Guide des épisodes Prologue : L’Homme à la Rolls - Who Killed The Jackpot ? 5. Live a Little, Kill a Little 7. The Princess and the Paupers
PROLOGUE : L’HOMME À LA ROLLS - WHO KILLED THE JACKPOT ? Date de diffusion : 21 avril 1965 - Sorry, Amos. I fly solo. Le cadavre d’un riche banquier est découvert suspendu au néon d’un hôtel sordide. Chargé de l’affaire, le capitaine de police et milliardaire Amos Burke va croiser le chemin de la spectaculaire détective privée Honey West. La victime avait contacté celle-ci peu de temps son trépas. Une course s’engage dès lors entre les deux enquêteurs, Honey étant farouchement déterminée à ce que personne n’élucide avant elle le meurtre de son client, et surtout pas l’Homme à la Rolls. D’abord charme et amusé par la demoiselle, Amos va vite mesurer à quel point la Lady Detective représente une concurrente rusée et coriace. Comme tout bon pilote qui se respecte, l’épisode dresse efficacement le décor de sa série, avec une Honey West manifestant d’entrée ses qualités : esprit hardi, capable d’intuitions fulgurantes, mais aussi de rouerie très féminine et combattante experte n’ayant jamais froid aux yeux, décochant avec une égale réussite les prises de judo comme les cinglantes réparties. La rose arbore de tranchantes épines. Honey compose d’autant plus aisément l’attraction majeure de l’opus qu’elle se voit campée avec énergie et séduction par une Anne Francis s’emparant du rôle avec un naturel confondant. Son abattage et sa voix si sensuelle font merveille, tandis que les menaces de l’assassin (qui l’encourage plutôt), les colères de Sam ou les mises en garde élégamment ciselées d’Amos la laissent pareillement de marbre et ne la détournent jamais du chemin qu’elle s’est tracé. On éprouve parfois l’envie d’applaudir franchement la performance. Le récit révèle son arsenal, déguisements et gadgets (ici un vrai studio d’enregistrement itinérant) et installe une version encore sommaire de la salle secrète de son appartement où se situe son quartier général. Se met également en place le relationnel à la fois amical et complice mais aussi à l’occasion orageux, avec un Sam protecteur. Ce dernier se montre déjà ulcéré devant l’a flamboyante témérité d’une Honey n’hésitant jamais à tout risquer pour se confronter au tueur. Au total Anne Francis donne corps avec une saisissante crédibilité à cette version américanisée de Mrs Cathy Gale, certes dotée d’un glamour très hollywoodien, mais pareillement inflexible dans ses combats. Au-delà de cette mise en place rondement menée, l’histoire développe son intérêt propre. En effet le format long de L’Homme à la Rolls permet de prendre le temps de développer une intrigue, classique mais efficace, comme de poser atmosphère et personnages, comme ce ne sera jamais plus le cas pour des épisodes d’Honey West régulièrement menés au pas de charge (26 minutes hors publicités !). Déjà présent ici, le gag récurrent de la série voyant une phrase débutée avec un interlocuteur pour se conclure avec un autre servira également à accélérer les débats, jusqu’au systématique. Les différents entretiens menés ici par Honey lui permettent également de montrer des qualités humaines, en écho là aussi avec Cathy Gale, certainement la collaboratrice de Steed la plus sensible au malheur d’autrui. La rencontre avec Amos tient également toutes ses promesses. Gene Barry a l’intelligence de jouer son improbable personnage de milliardaire policier avec une solide dose d’humour lui évitant de sombrer dans le ridicule. Cela permet à la confrontation d’aisément devenir une pétillante comédie, d’autant que l’agacement croissant d‘un Amos face à une Lady Détective toujours en avance d’une étape sur lui suscite un amusement certain. Les auteurs évitent de faire perdre la face à leur héros en le faisant arriver à temps pour le dernier round, mais la victoire aux points revient clairement à Honey, capable de tenir la dragée haute aux forces de l’ordre par son astuce et l’aide du seul Sam. On apprécie également que le charme agisse entre des rivaux finissant par s’avouer leur estime réciproque lors d’une ultime danse. Ultime particularité de ce pilote parfaitement abouti, l’épisode se montre particulièrement riche du point de vue des voitures. Outre la Rolls-Royce Silver Cloud d’Amos Burke, on y trouve une première version du van qui servira de QG mobile à Honey et Sam, bardé des gadgets électroniques concoctés par ce dernier. Surtout, nous découvrons également le véhicule emblématique d’Honey West, une trépidante A.C. Cobra Shelby 289, de couleur Wimbledon White et dont la plaque porte le numéro CSX2540. Cette voiture de sport de 1965 illustre la modernité d’Honey face à la Rolls typique de la haute bourgeoisie WASP à laquelle appartient Amos (majordome inclus), tout comme la Lotus Elan d’Emma Peel s’oppose aux Bentley de Steed. Elle souligne également le caractère téméraire et fonceur d’Honey, l’A.C. Cobra étant la voiture de course de sa catégorie connaissant alors les accélérations les plus foudroyantes. Son moteur surpuissant lui vaut de nombreuses victoires en compétition et une vraie popularité, illustrée par le tube Hey, Little Cobra des Rip Chords (1964). Bien que créée par l’américain Carroll Shelby (qui en prêtera une à la production à des fins publicitaires), l’AC. Cobra demeure un véhicule britannique d’importation, ce qui indique également les racines anglaises d’une série inspirée par Chapeau Melon et Cathy Gale. Sam est d’ailleurs vu au volant d’une autre célèbre belle anglaise, la Jaguar XK-E, que l’on reverra dans l’épisode The Gray Lady. Décidément la Lady Détective a tout pour démarrer ses aventures sur les chapeaux de roue !
Date de diffusion : 7 septembre 1965 - Honey, you have to let the man win once in a while. - Believe me, Aunt Meg, you are looking at a sore looser ! Un gang de maîtres-chanteurs s‘en prend aux femmes riches et d’âge mûr, clientes d’un hôtel de luxe. Le beau Sonny les séduit, avant qu’elles ne soient photographiées dans des situations compromettantes. L’une des victimes fait appel à l’agence Honey West. Honey va tendre une souricière en devenant la très esseulée et fortunée Mrs Jones, cliente de l’hôtel s’ennuyant à mourir. Sam va jouer un Don Juan tapant dans l’œil de Mrs Jones. Sonny se manifeste alors pour embaucher Sam, mais l’un de ses hommes reconnait Honey. C’est au tour de la Lady Détective d’être visée par un guet-apens ! Comme souvent au fil de la série, la narration souffre du rythme hyper accéléré impulsé par la brève durée de l’opus, avec des scènes souvent réduites à l’épure. Qui plus est, la mise en scène met en œuvre des clins d’œil censés rendre ludiques les passages d’une scène à l’autre (gros plan sur un verre, puis retrait de la caméra révélant un buveur subitement devenu différent), mais qui en définitive accentuent l’effet stroboscopique de l’ensemble. Toutefois le métier et le talent du couple d’auteurs Gwen Bagni/Paul Dubov (mariés à la ville) permettent de limiter grandement les dégâts. Malgré la cavalcade, ils parviennent à développer une intrigue astucieuse en forme de poker menteur, instillant un joli suspense quant à savoir qui en définitive va duper qui. Même de manière express, quelques personnages se voient également dessinés, avec émotion autour de la dame humiliée par un odieux chantage lui ayant noté ses dernières illusions et faisant front avec élégance, également avec ironie autour d’un Sonny posant en macho dominateur et se révélant soumis à sa mère, la véritable chef de gang. L’épisode se voit également doté d’une véritable atmosphère. Il est ainsi habité par le jazz sublime de Joseph Mullendore, dont le saxophone souligne avec talent les moments de suspense, d’action ou d‘humour. La bande son jazzy de la série demeurera d’ailleurs toujours l’un de ses points forts. Par ailleurs les lieux centraux de l’action (piste de danse et piscine de l’hôtel) s’avèrent saturés par cet hédonisme californien s’épanouissant naturellement au sein de la libération des mœurs des Sixties. Les corps féminins se dévoilent dans toute leur sensualité sous le soleil radieux de Los Angeles, rendant le récit aussi torride qu’il puisse alors l’être dans un Network. Cette Californie rêvée demeurera aussi l’un des atouts du programme. Si tout ceci émoustille de manière amusante un Sam en roue libre, la détermination vengeresse d’Honey n’en est par contre en rien altérée. Anne Francis s’affirme derechef comme moteur du récit, exprimant de manière parfaite la nature duale de l’héroïne, à la fois fabuleusement sexy et pétillante d’humour, mais aussi animée d’une froide résolution dont rien ne saurait contrecarrer l’objectif, ici la chute du vil séducteur. Pour le reste, rebondissements, bagarres et gadgets farfelus pimentent agréablement le spectacle. L’épisode complète également le panorama de la série, introduisant l’emblématique ocelot Bruce et la souriante et improbable Tante Meg, amusante par son côté décalé de personnage des sitcoms édifiantes d’alors, au sein d’une série comme Honey West.
Date de diffusion : 24 septembre 1965 - When my dogs become unmanageable, Miss West, I use this special weapon to tranquilize them. A few hours rest, I am sure, would be most beneficial for you as well. A la demande de la compagnie d’assurance, Honey parvient à voler une précieuse statuette Ming (une chouette en jade), afin de prouver que la sécurité du musée est déficiente. La direction accepte alors que l’ingénieux Sam installe un système antivol de son invention. Toutefois le joyau est véritablement volé dès le lendemain ! Honey découvre que son propriétaire, Guy, s’est ruiné au jeu. Il a secrètement vendu la statuette à un gangster chinois, Tog, espérant également toucher la prime d’assurance.. Tog enlève Honey et l’enferme dans on navire en partance pour la Chine. Mais la Lady Detective parvient à récupérer la statuette, pourtant gardée par trois féroces Dobermans. L’intrigue concoctée par William Bast apparaît moins performante que celles du couple Gwen Bagni/Paul Dubov. La figure de style du détournement de la prime d’assurance était déjà passe-partout en 1965 et rend le développement du récit très prévisible. L’intervention d’un agent fédéral ne débouche sur rien de bien concret. On passe la majeure partie du récit à s’intéresser à Guy, alors que le véritable adversaire s’avère être Tog. De fait le récit ne s’anime véritablement que lorsque celui-ci entre en scène et enlève Honey, mais il est alors dramatiquement tard. On peut également regretter qu’Honey se montre moins performante qu’à l’ordinaire, ne retrouvant son énergie que lors de la confrontation finale. Anne Francis paie de sa personne face aux molosses et en plongeant crânement du navire pour une ultime péripétie marine. La série développe un nouveau point commun avec les Avengers en rendant la doublure de l’actrice particulièrement visible durant les passages les plus critiques. La courageuse cascadeuse Sharon Lucas est ainsi dotée, comme souvent, d’une perruque n’ayant que bien peu à voir avec la coiffure d’Anne, mais ce genre de naïveté participe aussi au charme des séries des Sixties. On apprécie le gag final voyant les Dobermans se retourner contre leur maître, celui-ci ayant été aspergé du parfum d’Honey. Il en va de même pour un double casting performant, avec le vétéran Richard Loo, rompu à l’exercice, et un raffiné Lloyd Bachner, rendant crédible la brève romance s’instaurant entre Guy et Honey. La meilleure scène de l’opus demeure son ouverture, voyant Honey jouer les monte-en-l’air au sein d’un musée que la nuit rend étrange et inquiétant, L’occasion aussi de découvrir la catsuit d’Honey, qui va l‘accompagner durant de nombreuses scènes d’action (en talons hauts), à l’instar des tenues des collaboratrices de Steed.
