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Saison 5Saison 1

Wycliffe

Présentation 


NOUVEAU - Retrouvez la présentation et le guide des épisodes de la saison 1 de Wycliffe par Patrick Sansano sur Le Monde des Avengers : http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1990/wycliffe-1993-1998Rejoignez la discussion autour de Wycliffe sur notre forum : http://avengers.easyforumpro.com/t6127-serie-wycliffe

Posted by Le Monde des Avengers on Thursday, October 29, 2015

Pour le téléspectateur français, « Wycliffe » fut la bonne surprise de l’été 1998. Le vendredi 24 juillet, Antenne 2 propose le premier épisode de la série et le succès est immédiat. Pour les britanniques, « Wycliffe » vient juste, le 5 juillet de la même année, de se terminer avec l’épisode final de la saison 5, « Le piège machiavélique ».

Rapidement, le succès est tel que tous les épisodes sont programmés dans la foulée, mais cette-fois le dimanche soir sur France 3 en remplacement de « Derrick ». Nous rattrapons donc, au grand galop, cinq saisons d’une traite. Mais le téléfilm pilote « Wycliffe and the cycle of death » diffusé sur ITV le 6 août 1993 n’est pas proposé, et ne se trouve pas d’ailleurs dans l’intégrale en DVD éditée par Elephant Films. Il faut dire que dans ce pilote, seul Jack Shepherd dans le rôle du superintendant Charles Wycliffe, demeure. Tous les autres personnages (que l’on retrouve dans la série) sont interprétés par d’autres acteurs.

La musique rappelle, par sa qualité et son thème entraînant, les meilleures productions des années 60-70. Elle est composée par Nigel Hess. Le générique en décors naturels nous montre d’emblée le paysage singulier des Cornouailles.

William John Burley, dit W J Burley (1914-2002) a toujours vécu aux Cornouailles. Il y est né et mort. D’abord ingénieur du gaz puis enseignant en biologie, il est passionné par l’écriture, sa vraie vocation.

Il a débuté sa carrière d’écrivain en 1966 à 52 ans et s’avoue d’emblée influencé par Georges Simenon. Il crée le personnage de Wycliffe deux ans plus tard, en 1968. Il en écrira 23 de 1968 à 2002, le dernier étant resté inachevé.

Présentons maintenant les personnages et leurs interprètes.

Charles Wycliffe est marié à Helen. Ils ont une fille, Ruth. Dans cette série réaliste, Jack Shepherd l’incarne avec sobriété. Wycliffe n’a que faire de la hiérarchie et son métier passe avant tout, bien qu’il ménage une vie de famille harmonieuse. Dans certaines enquêtes, il va se retrouver dans des situations limites. Ce n’est pas un héros invincible et il passera à deux doigts de la mort devant alors subir une longue convalescence. Durant cette période, c’est son équipe qui assurera la continuité. Nous verrons cependant notre héros dans l’intimité reprenant peu à peu ses forces après s’être fait tirer dessus. Affrontant sa hiérarchie, il se retrouvera dans une position impossible dans le tout dernier épisode, « Le piège infernal ».

Il est interprété par Jack Shepherd (1940-) lequel trouvait là le rôle de sa vie. Il a commencé sa carrière au théâtre en 1965. En 1969, il fait ses premiers pas au cinéma dans « All neat in Black Stockings » (inédit en France) aux côtés de la belle Susan George, vue dans l’épisode d’Amicalement vôtre, « Les pièces d’or ». Jusqu’à « Wycliffe », il est peu voire quasi pas connu de l’hexagone, bien qu’il ait participé à des séries et téléfilms vus chez nous. Citons « Les grands mystères d’Orson Welles », « La couronne du diable », « Les rescapés de Sobibor ». Après la série, qui lui a apporté une certaine notoriété, on le revoit notamment  dans « A la croisée des mondes : la boussole d’or » (2007) avec Nicole Kidman et Daniel Craig, et en 2015 dans un épisode de « Inspecteur Barnaby » : « Murder by magic ». Sa fille Catherine Shepherd est également comédienne. Jack Shepherd est le grand atout de la série, on le trouve attachant dès le début par sa douceur et son intégrité.

L’inspecteur Doug Kersey est un homme assez bourru, fidèle adjoint de son patron. Il est alcoolique mais fiable. La maladie de son interprète, Jimmy Yuill (1959-), atteint d’une méningite, entraînera l’annulation de la série en 1998. ITV ne veut pas l’engager pour une saison 6, les assurances s’y opposant. Par solidarité, Jack Shepherd et Helen Masters décidèrent d’arrêter la série. Le comédien s’est remis est a repris le chemin des studios. Peu connu chez nous, on l’a vu dans « La mort en direct » en 1980 avec Romy Schneider. Il a été vedette invitée de séries comme « Taggart » et « Inspecteur Frost ».

Troisième personnage du trio d’enquêteurs, l’inspectrice Lucy Lane. Professionnelle et  douée dans son métier, son interprète Helen Master (1964-), grande, longiligne et sans charme la rend froide et glaciale. Le contraste est étonnant avec Jack Shepherd qui fait plus « humain ». L’actrice a joué notamment dans « Diana princesse de Galles », « Inspecteur Barnaby » (« The animal within » en 2007) et « L’affaire du collier ».

Dans les trois premières saisons, le trio est accompagné de deux sergents : Dixon (Aaron Harris) et Potter (Adam Barker).

« Wycliffe » malgré son arrêt brutal en fin de cinquième saison mérite largement d’être redécouverte comme une série de qualité quelque part entre « Maigret » et « Barnaby ». Il est vraiment dommage que Jack Shepherd, sur les épaules desquelles repose la qualité de la série, n’ait pas fait une plus grande carrière.

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PrésentationSaison 2 2

Wycliffe

Saison 1 


1. LA BANDE DES QUATRE
(THE FOUR JACKS)

Scénario : Edward Canford-Dumas. Réalisation : Ferdinand Fairfax.

Résumé

Une jeune femme, Celia Dor, est grièvement blessée d’une balle dans la tête et se trouve dans un coma dépassé. Très vite, il apparaît qu’elle était en train de faire l’amour et a changé de position au moment où le tueur à tiré. Le suspect est son amant, le peu recommandable écrivain David Strive qui se dissimule ici sous son vrai nom de Cleeve.

Critique

Cette histoire de vengeance en différé est glaçante d’effroi. Le romancier David Cleeve/Strive (Bill Nighy, un sosie du chanteur Nino Ferrer) se révèle vite la personne visée, la fille n’ayant été qu’une victime collatérale. Personnage méprisable, marié mais avouant plus de 300 liaisons avec des jeunes filles sur une période de vingt ans, Cleeve est le premier d’une longue liste de personnages lisses en apparence que Wycliffe va mettre à jour (Un lord homosexuel dans le deuxième épisode). Comme dans « Inspecteur Barnaby », les britanniques les plus respectables se trouvent avoir des vies privées tumultueuses opposées au conformisme qu’ils affichent.

Ce « pilote » (si l’on excepte le téléfilm test de 1994) pose les jalons du cahier des charges de la série : décors filmés au maximum en extérieurs, nous permettant de découvrir les côtes des Cornouailles, voyages en hélicoptère sur fond de musique de Nigel Hess pour bien imprégner le téléspectateur du thème musical entraînant de la série. Lucy Lane, Doug Kersey, les sergents Dickson et Potter épaulent leur chef.

Jack Shepherd s’empare du personnage du superintendant Wycliffe sans faire d’esbroufe. Homme équilibré, posé, il tente toujours d’être rationnel et de ne pas se laisser dominer par ses émotions. Même si derrière le policier se cache l’homme que l’on voit bouillir parfois devant l’hypocrisie de ses semblables. Le dédain qu’il affiche pour l’écrivain playboy est clair et net. L’homme se sent menacé, Wycliffe lui répond que la police dispose d’effectifs restreints.

L’inspecteur Lucy Lane ne nous émeut jamais, faute à une Helen Masters froide comme un glaçon. On préfère la vulnérabilité de Doug Kersey, dont l’alcoolisme n’est pas encore évoqué, mais que l’on sent fragile.

L’intrigue est profondément dramatique. C’est l’histoire d’une vengeance qui s’étend sur plusieurs décennies, d’un homme qui a été pendu à l’époque où la peine de mort existait au Royaume Uni, de petites gens meurtries qui n’ont pas eu droit à la justice et d’un homme qui a décidé de se faire justice lui-même.

Pas d’humour dans « Wycliffe ». On se console avec deux choses, la profonde humanité que donne Shepherd au personnage principal, et les décors absolument superbes. Cleeve a proposé à des étudiants en archéologie de leur fournir des cottages, mais pour se « fournir » en jeunes femmes. Le sort du  personnage de cet écrivain cynique nous laisse de marbre.

A la 16e minute, le téléspectateur, lors d’un second meurtre, voit le visage de l’assassin mais ignore son identité. Ce personnage n’est pas l’un des protagonistes que l’on nous a présenté. La seconde victime est un certain Roger Keatson qui se promenait son chien sur la plage.

Le sergent Potter apparaît comme un jeune homme assez joufflu, timide mais gourmand. On découvre que Keatson multipliait les fausses identités. Le suspect du meurtre de Celia (elle ne survivra pas) croise le regard de Wycliffe à la 20e minute. On a vu une voiture de marque « Metro » à proximité du domicile de Celia, l’écrivain en a une, le tueur aussi. Sans être devin ou doté de pouvoirs surnaturels, Wycliffe comprend que l’homme entr’ aperçu est suspect.

Sans être un père la pudeur, Charles Wycliffe ne peut s’empêcher d’exprimer son dédain devant David Cleeve qui racontant le mort de Celia se félicite de ses performances sexuelles. Wycliffe est un bon père de famille, qui aime sa femme, et a du mal avec les déviances de ses semblables. Il est une sorte de Steve Mc Garrett-Jack Lord british, qui se donne à fond dans son métier (plus une vocation qu’un emploi) mais a aussi l’équilibre d’un foyer. Cela lui permet de prendre toujours de la distance avec les aspects sordides qu’il doit parfois affronter dans ses enquêtes.

A la 30e minute, le héros change d’orientation dans son enquête. L’intérêt de l’écrivain pour Keatson lui fait comprendre que les deux hommes se connaissaient.

Lucy et Potter sont sur la piste du possesseur d’une voiture Metro, Gerald Prout. Sans poursuites, sans bagarres, « Wycliffe » s’avère une série palpitante tenant en haleine le spectateur.

Une vieille affaire datant de 1960 ressurgit : Jonathan Welsh, convaincu d’avoir tué un policier, a été pendu. Il était le frère de Mrs Prout. Elle accuse un certain John Larkin d’avoir été le vrai coupable. Roger Cross était un des complices – chacun ayant le pseudonyme de « Jack », qui se révèle être Keatson. Un troisième comparse étant mort en prison, il ne reste que Larkin. Ne se cacherait-il pas sous une énième identité ?

Bill Nighy, né en 1949, qui incarne l’écrivain Cleeve/Strive né d’après Kersey le 5 septembre 1931, paraît bien trop jeune pour le rôle, ce qui nuit à la crédibilité quand on devine qu’il est le quatrième « Jack », le fameux Larkin.

On éprouve peu de compassion pour la victime, mais on comprend que Wycliffe ne condamne pas vraiment l’assassin qui a fait justice lui-même. A propos de la mort de Celia Dor, Prout confesse ses remords : « c’est toujours l’innocent qui paie, c’est pas juste ». Wycliffe semble l’approuver.

Shepherd est absolument fabuleux dans cette scène.

La dernière scène montre le cœur de la comateuse qui cesse de battre. « Wycliffe » est le reflet du monde réel, où l’optimisme et la candeur ne règnent pas.

Anecdotes

  • Dans cet épisode, Wycliffe téléphone à son épouse pour lui parler de l’enquête qui le retient sur les lieux. On comprend que son travail le conduit à des déplacements continuels.

  • Lucy trouve que Doug Kersey est « graveleux » et que ses allusions sexuelles dans une enquête sont déplacées.

  • Wycliffe pense que Lucy Lane aura un jour de la promotion, il lui confie être exaspéré par les rivalités entre les services de police pour les effectifs qui manquent cruellement ici. Il le déplore à plusieurs reprises dans cette enquête.

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2. LA MORT D'UN FLÛTISTE
(THE DEAD FLAUTIST)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

Deux jeunes amoureux découvrent un flûtiste mort, apparemment par suicide. Wycliffe comprend que c’est un meurtre déguisé en suicide et que la victime, homosexuelle, était l’amant d’un membre de la chambre des Lord. Peu après, on retrouve le corps d’une domestique qui a disparu depuis quelque temps. Le scandale menace une grande famille d’aristocrates, les Bottrell.

Critique :

Il ne faut pas se fier aux apparences : les premières images montrent des amoureux la nuit. Leur quiétude est troublée par un coup de feu. Ils voient un homme s’enfuir, et trouvent un flûtiste « suicidé », le régisseur du domaine des Bottrell : Tony Miller. Seule la jeune fille, Jean Lander, donne l’alerte. Paul, le fils de famille, ne veut pas être mêlé à l’enquête.

La famille Bottrell se compose de Lord Hugh, Lady Cynthia, le fils Paul qui refuse de tendre la main à Wycliffe et d’un militaire bourru et agressif, Guy, le frère du Lord.

Celle de la jeune Jean est aussi pittoresque : le père Steven Lander, un avocat, photographe à ses heures, l’épouse Edith. Wycliffe comprend vite que la fille a menti et que ces deux familles cachent de lourds secrets, à commencer par la disparition de Lizzy Biddick, une domestique partie et jamais arrivée à Londres. De mœurs légères, Lizzy est trouvée morte à son tour dans les bois. Peu avant cette macabre découverte, on avait su que Lizzy Biddick posait pour des photos de nu. Lady Cynthia, pour donner un alibi à son beau-frère Guy le militaire, prétend être sa maîtresse. Quand à l’auteur des photos nues de la victime, c’est l’avocat.

Lucy fait parler les paysans du manoir, les employés. Ils évoquent sans détour  l’homosexualité de Miller. Lord Cottrell révèle la sienne à Wycliffe. Il était l’amant de Tony, et en était éperdument amoureux. Le comédien Jeremy Clyde est brillant dans le rôle.

Ici, le meurtrier a tué pour rien, ayant contracté le SIDA au Kenya. Tout a l’aspect d’une tragédie grecque. On retrouve, avec le mépris de Wycliffe pour les aristocrates, l’héritage de Simenon dont Maigret détestait la bourgeoisie.

L’ambiance est assez étouffante. Kersey interroge l’avocat Steven Lander, qui admet avoir photographié nue Lizzy et d’autres jeunes filles. Selon lui, c’est de l’art. Le policier le prend pour ce qu’il est, un pervers.

Wycliffe comprend qu’il existait un triangle amoureux entre Lizzy, Tony Miller et Lord Hugh Cottrell.

Tout au long de l’enquête, tant Kersey que Wycliffe éprouvent un profond dégoût pour les perversions auxquelles ils sont confrontés. Pas l’homosexualité, ils ont l’esprit moderne, mais la pornographie, la violence conjugale de l’avocat, lequel n’a pas hésité à assumer ses penchants pédophiles (il voulait photographier sa propre fille nue, et devant son refus l’a faite chanter).

Le bourru militaire Guy Cottrell ne rachète pas le reste. Quand aux aristocrates, dont Lady Cynthia, ils s’embourbent dans le mensonge, l’hypocrisie, jurant par la religion. « Dieu nous préserve de la religion » déclare Wycliffe dans la première scène quand il arrive au manoir où des devises et des tableaux illustrent les guerres saintes.

