Présentation Once Upon a Time est une série fantastique américaine créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz, diffusée sur le réseau ABC depuis octobre 2011. « Le jour du mariage de Blanche-Neige et du Prince Charmant, la « méchante » Reine fait irruption et lance une malédiction. Tout le monde est inquiet, et les jeunes mariés craignent pour leur enfant à venir. Ils décident de consulter Rumplestiltskin, un étrange et dangereux personnage. Ce dernier les informe que l'enfant qu'ils attendent viendra les sauver lors de son 28e anniversaire. La petite Emma naît et la malédiction se rapproche. Le prince réussit à envoyer sa fille dans un endroit sûr. Cependant, la Reine arrive et tous sont envoyés dans un monde sans magie, où ils ne se souviennent pas de leur véritable identité. Chaque épisode de la première est construit de manière à mettre en parallèle le passé dans un monde enchanté et le présent à Storybrooke. Les histoires de chaque époque se rejoignent pour former une trame cohérente et explicative : rien n’est laissé au hasard et chaque épisode vise à apporter son lot de détails sur l’histoire de chaque personnage, un épisode se focalisant essentiellement sur l’un d’entre eux. Dans un monde ou dans un autre, les scénarios sont construits presque à l’identique, mais évidemment sous des formes. En ce qui concerne les rebondissements, ceux-ci sont innombrables. Il est difficile de décrocher tant il y a d’éléments insoupçonnés et d’événements improbables qui se succèdent au fil du temps. La vie de chaque individu rejoint la vie d’un autre, et au fur et à mesure, tous les éléments se mettent en place pour permettre à la population de Storybrooke de retrouver sa véritable identité. Adam Horowitz raconte que c’est le film Blanche-Neige et les sept nains qui l’inspira et notamment le personnage de la Reine qu’il avait trouvé terrifiant étant enfant. Pour Edward Kitsis, les contes font écho aux peurs de l’enfance. L’idée avec la série était de dire : « Voilà ce que vous ignorez », prendre une histoire connue et poser d’autres questions dessus. Exemple : pourquoi Grincheux est-il grincheux ? Once upon a time mélange les personnages pour créer quelque chose de nouveau. Pour la scénariste Jane Espenson : « Il ne s’agit pas simplement d’aller au pays des contes jouer des personnages mais plutôt de donner vie à ces personnages dans le monde réel où ils auraient l’épaisseur de véritables personnes ». Sur ce plan là, c’est une véritable réussite. L’amour est la quête essentiel de tous les personnages : « C’est de l’amour que naît l’espoir » explique Jane Espenson. Ginnifer Goodwin renchérit : « C’est une source d’espoir ». La série est tournée au Canada, en Colombie Britannique. C’est la petite ville de Steveston, près de Vancouver, qui représente Storybrooke. A Storybrooke où le temps s’est arrêté vivent anonymement tous les personnages des contes de fée et biens d’autres. Leurs personnalités, leurs réputations et leurs fonctions sont quasiment identiques d’un univers à l’autre, la seule différence étant que dans le monde réel, personne n’est capable de se rappeler de sa véritable histoire. Aucun des personnages enchantés ne peut sortir de la ville, ce qui permet de suivre la vie de personnes très proches les unes des autres, et telle une vie à la campagne, le contrôle et la surveillance des moindres faits et gestes est alors obligatoire et nécessaire. Regina Mills, maire de Storybrooke et mère adoptive de Henry, alias la Reine dans le monde des contes, est la figure incontournable de la série. Seule à connaître la vérité, froide, hautaine, manipulatrice et charmeuse, elle forme avec son rival M. Gold, propriétaire de la ville, alias Rumpelstiltskin, devenu le Ténébreux, un duo éclatant et dangereux. Robert Carlyle effectue un brillant travail en interprétant trois personnalités radicalement opposées les unes aux autres. Blanche-Neige ou Mary Margaret Blanchard dans la vie moderne fait au début figure de godiche. Mais le temps passant, chaque chose devenant un peu plus claire jusqu’au dénouement final, et devenant plus compliquée pour elle et pour les autres, elle devient une femme de caractère, douce, certes, mais éloignée de cette image recyclée de princesse Disney. Le Prince Charmant, alias David Nolan, paraît également très naïf au début de la saison. Emma Swan, leur fille, abandonnée donc à sa naissance, a vécu de centre d’accueil en centre d’accueil et a fini par devenir une grande rebelle. De la même manière, elle abandonne son fils Henry. Plus âgée, elle devient une femme d’action, incrédule mais très protectrice envers le garçon qui est venu la retrouver à Boston. D’autres protagonistes attachants viennent compléter le tableau : Jiminy Cricket, Le Petit Chaperon Rouge, Belle, Grincheux, et le Dr Frankenstein, bien qu’il ne soit pas un personnage de conte. Casting Interviewés pour les bonus du coffret DVD, les producteurs ont confiés avoir eu la chance que les acteurs qu’ils espéraient voir avaient tous acceptés d’emblée.
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Saison 1 2. Le Sort noir (The Thing You Love Most) 3. Le Pont des Trolls (Snow Falls) 4. Le Prix à payer (The Price of Gold) 5. La Petite Voix de la conscience (That Still Small Voice) 7. Le Cœur du chasseur (The Heart Is a Lonely Hunter) 8. Le Ténébreux (Desperate Souls) 9. Hansel et Gretel (True North) 10. Le Vol de la colombe (7:15 A.M.) 13. Le Chevalier d'or (What Happened to Frederick) 15. Le Grand Méchant Loup (Red-Handed) 16. Le Chemin des ténèbres (Heart of Darkness) 17. Le Chapelier fou (Hat Trick) 20. La Promesse de Pinocchio (The Stranger) Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Mark Mylord Le soir de son 28ème anniversaire, Emma Swan, recouvreuse de caution, reçoit la visite d’un petit garçon de 10 ans. Il s’appelle Henry et il est le fils qu’elle a abandonné à la naissance. Il lui demande de revenir avec lui à Storybrooke, dans le Maine. Selon lui, là, habitent tous les personnages de contes de fées envoyés dans notre monde par une malédiction ! « C’est un bon début d’histoire » dit Emma d’un ton un peu moqueur quand Henry lui raconte la vérité sur Storybrooke. Et nous ne pouvons qu’être d’accord avec elle ! Dès l’accroche, le spectateur est pris au piège : « Il était une fois une forêt enchanté où vivaient tous les personnages de contes. Nous les connaissons bien ou du moins nous le croyons. Un jour, ils se trouvèrent piégés dans un monde où les fins heureuses n’existaient plus. Notre monde. Voici comment tout a commencé. » Après une première scène qui renvoie au conte originel de Blanche-Neige (le réveil par un baiser) et cette phrase qui deviendra le gimmick du couple (« je te retrouverai toujours »), on passe au mariage. Mais celui-ci est brutalement interrompu par l’arrivée de la Reine déchue. Si Lana Parrilla a une prestance vraiment royale, on a la première illustration de ce qui deviendra une constante de la série : son coiffeur et son habilleur sont à jeter aux lions ! Sa menace est on ne peut plus claire : « Bientôt, tout ce que vous avez, absolument tout ce que vous aimez, vous tous ici présent, vous sera enlevé pour toujours et de votre malheur, je tirerai ma plus grande victoire. Je jure de réduire à néant votre bonheur. Je jure de le faire quoi qu’il m’en coûte ». Quand on a un problème dans ce monde, on va prendre conseil auprès de Rumpelstilskin, un être étrange, ambigüe. Robert Carlyle réussit son entrée : on assiste à la transe halluciné d’un prophète inspiré ! Mauvaise nouvelle : la malédiction est aussi puissante que la Reine l’a affirmé. Bonne nouvelle : il y a un espoir. Un seul. L’enfant que porte Blanche-Neige reviendra les sauver à son 28ème anniversaire. On a ici toutes les bases de la première saison. Le spectateur connaît donc toutes les cartes dès le début du jeu mais pas les protagonistes. Excellent moyen pour se mettre à leur place et ressentir leurs émotions. Emma et Henry arrivent à Storybrooke ; ville charmante mais guère enthousiasmante par son architecture d’un classicisme achevé. Outre les éléments que l’accroche a déjà révélés au spectateur, Henry va aussi énoncer aussi une des « lois » de Storybrooke : personne ne peut en partir. Cette règle sera rappelé constamment mais, à chaque fois, le réalisme apportera une explication plausible et, comme il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, Emma y croira à chaque fois. Emma ramène donc Henry et fait la connaissance de Regina Mills, maire de la ville, et du shérif Graham. Deuxième constante de la série : les tenues de Regina sont d’une grande classe quoique sobre. Sa robe beige est seyante et la met en valeur. Coiffure simple mais de bonne facture. La rencontre entre la mère naturelle et la mère biologique se passe plutôt bien. Un mouvement de caméra moqueur nous montre sur la table basse un panier de pommes rouges, histoire que nous sachions bien à qui nous avons affaire et que sous les dehors affables de Mme Mills se cache la Reine. Ah ! Un détail en passant : jamais dans ces lignes vous ne lirez le qualificatif de « méchante » accolée à son titre (bien qu’il soit abondamment cité). L’auteur est un « royaliste » convaincu ! Cet épisode inaugure également ce qui deviendra un fil rouge, voire un lieu commun, les confrontations Emma/Regina. Si la première est une « prise de contact », la seconde se passera nettement moins bien. Mais Regina révèle aussi son caractère emporté – on découvrira plus tard d’où il vient – et elle se montre sa pire ennemie sur ce coup-là. Emma aurait voulu repartir mais une suite d’événements (dont un loup !) vont l’en empêcher Elle perd le contrôle de son véhicule, finit dans le poteau et se réveille…en prison ! Libérée par le shérif pour aider Regina à retrouver Henry qui a encore fugué, elle fait la rencontre de Mary Margareth Blanchard, son institutrice, une jeune femme très effacée. C’est elle qui a offert le livre de conte à Henry pour lui donner de l’espoir. Emma retrouve Henry à son « château », une vieille construction en bois. Il lui dit qu’elle est là pour rétablir les fins heureuses et lui pardonne de l’avoir abandonné pour qu’il ait toutes ses chances. La scène est poignante : l’horreur pour elle, c’est d’avoir été trouvé sur le bord d’une route. Jennifer Morrison nous prend aux tripes. Dans le monde enchanté, la fée bleue amène un arbre magique : taillé par Gepetto et Pinocchio, il permettra de construire une armoire magique qui protègera de la malédiction. Charmant parviendra à y enfermer sa fille avant de succomber sous les coups des gardes de la Reine : « C’est la fin heureuse de mon histoire » assène celle-ci. C’est alors que la malédiction s’abat. Dernière rencontre d’Emma pour cette soirée d’anniversaire, décidément inoubliable : M. Gold. Incarné par un Robert Carlyle à l’élégance toute britannique, il paraît simplement être un homme poli mais le ton avec lequel il lui parle semble vouloir en dire beaucoup plus. Le sourire est énigmatique, presque moqueur mais sans hostilité. La sobriété avec lequel Robert Carlyle incarne cet homme est plus révélateur qu’un long discours : M. Gold n’est pas à prendre à la légère. La dernière scène est malicieuse : l’histoire peut commencer ! Informations supplémentaires :
2. LE SORT NOIR Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Greg Beeman Dans le monde magique, la Reine comprend que réaliser sa menace ne sera pas aussi simple et que le coût en sera bien plus élevé. A Storybrooke, Emma décide de rester. Cet épisode peut être vu comme la continuation du précédent. Après un balayage des différents habitants de Storybrooke dans leur vie quotidienne, l’épisode commence par un coup de colère de Regina qui a lu le livre de contes. On devine ce qui la mise en boule ! Sur ce coup-là, le spectateur salue la performance de Regina : elle assène sa tirade sans broncher. Belle composition de Lana Parrilla qui passe en un instant de la colère à la stupéfaction (lorsque l’horloge sonne) puis au badinage avec Archie comme si de rien n’était. Lorsqu’Emma ouvre sa porte et que Regina lui apporte des pommes, un frisson saisit le spectateur qui a évidemment en tête la fameuse scène du film de Disney et le geste de Regina est en tout point identique à celui de la sorcière. L’entendre parler de pomme sur un ton léger est proprement saisissant ! Emma reste mais la menace – dit d’un ton poli mais glacial – fait plus encore froid dans le dos. Dans ce duel, Lana Parrilla l’emporte largement sur Jennifer Morrison. A la décharge de celle-ci, Emma vit dans le réalisme et a des répliques de « série réaliste » quand les paroles de Regina ont un double sens. Durant la suite de la saison, ce réalisme s’effritera et ce processus de dévoilement (« apocalypse » en grec) sera un des moteurs de la série. Dans le monde magique, la Reine doit remettre la main sur le « sort noir » détenu par la sorcière Maléfique. Celle-ci refuse et elles en viennent à se battre. C’est un beau combat ; les effets spéciaux sont bien faits – boules de feu, télékinésie, mur de glace – mais surtout le combat est bien orchestré. La réalisation est alerte et ne s’attarde pas, ce qui donne un réel effet de mouvement. Le décor est médiéval et l’éclairage à la cheminée apporte un cachet bienvenu. On a ainsi un effet de réel très bien rendu. Les effets spéciaux ne seront pas, loin de là, toujours aussi bien réussis ni aussi bien mis en scène ! Le conseil, avisé, de Maléfique résonnera longtemps aux oreilles du spectateur et reviendra lancinant tout au long de cette saison. La scène suivante témoigne à nouveau du talent de Greg Beeman. Dommage qu’on ne le revoit plus ensuite. Réunissant un groupe de méchants, la Reine veut lancer le sort noir mais il fait pschitt et c’est un fiasco humiliant ! Après un plan large qui pose le décor, le réalisateur choisit de privilégier des plans à mi-corps de la Reine érigée en personnage majeur de ce moment qui doit consacrer sa gloire et réaliser sa vengeance. Ce stratagème évite de s’attarder sur les rochers (qui sont faux). Le mouvement lent mais modulé de la caméra souligne le déroulement de la cérémonie et l’importance qu’elle revêt. C’est pourquoi l’échec n’en est que plus retentissant et Lana Parrilla est fantastique quand elle nous montre toute l’humiliation ressentie par son personnage : aussi importante que l’immense orgueil d’une souveraine déchue qui a juré de détruire le bonheur de tout un royaume ! Mais elle refusera de s’avouer vaincue. Les dialogues sont magnifiques dans cet épisode et les scénaristes ont bien saisi la grandeur infernale du personnage. Cet être sème l’effroi autour d’elle. Comment en est-elle arrivée là ? Pour trouver la solution, la Reine va trouver Rumplestiltskin. Contre une condition apparemment modique, il lui apporte une réponse. Une réponse terrible ! Toute la scène baigne dans une belle ambiance gothique, avec de beaux éclairages qui donne un clair-obscur caravagesque soulignant la nature sombre des deux protagonistes. Plus tard, on apprendra que Blanche-Neige a causé un tort à la Reine ; assez fort pour que celle-ci refuse de tourner la page. Elle avait le choix : le pouvoir ou l’amour. Rumplestiltskin aura une formule à ce sujet dans l’épisode « Le berger ». Lana Parrilla est une nouvelle fois éblouissante passant de l’émotion à un acte froid et pourtant elle fait ressentir la souffrance de son personnage. Oui, la Reine a un cœur mais trop de haine pour l’écouter. C’est son épisode et elle le porte sans trembler. A Storybrooke, Henry a un plan pour combattre la malédiction. C’est le début de « l’opération Cobra » que l’on suivra pas à pas. La scène qui suit entre Emma et Henry a peu d’intérêt hormis qu’elle récapitule tous les éléments du premier épisode. Par contre, il a une formule heureuse : « Au départ le héros veut jamais croire qu’il est le héros. Ça ne ferait pas une bonne histoire ». C’est bien vu, bien dit, c’est rigolo mais c’est tout. Quand Emma va trouver le psy d’Henry, Archie, pour comprendre d’où vient l’obsession de son fils pour les contes, c’est un bel essai de réalisme alors que le spectateur connaît la vérité. Cette ambivalence nous place dans une position intéressante : à la fois au-dessus (on connaît qui est qui) et dedans (à chaque moment, on attend le choc entre le « faux » réel et le « vrai » magique). Peu après, Emma est arrêtée pour un vol qu’elle n’a pas commis ! Deuxième passage par la case prison en deux épisodes ! Bel exemple pour un enfant ! Pour faire payer Regina – forcément derrière tout ça - Emma s’en va couper un pommier à la scie ! La scène qui suit, assez cocasse quelque part, est rendu tonique par une succession de gros plans alternés : colère, menace, tentative d’impressionner l’autre. Toute la panoplie est déployée dans les regards et les visages des deux actrices. Et là, Jennifer Morrison est grandiose. Quand Emma rend les coups, l’actrice sait hisser son jeu. L’adversaire est de taille, Votre Majesté ! Mais Emma n’a pas encore compris à qui elle a affaire : un entretien entre les deux femmes, commencé cordialement, normalement, comme entre deux personnes civilisées, se révèlera un piège et Emma tombera dedans comme une bleue ! L’apprentissage est décidément rude ! On est rassuré sur le talent de Jennifer Morrison qui passe de la tête d’idiote à celle de combattante. Cette touche réaliste fait tout le contraste avec le monde magique d’autant que, dans cet épisode, il fait jour dans le Maine et nuit dans l’autre monde. Informations supplémentaires :
3. LE PONT DES TROLLS Scénario : Liz Tigelaar Réalisation : Dean White A Storybrooke, Mary Margareth est dépitée et ne croit plus trop en l’amour. Dans le monde magique, un carrosse est attaqué par un habile voleur. Après le double épisode introductif, la série commence maintenant et le schéma narratif sera le suivant : l’action à Storybrooke se déroule de nos jours ; celles du monde magique en amont du sort pour nous montrer quelle était la situation au moment précis où tout a basculé et tous les faits, grands et petits, qui ont conduit à la catastrophe. Après une scène d’attaque bien menée sans plus, un zoom arrière montre le visage consterné de Mary Margareth dont le rendez-vous galant avec le docteur Whale est un fiasco. Trouvant Emma dans sa voiture, elle l’invite à venir chez elle. La scène entre les deux femmes ne manque pas d’humour, un élément peu présent jusqu’alors. Lors d’une sortie de bénévolat à l’hôpital, Henry demande mine de rien à son institutrice si elle ne connaît pas un inconnu dans le coma (le prince Charmant, grièvement blessé dans le 1er épisode). Après un échange avec Emma, celle-ci conseille à Mary Margareth de faire la lecture à l’inconnu pour démontrer à son fils que les contes de fées n’existent pas. Jennifer Morrison montre un visage finaud ; celui de quelqu’un qui joue un bon tour à un autre. C’est une de ces scènes réalistes qui sont le quotidien d’Emma. Ce genre de scène appelé à se reproduire place le spectateur dans une position ambivalente. Il comprend ce qu’essaye de faire Emma sans pouvoir partager ce qu’elle ressent et on se prend à serrer les poings pour ne pas lui crier : Emma, écoute ton fils ! La vérité n’est pas la réalité. Ce décalage est à peine amorcé ici bien sûr. Dans une ambiance tamisée, on assiste à la dite scène de lecture. Le mouvement de la caméra est tout en douceur, épousant la voix de la conteuse. C’est un joli moment de tendresse…brusquement interrompu ! Le spectateur est presque aussi surpris qu’elle bien que le suspense ne soit pas loin s’en faut hitchcockien mais on s’en veut presque d’interrompre ce beau moment. Lorsque le docteur Whale prévient Regina, le réalisateur reprend un mouvement déjà vu dans le premier : il zoom sur un panier de pommes avant d’ôter le flou de l’arrière-plan et de révéler qui l’on sait. Toujours élégante, Lana Parrilla, en retrait dans cet épisode, subjugue dès sa première scène. Quand, dans le même temps, David Anders ne nous épate pas vraiment avec un jeu assez fade. Storybrooke doit être pauvre en beaux mecs pour que Mary Margareth ait voulu sortir avec Whale ! Dans le monde magique, Blanche-Neige tombe dans le piège tendu par « le prince Charmant » (c’est elle-même qui l’appelle ainsi). L’échange entre eux est vif et plaisant surtout dans le portrait acide de la fiancée. Un moment drolatique ! Elle accepte de l’aider à retrouver une bague qui vient de la mère de Charmant. La bague a été vendue aux trolls, d’affreuses créatures violentes. En retrait jusque-là, l’acteur saisit parfaitement les enjeux du moment et il nous compose un prince courageux, souriant, d’abord agréable et à la langue bien pendue. Bref, charmant. Par contre, la scène de tir à l’arc sent le montage à plein nez. La scène qui suit est toute en émotion entre ces deux êtres venus de deux mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer. Ginnifer Goodwin et Josh Dallas jouent magistralement, tout en retenu et c’est parfaitement le jeu qui convient à ce moment. On apprécie en outre de superbes extérieurs. Les forêts de Colombie britannique sont magnifiques et l’épisode a tout l’air d’avoir été tourné en été, ce qui lui donne une belle luminosité tout à fait en accord avec le caractère solaire des personnages principaux.
La transaction avec les trolls échoue et nouvelle séquence de combats bien faite. Cette fois, on inverse les rôles ; c’est Blanche-Neige qui sauve le prince Charmant. Match nul, la bague au centre. « Cette rencontre fut un plaisir » dit-elle. Elle sera surtout déterminante ! La scène de séparation est un autre joli moment d’émotion. La scène est ni trop courte ni trop longue et l’on est pleinement d’accord avec Blanche-Neige : « Je préfère Charmant » quand il lui révèle son vrai prénom. Par un bel effet de caméra, on passe sans transition du pont des trolls au…pont des trolls de Storybrooke ! (« pont à péage » en VF mais le panneau dit « Troll Bridge »). C’est là que l’inconnu est retrouvé en train de se noyer. C’est bien entendu Mary Margareth qui le sauve…grâce à un bouche à bouche. A l’hôpital, coup de théâtre : une femme surgit appelant notre inconnu « David » (un prénom de roi) et Regina la présente comme l’épouse de ce dernier ! A une Emma plutôt sceptique devant l’histoire de Kathryn Nolan, Regina répond avec une simple mais si crédible explication rationnelle. C’est une scène d’anthologie car les deux adversaires partagent sans le savoir une même obsession : faire de ce monde une réalité. La dernière réplique de Regina est d’une sublissime cruauté : « n’avoir personne est la malédiction la plus terrible ». A l’issue de ce premier véritable épisode, elle l’emporte haut la main sur Emma. Informations supplémentaires :
4. LE PRIX À PAYER
Scénario : David H. Goodman Réalisation : David Solomon Pour change de vie, Cendrillon passe un marché avec Rumpelstilskin. A Storybrooke, Emma est engagé par M. Gold pour retrouver quelque chose de précieux qu’on lui a volé. Alors que sa marraine « la bonne fée » allait lui permettre d’aller au bal, Rumpelstilskin survient et la détruit ! Belle entrée en matière qui dynamite l’adaptation de Cendrillon qui partait mal (le décor fait mal aux yeux, les costumes sont atroces) mais ce dynamisme ne va pas durer. Par contre, cet épisode sera un florilège d’aphorismes comme « La magie c’est le mal » ; ce qui chez Rumpelstilskin est on ne peut plus savoureux ! Cendrillon passe un marché avec lui pour quitter sa vie misérable contre « quelque chose de précieux ». Chose rare : la robe qu’elle va porter pour aller au bal bien connu est plutôt jolie et ses cheveux savamment coiffés. Certainement que l’équipe habituelle n’était pas disponible. On savoure aussi le commentaire sur les pantoufles de verre qui étonne la jeune fille : « Ce sont les petits détails qui font les belles histoires ». On ne peut qu’être d’accord avec lui ! Le spectateur savourera d’autant plus la nouvelle confrontation Regina/Emma que le maire a la réplique de l’épisode : « Pour qu’un arbre pousse, il faut des racines et vous n’en avez pas ». A la fin de l’envoi, je touche ! On l’apprécie d’autant plus que Lana Parrilla n’aura qu’un temps de présence limité mais Regina maintient son ascendant sur son adversaire. Néanmoins, la scène est vaine car répétitive et sert de prétexte à l’incident du chocolat renversé qui amène Emma à devoir laver son chemisier. Quel snack met une machine à laver à la disposition de ses clients ? C’est totalement invraisemblable ! On apprécie le joli buste de Jennifer Morrison mais ça ne fait que meubler. Oh ! Et qui se trouve dans la buanderie ? Une jeune fille enceinte jusqu’aux yeux et prénommé Ashley. Là, on assiste à une belle scène sans pathos inutile et bien souligné par une musique discrète mais présente. Jennifer Morrison rattrape le côté attendu et convainc dans ce registre nuancé quand sa partenaire, Jessy Schram, n’est guère éblouissante. Cet épisode est le premier d’une série de « loners » destinée à présenter différents personnages de contes comme un catalogue. Ils ne réussiront en général qu’à plomber la saison. La mise en scène ne sera pas non plus inoubliable ici. C’est à 11’44 que démarre vraiment l’épisode : M. Gold vient trouver Emma pour l’engager. Il veut qu’elle retrouve Ashley qui lui a volé « un objet très précieux » sans plus de précision car il souhaite la discrétion. C’est la première vraie scène entre Jennifer Morrison et Robert Carlyle et elle est bien faite. Sans effets inutiles, elle est sobre, posée et entre dans la catégorie de ces scènes réalistes qui ancrent Storybrooke dans ce que Emma voit comme le réel. C’est d’ailleurs un point faible de l’épisode que la nette inscription de ce dernier dans le pur réalisme. Tout ici aurait pu arriver ailleurs et jamais la magie ne viendra titilier le réel. Ce n’est pas avec un épisode de cet acabit qu’Emma pourra comprendre que Storybrooke n’est qu’une apparence ! Pour son enquête, Emma va trouver Ruby. Cet épisode fournit les premières scènes conséquentes pour Meghan Ory qui sort enfin du cliché de la (très) jolie fille même si le maquillage est toujours aussi outrancier. Par contre, Emma découvre le secret de Gold. Dans le monde magique, Cendrillon voit le bal pour son mariage gâché quand Rumpelstilskin vient réclamer son dû ! Le décor de la salle de bal est magnifique et les figurants lui donnent une belle atmosphère de conte de fée d’autant que la musique est joliment surannée. Par contre, la scène où Cendrillon raconte tout à son mari est assez mièvre. Le prince n’a pas l’allure de Josh Dallas et n’est guère crédible. Pour s’en sortir, le couple va recevoir l’aide de Charmant et la comparaison entre les deux princes n’est pas à la hauteur du beau gosse de Cendrillon. Pour vaincre Rumpelstilskin, Cendrillon prétend remplacer son contrat par un autre. Elle y parvient mais la réplique du monstre est une menace glaciale. A Storybrooke, Emma retrouve Ashley qui n’a évidemment pas pu quitter la ville et l’emmène à l’hôpital. Jennifer Morrison est excellente dans l’échange entre les deux femmes qui fait écho à la scène de départ. Aucune exagération et cette justesse d’interprétation sauve cet épisode beaucoup trop linéaire. Tout le monde connaît le conte de Cendrillon. Il est facile de retrouver les éléments qui viennent du conte et donc de prévoir à peu de choses près ce qui va suivre. Le reste n’est que de l’habillage et du vent. A l’hôpital, M. Gold vient retrouver Emma. Celle-ci s’oppose à lui et nous avons droit à une scène excellente entre ces deux acteurs. C’est colère rentrée contre politesse froide. Pas de grands gestes. La posture des duettistes est nette. Le réalisateur se réveille de sa longue léthargie et nous livre une prestation honnête sur ce coup-là ; une succession de plans serrés au niveau des visages faisant ressortir la tension. Hiératique, Emma est nettement sur ses gardes et Gold laisse clairement voir qu’il est bien plus dangereux que son infirmité ne le laisse supposer. Robert Carlyle, très élégant, est une version maléfique de John Steed et Jennifer Morrison a l’âge et le courage des partenaires de ce dernier. Ce jeu serré où chacun s’observe tourne à l’avantage apparent d’Emma : Gold renonce à son contrat contre un autre conclut entre eux. La chute est ensuite rude quand le beau gosse vient à l’hôpital voir Ashley. C’est d’une absolue mièvrerie ; absolument « cuculapralinesque » et le jeu des acteurs guère convainquant. On est plus dans le roman-photo que dans le conte de fée. Fin heureuse d’accord, niaiserie pas d’accord ! Les bons sentiments ne font pas de bonne littérature dit-on. Pas de bonne série non plus. Informations supplémentaires :
5. LA PETITE VOIX DE LA CONSCIENCE Scénario : Jane Espenson Réalisation : Paul Edwards Une ancienne mine s’effondre à Storybrooke le jour même où Emma devient l’adjoint du shérif Graham. Dans le monde magique, Jiminy est las de la vie de malandrin et de bateleur qu’il mène avec ses parents. Lorsqu’une ancienne mine s’effondre, le Maire annonce qu’elle va interdire l’accès du lieu et qu’à la place un nouveau projet verra le jour mais Henry est convaincu que cette mine cache quelque chose. Jared Gilmore restitue bien l’obstination de son personnage et le sérieux qu’il y met. Dans une série réaliste, on partagerait l’inquiétude de sa mère (la biologique ou la légale ? Toutes deux partagent une certaine inquiétude devant l’imagination de « leur » fils) mais ici on sait qu’il a raison. Regina se montre on ne peut plus clair avec le docteur Archie Hopper : il doit briser le monde imaginaire qu’il s’est construit sinon cela finira mal pour lui. Notez bien la menace qu’elle profère ; il y a un net écho du monde d’où ils viennent. La réalité vient frôler le réalisme. Archie affirme crûment à Henry qu’il délire. C’est un moment très fort et Raphael Sbarge, jusque-là plutôt bridé et au temps de présence très limité, occupe l’espace de manière plutôt convaincante. Le personnage ne permet pas de tenir toute une histoire mais, concentré sur quelques scènes, il est important. Raphaël Sbarge joue la carte de l’émotion et de l’inquiétude et il parvient à nous toucher. Exceptionnellement, cet épisode présente une histoire plus intéressante à Storybrooke que dans le monde magique où, l’histoire de Jiminy lasse par son côté répétitif. Il n’en peut plus de sa vie. Difficile de lui donner tort. Lesdits parents sont une caricature certes haute en couleur mais sans profondeur. Ils sont truculents mais très limités. Quelque chose d’excentrique mais de malveillant aussi. Le spectateur n’éprouve aucune empathie pour eux. Mais la caméra les filme avec une certaine complaisance. S’ils sont là pour apporter une note d’humour c’est raté. C’est gentil à la scénariste d’avoir voulu développer son passé mais les personnages secondaires ne le sont pas pour rien. Jiminy n’a pas grand-chose à offrir et, malgré son talent, Jane Espenson mouline et ressasse. Storybrooke ouvre aussi ici un arc narratif qui va se déployer inégalement : la relation entre Mary Margareth et David Nolan. Chacune des scènes est un petit concentré d’émotions. Celle de la balade jouit en plus d’une belle musique. C’est à David que l’on doit la réplique du jour : « toi seul paraît vrai ». Nous, nous savons pourquoi et, pour la deuxième fois dans le même épisode, la réalité est mise à mal. Après une nouvelle séance d’escroquerie croquignolesque, Jiminy veut se servir d’une potion obtenue chez Rumpelstilskin mais son maquignon de père a échangé sa potion contre leur fiole frelatée ! La douleur ressentie est remarquablement rendue par Raphael Sbarge qui a joué sur une gamme allant du récit en mode automatique à la douleur poignante. La musique est en adéquation : montant crescendo jusqu’à la révélation et hop ! Interruption ! Heureusement qu’il est là parce que les deux escrocs nous font mal aux yeux et aux oreilles et leur cynisme crapuleux est abject et surtout joué de façon outrancière. Grâce à la Fée Bleue, Jiminy devient un criquet et reçoit une mission. A Storybrooke, Henry s’est rendu dans la mine abandonnée et Archie s’est retrouvé piégé avec lui. L’éclairage fait bien passer le décor de la mine qui est meilleur que les rochers du « sort noir ». Entre Raphaël Sbarge et Jared Gilmore, de beaux échanges qui font ressortir le respect mutuel entre Archie et Henry. En clair-obscur, mais plus « sage » que le côté caravagesque de la prison de Rumpelstilskin, les dialogues animent le huis-clos. Henry a les mots justes : Archie doit entendre la petite voix au fond de lui et devenir celui qu’il veut être. La sobriété du jeu donne un son juste à ce qui n’aurait pu être que banalités. Par contre, sans s’en douter, le psy résume la dualité de Once upon a time. Oui, Regina s’inquiète mais surtout que le rideau tombe et révèle que tout est faux. Oui, Henry a ses idées, apparemment fantasmagoriques mais ce qui inquiète bien sa mère (adoptive), c’est que le choc des unes avec les autres ne provoque une faille. Rarement autant depuis le début de la série, la paroi entre le réel et le magique n’aura été aussi questionnée. Message aux spectateurs : ne vous laisser pas prendre par le côté banal de Storybrooke. Ce dialogue au fond d’une mine est symptomatique : quelque chose bouge. Le retour à la surface donne lieu à deux scènes fortes. La première, cinglante, lorsque Regina écarte sèchement Emma d’Henry. La jeune femme est interloquée. L’épreuve aurait pu rapprocher les deux femmes. On a pu le croire (merci mesdames) mais non, en fait. Une question vient pourtant à l’esprit ; elle taraude le spectateur depuis le tout début : Regina aime-t-elle sincèrement Henry ? Dans un autre registre, on regrettera son pantalon marron et son pull noir à col roulé qui manque de classe. Mme le Maire n’est pas en représentation certes mais Regina nous a habitués à bien mieux. La deuxième scène est d’orage : Archie s’oppose à Regina. Décidément, quelque chose bouge. Informations supplémentaires :
Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg Réalisation : Victor Nelli David Nolan ne dissimule plus qu’il a des sentiments pour Mary Margareth. Dans le monde magique, un simple berger devient le dernier espoir d’un roi. Un épisode bien meilleur au deuxième coup d’œil. Le scénario est riche ; il ne néglige pas un monde au détriment d’un autre et surtout il mêle les références de l’un dans l’autre. Il poursuit la mise en abîme entamé dans le troisième dont il est autant la suite que le commencement. Seule la mise en scène déçoit. Ce sera d’ailleurs la seule de Victor Nelli sur la série. Pendant la fête pour le retour de David chez lui, Henry explique à Emma pourquoi il est amnésique ; la malédiction n’a pas pu substituer des faux souvenirs en lui car il était blessé. Gardez cette remarque dans un coin de votre tête. Elle aura plus tard son importance. Le principal concerné préfère s’éclipser pour aller retrouver Mary Margareth qui n’a pas voulu venir. Bel éclairage de la scène, dans la pénombre mais non le clair-obscur comme pour signifier que les sentiments ne sont pas tout à fait dégagés de leur gangue. On a un joli – mais bref – mouvement de caméra lorsque David lui dit qu’il la choisit ; elle descend doucement de lui vers elle. Et on l’apprécie d’autant plus qu’on a ensuite un des pires décors de toute la série ! Tout est faux, les trucages visibles et le duel très mal filmé. Lorsque la caméra passe des duettistes, le prince fils du roi George qui vient de terrasser une brute, aux spectateurs, l’estrade fait pitié et l’assistance donne franchement l’impression d’être là pour meubler un écran vert. Le roi Midas demande au roi George de l’aider à se débarrasser d’un dragon – un classique du conte de fée. Le fils du roi s’en chargera contre de l’or mais il est soudain tué par son adversaire qu’il avait pourtant laissé pour mort ! Le roi George fait alors appel à Rumpelstilskin. Lequel, après lui avoir dit que la magie ne guérit pas de la mort, glisse incidemment que le défunt avait un frère jumeau ! La ficelle est un peu grosse mais les contes de fées ne sont pas plus vraisemblables donc ça passe. Le dit frère est un simple berger. Josh Dallas porte très mal le costume qui, de surcroît, est un peu ridicule. Mais l’acteur nous met d’emblée à l’aise avec sa composition de berger. On ouvre cette séquence par une « bergerie » ; ces scènes pseudo-champêtre des cours de jadis. La mère et son fils parlant de banalités dans un décor de carte postale. L’image même du Paradis…jusqu’à l’arrivée du serpent ! Rumpelstilskin vient chercher le berger pour en faire un prince. Rumpelstilskin a la réplique du jour : « Tout le monde a le choix mais il s’agit de faire le bon ». De son côté, Mary Margareth est très perturbée par David mais elle a la surprise de voir débarquer Regina qui lui intime l’ordre de laisser tomber ce dernier. Regina domine outrageusement sa vis-à-vis (Ginnifer Goodwin rend parfaitement la soumission de son personnage) mais on a peine à saisir le motif de cette remontrance. La nouvelle « amie » de Kathryn Nolan a-t-elle si peu confiance dans les chances de cette dernière ? Regina est pourtant bien placée pour connaître la pruderie et le caractère effacée de Mary Margareth. Cette stratégie agressive ne lui a déjà pas réussi dans le passé quand elle a voulu pousser dehors une Emma qui ne demandait qu’à partir et qui a finalement décidé de rester ! Certes, la Reine-Maire a bien compris que son décor tangue mais rien ne laisse prévoir le prochainement écroulement de Storybrooke. On se répète mais de quoi a-t-elle peur à ce moment-là ? Cette séquence n’est vraiment pas très crédible. Conséquence : l’institutrice accepte de se rendre à un rendez-vous avec David qui a quitté sa femme. Dans le monde magique, le Prince affronte et terrasse le dragon. Le décor est plutôt bien fait ici. Il est sinistre à souhait contrastant avec les belles montagnes (les Rocheuses) du plan précédent. Le dragon est une belle surprise aussi tant il est crédible et bien animé. Josh Dallas est convainquant de bout en bout ; dans son altruisme (on entend déjà son futur « Il m’a semblé honorable d’agir ainsi »), dans son courage et son sens de la stratégie. Pas mal pour un simple berger ! La suite ressort de la plus pure tradition féérique : le roi Midas, ravi d’être débarrassé du monstre, propose de donner sa fille en mariage au héros ! Ladite fille est la princesse Abigaïl que l’on a déjà vu. On salue la prestation d’Anastasia Griffith qui rend son personnage aussi différent que possible de Kathryn. Quand cette dernière est émotion, douleur et douceur ; Abigaïl est l’incarnation de la peste couronnée. Mais ici, ledit héros est à deux doigts de refuser !! « Heureusement » le roi George est là pour lui montrer où est son intérêt. Dans le cœur du souverain, il n’y a plus de place pour d’autres sentiments que la raison d’État. Soulignons la belle prestation d’Alan Dale. S’il n’est pas très démonstratif, l’acteur a su nous donner à voir le dernier moment d’émotion de son personnage. Il est cependant plus convainquant en homme dur. Quand le malheureux Prince (pas encore charmant) fera ses adieux à sa mère dans un moment très touchant, la réalisation sera inspirée : plus l’émotion étreint les protagonistes, plus le cadrage se fait serré. La mère lui offre sa bague et l’on dresse l’oreille quand elle ajoute que ce bijou le guidera vers le grand amour. Et puis, on ne peut que sourire quand il annonce à sa promise qu’ils vont passer par la forêt. Se rendant à son rendez-vous, David passe par la boutique de M. Gold, qui est une pure merveille d’esthétique dans des tons rouge et or et il faut regarder chaque plan plusieurs fois car tous les objets qui la peuplent viennent du monde magique ! Ici, c’est un vieux moulin qui réveille des souvenirs chez David. Regardez bien le visage de Gold. Est-il attentif ou souriant ? Qu’est-ce qu’il pense ? Qu’est-ce qu’il sait et quel jeu joue-t-il ? Il est censé avoir tout oublié de son autre existence mais une anecdote antérieure (rappelez-vous du « s’il vous plaît » du 3ème épisode) laisse à penser qu’il n’en est rien. En tout cas, David ira retrouver Mary Margareth mais il lui dit qu’il se souvient de Kathryn, qu’il l’a aimé et que, par honnêteté, il retourne auprès d’elle. Le sentimental qui sommeille en nous sursaute. Mais non ! David ! Souviens-toi que…Et là, on se souvient. On se souvient de la petite phrase d’Henry. La malédiction est peut-être affaiblie mais il est manifeste qu’elle agit encore car elle vient d’ensorceler David. Nous, nous savons que ses souvenirs sont faux mais pas lui. Cependant, il reste qu’il éprouve des sentiments forts envers Mary Margareth (Ginnifer Goodwin nous montre une version blessée puis colérique de la gentille institutrice) et ces sentiments se sont ancrés en lui avant que la malédiction n’agisse. Ce « retour en arrière » qu’opère la série est très bien vue puisqu’il annonce que rien n’est fait et que rien ne sera facile. Les contes de fées ne disent pas autre chose. On finira avec une scène humoristique quand Emma découvre le shérif Graham sortant par la fenêtre de chez Regina…dont il est l’amant ! Jamie Dorman rend très bien le pathétique de son personnage surtout que la scène ressort plus du vaudeville que du conte de fée. Jennifer Morrisson, plutôt en retrait sur cet épisode, donne plutôt l’impression que son personnage est déçu. Ce qui nous conduit directement à l’épisode suivant. Informations supplémentaires :
7. LE CŒUR DU CHASSEUR Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : David M. Barrett Le shérif Graham commence à avoir d’étranges visions. Dans le monde magique, la Reine veut en finir avec Blanche-Neige. Dans la continuité de la dernière scène de l’épisode précédent, on a droit à une explication orageuse entre Graham et Emma, soulignée par une mise en scène nerveuse. Quand il lui dit qu’il ne « ressent rien », Emma prend la formule au pied de la lettre et lui donne un conseil d’une grande banalité. Jennifer Morrison souligne bien l’état d’esprit de son personnage. Elle se raccroche à tout ce qui est « raisonnable » pour donner un sens appréhendable au monde qui l’entoure et dont elle perçoit confusément l’étrangeté. Mais quand Graham l’embrasse brusquement, c’est lui qui a une vision. Dans le monde magique, l’architecture du château de la Reine laisse perplexe. Est-ce de l’art contemporain ? C’est en tout cas hors de propos dans l’univers des contes de fées. Les producteurs ont peut-être voulu moderniser le traditionnel château mais cette bâtisse ressemble plus à une base secrète dans une aventure de Bob Morane. Par contre, une fois n’est pas coutume, la robe de deuil de la Reine – qui « pleure » son époux, le père de Blanche-Neige, est élégante. Lana Parrilla a l’occasion de nous régaler avec une large palette de jeu dans cet épisode : émue et compatissante avec sa belle-fille, dure et machiavélique devant le Miroir – qui suggère d’avoir recours à un homme « sans cœur » pour en finir avec Blanche-Neige- puis cruelle et violente. A Storybrooke, Graham croise pour la première fois le loup qu’il a vu en rêve, pardon « pas un rêve une vision » ; un animal avec un œil noir et un œil rouge. Le caractère percutant de la scène est bien rendu par une musique plus variée et qui sait rendre la tension. Il y avait quelques épisodes qu’on n’avait pas eu tous les éléments du succès réunis ensemble. David M. Barrett (qui a officié sur FBI : Portés Disparus) est un réalisateur expérimenté et il sait magnifiquement varié les mouvements et les plans. Pas le temps pour le spectateur de s’ennuyer ; son regard est sans cesse sollicité. On a droit en outre à des effets très maîtrisés quand Graham court dans la forêt. La sensation de dynamique ne tombe pas dans le flou et il y raccord entre ce que l’on voit et l’état d’esprit du shérif. Quand la Reine convoque le Chasseur, la noirceur de la salle renvoie à l’horreur de ce qu’elle demande : tuer Blanche-Neige. La scène reprend la trame du conte de fée et en souligne la violence et, de l’âme et de la robe, le noir est la couleur qui va bien à la Reine. Blanche-Neige le démasque et lui échappe dans la forêt. Il faut remarquer qu’on aura rarement autant eu de contrastes entre des intérieurs sombres et des extérieurs lumineux, éclairés à la lumière naturelle en tout cas. En tout cas, grâce à eux, on peut respirer. A Storybrooke, Graham cherche à savoir depuis quand il connaît Mary Margareth, bien entendu incapable de lui répondre. De tous les plans ou presque, Jamie Dorman, jusque-là largement confiné aux utilités, se montre très bon acteur. Il rend bien la déstabilisation profonde de son personnage dont le confort physique et moral a volé en éclat et qui cherche obstinément à comprendre. Il est à noter que Graham ne cherche pas à revenir à l’état précédent dont il a pris la mesure de l’insuffisance et de la profonde insatisfaction qu’il lui procurait. Jamie Dorman nous montre un homme perdu mais absolument pas pathétique ; il veut aller de l’avant quoi qu’il lui en coûte. On songe à cet aphorisme : « le monde ancien est en train de mourir mais le monde nouveau n’est pas encore né ». L’exactitude de la formule n’est pas garantie mais l’idée est bien celle-là. Quand le Chasseur retrouve Blanche-Neige, elle demande à son assassin de remettre une lettre à la Reine…et il lui fait grâce. Là encore, le scénario reprend le conte mais il lui donne une force et une profondeur sans pareille. Il faut connaître et avoir réfléchi au conte pour en donner une interprétation d’une telle valeur. Le tandem de scénaristes – à qui on doit la série, ne l’oublions pas – domine son sujet sans l’ombre d‘un doute et avec David M. Barrett, ils ont trouvé le réalisateur propre à mettre en musique leur partition pour en faire une symphonie. La série avait besoin de ce coup de fouet après quelques épisodes à la réalisation plutôt quelconque. Barrett sait varier entre action (rarement un épisode aura été aussi dynamique) et émotion, sans jamais tomber dans la platitude. Il se pose lorsque Henry donne les explications fondamentales à Graham pour nous donner le temps de comprendre qu’il ne s’agit pas de banales informations ni même d’une redite sur ce que l’on sait déjà de Storybrooke. Le regard de Graham est plus éclairant qu’un long discours : il dispose maintenant d’une explication globale. Et sa nouvelle certitude contraste puissamment avec celle d’Emma. Il est frappant de voir l’approche réaliste de celle-ci se confronter à celle du shérif. Le réel percute la réalité mais, cette fois, une brèche se fait et Emma voit elle aussi le loup ! Lequel les mène jusqu’à un caveau ; celui de Regina. Jennifer Morrison est impeccable dans son interprétation d’une Emma, paniquée, parce qu’elle sent qu’elle n’a plus pied et tente de se raccrocher à quelque chose de solide. On a de la peine pour elle quand on la voit à nouveau entrer dans le jeu de son vis-à-vis comme un médecin s’adresse à un déséquilibré qu’il ne veut pas exciter davantage. Triste mais terriblement humain. Humain, la Reine en a l’apparence mais sa dureté, sans surprendre, a de quoi effrayer. Le visage dur de Lana Parrilla, une nouvelle fois parfaite, illustre l’absence du Bien en elle. Elle a bel et bien choisi le Mal ; elle l’incarne et le Chasseur, qui a voulu la tromper, en paiera le prix. C’est de la cruauté à l’état pur. Rien ne dit qu’elle jouit du mal qu’elle fait mais elle n’a absolument aucun remord et c’est bien cela le plus effrayant. La noirceur du décor, très oppressant, et le cadrage qui se resserre sur les protagonistes, nous plonge dans le monde tel que le conçoit la souveraine : un monde qui ne permet à personne de lui échapper. Storybrooke est déjà en gestation dans ce château sombre et dépourvu de fenêtres. Un fondu enchaîné nous ramène brusquement – on souffle peu dans cet épisode – devant le caveau mais le couple est surpris par Regina. S’ensuit d’abord une explication violente entre les protagonistes puis une véritable altercation. Cette dernière est bien mise en boîte : le combat est bref mais absolument pas confus, nerveux ; véritable exutoire de colères et de rancœurs accumulés. Graham a la phrase de l’épisode : « Je vois les choses telles qu’elle sont ». Emma ne peut que la prendre au pied de la lettre mais pour Regina c’est on ne peut plus clair. On va la voir ouvrir un passage secret dans le caveau et descendre dans une salle à l’esthétique étrange baignant dans une semi-pénombre et une musique sinistre. Peu après, on revient au réel selon Emma ; Graham s’excusant d’avoir pété les plombs. Sauf que le second baiser qu’ils échangent – cette fois, sollicité par la jeune femme - rouvre les vannes des souvenirs mais Graham meurt soudain, tué à distance par Regina. Encore une fois la musique, bien meilleure que précédemment, nous plonge dans la détresse d’Emma. Mais, plus fondamentalement, cette mort est la première manifestation de la magie dans notre monde. C’est une triste victoire pour la Reine car cette victoire est en fait un aveu de faiblesse. Informations supplémentaires :
8. LE TÉNÉBREUX Scénario : Jane Espenson Réalisation : Michael Waxman Dans le monde magique, Rumplestiltskin cherche désespérément un moyen de sauver son fils. A Storybrooke, Emma défie Regina en voulant devenir shérif. Dans le monde magique, la guerre contre les ogres requièrent des soldats de plus en plus jeunes et le fils de Rumplestiltskin n’est pas loin d’avoir l’âge requis. L’ouverture de l’épisode se fait ainsi dans un décor champêtre mais on est loin de l’Arcadie du « berger » : le ciel est rouge, les soldats brutaux et leur chef est un rustre. On est ici au plus près du petit peuple et non plus dans les châteaux. Du coup, même si la vision de la scénariste n’a rien de révolutionnaire – la fantasy a volontiers des airs médiévaux – cette élargissement de la trame qui, en outre, nous présente le Rumplestiltskin d’origine, est la bienvenue. Comme nous l’apprend M. Gold – c’est l’épisode de Robert Carlyle qui ne faillira jamais – nous sommes deux semaines après la mort de Graham et il pousse Emma à revendiquer le poste de shérif. Mais Regina a l’intention de nommer Sydney Glass, le rédacteur en chef du Mirror, sa créature. Henry veut abandonner l’opération « Cobra » car il a peur pour elle. Les propos qu’il tient sont saisissants chez un gamin de dix ans ! Mais ils sonnent justes et Jared S. Gilmore est parfaitement dans le ton. Le ciel est bas sur Storybrooke (on devait être à l’automne lors du tournage car tout le monde est couvert et la luminosité est loin d’être la même que celle des premiers épisodes). Le visage fermé de Jennifer Morrison vaut tous les discours. Emma veut garder son poste et elle reçoit l’aide inattendue de M. Gold. Grâce à lui, Emma est en mesure de faire échouer la nomination de Sydney et Regina contrainte d’organiser une élection. Dans le rôle de Sydney, Giancarlo Esposito se régale à composer une baudruche étonnée d’être candidat au poste auquel il allait être nommé ! Lana Parrilla et Jennifer Morrison ont l’occasion de se mesurer dans une nouvelle scène de confrontation mais celle-ci a un enjeu et n’est pas seulement une figure imposée. La Reine-Maire sourcille à peine quand son autorité est remise en question et Emma met dans ses propos une énergie qui dépasse la simple opposition au tyran. Le jeu retenu, sans outrance, sans mise en scène exagéré, sait fort bien rendre qu’on est au-delà d’une querelle de personne. Le revers de cette médaille, c’est que Storybrooke reprend une consistance que Graham avait fortement questionnée. On en revient au réalisme et si Emma y est à l’aise. On a beau savoir que Storybrooke n’existe pas, il faut bien faire avec et Jennifer Morrison est vraiment convaincante avec son Emma réaliste. Dans le monde magique, Rumplestiltskin et Baelfire s’enfuient de nuit pour échapper aux soldats mais ils sont rattrapés et leur chef fait à ce dernier des révélations terribles sur son père. La composition de Robert Carlyle est remarquable : on voit un être tremblant, veule, pleureur. Rien à voir avec l’aristocratique Gold ou le Rumplestiltskin que l’on connaît. Un vieux mendiant qu’ils ont aidé, relève le père humilié et confie à ce dernier comment faire pour ne plus avoir peur. Peur, M. Gold ignore ce mot. Un montage rapide (grâce à une flamme) nous ramène dans sa boutique et l’explication qu’il a avec Regina est un régal. Lana Parrilla varie son jeu à merveille : méprisant et agressif contre Jennifer Morrison ; feutré et venimeux contre Robert Carlyle. Tous deux manient l’ironie avec maestria. C’est aussi un beau duel vestimentaire. Le tailleur sombre et le chemisier mauve de Regina lui confèrent une autorité certaine. Quant au costume de Gold rehaussé de sa cravate noire et mauve, sans oublier la pochette de la veste, il est celui d’un homme respectable. C’est à lui que l’on doit la phrase du jour : « Ne sous-estimez pas quelqu’un qui agit dans l’intérêt de son enfant ». C’est d’une superbe force, en plus de jeter un pont entre les mondes. Alors qu’Emma va se plaindre à Regina d’un article odieux paru sur elle – scène prévisible et annoncée mais heureusement brève et surtout rythmée par une marche tonique et énergique des deux actrices – un incendie se déclare. Regina est blessée et Emma l’aide à sortir. Les pompiers et les journalistes les attendent. Dans le monde magique, Rumpelstilskin est décidé à s’emparer de la dague qui commande au Ténébreux, un être terrifiant aux pouvoirs immenses, et il pourra protéger son fils. Comment entrer au château ? En provoquant un incendie. La ficelle scénaristique est un peu mais la mise en scène est très efficace. A Storybrooke, un débat doit départager les candidats. Au discours plat de Sydney (mais au moins ça nous fait sourire tellement il est nul !) succède celui, plus percutant d’Emma qui révèle la supercherie de l’incendie. Jennifer Morrison a posé les vrais enjeux pour son personnage : « Je veux lui prouver [à Henry] que les gens biens peuvent gagner ». A-t-elle encore un rôle à jouer dans la vie de son fils autrement ? Cet enjeu humain transcende une scène qui aurait pu être banale et terriblement réaliste. Un vrai souffle parcourt ces brèves scènes. Rumpelstilskin invoque le Ténébreux – au nom ridicule – mais celui-ci le presse et, sous l’insulte, son nouveau et tremblant maître le poignarde. L’identité du Ténébreux est révélée mais, en fait, elle n’est nullement surprenante et le suspense était largement éventé. On a par contre, pour sauver ce moment, une alternance dynamique de clair-obscur. La magie a un prix : tuer le Ténébreux c’est le devenir ! Et Rumpelstilskin donne à voir une métamorphose saisissante ; surtout il est débarrassé de la peur. Il est ivre de pouvoir et c’en est magnifiquement terrifiant. Contrairement à ce qu’elle pensait, Emma est élue shérif ! Il faut voir la succession de visages de Regina lui remettant son insigne : fermé et contraint mais juste après arborant un magnifique sourire sardonique, présage de représailles et d’une lutte à mort. Et Henry veut reprendre l’opération « Cobra ». L’élection n’est pas grand-chose : Emma a surtout gagné le cœur de son fils. Mais, elle découvrira que Gold avait tout prévu : « Je sais reconnaître une âme désespérée ». Un souffle glacé parcourt la scène. Informations supplémentaires :