Date de diffusion : 01 octobre 1965 - Come on, the Count comes her every year to throw a charity ball ! - Maybe he throws snow-balls as well. Malgré une poursuite en automobile sur les pentes menant à l’Observatoire de Griffith, Honey ne peut éviter la mort d’un client. Avant de mourir, celui-ci lui donne une boule à neige et lui murmure « Snowman » (bonhomme de neige). A la grande colère de Sam, Honey dissimule le globe à la police, pour mener sa propre enquête. Il s’avère que la fausse neige est en fait de la cocaïne et que le Snowman dirige un réseau de trafiquants. Honey s’introduit dans une soirée pour démasquer un suspect, le Comte. Le duo Gwen Bagni / Paul Dubov a décidément parfaitement compris l’esprit de la série, n’hésitant pas à totalement sacrifier une enquête de toutes manières promise à la portion congrue, du fait de la brève durée de l’opus. Elle se voit réduite à quelques sauts de puce explicités a minima, ce qui permet de libérer un temps précieux au profit des deux atouts du programme : l’action et l’héroïne. De fait l’intrigue va accumuler les scènes spectaculaires. Elle débute par une mémorable poursuite automobile à trois véhicules sur les pentes de l’emblématique Observatoire Griffith, filmée par un vrai sens du spectacle. La fine et nerveuse Cobra d’Honey fait merveille face à ce massif monstre de puissance qu’est la Jaguar Mk.VIII, tandis qu’une Porsche 356 enjolive encore le panorama. Confrontations successives avec le gang et affrontement final de rigueur rythment agréablement un récit par ailleurs pimenté par le mystère du globe de verre et le twist de l’identité du Snowman. L’épisode demeure également l’occasion d’un show non stop d’Anne Francis. Honey fait feu de tout bois, que cela soit en sage jeune fille (un rien malicieuse) face au vieil inspecteur de police, ou fracassant joyeusement les truands après les incisives accroches verbales qu’elle affectionne. De manière tout à fait hilarante, Sam et Honey passent tout l’épisode à s’enguirlander quant à la marche à suivre, y compris quand la belle s’offre un ondoyant bain moussant (Tante Meg veille au grain). Les décibels s’accumulent, mais, bien entendu, cela ne vire jamais au drame. Les deux adorent visiblement l’exercice et Sam finissant toujours par accomplir les quatre volontés d’Honey, le soleil brille de nouveau sur Los Angeles. Anne Francis réussit quelques charmants exploits, avec l’amusante moue au contact de la cocaïne où un accent français tellement exécrable qu’il en devient irrésistible, quand elle revêt perruque brune et robe de soirée glamour. Face à elle, Henry Jones et Leon Askin campent des méchants parfaitement calibrés, à la fois menaçants et pittoresques.
Date de diffusion : 08 octobre 1965 - Stop reading over my shoulder. - Any problems? - Only a peeping, Sam. Girl watch on your own time. Maggie, femme d’affaires aisée, recrute Honey pour être protégée, ayant reçu des menaces de mort. Honey sauve la vie de Maggie quand le yacht de celle-ci explose après un sabotage. Honey soupçonne Alexander, l’ex petit ami de Maggie, mais il est assassiné. En fait il s’avère que Maggie dirige une bande de trafiquants de diamants, qu’elle a entrepris d’éliminer pour conserver seule le butin. Elle a fait croire qu’elle était menacée afin de toucher l’assurance de son yacht. Maggie est capturée par Honey, non sans avoir tendu un piège mortel à son bras droit, Zane, auteur du meurtre. Richement doté en extérieurs, l’épisode présente le mérite d’agréablement poursuivre la visite du Los Angeles des Sixties que nous propose la série. Après le milieu urbain, puis les contreforts du mont Hollywood et de l’Observatoire Griffith , nous découvrons ici la superbe façade maritime. Santa Monica, Palissades, Ocean Avenue, autant de magnifiques sites que nous découvrons dans leurs atours Sixties, avec la décoration supplémentaire des impressionnantes voitures de l’époque. Cet écrin ensoleillé et océanique de l’univers de la plaisance apporte par contraste de l’impact à une intrigue certes minimaliste, mais qui multiplie les sinistres apparitions du mystérieux homme grenouille tueur, au fatal harpon (deux mois avant la sortie d’Opération Tonnerre, c’est bien vu). L’explication du pourquoi du comment est expédiée entre deux répliques et reste schématique au possible, mais tant pis, la balade aura été bien agréable. En tenue nautique ou en bikini, Anne Francis brille de tous ses feux, apportant toujours la même énergie à Honey West, même si la part belle revient cette fois ci à Sam et aux gadgets espions qu’il sort comme à la chaîne de son van toujours bien placé. Il paie également davantage de sa personne face à Alexander. Il faut dire qu’avec Maggie, Honey a droit à une opposante jolie mais assez terne. Dianne Foster n’apporte guère de présence à Maggie et demeure bien peu convaincante lors d’un duel féminin trop minimaliste pour pouvoir espérer rivaliser avec ceux des Avengers. Honey subit le destin des héros d’aventures privés d’adversaires à leur hauteur, elle tourne un peu à vide. Le ténébreux Henry Brandon se montre davantage savoureux, mais disparaît trop vite. James Best n’a guère à exprimer, son personnage demeurant longtemps silencieux et dissimulé dans sa tenue mais les amateurs de La Quatrième Dimension apprécieront de retrouver le duo de Jesse-Belle, même très fugacement.
5. LIVE A LITTLE, KILL A LITTLE Date de diffusion : 15 octobre 1965 - He's Charlie McArdo. - Of the Syndicate? I should have asked for more money. Honey est contactée par Arthur, un riche avocat dont la fiancée de l’un de ses amis, Karen, a disparu. Honey finit par la retrouver dans un night club où elle est devenue danseuse. Elle survient juste à temps pour empêcher son assassinat mais Karen, paniquée, s’enfuit. Honey devient elle aussi danseuse, afin de mener l’enquête. Il s’avère qu’Arthur et son associé (ex petit ami de Karen) veulent empêcher cette dernière de témoigner contre eux. Ils capturent Karen et Honey mais Sam survient et une ultime bataille oppose nos amis aux criminels. L’auteur Tony Barrett, qui fera cependant preuve d’une belle fantaisie lors d’Annie, agent très spécial (ô combien), tourne ici le dos à l’univers de série d’aventures développé par Honey West, pour tenter de se rapprocher de l’univers initial de récit noir des livres. Caractéristiquement aucun gadget ne se voit d’ailleurs utilisé durant l’épisode. Malheureusement le roman noir exige l’installation de toute une atmosphère, ce qui demeure difficile dans le cadre d’un opus de moins d’une demi-heure. De plus Barrett perd un temps précieux avec des discussions d’un intérêt inégal entre Honey et Sam. On y retrouve certes de sympathiques prises de bec mais aussi des commentaires de l’action s’assimilant à d’inutiles redites. Dans un format court chaque seconde compte et il reste agaçant de voir Sam composer intégralement plusieurs numéros de téléphone, tandis qu’Honey conserve silencieusement la pose. On savoure toutefois un bon gag quand Honey semble se plier aux injonctions de Sam… p our ensuite continuer n’en faire exactement qu’à sa tête dès la scène suivante. Le scénario parvient également à placer de ci de là quelques scènes typiques de la série noire au sein de la vie nocturne de Los Angeles. Les scènes du night club s’avèrent les plus intéressantes de ce point de vue, avec l’apport précieux de musique jazzy de Joseph Mullendore, compositeur provenant, tout comme Tony Barrett, de l’équipe de L’Homme à la Rolls. Les amateurs des Avengers s’amuseront à constater quelques points communs avec La Danse macabre, Honey ayant, tout comme Emma Peel, affaire à des clients lourdauds plus intéressés par sa personne que par Terpsichore, puis sympathisant pareillement avec une autre danseuse. Le roman noir rend l’ensemble considérablement plus sordide, avec ces filles que l’on loue au ticket pour un tour de piste. Les méchants ne s’affranchissent pas des clichés du genre mais Warren Stevens apporte de la classe à Arthur et il est agréable de le voir retrouver Anne Francis une décennie après Planète interdite, dans un tout autre univers.
Date de diffusion : 22 octobre 1965 -i’ll say something for you, Lola : your party did turn out to be a real blast. Un gangster latino, Ramon, assassine un client d’Honey devant la rencontrer pour la première fois, puis se fait passer pour lui. Il va lui demander de l’aider à récupérer un bien dont il a été spolié. Pour cela il lui demande de l’accompagner à une soirée donnée dans la superbe demeure d’une certaine Lola; Getz. Honey va en fait se retrouver plongée dans un rivalité entre Ramon et Lola, pour diriger l’antenne américaine d‘un réseau criminel basé à Caracas. Les deux adversaires sont finalement neutralisés, mais Lola fait exploser sa demeure pour effacer les preuves. Sam a réalisé des enregistrements prouvant sa culpabilité. Whats Lola wants débute par une scène frappante, la poursuite mortelle de sa victime par Ramon, tournée caméra sur l’épaule dans un escalier extérieur, avec un effet vaguement surréaliste et une conclusion étonnamment sinistre, quand la dépouille est plongée dans une benne à ordures pour y être broyée. Par la suite l’épisode souffre malheureusement d’un scénario beaucoup trop inconsistant, multipliant les invraisemblances et les raccourcis afin de justifier à la va vite les péripéties, certes mouvementées, vécues par Honey durant cette folle soirée. On ne se saisit jamais vraiment l’intérêt profond de Ramon à se plonger ainsi dans une souricière, de fait il ne développe aucune action propre, se contentant du statut de boulet tout au long des évènements. Rien n’a véritablement de sens. Certains effets résultent inutilement sensationnalistes comme Honey ligotée dans une caisse en partance pour Caracas, car « le numéro 1 veut lui parler », de quoi, on ne le saura jamais, ou encore Lola faisant exploser sa demeure, ce qui présente comme un gag ce qui pourrait bine être un meurtre de masse, puisque l’on en voit aucun invité être sorti ! L’épisode échappe toutefois à la gratuité grâce à quelques précieux à-côtés. On apprécie quelques instannés extérieurs, comme l’A.C. Cobra d’Honey se garant devant le célèbre Hôtel Knickerbocker d’Hollywood, toute une ambiance. Pour la première fois le récit fait la part belle à la communauté hispanique de Los Angeles, avec tout ce que cela comporte de clichés inhérents à l’époque, amusants avec le recul : séducteurs gominés, yeux de braise, cruauté pittoresque ét accents joyeusement caricaturaux (également germaniques, le tueur Gunther apportant aussi sa contribution quant aux poncifs liés aux personnages allemands). Le rôle aurait idéalement convenu à Ricardo Montalbán, mais Richard Angarola demeure convaincant en Ramon. Assister à la jalousie féroce de Sam écoutant Honey se jouer avec charme suavité et malice des Latin Lovers se montre très amusant. Anne Francis est une nouvelle fois sublime en robe de soirée. Honey a affaire à plus forte partie avec la rude Lola, aux divertissantes réparties de gangster en jupons et interprétée avec énergie par une très nature Audrey Christie, idéalement à la fois drôle et menaçante. Demeure l’épée de Damoclès de scénario menés trop prestement, risquant constamment la sortie de route.