Peu d’action (à la différence d’autres enquêtes), une ambiance qui rappelle « Barnaby », un excellent épisode que conclut Wycliffe en disant que « les aristocrates rendent la justice eux-mêmes ».

Anecdotes :

  • La voiture de Wycliffe est une Audi break.

  • Wycliffe évoque devant un suspect le fait qu’il est lui-même père d’une fille.

  • Première évocation de l’alcoolisme de Kersey qui drague maladroitement une collègue, Sally. Il fait une seconde tentative et apparaît aux yeux de sa collègue comme « lourd ». La femme changera d’avis trop tard, car Kersey rentre à Combord, l’enquête étant terminée.

  • Doug Kersey aime les restaurants indiens.

  • Le père de Wycliffe était employé dans une ferme, chassé, il s’est suicidé d’une balle dans la tête avec un calibre 12. Le superintendant s’est confié à Lucy qui le répète à Doug. Celle-ci veut ainsi expliquer que le chef habituellement si calme s’énerve.

  • Les propos sur l’homosexualité tenus ici en 1994 ne pourraient plus l’être en 2015 au nom du politiquement correct, ils seraient jugés homophobes. Par exemple, Doug évoque un homme bisexuel comme « à voile et à vapeur ». Plus tard, le frère Guy, parlant de Lizzy, « elle avait couché avec cette sale pédale » et qualifie son frère  de « sale phoque ».

  • Le thème du SIDA est évoqué ici.

  • Doug est du signe du taureau.

  • Jeremy Clyde (1941-) a joué dans « Le docteur Jivago », « La dame de fer », « Kaspar Hauser » (version 1993).

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3. LE BOUC ÉMISSAIRE
(THE SCAPEGOAT)

Scénario : Russell Lewis.  Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

Chaque mois d’août, les habitants d’un village de Cornouailles font brûler un mannequin à l’intérieur d’une roue qu’ils jettent à la mer. Une femme croit avoir vu que le mannequin était un homme mort. Or un certain Jonathan Riddle vient de disparaître.

Critique :

Si W.J. Burley n’avait pas avoué s’être inspiré de Maigret pour créer Wycliffe, ce serait évident dans cet épisode digne du commissaire à la pipe.

Très bon épisode avec une enquête de Wycliffe chez un sorcier, mais vers la fin, l’intrigue traîne légèrement en longueur ce qui lui coûte sa quatrième étoile.

On avoue être surpris lors de la scène du village du far west qui arrive brusquement au point que le téléspectateur de l’époque, déconcerté, a pu penser avoir appuyé sur la télécommande et être passé sur une autre chaîne. Il s’agit en fait d’une sorte de kermesse à la mode western dans ce village où les habitants sont, c’est le moins que l’on puisse dire, légèrement allumés.

Dès le début, Wycliffe est certain de tenir une piste. Son flair le conduit chez la belle Mariah Penrose, la maîtresse d’école (et maîtresse aussi de la victime mais pour tout autre chose que les manuels scolaires). Elle est incarnée par Susan Penhaligon, comédienne que l’on a pu voir dans des productions populaires au cinéma et à la TV.

Les motifs du double meurtrier (puisque le sorcier Ephraïm Gardner à son tour est assassiné) sont quelque peu obscurs. L’explication est donnée très rapidement. L’opus nous propose des scènes d’action étonnantes, avec une Lucy moins présente que dans les premiers épisodes au profit de Kersey. Dixon et Potter sont là aussi mais n’assurent pas des rôles majeurs.

Le réalisateur se régale visiblement avec les scènes à filmer : la descente de la roue le long de la falaise, Wycliffe au bord de la mer lorsqu’il rencontre Mariah ce qui rappelle les scènes du générique de fin, enfin la séquence « western » totalement insolite qui voit Shepherd prendre une pose de tireur qui n’aurait pas dépareillé dans « Il était une fois dans l’Ouest ».

Anecdotes :

  • Wycliffe boit de l’eau avec son repas, Kersey et Dixon de la bière brune.

  • On ne comprend pas pourquoi Gardner n’est pas arrêté après avoir menacé d’un fusil et tiré sur Kersey.

  • Le médecin légiste parle des enfants de Wycliffe, il n’a donc pas qu’une fille.

  • Premier contact (téléphonique) entre Wycliffe et son chef.

  • Au commissariat, l’interrogatoire de Matthew, fils de la victime, est enregistré sur des cassettes audio.

  • Susan Penhaligon (1949- ) a joué dans « Docteur Who » saison 1972, « Le sixième continent » (1975), « Maîtres et valets », « Le retour du Saint », « Bizarre, bizarre », « Les enquêtes de Remington Steele », « Bergerac », « Inspecteur Frost ».

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4. LA TOILE D’ARAIGNÉE
(THE TANGLED WEB)

Scénario : Andrew Holden. Réalisation : Ferdinand Fairfax.

Résumé :

Elinor Clemo vient de mourir. C’est la dernière survivante de la famille qui héritera d’un tableau de Pissaro, Agnès. En réalité, cette dernière est morte d’une hémorragie cérébrale et pour hériter, Jane Rule sa belle-soeur l’a faite congeler. Hilda Clemo, une lolita, qui se prétend enceinte, et a plusieurs amants, est au courant de la supercherie. Elle disparaît.

Critique :

Intrigue ingénieuse qui mélange deux histoires pour finalement faire croiser les deux fils scénaristiques. On regrette vraiment la trop rapide disparition de la jolie Hilda (Stephanie Bluttle). Petite peste mais bigrement attirante.

Wycliffe cette-fois est bien entouré de son équipe : Lucy, Kersey, Potter et Dickson, qui se répartissent à part égale les tâches. Le superintendant va trouver la vérité au terme d’un coup de théâtre qui est le spoiler de l’épisode et qu’il n’est bien entendu pas question de révéler.

Autour de cet héritage, deux lignées d’une famille se déchirent. Malgré l’atmosphère purement anglaise, on se croirait dans un « Maigret ». Wycliffe ici mène surtout des interrogatoires dans un camping où des caravanes stationnent à l’année. On découvre la vénalité de deux hommes qui s’arrangent pour se donner des alibis et tromper leurs femmes.

Neil Innes et son épouse handicapée après un accident de voiture Polly sont au centre du drame. Hilda était la maîtresse de Neil, après avoir eu une aventure avec le jeune et écervelé Ralph qu’elle veut convaincre d’épouser. Francis Harvey, un expert en antiquités, malheureux en ménage, complice occasionnel de Neil Innes, n’est pas non plus un personnage reluisant.

Le personnage du demeuré, le fils de Jane Rule, Clifford, est assez inutile. Il traîne sa silhouette dégingandée tout au long de l’épisode. Mais il n’a pas de véritable importance dans l’intrigue. Wycliffe après l’affaire de la femme congelée se concentre sur la disparition d’Hilda, et son meurtre (on la retrouve sur un chantier) change le sens de l’enquête.

On a parfois un peu de mal à s’y retrouver dans ces histoires de famille. Wycliffe pense que la tableau de Pissaro est la cause du meurtre d’Hilda qui avait écrit à un musée pour le faire expertiser. Mais les tréfonds de l’âme humaine dépassent parfois les questions matérielles. Pour trouver l’assassin, parmi la multitude de coupables potentiels, il va devoir faire fonctionner ses neurones. Finalement, le titre est très bien trouvé, une vraie toile d’araignée. En menant ses interrogatoires de façon méthodique, Wycliffe reconstitue les pièces du puzzle. Et découvre la vérité.

Jack Shepherd s’affirme comme un comédien exceptionnel. A la manière d’un Peter Falk dans « Columbo », il a parfois l’air besogneux et laborieux mais son côté Jack Lord Mc Garrett l’impose. Bien que toujours aussi froide, Helen Master en Lucy Lane fait aussi un sans faute. Jimmy Yuill ne dispose pas cette-fois de scènes qui lui permettent de faire mouche ou d’étoffer son personnage de Doug Kersey sur lequel l’épisode ne nous apprend rien de plus. La fin est bouleversante, le drame humain triomphant de l’énigme policière.

Anecdotes :

  • Lors de l’enterrement d’Elinor Clemo, nous apprenons que nous sommes en 1994.

  • Nous voyons au début une photo des enfants de Charles Wycliffe. A une question d’un suspect, il répond qu’il a un fils de 16 ans et une fille de 14.

  • Dans cet épisode, Wycliffe a un affrontement au téléphone avec sa hiérarchie à laquelle il demande des moyens en homme et en matériel.

  • Stephanie Buttle ne tourne plus depuis 2002 après une trop courte carrière. Elle est surtout connue pour son rôle au cinéma dans « Un divan à New York ».

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5. LE DERNIER SACRIFICE
(THE LAST RITES)

Scénario : Rob Heyland. Réalisation : A. J. Quinn.

Résumé :

On découvre la femme de ménage de l’église d’un village, un certaine Jessica Dobell, tuée à coups de marteau. Arrivé sur les lieux, Wycliffe est effaré de voir qu’il a affaire à une population de catholiques intégristes. Les suspects ne manquent pas.

Critique :

Cet épisode nous en apprend beaucoup sur la psychologie de Charles Wycliffe. Il se montre plus homme que policier dans cette enquête, se mettant en colère, chose rare chez lui. Dès le début, il se fait une idée sur le crime. Etudiant des passages de la Bible, il est consterné de voir que certains peuvent appeler au meurtre. « Brises leurs dents au seigneur dans leurs bouches, abats les impies et les licencieux ! ». « Le vertueux se réjouira à l’heure de la vengeance, il se lavera les pieds dans le sang des impies ». Lors d’un échange verbal avec l’un des nombreux suspects, la victime étant de mœurs légères, il établit que le mobile du crime est religieux. Cartésien, le superintendant est pressé d’en finir avec cette enquête et l’on sent qu’il étouffe véritablement dans ce village où la seule distraction est l’église !

Pas d’action mais beaucoup d’interrogatoires dans l’épisode. En 2015, cet opus sur l’intégrisme religieux a gardé toute son actualité et fait froid dans le dos. Bien entendu, on ne dira pas qui est le coupable, mais il a simplement agi pour des mobiles religieux. Dans ce village, il n’y a guère que le propriétaire du pub qui semble affable. Les autres sont soit soumis, soit fanatiques. Mais il finira par éprouver de la sympathie pour un « pêcheur », l’amant de la victime qu’il considère comme ayant de la générosité d’esprit, de la bonté. « C’est un homme bien » hurle-t-il.

Jack Shepherd incarne à merveille le policier sortant de ses gonds. Wycliffe va dans ce dossier bien au-delà de son métier, émettant des opinions personnelles. Il fait non seulement le procès du coupable, mais aussi de certains passages de la Bible. Il est humain, tout simplement. Tellement énervé, il couche la première nuit dans sa chambre d’hôtel tout habillé (dans une seconde scène, Lucy Lane vient le réveiller en pyjama). Après les aristocrates, les intégristes religieux sont dans sa ligne de mire. Il éprouve un profond dégoût pour celui qui a tué, et lorsqu’il le met en état d’arrestation, on le sent libéré.

C’est un épisode sous haute tension, pas spectaculaire mais profondément dense. Même si ce film est excellent, on déconseillera de commencer par cet opus non représentatif de la richesse de la série. L’interprétation domine, au détriment de l’action policière. La suite de la série nous montrera d’autres aspects plus attendus et distrayants de l’univers de « Wycliffe ».

Anecdotes :

  • Le médecin légiste, le docteur Franks, apparaît dans 30 épisodes de la série dont tous ceux de la saison 1. Il est interprété par Tim Wylton (1940-). On l’a vu dans « La légende des Strauss » (1972) avec Jane Seymour, « Thriller », « Regan » avec John Thaw, « Bergerac », « Hercule Poirot », « Inspecteur Frost », « Cadfael », « Bugs » de Brian Clemens, « Absolutely fabulous » et « Inspecteur Barnaby ».  Il a arrêté sa carrière en 2010. Franks fait donc partie intégrante de l’équipe d’enquêteurs de la série.

  • Pour la première fois dans la série, on voit Wycliffe se fâcher contre des témoins. Mais aussi contre Lucy. « Lucy, je voudrais que tous les policiers aillent se mettre au lit, c’est une enquête pour meurtre, pas une réception de mariage ».

  • Le révérend Jordan assume des penchants homosexuels. Ce qui est surprenant dans un village aussi intolérant.

  • Wycliffe s’énerve contre les « chrétiens fanatiques ». Deuxième manifestation de sa part contre la religion après « La mort d’un flûtiste ». A l’intérieur de l’église, il dira à Lucy « J’ai besoin d’air ».

  • Wycliffe déteste les phobies irrationnelles et  les chauves-souris.

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6. LE BATEAU VERT
(THE PEA-GREEN BOAT)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : A. J. Quinn.

Résumé :

Dans un port de pêche non loin de Truro, le bateau d’Harry Tremaine explose. Grâce aux hélicoptères de la Royal Navy, on retrouve son corps. Le suspects sont légion : son épouse, Greaves l’associé du mort amant de la veuve, Freddy le fils de la victime, David Jones un employé de garage automobile fils naturel du défunt, et enfin un promoteur immobilier aux méthodes musclées auquel résistait Tremaine.

Critique :

Les producteurs, conscient que la série ne pourra perdurer sur le schéma de départ, décident de mettre de l’action et des moyens pour épater le téléspectateur. Cet épisode final de la première saison  va donc nous en mettre plein la vue : poursuites en voitures, balades en hors bord, intervention des hélicoptères de la Royal Navy, décors naturels enchanteurs.

L’important est que la série ne perde pas son âme et c’est le cas. Sans tomber dans les invraisemblances de James Bond, « Wycliffe » reprend désormais, parfois un peu au détriment du réalisme, les clés des productions populaires.

« Le bateau vert » nous propose le coupable idéal : le fils, Freddy, propriétaire d’un garage, joueur et ayant des dettes, aimant les femmes, les belles automobiles et la vie de luxe, et qui a tout intérêt à hériter. Wycliffe le fait arrêter. Alexandre Greaves, l’amant de la veuve, associé, voulait vendre le port (Tremaine était propriétaire de quasiment tout l’endroit) à un personnage louche et dangereux : Daniel Forbes, toujours escorté d’un gorille : George Garner.

Avec le personnage de Forbes, entouré de jolies filles en bikini, cynique, milliardaire, on quitte un peu l’univers de « Wycliffe » et l’homme n’aurait pas détonné dans « Banacek » ou « James Bond ».

Mais les suspects sont tellement nombreux que Wycliffe a du mal à se contenter de l’arrestation de Freddy, surtout lorsqu’il découvre que l’employé du garage de ce rejeton gâté, David Jones, est le fils naturel d’Harry Tremaine. Il va donc se démener pour trouver la vérité, Forbes et son menaçant Garner étant le danger le plus sensible aux yeux du téléspectateur. L’intelligence du scénariste et des producteurs est de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, la solution étant peut-être sous nos yeux dès le début et pour des motifs bien plus humains et personnels que les colossales  fortunes qui sont en jeu.

Terriblement malin, dirons-nous presque « diaboliquement », le superintendant Charles Wycliffe fait mine de ne rien voir mais suit jusqu’au bout ses intuitions qui vont le mener au meurtrier.

Episode à couper le souffle, ne laissant pas une minute de répit au spectateur, mais conservant le charme des cinq premiers opus, « Le bateau vert », sans conteste le meilleur numéro depuis le pilote, permet de terminer en beauté une saison 1 qui avait tous les atouts pour être ainsi renouvelée.