9. HANSEL ET GRETEL Scénario : David H. Goodman et Liz Tigelaar Réalisation : Dean White Deux orphelins sont menacés d’être remis aux services sociaux, ce qui révolte Emma. Dans le pays magique, la Reine demande à deux enfants de l’aider à trouver un objet qu’elle convoite. On pouvait être perplexe devant l’association de Liz Tigelaar dont le « pont des trolls » était de bonne facture et de David H. Goodman dont le « prix à payer » l’était beaucoup moins. Et quelle côté pencherait la mise en scène de Dean White, réalisateur du « pont » ? Comme en économie où la mauvaise monnaie chasse la bonne, cet épisode penche du mauvais côté. Il relève de ces épisodes isolés mais, là où « La petite voix de la conscience » s’attachait quand même à un personnage lié au cœur de l’histoire, on est ici dans la périphérie. C’est un épisode « catalogue » absolument pas relié à la mythologie de Once upon a time sinon par des accroches minces. Seuls les interprètes nous évitent l’ennui mais ils ne peuvent rien contre l’absence d’enjeu ni de suspense. Deux enfants orphelins – Ava et Nicholas – sont surpris à essayer de voler l’épicier avec la complicité involontaire d’Henry, dont on découvre le goût pour les comics. Après sa maturité précoce, cela fait du bien de le voir se comporter comme un enfant « normal ». Si Regina veut les punir, Emma – sa première mission de shérif - veut les aider à retrouver leur père. Elle a une sainte horreur des services sociaux. Jennifer Morrison est très convaincante dans ces passages sur l’enfance douloureuse de son personnage. On ne naît pas héros, on le devient et Emma est loin d’être la perfection incarnée. On le verra plus loin quand elle ment à Henry qui l’interrogeait sur son père. C’est la première mention de ce dernier mais, au final, on ne sait rien de lui. Quant au père des enfants, il est forcément à Storybrooke puisque personne n’y entre ni n’en sort. Qu’Emma l’ait oublié en dit long sur le peu de cas qu’elle fait encore de la malédiction. Dans le monde magique, le père d’Hansel et Gretel disparaît alors qu’ils sont dans la forêt. On profite de jolis extérieurs assez sombres. Ce sera la marque de cet épisode : lumineux à Storybrooke, sombre dans le monde magique. Les enfants sont capturés par la Garde royale mais leur courage détermine la Reine à leur confier une mission : récupérer un sac en cuir chez la méchante sorcière de la forêt. Une sorcière plutôt sexy, échevelée, aveugle et qui se réveille d’un somme dont on devine sans oser y croire encore la cause quand Hansel croque un gâteau. On assiste alors à un pur moment d’horreur : la caméra glisse doucement de la sorcière à un véritable monceau de squelettes. L’éclairage est judicieux, soulignant par contraste la robe sombre du monstre et le foyer d’où vient l’unique et violente lumière. La suite de l’histoire est connue. Pour retrouver le père, Emma ne dispose que d’un indice : une boussole. Elle va solliciter l’aide de M. Gold qui lui donne un nom mais lorsque la caméra descend sur la fiche celle-ci est blanche ! Par contre, la suite est d’un classicisme éhonté. Le père refuse d’abord de reconnaître la paternité qu’on lui offre ; le héros fait un discours émouvant puis trouve un stratagème pour réunir toute la famille et c’est la fin heureuse qu’on attendait. Rien ne manque. Heureusement, les interprètes sauvent un peu la mise. Le père c’est Nicholas Lea qui a assez de métier pour composer un personnage qu’on devine marqué et qui n’a pas besoin de mots, qu’il maîtrise assez mal car peu à l’aise avec les émotions, pour faire ressortir son trouble. Jennifer Morrison est, on le sait, convaincante dans ce registre et c’est à elle que reviens la phrase du moment : « Un jour, les enfants vous retrouveront et vous aurez à leur répondre ». L’écho personnel est assez prégnant pour donner de la force à un mot qui aurait pu facilement tomber dans la banalité. Banale comme la mise en scène et la musique à Storybrooke. Nous sommes revenus dans une petite ville de province. Laquelle n’a pas d’orphelinat. D’où la nécessité d’aller à Boston. Comme Regina est la mieux placée pour savoir qu’on ne peut sortir de la ville, demander à Emma de la quitter ressemble fort à un piège. Dommage que le temps ne soit pas au machiavélisme, on aurait pu se consoler avec une scène d’action. Dans le monde magique, les enfants apportent à la Reine l’objet convoité : une pomme ! Sa destination ne nous surprendra pas là aussi et on reste étonné qu’il ait fallu cette machination compliquée pour trouver une pomme empoisonnée. La Reine a une prédilection pour les pommiers et elle n’aurait pas pu en trouver un qui convienne ? Un sortilège très puissant (forcément) l’empêche, elle, de passer ? On se pince pour y croire vu tout ce qu’on nous a déjà dit sur ses pouvoirs. D’autant que, qu’est-ce que c’est que ce génie du Mal qui est totalement désarmé ? Le « sort noir » était chez Maléfique et maintenant la pomme chez la sorcière de la forêt ! Quel manque de respect pour Sa Majesté ! Le scénario n’a absolument aucune crédibilité. Absence de crédibilité qui atteint par ricochet Lana Parrilla qui doit batailler pour donner du contenu à tout ça. Heureusement qu’elle est aidée ici par Nicholas Lea. C’est un affrontement asymétrique et il ne nous touche que plus profondément pour cela. La notion de famille est martelée et elle travaille sérieusement la Reine qui a un de ses rares moments de doute. Elle ne peut se sortir de ses contradictions que par la force et Lana Parrilla excelle à donner l’image de la puissance souveraine. C’est d’autant plus méritant pour elle d’y parvenir que les bouchers qui font office de coiffeurs et de costumiers sont de retour et visiblement ils sont en forme. On ne sait pas ce qu’ils prennent mais c’est du lourd ! Tout est absolument atroce. Ça ferait vomir un gobelin. Soudain, surprise, un motard entre dans Storybrooke avec l’intention d’y rester ! Informations supplémentaires :
10. LE VOL DE LA COLOMBE
Scénario : Daniel T. Thomsen, d’après une histoire d’Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Mary Margaret n’arrive pas à se sortir David de la tête. Dans le monde magique, le mariage du Prince approche. Cet épisode marque un net redressement de la série après le trou d’air du précédent. Il poursuit et approfondit l’arc narratif constitué par l’histoire d’amour entre Mary Margaret et David ; c’est-à-dire les retrouvailles entre Blanche-Neige et le Prince Charmant puisque ce sont leurs sentiments passés qui expliquent leurs sentiments présents. Prolongeant l’épisode précédent, la discussion entre Henry et l’inconnu inquiète Regina. On la comprend : la dernière personne – et la seule – à être arrivée à Storybrooke met son royaume de pacotille en péril. Donc cet inconnu doit être lié à leur ancien monde mais comment aurait-t-il échappé à la malédiction ? Plus tard, Emma interrogera cet inconnu mais n’en tirera rien de concluant. Il se dit écrivain et Storybrooke est « propice à l’inspiration ». Ces brèves scènes, avec un brin d’humour en plus, instillent une atmosphère de mystère bienvenue et ouvrent un nouvel arc narratif. La série a désormais plusieurs gammes sur lesquelles jouer. La gamme majeure du jour c’est Mary Margaret et David. Quand Emma prend sa colocataire en flagrant délit de mensonge et d’espionnage, c’est drôle et touchant. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’une fille donne un conseil amoureux à sa mère ! Ginnifer Goodwin, en retrait ces derniers épisodes, montre qu’elle sait tenir son rang et qu’elle a parfaitement compris ses rôles. Ici, la prude institutrice du début s’est muée en une femme amoureuse travaillée par ses sentiments et placée entre le réalisme (il est marié à une autre) et l’idéalisme. La position est inconfortable mais, malgré le thème rabâché, jamais on n’a jamais l’impression d’une redite tant la justesse de l’actrice est impeccable. Et le sourire attendri d’Emma n’en est que plus communicatif. Si Mary Margaret n’arrive pas à se sortir David de la tête, c’est bien parce que Blanche-Neige n’y est pas davantage parvenue. Le réalisateur parvient à enchaîner de façon dynamique les scènes dans un monde et celles dans un autre. Globalement, le tempo sera rigoureux et approprié. La confession de Blanche à Scarlett est touchante et sa douleur à l’annonce du mariage avec Abigaïl poignante. Signalons que Meghan Ory doit apprécier de jouer Scarlett parce que, là au moins, elle peut montrer autre chose que ses atours. Scarlett a donné un avis pour soigner le mal d’amour : il faut aller voir Rumpelstilskin. Une potion et hop ! Plus de souvenirs ! Bon, le scénario joue la facilité et transforme le croquemitaine du monde enchanté en supermarché de la magie, la scène sent le studio mais l’éclairage est approprié et surtout le jeu des acteurs lui donne assez de réalité. Et comment passer à côté de la phrase du jour : « L’amour a tué plus de personnes que n’importe quelle maladie » ! Le cœur de l’épisode commence lorsque Mary Margaret trouve une colombe blessée et l’amène au refuge. Il lui est dit que cet animal devrait retrouver les siens sinon il restera seul. Très touchée, la jeune femme part dans la forêt malgré la tempête qui s’annonce. Elle manque de tomber dans un ravin mais David survient et la sauve. Pris dans l’orage, ils se réfugient dans une cabane où ils peuvent vider leurs sacs et mettre leurs cœurs à vifs. Tous ces moments baignent dans une atmosphère romantique au sens premier du terme. Ce qui donne un petit côté cliché. Une nouvelle fois, ce sont les acteurs qui sauvent la mise. Jamais ridicules, ils donnent une vraie profondeur à des scènes milles fois jouées. Ginnifer Goodwin et Josh Dallas emportent notre conviction. Si le romantisme sévit à Storybrooke, c’est l’orage par contre entre le roi George et Charmant. L’un parle le langage de la raison d’État, cœur glacé et regard de marbre. L’autre le langage de l’homme, cœur passionné et regard de feu. Dans leur jeu, les deux acteurs montrent clairement le fossé qui sépare leurs personnages et, plus grave, l’impossibilité de communiquer. On savait déjà qu’il n’y avait pas d’amour entre eux mais ici c’est bien au-delà. Charmant parvient à contacter Blanche mais celle-ci est capturée. Le roi lui met un horrible marché en main : qu’elle rompt avec son fils sinon il le tuera ! C’est d’un machiavélisme accompli. Un cynisme revendiqué. Alan Dale compose un personnage hiératique qui ne vit plus que pour son royaume. Toute la scène baigne dans une lumière ocre très dure et une musique douce qui n’en fait que plus ressortir la violence des propos du roi. C’est un passage obligé des amours romantiques : les obstacles sur la route des amants mais le scénario le renouvelle avec brio. A Storybrooke, la tempête est passé (météorologiquement parlant, en tout cas) et Mary Margaret en profite pour libérer la colombe. C’est une très jolie scène tournée en plus en extérieur et les bois sont vraiment beaux. La lumière n’est pas encore celle d’hiver et c’est en fait une réelle atmosphère romantique qui est installée. Les regards qui se fuient mais les mains qui se cherchent ; tout cela est connu mais tout est nouveau quand même. Revenus à la ville, ils chercheront à s’éviter…ce qui bien entendu était voué à l’échec. Ce ne serait pas crédible évidement mais quand on sait qui est intéressé à ce que les amoureux ne se retrouvent jamais, le pire est à venir. Et nous avec parce que l’on est impatient de savoir comment ils vont triompher de ces obstacles car ils ne peuvent que triompher puisque telle doit être la « fin heureuse ». Informations supplémentaires :
11. LE GÉNIE Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss Réalisation : Bryan Spicer Dans le monde magique, un roi trouve une lampe d’où sort un génie. A Storybrooke, Emma trouve un allié inattendu pour lutter contre Regina. Sans être dénuée d’intérêt, cette histoire n’est pas très convaincante. Très plate, elle évite le naufrage par une bonne réalisation et grâce à Lana Parrilla. Toute la partie du scénario se déroulant à Storybrooke peine à nous intéresser. Après une énième « mauvaise » - mais justifiée d’un point de vue réaliste - action de Regina, Emma voit Sidney lui proposer « d’exaucer son vœu ». Il a été viré par le Maire ; il veut se venger. Malgré sa volonté d’agir dans les règles, Emma se laisse tenter. Il est étrange de voir le héros d’un conte de fée se la jouer « côté obscur de la force ». Certes, ce n’est pas invraisemblable mais ça ne sonne pas tout à fait juste. Dès le départ, l’affaire sent le coup fourré. Les retrouvailles des conspirateurs dans un tunnel sont ridicules tellement c’est cliché. Globalement, rien ne tient debout. L’action tient surtout dans des allées et retours et des discussions verbeuses et plates. Jennifer Morrison ne force pas son talent et ne parvient pas – un comble ! – à nous intéresser à ses manœuvres de basse police. Elle nous fait même involontairement sourire quand on l’entend vouloir lutter contre Regina car la lutte, dans son esprit, se fait sur un mode réaliste pour montrer le visage malfaisant du Maire. Elle n’a toujours pas compris à qui elle avait véritablement affaire ! Dans le monde magique, le roi Léopold trouve une lampe magique. Évidemment, il y a un génie dedans. Mais, comme il n’y a rien qu’il ne désire, le roi libère le Génie. Les acteurs sont bons pour donner de la crédibilité à une scène mille et une fois déjà vue. Par contre, leurs costumes sont très décalés par rapport au paysage : un roi au somptueux habit et un Génie vêtu à l’orientale dans un décor naturel de la Colombie-Britannique ; ça sonne quand même un peu faux ! Pour une fois, un petit effet spécial n’aurait sans doute pas été de trop. Le roi invite le Génie dans son palais : il y présente sa famille. Sa fille, Blanche-Neige et son épouse, la Reine ! Exceptionnellement, Lana Parrilla est magnifiquement habillée. Son habit de fourrure blanche est véritablement royal. On peut même étendre ce compliment à l’intégralité de l’épisode, et notamment sa robe de soirée. Un véritable exploit quand on repense en frémissant au code de la beauté pour le moins particulier mis en œuvre pour le monde magique. Lors d’une soirée, le Génie remarque la tristesse de la Reine qui lui confie que le roi ne l’aimera jamais comme sa première épouse, la mère de sa fille, et qu’elle en souffre. Cette confession faite dans un décor magnifiquement mis en valeur par la lumière lunaire est poignante et constitue le cœur de l’épisode. Très bien écrite, bien jouée, la scène est encore mieux réalisée. Un plan large nous remontre ce belvédère puis se recentre très vite sur le visage de la Reine baigné de larmes avant d’alterner cadrage serré sur les visages et cadrage élargi pour donner de la place aux personnages pour se mouvoir et éviter une impression statique. On apprécie de voir Giancarlo Esposito jouant bien et donnant de l’épaisseur à un personnage des plus connus et très facilement caricatural des contes et légendes. Autant Sidney est un clown, autant le Génie est…un homme. Humain, trop humain même dirons-nous car, dans cette belle lumière nocturne, on ne peut s’empêcher de sentir l’ombre se mouvoir en lisière. Certes, que la Reine puisse être malheureuse est très possible mais c’est son côté « faible femme en détresse » qui interroge. Et que cette « confession » ait lieu sous un pommier devrait aussi mettre le spectateur attentif en alerte. A Storybrooke, Emma et Sidney accusent publiquement Regina d’abus de bien social (pour ceux qui ignore ce que c’est, on a au moins la définition) mais celle-ci confond ses inquisiteurs avec une facilité humiliante et elle abuse de sa victoire en écrasant un peu plus Emma. Fin de l’opération « Pieds Nickelés ». Le final est à peine une surprise et ne rehausse pas le niveau. Ça se confirme : quand Storybrooke donne dans le réalisme trivial, le spectateur s’ennuie. Pendant ce temps, David et Mary Margaret badinent et M. Gold intrigue. Rien de nouveau sous…l’absence de soleil pour le coup. C’est un peu plus intéressant dans le monde magique quoique sans surprise. En effet, le roi Léopold pense que sa femme a un amant et demande au Génie de découvrir qui c’est. Ce qui embarrasse bien le Génie, on s’en doute. Génie mis au supplice peu après puisqu’il découvre que la Reine a l’intention de se tuer en se faisant mordre par une vipère d’Agraba. La suite est on ne peut plus prévisible mais le réalisateur parvient à maintenir notre intérêt. D’abord, en faisant baigner la scène de l’assassinat dans une semi-pénombre ; ce bleu-noir est on ne peut plus approprié. Ensuite, en utilisant une musique qui souligne la tension précédant la mise à mort. Enfin, en alternant le plan serré sur l’atroce vipère et plan large sur la victime endormie vu par son meurtrier. Nous ne sommes pas surpris de la fin et nous sommes rassurés sur notre Reine bien-aimée ; elle est toujours aussi diabolique et la façon dont elle tombe le masque est d’une cruauté raffinée. Comme quoi, on peut être un génie sans être génial. Les scénaristes vont preuve pour finir d’un humour grinçant mais tout à fait dans le ton de la scène. L’amour rend aveugle, c’est connu et cet aphorisme n’est pas trop mal rendu ici. Ce qui pêche surtout dans l’histoire c’est qu’elle met au premier plan un personnage secondaire à Storybrooke et très secondaire dans l’univers des légendes. Le génie est commun dans les contes orientaux mais n’existe pas en Occident. L’élargissement à d’autres cultures est méritant mais pas vraiment concluant. Et inclure le génie dans la trame de la série ressort par trop artificiel. Les scénaristes ont voulu piocher dans le riche catalogue Disney qui produit et diffuse la série mais le spectateur est un peu le dindon de la farce de cette preuve d’allégeance. Sidney est comme un Excentrique de Chapeau melon et bottes de cuir. Il est intéressant dans des scènes courtes mais lasse quand l’espace devient plus important. Giancarlo Esposito n’y est pour rien ; il n’a pas le personnage qui lui permettrait de donner sa pleine mesure comme on n’a pu s’entendre compte dans son interprétation du Génie. Once upon a time repose sur ses interprètes principaux ; les acteurs secondaires n’ont pas les moyens de jouer les premiers rôles. On se console en se disant que cet épisode aurait pu être pire. Informations supplémentaires :
12. LA BELLE ET LA BÊTE Scénario : Jane Espenson Réalisation : Milan Cheylov Pour sauver les siens, Belle accepte de rejoindre Rumpelstilskin. A Storybrooke, M. Gold se montre particulièrement dur avec un fleuriste. Un épisode magistral. Centré sur Gold/Rumpelstilskin, il permet à Robert Carlyle de faire un grand numéro d’acteur. Tour à tour charmeur, monstrueux, joueur, cruel, il enrichit ses personnages et nous en donne des facettes inexplorées. Il est d’autant meilleur qu’il a des partenaires féminines qui lui répondent avec talent. Un John Steed maléfique décidément ! Menacée par des ogres (décidément, l’Arlésienne menaçante de cette saison), une ville fait appel à Rumpelstilskin qui accepte de la sauver moyennant la fille du seigneur local prénommée Belle. Avec humour, Jane Espenson fait dire par le seigneur que leur sauveur est une « bête » et Robert Carlyle, qui a parfaitement saisi ce que la scénariste a écrit, nous offre une composition drolatique d’un Rumpelstilskin exagérément choqué. Lui affirme qu’il a besoin d’une gouvernante et la liste des tâches que Belle aura à accomplir est longue comme un jour sans pain mais cette présentation a quelque chose de léger. A un moment, elle ébrèche une tasse. Détail qui aura son importance et pas seulement dans cette saison-ci. Émilie de Ravin est peu convaincante quand elle veut nous faire croire que Belle a peur et se montre soumise à son geôlier. Heureusement, l’actrice fera beaucoup mieux très vite. On retrouve le décor du salon – la seule pièce que l’on nous présente de « l’immense » château dit « des ténèbres », une dénomination vraiment peu originale pour le coup. Seule faute de mise en scène, quand Belle ouvre les rideaux, l’image devient floue. Dommage quand on veut nous faire croire que la lumière entre ! Si tout va bien dans le monde magique, ce n’est pas le cas à Storybrooke où, pour un défaut de paiement, le fleuriste Mo French, se fait confisquer sa camionnette par un M. Gold plus féroce que jamais. Regrettons ses lunettes à verre teintées qui lui donne un air de mafieux et qui jure avec son élégance habituelle. Quand le domicile du prêteur sur gage est cambriolé – première fois que l’on aperçoit sa maison qui est grande, meublée avec goût dans un style ancien mais raffiné, il affirme que le fleuriste est le coupable et, en effet, Emma retrouve « presque » tout le butin. Si Jennifer Morrison est en retrait sur cet épisode, elle est gâtée par les scènes qui lui ont été allouées. Presque toutes face à Robert Carlyle et ce sont des moments importants parce que, là, tout résonne entre les mondes. Emma agit rationnellement mais, rarement, les deux univers se seront aussi bien confondus. Chaque mot, chaque geste de l’un se retrouve dans l’autre et les signifiants se renforcent. Avec un vieux routier des séries comme Milan Cheylov, Jane Espenson a trouvé le maestro pour composer l’opéra que requiert son livret. On est par contre moins convaincu par l’ennuyeuse « soirée entre filles » qui réunit Mary Margareth, Ruby et Ashley dont la présence n’est justifiée que par le discours sur l’amour qui nous est seriné à longueur de répliques. L’épisode est précisément daté : il commence le 13 février, couvre la nuit et se termine le lendemain. Avec un scénariste moins inspiré, c’était le désastre. Heureusement, Jane Espenson a la bonne idée de répartir la soirée en courts moments entrecoupée de scènes avec Robert Carlyle et Émilie de Ravin, ce qui nous ravit aussi. Gold a enlevé le fleuriste pour lui faire avouer « où elle est ». C’est un moment très dur et le visage de Robert Carlyle est marqué par la rage qu’il insuffle à son personnage. On savait que Gold était un serpent mais ici, c’est un véritable fauve qui déchaîne sa colère. Colère qui serait incompréhensible si le spectateur n’avait pas vu le début car, dans une approche réaliste de Storybrooke, elle n’est absolument pas justifiée. Pourquoi le prêteur sur gage s’en prendrait-il à un fleuriste mauvais payeur et cambrioleur de bas étage ? Oui, mais Rumpelstilskin ne peut-il pas s’en prendre au père de Belle ? Dans ce cas, mais nous sommes les seuls à le savoir car Emma reste étrangère à cette vérité, sa colère se comprend et sa rage s’explique parce qu’elle est profonde et ancienne. Une colère qui remonte au monde magique. Belle s’est bien acclimatée et son interprète lui donne un air enjoué et une mine pimpante. Même son seigneur et maître paraît s’attendrir. Les échanges entre les acteurs sont emplis de douceur mais sans guimauve. Il y a cet humour sous-jacent qui orne la tendresse. La réalisation est ici douce et délicate et la caméra se rapproche des visages au fur et à mesure que l’émotion emplit la salle. Vraiment, il faut souligner l’absence de mièvrerie. Se souvenant du conte, Jane Espenson nous place des détails révélateurs (la rose) mais aussi l’épreuve. Rumpelstilskin autorise Belle a sortir du château sous un prétexte futile. Ce que le magicien n’avait pas prévu c’est la rencontre que ferait la jeune fille dans la forêt : la Reine ! La scène prend ici une double résonance. On pense bien sûr au loup et au chaperon rouge mais aussi à la Bible. En effet, il est facile de comprendre du coup comment le Serpent a pu convaincre Ève de croquer dans la pomme. Les conséquences en sont les mêmes : Belle est expulsée du Paradis qu’est devenu le château pour elle. Sans dévoiler le stratagème mis au point par la diabolique souveraine (pas trop mal habillée cette fois, profitons-en), disons qu’il entre dans la lutte tantôt ouverte tantôt feutrée entre ces deux êtres habités par une soif inextinguible de pouvoir et un appétit de puissance à la mesure de leur solitude. Rarement, la symétrie entre ces deux personnages n’aura été aussi bien soulignée. La colère de Rumpelstilskin (peut-être la seule fois où ce froid personnage perd son sang-froid justement) est symétrique avec celle de M. Gold. Et Emma ? Elle ne se laisse pas faire et, retrouvant M. Gold, elle arrête celui-ci ! Si ce dernier veut se montre supérieur, il n’impressionne absolument pas le shérif mais ne semble pas s’en offusquer. Avoir fait trembler Storybrooke depuis 28 ans a dû cesser de l’amuser et il paraît apprécier d’avoir quelqu’un qui lui tienne tête même s’il n’a absolument pas peur d’elle. Jennifer Morrison donne l’image d’une Emma à l’aise dans sa tête et dans ses baskets. Ce qu’Emma ne comprend pas, le spectateur le ressent et avec plus d’acuité encore dans ces scènes « normales » où elle s’éclate : Storybrooke est un théâtre. Que serait une Saint-Valentin à Storybrooke sans David et Mary Margareth ? Jane Espenson a la plume moqueuse avec l’histoire des cartes de Saint-Valentin. Les acteurs renouvellent leurs prestations avec justesse et émotion. Elle veut rompre car peut-on être avec quelqu’un si on ne peut pas être avec cette personne ? Au-delà du paradoxe apparent, une belle illustration des tourments de l’amour. La scène fait écho à leur pique-nique insouciant précédent. Filmée avec les lumières de la ville la nuit, la scène oscille entre tendresse, dépit et un certain humour pince-sans-rire qui plus est ! Le final est une apothéose car on retrouve nos duettistes machiavéliques dans des scènes semblables à travers le temps et les mondes. La Reine se délecte de la douleur qu’elle inflige à Rumpelstilskin. Elle est d’une cruauté sadique et la musique, quoique déjà précédemment entendue, souligne le décalage entre les horreurs dites et le ton employé. Contemple mon œuvre, O Tout-Puissant et désespère ! A Storybrooke, Regina avoue avoir ce que recherche M. Gold au terme d’échanges marqués par la haine éprouvée par les protagonistes l’un envers l’autre et qui devient de plus en plus palpable au fur et à mesure que le réalisateur prend son temps pour dérouler la scène. Mais, soudain, bas les masques ! Regina rend la tasse ébréchée mais exige en retour qu’il réponde : « Quel est ton nom ? ». Le passage du vouvoiement au tutoiement (en VF) souligne à merveille la masse de rancœurs et de haine rancie. Les choses changent à Storybrooke. Désormais, deux personnes (en plus d’Henry !) savent la vérité mais que vont-elles en faire ? Informations supplémentaires :
13. LE CHEVALIER D'OR Scénario : David H. Goodman Réalisation : Dean White Au pays magique, Abigaïl demande une faveur au Prince Charmant. A Storybrooke, les choses se tendent autour du triangle Mary Margareth-David-Kathryn Un épisode assez plat conçu entre une crise amoureuse et un exploit chevaleresque mais sans que l’un interagisse avec l’autre. Josh Dallas est la figure centrale de cet épisode et on lui doit largement qu’il ne sombre pas complètement. Pourtant le début était encourageant. Charmant s’enfuit de chez le roi George pour ne pas épouser Abigaïl. La chevauchée et la poursuite sont bien filmées et la musique épique souligne plaisamment l’action. Et voilà qu’il tombe entre les mains d’Abigaïl ! Sauf que la suite ne sera pas à la hauteur et, pour une fois dans cette saison 1, c’est la composante « magique » qui pèche. La scène entre David et Kathryn est d’une grande trivialité (et la réplique de David un monument à la gloire de la platitude !) mais c’est ce qu’il fallait pour souligner la décalage, le fossé, entre un quotidien morose et les espoirs que mettaient la jeune femme dans le retour de son époux. Les Nolan n’ont rien à se dire. C’est d’une grande tristesse et le spectateur partage le malaise de David et la douleur de Kathryn car il sait pourquoi ce couple ne fonctionne pas. Par contre, quand David retrouve Mary Margareth, c’est du déjà-vu et du déjà-entendu. On passe de Marivaux à Shakespeare mais sans vraiment convaincre. Les acteurs ressassent et seul leur talent empêche l’ennui. Si Abigaïl a enlevé Charmant, c’est qu’elle a une requête à lui soumettre et un aveu à lui faire. Son grand amour, Frédéric, a été changé en statue dorée et seule l’eau du lac Nostos pourrait lui rendre vie. Bien sûr, le lac est gardé par un monstre et bien des chevaliers ont péri en tendant cet exploit. Once upon a time s’aventure du côté de la Table Ronde et ne nous soulève pas d’enthousiasme. Des prouesses chevaleresques, on en a vu d’autres et qui peut croire que Charmant ne réussira pas ? La créature en question est une sirène et, évidemment, notre héros manque de succomber à son (ses) charme(s) mais, évidemment, il se reprend et se sauve en tuant la tentatrice. Il ramène l’eau pour le chevalier et le chevalier revient à la vie. Tout cela est banal et le lac sent le décor à plein nez. On appréciera le combat aquatique mais ça ne sauve pas une intrigue sans relief. C’est Charmant qui aura le mot du jour (ça manquait) : « Il faut accepter de se battre par amour. Quand on a trouvé l’amour de sa vie, rien ne peut le remplacer ». Cette phrase aura une résonnance toute particulière, dans un autre contexte, à l’épisode 19. A Storybrooke, Kathryn découvre que David a une aventure avec Mary Margareth. Blessée, la jeune femme fait une scène à l’école et gifle l’institutrice ! Laquelle décide de rompre avec David ensuite. Une remarque qu’elle fait est intéressante : leurs sentiments sont destructeurs. En vérité, c’est exact mais c’est Storybrooke qui est attaquée par leur amour. Cet amour vient du monde magique ; il n’a donc pas sa place dans l’univers de marionnettes conçu par la Reine et sa manifestation bien réelle menace tout l’édifice. Comme tous les personnages sont prisonniers sans le savoir, c’est tout naturellement qu’ils se sentent mal. Anastasia Griffith livre une belle prestation tout au long de ses scènes. Une des plus fortes est l’annonce qu’elle fait à Regina qu’elle va quitter Storybrooke. Le sourire de Regina est un des plus beaux sourire de carnassier qu’on ait pu voir ! La garde-robe du maire est contrastée dans cet épisode. Un ensemble argenté gâché par un nouveau pull à col roulé. Quelqu’un peut dire à Lana Parrilla que ça ne lui va pas du tout ? Tout comme le foulard qu’elle arbore quand elle reçoit Anastasia Griffith la deuxième fois. Storybrooke comporte, c’est inhabituel mais c’est une bonne idée, un second segment narratif autour du mystérieux inconnu joué par Eion Bailey, qui se nomme (c’est la première fois qu’on découvre son nom) « August W. Booth », avec décontraction et un sourire malicieux. Ce que l’on découvre sur lui dans cet épisode renforce encore le mystère qui l’entoure. Il s’intéresse au livre d’Henry (qu’il duplique) et semble vouloir convaincre Emma de croire à la magie. Mais, dans l’optique réaliste de cette dernière, c’est ni plus ni moins qu’une tentative de drague de plus et son sourire narquois montre assez ce qu’elle pense. Booth ne peut cependant pas être un simple dragueur car personne n’est censé pouvoir venir à Storybrooke or il l’a fait. Son intérêt pour Emma pourrait alors se lire comme le fait qu’il est au courant qu’elle est la Sauveuse et veut donc son éveil. Pourquoi ? On ne le sait pas encore mais on a envie de le savoir. Informations supplémentaires :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : David Solomon Dans le monde magique, le Nain Rêveur s’éprend de la fée Nova. A Storybrooke, Leroy, agent d’entretien alcoolique, se met en quatre pour aider une religieuse, Sœur Astrid. Un épisode paradoxal. S’il n’apporte rien à la mythologie de la série, il est tellement poétique qu’on ne peut le rejeter. En fait, c’est même un authentique conte de fée moderne. Si vous ne saviez pas comment naissent les Nains, Edward Kitsis et Adam Horowitz vous apportent une réponse pour le moins originale ! Le décor de la mine est bien fait. Si le tunnel d’extraction est bête comme chou, le lieu de transformation du minerai extrait est ingénieux et d’une certaine complexité. Les scénaristes ont en outre la bonne idée d’expliquer le travail des Nains et de le replacer dans l’économie générale du monde magique. On a même droit à un thème musical original, plutôt guilleret. D’une manière générale, la musique est bien présente et on l’entend agréablement. D’autant que Mark Isham a la bonne idée de la varier et il se paye même le luxe de faire siffler par les Nains le thème bien connu extrait du film ! La vie des Nains est réglée comme du papier à musique mais un accident va modifier celle de Rêveur. Au lieu de faire ce pour quoi il est né sans rien dire, il se pose des questions. Son nom même le prédestine à ne pas avoir les pieds sous terre comme ses frères. C’est leur pioche qui les baptise lorsqu’ils la prennent en main et cette cérémonie a quelque chose de touchant et d’original. Lorsqu’il rencontre Nova, venue chercher la poussière de fée, c’est le coup de foudre ! Il a de plus la phrase du moment : « Si on rêve de quelque chose, c’est qu’on est capable de le faire ». Cette belle déclaration est répétée à une autre reprise. A Storybrooke, Mary Margareth peine à recruter des volontaires pour vendre des bougies pour la « fête des mines », un événement local. Écoutez bien l’interrogation d’Emma lorsque sa coloc’ lui en parle. C’est anecdotique mais révélateur. Le seul qui veut bien aider la malheureuse institutrice, brocardée par toute la ville, c’est Leroy, l’agent d’entretien de l’hôpital, alcoolique et grincheux. Mais il a été touché par la grâce ou plutôt par le sourire angélique de Sœur Astrid, une religieuse aussi attachante que maladroite. Souvent, lorsque la série veut mettre en avant ses seconds rôles, elle se gaufre lamentablement. Ce n’est absolument pas le cas ici ! Lee Arenberg occupe l’espace de manière très convaincante et son interprétation de Leroy/Rêveur est sans faute. L’homme est blessé, c’est évident et son mal-être est éloquent. Il est à la hauteur de ses homologues féminins. Ginnifer Goodwin campe une femme blessée mais pas une demoiselle en détresse. Elle souffre mais se bat ; elle tombe mais cherche à se relever même si c’est pénible. Pour sa seule participation à Once upon a time, Amy Acker nous convainc sans peine. Rieuse, espiègle, elle est une religieuse et une fée peu orthodoxe. Sa maladresse est touchante et on s’attache à ce personnage au grand cœur. Leroy et Mary Margareth doivent vendre toutes les bougies préparées par les religieuses sinon elles ne pourront honorer leur loyer car Sœur Astrid a gaffé en passant une commande. Mais voilà, qui va vouloir acheter des bougies « à l’ivrogne et à la traînée de la ville » ? Les voir faire en vain du porte à porte donne un certain comique de répétition car la scène est brève et filmée avec un entrain proportionnel à la déconvenue des duettistes ! Dans le monde magique, Rêveur retrouve Nova sur une colline et ils admirent les lucioles. C’est un moment de pure poésie et le décor est magnifique. Les deux amoureux s’inventent des projets d’avenir et c’est vraiment beau. C’est véritablement magique et la musique nous touche profondément. Par contre, sans doute frustrés de ne pas pouvoir exercer leurs talents d’équarisseurs sur la Reine, les bouchers modistes de la série se sont déchaînés sur les malheureuses fées ! La tenue de la Fée Bleue était déjà difficile à voir mais avec Nova ça laisse rêveur ! Il vaut mieux avoir emmagasiné de la poésie car le retour au réel est douloureux à Storybrooke. La journée s’avance et aucune bougie n’est vendue. La déception silencieuse d’Astrid est plus poignante qu’un long discours. Amy Acker est aussi excellente dans la sobriété que dans l’exubérance. Grâce à elle, Astrid échappe au cliché de la gentille fille maladroite et rigolote pour devenir une femme qui croit dans les autres, qui fait confiance mais n’est pas idiote. Elle a cru en Leroy et la faute de ce dernier la blesse profondément et le spectateur le ressent vivement. Par un effet miroir maintenant bien connu, la blessure est aussi dans le monde magique. Rêveur ne réalisera pas ses beaux projets et il ne s’en remettra pas. La scène de rupture est poignante, portée par une musique aussi tendre et douce que les mots sont durs. Le décor magnifique qui a révélé cet amour est cruellement le même que celui qui l’enterre. Symboliquement, Rêveur brise sa pioche et la nouvelle le baptise bien moins poétiquement. Le destin est-il tracé d’avance ? La réponse proposée ici est assez amère. L’épisode ouvre également un arc narratif dramatique, qui prolonge le final de l’épisode précédent (un classique de la série) : la disparition de Kathryn Nolan. Emma mène l’enquête accompagnée de Sydney qui prétend bosser en freelance et vouloir faire son métier de journaliste. Il n’apporte en fait pas grand-chose et ne sert qu’à rappeler au spectateur qui est son maître et qu’Emma est sous surveillance. L’enquête en elle-même n’est guère intéressante puisque le suspect est forcément innocent et que nous savons que c’est un complot monté par Regina. On se demande juste où la diabolique régisseuse de ce théâtre qui s’ignore que constitue Storybrooke veut aller et quel est son but. Dans cet épisode, Lana Parrilla n’a que deux scènes brèves à défendre mais elle ne les passe pas par perte et profil. Sa garde-robe est classique, sobre et de bon goût. Le décor du bureau a vraiment été pensé pour lui servir d’écrin. Elle trône avec évidence quand d’autre serait écrasé par le solennel. Le spectateur aura un dernier moment de poésie. Évidemment que nos héros vont réussir à vendre leurs bougies grâce à une idée…lumineuse ! Informations supplémentaires :
15. LE GRAND MÉCHANT LOUP Scénario : Jane Espenson Réalisation : Ron Underwood A Storybrooke, Ruby démissionne du restaurant de Granny. Dans le monde magique, Scarlett et Blanche-Neige tentent de débusquer un loup monstrueux qui sème la désolation. L’épisode est entré sur le personnage de Ruby/Scarlett et l’expérience a montré que ce n’était pas souvent en mettant en avant ses seconds rôles que la série était la plus convaincante. Cependant, avec Jane Espenson a la baguette, c’est plus rassurant. D’emblée, le ton est donné : il sera sombre. La disparition de Kathryn Nolan constitue désormais le fil rouge côté Storybrooke. Ce segment permet à Josh Dallas et Ginnifer Goodwin de présenter une facette plus tourmentée de leurs personnages mais ce n’est pas tout à fait réussi. L’interprétation de Josh Dallas nous ramène aux premiers temps de David sans guère marquer d’évolution. Sa partenaire s’en sort à peine mieux. Autre point sombre, à nouveau, Lana Parrilla joue les utilités et, cette fois, elle n’a rien de croustillant à se mettre sous la dent qu’une nouvelle scène d’hostilité envers Emma. Bien jouée certes mais déjà mille fois vue. Par contre, Meghan Ory saisit la perche que lui tend le scénario pour développer enfin le personnage de Ruby. La serveuse sexy – quoique lourdement maquillée – en a assez de sa vie plan-plan (la conscience que prennent les habitants de Storybrooke du temps et de la banalité de leur quotidien semble marquer l’essoufflement de la malédiction) et veut vivre autre chose. Symétriquement, dans le monde magique, Scarlett souffre de l’enfermement dans laquelle la maintient sa Mère-Grand (une expression qui sonne agréablement aux oreilles des fans des Avengers !) alors qu’elle voudrait partir avec Peter, l’apprenti-forgeron qui la courtise. Mais il rôde un loup monstrueux qui fait des ravages dans les troupeaux et que les chasseurs n’arrivent pas à attraper. Scarlett rencontre Blanche – qui dit s’appeler Marie – et les deux femmes sympathisent. En allant au puits, elles tombent sur un carnage. Là, il faut reconnaître que le réalisateur a bien fait son travail. Le spectateur tombe soudainement sur la scène et le rouge ressort vraiment bien sur le blanc. C’est d’ailleurs un plus pour l’histoire « magique » que cette atmosphère hivernale alors que Storybrooke est plombé par un temps gris persistant. Lorsque Mère-Grand raconte une attaque précédente de loup, son histoire est éprouvante. Commencée sur un ton froid, démonstratif, elle se charge en émotion à mesure qu’avance l’histoire familiale. Beverley Elliott réussit elle aussi à développer son personnage. Dans les contes, le sien n’est guère plus qu’une silhouette. Du coup, l’actrice a une certaine latitude pour composer et elle nous propose une femme forte, expérimentée, qui vit sans amertume et en aimant profondément sa petite-fille. L’incursion de l’épouvante dans l’univers de Once upon a time est une réussite mais cela vient du fait que c’est une composante essentielle des contes de fées ! Ceux-ci racontent des histoires de loup et de monstres pour exorciser nos craintes et affirmer que nous pouvons les vaincre. Scarlett, très émue par le récit, décide de tuer le loup de jour ! La recherche des empreintes avec « Marie » est un moment habile. L’incapacité de son amie à reconnaître les traces des animaux sur la neige fait sourire Scarlett alors qu’elle se débrouille avec aisance – une aisance à mettre en relation avec la facilité avec laquelle Ruby se débrouille dans la forêt - mais la découverte de celles du loup leur réserve de sacrés chocs ! Le chaperon blanc de l’une et le chaperon rouge de l’autre est d’un très bel effet sur la neige et fait penser à un autre conte, Rouge Rose et Rose Blanche. La recherche des empreintes a révélé le secret du loup et on ressent avec Scarlett le froid qui la saisit quand elle s’imagine que son galant est ce loup ! Par contre, le coup qui consiste à zoomer progressivement sur les visages commence à devenir un cliché entre réalisateurs. Quand Mère-Grand découvre que Scarlett n’est plus là, elle est choquée et furieuse à la fois car les deux jeunes femmes n’ont rien compris : ce n’est pas Peter le loup-garou c’est Scarlett ! Le second récit de la vieille femme à Blanche-Neige est aussi sobrement raconté qu’épouvantable car il retrace une généalogie sanglante marquée par le secret et la tragédie. Jane Espenson a eu l’idée géniale de fusionner les figures du Loup et du Petit chaperon rouge car ces deux aspects se renforcent mutuellement au sein d’une personnalité plus riche. Du coup, le spectateur repense à plein de petits détails des épisodes précédents. Si le rouge comme couleur des cheveux de Ruby ne surprend pas, la présence d’une figurine de loup dans sa voiture prend un autre sens. Néanmoins, un autre détail dessert le scénario ; l’insistance sur le chaperon rouge que Scarlett doit porter en permanence. L’explication donnée par Granny sent l’argument d’autorité et intrigue. La fausse piste du forgeron ne nous convainc guère non plus tant le soupirant de Scarlett manque d’épaisseur. Ce qui n’enlève rien à l’horreur lorsque Mère-Grand et Blanche-Neige découvre le dernier repas du Loup/Scarlett. La bête est bien faite. Assez grande pour avoir une dimension mythique conforme au caractère monstrueux qu’on lui prête mais sans tomber dans le démentiel. « Grand comme un poney » est sans doute exagéré mais à côté de la Bête du Gévaudan, il n’aurait pas démérité. De plus, et là on est content des progrès des effets spéciaux, cette créature arbore une expression cruelle qui n’est pas celle d’un animal ordinaire. Le loup craint l’bomme sauf s’il est enragé mais, ici, il se repaît d’avance de son repas. Les apparitions du Loup sont brèves comme il sied à un monstre. On en a bien plus peur quand on en parle. Petit manque d’originalité – ou respect de la tradition – lorsque, pour abattre la créature, Mère-Grand utilise…une flèche en argent. Le réveil de Scarlett, la conscience qu’elle prend de son crime et de sa nature profonde sont un moment très émouvant, traité avec sobriété et attention. La lumière nocturne est un autre point fort de l’épisode. La photographie n’aura pas fait de faute ici. La musique, par contre, n’a rien qui retienne l’attention. Comme tout conte de fée, on termine par un retour à la situation de départ. Ruby revient chez Granny forte de l’expérience accumulée. Emma n’aura pas manqué de louer ses qualités et l’aveu de l’explication du coup de colère de Ruby est aussi simple que touchant. En face, Granny ne sort qu’une brève expression mais qui en dit plus long d’un discours fleuve. Cette sobriété révèle un attachement profond entre les deux femmes. Informations supplémentaires :
16. LE CHEMIN DES TÉNÈBRES Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg Réalisation : Dean White Le cœur privé d’amour, Blanche-Neige se laisse dominer par le désir de tuer la Reine. A Storybrooke, Mary Margareth est en prison pour le meurtre de Kathryn Nolan. L’expression « côté obscur » aura rarement pris autant de relief que dans cet épisode qui, non seulement nous propose des histoires solides mais en prime nous gratifie d’aphorismes sur le Mal. L’épisode prend chronologiquement la suite directe du « vol de la colombe » quand les soldats du roi George fondaient sur Charmant et Scarlett. Mais alors qu’il faisait grand jour dans ce dernier, ici, il fait nuit ! Par chance, c’est une nuit de pleine Lune donc un gentil Loup va aider le Prince Charmant. Donc maintenant Scarlett maîtrise sa métamorphose ? Heureusement, la suite est bien plus intéressante et, cette fois, les deux mondes nous proposent des histoires de bonne qualité. A Storybrooke se tient le segment principal. Mary Margareth est incarcérée pour le meurtre présumé de Kathryn Nolan. L’interrogatoire de la malheureuse est un moment fort. D’autant que Regina, présente comme « observatrice neutre » (on croit rêver !) cache mal une jubilation intense et muette suivie d’une non moins grande scène de pathos. Du grand art. Lana Parrilla maîtrise tous les ressorts de son personnage. Face à elle, Ginnifer Goodwin compose une Mary Margareth qui lutte pied à pied pour ne pas sombrer. Elle doit être forte car une nouvelle preuve est découverte par Emma. Une scène doit être soulignée : David va trouver Regina dans son bureau ! La scène est un concentré de dialogues brillants. « On ne naît pas mauvais, on le devient » dit-elle et il lui rétorque qu’elle « ne sait pas ce qu’est le Mal » ! Il fallait oser même si on a un peu l’impression que la scène n’a été ajoutée au scénario que pour placer ces phrases magnifiquement ciselés. Dommage que l’effet ait été privilégié au fond. Qui dit suspect dit avocat et Mary Margareth en trouve un : M. Gold ! Remarquez la symétrie de cette scène avec la suivante. L’épisode est truffé de ces symétries. Le côté systématique du procédé – ce n’est pas la première fois dans la série – montre une montée en puissance ; une convergence des mondes ; une confusion des personnages. Emma reste la seule a être exclue de cet alignement des planètes mais elle fait une découverte troublante. L’accumulation des indices (un peu comme dans Trop d’indices de Chapeau melon) finit par convaincre Emma que son amie est la victime d’un coup monté. Et à Storybrooke, qui dit « coup monté » dit Regina surtout si c’est Emma qui le dit ! L’honnête shérif se laisse tenter par le côté obscur et elle va demander l’aide du maître ès fourberies, M. Gold. Jennifer Morrison rend parfaitement convaincant ce basculement. Tendre la joue gauche après la droite ça ne dure qu’un temps ! Alors la fin justifie-t-elle les moyens comme le suggérait Nicolas Machiavel ? D’un autre côté, August a révélé, mais de manière détourné, à Henry qu’il « a pris le parti de croire » aux histoires du livre de contes. Il a une façon plaisante de parler d’Emma. Eion Bailey se plaît à jouer cette anguille dont on se demande qui il est. La brièveté de ces scènes empêche l’installation d’une sensation de répétition. D’autant qu’il y a une subtile montée en puissance. On en a l’eau à la bouche ! Dans le monde magique, on ouvre vraiment le bal avec une scène hilarante : Blanche-Neige, avec un nœud dans les cheveux, chantonnant un balai à la main qui, soudain, tente d’écraser un petit oiseau ! Cette subversion du film de 1937 est un pure moment d’anthologie d’autant qu’il est mis au service d’une intrigue bien plus noire. Depuis qu’elle a bu la potion de Rumpelstilskin, Blanche-Neige est devenue dure et cruelle. Cruauté soulignée par la litanie comique des plaintes des Nains. Ginnifer Goodwin est très à l’aise dans les bottes de Blanche-Neige, sans doute davantage que dans les pantoufles de Mary Margareth. C’est vrai que c’est plus exaltant de jouer le personnage le plus emblématique du Bien (voire le plus nunuche de l’histoire du cinéma) glissant dans le Mal. L’explication magique (elle n’a plus d’amour dans le cœur) nous invite à réfléchir sur la part de Bien et de Mal que nous portons en nous. Il y a un responsable à tout cela et Blanche-Neige décide soudain d’aller tuer la Reine ! Le meurtre est l’acte irréversible ; celui qui la condamnerait à jamais. Pour le coup, on y croit. Oui, il est crédible que Blanche-Neige tue la Reine. Jamais la bascule n’a été si proche. L’interprétation de Ginnifer Goodwin est sans faille. Rumpelstilskin va même lui fournir les moyens de sa vengeance mais, jouant sur les deux tableaux, le maître magicien indique à Charmant comment conjurer le sort et où il trouvera sa princesse. Robert Carlyle s’éclate à jouer son personnage et il montre parfaitement comment il dissimule son objectif derrière une exubérance de façade. Autant Rumpelstilskin est déchaîné, autant M. Gold est mesuré. Au costume doré de l’un répond le costume noir de l’autre. Le rusé personnage est le même et il poursuit un but connu de lui seul. Point noir, le hall de son palais est clairement un décor numérique. Regardez l’extérieur derrière Charmant ; les drapeaux bougent de façon trop linéaire et, si vous vous reportez à l’épisode « La Belle et la Bête », vous constaterez que c’est exactement la même image. Signalons car ce n’est pas courant que la Reine est bien habillée. Son manteau rouge est bien assorti à son large chapeau noir et le tout ressort magnifique du fond neigeux. Charmant est donc le héros de la deuxième partie du segment « magique » ; le Prince vient au secours de sa belle même contre la volonté de celle-ci. Il faut que Josh Dallas croit dans son personnage pour élever son discours à Blanche-Neige au rang de bijoux d’altruisme. Voilà une série où les apprentis scénaristes peuvent apprendre à éviter la banalité ou plutôt à la transcender. Le baiser fougueux qui s’ensuit scelle la réunion des amants mais, comme dans tout bon drame, c’est précisément ce moment que choisissent les troupes du roi George (certains ne sont pas sortis indemnes des griffes de Scarlett !) pour leur tomber dessus et enlever Charmant. C’est un peu gros mais on laissera filer cette ficelle d’autant que, chose unique, c’est Blanche-Neige qui prononce la phrase du couple : « Je te retrouverai. Je te retrouverai toujours ». Informations supplémentaires :
