE MAN WHO STOOD STILL)

Ne cherchons plus : cet épisode est le plus mauvais de Man in a Suitcase. On ne pourra pas tomber plus bas, et c’est pour moi, un des pires ratages de toutes les séries que j’ai eu le loisir jusqu’à présent de chroniquer. D’ailleurs, coïncidence ou pas, c’est un des épisodes qui n’est même pas abordé sur les différentes pages anglo-saxonnes consacrées à la série, à part un : ‘It’s a boring mess.’  

L’histoire se déroule en Espagne, à 50 km de Madrid, où vit un anarchiste espagnol après trente ans passés en prison. Il engage McGill pour savoir si son vieil ami l’a trahi au profit de Franco. Il veut surtout avoir l’aide de son vieux camarade, qui travaille avec la police, pour passer des lingots d’or volés au gouvernement et soutenir la cause. Il ne se passe rien, même dans le final sans consistance. C’est lourd, ennuyeux, et je n’ai pas regardé une seconde fois l’épisode avant d’écrire mon avis, ce que je fais normalement toujours, même pour les plus mauvais.

Il n’y a donc rien à écrire sur cette affligeante aventure mais seulement sur les à-côtés. Les quelques scènes tournées hors des studios Pinewood furent filmées à Black Park, un endroit souvent utilisé pour représenter la frontière avec l’Est dans les New Avengers. Deux témoignages de tournage sont par contre intéressants : Philip Bond, le serveur espagnol aux cheveux teints, a déclaré que cela prenait des heures à se maquiller. Il se rappelle que Bradford était distant et qu’il ne se mélangeait pas. Quant à Cyril Shaps, qui interprète Palma le policier, c’était la première fois qu’il travaillait avec un acteur issu de l’Actors Studio et c’était difficile de jouer avec Bradford car il improvisait toujours et il fallait se mettre au diapason. Un petit détail pour terminer : le chauffeur de taxi, Ricardo Montez, est Josino dans Remontons le temps.

Quant à l’épisode, beaucoup de baratin moitié anglais, moitié espagnol, sans sous-titre (McGill ne parle pas mieux espagnol que moi),  accompagné d’une musique typique vite barbante pour une histoire qu’on peut zapper sans scrupule.

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15. LA PREUVE
(BURDEN OF PROOF)


Après deux ratages, la série renoue avec le succès grâce à cette histoire sombre et prenante magistralement interprétée.

Henry Faversham (nom d’une charmante localité dans le Kent), un conseiller anglais respecté d’une république d’Amérique centrale depuis vingt ans, décide de s’enfuir après avoir détourné un quart de million de livres. De retour à Londres,  il engage McGill comme protection, seulement pour enregistrer et filmer ce qui se passe dans son appartement (‘Your job is to watch, record, report’). Progressivement, le voleur devient sympathique et le trio de brutes aux mines patibulaires lancé à ses trousses révèle des intentions inacceptables. Faversham ne se cache pas et continue à vaquer à ses occupations, mais il est enlevé et amené à l’ambassade, réquisitionnée pour l’occasion. McGill retrouve les enregistrements qui serviront de preuve mais il arrive trop tard pour sauver Faversham.

Cette aventure est une des plus noires de la série, sans happy-end et avec une fin abrupte, ce qui sont les caractéristiques qui démarquent Man in a Suitcase des séries de l’époque comme Le Saint ou Des agents très spéciaux. Une histoire d’espionnage bien ficelée, au bon suspense et au dénouement imprévisible. L’enlèvement de Faversham et son arrivée à l’ambassade sont le tournant de l’intrigue, car ils ne sont pas prévus dans les plans du diplomate. Celui-ci a savamment organisé le piège pour démasquer Garcia, le véritable traitre, et McGill est, cette fois, un pion, relégué au rang d’observateur, qui comprend trop tard avec les documents laissés par Faversham. Malgré son intrusion dans l’ambassade, il ne peut venir en aide au diplomate, torturé à mort. Carla Faversham, son épouse qui a enfin compris, et la police ne peuvent pas intervenir dans le sanctuaire que constitue l’ambassade, tout en sachant très bien ce qui se passe à l’intérieur. Cela accentue le sentiment de violence crue et sans concession pas habituel dans les années 60. Comme souvent, McGill est frappé, mais ce n’est rien à coté du traitement infligé à Henry Faversham dans une des plus violentes séquences de la série. Le trio de sinistres comploteurs tortionnaires forme des méchants détestables à souhait.

Les meilleures séquences sont le long passage pré-générique, près de six minutes, et tout le final, à partir de l’arrivée de McGill à l’ambassade, mais il ne faut pas omettre la construction de l’intrigue qui laisse subtilement le détective et l’audience dans l’expectative. A noter de belles vues de Londres, dont celle de St James’s Park derrière Whitehall, première image après le générique, et la réplique du portier du club en voyant le passeport: ‘American, are you ? I thought you didn’t sound Scot !’.

Tous les rôles de la distribution sont bien personnifiés ; John Gregson interprète superbement Faversham, qui a tout prévu, même sa fin tragique. L’acteur, disparu prématurément d’un arrêt cardiaque à cinquante-cinq ans, vole la vedette à Bradford. L’énigmatique, mais ravissante, Nicola Pagett est Carla Faversham, dans un rôle assez sympathique, un peu comme une autre Carla - Wilks dans Amicalement vôtre (Formule à vendre) – et bien loin de la garce Adriana d’Un dangereux marché. A la fin de l’épisode, Carla sollicite la police et James Hedley (Gerald Sim), présent pour la seconde et dernière fois de la série. Sim précise que Richard Bradford était un type sympa même s’il ne le connaissait pas beaucoup. Pour lui, c’était amusant de travailler sur Man in a Suitcase. Enfin, mention spéciale à Wolfe Morris (Pudeshkin dans Un Steed de trop), au strabisme prononcé, qui est l’infâme colonel Garcia, un des pires vilains de la série.

Une solide intrigue à la fin violente et cruelle.

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Images capturées par Denis Chauvet.