Jack Shepherd reste à sa place de superintendant sans jamais se prendre pour un héros qui échappe miraculeusement aux balles. On ne le trouve pas très adroit pour poursuivre l’assassin (son Audi 80 break 20e finit vite sur le bord de la route) mais qu’à cela ne tienne : il monte dans la voiture conduite par Lucy. La scène finale au bord des falaises est époustouflante et nous en donne pour notre argent. L’univers de « Wycliffe » nous permet de passer de l’austère village et de l’église de « Le dernier sacrifice » à ce « bateau vert » qui cette-fois nous sort des influences de Simenon et conclut la première saison en grandes pompes.

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Anecdotes :

  • Ann Stallybrass (1938-) est connue des anciens téléspectateurs français pour avoir été la vedette de la série « La grande aventure de James Onedin » que l’ORTF programma en 1973. La même année, nos compatriotes la virent dans « Les six femmes d’Henry VIII ». Elle revint sur les petits écrans français l’année suivante en tenant le premier rôle féminin de « La légende des Strauss ». Elle incarne dans cet épisode Mrs Tremaine.

  • Lucy Lane a envie d’être mutée à Londres.

  • Doug Kersey travaille depuis dix huit ans dans la police.

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Saison 2Saison 4

Wycliffe

Saison 3


1. MORT À L’ARRIVÉE
(DEAD ON ARRIVAL)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : Michael Owen Morris.

Cette saison 3 commence par un changement de producteur : Michael Bartley remplace Geraint Morris qui assurait ce rôle durant les deux premières saisons.

Résumé :

Alors que la famille Wycliffe fait une fête pour le 25e anniversaire de mariage, des douaniers découvrent cinq clandestins morts dans un camion avec des passeports volés.

Critique :

Nous faisons connaissance enfin avec la famille Wycliffe : pour leur 25e anniversaire de mariage, les enfants Ruth et David ont ménagé une surprise à Helen et Charles. Pour la première fois, Wycliffe fait preuve de beaucoup d’humour. Un aspect qu’on ne lui connaissait pas, et que Jack Shepherd restitue à merveille.

Les saisons de « Wycliffe » étaient diffusées sur ITV l’été, de juin à septembre. En juin 1996, cette histoire de migrants clandestins était très en avance sur l’actualité. La fête est gâchée pour notre héros puisqu’il doit intervenir sur une affaire de migrants clandestins retrouvés morts.

Dans cet épisode, la proportion fête/enquête n’est pas équilibrée, puisque c’est après une longue introduction à la fête (où tous les amis du policier sont réunis) que Wycliffe est obligé de planter sa petite famille pour s’occuper de l’affaire.

C’est la partie festive qui est la plus réussie. L’enquête en soi n’est pas au dessus de l’ordinaire. Toute la faute est mise sur un chauffeur, Eddie Sowden, mais Wycliffe a des doutes. Il soupçonne plutôt son patron Jack Carlyon.

On note que la gravité de l’affaire s’amplifie : au début, seul Potter doit renoncer à une soirée avec Avril pour aider Dickson, puis Lucy et Kersey quittent la cérémonie. Enfin, le chef n’a pas le choix et doit quitter sa famille bien déçue.

Le trafic des migrants est une filière entre la France et les Cornouailles. Lucy Lane trimballe sa grande silhouette d’éternel glaçon, triste à mourir. Helen Masters n’a pas beaucoup de charisme mais convient parfaitement à ce personnage triste.

L’enquête de Wycliffe est de pure routine, mais c’est tout de même un bel épisode, surtout pour les scènes permettant enfin de voir sa famille. Le trafic de migrants n’est pas vraiment dans le registre de notre superintendant : les candidats au voyage clandestin paient 10 000 livres. Les immigrants sont des indiens.

« Je suis britannique et j’ai des droits » dit Menna Desai. Cette britannique d’origine indienne voulait faire venir son mari, mais s’est heurtée aux services de l’immigration.

Jack Shepherd s’en tire avec les honneurs et réussit le prodige à nous captiver à partir d’un scénario qui n’est pas de haut vol. Peut être les nombreuses histoires d’immigrés clandestins en Angleterre aux actualités nous ont rendu le sujet un peu banal.

On est heureux de voir Wycliffe tentant de rattraper le fait qu’il ait faussé compagnie à sa femme à la fête lorsqu’il veut l’inviter à dîner. Mais vingt cinq ans de mariage n’ont pas habitué Helen aux déconvenues, et elle lui en tient rigueur, refusant l’invitation. On passe sans cesse de la vie privée de Charles Wycliffe à l’enquête. En cela, l’épisode est une grande réussite. Il faut dire aussi que c’est la première incursion (mais pas la dernière) dans la vie de famille du policier.

L’épisode se termine par la réconciliation autour d’un dîner dans un grand restaurant entre Wycliffe et son épouse enfin compréhensive.

Anecdotes :

  • Lynn Farleigh (1942-) qui est Helen Wycliffe a joué dès 1964 dans une série culte inédite chez nous « Z cars ». On l’a vu ensuite dans « Nouvelles de Somerset Maugham » (première série diffusée par la chaîne 3 ORTF en janvier 1973), « La légende des Strauss », « Bergerac », « Inspecteur Wexford », « Inspecteur Morse », « Sherlock » et au cinéma « Le mystère des fées, une histoire vraie ». Sa dernière apparition date de 2014.

  • Helen Wycliffe est professeur de littérature.

  • Charlie Hayes ( ?-) qui débutait dans cette série dans le rôle de Ruth, la fille du superintendant, ne tourna que huit rôles ensuite.

  • Gregory Chilsom a peu tourné (28 rôles de 1986 à 2009). Après avoir été David, le fils de notre héros, il est devenu assistant-réalisateur de courts métrages.

  • Grace Mitchell incarne la mère de Wycliffe, Irene. Elle est en réalité professeur de théâtre, passion qu’elle a léguée à sa fille Ruth Mitchell. Comme actrice, elle n’a tourné que 13 rôles de 1990 à 2002.

  • Potter fréquente toujours l’infirmière Avril.

  • Wycliffe présente Lucy Lane à sa mère venue spécialement du Yorkshire. On comprend qu’elle connaît déjà Kersey.

  • Le hobby de Wycliffe est de jouer du piano jazz, clin d’œil au fait que Jack Shepherd est un musicien reconnu (plutôt pour le saxophone).

  • Il est fait allusion à la crise de la vache folle.

  • Le personnage de Jack Carlyon (Nick Dunning) est doublé par Dominique Paturel.

  • Adam Barker, qui incarne Potter dans 22 épisodes, a été emprisonné en 2012 pour pédophilie et possession de photos pornographiques d’enfants. Il a purgé une peine de douze mois de prison.

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2. LE MONSTRE DE BODWIN
(NUMBER OF THE BEAST)

Scénario : Jonathan Rich. Réalisation : Michael Owen Morris.

Résumé :

Un instituteur est assassiné par une bête mystérieuse dans la lande. Puis c’est au tour d’un vicaire, tandis que la population croit à l’intervention d’une malédiction.

Critique :

L’aspect fantastique de cet épisode est vite mis de côté, bien que l’on ait affaire à un descendant du chien des Baskerville. Mais trop rapidement, le scénariste révèle le pot aux roses. Aussi, malgré une mise en place de moyens assez imposante côté réalisation, le téléspectateur n’a pas le temps d’avoir peur.

C’est un soldat chassé de l’armée après la guerre du golfe qui est le criminel, avec l’aide de son chien. L’homme a perdu la raison et seul Kersey, qu’il a pris en otage, le comprend. Ce Rambo britannique, Davie Trelan, est plus pathétique qu’autre chose. Un pauvre type qui ne demande qu’à parler. L’épisode évoque la récente guerre de Bosnie où il s’est engagé comme mercenaire. L’armée britannique fait l’objet d’une critique au vitriol (l’homme a servi à Belfast, puis dans le Golfe où il affirme que les autorités l’ont drogué).

Cette absence de mystère laisse donc la place à un opus essentiellement consacré à l’action. Notons qu’au début, et bien que l’on ne le voit pas en famille, Charles Wycliffe est à son domicile, un changement par rapport aux deux premières saisons.

Kenneth Coley (1937-) qui incarne l’homme qui répand l’histoire de la bête, Sam Peploe, est bien connu pour avoir joué dans «  L’empire contre attaque », « Le retour du Jedi », « Firefox, l’arme absolue » et « La vie de Brian », alors que le meurtrier fou, Trelan, a le visage de Robert Perkins (1966-), un comédien de télévision.

On a le sentiment que le scénariste a changé son fusil d’épaule en cours de route, débutant un récit flirtant avec le fantastique pour vite nous présenter un film sur les vétérans rejetés de la guerre. En choisissant l’une des deux options, on aurait atteint la perfection.

Après quelques scènes nocturnes, c’est la lumière qui prédomine avec l’assaut donné par la police au repaire du soldat déchu. Un très bon épisode, mais le mystère et le fantastique s’éclipsent vite pour une intrigue plus classique.

Anecdotes :

  • Dans cet épisode, Kersey pourrait mettre fin à son célibat. Mais l’aubergiste divorcée qui voudrait faire sa vie avec lui veut qu’il quitte la police et cesse ses allées et venues dans les Cornouailles.

  • Le vicaire fait une longue citation de Platon sur « la bête à l’intérieur de nous ».

  • Pour la première fois, Kersey se révolte contre son équipe, tandis que Lucy lui fait un sacré sermon, n’ayant rien à faire de la vie de Trelan.

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3. LE TRÉSOR MAUDIT
(SLAVE OF DUTY)

Scénario : Jonathan Rich.  Réalisation : David Innes Edwards.

Résumé :

On retrouve une voiture en mer, au pied de la falaise. La police recherche son propriétaire. Peu après, un corps tué à coup de fusil est trouvé, Jamie Yelland, ami d’un historien, dans un trou peu profond dans une ferme.

Critique :

Deuxième gros ratage de la série après celui de la saison 2 « Perdu de vue », faute à un scénario absolument anémique. Cette histoire de trésor du fond des âges recherché depuis des siècles (1780) et qui se trouverait sur une terre de Cornouailles est ennuyeuse à mourir. Le titre original « Slave of Duty » évoque le fait que Lucy tombe amoureuse d’un suspect et qu’il ne lui pardonnera pas de l’avoir considéré comme un meurtrier potentiel.

Le reste du script est profondément laborieux, et tout le talent des comédiens ne pouvait rien faire pour sauver l’entreprise du naufrage.

On comprend dès le début qu’il ne faut pas attendre des miracles de cette banale enquête policière. Pour une autre série, on serait plus indulgent, mais vu la qualité de « Wycliffe », l’épisode n’est pas du tout à la hauteur de l’attente.

L’enquête commence auprès de la petite amie de Yelland, Sarah Penna. Chez eux, on trouve un détecteur de métaux. Il s’agit de plongeurs qui ont trouvé un trésor mais ne veulent absolument en parler à personne pour ne pas payer de taxes ou en donner une partie au gouvernement. L’histoire est tirée par les cheveux, les plongeurs fréquentant un groupe théâtral et un historien, Treloar, au courant d’un naufrage où un trésor a disparu.

La chasse au trésor est un classique des séries, mais le thème est rebattu. La romance entre Lucy et l’ex-associé du mort, Adam Nankivell, prend une part trop importante dans l’intrigue.

Daniel Hopden, le propriétaire du terrain où l’on a trouvé Yelland est le principal suspect avec le prétendant de Lucy.

Jack Shepherd n’a pas grand-chose à défendre, son personnage étant sacrifié à la romance de Lucy et Adam.

Le vieux docteur Donald Treloar, l’historien local, est mêlé à l’affaire et connaît l’auteur du meurtre : l’assassin le réduit vite au silence juste après une visite de Wycliffe où le policier l’accuse d’avoir expertisé des pièces volées par Yelland. On se perd dans les méandres du parcours historique entre le naufrage de 1780 et nos jours. L’ancêtre de Daniel Hopden est celui qui a jadis volé le trésor et l’a caché sur la propriété.

On part sur la piste d’un personnage, Van Der Harlen, un hollandais, qui aurait l’intention de racheter le trésor. Nous ne le verrons pas, il est en prison dans son pays.

A la charge de Lucy, tout accusait Adam Nankivell, le dernier à avoir vu le docteur Treloar, du moins aux yeux du téléspectateur. Le coupable était tout autre, nous sommes cette-fois dans un whodunit, genre qui ne réussit pas à la série.

On s’ennuie vraiment, et une deuxième vision n’arrange pas les choses, confortant le critique dans l’impression que cette histoire manque vraiment de tonus.

Anecdotes :

  • Nous sommes en 1996 et les disquettes d’ordinateur, aujourd’hui obsolètes, recèlent une partie du secret, un objet qui ne dira rien aux générations actuelles.

  • Lucy révèle un autre de ses hobbies : celui de plongeur. N’oublions qu’elle pratique aussi l’équitation (« Le cheval de Troie »).

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4. PERDU CORPS ET BIEN
(TOTAL LOSS)

Scénario : Isabelle Grey. Réalisation : David Innes Edwards.

Résumé :

Parce-qu’il a dépassé son quota de morues pêchées et récidivé, Joe Mawman est traqué par la police maritime. Acculé par les amendes, il décide de saboter son bateau pour toucher l’assurance mais provoque la mort de son meilleur ami Don Collins.

Critique :

Un épisode de « Wycliffe » presque sans Wycliffe ! Jack Shepherd fait une brève apparition au début, le superintendant devant aller à une réunion au sujet du budget de la police à Londres. Il revient à la 30e minute.

Violent réquisitoire contre la communauté européenne et ses lois sur les quotas de pêche de morue, cet opus est plus dramatique que policier. Lucy et Kersey se coltinent tout le travail. Suite à l’infraction commise par le patron pêcheur Joe Mawnan, qui a dépassé le quota de morues pêchées, et se trouve en état de récidive, il risque une amende de 150 000 livres. Il a donc saboté son bateau pour toucher l’assurance mais provoqué la mort de son fidèle compagnon Collins.

Il n’y a pas vraiment ici d’intrigue policière, mais une peinture de la misère humaine des pêcheurs dans le petit port de New Lin. Pour la série, des petites villes imaginaires ont été crées par les scénaristes en plus des grandes agglomérations comme Truro, Camborne, Penzance. La  vision des choses par Wycliffe, Doug et Lucy est plus la compréhension que le répression. Ceux qui commencent par cet épisode, au demeurant excellent, le trouveront ennuyeux, c’est pourtant bien joué.

Wycliffe lui-même trouve stupide les lois européennes obligeant à rejeter le poisson mort quand les quotas sont dépassés. Jack Shepherd, Jimmy Yuill et Helen Masters sont prodigieux. Isabelle Grey a fait un épisode politique véritable réquisitoire anti-Bruxelles. Mais c’est aussi un drame humain, Mawman ayant provoqué accidentellement la mort de Don Collins.

On ne révèlera pas la fin, qui évite de tomber dans le mélodrame, mais se montre d’une tension extrême. Shepherd joue un Wycliffe tout en pudeur qui sait la valeur des silences quand il n’y a rien à faire. Yuill et Helen Masters expriment davantage leurs sentiments. Mais ils savent qu’ils n’ont pas affaire à des criminels.

C’est un épisode qui ressemble à une tragédie grecque, fort bien menée, et l’absence d’enquête policière ne nuit pas à notre plaisir.

Anecdotes :

  • Le bateau du fils de Mawman indique qu’il est immatriculé à Penzance.

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5. FOLLE DE TOI
(CRAZY FOR YOU)

Scénario : Tom Needham. Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

L’épouse de l’éminent psychiatre Sam Malvern, Dawn, est tuée de soixante trois coups de couteau. Tout accuse une patiente qu’il vient de libérer, Annabel Naylor. Mais Wycliffe n’est pas convaincu bien qu’au cours de sa fuite, la démente poignarde Potter.

