Volume 1 1. Immunité diplomatique (Diplomatic Immunity) 2. Épitaphe pour un héros (Epitaph for a Hero) 3. Les rapaces (Something for a Rainy Day) 4. Les Quatre Cavaliers (Red Horse, Red Rider) 5. L'ennemi de l'état (Enemy of the State) 8. Pour usage de faux (The Persuaders) 9. Mortelle découverte (And Suddenly You're Dead) 10. Les légions d'Ammak (The Legions of Ammak) 11. L'éternel samouraï (Samurai West) 13. Le portrait de Louisa (Portrait of Louisa) 14. Meurtre à l'exposition (There's Someone Close Behind You) 1. IMMUNITÉ DIPLOMATIQUE L’épisode est considéré comme le pilote de la série et la scène d’après-générique, qui nous présente le héros dans une situation digne des romans d’espionnage, renforce l’idée que cet opus marque les débuts du Baron. Mannering est reconnu dans un avion à destination de Londres par une dame à l’âge canonique qui s’enquiert auprès de la ravissante hôtesse si l’illustre passager est bien le dénommé John Mannering, alias le Baron, célèbre pour ses antiquités. Si la dame en question ne peut être décemment taxée de la sorte, elle ne soutient en aucun cas la comparaison avec l’hôtesse qui débarrasse astucieusement notre héros de l’encombrante mégère. Mannering désire la remercier en l’invitant à diner et il répond à la question de la peu farouche demoiselle : “My place, or yours?” par une réplique qui met le téléspectateur dans le bain : “Mine. I’d like to show you my… brass rubbing.” Bigre, bien osé pour l’époque surtout qu’on peut constater qu’il y a vraisemblablement une différence d’âge beaucoup plus importante entre la jeune hôtesse et Mannering qu’entre celui-ci et la vieille emmerdeuse ! Steve Forrest avait la quarantaine lors du tournage mais il parait plus âgé. L’épisode n’a pas marqué les esprits par l’originalité de son scénario mais il est plaisant à regarder pour son côté années 60 et quelques précieuses scénettes. Il conte le vol d’une babiole Fabergé inestimable à l’intérieur de la boutique londonienne du Baron. Eva Dummel, la jolie chapardeuse (Dora Reisser), est rapidement identifiée grâce aux caméras de surveillance, mais elle est le courrier de l’ambassade de Pamaranea, un pays de l’Est fictif, et possède l’immunité diplomatique. Persuadé par John Alexander Templeton-Green (Colin Gordon, numéro 2 dans deux épisodes du Prisonnier), le chef des services secrets britanniques (un mélange de M et Q qu’on reverra souvent), Mannering est envoyé derrière le Rideau de fer pour pister la voleuse qui a plus d’un larcin de la sorte à son actif dans sa valise diplomatique. A l’hôtel, après un bon quart d’heure, il fait la connaissance de son contact dans LA séquence de l’épisode – une à classer dans le top five de la série – où l’agent local Cordelia Winfield prend son bain, la cuisse en l’air, dans une pose lascive jamesbondienne. « I'm Cordelia Winfield, your contact in Pamaranea. » « A gorgeous country ». On comprend immédiatement pourquoi les Américains, acheteurs de la série, ont préféré revoir ce personnage, interprété par la magnifique Sue Lloyd, plutôt que l’assistant de Mannering, le palot David Marlowe, joué par le non moins palot Paul Ferris, qui a la particularité de se faire mettre rapidement hors d’état de nuire. C’est le cas dès la séquence pré-générique, lors du vol de la pièce de collection par la jeune femme blonde à perruque rousse qui lui avait présenté une petite boite à poudre spéciale de sa grand-mère. Avec l’aide de Cordelia, Mannering retrouve Eva et réduit les suspects à trois en la pistant jusqu’à un immeuble officiel. Le couple s’oppose à un ministre corrompu et collectionneur d’œuvres d’art dérobées qui veut leur faire endosser le meurtre de sa maitresse (la malchanceuse Eva) mais tout finira bien pour nos héros grâce à un enregistrement compromettant. De bonnes scènes d’action agrémentent l’aventure comme le faux chauffeur mais aussi un véritable coup de théâtre avec la découverte du corps d’Eva dans la chambre d’hôtel numéro 38. Mannering ramène Cordelia Winfield dans le monde libre vu que sa couverture est complètement grillée et le ‘Rule Britannia’ qui clôt l’épisode fait penser à celui de Steed entouré de moines. Dans plusieurs scènes, la Jensen CV8 du Baron est présentée ; la voiture a de la gueule et elle n’a rien à envier à la Volvo du Saint. D’ailleurs, la bonne surprise est les extérieurs avec des rues londoniennes très bien filmées sur une musique superbement sixties d’Astley ; on aperçoit Cleveland Square dans la première séquence. C’est un plaisir de redécouvrir dans ces plans les petites voitures britanniques aujourd’hui mythiques. A l’Est, les véhicules choisis sont les mêmes que ceux des espions bulgares de Bons baisers de Russie ! Par contre, bien évidemment, les scènes montrant des personnages à l’intérieur de voitures sont, comme les séries de l’époque, avec un fond projeté, et la frontière est grossièrement reconstituée en studio. Une bonne introduction aux relents bondiens, en tout cas dans les gadgets comme le briquet pistolet et la trousse de toilette (j’avais la même adolescent !), mais l’opus est surtout marqué par quelques scènes et la critique caustique de l’Est (le groom, la femme du ministre). Mannering, à l’instar de Templar, est un coureur de jupons et des passages, comme ceux avec l’hôtesse puis dans le taxi et les sous-entendus coquins, seraient estampillés machistes de nos jours. Retenons surtout le vol Fabergé avec la boite à fumée, la présentation de Mannering dans l’avion et, bien entendu, l’apparition de Sue Lloyd/Cordelia Winfield. 2. ÉPITAPHE POUR UN HEROS John Mannering assiste aux funérailles de Jim Carey, une connaissance qui lui a sauvé la vie durant la guerre (rien à voir avec celui que vous connaissez !), mais le Baron s’aperçoit rapidement que l’individu est bien vivant et que ce subterfuge n’a pour but que de l’attirer dans un plan diabolique, le vol d’un bijou inestimable à l’intérieur d’un musée londonien hautement surveillé. Initialement, le Baron doit servir de receleur mais lorsque Cordelia est capturée, sa participation devient plus active. Un très bon épisode avec des personnages convaincants, à commencer par Helga, la mastermind…interprétée par Patricia Haines, bien voyante en ciré rouge, ainsi qu’un acteur qui a également joué dans la fabuleuse quatrième saison des Avengers : Artro Morris, disparu en 2014, l’horripilant ventriloque de Comment réussir un assassinat. L’aventure présente de nombreuses séquences intéressantes telles que l’enterrement du pré-générique : la veuve crache sur la tombe puis deux excentriques typiquement britanniques ricanent, ‘weird people’. Le mystérieux rendez-vous au bain-vapeur qui s’ensuit (avec encore un personnage excentrique) plonge le héros et le téléspectateur dans la perplexité avant que Templeton-Green (que le Baron appelle ‘Temp’) encourage Mannering à infiltrer le gang afin de saborder le plan dont la teneur est encore inconnue. La dette à Carey que doit le Baron est un prétexte pour le persuader à participer. Cordelia Winfield prend contact avec Mannering dans un train en direction d’Edimbourg et on patiente cette fois une douzaine de minutes avant de découvrir la délicieuse Sue Lloyd lors de la meilleure scène de l’épisode. Oui, oui, faudra vous y habituer ! Après avoir surpris Cordelia au bain lors de l’aventure précédente, Mannering entre dans la cabine, alors que la belle réajuste sa jarretelle, et on a droit à un somptueux échange : « Don't you ever knock? »/ « If I did, I'd miss all that lovely scenery. » Evidemment, le ‘Vous ne frappez donc jamais ?’ est un clin d’œil au premier épisode…Mannering essaie de profiter de la situation en la flattant et en l’invitant à boire un verre dans sa cabine, quitte à la resservir à son insu. Tout en ne refermant pas la porte – sans jeu de mots - sur la proposition du Baron, la malicieuse Cordelia n’est pas dupe et refuse l’invitation à jouer aux cartes ou à ‘quelque chose d’autre’ : « Cards, I don’t mind. It’s the ‘or something’ I’m trying to fight » [les cartes, pourquoi pas. C’est le ‘ou quelque chose d’autre’ qui m’inquiète]. Et elle verrouille sa porte avec un regard coquin. ‘Let’s concentrate on business, please !’. La fameuse spéculation au sujet de Steed et de Mrs Peel ‘did they or didn’t they ?’ sur le fait qu’ils aient couché ensemble ou non retrouve toute sa saveur dans les relations entre John Mannering et Cordelia Winfield. Si Mannering et Steed n’ont que le prénom en commun – l’agent anglais surclassant l’Américain sur presque tous les tableaux -, Cordelia Winfield/Sue Lloyd n’a pas beaucoup à envier à Mrs Peel/Diana Rigg. Revenons à l’épisode. Après son extraction du train, le Baron se retrouve isolé dans la Maison des Horreurs d’une fête foraine londonienne en compagnie de la bande d’escrocs en plein préparatifs du fric-frac. Cordelia retrouve finalement sa trace grâce à un radio-transmetteur (la jamesbonderie de l’épisode) avant de se faire attraper. Le gadget permet une scène de suspense lorsqu’il tombe derrière une grille d’égout. Néanmoins, la suite se traine avec le cambriolage qui s’étale sur neuf longues minutes (une séquence tournée en studio) avec alarme neutralisée, gardes gazés, barreaux tordus et tout le tintouin habituel. Par contre, le final est nerveux et assez violent : Mannering abat Carey après avoir appris que ce n’était pas lui qui l’avait sauvé pendant la guerre. Pour la seconde fois consécutive, l’intrigue tourne autour du vol de joyaux inestimables, ce qui sera souvent le quotidien du Baron, qui est avant tout un collectionneur d’antiquités renommé. Retenons ici les passages du cimetière, du train bien entendu et des préparatifs du larcin avec une excellente Patricia Haines. A noter que cet épisode fut diffusé aux USA sur ABC le 3 février 1966, alors qu’il ne fut présenté que le 5 octobre de la même année en Grande-Bretagne. 3. LES RAPACES Le Baron est contacté par Mark Seldon, un escroc qui vient de passer sept années en prison. Il lui demande de négocier avec les assurances la restitution d’un trésor aztèque qu’il a dérobé. Mannering accepte contre un pourcentage, mais la fourbe gérante d’assurance et un duo de truands cupides vont tout faire, chacun de leur côté, pour contrecarrer les plans du Baron et s’emparer de la collection. Les deux malfrats kidnappent Anne, la fille de Seldon, qui servait d’intermédiaire, pour faire office de monnaie d’échange. Cette aventure très plaisante aux multiples rebondissements se déroule en France et la reconstitution est plutôt réussie, surtout pour l’époque, avec, pour l’occasion, des véhicules bien de chez nous comme une Simca, une Peugeot 404 et la fameuse DS. Il n’y a pas beaucoup de temps mort dans cet épisode mouvementé dont l’action commence à Londres avec la libération d’un vieil homme de la célèbre prison de Wormwood Scrubs ; il est attendu par sa fille mais aussi un duo inquiétant dont les trognes ne sont pas inconnues des fans de séries britanniques : Derek Newark et Patrick Allen, qui est également le ‘bad boy’ dans Chapeau melon et bottes de cuir (Le jeu s’arrête au 13) et le colonel Moran de la série Sherlock Holmes Granada. Si le Baron devra jouer des poings avec ces sinistres individus –excellente scène de combat dans l’escalier avec Allen -, il se méfiera aussi de Charlotte Russell, la sournoise directrice d’assurances interprétée par Lois Maxwell, la Miss Moneypenny des premiers James Bond, qui espère rouler tout le monde et faire économiser de l’argent à la compagnie. De nombreuses scénettes constituent un ensemble divertissant, bien interprété et à l’humour omniprésent. La meilleure séquence est la rencontre Mannering/ Charlotte; il la prénomme ‘Charley’ car il la trouve sans cœur mais il y a une réelle connivence entre les deux. L’échange de l’épisode est dans ce passage : lorsque le Baron répond à une proposition de ‘mariage commercial’ de Charlotte, soulignant qu’elle a un ordinateur à la place du cœur et qu’il peut facilement s’en acheter un (pourtant à l’époque…), l’agent d’assurance se tourne en dévoilant la lingerie fine qu’elle porte : « Not in a cabinet like this ». J’aime aussi la filature dans Londres de la Jensen du Baron par un taxi londonien commandé par l’homme de main au chapeau melon de Charlotte qui termine bloqué par son propre parapluie dans une cabine téléphonique d’un bureau de poste ! Et Cordelia Winfield dans tout ça me direz-vous ! Elle est présente dès le début lorsque le Baron s’entraine au golf d’intérieur : “The trouble with golfers, they have no sense of humour ». Pour l’occasion, elle apprend qu’elle est engagée comme assistante permanente même si elle ne connaît rien au monde des antiquités, avec la bénédiction de Templeton-Green, qu’on ne voit pas mais qui pense que cela fera une excellente couverture. Cordelia déclare avec un sacré aplomb qu’elle lira quelques livres et qu’elle en saura autant que Mannering dans deux semaines. C’est une nouvelle jubilatoire mais le personnage sera malheureusement absent de quelques épisodes car l’excellente décision américaine de remplacer le transparent David Marlowe s’est faite en cours de production. En tout cas, lors de cette aventure, la pétillante Cordelia a un rôle déterminant dans l’enquête en localisant (facilement) le camping de Seldon et en déduisant sur la carte l’importance de la carrière (où se déroule le final). Cela ne sera pas toujours le cas et certaines critiques britanniques vont jusqu‘à écrire que la valise de McGill a été mieux servie par les scénaristes que Cordelia Winfield ! On craint que sa participation à l’aventure se termine ici à l’aéroport d’Orly, car Mannering la congédie à l’hôtel pour aller seul à son rendez-vous (d’après la carte, au nord d’Etampes, près de Brières ; pas facile à trouver de nuit sans GPS !). Néanmoins, Cordelia se pointe à l’aube en rase campagne dans une 404 accompagnée de Charlotte et tire le Baron d’une mauvaise posture suite à sa rencontre avec le duo de malfrats. La rivalité entre les deux femmes est amusante et la scène au café où Sue Lloyd téléphone et baragouine quelques mots en français avec un fort accent est cocasse tout en faisant avancer l’enquête. A noter qu’elle est affublée de couvre-chefs ridicules, que cela soit le galurin noir (avec son manteau rouge, elle ressemble à un horse-guard !) ou le foulard grand-mère. Quel gâchis ! Il est pourtant précisé au générique que Miss Lloyd est habillée par Wallis. Comptez cependant sur moi pour qu’elle ait droit à son paragraphe dans chaque critique ! Mark Seldon, interprété par Michael Gwynn - Bill Bassett, l'ami de Steed, dans Noël en février - a la sympathie des téléspectateurs car les véritables méchants sont le duo de bandits prêt à tout pour mettre la main sur le trésor. La place de Charlotte est ambiguë et on apprécie lorsque Cordelia lui subtilise la mallette contenant les biffetons de la récompense dans la dernière scène. A noter que la fameuse séquence de la Jaguar blanche des truands précipitée du haut de la falaise fut tournée initialement pour Le Baron, mais de nombreuses séries ITC ont repris le passage final car le tournage avait coûté cher au studio. L’aventure bénéficie de beaux extérieurs hivernaux et neigeux qui donnent un cachet à un ensemble distrayant et superbement interprété. Lois Maxwell fait une prestation remarquable délaissant l’attitude feutrée de Moneypenny et Patrick Allen a toujours eu de merveilleux rôles de salopards dans toutes les séries auxquelles il a participées. La séquence finale, dont les scènes alternent les extérieurs (la carrière) et le studio (la cache du trésor), a le mérite de rassembler tous les protagonistes pour un dénouement mouvementé et astucieux. 4. LES QUATRE CAVALIERS Le Baron se rend au Khakania, un état imaginaire sous régime fasciste en pleine guerre civile, pour prendre possession d’une rare statuette des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, qui doit servir, une fois vendue à Londres, à financer les rebelles. Le plus dur pour Mannering et Savannah, la petite-fille du vieux donateur affaibli surnommé le Père de la nation, est de sortir du pays vivant. En effet, la police secrète est rapidement sur leurs traces et semble avoir toujours un coup d’avance sur le duo qui est devenu un trio avec l’arrivée providentielle de Miros, le chef des insurgés, chargé de guider Mannering et sa protégée jusqu’à la frontière. On baisse d’un cran avec cette aventure en terre inconnue dans laquelle trop peu de passages enthousiasmants sont à dénombrer. A part les deux scènes d’action – la fusillade au check-point et le défi lancé par Miros au Baron-, l’épisode se traine en longueurs et il n’est guère relevé par les prestations des participants à l’opus. Pourtant, la ravissante Jane Merrow est au générique mais son rôle n’a pas autant d’envergure que ceux qu’elle tient dans l’excellent Double personnalité du Prisonnier et Mission très improbable de Chapeau melon et bottes de cuir. Aucune scène ne la met en relief et c’est regrettable car cette actrice talentueuse fut pressentie pour succéder à Diana Rigg. Les autres personnages sont soit exaspérants - Miros et son long monologue bouche-trou par exemple - soit inutiles comme David Marlowe présents dans deux scènes brèves. Parlons maintenant de Steve Forrest, que j’ai peu évoqué jusqu’à présent, car je voulais voir plusieurs épisodes avant de juger. L’acteur n’est pas charismatique pour deux sous et il ne soutient pas la comparaison avec ses contemporains tels que Steed/Macnee ou Templar/Moore. Mis en parallèle avec un autre Américain évoluant dans la Perfide Albion, l’homme à la valise alias McGill, on ne peut que constater que Richard Bradford, obsédé par la crédibilité de son personnage jusqu’à ignorer ses collègues sur le plateau, est également un cran au-dessus. D’ailleurs, sur les bonus (absents malheureusement de la version française), il est signalé que Baker et Berman, les producteurs, avaient ‘un problème avec Steve Forrest’ car l’acteur était raide et tendu. Cette rigidité se retrouvait dans la démarche bizarre du comédien qui semblait être d’un bloc, un peu comme John Wayne à mon avis. Néanmoins, Forrest s’avère crédible lors des scènes d’action. Un des bons points de l’épisode est qu’il permet de connaître les origines du surnom du Baron dans la scène post-générique. Alors qu’il se divertit en compagnie d’une ravissante femme blonde docile et soumise, Mannering confie à sa conquête du soir que le terme Baron provient du ranch de son grand-père au Texas. Dans ce même passage, on a droit à une réplique qui passerait difficilement de nos jours lorsque la jeune écervelée est étonnée de l’allure de Mannering pour un type qui s’intéresse à l’art et la peinture : « What did you expect ? Long hair and dirty shirt? » [Qu’est-ce que vous espériez ? Des cheveux longs et une chemise sale ?]