7. THE PRINCESS AND THE PAUPERS Date de diffusion : 29 octobre 1965 - Well, I guess it's the juge for me again, huh ? - Yeah yeah yeah ! Nicky, leader des Paupers, groupe de Rock and Roll à la mode, est enlevé. Une demande de rançon est transmise à son père, le millionnaire J. J. Vanderhyden. Celui-ci demande à Honey West d’intervenir, mais la même mésaventure arrive à Jingles, autre membre du groupe. Honey soupçonne le manager des Paupers, qui tente de financer une tournée, mais il s’avère que le véritable coupable est Jingles. Il a fait enlever Nicky par deux complices, mais entend bien conserver la rançon pour lui tout seul. Comme souvent, l’épisode comporte trop de péripéties et de retournements de situations compressés en un laps de temps réduit, donnant réellement le tournis et empêchant de réellement creuser les personnages. Toutefois le scénario du jour développe un véritable sujet : la déferlante du Rock and Roll, qui, en cette année 1965, a cessé de représenter une contre-culture pour remporter définitivement les suffrages de la jeunesse. Entre costumes de scènes, chevelure et style de musique les Paupers louchent franchement sur les Beatles, alors même que la Beatlemania vient d’emporter les Etats-Unis en 1964. Ils donnent lieu à une satire légère du milieu : jeunes chanteurs dont la cérébralité ne représenté pas la qualité première (cheveux longs et idées courtes, dira-t-on en France), managers cyniques et vénaux, fans en roue libre, qualité musicale au gré de chacun. Le récit relie habilement cette musique dans le vent au mode de vie californien festif et décomplexé, mis en avant par la série. Caractéristiquement, les mélodies jazzy de Joseph Mullendore, émanant encore du roman noir de la décennie précédente, se voient ici totalement délaissées au profit d’entrainants pastiches des airs du temps. Même brossée à grands traits, l’enquête a le mérite d’exister et de rendre hommage aux qualités d’intelligences et de femme d’action d’Honey. Celle-ci sait garder la tête froide, a contrario d‘un Sam exaspéré par tous ces zazous. Anne Francis rend toujours son personnage extraordinairement vivant. On remarque au passage que, quand Honey opte pour le bikini afin de se mêler aux jeunes, Anne n’a nullement à craindre la concurrence de demoiselles ayant 10 ou 15 ans de moins qu’elle. Honey conclue idéalement les débats par une déclaration d’amour envers le Rock, nous rappelant qu’à l’instar du cinéma il sublime souvent les travers de ses acteurs et demeure indissociable de la vague libertaire dynamisant les Sixties. Un épisode délicieusement inséré dans son époque.
Date de diffusion : 5 novembre 1965 - Just wait until you grow up and you’re in my neighborhood ! La petite Mary-Margaret est la fille de parents divorcés. Honey l’escorte dans un vol devant l’emmener chez son père. Un voyage éprouvant car l’enfant est une vraie peste hyperactive. A l’aéroport un trafiquant de diamants, sur le point d’être arrêté, échange sa valise contre celle de Mary-Margaret. De plus l’enfant disparait. A son bureau, Honey découvre les diamants mais M. Bartholomew, chef du gang, se présente alors, avec Mary-Margaret, qu’il échange contre la valise. Toutefois il va ensuite tendre un traquenard à la Lady Détective, qui en sait trop. In the bag est peut-être dans la poche, mais ne s’avère pas pour autant un épisode particulièrement relevé. Le scénario renonce d’entrée à l’intensité dramatique qu’aurait pu apporter l’enlèvement de Mary-Margaret, échangée quasi immédiatement contre les diamants. Sans doute, pour un network familial comme ABC, était-il inimaginable en 1965 de jouer, même pour de rire, avec la vie d’une enfant. Privée de son moteur, l’intrigue demeure par la suite excessivement mécanique, se développant uniquement en délayant quelques astuces, comme la multiplication des stylos émetteurs (jusqu’à trois déployés successivement). Il en va de même de l’abus des déguisements et autres fausses identités, qui finit par conférer à l’ensemble une saveur de vaudeville passablement artificiel. Les scènes en extérieus ne manifestent pas cette fois d’intérêt particulier. L’opus peut néanmoins compter sur une distribution de qualité. Avec un Everett Sloane tenant ici son dernier rôle et une Maureen McCormick prenant son envol, on trouve ici la parfaite synthèse des invités de la série, composés de jeunes pousses ou d’acteurs vétérans se redéployant désormais du cinéma vers la télévisons. Maureen McCormick pétille en une Mary-Margaret finalement bien moins irritante que nombre d’autres enfants des séries américaines et Sloane démontre un métier impressionnant, notamment dans la scène de l’échange, où sans rien exprimer il se montre subtilement menaçant envers la petite. Anne Francis tire son épingle du jeu, avec une Lady Détective impressionnante lors du duel final et émue lors des adieux avec une Mary-Margaret dans laquelle elle se reconnaît davantage qu’elle ne veut l’admettre : caractère bien trempé, maligne en diable et sachant immédiatement mettre Sam dans sa poche.
Date de diffusion : 12 novembre 1965 - Perhaps little girls should stay around the house, don’t you think ? - Wouldn’t that be rather dull for little boys ? Honey et Sam échouent à capturer un mystérieux incendiaire s’en prenant depuis peu à des entrepôts. Cela leur vaut une réprimande de la part du Lieutenant Keller et un manque de confiance de la part de l’assureur. Celui-ci refuse de leur confier l’affaire, malgré la sympathie de son chef enquêteur, M. Booth, Furieuse, Honey décide de mener l’enquête gratuitement, afin de démontrer l’efficacité de son agence. Echappant à une tentative de meurtre, elle prouve que Booth est le coupable, avec la complicité du propriétaire des entrepôts. Ils détournaient les primes d’assurance, tout en revendant au marché noir les marchandises prétendument brûlées.
George Clayton Johnson s’était souvent montré efficace dans le format court, alors qu’il écrivait neuf épisodes pour La Quatrième Diemnsion et ses récits à chute. Mais une série d’aventures répond à des exigences différentes, pour lesquelles l’auteur se montre visiblement peu à l’aise, pour son unique participation à Honey West. De manière évidente, il écrit une histoire correspondant à un format long, avec une multiplicité de personnages à peine esquissés et d’évènements, qu’il s’efforce ensuite de faire tenir en 26 minutes, à marche forcée. Plus dérangeant encore, il échoue également dans le twist que constitue la révélation de l’identité du coupable, anticipée de longue date. La règle selon laquelle un personnage qui n’a pas vraiment d’autre raison d’être là est forcément le coupable compte peu d’exceptions. La mise en scène joue beaucoup sur l’effet spectaculaire des bombes incendiaires, mais le tournage d’époque en studio empêche les feux de paraître crédibles et impressionnants, tout cela relève presque du fumigène. On remarque néanmoins quelques jolis effets de prises de vue par le dessus, lors des deux affrontements entre l’incendiaire et nos héros. Heureusement Honey assure le spectacle, avec d’incisives réparties mais aussi toujours très à son avantage dans sa tenue d’action aussi noire que moulante (P38 infailliblement dissimulé dans ses bottes de cuir). On lui doit également la scène la plus intense de l’opus, quand elle est en danger d’être asphyxiée par les fumées d’échappement, enfermée dans le coffre de l’A.C. Cobra transformé en chambre à gaz. Mais une femme moderne sait se servir d’un cric !
Date de diffusion : 19 novembre 1965 - What am I going to do with you ? - Buy me a Polynesian dinner. I’m hungry after all that swimming.” L’agence Honey West and Company se découvre un singulier client en la personne de Francis O’Grady. Suite à un accident de la route, il est devenu amnésique. Il ne souvient absolument pas pourquoi il détient la somme de 150 000 dollars en petites coupures, ainsi qu’une clef de chambre d’hôtel. Honey et Sam remontent la piste ; qui mène à un restaurant polynésien tenu par un des gangsters. Honey s’y fait engager comme serveuse, découvrant que l’argent a été prêté l’employeur de Francis. N’ayant pu rembourser du fait d l’accident ce dernier a donc été exécuté. Inauguré par une trépidante exfiltration d’Honey, confrontée à deux tueurs, l’épisode se montre particulièrement mouvementé et divertissant. La grande habileté du duo Gwen Bagni & Paul Dubov permet de d’ordonnancer une grande quantité d’évènements survenant en un temps restreint, se structurant en une enquête correctement articulée et plaisante à suivre. A défaut de résulter débordant d’originalité, le thème de l’amnésie suscite une énigme ludique et apporte une dynamique au scénario, par les réapparitions de souvenirs chez O’Grady. Le métier J. Pat O'Malley permet à ce dernier de donner chair à son personnage, à la fois drôle et émouvant, alors qu’il n’apparaît guère à l’écran. Les bandits mono-neuronaux et brutaux affrontés par la Lady Détective se voient également incarnés par de sympathiques acteurs à tronche, excellant tous dans leur registre. Au sein du joli décor du restaurant polynésien, la mise en scène se montre tonique à souhait, nous offrant quelques uns des combats les plus furieux et spectaculaires que la série nous ait proposé jusqu’ici. Chutant dans un escalier, affrontant le gang à demi émergée dans l’eau et accumulant les prises de judo les plus ébouriffantes, la doublure cascadeuse Sharon Lucas nous régale d’une authentique débauche d’énergie. Elle nous fait oublier que la réalisation ne veille guère à dissimuler qu’elle n’est pas Anne Francis. Celle-ci exhibe un déguisement hawaïen fort seyant et propose un portrait enthousiasmant d’une Honey avant tout motivée par l’attrait du mystère et de l’aventure, refusant de prendre quelque argent que cela soit au malheureux O’Grady. On apprécie également les moments de complicité avec Sam, cette fois trop inquiet pour son amie de patronne pour réellement se mettre en colère.
Date de diffusion : 26 novembre 1965 - She is a phony. - Well, in this business she is not alone. Sam et Honey convient des robes de haute couture vers San-Francisco, où doit se tenir une important défilé. Mais ils se font voler l’onéreuse marchandise dans une aire de repos, au grand désespoir de leur client, l’aimable couturier Antoine. Tandis que Sam remonte la piste des voleurs, Honey, soupçonnant une complicité interne, intègre l’équipe d’Antoine en se faisant passer pour un top modèle allemand. Il s’avère que Valentine, le photographe de la maison de couture, et Claudia, le mannequin vedette, ont organisé le vol, espérant toucher une rançon de la part de leur employeur. L’épisode souffre d’un manque d’intensité due à une grande prévisibilité. Il suffit d’apercevoir Claudia et Valentine chuchoter de concert pour que l’on devine instannément le pot aux roses, d’autant plus que le récit ne tente jamais d’installer la moindre fausse piste. Par ailleurs, si les scènes d’action apparaissent nombreuses, elles s’avèrent également souvent sommaires, hormis lors du duel final de rigueur. Celui-ci se montre intense, en sachant se servir du décor des penderies d’une blanchisserie, devenu un labyrinthe angoissant. Les adversaires du jour manquent vraiment de dimension. Par ailleurs, le duo Gwen Bagni & Paul Dubov, d’habitude très affuté, n’hésite pas ici à quelque peu éparpiller le récit en multipliant les scènes humoristiques périphériques. Celles-ci résultent souvent très drôles (le stress d’Antoine, les policiers ruraux ironiques, Sam et Honey grimés de manière hilarante en caricatures de Beatniks…) mais réduisent à peau de chagrin l’espace imparti au sujet principal de l’opus : une satire légère du monde de la mode. Celle-ci se montre à la fois incisive et glamour, avec un survol de l’arrière cour des défilés, amis aussi une Anne Francis somptueuse dans les créations haut de gamme de Nolan Miller, pour des scènes de Catwalk hélas trop fugaces. S’appuyant sur un l’accent allemand irrésistiblement accentué d’Honey et sur un excellent tag final voyant l’intrépide Lady Detective craquer pour une robe coûtant une fortune (étrangement, Sam n’y trouve guère à redire), l’épisode demeure divertissant, mais laisse l’impression de n’avoir qu’effleuré son potentiel.