Critique :

C’est le premier échec de la carrière de Wycliffe. Il va, fautes de preuves, devoir laisser partir l’assassin, on peut dire le commanditaire du meurtre, et renvoyer dans son asile Annabel.

L’épisode traîne parfois en longueur, et j’ai failli, s’il n’y avait le twist final, ne mettre que trois étoiles. L’épisode renoue avec l’univers familial de notre héros qui apprend la pêche – et oui ! – de son fils David. Dans le début de l’épisode, ils pêchent de nuit, et sont interrompus par le meurtre. Au final, alors que Wycliffe a perdu la partie et dû laisser partir l’assassin, il fait une nouvelle partie (ou leçon) de pêche, cette-fois au grand jour avec son fils.

Il y a trois parties dans cet épisode. La recherche du coupable, qui correspond aux vingt premières minutes. Le mari éploré aide la police et permet de cerner Annabel. La seconde partie est centrée sur la fuite et l’arrestation de cette dernière, qui au passage manque tuer Potter. Enfin, la révélation finale, au moment où la culpabilité d’Annabel ne fait plus aucun doute, son alibi venant d’être battu en brèche.

Supérieurement intelligent, Charles Wycliffe a tout compris, mais sait qu’il ne pourra établir la vérité. Il est tombé cette-fois sur plus fort que lui.

John Shrapnel est très doué en psychiatre tandis que Zara Turner se surpasse en Annabel. Le scénariste nous a livré une histoire assez glaçante qui (ne manquez pas les dernières images !) nous entraîne sur une fausse piste pendant plus des trois quarts de l’épisode.

Le trio de vedettes fait émerger Jimmy Yuill, qui en Kersey free lance fait une performance peu commune. Il rend crédible ce détective en rébellion contre l’enquête officielle. N’oublions pas Shepherd dans la confrontation finale sur laquelle je ne dirai rien (spoiler).

Il n’y a pas beaucoup d’action dans l’épisode, si l’on excepte l’attaque des épouvantails à coups de couteau et la fuite éperdue de la malade mentale dans l’hôpital. Tout le reste se place comme sur une grande partie d’échecs que Wycliffe perdrait. On se régale des différentes scènes d’interrogatoires, des réflexions entre policiers et chacun des comédiens (à part les interprètes de Potter et Dixon qui sont des personnages purement fonctionnels) tire son épingle du jeu. Les décors pour une fois n’ont que peu d’importance, il y a d’ailleurs beaucoup de scènes d’intérieurs, au commissariat, à l’hôpital psychiatrique. « Folle de toi » cependant sans le twist final tomberait à trois étoiles en nous révélant trop vite la « culpabilité » d’Annabel.

Même si le contexte est différent, « Folle de toi » est doté d’une ambiance aussi lourde que « Perdu corps et bien ».

Anecdotes :

  • John Shrapnel (1942-) a joué au cinéma dans « Coup de foudre à Notting Hill », « Gladiator » et à la télévision dans la mini-série « Le 10e royaume » ainsi qu’en vedette invitée dans « Barnaby ».

  • Zara Turner (1968-) a notamment joué dans les séries « Father Ted » et « McCallum ».

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6. FOI AVEUGLE
(FAITH)

Scénario : Siân Orrells. Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

Une confrérie de païens se livre à d’étranges cérémonies nocturnes avec des nouveaux nés et un homme les surprend. Peu après, on trouve un bébé de dix jours étranglé devant une église. Le meilleur ami de Wycliffe, Bill Hewton arrive chez lui avec sa fille comme chaque année pour le festival de jazz, mais sans son épouse.

Critique :

Déjà auteur de « Les joies de la famille », Siân Orrells nous propose un nouvel épisode horrible. Malgré beaucoup d’efforts, il n’égale pas l’autre. On croit que les deux fils scénaristiques sont séparés mais ils constituent en fait une seule histoire.

Cet épisode nous confirme que « Wycliffe » n’est pas une série où peut s’introduire le genre fantastique, déjà « Le bouc émissaire » et « Le monstre de Bodwin » étaient des faux espoirs et « Foi aveugle » le confirme. La piste de la communauté païenne est vite écartée, trop vite, alors que le réalisateur avait insisté après le générique sur le climat malsain et quasi surnaturel de la cérémonie nocturne.

L’opus se déroule davantage au domicile du policier que sur le terrain. Le meilleur ami, Bill, vient chaque année, mais cette année, sa femme Joyce n’est pas là. Kate, la fille, une adolescente, n’arrête pas de pleurer. Nous voyons Wycliffe s’enivrer, ce qui le rend plus humain et moins glacial.  Ses rapports avec son fils David ne sont pas des plus faciles. Helen, l’épouse, de montre plus compréhensive.

Plus qu’une enquête, c’est une tragédie familiale qui est évoquée. On comprend rapidement que l’absence de Joyce n’est pas naturelle. « Foi aveugle » ne joue cependant pas tout à fait dans la même catégorie que « Les joies de la famille », on le constate quand Wycliffe éprouve de la compassion pour le coupable en posant ses mains sur les siennes en plein interrogatoire, après l’aveu, ce qui ne fait pas très professionnel.

On passe cependant à côté du chef d’œuvre. La piste du grand méchant docteur Dayton, pourtant incarné par l’impressionnant Richard Durden, est trop vite écartée. Les limites de la crédibilité sont trop repoussées pour que le téléspectateur adhère. Malcolm Storry en fait des tonnes, parfois trop, en « meilleur ami », tantôt ivrogne, tantôt pleurnichard, on a envie de secouer ce grand gaillard qui dépasse d’une tête son ami superintendant.

Submergeant le spectateur de trop d’émotions, « Foi aveugle » rate un peu sa cible. Au lieu d’une enquête, c’est une pièce de la vie privée du héros sur laquelle le voile est levé. J’ai noté quelques incohérences : Ruth, la fille, doit revenir de France le lendemain, on ne la verra jamais. Bill prétend qu’ils ont eu, sa femme et lui, un nouveau né, mais ils sont bien trop âgés pour cela, nature oblige. Kate, la fille, évoque auprès d’Helen Wycliffe « l’oncle Charlie », mais il n’existe pas de lien de parenté entre les deux familles.

Siân Orrells a voulu trop en faire, et la mule est surchargée. Autant « Les joies de la famille » nous glaçait d’effroi, autant ici on est parfois gêné et mal à l’aise. Le final est réaliste, mais incohérent par rapport au contexte. La scène la plus bouleversante est l’émoi du médecin légiste Cyril Franks qui estime ne pas être aguerri à faire l’autopsie d’un enfant de dix jours étranglé. On veut trop nous assener d’émotions le reste du temps, au sein même du clan Wycliffe, et le spectateur est submergé et saturé.

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Anecdotes :

  • Wycliffe habite à Camborne.

  • L’histoire se passe le 18 mars 1996, la date apparaît sur l’appel à témoins lancé par Wycliffe.

  • Ruth, la fille de Wycliffe, fait un séjour en France et est absente de l’épisode.

  • Malcolm Storry (1948-) a joué dans « Le dernier des mohicans » (1992) et « Les amants du Nouveau Monde » (1995).

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7. LE JUGEMENT DERNIER
(LAST JUDGEMENT)

Scénario : Carolyn Sally Jones. Réalisation : John Glenister.

Résumé :

George Pender, un magistrat que Wycliffe connaît, se pend. Le superintendant est le seul à mettre en doute la thèse du suicide.

Critique :

Episode soporifique, qui a pour thème une vengeance. Nouveau ratage après « Perdu de vue » et « Le trésor maudit ». Le téléspectateur patiente pendant 51 minutes. La montagne accouche d’une souris, en raison d’un scénario complètement inabouti de Carolyn Sally Jones. Trop moraliste.

On mesure avec cet épisode que si la série avait continué au-delà du conflit intervenu entre comédiens et production à la fin de la cinquième saison, nous aurions eu davantage d’opus ratés.

Dans cette enquête, Wycliffe s’obstine envers et contre tous pour la thèse du meurtre, se mettant à dos Cyril Franks, le médecin légiste, qui affirme que ses services ne sont pas gratuits : il réclame tout un tas de choses à Lucy avec agacement, car il devait se rendre pour une autopsie sur une grosse affaire à Plymouth. Il veut un pyjama, une brosse à dents, et ne cesse de maugréer. Le superintendant n’arrête pas de l’appeler par son prénom, ceux qui auraient zappé l’épisode « Point de rupture » n’ont plus d’excuses, on sait dix fois plutôt qu’une que le docteur Franks se prénomme Cyril.

En dépit de toute raison et de toute logique, Wycliffe s’acharne à prouver qu’un suicide d’un homme dont il reconnaît ne le connaître que superficiellement est un meurtre. L’argument de départ, assez mince, ne pouvait aboutir à un grand opus.

Finalement, la clé de l’énigme se trouvait dans le passé de la vie privée du pendu.

Les comédiens font le minimum syndical, du moins pour la partie « invités ». On dirait que c’est l’épisode de trop, que l’équipe était fatiguée, et a mijoté ce septième épisode dans la hâte. En cela, « Le jugement dernier » n’est en rien représentatif de la série. Il y a trop de scènes d’intérieurs, alors que l’atout principal est justement le contraire, la série bénéficiant d’un budget confortable. Il n’est pas mis à contribution cette-fois.

Pourquoi faire huit épisodes avec un ratage comme celui-ci au lieu de huit « haut de gamme » ? Voilà le vrai mystère à résoudre, et que notre héros serait bien en peine de réaliser.

Au fond, Cyril Franks pose la bonne question au début : « C’est un suicide, il vous reste à savoir pourquoi il a fait çà ». Bien sûr, la piste d’un premier suspect est censée égarer le spectateur, pour mieux ensuite arriver au pot aux roses.

La fin est tirée par les cheveux, certes Wycliffe trouve un coupable, mais ce n’est pas crédible une seconde.

Anecdotes :

  • Dans le rôle de Patricia Trethowan, on retrouve Pam Ferris (1948-) qui a joué dans « Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban ».

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8. AU-DESSOUS DE TOUT SOUPÇON
(OLD HABITS)

Scénario : Scott Cherry. Réalisation : John Glenister.

Résumé :

La jeune Ellie Creed est étranglée. Elle pourrait être la nouvelle victime de « l’étrangleur de Penlane » qui ne sévit plus depuis onze ans. L’un des suspects d’autrefois, Hugh Samford, vient de revenir dans la région. Il y a vite une seconde victime.

Critique :

Cette saison 3 inégale se conclue avec un thriller. L’épisode est nettement plus violent que d’habitude. Gary Creed, le frère de la victime, blesse une femme officier de police et surtout l’ex-petit ami d’Ellie qu’il laisse à moitié mort.

Il y a eu jadis cinq victimes, et l’on n’a pas retrouvé le coupable. Hugh Samford raconte le calvaire qu’il a subi depuis onze ans, étant jugé par la population comme l’étrangleur.

Cyril Franks pense que les meurtres d’autrefois n’ont rien à voir avec les nouveaux. Lucy pense qu’ils ont affaire à un copycat. C’est un épisode de suspense dans lequel la psychologie, grand atout de la série, intervient moins.

John Glenister multiplie les plans de Shepherd et Yuill sur les rochers, devant les vagues.

Kersey pense avoir trouvé l’âme sœur, Jill Gillepsie, mais elle est mariée à un ancien policier, Paul, qui fait partie des suspects. A cette intrigue se mêle le dossier du père de la première victime Ellie Creed, qui a hérité d’une lourde peine de prison. Ellie en voulait à Jill dont l’équipe comprend qu’elle est au centre de l’affaire.

Les rebondissements sont nombreux, l’action ininterrompue. Deux fils scénaristiques se dessinent : l’affaire Creed et l’étrangleur de Penlane. L’explication de ce que l’on nous a montré juste après le générique (la fuite d’Ellie) nous est enfin livrée.

Raccorder les deux intrigues était un pari difficile, le scénariste l’a fait. Nous ne saurons rien de l’identité de l’étrangleur de jadis, seul le copycat sera épinglé.

Afin de détendre l’atmosphère, un voisin envahissant a été imaginé pour la famille Wycliffe.

Ce dernier épisode de la saison est loin d’atteindre le niveau habituel de qualité des deux premières. La solution de l’affaire du copycat paraît quelque peu bâclée.

Anecdotes :

  • Il est fait allusion à une affaire d’étrangleurs datant de onze ans, avant l’arrivée de Wycliffe, mais à laquelle le médecin légiste Cyril Franks a été confronté.

  • Michael Cronin (1942-) qui incarne Samford a joué dans « Wolfman » (2010).

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Saison 1Saison 3

Wycliffe

Saison 2 


1. COUPABLE PAR AMOUR
(ALL FOR LOVE)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

Un trafiquant de drogue, John Bonetti, s’évade de prison avec la complicité d’une visiteuse bénévole, Jane Hardy, tombée amoureuse. Il s’empresse de tuer l’indicateur qui l’a donné. Wycliffe pense que Jane Hardy joue un rôle bien important dans cette affaire qu’elle veut bien le dire.

 

Critique :

On trouve notre superintendant bien naïf envers la suspecte Jane Hardy qui au fur et à mesure que l’intrigue avance se révèle une véritable criminelle.

Le téléspectateur a toujours une longueur d’avance sur le policier. Il nous est montré que Jane est machiavélique, œuvrant pour récupérer le magot de Bonetti qu’elle tue. Puis elle va doubler son associé George Warder.

Le sergent Potter ayant brillé dans l’enquête et reçu les félicitations de son chef, un Kersey jaloux va lui donner les tâches les plus rébarbatives. On ne soupçonnait pas tant de mesquinerie voire de méchanceté de la part du fidèle adjoint de Wycliffe.

Devant ce dernier, Jane pleurniche et joue les énamourées inconscientes. Si l’épisode est excellent, on ne peut pas dire que notre héros est au mieux de sa forme et de sa perspicacité.

On découvre comment la surveillance vidéo d’un magasin permet à notre équipe de policiers de se remettre sur la bonne piste. Jamais désarçonnée pour mentir, Jane Hardy, acculée, trouvera de nouveaux mensonges. Avant de mettre cartes sur table avec Wycliffe pour lui proposer un étrange marché.

L’épisode se regarde d’une traite sans ennui, sans réserver cependant de surprises au spectateur toujours mis dans la confidence avant la police.

Parallèlement à l’enquête, on découvre les coulisses du pouvoir de la police britannique, les rivalités, et bien peu certainement ont la vocation de Charles Wycliffe qui ne montre aucun goût pour la politique intérieure de sa profession.

Ce début de saison 2 augure du meilleur, même si pour le personnage de Jane, une actrice davantage « femme fatale » aurait mieux convenu.

Anecdotes :

  • Lucy a un boy-friend que l’on ne voit pas : Simon.

  • Cathryn Harrison (1959-) qui incarne Jane Hardy a arrêté de tourner en 2001. On l’a vue dans « Le retour du Saint », « Bergerac », « Hercule Poirot », « Les cadavres exquis de Patricia Highsmith ».

  • Nous apprenons que le chef de Wycliffe – qui vient de prendre sa retraite – était le superintendant chef Ted Turner. La place est vacante, Wycliffe n’en veut pas.

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2. LE CHEVAL DE TROIE
(THE TROJAN HORSE)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : Patrick Lau.

Dans le coffret Elephant Films, l’épisode se trouve par erreur sur le 2e DVD, donc en quatrième. C’est une série/feuilleton où il est fait parfois allusion à des évènements passés.