. On remarque à l’occasion que l’appartement du Baron est équipé d’une caméra à l’entrée. Bien que l’épisode présente quelque intérêt et du suspense (‘Must sell four horsemen, contact the Baron at once’) ainsi que deux bonnes scènes d’action, il est néanmoins beaucoup trop bavard, lent à se mettre en route et sans second rôle mémorable. De plus, le déguisement la plupart du temps du Baron en fermier ne convainc pas et le transmetteur est un gimmick du pauvre qui permet aux méchants de ne pas perdre la trace des fuyards. Mais dès la scène du train, Mannering est au courant et la découverte est trop tardive. Dès que le trio abandonne la voiture, les extérieurs sont du studio essentiellement et cela ne redore pas l’ensemble. Pour finir, l’absence de Cordelia Winfield se fait cruellement sentir car il n’y a pas un brin d’humour ou de scénette Avengerish dans cet épisode sérieux à l’intrigue plate, bien en deçà des trois précédents. Il manque l’étincelle Sue Lloyd… 5. L'ENNEMI DE L'ÉTAT Toute bonne série d’espionnage des années 60 compte une aventure qui se passe de l’autre côté du Rideau de fer, principalement en République démocratique allemande. C’est clairement stipulé dans l’excellent épisode de L’homme à la valise – Qui perd gagne – qui reprend la trame de L’espion qui venait du froid de John Le Carré, le meilleur roman du genre incontestablement. L’ennemi de l’état se déroule dans le bloc de l’Est et c’est également en RDA, même si le pays n’est jamais mentionné. Plusieurs indices ne trompent pas : le rendez-vous au Bar Koblinz, les uniformes des policiers très ressemblants à ceux des VoPos (Volkspolizei), les accents des deux officiers de l’Est (en V.O.) et les voitures utilisées, que cela soit la coccinelle rouge ou le van, sont de marque allemande, l’actuellement décriée Volkswagen. Evidemment, des Trabant auraient été plus adéquates ! D’autre part, le final, dont on reparlera, avec les barbelés, les miradors et le fleuve, présente de fortes similitudes avec les tentatives de passages à l’Ouest en traversant à la nage la Spree à Berlin. Mannering et son assistante Cordelia sont de passage dans ce ’mystérieux’ pays du bloc communiste pour une exposition d’œuvres d’art. En réalité, comme on l’apprend plus tard, Templeton-Green a chargé le duo de financer le réseau dormant d’espions. Cependant, un de ces hommes de l’ombre s’est fait prendre et a éventé le rendez-vous. Alors que le Baron traine à l’exposition, Cordelia se rend seule au bar avec la valise pleine d’argent et elle tombe dans la souricière tendue par la police secrète qui attendait en fait Mannering. La jolie espionne risque un enfermement prolongé et le Baron ébauche alors un plan audacieux : kidnapper le chef de la police et procéder à un échange. Après une babiole Fabergé, des bijoux dans un musée londonien, un trésor aztèque et une statuette des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, c’est la plus belle perle que le Baron doit retrouver : son assistante Cordelia. L’aventure est purement ancrée dans le registre espionnage et présente toutes les caractéristiques du genre. De nombreux personnages agrémentent l’épisode mais ils n’ont pas tous le même intérêt. Passons par exemple sur les deux espions locaux, sans relief. Par contre, Anton Diffring incarne excellemment Szoblik, le chef de la police secrète froid et méthodique au manteau à col de fourrure. Diffring est né en Allemagne (et il est décédé en France) et il joua de nombreux rôles de Nazis sadiques dans sa riche carrière. On aurait aimé revoir ce personnage dans d’autres épisodes! Quant à Joseph Fürst, qui interprète le colonel Bucholz, il était d’origine autrichienne. Le troisième protagoniste qui attire l’attention est la traitresse Claire Bradfield dont les agissements sont rapidement perçus. L’actrice qui tient le rôle est Veronica Strong et ce nom ne doit pas vous dire grand-chose comme ce fut le cas pour moi. Après recherches, je me suis frotté les yeux en constatant qu’elle sera trois ans plus tard la vilaine au mégot qui stigmatise les femmes de ménage dans Amour, quand tu nous tiens des Avengers…Les seconds rôles sont légèrement dessinés avec la rivalité Szoblik (police secrète)/Bucholz (armée) ; ce dernier est ainsi amusé par l’attitude provocatrice de Cordelia à son arrivée au poste et il sortira grandi vis-à-vis de son ‘comrade’ à l’issue de l’aventure. Il y a également les disputes du couple Bradfield qui donnent plus d’épaisseur à ces deux personnages. Les relations entre Mannering et Cordelia semblent bien plus que professionnelles comme le suggère le colonel. Jamais le Baron n’envisage d’écouter Templeton et de rentrer à Londres sans son assistante qui risque cinq ou six ans de prison avant un éventuel échange ! Le monde de l’espionnage n’est pas régi par les bons sentiments mais par des secrets d’état ; ainsi, Mannering se fait assommer par un allié pour éviter qu’il ne mette en danger le réseau. Le même raisonnement est également de rigueur de l’autre côté comme le souligne Szoblik lorsque Cordelia refuse de signer sa confession : « If things go wrong, you are alone. ». C’est pourquoi la visite de Mannering à Cordelia au poste est le moment fort de l’épisode pour l’authenticité des sentiments partagés par les deux protagonistes. Sue Lloyd retranscrit parfaitement la sensation d’abandon qui est soudainement remplacée par une lueur d’espoir à la venue du Baron, censé être son sauveur. Cordelia Winfield remplit sa tâche avec dévouement même si elle aurait dû attendre Mannering qui eut vent de la trahison sur les lieux de l’exposition, ce qu’elle concède. Elle ne manque pas d’aplomb au poste en prétendant que l’argent est le sien : « My holiday money, I’m a very extravagant girl’ et en refusant de signer des aveux d’espionnage très compromettants. Sinon, Sue Lloyd est encore affublée d’un couvre-chef dispensable – une sorte de bonnet rouge phrygien – qu’elle ne porte pas dans les locaux de la police, ce qui met en valeur sa chevelure. Les nombreuses scènes intéressantes de l’opus sont la longue séquence de l’interrogatoire à la lumière blafarde (pré-générique, « This man’s knowledge is vital to us. His life isn’t. »), la rencontre fugace de Cordelia avec l’agent manipulé au Bar Koblinz (« Vodka, please »), l’échange émotionnel Mannering/Cordelia décrit plus haut, l’évasion du Baron qui se débarrasse brutalement en voiture de ses deux gardes du corps et le barrage policier dans le village. Les points négatifs sont l’étrangeté du Baron de s’accrocher à l’arrière de la Coccinelle – Forrest est doublé - alors que cette acrobatie est peu crédible et ne se justifie pas dans le plan d’enlèvement bancal mais réussi. Et puis, il y a le final où on a l’impression que Dennis Spooner, le scénariste, ne savait pas comment conclure. Szoblik et Bucholz sont enfermés dans le van peu solide tandis que Mannering et Cordelia coupent les barbelés et nagent vers le monde libre sous la mitraille nourrie des soldats. Peu en ont réchappé de la sorte à Berlin ; encore moins coiffé d’un bonnet rouge phrygien, cible idéale ! Malgré ces quelques imperfections, cet épisode change des thèmes précédents et crée une atmosphère de guerre froide convaincante. 6.MASCARADE [1/2] Cet épisode en deux parties – sorti au cinéma en Allemagne sous le titre original The Man in a Looking Glass – tourne autour d’une histoire de double, un thème qui a souvent inspiré les scénaristes des séries d’espionnage et d’aventure. C’est néanmoins un sujet à manier avec précaution car le résultat n’est pas toujours positif. Précisons-le tout de suite : Masquerade est une réussite, bien que l’intrigue ne soit pas aussi fouillée que celles du somptueux Double personnalité du Prisonnier et Mais qui est Steed ? des Avengers. Un chauffeur conduit John Mannering dans la demeure d’un lord qui l’a convié tardivement pour une affaire pressante. Le Baron est laissé sur place dans la bâtisse apparemment déserte, mais l’aventurier est assommé lors de sa prospection. Pris au piège, il quitte sa cellule par un ingénieux subterfuge et découvre rapidement qu’un double parfait a été créé à son image par un expert en chirurgie esthétique afin de le remplacer. Mannering se substitue à sa réplique et prévient brièvement Cordelia par téléphone. Le gang élimine alors Eddie, le double, pensant avoir exécuté l’original. Jouant son propre rôle, le Baron apprend que le vol des joyaux de la couronne britannique est le but de l’opération organisée par les criminels, alors que Cordelia, qui a découvert la maison sans l’aide de la police, se retrouve prisonnière. Cet opus, sans présager de la seconde partie, est un des meilleurs de la série jusqu’à présent, car il associe la préservation du suspense, une solide interprétation et une intrigue originale. Il y a de longs passages sans aucun dialogue comme lorsque Mannering quitte sa cellule pour découvrir les agissements des personnes qui le retiennent. Cela permet d’ailleurs à Astley de nous fournir quelques partitions très sixties. En se débarrassant de sa doublure puis en prévenant Cordelia de son lieu de détention (‘The Gables’), le Baron a toujours la main et il se paye même le luxe de se retrouver à l’air libre mais la volonté de connaitre la vérité l’emporte sur son désir de fuite et il retourne dans sa geôle où il bidouille la serrure à la McGyver. La distribution est alléchante avec Kenneth J. Warren (Z.Z. von Schnerk de Caméra meurtre) dans le rôle de l’inspecteur Fox-Stuart de Scotland Yard, qui remplaçait Colin Gordon indisponible pour le tournage. On ne perd pas au change car Warren, disparu prématurément à 43 ans, est excellent en policier scrupuleux et déterminé. L’opposition est également bien représentée par Bernard Lee – le meilleur M des Bond - qui est Morgan Travis, le cerveau de l’opération, et l’acteur profite de l’intervalle entre le tournage de deux James Bond pour jouer les ‘bad boys’. Il est secondé par l’énigmatique, dépressif et jaloux médecin Revell, incarné par John Carson, dont l’excellente prestation rappelle par certains côtés son rôle de Fitch, le tueur aux horloges, de Meurtre par téléphone, un autre grand épisode de Chapeau melon et bottes de cuir. Le dernier membre du complot est interprété par une actrice française, Yvonne Furneaux, qui joue la fille de Travis et aguiche les hommes qui lui tournent autour. Bien qu’installée en Angleterre, cette jolie comédienne tourna avec des grands noms du cinéma. Cordelia Winfield dans une robe Wallis violette à bandes vertes est immédiatement inquiète de la disparition de Mannering et aiguillonne Fox-Stuart dans ses investigations. Cependant, son rôle n’est malheureusement que secondaire, surtout au début de l’enquête. D’ailleurs, lorsqu’elle demande ce qu’elle peut faire, l’inspecteur répond par : « Get some coffee and sandwiches », puis elle est consignée au téléphone. On est loin d’une écriture de personnage à la Mrs Peel ! Néanmoins, elle s’arme d’un pistolet et revêt un manteau de fourrure très élégant pour porter secours au Baron dans la seconde moitié de l’épisode. Elle s’évanouit ensuite après avoir vu deux Mannering : un mort et un vivant (excellente réplique du Baron qui parle comme sa doublure : « Who is this chick ? »). Sue Lloyd est encore une fois superbe et convaincante même si son personnage se situe entre Mrs Peel et Tara King. Mention spéciale également à Steve Forrest qui différencie d’une façon concluante l’attitude des doubles qu’il a à interpréter. Les autres séquences notables sont l’arrivée du Baron dans la bâtisse déserte (pré-générique), le très long passage sans parole où Mannering parvient à s’échapper de sa cellule et à découvrir son double, la conversation à travers la porte des deux Mannering (« My name is John Mannering »), la tentative de rébellion d’Eddie/Mannering réprimée par Travis et le cri d’horreur de Cordelia à la découverte du cadavre du (faux) Baron dans la remise. Cette aventure sans temps mort réserve des surprises sur un thème pourtant éculé. Elle bénéficie aussi de superbes photographies du réalisateur Cyril Frankel comme la séquence post-générique filmée d’une voiture dans le centre de Londres (on reconnaît Marble Arch au premier plan). Dennis Spooner et Terry Nation, les deux scénaristes principaux de la série, ont joint leur effort pour fournir cet excellent divertissement dont on a hâte de découvrir la suite…. 7. MASCARADE [2/2] Les producteurs ont décidé de changer le titre de la seconde partie, un procédé plutôt rare, qui ne fut pas repris dans l’appellation française. Le second opus est dans la lancée du premier, même si je le trouve légèrement en-deçà. Il y a deux raisons à cela ; la première est un suspense moins présent car la finalité des criminels est connue et l’intrigue de ce volet se concentre surtout sur les préparatifs du larcin. La seconde concerne la distribution; les excellents Kenneth J. Warren (l’inspecteur Fox-Stuart) et John Carson (le médecin Revell) disparaissent après vingt minutes, même si Carson nous gratifie d’une excellente séquence lorsque son personnage, sous l’emprise de l’alcool, découvre que Mannering n’est pas mort. A leurs places, Frank Martin, un complice, entre en scène, mais le comédien Frank Wolff n’est pas plus convaincant ici que lors de son autre participation à la série dans Les Quatre Cavaliers et il ne fait pas oublier ses deux collègues. Dans le reste de la distribution, Bernard Lee, qui personnifie M, le patron de Bond, à la perfection, est moins probant sur la distance en chef de complot impitoyable. C’est donc Revell, la véritable tête pensante malgré son addiction à la boisson ; il a deviné, il soupçonne la raison du changement de son protégé, mais il n’est pas cru par son boss et lorsqu’il détient la preuve, il est trop tard. Tout le monde lève le camp pour se rendre à Londres, théâtre de l’acte final, et la logique aurait voulu que le Baron fasse taire définitivement ce gêneur, mais dans les années 60, un héros ne tue pas de sang-froid ! Il est seulement attaché et bâillonné dans le parc, ce qui permet d’avoir une superbe et unique confrontation Fox-Stuart/Revell où Warren en chapeau et imper sombres a de faux airs de Kojak ! La disparation de ces deux personnages évoquée plus haut - l’inspecteur ne revient que dans l’ultime scène- permet à la jolie Yvonne Furneaux, qui joue Selina Travis, d’avoir une emprise plus prépondérante que lors de la première partie. Le Baron ne sait pas pourquoi sa présence est indispensable à l’élaboration du plan de la bande qui consiste à s’emparer des joyaux de la couronne britannique. La raison gardée longtemps secret est un peu tiré par les cheveux : il a un accès illimité aux joyaux pendant leur rénovation. Il fait équipe avec Martin, un ancien complice, qui finira par le démasquer lors d’un passage tendu et captivant. Ce moment tombe à point car les longs préparatifs servent un peu de bouche-trou avant un final mouvementé mais également cousu de fil blanc avec l’évanouissement du Baron qui doit faciliter l’arrivée de complices déguisés en infirmiers dans la chambre forte. Comme lors d’Epitaphe pour un héros, Mannering participe au fric-frac pendant que son assistante est retenue en otage. Cordelia Winfield n’est définitivement pas Emma Peel, et on le constate dès la superbe séquence pré-générique. Enfermée à son tour dans la cellule, elle est affolée lorsqu’elle entend quelqu’un descendre les escaliers. Le suspense est accentué par la nuit, l’orage, la tempête, la maison déserte et le fait que le téléspectateur ne voit que les pieds…du Baron. Elle est effrayée par la venue de celui qu’elle croit mort (« You are not him. John Mannering is dead. Dead. Dead »). Cordelia est humaine et a une réaction apeurée d’une femme ‘normale’ sans la capacité de contrôle d’une Mrs Peel, ni, à l’opposé, la soumission à son mentor par des battements de cils comme Tara King. Sue Lloyd interprète parfaitement cette demoiselle en détresse néanmoins capable de se défendre seule et de faire preuve d’initiatives à bon escient comme lorsqu’elle désarme Selina et parvient à prendre temporairement le contrôle. Les autres séquences notables de la seconde partie sont les explications convaincantes de Mannering à son assistante (scène post-générique), le face-à-face Mannering/Revell en deux temps, Cordelia à l’attaque, la discussion avengerish Mannering/Cordelia (« Ultimately, they have to kill us » « Great ») et la fusillade finale. Quelques extérieurs donnent le change tel que les abords de la Tour Blanche et de Tower Bridge près de la Tamise puis The Monument, mais la rue de la Crown Treasury est la même en studio que les bureaux de la police secrète de L’ennemi de l’état. Pour joindre l’utile à l’agréable, le téléspectateur a également un petit cours d’histoire avec la référence à Captain Blood, un aventurier irlandais qui déroba les joyaux en 1671 ! 8. POUR USAGE DE FAUX David Marlowe, l’associé du Baron, est kidnappé et les ravisseurs demandent à Mannering de vendre en guise de rançon un faux Renoir pour £100 000 à un lord collectionneur. L’aventurier va s’efforcer de connaître la raison de cet étrange deal et il découvre que Roddy Harrington, le neveu de l’acheteur, n’y est pas étranger. Tout ne se déroule pas comme prévu lors de la remise de l’argent dans une carrière et le cerveau de l’opération donne finalement rendez-vous au Baron dans une ferme abandonnée. Rien de franchement original dans cette histoire de kidnapping, même si le chef des truands a planifié magistralement son opération, ce qui donne un rythme soutenu à l’épisode. L’intrigue est certes banale mais le déroulement retient donc l’attention et ne lasse pas l’audience ; l’arrivée du Baron à l’auberge en est un bon exemple. Et pour une fois c’est Mannering qui demande la coopération de Templeton-Green, et non pas le contraire. James Villiers interprète très bien le neveu cupide, violent, parasite et amateur de golf de salon. L’acteur est incontestablement l’atout de l’opus et il n’est pas un inconnu des amateurs de séries britanniques ; il est, par exemple, un des comploteurs de Petit gibier pour gros chasseurs de la quatrième saison de Chapeau melon et bottes de cuir. Sa petite amie, qui répond au doux nom de Verity, est jouée par Georgina Ward, dont la courte apparition en manteau de fourrure et bikini dans Les aigles a marqué tous les fans des Avengers ! Sa coupe de cheveux ne l’avantage pas ici et il faut avoir vu son nom au générique pour faire le lien. Les autres protagonistes ne retiennent guère l’attention. A noter les inserts plaisants de vues de Londres des années 60 qui réveillent notre nostalgie de cette époque ; la première image est un Routemaster sur Westminster Bridge avec Big Ben en arrière-plan. Ces vignettes se marient parfaitement aux séquences tournées dans les studios Elstree, telle la rue de la boutique d’antiquités de Mannering. Les alentours boisés de Borehamwood furent aussi judicieusement mis à contribution avec la filature de la Jensen. Néanmoins, on peut remarquer que de courtes scènes de la voiture ont été recyclées (l’arrivée à la ferme présente des images de l’épisode Les rapaces). Et n’oublions pas cette cabine téléphonique rouge en pleine campagne ! Les deux bottes attribuées à l’épisode sont dues à la banalité de l’intrigue et au manque de scènes captivantes. Je n’en ai dénombré que deux : la venue de Verity dans la boutique de Mannering, qui met le marché en main au Baron, et la longue séquence de suspense lors du paiement de la rançon dans la carrière. Quant au final avec la valise piégée, comme souvent, la mèche fait long feu… Et qui se soucie de l’insipide Marlowe, assez naïf pour aider à décharger la caisse du camion, qui aurait pu avec un destin tragique au terme de l’aventure simplifier le casse-tête de la