17. LE CHAPELIER FOU Scénario : Vladimir Cvetko et David H. Goodman Réalisation : Ralph Hemecker Dans le monde magique, la Reine passe un pacte avec un dénommé Jefferson. A Storybrooke, Emma rencontre un homme apparemment inoffensif mais qui se révèle tout autre et lui demande de faire quelque chose pour lui. Pour son 4ème scénario, (dont 2 en collaboration), David H. Goodman arrive enfin à écrire un épisode remarquable et qui s’apprécie à chaque visionnage. Bien servi par une histoire solide, Ralph Hemecker livre une réalisation solide. Si la série en revient à un schéma classique – une histoire à Storybrooke et une dans le monde magique – les deux segments sont de forces égales et se répondent parfaitement. Alors qu’il ne reste plus que six épisodes avant la fin, le monde « storybrookien » subit un nouvel assaut encore plus violent que les précédents mais, circonvenu à un point de l’espace, il ne peut ébranler la structure élaboré par la souveraine et, ironie tragique, c’est Emma qui permet au règne démoniaque de perdurer. L’épisode prend directement la suite du précédent avec la fuite de Mary Margareth grâce à une clé opportunément découverte dans sa cellule. On saura formellement à la fin d’où elle vient mais le spectateur a de l’avance sur le shérif ! En la recherchant, Emma rencontre un promeneur apparemment égaré, Jefferson, qu’elle raccompagne chez lui. Après avoir pris le thé, elle s’évanouit. Lorsqu’elle revient à elle, c’est pour découvrir Mary Margareth ligotée et bâillonnée. Mais c’est à elle que Jefferson en veut. La rencontre d’Emma et de Jefferson se fait dans une atmosphère de brume, un paysage flou très prometteur. La demeure de ce dernier est monumentale, une sorte d’hôtel particulier très inquiétant. Sa décoration est étrange : les murs sont de couleur claire mais le choix de peintures abstraites très colorées laisse perplexe. Sébastian Stan est, lui, un excellent choix. D’abord simple, innocent, il joue à merveille le comportement « psychotique » qui s’élève. Lorsqu’Emma sombre dans le sommeil, la caméra nous montre le visage de Jefferson en contre-plongée (une vue assez rare globalement) ; l’éclairage clair-obscur lui confère un air authentiquement diabolique. Dans le monde magique, Jefferson est un homme pauvre qui vit avec sa fille Grace. Lorsqu’il voit la Reine chez lui, il commence par refuser son offre de service mais se ravisera plus tard après une humiliation publique…à laquelle elle n’est pas étrangère. Notons que la robe de Sa Majesté n’est pas mal mais la collerette en plumes de corbeaux est immonde. Vestimentairement, Regina et La Reine ont une autre différence. Si le Maire préfère les pantalons et les chemisiers clairs, la Reine a une prédilection pour les robes noires copieusement échancrées. Ce qui se passe chez Jefferson à Storybrooke est un concentré d’idées brillantes soutenues par une réalisation inspirée. Sébastian Stan confère une aura d’inquiétante étrangeté à son personnage (scènes des ciseaux). La musique et le point de vue subjectif à ce moment-là donnent froid dans le dos. L’ambiance est sinistre dans cette grande maison vide : la pièce où Emma retrouve Mary Margareth baigne dans une ambiance bleutée alors que le couloir est plongé dans une brillance jaune. Le contraste est tranchant. Rarement, la série aura su aussi bien distiller le malaise. Ce que la Reine a demandé à Jefferson est de la conduire au Pays des Merveilles. Elle a quelque chose à y prendre. Décidément, elle ne peut rien faire sans les autres ! Si l’ouverture sur cet autre monde est bien faite et originale, le Pays des Merveilles en lui-même ressemble à un copier-coller numérique du dessin animé de 1983. Le labyrinthe sonne faux et le carrelage est psychédélique. La salle du trône avec ses courtisans masqués ressemble à une suite vénitienne de pacotille. En revanche, la poursuite devant les soldats de la Reine de Cœur est alerte, soutenue par une musique héroïque. Le combat est aussi bref que bien réalisé. Mais le meilleur moment est bien à Storybrooke. La confrontation de Jefferson et d’Emma est un grand moment, un sommet de la série. Celui qui est « le Chapelier fou » sait tout de la malédiction. Il fait un discours remarquable sur la pluralité des mondes. Sébastian Stan nous restitue une version nouvelle de la « folie » de son personnage : son extrême lucidité. Avoir conscience de deux réalités peut rendre fou en effet. Jefferson a besoin d’Emma car il a bien vu que, depuis l’arrivée de celle-ci, tout bouge. Ce qu’il lui demande est simple : qu’elle apporte la magie à Storybrooke ! C’est lui qui a la phase de l’épisode : « Il faut être fou pour ne pas croire ce que l’on voit ». Sauf que c’est un dialogue de sourd car Emma se cabre devant lui. Jefferson, pour elle, n’est pas le Chapelier fou, il se prend pour le Chapelier fou ! La nuance est importante et rarement Jennifer Morrison nous aura montré une Emma plus rétive que jamais à ouvrir les yeux sur ce théâtre d’ombres. C’est platonicien : elle est plongée dans la caverne et refuse de croire que ce qu’elle voit bouger sur les parois n’est pas la réalité. Plus terre à terre que jamais, elle se cuirasse avec sa raison et s’accroche à tous les lambeaux du réalisme qu’elle peut trouver. Après tout, Jefferson est peut-être réellement fou ? Le jeu tantôt flamboyant tantôt sombre de Sébastian Stan ne plaide pas pour un Jefferson très équilibré en effet ! Le malheureux Jefferson a pourtant quelques raisons d’avoir perdu la tête. Au Pays des Merveilles, il a compris trop tard qu’il avait été joué par la Reine. Celle-ci se paye le luxe d’une réplique d’une cinglante cruauté : « On n’abandonne pas sa famille ». Le voici prisonnier dans ce monde aussi coloré qu’infernal. Pour rentrer, il n’a qu’à reproduire ce par quoi il est arrivé ! Une solution aussi simple qu’impossible !! Comment ne pas devenir fou après ça ? A Storybrooke, les passages les plus marquants sont ceux qui témoignent de la grande lassitude de Jefferson. Il attend depuis si longtemps ; il a tellement mis de forces, tellement consacré de temps qu’il n’en peut plus. Emma est son dernier espoir ; il s’y accroche avec une violence qu’on comprend très bien tout comme on comprend qu’elle effraye Emma. Informations supplémentaires :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Dean White A Storybrooke, la situation de Mary Margareth devient critique. Dans le monde magique, Regina rencontre Blanche-Neige. Contrairement au précédent, celui-ci résiste mal à un second visionnage. Les auteurs ont accordé trop de place à l’intrigue « magique » au détriment de Storybrooke. En revanche, il a le mérite d’expliciter les racines de la haine violente de la Reine envers Blanche-Neige. « Quand on veut faire mal à quelqu’un, il faut souvent frapper quelqu’un d’autre » ; c’est le conseil cynique que Gold donne à Regina. Nous sommes une semaine avant les événements relatés dans les épisodes précédents. Dean White, qui a précédemment fait bien mieux, nous ressert le mouvement de caméra vers le panier de pommes que le Maire a toujours à portée de mains. Ça doit être une figure imposée. L’entrée dans le monde magique se fait avec bien plus d’énergie par le biais de l’équitation ; ce qui nous vaut de belles scènes en plein air. A défaut d’extérieurs remarquables, on respire et la musique est bien accordée à la cavalcade qui s’ensuit lorsque Regina – puisque tel est son nom – se porte au secours d’une fillette dont le cheval s’est emballé. La fillette, c’est Blanche-Neige. A ce moment, aux côtés de la fillette, le sourire de Regina est franc et chaleureux. Il faut bien le garder en mémoire. Le spectateur a aussi le « plaisir » de rencontrer Cora, la mère de Regina, et le moins que l’on puisse dire est que « maternel » n’est pas l’adjectif qui vient spontanément pour la qualifier ! Froide, ironique, elle cravache sa fille avec des mots - et avec la magie - comme d’autre avec un fouet. Barbara Hershey réussit son entrée. Il est vraiment stupéfiant de voir Regina ainsi dominée. Une Regina que l’on découvre amoureuse d’un palefrenier, Daniel. Pourquoi pas mais le choix de l’acteur est contestable. Noah Bean n’est pas foncièrement mauvais mais il manque de charisme. De plus, les scènes entre les amants sont filmées avec un pathos un peu lourd comme s’il fallait compenser une crédibilité un peu fragile. Lana Parrilla en fait beaucoup et ça dérange un peu. En revanche, elle est mieux habillée qu’elle ne le sera plus tard. Que n’a-t-elle pas emmené sa garde-robe avec elle ! Évidemment, le choix amoureux de Regina n’est pas connue de Cora mais Blanche-Neige surprend les amants. Une gamine stupéfaite car, peu de temps auparavant, son père a demandé la main de Regina pour avoir sauvé sa fille et Cora a accepté au nom de sa propre fille ! Une phrase nous interpelle : Regina affirme qu’elle ne veut pas être reine et sa sincérité ne fait pas de doute. C’est le point fort de l’épisode : nous faire découvrir Regina avant qu’elle ne devienne la Reine. Regina parvient à faire taire la fillette. C’est une belle scène nocturne et aux dialogues brillants sur le « véritable amour ». On se doute bien de la suite et, en effet, sur ce plan-là, l’épisode est sans surprise, Blanche-Neige va tout déballer à Cora peu après. Baillee Madison, qui incarne Blanche-Neige jeune, est charmante mais sa naïveté exagérée et sa candeur exaspérante en font davantage un prototype de la godiche du film d’animation de 1937 qu’une préfiguration de celle dont Charmant tombera amoureux. De façon surprenante Regina – malgré un bon maquillage et une tresse peu seyante – ressemble trait pour trait à celle qu’elle est plus tard alors que Blanche-Neige est encore très jeune. Gros point faible par contre, tout le segment « storybrookien ». Composé de beaucoup de va et viens, de dialogues sans intérêts, il a eu pour objet de nous dire combien la vie est dure pour Mary Margareth en ce moment et que ça ne prend pas le chemin de l’amélioration. Jennifer Morrison se démène beaucoup mais n’a pas grand-chose à défendre. Giancarlo Esposito cabotine avec un Sydney redondant. Eion Bailey sourit et August guide Emma mais tout cela ne mène pas loin. En revanche, Lana Parrilla déroule et se régale – et nous avec elle ! Elle a les meilleurs morceaux et les plus beaux dialogues. C’est à elle que l’on doit le 2ème melon et qui nous évite l’ennui qui guettait. Face à Mary Margareth, elle est radieuse et nous compose une Regina qui savoure sa vengeance ; car cette fois c’est clair. Le complot qu’elle a monté n’a pour seul but que de faire expier son ennemie. Ginnifer Goodwin est magistrale dans sa composition d’une Mary Margareth désemparée, qui perd pied, qui sait que Regina la hait mortellement mais qui ne comprend pas pourquoi. C’est le drame des habitants de Storybrooke : ils ne sont pas maîtres de leur destin car ils ont oublié qui ils étaient. Lana Parrilla a droit aussi à une nouvelle confrontation avec Jennifer Morrison. Le coup de la double détente varie un peu le plaisir mais ça ne change pas le fond. Emma attaque mais c’est Regina qui gagne à la fin. Dans le monde magique, la confrontation attendue éclate : Cora empêche les amants de s’enfuir. Barbara Hershey est magistrale : d’abord dure, elle semble s’adoucir face à la détermination des jeunes gens puis elle frappe comme un serpent à sonnette ! La maxime qu’elle assène à sa fille marquera celle-ci au fer rouge. Dans un décor couleur ocre éclairé à la flamme – on se croirait dans un dessin d’Yves Swolfes - , cette dame en noir révèle une nature profondément anxieuse et qui a perverti l’amour maternel. N’ayant plus le choix, Regina va épouser le roi Léopold mais, auparavant, suprême blessure, elle découvre la trahison de Blanche-Neige. Là, sous nos yeux attentifs et tendus, s’opère la métamorphose. Regina meurt dans sa robe blanche et la Reine naît alors. Ses paroles à la gamine nunuche sont faites sur un ton doucereux mais le regard dit autre chose. Cora ne s’y trompe pas, qui félicite sa fille pour sa dissimulation. Un point qui ne convainc pas entièrement c’est la volonté d’expliquer le Mal. En nous présentant Regina avant la Reine, les scénaristes affadissent le personnage. Est-ce que l’on a vraiment besoin de savoir pourquoi la Reine hait Blanche-Neige ? Le conte de fée peut donner une réponse mais pourquoi ne pas dire « tout simplement » que l’une représente le Bien et l’autre le Mal ? C’est peut-être schématique, oui, mais avec de bons scénaristes, on peut écrire des milliers d’histoires là-dessus. La série commet un péché d’orgueil en prétendant donner un fondement logique à cette haine et, surtout, elle se met dans une position délicate puisque elle risque de priver les personnages de la possibilité d’évoluer en les enfermant dans une situation asymétrique : l’une hait et l’autre se sait coupable. L’épisode se termine sur un coup de théâtre à Storybrooke. Informations supplémentaires :
Scénario : Jane Espenson Réalisation : Paul Edwards A Storybrooke, M. Gold se demande s’il n’a pas retrouvé quelqu’un de son passé. Dans le monde magique, Baelfire, fils du Ténébreux, cherche par tous les moyens à retrouver sa vie d’avant. Un épisode très bavard ce qui lui enlève le dernier melon mais un épisode qui, par un habile jeu de duels et de duos, fait monter la pression. Premier duo : August et Henry cherchent à jouer un tour à M. Gold. Pendant que l’un le distrait, l’autre cherche quelque chose. Une ambiance légère entoure ce moment mais l’atmosphère va progressivement s’alourdir. Second duo : l’explication entre Gold et Regina. Le réalisateur alterne les plans serrés sur les visages comme le renvoi d’une balle entre des partenaires. Le côté feutré de l’antiquaire-usurier ne fait que ressortir sa dangerosité et sa voix toujours polie quoique dénuée de chaleur éteint la colère du Maire qui n’a que trop compris que tout mène à elle mais qui ne saisit pas le but du traître. La musique souligne très bien l’intensité de l’action sans prendre le dessus. L’impression que l’on retire de la scène est celle d’un maître donnant une leçon à un élève qui s’est cru trop doué. Troisième duo : la séparation à l’amiable entre David et Kathryn. C’est à elle que l’on doit la belle phrase de l’épisode : « Ce que l’on vivait n’était pas l’histoire qu’on attendait » ; ce qui est résumer Storybrooke ! Nouvel échec pour la souveraine dans ce monde. Sans que les personnages s’en rendent compte (sauf quelques-uns), c’est leur univers qui se fissure. Cette scène tendre aura son pendant entre David et Mary Margareth. La composition nuancée, subtile, profonde de Josh Dallas et Ginnifer Goodwin fait de cette scène un beau moment d’émotion et absolument pas une redite des scènes précédentes. Ce moment fait avancer leur histoire ; celle qu’ils devaient vivre. Quatrième duo : la scène comique entre Sydney et Emma qui le démasque et comprend, atterrée, ce qui a motivé le journaliste. Giancarlo Esposito joue avec une grande dignité et il évite de faire sombrer son personnage dans le ridicule où il a souvent navigué. Mais le duo/duel le plus fort, c’est Robert Carlyle qui va le jouer dans deux situations différentes. La première se passe dans le monde magique et met aux prises Rumpelstilskin et son fils Baelfire. Lequel vit très mal le noircissement progressif de son père. Il a bien saisit que c’est la magie qui a transformé le faible fermier en cruel magicien. Pressé de renoncer à son pouvoir, ce dernier concède que seul le bonheur de son fils l’intéresse. C’est un moment fort réalisé sans effets inutiles où la caméra se contente de passer la parole et de révéler les sentiments. Rumpelstilskin en privé n’est plus le même. Il n’a pas la gouaille qu’il manifestera devant ceux qui viendront le consulter. Il ne vit pas dans un château mais se contente d’une chaumière. Robert Carlyle compose un Rumpelstilskin encore pétri de bonté et qui ne veut que le bonheur de son fils. On y croit sans peine. Dylan Schmid qui lui donne la réplique fait mieux que se défendre. La seconde oppose Gold et August Booth. Une confrontation avec la Mère Supérieure trouble le redoutable propriétaire de tout Storybrooke (il ne pourra pas dire que la Reine n’a pas été généreuse !) qui va s’épancher auprès d’Archie ! Jamais nous n’aurons vu cet homme aussi peu sûr de lui. Robert Carlyle lui donne une épaisseur, une crédibilité dans une facette de son personnage encore inédite. Rien n’est décidément absolu et Rumpelstilskin qu’on pouvait croire dédié au Mal a de quoi nous surprendre et on sait que son interprète ne faillira pas. Mais, pour tout duel, il faut un adversaire à sa taille. Eion Bailey n’a pas tout à fait le même talent mais il n’a pas non plus la même expérience. Jusque-là, August avait le profil d’un perturbateur, toujours souriant mais fuyant. Le voilà beaucoup plus sérieux et il est parfaitement crédible lorsqu’il dit qu’il est mourant et que son salut repose sur Emma mais qu’il a perdu tout espoir en ce qui la concerne. La révélation qu’il fait à Gold est stupéfiante : il est Baelfire ! Un Baelfire qui a trouvé le moyen de sauver son père : l’envoyer dans un monde dépourvu de magie. Mais, le magicien ne partira pas. On le savait déjà mais nous savons désormais pourquoi il acceptera d’aider la Reine. Il n’a jamais travaillé que pour lui. Lorsque Baelfire part, Rumpelstilskin se dérobe. Son fils le traite de lâche et c’est exactement ce que nous donne à voir Robert Carlyle. Dans une atmosphère violemment contrastée, c’est un être pathétique qui se révèle. Jamais le Ténébreux n’est apparu si pitoyable et, d’ailleurs, plus jamais il ne le sera. Un Baelfire que son père n’a jamais cessé de chercher. C’est la confession surprenante et émouvante que fait Gold à Booth. La scène du pardon est magnifique et les deux acteurs contiennent leur émotion pour n’en donner que plus de poids à leurs paroles. Gold va jusqu’à remettre sa dague mais, là, coup de théâtre ! Booth n’est pas celui qu’il prétend être et le spectateur, qui a gobé son histoire, voit le visage de Robert Carlyle se métamorphoser ; de chaleureux et compatissant, il devient dur et cruel. En une scène, ce grand acteur nous montre les deux faces de Rumpelstilskin. Cruel, et joueur, car il laisse la vie sauve au mourant à cause d’Emma. Cinquième duo : celui, plein de haine et de peur entre Rumpelstilskin et la Fée Bleue. On y découvre les racines de l’hostilité (pour rester modéré) que vouera le premier à la seconde et aux fées en général ; à mettre en relation avec « Nova et Rêveur ». La série ne cesse de faire des liens et, dans l’essentiel des épisodes, tout se tient, rien ne se perd. Le sixième et dernier duo est un lieu commun désormais puisqu’il oppose Emma à Regina. Cette fois, malgré le sourire qu’arbore la seconde, elle n’a pas le dessus. Emma peut bien la traiter de « sociopathe » (ce qui prouve qu’elle n’a encore rien compris à ce qu’est Storybrooke), le coup le plus dur qu’elle peut lui porter, et qu’elle a bien l’intention de porter, est une sorte de variation à l’axiome que M. Gold avait exposé à Regina dans l’épisode précédent. Informations supplémentaires :
20. LA PROMESSE DE PINOCCHIO Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss Réalisation : Gwyneth Horden-Payton A Storybrooke, August tente d’ouvrir les yeux d’Emma. Dans le monde magique, on découvre le secret de l’armoire qui a protégé la Sauveuse. Un épisode majeur qui amorce le final de cette première saison. Tout est clairement expliqué et les enjeux sont on ne peut plus clair. August va tenter de faire comprendre à Emma qui elle est vraiment et qu’elle est son rôle. C’est le segment « storybrookien ». S’y ajoute deux autres moments concernant cette fois Regina. La malheureuse vit des moments difficiles. Tout d’abord, Mary Margareth lui pardonne ! Avec un ton calme, posé, dénué de malice ou de méchanceté, elle lui tient un discours de sincérité profondément émouvant : Regina doit se sentir terriblement seule pour que sa seule joie soit de détruire le bonheur des autres !! Impassible, Regina n’a rien à répondre. Notons que, tout au long de cet épisode, qui couvre une journée entière, elle arbore avec classe une somptueuse robe bleu roi qui fait ressortir son collier doré. L’autre moment c’est un dîner auquel elle parvient à convier David. L’hésitation de ce dernier pour savoir s’il doit rester ou partir est rendu par une succession de flou et de clarté, tantôt sur l’un et tantôt sur l’autre des protagonistes. Regina lui raconte l’histoire touchante expliquant comment elle l’a « découvert ». C’est cousu de fil blanc mais raconté avec conviction. Par contre, son entreprise de séduction tourne court. Décidément, Le Maire sent la situation lui échapper. C’était une manœuvre grossière et, pour tout dire, désespérée. Il suffirait d’un rien désormais pour que Storybrooke vole en éclat. L’intrigue dans le monde magique s’insère totalement dans ce qui précède car nous sommes là au pire moment du Royaume, entre la menace et la malédiction. Pour sauver les habitants du sort noir, la Fée Bleue (toujours vêtue d’une robe dessinée par un modiste fou) vient trouver Gepetto et son fils Pinocchio, qui est un vrai petit garçon depuis que la fée l’a sauvé suite à un naufrage. Elle lui demande de construire une armoire magique qui protégera Blanche-Neige et sa fille. Seules deux personnes en effet peuvent y entrer. Mais le vieux charpentier exige que son fils soit une de ces deux personnes. Face à sa fermeté, la Fée capitule. L’égoïsme de Gepetto n’est jamais montré comme un défaut mais comme l’exacerbation de l’amour qu’il porte à Pinocchio. Tony Amendola apporte de la crédibilité à un personnage qui affirme qu’il a déjà tant perdu. On y croit et on a la gorge serré. Un royaume pèse peu face à l’amour d’un père. Gepetto nous donne une leçon de politique : aussi grands soient les enjeux, ils concernent des hommes. L’abstraction assèche le cœur. N’oublions pas que la Reine et Rumpelstilskin ont tout sacrifié à une entité qui s’appelle le Pouvoir et on voit le résultat. Lorsque Blanche-Neige est sur le point d’accoucher, Gepetto va plus loin encore. Il trahit la Fée Bleue pour pouvoir sauver son fils ; c’est à Pinocchio qu’incombera la tâche de protéger Emma et de l’instruire de son destin. C’est hors de Storybrooke qu’August raconte la vérité à Emma et révèle sa véritable identité. Mais la jeune femme refuse de le croire et, même lorsqu’il veut lui montrer sa jambe (« mourir » pour lui signifie redevenir un pantin de bois), elle ne voit rien. S’ensuit une scène magistrale et capitale et très bien éclairée…trop pour une scène nocturne. Tout se déverse : espoir, colère, peur ; il est vital pour August qu’Emma accepte son destin mais celle-ci ne veut pas être responsable du bonheur de tout le monde. Elle rejette son « destin » parce qu’elle a peur des responsabilités. Cette fois, elle va plus loin que chez Jefferson. Tout ce qui compte pour elle c’est Henry. Emma a été seule trop longtemps. Elle n’a pas été préparée à ça. Pinocchio en est bien conscient : il a failli. Jennifer Morrison compose une Emma qui passe d’une femme dubitative et perplexe à une petite fille effrayée, écrasée par le fardeau qu’on lui présente comme une obligation. Sa liberté c’est de refuser. La colère et les reproches d’August viennent de la conscience de sa faute. Tout un royaume a été sacrifié parce que, lui le premier, il n’a pas voulu endosser les responsabilités qu’on lui avait confié. Eion Bailey donne une interprétation de grande classe. Pinocchio n’a pas été le garçon honnête, sincère et altruiste qu’il devait être. Cette vérité le brûle et l’acteur donne chair à cette douleur. L’amour démesuré d’un père aboutit à un désastre complet. Contre toute attente, Storybrooke a survécu et, à la fin de l’épisode, paraît plus fort que jamais. La dernière scène d’August est poignante. Il passe devant l’échoppe de Marco, le charpentier et se fait engager. Il a l’allure d’un mourant qui veut passer ses derniers moments auprès de quelqu’un qu’il aime. Informations supplémentaires :
21. LA POMME EMPOISONNÉE Scénario : Jane Espenson et David H. Goodman Réalisation : Milan Cheylov Dans le monde magique, Blanche-Neige veut à tout prix sauver le Prince Charmant. A Storybrooke, Emma renonce à affronter Regina. « La fin heureuse de mon histoire » ; c’est ainsi que dans le premier épisode la Reine avait défini la malédiction. Cet avant-dernier épisode fait encore monter la pression. Le scénario astucieux soutenu par une réalisation alerte nous plonge dans les arcanes de la victoire de la Reine. D’entrée de jeu, le spectateur est saisi : on est plongée dans une scène de rage et de violence qu’on a rarement vu dans la série mais qui s’avère n’être qu’un cauchemar de Regina. Lana Parrilla étincelle d’emblée et nous fait sentir la fragilité de son personnage. Archie le dira plus tard : tout ce qu’elle a fait c’est se défendre mais le brave psychologue ignore que c’est une peur viscérale, profonde qui tenaille la maîtresse de l’État-théâtre de Storybrooke. Nous, nous la voyons, nous la sentons et nous en savons les racines. Comment ne pas la partager tout en sachant ce qu’elle a fait mais, surtout, en sachant ce qu’elle peut faire ? Pourtant, le combat est bien proche de s’achever, faute de combattants. Emma veut quitter la ville d’abord avec Henry qui refuse. Jared S. Gilmore est l’autre satisfaction de cet épisode. Henry est le dernier à croire en sa mère biologique, à croire qu’elle peut briser la malédiction et son jeune interprète, absolument lumineux, lui donne une force de conviction particulièrement prenante. L’épisode compte deux scènes entre la mère et le fils et toutes deux sont intenses portées par deux interprètes qui ont saisi la gravité de la situation dans laquelle sont plongés leurs personnages. La pièce n’a que trop duré. Ils ont l’intuition qu’il faut que quelque chose survienne, que les choses ne peuvent rester comme elles sont. La seconde est portée en outre par le choc de deux convictions diamétralement opposées. Pour Emma, la malédiction n’existe pas. Elle n’y a jamais cru et n’a fait que bercer son fils de l’illusion qu’elle partageait sa conviction dans le but, très louable et réaliste, de passer du temps avec lui et de vivre quelque chose avec lui. Jennifer Morrison fait exploser l’hypocrisie d’Emma en montrant une femme accrochée au réalisme parce qu’il lui procure la sensation d’avoir un peu de sécurité – mais qui préfère fuir plutôt que d’admettre la vérité - , qui a peur de perdre son fils et qui ne veut plus se battre. Jared S. Gilmore nous montre à ce moment un Henry conscient de la portée de sa croyance, des implications qu’elle recouvre. L’enfant a acquis une force mentale qui manque à l’adulte. Emma n’a jamais cru en rien parce qu’elle n’a jamais pu faire confiance. Tout cela nous est rendue par son interprète. Signalons une dernière chose : Emma et Regina se ressemblent beaucoup : elles ont peur l’une de l’autre et toutes deux aiment Henry. Storybrooke vit peut-être encore mais le pommier de Regina est en train de mourir ; signe selon elle que la malédiction s’affaiblit. Au cours d’une discussion très âpre (la marque de l’épisode : les personnages vident leurs sacs), Regina s’en prend à M. Gold qui lui conseille de fuir. Dans son tailleur pantalon noir, pénétrée par la colère et la volonté de puissance, Regina irradie de majesté. On n’en dira pas autant des différentes tenues qu’elle arbore dans le monde merveilleux des modistes et des coiffeurs en plein délire. Dans le monde magique, Blanche-Neige lance l’attaque contre le château pour retrouver Charmant. Elle est aidée par les Nains, les fées (qui font un bruit de mouche quand elles attaquent !), Scarlett et Granny. Le spectateur peut alors se régaler d’une suite de scènes de combats filmées avec dynamisme, soutenues par une musique gaillarde et des interprètes qui « mouillent le maillot ». Ginnifer Goodwin est plus que convaincante en combattante acharnée et sa conviction fait oublier que le château est un décor et des effets spéciaux. Tout cela en vain car le Prince n’est pas là mais la Reine demande à Blanche-Neige de venir la retrouver. Évidemment que c’est un piège mais jamais nous n’avons l’impression d’être pris pour des cloches à qui on servirait une histoire cousue de fil blanc. Ginnifer Goodwin confère une dimension tragique à son personnage qui sait qu’elle va vers une mort certaine mais qui accepte le sacrifice pour une cause plus grande qu’elle. L’entrevue entre les deux adversaires se passe dans une atmosphère mélancolique. C’est d’abord une belle scène en extérieur. Le temps est couvert, venteux mais tout cela s’accorde à merveille avec les dialogues. La musique, quoique rythmée, a un timbre glaciale et le regard de Blanche-Neige mangeant la pomme empoisonnée est emplie de désespoir : « Je vous félicite, vous avez gagné ». Symétriquement, la jouissance de la Reine fait écho à la souffrance de Charmant. Grâce à un montage tonique, renforcé par l’usage de la contre-plongée lorsque Blanche-Neige tombe, nous partageons la victoire de la Reine qui s’affirme en majesté triomphante. A Storybrooke, Regina se trouve un bras armé : Jefferson. Contre l’écriture d’une nouvelle histoire avec sa fille (la famille est le thème central de Once upon a time), il accepte de l’aider à récupérer une arme décisive : la pomme dans laquelle Blanche-Neige a mordu ! La façon dont elle la prépare en vue de la faire manger à Emma nous confirme qu’elle est machiavélique mais aussi excellente cuisinière ! Il est d’ailleurs pour le moins surprenant qu’une femme en vue telle que le maire de Storybrooke n’ait pas le moindre domestique. On mesure la portée de la peur qu’Emma lui inspire. Pourtant, cette dernière lui annonce qu’elle s’en va et reconnaît Henry comme le fils de Regina. C’est une allégeance en bonne et due forme ! Storybrooke va demeurer le royaume imaginé par la Reine mais c’est compter sans Henry qui reproduit le geste fatal de Blanche-Neige. La roche Tarpéienne est proche du Capitole. Informations supplémentaires :
22. LE VÉRITABLE AMOUR Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Dean White Dans le monde magique, le Prince Charmant doit vaincre un dragon pour sauver Blanche-Neige. A Storybrooke, Emma ouvre les yeux. L’épisode a l’intelligence de ne pas se perdre en digression. On entre tout de suite dans le vif du sujet. De là où elle est, Emma est obligée d’admettre la réalité de la malédiction même si la rompre n’est toujours pas à l’ordre du jour. Toute une année d’illusions disparaît en une fraction de seconde. La gravité de la situation contraint Emma même si le corps médical s’avoue un peu vite dépassé. L’ultime confrontation entre Regina et Emma est la plus violente de toutes. Regina doit avouer que tout ce que disait Henry était vrai. On a là une scène splendide illuminée par deux interprètes au firmament ; deux femmes blessées, éprouvées, désespérées. Quand il y a un problème à Storybrooke, il faut aller voir M. Gold. Plus retors que jamais, Rumpelstilskin a bien la solution : le véritable amour (le titre français est cette fois plus pertinent et plus percutant que le titre original). Machiavélique, il avait pris « une assurance en cas d’orage » et le regard de Regina en dit long sur son envie de l’étrangler ! Mais elle n’est plus en position de force et Lana Parrilla met dans son regard toute la hargne impuissante de son personnage. De son côté, Emma change après sa visite à August : d’abord désarçonnée par ce qui lui arrive, elle prend soudain une résolution. Jennifer Morrison donne à voir le retour de la volonté de se battre dans le regard d’Emma. La fille de Blanche-Neige et du Prince Charmant ne saurait se montrer lâche ! Pour trouver la solution, il faut qu’Emma descende sous la bibliothèque de Storybrooke pour tout simplement…tuer un dragon ! Ce même dragon, la sorcière Maléfique, Charmant l’a déjà affronté pour le compte de Rumpelstilskin. Si la grotte de Storybrooke ou le château de Maléfique font décors, le dragon se défend relativement bien. Les deux combats sont de belle allure. Le montage, serré, passe d’un monde à l’autre au détour d’un pilier, d’une pirouette ou d’un coup d’épée. Le combat de la fille reproduit celui du père. L’héroïsme se teinte aussi d’humour lorsqu’Emma prétend terrasser la bête à coup de revolver ! Sauf erreur, le geste par lequel Emma tue le dragon est le même que celui du prince dans le film d’animation de Disney. Regina paye son crime mais en refusant de payer Jefferson, elle s’ouvre des représailles. Elle aurait pourtant dû se méfier d’un homme qui n’a plus rien à perdre. Il va libérer Belle, prisonnière sous l’hôpital ! Là, par contre, le scénario paraît peu crédible. Certes Jefferson a pu observer la Reine avec son télescope mais comment a-t-il su qu’elle avait emprisonné la jeune femme ? Comment la connait-il ? Ils ne se sont jamais rencontrés dans le monde magique. Toujours est-il qu’Émilie de Ravin va nous offrir un autre sourire lorsque son personnage retrouve Gold. Lui est bouleversé, il la serre dans ses bras (avouant plus tard à haute voix ce qu’il n’avait jamais admis dans le monde magique) alors qu’elle ne le connaît pas ! Ému mais toujours lucide, il se joue des deux mères d’Henry pour récupérer l’objet que protégeait le dragon. Emma et Regina n’ont pas le temps de le poursuivre : Henry est mort ! La scène est poignante. La musique triste, tout est au ralenti, le blanc s’impose visuellement. Jennifer Morrison nous montre une Emma que l’émotion submerge petit à petit à mesure qu’elle se rapproche d’Henry. Dans un geste symétrique à celui de son père, elle embrasse son fils et le réveille ! La malédiction est rompue ! Les souvenirs reviennent aux habitants ! Les retrouvailles entre Charmant et Blanche, deux êtres qui, même sans le savoir, n’ont jamais cessé de s’aimer et de se chercher est un beau moment de romantisme. Tout est bien qui finit bien. C’est la conclusion un peu guimauve de nos contes de fées certes mais qui n’a jamais voulu croire que tout ne s’arrangerait pas un jour ? Les contes de fées nous apprennent l’espoir. Storybrooke est mort et la Reine est déchue par ses anciens sujets. C’est d’un ton glacial et sans la regarder que la Fée Bleue – Keegan Connor Tracy se montre hiératique et son dédain est violent à la mesure de la violence que son personnage a subi – prononce la sentence et exile la souveraine. Lana Parrilla ne rate pas la sortie de son personnage : en larmes, Regina fait une déclaration d’amour à Henry véritablement émouvante, profondément sincère. C’est un point sur lequel elle n’a jamais varié et l’on se doit de reconnaître la profondeur de son amour. Comment ne pas être sensible à sa douleur ? Elle a tout perdu : sa couronne, son fils, son prestige. Seule et abandonnée, la Reine n’en a plus que le nom. Mais voilà, Rumpelstilskin, comme à son habitude, rabat les cartes et conclut la saison 1 par un cliffhanger qui peut inspirer bien des inquiétudes aux habitants de Storybrooke ! Informations supplémentaires :
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Saison 3 1. Il suffit d'y croire (The Heart of the Truest Believer) 3. Fée Clochette (Quite a Common Fairy) 4. Les Enfants perdus (Nasty Habits) 5. La Naissance d'un pirate (Good Form) 7. La Boîte de Pandore (Dark Hollow) 8. Pense à de jolies choses (Think Lovely Thoughts) 9. Peter Pan n'échoue jamais (Save Henry) 10. Le Nouveau Pays Imaginaire (The New Neverland) 13. Chasse aux sorcières (Witch Hunt) 14. Le Fantôme de la peur (The Tower) 15. Une vie pour une vie (Quiet Minds) 16. Verte de jalousie (It's Not Easy Being Green) 17. Le Choix du capitaine Crochet (The Jolly Roger) 18. Remonter le temps (Bleeding Through) 19. Un cœur pour deux (A Curious Thing) 20. Nous ne sommes plus au Kansas (Kansas) 21. L'Effet papillon (Snow Drifts) 22. …On n'est jamais aussi bien que chez soi (There's no Place Like Home) Cette troisième saison s’inscrit dans la continuité de la précédente mais, ce qui change, c’est le choix du diffuseur (ABC) de procéder en deux étapes. Ce procédé (mid-season) a un effet bénéfique sur la qualité de la série. En effet, plutôt que de risquer de se perdre dans une longue intrigue, les producteurs vont décider d’organiser cette troisième saison en deux mini-séries. Le grand intérêt est de concentrer les intrigues donc de densifier l’action et de conserver le rythme. Il n’y aura pas de « trous d’air » comme la saison 2 en avait connu. Grâce également à deux méchants absolument sublimes dans chaque partie, aux motivations et aux passés complexes (« On ne naît pas méchant, on le devient » affirme Edward Kitsis) mais, quelque part, pas si différents, ce qui donne une cohérence interne à la série, cette saison 3 atteint des sommets et se positionne comme la meilleure saison de la série Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Henry arrive au Pays Imaginaire et tente d’échapper aux Enfants Perdus. Pendant ce temps, sa famille essaye d’atteindre l’île. Critique : Un démarrage de toute beauté ! Histoire solide, réalisation énergique et inspirée, acteurs en pleine forme : tout est réuni pour faire de ce début de saison une réussite. L’épisode va se déployer autour de trois axes : Henry, la « communauté de la magie » si l’on ose dire, et Neal/Baelfire. Le montage impeccable alternera les scènes entre ces trois plans créant suspense et dynamisme sans aucune fausse note. Même les effets spéciaux seront bons, c’est dire ! Pourtant, il ne commence pas par aucun de ces axes mais par un retour dans le passé d’Emma aussi dur qu’émouvant et une Jennifer Morrison bouleversante. Henry est le protagoniste principal : il agit et c’est lui qu’on recherche. Dans l’arc concernant sa famille et qui réunit des morceaux de bric et de broc, c’est mal parti. Aucune cohésion mais est-ce surprenant ? Henry est le seul dénominateur commun entre la Reine, Rumpelstilskin (qui fait cavalier seul), Emma, Blanche et Charmant, et Crochet est là parce que seul son bateau peut franchir les mondes ! Les conversations révèlent les tensions, y compris entre Emma et ses parents. Ils ont le même âge mais pas les mêmes expériences de la vie et l’optimisme fondamental de ceux-ci exaspère Emma (même si cela nous fait aussi sourire). L’attaque des sirènes puis une violente tempête montrent tout ce que cette « communauté » peut avoir d’artificielle : il s’en faut de peu qu’ils ne sombrent, faute de réussir à s’entendre. L’éclairage en bleu nuit et argent, outre qu’il souligne l’élégante tenue bleu roi de Sa Majesté, très en verve en matière de répliques cinglantes, donne un effet inquiétant et grandiose à ces moments. La musique est magistrale. Rarement elle aura été d’une si grande qualité soulignant le sublime de l’action. « Sublime » ayant le sens d’inquiétant bien sûr. Jennifer Morrison va vraiment se sortir les tripes pour faire d’Emma un leader. D’abord, en obligeant tout ce beau monde à se calmer avec une action héroïque ou suicidaire puis en tenant un discours martial mais surtout un discours de vérité. Ils doivent former une équipe, croire en quelque chose, en eux pour commencer. Il est intéressant de souligner qu’elle lance qu’il n’y a plus de bien ni de mal mais qu’il faut réussir. Machiavel au pays des contes de fées, il fallait oser ! Si la Reine fait dans l’ironie facile et que Crochet écoute la Sauveuse goguenard, aucun des deux ne s’oppose à Emma et tous partent ensemble. L’arc autour de Neal – conservons-lui ce nom puisque c’est sous celui-ci qu’Emma l’aime – rompt avec les deux autres d’abord chromatiquement. Il fait jour et les tons utilisés sont l’ocre et le blanc. Et l’action y est bien moins rapide. C’est presque reposant entre toutes ces scènes nocturnes violentes ! Il n’est donc pas mort malgré la balle (« une flèche de calibre 45 » comme il souligne ironiquement) qu’il a prise dans l’avant-dernier épisode de la saison précédente. Il a pensé à son enfance et le voilà dans la Forêt Enchantée aux côtés d’Aurore, du prince Philippe et de Mulan ! Pour tenter de retrouver Emma, il va faire équipe avec la guerrière et se rendre au château de son père. Lequel, pour le coup, fait violemment décor numérique ! Heureusement que le réalisateur ne s’attarde guère sur cet aspect ! Ils y rencontrent Robin des Bois qui s’y est installé ! Belle entrée en matière de Sean Maguire qui croit Neal sur parole quand ce dernier affirme qu’il est le fils de Rumpelstilskin. Il y a des choses avec lesquelles on ne badine pas ! Tout ce passage apporte une note de légèreté et d’émotion bienvenue et agréable. Cela allège l’épisode sans le dénaturer. Grâce à une boule de cristal, le jeune homme comprend avec effroi où se trouve sa dulcinée ! C’est donc Henry qui est le pivot central de l’intrigue. Son aventure se déroule en trois temps. Le premier, avec Greg et Tamara qui sont venus détruire la magie mais découvrent avec horreur qu’ils ont été manipulés. L’ambiance nocturne devient lourde et le discours sarcastique d’Henry n’a rien de rassurant. Lui a compris le dérisoire de la situation de ses ravisseurs ; dérisoire et tragique. Les deux ingrédients du pathétique. Le « Bureau central », ce sont les Enfants Perdus qui, sans états d’âme, assassinent les deux adultes (Tamara meurt en deux temps) qui ne leur sont plus d’aucune utilité ! Henry fuit dans un décor de jungle pas trop mal fait. Il recevra une aide mais se rendra compte trop tard qu’il a lui aussi été joué. Jared S. Gilmore ne se rate pas quand l’action le mets en valeur. Le voilà courageux mais aussi inspiré. Quand il joue Henry montrant qu’il « suffit d’y croire » (le titre français est plutôt bien vu), le jeune acteur est vraiment sous le charme de son personnage et, du coup, nous aussi ! Le voilà entre les mains de Peter Pan qui lui révèle son plan ; un plan aussi vague qu’inquiétant ! Anecdotes :
Scénario : Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez Réalisation : Ron Underwood Résumé : Au Pays Imaginaire, Peter Pan joue avec Emma. Dans le passé, un berger veut faire d’une princesse une reine. Critique : Qui suis-je ? La question n’est pas shakespearienne mais identitaire. Au-delà des mots, que sommes-nous vraiment ? Il n’agit pas d’être ou de ne pas être mais de comprendre et d’admettre. Philosophiquement, c’est complexe et passionnant et le scénario se saisit du concept d’identité pour en faire son levain. L’épisode se structure comme beaucoup de ses devanciers : une partie dans le présent et une autre dans le passé. La question de l’identité du héros est le point commun. Dans la partie « contemporaine », au Pays Imaginaire, Emma est le centre de l’attention. Superbe composition de Jennifer Morrison que ce soit dans l’action ou dans l’émotion, l’actrice nous intéresse, nous captive et nous touche. Le doute qui saisit Emma est palpable, tangible, presque matériel. Peter Pan joue avec elle : si elle admet ce qu’elle est, une carte lui indiquera où se trouve son fils ! C’est d’une cruauté et Robbie Kay qui incarne Peter fait froid dans le dos. Son ironie hautaine et cinglante fait plus mal que des coups de fouets. La torture par l’espérance est la pire de toutes, comme l’écrivain français Villiers de L’Isle-Adam l’avait déjà écrit dans ses bien nommés Contes cruels. Le décryptage de la carte met les nerfs de tous à vif et la patience n’étant pas la vertu première de la Reine (très sexy dans son tailleur ouvert !), elle utilise la magie qui les mène au camp des Enfants Perdus où ils devront mener bataille ! Peter n’aime pas les tricheurs et le scénario a tout juste en mettant l’accent sur la dimension de joueur de ce dernier car c’est ainsi qu’il est dans le conte orignal. La bataille dans les bois la nuit est très énergique et enlevée et n’est pas trop longue. Deux faits marquants s’y déroule : Emma y voit quelque chose qui lui permettra de lire la carte et Charmant y est blessé. La scène où Emma parvient à lire la carte car elle aura admise, grâce à sa mère, qu’elle est une orpheline est la plus belle de l’épisode. Grâce à la composition de Jennifer Morrison bouleversante, et à celle de Ginnifer Goodwin qui n’est pas en reste, nous sommes touchés et c’est un sourire de tendresse que nous adressons à l’héroïne. La communauté n’est pas venue seule et le scénario fait une place à Rumpelstilskin. Robert Carlyle, qui garde sa noblesse avec la tenue de son personnage qui est moins convaincante quand il n’a pas son maquillage, a plusieurs gammes à jouer. La douleur quand il se sépare de son ombre (ce qui est bien vue puisque c’est ainsi que Peter Pan tue ses ennemis), l’émotion quand il retrouve Belle mais c’est une image qu’il a suscité dans son esprit pour avoir quelqu’un à qui admettre qu’il a peur de faire un choix égoïste (la scène a quelque chose de tendre malgré la fausseté du décor, heureusement que les acteurs nous captivent) et la peur quand il se retrouve sans arrêt confronté à une étrange poupée que le bras droit de Peter lui a donné. Le dernier cadeau de son père et qui semble le poursuivre. On ne se détache pas facilement de son passé, Ténébreux ou pas. Le segment dans le monde magique est moins énergique mais pas moins important et, symétriquement, il se déroule de jour et dans un vrai décor naturel. On y respire malgré les enjeux. La Reine, qui arbore une tenue mitigée mais très sexy, propose un marché à Blanche-Neige : la vie sauve contre sa renonciation au trône. Ou elle tuera chaque jour un des sujets de cette dernière. Sa Majesté a la réplique du jour : « Vous étiez peut-être une princesse mais vous ne serez jamais une reine ». C’est dit avec hauteur mais sans mépris car le sentiment de supériorité de la Reine sur sa rivale est trop ancré en elle pour qu’elle ait besoin de le jouer. Il se voit, il se sent, il se ressent et Blanche-Neige le comprend puisqu’elle envisage de céder. Excellente composition de Ginnifer Goodwin, très en verve dans cet épisode ! Sur une musique douce, l’actrice nous fait exactement percevoir cette défaite morale que la souveraine inflige à sa compétitrice. Lana Parrilla, plus monolithique sur l’île où elle se contente d’ironiser sur Emma et de la suivre finalement, profite de ces scènes pour varier son jeu et montrer toute sa classe. Josh Dallas n’est pas en reste. En Charmant voulant convaincre sa belle de se battre, il est à la fois déterminé, ambigüe (le prince n’est-il pas tenté par la couronne pour pousser Blanche à prendre tous ces risques ?), mais aussi taquin et finalement amoureux. Il trouvera un moyen pour que la princesse, héritière légitime du trône, trouve en elle les ressources pour se battre, amorçant la guerre dont nous connaissons déjà l’issue. Tout ce passage alterne l’émotion, la légèreté et la gravité dans un ensemble quasi parfait. Pourtant, l’épisode se conclura sur une note menaçante. Anecdotes :
3. FÉE CLOCHETTE Scénario : Jane Espenson Réalisation : Alex Zakrzewski Résumé : Pour tenter de sauver Henry, Crochet suggère de faire appel à la fée Clochette mais Regina a de bonnes raisons de douter qu’elle accepte. Critique : Un épisode un peu mou, sans réelle action et aux décors vraiment laids. Seuls les acteurs s’en sortent correctement. A nouveau, trois axes : la recherche d’Henry par ses deux mères, le passé de Regina et la quête de Neal. Le troisième est le plus bref : dans le château de son père, Neal cherche une « porte » vers le Pays Imaginaire. Ce sera Roland, le fils de Robin des Bois. Il appellera l’Ombre (ce qui fait écho à la saison 2 et au propre voyage de Baelfire) mais c’est Neal qui partira. Restés seuls, Robin propose à Mulan de rejoindre ses compagnons. Michael Raymond-James est bon dans son segment, convainquant dans l’émotion. Sean Maguire lui donne bien la réplique et n’en fait pas trop dans la démonstration d’amour paternel. Jamie Chung est en retrait sur cette phase mais elle aura sa scène finale et sera alors très touchante dans une scène douce/amère, malheureusement enlaidi par des décors qui ne ressemblent à rien. Peter Pan est joueur, on le savait mais la cruauté est son moteur essentiel. Le « jeu » qu’il propose à Henry (Jared S. Gilmore n’a pas grand-chose à défendre et ça se ressent, Robbie Kay est bien meilleur) n’a rien de drôle mais, vis-à-vis de sa famille, ça touche au génie du mal ! Le camp bougeant sans arrêt, ils n’y arriveront jamais ! Pour conjurer ce maléfice, Crochet suggère donc de faire appel à la fée Clochette. Plus exactement, il parle « de la fée qui habite sur cette île » et c’est Emma qui, incrédule (et donc qui nous fait sourire), parle de Clochette. Regina n’approuve pas l’idée et Emma finit par comprendre que les deux femmes se sont déjà rencontrées par le passé et que les choses ont mal tourné. L’épisode donne le premier rôle à Lana Parrilla qui prend le relais de Jennifer Morrison, bien gâtée en ce début de saison. Du coup, cette dernière se relâche un peu et n’est guère emballante. En revanche, quand on lui donne de l’espace, Lana Parrilla est excellente. Elle sauve ce que la scène de plaintes de la Reine devant Rumpelstilskin pourrait avoir de convenu. Robert Carlyle n’a qu’une scène à défendre ici mais il donne lui aussi parfaitement la réplique et il a une des phrases du jour : « Viens avec ta colère, elle est tout ce qui te reste ». Il affirme qu’elle ne peut échapper à son destin et que les ténèbres la réclament. La métaphore culinaire utilisée est écœurante mais prégnante. Cette scène va conditionner tout le reste de l’épisode pour cette partie. Désespérée, la Reine manque de tomber d’un balcon. Accident ou tentative de suicide ? Peu importe au final mais ce qui compte c’est le ratage complet de cette scène. Le décor numérique est notoire et complètement raté et la « chute » aussi improbable que mal réalisée. On n’y croit pas un instant et, visiblement, l’actrice non plus car elle joue faux, c’est incroyable ! Heureusement, c’est bref ! La Reine est sauvée par la fée Clochette, mignonne comme un cœur mais habillée…féériquement ? Rose McIver réussit son entrée et donne beaucoup de fraîcheur à son personnage. La candeur et la volonté de bien faire de Clochette sont touchantes. Dommage que la suite soit un déjeuner en plein air, à la terrasse dirions-nous d’une auberge. C’est stupéfiant d’irréalisme ! Comment la souveraine en titre (ou plutôt l’épouse du Roi), habillée comme elle l’est d’une robe d’intérieur, peut-elle déjeuner « amicalement » avec une inconnue sans la présence de la garde royale ? Et entendre la Reine raconter sa vie à cette même inconnue, même si c’est une fée et de toute évidence une débutante dans la fonction, est hautement improbable. On se régalera juste d’un bon mot : « Ma fin heureuse, ce serait la tête de Blanche-Neige sur un plateau ». Bien écrit mais ça ne rattrape pas le reste. Malgré les ordres très clairs de la Fée Bleue – habillée et coiffée par des délirants ayant pris un produit que même les cartels mexicains ne vendent pas – et dans un décor qui sonne faux mais à un point que ça en devient presque drôle, Clochette viendra en aide à la Reine mais s’en mordra les doigts. Clochette aura l’occasion de se venger en capturant Regina sur l’île. La confrontation entre les deux femmes est le sommet de l’épisode et, lui, il sonne juste. Rose McIver donne corps à la grande colère de Clochette qui accuse, à juste titre, la Reine d’avoir brisé sa vie. Lorsque cette dernière comprend que sa geôlière n’a plus ses pouvoirs, elle se montre cinglante puis, superbe changement de pied, elle la défie de la tuer ! Clochette a ruminé sa tristesse durant des années ; elle a compris pourquoi l’aide qu’elle avait apporté à la Reine n’a pas donné le résultat escompté mais elle n’avait pas prévu que cette dernière reconnaîtrait ses torts, expliquerait ses actes et renverserait la situation : si Clochette choisit la vengeance, elle ne vaudra pas mieux que la Reine et aura la même noirceur et la même amertume au cœur. Il y a de la noblesse dans le geste de Regina et le jeu de Lana Parrilla rehausse la scène. Clochette refusera de les aider mais Blanche a un argument qui la fait changer d’avis. Deux ombres planent cependant sur cet épisode et semblent porteurs d’orage : la blessure de Charmant et la crainte, exprimée par Clochette, qu’il ne soit trop tard pour Henry « car il a passé trop de temps » avec Peter. Difficile de donner tort à la fée déchue.