Résumé :

Alison Keir est enlevée dans un haras. Wycliffe soupçonne dès le début le mari, Alex. Il aurait une liaison avec l’épouse du major Tregelles, d’un haras rival.

Critique :

Premier épisode de la série avec des scènes cruelles. Ce ne sera pas le dernier, mais on ne s’y attend pas dans ce genre de séries. La malheureuse Alison est enchaînée dans un endroit inconnu, un cellier. Puis tuée.

Cet épisode au départ est une affaire criminelle classique, mais elle dissimule en fait une terrible histoire de vengeance qui remonte à des années dans le passé, huit ans. L’assassin est « le cheval de Troie » qui s’est introduit chez son ennemi.

La violence de cet opus étonne car « Wycliffe » ne nous y avait pas habitués. Notre superintendant s’acharne contre le mari, qui a un bon mobile, mais le téléspectateur sait que la victime a été torturée avant d’être tuée puis a fait l’objet d’une mise en scène macabre.

Jack Shepherd ne semble pas vraiment s’impliquer dans ce scénario. Il reste assez insensible (alors que ses partenaires montrent leurs personnages véritablement émus).

J’ai trouvé John McArdle, qui incarne le mari Alex Keir, plutôt mauvais dans son jeu. L’épisode nous met mal à l’aise, pas à cause de l’horreur du crime, nous en verrons d’autres similaires et pourtant excellents. Pas vraiment possible de parler du jeu du meurtrier à moins de dévoiler le spoiler. Sans être un ratage, c’est le moins depuis le début de la série, raison pour laquelle je n’ai attribué que deux étoiles. Les acteurs ne se sentent pas impliqués par le drame faute à une mise en scène mollassonne.

Jimmy Yuill dont le personnage évoque la guerre des Malouines se montre le plus talentueux et émouvant. Son Kersey nous surprend beaucoup. A partir de cet épisode, on garde en mémoire que c’est un vieux soldat reconverti dans la police. On aurait aimé que Shepherd soit aussi talentueux dans la scène finale. Peut-être a-t-il choisi de jouer tout en retenue pour ne pas tomber dans la sensiblerie ? Le criminel, qui a agi par vengeance, nous glace d’effroi. En ce sens, l’épisode est terriblement réaliste. On préfère l’univers plus feutré habituel.

Anecdotes :

  • Wycliffe est né dans les environs de Leeds (Yorkshire).

  • Lucy a fait beaucoup d’équitation. Elle n’est donc pas dépaysée dans cet épisode.

  • Disposant d’un budget serré, Wycliffe refuse de payer une balade à cheval à Lucy pour les besoins de l’enquête.

  • Doug Kersey était dans les parachutistes durant la guerre des Malouines. Il évoque en pleurant un de ses copains mort mutilé par les argentins.

  • Nous faisons la connaissance de Simon Granger (Dominic Wallis), le petit ami de Lucy. Il est journaliste.

  • Nous apprenons que le prénom du sergent Dickson est « Andy » (Andrew). Lucy l’appelle ainsi.

  • Franks, le légiste, appartient au « Royal Cornwall Hospitals Trust ».

  • Kersey conduit une Ford Escort MKV rouge.

  • Anachronisme dans cet épisode, il y a huit ans (Nous sommes en 1995), un homme a risqué la peine de mort (1987). Or, la dernière exécution dans ce pays a eu lieu en 1964 et la peine capitale a été abolie en 1969.

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3. CHARADES
(CHARADES)

Scénario : Jonathan Rich. Réalisation : Martyn Friend.

Résumé :

Un couple fortuné, les Miller, arrive dans sa résidence secondaire en Cornouailles et trouve un malheureux cloué à leur porte. Pourtant, dès le début, Wycliffe ne peut s’empêcher de trouver que quelque chose cloche chez le mari, David Miller.

Critique :

Pas de whodunit possible dans cette enquête en raison de l’attitude de Wycliffe qui dès le début soupçonne David Miller, le touriste, d’être l’instigateur de tout. Et cela sur sa seule intuition ! Alors que d’autres semblent des coupables bien plus évidents, comme ce vieil homme qui hait les touristes au point d’être presque un indépendantiste !

Lucy se fait draguer par le beau Colin Drake, dont les moyens d’existence sont bien obscurs. Il se révèle vite un personnage peu recommandable.

Cet épisode de « Wycliffe » laisse de côté l’aspect policier pour se concentrer sur la psychologie des personnages, la femme riche et stérile de David Miller que ce dernier aimerait bien voir partir les pieds devants. Il est vrai qu’elle est fortunée et lui non, en cas de divorce il perd tout. Wycliffe, qui a deux enfants, ne l’aime pas car il manifeste trop un désir de paternité et couvre de cadeaux les enfants des autres, comme s’il était le père Noël.

Lucy plaît beaucoup, il en faut pour tous les goûts, du patron de restaurant qui n’est pas étonné qu’elle ne puisse se joindre à une soirée conviviale à Colin Drake qui lui fait les yeux doux. Mais elle est fidèle, dès le début, à son arrivée à l’hôtel, elle appelle son boy-friend Simon. Tandis que Wycliffe, lui, s’entretient avec sa fille, lui demandant de ne pas déranger sa mère.

En raison de la forte intuition de notre héros, il n’y a pas de suspense sur le nom de l’assassin, tout du moins du commanditaire, le mari David Miller. Mais lucy ne haussera pas un sourcil alors qu’elle a – amicalement – longuement conversé avec l’assassin, Drake.

Pour apprécier cet excellent opus, il faut se sortir du canevas du roman policier pour apprécier toute la finesse de l’intuition de Wycliffe. La réalisation est soignée au possible, favorisant les extérieurs, en dehors de quelques scènes de pub. On nous propose deux coupables de remplacement :  Gary Penhale, surpris en train de jeter une pierre sur la villa des Miller (c’est là que l’on s’aperçoit, à la mine déconfite de Charles Wycliffe, qu’il a son idée bien arrêtée sur l’affaire et que cet incident le gêne plus qu’autre chose) et le fanatique Donald Thorne, un vieil homme distingué qui est aussi indépendantiste qu’un irlandais. On est un peu gêné par l’obsession du superintendant contre Miller, même lorsque ce dernier offre des cadeaux aux enfants, il le soupçonne, ne l’aime pas. Wycliffe ne fonctionne pas avec des preuves dans le cas présent mais en fonction de son intime conviction qui parfois ressemble à un délit de faciès pour un homme ordinaire et qui n’a pas l’air de pouvoir faire du mal à une mouche.

Anecdotes :

  • Nous apprenons dans cet épisode que le prénom de Potter est Ian.

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4. PERDU DE VUE
(LOST CONTACT)

Scénario : Isabelle Grey. Réalisation : Patrick Lau.

Résumé :

Un cadavre non identifiable est rejeté par la mer à Mullion Cove. Deux femmes pensent qu’il pourrait s’agir de leur mari.

Critique :

Premier ratage de la série, je me suis vraiment ennuyé durant cet épisode. Il ne se passe pas grand-chose, et en dehors de quelques confidences de Wycliffe sur la mort de son père, « Perdu de vue » tourne au ralenti. On se croirait dans le plus mauvais des « Maigret ».

Des deux « veuves » potentielles, l’une ment, et l’on comprend rapidement laquelle. L’enquête s’éternise et tourne en rond. Le script d’Isabelle Grey n’a pas été assez travaillé. On le comprend lors d’une des scènes finales, lorsque Wycliffe dit à Doug Kersey d’annoncer la mort aux enfants de la victime « Quoi que vous disiez Doug, il se le rappelleront toute leur vie ». Une bonne scène dans un océan d’ennui.

Mullion Cove est très beau et bien filmé, mais cela ne suffit pas à faire un film. Avec ce scénario gruyère, les protagonistes sont contraints de palabrer sur des considérations générales sur l’existence, la famille, la vie, ce qui nous donne un épisode très verbeux, sans aucune action.

Au quatrième épisode de la saison 2, nous n’avons toujours pas vu Wycliffe en famille, avec femme et enfants. Cela reste évoqué. Le début de l’épisode est peu ragoûtant pour les âmes sensibles, avec le cadavre dont le visage est mangé par les crabes. L’ambiance est au réalisme et au sordide de deux existences ratées, celles de deux couples et de deux familles.

On ne voit pas Simon, même s’il en est beaucoup question. Que l’on se rassure, « Perdu de vue » est un faux pas, et la série compte plus d’opus à quatre étoiles que d’échecs. Patrick Lau n’a pas de chance, il avait déjà signé un épisode très moyen, « Le cheval de Troie », mais tout de même nettement meilleur que celui-ci.

Profitant de cet opus mineur, Jack Shepherd prend son temps pour peaufiner son interprétation du superintendant. On découvre que sous sa réserve et ses attitudes parfois en retrait, il impulse au personnage un côté assez dur, bien plus que Barnaby. La scène finale, où il dit « Un peu de décence, Madame » à celle qui a voulu faire croire son mari mort pour toucher l’assurance, est à ce titre édifiante. Wycliffe est un faux gentil qui cache en fait une personnalité bouillonnante et explosive.

Anecdotes :

  • Franks, le médecin légiste, évoque la visite de la mère de Wycliffe chez ce dernier et le fait qu’elle ne s’entende pas avec l’épouse du policier, dont le prénom est Helen. Wycliffe répond qu’à cause de l’enquête il n’aura pas le temps de rentrer chez lui.

  • Lors d’une discussion sur la famille en général, Lucy dit qu’elle ne dépendra jamais de Simon financièrement. Wycliffe lui est plus « vieux jeu » sur la question du mariage.

  • Wycliffe évoque à nouveau le suicide de son père quand  il avait neuf ans : il s’est tiré une balle en pleine tête.

  • Kersey est célibataire et n’a personne dans sa vie.

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5. BRACONNAGE MORTEL
(FOUR AND TWENTY BLACKBIRDS)

Scénario : Julian Jones. Réalisation : Steve Goldie.

Résumé :

Un automobiliste ivre renverse un homme sur une petite route de campagne. Il rencontre un jeune homme et le presse d’avertir la police, mais ce dernier lui fait remarquer qu’un incendie vient d’éclater dans une ferme avoisinante. Derrière cette affaire se cache un homme qui fuit pour avoir découvert une terrible épidémie porcine chez une voisine fermière.

Critique :

Cette histoire de contamination animale porcine est certes intéressante, mais le scénario a tendance à vouloir partir dans tous les sens. Wycliffe comprend rapidement que l’homme qui a été renversé est un certain George Totts et qu’il est séquestré quelque part. Totts n’a pas été conduit dans un hôpital, et une course contre la montre s’engage. Hélas, « Wycliffe » est une série réaliste et pessimiste où les miracles n’arrivent pas.

Il est dommage que Julian Jones ait compliqué à ce point son script, car l’idée de départ était très bonne, et d’ailleurs, on ne s’ennuie pas. Au contraire, il y a tellement de rebondissements que nous ne parvenons pas à tout retenir. Trop de personnages aussi : le chauffeur ivre Patrick Rowland un temps soupçonné d’avoir tout inventé, Stephen le fils du vétérinaire, l’employé de Totts Rob Mills, enfin l’éleveur de porcs, Mrs Prentice (et sa petite fille Jenny). Le tout est compliqué par des problèmes de budget qui sont opposés à Wycliffe dont on estime que la présence avec son équipe est trop coûteuse, et que la police locale ferait très bien l’affaire.

Ce n’est pas un grand épisode mais on est loin du ratage. J’ai hésité entre deux et trois étoiles. Les personnages, s’ils sont trop nombreux, sont hauts en couleurs.

« Vous n’y connaissez pas grand-chose au travail de la ferme, n’est-ce pas Monsieur Wycliffe ? »

« En effet »

« J’ai des bovins et des porcs, cela n’a rien à voir avec des moutons ».

Le malheureux Totts est victime d’un concours de circonstances, de paysans acculés à la pauvreté, mais pas foncièrement méchants, voulant taire un cas de grave contamination qui les ruinerait. Le meurtre relève plus de l’accident que du crime prémédité. Nous avons ici un portrait de la Grande-Bretagne miséreuse. En ce sens, ce n’était peut être pas une enquête pour Wycliffe comme l’estime la police locale.

L’épisode date du 16 juillet 1995, soit un an avant que l’affaire de la vache folle éclate. Le scénariste a rédigé un script prémonitoire.

Mrs Prentice et sa petite-fille Jenny sont des personnes dépassées par la situation. Wycliffe semble presque les comprendre. Ce qui est rarement le cas avec les suspects dans la série.

Parallèlement à l’histoire déjà complexe se développe un fil rouge, les tensions entre le vétérinaire et le fils de sa première femme, ce qui alourdit le sujet inutilement. Le spectateur (en dehors des principaux rôles) a parfois du mal à comprendre qui est qui.

En tout cas, face à ce qui l’attend dans l’affaire suivante, Wycliffe n’a affaire ici qu’à des agneaux, même s’il y a mort d’homme et non assistance à personne en danger.

Anecdotes :

  • Lucy a rompu avec Simon, Wycliffe y fait allusion.

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6. LES JOIES DE LA FAMILLE
(HAPPY FAMILIES)

Scénario : Siân Orrells. Réalisation : Steve Goldie.

Cet épisode est sans conteste le meilleur de la série, toutes saisons confondues.

Résumé :

Une jeune fille de seize ans, Ruth Penrose, est retrouvée morte dans des conditions atroces, un sac sur la tête, enfermée à clef dans le placard d’un laboratoire de chimie, avec un tuyau de gaz ouvert. Wycliffe se retrouve devant l’affaire la plus épouvantable de sa carrière entre un professeur aux tendances pédophiles, et des adolescentes diaboliques derrière leur apparence d’ange.

Critique :

Il est véritablement étonnant qu’après cet épisode, la jeune comédienne Jo Stafford, qui est prodigieuse, n’ait pas fait carrière. Elle donne corps et chair à un personnage qui hantera longtemps la mémoire du téléspectateur après la vision de cet épisode.

Jo incarne deux jumelles, Ruth et surtout Sheena Penrose. Nous voyons très peu la première,  déjà absente lors d’une surprise party, puisqu’elle trouve une mort abominable durant celle-ci. Ce sont les scènes avec son cadavre où Jo interprète Ruth.

Le téléspectateur n’est pas épargné par les détails les plus sordides. Ruth est morte étouffée par un sac de plastique et dans un placard, au milieu de ses excréments. Ecartant la thèse du suicide suite aux examens du médecin légiste Franks, Wycliffe n’a que l’embarras du choix pour les suspects entre un professeur de physique aux tendances pédophiles, un petit ami de la victime beaucoup plus jeune qu’elle et qui disparaît vite se sachant menacé, et des adolescentes, Beth et Cathy, sous le contrôle d’une autre,  infiniment plus effrayantes que les enfants extra-terrestres du film « Le village des damnés » voire même que Norman Bates, le tueur de « Psychose ».

Quoi de plus glaçant que l’horreur surgie du quotidien, de ce qui est à côté de nous et semble en tout point conforme aux règles de la « normalité ». De tous les meurtriers de la série, celui de cet épisode est le plus réaliste, loin du grand guignol et des effets parfois fantasques du cinéma et de la télévision. Nous l’avons sous nos yeux dès le début, et lorsque l’horreur petit à petit se fait jour, nous comprenons ce qu’éprouvent les parents de la victime, mais aussi les policiers qui ne sont pas insensibles.