production… 9. MORTELLE DÉCOUVERTE Mannering et Cordelia voyagent en Suisse lorsqu’ils sont impliqués dans une affaire d’espionnage après le décès mystérieux d’un ami de l’assistante du Baron. L’enquête mène nos héros à un laboratoire scientifique où une chercheuse a mis au point une bactérie mortelle qu’elle est prête à vendre au plus offrant. On abandonne une nouvelle fois l’antiquité et les objets d’art pour une histoire purement d’espionnage avec l’implication de la CIA (Peter Franklin, l’ami de Cordelia) et l’évocation de la guerre bactériologique, déjà une hantise pour les gouvernements de l’époque. Contrairement aux épisodes vus jusqu’à présent, la participation du Baron est complètement fortuite. Alors que Cordelia propose à la morgue de récupérer les affaires personnelles de Franklin, Mannering est entrainé dans l’aventure à la suite de la visite d’un sinistre barbu dans la chambre de son assistante. Tout le monde court alors après un stylo creux et l’intérêt, que lui portent la chercheuse Sorensen et ses sbires, conforte le Baron dans l’idée qu’il est sur la bonne voie… Personnellement, cet opus ne m’a que moyennement plu. Le transport du germe mortel dans un stylo n’est pas innovant et l’intrigue ne m’a pas captivé malgré de bonnes idées et quelques scènes intéressantes. La conception de ce genre d’aventure renvoie à James Bond mais le scénario n’a pas l’épaisseur d’une production de cette envergure. On ne croit pas un instant que l’invention de ce savant soit capable de provoquer un cataclysme mondial. Concernant la distribution, je pense qu’une inversion dans le casting aurait été bénéfique. Bien que la prestation de Kay Walsh – que je ne connaissais pas - dans le rôle de la chercheuse Sorensen soit honorable, Vladek Sheybal, qui est ici Reiner l’assistant, semblait à mon avis plus convaincant. L’acteur d’origine polonaise a quelques rôles de méchants traumatisants à son actif tels que Kronsteen dans Bons baisers de Russie et Zarcardi d’Un chat parmi les pigeons, un des meilleurs épisodes des New Avengers. On remarquera aussi la présence d’Alan MacNaughton en agent de l’opposition Holmes, acheteur potentiel de l’arme chimique, quelques années avant ses apparitions Avengeresques dont celle, superbe, du maitre d’école Brandon dans Voyage sans retour. Je suis certain que vous attendez le petit paragraphe consacré à Cordelia/Sue Lloyd. Enjouée et pétillante comme à l’accoutumée, il est à noter que Wallis lui a fournie plusieurs tenues ; la marque n’avait dénié qu’une seule robe pour le double épisode (un peu juste même si l’intrigue ne se prêtait pas à un défilé de mode !). Dans l’ensemble, c’est sobre y compris le fameux manteau rouge ; cette fois sans le couvre-chef noir qui faisait ressembler Sue Lloyd à un horse-guard ! Quelques inserts suisses laissent imaginer les contrées verdoyantes mais beaucoup de scènes furent en fait tournées dans le Borehamwood (la filature de la Dauphine) ou tout simplement en studio (la vulgaire peinture qui sert de vue sur la terrasse de l’hôtel, Mannering inspectant l’épave) et c’est beaucoup trop visible. Dans le même registre, les accents allemands des ‘méchants’ sont à la limite du caricatural. Une petite astuce des studios ITC (producteur de nombreuses séries cultes britanniques) est intéressante. Certaines productions coûtaient assez cher et il était courant de recycler quelques scènes, comme on a vu avec la Jaguar blanche des Rapaces. Ici, devinez quel est le lien entre cet épisode et L’héritage Ozerov d’Amicalement vôtre, à part le fait que les deux épisodes se passent en Suisse? La Dauphine rouge. Dans chaque épisode, un protagoniste gênant pour les complotistes – Franklin ici - est balancé d’une falaise dans sa Dauphine. Afin de recycler les dernières images de la chute de la voiture, il suffisait aux producteurs d’Amicalement vôtre de se procurer une nouvelle Dauphine qui, cette fois, ne sera pas détruite. Les meilleures scènes sont la fuite de Franklin (pré-générique), l’incursion du méchant barbu (non, non, je ne parle pas d’un célèbre spécialiste de séries) dans la chambre de Cordelia. Mais qu’a-t-elle donc ingurgité pour ne pas se réveiller avec tout le raffut ambiant ? En tout cas, une séquence qui plaide en faveur du ‘no’ pour l’interrogation avengerish, ‘did they or didn’t they ?’. Mannering semble même avoir une chambre à un autre étage ! Il y a aussi la confrontation au chalumeau avec l’agent Holmes dans le garage et le finale, seulement la partie lorsque Mannering et Cordelia se libèrent de leur lien, car je trouve la mort de la savante bien trop théâtrale. Un épisode convenable – pour l’instant, aucun n’est vraiment ennuyeux – qui souligne une angoisse de l’époque et la philosophie des scientifiques cyniques qui voient leur production d’une façon mercantile, sans aucun patriotisme. 10. LES LÉGIONS D'AMMAK Il faut atteindre la dizaine d’épisodes de la série pour en voir un nettement en-dessous du lot ; un opus qui suscite beaucoup d’ennui et très peu d’intérêt. L’attraction de l’histoire est la présence de Peter Wyngarde, acteur incontournable des productions britanniques. Si vous possédez l’édition anglaise, vous avez même droit à sa présentation, qui est malheureusement absente chez nous. Néanmoins, Wyngarde ne sauve pas ce scénario laborieux, le seul écrit par Michael Cramoy. Le Baron est dupé par un faux roi d’Ammak – en fait, un acteur sosie- qui permet la vente d’un collier inestimable du royaume, les légions d’Ammak, ce qui doit entrainer la chute du souverain. Les conspirateurs comptent sur le certificat et le cliché de la transaction pour désavouer le roi auprès de son peuple. Tout se serait déroulé sans accroche si David Marlowe n’avait pas remarqué la cravate d’Arnold Noyes, l’acteur qui personnifie le roi. Evidemment, un Américain comme Mannering n’est pas apte à distinguer les couleurs universitaires. Mais si Marlowe l’a relevé, tout Britannique doit être en mesure de le faire….Noyes et sa copine Sirocco, la danseuse du ventre, sont deux escrocs qui se montrent trop gourmands et font chanter le duo de méchants, ce qui sera fatal au comédien. Mannering, contacté pour authentifier le bijou, doit retrouver le collier, l’argent et empêcher un coup d’état. Peter Wyngarde incarne un double rôle (le roi et l’acteur) mais je conseille aux amateurs du comédien de plutôt repasser les deux cultissimes épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir dans lesquels il est excellent, Le club de l’enfer et Caméra meurtre - une coïncidence : Isa Miranda, Damita, a un petit rôle dans cet épisode. En roi d’Ammak borgne, la prestation de Wyngarde est honnête, sans plus, mais il demeure le seul intérêt de l’aventure. Les fans des Avengers reconnaitront aussi en milliardaire radin excentrique George Murcell (Needle dans Meurtres à épisodes). C’est tout. David Marlowe mérite quelques lignes tant le personnage est un des plus ridicules de l’histoire des séries britanniques. Il ne sait pas déboucher une bouteille de champagne, se fait poudrer, assommer et il laisse trainer une arme sur la cheminée….mais il a une copine plutôt mignonne alors qu’on le prendrait pour à peine déniaisé. Le jeu empesé de Paul Ferris est à la limite du néant. Quant à Mannering/Forrest, il a beaucoup moins de subtilités que Templar/Moore, comme le démontre sa réplique à la danseuse : « If you ever decide you want to wrestle again, I’m in the book. » Les deux affreux, Ahmed et son homme de main Abdullah, sont détestables à comploter sans vergogne, pour destituer un roi, certes antipathique, dont le royaume, possesseur de pétrole, fait étrangement penser au Qatar qui, comme ce roi d’opérette qui vient se faire opérer à Londres, bénéficie de largesses britanniques. Un épisode bavard à l’intrigue laborieuse et au suspense inexistant. 11. L'ÉTERNEL SAMOURAÏ Mannering achète un sabre ancestral à Asano qui est obligé de s’en séparer pour raisons financières au grand dam de Yasugi, son serviteur, très attaché aux traditions. Cette vente réveille de vieilles rancœurs entre Asano, un ancien commandant d’un camp japonais, et le colonel Stirling, un prisonnier anglais. Après une querelle lors d’une réception à son appartement, le Baron se retrouve entre deux feux et tente de calmer des tensions qui sont toujours vives vingt ans après la guerre. Lorsqu’Asano est retrouvé avec un couteau dans le ventre, la thèse du suicide n’est pas crédible pour le Baron qui considère Stirling comme le principal suspect. De son côté, Yasugi, le fidèle serviteur, récupère le sabre afin de venger l’honneur de son maitre. Mannering doit alors protéger le colonel d’une terrible attaque. Cet épisode enregistre des avis mitigés parmi les critiques et il est vrai qu’il a autant de points positifs que négatifs. L’histoire se situe en 1966, une vingtaine d’années après la fin du conflit mondial et il est normal qu’une série de l‘époque traite du sujet ; dans les années 70, de nombreuses séries américaines ont aussi abordé les conséquences de la guerre du Vietnam. L’intrigue est assez solide avec le thème central de la vengeance. Stirling veut faire payer à Asano son emprisonnement inhumain puis Yasugi, à son tour, se lance dans une vendetta. A travers les différents dialogues, le scénario montre les affres de la guerre qui fut injuste des deux côtés. La volonté de Stirling d’infliger à Asano un châtiment est obsessionnelle car son frère est interné à l’hôpital, traumatisé à vie, tandis que le Japonais a perdu sa femme à Hiroshima. Le second thème abordé est les traditions et là, le bât blesse, car les scénaristes ont caricaturé la culture japonaise et le résultat est parfois ridicule avec une succession d’accents exagérés. Plus de vingt ans plus tard, en 1989, le film Black Rain de Ridley Scott avec Michael Douglas abordera superbement les traditions nippones. Un autre gros point négatif – c’est récurrent dans les séries britanniques de l’époque – est l’emploi d’acteurs sans aucune origine asiatique. Ainsi, Larry Taylor, qui a souvent joué des rôles de Latinos, est Yasugi, le samouraï moustachu ! Ça ne fait pas sérieux, surtout que le personnage est omniprésent. Cela passe mieux pour Jeanne Roland, originaire de Rangoon, qui interprète Samantha, la fille d’Asano. L’actrice avait un rôle similaire dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir- Avec vue imprenable - et elle est une des masseuses japonaises de Bond dans On ne vit que deux fois. Les meilleurs passages sont l’altercation Stirling/Asano à la réception (post-générique), la séquence de l’hôpital – Colin Jeavons est excellent en traumatisé dans son unique apparition -, la rencontre fatale Stirling/Asano et le tragique finale en deux temps : « Samantha, the samurai has but one master. » Au contraire, la palme du crétinisme revient à Marlowe qui manie stupidement le sabre en parodiant : « Ah so, most sorry. Regret must cut off honorable head. » Une intrigue évidemment dépassée comportant moult défauts mais néanmoins intéressante en la replaçant dans le contexte des années 60 avec deux points de vue post-guerre opposés mais cohérents. The Maze est particulier car la plupart des critiques s’accorde à trouver de nombreuses similitudes entre cet épisode et Chapeau melon et bottes de cuir. Pour commencer, il faut savoir que derrière le nom irlandais du scénariste Tony O’Grady, se cache tout simplement Brian Clemens ! Ça met en appétit ! Par une belle matinée, John Mannering chercha un raccourci que jamais il ne trouva…non, oups, je me trompe de série ! Le Baron rentre d’une exposition en passant par la campagne verdoyante lorsqu’il trouve soudainement sur sa route une jolie blonde qui débouche d’un bois et qu’il manque de peu de renverser. Effrayée, elle est traquée par trois gugusses armés de fusils telle une biche à l’ouverture de la chasse. Le Baron a à peine le temps de prendre la demoiselle en détresse dans sa Jensen qu’une balle explose le pare-brise et provoque un accident. A son réveil, vingt-quatre heures plus tard, la police et Cordelia ont beaucoup de mal à croire à la version de l’antiquaire, qui ne se rappelle que de la fille, de l’accident et d’hallucinations. Aidé par sa fidèle assistante, Mannering reconstitue le puzzle : il retrouve l’endroit où s’est produit l’accident, la station service où il s’est arrêté pour faire le plein puis la jeune femme qui nie avoir rencontré le Baron avant que celui-ci ne découvre finalement un véritable complot pour assassiner un général de l’Otan ! Ce résumé est sciemment troué comme un gruyère car j’invite tous les fans de Chapeau melon et bottes de cuir à connaître cet épisode, une œuvre méconnue de Brian Clemens qu’il a dû composer quelques mois avant la quatrième saison des Avengers. On y retrouve la même ambiance, un suspense analogue et une intrigue qui permet à tout fan assidu de faire des parallèles avec plusieurs épisodes de Chapeau melon…Clemens dans son introduction au Labyrinthe (absente des DVD français) déclare : « It's not a dream sequence but a puzzle ». A l’occasion, il révèle qu’il utilisa un nom d’emprunt car il était en contrat exclusif pour une autre série ! Amusons-nous à lister les ressemblances, et je suis certain que vous en trouverez d’autres à l’occasion. Le Baron s’arrête pour faire le plein et discute du temps avec le garagiste qui lui parle ensuite de l’ouverture de la chasse lorsque des coups de feu se font entendre (deux particularités de Voyage sans retour), l’accident et la perte du temps, ici 24 et pas une heure (L’heure perdue), le héros tiré comme un lapin, blessé et en délire (La poussière qui tue), mais aussi, et surtout, les hallucinations, telles que la tête de chat déformée, le mur vert, le doigt pointé, qui trouvent leur justification a posteriori (La porte de la mort). Il y a aussi le pub du village The Ancient Golfer avec l’enseigne qui se balance au vent ("The Inebriated Gremlin" dans Voyage sans retour), le fusil dans le sac de golf (Le jeu s’arrête au 13), une somptueuse demeure réquisitionnée par des complotistes pour un assassinat (Noël en février). La distribution est composée d’acteurs britanniques et américains et on remarquera surtout Alan MacNaughton, qu’on a déjà vu dans l’aventure précédente, également dans le rôle d’un ‘bad boy’ ; une preuve supplémentaire que l’ordre de diffusion n’est pas celui de production. Cordelia Winfield est présente dans cette aventure – une condition sine qua non pour que l’épisode obtienne quatre bottes – et on découvre plus longtemps qu’à l’accoutumée sa DAF Daffodil 33– promotion oblige -, une petite voiture qui ne paye pas de mine. La longue séquence de Mannering et Cordelia au milieu de la campagne à la recherche d’indices puis au garage où le pare-brise de la voiture fut réparé fait penser au duo Peel/Steed de L’heure perdue. Deux personnages, la nature, une station-service déserte et rien, ni personne d’autre. Sept minutes de pure atmosphère Avengerish. Très sceptique au départ, Cordelia pense que le coup sur la tête a troublé le jugement du Baron mais elle le suit docilement et elle est parfois condescendante dans ses remarques (« oh brother » « Is this one of your days for being transfixed ? »). Ironie et autodérision planent dans sa voix à presque chaque réplique et les mimiques de Sue Lloyd sont amusantes. Néanmoins, la découverte de la station-service à l’endroit indiqué commence à la faire changer d’avis progressivement malgré les apparences. Elle finit par se rendre à l’évidence au labyrinthe. Avec quelques répliques pleines d’humour – Miss Winfield pense qu’elle sera bien vieille lorsqu’elle trouvera la sortie du dédale-, le personnage, trop souvent escamoté, présente de très grandes qualités pas assez exploitées. Cordelia n’est pas Emma et lors du combat entre Mannering et l’homme qui les menace, elle reste derrière un arbuste dans son tailleur tout propre, son élégant sac à main noir au bras. Elle est plus le genre à encourager son patron et à lui faire remarquer où se trouve le danger qu’à bouger son joli postérieur pour lui sauver la mise comme le fait Mrs Peel. Ce n’est pas bien grave lorsqu’on fait équipe avec une brute épaisse comme le Baron aussi prompt avec ses poings que l’est Steed avec brolly et chapeau melon. Une autre qualité de l’épisode est ses extérieurs et un œil avisé notera que la route empruntée par le Baron est celle d’Ivinghoe Beacon (que Mrs Peel contemple dans L’héritage diabolique) et la demeure est l’école des Aigles. Dommage que plusieurs scènes puent le studio comme l’intérieur du labyrinthe, la maisonnette et la fenêtre d’où le tueur est censé abattre le général. Il est très difficile d’extirper quelques passages particuliers dans cet ensemble divertissant. Néanmoins, la première séquence (la fuite de la jeune femme de la maison et à travers les bois, pré et post-générique) est une excellente entame et place le téléspectateur dans une atmosphère avengerish qui ne le quittera pas jusqu’à l’épilogue. Sans temps mort, Le labyrinthe est un petit bijou et n’hésitez pas si vous ne devez voir qu’un épisode du Baron, car tous n’ont pas la même intensité et une intrigue aussi ingénieuse. 13. LE PORTRAIT DE LOUISA Louisa Trenton, une ancienne amie de Mannering, est victime d’un chantage, mais elle refuse toute aide qu’on lui propose et préfère payer. Le Baron est intrigué et Louisa l’appelle finalement d’une discothèque. Au rendez-vous, elle est retrouvée morte dans l’arrière-salle. La police pense à un suicide, tandis que l’antiquaire est persuadé qu’elle a été assassinée. Le Baron mène l’enquête et met à jour une machination glauque: un séducteur et un photographe exercent un chantage sur des femmes riches et mariées photographiées en situation compromettante après avoir bu un verre drogué. Il n’y a pas grand-chose d’original dans l’intrigue même si j’ai laissé de côté le twist final dans mon résumé : l’implication de Jane, la sœur de Louisa, dans le complot afin d’extorquer de l’argent facilement. La première partie de l’épisode tourne autour de Louisa et de l’identité du/des mystérieux maîtres-chanteurs alors que la seconde se concentre sur les investigations du Baron. Cet épisode n’est pas renommé pour son intrigue ou son interprétation mais pour sa conception. Terry Nation, le scénariste, est fortement soupçonné d’avoir fait tout simplement un remake – même un copié-collé - d’une aventure du Saint (Lida de la troisième saison). Cette pratique était courante dans les séries britanniques des années 60, mais les deux épisodes ont eu leur ‘moment de gloire’ lorsqu’ils furent diffusés le même soir aux Etats-Unis ! La réputation de Terry Nation en prit un petit coup ! Les personnages sont stéréotypés et ne présentent pas beaucoup d’intérêt ; le séducteur poltron, le cynique photographe ricanant, le directeur de discothèque affairiste et l’inspecteur enrhumé et inutile. Les quelques moments intéressants sont les scènes d’action et Mannering se montre violent et déterminé avec Peter, le redoutable dragueur qui ne paye pas de mine, puis Sutton, le photographe. Tous les deux sont abattus en sa présence, comme par hasard. Notons aussi la séquence pré générique au cimetière-studio, de nuit, avec l’aboiement d’un chien, qui donne une pâle illusion de film Hammer, et la visite de Louisa à Peter marquée par l’apparition d’une autre conquête en petite tenue, une scène cocasse. Sinon, le Baron est flanqué de son boulet David qui se fait assommer à deux reprises et qui décoche la phrase de l’opus qui ne passerait pas aujourd’hui, lorsque Louisa conduit trop vite et manque de peu de télescoper la Jensen : « That’s got to be a woman driver ! ». Le personnage a aussi des répliques stupéfiantes comme le : « How are you feeling ? » à la sœur de la victime quelques minutes après le drame ! Le patron de la boite est Terence Alexander, un habitué des productions britanniques, qui eut quatre rôles dans Chapeau melon et bottes de cuir dont Piggy Warren à qui Steed brûle la moustache. Les deux sœurs sont plutôt jolies, avec une préférence pour Louisa ; Moira Redmond qui joua dans Hot Snow le tout premier épisode Avengers. Quant au photographe – le personnage le plus malsain de l’aventure -, il est interprété par Brian Wilde (Raven dans Les marchands de peur). C’est loin d’être un des meilleurs épisodes de la série car l’intrigue est archi-vue, l’interprétation très moyenne et l’ensemble un tantinet bavard. 