Anecdotes :
4. LES ENFANTS PERDUS
Scénario : David H. Goodman et Robert Hull Réalisation : David Boyd Résumé : Neal retrouve Rumpelstilskin mais il ne lui fait pas confiance. Critique : Centré sur le tandem Neal/Rumpelstilskin, l’épisode interroge les rapports père/fils et place Peter Pan en révélateur de leurs relations. De très bons numéros d’acteurs, des paroles qui claquent, une bonne réalisation. Le parti pris du scénario place la « communauté » maternelle de côté. Clochette ne les aidera que s’ils ont un plan pour quitter l’île. La scène où Emma exposait leur plan de bataille était pourtant un mélange réussi d’humour et de gravité. La remarque de Clochette fait basculer définitivement l’épisode dans la noirceur. Une seule personne est parvenue à quitter l’île : Neal ! Ils trouveront une carte mais pas le moyen de la lire. Le désespoir d’Emma est bouleversant et la douleur de Blanche qui ne sait pas comment réconforter sa fille n’est pas moins poignante ; les actrices sont magistrales dans l’émotion. Colin O’Donoghue est très bon lui aussi quand son personnage raconte ses souvenirs d’avec Neal. C’est très touchant…et cela lui fait un point de connivence avec Emma. Capturé, Neal est parvenu à s’échapper et il tombe sur…son père ! C’est violent et âpre car Rumpelstilskin croit qu’il est une vision mais le mot « papa » dessille les yeux du magicien. La collaboration entre eux pour sauver Henry n’a rien d’évident mais nécessité fait loi et Michael Raymond-James apporte une énergie, une malice qui insuffle une force à l’épisode et il se montre à la hauteur de Robert Carlyle, très crédible en homme qui veut être cru, être pardonné et qui croit y parvenir mais c’était compter sans Peter Pan. Alors qu’ils ont réussi à sauver Henry (grâce à une astuce de Neal), le petit démon met la prophétie sur la place ; celle selon laquelle Henry causerait la perte de Rumpelstilskin qui doit donc le tuer. Les tentatives, dérisoires, d’esquive du soudain malhabile seigneur ès manipulation (mais qui semble avoir trouvé son maître) provoquent la colère de Neal qui, écœuré, se débarrasse de son père. Hélas, pour sa perte. Sur la rupture entre le père et le fils, tant Michael Raymond-James que Robert Carlyle sont magistraux et Robbie Kay sait parfaitement distiller le malaise et incarner la cruauté. Stupéfiant chez un acteur si jeune ! Pourquoi Neal n’a-t-il pas cru Rumpelstilskin ? Parce que Baelfire avait été déçu par Rumpelstilskin. Ce sont nos actes qui nous déterminent et le père n’a pas été à la hauteur. Dans le passé, nous retrouvons le père et le fils après la métamorphose du premier mais toujours avant qu’il n’aille dans son château. Dylan Schmidt a bien poussé depuis la dernière saison ! C’est un adolescent maintenant mais qui est maintenu sous cloche par un père possessif qui se paye de « bonnes raisons » faisandées pour justifier ce qui ressemble à un emprisonnement. Mais, un jour, Baelfire disparaît ! La magie, très pratique boussole, amène le maître magicien jusqu’à la ville d’Hamelin. Le décor est une abjection aux reflets verdâtres mais, heureusement, le réalisateur a bien saisi qu’il devait faire vite. Il va centrer progressivement son objectif à mesure qu’un homme répond aux questions du Ténébreux en lui apprenant que les enfants d’Hamelin disparaissent également. Robert Carlyle fait peur à voir, non pas à cause de son maquillage qui est une réussite, mais justement parce que ce maquillage accentue la déformation que la colère cause à ses traits. Rumpelstilskin retrouvera le joueur de flûte : Peter Pan, et les deux monstres se connaissent ! On passe avec aisance d’un très bel air de flûte, très aérien, presque hors du réel, à une ambiance festive débridée du genre fête adolescente. Peter Pan affirme que seuls les enfants « perdus » entendent la flûte et Baelfire est l’un d’entre eux ! Plus retors que jamais, il propose un marché à Rumpelstilskin, qui le refuse ! C’est incroyable à voir : le grand pourvoyeur de contrats en tout genre refuse un marché ! Robert Carlyle rend parfaitement la déstabilisation du Ténébreux. On voit, on sent qu’il n’est pas à son aise. Il n’est pas certain de la situation car il ne la domine pas comme il en a l’habitude et cette configuration ne lui plaît pas. Quelque part, Rumpelstilskin n’aime que dominer car, sinon, il a peur de ne pas y arriver. L’homme le plus puissant entre les royaumes, a la peur chevillée au corps. C’est bel et bien un lâche à qui la magie sert de bouclier mais elle ne peut le protéger de la parole de Peter Pan. Superbe échange entre la colère feutrée de Rumpelstilskin et le discours froid du joueur de flûte. Superbe composition de Robert Carlyle donc mais aussi de Robbie Kay qui ne lâche rien devant son glorieux aîné ! Et, même si le Ténébreux retrouve son fils, dans les faits, il le perd. La tristesse de Rumpelstilskin est aussi surprenante que touchante. Seuls les enfants perdus entendent la flûte a dit Peter Pan. Henry l’entend lui aussi. Qu’avait-dit Clochette déjà ? Anecdotes :
5. LA NAISSANCE D'UN PIRATE Scénario : Christine Boylan et Daniel T. Thomsen Réalisation : Jon Amiel Résumé : Dans le passé, le lieutenant Killian Jones accompagne son frère dans une mission secrète…au Pays Imaginaire ! Dans le présent, le capitaine Crochet est confronté à un choix. Critique : Centré sur Crochet, l’épisode est une réussite grâce au talent de Colin O’Donoghue, qui profite d’un large temps de jeu pour montrer toute sa gamme. Dans un passé imprécis, Killian Jones est lieutenant sur le navire Joyau du Royaume sous les ordres de son frère, Liam. Celui-ci est porteur d’une lettre du Roi qui leur confie une mission secrète : aller chercher une plante magique capable de soigner toutes les blessures. La quête est héroïque, Jones déborde d’enthousiasme. Le temps est au beau et il fera jour durant toute la partie « ancienne » de l’épisode. L’enthousiasme manifesté par Jones donne une allure juvénile à Colin O’Donoghue. Il fait plus solaire mais aussi moins assuré comme si son personnage se reposait sur son frère aîné ; ce qui est d’ailleurs le cas. L’envol du navire vers le monde magique est, par contre, l’instant faible tellement le numérique est criant et donne à la scène une allure résolument artificielle. On se croirait davantage dans un jeu vidéo que dans une série télé ! Sauf que voilà, ce monde magique c’est le Pays Imaginaire et Peter Pan révèle aux frères Jones que cette plante c’est l’ombrève et elle ne guérit pas, elle tue ! Liam refuse de croire mais Killian doute et c’est la première marque d’ombre sur le visage de l’acteur qui accompagne bien l’évolution de son personnage. Le doute est la première étape pour penser seul. Le doute, le capitaine Crochet ne le connaît-il pas quand il est avec la communauté ? Clairement, il est toléré mais pas accepté et le Prince est très clair dans ses propos. La confrontation est sèche et orgueilleuse entre les deux hommes dont un est un père qui protège jalousement son enfant des griffes d’un prédateur. Il est en effet évident que le capitaine ténébreux lorgne vers la Sauveuse. Toute cette partie baigne dans la pénombre, et ultérieurement, dans l’obscurité nocturne. C’est oppressant et cela donne, et maintient car c’est une photographie constante depuis le premier épisode, une atmosphère angoissante qui mets tout le monde à vif. Prétextant qu’il croit pouvoir trouver un moyen de quitter l’île, Crochet isole Charmant du groupe. L’atmosphère se fera encore plus noire quand Peter Pan proposera un marché que le capitaine ne repoussera pas fermement. « Tu es doué pour survivre » susurre le diabolique garçonnet. Le doute, il ronge les trois femmes depuis que Clochette les a mis en garde sur le charme que Peter pourrait exercer sur Henry. Chaque jour sans espoir rapproche le jeune garçon de devenir un enfant perdu. Une scène, faussement légère, a déjà installé le trouble et nous ne pouvons que partager leur angoisse. Elles veulent capturer un des garçons pour qu’il transmette un message. Tour à tour, Jennifer Morrison, Ginnifer Goodwin et Lana Parrilla vont montrer leur force dans l’émotion et, pour cette dernière, c’est un bienfait parce qu’il commence à être agaçant de (re)voir cette figure de la Reine se montrant inutilement ironique à tout moment envers Emma. C’est même tellement répétitif que l’actrice fait le minimum. Trois situations : trois résolutions. Les contes de fées enseignent qu’il n’y a jamais de retour en arrière possible et que la seule solution est d’avancer. Évidemment que Peter avait raison concernant l’ombrève mais pour avoir préféré croire son Roi que son frère, Liam succombera. Dommage que l’atmosphère diurne fasse ressortir la fausseté du décor ! L’émotion que Colin O’Donoghue apporte et la douleur qu’il restitue admirablement bien font passer pour partie cette faiblesse. Devenu capitaine, Killian rejette la fausseté du monarque et refuse désormais d’obéir aux mensonges de ce dernier. Par un discours enflammé et d’une force communicative, le soldat loyal devient pirate impitoyable. Il veut être libre et son affirmation qu’au moins chez les voleurs il y a de l’honneur, passe très bien tellement nous sommes pris dans l’enthousiasme que l’acteur nous fait ressentir. Décidément, Once upon a time n’aime pas les rois ! Crochet a menti à Charmant qui a entendu le marché que Peter a proposé. La nuit se fait plus noire et le Prince tient encore fermement son épée mais le poison a raison de lui. Le montage nous fait un instant douter des intentions du capitaine. Comment le croire ? Pourtant, l’égoïste se montrera altruiste et sauvera son compagnon d’armes malgré la dureté des paroles que ce dernier avait proféré encore peu de temps auparavant. C’est une belle émotion que nous communique les acteurs mais les contes de fées ne sont pas des histoires joyeuses et sucrées. Pour sauver Charmant, Crochet a dû utiliser la magie et il y a toujours un prix à payer. En attendant, le capitaine est officiellement adoubé comme membre de la communauté. C’est le moment léger de l’épisode et il survient au bon moment pour nous permettre de respirer. A la drague éhontée mais pleine d’humour de Crochet, Emma répondra avec…une certaine fougue ! Jennifer Morrison se montre souriante et douce vis-à-vis de Colin O’Donoghue mais nous l’avons vu peu avant se montrer très dure avec un enfant perdu. Comment faire passer un message d’espoir à Henry ? En arrachant le cœur d’un des garçons ! Bien sûr, ce n’est pas Emma qui pratique mais elle donne son assentiment à Regina. Qu’avait-elle dit au premier épisode déjà ? Qu’il n’y a plus ni bien ni mal ? Est-ce le prix à payer ? La froideur et la précision chirurgicale de la Reine ont montré qu’elle avait déjà pratiqué cette opération et qu’elle était capable de le refaire sans état d’âme, surtout qu’elle a la « bonne conscience » de la faire pour Henry. De la part d’Emma, c’est plus surprenant mais la Sauveuse est éprouvée et de plus en plus prête à tout. Excellente prestation de Jennifer Morrison. Si nous avions cru pouvoir terminer l’épisode sur une note somme toute légère, nous nous trompions. Et l’on peut compter sur Robbie Kay pour faire souffler un vent froid sur le final. Anecdotes :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ciaran Donnelly Résumé : Pour sauver Neal, les héros doivent révéler leur secret le plus lourd. Dans le passé, Blanche-Neige est sauvée par la sirène Ariel. Critique : Un épisode moyen à cause d’une histoire mal reliée au sujet principal, assez mièvre qui déséquilibre un passage au Pays Imaginaire d’une grande dureté. L’histoire centrale est bien sûr celle d’Ariel, « la jolie petite sirène », mais ce segment pèche par plusieurs endroits : d’abord c’est encore un de ces « épisodes catalogue » centré sur des personnages secondaires ; ici c’est en outre aggravé par une nette allégeance à Disney. Ensuite, parce que, malgré le talent de Ginnifer Goodwin et la bonne prestation de Joanna Garcia, c’est d’un sucré écœurant ! On comprend que les « méchants » n’aiment pas les étalages de bons sentiments ! Toute l’histoire d’Ariel, qui aurait pu être touchante, est gâchée par cette impression roborative de sucrerie. Et il faut au moins la Reine pour empêcher le tout de sombrer dans la guimauve. Ça partait bien pourtant, la fuite dynamique de Blanche- Neige devant la Garde Royale se finissant dans la mer. Il faut par contre être bon public pour ne pas remarquer que la chute n’est pas aussi haute que la caméra voudrait bien le faire croire ! L’adjonction de Blanche-Neige est la « concession » faite par les auteurs, qu’on a vraiment connu plus inspiré, pour relier Ariel à l’histoire générale. Sauf que, dans un épisode normal, cela aurait fait une anecdote, une scène voire deux mais pas plus. Inutile de raconter l’histoire de « la petite sirène », il suffit de reprendre le conte ; même pas, le dessin animé suffira. Au niveau des décors, c’est économie générale : la salle de bal est la même que pour Cendrillon et Cora. L’embarcadère est une vraie plantée devant un écran vert et le balcon final est lui totalement imaginaire. Le prince Éric n’a vraiment rien pour susciter une telle passion mais l’amour est, paraît-il, aveugle. La musique, légère, se remarque à peine. Heureusement, pour éviter l’assoupissement et l’indigestion, la Reine est là. La garde-robe de Sa Majesté sera particulièrement paradoxale, d’une grande simplicité mais dépourvu de charme. A la différence de Lana Parrilla dont la première robe cache tout juste les siens ! Machiavélique, la Reine veut se jouer de la naïve Ariel pour atteindre Blanche et, pour cela, elle prend l’apparence de « la déesse de la mer ». Et là, nos yeux souffrent tellement ce n’est pas possible de pondre des costumes et des effets spéciaux pareils !! Les costumes et les effets spéciaux n’ont jamais été les points forts de la série mais, avec Lana Parrilla en « déesse de la mer », on touche le fond !!! La cruauté de la Reine est la seule chose qui dynamise un peu cette séquence. Ginnifer Goodwin a du métier et elle maîtrise désormais suffisamment son personnage pour se hisser au-dessus de la médiocrité du scénario. Elle n’est jamais mièvre quand elle donne ses conseils à Ariel : le plus dur est d’être honnête et l’amour mérite de prendre des risques. C’eut été tellement facile de tomber dans le cliché et l’enfilage de perles mais pas ici, merci l’artiste ! Joanna Garcia, par contre, si elle est magnifique, a un rôle beaucoup trop convenu. Sa candeur et sa joie de vivre sont tellement mignons mais c’est trop peu ! Elle parvient cependant à rendre visible, sensible, la douleur muette d’Ariel, suite au « cadeau » de la Reine qui arbore alors une robe de cuir agréable mais a été coiffée par un troll. Avec un cahier des charges pareils, le réalisateur se débrouille comme il peut mais sa mise en scène est complètement impersonnelle. Le segment au Pays Imaginaire est bien plus intéressant parce qu’il est plus noir mais, tronçonné en petites scènes, il perd de sa force et se voit encore amoindrie par la place prise par l’histoire rose bonbon. Emma apprend que Neal est vivant et elle subit visiblement un choc. Pas besoin de beaucoup de mots pour que Jennifer Morrison montre le trouble qui habite son personnage. Mais est-ce vraiment le cas ou est-ce une ruse de Peter ? Le fait que le spectateur soit au courant de la vérité apporte une tension à ce passage trop bref ; la communauté éclate car la Reine refuse de sacrifier la proie pour l’ombre. Elle commence sa carrière de sauveuse en venant en aide à Rumpelstilskin, qui était sur le point d’être joué par l’Ombre maléfique ! Grâce aux deux merveilleux acteurs que sont Lana Parrilla et Robert Carlyle, on passe sans transition mais avec crédibilité de la mièvrerie à la violence ; le tout suivi par une de ces joutes électriques que les « deux plus grands magiciens » (c’est elle qui le dit et à raison) aiment pratiquer. Ils trouvent ainsi un moyen de lutter contre Peter Pan. Par contre, agacement supplémentaire : il faut un objet resté à Storybrooke ! Un génie du mal désarmé c’était déjà peu crédible mais deux ! Robert Carlyle a beau nous sortir une explication très plausible de cet état de fait et le jouer avec conviction, le mal est fait. On appréciera cependant l’ironie de la scène finale. Le passage le plus noir concerne les autres héros : Neal est dans la grotte de l’écho et on ne peut en sortir qu’en révélant son secret le plus profond. En général, ce sont les plus noirs. On s’est assez plaint de la laideur des décors pour signaler combien la grotte est bien faite et baigne dans une splendide obscurité, le tout souligné agréablement par une musique en sourdine. Pour le coup, c’est vraiment bien réalisé mais c’est quand même assez peu. Crochet est le premier à révéler son secret puis Blanche, Charmant et, évidemment, Emma pour finir. Cette séquence est rendue très dure, très émouvante par la sobriété avec laquelle les comédiens révèlent les secrets de leurs personnages. Que ce soit à Jennifer Morrison qu’échoient les larmes est logique car elle a le secret le plus douloureux. La liberté se paye au prix fort et, avant même la fin, elle montre qu’elle peut aussi être facteur de désintégration. Anecdotes :
7. LA BOÎTE DE PANDORE Scénario : Kalinda Vasquez et Andrew Chambliss Réalisation : Guy Ferland Résumé : Pendant qu’Emma, Neal et Crochet cherchent un moyen de quitter l’île, Ariel doit ramener de Storybrooke le moyen de vaincre Peter Pan. Critique : Un épisode qui redonne vraiment du temps de jeu à Émilie de Ravin et de l’importance à Belle. Il comporte classiquement deux segments : l’un à Storybrooke et l’autre au Pays Imaginaire. Une structure rodée en saison 1 mais, ici, les deux sont contemporains et même quasiment simultanés. A Storybrooke, Rumpelstilskin avait donné un charme de protection à Belle. D’autres ennemis peuvent venir et, en effet, c’est le cas ! Sur une belle musique, nerveuse, tonique, on assiste à la mise en place du sort alors que, roulant à tombeaux ouverts, deux jeunes hommes se dirigent vers la ville ! Sans surprise, ils passent in extremis mais la tension a été très bien rendue par le réalisateur et on a cru que Storybrooke serait à l’abri. La ville est aussi le point d’arrivée d’Ariel. La sortie de l’onde de Joanna Garcia est un moment sexy et la fraîcheur de l’actrice fait sourire. Le contact passe avec Belle à qui la sirène, maintenant dotée de jambes, remet le message de son amoureux, une devinette : « Il aime se montrer énigmatique » constate Ariel. La réplique est simple mais dite sans ironie, ni même avec l’envie de se moquer ; juste le constat de quelqu’un un peu dépassé par la complexité des choses mais qui n’a aucune noirceur. La fascination de la jeune femme pour les menus objets dans la boutique de M. Gold apporte une touche légère très agréable. C’est l’amour entre Belle et Rumpelstilskin qui fournit la clé de l’énigme et le spectateur attentif ne sera pas surpris de cette dernière mais appréciera les liens noués par la série entre ses époques. L’objet en question : une boîte. Au Pays Imaginaire, Neal révèle que la seule solution pour quitter cet endroit est de capturer l’ombre de Peter. Pour ce faire, il ira avec Emma (et Crochet qui s’impose un peu) pendant que le couple Charmant rejoindra Clochette. La gêne est ce qui caractérise le mieux les relations entre les personnages. Blanche bat froid à son époux qui, selon elle, « a cessé de croire » en eux. L’abcès sera crevé dans une scène très dure où se mêle peur, amour, non-dit, doute. Sur cette seule scène, Ginnifer Goodwin et Josh Dallas, qui n’ont pas grand-chose à faire, se montrent d’une grande justesse et apportent une émotion forte et douloureuse. Dans l’autre groupe, malgré leur respect réciproque, les deux hommes sont clairement en compétition pour les beaux yeux d’Emma. Crochet est d’ailleurs parfaitement explicite et sa franchise semble, paradoxalement, troubler Emma. Jennifer Morrison est globalement plutôt en dedans dans ces passages. Le discours d’Emma qui privilégie son fils à sa vie sentimentale revient comme un leitmotiv mais il bloque le jeu de l’actrice, trop rigide sur ce coup-là. A peine, Ariel et Belle ont-elles mises la main sur la boîte de Pandore que les deux hommes, visiblement bien renseignés, les capturent et la volent. Une vraie tension surgit quand ils révèlent qu’ils servent Peter Pan en toute conscience. A ce moment, leur identité reste un mystère. L’ingéniosité de Belle permet de renverser la situation. Loin d’être menaçants, les deux hommes sont les frères de Wendy Darling, Jean et Michel, contraints depuis un siècle d’obéir à Peter Pan ! Belle tient cependant un discours d’espoir et Ariel pourra rapporter la boîte à ses commanditaires. La remise de celle-ci donne d’ailleurs lieu à de taquins mouvements de caméra qui prouvent sans conteste que les sirènes sont des créatures magnifiques…Dans tout le passage à Storybrooke, Émilie de Ravin s’est montrée parfaite. Belle est tantôt triste, enjouée, toujours pleine d’espoir et ne se laissant jamais abattre. La force mais aussi la douceur se partage ce personnage et l’actrice sait très justement montrer toutes ces faces. Plus limitée, Joanna Garcia est la caution tendre et légère ; la bonne copine un peu gauche mais qu’on aime quand même. Pour capturer l’ombre de Peter, le trio doit s’enfoncer dans « le vallon obscur ». Emma apporte un commentaire amusé sur les noms de lieux où ils doivent aller. C’est bien placé comme réplique parce qu’elle apporte le contrepoint léger alors que la tension règne entre les personnages et que Crochet et Neal se jaugent. Le décor du vallon fait honneur à son nom : sinistre, venteux et baignant dans une luminosité rougeoyante. L’endroit est terrifiant et la bêtise des deux hommes, qui « craquent », les amènent tous au bord de la catastrophe lorsque l’Ombre et deux consœurs les attaquent. Au milieu des cris de douleur et de terreur, sur une musique qui est plus un atroce tintamarre, cette attaque est un moment d’horreur parfaitement orchestré, notamment au niveau des effets spéciaux. Tout au long de cet épisode, la musique aura été d’une grande utilité, donnant force aux scènes. Ils s’en sortiront grâce à la magie, même si cela semble inquiéter Neal. Quant à Henry, malgré sa méfiance envers Peter, il ne pèse pas lourd face au machiavélisme de l’angelot vert. On est quand même un peu agacé par la naïveté manifestée par Henry et sa filature du bras droit de Peter est ridicule ! Jared S. Gilmore montre toutefois assez de malice pour qu’on s’attache aux faits et gestes de sn personnage. Ses scènes sont brèves et disséminées de-ci de-là mais il les défend bien. Les duos avec Robbie Kay sont ici mieux équilibrés. L’un a l’espoir qu’on viendra l’aider mais l’autre joue sur un terrain très différent. Peter feint d’être contrarié par la rébellion d’Henry et, c’est vrai qu’on a pu croire au basculement du jeune garçon, mais c’est pour mieux te piéger mon enfant. Un piège trop bien orchestré. Le jeune homme retrouve Wendy, mais celle-ci se dit malade parce que la magie quitte l’île. Henry n’aime pas la magie mais il a du cœur. Il ne sauverait pas la magie pour Peter Pan mais un preux chevalier ne doit-il pas sauver la gente dame ? Anecdotes :
8. PENSE À DE JOLIES CHOSES Scénario : David H. Goodman et Robert Hull Réalisation : David Solomon Résumé : Peter Pan emmène Henry là où il va « sauver la magie ». Dans le passé, le jeune Rumpelstilskin est abandonné par son père. Critique : Tel père, tel fils ? L’hérédité est lourde dans la famille de Rumpelstilskin et la vérité est d’une laideur sans nom. Très noir, très amer, cet épisode foule aux pieds la notion de famille et de rêves enfantins mais déclare hautement qu’il y a des limites à l’enfance. Rumpelstilskin était un garçon adorable mais qui n’a cessé d’être rejeté. Deux segments : le passé de Rumpelstilskin qui éclaire le second segment, la tentative de sauvetage d’Henry. Si Rumpelstilskin n’a pas été un père modèle, il apparaît comme un père aimant à côté du sien. C’est un joueur de bonneteau, pire un tricheur sans vergogne et sans beaucoup d’envergure non plus. Il n’hésite pas à laisser son fils à deux fileuses « pour aller chercher du travail ». L’enfant veut y croire, comment lui donner tort ? Il espère même rester avec lui grâce à un haricot magique. Aller quelque part où personne ne le connaît mais demeurer une famille. La notion de « nouveau départ » est au fondement du « rêve américain ». Où aller ensemble ? Le père se souvient qu’il échappait à une enfance difficile – Once upon a time ne croit pas beaucoup à la famille aimante et aux joies du foyer ! – en se disant « Pense à de jolies choses ». Et il arrivait au Pays Imaginaire. Sauf que, là-bas, les choses ne se passent pas comme il l’avait prévu. Tous les membres de la communauté finissent par se retrouver, signe indubitable que la série aborde un tournant majeur. Dans une pénombre constante (par un contraste désormais bien connu, il fait jour dans l’autre segment), ce ne sont pas des retrouvailles chaleureuses d’autant que Neal révèle que Rumpelstilskin avait le projet, selon lui, de tuer Henry. Et tous de faire front contre le magicien ! Lequel donne plus l’impression d’une grande lassitude que de se sentir menacé et c’est très exactement ce que Robert Carlyle devait faire. Son personnage est le plus puissant de tous : qu’est-ce qu’il a craindre de leurs épées ou d’une boule de feu de la Reine ? L’acteur rend très bien compte de l’impasse de Rumpelstilskin : à force d’avoir menti et trahi tout le monde et de n’avoir fait que des choix égoïstes, il n’est pas cru quand il dit la vérité ! Pour preuve de sa bonne foi, il devra donner la boîte à Neal (Michael Raymond-James rend parfaitement la défiance que Neal éprouve envers son géniteur) puis accepter d’essayer de sauver Charmant « parce que c’est bien » donc gratuitement. On voit bien que le maître magicien avale un boa mais c’est son fils qui exige et il obéit. Aucune faute des acteurs : sobriété et regard noir chez Michael Raymond-James, résignation chez Robert Carlyle. Si l’espoir a pu renaître un instant, les retrouvailles de Neal/Baelfire avec Wendy glace tout le monde : la révélation du véritable plan de Peter Pan provoque une violente angoisse. L’espoir a rendu le père de Rumpelstilskin complètement fou. Sa joie exagérée quand il arrive au Pays Imaginaire, son petit rire répété ; tout cela met son fils et le spectateur très mal à l’aise. La rencontre avec l’Ombre n’est pas non plus pour rassurer. Le décor naturel de la Colombie-Britannique pourrait être juste champêtre : il est effrayant. Effrayant comme le décor, imaginaire celui-là mais bien fait, de l’Ile du Crâne où Peter Pan emmène Henry. L’intérieur n’est pas moins fantasmagorique : une caverne évidée, gigantesque, des crânes de pierre et d’autres d’or supportant un sablier géant dans lequel s‘écoule un sable inconnu. Les tons sont ocres et obscurs et c’est superbe. Peter Pan saura prendre quelques minutes pour retrouver Rumpelstilskin. Le duel est amer, violent, haineux et pourtant le lien est fort entre eux car, Peter Pan n’est autre que le père de Rumpelstilskin ! Mais un père indigne de ce nom, qui se donne « bonne conscience » en disant haut et fort qu’il est faible et ne ferait pas un bon père, pour commander à l’Ombre de le débarrasser de son fils ! En quelques instants, nous passons d’une séquence d’émotion à une séquence autrement plus violente ! Rumpelstilskin vaincu, Peter Pan a le champ libre et il saura trouver les mots pour convaincre Henry de lui donner son cœur, « le cœur du plus pur des croyants », pour sauver le Pays Imaginaire dont il se garde bien de révéler l’épouvantable secret. Mais le plus « beau » dans tout cela, c’est qu’il ne ment pas à Henry. Il parle de « sacrifice » certes mais ajoute qu’Henry « devra rester au Pays Imaginaire ». Rien de tout cela n’est faux et l’entendre dire que les adultes mentent fait froid dans le dos, et le regard que jette Henry sur sa famille fait aussi très mal, car ses deux mères qui s’époumonent à lui crier leur amour, ne lui ont-elles pas menti ? Lui qui, en saison 1, voulait rétablir les fins heureuses, voit s’offrir à lui la possibilité de faire une action altruiste, une action héroïque. Robbie Kay est plus glaçant que jamais. Il parvient à donner l’image d’un Peter Pan maître de lui-même et juste assez angoissé par le temps qui file pour être crédible dans le rôle de « sauveur de la magie ». Jared S. Gilmore s’est mis au diapason et son interprétation du héros sacrificiel est dure à voir car le spectateur sait la vérité mais, constate avec une peur croissante, que les mots des « gentils » ne semblent plus atteindre le jeune garçon. Et il choisit. Anecdotes :
9. PETER PAN N'ÉCHOUE JAMAIS Scénario : Christine Boylan et Daniel T. Thomsen Réalisation : Andy Goddard Résumé : Dans le passé, Regina adopte un enfant. Dans le présent, trois mères s’unissent pour sauver cet enfant. Critique : Très bel épisode qui fait une large place à l’émotion et permet principalement à Lana Parilla de montrer ses talents dans ce registre. Centré sur elle, l’épisode lui doit beaucoup. Une brève scène juste au moment où la malédiction va s’abattre trace les sillons dans lequel l’épisode va se glisser. Robert Carlyle compose un Rumpelstilskin plus flamboyant que jamais, susurrant d’obscures pensées, sifflant des sarcasmes et chantonnant d’aise ! Malgré son assurance (feinte ou réelle ?), la Reine ne peut s’empêcher d’être troublée. La prédiction de l’enchanteur ressort pourtant plus de la psychologie (mais un médium n’est-il rien de plus qu’un bon psychologue ?) que du maléfice : un jour, la Reine ressentira un vide dans son cœur et ce moment arrive. Regina Mills ne « ressent rien » dit-elle au docteur Hopper. Raphael Sbarge est impeccable. Malgré les sombres menaces que profèrent sa peu conciliante cliente, l’acteur montre le psychologue absolument maître de lui-même, poursuivant son examen sans jamais se confronter directement à Regina. Un enfant comblerait ce vide affectif. Mais, pour être mère, madame le maire n’est pas prête à subir ce que le commun des mortels endure dans une procédure d’adoption. Et quand on a un problème à Storybrooke, on consulte M. Gold ! La scène où Regina demande son intervention pour avoir un enfant est sublime par son humour à froid et par le commentaire du prêteur sur gage : « une mère peu commune à défaut d’une bonne mère ». Dans son personnage de Gold, Robert Carlyle fait étalage de son don pour l’ambigüité. Des phrases prononcées semblent laisser penser qu’elles ont un autre sens, ou un sens renforcé mais, nous sommes avant que la malédiction soit brisée et même onze ans avant qu’Emma n’arrive à Storybrooke. Gold est-il pleinement conscient d’être Rumpelstilskin ou bien a-t-il mis cette partie de lui-même en sommeil pour vingt-huit ans ? Son second dialogue avec le maire est en tout cas une merveille de dialogue de sourds. Au Pays Imaginaire, Henry agonise et Peter est sur le point de triompher. Mais l’important c’est la relation entre Emma et la Reine. Jennifer Morrison et Lana Parrilla sont au diapason pour cette scène qui scelle un rapprochement. Emma reconnaît la douleur sincère de celle qui fut son ennemie mortelle et cette reconnaissance va droit au cœur de la souveraine déchue. C’est touchant, vraiment émouvant. C’est néanmoins par la douceur que les « gentils » vont réussir à disloquer le groupe des enfants perdus et comprendre où se cache Peter Pan. Le discours d’Emma est d’une belle mais profonde simplicité et va droit au cœur. Dans le registre de l’émotion, Jennifer Morrison est ici impeccable. Mère éperdue et angoissée, la Reine fut aussi une mère perdue à Storybrooke. Après une scène assez rigolote par le côté quasi midinette adopté pour convaincre les services sociaux (et un dossier qu’on imagine bien complet), c’est le dur retour au réel ! Eh ! Oui ! Un bébé, ça pleure ! Lana Parrilla joue sur une corde peu utilisée pour son personnage, celle de l’inconnu. Regina est totalement désarçonnée par ce bébé qui ne cesse de pleurer et qu’elle échoue à réconforter. Par contre, il y a un côté téléphoné lorsqu’elle cherche à savoir les antécédents médicaux de la mère biologique. On sent que les auteurs ont voulu ajouter une note un peu dramatique mais l’adjonction forcée ne convainc pas totalement. Ce qui est certain est que Storybrooke devait être la fin heureuse de l’histoire de la Reine (le nom même de la ville le proclame assez) mais que cela n’a pas été le cas. La Reine, Emma et Blanche-Neige se sont lancées sur les traces de Peter Pan mais le diabolique enfant plusieurs fois centenaire, et qui révèle sa véritable identité, les capture. Jolie astuce que ce piège mais, cette fois, Peter a sous-estimé à qui il avait à faire et c’est la Reine qui le terrasse ! Scène brève mais assez noire ; une nouvelle fois, la cruauté que Robbie Kay insuffle à Peter Pan est prodigieuse de justesse et d’efficacité. Il est quelque part assez ironique que ce démon, qui a renié son passé (et incarne à merveille le « syndrome de Peter Pan ») soit vaincu par l’être qui assume son passé diabolique. Dans la revendication de leurs actes, la Reine et Peter Pan acquièrent une grandeur infernale mais la première a su évoluer. Elle a su grandir et c’est ce qui fait sa force. L’enfance est un passage ; tout comme le Pays Imaginaire. Vouloir s’y accrocher est mortifère. Du point de vue psychanalytique, cet épisode, et tout l’arc autour de Peter Pan est d’une grande profondeur et sonne parfaitement juste. Henry reprendra vie, tout comme sa mère adoptive a repris goût à la sienne autrefois. Lorsqu’elle refuse d’abandonner ce petit être qui l’a pourtant déçu au départ, Regina est bouleversante et Lana Parrilla nous convainc aisément de la véracité de l’amour que cette femme impitoyable ressent pour Henry alors même qu’elle sait qui est sa vraie mère. Le recours à la potion magique au final est une faute de goût mais l’histoire qu’elle raconte est plaisamment ironique. La vie est aussi réconciliation : Neal pardonne à son père ; les paroles qu’il lui adresse sont grandes d’amour. Pas besoin de paroles entre Emma et ses parents. Tout aurait pu être bien qui finit bien mais le final sera plus enlevé qu’on aurait pu le penser ! Peter Pan n’a pas encore perdu la bataille. Son attaque est brutale et l’effet dramatique joue à plein avec une musique très efficace. La révélation finale sera glaçante. Anecdotes :
10. LE NOUVEAU PAYS IMAGINAIRE
Scénario : Andrew Chambliss Réalisation : Ron Underwood Résumé : Dans le passé, Blanche-Neige est obsédée par l’idée de vaincre la Reine. A Storybrooke, l’ombre de Peter Pan plane toujours. Critique : Pour son premier scénario en solo, Andrew Chambliss s’en tire avec les honneurs, d’autant qu’il héritait de la tâche redoutable de « l’épisode de transition ». En effet, nous ne sommes plus au Pays Imaginaire mais le plan de Peter Pan n’est pas encore lancé. Il faut donc « meubler » et amener les éléments au bon moment. Ce n’est pas tout à fait abouti et les longueurs sont légions mais il y a tout de même assez d’action pour soutenir l’intérêt, un peu d’humour (grâce à Josh Dallas et aussi Colin O’Donoghue) et, surtout, de l’émotion. L’ouverture de l’épisode se fait sous le signe de la liesse et de l’amour. Ariel retrouve son prince (devenu poissonnier, si ça ce n’est pas de l’humour !) et nos héros reviennent dans la ville. C’est un peu à la façon des stars qu’ils débarquent du Jolly Rodgers, ce qui est à la fois drôle et touchant. D’autant que Blanche remercie publiquement la Reine ! M. Gold scellera la boîte de Pandore pour que « Peter » ne s’en échappe pas ; ce qui donne subitement une allure menaçante à la scène puisque ce n’est pas Peter qui est enfermé mais Henry ! Lequel joue subtilement de la rivalité latente entre ses eux mères pour ostensiblement choisir Regina. Jared S. Gilmore joue très juste dans « sa » chambre ; les gestes anodins deviennent menaçants. Menace : c’est ainsi que Blanche-Neige voit la Reine ; laquelle vient de gâcher son mariage en proférant la sienne de menace. Ginnifer Goodwin nous propose une autre facette de son personnage, dominé par la colère et le ressentiment et désireux d’en finir. On pourrait croire qu’il y a une part de noirceur chez la princesse mais nous recevrons une toute autre réponse en fin d’épisode. A contrario, Josh Dallas continue dans le même registre : Charmant est un prince posé, calme et qui veut plus que tout profiter de son épouse, et de sa lune de miel ! Le Palais d’Été où ils iront est un décor numérique tout à fait correct et le spectateur s’amuse avec l’ambiance coquine et drôle entre les deux acteurs. Mais la princesse avait une autre idée en tête…ce que son époux avait parfaitement deviné ! Elle veut tuer le monstre Méduse pour changer la Reine en statue ! Andrew Chambliss est doué pour installer des atmosphères et les détruire après. On a vu le tête-à-tête des Charmant devenir une expédition dangereuse, voici le déjeuner entre Neal et Emma qui n’aura pas lieu. Emma hésitait à y aller et son père la convainc avec un discours très beau, à la fois ferme et chaleureux. Josh Dallas est ici meilleur que Jennifer Morrison. Lui est souriant et plein de verve quant elle, même si le rôle impose qu’elle joue l’inquiétude, est trop fermée. A peine Emma arrive-t-elle devant le resto (d’où sortent Crochet et Clochette, un échange de regards hilarants entre les protagonistes !) que des cris résonnent : la Mère Supérieure est assassinée par l’Ombre ! Laquelle n’obéit qu’à Peter Pan. Donc Peter Pan parvient toujours à la contrôler. L’attaque est très réussie. Filmée de haut, elle est brève, très intense et les cris de Keegan Connor Tracy font vraiment peur ! Peur, voici ce qu’a finalement ressentie Blanche-Neige dans la caverne de Méduse. Si on demeure confondu que les parents de cette dernière ait fit construire une résidence estivale à deux pas du repaire d’un monstre sans le détruire, on pardonne cette facilité parce que les acteurs s’approprient complètement cette séquence qui aurait pu facilement sombrer dans le Nanarland. Le décor, tout d’abord est réel et de qualité. La Gorgone n’est pas mal non plus et les incessants sifflements de serpents finissent par mettre très mal à l’aise. Le plan initial échoue mais Blanche-Neige réussira à vaincre le monstre qui n’avait qu’une utilité dans cet épisode : lui faire comprendre qu’on peut être son propre destructeur. Comme elle le reconnaît plus tard, il y aura toujours une menace et il convient de savoir profiter des bons moments. Ce en quoi elle a davantage de maturité que sa fille car Emma estime qu’en tant que Sauveuse, elle n’aura pas droit au répit. Bien meilleure ici, Jennifer Morrison, par sa sobriété, donne une dimension tragique à Emma et pose la question de la vie des héros. Il n’y a évidemment pas de bonne réponse ni même de réponse tout court mais la question est sans cesse posée et sans cesse intéressantes sont les tentatives de réponse qu’on lui apporte. Des réponses, c’est que demandent les Charmant au grand complet à Rumpelstilskin. Comment Peter peut-il contrôler l’Ombre depuis la boîte ? Pour y répondre, il faut l’ouvrir mais hors de la ville, là où il n’y a pas de magie. Bien sûr, c’est « Peter » qui sort mais c’est Henry qui parle et c’est très touchant de le voir tenter de convaincre sa mère (armée) qu’il est son fils. Robbie Kay nous montre à son tour une autre facette de son talent ; il a le sourire gentil, tendre même, le geste plus lent donc moins agressif. Il est cependant un peu inférieur à Jared S. Gilmore qui s’est mieux glissé dans le rôle de Peter et se montre vraiment inquiétant. Le plan élaboré par cet infect petit démon est terrifiant dans sa simplicité et la radicalité de son exécution !