Dans cet épisode, Wycliffe a besoin de se réconforter en téléphonant sans cesse à son fils qui a fait une fugue chez un ami, Matthew, laissant sa mère dans l’angoisse en découchant. Chacun des policiers a besoin ici de se rattacher à quelque chose, à la vie, tant ce que révèle l’enquête leur donne la nausée. Lucy téléphone à un homme (on ignore si c’est avec Simon réconcilié), Doug Kersey a besoin « d’un bol d’air frais » alors qu’il a vu des horreurs à la guerre des Malouines, mais rien de tel que dans cette enquête. Même Franks, le légiste, dont le métier doit le rendre aguerri, est bouleversé.

Jo Stafford est à la fois le cadavre anorexique de Ruth, que nous voyons, et sa sœur Sheena assez bien portante, trop à son goût, bien en chair. Sheena n’hésitera pas du haut de ses seize ans à se moquer de Kersey et de son poids, de sa gourmandise, en l’interrogeant avec une impertinence inouïe sur sa vie privée, ricanant en disant « vous savez pourquoi vous n’avez pas de petite amie ».

Bien sûr le prof de physique, Mick Brandon, est abject, mais le rôle est assez facile à jouer pour l’acteur Dominic Guard. Il est même un peu caricatural car trop prévisible. On ne croit pas une seconde que le coupable puisse être le trop jeune petit ami de la victime, Danny Whear. D’ailleurs, le comédien, vraiment juvénible, est assez maladroit, sa carrière ne dépassera pas cet unique apparition. L’assassin, nous l’avons sous nos yeux durant tout l’épisode, et dans toutes les scènes, lorsque les parents sont effondrés. Ces derniers, incarnés par Lesley Clare O’Neill et David Schofield, sont parfaits. Mais également prévisibles.

Depuis l’affaire James Bulger en 1993 (deux enfants de dix ans kidnappant et tuant un autre de deux ans), les britanniques ont découvert que les enfants peuvent être des monstres. Celui de cet épisode est un plus âgé, c’est même déjà, à sa façon, une femme (aux yeux du pédophile Brandon qui danse un slow langoureux avec elle).

Bien sûr, Wycliffe affrontera des individus très dangereux : dans « La danse du Scorpion », un tueur professionnel l’enverra aux portes de la mort et durant sa convalescence, que l’on verra, Lucy et Kersey devront faire sans lui. Son Nemesis le plus redoutable, dans le dernier épisode, « Le piège machiavélique », le mettra dans une situation impossible, le discréditant auprès de sa hiérarchie. L’assassin n’est pas en soi dangereux pour Wycliffe, mais l’on peut vraiment dire que c’est le plus effroyable de la série.

La notion de « monstre » est ici subjective : au premier abord, il n’est pas repoussant, et on peut le taxer de banal. Mais petit à petit, à l’effrontement, l’insolence, aux regards qui en disent long, on comprend et la vérité toute crue est là devant nos yeux.

« Vous êtes marié Doug ? »

« Non »

« Une petite amie ? »

« Non, non »

« Maintenant vous savez pourquoi ».

Cette Lolita, profondément perverse, bien qu’un peu enveloppée par rapport au schéma de l’héroïne de Nabokov, s’adresse au policier par son prénom. Pour elle, il n’y a pas de notions d’adultes et d’enfants. Aucun respect.

L’affrontement Sheena/Wycliffe est le sommet de l’opus. C’est un grand moment de télévision. On a même l’impression que le superintendant, qui en a vu d’autres, voit toutes ses certitudes s’ébranler. Meneuse de bande, avec à sa solde deux camarades de son âge Cathy et Beth, maître chanteuse (envers le petit Danny), arrogante envers les adultes et l’autorité, orientant l’enquête vers un faux coupable (Danny), Sheena Penrose est un monstre cent fois plus effrayant qu’un Norman Bates. Vers le dernier quart de l’épisode, Wycliffe n’a plus de doutes. Et pourtant, la vérité qui l’attend sans fards au bout de son enquête est purement incroyable. Notre héros semble presque avoir trouvé son maître. Jack Shepherd joue à merveille, et son personnage semble comme terrassé lorsqu’il dit à Jimmy Yuill : « Je vais informer les parents que je dois l’arrêter ».

Sheena est la synthèse de deux personnages, l’un réel, l’autre de fiction : Charles Manson pour la manipulation (ici avec Cathy et Beth), et Michael Myers enfant de la saga « Halloween » qui est le mal incarné. Le diable désormais a un visage : le moins que l’on puisse dire est que toute l’équipe de Wycliffe n’est pas prête de s’en remettre. Nous non plus. L’absence de remords dans la scène des aveux, la délectation avec laquelle Sheena décrit son crime abominable, rendent Wycliffe totalement hébété.

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Anecdotes :

  • On sait peu de choses sur la formidable Jo Stafford. Son seul autre rôle est dans le film « Golden burn », de Mark Jenkin, en 2002. Plus de nouvelles depuis.

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7. L’ENFANT DE L’AMOUR
(WILD OATS)

Scénario : Patrick Harkins. Réalisation : Michael Owen Morris.

Résumé :

Lors de fouilles archéologiques concernant les celtes, on découvre le squelette d’un corps vieux de seulement trente ans, sans doute assassiné. Deux hommes ont tenté de déterrer le corps et ont volé le crâne. Agnes Currow, propriétaire de l’endroit,  les a chassés à coups de fusil.

Critique :

Début en fanfare avec Wycliffe transporté en hélicoptère par un pilote le long des falaises, sur fond de musique déjà entendue au générique, histoire de bien enfoncer le clou et de nous marteler ce thème très entraînant. ITV a mis les petits plats dans les grands pour épater le téléspectateur.

Ensuite, c’est l’enquête policière classique qui commence et aboutit à une vérité certes sombre mais une conclusion plus heureuse que dans l’opus précédent. On va faire une étonnante incursion dans le passé et une enquête sur des évènements survenus en 1970. Tilly Rawle, fille de noblesse devenue folle, a fauté avec un soldat noir américain assassiné (c’est lui le squelette) mais ils ont eu un enfant, confié à une famille d’accueil. Il est à présent lui-même père de famille.

La haine de Wycliffe pour les  aristocrates ressurgit très fort dans cet opus, et il va s’acharner à rétablir un héritier dans ses prérogatives et à mettre des nobles sous les verrous pour de longues années. L’intrigue est palpitante, alternant passé et présent, écornant les grandes familles nobles de Cornouailles qui se croient tout permis. Lucy, même en l’absence de son chéri Simon à peine évoqué, brille dans toutes les scènes. Lorsque l’un des complices, le tavernier Jack Choak, l’appelle « ma toute belle », elle lui réplique froidement « Dites plutôt Inspecteur Lane ! ».

C’est encore une fois une immense réussite, le script sans failles permettant à la façon plus tard de « Cold Case », de faire justice sur un crime datant de plusieurs décennies. Le trio Jack Shepherd- Jimmy Yuill- Helen Masters est au sommet de sa forme. Il naviguera parmi les arcanes de la haute aristocratie qui est présentée ici comme totalement décadente, prête à recourir au meurtre, mais trente et quelques années plus tard également à l’incendie et l’intimidation de témoins.

« L’enfant de l’amour » nous laisse une note d’espoir, là où « Les joies de la famille » nous plongeait dans les abîmes de la désespérance du genre humain. Non seulement, c’est bien joué, mais les moyens mis en œuvre sont inhabituels et colossaux pour une série britannique.

On retrouve, très âgée, et pour l’un de ses derniers tournages, l’une des partenaires de Patrick Mc Goohan du « Prisonnier ». Aucune erreur dans la distribution, même si les comédiens ne sont pas très connus, ce qui n’est pas un handicap, Jo Stafford du précédent épisode ne l’est pas et compose une interprétation inoubliable. On reste dans le quatre étoiles, sans égaler le chef d’œuvre.

Dans cet avant-dernier épisode de la saison 2, nous n’avons toujours pas fait la connaissance de la famille de Wycliffe, de sa maison, de l’endroit où il vit, mais l’on comprend que cette série/feuilleton va bientôt nous présenter tout cela.

Une réussite superbe, dotée d’une photographie magnifique.

Anecdotes :

  • Lucy Lane s’est réconciliée avec Simon.

  • Rosalie Crutchley (1920-1997) était la reine dans l’épisode du « Prisonnier » : « Echec et mat ». Elle tient ici le rôle de la fermière Agnes Currow.

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8. POINT DE RUPTURE
(BREAKING POINT)

Scénario : Steve Trafford. Réalisation : Michael Owen Morris.

Résumé :

Une surfeuse, Anne Carter, est retrouvée à moitié morte, dans le coma. On lui a volé sa voiture et ses papiers. Wycliffe comprend qu’elle a été victime de trafiquants d’héroïne.

Critique :

Superbe épisode où il y a tout : de la romance, de l’action, une poursuite en bateau (sur fond de thème musical de Nigel Hess), des trahisons, un sergent macho et ripoux : Rinnick. Quand la production ne sort pas les hélicoptères, ce sont les navires des garde-côtes. On ne lésine pas sur les moyens pour épater le téléspectateur. Le budget semble vraiment confortable, et permet de ne jamais avoir recours à des décors factices et des scènes de studio.

L’intrigue alterne les moments forts comme l’attente devant la comateuse de son éventuel réveil, et les aléas de l’enquête. Pour terminer cette saison 2, Wycliffe pour une fois ne fait aucune allusion à sa famille en leur téléphonant ou les contactant.

Du côté des suspects, l’ex-petit ami s’accuse, victime de troubles de mémoire, mais notre superintendant le pense innocent, penchant davantage pour la piste des trafiquants de drogue qui ont fait chanter la victime, longtemps membre de leur bande. La solution sera donnée par Anne sortant du coma. Après le terrible opus « Les joies de la famille », la production a sans doute voulu nous donner une image plus optimiste de la série.

Les colères de Wycliffe sont mémorables : il ne se fâche pas souvent, mais Shepherd entre vraiment dans la peau du personnage dans ces scènes -là et devient plus vrai que nature comme policier. Il sait aussi se montrer juste et compréhensif quand Lucy vient lui parler, alors que tout l’accuse d’avoir été la source de la fuite à la presse via son amant Simon.

Interprétation irréprochable, avec toutefois un petit côté eau de rose pour la romance d’Avril et Potter que leurs formes rapprochent.

L’atout de l’épisode, ce sont les décors, même si l’on n’a pas envie de connaître la température de la mer qui ne gêne pas les surfeurs en l’occurrence. Wycliffe garde son calme et mène son enquête de main de maître malgré les différentes embûches qui lui sont mises en travers de la route, notamment l’informateur de Simon, mais aussi les faux témoins qui veulent protéger leur trafic.

On évitera d’en dire plus sur l’intrigue pour ne pas dévoiler de spoiler. Avec des épisodes de cette qualité, la série était certaine d’être renouvelée pour une troisième saison.

Anecdotes :

  • Violente dispute entre Lucy et Simon qui publie un article confidentiel sur l’affaire qui nuit à l’enquête de Wycliffe. C’est la deuxième et dernière apparition de l’acteur Dominic Wallis dans le rôle après « Le cheval de Troie ». Simon et Lucy rompent définitivement.

  • Potter flirte avec une infirmière un peu enveloppée comme lui, Avril.

  • Nous apprenons que le prénom du médecin légiste Franks est Cyril.

  • Nous voyons la date de l’épisode (28 juin 1995) qui figure sur l’invitation à l’anniversaire qu’Avril remet à Potter.

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Saison 3Saison 5

Wycliffe

Saison 4


1. LE MARIAGE SURPRISE
(STRANGERS HOME)

Scénario : Peter J. Hammond. Réalisation : Alan Wareing. (Dans le coffret vidéo, où apparaît le titre original, cet épisode est présenté à l’image sous le titre de « Strangers »).

Résumé :

Deux jeunes gens qui se connaissent depuis trois semaines se marient. Seuls au monde, ils invitent des inconnus à leur mariage. Le lendemain de la nuit de noce, on retrouve le mari sauvagement poignardé dans sa chambre d’hôtel, durant une promenade matinale de son épouse.

Critique :

Avec cette saison 4, la série subit un énorme lifting. Exit Potter et Dixon, ils ont disparu sans explication. L’équipe se réduit donc au trio Wycliffe-Doug Kersey- Lucy Lane. Si la musique n’a pas changé, le générique est désormais totalement modifié, et en mal. Les couleurs de la mer sont sombres, les visages des personnages apparaissent en noir et blanc. Un nouveau chef fait son apparition, un géant, Stevens (Michael Attwell). Ce dernier fait des avances à Lucy en l’invitant à déjeuner. Elle n’ose pas refuser.

La famille de Wycliffe, si présente en saison 3, est absente de ce qui ressemble à un nouveau pilote. L’épisode est rapidement captivant, après un début certes un peu déconcertant, et une double intrigue en filigrane (un vieil homme qui a tué son épouse en l’euthanasiant, et envers lequel Wycliffe ne cache pas une franche sympathie).

La belle et sauvage Josephine Butler est formidable en jeune mariée, Karen, genre garçon manqué mais terriblement séduisante. Insolente, elle se moque des invités au mariage, des inconnus qui ont répondu à une annonce du mari. N’importe quel homme serait ravi d’épouser ce bijou mais pas pas John, l’heureux élu, qui après la nuit de noces, semble avoir un comportement distant. Il est incarné par Anthony Green, vu dans « La mémoire dans la peau ».

Sur le fonds, on est rassuré, la série n’a pas changé, et cet épisode est une immense réussite. On navigue entre enquête policière et psychologie. Jack Shepherd est toujours aussi brillant en héros, et l’on oublie vite l’absence de Potter et Dickson. Le trio d’enquêteurs semble s’être resserré.

On ne peut pas raconter l’épisode et dévoiler le spoiler, mais la surprise est immense. J’ai même trouvé Helen Masters, moins glaciale en Lucy Lane. Elle semble être devenue plus humaine.

L’épisode nous présente une galerie de personnages loufoques et insolites, je pense bien sûr aux invités au mariage. Soit des pique assiettes, soit des allumés. La victime, à trop exhiber son argent, nous paraît vite antipathique. Wycliffe, tourmenté d’avoir laissé derrière lui l’homme qui a tué son épouse pour abréger ses souffrances semble parfois ailleurs et avoir du mal à se concentrer. Il ne montre en tout cas pas sa malice habituelle. S’il ne se met jamais en colère, il n’a aucune piste, pas plus que Kersey et Lucy.

Une séquence très drôle, celle d’une vieille farfelue qui s’accuse du crime, arrache des rires à Kersey et Wycliffe, ce qui est rarissime dans la série. Cela rappelle celui qui se faisait passer pour Kailimoku dans « Hawaii Police d’état ».

Les décors (un hôtel de luxe au bord des falaises vers Penzance) sont splendides. L’épisode peut séduire une nouvelle frange de téléspectateurs qui prennent la série en cours de route. Il est aussi passionnant que « La bande des quatre », le pilote de la saison 1. Je vous recommande cet opus impeccable, qui ne contient absolument aucun défaut, et nous donne envie de voir vite la suite. Et puis nous avons deux affaires en un seul épisode.

Anecdotes :

  • Le nouveau chef, Stevens, est incarné par Michael Attwell (1943-2006). On l’a vu de 1968 à 2006 dans beaucoup de rôles : « Docteur Who », « Bergerac », « Oliver Twist », « Inspecteur Morse », « Miss Marple » avec Geraldine McEwan.

  • C’était les débuts de Josephine Butler qui depuis a fait du chemin. Elle a tourné dans des séries et films américains comme « L’immortelle », spin-off de « Highlander », « Dark Shadows » de Tim Burton. Impossible de trouver sa date de naissance sur ses biographies. Elle tourne en ce moment le film « Monochrome »  de Thomas Lawes.