12. A MILLION BUCKS IN ANYBODY'S LANGUAGE Date de diffusion : 03 décembre 1965 - The most valuable car in town ! - And you said I paid too much for it. En pleine nuit, Honey reçoit un appel à l’aide émanant de Charles Neeley, un collègue détective de sa connaissance. Arrivés chez lui, elle et Sam ne peuvent que voir Charles périr dans l’explosion de sa voiture piégée. Honey va mener une enquête qui la mène à s’engager comme serveur au Tiger’s Torso, un restaurant drive-in servant de couverture à un gang de faux monnayeurs. Il s’avère que Charles est bien vivant, ayant tenté de mettre en scène sa mort pour disparaître après s’être emparé des plaques du gang, reproduisant à la perfection des Livres Sterlings. L’épisode nous propose une intrigue à la fois classique et solide de recherche d’une personne disparue, soit l’une des bases du métier de détective privé, au moins dans les romans. Le talent de l’auteur Tony Barrett consiste à rendre la progression de l’enquête réellement prenante, par l’obtention logique et astucieuse des indices. Evidemment on n’échappe pas à quelques poncifs, comme le coup du graphite permettant de lire l’empreinte d’un message laissé sur un bloc-notes (étonnement Sam semble le découvrir), mais le rythme reste idéal, avec des accélérations placées aux bons moments. Les gadgets conservent également un bon équilibre, permettant de progresser dans la bonne humeur, sans pour autant basculer dans la parodie. Le recours à des acteurs aussi pittoresques que Percy Helton permet habilement de palier en partie au manque de temps imparti à la caractérisation des personnages. On regrette qu’a contrario les gangsters se montrent réellement ternes. Sans déployer des trésors d’imagination la mise en scène sait s’accorder au tempo du récit, avec quelques atouts comme la présence renouvelée, de superbes voitures d’époque (Chevrolet Impala, Ford Fairlane ou Cadillac 62) ou des extérieurs nombreux, à l’exception de la forêt où se déroule l’affrontement final, à l’évidence reconstituée en studio (comme parfois chez les Avengers). Cela n’empêche pas la cascadeuse Sharon Lucas de briller derechef. Le scénario s’autorise quelques idées bienvenues, comme la participation à l’action de Tante Meg, où les plaques dissimulées par Neeley dans lapropore A.C. Cobra d’Honey. On avouera toutefois que l’atout premier de l’épisode réside dans la tenuestrès sexy et si Sixties des serveuses du Tiger’s Torso, dans laquelle Anne Francis passe un temps considérable.
Date de diffusion : 10 décembre 1965 - Don’t you know a woman’s place is in the home ? - This is no time for a proposal; just hand over the loot. Abbott, élégant voleur de bijoux, visite l’appartement de la star française Nicole, tandis que celle-ci passe à la télévision. Engagée par Nicole, Honey intervient, mais Abbott parvient à s’enfuir en utilisant une ampoule aveuglante. Honey décide de prendre sa revanche quand la venue du milliardaire Jerry Ivar est annoncée. Celui-ci détient un célèbre joyau, The Gray Lady, et la Lady Détective est sûre qu’Abbott va tenter de s’en emparer. Elle ignore que lui et Ivar sont de mèche pour la vente de ce diamant, appartenant en fait à la femme de ce dernier. Idéalement débuté par un bel insert du célèbre Chinese Theatre d’Hollywood, l’épisode va bénéficier de l’apport de trois brillants artistes invités, tous particulièrement en verve. Nancy Kovack, particulièrement déchaînée, nous régale d’une savoureuse caricature de star hollywoodienne, qui plus est française. Cette diva au demeurant sympathique se montre joyeusement excentrique, mais aussi d’un sybaritisme très hexagonal. On s’amuse d’observer comment sa personnalité extravertie et en démonstration permanente irrite vite Honey, tandis que Nancy Kovak distille un terrible accent français, explosant tout ce que l’on a pu entendre dans d’autres séries des Sixties. Kevin McCarthy apporte une précieuse conviction aux facettes d’Ivar, d’abord nouveau riche ridicule et soumis à sa femme, puis homme d’action décidé et violent. Toujours talentueux, Cesare Danova apporte un divertissant brio de (presque) gentleman cambrioleur à Abbott, auquel Honey ne paraît y d’ailleurs pas insensible. Anne Francis se montre à la hauteur des invités, avec une Honey West toujours aussi irrésistible et alerte. Pour sa première participation à la série, le Richard Levinson / William Link propose une intrigue habile et nerveuse, exposant parfaitement les atouts du programme : glamour californien, confrontations électriques entre Honey et ses antagonistes, portées par de percutants dialogues et part belle laissée à l’action. Le mémorable twist de la complicité d’Ivar est superbement amené, se montrant beaucoup plus renversant que ceux émaillant la plupart des autres épisodes. Avec Abbott, les auteurs ont l’habileté se susciter un alter ego antagoniste à Honey, une formule toujours efficace. Abbott use des mêmes armes que la lady Détective (gadgets, déguisements, audace) et manifeste le même brio. Un stimulant jeu de séduction se met en place, autant qu’il l’était possible sur un Network comme ABC. Le récit développe également une satire sociale légère mais bien présente, que l’on retrouvera chez Columbo, série ultérieurement créée par le duo. L’action n’est pas en reste, avec une Sharon Lucas en grande forme lors d’un duel particulièrement spectaculaire et d’une cascade de haut vol sur la façade de l’immeuble. Malheureusement la technique rend les raccords particulièrement évidents avec Anne Francis, mais l’opus demeure une parfaite carte de visite pour la série.
Date de diffusion : 17 décembre 1965 - Who would want to kill you ? - Oh, a couple a dozen people, including Sam sometimes. Une société d’ingénierie subit plusieurs fuites concernant d’importants projets. Recrutée par les actionnaires, Honey découvre que la taupe est un honnête employé ayant été hypnotisé ! Malgré l’opposition du tueur Jerry, elle va remonter une filière menant à l’hypnotiseuse Darlène et révéler que le cerveau de l’organisation est le propre directeur de la société ! Après la belle réussite de The Gray Lady, Invitation to Limbo va marquer une sévère méforme du duo Richard Levinson / William Link .Se peut sous l’influence de la saison 4 des Avengers, alors en cours de diffusion en Grande-Bretagne, une première accentuation de la fantaisie au sein de l’univers de la série se déroule ici, avec le recours à l’hypnose. Le format court empêche toute atmosphère propice de s’installer et oblige à en demeurer à une version simpliste, voire naïve, du procédé. Surtout, il va s’avérer patent que cette excentricité n’est pas dans l’ADN des futurs créateurs de Columbo et d’Arabesque, car ils vont s’en servir avec un remarquable manque d’efficacité. Honey a souvent eu recours à sa redoutable intuition féminine au cours des épisodes précédents, mais la voir deviner d’emblée le pot aux roses résulte stupéfiant. Elle parvient ensuite jusqu’à Darlène avec une facilité insigne, au cours d’une enquête minimaliste. Surtout, pas un instant Sam ni Honey ne sont en situation d’être eux-mêmes hypnotisés, soit le rouage le plus efficace de ce type d’histoire (comme Steed dans Visages). Demeurent fort heureusement des dialogues toujours drôles et incisifs, où excelle une Anne Francis toujours tonique (excellent sketch de l’amende reçue pour excès de vitesse). On apprécie également quelques moments insolites, comme lors du passage du sauna ou de celui des pots de fleurs. Toutefois l’épisode ne s’anime réellement que lors de la confrontation finale, mais souffre là aussi de la fadeur des acteurs invités du jour. Au total un épisode guère relevé.
Date de diffusion : 24 décembre 1965 - He was very thorough, he asked a million questions. - What was your phone number and are you married, maybe ? Le conducteur de poids lourds Rocky Hanson fait appel à Honey West. Il a été licencié par son employeur, une société convoyant des pièces de missiles, car il s’est endormi au volent. Mais il est persuadé que son sommeil n’était pas naturel. Honey et Sam vont découvrir qu’un réseau d’espions drogue les chauffeurs, afin de pouvoir photographier les cargaisons, les documents étant ensuite transmis au Mexique. Rocky retrouve son travail après qu’Honey ait livré les chefs du gang au Service Secret, Même si l’argument de base demeure naïf (on peut supposer que les endormissements successifs de chauffeurs devraient finir par être remarqués) le duo Gwen Bagni / Paul Dubov réussit le pari de réorienter ici clairement la série d’aventures vers l’espionnage traditionnel.. Les standards du genre se voient respectés à la lettre, entre réseau à remonter, traitres et paranoïa ambiante. Outre des évènements parvenant à maintenir un rythme élevé, sans faire perdre pour autant de sa consistance à l’intrigue, les auteurs ont le mérite d’aller au bout de leur projet, en pariant sur le réalisme d’un récit plus sombre et (relativement) réaliste qu’à l’ordinaire, davantage que sur le spectaculaire. Les gadgets se voient réduits à la portion congrue, les combats gagnent en sobriété, Honey et Sam, dans leur identité d’emprunt (serveuse et chauffeur), approchent des milieux plus populaires qu’au sein du Los Angeles glamour et aisé dans lequel se déroulent la plupart de leurs aventures. Le récit se montre au total plus sec, mais aussi plus intense que de coutume. Cette fois absent des situations, l’humour reste toutefois préservé au sein des dialogues, notamment avec les chamailleries toujours amusantes entre les deux partenaires. L’interprétation se montre de qualité, avec aussi quelques trognes patibulaires à souhait. On regrettera toutefois une vision assez misérabiliste d’un Mexique hors d’âge, similaire à celle de l’épisode The Gift de La Quatrième Dimension. On a l’impression qu’Honey voyage davantage dans le Temps que dans l’Espace, car le village ressemble trait pour trait au Los Angeles de Zorro. Il ne s’agit pas de dire que e développement mexicain pourrait rivaliser avec l’américain, mais, tout de même, entre 1865 et 1965, les choses ont quelque peu évolué.
Date de diffusion : 31 décembre 1965 - Are you sure Pete's the one ? He's so charming, so nice. I feel so guilty. - Honey, your girl is showing. Une bande de cambrioleurs sévit dans les banques d’un quartier de Los Angeles, se jouant des mesures de sécurité. Honey découvre que le gang bénéficie de renseignement de la part de guichetières séduites par un bellâtre, Pater Sutton. Devinant quelle banque va être prochainement dévalisée, la Lady Détective s’y fait embaucher, espérant réunir des preuves contre Sutton. Reconnue, elle est capturée, tandis que le cambriolage a bien lieu. Heureusement Sam sauve la situation. C’est avec un épisode en demi-teinte qu’Honey West and Company clôture l’exercice 1965. La première partie se montre plaisante, avec tout un jeu de séduction s’instaurant entre Sutton et Honey, auquel cette dernière se montre davantage sensible qu’elle ne le devrait. Il est positif que la protagoniste montre de temps à autres quelques failles, cela l’empêche de devenir artificielle. L’électricité passe fort bien entre Anne Francis et classieux Anthony Eisley et un suspense s’instaure quant au dénouement de la situation. Parallèlement l’humour ne manque pas, entre une Honey employée de banque éprouvant visiblement quelques difficultés avec les chiffres, un Sam vert de jalousie mais brave cœur et un assureur stressé, en permanence au bord de la pâmoison. Malheureusement, après la capture d’Honey, la seconde partie opte pour sacrifier aux films de casse alors très populaires (Gambit, 1966), car portés par la vogue du Film noir des années 40 et 50. Dès lors l’action se centre autour du seul cambriolage. Il s’avère particulièrement ennuyeux d’assister à un enchaînement de scènes totalement muettes, durant lesquelles les méchants triturent du béton et Honey demeure coite, sans qu’Anne Francis puisse lui insuffler sa joie de vivre et sa tonicité coutumières. A contrario la fusillade finale se montre spectaculaire à souhait, d’autant plus appréciable que l’exercice de style est jusqu’ici demeuré rare au sein d’une série dominée par les combats à main nue. Il n’en reste pas moins que c’est le valeureux et dévoué Sam qui est en vedette, tandis qu’Honey se voit cantonnée au statut de Damsel in Distress. L’épisode reste jusqu’ici celui où la Lady Détective aura été le plus en retrait. Mais Anne Francis se rattrape lors du tag de fin, avec une Honey irrésistiblement sous le choc en découvrant le montant du chèque de l’assureur. Bonne année à Honey West and Co. !