Anecdotes :
11. GARDER ESPOIR Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Peter Pan veut détruire Storybrooke. Rumpelstilskin et la Reine peuvent l’empêcher mais le prix à payer est très lourd. Critique : Le titre français est ici bien meilleur car il proclame l’essence même des contes de fées ainsi que « Mary Margareth Blanchard » le dira. Dense, l’épisode comporte plusieurs petits segments dans le passé qui se raccordent au segment principal à Storybrooke et en renforcent le sens. L’ouverture est très dure : Peter Pan tue son fidèle Félix pour avoir son cœur et lancer sa malédiction. Il y a pourtant un moyen de l’arrêter révèle Rumpelstilskin à la communauté : détruire le parchemin sur lequel elle est écrite. A la peur de Félix répond le mince espoir des habitants. Ils ont de l’espoir mais pas de naïveté. « Je fais le choix de croire » affirmait la princesse Blanche-Neige alors que la première malédiction s’approchait. Ginnifer Goodwin aura les meilleures répliques de l’épisode, très bien écrit par ailleurs. L’interprète sera majeure dans ses scènes. Bien que le doute la tenaille, Blanche-Neige finit par accepter que les fins heureuses ne sont pas forcément celles qu’on imaginait. L’inconnu n’est pas forcément mauvais. Moralité : sachons lâcher prise. Pour détruire le parchemin, il faut récupérer une baguette de magie noire conservée par feu la Mère Supérieure. Crochet, Neal, Charmant et Clochette se rendent à l’église (première fois que l’on y entre, la pratique religieuse ne devait pas être intense à Storybrooke !) mais l’Ombre les attaque. Les effets spéciaux de ce moment sont bien réussis et les acteurs nous mettent dans l’ambiance d’une attaque mortelle par une entité surnaturelle ! Clochette sera la sauveuse, parce qu’elle a su écouter tous les autres (et Crochet en particulier) et croire en elle. Elle gagne car elle redevient fée. Belle prestation de Rose McIver qui, en peu de scènes, a su montrer le sentiment de déchéance qui habitait autrefois Clochette et la joie qui lui procure sa réhabilitation mais aussi sa joie d’avoir su croire en elle. On a en outre une jolie musique qui souligne la métamorphose. Elle fait même coup double car elle ressuscite la Fée Bleue ! Rumpelstilskin avait préparé son coup. Un sort devait rendre son âme à chacun et donc Peter Pan se réveille très logiquement dans la boutique de M. Gold. On se demande juste ce que Henry faisait à la bibliothèque mais on passe vite car le tempo du récit ne nous laisse pas de répit. Très belle interprétation de Robbie Kay qui réussit à passer de la douceur à la dureté. Les discours sont âpres. Peter Pan plus glacial que jamais se montre, une nouvelle fois, plus habile que son fils. Excellent Robert Carlyle qui, lui, passe de la dureté à la faiblesse. C’est une scène pathétique que nous avons sous les yeux et elle fait réellement peine à voir en plus d’être douloureuse. Mais Peter a sous estimé l’amour que son père porte à son fils et à Belle. Refusant de les voir souffrir à cause du cruel angelot, Rumpelstilskin ceinture Peter Pan et le poignarde avec la dague, les réduisant tous deux à néant ! C’est lent et violent à la fois pour nous ressentions l’immensité du sacrifice consenti par celui qui était « le lâche du village ». Dans un bel effet spécial, Rumpelstilskin trouve une rédemption et donne sa vie pour ceux qu’il aime. C’est magnifique et très émouvant, en plus d’être habitée par une tension grandissante car la malédiction est toujours en route. Détruire le parchemin était finalement quelque chose de simple mais la Reine avoue que la solution comporte un prix gigantesque à payer : elle doit renoncer à ce qu’elle aime le plus au monde : Henry ! Briser la malédiction détruira Storybrooke et renverra chacun dans son monde ! Alors que la famille royale venait de se retrouver, que des anciennes idylles refleurissaient ou que d’autres naissaient, tout va être balayé. La scène des adieux est superbement écrite, sans pathos mais avec une émotion vraie soulignée par une musique triste. « Tu n’es pas une méchante, tu es ma mère » confie Henry à Regina dans le plus bel adieu qu’il pouvait lui faire. Très émue (sans faute de Lana Parilla qui nous prend aux tripes mais Jennifer Morrison n’est pas en reste), la souveraine fait un magnifique mais triste cadeau d’adieu à Emma et Henry : s’ils oublient ce qui s’est passé à Storybrooke (qui n’aura donc jamais existé), ils auront de nouveaux souvenirs. Dans un passé réinventé, la jeune femme n’aura jamais abandonné son fils. On atteint des sommets dans l’émotion et l’interprétation toute en subtilité et en retenue des interprètes est grandiose. Tout devrait donc se passer bien dans leur nouvelle vie new-yorkaise quand Crochet fait son apparition ! Anecdotes :
12. UN PIRATE DANS LA VILLE Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Bill Giehardt Résumé : Les habitants de la Forêt Enchanté rentrent chez eux. A New York, Emma hésite sur son avenir. Critique : Nouveau départ pour Once upon a time qui opère un quasi retour sur elle-même en reprenant le schéma de la saison 1 mais dans un tout autre contexte et avec une toute autre menace. La première image renforce cette impression de clin d’œil puisqu’il s’agit de la chevauchée d’un prince ; en l’occurrence Philippe (visiblement devenu roi) qui retrouve Aurore enceinte mais le couple voit soudain débarquer de nulle part les habitants de la Forêt enchanté ; c’est-à-dire d’un autre royaume ! On se demande juste pourquoi ils atterrissent là puisqu’ils étaient censés « rentrer chez eux ». Légère invraisemblance sans gravité. L’épisode va suivre le schéma de la saison 1 : un segment dans le monde magique et un autre dans notre monde mais le premier prend suite immédiatement après la deuxième malédiction quand le second est contemporain. Évidemment, c’est ce hiatus qui sera intéressant. Le décalage est d’un an (quand il ne s’est écoulé que quelques semaines entre les deux épisodes !) ; durée suffisante pour que beaucoup de choses aient eu lieu sans altérer la trame générale. Un an après, nous retrouvons Emma dans un restaurant s’apprêtant à dîner avec un homme charmant…un quasi remake du début du premier épisode de la série ! Mais ici, elle est là pour le plaisir et se voit même demander en mariage ! Sauf que Crochet s’invite dans la soirée ! Il tient un discours compliqué dans lequel il parle du danger que courre la famille d’Emma. Colin O’Donoghue est somptueux car il apporte à la fois un brin d’humour (la dégaine du pirate dans un resto chic de New York pour commencer !) mais aussi de tension car, s’il est naturellement porté à sourire (c’est un charmeur), il sait aussi se montrer sérieux. On se doute bien de la réaction d’Emma devant ce fou. Jennifer Morrison montre une Emma qui ne doute pas et se tient sur la défensive. N’oublions pas que le réalisme a été son refuge en saison 1. Ici, c’est sa réalité même ! Concernant sa vie privée, toujours fidèle à elle-même, elle tergiverse devant la demande. « Pauvre garçon » dira Henry dont l’analyse de la vie sentimentale de sa mère est aussi perspicace que drôle ! Néanmoins, Crochet a su éveiller sa curiosité et elle s’est rendu dans l’ancien appartement de Neal. Ce jour-là, un modiste échappé de la Quatrième Dimension (et la Reine n’y a pas coupé non plus) a fait porter à Jennifer Morrison un épouvantable pantalon à carreaux. Même une taupe ferait une attaque en voyant ça ! Par contre, aucune faute de goût pour l’actrice qui est très sûre d’elle quand elle fait coffrer Crochet par la police. Nouvelle réussite de jeu pour Colin O’Donoghue qui semble perdre espoir en comprenant qu’il se heurte à un mur de raison. Dans le monde magique, Baelfire vit mal la perte d’Emma et d’Henry car, ne l’oublions pas, si ces derniers ne se souviennent plus de Storybrooke, l’inverse n’est pas vrai ! Michael Raymond-James, à qui la tenue fantasy va moyennement, montre la douleur qui ravage son personnage et qui ne trouve du réconfort que dans le fait qu’il n’est pas seul ; Belle notamment l’appuie et, aussi, Robin des Bois ! En effet, le voleur au grand cœur a sauvé la Reine et Blanche-Neige de l’attaque d’un singe volant ! Juste avant, les deux ennemies d’antan avaient scellé leur réconciliation. Les mots que Blanche-Neige avaient su trouver pour montrer l’empathie qu’elle éprouve pour la Reine sonnent très juste. Depuis le début de l’épisode, le spectateur avait l’avantage sur les personnages de savoir qu’une menace planait sur eux ; une menace assez grande pour contraindre Aurore au silence. Les singes volants ne sont pas une chose courante mais ce ne sont que des exécutants (et des exécuteurs) ; la menace va donc bien au-delà. Sans surprise, Emma va finalement choisir de croire Crochet à cause de ce qu’elle a découvert dans l’appartement de Neal. Pour retrouver la mémoire, elle boira une potion. Pour montrer ce réveil, le réalisateur a eu la bonne idée d’insérer un paquet d’images façon flash : « Crochet ! » laisse tomber Emma (et on a vraiment l’impression que Jennifer Morrison vient de se réveiller), et lui de répondre, gouailleur : « Je t’ai manqué ? ». On remercie Colin O’Donoghue pour réussir à nous faire sourire juste avec une expression. Le visage de l’acteur est très mobile et c’est un régal de le voir varier ses gammes. Passé cependant ce moment, une chose est certaine : Storybrooke existe à nouveau ! Storybrooke, la ville qui ne veut pas mourir ! Logiquement, Emma va refuser la demande en mariage mais elle a la mauvaise surprise de découvrir que son compagnon est un singe volant qui essaye de la tuer ! S’il n’était pas vraiment un homme, qui plus est un singe volant comme dans le passé magique, c’est que c’est la même menace mais aussi que quelqu’un de puissant surveillait Emma depuis 8 mois, la durée de sa relation. L’attaque est aussi réussie ; à la fois violente et surprenante comme le combat. Bravo à Jennifer Morrison de parvenir à nous faire croire qu’elle se bat avec un singe ! Dès le lendemain, Emma part avec Henry (qui lui n’a pas retrouvé la mémoire) et Crochet, présenté comme « Killian », un client. Ils arriveront à Storybrooke dans la nuit…comme Emma la première fois qu’elle entra dans la ville fantôme. Très bonne idée du tandem de scénariste de montrer Emma reprenant son blouson rouge. La Sauveuse est de retour ! Et elle aura du boulot. Dans le passé, les revenants n’ont pu approcher du château (dont le titre de propriété est un brin disputé) à cause d’un champ de protection. Ils devront temporairement se réfugier dans la forêt de Sherwood. Dernier trait léger : Blanche-Neige fait remarquer à la Reine que Robin des Bois est plutôt joli garçon ! Le final est autrement plus menaçant. Anecdotes :
13. CHASSE AUX SORCIÈRES Scénario : Jane Espenson Réalisation : Guy Ferland Résumé : A Storybrooke, Emma essaie de démasquer celui qui a volé leurs souvenirs aux habitants. Dans le monde magique, la Reine veut en finir. Critique : Le premier véritable épisode de la 2ème partie de la saison est une merveille qui réussit à mêler suspense, humour, angoisse et action avec des effets spéciaux réussis et une réalisation alerte. On commence dans le monde magique par une ironique inspection de la penderie et des bijoux que la Reine avait abandonné en partant par l’étrange magicienne à la peau verte. Parler de « sorcière » serait appropriée puisqu’elle en présente les caractéristiques (on verra même un balai volant). Entrée en matière réussie pour Rebecca Mader qui parvient à être sexy avec une robe grise (largement échancrée comme toutes les robes de ce monde) qui met en valeur un magnifique pendentif en émeraude ; même le chapeau noir posé de guingois lui va bien. C’est elle qui commande aux singes volants et elle lance une attaque contre les errants. C’est un moment bien maîtrisé par le réalisateur, maintenant habitué à la série, qui la rend tonique et effrayante. Le scénario se paye le luxe de nous faire ensuite sourire quand la Reine change la bestiole en peluche ! L’ambiance n’est pas moins pesante à Storybrooke un an plus tard. Pourtant, Guy Ferland arrive à instiller une ambiance intimiste avec cette causerie au coin du feu entre Emma, Crochet, David et Mary Margareth. Une réflexion du pirate puis l’entrée de Grincheux/Leroy font basculer la réunion de famille dans l’angoisse : des habitants disparaissent ! Mais Emma doit aussi maintenir un semblant de « normalité » autour d’Henry qui n’a pas recouvré la mémoire. L’ambiance sera gênée quand Emma présentera ses parents comme « de vieux amis » et que Mary Margareth en rajoute avec « de Phoenix condamnées avec Emma pour vol à main armées » ! On passe sans transition dans l’hilarité, car en plus ce n’est pas totalement faux, puis dans la douleur car Regina aperçoit le jeune garçon. La douleur ressentie est palpable et nous touche profondément. Par son remarquable coup de crayon, Jane Espenson nous a fait passer en quelques minutes par toute une gamme d’émotions sans aucune fausse note. La ville de Storybrooke bascule dans la folie quand Petit Jean, compagnon de Robin des Bois, est enlevé par un singe volant alors qu’il coursait une dinde pour son dîner ! Encore une fois, on passe brutalement du bon rire à la stupeur horrifiée. Que se passe-t-il dans cette ville ? La peur et l’incompréhension forment un terrible terreau et la « populace », réunie par une Emma qui renonce vite à la calmer pour en prendre la tête, se retourne comme un seul homme vers son ancien bourreau : Regina. Admirons la dignité de reine outragée que prend Lana Parilla. Tête haute, toisant sans effort la population d’un souverain mépris, l’actrice est magnifique. Jennifer Morrison ne s’est pas manquée non plus. Sobre, l’actrice retrouve les accents réalistes de l’Emma première époque mais avec le recul, elle ajoute un humour perceptible par le spectateur qui sait, lui, que ce réalisme est un trompe-l’œil. Impeccable dans la dureté, elle est également parfaitement convaincante dans la démonstration d’amitié entre Emma et Regina. Le sourire attendrie de Lana Parilla donne toute sa crédibilité à ce rapprochement quasi sororale entre celles qui, voici deux ans, se vouaient une haine féroce et mortelle. Les gens peuvent changer, pourvu qu’on leur en laisse la chance et le temps. C’est un bluff auquel on a assisté dans la salle du conseil. La magicienne confirmée et son apprentie (qui a appris la magie à Emma si ce n’est la Reine ?) ont en effet un plan. Un plan qui doit démasquer le voleur, la voleuse en fait, de souvenirs. Premier indice pour le spectateur, les singes volants n’existent que dans une seule contrée : le pays d’Oz. Jane Espenson se fait ironique quand ses personnages se demandent si c’est la sorcière de l’Est ou de l’Ouest et que Blanche-Neige conclue qu’elles sont aussi terribles l’une que l’autre ! La Reine, dont le costume reste une énigme, a un moyen pour entrer dans le château : un tunnel. Mais, elle n’y ira pas seule car Robin l’accompagne par gratitude. Si le ton est un peu sec, il y a une politesse chaleureuse entre le voleur et la souveraine. Sean Maguire joue très juste en allant presque trop loin dans le ton de Robin et Lana Parrilla joue tantôt contente de sa compagnie tantôt froide mais il est à noter qu’elle ne montrera pas la Reine glaciale et cinglante comme à son habitude. Le voleur, qui comprend qu’elle n’a pas l’intention de survivre à la libération du château, cherche à la convaincre et il y met du cœur mais cela ne se passera pas comme il le pensait. L’atmosphère s’est de toute façon nettement refroidie quand la Reine constate avec effroi que la porte de la crypte, scellée par la « magie du sang » est ouverte, ce qui est théoriquement impossible ! Impossible n’est pas Storybrooke. Impossible comme le fait de voir un homme se transformer en singe volant ? La tension est palpable dans la ville et pourtant la scénariste parvient à distiller des moments plus légers qui équilibrent parfaitement son propos. La métamorphose en singe est spectaculaire et violente mais c’est un moment très bref. Si Regina échoue à reproduire la potion qui rend la mémoire, Emma lui suggère une arnaque. C’est presque drôle et léger de voir la garante de caution donner un conseil à une reine-maire. Les actrices nous arrachent un sourire entre Jennifer la finaude et Lana l’embêtée ! Et voir les deux femmes en planque est un pur moment de comédie où pourtant l’émotion s’invite. Impossible comme le fait que le cambrioleur ne pouvait pas s’échapper d’une pièce scellée par la « magie du sang » et pourtant il le fait. L’identité de la sorcière nous est enfin révélée mais pas sur le même plan. Si, à Storybrooke, la fine équipe parvient à rassembler les morceaux du puzzle et à en conclure qu’ils ont affaire à « la méchante sorcière de l’Ouest », cela ne les avance pas beaucoup ! Et Jennifer Morrison nous fait bien rigoler avec sa mine circonspecte prononçant des paroles absconses ! Par contre, le spectateur a vu une dénommée Zéléna se présenter comme nourrice auprès de Mary Margareth et se faire embaucher. La scène est presque légère surtout avec Ginnifer Goodwin toute souriante et pimpante et Rebecca Mader, absolument magnifique au naturel, se montre tout à fait épatante dans un rôle ambigu où l’ironie grinçante affleure sous ses paroles apaisantes ; c’est une nouvelle incarnation de la « Mort en marche ». Par contre, dans le monde enchantée, Zéléna s’est révélée dans la plénitude de sa colère envers la Reine dont elle est la demi-sœur ! Quelle sainte famille ! A nouveau, Rebecca Mader est impeccable, commençant par jouer l’ironie grinçante (une vertu familiale pour son personnage !), la fausse lassitude pour finir par aboutir à l’envie. Zéléna est mû par une profonde et violente jalousie envers sa sœur. D’abord un peu résignée, la Reine retrouve peu à peu de l’allant et Lana Parilla accompagne avec son brio accoutumée le retour de la combativité chez son personnage. Les deux actrices se rendent coup pour coup et nous sommes bien en peine de dire qui peut l’emporter. La menace que lance la sorcière n’est pas à prendre à la légère ; Rebecca Mader a parfaitement rendu compte de la folie suave mais meurtrière de Zéléna. Décidément en verve, Jane Espenson réussit encore à nous surprendre avec un final absolument stupéfiant ! Anecdotes :
14. LE FANTÔME DE LA PEUR Scénario : Robert Hull Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Dans le monde magique, Charmant est prisonnier de sa peur. A Storybrooke, les recherches de la sorcière se poursuivent. Critique : Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans cet épisode paresseux, qui manque d’humour, ne déborde pas d’action et surtout s’appesantie de didactisme. L’entrée était pourtant soignée : Charmant retrouvait Emma en robe de princesse et lui apprenait à danser sur une musique splendide. Jennifer Morrison est absolument superbe dans sa robe, laquelle est également magnifique ! Pourquoi est-ce si rare d’avoir des vêtements de cette valeur dans cette série !? Et tout à coup, nous basculons dans l’horreur et l’image de cette tête de poupée qui tourne met le cœur au bord des lèvres. Le cauchemar, car c’en est un, a été aussi bien écrit que bien réalisé. C’est en fait le symptôme d’un mal qui ronge le prince : la peur le tenaille, lui qui l’ignorait jusqu’alors. Même l’annonce de la grossesse de son épouse ne le transporte pas. Il se confiera à Robin des Bois qui lui parlera d’une plante dans la forêt de Sherwood qui efface les peurs. Belle scène de camaraderie masculine mais là où elle sonne faux, ou pas tout à fait juste, c’est de voir Charmant boire. Certes, l’alcool atténue prétendument les angoisses mais on attendait mieux d’un prince de conte de fée ; DU prince de conte de fée ! Storybrooke est le lieu où il se passe le plus de chose et pourtant c’est l’impression de vacuité qui domine. La fouille du bureau de Regina a donné un indice qui mène vers la forêt puis vers une ferme abandonnée et finalement sur un abri anti-tornade qui révèle un fait surprenant. Le tout s’étire et l’épisode se meuble avec la charmante mais vaine scène entre Regina et Henry. Remercions cependant Crochet dont les commentaires caustiques font notre joie. Le pirate se montrera même carrément entreprenant avec la Sauveuse. De son côté, Mary Margareth présente Zéléna à David. Elle est confiante envers la baby-sitter car celle-ci la libère de ses angoisses de mère. L’ambiance est détendue et on a la surprise d’entendre le discours à la fois ferme et sensé, frappé du coin de la psychologie, que tient Zéléna sur la nécessité de dire les choses pour dissiper les angoisses. Il faut cependant rester attentif et ne pas se laisser bercer par ce joli chant car, en coin, le regard de la sorcière est flamboyant et on sent qu’elle se réfrène pour que son ironie naturelle ne ressorte pas de sous sa politesse enjouée. La musique a également changé en cours de scène pour souligner la malfaisance qui se déploie. Plus tôt, nous avons eu la meilleure scène de l’épisode entre Zéléna et Rumpelstilskin revenu d’entre les morts mais complètement fou et qui file la paille en or avec une ardeur inquiétante. Il ne peut rien faire contre la sorcière car celle-ci dispose de la dague ! Dague avec laquelle elle entreprend de raser son prisonnier ! Filmé en contre-jour, assortie de gros plans sur les yeux grands ouverts de Rebecca Mader (et ils sont magnifiques), ce passage est doté d’une puissance érotique inusitée dans la série. Osons même jusqu’à dire qu’il y a comme un sous-texte sado-maso. Rebecca Mader nous régale de son charme mais elle sait aussi faire entendre le chagrin qui ronge Zéléna et que celle-ci sublime dans une arrogante volonté de puissance et de domination. Elle est bien la fille de Cora ! Le moment le plus faible est par contre tout le passage où Charmant découvre une tour dans la forêt dans laquelle est enfermée une princesse à la tresse interminable : Raiponce bien sûr. Seule originalité, son interprète, Alexandra Metz, est métisse. Pour le reste, l’actrice ne nous éblouie pas par son jeu et débite l’histoire de son personnage de façon convenu. Elle est aussi agaçante de platitude et n’a aucune expression. Pourtant, l’ambiance nocturne était propice, le décor de la tour crédible et inquiétant et le réalisateur avait su trouver les angles pour donner l’impression de hauteur. Et pour quel résultat ? La sorcière qui emprisonne la princesse c’est elle-même ou plutôt sa peur matérialisée. Il faut se libérer de sa peur pour pouvoir affronter la vie. Celle-là, on l’avait vu venir de loin ! Plus intéressant, c’est le montage qui nous fait passer de la Tour à la forêt de Storybrooke où David Nolan doit lui-même affronter sa peur. Là, on a l’occasion de voir un bon acteur en action. Impliqué, Josh Dallas nous montre les deux facettes de Charmant : le prince apeuré mais lucide et qui se reprend pour les siens et la peur moqueuse, au discours acide. Le duel à l’épée et le combat au corps à corps sont très bien rendus. S’il y a doublure, c’est bien fait. La suite est toute aussi intéressante car l’épée, brisée, a disparu après que David ait réussi à surmonter sa crainte. Le récit qu’il en fait inquiète Regina qui comprend que c’est la sorcière qui s’est joué du prince mais le but demeure mystérieux. Anecdotes :
15. UNE VIE POUR UNE VIE Scénario : Kalinda Vasquez Réalisation : Eagle Egilsson Résumé : A Storybrooke, Emma et les autres recherchent Neal et Rumpelstilskin. Dans le monde magique, Baelfire cherche à ressusciter son père. Critique : Un épisode dur et violent qui illustre à nouveau que la magie a un prix et la magie noire le prix le plus élevé. Kalinda Vasquez est une des très bonnes plumes de la série. Dommage que la première partie de l’épisode manque un peu de nerf ou de noirceur. Le final est par contre éprouvant. Le début de l’épisode se rattache à l’arrivée des migrants dans leur ancien monde. On se souvient que Baelfire avait émis l’idée de passer par le château de son père. Il s’y est rendu en compagnie de Belle. D’emblée, le ton est donné : il sera sombre. Le visage fermé de Michael Raymond-James illustre très bien la détermination de son personnage à aller jusqu’où il faudra. Ils reçoivent soudain l’aide d’une étrange chandelle : Lumière qui prétend les aider et, en effet, leur remet la clé du Caveau du Ténébreux. Durant le récit du chandelier, l’ambiance s’alourdit et l’insistance de la caméra sur le candélabre éteint (mais qui se rallume soudain) met mal à l’aise un instant. Juste un instant avant qu’on découvre qu’il y a un marionnettiste derrière le chandelier enchanté. A Storybrooke, Neal fait soudain irruption dans la boutique de Gold ! Quand il se réveille à l’hôpital, il a tout oublié comme les autres. Il a une curieuse brûlure à la main. On notera que la Sauveuse a changé de look, remisant son habituel blouson rouge pour un manteau noir. L’hiver vient aussi en Colombie-Britannique et il est froid ! L’atmosphère grise, humide et basse sera très bien utilisée tout au long de l’épisode pour garder une tension et une ambiance lourde et menaçante. Le Canada est un lieu apparemment propice pour l’extraordinaire et l’au-delà du réel. Portant une partie de l’épisode sur les épaules, Michael Raymond-James se montre à la hauteur et joue avec justesse. On le voit ainsi passer de l’émotion quand Neal apprend que son père est vivant à la déception quand Emma avoue qu’elle ne sait pas si elle souhaite qu’Henry recouvre la mémoire puis à la sincérité quand il se réconcilie avec Crochet. Le spectateur a d’autant plus besoin de respirer un peu que Zéléna est toujours auprès de Mary Margareth. Quand la sorcière met la main sur le ventre de la princesse, la musique change et devient plus noire. Que veut-elle ? On n’en sait encore rien mais Rebecca Mader continue à susciter le malaise. Ce qui est méritant quand on est vêtu comme une nurse anglaise de la fin du XIXème siècle ! Comme il se doit, le Caveau du Ténébreux est situé dans une forêt profonde et obscure. Le décor enneigé et l’obscurité qui entoure tout ce passage le rendent particulièrement sombre, au sens propre comme au sens figuré. Décidément sadique comme scénariste (cf. « Le charme du sommeil » en saison 2), Kalinda Vasquez place un coup de théâtre qui pourrait tout changer : Belle comprend que Lumière a menti et celui-ci doit avouer qu’il a été ensorcelé par la méchante sorcière de l’Ouest. C’est donc un piège. La musique se durcit alors et l’histoire reste un instant en suspens surtout qu’Émilie de Ravin donne une force toute particulière au conseil désespéré de Belle. Mais Neal passe évidemment outre et ouvre le caveau : une horreur gluante et noire en émerge ! On se situe alors quelque part entre Lovecraft (Le Rôdeur sur le seuil) et Poe. Le titre français, très juste, prend alors tragiquement tout son sens. Dans la forêt de Storybrooke, Emma et Charmant retrouvent Rumpelstilskin mais le magicien est délirant, fou de douleur. Mention spéciale à Robert Carlyle qui nous fait ressentir avec force la souffrance physique et mentale de son personnage. A partir de là, et hormis un interlude plaisant, la noirceur ne quittera plus l’épisode mais, surtout, elle sera accompagnée de la douleur dans un cocktail d’une grande puissance dévastatrice. Le montage, qui fait alterner la forêt humide avec le caveau enneigé, ne nous laissera plus de répit et le spectateur encaisse révélations sur chocs. Peut-être un peu trop mais la justesse des comédiens nous bouleverse. Pour que le Ténébreux renaisse, il faut que quelqu’un meurt ; celui qui ouvre le Caveau : Baelfire ! Zéléna, qui avait tout orchestré, est bien prêt de triompher mais Rumpelstilskin commet un acte stupéfiant. C’est violent. Il en résulte la folie que nous avons constatée et on comprend comment la sorcière a mis la main sur la dague. Bien que contrariée dans ses plans, y compris à Storybrooke, Zéléna ne perd pas le sourire et c’est bien le plus inquiétant. La mort de Neal/Baelfire est un des moments les plus tristes et les plus émouvants de toute la série. Les acteurs (Michael Raymond-James au premier rang mais Jennifer Morrison et Robert Carlyle sont également excellents) sont bouleversants. On en a vraiment les larmes aux yeux et ce n’est pas le récit que fait Emma à Henry sur son père qui va les sécher. Anecdotes :
16. VERTE DE JALOUSIE Scénario : Andrew Chambliss Réalisation : Mario Van Peebles Résumé : Dans le passé, Zéléna découvre ses origines. A Storybrooke, elle défie Regina. Critique : Un épisode centré sur Zéléna et qui permet à Rebecca Mader de jouer sur différentes gammes. Face à elle, Lana Parrilla et Robert Carlyle lui donnent la réplique avec leur talent accoutumé et l’ensemble atteint un excellent niveau. On passe par beaucoup d’émotions sans que l’humour, le drame ou l’action ne soit sacrifiés. Une réalisation alerte et inspiré achève de compléter le tout. L’entrée en matière fait écho au Magicien d’Oz mais ce n’est pas Dorothy qui arrive mais un bébé qu’une mère éperdue d’amour maternelle baptise « Zéléna ». Comme nous le savons déjà, le père se montrera bien moins enthousiaste, surtout face à la magie du nourrisson. Plus tard, la vérité ayant été révélée, la rupture éclate entre eux. La première brisure dans la vie d’une Zéléna qui ne demandait qu’à être aimée. Rebecca Mader a l’occasion de jouer une femme triste, amère mais qui n’était pas « mauvaise » (son dernier mot). Ironie du scénario : pour trouver ce qui lui manque, Zéléna ira trouver…le magicien d’Oz. Storybrooke ne sera pas un théâtre moins intéressant. A la superbe scène d’enterrement de Neal, digne, émouvante et filmée avec une lenteur respectueuse succède un moment cocasse quand Clochette découvre le tatouage sur le bras de Robin des Bois et ne comprend pas l’inaction de Regina. Elle joue même quelque part le rôle peu envié de porteuse de chandelle ! Ce moment léger est brisé par la survenue de Zéléna. Elle révèle aux amnésiques habitants sa parenté avec leur reine et défie celle-ci en duel. Le réalisateur innove dans la série en faisant basculer sa caméra à gauche puis à droite, comme un navire qui tangue dans la houle, tout en zoomant progressivement sur les visages. Voilà une belle façon de renouveler cette figure autrefois plus qu’utilisée par ses devanciers avec plus ou moins de bonheur ! Pourquoi va-t-on consulter le Magicien d’Oz ? Pour changer de vie. Zéléna y viendra deux fois. La première lui permet de découvrir son passé qu’elle n’accepte pas. Grâce à un cadeau du maître des lieux (qui ne surprendra pas ceux qui connaisse le roman…ou ses adaptations), elle rencontrera Rumpelstilskin qui en fera son élève. Leur première rencontre surprend surtout par le lieu choisi : le château de la Reine ! Pourquoi pas le château de Rumpelstilskin ? Par contre, la leçon qu’on nous montre se déroule dans une forêt de nuit et l’ambiance nocturne avec la lueur des torches renforce la dimension « ombre et lumière » et les acteurs sont bons. C’est aussi le dernier moment de joie de Zéléna car le maître magicien va lui infliger une violente déception, explicable mais qui ne manque pas d’une certaine violence psychologique. C’est aussi le moment où le vert envahit le corps de l’apprentie sorcière. L’envie ronge la jeune femme et Rebecca Mader est superbe, passant avec crédibilité d’une attitude de quasi midinette à ennemie mortelle. L’outrage a fouetté son orgueil à vif. L’actrice nous montre une femme puissante, intelligente mais qui révèle une certaine faiblesse morale puisqu’elle estime qu’on lui doit beaucoup et qu’elle ne reçoit pas assez, que ce sont les autres (et Regina la première) qui « prend » ce qui « lui revient de droit ». Une attitude puérile, mortifère mais, surtout, dangereuse pour les autres quand l’insatisfait a les moyens de sa revanche. Le retour de Zéléna en Oz est tragicomique car elle perce à jour le secret du Magicien (pas une surprise mais presque) mais surtout s’accepte comme elle est : la cruauté en marche. Entretemps, Storybrooke aura été le théâtre – mais n’est-ce pas la vocation première de la ville ? – du combat entre les deux filles de Cora et élèves de Rumpelstilskin. S’il tourne à l’avantage de Zéléna, l’intelligence tactique de la Reine met la méchante sorcière en échec. La colère déforme littéralement les traits de Rebecca Mader, c’est effrayant ! L’actrice montre mieux que jamais l’équilibre mental instable de son personnage. Le plan était parfait ; Zéléna est incapable d’admettre l’échec et de se remettre en question. L’ironie cinglante de sa demi-sœur (et Lana Parrilla est magistrale dans ces moments) quand elle comprend ce qui motive son adversaire est comme un fouet manié avec un plaisir affiché ! Mais le plan profond de Zéléna reste encore obscur ; ce qui n’a rien de rassurant. Storybrooke est aussi une scène pour deux courts segments basés sur l’émotion. Dans le premier, Crochet passe la journée avec Henry et parle de Neal à ce dernier. Si la vérité est difficile à dire, Colin O’Donoghue s’en sort parfaitement en montrant Crochet être plus proche de Killian que du pirate ; il mise sur un discours émouvant dont la simplicité est d’autant plus touchante. En face, Jared S. Gilmore assure avec force. Il montre Henry sensible à l’indéniable sincérité de son vis-à-vis. Dans le second segment, l’attirance indéniable entre Robin des Bois et la Reine se mue en romance. Jouée avec simplicité, elle avance pas à pas mais outre que Regina ne repousse pas la présence du voleur, elle lui manifestera une immense confiance qui témoigne plus qu’un long discours des sentiments qui sont en train de s’épanouir dans le cœur de Regina. Une femme qui ne demandait qu’à être aimée… Anecdotes :
17. LE CHOIX DU CAPITAINE CROCHET Scénario : Davis H. Goodman Réalisation : Ernest Dickinson Résumé : Dans le passé, le capitaine Crochet accepter d’aider Ariel à retrouver son prince. A Storybrooke, il est confronté au choix qu’il fit un an plus tôt. Critique : C’était une bonne idée de centrer l’épisode sur Crochet et Colin O’Donoghue est impeccable dans toutes ses scènes. Ce qui ne convainc pas, c’est l’impression que les autres scènes ne sont là que pour meubler une intrigue trop mince. Certains auteurs travaillent mieux à deux, c’est le cas de David H. Goodman. Le démarrage a pourtant été dynamique et plaisant. Revenu dans la Forêt enchanté, Crochet s’est fait voleur de grands chemins avec un certain talent pour l’esbroufe ! Mais, voilà qu’Ariel, la jolie petite sirène, vient exiger qu’il l’aide à libérer le prince Éric. Crochet nie y être pour quelque chose mais quand elle parle du Jolly Rodgers, son visage se durcit. Très bonne transformation de Colin O’Donoghue. On le croit charmeur et décontracté, le voilà soudain dur et violent. L’homme sait se maîtriser ; cela fait sa force. Quant au navire, il a été pris par…Barbe-Noire ! Curiosité que de faire intervenir un personnage historique dans l’univers des contes de fées mais vu qu’il n’y a pas d’autres pirates que Crochet, il a fallu improviser sans doute ! Ariel est aussi revenue à Storybrooke : elle cherche Éric qui a disparu mais quand elle se retrouve devant Crochet il affirmera qu’il n’a jamais entendu parler de celui-ci. Ce mensonge éhonté, débité avec tranquillité, fait comprendre au spectateur le malaise profond qui habite le pirate. Plus tôt, il a asséné à M. Mouche qu’il ne partira pas de Storybrooke et que son navire ne s’y trouve pas. Il a aussi dit à Emma qu’elle ne pourra pas reprendre sa vie d’avant. Le sous-entendu est évident : Crochet a essayé (nous avons vu en quoi) mais il a échoué. Nous savons donc à l’avance que quelque chose n’a pas marché sans que l’on puisse savoir quoi. Seule certitude, la responsabilité du capitaine est pleinement engagée. Dans le passé, Crochet, Ariel et Mouche retrouvent le Jolly Rodgers et le capitaine manchot défie ouvertement son rival. Lequel relève le gant. Charles Mesure est très convainquant en Barbe-Noire et le côté un peu détaché, condescendant et sarcastique qu’il arbore en fait presque un double de Crochet. Dans une ambiance nocturne de bon goût (et symétriquement, il fait jour à Storybrooke), nous assistons à un très beau duel à l’épée. On avait pu déjà voir dans le passé (« Le crocodile », saison 2) les talents de duelliste de Colin O’Donoghue. Il n’en a rien perdu et Charles Mesure lui donne la réplique avec un certain talent. Mais l’important est ailleurs : Barbe-Noire accuse ouvertement Crochet d’être devenu une « mauviette », de ne plus être vraiment un pirate et il propose un marché : le lieu de captivité d’Éric contre le Jolly Rodgers. Les supplications d’Ariel (le meilleur moment pour Joanna Garcia trop cantonnée dans un rôle passif) seront impuissantes face à l’orgueil blessé, et à la volonté profonde mais inavoué de Crochet de se convaincre qu’il est redevenu celui qu’il était avant : Barbe-Noire est flanqué à la mer ! Châtiment classique qu’il subit avec un petit sourire. Pour gouverner un équipage de ruffians, il faut être psychologue et il est probable que le pirate vaincu n’est pas dupe des efforts de Crochet. Celui-ci l’est-il ? A voir son absence de réaction devant la tristesse puis la colère mais surtout le dédain que lui oppose la sirène, on peut supposer que non. Quelque chose s’est brisée en lui.