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2. PÈRES ET FILS
(CLOSE TO HOME)

Scénario : Isabelle Grey. Réalisation : David Innes Edwards.

Résumé :

Le père d’un ami de David, fils de Charles Wycliffe, est tué par un junkie, Mick Sennan,  manipulé par un malfrat qui a organisé un trafic de cassettes vidéo pirates. Sennan se suicide en prison et Doug Kersey, accusé de négligence, voit retirer l’enquête.

Critique :

Cet épisode ne contient aucun spoiler, dans la mesure où tant le téléspectateur que l’équipe de policiers connaissent dès le départ le coupable. Tout est donc dans la présentation de l’affaire, les conséquences qu’elle va avoir sur les personnages, on est davantage dans le drame psychologique que dans le policier.

Deux moments importants dans cet opus : Charles et son fils David qui lui reproche son métier de policier, même si l’amitié de David avec Rob Tyzack est un peu improbable. La victime, Bernard Tyzack, voulait se lancer dans le trafic de drogue après avoir fondé un empire de la prostitution grâce à un réseau de campings et de caravanes, et avec un associé, Blackie Tremain, un trafic de cassettes vidéo. Il s’agit de films non encore sortis en salles, piratés par le satellite, enregistrés et vendus sous le manteau. Tremain voulait se limiter à sa lucrative contrefaçon de cassettes, mais Tyzack souhaitait investir dans le trafic d’héroïne, domaine réservé à un narcotrafiquant que l’équipe de Wycliffe veut coincer en vain depuis des années. Tremain envoie donc Tyzak, le junkie, pour effrayer l’associé, mais accidentellement, Tyzak le tue.

Signe de l’époque, les cassettes VHS, aujourd’hui bien démodées depuis l’apparition du DVD. L’étonnant ici, comme le constate amèrement Wycliffe, est que la copie illégale de films rapporte plus que la prostitution et la drogue, avec en cas de capture par la police des peines minimales.

L’intérêt de l’opus est donc la relation père-fils chez les Wycliffe, lequel s’adonne à nouveau à sa passion de pianiste de jazz, et l’affaire Kersey. Le commandant Stevens veut sa peau, dans un premier temps sa mise à pied, pour ne pas avoir su gérer la dépression de Sennan qui s’est pendu dans sa cellule.

C’est la seconde fois dans la série après « Folle de toi » (cinquième épisode de la saison 3) qu’il nous est montré un coupable échappant à la justice faute de preuves. Gros échec pour notre superintendant donc, mais aussi démonstration que « Wycliffe » est une série réaliste avec son lot d’affaires non résolues, de coupables laissés en liberté.

On voyage ici sur un marché aux puces, où Tremain écoule ses cassettes de contrebande, dans deux campings gigantesques aux environs de Camborne, qui sont mornes à pleurer en plein hiver, des paysages de désolation où se cachent pourtant des truands de tous bords.

On découvre que le géant Stevens a le grade de commandant, qu’il n’aime guère Wycliffe et encore moins Kersey. L’épisode se déroulant dans la ville du héros, les scènes d’enquête et familiales peuvent alterner rapidement. Pour ceux qui veulent une intrigue policière seule, il y a suffisamment de suspense et de rebondissements. Chacun peut donc y trouver son compte, mais cet épisode réjouira en tout premier les amateurs de la police moderne, dans une vision très réaliste, avec ses imperfections, la hiérarchie qui ne veut pas que l’on fasse de vagues.

Jack Shepherd démontre une fois de plus la justesse de son jeu en flic intègre et bon père de famille, conciliant les deux.

Anecdotes :

  • Centré sur le trafic de cassettes vidéo, cet épisode date du 6 juillet 1997, le DVD arrivant dans le commerce en Europe l’année suivante. On y voit une fabrique clandestine de cassettes et les systèmes de duplication.

  • Troisième fois que Jack Shepherd se met au piano après « Mort à l’arrivée » et une courte séquence de « Le mariage surprise ».

  • On note que l’apparition de la fille de Wycliffe est anecdotique (une scène) alors que celle de David, le fils, est omniprésente.

  • Bruce Byron (1959-) qui incarne Blackie Tremain a joué au cinéma dans « Le retour de la momie », « Jeanne d’Arc » (version Luc Besson). Il est crédité dans cet épisode comme « Bruce M. Byron ».

  • Wycliffe avoue qu’il aurait préféré être pianiste de jazz que policier.

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3. VENGEANCE
(ON ACCOUNT)

Scénario : Kevin Clarke. Réalisation : David Innes Edwards.

Résumé :

Tandis que l’enquête de la police des polices se poursuit sur les conditions dans lesquelles Doug Kersey a laissé se suicider Mick Sennan, Wycliffe est confronté à une terrible affaire : un chantage aux petits pots pour bébés empoisonnés déposés et vendus dans un magasin. Sept pots se baladent dans la nature et le compte à rebours a commencé.

Critique :

« Wycliffe » se confirme être à la fois une série/feuilleton (cet opus est la suite directe du précédent épisode) mais aussi un programme non destinés aux âmes sensibles. Après l’horreur des « Joies de la famille », nous avons ici un individu qui demande 100 000 livres de rançon, ayant empoisonné sept pots pour enfants. Le terrible maître chanteur ne va pas apprécier que Wycliffe lui tende un piège.

Doug Kersey sombre dans l’alcoolisme, ne se lave plus, et ressemble à un SDF. Il est interrogé sur sa responsabilité dans le suicide d’une fripouille, un tueur, Mick Sennan, et pose logiquement la question à l’IGS locale : « On fait plus cas d’un gangster que d’un policier ». De déchéance en déchéance, il va se rendre dans un pub pour boire une bière abandonnant son poste d’observation avec Lucy lors de la remise de la rançon par son chef au maître chanteur et commettre ainsi une faute grave.

Après avoir donné un avertissement, l’odieux racketteur passe à l’acte, ce qui signifie un nourrisson victime. C’est la consternation et l’effroi chez le spectateur. Le twist final nous révèlera (spoiler) les véritables mobiles de l’assassin.

C’est un suspense constant, qui nous tient en haleine cinquante minutes. Wycliffe ne se bat pas contre des enfants de chœur. La preuve en est donnée une fois de plus.

Le superintendant Lepage (Sharon Duce) enquête à charge contre le malheureux Kersey qui finira par sortir de ses gonds. Wycliffe tente de lui venir en aide. On découvre une fois de plus les rouages de l’administration policière et la méchanceté du commandant Stevens. Le scénariste brouille les pistes et c’est avec une facilité déconcertante que vers la fin de l’épisode, Wycliffe découvre l’identité de l’empoisonneur de pots de nourritures pour bébés. Nous avions les clés quasiment dès le début de l’enquête, lors de la visite chez le propriétaire du magasin d’alimentation, mais le spectateur (comme Wycliffe) est passé à côté, sinon il n’y aurait pas d’épisode.

Cette série nous peint une société profondément pessimiste, où les pires horreurs se commettent, et colle ainsi à la réalité quotidienne. Cette-fois, le coupable sera arrêté, on a vu que d’autres cas, il s’en sort par manque de preuves. Nous sommes à des lieues des intrigues à la Agatha Christie ou des fantaisies de « Chapeau melon et bottes de cuir ». « Wycliffe » est enraciné dans le réel, sordide. Cette-fois encore, c’est une réussite totale.

Anecdotes :

  • Erreur de continuité : dans « Le bateau vert » (saison 1), Kersey disait servir dans la police depuis dix huit ans, dans « Vengeance », il évoque une période de quatorze ans de service, alors que trois ans ont passé depuis « Le bateau vert ».

  • Il est évoqué ici une ancienne affaire d’assassin d’enfant, avec le personnage de Margaret Ezzard, mère d’une des victimes, et le tueur pédophile qui croupit en prison, John Larsen, nous les voyons tous les deux, l’histoire était sans doute passionnante, mais n’a pas fait l’objet d’un épisode filmé au cours des précédentes saisons.

  • Le comédien qui incarne John Larsen n’est pas crédité au générique.

  • Lucy est aidée dans cette enquête par une auxiliaire de police, Sally Miller (Nicola Jefferies au générique, Jeffries sur Imdb), c’est elle qui trouve le coupable, elle reviendra dans un unique épisode, le suivant, « Question d’hérédité ».

  • Grand moment dans l’épisode lorsque Kersey balance à la femme flic Lepage « Vous êtes toujours en train de protéger les criminels contre la police ».

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4. QUESTION D’HÉREDITÉ
(LONE VOYAGER)

Scénario : Philip O’Shea. Réalisation : Michael Brayshaw.

Résumé :

Le mari d’une célèbre navigatrice en solitaire, Paula Tresize, appelle Lucy Lane. Sa femme a disparu. Elle avait des ennemis voulant faire raser l’usine des frères Davis pour la sauvegarde des loutres. On retrouve vite un cadavre dans une carrière. C’est celui de Joanna Harris, médecin de Paula.

Critique :

Après une série d’épisodes majeurs, « Question d’hérédité » est très moyen. Le scénario nous entraîne un peu dans toutes les directions. Avec en fil rouge, le sort de Kersey.

Paula était mariée avec un homme plus jeune qu’elle, Ben. Le personnage de Paula, plutôt antipathique, n’apparaît que vers la fin. Entre temps, c’est une longue enquête policière assez laborieuse. On soupçonne les frères Davis ainsi que le mari. C’est le meurtre de Joanna Harris, dont les dossiers médicaux sur Paula Tresize ont disparu, qui occupe Wycliffe.

Sans être un ratage, l’épisode n’est pas passionnant et le spectateur regarde de temps en temps sa montre. Sans doute la part consacrée à l’affaire Kersey et au rapport du superintendant Lepage, le fait que le commandant Stevens devant une campagne de presse déchaînée veuille sacrifier Kersey, sont-ils trop importants au détriment de l’intrigue nouvelle.

Ben, le mari, est trop suspect, il drague gentiment Lucy alors qu’il est peut être veuf. Le titre français fait allusion à la maladie d’Alzheimer dont fut victime le père de Paula, le titre anglais à la profession de la navigatrice. L’ensemble manque parfois de cohérence et de suspense. Rien à reprocher aux comédiens, c’est le scénariste qui n’est pas convaincant : par exemple la piste des frères Davis tourne court de façon peu naturelle. Le mobile de meurtre contre une écologiste forcenée par les héritiers d’une usine s’évapore au fil des images.

Si ce n’était pas le suspense sur le sort de Kersey, le téléspectateur décrocherait complètement. Reste les décors, sublimes. Nous sommes à Penhale, un village assez photogénique. Le réalisateur s’en donne à cœur joie.

Quant aux comédiens invités vedettes, je ne les ai pas trouvés extraordinaires.

Anecdotes :

  • Il est encore fait allusion aux évènements de l’épisode « Père et fils » et à l’enquête du superintendant Lepage. Stevens veut renvoyer Doug Kersey.

  • Doug, devenu alcoolique, boit en cachette pendant le service.

  • L’épisode se termine sans que nous soyons fixés sur le sort de Doug Kersey.

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5. LE FANTÔME
(SEEN A GHOST)

Scénario : Isabelle Grey. Réalisation : Michael Brayshaw.

Résumé :

Morna Petheric, une jeune automobiliste, croit voir un spectre à un passage piétons et renverse mortellement une femme de 51 ans, Dinah Curran. Après une rapide enquête, il s’agirait de la tante de Morna.

Critique :

On a déjà dit que la série se mariait mal avec le genre fantastique. Nous faisons un retour dans le passé à l’été 1976. Si Morna semble dérangée quelque peu mentalement, le reste de sa famille ne vaut guère mieux.

Le jeu de l’actrice qui incarne la mère de Morna, Mrs Petheric (Gwen Taylor) est vraiment mauvais. Elle en fait des tonnes dans le genre « allumée ».

Parallèlement à cette affaire, le sort de Doug Kersey se décide. Le superintendant Lepage nous apparaît plus sympathique. Elle affronte le commandant Stevens et passe du côté de Wycliffe et de son équipe.

Le scénario d’Isabelle Grey est catastrophique, et pas du tout adapté à la série. Un peu comme si l’on mettait une intrigue du « Sixième sens » dans un « Maigret ». L’histoire rappelle par certains côtés « Psychose ». Mais dans une série aussi réaliste, la mayonnaise ne prend pas.

C’est mal joué, mais l’on ne peut en vouloir aux comédiens de ne pas parvenir à défendre une cause perdue. La plus grande incohérence est que Morna puisse penser sérieusement avoir tué sa tante en 1976, et l’avoir reconnue en 1997 alors qu’elle a logiquement vieilli et a un aspect totalement différent. Morna parle comme si tout cela datait d’hier, alors qu’elle avait sept ans.

Le jeu atroce de Gwen Taylor n’arrange rien. On sent que rien n’est naturel dans cet épisode, tout semble forcé. Un signe qui ne trompe pas est le peu de temps consacré à l’enquête sur l’affaire du fantôme, l’équipe de policiers étant mobilisée autour de la réhabilitation de Kersey par Lepage.

Vers la fin de l’épisode, la production tente de rééquilibrer les choses en nous présentant un autre meurtre qui s’est passé il y a plus de vingt ans au sein de la famille Petheric. On pense alors à la série « Cold Case », mais là aussi, cela ne colle pas avec l’univers de « Wycliffe ». « Le fantôme » relève du genre « fantastique expliqué » façon Gaston Leroux mais la plume d’Isabelle Grey a été bien mal inspirée. L’interprétation catastrophique par les guest stars vient confirmer le ratage total.

On comprend mal aussi pourquoi Charles Wycliffe et son épouse se rendent – en pleine affaire Kersey – à la réception guindée donnée par le commandant Stevens et son horripilante femme. Un épisode à éviter pour commencer la série, d’ailleurs l’arc « Mick Sennan » (le bandit que Kersey est accusé d’avoir laissé se suicider en prison) et qui se conclue ici rend incompréhensible l’histoire si l’on n’a pas vu tous les épisodes depuis « Père et fils ».

Anecdotes :

  • L’épisode se déroule à Penzance.

  • En VO, la victime se prénomme Dinah, en VF Diana.

  • Le meurtre se déroule le 15 avril 1997, ce qui est énoncé à l’audience.

  • Par rapport aux autres épisodes, on voit très peu Lucy.

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6. LES LOCATAIRES
(BAD BLOOD)

Scénario : Scott Cherry. Réalisation : Alan Wareing.

Résumé :

Wycliffe est à l’enterrement de l’oncle de sa femme lorsqu’il est appelé sur une enquête à l’autre bout des Cornouailles. Le meurtre d’un propriétaire qui voulait chasser ses locataires. Une série de drames va s’ensuivre.

Critique :

Pour cause d’enterrement, Wycliffe est indisponible durant la première demi-heure, comme si l’on voulait habituer le téléspectateur à son absence. Grièvement blessé par la suite dans la série, certaines enquêtes seront menées par Lucy et Doug seuls. Le superintendant intervient dans l’intrigue à la 33e minute. Auparavant, on aura entrevu Jack Shepherd avec Lynn Farleigh (Helen) à la cérémonie funéraire.

La misère des fermiers des « Locataires » rappelle celle des pêcheurs de « Perdu corps et bien » en pire, c’est tout dire ! L’intrigue policière passe au second plan, c’est surtout une tragédie avec des gens acculés financièrement. C’est un pays bien pauvre qui nous est montré. Aucune fioriture, un réalisme cinglant, le Royaume Uni des ces années post Margaret Thatcher nous présente des pantins désarticulés que les banques traquent. Face à cela, des tragédies d’une violence terrible se déclenchent. Folie et meurtre côtoient les tentatives de suicide et autres  situations désespérées.