17. HOW BRILLIG, O, BEAMISH BOY Date de diffusion : 07 janvier 1966 - If it isn’t Malice in Wonderland ! Honey découvre que l’enveloppe que lui a confié un client contient un demi million de dollars de provenance douteuse, quand le gangster Mr. Brillig enlève Sam afin de l’échanger contre le magot. Grâce à un émetteur dissimulé dans les lunettes de Sam, la Lady Détective parvient à retrouver son loyal bras droit mais Mr. Brillig va ruser afin qu’Honey le conduise sans le savoir à l’enveloppe. Honey parvient à triompher des deux concurrents, après une ultime bataille au sein d’une mine abandonnée. Les billets étaient en fait dissimulés dans le gilet de Bruce l’Ocelot ! L’épisode tombe à point nommé pour effacer l’image laissée par son prédécesseur d’une Honey en revenant aux clichés usuels de la damoiselle en détresse. Ici c’est tout le contraire qui survient, avec une Lady Détective faisant feu de tout bois, avec astuce et courage, afin de voler à la rescousse de son acolyte. Le McGuffin de l’enveloppe remplie de billets fonctionne à plein régime, électrisant les débats et suscitant une succession rapide de péripéties, puisque la situation a été rapidement posée et ne suppose pas de développements autres que les rebondissements de la compétition. La récit constitue une agréable synthèse des différentes armes de l’héroïne, des gadgets au charme en passant par un esprit des plus vifs et une inflexible volonté. Sam ne se voit pas négligé pour autant dès que le duo est reconstitué la complicité entre les protagonistes apporte aussi son lot de scènes divertissantes. L’importance du Western regardé à la télévision représente un nouvel exemple de l’importance prise par ce média au sein de la série et dotn les apparitions se multiplient au fil des épisodes. L’opus propose d’ailleurs un panorama complet de la série, accordant une vraie place à Tante Meg et à Bruce l’Ocelot. Les standards de production apparaissent relativement élevés, avec nombre d‘extérieurs et le parfait support de l’incontournable duel final que forme l’impressionnant décor de la mine, non loin de l’une de ces villes crées artificiellement pour le tournage de Westerns. L’affrontement se montre particulièrement ambitieux, du moins à l’échelle de la série, de par l’emploi du chariot à minerai. Il permet une nouvelle fois à honet de vriller de toutes des squalités dinitiavite de de combattante . Si le client d’honey dmeure falot de bout en bout, la Lady Détective a dorit à un antagonisted e choix en leprsnne de Mr. Brillig, un composant indispensable à tout récit d’aventures réussi. Abve son astuce et son mélange d’humour etd e brutalié ; l’natagonsite du jour se situe au-dessus des gnsters interchangeablesouevnt présents. Décidment avepès le troubalnts éducteur précent est précieux effort est mené quant à la carctérisatind e adversaires.
Date de diffusion : 14 janvier 1966 - Are they dead ? - No, just stunned. Electrocution is illegal in California. La découverte de l’assassinat de ’infirmière de Kelso King, milliardaire vivant en reclus et notoirement malade, alerte Honey West. Elle va se faire embaucher comme remplaçante de la victime, afin de mener l’enquête. Il s’avère que le secrétaire de King, Carson, a substitué un sosie à ce dernier, afin de faire main basse sur sa fortune. Sam et Honey vont entreprendre de libérer le véritable King, tout en ayant à combattre l’homme de main de Carson, le monumental Groalgo. Après quelques opus orientés vers le Polar, Honey West en revient ici à l’énergie et aux fantaisies propres à la série d’aventures. Après une mise en situation menée sans temps morts, l’action se passe quasiment en temps réel, avec une effervescente succession de retournements de situations et de confrontations électriques. Le décor de la villa luxueuse s’avère un parfait écrin pour ce type de récit, avec son sombre donjon dissimulé sous les dorures, ses passages secrets et ses glaces sans tain, Les auteurs trouvent une justification idoine et amusante à cette installation : la demeure a été bâtie pour une star d’Hollywood, tout est dit. On pourra reprocher au thème de la substitution par un sosie de manquer d’originalité, mais il ne s’agit ici que d’un efficace prétexte aux péripéties. Les gadgets farfelus enregistrent logiquement une recrudescence dans ce contexte, avec de nouvelles joyeuses créations de l’ingénieux Sam (mention spéciale au thermomètre à micro). Les auteurs ne cèdent pas à la tentation de la surenchère, en ne faisant pas triompher Honey du colossal Groalgo en combat singulier ; Qu’elle et Sam doivent conjuguer leurs efforts pour cela reste plus admissible et, en définitive, très sympathique. Richerd Kiel apporte toute une sensation de menaçante puissance au personnage, tandis qu’avec lui et Anne Francis les amateurs de La Quatrième Dimension apprécieront de retrouver face à face deux figures emblématiques de l’anthologie de Rod Serling. Le reste de la distribution se montre également fort relevé, par les grands professionnels, ici parfaitement dans leur emploi, que sont Dennis Patrick et David Opatoshu. Anne Francis se montre comme toujours aussi à l’aise dans l’humour que dans l’action et anime à la perfection le récit. Elle se montre aussi éclatante dans le costume immaculé d’infirmière que dans sa noire tenue d’action. Un joli contraste rappelant que la garde-robe monochrome d’Honey se prête aussi bien au Noir et Blanc que celle d’Emma Peel, à la même époque.
19. IT'S EARLIER THAN YOU THINK Date de diffusion : 21 janvier 1966 Après avoir galopé à cheval à travers Los Angeles, un homme en costume de l’époque de Lincoln s’effondre dans le bureau d’Honey, mortellement blessé. Il brandit un journal d’époque relatant sur l’assassinat du présidant, avant de mourir. Trois hommes se présentant comme Conrad Wycherly, richissime écossais frère du défunt, cherchent à récupérer le journal. Intriguée, Honey fait réaliser une datation au carbone 14 prouvant l’authenticité du document, mais deux escrocs ont réalisé un appareil vieillissant artificiellement objets et personnage set cherchent à escroquer le véritable Conrad. L‘intrigue constitue une intéressante synthèse des thèmes chers à l’écrivain anglais Marc Brandel. Installé en Californie et auteur de nombreux scénarios pour la télévision américaine, il publia également une dizaine de romans oscillant entre policier et horreur, avec une prédilection marquée pour le spectaculaire. On retrouve ce gout avec l’image d’ouverture de la cavalcade à travers Los Angeles ou l’intrigante succession d’écossais en kilt abordant Honey. Autant de prémices savoureusement énigmatiques, pour un énigme que le format court oblige malheureusement à traiter de manière accélérée. On observe au passage que les deux frères Wright, vivant pleinement leur passion pour Lincoln ou l’Ecosse introduisent les personnages d’Excentriques au sein de la série, au moment où ceux-ci s’imposent dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir, lors de la saison monochrome des aventures d’Emma Peel. Décidément le lien entre les deux programmes perdure et la fantaisie va davantage marquer les épisodes tardifs d’Honey West. L’aspect d’épouvante de l’œuvre de Brandel se retrouve à l’occasion du clou du spectacle que constitue la séance de torture d’Honey, par la machine à vieillir, l’occasion de postures théâtrales en revenant aux grands classiques du genre (on se croirait par moments lors du segment final du film de Z.Z. von Schnerk, dans l’épisode Epic des Avengers).Evidemment Honey s’échappe prestement, mais le passage souffre surtout là aussi du format court, du fait d’une percussion dommageable avec l’humour gentillet d’autres scènes (le policier blasé devant les péripéties survenant chez Honey) qui finit par conférer un aspect de patchwork à l’ensemble. L’astuce de l’erreur historique contenue dans le faux journal demeure néanmoins astucieuse, autorisant un ultime rebondissement efficace et percutant. La machine à vieillir apporte un élément de Science-fiction établissant une convergence supplémentaire avec Chapeau melon, même si elle vaut certainement bien davantage que ce que peut rapporter ‘escroquerie menée par son inventeur ! Une aventure plaisamment aux frontières du réel pour une Lady Détective s’amusant visiblement autant que nous.
Date de diffusion : 28 janvier 1966 - Are you asking us to help you rob this store ? - Oh no ! I already did that. I want to hire you to put it back ! Modeste employé d’un grand magasin de Los Angeles, Arthur Bird s’est mis à rêver en voyant quotidiennement circuler autant d’argent, il en a alors volé une grande somme. Mais son honnêteté a depuis repris le dessus et il fait appel à Honey West and Company pour remettre les billets en place. Séduite par ce défi original, la Lady Détective accepte, mais elle et Sam vont devoir faire face à une opposition inattendue : le directeur du magasin entend faire porter le chapeau à Bird, pour les montants bien plus considérables qu’il a lui-même détournés. Après A Nice Little Till to Tap, la série renoue ici avec le film de casse, mais sur un mode autrement plus pétillant et réjouissant. L’inversion du postulat initial coutumier apporte un gag percutant, habilement relayé par la personnalité d’Arthur Bird. Son mélange d’aspiration à une vie rêvée, de caractère effacé et de préventions bourgeoises forme un contraste détonnant, apportant nombre de répliques amusantes (notamment à propos de son fantasme récurrent autour des femmes de Bora-Bora parlant français). Byron Foulger apporte beaucoup de saveur à son personnage, à l’unisson d’Anne Francis, avec une Honey stimulée par cette aventure originale… Et par les articles de mode du magasin, sous le regard mi amusé, mi effondré de Sam. Que Sam et Honey soient cette-fois les moteurs de l’anti casse permet de parfaitement exploiter leur relationnel explosif, quasiment toutes leurs scènes sont d’ailleurs en commun. Au total, le film de casse se transmue ici en une crépitante comédie d’aventures, où Honey se taille la part du lion et encore enrichie par une très légère satire du consumérisme. Deux éléments accroissent encore l’intérêt de l’épisode. Voir Anne Francis évoluer au sein d’un magasin désert et obscurci, peuplé de mannequins, évoque fatalement la grandiose réussite de l’épisode Neuvième étage de La Quatrième Dimension. C’est d’autant plus vrai que la mise en scène ne manque (bien entendu) pas l’occasion de représenter Honey figée en mannequin, afin de leurrer ses poursuivants. De leur côté, les amateurs des Avengers apprécieront les parallèles (peut-être l’inspiration) avec le grand magasin de l’épisode Mort en magasin, diffusé précédemment, le 23 octobre 1965. Cela saute particulièrement aux yeux lors de la longue et épique bataille finale, exploitant pareillement le décor et les divers objets du magasin. The Perfect Un-Crime fait certes preuve d’un peu moins d’inventivité que son cousin anglais, mais tient dignement son rang.
21. LIKE VISIONS AND OMENS AND ALL THAT JAZZ Date de diffusion : 04 février 1966 - I want you out of this ! He has killed two men ! - Sam, don’t talk and drive at the same time, it’s dangerous. La riche Mme Tilson est inquiète, sa fille, la jeune et sportive Tina, est victime de plusieurs tentatives de meurtre, malgré la présence de son fiancé, le jazziste Peter Lynch. Le mage Faustini lui prédit régulièrement les attaques à venir, ce qui accroit son emprise sur cette femme riche et impressionnable. En fait, lui et Peter sont associés dans cette arnaque, mais ce dernier va décider de passer à la vitesse supérieure. Heureusement Mme Tilson a eu le réflexe de contacter Honey West and Company et la Lady Détective va désormais veiller sur Tina. L’épisode compte de nombreuses scènes fortes et prenantes, notamment du fait d’une excellente interprétation, mais le liant entre celles-ci apparaît vraiment trop succinct et expéditif. En fait, rarement épisode aura subi autant de plein fouet l’impact du format court de la production, sans doute également du fait qu’il comporte trop de personnages secondaires, individuellement habilement croqués (le vénal ancien fiancé de Tina, l’imprésario pittoresque…) mais dont la conjonction aurait nécessité le format long pour réellement s’épanouir. On en reste à un puzzle souvent distrayant, mais aussi frustrant, parce qu’il laisse percevoir ce qui aurait pu devenir un grand épisode. Dans une série aussi jazzy qu’Honey West, on regrette que la partie consacrée à cette musique se voie réduite au minimum, au profit de l’humour bon enfant mais un peu lourd du groupe de culturistes. Au sein d’une épatante distribution, aux membres remarquablement investis dans leurs personnages, on distingue notamment la prometteuse Mimsy Farmer. A l’aurore d’une belle carrière qui se déroulera principalement en Europe, elle apporte une vraie fraicheur très 60’s à Tina, même si celle-ci en demeure au statut classique de Damsel in Distress. Le véritable moteur de l’opus demeure toutefois le stand-up proprement hallucinant de Nehemiah Persoff dans le rôle du très théâtral Faustini, fracassant toutes les limites connues en matière de cabotinage génial. On applaudit des deux mains cette performance propulsant encore davantage la série vers la fantaisie, tout en rêvant à une rencontre avec le Warlock de Peter Arne. Du fait de la nature fragmentaire du récit, Honey se contente souvent de passer les plats, mais elle se rattrape lors du spectaculaire affrontement final, où elle capture carrément le méchant avec un chariot élévateur. Décidément la Lady Détective se montre particulièrement vindicative envers les vils séducteurs !