A Storybrooke, les recherches laissent supposer qu’Éric est mort. Crochet avoue soudain à Ariel toute la vérité et c’est assez poignant d’entendre cet homme dur reconnaître qu’il n’a plus goût à rien. Mais il ne fait pas ses aveux à la bonne personne ! Ariel n’est jamais revenue à Storybrooke : c’est Zéléna qui a tenu son rôle toute cette journée !! Machiavélique, la sorcière ensorcelle le pirate déchu. Le bref duo que compose Rebecca Mader et Colin O’Donoghue est le couronnement de l’épisode. A la cruauté mais aussi à l’impuissance de Zéléna répondent l’intelligence et l’emprisonnement de Crochet. C’est un duel d’esprits forts qui ont percé chacun les faiblesses de l’autre mais l’avantage est à la sorcière. Bonne idée que de faire un gros plan sur les yeux de Rebecca Mader. Outre qu’ils soient somptueux, l’actrice parvient à y faire lire le déséquilibre et la jubilation malsaine de son personnage. L’épisode se perd cependant en parlottes. En outre, la volonté affichée de David H. Goodman de privilégier Crochet ne laisse que des miettes aux autres personnages et rien de palpitant. Robert Carlyle n’est pas là et il manque. Regina donne une leçon de magie à Emma et Charmant une leçon de conduite à Henry. Si la première leçon est globalement tonique et les interprètes convaincantes (et on a des effets spéciaux de bonne facture, profitons-en), la seconde est mièvre et sans intérêt. Le final est doux-amer, la légèreté d’un succès apparent dissimule la défaite et la solitude du capitaine Crochet. Anecdotes :
18. REMONTER LE TEMPS Scénario : Daniel T. Thomsen et Jane Espenson Réalisation : Romeo Tirone Résumé : A Storybrooke, Regina comprend le terrible projet de Zéléna. Dans le passé, Cora veut une vie meilleure. Critique : Centré sur le passé, cet épisode révèle les mécanismes complexes qui ont mené à la situation de crise que connaissent les habitants de Storybrooke. Le passé éclaire toujours le présent et, dans Once upon a time, c’est même une évidence. Bien écrit, le scénario va nous faire passer par plusieurs émotions comme Jane Espenson sait bien le faire. Daniel T. Thomsen a montré dans le passé qu’il savait trousser une atmosphère (« Le charme du sommeil ») et l’association des deux est très réussi. La réalisation est correcte. Romeo Tirone, dont c’est le premier travail sur la série, réussit la scène centrale mais ne brille pas par son inventivité pour le reste. Heureusement, nous avons nos acteurs et ils sont bons. Rebecca Mader pour commencer. Elle est faussement joyeuse quand Zéléna vient rendre visite à sa grande sœur…en lui apportant des pommes vertes ! La discussion entre celle qui défend la pomme verte et celle qui défend la pomme rouge est une idée brillante puisqu’à travers ce fait anodin, c’est une puissante rivalité qui s’exprime ! Le ton est sucré puis aigre. Et le duel n’est qu’un prétexte pour que Zéléna soit certaine de récupérer le dernier ingrédient qu’il lui manquait. Avant-dernier en fait. On se demande juste comment elle a su où le trouver mais on dira que c’est grâce à la magie ! Superbe à porter du cuir, la sorcière habille de propre Rumpelstilskin et lui offre un dîner pendant lequel elle lui révèle son plan. Lequel sidère le magicien parce qu’il est absolument contraire aux lois fondamentales de la magie : remonter le temps ! Elle lui propose même un marché absolument glauque qu’il ne repousse pas. Il a l’air même tellement emballé qu’il se montre soudain très empressé auprès de la rousse incendiaire ! L’atmosphère s’échauffe en un instant…et se refroidit tout aussi vite ! Robert Carlyle passe aisément de l’esclave soumis au révolté, de l’exécutant que sa tâche rebute mais qui doit s’y soumettre, du soupirant à l’assassin en puissance et il est divin. La menace, bien qu’impossible à réaliser, que Rumpelstilskin adresse à sa geôlière, exprime la colère et la vengeance mûrie, maturée, rancie et, malgré sa superbe, Zéléna semble à la fois attristée et violemment touchée. C’est une des rares fois où la sorcière paraît vaciller et douter ; comme si, cet éclair de rage que son prisonnier lui a jeté à la figure lui avait fait entrevoir les précipices qui bordent la route sans retour sur laquelle elle s’est engagée. Il ne faut qu’un instant à Rebecca Mader pour exprimer ce doute, si fugace soit-il. Heureusement, nous avons nos acteurs et ils sont bons. Lana Parrilla en second. Vêtue avec classe, l’actrice montre une Regina qui a besoin d’aide et n’a plus peur de demander pardon. Certes, son caractère n’est pas celui d’une demi-portion mais c’est pour cela qu’on l’aime ! Pour comprendre ce qui se passe, la clé c’est Cora et pour parler aux morts, rien ne vaut une séance de spiritisme ! Dans un décor de bibliothèque, classique et attendu pour ce genre de cérémonie, le réalisateur se montre inspiré. D’abord, se centrer sur l’objet magique nécessaire, la bougie funeste qui tua Cora. Puis, prendre un peu de recul pour embrasser l’assistance et, enfin, se placer au-dessus des acteurs pour suggérer l’esprit qui vient. Dans cette séance, on a un brin de sourire avec Crochet qui ne cache pas son scepticisme – une figure certes très classique dans ce genre de cérémonie mais c’est une bonne idée d’avoir confié ce rôle à Colin O’Donoghue qui sait en tirer la substantifique moelle en une seule réplique – mais fait comme si. Si la séance semble échouer, ce n’est que partie remise car le spectre de Cora est bien dans la maison et il s’attaque à Regina et à Mary Margareth : ses deux assassins. La lutte contre le spectre est bien menée et l’implication de Lana Parrilla lui donne sa pleine crédibilité. Ginnifer Goodwin ne sera pas en reste quand le spectre passera outre l’obstacle de sa fille. Au passage, depuis quand les fantômes donnent-ils des gifles ? « Investie » par l’esprit, l’actrice donne un numéro de transe appuyée et les images qu’elle perçoit sont assez floues pour être celle vu par un esprit attaqué et assez précises pour que le spectateur se raccorde à ce qu’il sait déjà. L’épisode vaut aussi pour l’enterrement de la hache de guerre entre la belle-mère et la belle-fille. Dans une atmosphère faite d’intimité, le jeu sobre et tout en émotion contenue des deux actrices est un régal. Les filles parlent aussi de leurs mères qui n’ont pas été ce qu’elles leur avaient semblé être. L’atmosphère se fera inquiète quand la vérité sera révélée mais, par un twist rare, l’épisode se terminera sur une double note d’amitié et d’amour. L’amour, c’est ce que recherchait Cora. Rose McGowan prête pour la seconde fois ses traits magnifiques à ce personnage très intéressant dont on a appris à connaître la profondeur la saison passée. Tout ce retour dans le passé vise à répondre à la question fondamentale : pourquoi Cora a-t-elle abandonné Zéléna ? On pourrait se dire que les péripéties qui arrivent à la jeune femme sont prévisibles et il y a de cela mais Rose McGowan ne nous donne jamais l’impression que ce n’est pas important. Et elle a raison car tout a un sens. Outre que ses choix l’amènent à l’abandon de son bébé, chaque événement heureux ou plus souvent malheureux permettent de comprendre à la fois la froideur de l’adulte et sa détermination acharnée à réussir et à faire réussir Regina. Si Cora était un être cynique, c’est qu’elle en a trop souffert. Elle cinglait avec les mots et la magie comme on l’avait souffleté avec les mots autrefois. Cora n’a pas su donner de l’amour à Regina parce qu’elle n’en a jamais reçu elle-même. L’abandon de Zéléna, elle y a été contrainte et même si l’ambition de la jeune femme peut heurter, la tristesse profonde que Rose McGowan exprime avec une grande force, invite à ne pas vouloir le juger. Anecdotes :
19. UN CŒUR POUR DEUX Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Dans le passé, Blanche-Neige, Charmant et la Reine trouvent le moyen de vaincre Zéléna. A Storybrooke, rompre la malédiction devient vital. Critique : Beaucoup d’émotion dans cet opus aux couleurs sombres. La victoire de chaque camp tient à peu de choses et tout peut encore basculer. Le suspense ainsi créé donne du dynamisme à l’épisode. Les deux segments se répondent et aucun des deux n’est sacrifié. Le duo de scénaristes orchestre avec brio la progression de son histoire. Dans le passé, Belle a raconté les événements survenus au Caveau. Tous conviennent de pénétrer dans le château de Rumpelstilskin : celui qui a su briser la première malédiction doit pouvoir savoir comment vaincre Zéléna. La salle du Conseil baigne dans un ton ocre assombri, ce qui colle bien avec l’atmosphère générale. On note cependant déjà que le voleur Robin guigne vers la Reine et un montage un brin espiègle nous amène droit à une séance de roucoulade ! Le zoom vers leurs visages a quelque chose d’attendrissant. Si, dans le monde magique, Rumpelstilskin était la solution, à Storybrooke c’est Henry. Le jeune garçon doit recouvrer la mémoire. Ici, on passe d’une scène tendre à une scène tendu et la progression se lit à travers le visage et les expressions de Lana Parrilla, vraiment parfaite. Deux mondes, deux solutions. Pour le premier, c’est trouver Glinda, la gentille sorcière du Sud. Pour le second, retrouver le livre de contes. Ladite sorcière du Sud, toute vêtue de blanc, et portant un pendentif de même couleur (on se rappelle que Zéléna porte un pendentif vert, ce qui n’est pas un hasard), a bien la réponse mais c’est encore pire que de ne pas avoir de solution car il faudrait jeter pour une troisième fois le « sort noir » ! Quant au livre, il est chez Mary Margareth mais sa recherche met en exergue les déchirements internes d’Emma. Discrète au début de l’épisode, Jennifer Morrison sait nous montrer que la Sauveuse n’a rien d’une héroïne. Ses regrets, et ce qu’ils révèlent en creux, provoquent un malaise certain avec Mary Margareth. Henry est sur les quais avec Mouche (dont on perd soudainement la trace en cours de scène) et Crochet quand ils sont attaqués par des singes volants ! La bataille endiablée qui suit est filmée avec énergie et les effets spéciaux sont réussis. Mais il y a eu recours à la magie, ce qui évidement perturbe Henry. Jared S. Gilmore est un brin en dessous pour nous faire croire à l’ébranlement qui devrait saisir le jeune garçon. Par contre, Jennifer Morrison est impeccable. Sa demande de croire en elle, de croire en la magie, est très fort et la mémoire lui revient. On apprécie aussi l’émotion qui saisit Regina quand elle s’entend appeler « maman ». Signe du profond attachement du jeune garçon envers celle qu’il n’appelait pas ainsi en saison 1. Deux solutions, deux résolutions ? Que nenni ! C’est mal connaître Zéléna ! Si la première apparition de la sorcière en début d’épisode n’avait qu’un pur intérêt « documentaire », son retour à cet instant durcit l’épisode et relance la tension. Rebecca Mader joue sur deux registres. A Storybrooke, Zéléna est folle de colère (notamment envers Crochet qui prend cher des deux côtés) et de rage quand elle se fait contrer par Emma sur son propre terrain ! Quant à la malédiction, elle n’était pas rompue avec la fin de l’amnésie d’Henry : c’est un baiser de véritable amour qui la brise une nouvelle fois et c’est à Regina qu’il appartient de le donner. C’est une idée brillante et une façon digne et élégante de boucler la boucle et de montrer tout le chemin parcouru. Dans le passé, Zéléna s’est montré plus classiquement ironique et elle est persuadée d’avoir fait échec au plan de ses ennemis : qu’ils lancent leur « sort noir », ils seront amnésiques et ne représenteront plus un danger pour elle ! Son ironie grinçante fait très mal à entendre et la superbe déployée illustre le sentiment de supériorité qui domine la sorcière. Et ce triomphe anticipé lui fait commettre une erreur. Pour lancer le « sort noir », il faut le cœur de la personne que l’on aime le plus au monde n’est-ce-pas ? Charment se sacrifie et le passage est très fort, très émouvant, bouleversant. A l’amour que se portent les héros répond la pudeur de la Reine dont le silence et le dos tourné témoignent de la douleur qui l’étreint et révèle l’attachement qu’elle a noué envers ceux qui causèrent autrefois sa perte. « Ce n’est pas un adieu » a dit le prince dont le regard confiant n’est pas loin de donner les larmes aux yeux. Zéléna croit triompher mais Blanche trouve la parade et nous gratifie à nouveau d’un moment splendide. Ginnifer Goodwin se montre impériale dans tout ce passage et le duo qu’elle anime avec Lana Parrilla est certainement un des passages les plus forts de la saison. Dommage de ne pas finir sur ce registre émouvant ou simplement attendrissant à Storybrooke même si nous avons la réponse à la question de qui a voulu prévenir Emma. Anecdotes :
20. NOUS NE SOMMES PLUS AU KANSAS Scénario : Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez Réalisation : Gwyneth Horder-Payton Résumé : Dans le passé, Zéléna est accueillie au pays d’Oz. A Storybrooke, elle s’apprête à lancer son sortilège. Critique : Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez sont probablement parmi les scénaristes les plus doués et les plus réguliers de la série. Le premier sait créer des atmosphères et la seconde joue comme personne des temps forts. D’entrée de jeu, nous sommes prévenus : ce sera tempo élevé. Mary Margareth s’apprête à accoucher et Rumpelstilskin a fini de filer sa folie. Tout est en place pour l’apothéose de Zéléna. Pourtant, tout aurait pu être pu différent. En Oz, Zéléna est accueillie par Glinda qui lui fait une proposition généreuse : devenir la quatrième sorcière du pays d’Oz, celle qui règne sur l’Ouest et symbolise l’innocence (là, on se pince un peu !). Dans un décor de bon goût, et qui contraste avec le vert et jaune un peu tape-à-l’œil de l’antre du Magicien, il y a une atmosphère d’apaisement. Si les sorcières du Nord et de l’Est font (jolies) tapisserie(s), Sunny Mabrey et Rebecca Mader se suffisent à elle-même. Si la première joue la douceur, l’actrice montre bien qu’elle n’est pas naïve et qu’elle sait à qui elle offre un fauteuil. Quant à Rebecca, elle joue plutôt bien sur la corde du trouble de Zéléna. Personne n’avait eu de gentillesse pour elle auparavant, elle ne sait pas ce que c’est et se trouver confronté à l’honnêteté la désarçonne. Pourtant, elle acceptera. En signe de son nouveau statut, elle reçoit un pendentif et il est blanc. Pourtant, le spectateur ne peut pas croire à ce monde idyllique, non pas qu’il ne soit pas crédible ou que le scénario pèche par insuffisance mais justement par ce que le scénario a posé que Zéléna préparait son sort. Bien sûr, depuis le début, nous savons qu’elle est mauvaise et qu’elle a un plan diabolique mais, ici, c’est plus radical car ce qui est survenu et ce qui aurait pu survenir se trouve confronté quasiment à chaque plan. Gwyneth Horder-Payton sait parfaitement orchestrer le rythme que requiert ce scénario trépidant (on appréciera particulièrement comment elle fait valdinguer ses personnages dans les airs) qui monte en puissance tout du long. Pas étonnant chez quelqu’un qui a mis en boîte quelques épisodes des Experts : Miami. A Storybrooke, la sorcière contraint le Ténébreux à creuser une sorte de cercle magique. Bien qu’il soit sous sa coupe, ce dernier ne retient plus sa haine et sa colère froide est inquiétante. Robert Carlyle joue sobrement et il a bien raison car ses sifflements font bien plus peur et Rebecca Mader a bien saisi que son personnage a bien compris qu’elle ne joue pas avec un chaton mais avec un tigre qui n’attend qu’une occasion pour la tuer. Froideur et hostilité sont aussi les maîtres mots qui caractérisent les rapports d’Emma et de Crochet. Lequel ne se démonte pas et la confronte à ses contradictions. L’épisode n’ira pas plus loin entre eux car Zéléna survient et triomphe d’eux avec facilité, et Rumpelstilskin aussi. Jennifer Morrison est convaincante en son Emma altière car, si cette dernière bat froid au capitaine ténébreux, c’est aussi pour ce qu’il représente. Colin O’Donoghue est lui aussi impeccable. Un peu d’humour dans la gestuelle n’empêche pas la profondeur dans les mots et l’acteur est irréprochable dans ces deux registres complémentaires. Pourtant, il ne s’en est fallu que d’une autre tornade pour sceller le destin de deux mondes : la tornade qui amène Dorothy au pays d’Oz. Le titre français est ici bien plus percutant que le titre original d’une simplicité équivoque et assez fade. Dorothy pourrait contester à Zéléna la place qu’elle occupe et cette simple idée est insupportable à la sorcière de l’Ouest qui reverdit, rongée par la jalousie. Selon Rebecca Mader, Zéléna veut être quelqu’un de bien mais elle a trop souffert de son abandon. Dès l’arrivée de la fillette (un peu crispante), comment ne pas voir le bref mais saisissant regard à la fois noir mais aussi trouble que Zéléna jette à celle-ci. Non seulement les yeux de Rebecca Mader sont une merveille mais ils sont expressifs à souhait et montrent mieux que des discours la pensée profonde de la sorcière. L’affrontement entre la sorcière et Dorothy est bref mais intense, les hurlements de la première sont particulièrement crédibles ! Pourtant, Zéléna ne réussira pas plus à Storybrooke qu’elle n’a pu le faire en Oz. Incapable de vouloir le Bien, elle échoue à faire le Mal. Si le combat ne concerne en fait que les deux sœurs, les scénaristes n’ont pas oublié que c’est toute une communauté qui fait bloc pour sa survie. Comme en saison 1, la vie d’un bébé est en jeu et comme en saison 1, c’est Henry qui est déterminant pour vaincre les forces obscures. Tout nous a montré la faiblesse intrinsèque de Zéléna. Incapable d’évoluer, elle ne peut qu’échouer face à celle qui a su le faire. L’immobilisme est mortifère. « Le changement est réalité » écrivait déjà Sir Henry Rider Haggar dans Elle, ou la source de feu (She). Le sourire de triomphe qu’arbore Lana Parrilla montre la satisfaction sincère et profonde de la Reine qui recueille les fruits de ses efforts et se paye même le luxe de faire la morale à son ancien maître : « Les héros ne sont pas des assassins ». Il faut mériter sa fin heureuse, dira Robert Carlyle dans les bonus. Sans conteste, la Reine a gagné la sienne. La sœur cadette veut offrir une seconde chance à son aînée qui dissimule mal un chagrin amer mais elle n’en aura pas l’occasion. Pourtant, l’épisode s’acheminait vers une fin heureuse. Une demande en mariage, une famille réunie et agrandie, le sourire qui revient sur les lèvres d’Emma mais c’était oublier la plume acérée de Kalinda Vasquez dont on sent l’empreinte sur ce twist ravageur qui clôt de façon cataclysmique ce petit moment de paradis terrestre ! Anecdotes :
21. L'EFFET PAPILLON Scénario : David H. Goodman et Robert Hull Réalisation : Ron Underwood Résumé : Projetés dans le passé, Crochet et Emma dérèglent celui-ci et doivent réparer leur erreur. Critique : Centré sur le couple Crochet/Emma, cet épisode ne manque pas de qualité mais, trop bavard, il ne convainc pas tout à fait. Tout le démarrage à Storybrooke (les dix premières minutes environ) est lent, verbeux même si le choix d’Emma de repartir crée un malaise. On peut compter sur Crochet pour gaffer ! L’épisode clôt l’arc Zéléna et lance le final en deux parties, comme la saison précédente. Ici, la mort de la sorcière a causé l’ouverture de la porte spatio-temporelle et, comme de bien entendu, certains s’approchent trop près : Emma et Crochet. Ils avaient une bonne excuse : le second essayait de garder la première à Storybrooke. L’explication d’Emma est très touchante. Tant Jennifer Morrison que Colin O’Donoghue sont irréprochables dans l’émotion. Le voyage dans le temps est un poncif de la science-fiction et, jusqu’à présent, l’adjonction de cette dernière dans l’univers fantastique a été un désastre. Ici, cependant, la science n’est pas convoquée : c’est la magie qui crée le passage et rend possible le voyage. Un simple détail peut tout changer et on ne contrôle jamais tout. Si l’avertissement répété qu’il ne faut rien toucher agace tant on sait que, justement, le moteur de l’action va être une perturbation du passé, il reste confiné à quelques instants heureusement. En pleine forme, le duo essaye de passer inaperçu en prenant une tenue locale (« Je m’en remettrai » réplique le pirate à la remarque d’Emma comme quoi le corset de la robe lui compresse les côtes…ce qui a un autre effet !) mais un simple détail change le cours de l’histoire : Charmant et Blanche ne se sont pas rencontrés ! Les scénaristes manient avec brio ce passage en alternant le léger et le grave. Si la musique n’a rien de saisissant, le réalisateur est plus concerné que le début de l’épisode qui passe les plats. Quand on a un problème dans le monde magique, on va voir Rumpelstilskin ! Lequel veut tuer Crochet mais Emma trouve les mots pour obtenir l’aide du magicien. Charmant sera à la fête (façon de parler !) donné par le roi Midas pour les fiançailles de sa fille Abigaïl avec celui qui est encore le fils du roi George. Pour y faire venir Blanche-Neige, le capitaine Crochet va simplement…jouer son propre rôle et prendre la place de son double ! On tient là le meilleur passage de l’épisode ! C’est drôle, enlevé, plein d’allant et avec le brin de tension qui va avec, surtout quand Emma trouve la solution pour « distraire » l’autre Crochet ! Rumpelstilskin leur permettra d’entrer au bal (on est plié quand Emma annonce leurs fausses identités ! Dans la comédie, Jennifer Morrison se défend très bien) et l’épisode prend le temps de poser ses personnages avec le passage où le pirate repenti danse la valse avec la princesse roturière. C’est à la fois plaisant et tendre. Si les sentiments de Crochet pour la Sauveuse sont une évidence depuis longtemps (et il est le premier à le reconnaître), il est permis de penser qu’Emma apprécie la compagnie de Killian. Elle s’amuse à le taquiner à l’auberge et se montre attentive au bal. Malheureusement, ce joli moment est brisé par l’échec de leur plan (le moment est néanmoins très tonique par les différents duels ou bagarres) et, surtout, par l’arrestation d’Emma par les gardes de la Reine. Anecdotes :
22. ON N'EST JAMAIS AUSSI BIEN QUE CHEZ SOI Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Emma et Crochet se démènent pour sauver le futur et rentrer à la maison. Critique : Digne suite du précédent épisode, celui-ci continue sur un bon rythme mêlant action, humour, émotion et introspection. Dans l’épisode précédent, Emma a été jeté au cachot et elle a la surprise d’y retrouver la villageoise qu’elle aurait voulu sauver la veille. N’écoutant que son bon cœur, la Sauveuse parvient à s’évader avec elle. Auparavant, elles ont toutes deux parlé de la douleur de perdre leurs proches. Ce dialogue touchant est le pendant d’une discussion toute aussi intéressante entre le prince « charmant » et Crochet qui font équipe, avec Blanche-Neige et Scarlett (c’est la première et unique fois depuis que Meghan Ory est revenue qu’elle a un vrai rôle ; l’actrice retrouve son personnage mais demeure assez éloignée de ce qu’elle avait pu donner la saison précédente). Chez les hommes, on parle de déception vis-à-vis de l’amour. C’est plus léger chez eux que chez ces dames. Tant mieux si le spectateur a apprécié ces instants de légèreté car il va en avoir besoin. Voulant se venger, Blanche-Neige s’est introduit dans le château pour tuer la Reine mais, comme le proclame la souveraine, la magie noire c’est son domaine et la confrontation tourne à la confusion de la princesse déchue. Non seulement Lana Parrilla jouit d’une garde-robe d’une rare élégance mais l’actrice fait magnifiquement ressortir toute la morgue superbe de la Reine vis-à-vis d’une rivale. Le plus dur est à venir car, pour une fois, le vainqueur ne tarde pas à exécuter le vaincu. Toute la scène est ainsi vue depuis le perchoir où le quatuor a pris place : ils sont ainsi aux premières loges pour assister à la crémation de Blanche-Neige sur un bûcher que la Reine ne fait un devoir, et un plaisir si l’on en croit son visage, d’allumer elle-même ! La musique est bien plus présente dans cet opus et elle souligne avec force la douleur qui étreint les évadés impuissants. La douleur est ce qui terrasse Emma – et on ne soulignera jamais assez la conviction qu’imprime Jennifer Morrison qui est impeccable toute du long – mais quand on est au plus mal, c’est quand même que l’on est vivant. Or, qu’est-il censé se passer si sa mère meurt avant de la mettre au monde ? Jolie astuce de la part des scénaristes pour sauver Blanche-Neige ! Ce qui est très fort aussi c’est l’étreinte d’Emma sur Blanche qui n’y comprend rien. A peine cette demi déception (mais aux conséquences plus sérieuses qu’on n’aurait pu le croire) digérée que l’action repart : Blanche est en danger. Elle est partie au pont des trolls et Charmant, dont le rapprochement avec la voleuse est nettement amorcé, court la sauver. Le tandem de scénaristes nous régale avec un peu d’humour (grâce à Crochet ; Colin O’Donoghue est en grande forme aussi à l’aise dans la légèreté que la gravité ; son duo avec Jennifer Morrison a fait des étincelles dans le passé. Les deux acteurs sont également parvenus à accompagner la « normalisation » et le progressif adoucissement – pour rester poli – de leurs personnages), d’émotion (encore grâce à lui avec cette belle phrase aussi paradoxale que poétique : « il n’est pas donné à tout le monde de voir ses parents tomber amoureux ») et d’action (bataille contre les trolls). Dans toute bonne histoire, il faut un rebondissement et le voici : Rumpelstilskin ne peut pas ouvrir la porte spatio-temporelle. Seuls ceux qui l’ont fait peuvent le refaire. Comme cette situation ne lui plaît pas, il emprisonne le couple (et l’inconnue qu’Emma a sauvée et qu’elle veut ramener avec eux pour lui sauver la vie) dans la pièce où il garde la magie la plus étrange. Saluons pour le coup la qualité des effets spéciaux : la pièce est immense, aux couleurs grises et argent obscur. Seule la magie peut les sauver mais Emma n’a plus ses pouvoirs. Crochet n’en croit rien et c’est une superbe tirade que le pirate assène à la Sauveuse. Et Emma admet qu’il a raison : elle veut rentrer chez elle et, chez elle, c’est à Storybrooke. Toute la scène des « aveux » est bouleversante et Jennifer Morrison nous prend aux tripes. L’actrice aura une autre scène très forte face à Robert Carlyle, peut-être même plus forte. Depuis le début de la série, Jennifer Morrison n’a jamais été meilleure. Tout est bien qui finit bien. La famille est réunie, un mariage se déroule au clair de la lune et le petit prince de Storybrooke est officiellement présenté à ses sujets. Sur une musique romantique, Crochet et Emma parachèvent leur rapprochement après que le pirate ait révélé son secret ; la plus belle preuve d’amour qu’il pouvait donner et Emma ne s’y trompe pas qui récompense comme il se doit son nouveau héros. Mais, nous sommes dans Once upon a time et non dans un conte de fée. Si l’Enfer est pavé de bonnes intentions, il a une succursale à Storybrooke. Dans une double détente, les scénaristes font exploser le bonheur qui paraissait devoir advenir pour un final glaçant. Anecdotes :
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Saison 2 1. Le retour de la magie (Broken) 3. Lancelot (Lady of the Lake) 4. Le Crocodile (The Crocodile) 7. L’enfant de la Lune (Child of the Moon) 8. Le charme du sommeil (Into the deep) 9. La Reine de Cœur (Queen of Hearts) 15. Un poison nommé Cora (The Queen is dead) 16. La fille du meunier (The Miller’s daughter) 17. Bienvenue à Storybrooke (Welcome to Storybrooke) 18. Sincère, altruiste et courageux (Selfless, brave and true) 20. La méchante Reine (The evil Queen) 21. Deuxième étoile à droite… (Second Star to the right…) 22. …Et tout droit jusqu’au matin (…And Straight on ‘Til Morning) La malédiction rompue, que pouvait raconter la série ? Cette question ne recevra pas de bonnes réponses. En effet, loin de proposer une ligne directrice ferme, cette saison va multiplier les arcs narratifs même si deux moments forts peuvent être identifiés en début et à la fin. Entre deux, de bonnes histoires voisinent avec des trous d’air sidérants. Très inégale donc cette deuxième saison se sauve grâce au maintien de ses points forts. Quand les histoires sont bien écrites et bien reliées à l’histoire générale de la série, elles sont souvent excellentes. L’interprétation reste également une valeur sûre. Les acteurs connaissent leurs personnages par cœur et savent accompagner leur évolution avec talent et conviction. Les nouveaux arrivants sont aussi globalement bons avec une préférence pour certain(e)s méchant(e)s vraiment exceptionnel(le)s. Le final se révèlera en outre meilleur et plus fort que celui de la saison précédente car, plus encore que celui-ci, il se projette, et nous projette avec lui, dans la saison suivante. Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : La malédiction rompue, les habitants de Storybrooke ne peuvent rentrer chez eux. Pendant ce temps, au pays magique, un prince réveille une belle endormie. Critique : Storybrooke est mort ! Vive Storybrooke ! La malédiction rompue dans le dernier épisode, pourquoi les habitants sont-ils toujours là ? La réponse sera aussi simple que glaciale. Ne boudons pas notre plaisir car le réveil des personnages est un beau moment, très émouvant et très bien accompagné par une musique tendre. Pourtant, l’épisode n’a pas commencé à Storybrooke et ce contre-pied par rapport aux attentes du spectateur s’avère très riche et bien exploité par le tandem de scénaristes-créateurs. Comme pour la saison 1, nous avons deux segments : l’un à Storybrooke et l’autre dans le monde magique dont on apprend la survivance. Dans le monde magique, le prince Philippe, accompagné d’un soldat masqué (qui se révélera être une femme, Mulan) réveille la princesse Aurore. Celle-ci porte une robe somptueuse : les modistes fous de la saison 1 auraient-ils été touchés par la grâce ? Le décor est plutôt surprenant. La chevauchée copie celle de Charmant mais au lieu de la forêt, c’est un désert au milieu duquel émerge un palais à l’architecture étrange, comme échappé des Mille et une nuits. Le décalage est déstabilisant. Par contre, les effets spéciaux sont toujours aussi inégaux. Le scénario a lui l’habileté de ne pas s’attarder sur ce passage (supposant que chacun connaît le conte d’origine) pour engager la suite. Une suite dont on devine entre les lignes qu’elle ne sera pas de tout repos. A Storybrooke, Emma sauve la Reine d’un lynchage révolutionnaire. Son argument face à un Whale fielleux (David Anders paraît meilleur à jouer sur le côté sombre de son personnage dont on ignore encore la véritable identité) est savoureux et bien dans sa mentalité ! Quant à Sa Majesté, elle ne manque pas de panache ni de courage. Storybrooke va aussi nous offrir un autre très beau moment d’émotion : la réunion de la – c’est étrange de le dire mais c’est vrai – « famille royale ». Jennifer Morrison se montre impeccable. Emma ne fait pas montre de grandes effusions mais, comme elle l’explique avec amertume, elle est restée seule pendant 28 ans et ça ne s’oublie pas d’un coup de baguette magique. La magie, justement, est arrivée à Storybrooke et qui dit magie dit Rumpelstilskin. C’est bien le maître magicien qui est à la manœuvre. Sa confrontation avec la souveraine déchue est un moment fort et il est, de plus, remarquablement filmé. Sous-exploitée lors de la saison 1, la contre-plongée confère une tension dramatique supplémentaire à ce nouvel épisode du duel entre ces deux magiciens. Duel qui va avoir une issue fâcheuse mais qui va lancer véritablement la saison. Cet épisode est en fait la véritable conclusion de la saison 1. Robert Carlyle est déjà parfaitement affûté : tour à tour tout miel avec Belle et donnant une vraie crédibilité à la romance entre les deux personnages (Émilie de Ravin n’est pas en reste), il se fait froid et coupant face à la Reine et doucereux face à Emma. Le lien entre les deux segments c’est un médaillon qui va le faire. A ce moment, le spectateur comprend qu’un drame va survenir et la tension ne va plus quitter l’épisode. Un spectre a été appelé et il va attaquer Regina. L’ectoplasme n’est pas mal fait, contrairement à certains plans du monde magique qui sentent l’ordinateur à plein nez. Heureusement, le réalisateur ne s’y attarde pas trop. Il sait animer le scénario fourni. L’attaque du spectre dans la salle du conseil est un moment de grande tension et l’utilisation de la pénombre rend parfaitement une atmosphère de danger et de mort. On ne soulignera jamais assez l’implication des acteurs. Sans eux, cette scène serait tombée dans les profondeurs du nanardland. Mais, si le spectre est finalement vaincu, la bataille a fait des victimes. Pour s’en débarrasser, Regina a dû ouvrir un portail – elle reçoit une aide qui la stupéfie ; la scène est brève mais importante pour la suite – et, depuis Lovecraft, on sait combien c’est dangereux. Deux personnages vont être emportés par le maelström – filmé en contre-plongée, il est plus impressionnant et les effets spéciaux sont acceptables. La fin de l’épisode passe de la fureur à la tristesse. En outre, la révélation que reçoit Aurore pose des questions graves et ouvre des perspectives qui sont autant d’aventures périlleuses. Anecdotes :
Scénario : Jane Espenson Réalisation : Dean White Résumé : Charmant essaye de savoir où sont Emma et Mary-Margareth. Dans le monde magique, Regina refuse la vie qui s’offre à elle. Critique : Le titre français est excellent : au sens propre comme au figuré, prisonnier est la condition de tous les personnages. Pour commencer, il n’est pas possible de quitter Storybrooke sous peine de perdre son identité ou plus exactement l’identité que vous avait conféré la malédiction devient votre « véritable » identité ! La population est au bord de la panique et Charmant gagne ses galons – ou plutôt sa couronne – en prenant le commandement mais avec l’onction populaire. Son discours est très convainquant et Josh Dallas monte en charisme. Le côté « cocasse » c’est que la prison que constitue Storybrooke devient un lieu de vie. La monarchie est remplacée par une République avec le Prince Charmant à sa tête. Le segment storybrookien est le meilleur de cet épisode. Il comporte plusieurs sous-histoires : celui de Charmant essayant de retrouver sa femme et sa fille et celui de la Reine cherchant à retrouver ses pouvoirs. Cette quête a un côté désespéré surtout quand on sait pourquoi elle s’y lance. Pour cela, elle a besoin d’un grimoire et on se doute bien où elle le trouve. Redevenue celle qu’elle était, elle obtient ce qu’elle voulait : Henry. Mais c’est parce qu’il le veut et le discours qu’il lui tiendra rendra la justification de Sa Majesté pathétique. La magie asservit, corrompt, celui qui s’en sert si l’on décrypte l’opinion qu’en a le jeune garçon. Un thème récurrent. Une opinion que ne partage pas Cora. Eh ! Oui ! Cet épisode signe le retour de la mère de Regina et Barbara Hershey lui prête toujours sa forte personnalité. Si la « jeunesse » de Regina tient toujours en une tresse inélégante, le jeu impeccable de Lana Parrilla y supplée très bien. On ouvre grand les yeux devant cette femme tremblante, hésitante, qui refuse sa future condition de reine, qui rejette le modèle maternel mais qui est tenaillé par un désir de liberté qui va la pousser à la faute. C’est la magie qui a fait de Cora une sorcière et elle a eu un maître. Cora veut le pouvoir qui est la liberté. Donc par syllogisme, la magie c’est la liberté. Forte de cette idée, Regina appelle le maître magicien : Rumpelstilskin bien sûr ! Un Rumpelstilskin qui est très étonné par la fraîcheur – pour ne pas dire la naïveté – de la fille de Cora. Mais il lui trouve assez de potentiel (sinon la série était bien finie !) pour lui donner un moyen magique de se débarrasser de sa mère. C’est la première rencontre entre ceux qui vont devenir rivaux et indissociables. Notons au passage que la tenue de Regina n’est pas désagréable même si sa robe a un côté vertugadin. Par contre, l’architecture du château n’est vraiment pas une réussite. Heureusement, le réalisateur passe vite dessus. Une réalisation globalement pas très inspirée, pas très animée. Dean White – qui a fait et fera mieux - aligne les scènes comme un serveur passe les plats. Seule éclaircie : les extérieurs à Storybrooke quand le monde magique se résume largement à des scènes en studio. Charmant trouve un chapeau, celui du Chapelier fou, et il va retrouver ce dernier ; Jefferson pour l’état-civil. Celui-ci affirme qu’il ne peut pas aider le Prince mais il prend soudain la fuite ; ce qui laisse penser qu’il sait quelque chose. Par exemple, que la forêt enchantée existe toujours. La Reine finira par l’avouer à Charmant mais elle ne sait pas comment s’y rendre. Elle rend aussi sa liberté à Henry : « Je ne suis pas très doué pour aimer » confie-t-elle. Lana Parrilla est émouvante ; elle donne une grande force à son discours. Magicienne démoniaque, elle est aussi mère aimante. Cette femme a de l’amour à donner. Qui le verra ? Elle a aussi un sens de l’humour bien à elle : dire à Charmant , le preux chevalier, qu’elle le lance dans une quête est pour le moins ironique ! Qui est-on ? Est-on ce que l’on est ou devient-on ce que l’on est ? Plus simplement, quelle part de l’innée et de l’acquis ? La question traverse cet épisode : les enfants rejettent l’exemple maternel. Mais là où Henry se montre fort, Regina cède à la tentation. Elle vend son âme pour s’acheter une liberté qui est précisément celle que lui présentait Cora. La victoire que sa fille remporte sur elle est en fait celle de la sorcière. Rumpelstilskin ne s’y trompe pas ; plus Serpent que jamais il pousse la future Reine à admettre ce qu’elle est. Il ne la tente pas comme le ferait le Diable ; il demande juste la vérité. Anecdotes :
3. LANCELOT Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg Réalisation : Milan Cheylov Résumé : Emma et Mary Margareth espèrent trouver une porte qui les ramènera à Storybrooke. Autrefois, dans le pays magique, le roi George chercha à se venger de Charmant. Critique : L’épisode s’ordonne autour du couple royal ; Charmant et Blanche-Neige/David et Mary Margareth. Ils occupent tout l’espace et le tiennent bien. L’absence de Robert Carlyle et une seule scène pour Lana Parrilla n’obèrent en rien la qualité de cet opus, très bien réalisé par ailleurs. La partie se déroulant à Storybrooke est surtout centrée sur Henry qui veut se rendre utile au point de faire une bêtise. Sans pathos exagéré, Jared S. Gilmore retrouve ses accents volontaristes de la saison précédente tout en conservant un peu de fraîcheur à son personnage. L’essentiel est ailleurs. Le segment magique se divise en deux branches : l’une dans le passé autour de la vengeance du roi George et la seconde dans le présent autour de la recherche d’une porte de sortie pour Mary Margareth et Emma. Le premier permet de revoir Alan Dale. Toujours hiératique, il compose un roi très fier, avec une aura de grandeur tragique. Il a perdu toute sa famille et il empoisonne Blanche-Neige pour qu’elle ne conçoive pas ! Sa haine cause aussi la perte de la mère de Charmant. Au cours d’une bataille où son fils a vaincu les sbires du roi (combat filmé avec dynamisme et fluidité et visiblement, Josh Dallas n’a pas recours aux doublures), elle a été blessée par une flèche empoisonnée. Accompagnée de Blanche-Neige (dont la robe est hideuse) et de Lancelot, elle ira jusqu’au lac Nostos (lien avec « Le chevalier d’or » ; les connexions vont devenir fréquentes organisant une cohérence interne qui se met juste en place) pour mourir. Non sans avoir vu le mariage de nos héros. Ce passage, s’il n’évite pas un ou deux clichés, dégage une vraie émotion. Le mariage est mignon comme un cœur. Le décès, filmé avec douceur, est très émouvant. Pas de grande démonstration façon pleureuses antiques, juste la douleur d’un fils perdant sa mère. Josh Dallas est impeccable et il nous touche profondément. Le second est mené à un bon rythme. Milan Cheylov a bien compris que ses « Drôles de Dames » ne sont pas des grands-mères qui vont attendre qu’une solution leur tombe dans le bec. Nous avions laissé Emma et Mary Margareth dans un cachot, capturées par Mulan. Elles en sortent pour découvrir que le chef du petit groupe est Lancelot, ancien général du roi George, devenu un ami de Blanche-Neige. Le village est, semble-t-il, tout ce qui reste du monde magique. Pour une raison inconnue, certains ont échappé à la malédiction. Nous découvrons le village des réfugiés qui ressemblent à n’importe quel autre dans un univers d’héroïc-fantasy mais, là encore heureusement, on en vient vite à l’essentiel. La mère et la fille peuvent repartir accompagnées de Mulan. Jamie Chung a l’occasion d’étoffer son personnage mais n’y parvient pas totalement. Elle porte l’armure avec aisance mais reste en deçà. Sarah Bolger joue correctement mais sa princesse Aurore ne sert à rien et la voir essayer d’égorger Mary-Margareth n’est pas crédible. Le réalisateur en est d’ailleurs persuadé puisqu’il expédie la scène en trois secondes. Ce segment a un immense intérêt pour la relation mère/fille. C’est la première fois qu’elles partagent quelque chose et elles ont des choses à se dire. Lorsqu’elles trouvent ce qui aurait dû être la chambre d’Emma, une atmosphère de mélancolie parcourt toute la scène. Tournée en nocturne, elle invite à la confidence. Ici, pas de grands mots mais de simples paroles qui en disent plus long sur l’état d‘un cœur qu’une tirade shakespearienne. Jennifer Morrison ne se rate pas sur ce coup ; elle étale la profondeur de l’émotion qui étreint Emma. Auparavant, elle lui avait donné une allure désinvolte mais qui ne trompait pas. Emma est perdue dans ce monde qui n’est pas le sien et elle se la joue roublarde, maniant lourdement l’humour car elle refuse de se montrer faible. Ginnifer Goodwin est au diapason de sa partenaire. Fini l’institutrice nigaude, il faut la voir manier l’arc contre un ogre (plutôt bien fait et l’atmosphère nocturne confère une plus grande tension), prendre le commandement et il faut l’écouter parler. L’interprétation très juste de l’actrice souligne et rend visible ce que le premier épisode avait proclamé : elle est bel et bien redevenue Blanche-Neige. De droit elle est reine mais, comme son mari à Storybrooke, elle gagne sa couronne par ses actes.
La cohérence de ces deux segments est assurée par deux personnages. Le premier, Lancelot (Sinqua Walls), manque d’épaisseur. Chevalier valeureux, il n’a pas vraiment d’aspérité sauf dans une seule scène où il révèle comment il en est arrivé à être mercenaire pour le roi George. La révélation se raccorde à la légende arthurienne mais, à part ça, il n’a pas grand-chose à défendre. Il se borne à donner ce dont Blanche-Neige à besoin. Le second est tout autre. Il s’agit bien sûr de Cora. On comprend bien qu’elle sera le Diabolical Mastermind de cette saison. Barbara Hershey est prodigieuse de bout en bout. Toute mielleuse au départ, Cora montre son vrai visage à la toute fin. Quand elle survient brusquement, seule sa lucidité permet à Blanche-Neige d’échapper à ses griffes. Cora est plus redoutable que sa fille car elle n’a aucun scrupule. La magie a un prix qu’elle a accepté de payer depuis longtemps. Barbara Hershey la joue souriante, à la voix douce. La révélation que Cora balance est une bombe et son but fait froid dans le dos car le spectateur sait ce dont cette sorcière est capable et ce n’est pas la dernière scène qui va le rassurer. Anecdotes :
4. LE CROCODILE
Scénario : David H. Goodman et Robert Hull Réalisation : David Solomon Résumé : A Storybrooke, Belle ne supporte plus le besoin de magie de Rumpelstilskin. Dans le monde magique, Milah, épouse de Rumpelstilskin ne supporte plus sa vie avec lui. Critique : C’est quand il coécrit que David H. Goodman est décidément le meilleur. Avec Robert Hull, nouveau venu, il a concocté un épisode sans réelle action mais qui explore le passé et l’âme du maître magicien. L’épisode traite des deux femmes de la vie de Rumpelstilskin. La première est son épouse, Milah, mère de Baelfire. La première image que nous avons d’elle n’est guère à son avantage puisqu’elle boit à la taverne en compagnie de marins. Elle est pleine de rancœur d’être l’épouse du lâche du village. Nous sommes ici avant la métamorphose de Rumpelstilskin (« Le Ténébreux »). Rachel Shelley campe une femme d’une grande beauté mais que l’amertume enlaidit. La manière dont elle crache sa rancœur est écœurante. En face, son époux n’est guère plus en faveur à débiter des phrases creuses et des platitudes navrantes. Robert Carlyle entre de plein pied dans « son » épisode. Il pourra nous régaler de toute la gamme dont est fait son personnage. Il nous montre un homme tellement engoncé dans sa lâcheté, dans son égoïsme, qu’il ne comprend plus les besoins d’autrui. Milah est plus à plaindre qu’à blâmer. Un jour, elle disparaît. Elle aurait rejoint les marins de l’autre soir commandés par le capitaine Killian Jones. Belle apparition de Colin O’Donoghue d’autant que l’acteur profite de superbes extérieurs. Il faisait beau lors du tournage et le réalisateur David Solomon en profite. Comme son compère de l’écriture, il s’est amélioré lui aussi. Ses extérieurs aèrent parfaitement l’épisode et alternent avec des phases d’enfermement créant un effet dynamique qui rend l’épisode agréable à suivre. Jones humilie Rumpelstilskin, l’écrase d’une ironie de mâle dominant. Colin O’Donoghue la joue assez finement face à un Robert Carlyle qui compose une lavette. Malgré le métier de l’acteur, c’est tout à fait crédible que le jeunot fier écrase le vieux lâche. Rumpelstilskin essuie une autre perte mais à Storybrooke celle-ci. Belle ne supporte plus que son amant s’adonne à la magie et comme il est incapable de lui dire pourquoi il en a tant besoin, elle rompt avec lui d’un cinglant : « Tu n’as pas besoin de magie mais de courage ! » Émilie de Ravin est fabuleuse. Elle expose au grand jour les peines de Belle et donne force et épaisseur à son personnage. Profitons aussi du fait que les bouchers modistes ne sont pas là : la nuisette du début est d’un sexy en diable. Elle portera aussi avec élégance une robe bleue magnifique. On sera moins convaincu par sa dernière toilette qui fait vieille institutrice mais quand on sait ce par quoi on est passé dans la saison précédente, on prend. Plus tard, ne sachant si elle n’a pas disparu, Rumpelstilskin ira demander l’aide de Charmant ! On mesure la profondeur de son inquiétude et celle de ses sentiments. Il joue aussi sur les émotions qu’il partage avec le Prince au sujet de leurs bonnes amies disparues. Sincérité ou manipulation ? La grande sobriété de Robert Carlyle ne permet pas de trancher résolument mais ce qui précède invite à donner sa chance. Josh Dallas parvient à exister à côté de son glorieux aîné. La pratique d’une ironie un peu grinçante dépourvue de méchanceté (mais pas d’une certaine rancœur) rend crédible l’aide que le Prince apporte au magicien. Dans le monde magique a lieu la première et attendue confrontation du capitaine et du Ténébreux. Si le décor numérique est particulièrement voyant et affreux, l’utilisation du clair-obscur (une des forces de la série) fait passer ce moment d’autant que notre attention est focalisée sur ce duel feutré mais lourd de menaces. Les acteurs ont parfaitement saisi le contexte. Robert Carlyle donne dans l’exubérance dangereuse face au sang-froid de Colin O’Donoghue. Ce dernier remporte quelque part le duel car Jones n’a aucun artifice à sa disposition, ne peut user que de sa langue et de son épée et vend chèrement sa peau. C’est ici qu’il afflige son rival du surnom de « crocodile » parce qu’il rampe dans l’obscurité. A Storybrooke, Belle court un grand danger. Son père veut la faire sortir de la ville pour qu’elle oublie qu’elle a aimé Rumpelstilskin. Éric Keenleyside, qui incarne Moe, ne donne pas assez de force au désespoir du père de Belle, incapable de comprendre que sa douce enfant ait pu tomber amoureuse de ce monstre. Le ton manque de véhémence. Pour le coup, trop de sobriété. Mais quel exemple d’amour paternel ! La série regorge décidément de parents fabuleux ! La recherche de Belle redonne aussi du temps de jeu à Meghan Ory. Promue actrice principale cette saison, elle n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent jusqu’à présent. On note avec satisfaction que la production a renoncé à la maquiller comme une voiture volée ce qui embellit très nettement l’actrice. En revanche, elle ne porte pas bien le chapeau, ce qui casse l’effet dramatique quand, avec Charmant et Rumpelstilskin, elle recherche la jeune femme en …usant de ses pouvoirs. La malédiction levée, Ruby retrouve aussi Scarlett. Perte est décidément le mot du jour. Alors que Rumpelstilskin va terrasser Killian, Milah surgit et avoue qu’elle aime le pirate ! L’attitude de son ancien époux est effrayante. Sifflant sa haine et exsudant la colère et la cruauté, il ne se laisse « attendrir » que par la perspective d’un marché. L’épisode introduit un élément qui sera capital à l’avenir : un haricot magique qui permet de voyager entre les mondes. La transaction doit se faire sur le bateau du capitaine. A nouveau, le spectateur profite des extérieurs et d’un navire magnifique et bien réel. Si Rachel Shelley en fait un peu trop, Colin O’Donoghue et Robert Carlyle sont à nouveau magistraux. De cette grande confrontation va naître une haine implacable. A la cruauté, Rumpelstilskin ajoute l’humiliation : il tranche la main du capitaine mais le laisse vivre pour qu’il souffre. Ainsi naît le capitaine Crochet. L’épisode annonce une future confrontation et on en salive d’avance. Perte de Belle aussi. La magie sauve la jeune femme mais ne la fera pas changer d’avis. La scène dans la mine a un petit côté space mountain de Parc Disney mais sa brièveté est une bonne chose. Émilie de Ravin a un nouveau moment pour briller et elle le saisit : Belle est une femme indépendante et elle rejette tant son père que son amant qui, ni l’un ni l’autre n’ont su la comprendre. Perte mais pas fracas. Rumpelstilskin avoue finalement sa lâcheté et pourquoi il pratique la magie, à Belle dans la bibliothèque où elle travaillera désormais. On comprend qu’on ne nous ait pas encore montré cette dernière : elle n’a aucun cachet et le décor est sans âme. On attendait mieux d’une bibliothèque qui aurait pu receler des trésors venus du monde magique ; ce qui aurait justifié que Regina l’ait condamné. Là, on ne sait pas pourquoi elle était fermée mais on se dit que Storybrooke devait vraiment être une ville trépidante ! Rumpelstilskin a la plus belle phrase de l’épisode : « La magie est une sorte de béquille sans laquelle je ne sais pas marcher ». La magie a toujours un prix entend-on régulièrement dans la série. Ici, la solitude. Anecdotes :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Paul Edwards Résumé : A Storybrooke, Regina est confrontée à son passé. Dans le monde magique, son apprentissage de la magie n’est pas concluant. Critique : Après un démarrage excellent, la série trébuche. Certes, avoir 22 épisodes de haut niveau eut été compliqué mais est-ce étonnant d’être peu intéressant quand on mitonne une potion avec des ingrédients aussi disparates que la science-fiction et le fantastique ? Les auteurs ont du talent et l’épisode ne manque pas de bons moments mais il est indigeste et inégal. La science-fiction dans Once upon a time c’est comme le fantastique dans Chapeau melon : un élément hétérogène. Par ailleurs, la série retombe dans un travers de la saison 1, à savoir l’épisode catalogue même si Kitsis et Horowitz ont assez de métier pour l’inclure plus ou moins dans la mythologie. Dernier souci, le choix des invités. Certes, c’était obligé puisqu’ils étaient là dans la précédente saison mais on savait qu’ils ne pesaient pas assez. Ça se confirme ici. L’épisode est également déséquilibré entre deux segments dans le monde magique et un seul à Storybrooke. Éliminons d’emblée le second : les quatre filles se promènent dans le monde magique et rencontrent le capitaine Crochet qui devra faire équipe avec elles. Beaucoup de parlotes pour pas grand-chose. Personne ne force son talent et le spectateur s’ennuie, attendant avec impatience qu’on passe à la scène suivante. Dans le passé, nous voyons Regina – on pourrait dire la Reine aussi mais le personnage n’a pas encore toutes les caractéristiques de la souveraine – peiner dans son apprentissage de la magie. La voir timorée, hésitante est stupéfiant. Lana Parrilla, en sous-emploi jusque-là, est de retour et elle va nous régaler même si cette partie est moins convaincante. Certes, la leçon est en extérieur. Il fait beau et la tenue de cavalière va à ravir à Sa Majesté. Mais elle a toujours sa tresse agaçante et il faut bien avouer qu’en enfant de chœur Lana Parrilla peine à convaincre. Rumpelstilskin est agacé lui aussi et, après lui avoir assené quelques aphorismes bien sentis (« La magie c’est le pouvoir. Si tu refuses le pouvoir, tu n’as rien à t’apprendre »), il la congédie. C’est alors que Jefferson survient de manière surprenante. Les scénaristes nous parlent certes d’un marchandage mais c’est le moment qui est inapproprié. Comment croire que Rumpelstilskin aurait laissé sa porte ouverte alors qu’il était occupé à donner un cours qu’on devine ne pas convenir à tout le monde ? Et comme par hasard, Jefferson a la solution au problème de Regina. Laquelle ne parvient pas à faire le deuil de Daniel qu’elle souhaite voir revenir d’entre les morts. C’est le seul lien entre le segment magique et Storybrooke et c’est assez téléphoné. Par contre, Lana Parrilla incarne une Reine déchue touchante, bouleversante. Quand elle vient confesser à Archie qu’elle n’a pas pratiqué la magie depuis deux jours, on dirait une droguée en phase de sevrage ! On pouvait se demander comment la Reine vivrait la chute de sa royauté. C’est un sans-faute et cette nostalgie pour son passé « pré-maléfique » est aussi logique que bien amené et bien interprété. Par contre, on pressent la catastrophe quand elle dit avoir amené le corps de Daniel dans ce monde. Connexion entre les mondes et les temporalités : Jefferson présente « le Docteur » à Regina. Nous ne saurons qu’à la toute fin son identité mais la découvrir avant est un jeu d’enfant. Du coup, il n’y a aucun suspense et il faut que Lana Parrilla se démène pour que l’on croit à son histoire. David Anders n’était déjà pas vraiment convainquant en Whale mais « le Docteur » en rajoute une couche avec une tenue à la mode prussienne absolument hideuse. Dommage car l’éclairage de la scène en semi-obscur est très bien fait et le petite musique qui joue en sourdine est délicieusement décalée par rapport à l’action dramatique censée se jouer sous nos yeux. Sauf que le spectateur regarde sa montre et soupire. Même la condition mise par le Doc pour réussir son œuvre nous arrache à peine un sourire tellement c’était prévisible. Le sérieux avec lequel David Anders débite ses répliques est sans doute le moment comique de l’épisode. A Storybrooke, l’action se précipite. Paul Edwards, qu’on a connu plus inspiré, se réveille et nous projette dans une scène échappée d’un film d’horreur avec cet hôpital dévasté et cette lumière crue intermittente. Whale a réussi, dit-il à Regina mais « c’est un monstre ». Sans rire ? C’eut été Blanche-Neige qu’on aurait été étonné. Heureusement, Lana Parrilla, encore une fois, et bien épaulée par Josh Dallas, nous raccroche. Elle a vu Daniel à Storybrooke ! Nous ne sommes pas étonnés mais l’actrice nous donne une telle composition d’une femme bouleversée que nous sommes de tout cœur avec elle. Voir la Reine dans cet état montre la richesse de ce personnage. Ce n’est pas un monstre mais un être humain blessé et à qui la magie a offert une maigre compensation. Qu’est-ce qu’un monstre d’ailleurs sinon un être inadapté au monde dans lequel il se trouve ? C’est précisément la condition de Daniel qui surgit aux écuries et manque de faire du mal à Henry qui se trouvait là…justement pour servir de proie. Les scénaristes n’ont pas fait preuve d’une subtilité exagérée sur ce coup-là. Par contre, que Charmant veuille recourir à la force et que la Reine le supplie de n’en rien faire, ça c’est excellent. On apprécie aussi la musique qui, douce tout d’abord, devient brusquement menaçante. Dommage que Daniel soit incarné par Noah Bean. En effet, l’acteur ne nous fait pas peur le moins du monde quand il surgit dans l’écurie. Il y a trop de lumière d’une part et croire que Noah Bean peut inspirer la crainte c’est vouloir faire prendre une vessie pour une lanterne. L’acteur fait ce qu’il peut et Lana Parrilla l’aide à hisser son niveau de jeu mais le drame manque d’épaisseur. Dans le monde magique, l’échec du « Docteur » amène la Reine à reprendre ses cours avec une autre détermination et le mal dans les yeux. Elle fait aussi mal aux yeux parce qu’en se rendant sur le plateau Lana Parrilla a croisé un modiste déchaîné qui l’a convaincu de porter une robe absolument détestable. Qu’on nous dise ensuite que cet échec est le résultat d’un complot entre « le Docteur » et Rumpelstilskin achève de décrédibiliser l’épisode. Qu’un être aussi intelligent et rusé ait eu besoin de cette machination de pacotille avec un hurluberlu scientiste et imbu de lui-même est proprement hallucinant ! L’histoire voulait nous montrer la confrontation de la magie et de la science mais ce procédé ne fonctionne pas car les finalités sont différentes et les deux univers ne coïncident pas. Une mauvais idée fait rarement un bon scénario et sans le talent d’Édouard Kitsis et d’Adam Horowitz, cet épisode n’aurait pas dépassé le melon unique voire le demi-melon. Pour le plaisir, citons la dernière scène qui est un condensé de clichés gothico-fantastique ; une version modernisée de la Hammer mais celle-ci nous intéresse justement par son côté surannée. Ici c’est bassement classique et pour tout dire ridicule. Anecdotes :