14. MEURTRE À L'EXPOSITION Certaines critiques jugent cet épisode comme étant un des meilleurs de la série ; c’est pour moi un des plus mauvais du premier coffret ! Comme quoi, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. L’opus traine en longueurs et il est principalement centré sur trois personnages, dont deux sont soit horripilant, soit insipide. Si on ajoute à cela que Sue Lloyd est très peu présente et qu’on a le sentiment que ses scènes ont été ajoutées pour satisfaire au contrat de l’actrice, vous aurez compris que l’ensemble ne m’a pas laissé bouche bée d’admiration. Mannering apprend par un informateur qu’un musée sera cambriolé le soir même. Présent sur place, l’antiquaire ne peut empêcher le meurtre d’un ami policier. L’assassin appréhendé est un chef de gang et il lance un tueur sur la piste de l’indic et du Baron, qui l’a reconnu. L’intrigue est des plus banales et certains passages, beaucoup trop longs, font penser à un remplissage pour tenir les quarante-neuf minutes réglementaires ; ainsi, la séquence pré-générique de l’indic et des truands dans le fog, puis celle du cambriolage, juste après, occupent un tiers du temps de l’épisode. Si on ajoute que la confrontation finale du Baron avec le gangster, qui s’est échappé, dure presque autant – avec deux acteurs pas renommés pour leur jeu flamboyant-, on comprend que l’attribution d’une botte est justifiée. Evoquons la distribution et les personnages évoqués ci-dessus. L’indic Cranwell est interprété par Ken Parry qui est B. Bumble dans Du miel pour le prince. Si le rôle d’excentrique de Chapeau melon et bottes de cuir était astucieux, celui d’un indicateur poltron rondouillard et transpirant ennuie profondément. Richard Wyler, le boss, laisse une impression négative malgré un gros temps de présence à l’écran, surtout dans le final. Finalement, c’est le tueur élégant au chapeau melon, parapluie et pistolet silencieux qui marque les esprits. Joué par Philip Madoc – cinq participations aux Avengers -, le personnage a indéniablement une touche Avengeresque, et il est malheureusement hors course trop tôt lors de la confrontation avec le Baron dans l’arrière-salle d’un cabaret de musique classique, un des rares bons moments à retenir de l’épisode ! Quant à Cordelia/Sue Lloyd, elle n’apparaît qu’après un gros quart d’heure. Elle est cantonnée à la boutique d’antiquités où elle répond au téléphone, essaie les babioles à sa disposition – c’est le meilleur passage de l’épisode -, et elle doit s’incruster dans la voiture des policiers pour avoir droit à deux scénettes supplémentaires, car le Baron a des propos de pacha à son égard : ‘I want you to stay here’. Dire qu’ils se sont mis à deux –Nation et Spooner – pour concocter ce scénario lassant et conventionnel. Je retiendrai de l’aventure la présence de Philip Madoc, qui disparaît à peu près au milieu de l’épisode – et environ les trois minutes et demie (j’ai calculé) de Cordelia/Sue Lloyd. Vous pouvez la sauter (l’aventure !). 15. LE CAMÉE DE LADY THERESA On termine ce coffret en beauté. A vrai dire, cet épisode est dix-septième dans l’ordre de diffusion, mais l’éditeur LCJ n’a sûrement pas voulu placer Storm Warning, le véritable quinzième, car il est en deux parties et cela aurait obligé les fans à attendre la sortie du second coffret. Cela a donc des inconvénients d’éditer la série en découpage lucratif, contrairement à tous les pays anglo-saxons qui ont tout sorti d’un bloc. Time to Kill conte l’histoire d’un célèbre camée aux pouvoirs maléfiques. Toute personne qui s’en approche connaît un destin tragique comme les Vitale, père et fille. Peu avant son accident fatal, Cristina Vitale, effrayée, avait contacté Cordelia pour lui vendre ce bijou indésirable - the ‘death stone’ - à l’insu de son père. Miss Winfield se retrouve ensuite seule en possession de la broche au milieu d’une sombre machination et elle sera finalement kidnappée et enfermée dans un local radioactif. La malédiction du camée est-t-elle authentique ou simplement une couverture pour quelque chose de tout aussi sinistre ? L’épisode se déroule en Espagne et comme pour les différentes séries ITC – Le Saint, L’homme à la valise entre autres -, la production n’a pas bougé d’Angleterre. Le rendu n’est ni plus mauvais, ni meilleur que les autres avec de la musique locale et quelques inserts. Le gros intérêt de l’aventure est qu’elle est axée sur Miss Winfield. Mannering/Steve Forrest est seulement présent au début et lors du dernier quart d’heure, permettant sûrement à l‘acteur de prendre quelques vacances. Un procédé connu de Chapeau melon et bottes de cuir avec des classiques comme L’héritage diabolique ou Le Joker dans lesquels Steed brille par son absence. Tel l’agent au chapeau melon, le Baron volera au secours de sa collaboratrice lors des dernières minutes. L’opus permet donc d’apprécier les performances de Sue Lloyd, jamais autant présente à l’écran jusqu‘alors, dans ce rôle de Cordelia Winfield, ancienne espionne devenue assistante du Baron. Mannering se rend à Madrid pour une exposition et laisse Cordelia, souffrante, seule à l’hôtel. On craint même que cela soit un moyen de la virer du script, mais c’est le contraire ! Ses qualités, son jeu et ses mimiques sont très plaisants tout au long de l’épisode et je risque de m’attirer quelques foudres en osant écrire que j’aurais préféré voir Cordelia Winfield/ Sue Lloyd lors de la saison 6 des Avengers plutôt que Tara King/Linda Thorson. J’imagine Eric Cazalot, le spécialiste français de Chapeau melon et fan de Tara, s’étrangler en lisant ces lignes….Cette fois, Wallis a embelli l’actrice par de belles tenues dont le tailleur rose. En tout cas, comme en Suisse, les deux héros font chambre à part. La fameuse question, ‘did they or didn’t they ?’, sera remise pour le second coffret. Il y a de nombreux passages intéressants qui mettent en valeur Cordelia/Sue Lloyd. A commencer par la façon avec laquelle elle repousse les avances de l’expert espagnol (« Thank you, Carlos, another time, another place »), puis la longue scène où Cordelia explique les faits au capitaine sur les lieux du ‘suicide’ (« Let me show you something ») ; c’est, à mon avis, le meilleur passage car, en presque quatre minutes, la démonstration de Sue Lloyd la qualifie pour être une Avengers girl crédible. La séquence suivante dans la chambre d’hôtel montre que Cordelia est non seulement drôle et pertinente mais également pleine de ressources (au moins autant que Miss King) dans malheureusement la seule scène où Lloyd joue avec Bowles. Astucieuse, Miss Winfield l’est aussi pour quitter sa cellule de l’institut bien que la présence de Mannering soit indispensable pour la libérer du local radioactif, comme Steed le fut pour extraire Tara du sablier (Jeux). La distribution est également digne d’intérêt. Peter Bowles est le méchant de l’épisode (même si le savant excentrique est la tête pensante), car Menendez est chargé des basses besognes. Ce rôle n’est néanmoins pas aussi marquant que ceux qu’il tient dans Chapeau melon et bottes de cuir, particulièrement Waldo Thyssen (Remontons le temps) et Ezdorf (Les évadés du monastère). Il est cependant très convaincant lorsqu’il menace Cordelia d’une lame pour la forcer à téléphoner. George Murcell est le capitaine de police et il est méconnaissable en comparaison du rôle de milliardaire qu’il interprète dans Les légions d’Ammak (N°10 de la série). Geraldine Moffat, pressentie pour être la New Avengers girl, est Cristina mais elle est beaucoup moins sexy que lors de son apparition dans Get Carter avec Michael Caine. A noter pour finir Steven Scott qui est Boris Kartovski dans Double personnalité. Cette intrigue astucieuse met en lumière une cinquième Avengers girl, qui présente quelques similitudes avec April Dancer, The Girl from Uncle, dans une aventure qui ne manque pas d’humour bien British jusqu’à la fin : « Is he dead ? » « Very ».
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Volume 2 16. Etrange croisière (Storm Warning) 18. Le trésor dans la montagne (A Memory of Evil) 19. Le Baron joue et gagne (You Can’t Win Them All) 20. Chimère et maléfices (The High Terrace). 23. Au bord de la peur (The Edge of Fear) 24. Un aussi long voyage (Long Ago and Far Away) 25. Le guerrier en bronze (So Dark the Night) 26. Halte à la mafia (The Long, Long Day) 27. Roundabout – Titre français inconnu 28. L’homme de nulle part (The Man Outside). 16. ÉTRANGE CROISIÈRE Critique : Le second coffret s’ouvre sur un épisode en deux parties et, contrairement à celui du premier volume, la diffusion française a suivi l’exemple britannique et les a titrées différemment. Au port de Macao - à l’époque une colonie portugaise -, le Baron et Cordelia surveillent l’embarquement de caisses pour l’entrepôt londonien mais une manque à l’appel. Alors que Mannering retourne vérifier en ville, Cordelia monte à bord d’un navire en partance et elle est témoin d’un meurtre avant de s’évanouir. A son réveil, le capitaine du bateau tente de la convaincre qu’elle s’est méprise mais, devant l’obstination de la jeune femme, il la neutralise et l’enferme dans une cabine. Le Baron s’enquiert de sa disparition et il se glisse dans l’embarcation à la levée de l’ancre après qu’il ait découvert que son assistante est effectivement à bord. Mais quelle est cette ‘piece of history’, ce secret que le capitaine promet à Miss Winfield ? Et pourquoi cacher du matériel informatique dans des cartons de chips aux crevettes ? Ces épisodes en deux parties qui se passent sur un rafiot étaient un peu la marque de fabrique des studios ITV de l’époque. Je me souviens d’une aventure de L’homme à la valise – aussi sortie en film – dans laquelle McGill prend un bateau pour rejoindre le Portugal. Cela ne coûte pas cher car tout est tourné en studio avec l’ajout de quelques images du coin en inserts. Ceci écrit, les résultats s’avèrent très honorables : Variation on a Million Bucks et Storm Warning sont d’excellents épisodes avec de nombreux revirements de situation, même si un sentiment d’huis-clos transpire. On ne s’ennuie pas ici avec quelques surprises, tels la présence de l’agent de la CIA infiltré et l’enfumage de la salle de radio transmissions. Comme Masquerade, le suspense est à son paroxysme dans la première partie car le capitaine garde secret le but de sa mission jusqu’aux ultimes secondes de l’opus. Alors que l’ex agent Cordelia Winfield devient une assistante de boutique d’antiquités efficace – elle remarque les deux caisses manquantes -, le comportement de John Mannering fait plus penser à un agent secret qu’à un négociant d’œuvres d’art. C’est sûrement le gros reproche qu’on peut faire aux scénaristes de la série. Cordelia/ Sue Lloyd arpente les ponts du bateau (avec toujours son sac à main noir au bras) vêtue d’une robe pas glamour à l’aspect bon marché, mais l’actrice est néanmoins très sexy, dans cette tenue moulante à souhait qui met en valeur ses jolies jambes. La façon de perdre connaissance à la vue d’un couteau n’est définitivement pas avengeresque (honte à Terry Nation, le scénariste), mais elle est obstinée et toujours pleine d’humour et ça compense, bien qu’elle soit deux fois saucissonnée telle une dinde de Noël prête à être mise au four ! Evidemment, une jolie femme sur un bateau au milieu de la mer attise les convoitises comme le prouve la scène dans la salle de radio (« It’s very nice to have a pretty girl on board »). Les meilleurs passages sont l’intrusion de Cordelia sur le navire et la tentative du capitaine de la prendre pour une hystérique (« See a doctor, have a rest »), la pièce de monnaie qui permet au Baron de quitter le local réfrigéré (est-ce vraiment possible de faire sauter les plombs en bloquant le culot de l’ampoule ? ), les retrouvailles sur le bateau Mannering/Cordelia (à la demi-heure) et la fusillade – le moment fort de la partie - durant laquelle le Baron manie avec perfection la mitraillette (curieux pour un marchant d’arts !). Le calme du capitaine en fait un vilain très crédible (Reginald Marsh, le docteur de Quelqu'un dans mon genre d’Amicalement vôtre). Le marin qui tente d’abuser de Cordelia est joué par Dudley Sutton, alors au début de sa longue carrière. L’agent de la CIA est John Woodvine, quatre participations aux Avengers dont Cœur à cœur, tandis que Derek Newark, le tueur, est un habitué des rôles de ce genre que cela soit dans Chapeau melon et bottes de cuir – Bons baisers de Vénus entre autres – L’homme à la valise, Amicalement vôtre et il est aussi le complice de Patrick Allen dans un excellent épisode du premier coffret, Les rapaces. L’intrigue rappelle le premier James Bond, Dr No, car le détournement d’une capsule américaine est envisagé à son retour sur terre afin qu’une puissance adverse puisse prendre possession des recherches spatiales américaines. En pleine guerre froide, le capitaine du bateau est soupçonné de comploter avec la ‘Chine communiste’ et Mannering se retrouve par le hasard d’une caisse disparue être le seul rempart pour empêcher ce désastre. Critique : Mystery Island est le titre du film confectionné avec cet épisode en deux parties ; un procédé répandu à l’époque. Comme pour le premier double, le suspense de l’aventure est essentiellement concentré sur la première partie. Lors des ultimes instants d’Etrange croisière, le téléspectateur connaît tout du plan qui consiste à saboter une mission spatiale américaine en détournant une capsule qui rentre sur Terre afin de la vendre à une puissance ennemie. Une île est axé sur l’évasion des héros et la poursuite qui s’ensuit sur une île inhospitalière. Enfermés dans une cabine, Mannering résume la situation à son assistante en lui précisant qu’ils vont se débarrasser d’eux : « They have no alternative ». Lorsque les recherches forcent le capitaine à laisser le Baron parler à la radio de bord, Mannering glisse un indice : on apprend ainsi qu’il possède des boutiques à Londres, Paris, Boston mais pas Madrid ! Au quart d’heure, l’évasion ‘vaseuse’ des deux héros - remarquez le petit coup de pied dans la porte sans conviction de Sue Lloyd– permet de relancer l’aventure qui devenait un tantinet poussive et bavarde. Cordelia surveille, attache le prisonnier, grimace lors d’échanges de coups de poings et elle est paniquée à l’idée de rejoindre l’île à la nage. Une Miss Winfield très humaine, à l’opposé d’héroïnes invincibles et parfois peu crédibles, qui n’abuse pas de toilettes, avec une seule robe pour cette double aventure, scénario oblige. Tel Mannering, on a envie de protéger Cordelia, pieds nus, trempée et épuisée sur l’île…Se prenant pour le chaperon rouge, elle perd une boucle d’oreille mais Miss Winfield se rattrape par quelques astuces et de l’humour (« Yes, I thought so, too »). Et puis, lors de la diversion, elle se sert aussi bien d’une mitraillette que Tara King ou Emma Peel ! Le suspense est bien moindre dans ce second opus, surtout qu’on sait que les secours sont sur la piste de l’embarcation assez tôt. Si l’ensemble est néanmoins plaisant à suivre, le téléspectateur remarque cinquante ans après le tournage l’abus d’inserts qui est particulièrement frappant et parfois dérangeant. Plus l’insert est court, mieux c’est, mais c’est tout le contraire ici car rien ne nous est épargné : les lancements de fusées, des avions de chasse, un porte-avions, une ile tropicale, des singes, la mer, des couchers de soleil…A cela, on ajoute le fameux système de projection d’images très utilisé dans les séries de l’époque, qui s’avère être une véritable catastrophe dans The Island. Mannering et Cordelia s’échappent du navire et utilisent une chaloupe pour atteindre l’île. L’embarcation - comme celle des poursuivants - tangue exagérément pour suggérer l’océan mais la véracité fait rapidement place à l’effroi pour un téléspectateur actuel. Du studio comme rarement vu pendant cinq longues minutes. La brume qui sert de cache misère ne fait que couler le procédé un peu plus, sans jeu de mots. C’est à flinguer n’importe quel scénario intéressant. Quant à l’île, ce n’est guère plus reluisant avec quelques vues d’extérieur noyées dans la jungle d’un studio. Le repaire des cerveaux de l’opération, taillé dans la roche (du studio), renvoie vaguement à la tanière de Dr No car l’intrigue est finalement assez proche. Parmi la distribution, Mr Baggio, Derek Newark en gros méchant, sort du lot. J’aime particulièrement le coup théâtral de l’arrivée de la cavalerie au secours de Cordelia et ces fusillades à la mitraillette très Avengeresques, sans aucune tache de sang. 18. LE TRÉSOR DANS LA MONTAGNE Critique : Voilà une aventure prometteuse, typique de la série, ponctuée de hauts et de bas. Certes, l’intrigue est intéressante et captivante mais certaines incohérences donnent une impression d’ensemble très mitigée. Le Baron se retrouve plongé dans une chasse au trésor nazi après l’assassinat d’une vieille connaissance. Nicola Holz, la fille de la victime, se déplace à la boutique londonienne de Mannering pour lui confier un aigle en or qui provient du butin. Suivie, la jeune femme est enlevée avant que l’aventurier ne puisse la rencontrer. Lors du kidnapping, Nikki a laissé tomber son sac qui contient l’objet, ce qui permet au Baron de se rendre en Autriche sur la piste des nazis. La fragilité du scénario est perceptible sans que le téléspectateur ait besoin de s’armer d’un bloc-notes pour traquer les imperfections. Nikki, la petite blondinette, a la fâcheuse habitude de lâcher tout ce qu’elle tient, histoire de faciliter le pistage (sac, mouchoir). Admettons qu’elle soit un peu maladroite, mais que dire de l’ascension dans les alpes autrichiennes. Cela ne parait pas trop perturber notre antiquaire qui part, avec un guide, à l’assaut du sommet alors qu’il est stipulé dans le déroulé de l’histoire que la nuit va tomber (le frère de Nikki) et qu’il faut deux heures pour y arriver (le guide de haute montagne). Parmi les passages intéressants, la séquence pré-générique explique clairement aux téléspectateurs la situation, avec le premier plan du télescope sur le massif qui donne un petit air hitchcockien. Evidemment, la montagne n’est pas naturelle (rien à voir avec les somptueux paysages de La sanction d’Eastwood) et le fameux aigle fait inévitablement penser au « drôle d’oiseau » de Wilde et Sinclair. A ce sujet, je suis presque certain que le décor est le même que celui de l’alpiniste du Vengeur volant (cinquième saison de Chapeau melon et bottes de cuir). Le clou de l’opus est la séquence au stand de tir avec Mannering et ‘Temp’ – la dernière apparition du chef des services secrets. Le Baron se prend pour un tireur d’élite et la réplique de Cordelia à son arrivée est en plein dans le mille : « Not bad shooting for a simple antique dealer ! ». Le passage à l’hôtel Shalimar divertit, la Mercedes à la poursuite du Baron (« Finish him ») emballe mais après une grosse vingtaine de minutes, on se retrouve à Innsbruck, et les paysages tyroliens se prêtent beaucoup moins au studio que les ruelles embrumées londoniennes. En fait, les vingt dernières minutes se passent dans la roche-studio des montagnes, une économie de la production à laquelle Dennis Spooner - le scénariste - s’est plié et tant pis pour les invraisemblances. Ainsi, pourquoi Mannering ne mitraille-t-il pas toute la clique au lieu de tirer sur les lampes, ce qui aurait nettoyé l’opposition ? La réponse est simple : il restait encore treize minutes…et le sacrifice du guide et une sortie obstruée furent privilégiés. L’interprétation n’est pas inoubliable ; le frère boiteux à l’hideux pullover est complètement transparent bien qu’il soit censé être un des deux méchants de l’opus. Robert Hardy en chef nazi retient l’attention mais Edwin Richfield, le guide qui devient l’allié de Mannering, est le plus convaincant de l’épisode. Quant à Sue/Cordelia, elle est trop sage, aussi bien en robe à deux tons très classe que dans un manteau léopard qui ferait hurler tous les défenseurs de pauvres bêtes à poils. Malheureusement, elle ne prend pas part à la fin de l’aventure, mais, au crédit du scénariste, on ne l’imagine pas faire la grimpette. Miss Holz, coiffée dans la première partie d’un horrible galurin noir, est le personnage féminin de l’histoire bien qu’elle ne fasse pas d’ombre à Cordelia ; la seule scène commune à la boutique nous en convainc sans difficulté. A noter la bonne réalisation de Don Chaffey (le verrou de la porte calqué sur la culasse de l’arme par exemple). Après la guerre, « Captain » Mannering avait participé au recouvrement des œuvres pillées et cette aventure est une réminiscence du passé du personnage. Une grande partie du butin – il existe encore de nos jours une légende tenace au sujet d’un trésor analogue - avait été planquée dans une mine de sel et servait de financement à un nouveau parti fasciste en Autriche. Ces chasses au trésor nazi sont monnaie courante – sans jeu de mots – dans les séries des années 60 et 70 et celle-ci se situe dans la bonne moyenne. 