22. DON'T LOOK NOW, BUT ISN'T THAT ME Date de diffusion : 11 février 1966 - I will never understand women, blondes want to be brunettes, and brunettes want to be blondes ! Un gang d’escrocs, dirigé par Chick, a recruté Pandora Fox, une femme ressemblant trait pour trait à Honey, bien qu’elle soit brune. Ayant placé sous écoute le micro de l’agence, ils peuvent précéder la Lady Détective chez ses clients et dérober les biens qu’elle était chargée de protéger. Mais Honey comprend l’astuce et tend un piège permettant de capturer Pandora. Puis elle se fait passer pour elle afin d’infiltrer le gang et de récupérer le butin. Evidemment, une série aussi liée aux Avengers qu’Honey West ne pouvait pas achever son parcours sans connaître son épisode de doubles. C’est chose faite avec Don't Look Now, But Isn't That Me ?, qui va opter clairement pour la comédie. Plusieurs éléments concourent à propulser ce récit parmi les plus amusants d’un programme pourtant particulièrement divertissant. Il en va ainsi de cette bande d’escrocs mono-neuronaux joués avec entrain par de sympathiques acteurs à trogne, vrais bandits pour de rire. Seul Chick se montre astucieux, tandis que l’imposant Alan Reed l’interprète avec un vrai pittoresque. Le rythme élevé des péripéties et l’emploi astucieux de la perruque blonde de Pandora permettent à l’intrigue de devenir un véritable vaudeville, malgré les contraintes de temps du format court. La série n’hésite plus à incorporer régulièrement des Excentriques, ici le volubile concepteur de perruques. Le clou du spectacle réside bien entendu dans le double numéro d’un Anne Francis plus survoltée et irrésistible que jamais. La Lady Détective se montre piquée au vif et déploie quelques prises assez vicieuses pour vaincre ses rivaux, notamment l’emploi de bolas improvisées clouant un ennemi à une colonne par le cou, puis une manchette décisive ! L’actrice se régale visiblement avec Pandora, vraie cocotte grand train à l’irrésistible accent de Brooklyn, d’ailleurs comme à chaque foisqu’Honey joue une femme vulgaire. Nous sommes dans une série californienne ! La différence de prononciation entre fine et « foyne » jouera un rôle astucieux dans l’intrigue. Evidemment le faible budget limite les effets spéciaux et la confrontation des deux femmes se voit réduite au minimum, mais peu importe. Hormis pour l’aspect Science-fiction, la tonalité humoristique et la substitution des deux femmes préfigure le succès de l’épisode Qui suis-je ??? de la saison cinq de Chapeau Melon. Les amateurs des Avengers se plairont à y reconnaître quelques autres points communs, comme Chick et Pandora étudiant un film d’Honey, Honey/Pandora improvisant une danse coquine ou Chick perçant à jour l’imposture par un petit détail. Evidemment le scénario comporte une faiblesse, les différences entre Honey et Pandora sont si marquées, et l’incapacité de cette dernière à imiter son modèle se montre si totale que l’on se demande bien comment la mystification a pu fonctionner. Mais la scène pré générique évite à Pandora de parler, tout en captant l’attention par les deux magnifiques robes de soirée, créations de Nolan Miller.
23. COME TO ME, MY LITIGATION BABY Date de diffusion : 18 février 1966 - Sam, you’re so gracious, are you trying to tell me I’m right ? Sam et Honey sont embauchés par un assureur estimant qu’un accident ayant rendu invalide Buster Macon est en fait une mise en scène. Ils vont découvrir que Buster, aidé par la dynamique Nelly Peedy, dirige toute une bande d’escrocs spécialisés dans les simulations d’accidents. Après avoir échoué à le photographier en train de marcher, ils pénètrent dans le gymnase servant en fait de lieu de répétitions aux membres du gang, dont ils triomphent après une mémorable bagarre. Tentatives de photographies, puis entrée dans un gymnase débouchant sur une mêlée générale : d’évidence le scénario du jour manque par trop de substance pour réellement emporter l’adhésion. Le duo Gwen Bagni / Paul Dubov est bien trop fin pour ne pas le sentir et va multiplier les à-côtés pour tenter de cacher la misère, avec des succès divers. Chaque des tentatives se surprendre Buster est ainsi conçue comme un sketch à part entière, individuellement très drôles, mais dont la répétitivité devient artificielle. Après tant d’exploits, on se demande bien pourquoi il serait soudain si difficile pour nos héros de prendre une simple photographie. Les auteurs tentent aussi de tirer à la ligne en multipliant les dialogues, parfois ennuyeux. Mais le procédé nous vaut au moins de savoureuses prises de bec entre Sam et Honey, l’un des grands classiques de la série. Le combat final prend aussi beaucoup de temps, mais se montre impressionnant grâce à l’emploi astucieux et parfois virevoltant des différentes installations sportives du gymnase. Entre agrées et trampolines, c’est l’heure de gloire des cascadeurs de la série, avec un spectacle équivalent à celui que propose régulièrement les bagarres de Batman 1966, le décor psychédélique mis à part. Les pirouettes de Nelly convainquent moins, l’actrice étant à l’évidence doublée par un homme. Le tag de fin dure également plus longtemps qu’à l’ordinaire, avec l’étonnant sketch de The Honey West Walk, nouvelle danse à la mode à Los Angeles. Tout cela reste très naïf, mais on se laisse séduire par cette évocation des déhanchements typiques des Sixties et par la bonne humeur communicative des comédiens. Demeure néanmoins une impression de vacuité, même si l’on apprécie le parallèle établi avec le procédé prévalant désormais chez les Avengers d’une institution d’apparence respectable (le gymnase temple de l’hédonisme californien) détournée en satire de la société. Les escrocs apprenant comment simuler des accidents (les Etats-Unis et leurs procès) font ainsi écho aux apprentis majordomes de Les espions font le service ou des parfaits gentlemen de Meurtres distingués. Succession d’évènements répétitifs en guise de scénario, postures satiriques et grande bagarre finale très chorégraphiée, l’épisode alerte ainsi sur les allures de Formula Show que revêtent les Avengers au fur et à mesure qu’ils s‘éloignent des années Cathy Gale.
Date de diffusion : 25 février 1966 - We can’t just walk in there. - That’s your problem, Sam. You don’t think sneaky enough. Mme Buckley fait appel à Honey car son mari, riche homme d’affaires, a reçu des menaces téléphoniques. Malgré les efforts de la Lady Détective, il est néanmoins enlevé durant une soirée, par des hommes s’enfuyant en hélicoptère. Honey suit une piste la conduisant à Darza dirigeant d’un clan gitan, mais aussi d’un hôtel de luxe situé près du Mexique. En fait, avec l’aide de ce dernier, Buckley a organisé sa fuite, après avoir détourne une forte somme d’argent. Honey se décuise en bohémienne pour l’approcher mais ignore que Darza possède un féroce gorille. Quand il s’avère qu’Honey n’a pas remarqué l’hélicoptère avec lesquels s’enfuient les bandits, pourtant simplement posé sur le parking à quelques mètres d’elle, on devine d’emblée que l’épisode va être particulier. De fait, l’intrigue apparaît rapidement inepte, puisque que l’on ne voit pas du tout l’intérêt à simuler un enlèvement pour disparaître, la police allant de toutes manières vous rechercher. Surtout, l’opus vire rapidement au salmigondis de scènes toutes plus absurdes que les autres. Il en va ainsi de l’indic d’Honey, un gitan judoka frappadingue, ou de cette tribu de gitans située en plein désert et totalement hors d’âge, on se croirait dans Carmen. Anne Francis est très jolie grimée en Esméralda, mais bien peu crédible en gitane et le récit se contente d’aligner les usuels poncifs concernant les gens du voyage. Le rythme hyper rapide des péripéties accentue le charivari, on bondit de Los Angeles à la tribu, puis à l’hôtel, puis au donjon, enfin à l’affrontement entre Honey et le gorille supposé représenter le clou du spectacle, mais que les faibles moyens mis en œuvre rendent surtout ridicule. L’acteur dans le costume en fait vraiment le minimum. On atteint un niveau d’absurde similaire à celui du futur Annie, Agent très spécial (au combien). Mais, alors que cette série optera d’emblée pour le non-sens, on sent bien qu’il s’agit ici d’une surchauffe d’Honey West, qui va d’un coup trop loin dans l’accentuation progressive de sa fantaisie. Tout cela manque de finesse et ne cadre plus avec le cadre de la série. Demeurent le pétillement du duo Honey/Sam (très drôle en faux chercheur d’or échappé d’un Western) et la solide prestation de Michael Pate, mais l’épisode s’assimile vraiment à une sortie de route.
Date de diffusion : 4 mars 1966 - You got the cut off for the alarm? - Honestly, you’d think this was my first second-story job. Un important fabricant de jouets recrute Honey, craignant des malversations au sein de sa société. Mais il est tué par un robot surgissant dans le bureau d’Honey, sans que celle-ci ne puisse rien faire. Honey et Sam vont mener l’enquête au sein de la compagnie, et découvrir plusieurs suspects. Le coupable a en fait détourné l’invention du Prof. Von Kemp, inventeur des jouets également assassiné, afin de couvrir ses méfaits. Une ultime bataille permet de le confondre et de vaincre le robot. L’épisode se montre intéressant par ce qu’il révèle du traitement américanisé du thème des Cybernautes, diffusé en octobre 1965 en Grande-Bretagne et évident inspirateur du scénario (jusqu’à la plaquette qui se substitue au stylo comme émetteur guidant la machine vers sa cible). Si les Cybernautes sont montrés tuant leurs victimes, une telle scène est inenvisageable pour un Network familial comme ABC, qui passe toutes ces scènes au fondu au noir. On imagine mal aujourd’hui à quel point les Avengers étaient considérés comme violents aux USA. Par contre, pour l’autre volet de l’activité robotique (fracasser les portes), la réalisation peut s’en donner à cœur joie. Même singulièrement rudimentaire, l’humanisation de l’apparence du Cybernaute n’intervient pas ici, de même que la personnalité de son créateur, grandiose en Angleterre, totalement absente ici. On en reste à un robot de Pulps, correspondant aux séries B américaines de l’époque. D’ailleurs les amateurs de Science-fiction apprécieront de retrouver Anne Francis face à un robot, une décennie après Planète interdite. Le scénario a l’habileté de rendre leur relation antagoniste, afin d’éviter un doublon trop voyant. Le format court intervient également dans cette simplification, ainsi que des moyens matériels minimalistes. Il contrecarre également deux autres intéressantes tentatives de l’opus. Un Whodunit parcellaire se met ainsi en place, l’identité du coupable s’avérant initialement plus malaisée à deviner que d’habitude, mais à peine l’énigme est-elle posée qu’elle se résout par élimination. Le récit tente aussi de susciter une atmosphère surréaliste au sein de la fabrique de jouets, entre ses couloirs déserts et ses jeux devenus des armes (mention spéciale au ballon qui endort au contact, assez poche de celui de Rien ne va plus dans la nursery). Là encore le peu d’espace narratif et le budget limitent singulièrement l’ambition. On apprécie néanmoins un Excentrique réussi, avec le neveu de la victime, adulte passionné par les jouets et vivant dans leur univers. Il est incarné avec beaucoup d’humour et de vivacité par l’humoriste Marvin Kaplan. Au total, on apprécie les louables efforts de l’épisode, même si la réussite n’est pas toujours exactement au rendez-vous.