Scénario : Christine Boylan et Jane Espenson Réalisation : David M. Barrett Résumé : Pour trouver une boussole magique, Emma fait équipe avec Crochet. Dans l’autre monde, on découvre le passé d’Emma. Critique : Un épisode centré sur Emma mais qui ne convainc pas tout à fait, la faute à un sentimentalisme un peu pesant. L’histoire progresse peu et Storybrooke est totalement ignoré. On a l’impression d’être dans les derniers épisodes du Prisonnier qui ne se déroulent plus au Village. L’absence également de Robert Carlyle c’est toujours dommage mais celle de Lana Parrilla est vraiment dommageable. Elle, elle est déchue et nous, nous sommes déçus. Deux segments dans cet épisode : le premier dans le monde magique nous emmène en haut d’un haricot magique ; le second est situé dans le passé. Les deux scénaristes (Christine Boylan fait ses premiers pas dans la série) équilibrent à peu près les deux tableaux et soignent les protagonistes. La confrontation de la version du conte de Jack et le haricot magique que connaît Emma (qui la raconte de manière très approximative ce qui est très drôle) et la « véritable » histoire par Crochet fait débuter cet épisode par une sympathique atmosphère de comédie. Il fait beau et Colin O’Donoghue est à l’aise. Le comédien nous offre une version légère, cabotine de son personnage. Emma met littéralement en joie le pirate qui se montre tour à tour charmeur et caustique. Lorsqu’ils grimpent le long du haricot magique pour aller chercher la boussole magique qui leur permettra de retrouver leur monde, le dialogue entre les protagonistes anime ce passage et on oublie le décor (mais le haricot est plutôt bien fait) : Crochet fait preuve de lucidité vis-à-vis d’Emma. Jennifer Morrison nous la montre en repli, fuyante. Profitons aussi d’une musique héroïque très appropriée. Le passé d’Emma débute à Portland, 11 ans plus tôt. On commence par sourire devant le peu d’inventivité des scénaristes pour « rajeunir » Jennifer Morrison : lunettes et queue de cheval ! Bon, au moins, ça lui va mieux que la tresse de Regina ! En volant une voiture, elle rencontre Neal Cassidy avec qui elle va former un couple de voleurs. Petit clin d’œil ; la voiture dans laquelle ils se retrouvent est une Coccinelle ; la même qu’au tout premier épisode. Christine Boylan et Jane Espenson ont la bonne idée de passer vite sur le côté « Bonnie & Clyde » pour nous donner l’objectif des deux amoureux : vivre ensemble dans une maison à eux à…Tallahassee. La scène échappe à la naïveté par l’interprétation toute en retenue des comédiens. Michael Raymond-James, qui fait son retour après avoir ouvert la saison, se montre à la hauteur et compose un Neal très crédible en amoureux d’Emma. Laquelle n’a rien de la perruche séduite mais tout de la jeune fille qui a encore des rêves malgré une vie pas évidente. Cette scène a aussi son importance quand elle mentionne pour la première fois l’attrape-rêve. Dans le même ordre idée, lorsqu’Aurore confie à Blanche qu’elle ne parvient plus à dormir sans faire des cauchemars, on entend parler pour la première fois du « charme du sommeil ». Ce passage donne de l’épaisseur au personnage d’Aurore et, surtout, le cauchemar aura son importance plus tard et sa symétrie plus loin dans l’épisode. On apprécie tout du long l’attitude très maternelle de Blanche. Ginnifer Goodwin n’a pas grand-chose à faire dans cet épisode mais elle réussit bien ce qu’elle nous montre. Lorsque Crochet et Emma arrivent au sommet du haricot, le spectateur le moins indulgent a un petit sourire tellement le château fait décor numérique. Conscient du fait, David M. Barrett, qu’on retrouve avec plaisir et qui sait bien animer cet épisode, se recentre très vite sur les comédiens. La découverte que fait Emma sur son partenaire donne de la tension et ouvre parfaitement la séquence du géant. Par contre, et c’est une tare récurrente sur Once upon a time, les effets spéciaux sont très moyens. La musique est très bien par contre. Jorge Garcia y met du sien, on ne peut pas le lui reprocher, mais, de là à nous faire croire qu’il est un géant menaçant, il y a un monde. Par un montage habile sur le visage d’Emma, nous revoici dans son passé, à Phoenix cette fois, en Arizona. Les amoureux ont un problème : Neal a commis un vol dans cette ville et des affiches le rappellent encore. Voilà un passage qui sonne faux : le jeune homme prétend qu’il pensait l’affaire oubliée. Admettons, mais était-il nécessaire de passer par là ? En fait, ce « souci » sert juste de prétexte pour que les scénaristes séparent nos tourtereaux. L’important pour elles c’est que Neal rencontre August, le Pinocchio de la saison 1. Pour le coup, Eion Bailey a bien saisi qu’il n’était pas là pour rire et sa composition est empreinte de gravité. En face, Michael Raymond-James donne de la véracité à un Neal qui va devoir faire un choix douloureux après avoir entendu une histoire, la vraie histoire d’Emma, mais surtout, avoir vu quelque chose que le spectateur ne verra pas. Filmée dans une quasi-obscurité, à la lueur d’un lampadaire, la scène baigne dans le drame et, en effet, elle débouche sur une trahison. Trahison. Le mot convient aussi au monde magique. Emma, qui ne fait pas confiance à Crochet, va abandonner ce dernier après avoir obtenu la boussole magique. Superbe composition de Jennifer Morrison qui passe de la compassion à la dureté. Cette « face obscure » est bien plus crédible que la pantalonnade de la saison 1 avec Sidney car, ici, elle fait directement écho au passé et, également, fait le lien avec le présent. Emma ne sait pas faire confiance puisque ses parents et son amant l’ont abandonné. Plus subtilement, on peut se demander si elle n’éprouve pas une attirance pour Crochet. Le laisser au sommet du haricot serait dès lors une fuite. Anecdotes :
7. L’ENFANT DE LA LUNE Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss Réalisation : Anthony Hemingway Résumé : A Storybrooke, Ruby craint ne plus être capable de maîtriser le loup en elle. Dans le monde magique, Scarlett trouve un foyer. Critique : Bel épisode aux profondes résonances philosophiques. Centré sur Ruby/Scarlett, il permet à Meghan Ory de montrer ses talents de comédienne. Bien écrit, réalisé honnêtement, il a le problème de donner encore l’impression que la production cherche à occuper les 22 épisodes qu’on lui a alloué pour la saison. Ce n’est qu’à la marge qu’il fait avancer l’histoire. L’épisode commence par une note optimiste mais, très vite, l’inquiétude s’installe au détour d’un dialogue anecdotique entre Ruby et un jeune homme qui la courtise et qu’elle repousse avec l’aide de Belle. La jeune femme craint de n’être plus capable de maîtriser le loup qui est en elle après 28 ans sans métamorphose. Meghan Ory restitue bien la panique qui s’est emparée de Ruby, incapable de penser calmement. Inquiétude qui s’accroît lorsque Charmant retrouve le roi George qui se fait appeler Albert Spencer. Souvenez-vous : c’est le procureur qui voulait condamner Mary Margareth pour le meurtre supposée de Kathryn Nolan. Le face à face est un monument de tension et les deux acteurs se rendent coup pour coup. A la dureté du roi Alan Dale ajoute une face cruelle et menaçante. Il a tout perdu et exècre le berger qui est devenu prince. La remarque sur la vérité intérieure de Charmant est intéressante puisqu’elle sous-entend qu’on ne devient pas noble, on naît ainsi. Conception traditionnelle de la noblesse en effet mais qui oublie l’ouverture que ce corps a su pratiquer. Le roi George est un monarque d’Ancien Régime qui ne peut pas comprendre ni admettre qu’un « homme nouveau » accède à la noblesse. Dans le monde magique, Scarlett se fait voler sa cape par un loup-garou ! La confrontation entre les deux a quelque chose de sensuelle et elle le croit quand il lui dit qu’il est possible de maîtriser la bête en elle. Il la mène au repaire des loups. Le décor est très bien fait ; un salon d’aspect médiéval éclairé par des lanternes. Mais la grande affaire c’est la rencontre avec le maître des loups : elle s’appelle Anita et c’est la mère de Scarlett ! Cette révélation est un brin superflu et ne servira qu’on donner un vernis plus tragique à ce qui suivra. Annabeth Gish réussit son entrée. Non dénuée de majesté, elle dégage une aura d’autorité, à peine contrebalancée par une coiffure des plus affreuses. Elle raconte la vérité à Scarlett sur elle mais, dans Once upon a time, les vérités sont successives et ont moins d’importance que les expériences accumulées. « Connaîs toi toi-même » disait Socrate et c’est exactement ce que dit Anita. A elle la phrase du jour (cette saison est inégale sur le plan des aphorismes) : « Tu pourras dompter le loup si tu acceptes qu’il est une partie de toi ». Inutile de commenter ce passage ; il faudrait des tomes entiers ! L’acceptation de Scarlett nous vaudra une belle succession de scènes nocturnes. La photographie est impeccable et les loups numériques de bonne facture. Leur course est dynamique, souple, réelle et la musique met en relief la nature apaisée. A l’issue de cette nuit de liberté, Scarlett se souvient de tout ce qu’elle a fait. Meghan Ory rend parfaitement la joie presque enfantine de son personnage et nous fait regretter que la production n’ait pas été capable de lui donner plus à jouer. Si Scarlett est libre, ce n’est pas le cas de Ruby. Plus que jamais terrorisée, la jeune femme est en outre convaincue d’avoir commis un meurtre. Que la victime soit précisément son soupirant de la veille était prévisible. Il y a des personnages comme ça dont la seule utilité est de disparaître brusquement. Heureusement, entre Meghan Ory, prodigieuse en femme bouleversée, Beverley Elliott (qui retrouve elle aussi du temps de jeu) rassurante et Charmant déterminé, on se régale. La nouvelle confrontation entre ce dernier et le roi George nous rappelle les grandes heures de la lutte Emma/Regina. Reprenant son rôle officiel de procureur, ce dernier accuse Ruby et exige que le shérif la lui remette. Bien entendu, le Prince refuse et la menace se fait politique : si les gens n’ont plus confiance en leur prince pour les protéger, ils l’abandonneront. Le monarque déchu (Once upon a time n’est pas précisément une série monarchiste puisque les seuls princes « gentils » ne sont pas ceux qui gouvernent !) va même soulever la ville ! La révolution au service de l’ordre ancien, belle ironie et jolie façon de dissimuler sa vindicte personnelle. La morale de ce conte est qu’on n’est rien tout seul. Scarlett va choisir d’accepter sa dualité contre sa mère. Face à un amour maternel vicié, la jeune femme choisit l’amitié d’une humaine, Blanche-Neige : la seule qui ne lui jamais demandé de choisir entre le Loup et l’Homme. Belle leçon de tolérance même si le côté dramatique de la scène est un peu trop accentué par le réalisateur. La sortie d’Annabeth Gish est trop clichée pour convaincre pleinement et elle était de toute façon prévisible. La musique douce s’accorde pleinement à ce moment. Mark Isham ne commet aucune faute de goût ; il maîtrise parfaitement les airs de son royaume. Symétriquement à Blanche-Neige, c’est le Prince Charmant qui sauvera Ruby. Son « enquête » avec Granny lui a permis de découvrir la vérité sur l’assassinat : c’est bien entendu le roi George le coupable. La machination de ce dernier était très simple et ne pouvait tromper le spectateur. Ce n’était pas le but et le montage rapide sur ce passage souligne que c’est l’état d’esprit de Ruby qui est le véritable sujet. La morale était attendue mais le scénario, très habile, a permis d’éviter le côté didactique au profil d’un certain dynamisme. Le roi ne perdra pas sur tous les tableaux cependant. Sur un mode encore mineur, l’épisode développe cependant le thème du cauchemar, déjà entrevu. Henry fait des cauchemars depuis quelques temps et, un matin, il se réveille avec une brûlure. Regina, qui le veillait, fait appel à Rumpelstilskin. C’est la meilleure preuve qu’elle aime sincèrement le petit garçon ! On apprécie vraiment de voir Lana Parrilla de retour et dans un ensemble noir et blanc du plus bel effet. Dommage qu’elle soit personnellement réduite aux utilités mais par sa présence l’actrice sublime chacune des secondes que le scénario lui donne. Idem pour Robert Carlyle qui, en une scène efficace, analyse le cauchemar, l’explique et donne à Henry de quoi le maîtriser ! Moins de cinq minutes chrono. Apprécions aussi que, pour Henry, il donne le pendentif magique pour rien mais cela lui permet de se payer Regina et c’est un plaisir qu’il ne saurait manquer de s’offrir ! Anecdotes :
8. LE CHARME DU SOMMEIL Scénario : Kalinda Vasquez et Daniel T. Thomsen Réalisation : Ron Underwood Résumé : Dans le monde magique, Aurore se réveille avec un message d’Henry. Chacun comprend alors qu’ils peuvent communique à travers le monde des rêves. Critique : Un épisode d’excellente facture et qui rassure sur l’inspiration des scénaristes (les deux sont des nouveaux venus) après un passage inégal. L’idée géniale ici est de fusionner les charmes ayant endormi Blanche-Neige et la Belle au Bois Dormant ; ce qui rend plausible leur association. En outre, voilà le premier épisode où ce qui se passe dans un monde a des répercussions dans l’autre ; mieux : ils communiquent entre eux ! Pourtant le démarrage est rude entre les « Drôles de dames » car Blanche explique savoir ce qu’a vécu Aurore, c’est bien réel et qu’il s’agit du « charme du sommeil ». Elles pourront ainsi communiquer avec Henry. Outre le décor enflammé extrêmement convainquant et qui est rendu passionnant par une réalisation dynamique qui ne s’attarde pas sur les détails mais donne à voir l’essentiel tout en se resserrant ensuite sur les acteurs pour montrer que l’important c’est la délivrance du message. Ron Underwood échappe pour le coup à la marotte de ses devanciers de la saison 1 qui zoomaient chacun leur tour sur les visages. Aurore acquiert ici une réelle densité dramatique et Sarah Bolger hausse son jeu. Si elle n’a pas la force de Jennifer Morrison (plutôt en retrait ici mais qui défend ce qu’elle a à jouer) ou de Ginnifer Goodwin, elle lui confère une profondeur émotionnelle. Aurore veut aider ; chaque jour qu’elle passe est un cadeau pour elle. Quand on rencontre un obstacle lié à la magie, de qui a-ton besoin ? De Rumpelstilskin évidemment. Le grand magicien ne prendra pas sa véritable apparence ici car tout se déroulera à Storybrooke. Regina va le trouver et il l’envoie promener – sans prendre la peine de la regarder – au terme d’un échange piquant. Néanmoins, elle a donné l’information principale : l’obstacle au retour de Mary Margareth et d’Emma c’est Cora et qui a envie de voir la Sorcière débarquer à Storybrooke ? Rumpelstilskin va donc accepter d’endormir Henry. Lequel veut être un héros. Jared S. Gilmore est très convainquant avec un jeu très sobre, parfaitement adapté. L’héroïsme, ce n’est pas se vanter. Malheureusement, il ne pourra délivrer le message car Cora a envoyé une armée de zombies à la poursuite du quatuor ! La scène où elle réveille les morts qu’elle a elle-même tué baigne dans une ambiance glauque, enrobée de pénombre et durcie encore par une musique sinistre. Hiératique et le regard empli de haine, Cora est un être maléfique, peut-être ce qui se rapproche le plus de la cruauté pure. La Reine se montrait diabolique pour se venger de Blanche puis se défendre contre Emma mais Cora distille une aura de pure méchanceté. Si sa fille a aimé le pouvoir, que dire de sa mère ! Tout au long de l’épisode Barbara Hershey jouera à merveille soit d’une méprisante et ironique supériorité (avec Aurore) soit de la compassion mielleuse et caustique (avec Crochet). Elle montre aussi l’intelligence de Cora. L’ironie cruelle avec laquelle elle explique qu’Emma et Blanche ont trop de cœur pour ne pas venir aider Aurore glace le sang car comment lui donner tort ? Cora est aussi une redoutable tacticienne : en offrant Aurore contre la boussole (message transmis par un corbeau, attirail classique de la sorcière !), elle divise ses adversaires. Que ses plans ne se déroulent finalement pas comme prévu ne la déstabilisera pas beaucoup car elle sait merveilleusement s’adapter. Ce monstre froid a tout du caméléon. A ce stade, le spectateur croise les doigts pour qu’elle n’arrive jamais à Storybrooke car elle paraît bien supérieure à Regina. Regina que l’on retrouve enfin dans un rôle conséquent ! Avec Robert Carlyle à ses côtés, Lana Parrilla étincelle et le spectateur savoure. La comédienne connaît son personnage par cœur : tendre avec Henry, dure avec Rumpelstilskin (ces deux-là s’adorent c’est un régal !), sérieuse avec Charmant. Sa plus belle scène c’est lorsqu’elle prépare la potion qui doit endormir Charmant car, pour cette fois et elle le souligne elle-même, elle est d’accord avec le « grand-père » d’Henry (alors que Josh Dallas a tout juste la trentaine !) : il n’est pas question d’exposer davantage le petit garçon. Le cadrage est ici serré illustrant le rapprochement mère-fils. Triste ironie (et Lana Parrilla montre que Regina en est consciente), c’est la magie qui les rapproche alors qu’elle lui avait promis de ne plus s’en servir. Elle parvient aussi à faire preuve d’un certain humour lorsqu’elle le rassure en disant « Tes grands-parents finissent toujours par se retrouver ». Se moquer de soi-même est une preuve d’intelligence. De l’humour, on en aura une autre pincée lorsque Rumpelstilskin raconte comment le « charme du sommeil » était autrefois inoculé. L’entendre dire, mine de pas y toucher, que la « pomme est une innovation » fait franchement sourire, en plus d’être une vacherie gratuite, et allège la situation. Les deux scénaristes ont écrit très justement cette scène avant de nous plonger dans une situation dramatique. Charmant se retrouve dans une obscurité à peine écorchée par des torches virulentes. Tout autour de lui des miroirs renvoient avec une silencieuse moquerie l’image de profondes ténèbres. La musique achève de donner une connotation fantastique à ce moment. On est à la lisière de l’épouvante mais le jeu de Josh Dallas est rassurant : Charmant est impressionné mais il fait front et il va réussir à retrouver la messagère de l’autre-monde : c’est Blanche ! On passe vite sur la manière dont elle a été endormie car le scénario a joué ici de facilité mais quand on n’a que 42 minutes il faut être efficace. Il parviendra à délivrer le message de Rumpelstilskin mais nous voilà soudain plongé dans l’effroi : Charmant ne pourra se réveiller. Henry le craignait. Regina essaye de le rassurer mais l’échange de regards avec son ancien maître est révélateur : il n’y a plus rien à faire ici. Sadiques (et brillants), Kalinda Vasquez et Daniel T. Thomsen nous réserve un final absolument glaçant. Anecdotes :
9. LA REINE DE CŒUR Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Dans le monde magique, la bataille pour s’ouvrir la route de Storybrooke bat son plein. A Storybrooke justement, certains veulent s’assurer que Cora ne survienne pas. A tout prix. Critique : Très bel épisode où l’action prime mais sans laisser l’émotion de côté. Une réalisation alerte adossée à un montage qui fait judicieusement alterner les mondes permet de profiter à plein des potentialités du scénario. Et, bien entendu, les acteurs sont au diapason. Telle mère, telle fille. Tel pourrait bien être la maxime de cet opus. La Reine – qui « jouira » de coiffures absolument abominables à faire fuir un yéti dans toutes les scènes « magiques » mais arborera une garde-robe de meilleur goût que d’habitude – propose un marché à Crochet : tuer Cora et elle l’aidera à tuer Rumpelstilskin. Selon l’adage, l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Une partie des scènes dans le monde magique se passent avant que la malédiction ne soit lancée et fourniront l’explication attendu sur la survivance d’une partie de ses contrées. Pour que le pirate réussisse à tuer la Sorcière, la Reine ensorcelle le crochet mais il n’aura qu’une seule chance de réussir. C’est une condition classique certes mais quand on connaît Cora, on se dit que même une chance c’est déjà pas mal ! Le Pays des Merveilles où se trouve cette chère Cora si tendrement aimé fait toujours aussi vénitien de pacotille mais, heureusement, le réalisateur passe vite et ne s’attardera pas sur des décors plus numériques tu meurs. Cora est la Reine de Cœur ; ce qui lui va comme un gant. La cruauté a toujours été une des qualités de ce personnage. « Tenir le cœur de quelqu’un c’est le contrôler », assène-t-elle avec froideur à un Crochet à sa merci. Colin O’Donoghue est impeccable et le spectateur souffre avec lui tout en tremblant devant la Sorcière. Barbara Hershey est véritablement magistrale. Cet épisode lui offre un boulevard dont elle sait admirablement profiter. Dans cette saison 2, la Reine n’est plus le Mal mais Cora a pris la relève. La Reine voulait une « fin heureuse » comme toute princesse. Sa mère veut le pouvoir. Elle est agressive et offensive. Pour elle, « fin heureuse » et « guimauve » sont des synonymes. A Storybrooke, Rumpelstilskin et la Reine savent très bien que ce serait un désastre si Cora survenait et le maître convainc son élève qu’elle ne doit même pas avoir la possibilité de poser sa botte sur le sol de la ville. Même au prix de la vie de Blanche-Neige et de sa fille. Grand numéro de Robert Carlyle et Lana Parilla. Le premier joue le maître : il domine, il tient un discours tendancieux, où la douceur du ton fait ressortir la froideur des propos. La seconde joue l’élève : elle hésite, elle tient un discours où le ton saccadé révèle des émotions. De même que le bronze casse l’étain, c’est le Maître qui gagne. Cette scène est appuyée par le retour, judicieux, de cette technique de réalisation qui consiste à zoomer progressivement à mesure que le texte défile jusqu’à mettre les visages en gros plan quand tombe le couperet de l’argument final. C’est brillant et sans faute. Leur piège est mortel : quiconque tenterait venir serait tué ! La tension est très bien rendue par la brièveté de la scène. Le monde magique est aussi celui de nos quatre jeunes femmes en campagne. Alors qu’elles se trouvent dans le cachot de Rumpelstilskin, elles sont trahies par Aurore au profit de Cora qui révèle qu’elle possède le cœur de la princesse ! Adieu la boussole ! Crochet en profite pour asséner de cinglantes répliques envers Emma et elles font mouche. Tant de vérités balancées mais sans la froideur impériale de Cora, c’est plus de la colère et du dépit. On a le sentiment que Crochet a été blessé par l’ingratitude et le manque de confiance d’Emma. Dans ce cachot aux teintes d’ocre baignées par la lumière de torches – chapeau aux décorateurs sur ce coup-là – on assiste à une séance d’auto flagellation collective puis, et c’est bien plus fort, à l’effondrement moral d’Emma. Jennifer Morrison incarne une Emma qui a l’impression de n’avoir jamais été maîtresse de sa vie, pire ! d’avoir été le jouet de Rumpelstilskin. Le réconfort de sa mère n’y change rien. La Sauveuse doute. Cora a un projet mais elle y renonce quand elle constate que la Reine est sur le point de réussir le sien. L’important est donc de se protéger. Le scénario pourrait paraître facile mais, cette fois, le temps a été pris pour poser le personnage de Cora. Barbara Hershey nous a convaincu qu’elle est une abomination « sans cœur » et il est tout à fait crédible qu’elle puisse se protéger du sort noir. Les effets spéciaux à ce moment-là sont parfaitement réussis. On peut constater à nouveau le profond sens tactique de Cora qui la distingue de sa fille, plus impulsive. La patience est aussi une vertu que seule la Sorcière possède. A chaque scène de Cora, on craint de plus en plus qu’elle n’atteigne son but tout en priant pour que ce ne soit pas le cas, même si une petite voix nous dit que c’est sûrement ce que la production a en tête. Alors que Cora et Crochet sont au lac Nostos où elle a ouvert une porte, Emma, Blanche et Mulan surgissent et engagent le combat ! Le début est un peu confus mais le réalisateur trouve la parade avec des duels. Tourné en extérieur, l’ensemble de la scène emporte l’adhésion par la totale implication de ses protagonistes et une caméra qui bouge sans arrêt pour nous plonger dans la mêlée. Une nouvelle fois, Barbara Hershey nous régale. Elle est filmée comme un cobra tournant autour d’une mangouste. Le combat du capitaine Crochet nous donne l’occasion d’apprécier à nouveau les talents de duettiste de Colin O’Donoghue, même si Jennifer Morrison n’est pas l’opposition du siècle. Dans l’ensemble de l’épisode, l’acteur nous aura également régalé de traits d’esprit qui empêche l’épisode de sombrer dans la noirceur glacée où nage Cora. Dépositaire de tout l’humour de ce monde, l’acteur a l’intelligence de ne pas faire de Crochet un pitre ou un pantin. Le clou c’est la confrontation de la Sauveuse et de la Sorcière. Telle mère tel fils. Henry a hérité de la combativité d’Emma mais aussi de la bonté d’âme de sa grand-mère. Le voir se dresser devant les deux magiciens pour les sommer de rompre l’enchantement funeste qu’ils ont jeté est sensationnel. Jared Gilmore montre son talent, alors qu’il était en retrait jusque-là et pas tout à fait dans le ton quand il avait appris que sa mère adoptive lui avait menti. Il est crédible devant ces acteurs confirmés et, lorsqu’il les gifle avec « le Bien l’emporte toujours sur le Mal » – souvenons-nous qu’il avait eu un doute la saison précédente – la phrase sonne juste. Aucune faute de la part des deux autres. Immobilisme hiératique pour Rumpelstilskin, tempête et hésitations pour la Reine. Henry trouve l’argument décisif et elle cède. La Reine cède devant un enfant ! Preuve décisive que l’amour est une magie puissante ! La porte est ouverte et ce sont Blanche-Neige et Emma qui arrivent. Cette dernière a une jolie phrase à l’égard de son ancienne ennemie : « Votre mère a un sacré caractère » ! C’est dit avec toute l’hésitation que donne la recherche de ses mots et le tact et Jennifer Morrison nous convainc de son naturel. Cora, un « sacré caractère » ? C’est l’euphémisme du millénaire ! La Reine aura sa récompense quand Henry la cajolera sans qu’elle ait sollicité cette preuve d’amour. Lana Parrilla nous touche par sa composition d’une femme tellement émue. Si Cora est un monstre d’orgueil qui recherche le pouvoir parce que c’est la liberté, la Reine n’a jamais cherché autre chose que l’amour. L’une n’a pas de cœur, l’autre l’a eu brisé. Tout est bien qui finit bien pourrait-on croire. La famille royale est réunie, la joie est revenue, Rumpelstilskin a donné à Emma les explications qu’elle cherchait. Mais n’a-t-on pas oublié Cora ? Anecdotes :
10. LE CHANT DU CRIQUET
Scénario : David H. Goodman et Robert Hull Réalisation : Dean White Résumé : A Storybrooke, Regina est accusée de meurtre. Dans le monde magique, la Reine est capturée par Blanche-Neige et le Prince Charmant. Critique : Centré sur Regina et ses relations avec le couple princier, cet épisode a de bonnes bases mais, trop verbeux et assez statique, il n’emporte pas complètement l’adhésion. La seule scène légère de l’épisode est symboliquement placée au tout début : Emma surprend ses parents au lit et, comme Henry est là aussi, ils plaident la « fatigue » mais sont bien amusés de la réaction de leur fille. Jennifer Morrison est impayable avec une Emma qui se la joue moralisatrice parce qu’en fait elle est décontenancée et ne sait pas comment réagir. Eh ! Oui ! Les parents ont une sexualité ! Il faut bien profiter de cet instant lumineux car le reste de l’épisode sera plus dur sans aller jusqu’à la noirceur et c’est dommage car on a le sentiment d’un en-dedans du scénario. Vaincue par les armes et la magie, la Reine est capturée. Charmant se fait le porte-parole de tout un royaume : « Votre règne de terreur vient de prendre fin ». Son sort sera tranché lors d’un débat autour d’une table ronde. Deux conceptions s’affrontent : Charmant préconise la mort, Blanche-Neige la clémence. Ce parti-pris est très juste et parfaitement en adéquation tant avec le conte qu’avec la série. Celle qui a le plus a reprocher à la Reine est précisément celle qui sait pourquoi cette dernière a basculé dans le Mal. Mais ce n’est pas sa culpabilité qui ronge la princesse ; c’est son sens de la compassion. Le pardon est plus grand que la vengeance et, au Moyen Age, c’était une vertu royale. A Storybrooke, on fête le retour des héroïnes mais voilà que Regina survient ce qui glace l’atmosphère. C’est Emma qui l’a invité à la demande d’Henry. Lui croit qu’elle essaye de changer et Emma a pris le parti de croire son fils. Après tout, Regina lui a sauvé la vie. Ce qui compte aussi c’est le doute exprimé par ses parents et partagé ouvertement par ses anciens sujets. Emma va jouer un rôle clé ce soir-là. D’abord, lors de sa discussion ouverte avec la mère adoptive de son fils. C’est une scène qui fait écho aux confrontations de la saison précédente mais le contexte a changé. La sollicitude d’Emma est aussi une compréhension de la solitude de Regina. Mais Emma a trop parlé et une phrase qu’elle a laissé échapper va servir de point de départ à un drame. En effet, le lendemain, le corps sans vie d’Archie est découvert dans son cabinet et Scarlett (ou Ruby puisque l’on est à Storybrooke) se souvient voir vu Regina venir chez lui la veille au soir. Le plus intéressant c’est le débat renouvelé entre Charmant qui est convaincu de la culpabilité de Regina et Emma qui n’y croit pas. Pour elle, ses parents connaissent trop bien celle qui fut (et demeure) la Reine. Leur expérience nourrit leurs préjugés. Intéressant d’un point de vue psychologique mais tout cela procède par dialogues et couper la scène de l’interrogatoire par un passage dans le monde magique est un procédé trop bien rodé pour être ici convainquant. Ça manque de rythme. Dans le monde magique, c’est le jour de l’exécution de la Reine. Le décor est d’une pauvreté affligeante et le réalisateur commet l’erreur de le montrer en plan large trop longtemps au lieu de se recentrer sur le couple royal et sur la victime attachée à un poteau. C’est néanmoins une des scènes les plus fortes de l’épisode. Loin de demander pardon et de confesser ses fautes, la Reine clame haut et fort sa haine de Blanche-Neige et revendique ses actes. Lana Parrilla joue à merveille ce passage difficile et elle convainc par la fougue qu’elle met dans ses paroles. La Reine ne s’abaissera jamais à demander pardon et elle préfère encore mourir debout. Ce qui ne manque ni de panache ni de courage. La Reine ne mourra pas : Blanche-Neige rejette l’exécution. Tuer est un acte sans retour. Voilà qui alimenterait le débat sur la peine de mort mais le soucis c’est qu’on a un peu le sentiment que les acteurs rabâchent leurs arguments et se caricaturent eux-mêmes. L’enquête que mène Emma et Charmant les amène chez Rumpelstilskin qui préconise d’interroger le témoin du meurtre : le chien Pongo ! Pour cela, il va utiliser un attrape-rêve mais c’est Emma qui le lira pour qu’on ne soupçonne pas une entourloupe de sa part. Tout cela nous rappelle Agatha Christie et son roman Témoin muet où ledit témoin est précisément un chien. La scène vue à travers l’objet magique rend un bel effet et Jennifer Morrison tire la couverture à elle. Elle nous montre une Emma certes dynamique mais pas très à l’aise quand il s’agit de magie. Qu’elle soit allée dans le monde magique (où elle n’a passé que cinq minutes après sa naissance) et préfère ce monde-ci est finalement très logique et se situe dans la droite ligne de l’Emma réaliste de la saison 1. Once upon a time a de la mémoire et structure petit à petit son univers ce qui le rend chaque fois plus intéressant à découvrir. Il y a certes des moments meilleurs que d’autres et la libération de la Reine, mise à l’épreuve par Blanche-Neige et qui échoue, est une triste redite et une synthèse inutile de tout l’épisode. C’était prévisible et, malgré un bel éclairage tirant sur l’ocre, la cellule de la prisonnière n’a guère de cachet et seule la conviction des acteurs empêchent la scène de sombrer dans le ridicule. Deux détails émergent cependant. D’abord la sentence de bannissement prononcé par Blanche-Neige. Ginnifer Goodwin montre très justement que, malgré sa déception, la princesse est toujours incapable de haïr bien qu’elle soit loin d’être idiote. Ensuite, si le couple est désormais protégé par un sort magique élaboré par Rumpelstilskin, le maître de la magie rapporte qu’il n’est valable « que dans ce monde ». C’est déjà annoncer la malédiction et l’épisode se termine (presque) au moment où la Reine part pour lancer sa menace. Le bannissement de la Reine a symétriquement son pendant avec celui de Regina qui n’échappe à l’arrestation qu’en disparaissant. Quand elle verra plus tard Emma raconter ce qui s’est passé à Henry (scène vue à travers l’image dans un rétroviseur, ce qui n’est pas mal fait), elle est en larmes et elle nous touche. Anecdotes :
Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg Réalisation : David Solomon Résumé : Dans le monde magique, Belle se lance à la traque d’un monstre et rencontre Mulan. A Storybrooke, Crochet retrouve Rumpelstilskin. Critique : Si le segment « storybrookien » est très satisfaisant, celui dans le monde magique n’offre que peu d’intérêt. Périphérique par rapport à la mythologie générale, il ne sert qu’à présenter différents personnages entre eux pour divers épisodes. Intéressant sur la durée mais peu consistant à regarder. A Storybrooke donc, Rumpelstilskin met au point l’antidote qui lui permettra de quitter la ville sans perdre la mémoire pour se lancer à la recherche de son fils. Cette quête semble montrer que Belle a eu raison de croire qu’il y avait du bon en lui. Le changement et la présence quoi qu’on puisse croire du Bien même chez un monstre est un leitmotiv de cette saison et Émilie de Ravin en est la porte-parole. Avec conviction, l’actrice va répéter cette antienne tout au long de l’épisode sans jamais lasser car elle saura à chaque fois s’adapter aux circonstances. C’est très juste et elle est la satisfaction majeure de cet opus mineur. Robert Carlyle se régale et nous avec. Tantôt dur et cruel (avec M. Mouche par exemple), tantôt tendre (avec Belle) et tantôt furieux et emporté (avec Crochet) : toute la gamme est utilisée sans faute. Crochet est justement l’autre attraction de cet épisode et si les scénaristes avaient privilégié cette voie « réaliste », l’épisode aurait gagné un melon. Colin O’Donoghue abandonne ici l’humour ironique de son personnage pour en montrer la face obscur ; celle de la vengeance contre le « Crocodile ». Quand il interroge Archie et qu’il lui demande la faiblesse du Ténébreux, Raphaël Sbarge n’a pas besoin de répondre, le montage le fera pour lui et c’est assez astucieux ! Le pirate se montrera très dur aussi avec Belle mais sans cruauté, ce qui le différencie des autres « méchants ». L’acteur a tout juste avec ce choix de jeu. Du coup, le spectateur s’attache à Crochet, personnage complexe, torturé, tortueux aussi, courageux et rusé, charmeur et combattant. Un sacré mélange qu’il faut savoir faire vivre et Colin O’Donoghue y parvient très bien. Dans le monde magique, Belle a quitté le château de Rumpelstilskin et se laisse convaincre par Rêveur de se lancer à la traque du yaoguai, une créature monstrueuse qui désole la contrée. L’épisode est précisément daté : nous sommes ici entre les deux entrevues de Nova et Rêveur (cf. l’épisode éponyme de la saison 1). La taverne est un décor plutôt réussi même s’il est assez incongru d’y voir quelqu’un y lire ! Belle en l’occurrence. Pas étonnant qu’elle devienne plus tard bibliothécaire de Storybrooke. Les livres vont jouer un certain rôle ici puisqu’ils symbolisent la victoire de l’intelligence et de la culture sur la force brute. Ils se révèlent aussi très efficace pour ensevelir un adversaire comme lorsque Crochet tente de s’en prendre à Belle à la bibliothèque ! Le poids des mots ! Belle est loin d’être une faible femme, on le sait ; elle a une forte personnalité et un certain courage. Il en faut pour tenir tête à Rumpelstilskin. Si Émilie de Ravin est impeccable dans sa fougue, Robert Carlyle offre une belle composition. Il nous montre l’homme le plus puissant du monde magique hésitant, partagé entre différentes émotions et finissant quand même par capituler. Les deux acteurs pourront aussi nous régaler d’une forte scène de ménage haute en couleur et pleine de sentiments. C’est touchant car, au-delà des mots, il y a le profond attachement entre ces deux êtres. Par contre, faute de goût complète quand Rumpelstilskin sort un revolver et le donne à Belle. Voir Robert Carlyle avec une arme est aussi choquant que John Steed dans la même situation. Cette arme aura cependant un triste rôle à jouer à la toute fin de l’épisode. Dans le monde magique, la traque du yaoguai – la bête est plutôt bien faite – rapproche Belle et Mulan. Impossible par contre de ne pas noter la laideur des décors et le peu de crédibilité de la tanière du monstre. Cette rencontre est aussi l’occasion d’un manifeste féministe pas piqué des vers ! L’association sera fructueuse car elles retrouveront la bête mais l’intelligence de Belle lui permettra d’éviter un drame. En effet, le yaoguai est en fait un homme à qui une sorcière a jeté un sort. On ne révélera pas son identité bien sûr. Disons juste que cet épisode, situé dans le passé du monde magique rappelons-le, se raccorde à plusieurs événements que l’on connaît déjà et en explique un certain nombre. Mais c’est à Storybrooke que les choses les plus intéressantes se déroulent. Belle retrouve le bateau de Crochet (pour le coup, les effets spéciaux sont de bonne facture ainsi que le décor représentant le bateau. On a une très bonne sensation d’enfermement très appropriée) et libère Archie. Elle tient tête à Crochet et permet une superbe joute verbale avec Colin O’Donoghue. C’est encore elle qui tire son épingle du jeu lorsqu’elle s’interpose verbalement entre Rumpelstilskin et Crochet. La scène est violente et on souffre pour Colin O’Donoghue car Robert Carlyle est très convainquant quand il manie sa canne ! « Je me battrai toujours pour lui » clame Belle à un moment. Et on y croit sans mal tant Émilie de Ravin est impeccable. Un autre segment est à relever. Prolongeant une déclaration des Nains, la question se pose de l’avenir de et à Storybrooke. Blanche veut rester et faire sa vie ici avec sa famille reconstituée quand Charmant voudrait repartir dans leur monde. On en revient à une interrogation du début de saison mais parce que de nouveaux éléments sont apportés au dossier. Un nouvel axe narratif est désormais ouvert. Le final de l’épisode est très violent, très bien photographié (scène nocturne), brutal dans son déroulement et qui ouvre toutes grandes les vannes de l’incertitude ! Anecdotes :
12. AU NOM DU FRÈRE Scénario : Jane Espenson Réalisation : Milan Cheylov Résumé : Le docteur Whale hésite à soigner l’inconnu accidenté. Dans son monde, le docteur Frankenstein poursuit ses expériences. Critique : L’épisode inutile dans toute sa splendeur. Après le coup de tonnerre de l’épisode précédent, on s’attendait à du lourd et on a un scénario qui tire à la ligne. L’abbé Loisy avait dit que le monde attendait le Royaume et que c’était l’Église qui était venue. Ici, c’est Frankenstein. Tout le segment se rapportant à Frankenstein est tourné en noir et blanc. C’est classieux mais vieillot et, à nouveau, tous les clichés sont là : château, cimetière, orage, laboratoire, serviteur lugubre. N’en jetez plus ! Pour raccorder quand même cette histoire qui n’a rien à voir avec les contes de fées (même Henry fera la remarque), Jane Espenson fait intervenir Rumpelstilskin (qui, lui, a droit à la couleur ; bonne idée pour le coup). Comme ce dernier ne sait pas ressusciter les morts, il est prêt à financer Frankenstein. On n’est évidemment pas surpris du drame qui frappe peu après le docteur. Reconnaissons tout de même la bonne idée qui consiste à remplacer la créature anonyme du roman par un proche du savant (que ce soit en VO ou en VF, la réponse est donnée dans le titre). La famille reste le thème central de Once upon a time. Le reste est largement une reprise du roman mâtiné d’un renvoi à l’épisode « Le docteur ». Ce qui se passe à Storybrooke est bien plus intéressant mais n’est pas convenablement traité. Ce n’est pas le sujet central et on a la sensation désagréable que le scénario parle de nombreuses choses sans en traiter aucune à fond ; bref, il meuble les trous béants dans l’histoire de Frankenstein. D’abord, on nous inflige les discussions entre les personnages pour savoir si l’on doit laisser ou non mourir l’inconnu (nommé Greg Mendell) qui a pénétré dans la ville et blessé Crochet (les seuls sourires de l’épisode sont à mettre à l’actif de Colin O’Donoghue mais l’acteur ne fait que passer). Certes, s’il a vu Rumpelstilskin avoir recours à la magie, la situation est grave mais qu’a-t-il vu ? Tout ça manque de nerf. Jennifer Morrison tente de surnager mais demeure limitée : elle se contente de pousser Whale à opérer et son final est peu nerveux. Seul l’interrogatoire de Crochet fait quelques étincelles. Pire que tout, l’épisode se centre sur David Anders qui n’apporte rien. Son interprétation de Frankenstein demeure fadasse. A aucun moment, il ne brillera du feu de la folie qu’exige le rôle du savant. Bien sûr que dans le roman Victor n’est ni fou ni illuminé mais c’est l’image transmise par le cinéma. Qu’on le veuille ou non, Frankenstein est désormais l’archétype du savant fou tel que le jouait Peter Cushing. Si la production voulait revenir au savant d’origine, il ne fallait pas prendre David Anders ! Le pompon est atteint avec les états d’âme du docteur Whale qui se traînent. Sa confession à Ruby est le seul moment où l’acteur parvient à hausser son jeu et à nous intéresser un tant soit peu. Que de temps perdu avec Whale quand deux autres thèmes bien plus forts nous sont proposés : l’amnésie de Belle et l’arrivée de Cora ! La première commence dès le début de l’épisode. Tourné en nocturne, la scène est pleine de tensions et le drame vécu par Rumpelstilskin est rendu par un Robert Carlyle qui passe en un instant de l’amoureux éploré à l’assassin furieux envers Crochet. Émilie de Ravin est plus en dedans mais elle se rattrape à l’hôpital. La scène de la tasse ébréchée – le symbole de l’amour entre la Belle et la Bête – est brève, intense et d’une terrible cruauté. En fille perdue, terrorisée, l’actrice nous prend aux tripes et l’on ne peut qu’avoir de la compassion pour Rumpelstilskin. Lequel fait le lien avec l’entrée théâtrale et très maîtrisée de Cora. Barbara Hershey est moins flamboyante ici mais cela tient à ce que Cora n’est plus dans son monde. Elle tâte le terrain, assure ses appuis. Venir voir son ancien maître est une belle preuve de sang-froid et du sens stratégique de la Sorcière. Le marché qu’elle lui propose est d’une suprême habileté – en plus de jeter un pont avec la fin de l’épisode – et il ne peut que l’accepter. Elle n’a qu’un but : retrouver sa fille ; ce qu’elle fera avec maestria. Mais le plus beau c’est comment elle retourne Regina. Que sa mère lui demande pardon les larmes aux yeux touche en effet la Reine déchue mais elle n’est pas prête à se rendre aux raisons de Cora qui, effectivement, a de drôles de façon de manifester son amour ! Voir ensuite Cora dans une voiture est assez cocasse mais cette phase de comédie n’a pour but que d’introduire la discussion et, là, c’est du velours. Cora maîtrise la rhétorique à la perfection ; elle susurre à l’oreille de sa fille que, tant qu’Emma et ses parents seront vivants, Henry ne sera jamais à elle. Un frisson glacial nous frôle. Enfin, l’épisode donne dans la noirceur et se montre magnifique. Sauf que cela ne dure qu’un instant et nous laisse frustrés et impatients. Anecdotes :