19. LE BARON JOUE ET GAGNE Critique : Le Baron apprend que trois petites icônes russes inestimables du douzième siècle, qu’il avait vendues à une galerie, ont été remplacées par des imitations et il organise une partie de poker avec le cerveau de l’opération afin de récupérer les œuvres d’art. L’implication de Mannering dans l’aventure s’effectue par l’intermédiaire d’Osbourne, un escroc à la petite semaine, qui a réussi à dérober les icônes à Sefton Folkard, un gangster, propriétaire d’un club de jeux. Pour éviter un sort radical, il se rend à la police se croyant en sécurité, enfermé entre les quatre murs d’une prison (en fait, l’hôpital Shenley). C’est sans compter sur les complicités du truand, qui a déjà corrompu le directeur de la galerie Kemston ; les extérieurs du musée sont les murs de l’ambassade philippine. Osbourne est – comme prévu – liquidé, mais la clé de consigne récupérée permet au Baron de localiser les images pieuses. Rusé, Folkard a tout envisagé et roule Mannering, qui n’a pas d’autre choix que de jouer une fortune au poker pour piéger le truand. C’est l’intrigue imprévisible et la longue partie de cartes à suspense qui donnent à cet épisode une touche particulière dans la série. De nombreux personnages bien interprétés agrémentent également cette histoire distrayante. Les trois passages qui distinguent cet opus sont mémorables. Commençons, sans ordre chronologique, par la séquence à Waterloo Station près des consignes qui démontre que l’adversaire est à prendre au sérieux. Tour à tour, Cordelia et Mannering se font piéger par une femme attirante et énigmatique qui ne prononce pas un mot de tout l’épisode. On redoute un instant que Miss Winfield se fasse enlever et qu’on assiste à un énième chantage à l’adresse du Baron. Il n’en est rien et la séquence est finement montée. Quant à la longue partie de cartes, elle rentre dans les best-off de la série avec une tricherie qui n’est pas sans rappeler Goldfinger, sauf qu’ici, le complice n’a pas de jumelle et n’a rien de la belle Masterson. D’ailleurs, on regrette que le rôle ne soit pas tenu par cette brune de la gare aux charmes indéniables, dévoilés lors de la séquence pré-générique où, nue sous une (petite) serviette, elle se bronze à la lampe. Dans ce même passage, très avengeresque, le méchant joue seul aux cartes assis sur un fauteuil qui masque son visage, une bouteille de champagne à portée de main. C’est d’ailleurs de ce noble breuvage que Folkard arrose ensuite le petit voleur pour qu’il retrouve ses esprits. Cette partie de cartes au Peerage Club mérite qu’on s’y attarde, surtout qu’elle occupe presque la moitié de l’épisode, préparation comprise. Le Baron lance un défi à Folkard et se rend au club avec une mallette contenant 100 000 £ en coupure de dix (une somme astronomique déjà à l’époque). Il compte sur la vanité du truand pour qu’il se découvre et qu’il morde à l’hameçon. Un tel final fait inévitablement penser à la partie de poker de Casino Royale, en plus modeste évidemment. Un bras de fer épique où le truand est certain de triompher alors que le téléspectateur est convaincu du contraire bien qu’il ne sache pas jusqu’aux ultimes instants comment le Baron va s’y prendre. La ruse du porte-cigarette donne l’illusion et je vous laisse voir comment Mannering monte les enchères et transforme un deux de trèfle en un roi de pique… Peter Bowles est le curateur du musée, qui subit le chantage de Folkard à qui il doit une dette de jeu considérable. C’est la deuxième participation de l’acteur à la série mais celle-ci est loin de ses prestations avengeresques. Lors de la seconde confrontation avec le Baron, il lâche d’ailleurs facilement le morceau sans convaincre. Sam Wanamaker est un méchant distingué aux goûts raffinés particulièrement incisif. Reginald Marsh est le chef inspecteur Filmer peu de temps après avoir été le capitaine du bateau du double épisode (en ordre de diffusion). Il n’aime pas les amateurs qui se mêlent aux histoires policières ; une formule qui rappelle quelque chose ! Quant à Osbourne, c’est John Cater (Jarvis dans Mort en magasin). Sue Lloyd est ravissante et pimpante – comme toujours me direz-vous - dans cette aventure et elle est de surcroit habillée à la mode Avengers, particulièrement dans ce superbe imperméable zébré qui lui va à ravir (et que lui chaparde la mystérieuse créature à la gare). Miss Winfield s’approprie également les répliques humoristiques de l’épisode ; lorsque le Baron lui demande si le vêtement est nouveau, elle répond : « Do you think I buy second-hand clothes? » et plus tard, au club : « Hmm, nice. Free drinks, I like it ». A noter que Mannering fixe le rendez-vous à Cordelia à sept heures à Waterloo Station alors que l’horloge indique 10h45 à son arrivée ! Pas étonnant qu’elle doive attendre, mais ne chipotons pas : l’aventure est captivante. 20. CHIMÈRE ET MALÉFICES Critique : C’est sûrement le plus faible épisode que j’ai vu de cette série pour l’instant. Malgré une entame prometteuse, l’intrigue et la réalisation sont poussives et incitent à la somnolence. En enquêtant sur la disparition d’une riche cliente, le Baron pénètre une étrange secte dont le but est d’extorquer sous l’effet de la drogue les crétins qui lui font confiance. Rien d’original. En fait, la meilleure séquence est le pré-générique. Particulièrement réussi dans sa conception (caméra sur le bateau puis le pont et enfin la voiture blanche), on peut aller jusqu’à évoquer une touche avengeresque à la vue du pont pratiquement désert au moment où la désespérée va sauter dans la Tamise (de Southwark Bridge). Les fans de Chapeau melon auront immédiatement reconnu Jan Holden (Ruth Boardman de Meurtre par téléphone) dans un rôle similaire de femme cupide et manipulatrice. En effet, elle plonge mais c’est le corps d’une autre qui est repêché ! L’actrice est par contre plus terne lors de cette aventure et on a même l’impression qu’elle se demande ce qu’elle vient y faire. L’amertume du téléspectateur est indéniable car ce hors-d’œuvre appétissant sera suivi rapidement d’une bouillie indigeste. Mannering et Cordelia se rendent au domicile d’une cliente pour un lot de Médicis mais l’appartement est inoccupé et un individu suspect prend la fuite à leur arrivée. Une photographie trouvée sur place – quel hasard ! – renvoie au supposé suicide commis deux mois plus tôt. Y-a-t-il un lien entre les deux disparitions ? A partir de là (10 minutes), c’est ridicule et ennuyeux. L’enquête mène Mannering à l’excentrique époux de la disparue ; il fallait trouver cette scène du gros ventre où la graisse tressaute au rythme d’une ceinture en caoutchouc (ça fait même penser à quelque chose de bien salace !). Et que dire de la fastidieuse et interminable réunion de voyance chez une certaine Madame Bregonzi ! Grâce à un petit indice, Mannering se rend à l’Ordre des Sept Etoiles…. tout un programme là encore où de longues scènes bouche-trous insupportent. Après le pré-générique, on peut passer à l’épisode suivant à moins de s’intéresser aux toilettes de Miss Lloyd, toutes élégantes excepté l’ensemble fleuri. 21. LES SEPT ÉTOILES DE LA NUIT Critique : Malgré ses précautions, Mannering se fait rouler lors de l’achat d’un collier prestigieux ayant appartenu à l’impératrice Joséphine– les sept étoiles de la nuit. Ce n’est pas avec la riche veuve française qu’il a fait affaire mais Nancy Cummings, son ancienne secrétaire affublée d’une perruque, qui est au cœur d’une machination savamment ourdie. Une usurpation d’identité qui risque de coûter cher au Baron. Il se lance donc sur la piste de la jeune femme, qui s’avère être en fait complètement apeurée et soumise à son impitoyable amant. L’aventurier joue habilement sur ce maillon faible pour arriver à ses fins. Cet épisode est conçu sans temps mort et bénéficie de multiples rebondissements, même un de trop, ce qui lui fait perdre de la crédibilité (et une botte dans la classification). Cependant, la supercherie n’est pas totalement éclipsée car lorsque le collier est revenu à sa place initiale dans le coffre, il semble évident que la riche Madame Devereaux est au moins complice, ce qui échappe complètement au policier subjugué par ce coup de maitre. Quant au Baron, il est surtout concerné par la perte de 300 000$, qui le motive à suivre la seule piste qu’il possède. L’opus est connu de tous les holmésiens pour la présence de Jeremy Brett, en « guest star », considéré par beaucoup – dont moi – comme le meilleur interprète du détective de Sir Conan Doyle. Ici, il personnifie Jeff Walker, la pire crapule qu’on ait pu voir dans la série jusqu’à présent. Il assassine sans état d’âme son complice joué par Christopher Benjamin, moustachu pour l’occasion, que Brett retrouvera dans l’excellent épisode de Sherlock Holmes, L’école du Prieuré, vingt ans plus tard. Ensuite, lorsqu’il se rend compte que Nancy Cummings ne tiendra pas le coup, il élabore sa disparition lors d’une scène prenante et glaçante ; après lui avoir injecté un somnifère, il la place dans la voiture et répond à la question de la naïve demoiselle qui lui demande ce qui va lui arriver : « Don’t you know, kitten ? I’m going to kill you. » Bref, Jeremy Brett vaut le détour à lui seul. Il est impressionnant et il a déjà le regard glacial dans ce rôle de tueur, le même que le célèbre détective deux décennies plus tard. Cordelia fait son apparition après un gros quart d’heure, lorsque la situation est décantée et que Mannering passe à l’offensive. Elle donne un second souffle à l’aventure. Il y a un excellent passage de suspense lorsqu’elle fouille l’appartement de Nancy et qu’un individu entre dans la pièce ; cachée derrière le rideau, elle découvre en même temps que nous que c’est le Baron. Une scène très bien pensée : « What are you doing here ? ». Elle parvient aussi à glisser un peu de légèreté (le passage du sandwich) dans cette histoire assez noire. Sue Lloyd n’est pas la seule présence féminine intéressante de l’épisode ; Hilary Tindall fait également une belle prestation de jeune femme nerveuse, effrayée et naïve en robe rouge sexy. Néanmoins, Jeremy Brett en tueur glacial écrase de sa performance un peu tout. Le final avec la chasse au magot engendre quelques rebondissements superflus. Le scénario laisse à tort sur la touche Miss Winfield et remet en jeu Nancy qui se retrouve prise en otage par Jeff…un peu tiré par les cheveux. Pour la petite histoire, l’action se déroule en France et c’est suggéré par l’abus de véhicules français - 403 noire, quelques R8 – mais Mannering s’est déplacé sur le continent dans sa Jensen que Cordelia conduit pour la première fois. A noter aussi l’accent prononcé de l’inspecteur qui parle encore plus mal anglais que Poirot, la Villa des Fleurs, résidence de Mme Devereaux, et la Rue du Monde à Paris, qui n’existe d’ailleurs pas. 22. CHANTAGE ET LIBERTÉ Critique : Sans être une calamité, cet épisode n’est pas une réussite. Il se laisse voir, certes, mais il n’enflamme pas, que cela soit l’intrigue, l’interprétation ou le suspense quasi inexistant. Mannering et Cordelia sont en villégiature dans un pays qu’on soupçonne fortement d’être la Grèce bien qu’il ne soit pas nommé. Le Baron doit remettre une forte somme d’argent – un demi-million de dollars résultant d’une vente– à l’épouse de l’ex-président que certains partisans viennent de libérer du joug d’un dictateur. Ce dernier fait épier les moindres gestes de l’antiquaire afin de retrouver la trace de la femme, qui a toujours une grande influence dans le pays. Le comportement du Baron est risqué et même inconsidéré mais son plan d’échanger les vêtements entre Cordelia et la fille rebelle nous gratifie d’une belle poursuite en voiture qui démontre les qualités de conduite sportive de Miss Winfield. La séquence de l’évasion aux sbires du dictateur par les toits est l’autre passage intéressant de l’aventure, qui se terminera – comme convenu – avec tous les protagonistes réunis sur le bateau de l’espoir pour l’acte final. Les quelques inserts ne permettent pas d’embellir un épisode poussif tourné exclusivement en studio, et le ‘beautiful view’ du Baron en pénétrant dans la chambre d’hôtel prête à sourire ; il s’agit bien entendu d’une peinture, procédé couramment utilisé pour les séries de l’époque. A noter que Mannering et Cordelia descendent dans la même suite mais avec des chambres séparées. Il est également évident que le rendez-vous au milieu de colonnes grecques se passe aux studios Elstree ! C’est d’ailleurs incongru de voir apparaître Cordelia sur les lieux s’inquiétant de la disparition de son patron en robe seyante rose et talons aiguille. Reste quelques répliques savoureuses – généralement de Cordelia, comme celle faisant référence à Peeping Tom lorsqu’elle apparaît dans un accoutrement moulant. Malheureusement, Roy Ward Baker n’a pas le même angle de caméra que Peter Graham Scott dans Les aigles des Avengers ! Je passe sur la distribution qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Pour finir, j’ai bien aimé la réplique du Baron, alors qu’il vient de se libérer, à l’adresse des deux jeunes femmes toujours coincées : « What about us ? » « No time now, later »…l’air de dire qu’il n’a pas le temps de s’encombrer de deux boulets ! 23. AU BORD DE LA PEUR Critique : Un espion français a placé un micro sur le téléphone de Mannering et le Foreign Office conseille à l’antiquaire de rester hors du coup. Un objet de la plus haute valeur a été dérobé, une pièce tellement unique que personne n’ose évoquer son nom « astonishing, isn’t it ? ». Cette aventure présente de l’attrait par sa conception et son mystère mais elle pèche néanmoins par des imperfections et des incohérences qui rendent l’ensemble intéressant mais pas transcendant. Cette œuvre d’art est la célèbre Mona Lisa comme on l’apprend dans l’acte final même si on peut le deviner surtout lorsqu’on sait que le larcin a été effectué durant la rénovation du Louvre. Le vol de l’illustre peinture n’a pas été éventé ce qui oblige les voleurs à avoir recours à un antiquaire afin qu’il certifie l’authenticité à un lord, acheteur potentiel. C’est le côté ingénieux de l’intrigue. Tout n’est malheureusement pas aussi bien huilé et de nombreux passages sont longs et parfois peu crédibles, comme l’entame et l’arrivée du truand Jordon sur le sol britannique, alors qu’il est soi-disant atteint de typhoïde, et la séquence de l’agent à l’hôpital. De plus, la Joconde est une peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier et voir le Baron la rouler et la cacher tel un vulgaire parchemin a de quoi laisser perplexe tout téléspectateur un tant soit peu connaisseur. Contrairement à la précédente aventure, la distribution présente de l’intérêt. Willoughby Goddard, qui joue le cerveau de l’affaire au monocle nommé…Colbert, marque les esprits dès son apparition par son duel au vin avec le serveur qui n’est pas sans rappeler celui de Meurtre par téléphone des Avengers et ses pourboires en francs. Justement, les fans de Chapeau melon n’auront aucun mal à reconnaître Gerald Sim du Foreign Office (entre autres Frederick Yuill de Meurtre par téléphone déjà cité mais également ministre dans Le lion et la licorne) et William Franklyn, le truand Jordon (Omrod de La poussière qui tue). Cordelia – superbe dans sa robe aux tons violets - n’a pas grand-chose à faire car le changement de voiture rend le mouchard inopérant. C’est divertissant mais parfois confus et, surtout, pas crédible pour deux sous. Pour des histoires de vols de la Joconde, je conseillerais plutôt Maille à partir avec les taties des Avengers et les exploits de Sherlock Holmes qui, comme Mannering, a aidé l’Etat français à retrouver la toile dans Le dernier problème. 