Date de diffusion : 11 mars 1966 - There’s something special about a simple can of soup. Alors qu’elle vient d’acheter une boite de soupe, Tante Meg est agressée par un jeune homme lui dérobant l’objet. Piquée au vif, Honey décide de mener l’enquête. Il s’avère que le célèbre artiste Sandy Corbin, le pape du Pop Art, a peint l’étiquette de la boite en imitation totale d’une authentique, suite à un pari. Son agent et son attaché de presse entendent exploiter cela publicitairement, mais la valeur marchande d’un Corbin font que certains sont près à tout pour s’emparer de la boite, jusqu’au meurtre. Au tour du parfait McGuffin (un cas d’école) représenté par la boite du soupe, c’est toute une joyeuse partie de chasse au trésor qui se met en place. Ce type de scénario reste souvent efficace et agréablement ludique, il souffre relativement moins que d’autres du format court. Anne Francis, très élégante dans son ensemble immaculé, se montre particulièrement à l’aise dans la tonalité franchement humoristique pour laquelle opte le récit. Même le meurtre de l’adversaire initial n’interrompt pas la bonne humeur ambiante, en même temps que se dévoile un ennemi autrement plus redoutable pour Honey. Très rythmées, les péripéties se doublent également d’une plaisante énigme quant au secret de la véritable explication de la grande valeur et la boite. Les dialogues pétillent également, avec le précieux apport de Tante Meg, parfaite en personnage décalé, notamment lors de la scène d’ouverture. Mais le récit a avant tout pour objet d’instiller une satire à la fois légère et incisive du phénomène du Pop Art, alors pleinement au goût du jour. Derrière les rires, la critique va bon train, tant sur la qualité sujette à caution des œuvres que sur les pratiques médiatiques, sinon publicitaires, de ces artiste si modernes. La convergence avec une quasi imposture pourrait d’ailleurs facilement s’étendre à l’ensemble de l’art contemporain. Que le coupable soi l’agent de Corbin, désireux de financer une impressionnante collection de peintures classiques le soulageant de la fréquentation des zozos, manifeste une cinglante ironie. Les décorateurs de la série se font plaisir en accumulant les croûtes pittoresques dans l’atelier de Corbin. Les amateurs de Pop Art pourraient prendre ombrage de tout cela, mais les auteurs savent garder mesure. Sandy Corbin, évidente et savoureuse transposition d’Andy Warhol (excellent George Furth) s’avère sincère, relevant bien davantage de l’aimable Excentrique que de l’aigrefin. Sam, habituel représentant du conservatisme, vitupère contre le Pop Art, mais Honey, symbole de la modernité, s’y montre davantage favorable. C’est d’ailleurs bien volontiers qu’elle sable le Champagne de la victoire avec le sympathique Corbin !
Date de diffusion : 18 mars 1966 - Poor Robin, he’ll never forgive us. We have to give it back to the rich. La résidence boisée Sherwood Park abrite de riches californiens des duretés du monde. Mais, depuis peu, un individu se prenant visiblement pour Robin des Bois vole biens et bijoux. Appelés à la rescousse par la fortunée Mrs Murdock, Honey et Sam comprennent que Robin est sincère, mais certainement téléguidé par autrui. Son soudain assassinat le confirme tragiquement. Honey va découvrir qu’il était manipulé par le propre psychiatre de Mrs Murdock, assisté par la domestique française Annette, non insensible à la mâle présence de Sam. L’épisode souffre d’une intrigue vraiment trop simpliste et en tout point prévisible, il suffit que paraisse le psychiatre pour que l’on comprenne instantanément le pot aux roses. Par ailleurs, l’humour dégagé par le récit demeure souvent naïf et bon enfant, avec moins de réparties toniques qu’à l’accoutumée. On apprécie néanmoins le charme vénéneux de la Française passablement dessalée que figure Annette, dont les œillades décochées à Sam amusent au plus haut point une narquoise Honey. La mise en scène se montre aussi inspirée que ce qu’autorisent les faibles moyens mis à disposition. Elle réussit quelques scènes spectaculaires, comme l’accident de l’A.C. Cobra touchée aux pneus par une flèche de Robin, et une impressionnante bagarre finale, vraie débauche d’énergie. Si quelque extérieurs restent repérables, la représentation de Sherwood Park souffre de trop nombreuses et évidentes reconstitutions en studio (comme parfois chez les Avengers). Le récit vaut surtout pour le portrait finalement touchant de Robin en Excentrique de la plus belle eau, vivant pleinement son rêve juvénile et manipulé par un criminel Mastermind. Tout comme Honey, on s’attache réellement au charmant Robin. La découverte de son cadavre percé par l’une de ses propres flèches demeure l’un des moments le plus cruels de la série, un twist que, pour une fois, l’on n’avait pas vu venir. Grâce à la prestation tout en charme et en conviction d’Edd Byrnes, clairement dans le sillage du radieux Robin des Bois d’Errol Flynn, on trouve ici l’une des plus attachantes rencontres de la Lady Détective (même si celle-ci n’oublie bien entendu jamais sa mission). Les amateurs de Doctor Who et de Robot of Sherwood (2014) apprécieront les convergences entre les deux épisodes, illustrant la permanence du mythe de Robin des Bois à travers les décennies : allusions au chef d’œuvre hollywoodiens de 1938, Sam et le Docteur assimilés à Petit-Jean (similaire reconstitution du célèbre duel), Honey et Clara sensibles à l’aura, sinon au charme, du Prince des Voleurs.
Date de diffusion : 25 mars 1966 - Sam Bolt, you sure do have talent. No matter what anybody says, you’re this Honey’s bear. Sam et Honey sont engagés par M. Burguess, réalisateur de films, pour élucider la mort suspecté d’une prometteuse cascadeuse. Honey se fait à son tour passer pour une doublure sur le tournage, tandis que Sam se glisse dans la peau d’un ours. La solution vient à Honey dans un rêve, le responsable des décors dissimule plusieurs meubles précieux volés dans les réserves du studio et a tué la cascadeuse qui s’en était rendu compte. Le duo Gwen Bagni / Paul Durov se contente ici d’une intrigue minimaliste. Sam et Honey participent au tournage de quelques scènes, le rêve révèle la clef de l’énigme à Honey et nos compères n’ont plus qu’aller remporter l’affrontement final contre les trafiquants. On peut difficilement imaginer plus expéditif. Mais il est vrai que ce semblant de scénario ne représente qu’un prétexte à une très amusante découverte de l’envers du décor d’Hollywood. Avec beaucoup d’humour, Honey et Sam nous font visiter le quotidien de l’Usine des Rêves, avec la grandeur et les misères inhérentes aux nombreuses petites mains assurant les mille et un métiers nécessaires à la réalisation d’un film. Stars et réalisateurs sont certes entraperçus, mais l’épisode à la riche idée de plutôt s’intéresser aux coulisses des productions ; appariteurs, costumiers, doublures et cascadeurs, assistants de toutes sortes, seconds et troisièmes rôles, magasins des studios s’avérant de véritables cavernes d’Ali Baba… Passionnante, la balade se montre également divertissante, les scènes tournées caricaturant de manière hilarante Westerns ou les films d’épouvante d’époque. Sur un ton certes mineur et moins visionnaire, l’opus n’est pas sans préfigurer le grand succès de la saison cinq des Avengers que constituera Caméra meurtre. Il était logique qu’une série ayant autant côtoyé Hollywood Hollywood comporte son épisode Septième Art et l’utilisation des studios du tournage apporte une précieuse véracité. Deux morceaux de bravoure viennent parachever l’ensemble. La scène du rêve s’avère parfaitement exécutée, à la fois irrésistiblement onirique et imaginative, mais aussi comportant de nombreuses références au cinéma muet, en un superbe hommage à la magie propre à cette époque. Passant de décors en décors, le combat final se montre également spectaculaire et étrange, comme évoluant parmi les différentes familles du film de genre. Une belle réussite formelle.
29. THERE'S A LONG, LONG, FUSE A'BURNING Date de diffusion : 01 avril 1966 - A kewpie doll bomb ! What did you win ? - My next birthday
Plusieurs cambriolages de banque à l’explosif se déroulent à Los Angeles. La police suspecte Maxie, aujourd’hui riche homme d’affaires et philanthrope mais ayant un passé de truand opérant de la sorte. Il a de plus gardé le contact avec les vieux membres de son gang, qu’il héberge dans un établissement sélect, le Bastille Club. Maxie recrute Honey pour le disculper. Celle-ci va prouver que le coupable est Payton, le chargé de relations publiques de Maxie. Il comptait s’enrichir en faisant porter le chapeau à son patron. L’épisode se montre relativement anodin. L’intrigue reste très classique et de plus très prévisible. La scénario ne distille aucun doute quant à une éventuelle culpabilité de Maxie, optant plutôt pour un humour bon enfant et assez désarmant autour des sympathiques vieux messieurs, anciens truands aujourd’hui repentis. L’adage, régulièrement vérifié dans les séries Sixries, selon lequel un personnage n’ayant rien à faire d’autre dans l’histoire à part être le coupable l’est forcément, fonctionne ici à plein régime. Les apparitions de Payton restent en effet tout à fait gratuites et aucun autre suspect ne se profile à l’horizon. Les auteurs n’ont guère matière à montrer leur talent, même si Dick Clark se montre au moins amusant. Par ailleurs le complot du jour connaît fatalement une durée de vie limitée, puisqu’une incarcération de Maxie obligerait Payton à stopper ses activités, son patron ayant désormais un alibi. La présence d’un club ultra British à Los Angeles et la nature de ses membres auraient pu apporter un insolite bienvenu, mais cette carte n’est jouée que de manière superficielle, du fait de trop nombreuses scènes verbeuses et peu relevées. On apprécie néanmoins quelques passages agréablement datés, comme la découverte d’à quoi ressemblait une salle de jeux d’arcades durant les années 60, avant les jeux vidéo. Les explosions successives assurent un minimum de spectacle, notamment celles dirigées contre Honey, toujours excellemment interprétée par Anne Francis.
Date de diffusion : 08 avril 1966 - You’ve got two choices : the pavement or the jury. At least, with the jury you’ve got a chance. Gordon Forbes, un ancien camarade de Sam chez les Marines, se juche en haut d’un immeuble et menace de sauter s’il ne peut parler à sa femme. Tandis que Sam essaie de le raisonner, Honey se précipite chez Forbes. Elle entend deux coups de feu quand elle arrive, avant de découvrir le cadavre de l’épouse. Elle mène alors une enquête révélant un crime astucieux. Forbes avait au préalable assassiné sa femme, qui a contracté une assurance-vie, et sa maîtresse à tiré les coups de feu à l’arrivée d’Honey, faisant croire que le crime avait eu lieu quand il disposait d’un parfait alibi. L’ultime aventure d’Honey et Sam surprend par la claire rupture de ton qu’elle introduit dans l’évolution de la série. Celle-ci avait accentué la fantaisie de ses personnages et des scénarios sur le dernier tiers de son parcours, jusqu’à sembler se rapprocher des Avengers version Steed & Emma Peel (Honey vient de combattre un double, un gorille, un robot, un simili Robin des Bois...). Ici on en revient à un pur polar, avec une tonalité sombre proche du Roman noir. Le récit se caractérise par une exclusion de quasiment tous les éléments d’humour, hormis dans le tag de fin, mais aussi des différents gadgets farfelus chers à nos héros, et jusqu’à la traditionnelle bagarre finale, elle aussi aux abonnés absents. Moins qu’une tentative alors désespérée pour sauver le programme, on peut supposer que pour le dernier opus, pleine liberté a été accordée au jeune et prometteur duo de scénariste que forment alors Richard Levinson et William Link. Et de fait le résultat de cette prise d’audace va se révéler payant au plus haut degré La redoutable mécanique de ce meurtre, bien davantage complexe que les truanderies habituelles de la série, porte pleinement la marque des futures créateurs de Columbo et d’Arabesque, avec un grande part accordée à l’alibi comme but de la machination, mais aussi une résolution purement déductive et cérébrale, loin des cavalcades et autres faits d’armes des séries d’aventures. Le péril dans lequel se trouve Forbes impulse encore une tension supplémentaire. Le scénario sait à la fois ménager le choc à la révélation de la clef de l’énigme et la possibilité ludique laissée au spectateur de parvenir lui-même à la conclusion. Évidemment, un indice involontaire se découvre quand l’interlocutrice d’Honey s’avère être une brunette bon teint, autant dire que l’enquête avance alors d’un grand pas (Hollywood, 1966). Honey apporte du dynamisme au scénario et nous offre d’ultimes jolies vues de la Cité des Anges, au volant de la pimpante A. C. Cobra. Jusqu’au bout la merveilleuse Anne Francis aura brillé dans toutes les acceptions de son enthousiasmant personnage, y compris ici en justicière inexorable, portée par une froide colère,presque sinistre.