Scénario : Christine Boylan et Kalinda Vasquez Réalisation : Guy Ferland Résumé : Un géant, ramené à Storybrooke, déchaîne sa colère contre la ville. Dans le monde magique, le géant Anton sympathise avec des humains. Critique : Un épisode de bonne facture qui s’apprécie mieux la seconde fois. Bien que se centrant sur un personnage secondaire, il permet des perspectives intéressantes qui lancent la seconde partie de la saison. Le segment dans notre monde s’ouvre sur une perspective inédite : sortir de Storybrooke. C’est ce que font Emma, Henry (qui a décidé de venir) et Rumpelstilskin. Le réalisme s’invite dans la série mais, cette fois, il ne combat plus la magie. Le décor de l’aéroport n’est pas immense pour être celui de Boston mais reste correct. Si Jared S. Gilmore et Jennifer Morrison sont bons, Robert Carlyle est excellent. Le spectateur a un petit sourire en le voyant bien embarrassé par les us et coutumes du monde d’ailleurs. C’est aussi touchant et Jennifer Morrison est à l’unisson lors de la scène du portique. Le passage dans l’avion ressort du comique de répétition car, si la mère et le fils sont en pleine forme, Rumpelstilskin est blanc comme un linge ! Dans le monde magique, le géant Anton est en butte aux moqueries de ses frères. La salle du repas est dans le style médiéval et elle rend très bien. La critique acerbe que fait l’un d’eux des humains résonne sinistrement à nos oreilles. Comment leur donner tort ? Mais Anton n’y croit pas et il descend sur terre. Le palais des géants est très beau et la salle du trésor toujours aussi magnifique. Il y avait longtemps que les décors numériques ne nous avaient pas régalé. Arrivé de nuit – scène très bien mise en valeur – en ville, Anton rencontre le prince James et son amie Jacqueline dite « Jack ». Le costume de cette dernière est bien dessiné et très échancré ; c’est quasiment un trait distinctif des costumes féminins du monde magique. Saluons la très bonne prestation de Josh Dallas qui incarne ici son frère jumeau (mort dans « Le berger », saison 1) et qui est aussi bravache et Dom Juan que Charmant (bel échange comique ultérieurement et au moment idoine bien sûr sur l’état-civil véritable du prince de Storybrooke) est un modèle de rectitude morale. C’est très éculée comme psychologie mais la conviction de l’acteur qui s’amuse à jouer ce personnage canaille emporte notre conviction. Cassidy Freeman est plus limitée et donne davantage dans le suivisme. Les paroles qu’ils échangent avec Anton sont sirupeuses au possible et elles inquiètent. En une image, Josh Dallas nous révèle l’amoralité de son personnage. Le passage par la taverne est un lieu commun dans les contes et celle-ci n’est ni pire ni meilleure qu’une autre. La musique, plutôt discrète précédemment, souligne ici à merveille les « câlins » que James et Jack prodiguent à Anton qu’ils emberlificotent avec ingéniosité, le poussant à leur révéler ce qu’ils souhaitent. La naïveté d’Anton est excellemment rendue par Jorge Garcia qui sait rester sobre dans son interprétation et nous faire ressentir de l’empathie pour son personnage. Hélas ! Comme on pouvait s’y attendre, elle aura des conséquences tragiques. Tout d’abord, on reste confondu devant l’arrogance du prince et la façon dont lui et sa maîtresse mettent bas les masques. Josh Dallas incarne sans faute l’absence de vergogne, lui si « charmant » d’habitude. Sans doute une récréation pour l’acteur qui jubile ! Le spectateur attentif se souvient cependant de ce qu’Emma et Crochet avaient trouvé dans la salle au trésor. Crochet justement, il va mieux et doit montrer à Charmant et à Blanche son navire. Ils sont à la recherche d’indices sur l’intention de Cora et découvrent…un géant, ou plutôt une version miniaturisée (taille humaine dirions-nous) : Anton ! Quand celui-ci aperçoit Charmant, il devient furieux et s’enfuit. Malgré la brièveté de ses scènes, Colin O’Donoghue parvient à nous passionner pour son personnage. Crochet est encore mal en point et en position de faiblesse mais il fanfaronne quand même et fait du gringue à Blanche devant son mari ! Il aura plus tard l’occasion de montrer son côté obscur lors d’une rencontre avec Regina. En retrait sur cet épisode, Lana Parrilla réussit le peu qu’elle a à jouer et montre combien elle aime jouer la Reine, Sa Majesté diabolique. Même absente, Cora imprime sa marque à l’action se déroulant à Storybrooke. Là justement, une autre tragédie est en cours. Belle est en pleine crise d’identité. Émilie de Ravin incarne sans excès un être désormais pathétique, loin de la jeune femme pleine d’espoir et de joie de vivre. C’est poignant, dérangeant comme devant un fou dont la crise peut jaillir à tout moment. Mais ce qui nous inquiète c’est sa réaction de peur panique quand elle évoque la boule de feu qu’elle a vue. Elle réagit comme du temps de la malédiction quand la magie n’existait pas. Face à cela, la pauvre Ruby est bien désarmée mais quelqu’un va se montrer intéressé par cette anecdote… Lâché sur Storybrooke, Anton est prêt à tout détruire et seule l’abnégation et le courage de Charmant sauveront et la ville et le géant. Lequel comprend qu’il ne peut pas mettre tous les humains dans le même panier. Il a appris ; c’est la leçon fondamental des contes de fées. Passons charitablement sur le côté un brin cocasse de Jorge Garcia courant dans la ville ; on n’y croit guère mais le réalisateur ne s’attarde pas. Guy Ferland réussit à mettre du rythme dans l’histoire. Il gère très bien le côté géant/humain (plongée/contre-plongée). La musique est au diapason. Comme prix de sa reconnaissance, Anton montre un plan de haricot : lequel pourrait permettre à tous les habitants de Storybrooke de rentre chez eux. L’ouverture est très belle et très attirante. Anecdotes :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Dean White Résumé : Rumpelstilskin, Emma et Henry sont à la recherche de Baelfire. Dans le pays magique, Rumpelstilskin accomplit son destin. Critique : Un épisode ambivalent. Si la partie réaliste est très bien faite, le segment magique est relativement faible. Ce segment couvre la vie de Rumpelstilskin avant qu’il ne devienne le Ténébreux mais au temps où il vivait avec sa femme Milah. Même avec du maquillage, difficile de rajeunir beaucoup Robert Carlyle. Passons car l’image fugace qui nous est proposé est celle du bonheur conjugal. Quelque chose d’assez rare dans la série ! C’est beau, joué avec entrain même pour la convocation du mari aux armées. Il ne veut pas être considéré comme son père qui était un lâche. C’est ce qui fait la faiblesse de cette partie du scénario. Certes, il comble des trous dans le passé de Rumpelstilskin – Robert Carlyle se montre parfait, tantôt fort, tantôt apeuré, fier, poignant, au final pathétique mais toujours émouvant - mais tout est très prévisible et l’effet de surprise n’est pas assez ménagé. La révélation de l’avenir se fait par un procédé des plus classiques. Même les éléments horrifiques se montrent moyennement convaincants. Le camp sous la neige n’est pas mal fait mais sans surprise non plus. Seule la révélation finale fera mouche. A Storybrooke, une conspiration s’ourdit autour d’un séduisant trio de « méchants » : Cora, Crochet et la Reine. Saluons la mise au goût du jour de Cora. La Sorcière a délaissé ses oripeaux trop « monde magique » pour un tailleur noir classique mais de bon ton. La coupe de cheveux est aussi modernisée et l’on se rend compte de ce que Barbara Hershey peut avoir comme classe. Lana Parrilla porte un bel ensemble noir qui fait ressortir son chemisier rouge. Impeccable. Seul Crochet détonne avec sa dégaine de pirate mais ce contraste place bien le personnage, à côté du tandem de la mère et de la fille, pas avec elles. Le vrai but de Cora est dévoilée : elle cherche la dague de Rumpelstilskin pour le contrôler, tuer la famille royale et, dit-elle, rendre Henry à sa fille. « Henry » c’est le mot magique qui désarme toute prévenance chez Regina. Dites « Henry » et lancez n’importe quoi, elle le gobera. Assez exagéré quand même. Le passage par la chambre de Belle serait également assez risible s’il n’induisait pas un élément dramatique qui charge l’avenir. Le cœur du sujet c’est le voyage d’un autre Trio à Manhattan. Quelques extérieurs brefs, des bruits de circulation et le tour est joué ! Un peu court quand même. Lorsqu’ils arrivent, Baelfire prend la fuite, Emma le course (la poursuite est filmée sans à-coup avec une fluidité et un beau sens du rythme) et le rattrape. Et là, surprise : Baelfire est Neal, son ex ! Jennifer Morrison ne rate pas une de ses scènes majeures : le déballage de son sac face à l’homme qu’elle a le plus aimé, qui lui a brisé le cœur et ôté pour longtemps la faculté de faire confiance. L’échange est tendu car Michael Raymond-James ne laisse pas sa partenaire tirer la couverture à elle ; il défend Neal avec conviction. Jamais veule, il explique, raconte et ne se défile pas. Le bar où ils se retrouvent est un beau décor et l’idée de filmer le couple par-dessus est bonne : le spectateur devient un observateur. La colère embellit Jennifer Morrison (si c’était possible) ; elle flamboie et n’est jamais grotesque ou ridicule. L’actrice montre une femme qui a trop longtemps contenu tout ce qu’elle avait sur le cœur. Depuis un an, Emma n’a pas été épargnée. Retrouver l’homme de sa vie d’avant mais dans le contexte de maintenant c’est trop pour elle. La décision qu’elle prend est compréhensible et nous laisse embarrassé. Peut-on lui donner raison ? Si non, comment lui donner tort ? Mais on ne ment pas à Rumpelstilskin et Emma est sur le point de le découvrir (quoi qu’elle ne paraisse pas prête à céder du terrain ; à près tout, on est sur le sien) quand Neal survient dans son appartement que le trio fouillait. L’appartement de Neal est bien arrangé et personnalisé (l’attrape-rêve). C’est un vrai lieu de vie qui existe par lui-même. Ce qui suit est parfois un peu confus mais des secrets sont révélés, des choses sont dites et rien ne sera plus comme avant. Henry est au cœur de ces échanges. Sa généalogie nous étourdit : il est le fils de Baelfire et d’Emma soit le petit-fils de Rumpelstilskin et Milah et de Blanche-Neige et du Prince Charmant ! Sans compter que la Reine est la belle-mère de Blanche-Neige et la mère adoptive d’Henry par la même occasion !! C’est à la fois drôle et sérieux. N’oublions pas que, du coup, Henry devient l’héritier d’un royaume perdu ! Rumpelstilskin, lui, a perdu sa femme parce qu’il a eu peur de perdre son fils. Il a perdu son fils parce qu’il a eu peur de perdre sa magie. Il prétend avoir changé mais il ne montre qu’une face dérisoire de lui-même. Ses arguments sont pathétiques. Aussi puissant qu’il soit, tout devin qu’il est, Rumpelstilskin ne sait pas qui est son fils et ne le comprend pas. Il n’a pas la capacité de le comprendre mais, comme il refuse de se l’avouer, il n’en est que plus triste. Bel échange entre Robert Carlyle et Michael Raymond-James, parfaitement crédible en fils blessé, en homme blessé. Lui a appris et rien oublié. Son père est tels ces nobles de 1814 en France : rien appris, rien oublié. Dérisoire mais tragique. Neal exige et obtient de parler à son fils. Jared S. Gilmore profite de l’espace qui lui a été alloué pour parfaire son personnage. Henry n’est pas que ce petit garçon qui croyait aux contres de fées et connaît le prix de la magie. Il est aussi un petit garçon à qui sa mère a caché la vérité. Ce qu’il balance sèchement à Emma, c’est la pire chose qu’il pouvait lui dire : « Tu es comme Regina. Elle aussi passait son temps à me mentir ». Toutes les justifications du monde pèsent peu face à la déception d’un enfant. Emma le comprend et Jennifer Morrison montre combien son personnage a conscience de sa faute. Signalons un bel effet : pour signifier le rapprochement de Neal et d’Henry, la caméra s’éloigne d’eux. Anecdotes :
15. UN POISON NOMMÉ CORA (THE QUEEN IS DEAD) Scénario : Daniel T. Thomsen et David H. Goodman Réalisation : Gwyneth Horder-Payton Résumé : A Storybrooke, beaucoup de monde cherche la dague du Ténébreux. Lequel est en mauvaise posture à New York. Critique : Splendide rétablissement de la série après un passage moins glorieux. La tension et l’émotion ne quittent jamais cet épisode, bien aidé par une mise en scène alerte et une musique très appropriée. Sans compter de beaux numéros d’acteurs. L’histoire se déroule sur trois scènes : le passé du monde magique, Storybrooke et Manhattan mais chacune interagit avec les autres, si bien que nous n’avons pas cette sensation d’histoires indépendantes qui peut agacer. L’épisode s’ouvre sur une belle scène : la préparation de l’anniversaire de Blanche-Neige, qui est ici encore jeune et assez chipie. Sa mère la réprimande et lui tient un langage…très républicain pour le coup, ou disons démocrate. Mais elle a un brusque malaise. C’est faire son miel du début du conte originel qui n’explique pas comment meurt la mère de Blanche-Neige (dont on apprendra d’où vient son nom). A Storybrooke, le jour de son anniversaire, Mary Margaret reçoit de la part d’une certaine Johanna le diadème que sa mère voulait lui offrir. Leurs retrouvailles sont un joli moment en extérieur et qui profite d’une météo fraîche mais ensoleillé ; ce qui va bien avec la chaleur que montrent les personnages. Là encore cependant, le serpent n’est pas loin. A New York, l’atmosphère n’est pas particulièrement gaie non plus : les enfants refusent de parler à leurs parents ; lesquels ont du coup une « discussion d’adultes » plaisante sur la forme mais profonde sur le fond. Avec son acuité coutumière, Rumpelstilskin perce les ambigüités dont Emma se berçait. La situation paraît virtuellement bloquée quand Crochet survient brusquement et poignarde le « Crocodile » avec son crochet empoisonné ! La scène est brutale, brève, et limpide à suivre. Comment sauver Rumpelstilskin ? L’immortel est en danger de mort puisqu’il n’est plus dans un univers magique ! La réponse est aussi simple que la solution est complexe à mettre en œuvre. En revanche, ce crime rapproche Neal de son père et les révélations qu’il fait sur son passé interrogent Emma. Elles prendront tout leur sens ultérieurement. On assiste à plusieurs beaux numéros d’artistes. Colin O’Donoghue n’a que deux scènes brèves mais il les réussit avec brio. Cette fois, pas de fanfaronnade, aucun humour (c’est tout à fait approprié) mais la noirceur du pirate avide de vengeance dont la haine déforme les traits. De son côté, Jennifer Morrison montre un côté moins glorieux de la Sauveuse qui cherche à se convaincre avec un raisonnement jésuite qu’elle n’a cherché qu’à protéger Henry en lui mentant. La seconde comparaison avec Regina est là-aussi très appropriée. Emma retrouve de l’allant quand l’action se profile. L’actrice a bien compris que son personnage n’est pas une contemplative ! Dans le monde magique, la mère de Blanche-Neige est au plus mal. La musique est ici douce, émouvante. On note que le décor, qui sera celui des appartements de la Reine plus tard, paraît moins sinistre. Il y a plus de couleur et de lumière. Excellent moyen pour souligner la différence entre les deux souveraines qui se succèderont. Le scénario a l’habileté de jouer sur un lieu commun : le recours à la magie quand les moyens humains sont impuissants. Blanche-Neige se rendra dans la forêt trouver la fée bleue (toujours habillée par les déchaînés de la mode alternative). Son costume bleu clair dans cette forêt obscure, filmée de nuit, avec une lumière bleutée magnifique ressort superbement et donne à tout ce moment un halo d’étrangeté. La fée est impuissante sauf si Blanche est prête à recourir à une magie « interdite » (comprenez : noire). C’est poignant, résolument bouleversant et très fort car c’est nous-mêmes qui sommes interrogés à travers la fillette. Bailee Madison a nettement amélioré son jeu (ou elle est mieux dirigée) par rapport à « Daniel » et c’est très appréciable dans un moment comme celui-là. Blanche refusera et sera félicitée par sa mère mourante. La mort de la reine est une belle scène sans pathos dont la tragédie s’entend dans une musique d’une profonde tristesse. Pas le temps de s’apitoyer car l’heure est grave à Storybrooke. Pour tenter d’empêcher la Reine et la Sorcière de s’emparer de la dague de Rumpelstilskin, Mary Margareth et David la cherchent aussi et la trouvent. Sans surprise sur ce coup-là, c’est précisément alors que Cora et Regina surviennent. A nouveau, un choix est proposé à Blanche-Neige. Une fois encore, elle choisit le bien mais, encore une fois, elle ne récolte que l’amertume de la défaite. C’est une succession de moments forts d’une grande violence psychologique. Le cynisme tranquille de Cora (merveilleuse Barbara Hershey à qui le tailleur va très bien) est éprouvant et stupéfiant. Son machiavélisme éclate et il est d’autant plus frappant que Cora ne triomphe pas exagérément. Elle a la victoire « modeste » ; même sa propre fille en paraît gênée. Les révélations qui lui (nous) sont assénées sont d’autant plus percutantes qu’elles sont inattendues ! Le final est déstabilisant : Blanche-Neige se demande si faire le bien n’est pas trop coûteux. « Tout ce que je veux, c’est une fin heureuse », assène-t-elle a un Charmant très mal à l’aise et qui tente en vain de la ramener à plus de compassion. Cette discussion, très dure faite dans un beau jardin et sous un soleil froid, fait écho à une autre, entre Mary Margaret et Regina plus tôt : « On m’a toujours appelé la Reine. C’est vous qui avez ajouté « méchante » à mon nom » dit cette dernière, qui ne cache pas son amertume et combien elle est désabusée. Elle a voulu changer et qu’en a-t-elle récolté ? Dans les deux cas, et particulièrement dans le deuxième, c’est d’autant plus terrifiant que c’est digne. La dernière réplique fait, elle, extrêmement peur. Anecdotes :
16. LA FILLE DU MEUNIER Scénario : Jane Espenson Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Rumpelstilskin est sur le point de mourir. Dans le monde magique, il rencontre la jeune Cora et lui donne goût à la magie. Critique : Un magnifique épisode qui sublime Cora dont on comprend les motivations et les ressorts puissants qui l’ont animé depuis tant d’années. Le choix de Rose McGowan pour incarner Cora jeune est amplement justifié par la conviction que met l’actrice à jouer cet être qui a juré un jour qu’il ne plierait plus jamais le genou. En plus de cela, elle est magnifique et, coup de bol, ce sont des modistes attentionnés à la mettre en valeur qui ont confectionné sa garde-robe. Deux brèves scènes au départ vont poser le décor, notamment psychologique de Cora dont celle d’une paysanne subissant le mépris des Grands. Dans le rôle du roi, Joaquim de Almeida réussit une composition sans faute. Véritablement royal dans son maintien, il en impose sans exagération. A ses côtés, le prince Henri et une princesse Eva (mais n’est-ce pas le nom de la mère de Blanche-Neige ?) sont absolument quelconques et c’est tant mieux car c’est tout ce qu’on leur demande. Le bal qui suit est aussi réussi que celui de Cendrillon (saison 1) à ceci près que l’actrice est d’une autre trempe. Cora a réussi à s’introduire masquée. Les décors sont somptueux, les costumes magnifiques et la musique enjouée. Le spectateur a droit à une seconde scène entre le roi et Cora dont les échanges rythment l’épisode. Chacun a lieu à un moment clé et aucun bavardage n’a cours. Chaque phrase fait sens parce que chacune a une conséquence pratique importante. Pas dupe, il l’a repéré et ses mots cinglants (« Tu n’as rien à nous offrir que de la paille ») sont prononcés avec la distance qui sied. Pas de mépris mais l’affirmation de la hiérarchie. Fouettée par cette affirmation, Cora s’emporte et sa déclaration selon laquelle elle peut changer la paille en or, même si on peut admirer le cran qu’elle manifeste, ne lui vaut que les rires méprisants de la Cour. Le roi lui met un marché en main : elle réussit et épouse le prince ou elle échoue et meurt. Rose McGowan ne faiblit pas ; elle parvient à nous prendre avec elle et à nous faire partager ses émotions. Qui voudrait qu’elle échoue ? Tout le monde est revenu à Storybrooke mais Rumpelstilskin ne va pas mieux. Pour survivre, il n’y a qu’une solution et il la souffle à Mary Margareth. Ce qu’il lui dit est terrifiant et leur échange est d’une rare noirceur. On se pince pour y croire mais, après le final de l’épisode précédent, on est plus qu’enclin à croire que cela est possible. Ginnifer Goodwin se montre parfaite : dure, en colère, manipulatrice (oui ! la douce institutrice !) et, finalement, honteuse. Pour protéger la boutique, c’est Emma qui doit lancer le sort ! Comme celle-ci ne semble pas comprendre, Rumpelstilskin use avec elle du ton du maître avec l’élève et ça marche ! Jennifer Morrison nous montre une Emma satisfaite mais aussi qui semble avoir apprécié ce qu’elle a ressenti. Visiblement, la magie, on y prend goût. Ce qui est exactement ce qu’à ressenti Cora quand, venu dans sa prison, Rumpelstilskin lui offre un marché. On a un autre aperçu de la force de caractère de la jeune femme : plutôt que de laisser faire, elle veut apprendre. Le magicien semble apprécier cette fougue. Un détail cependant dans cette scène surprend : Cora sait lire. Comment la fille d’un pauvre meunier aurait-elle pu apprendre ? Petite facilité scénaristique qu’on pardonne aisément à Jane Espenson tant son scénario est impeccable. La leçon que Rumpelstilskin professe est magistralement mise en scène : c’est violent, sensuel, âpre ; le tout éclairé par un feu de cheminée aux couleurs infernales. Le conseil final est à la hauteur de ce moment : « Ne t’arrête pas avant de les avoir tous mis à genoux ». Quand elle réitère son prodige devant le roi (qui tient parole), nulle joie chez elle mais l’orgueil de celle qui a réussi à faire taire les rires. Cora avouera ne pas aimer son époux mais semble sincère quand elle dit chercher l’amour. Cora a-t-elle jamais aimé ? Elle n’a cessé de dire à sa fille qu’elle l’aimait et c’est ensemble qu’elles attaquent la boutique de Gold sur une musique menaçante. Le combat qui suivra sera d’une belle intensité. On sourit un instant devant le trio armé d’épées face aux deux magiciennes. Ils veulent se battre pour les gens qu’ils aiment. « L’amour est une faiblesse » avait dit le roi à sa belle-fille. Sa perspicacité face à cette dernière nous donne des sueurs froides car, nous ne donnions pas cher de la vie de cet homme. Contre toute attente, il lui offre un marché et elle l’acceptera. Elle choisira le pouvoir plutôt que l’amour. Confusément, Regina le sait et elle doute du bien-fondé des déclarations de sa mère. La voir désirer plus de pouvoir encore n’est pas pour la rassurer mais c’est justement la soif de reconnaissance et d’amour de Regina qui causera la perte de la Sorcière. Entretemps, Rumpelstilskin aura fait sa confession à Belle par téléphone et c’est splendide, bouleversant tant la sincérité éclate chez ce menteur patenté qui serre les dents pour que son dernier souffle ne parte pas trop vite. La sobriété qu’ont alors Michael Raymond-James et Jennifer Morrison est précisément ce qui convient et l’on ne peut qu’être touché. D’émotion, il en est encore question lors de l’ultime face à face de Cora et de Rumpelstilskin. Mais sa main est brutalement arrêtée ! Après un bref instant, Cora défaille et elle meurt dans les bras de sa fille. Oui, Cora aimait sa fille. Anecdotes :
17. BIENVENUE À STORYBROOKE Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss Réalisation : David M. Barrett Résumé : En 1983, un père et son fils campaient là où apparut soudainement Storybrooke. De nos jours, la Reine veut sa vengeance. Critique : Un épisode bien meilleur quand on le regarde une seconde fois car on perçoit toutes les choses importantes qui vont survenir et le pourquoi de bien des choses. Pour aller de l’avant, il est parfois nécessaire de revenir en arrière. L’épisode compte deux segments l’un dans le passé et l’autre dans le présent. La structure est classique dans la série sauf qu’ici les deux scénaristes ont l’idée géniale de faire de Storybrooke le centre de toute l’action. On assiste ainsi à la naissance de la ville. L’idée de l’orage nocturne est un peu banale mais la scène est brève et surtout centré sur un père et son fils venu camper. Qu’il y ait eu des témoins à l’apparition d’une ville qui n’existe pas est une idée brillante d’autant qu’elle ne sera pas couplée à une montée de l’étrange comme un banal film d’horreur. L’essentiel sera réaliste et c’est bien là l’originalité. Nous assistons au lever royal et le pyjama de soie de « Regina Mills », maire de Storybrooke est très beau et la met bien en valeur, moins toutefois que la chemise de nuit ultérieure qui est d’un sexy. La joie l’illumine : elle a réussi ! Voici le lien entre les deux parties de la série que l’on voyait jusqu’alors : le passé dans le monde magique et Storybrooke la contemporaine. Nous comprenons aussi ce que Storybrooke pouvait avoir de faux : c’est la même journée qui recommence encore et encore sauf pour Regina. Cette réitération n’est pas lassante car la mise en scène est très fluide et surtout l’expression de Lana Parrilla se modifie insensiblement à mesure que la lassitude la gagne. Aussi va-t-elle accueillir plutôt bien (car on ne change pas un caractère !) Kurt et Owen, le père et le fils que le shérif Graham lui amène. Elle ira même jusqu’à les inviter à dîner. Oui, la vie d’une Reine que ses sujets révèrent et craignent est bien triste. Que nous sachions ce qu’elle a fait et combien elle peut être cruelle ne nous empêche pas de ressentir de la sympathie pour elle. C’est une femme seule et malheureuse et Lana Parrilla est magnifique dans chacune de ses scènes. Parfois mise de côté cette saison, elle saisit cet épisode dont elle est la vedette pour montrer tout l’étendue de son talent. En face, John Pyper-Ferguson se défend très bien. Il incarne un veuf qui aime son fils et ira jusqu’au bout pour lui. Il apporte un brin d’humour ponctuellement, ce qui souligne par contraste la grande tristesse qui habite l’épisode. Lequel trempe dans la pluie et le brouillard. On dira que le climat de la Colombie-Britannique aura su inspirer les scénaristes ! Le dîner sera l’occasion d’une double discussion à cœur ouvert qui peuvent paraître anodine mais qui auront une importance capitale. La première pose le diagnostic partagé de ce qui rapproche Kurt et Regina. Tous deux voulaient partir pour changer de vie mais « à quoi sert d’avoir une nouvelle vie si l’on n’a personne avec qui la partager » et Owen dira à Regina qu’elle serait une bonne mère. L’idée sera gardée pour la saison suivante mais dans l’immédiat c’est un engrenage qui se met en place. Esseulée, Regina redevient brièvement la Reine pour empêcher Kurt et Owen de partir mais elle se fait surprendre par Kurt ! Il s’en suit une course poursuite à voiture inusitée dans la série mais David M. Barrett saisit l’occasion tendue pour tourner une belle scène d’action tonique et bien rythmée. Dommage que la musique manque cruellement d’originalité, à ce moment comme tout du long de l’épisode d’ailleurs. On n’échappe pas à la Reine se dit-on alors mais le scénario nous réserve une belle surprise. La Reine – ou plutôt Regina – fait preuve de mansuétude. Le zoom arrière nous donne alors à voir une femme détruite. Le second segment est plus court, plus anecdotique aussi sans doute et moins original car reprenant un schéma plus classique : la Reine contre la « famille royale ». Enterrant sa mère dans son caveau, elle est folle de chagrin et elle veut tout : sa vengeance et Henry. Sa vengeance est quelque part en court car Mary Margareth est malade de ses actes. Tellement malade qu’elle désirera mourir mais subira pire encore. Regina a retrouvé un sort qui oblige quelqu’un à aimer quelqu’un d’autre. Rumpelstilskin prévient Emma, David et Henry. C’est Jared S. Gilmore qui sauve ce que ce moment pourrait avoir de convenu. La douleur qu’exprime le jeune acteur est poignante et nous laisse dans l’expectative. Il ne veut rien de moins que faire disparaître la magie de Storybrooke ! Pour cela, il a une idée explosive ! Regina l’empêchera de réussir mais voilà que David, Emma et Neal surviennent et à nouveau la confrontation est sur le point d’éclater. On reste par contre à nouveau dubitatif sur l’efficacité d’un revolver contre une boule de feu. C’est bien la tension que les acteurs parviennent à mettre qui crédibilise cette scène et, là encore, l’intervention d’Henry qui s’interpose. Il est l’enjeu et il le sait. Il obtient d’ailleurs que Regina renonce à son sortilège. Pas de faute dans le jeu de Jared S. Gilmore. « La magie abîme tout » s’écrie-t-il avec une colère d’autant plus touchante qu’elle est emplie de chagrin. S’il est parfait, ses « parents » sont plus en dedans. Un dernier élément existe en filigrane et il est lourd de menace pour l’avenir. Anecdotes :
18. SINCÈRE, ALTRUISTE ET COURAGEUX Scénario : Robert Hull et Kalinda Vasquez Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : Frappé par la douleur alors qu’il séjourne en Thaïlande, August cherche un guérisseur et le trouve à Hong Kong. Ce qui se passe ensuite a des conséquences à Storybrooke. Critique : Un épisode décevant, languissant dont tout l’intérêt est de poser les jalons de la fin de saison. Centré sur August Booth alias Pinocchio, l’épisode suit deux axes : dans le passé d’August à Hong Kong et maintenant à Storybrooke. Il éclaircit le récit qu’il tint à Emma dans « La promesse de Pinocchio » mais plusieurs éléments ne convainquent pas. D’abord, il n’y a aucun passage dans le monde magique, ce qui est difficile à avaler. Ensuite, la mise en scène éclate le récit en saynètes mal reliées et prive l’épisode de tout rythme. Enfin, les décors de « Hong Kong » sont d’une tristesse et d’une laideur infâme et n’ont aucune crédibilité quand ceux de Storybrooke sont platement fonctionnels. Maintenant à Storybrooke, Neal annonce à Emma que Tamara, sa fiancée, vient le rejoindre et il veut qu’elles discutent ensembles ! C’est pathétique et les comédiens le sentent bien, ne se bougeant pas vraiment pour nous intéresser. Le petit déjeuner pris en commun avec Henry est d’une banalité insipide et le récit de la rencontre Neal/Tamara sans intérêt. Pendant ce temps, Mary Margareth soigne sa dépression en tirant à l’arc et, sans qu’on comprenne bien comment, elle a l’idée d’aller voir plus loin et tombe sur une caravane abandonnée dans laquelle croupit August redevenu un pantin de bois ! C’est sa véritable apparence puisqu’il n’a pas été sincère ! Pour le coup, le dialogue entre Eion Bailey et Ginnifer Goodwin rehausse subitement le niveau car il est lourd de tous ce qu’ils ont sur le cœur, de l’espoir dont ils ne se défont pas quoiqu’il leur fasse mal. Au milieu d’un épisode bavard, c’est une brève étincelle de sincérité. A Hong Kong, August est amené devant un curieux homme baptisé le Dragon et qui peut soigner beaucoup de maux que la médecine scientifique ne parvient pas à guérir. Surprise, il connaît l’identité de Booth ! Mais ce que cette révélation pourrait avoir d’intéressant est piraté par une mise en scène lourde ; le mouvement de la caméra est lent et routinier. Visiblement, le réalisateur est lassé de cette figure de style pour filmer les dialogues. Pourtant, c’est là-bas qu’August va rencontrer Tamara ! Soudain, le personnage devient intrigant. Si elle est venu voir le Dragon, n’est-ce pas parce qu’elle croit à la magie contrairement à ce qu’elle a déclaré avec véhémence à Neal ? Néanmoins, encore une fois, c’est plat et la mise en scène bassement fonctionnelle. On sait ce qui va se passer et pas grand-chose ne vient casser le sentiment de lassitude qui gagne petit à petit le spectateur. Plus l’épisode avance et plus on le trouve long et interminable. La seconde rencontre entre Pinocchio et l’étrange Tamara se déroulera à Storybrooke. Elle lui offre de sauver sa peau contre son départ mais refuse de dire ce qu’elle est venu réellement faire. Franchement, à ce moment-là, on s’en fiche pas mal. Sonequa Martin-Greene est vraiment la seule à croire à cet épisode et elle incarne Tamara avec une belle énergie mais elle est impuissante devant la réalisation quelconque, un scénario qui n’en finit plus d’agoniser et une musique absente (seule exception, la séance de tir à l’arc sur fond de rock !). Si Tamara tombe le masque devant August (mais pas devant Neal), Greg Mendell fait de même devant Regina mais c’est celle-ci qui le démasque : il est Owen ! De la tension se dit-on ? Que dalle oui ! La scène tourne court car Sa Majesté se la joue Emma-de-la-saison-1 avec des répliques bassement réalistes mais il ne la croit pas (nous non plus d’ailleurs) et c’est tout. Lana Parrilla n’y peut pas grand-chose, d’autant qu’Ethan Embry n’est pas d’un charisme mirobolant et qu’il commence à lasser. Qu’il fasse quelque chose, de mal sans doute mais qu’il fasse quelque chose ! Le pire reste la mort du Dragon tuée par Tamara. La scène, là encore, partait bien mais elle fait pschitt et nous laisse incrédules devant tant d’impéritie et de naïveté scénaristique ! Cet homme pratiquait la magie et il est assassiné par un Taser !! Eion Bailey aura l’occasion de dynamiser la fin de l’épisode mais sa « mort » puis sa métamorphose en un « vrai petit garçon » parce qu’il aura réussi à être « sincère, altruiste et courageux », si ce sont de jolis moments d’émotions, restent superficiels. Que Tamara finisse par dire qu’elle croit finalement à la magie permet juste de passer à la suite et d’espérer un peu plus de magie justement ! Anecdotes :
Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Milan Cheylov Résumé : A Storybrooke, Belle retrouve la mémoire…mais ce n’est pas la sienne ! Dans le monde magique, on découvre les premiers temps de la vie de Belle chez Rumpelstilskin Critique : Beau redressement de la série avec cet opus centré sur le couple Émilie de Ravin/Robert Carlyle qui, par des effets de symétrie bien connus mais ici pleinement maîtrisés, se (re) découvrent. La première scène est trompeuse mais finement jouée par un passage dynamique de la gaité au drame sur fond de cauchemar. Frappant et inquiétant. Le lien avec ce qui a précédé nous rappelle que ce « problème » est toujours en suspens. M. Gold rejoint Belle à l’hôpital ; ils ne s’étaient pas parlé depuis le moment où il s’était confessé (« La fille du meunier »). Ces retrouvailles sont marquées du sceau de la tendresse avec une musique douce et agréable. On est loin des crises d’hystéries des débuts de sa maladie. S’il nie l’avoir guéri, il passe un marché avec elle et la fleur bleue qui sommeille en nous s’émeut. Sauf que Regina passant par là jette un sort à la belle ! L’explication entre les deux magiciens tourne à l’avantage de la Reine. Lana Parrilla, en dehors du fait qu’elle arbore une tenue très élégante et sexy, rayonne d’une joie malfaisante. C’est grinçant, plein d’ironie et de fureur rentré. La seule solution pour briser la malédiction paraît hors d’atteinte. Par contre, un fait surprend : cette dernière scène se déroule dans le bureau de Regina. Visiblement, elle est toujours maire de Storybrooke ! Dans le passé, nous sommes aux premiers jours de la présence de Belle comme servante de Rumpelstilskin (« La Belle et la Bête »). Elle se lamente sur son sort dans une prison qui fait tristement décor. On passe vite dans la grande salle bien connue, qui, elle ressemble furieusement à un décor numérique. Ce qu’elle est d’ailleurs ! Un archer tente soudain de voler une baguette magique mais est capturé. La scène est dynamique et ouvre l’arc narratif propre à cet épisode. Si le nom de l’archer n’est révélé qu’à la toute fin, il ne faut pas être grand clerc pour le découvrir. Heureusement, cette « révélation » est purement anecdotique. Les relations entre le maître et la domestique n’en seront plus que tendues et ça ne s’arrangera pas quand elle libèrera l’archer voleur qui subissait des tortures. On ne félicitera pas vraiment les maquilleurs qui ont été plutôt légers sur le maquillage justement, d’autant que Tom Ellis manque de panache et est moyennement convainquant sur ce passage-là. Dernier détail embarrassant : l’image est floue dans la grande salle. Un défaut déjà présent dans la saison précédente. Par contre, Émilie de Ravin nous régale par la conviction qu’elle déploie pour composer une Belle courageuse et loyale. L’épisode reprend un arc ouvert par « Le petit géant » quand Blanche et Charmant emmène Emma jusqu’à un champ de haricots magiques dissimulés par la magie et que cultive Anton. Si le climat est à la bruine et le chapeau d’Emma atroce, tout ce passage est à la fois plein d’entrain et même d’humour tout en gardant une note d’émotion. Ces haricots permettront aux habitants de regagner leur monde dont l’épopée d’Emma et Blanche a montré qu’il existe toujours, au moins partiellement. L’explication entre les parents et leur fille est brève mais touchante car si le couple veut partir, Emma n’est pas prête à les suivre. Nous n’aurons pas ici la réponse mais une tension vient de s’ajouter. D’autant que Regina, qui n’était pas dans la confidence, va découvrir le champ. Le sort qu’elle a jeté à Belle a conféré à celle-ci une autre personnalité, celle d’une certaine Lacey qui est l’antithèse de Belle ! Normale puisque c’est celle dont la malédiction aurait dû la doter (sans qu’on comprenne vraiment pourquoi ce ne fut pas le cas) : celle d’une femme légère qui porte des tenues provocantes, joue au billard de façon aguichante et consomme beaucoup d’alcool ! Le décor du « Rabbit Hole » est précisément le style que l’on attend du « lieu chaud » de Storybrooke, même si sa soudaine apparition est un peu facile. Le visage consterné de Gold est épatant et nous arrache un sourire embarrassé mais voir le maître de la magie craint de tous totalement perdu est un spectacle rare ! Robert Carlyle n’avait pas encore joué de cette corde sur son arc mais il est pleinement convainquant. Gold a été tellement touché par ce qu’il a vu qu’il va demander un (nouveau) conseil amoureux au prince charmant ! C’est finement joué. D’un côté, Robert Carlyle, gêné aux entournures et de l’autre Josh Dallas, qui restitue le passage entre l’incrédulité ironique et la bonté intrinsèque de son personnage. La mise en œuvre de la stratégie nous offre une scène hilarante entre Gold et Lacey (qui aime le hard rock !) qui accueille avec causticité sa demande de rancard. Les scénaristes nous gratifient en prime d’une citation croustillante : « Dom Juan n’était rien avant de passer un contrat avec moi » affirme Gold ! On est plié !! Et cela ne va pas s’arranger pour nous avec le dîner qui s’ensuit et qui est totalement désastreux. L’entendre dire qu’elle ne comprend pas pourquoi les gens ont peur de lui est ahurissant. Émilie de Ravin met une énergie canaille qui nous convainc aisément. Il est certain qu’elle a bien dû s’amuser à jouer cette version alternative de son personnage. Tout comme Robert Carlyle qu’on a rarement vu aussi pesant. Gold est complètement dépassé, ce qui n’a pas dû lui arriver souvent ! Le final de l’épisode est un régal avec la conclusion absolument symétrique et dissemblable des deux segments. Rumpelstilskin fait montre de compassion envers le voleur (même s’il le nie, on a son honneur quand même !) et donne du cachet à ses scènes dans une forêt qui en manque singulièrement. Ça ne donne pas envie de découvrir la Colombie-Britannique à la saison des pluies ! Belle est ici tendrement moqueuse ; c’est probablement à ce moment qu’elle tombe amoureuse de Rumpelstilskin. Tout comme Lacey quand elle voit Gold se déchaîner dans un accès de rage sur un pauvre type qui ne méritait pas ce qui lui arrive mais qui paye pour toutes les couleuvres que Gold a dû avaler. Le plus beau c’est que cette conclusion, superbement amenée avec une belle maîtrise de la narration, est complètement logique mais qu’elle nous surprend quand même ! Anecdotes :
20. LA MÉCHANTE REINE Scénario : Christine Boylan et Jane Espenson Réalisation : Gwyneth Horder-Payton Résumé : Dans le monde magique, la Reine change d’apparence pour comprendre pourquoi personne ne l’aide à traquer Blanche-Neige. A Storybrooke, Regina songe à détruire la ville ! Critique : Un épisode de bonne facture quoique le segment storybrookien soit plus faible que celui dans le monde magique. A Storybrooke, une alliance se noue entre Greg, Tamara et le capitaine Crochet. Lequel va ensuite proposer une autre alliance à Regina ! Pour son grand retour dans la série, Colin O’Donoghue ne se manque pas et compose un pirate véritablement agent double ! Ce dernier a bien appris auprès de Cora dont il fait un éloge funèbre assez surprenant. De son côté, Regina a découvert ce que Charmant et Blanche veulent faire d’elle et elle ne songe à rien de moins qu’à détruire Storybrooke ! Par contre, les scénaristes commettent à nouveau l’erreur de faire dépendre les plans de la souveraine d’autrui. Elle a besoin d’un objet caché sous la bibliothèque et elle trahit Crochet pour qu’il lui laisse le temps d’agir. C’est recycler des éléments de la saison 1 (encore un monstre même s’il est assez réussi) et c’est vraiment abuser. Par contre, le décor de la grotte est plutôt bien fait et le dynamisme que Gwyneth Horder-Payton insuffle à sa mise en scène ajoutée à des effets spéciaux convaincants, rend la scène vivante et très intéressante à suivre. Mais Regina devra payer le prix de sa trahison. Dans le monde des contes, la Reine ne comprend pas pourquoi les villageois ne l’aident pas à trouver Blanche-Neige et elle s’en ouvre à Rumpelstilskin. Très ironique, il semble essayer de le lui faire comprendre mais elle paraît ne pas saisir. Si la scène jouit d’une belle photographie, elle sonne étrangement. La Reine est-elle stupide ou aveugle ? C’est gênant : le scénario semble vouloir rogner sur son intelligence pour l’amener à vouloir changer d’apparence afin de se fondre dans le peuple et comprendre. Le procédé est classique (Louis XI semble l’avoir utilisé) mais ici il est amené plutôt maladroitement comme si Christine Boylan et Jane Espenson savaient où elles allaient mais pas quel chemin prendre. Toujours est-il que Regina devient une paysanne. Sauf qu’elle ne se montre vraiment pas douée comme agent infiltré et ne devra son salut qu’à l’intervention de Blanche-Neige ! Ce passage est ridicule tellement il est bête. Était-ce la peine de faire de Sa Majesté un être puissant, intelligent et rusé pour tout envoyer promener d’un coup ? C’est choquant et révoltant ! De qui se moque-t-on ? Décidément, cet épisode multiplie les scènes téléphonées. C’est d’autant plus dommage que Lana Parrilla est impeccable tout du long même si elle surjoue lorsqu’elle « grille » sa couverture. A scène peu convaincante jeu outrancier. Storybrooke compte une autre partie : les soupçons qu’Emma conçoit à l’encontre de Tamara à l’issue d’une rencontre brève mais assez drôle. L’ex blonde de Neal et l’actuelle brune se font un grand concours de politesse et de sourires qui nous en arrache un ! Pour Emma, c’est de Tamara qu’ils doivent se méfier. Là, le scénario vise juste en faisant de la Sauveuse la soupçonneuse car il est facile de penser que ses soupçons viendraient d’une jalousie et d’une volonté de se remettre avec Neal. Jennifer Morrison retrouve des couleurs et imprime une grande conviction à son personnage avec juste assez d’exagération pour laisser place à l’incrédulité. Monter une opération secrète avec Henry (« l’opération Mante Religieuse » ! C’est James Bond à Storybrooke !) permet aussi à l’actrice de se placer sur le registre de l’émotion dans lequel elle est excellente. La déception d’Emma lorsque ses recherches se révèlent vaines est vraiment bien rendu et l’actrice nous place dans une position très inconfortable quoique passionnante : nous savons que Tamara est une « méchante » mais rien ne le prouve. Regina impuissante sur ce coup, il ne reste plus qu’Emma pour sauver Storybrooke une nouvelle fois ! Le sauvetage de la Reine par Blanche-Neige permet toutefois plusieurs scènes importantes. D’abord, le sauvetage lui-même bénéficie d’effets spéciaux très corrects et d’un combat bien chorégraphié. Ensuite, tout le passage de la maladie de la souveraine est rendu intéressante par un jeu de la caméra tantôt proche tantôt à distance des actrices et ce passage dans la forêt se fait en extérieur et permet de respirer. La conversation de Blanche et de celle dont elle ne comprend pas tout de suite qu’elle est son ennemie jouit d’un bon rythme et la marche des personnages scande la fine étude psychologique que Blanche-Neige fait de la Reine. Ginnifer Goodwin sait parfaitement rendre la bonté intelligente de son personnage. Aucune naïveté chez elle mais la conviction que le bon est présent chez chacun et peut donc se révéler. Lana Parrilla compose en retour une Reine qui semble ébranlée par ce discours. Mais soudain, la situation bascule ! Un charnier apparaît brusquement sous nos yeux et un lent mouvement de caméra, entrecoupé de passages centrés sur les actrices, permet de découvrir petit à petit l’horreur du spectacle. La scène est pleinement crédible et la déception de Blanche est poignante : elle renie ses paroles mais c’est aussi de la tristesse que l’on entend quand elle dit qu’il est trop tard pour la Reine. Cela aurait pu être parfait, même la confrontation entre les deux ennemies, si la révélation de l’identité de Sa Majesté n’avait pas procédé d’une nouvelle faute de celle-ci incapable de contrôler sa langue. Lana Parrilla rattrape par son jeu en finesse ce que la scène pourrait avoir de convenu mais c’est un peu facile et irritant tout de même. Toujours est-il qu’elle tire les leçons de son aventure et c’est Caligula qui résume le mieux sa philosophie désormais : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent ! » Anecdotes :
21. DEUXIÈME ÉTOILE A DROITE… Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg Réalisation : Ralph Hemecker Résumé : En quittant le monde magique, Baelfire se retrouve dans le Londres victorien. A Storybrooke, Neal découvre la vérité sur Tamara. Critique : Centré sur Michael Raymond-James, cet épisode comble quelques lacunes chronologiques et recentre la série sur sa composante « magique ». On est tout d’abord quelque peu désarçonné lorsque Baelfire, après s’être séparé de son père (« Le bon fils ») tombe dans le Londres victorien. Mais, ce ne sera qu’un décor pour planter l’action qui commence très vite. En tenue de David Copperfield, notre jeune ami (Dylan Schmidt est très bon), entre dans une demeure bourgeoise parce qu’il meurt de faim. Il y rencontre la jolie Wendy Darling dont la famille l’adoptera. La maison est numérique, correcte mais sans plus et la fenêtre, souvent ouverte, ne donne pas sur grand-chose de réel. C’est mieux fait qu’à l’époque des Avengers certes mais ça ne va pas plus loin. A Storybrooke, la « famille royale » comprend que Regina a été enlevée. Cela renforce les soupçons d’Emma à l’encontre de Tamara. Sur ce coup, voir Emma et Charmant l’arme au poing (encore une fois) est dérangeant, en plus d’être ridicule. Regina aurait été là, pensaient-ils l’impressionner avec leurs pétoires ? Le réalisme dessert par trop la crédibilité de l’histoire. En outre, on comprend l’agacement de Neal devant les soupçons de son ex, d’autant que Jennifer Morrison est un peu en dedans. L’actrice ne fait pas assez ressortir la jalousie de son personnage ; vrai moteur de ses soupçons. Pour retrouver Regina, pourquoi ne pas faire appel à son vieil ami Rumpelstilskin ? C’est là aussi agaçant de revoir cette facilité : un problème, un sortilège. Robert Carlyle la joue à l’économie. Il est bien meilleur avec Émilie de Ravin, toujours en Lacey provocante et qui va même suggérer à son soupirant une idée qui nous effraye au plus haut point ! Le cœur de l’épisode concernant la partie dans le passé de Baelfire est révélé une nuit lorsque Wendy lui parle d’une ombre magique. Le moment est sérieux et l’incompréhension grande entre les petits Anglais (Wendy a deux frères) et Baelfire concernant la magie. Si Dylan Schmidt ne va pas assez loin dans le registre de l’émotion, son « témoignage » est poignant et toute la scène est troublante. Malgré ses mises en garde, Wendy part avec l’Ombre pour le Pays Imaginaire dont c’est la première mention. Ce lieu est connu de part Disney mais ce qui intéresse c’est cette ombre et donc le travail narratif auquel la série soumet cet élément. L’envol de Wendy donne lieu à des effets spéciaux corrects et à une douleur de Baelfire très bien rendue. Douleur aussi pour Regina. La Reine est soumise à la torture par Greg et Tamara pour qu’elle révèle où est le père de Greg. Enfin, Ethan Embry nous montre quelque chose d’intéressant. La douleur qui anime son personnage depuis son enfance le rend cruel et vindicatif envers celle qui a brisé sa famille. Le décor de l’entrepôt est d’un classicisme achevé mais le réalisateur ne s’y attarde pas. Il préfère complaisamment nous montrer les appareils de torture électrique. C’est peu original certes mais c’est efficace et l’on souffre avec Regina qui fait montre d’un beau courage. Au fur et à mesure que le temps passera, Lana Parrilla rendra sans trembler les supplices qu’endure son personnage. La musique nous aide aussi à nous mettre en condition ! Le sort de Gold « connecte » Blanche à Regina : elle va donc souffrir également et Ginnifer Goodwin réussit à nous mettre mal à l’aise. Nous sommes également interpellés par la mention de « données » recueillies pour un mystérieux « QG » par les amants diaboliques. Leur mission paraît aussi incroyable que crédible. Décidément, ce scénario est riche même si tout ne sera pas exploité ici. Scénario qui a aussi l’habileté de ne pas en rajouter dans la relation Neal/Emma. Il n’y a pas redite avec l’épisode précédent et l’aveu de sa souffrance pour avoir abandonné Emma est un fantastique moment d’émotion (qui bénéficie en plus d’un bel extérieur avec cette baie qui ouvre sur la mer). C’est profond, touchant et dit avec une sobriété douloureuse. Michael Raymond-James nous prend à la gorge et Jennifer Morrison donne à la réponse d’Emma une force certaine. Le couple se reforme pour venir en aide à Regina. Le décor est bien mieux rendu avec une pénombre et une lumière bleutée qui nous plonge grâce à une réalisation tonique dans l’action. C’est dans ce lieu que Tamara tombe le masque. Le sentiment d’abandon, de trahison de Neal nous saute au visage. Abandon, c’est ce qu’à ressenti Wendy sur l’île du Pays Imaginaire. La nuit, les enfants regrettent leurs parents mais l’Ombre ne les laisse pas partir. Wendy a pu le faire parce qu’elle est une fille. Freya Tingley, qui a su rendre le caractère enjoué et chaleureux de Wendy, parvient à nous communiquer sa peur. Peur, qui chez le spectateur, se conjugue à de nombreuses questions. Que veut cette Ombre ? Qui est-elle ? Nous ne le saurons pas même lorsque Baelfire se sacrifie pour protéger les garçons Darling. Le vol du jeune garçon est un superbe moment et un des meilleurs effets spéciaux de toute la série. Nous traversons Londres d’abord au raz des cheminées (slalom très dynamique !) puis nous prenons de la hauteur jusqu’au Ciel. Mais Baelfire n’arrivera pas jusqu’au Pays Imaginaire parvenant à s’échapper. S’échapper, Neal n’y parviendra pas. Malgré un beau combat entre Tamara et Emma très convaincant, la traîtresse se fait la belle en jetant un haricot magique : le passage qui s’ouvre est fatal au jeune homme. Son violent éclairage vert émeraude et son apparence de maelström donne à ce vortex une crédibilité et une réalité certaine. Seule la chute de Neal est exagérée. Il aura cependant eu le temps d’entendre Emma confesser qu’elle a besoin de lui et qu’elle l’aime toujours. Jennifer Morrison est parfaite dans ce registre de l’émotion tragique et sa douleur est la nôtre. Le pire est pourtant encore à venir quand Regina, sauvée par Blanche et Charmant (et on comprend sa douleur aussi !), confesse ce qu’elle avait l’intention de faire et, surtout, qu’elle n’a plus le contrôle de la situation ! Storybrooke est en sursis !! Anecdotes :
22. …ET TOUT DROIT JUSQU’AU MATIN Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz Réalisation : Dean White Résumé : Storybrooke est sur le point de disparaître. Autrefois, dans le monde magique, Crochet rencontre Baelfire. Critique : Comme de coutume, l’épisode compte deux segments : la destruction programmée de Storybrooke et la rencontre entre Crochet et Baelfire. Ce second segment est moins dynamique mais il permet d’approfondir la psychologie du capitaine pirate et de poser les enjeux de la saison suivante. Dès le départ, Crochet sait qui est Baelfire mais il se taira et mentira aux Enfants Perdus qui le cherchent. Ce moment est rendu nerveux par le côté inquiétant des « Enfants », par la nuit et sa lumière sépulcrale ; ce qui fait oublier la fausse mer et donc la maquette sur laquelle jouent les acteurs. C’est à ce genre de détail qu’on voit les bons comédiens. Baelfire s’intègrera bien allant jusqu’à révéler son passé au capitaine qui sait admirablement tirer les vers du nez. Néanmoins, la caméra surprend le trouble de Crochet à la suite de ces révélations. Il en sait long pour se venger mais est-il touché par l’ouverture qu’a manifesté le jeune garçon ? La question reste posée car Baelfire rompra avec Crochet. Tout au long de l’épisode, il nous sera donné de voir le talent de Colin O’Donoghue tourner à plein. Nous connaissions Crochet charmeur, courageux, hâbleur, rusé ; l’acteur joue bien aussi sur le registre de la sensibilité, de la détermination bien sûr mais aussi le sens de la justice. Le capitaine pirate ne s’intéressait qu’à ce qui pouvait servir ses propres intérêts et ce fut le moteur de ses actions jusqu’à présent mais le personnage évolue et se complexifie pour notre plus grand plaisir. La perte d’un être cher peut conduire un individu aux pires extrémités. La mort supposée de Neal/Baelfire assomme Gold qui est prêt à mourir même si la ville doit mourir avec lui ! Robert Carlyle est somptueux dans ses scènes d’émotion. Il sait monter en puissance, faire ressentir le choc puis rendre la sensation que le sol se dérobe sous ses pieds. Il aura une autre occasion de nous prendre à la gorge lorsque Lacey redevient Belle. Symboliquement, la personnalité qui devait prendre place dans la ville disparaît avec le théâtre sur lequel elle devait se produire. La tasse ébréchée joue à plein son effet de « madeleine de Proust » en reliant les moments, en abolissant la distance pour que les sensations se développent. C’est vraiment émouvant et Émilie de Ravin y met du sien. Non seulement, elle joue une femme heureuse de retrouver son « véritable amour » mais qui peut réconforter Rumpelstilskin. Ne pas se sentir seul lorsqu’on est en deuil est absolument essentiel. Storybrooke doit mourir car le dispositif a été activé par les deux « méchants » de cette fin de saison. Greg et Tamara n’ont pas la classe de Cora mais l’obscurité de leurs desseins ajoutés à leur fanatisme en font des êtres effrayants d’étrangeté. L’activation du diamant produit un bel effet bleuté et on oublie le caractère artificiel des galeries de la mine. D’autant que Crochet fait merveille avec sa désinvolture. Désinvolture qui est un leurre car le beau capitaine n’a pas l’intention de mourir avec Storybrooke et, avec la promptitude qui le caractérise, il se rallie au camp loyaliste ! Colin O’Donoghue pimente un moment qui était extrêmement dur : la Reine peut ralentir le processus et permettre aux habitants pour fuir. Henry, né dans ce monde, n’a rien à craindre mais le jeune garçon ne veut pas rester seul et sa douleur nous étreint. Pour récupérer les haricots magiques, Crochet et Charmant font équipe – ce qui est un bref moment cocasse - et la rencontre avec Greg et Tamara donne lieu à une situation alerte, violente avec une poursuite pas mal faite dans le décor de l’usine qui s’y prête bien ; le tout assorti d’un éclairage dur et d’une musique enlevée. On se régale ! L’émotion est au plus haut quand Regina confesse à Emma que ralentir le processus la tuera. Dans un clair-obscur à peine adoucie par la lueur bleu du diamant (techniquement, c’est le saphir qui est bleu ), celle que tout le monde prend pour un monstre désire se sacrifier pour Henry : « Laissez-moi mourir en étant Regina » demande-t-elle à une Emma que l’émotion rend muette. Lana Parrilla et Jennifer Morrison renouvellent avec brio les rencontres Regina/Emma. Au-delà de leurs différences, toutes deux rendent comptent de ce qui rapprochent leurs personnages. Henry sera d’ailleurs leur sauveur. Disons-le : Jared S. Gilmore a progressé dans son jeu. L’obstination qu’il donne au refus d’Henry de voir mourir sa « mère » est bouleversant et décisif. Blanche-Neige presse Emma de tout faire pour sauver Regina alors que la raison voudrait qu’ils s’en aillent. Jennifer Morrison est excellente dans ce bref moment où Emma est tentée de vivre et de laisser mourir la Reine. Il est extrêmement troublant de voir les anciens sujets opprimés se liguer pour ne pas laisser mourir leur ancien tyran. La surprise de la Reine en les voyant tous venir l’aider est d’une grande sincérité. La mort les frôlera de près et Emma osera dire « Maman, Papa » à ceux à qui elle a eu du mal à pardonner son abandon. Et c’est dans un moment désespéré qu’elle parviendra à tous les sauver. L’union fait la force ! Mais, pas le temps de souffler car Henry a été enlevé par Greg et Tamara ! On passera sur la maigre vraisemblance de leur présence dans la mine pour profiter du dynamisme qui porte le scénario de Kitsis et Horowitz. Les paroles échangés par ce couple diabolique n’ont pas beaucoup de sens en elles-mêmes mais elles font écho à divers brefs moments de ces derniers temps et l’on ne peut être que très inquiets pour Henry. Surtout lorsque le trio s’échappe par la porte ouverte par le dernier haricot ! Les habitants de Storybrooke (ville qui, décidément, a la vie dure !) sont bien proches de céder à la colère et au désespoir quand, soudain, Crochet qui s’était fait la belle, revient sur ses pas ! Façon de parler bien sûr puisqu’il est en bateau ! Il met ledit bateau à leur disposition. Belle devant rester pour protéger la ville (qui n’aura plus de maire ni de shérif), le Jolly Rodgers emmène donc la famille royale, la Reine et le Crocodile (une paix froide est signée entre anciens ennemis mortels) au Pays Imaginaire. Une fin enlevée, dynamique et qui nous plonge d’emblée dans la suite ! Anecdotes :
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