24. UN AUSSI LONG VOYAGE Critique : Dès la première image et l’inscription ‘South America’, on peut craindre le pire…Et à peu de choses près, c’est en effet catastrophique. Le scénario est d’une banalité affligeante : un ancien président prépare un coup d’état dans la jungle en y amassant un stock d’armes. Pourtant, le premier quart d’heure est de bons augures. Envoyée par son patron, Cordelia négocie l’achat de babioles aztèques lorsque le butler est assassiné et le maitre des lieux disparaît. Miss Winfield a mis son nez là où il ne fallait pas et son entêtement lui attire des ennuis avec des policiers corrompus. Mannering arrive de Los Angeles et enquête donc sur la disparition de son assistante et il prend rapidement la direction de la jungle. A partir de là, c’est de mal en pis. Il y a seulement quelques passages – et une poignée de réparties - à sauver ; à commencer par le premier plan sur les longues jambes gracieuses de Sue Lloyd et la remarque de l’hôte : « John Mannering is a very lucky man. When I see him next time, I’ll congratulate him on his choice of assistant. » La façon avec laquelle Cordelia – dans un superbe ensemble jaune canari durant tout l’épisode – fracasse la vitre de la porte d’entrée en lançant sa chaussure (pas très Avengeresque mais efficace) et la rencontre de Mannering avec le malotru du bar. A noter aussi l’Anglais qui guide, à contrecœur, le Baron à travers la jungle avec des ‘old boy’ à la pelle. C’est à peu près tout. Le reste est long, sans étincelle ni suspense, tourné dans une hideuse jungle en studio. L’histoire est inintéressante et, de surcroit, déjà vue dans la plupart des séries. C’est mal filmé, mal joué et facilement oubliable. 25. LE GUERRIER EN BRONZE Critique : Après trois épisodes moyens, cette aventure nous réconcilie pleinement avec The Baron dans une histoire mystérieuse, bien interprétée et agrémentée d’un suspense intense. L’excellent début de So Dark the Night s’apparente à un film de la Hammer ; on aperçoit par une nuit orageuse et venteuse une vieille bâtisse isolée où vivent Carl Grant et sa fille, Joyce. Les lumières vacillent, la musique est angoissante et, très tôt, le téléspectateur a la conviction que la demeure reçoit un visiteur indésirable à la mort mystérieuse du père, dont les dernières paroles : « The warrior » auront de l’importance. Lors d’une séquence suivante, Joyce, seule dans cette maison inhospitalière, n’a que le cercueil de son père comme compagnie et les appels téléphoniques anonymes l’effraient tellement qu’on la retrouve en chemise de nuit errante dans le parc. Cette entame présente toutes les caractéristiques positives des petits films d’horreur britanniques à faible budget de l’époque. Mannering et Cordelia sont arrivés dans le village à proximité afin d’évaluer, à la demande du défunt, certaines antiquités. Rapidement, l’aventurier détecte un danger pour Joyce de rester dans cette demeure de mauvaise réputation qui vient d’être fouillée de fond en comble. Miss Winfield reste lui tenir compagnie pendant que Mannering retourne à Londres élucider le mystère Carl Grant. Alors que Cordelia et Joyce forment un charmant et sympathique duo d’enquêtrices, le Baron finit par découvrir que le mort a commis un hold-up il y a plusieurs années et que le butin est toujours introuvable, tandis que son complice est récemment sorti de prison. Au-delà de l’histoire de bandits et de mystère, l’épisode présente d’autres véritables attraits. Après une entame angoissante, une succession de faits intrigants tient en haleine le téléspectateur jusqu’au dénouement final. Ajouter à cela un déroulé inhabituel qui partage en temps et importance équitables les actions du Baron et de son assistante. Le personnage de Cordelia Winfield s’étoffe ainsi qualitativement pour notre plus grand plaisir. Elle ne se contente pas, lors de cette aventure, de balancer gracieusement quelques vannes caustiques car elle participe réellement à l’action…elle conduit même la Jensen ! Certes, elle n’est pas douée en sports de combat, telle Mrs Peel, et elle se débarrasse du docteur par ruse et ingéniosité, comme on l’avait déjà constaté dans Time to Kill. Cordelia Winfield porte de nouveau la robe Wallis violette à bandes vertes dans la scène hilarante du petit déjeuner avec son sourire malicieux et la réplique moqueuse au tenancier qui demande si plus de café est nécessaire : « Oh, that’s what it is ! ». Superbe ! Sue Lloyd démontre dans cet épisode qu’elle a assez d’envergure pour supporter le poids d’un scénario, même si Mannering revient lors du final violent et efficace. L’intérêt de l’épisode réside également dans ses seconds rôles, nombreux et pour la plupart parfaitement interprétés par des visages connus des fans de Chapeau melon et bottes de cuir. Gillian Lewis, qui interprète Joyce Grant, a le plus de temps de présence, mais elle n’est peut-être pas le personnage qui monopolise l’attention. Elle est Laura, une relation au destin tragique de Mrs Peel, dans La mangeuse d’hommes du Surrey. Elle est assez convaincante en jeune femme persécutée et apeurée, bien qu’elle passe beaucoup de temps alitée, ce qui rend le personnage vulnérable. Dans le mystérieux bar typiquement avengeresque, tout amateur des Avengers aura reconnu Freddie Jones en tenancier énigmatique et bourru, avant d’être – la même année - Basil, le double de Steed de Qui suis-je ??? mais aussi le savoureux inspecteur Baynes et ses bonbons colorés de Wisteria Lodge, une des enquêtes de Sherlock Holmes. Lors de son retour à Londres, à Fleet Street, symbole de la presse britannique, Mannering côtoie Felicia et on perçoit une certaine fusion, voire plus, entre les deux protagonistes. Bien que la dévergondée n’ait pas d’influence sur l’intrigue, elle retient toute notre attention car c’est Caroline Blakiston, l’infirmière revêche des Fossoyeurs et la secrétaire ‘top hush’ qui garde les clés au chaud de La dynamo vivante. Les autres personnages, également très bien représentés, ont aussi des liens Avengers ; ainsi, le docteur à la coiffure ridicule - louche dès le début - est John Franklyn-Robbins qui a un petit rôle dans Les cybernautes et le braconnier inquisiteur est excellemment personnifié par John Garrie, Tay-Ling du Vengeur volant. A croire que Chapeau melon et bottes de cuir a influencé toutes les séries britanniques de son époque. Mais qui en douterait ? Il est à noter aussi que les extérieurs – surtout en inserts – furent tournés dans le petit village de pêcheurs de Mevagissey en Cornwall, très touristique de nos jours, ce qui permet à Cordelia l’Anglaise de dire à John l’Américain : « I think you’d like to see a little of England. ». Terry Nation et Dennis Spooner ont bien fait de conjuguer leur effort pour nous offrir un des meilleurs épisodes de ce second coffret. 26. HALTE À LA MAFIA Critique : Cet épisode ‘italien’ souligne cruellement l’irrégularité de la série qui, après l’excellente aventure précédente, nous propose un des pires opus de la trentaine. Ca se passe à Rome et la mafia et tous ses clichés sont bien entendu au rendez-vous de ce ratage (presque) total. On comprend que Brian Clemens ait prit le nom d’emprunt de Tony O’Grady afin de cacher ce méfait. A l’image de la série, le scénariste fut capable du meilleur comme du pire pour Le Baron avec l’excellent Labyrinthe de la première partie de saison. Tel un agent secret, Mannering est chargé d’escorter une jeune femme, témoin d’un meurtre lié à la mafia. Pas finaude pour deux ronds, elle n’a pas trouvé mieux que de se réfugier dans un village isolé à accès unique. Le Baron est cerné par le gangster et ses trois compères et trouve refuge avec le témoin dans le commissariat déserté mais bien achalandé en armement. Sur le papier, l’épisode est correct, mais, en réalité, Clemens a dû l’écrire en dix minutes, pause comprise. Aucun suspense, une pauvre intrigue, des personnages transparents, une interprétation abominable…Tellement mauvais que les traducteurs lui ont donné un titre français proche du ridicule. Alors pourquoi deux bottes (après délibération) ? Pour le début et l’interprétation de Peter Arne, Pasold dans Avec vue imprenable. Il est ici Mario, un tueur froid et cynique, qui commence par rassurer Maria lors d’une réception assez ‘hot’, lui assurant que son frère ne va pas faire de mal à sa copine de 17 ans. Mais trois, quatre baffes plus tard, la petite est trépassée et Mario dirige les opérations pour se débarrasser du corps dans une carrière, puis il concède à son frangin qu’il faut éliminer tout témoin en balançant la phrase de l’épisode : « There is room for two down there. » [Il y a de la place pour deux en bas]. Un début très violent pour l’époque d’ailleurs, ce qui fait toute la différence entre le Baron et le Saint. Voilà, c’est tout. Contre une œuvre d’art (ben, voyons), le ministre de la justice italienne envoie le Baron récupérer Maria qui se terre mais, filé comme un débutant, Mannering est traqué et piégé dans un village désert, peuplé d’habitants intimidables dont deux - un barman et un policier - finiront par se révolter lors du final grandguignolesque. Avant ça, on a enduré une longue attente stérile au commissariat. Il reste encore quelques épisodes à savourer et vous pouvez zapper celui-ci après huit minutes, ou douze si vous voulez voir la brève apparition de la charmante Sue, complètement négligée et qui n’apparaitra ensuite que lors d’une courte scène d’essayage de manteau et l’épilogue. Surement des vacances pour l’actrice qui n’a rien raté avec cet épisode dont l’énumération des incohérences du scénario pourrait noircir un cahier d’écolier …. 27. ROUNDABOUT Critique : John Mannering découvre qu’une de ses trois boutiques – celle de Paris – sert de base à un trafic de drogues international. Le Baron se rend à un rendez-vous et sauve la vie d’une femme qui lui remet une clé de consigne ; c’est l’épouse de Georges Delair, propriétaire de la boutique parisienne. Cela rappelle l’excellent Le Baron joue et gagne, avec ici la Gare du Nord, à l’époque encore fréquentable, à la place de Waterloo Station. Mannering s’empare d’une statuette et il va ensuite au salon de coiffure tenu par Jeanna Varda, la maitresse de Delair. L’aventurier y est agressé, ce qui le met immédiatement sur la bonne piste, mais il s’échappe et fait croire au couple diabolique qu’il veut participer au trafic d’héroïne et avoir sa part du gâteau, dans le but de les confondre et de remonter la filière. Il n’y a pas de présence familière aux côtés du Baron et deux blondes – une dans chaque camp – remplacent la brune Cordelia, sans pour autant rivaliser avec l’assistante préférée de l’aventurier. Néanmoins, Mannering n’est pas insensible aux avances lourdingues de l’agent Samantha Ballard sous les traits de Annette Andre, ce qui permet d’agrémenter cette excellente intrigue d’échanges savoureux aux airs Avengerish…A noter qu’Annette Andre était une grande copine de Sue Lloyd et les deux actrices vivaient à l’époque en collocation dans une maison londonienne. Annette Andre est indissociable des séries britanniques cultes des années 60 et 70 grâce à ses nombreux rôles dans Chapeau melon et bottes de cuir, Le prisonnier, Le Saint, Amicalement vôtre entre autres. Elle donne du piquant à l’aventure et la dernière scène fait partie des bons moments de la série ; Samantha embrasse Mannering sur les deux joues lui signifiant que c’est une vieille coutume française et le Baron n’hésite pas à lui demander si elle en connaît d’autres mais elle préfère rester évasive…. June Ritchie est la garce Jeanne Varda qui tourne la tête à Delair et on la connaît surtout chez nous pour être Charlotte alias Charlie, la pétillante blonde qui roule une pelle à 10 000$ à Wilde dans Amicalement vôtre (l’épisode Un risque calculé). Edwin Richfield, Georges Delair, a participé à six Avengers dont le personnage ambigu de Faites de beaux rêves, mais il est aussi le guide qui se sacrifie dans Le trésor dans la montagne. Lisa Delair, la femme bafouée, est interprétée par Lisa Daniely, qui fut prodigieuse dans l’adaptation Granada de Conan Doyle, The Crooked Man, près de vingt ans après cette aventure du Baron. L’épisode est plaisant avec de nombreux passages intéressants, à commencer par la très longue et excellente séquence pré-générique à l’appartement cosy des Champs-Elysées (du studio of course !) ; une sorte de vaudeville avec l’attente de la maitresse en manteau de fourrure puis l’arrivée de l’épouse encombrante. Les dialogues du mari sont d’un ‘délicat’ envers sa femme : « You want the truth ? You are 40 years old and you look it! » [Tu veux la vérité? Tu as 40 ans et ça se voit!]. L’éconduite se barre emportant une ‘preuve’ des malversations de son mari et la chasse est ouverte, personnifiée par le tueur raffiné qui se fait passer pour Mannering. Parmi les autres passages attrayants, notons ceux du salon de coiffure ; la bagarre et la rencontre cruciale avec Samantha, l’agent anti-drogue, sous les toits : « You aren’t dressed for swimming ». Bien entendu, la petite séance de drague de ‘Sam’ auprès du Baron est croustillante. Elle tient de la comédie avec, en français dans la VO, « Les affaires sont les affaires » et, après le dénouement prévisible, on revient dans le registre par l’échange final. L’intrigue est correcte avec quelques rebondissements et en toile de fond le trafic de drogues. Cette banale histoire est embellie par une solide interprétation. Ainsi, la femme trompée et le policier souffrant, qui sont des personnages secondaires, s’avèrent aussi très bons. Paris est évidemment représenté par des inserts – la Tour Eiffel et la capitale des années 60 – le tout agrémenté de quelques mots en français (le « Monsieur Mannering ? » de Madame Delair à l’hôtel Lindsey) mais Londres est également bien photographié avec la Jensen devant Marble Arch (scène post-générique). Pas de Cordelia même si Lisa Delair fait référence au personnage quand elle déclare au tueur qu’elle a appelé son assistante. A noter le gros trucage qui plombe le combat entre Mannering et l’assassin à la fenêtre, les abus du studio qui en deviennent risibles même pour l’époque, à l’hôtel (« It’s daylight already ») et dans la ‘jungle’ au final. Un bon épisode néanmoins. 28. L’HOMME DE NULLE PART Critique : Suite au décès d’un de ses associés dans un accident de voiture, Mannering se rend en Ecosse, accompagné de Cordelia. Les choses se compliquent lorsque le Baron remarque la bague antique - qu’il avait chargé le défunt de se procurer - au doigt d’un client du pub, où ils sont descendus. Afin d’identifier le mystérieux individu qui s’est échappé, Mannering et Cordelia se séparent pour prospecter les demeures de la région et retrouver la voiture américaine qui a failli renverser l’aventurier. Le pauvre associé du Baron avait reconnu fortuitement la trogne d’un malfrat après avoir accidentellement éclaté un pneu dans la bucolique campagne écossaise. Ces deux infortunes conjuguées lui ont valu son arrêt de mort. C’est la bague qui permet de ne pas classer l’affaire en simple accident et l’opiniâtreté du Baron sera, bien entendu, payante. L’intrigue est simple et on se doute que c’est Mannering qui finira par tomber le premier sur le repaire des gangsters. Bruno Orsini, le chef de la bande, est une parfaite crapule et il a décidé de se venger du Royaume-Uni qu’il l’a extradé en inondant le territoire de fausse monnaie. Le titre vient du fait qu’Orsini n’a plus de patrie après avoir été expulsé d’un bon nombre. Si un complice n’avait pas dérobé la bague avant d’assassiner le collègue du Baron, ce dernier n’aurait jamais mis son nez dans ce complot. Une histoire de gangsters américains vraisemblablement conçue à l’intention de la clientèle US de la série, avec en tête de distribution David Bauer, natif de Chicago. Il a sa place aux côtés de Jeremy Brett parmi les grands salopards de la série. C’est en Grande-Bretagne qu’il connut le succès lors d’apparitions dans Chapeau melon et bottes de cuir (le colonel russe Ivanoff de Maille à partir avec les taties), mais aussi des rôles de ‘bad boys’ dans Le Saint, Les champions et Madigan, sans oublier le mémorable juge N02 de Musique douce du Prisonnier. Ses trois hommes de main possèdent des pedigrees non négligeables. L’acteur canadien Paul Maxwell (Dino) était Jim Carey, le copain de régiment de Mannering, dans le très bon Epitaphe pour un héros (premier coffret) et Michael Coles, Vince, asticoté et condamné par son boss, a aussi un rôle de tueur dans L’oiseau qui en savait trop des Avengers. On reste sur Chapeau melon avec le quatrième partenaire, Jeremy Burnham, acteur et scénariste prolifique pour cette série ; ici, l’érudit et perfide de la bande apostrophe tout le monde d’un inquiétant ‘sweetie’. Grâce à des acteurs de cette trempe, le divertissement est de qualité et les séquences de gangsters particulièrement crédibles, avec le thème de la loyauté judicieusement travaillé, comme lors de la scène du ‘hit him’ dans le final. D’ailleurs, le jeu du quatuor éclipse celui de Steve Forrest, assez transparent. Il reste peu de place pour l’humour, qui est encore une fois l’affaire de Cordelia qui disparaît du script lors du final. Elle est assez ‘sollicitée’ à commencer par le clin d’œil appuyé de Vince -‘an old-fashioned wink’ - qui, aux dires de Miss Winfield, n’est rien de mieux pour redonner confiance à une fille ! Ce n’est pas étonnant car, même chaussée de lunettes (scène avec l’inspecteur Duncan au pub), elle est très séduisante. On lui doit la réplique de l’opus lorsqu’elle rapporte à Mannering qu’elle a déjà eu quatre propositions à diner : « These hills are full of Scottish wolves » [Ces collines sont pleines de loups écossais.]. Elle ne semble pas attirée par le haggis – plat typique du pays qu’il faut avoir gouté une fois, croyez-moi (« I don’t think I want ») mais le Baron tient à ‘sa’ Cordelia : « Don’t wink back » [Ne répondez pas aux clins d’œil.] La majeure partie de l’opus permet de visiter de somptueuses résidences ; pour les extérieurs car les intérieurs restent du pur studio comme le montre l’arrivée de Mannering au repaire avec un ‘background’ dessiné. La plupart de ces belles demeures sont d’ailleurs anglaises, dans le Hertfordshire ou le Gloucestershire. La production n’a glissé qu’une seule vue de l’Ecosse, du très beau burgh royal d’Inveraray, que j’ai visité il y a quelques années. Sur ce court insert au tout début, on aperçoit le pittoresque Loch Fyne. L’épisode reste typique de la façon de procéder pour toutes les séries britanniques des années 60 : Steve Forrest et Sue Lloyd sont doublés, de dos ou dans des plans éloignés, lors de toutes les scènes en extérieurs, et les deux acteurs n’ont, par conséquent, pas visité les contrées verdoyantes et ils sont restés à Elstree ! Une très bonne histoire agrémentée d’une solide interprétation et de beaux panoramas, ce qui n’est pas négligeable pour une série de cette époque. 