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Présentation A Los Angeles, la belle et intrépide Honey West dirige avec succès l’agence de détectives privés jadis fondée par son père. Vive d’esprit et n’ayant pas froid aux yeux, elle mène à bien des enquêtes la confrontant parfois à de singuliers adversaires, des simples malfrats jusqu’à des robots. Elle use efficacement de tout un arsenal varié : redoutable intuition féminine, audace de chaque instant, gadgets surprenants, arts martiaux et charme dévastateur. Outre son impressionnant ocelot prénommé Bruce, Honey peut aussi compter sur l’aide du dévoué Sam, ami d’enfance déjà employé par son père, parfois un peu trop protecteur. Tante May devra d’ailleurs régulièrement calmer les orages entre ces deux fortes personnalités que tout oppose, malgré leur indéfectible amitié. Outre ses éclatants succès, la féline et tonique Honey West brille également par sa perpétuelle joie de vivre et son caractère bien trempé. Au volant de sa nerveuse A.C. Cobra, elle bondit d’aventure en aventure sans jamais renoncer à sa féminité, comme en témoigne une garde-robe très glamour. On portera le regard que l’on voudra sur l’œuvre particulièrement pléthorique du producteur Aaron Spelling, mais on ne saurait lui dénier d’avoir souvent su humer l’air du temps. En 1964, à l’occasion d’un voyage en Angleterre, une série sortant du lot va lui taper dans l’œil, The Avengers. Spelling est sensible à la fantaisie déjà bien installée en saison 3 et perçoit d’emblée en Cathy Gale tout le potentiel d’une héroïne émancipée, au caractère affirmé et se situant dans la modernité de ces années 60 ouvrant de nouvelles perspectives aux femmes au sein de la société. Dès lors, il va tout mettre en œuvre pour en créer une version américaine dès la rentrée 1965, sur ABC. Pour l’anecdote, enthousiasmé par le punch et le talent d’Honor Blackman, il proposera dans un premier temps à celle-ci devenir Honey West, mais la comédienne ne donnera pas suite, ayant déjà les yeux tournés vers le cinéma et Goldfinger. Tout en œuvrant dans l’urgence, Spelling va mettre toutes les chances de son côté pour assurer le succès de sa révolutionnaire série d‘aventures, première du genre à la télévision américaine à instaurer comme premier rôle une femme indépendante et maîtresse de son destin. A l’instar de succès marquants de l’époque, tels le Saint ou James Bond, il va s’appuyer sur un succès littéraire préexistant, gage d’un écho rencontré auprès du public. Spelling trouve le support idéal en Honey West. Celle-ci fut également pionnière en devenant le premier détective féminin de la littérature, au cours de neuf romans publiés entre 1957 et 1964 par le couple Gloria et Forest Fickling, sous le nom de plume de G.G. Fickling. Ceux-ci constituèrent autant de bestsellers internationaux, de nouveaux ouvrages venant s’y ajouter durant les années 70 autour d’une héroïne définie par ses auteurs comme un mélange de Marilyn Monroe et de Mike Hammer. Afin de ne pas consacrer du temps à la réalisation d’un pilote en bonne et due forme et de constituer un test pour sa nouvelle production, Spelling fait apparaître tout d’abord Honey au sein de sa série policière à succès, L’Homme à la Rolls (1963-1966). Le scénario développe une enquête menée en commun, mais aussi une confrontation avec le protagoniste, le capitaine de police milliardaire Amos Burke (épisode Who Killed the Jackpot ?, avril 1965). Anne Francis crève d’emblée l’écran face à Gene Barry et rafle la mise : le public est conquis, les dirigeants d’ABC convaincus et Aaron Spelling peut dès lors lancer sa production. Les aventures d’Honey West manifestent un entrain enthousiasmant, perdurant tout à fait de nos jours. Particulièrement en verve, Aaron Spelling va en effet pleinement réussir la transposition américaine de Cathy Gale. Là où les Avengers entremêlaient habilement espionnage et imaginaire, il va avoir la brillante intuition de détourner les romans noirs initiaux vers ces récits d’aventures structurant la Pop Culture des Etats Unis des années 60, avec leurs héros/agents secrets plus grands que la vie, le tout sans négliger l’humour. Honey et Sam vont affronter des adversaires parfois bien étonnants et utiliser des gadgets aussi technologiques que joyeusement farfelus, Annie, agent très spécial ne fera guère mieux sur ce registre. Tout comme Annie, Honey amusera par les nombreux déguisements et accents revêtus, mais elle saura intervenir dans les combats et ne se limitera pas à l’infiltration. Honey West et Chapeau Melon partagent également la caractéristique d’une identité nationale très forte. Steed et ses collaboratrices évoluent au sein d’une Angleterre surréaliste, tandis qu’Honey et son collaborateur prennent place au sein d’une vision sublimée de l’American Way of Life des Sixties, notamment sous son acception californienne. Surtout, Spelling va trouver son interprète idéale en la personne d’Anne Francis, l’un des castings les plus idoines de l’histoire des séries télé. Suffisamment connue pour rassurer les investisseurs et talentueuse pour porter une série sur ses épaules (et ressemblant quelque peu à Honor Blackman), elle va apporter une élégance, un charme et une vitalité formidables à une Honey West à qui elle permet de figurer dignement aux côtés de sa devancière Cathy Gale et de sa contemporaine Emma Peel (saison 4). Elle excelle pareillement dans les scènes de comédie et d‘action, se montrant aussi à l’aise en robe de soirée qu’en tenue de combat similaire à celles des Avengers Girls. Elle pilote avec dextérité une A.C. Cobra faisant écho à la Lotus Elan d’Emma Peel, pareillement synonyme de modernité et d’indépendance. Aussi rayonnante que s’avère Anne Francis, il était inimaginable pour les dirigeants d’ABC de confier pleinement une série d’aventures à une femme, aussi Spelling dota-t-il Honey d’un partenaire masculin absent des romans initiaux. Toutefois, il va veiller à ce que la primauté dans le duo demeure clairement à Honey. Par ailleurs, John Ericson apporte pas mal d’humour à Sam Bolt, en accentuant son côté gentiment macho et surprotecteur, ce qui en définitive concoure astucieusement au projet de la série, en le dépeignant comme incapable de percevoir la modernité d’Honey. L’évidente complicité entre les deux comédiens, se connaissant de longue date et ayant déjà travaillé ensemble, apporte beaucoup au programme. Spelling va judicieusement éviter l’instauration de toute romance au sein du duo, ce qui aurait pu enfermer Honey dans des schémas classiques. La belle n’a besoin d’aucun homme dans sa vie et l’amitié entre associés contre le crime demeure en soi un efficace moteur narratif. Devenant conforme aux canons d’un network américain, la Honey télévisuelle n’a pas non plus l’aura de croqueuse d’hommes des romans initiaux, très sexualisés. Sans liaison connue, son sex-appeal lui sert avant tout d’arme pour circonvenir les suspects masculins. Le spectateur reste bien entendu libre de laisser vagabonder son imagination quant à ce qui se déroule dans l’arrière–boutique ente Sam et Honey, le non-dit n’est jamais tout à fait exclu. Leurs nombreuses prises de bec pimenteront également la série, Sam privilégiant l’approche déductive aux intuitions fulgurantes d’Honey et lui reprochant son impétuosité virant parfois à la témérité. Sam et Honey retrouvent ainsi des intonations à la Steed/Cathy, tout en préfigurant le duo dynamique de Clair de Lune. Si le budget résulte convenable, il n’atteint toutefois pas les sommets du genre, même si un soin particulier est apporté au décorum installé autour d’Honey : garde-robe, ocelot, voiture de sport… Le producteur va s’attacher à réunir de nombreux talents en soutien à son héroïne si novatrice. Le couple Gwen Bagni / Paul Dubov, auteurs parmi les plus talentueux de L’Homme à la Rolls, va superviser l’écriture de la nouvelle série, à laquelle participera également le prometteur duo Richard Levinson/William Link, futurs créateurs de Columbo. Le programme pourra également compter sur des réalisateurs chevronnés et de nombreux jeunes comédiens en train de percer, qui accèderont par la suite à de belles carrières télévisuelles. Le compositeur Joseph Mullendore va offrir une superbe bande son, jazzy en diable, à Honey West, dont la garde-robe s’embellira des créations du couturier et bijoutier Nolan Miller. Le spécialiste Gene Lebell enseignera de solides rudiments d’arts martiaux à Anne Francis, très présente dans les scènes d’action. Les cascades resteront l’apanage de la superbe et talentueuse Sharon Lucas, dont l’apport s’avèrera similaire à celui de Cyd Child pour les Avengers. Toutefois ces apports ne suffiront pas à pallier à une faiblesse chronique de la série, le format court de ses épisodes d’une demi-heure. Il en découlera des scénarios souvent schématiques et des combats sobrement chorégraphiés, deux domaines où Honey West ne rivalisera pas en définitive avec les Avengers. Le programme va néanmoins connaître une audience correcte, quoique régulièrement déclinante, et un succès critique. Anne Francis sera ainsi proposée aux Emmy Awards et se verra décerner un Golden Globe bien mérité, en 1966. Totalisant 30 épisodes, la production ne sera pas renouvelée à l’issue de la saison 1965-1966. Honey West a en effet subi de plein fouet sur sa case horaire la concurrence de Gomer Pyle, U.S.M.C., série comique-militaire peu connue dans nos contrées, mais immense succès de CBS. Surtout, pour se développer face à l’offre pléthorique en séries d’action de qualité (de nombreux grands classiques du genre sont alors en cours de diffusion), le programme aurait dû évoluer en format long et passer à la couleur. ABC va juger moins onéreux et plus efficace d’opter directement pour le modèle de la série, en acquérant les Avengers. La saison couleur de Steed et Mrs Peel sera ainsi programmée en 1966-1967, en lieu et place d’une Honey n’ayant pourtant pas démérité. Ainsi en va-t-il de la télévision et de son univers impitoyable.
Ainsi s’achèvent les aventures de l’intrépide Honey West, ironiquement envoyée au tapis par Emma Peel, après avoir été impulsée par Cathy Gale, une nouvelle péripétie de ce que l’on a surnommé aux USA The British Invasion. Devenue culte au fil du temps, elle aura su faire écho à cette idée se propageant alors irrésistiblement à travers la société, selon laquelle le genre ne doit pas faire obstacle à occuper quelque profession que ce soit, mais aussi qu’une femme peut très bien s’assumer seule si elle le désire. Honey West, admirablement incarnée par Anne Francis, conserve de plus le mérite d’avoir été pionnière parmi les héroïnes télévisuelles américaines, à une époque où les femmes étaient cantonnées aux seconds rôles. Hormis pour la très décalée Annie, agent très spécial, ses consœurs attendront néanmoins la décennie suivante pour suivre la voie ainsi tracée, avec Super Jaimie, Sergent Anderson, Wonder Woman, Les Drôles de Dames de Spelling, ou encore le téléfilm Get Christie Love. |