Meilleur que « Le fantôme », « Les locataires » n’est pas un film à regarder un jour de blues, il faut avoir le cœur bien accroché, on a l’impression que l’équipe de Wycliffe ne fait que compter les coups. Matériellement, arrivant en plein drame, les policiers ne peuvent faire grand-chose. L’identité du meurtrier n’est pas un spoiler, mais l’on ne dira rien. Pour donner une idée de la tonalité de l’histoire, le meurtrier est plus préoccupé par le fait que les banques soient remboursées que par son propre sort, il va aller en prison.

L’épisode est d’une violence extrême, on se croit parfois en plein Far West avec la justice expéditive, la loi du plus fort, des scènes insoutenables impliquant un bébé. L’épilogue est tellement atroce que Lucy Lane craque, on voit Helen Masters, censée gardée son self control en larmes. Wycliffe arrivé en milieu d’épisode n’a pas eu le temps de faire grand-chose. Cela ressemble presque à du reportage et non à de la fiction.

Grande gagnante de l’opus, Helen Masters qui brise définitivement son image glaciale pour devenir humaine. Il est rare que la télévision nous montre, dans une série, des policiers pleurer. Cela ne fait pas professionnel. Que faire d’autres ici devant cette avalanche de drames jamais surfaits, empreints du réalisme des faits divers et de la crise économique. On peut juste estimer qu’au lieu de s’occuper des morts, c'est-à-dire de l’enterrement de l’oncle de sa femme, Wycliffe aurait mieux fait d’intervenir auprès des vivants tant qu’il était encore temps, à supposer qu’il ait pu s’interposer. L’épisode est tout sauf un divertissement et laisse le téléspectateur sonné, en état de choc. La dimension de « distraction » est mise complètement de côté. C’est pour cela que l’on aime ou déteste cette série. Pour bien comprendre « Wycliffe », je conseillerai de voir en premier le meilleur épisode, l’atroce histoire « Les joies de la famille ». Car celui-là donne bien le ton de la série, dont « Perdu corps et bien » et « Les locataires » sont en droite ligne de la même veine. Plus qu’une série policière, « Wycliffe » est une série hautement dramatique.

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Anecdotes :

  • On retrouve dans un petit rôle Nick Brimble (1944-), le géant qui fit tint deux fois un rôle mémorable dans « Mission Casse Cou ». Il ne fait que deux apparitions.

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7. LE NAUFRAGEUR
(TO SUP WITH THE DEVIL)

Scénario : Carolyn Sally Jones. Réalisation : Graeme Harper.

Résumé :

Lucy est kidnappée par un assassin, ancien informateur de la police, qui l’entraîne le long des falaises de la petite ville de Saint-Clair. Il veut la noyer, attendant que la marée arrive. Une course contre la montre pour la sauver commence.

Critique :

Si le téléspectateur retient un seul épisode de « Wycliffe » des années après, c’est bien celui-là. Il hante longtemps la mémoire après l’avoir vu. Episode hors normes, se situant sur le seul terrain du suspense sans aucun spoiler, c’est celui dans lequel Lucy Lane/Helen Masters a le plus beau rôle.

Pendant cinquante minutes, on est tenu en haleine. Lucy s’est bêtement laissée piéger et se retrouve avec des menottes, au bas d’une falaise qui jadis servait aux habitants pour attirer les bateaux, provoquer leur naufrage contre les rochers, en voler le contenu et en dépouiller les passagers que l’on massacrait. Une affaire que l’on appelait « les naufrageurs ».

Dans cet opus, il y a un meurtre, mais l’on trouve rapidement le coupable. Pas de spoiler donc, il a violé une jeune femme, tué celui qui pouvait l’identifier et kidnappé Lucy Lane. Un certain Gary, ex informateur de la police, que des fichiers non mis à jours ont permis de continuer à sévir.

ITV a mis les petits plats dans les grands : reconnaissance en hélicoptère sur fond de musique de Nigel Hess, décors mis en évidence, huis clos entre le meurtrier et Lucy. Un épisode hautement physique pour Helen Masters dont le personnage est mis à rude épreuve. Elle doit jouer avec le feu, feindre de ne pas avoir peur de son agresseur,  pourtant terrifiant.

Bien entendu, Lucy survivra. On s’en doute, mais on tremble pour elle. La prouesse de cet opus est de ne jamais nous permettre une minute d’ennui alors que l’on se doute de la conclusion heureuse. Wycliffe connaît bien la petite station de Saint-Clair pour y avoir fait un séjour de vacances avec son épouse, tandis que pour Lucy, ce lieu restera celui de son pire cauchemar.

« Le naufrageur » est radicalement différent de l’épisode précédent. Nous ne sommes plus trop dans le réalisme mais dans le film à suspense. Avec pour décor unique les falaises, la réalisation, nerveuse à souhait, nous fait oublier les quelques péripéties du début, à savoir l’enquête, pour se plonger au cœur de l’action pure.

Toute l’introduction n’est que le prétexte à une mise en place du suspense. Une sorte de « mise en bouche ».

Cet épisode est assez atypique pour la série, car on pourrait trouver l’équivalent dans n’importe quelle série policière. On imagine Mc Garrett/Jack Lord à la place de Lucy. Son affrontement avec le sadique Gary Tregenna (Darren Tighe) – qui ne paie pas de mine au premier abord – restera un des grands moments de toute la série. La scénariste Carolyn Sally Jones a habillement brouillé les pistes, on pense au début à un whodunit classique, un ex-mari (la victime) qui empruntait des sommes à son épouse remariée, tenait un night club de mauvaise réputation. Habile passage de l’intrigue policière au grand suspense le long des falaises. Une réussite totale.

Anecdotes :

  • Au début de l’épisode, Charles Wycliffe est obligé d’assister à une réunion des officiers supérieurs dont l’objet est la réduction  des effectifs, il passe son temps… à griffonner un dessin, sous les yeux d’un commandant Stevens interloqué.

  • Stevens voudrait que Lucy Lane soit promue au poste de responsable de gestion. Wycliffe estime qu’elle manque de pratique.

  • Darren Tighe (1973-) n’a pas fait une grande carrière. Il est surtout connu pour des apparitions à la TV britannique dans des séries comme « Cracker » et « Barnaby ».

  • Helen Wycliffe se souvenant d’un endroit enchanteur a presque l’impression que son mari part en vacances plus que pour résoudre un crime !

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8. VIEILLES MÉTHODES, NOUVEAUX CRIMES
(OLD CRIMES, NEW TIMES)

Scénario : Arthur McKenzie. Réalisation : Graeme Harper.

Résumé :

Parce qu’il a mal instruit une enquête, Wycliffe, du moins l’un de ses collaborateurs, un certain Noble,  provoque le non-lieu d’un coupable, Tully. Le commandant Stevens fait ouvrir à nouveau un dossier vieux de onze ans sur le meurtre d’une petite fille contre l’avis de Wycliffe.

Critique :

Episode complexe, qui nécessite plusieurs visions pour une bonne compréhension, mais n’emporte pas pour autant l’adhésion du téléspectateur.

Neil Maskell, en Tully, est odieux à souhait. Il quitte vite l’image et l’on sera fixé sur son sort à la fin de l’épisode. Wycliffe semble admettre l’échec, imputable à l’un de ses collaborateurs, l’inspecteur Noble. Au nom de la procédure, une racaille retrouve la liberté. Le début de l’histoire, en plein procès, avec des juges en perruque, nous déconcerte un peu.

L’intrigue s’égare dans les arcanes de la politique intérieure de la police dans lesquelles nage le commandant Stevens. Le vice de forme n’a pas été repéré et provoque une enquête interne. L’inspecteur Noble paiera le prix fort pour la faute commise. Doug Kersey, qui sort de gros ennuis, est conscient des dégâts que l’enquête au sein de la police va faire.

Wycliffe fait face à d’autres ennuis : sa fille de seize ans, Ruth, fréquente un garçon de vingt ans, Andy, ce qui ne lui plaît guère. Il a du mal à accepter le temps qui passe. Son épouse lui dit qu’il n’est pourtant pas vieux.

L’enquête interne est menée par le superintendant Crow. Stevens décide de rouvrir une enquête datant de onze ans sur une petite fille violée et tuée par son beau-père. Stevens a un nouveau suspect, un camionneur emprisonné, Stringer (dont l’interprète n’est pas crédité au générique), une blessure remise à jour pour la famille en vain, la certitude de Wycliffe s’avérant fiable. Le véritable coupable est mort et enterré.

Le problème de cet opus, qui n’est pas nul, est d’ouvrir trop de pistes scénaristiques (l’assassinat d’un jeune garçon par Tully, la réouverture du dossier de la petite Olivia Patterson, les problèmes familiaux de notre héros avec sa fille). Comme si ce n’était pas suffisant, on rajoute l’histoire d’un policier qui vient de mourir, un élément qui tombe complètement à plat et vient surcharger une intrigue qui n’en avait pas besoin. La veuve déteste tellement la police qu’elle refuse tout uniforme aux funérailles. Mais ce sont des scènes inutiles entre Doug et la veuve.

Stevens reproche à Wycliffe de trop s’impliquer pour son équipe, d’avoir une approche de son métier trop passionnelle. L’affrontement entre les deux hommes en arrive à un point de non retour.

Wycliffe oppose le bien fondé des anciennes méthodes (le résultat de l’enquête Patterson lui donnera raison). L’opus est trop bavard pour vraiment nous passionner, et la multitude de pistes ouvertes désoriente le spectateur. C’est un choc après le haletant « Naufrageur » où l’on était scotché devant le petit écran.

Le superintendant sera ravi de ridiculiser son chef avec un ours en peluche en guise de cadavre de bébé enterré dans un cimetière. La scène est savoureuse et mérite à elle seule que l’épisode n’hérite pas de la note minimale. Mais impitoyable avec l’inspecteur Noble qu’il dégradera pour négligence dans plusieurs affaires. Charles Wycliffe pique là une de ses fameuses colères dont il a le secret.

Pour une fois, il n’y a pas de continuité avec l’épisode précédent : Lucy est abattue mais cela n’a rien à voir avec son épreuve dans « Le naufrageur ». Elle réalise que son chef avait raison dans l’affaire Patterson.

Un épisode en demi-teinte, surchargé en écriture, et qui nous laisse un goût d’inachevé. Quant à Tully, ce n’est pas la justice officielle qui le rejoindra.

On éprouve un écœurement viscéral envers le commandant Stevens.

Anecdotes :

  • Stevens reproche une nouvelle fois à Wycliffe de ne pas avoir renvoyé Doug Kersey.

  • Le père de la victime dit à Wycliffe « Vous vous demandez pourquoi le peuple déteste la police ? ».

  • Premier épisode où la fille de Wycliffe, Ruth, a un rôle important, habituellement c’est son frère qui a ce privilège.

  • Wycliffe se voit adjoindre une nouvelle collaboratrice, Trudie (Sarah Huntley), imposée par Stevens.

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9. LA DANSE DES SCORPIONS
(DANCE OF THE SCORPIONS)

A noter : cet épisode, tourné entre deux saisons, d’une durée de 90 minutes, a été diffusé en France en deux parties. Il fait le lien entre les saisons 4 et 5.

Scénario : Arthur McKenzie. Réalisation : Paul Harrison.

Résumé :

Wycliffe sur le point de partir en vacances à Paris donne des instructions à Lucy. Un double meurtre sauvage a lieu en pleine nuit, celui de Thomas Dyson un promoteur immobilier, et de son épouse. Helen Wycliffe décide de partir sans son mari. Charles aurait été bien inspiré de l’accompagner.

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Critique :

Cette-fois, Wycliffe joue dans la cour des grands criminels. Le début de ce long épisode hors saison nous propose de splendides images d’une course maritime.

Pour la première fois, Wycliffe s’attaque à plus fort que lui. Et notre héros va bien manquer y laisser sa peau. Réseau de call-girls, cartel de la drogue, trafiquants d’armes, et le terrible et puissant Patrick Durno incarné par un véritable meurtrier, l’acteur Leslie Grantham (voir Anecdotes :). Wycliffe rencontre, en présence de Stevens, d’étranges personnages, dont on comprend qu’ils viennent du MI5, qui lui disent d’oublier Durno.

Le petit superintendant de province, comme il se qualifie, n’entend pas se laisser intimider par qui que ce soit. Durno est trafiquant d’armes mais n’a pas tué les Dyson. C’est un de ses clients, Harry Parsons (Stevan Rimkus) qui s’est fait surprendre en cambriolant. Durno le sait.

On se croit davantage dans un film d’espionnage réaliste (genre Harry Palmer) que dans un policier. Les appels téléphoniques de Wycliffe à son épouse à l’hôtel du Louvre à Paris ont un côté prémonitoire, comme si quelque chose de terrible allait se produire. Le drame est imminent lorsque Kersey demande à la call girl Sarah d’espionner la piscine de Durno et que l’on retrouve son cadavre.

Pour la première fois, quelqu’un tente de corrompre Wycliffe : Durno. « Vous feriez mieux de vous en tenir à vos braconniers » lance-t-il au superintendant.

On ne comprend pas trop l’attitude du MI5, service de contre espionnage qui surveille Durno, trafiquant d’armes.

Avec la poursuite entre hors bord et hélicoptère, on se croit cette-fois dans un « James Bond ». On sent que cette affaire dépasse Wycliffe, un trafic d’armes destiné aux groupes d’extrême droite en Europe.

Wycliffe part rejoindre son épouse Helen à Paris, laissant à Lucy la direction des affaires.

Durno est officiellement mort, mais l’on n’a pas retrouvé son corps en mer. Il surgit chez Wycliffe arme à la main. A genoux, le superintendant se saisit d’un morceau de verre qu’il plante dans le ventre de Durno, mais ne peut empêcher l’autre de lui envoyer une balle dans la nuque.

Les téléspectateurs restent sur un cliffhanger absolument époustouflant. En effet, rien n’est moins sûr qu’une saison 5 soit faite malgré les taux d’audience. La comédienne Helen Masters, qui incarne bien entendu Lucy Lane, est alors enceinte.

La tonalité de la série a pris une tournure grave, bien éloignée des romans de W.J. Burley. Cet épisode remarquable aurait pu servir de final, certes cruel.

Anecdotes :

  • Lucy a un nouveau boy friend. On l’aperçoit au début lors de la course. Il n’en est plus question dans la suite de ce double épisode.

  • Wycliffe retrouve lors de son enquête une femme qui a jadis voulu le séduire, Rubina Winter (Lesley Duff)

  • On entend la chanson « Sweet dreams » d’Eurythmics à la radio lorsque Doug enquête chez la femme de Formby, l’indic.

  • Puis, lorsque Wycliffe et Doug arrivent chez Durno, la scène est illustrée par le premier mouvement de la « Petite musique de nuit » de Mozart.

  • Le titre « la danse des scorpions » s’explique ainsi : un indicateur de Kersey dit « C’est moi qui mène la danse des scorpions, je vous montre la bonne direction mais à vous de voir si les pièces s’emboîtent ».

  • Leslie Grantham (1947-) incarne Durno. Avant d’être acteur, il a été emprisonné pour un meurtre dont il était coupable et a purgé dix ans de prison. C’est une visiteuse de prison qui le persuada de devenir comédien. Il est surtout connu pour la série « Eastenders ».

  • Rachel Shelley (1969-) incarne Sarah, la call-girl attitrée de Durno. On l’a vue dans « L Word » » et « Ghost Whisperer ».

  • C’est la première fois que dans certaines scènes Jack Shepherd porte des lunettes.

  • A partir de la 21e minute, Wycliffe porte une marque de coup à l’œil suite à une bagarre avec l’indic Formby.

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