29. L’ÉPÉE DE CORELLI Critique : John Mannering est en confrontation directe avec un autre antiquaire lorsqu’une épée, vieille de plusieurs siècles, refait surface. Les deux hommes n’ont pas le même code d’éthique et la lutte sera âpre. Le Baron est piégé et kidnappé pour l’empêcher d’arriver à temps à un mystérieux rendez-vous auquel il a été convié par lettre. Grâce à l’intervention de Miss Winfield, il parvient néanmoins à rencontrer son contact avant qu’il ne meure. L’aventurier et son assistante ne savent pas ce qu’ils cherchent mais ils ont une idée où prospecter; tout le contraire des gangsters ! Beaucoup de questions restent en suspens et Mannering se rend chez Arkin Morley, un antiquaire concurrent pour qui un des agresseurs avait travaillé un certain temps. Cette piste s’avère être la bonne car le Baron échappe à une tentative de meurtre. En compagnie de Cordelia, il suit finalement le seul indice en sa possession, Parkstone House, une vaste demeure du Sussex dans laquelle l’épée médiévale doit se trouver ; c’est, en fait, un des lieux ‘écossais’ visité par le Baron lors de l’épisode précédent…Le malin Morley les a suivis, flanqué de son redoutable comparse… L’intrigue n’a rien d’extraordinaire mais cet épisode est néanmoins un des incontournables de la série, aussi bien pour son interprétation que ses scènes de meurtres – l’horrible mort du mangeur de chocolat rend définitivement Le Baron plus violent que Le Saint. L’une des attractions est, bien entendu, l’apparition d’Edward Woodward lors de la seconde partie – les vingt dernières minutes - dans le rôle de l’antiquaire véreux. D’ailleurs, le personnage qu’il interprète, le distingué et hautain Arkin Morley, aurait mérité d’être présent dans d’autres aventures, mettant en conflit deux antiquaires, aux styles diamétralement opposés, ce qui aurait donné du piquant à la série. Autant dire tout de suite que la présence d’Edward Woodward rehausse intrinsèquement la valeur de l’épisode. A l’époque, l’acteur allait jouer Callan, une série d’espionnage réaliste de quarante-trois épisodes tournée entre 1967 et 1972, malheureusement méconnue en France. Woodward personnifie Morley, l’antiquaire calculateur et sans scrupule, magnifiquement. Habillé impeccablement, le comédien a déjà des allures et des intonations qui feront de lui une vingtaine d’années plus tard l’inoubliable Robert McCall alias l’Equalizer : « The facts are childishly simple : I’ve followed you ». En fait, il éclipse totalement son collègue Mannering/Forrest au jeu rigide comme un bâton de gendarme. On reconnaitra aussi dans la distribution Michael Wynne (Logan), qui est Pongo dans L’héritage diabolique de ‘nos’ Avengers, Peter Brace, cascadeur et homme à tout faire des séries cultes britanniques des années 60 à 80 (ici, il est crédité : ‘Hamilton’, un des gangsters, of course !) et Philip Locke, souvent cantonné à des rôles d’immondes salopards comme pour cet épisode. On se souvient de lui en Vargas, harponné par 007 dans Opération tonnerre, ou en Dr Primble dans Bons baisers de Vénus, le premier Chapeau melon couleur diffusé en France et en Grande-Bretagne. C’est le dernier épisode de Cordelia Winfield. Sue Lloyd a indéniablement apporté un plus à la série par son personnage sexy et pétri d’humour qui a souvent réussi à dérider le monolithe Steve Forrest. C’est son intérêt pour les mots croisés qui amène ici le duo vers la solution et on lui pardonne ses réactions anti-Avengers de femme ‘normale’ comme lorsqu’elle est effrayée par une porte qui claque. Sue Lloyd est une des raisons pour laquelle Le Baron vaut encore le coup d’œil cinquante ans après son tournage. Annette Andre, son amie de longue date avec qui elle partagea une maison pendant quatre années, fut ravie que je mentionne cette série dans laquelle elle participa. Elle me précisa que Sue Lloyd joua dans une aventure de ‘sa’ série, Randall & Hopkirk, Deceased, mais elles n’ont pas eu de scène ensemble, et la même chose se produisit lorsqu’elle tourna dans Le Baron (‘Roundabout’). Et puis, last but not least, il y a indéniablement un clin d’œil à Chapeau melon et bottes de cuir dans cet opus ! Arkin Morley est également producteur de films et on assiste à un court tournage où la superbe Valerie Leon, au tout début de sa carrière, joue une actrice évoluant dans un salon en justaucorps rouge ; une merveille pour les yeux d’une trentaine de secondes qui renvoie immédiatement aux Emmapeelers avengeresques. Les meilleurs passages sont le kidnapping dans le tunnel (ingénieux !), le rendez-vous, la révélation de l’intrigue et la fusillade à l’usine désaffectée qui se conclut par la mort du mystérieux contact (écrasé par une pierre) et la première rencontre Forrest/Woodward (et le bluff du Baron) sur un plateau de tournage qui fait immanquablement penser à Caméra meurtre. Dans certains coffrets, la série se clôt par cet épisode, une note hautement positive, alors que d’autres suivent un ordre différent et terminent Le Baron par une aventure moyenne sans Sue Lloyd. 30. ADIEU AU PASSÉ Critique : C’est plutôt surprenant que le cinquième épisode en ordre de production termine cette série, qui avait pris une autre tournure au fil des aventures. Le téléspectateur a l’impression d’un retour en arrière avec l’Adieu au passé… Le Baron est chargé d’une mission à Rome par Templeton-Green, alors que l’insipide David Marlowe est à la boutique. Par conséquent, cet épisode se devait de figurer dans le premier tiers, et il est à noter d’ailleurs qu’il est sur le second disque de la sortie américaine et il fut diffusé outre-Atlantique avec un titre différent, Run Wilde, Run Wide. Ceci dit, l’aventure est convenable même si l’interprétation n’est pas inoubliable. Mannering se rend à Rome pour démanteler un réseau de contrebande d’œuvres d’art qui a réussi à introduire en Angleterre un médaillon en or, qui est une partie d’un trésor inestimable de huit dérobé au Vatican. Le Baron retrouve une ancienne conquête impliquée dans le trafic, qui est sous l’emprise d’un propriétaire de night-club. L’histoire tourne beaucoup autour de Cathy Dorne, la blonde instable au décolleté pigeonnant, qui ne sait pas sur quel pied danser et à qui confier son avenir : Johnny, son ex, ou Nick son amant et chef du gang. Le personnage est interprété par Sylvia Syms qui a pour fait de gloire d’avoir participé à de nombreuses productions ITV. Je ne vous conseille pas de rechercher des photos actuelles car vous tomberiez de votre chaise… Cathy Dorne trahit finalement le Baron et elle se rendra compte trop tard de son erreur. La fin est de toute façon anticipée par l’audience car personne n’imagine Mannering épouser cette femme même si c’est le dernier épisode de la série, à fortiori en plein milieu pour certaines éditions ! Néanmoins, la dernière scène reste une fin tristounette de la série. De surcroit, les limites du jeu d’acteur de Steve Forrest sont condensées dans cette ultime scène où le gros plan de son visage face au corps inerte de Cathy ne laisse transparaitre aucune émotion, comme s’il venait de laisser filer une babiole à une enchère quelconque. Sinon, c’est sympathique de revoir ‘Temp’ qui ose demander au Baron, dans la réplique de l’épisode : « Did you know her intimately ? ». Ca et quelques clichés en inserts de Londres et Rome dans les années 60 divertissent. Une classique aventure d’espionnage mais avec un antiquaire au lieu de l’espionne de charme Cordelia Winfield…Pour clore la série, préférez plutôt Countdown. |
Sue Lloyd
Les années 60 Susan Margery Jeaffreson Lloyd naquit le 7 aout 1939 dans le Suffolk, quelques semaines avant le début de la guerre. Avant de devenir actrice, Sue Lloyd rêvait d’être danseuse, mais sa grande taille l’en empêcha. Elle se dirigea vers le music hall et le mannequinat faisant la couverture du magazine Vogue. Elle fit brièvement partie de la troupe de Lionel Blair et elle fut une des deux débutantes présentées à Le premier rôle à l’écran, en 1963, de Sue Lloyd est dans la série The Sentimental Agent, en français Ce sentimental M. Varela (l’épisode The Height of Fashion). La seconde apparition de l’actrice est dans un épisode d’Armchair Theatre, Last Word On Julie en 1964. Elle interprète Julie Lister dans l’histoire de la disparition d’une jeune femme. Diana Rigg a effectué exactement le même chemin à ses débuts, dans ces deux séries (The Hothouse est en bonus sur les BR de Chapeau melon et bottes de cuir). Après quelques apparitions furtives, l’actrice joue dans deux épisodes de Gideon’s Way, une série inédite chez nous. Elle raconte l’histoire d’un commandant de Scotland Yard, George Gideon. Il n’y a qu’une seule saison de 26 épisodes. Le créateur est John Creasey, pas un inconnu pour ceux qui connaissent Le Baron. Dans l’épisode The Rhyme and the Reason, Sue Lloyd n’apparait que 30 secondes. C’est différent pour The White Rat, où elle est bien présente durant les 23 premières minutes (on ne la revoit plus après). Elle est Mary Henderson, l’ami du policier Keen. A noter qu’elle apparaît au générique sous le nom de Susan Lloyd. Son jeu pétillant est très reconnaissable. Son rôle le plus connu de 1964 est néanmoins dans un épisode du Saint, Luella (avec Suzanne Lloyd, homonyme qui joue dans Cœur à cœur des Avengers). Une comédie bien moyenne où Sue Lloyd est parfaite en aguicheuse élégante et sexy – elle apparaît à la 12è minute au bar : « A very dry, very cold Martini, please ». La meilleure scène est dans la chambre avec l’ami de Sinclair. On reconnaît la verve caractéristique de l’actrice, avec de l’humour dans la scène du déshabillage : « Take off that nasty old jacket » « Poor sweet, so warm ». Il faut attendre plus de la demi-heure pour voir la rencontre avec Roger Moore lorsqu’elle renverse son verre sur lui puis un baiser fougueux qui n’a pas dû déplaire à Gégé…
Gideon's Way Le Saint En 1965, Harry Saltzman, producteur avec Broccoli de 007, se lance dans l’adaptation d’un roman d’espionnage de Len Deighton, l’anti James Bond. Il répond ainsi aux critiques qui voient dans Bond un espion de BD. Ipcress, danger immédiat est le premier volet de cinq aventures d’Harry Palmer – dont trois dans les années 60. Saltzman réunit autour de lui des membres de l’équipe Bond (John Barry, Ken Adam, Peter Hunt). Harry Palmer, ce sont les débuts de Michael Caine. Cela peut paraître un peu mou mais l’univers britannique de l’espionnage est au top. C'est audacieusement filmé avec des prises de vues et des plans insolites du réalisateur Sidney Furie, et l’intrigue réaliste est basée autour des relations Est-Ouest. Que signifie IPCRESS ? Je vous laisse le soin de le découvrir…(le film, épuisé, est ressorti chez Elephant Films en 2014). Sue Lloyd est la seule femme de la distribution. Elle personnifie très bien la jolie Jean Courtney, espionne attirante et énigmatique sur laquelle Palmer jette son dévolu. Il n’y a que quelques scènes avec l’actrice mais la notoriété du film, devenu culte, fut son seul véritable succès au grand écran. Le film est basé sur des échanges excellents ; deux exemples entre Caine et Lloyd : lorsque Courtney a fouillé l’appartement de Palmer et qu’elle trouve son arme : « You know this is unauthorised. » “My mother gave it to me for Christmas.” Puis lorsqu’elle lui demande: “You always wear your glasses?” “Yes. Except in bed.”
Elle joue la même année dans un excellent épisode de la quatrième saison de Chapeau melon et bottes de cuir, A Surfeit of H2O (Dans sept jours le déluge). Sue Lloyd, les cheveux légèrement ébouriffés, donne la réplique avec humour à Steed/Macnee dans deux superbes scènes peu de temps avant qu’elle soit Cordelia Winfield dans la série Le Baron. Steed: « Now, I know why cows have that contented look. I always thought that it was something to do with bulls.” En 1966-67, Sue Lloyd a un rôle récurrent dans la série Le Baron participant à 23 épisodes sur 30 sur l’insistance américaine. Les séries britanniques – même les plus prestigieuses - étaient souvent dépendantes des souhaits des réseaux américains qui diffusaient les séries outre-Atlantique. Pour une fois, cette influence fut judicieuse. L’apparition de Cordelia dans la baignoire lors de la première aventure a dû éveiller les esprits coquins des pontes américains d’ABC qui décidèrent de donner un côté Avengers à la série! Winfield/Lloyd réapparait lors du neuvième épisode, Something for a Rainy Day, diffusé en troisième afin d’entrecouper les apparitions des deux aides de Mannering. Si les premières aventures font la part belle à l’action, l’arrivée de Cordelia Winfield favorisa l’humour et l’espièglerie. Le personnage n’a pas le comportement d’Emma Peel et on s’en aperçoit rapidement lors des scènes d’action, mais Cordelia apporte un charme indéniable et une excellente raison pour (re)découvrir la série. En 1967, Sue eut le temps de tourner aussi dans un épisode de la cinquième saison du Saint – le pendant du Baron – intitulé Island of Chance. Elle joue le rôle d’une journaliste dans un épisode supposé se dérouler aux Caraïbes. Ses rôles de la fin de la décennie sont moins connus, mais certains méritent le coup d’œil. Attaque sur le mur de l’Atlantique (1968) est un film de guerre anglo-américain dans lequel Sue Lloyd interprète Sue Wilson, la femme du major (Lloyd Bridges). Le major britannique James Wilson est chargé de détruire une base allemande située sur l'Atlantique, à proximité des côtes françaises. La même année, Carnage est plus intéressant. Un véritable film d’horreur, choquant pour l’époque, avec Peter Cushing, extraordinaire, dans le rôle d’un chirurgien découvrant qu’il peut restaurer la beauté du visage balafré de Lynn, sa jeune fiancée – Sue Lloyd - en assassinant des femmes pour extraire leur glande pituitaire. Toutefois, les effets ne durent que pendant une courte période et il doit donc tuer de plus en plus de femmes…Kate O’Mara et Valerie Van Ost font partie de la distribution…et des sacrifiées ! Pour finir la décennie, l’actrice joue dans une série anthologique de Journey to the Unknown Where's Jack ? Département S Les années 70 En 1970, l’actrice donne la réplique à Charles Bronson dans L’ange et le démon (rien à voir avec un rôle de justicier) qui traite d’un scénariste américain de films pornographiques qui tombe amoureux et épouse une Anglaise âgée de 16 ans (Susan George) ! A noter qu’Honor Blackman est dans la distribution. Sue Lloyd joue ensuite dans une série culte en Grande-Bretagne : Randall and Hopkirk (Deceased). Dans un épisode réalisé par Ray Austin – Money to Burn – elle est une avocate déterminée. L'ange et le démon Randall and Hopkirk (Deceased) Au début de cette décennie, Sue Lloyd joue dans des séries qui ne passeront pas En 1971, l’actrice fait ses débuts au théâtre au Prince of Wales, dans la pièce The Avengers. John Mather, ancien chef de William Morris Agency en Europe, obtint les droits d’ABC pour ‘propulser le théâtre britannique dans les années Simon Oates devint Steed, Kate O’Mara fut choisie pour jouer la méchante Madame Gerda. Elle se plaignit que son costume en vinyle l’empêchait de s’asseoir et qu’il craquait lorsqu’elle marchait. Le rôle de la nouvelle partenaire de Steed, Hannah Wild, prit plus de temps à être pourvu. La blonde Sue Lloyd obtint le rôle ; l’actrice voyait son personnage comme quelqu’un d’intelligent avec une certaine dureté. Dans le scénario, Hannah, en costume de cuir rouge, devait affronter une dizaine de filles et, pendant ce temps, Oates balançait un type dans la fosse d’orchestre. L’acteur aurait bien inversé les rôles ! Le projet était ambitieux et, malheureusement, les critiques acerbes et quelques problèmes techniques ont eu raison en quatre semaines de l’entreprise. A noter dans la distribution, Jeremy Lloyd, qui avait aussi participé à la série. La première eut lieu le 20 juillet 1971 à Birmingham. Seize décors en tout, avec la réplique de En 1987, lors de l’émission On Stage sur BBC2, Sue Lloyd est revenue sur ce projet ambitieux. Certains artifices ne fonctionnaient pas et elle raconte qu’un gros sofa devait s’ouvrir et faire disparaître Kate O’Mara, supposée invisible. A une représentation, Kate a pressé le bouton mais rien ne se passa et après plusieurs essais, elle a quitté la scène sur la pointe des pieds ! Quelques instants plus tard, Jeremy Lloyd devait prendre le thé sur ce même sofa et, à peine avait-il eu le temps de s’assoir que le canapé s’est ouvert soudainement et il a disparu. Vu que l’acteur était grand, sa tête et ses épaules dépassaient et Sue Lloyd précise qu’elle n’a pas pu se retenir d’éclater de rire. Sue Lloyd fait ensuite une apparition remarquée dans Amicalement vôtre (l’excellent épisode Sept millions de livres) où elle interprète le rôle d’une débauchée qui a un peu de mal avec les lendemains de fête. La scène avec Tony Curtis est à l’image de la série. Wilde touille l’Alka-Seltzer de la belle avec le doigt et remarque une jolie fille endormie : « Y a de biens jolis cadavres chez vous ! ». En 2010, Sue Lloyd souligna dans une interview la très bonne entente qu’elle avait eue avec Tony Curtis. L’année suivante, 1972, elle est Eve, la secrétaire d’une production de films, impliquée dans le complot et l’histoire de doubles, dans En quête de personnages de la série Jason King avec Peter Wyngarde. L’actrice a un temps considérable de présence à l’écran et on note une courte scène entre les deux acteurs : « Very attractive, actually ». Un épisode où on aperçoit au tout début le fameux pont cher aux Avengers…. La même année, Sue Lloyd revient au cinéma avec, entre autres, le film d’espionnage Nid d’espions à Istanbul avec Stanley Baker, Geraldine Chaplin et Donald Pleasance. Sue joua également la même année dans sept sketchs de la populaire comédie britannique The Two Ronnies. Il y a un passage très croustillant disponible sur la toile – Done to Death – où l’actrice, en combinaison violette moulante, est la ‘beautiful Blanche Brimstone’, la seule survivante d’une maisonnée… Nid d'espions à Istanbul The Two Ronnies Entre 1973 et 1975, quelques tournages se succèdent aussi bien pour le cinéma que pour la télévision mais aucun rôle mémorable. On notera l’interprétation d’une top-modèle – sa première profession – dans le film policier Penny Gold en 1973. En 1976, Sue Lloyd joue de nouveau dans une ‘sex comedy’ dans la lignée de Percy, Spanish Fly, tourné aux Baléares; un genre très à la mode dans le cinéma British de l’époque. Terry-Thomas, connu des amateurs d’Amicalement vôtre, est Sir Percy de Courcy (évidemment !), qui transforme de la piquette en vin aphrodisiaque avec toutes les conséquences que cela entraine…Du kitsch gentillet ! Dans le même registre, l’actrice interprète ensuite une institutrice blonde aux goûts coquins dans la comédie The Ups and Downs of a Handyman. Comme toujours, de jolis minois sont au programme dont celui de Valerie Leon…. Néanmoins son meilleur rôle de l’année est dans l’excellent épisode, inédit en France, de la troisième saison de la série policière Regan (The Sweeney), Sweet Smell of Succession. Elle est Arleen Baker, la maitresse d’un gangster londonien fraichement enterré, puis celle du fils du truand qui prend la succession. Dans un épisode de la série burlesque The Upchat Line (inconnue en France), Sue Lloyd est la proie de la semaine du séducteur Mike Upchat, une sorte de Benny Hill de la drague. La seconde apparition de l’année 1977 de l’actrice est dans le super nanar, N°1 of the Secret Service, une parodie jamesbondienne. L’agent Charles Bind est chargé de contrecarrer l’organisation KRASH (Killing Rape Arson Slaughter and Hit). Sue Lloyd est Sister Jane, une secrétaire qui répond au téléphone en porte-jarretelles ! The Upchat Line N°1 of the Secret Service En 1978, Sue Lloyd participe à La malédiction de La même année sort The Stud, un film érotique qui relança la carrière de Joan Collins. Sue Lloyd est Vanessa Grant, une garce nymphomane. Un rôle qu’elle reprendra l’année suivante dans la suite intitulée The Bitch. Les deux actrices se connaissaient depuis leur adolescence et Sue raconte dans ses mémoires que les propositions n’étaient pas abondantes après son apparition dans The Two Ronnies. The Stud fut un énorme succès au Royaume-Uni ; cependant, après ces deux films, la carrière de l’actrice déclina. Devant le succès de The Stud, l’auteure, Jackie Collins, la sœur de Joan, écrivit la suite dans la foulée. A noter que Ian Hendry participe à cette suite, aussi ‘hot’ que l’original !
Entre ces deux films sulfureux, Sue Lloyd est la comtesse de Polignac dans le film de Jacques Demy, Lady Oscar. Le réalisateur dira de ce film : «une bande dessinée japonaise, des acteurs anglais et moi, français, c’était surréaliste, ça m’a plu... Une façon de raconter l’Histoire de France. » Sue Lloyd participe ensuite à deux reprises à la série américano-polonaise ( !) intitulée Sherlock Holmes et Doctor Watson. Sherlock Holmes mène l'enquête, dans des histoires originales écrites spécialement pour cette co-production. A noter que l’inspecteur Lestrade est interprété par Mother, Patrick Newell ! Dans les deux épisodes, l’actrice joue une ‘méchante’, particulièrement convaincante en Miss Collins à l’injection fatale. Murder on a Midsummer's Eve The Case of Magruder's Millions Les années 80 & 90 A partir de 1979, pendant six années, Sue Lloyd est Barbara Hunter dans Crossroads, un soap opera à grand succès, ce qui sera son dernier rôle important et l’un des plus marquants. Elle épouse Ronald Allen dans un épisode et, après treize ans de vie commune, les deux acteurs se marieront dans la vraie vie. Trois mois plus tard, en juin 1991, Allen décède d’un cancer foudroyant. Après ce malheur, l’actrice ne tournera pratiquement plus. Parmi les dernières apparitions de l’actrice, notons le rôle d’Adriana, la chef d’un groupe d’amazones, dans un épisode de Guillaume Tell, une série télévisée en coproduction britannique-américaine-française de 72 épisodes et, également, un téléfilm de la série Miss Marple, Le major parlait trop (1989). Guillaume Tell Le major parlait trop En 1988 et 1990, Sue Lloyd joua le même personnage, Eva Southurst, dans deux épisodes de la série Bergerac, avec John Nettles dans le rôle titre. Elle tourna avec Ronald Allen, son mari, et Terence Alexander, un habitué des séries britanniques. Comme pour boucler la boucle, Sue Lloyd tourne en 1995 avec Michael Caine dans le téléfilm Bullet to Beijing, la quatrième aventure d’Harry Palmer. Trente ans après leur première rencontre dans Ipcress, danger immédiat, qui restera le plus gros succès de Sue au cinéma, Harry Palmer retrouve Jean dans une scène émouvante….qui est manquante de la vidéo sortie en Grande-Bretagne ! Le passage est par contre disponible sur le DVD canadien. Jean est maintenant blonde et une veuve sexy. Ils se rencontrent pour diner. Jean révèle à Palmer qu’elle a quitté les services secrets pour se marier, mais son riche mari est décédé. Palmer lui demande si elle l’aurait épousé à l’époque et Jean répond par la négative, ce qui ne les empêche pas de coucher ensemble comme trente ans plus tôt. Michel Caine déclara au Sunday Times en 1995: “We brought her back for five minutes in the new one for old times’ sake” Après le décès de son époux, Sue Lloyd ralentit ses activités, et elle se fit très rare à partir des années 2000. Elle ne fera qu’une apparition cameo dans la comédie Beginner’s luck en 2001. En 1998, Elle écrit ses mémoires intitulées : It Seemed Like a Good Idea At the Time [Cela semblait une bonne idée à l’époque], qui sont malheureusement introuvables de nos jours. C’est dommage car les extraits disponibles donnent un excellent aperçu de l’ouvrage. Malgré qu’elle ne soit jamais devenue une grande star, Sue Lloyd a marqué les années 60 par sa grâce, sa personnalité attachante et son humour dans différentes comédies. A l’époque, elle avait vendu à un tabloïd ses histoires d’idylles avec l’unique 007, Sean Connery, et Peter Sellers, ce qui lui permit d’acheter un appartement à Londres ! Lorsque les propositions de rôles ont commencé à s’espacer, Sue Lloyd s’est consacrée pleinement à la peinture, ce qu’elle avait fait professionnellement depuis 1976, commençant par des peintures murales puis des portraits. En septembre 2001, elle était une des invitées aux commémorations des trente ans d’Amicalement votre. En 2005, elle participa aux festivités du quarantième anniversaire du soap Crossroads dans lequel elle incarna Barbara Hunter plus de 700 fois ! Elle donnait facilement des interviews et elle participa aux bonus du coffret Le Baron des éditions Network sorti en 2007. Ses commentaires sur trois épisodes soulignent sa bonne humeur et son sens de l’humour. Le 18 avril 2010, aux studios Pinewood, Sue Lloyd fait une de ses dernières apparitions publiques lors de la commémoration de Robert S. Baker, le producteur du Saint et d’Amicalement votre disparu quelques mois plus tôt. Elle donne une interview, disponible sur la toile, et lors de cette même journée, Annette Andre, son amie de longue date, s’entretient également sur Baker. Présente sur Facebook, elle répondit à mon message: «I'm glad that you mention "The Baron" because Sue Lloyd was my long time close friend & we did share a house for about 4 years. She did an episode of my "Randall & Hopkirk, Deceased" but we didn't have any scenes together, & the same happened when I did the episode of "The Baron". I will let you know about my autobiography.”[Je suis ravie que vous ayez mentionné ‘Le Baron’ car Sue Lloyd était une amie proche de longue date et nous avons partagé une maison pendant quatre années. Elle a joué dans un épisode de ma série ‘Mon ami, le fantôme’ mais nous n’avions aucune scène ensemble et la même chose s’est produite lorsque j’ai joué dans l’épisode du Baron. Je vous tiens au courant pour mon autobiographie.] Je pense qu’on peut s’attendre, sans prendre de risques, que Sue Lloyd soit évoquée dans les mémoires d’Annette Andre. Malade depuis quelques années, Sue Lloyd décède d’un cancer le 20 octobre 2011 dans un hôpital londonien. En apprenant la triste nouvelle, Joan Collins posta sur son compte Twitter : 'Sad 2 hear of death of Sue Lloyd. Worked with her on Stud & Bitch. Had 2 get drunk to do nude pool scene in Stud - almost drowned laughing!' [Triste d’apprendre le décès de Sue Lloyd. J’ai travaillé avec elle dans Stud & Bitch. Elle a dû s’enivrer pour tourner une scène nue dans une piscine dans Stud. Prise de fou rire, elle s’est presque noyée.] Sue Lloyd repose au cimetière de Reading aux cotés de son mari. |
Présentation
The Baron (Le Baron ou Alias le Baron en France) est une série britannique ITC de trente épisodes de cinquante minutes tournée en 1965/66. Elle est basée sur les romans de John Creasey écrits à partir de 1937 sous le pseudonyme d’Anthony Morton et elle fut initialement pensée pour remplacer Le Saint. Il y eut The Baron fut diffusé en Grande-Bretagne entre le 28 septembre 1966 et le 19 avril 1967. En France, la série a fait son apparition le 7 octobre 1967 sur la deuxième chaine de l’ORTF et elle n’a pas fait l’objet de nombreuses rediffusions (la dernière date du début des années 90). La série conte les aventures de John Mannering alias le Baron (Steve Forrest), un antiquaire, qui travaille à l’occasion comme agent infiltré pour le chef des services secrets britanniques, Templeton-Green (Colin Gordon). Il est secondé par Cordelia Winfield (Sue Lloyd) ou David Marlowe (Paul Ferris). La série a la particularité d’avoir été la première production ITC à être tournée entièrement en couleurs (si on fait exception des séries ‘marionnettes’). Des personnalités reconnues du monde des séries britanniques ont participé à cette aventure. Les créateurs sont Robert Baker et Monty Berman, qui est aussi producteur en créant Filmaker, l’assistant de production est Terry Nation, le responsable de production est Johnny Goodman et la musique fut confiée à Edwin Astley. Baker et Berman se séparèrent lorsque NBC commanda une autre saison du Saint, cette fois en couleur. Berman continua de s’occuper du Baron tandis que Baker fonda avec Roger Moore une nouvelle société afin de produire la saison couleur du Saint. Dans les romans d’Anthony Morton, Mannering est britannique et il se marie après quelques aventures. Les producteurs de la série ont préféré en faire un célibataire texan dont le surnom provient du ranch tenu par son grand-père ! Contrairement à la littérature où Mannering a un passé de voleur de bijoux, la série le présente comme un héros irréprochable, capable ainsi de travailler pour les services secrets de Sa Majesté. Mannering est un ancien soldat de Cette série, assez méconnue en France, permet de retrouver de nombreux acteurs et actrices qui ont participé à des productions britanniques de l’époque plus renommées comme Chapeau melon et bottes de cuir, Le Saint, Destination danger ou Le Prisonnier. Ainsi, on reconnaît – sélection subjective - Peter Wyngarde, Bernard Lee, Lois Maxwell, Patrick Allen, Jane Merrow, Anton Diffring, Colin Jeavons, Peter Bowles, Gerald Sim, Freddie Jones, Peter Arne, Annette Andre, Valerie Leon, Philip Locke, mais aussi Jeremy Brett vingt ans avant qu’il devienne Sherlock Holmes et Edward Woodward au temps de Callan et bien avant Equalizer. Les réalisateurs sont également des familiers (John Moxey, Leslie Norman, Roy Ward Baker, Robert Asher, Don Chaffey, Cyril Frankel…) et la majorité des scripts fut écrit par Terry Nation (17 épisodes) et Dennis Spooner (12 épisodes), quatre fois en collaboration. Il faut aussi faire attention aux génériques car lorsque Tony O’Grady apparaît, ce n’est autre que le créateur des Avengers, le regretté Brian Clemens ! A l’origine, Paul Ferris fut engagé pour tenir le rôle de David Marlowe, l’assistant de Mannering, mais, comme souvent, les Américains – ABC ici – ont mis leur nez dans la production. Il faut reconnaître que leur intervention fut souvent des idées farfelues dans l’histoire des séries britanniques (Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement vôtre, Mission casse-cou entre autres). Ce n’est pas le cas pour Le Baron, bien au contraire. Ils ont préféré faire prendre du galon à la ravissante Cordelia Winfield, agent de
Quant à Steve Forrest, on aime ou on n’aime pas. Il est néanmoins crédible dans ce rôle rugueux parfois à John Mannering possède beaucoup de points communs avec Simon Templar ; les deux séries sont souvent comparées par les spécialistes. Les personnages appartiennent tous les deux à la jet-set ; ils ont un style de vie flamboyant et ils sont amateur de jolies femmes mais, personnellement, je trouve que Mannering est également à rapprocher de McGill, L’homme à la valise, tourné peu après. Les deux séries sont plus réalistes que Le Saint et elles s’appuient sur des acteurs américains afin de favoriser leur exportation. Cette comparaison a des limites car le jeu de Steve Forrest est loin d’être comparable à celui de Richard Bradford. The Baron est une série plus violente que Le Saint (Mannering va jusqu’à utiliser une mitraillette pour se débarrasser de l’opposition) mais beaucoup plus ‘soft’ néanmoins que L’homme à la valise. Comme pour les autres séries ITC, le marché américain était vital et certains termes furent doublés (‘whisky’ devint ‘scotch’ par exemple). Néanmoins, bien que l’accueil ait été positif au Royaume-Uni, la série n’eut pas le succès escompté aux USA, où The Baron fut diffusé au préalable, et elle s’arrêta après quatorze épisodes et une éventuelle seconde saison ne vit pas le jour. Dans ses mémoires parues en 2000, Director's Cut: A Memoir of 60 Years in Film and Television, Roy Ward Baker souligne qu’un des partenaires américains de la série était une marque de cigarettes. C’est la raison pour laquelle les personnages en grillaient lors des scènes de détente, jamais lorsqu’ils étaient effrayés ou stressés. De toute façon, tout le monde fume dans The Baron, n’importe où et n’importe quand…. Malgré les aventures à l’étranger – dans des pays exotiques ou derrière le Rideau de fer – la production ne quitta jamais le Royaume-Uni (à l’instar de Man in a Suitcase). La série fut tournée principalement aux studios Elstree et aux alentours de Borehamwood dans le comté de Hertfordshire, des endroits bien connus des fans de Chapeau melon et bottes de cuir, avec des acteurs britanniques imitant de nombreux accents étrangers lorsque l’histoire se passait hors de La voiture du Baron est une Jensen CV-8 argentée immatriculée BAR 1, qui fait penser par certains côtés à une Aston Martin (le bolide bénéficie d’un chapitre dans le livre Voitures de rêve des séries britanniques), tandis que Cordelia est au volant d’une DAF Daffodil 33, qui fait bien entendu moins rêver qu’une Lotus Elan. Deux films sont sortis sur grand écran dans certains cinémas européens; en fait, deux épisodes regroupés à chaque fois : Mystery Island est une réédition de Storm Warning et The Island, et The Man in a Looking Glass regroupe Masquerade et The Killing.
La série est sortie en France en deux coffrets de quinze épisodes chez l'éditeur LCJ éditions (9 septembre 2015 et 13 avril 2016). Pour les anglophones, les sorties anglo-saxonnes sont plus économiques – un seul coffret que cela soit l’édition australienne Umbrella ou britannique Network – et elles bénéficient de bonus malheureusement ignorés en France. Ainsi, plusieurs épisodes sont agrémentés des commentaires de Peter Wyngarde, Sue Lloyd (pour trois épisodes), Johnny Goodman, Roy Ward Baker et Cyril Frankel. Trois opus sont proposés avec des introductions de Peter Wyngarde, Brian Clemens et Annette Andre. C’est très bien fait et instructif. Ainsi, Peter Wyngarde raconte que pour son double rôle, il avait axé son jeu sur John Gielgud pour un des personnages, mais les producteurs américains ont trouvé que la voix sonnait ‘gay’ et ils l’ont doublé ! Dans un autre passage, on apprend que Roger Moore – alors en tournage du Saint dans les mêmes studios - venait souvent faire des blagues à Sue Lloyd et que Steve Forrest était moins réceptif. Sue Lloyd dit avoir été frustrée que son personnage, Cordelia, ait été si crédule et elle précise que son rôle dans la courte pièce de Chapeau melon et bottes de cuir était à l’opposé. Ces bonus permettent d’avoir un aperçu du tournage de la série, des techniques de production et de l’atmosphère sur les plateaux des séries ITC de l’époque, et j’encourage les anglophones à acquérir une version qui les présente. Bien que Le Baron n’ait pas la notoriété d’autres séries ITC, elle mérite qu’on s’y attarde. Les trente épisodes ne sont pas tous excellents mais on retrouve l’atmosphère et le charme inégalables des séries britanniques de l’époque. Les meilleurs de la trentaine constituent indiscutablement des grands moments de télévision et beaucoup de noms au générique sont familiers pour avoir été aperçus dans les productions cultes des années 60, à commencer Chapeau melon et bottes de cuir. |