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 saison 1 saison 3

Sam et Sally (1978-1980)

Saison 2


PRÉSENTATION DE LA SAISON 2

Cette seconde saison n'atteindra jamais la qualité de la première, et constitue donc une grosse déception. Le changement le plus notoire est bien entendu le remplacement de Corinne Le Poulain, indisponible pour cause de grossesse, par Nicole Calfan. Ennuyeux parce que Corinne Le Poulain était l'atout majeur de la série, et son départ n'a pas été facile à combler.

Sally version Le Poulain était une jeune femme espiègle, décidée, un peu casse-pieds, mais attachante par son côté expansif, enthousiaste. C'était une ancienne danseuse, parfois un peu nunuche, qui faisait des séances photos, câlinait son adorable cocker et dansait encore à l'occasion.

Sous les traits de Calfan, Sally n'a plus de chien, écrit des romans, joue du saxo, s'intéresse au spiritisme et à la défense de l'environnement. C'est une Sally plus intellectuelle mais moins spontanée, et du coup beaucoup moins drôle que sa devancière.

Les deux actrices sont très différentes. Corinne Le Poulain respire le bonheur, la joie de vivre, alors que Nicole Calfan, dont la vie privée tourmentée rejaillissait sans doute sur son comportement d'actrice, suinte la tristesse, ce qui pose évidemment problème pour jouer dans une série basée sur l'humour. Il faut avouer que Nicole Calfan n'est pas une actrice adéquate pour la comédie.

Autre reproche, l'idée saugrenue de faire annoncer par un méchant au début du premier épisode que Sam vient de divorcer pour se remarier avec une femme également prénommée Sally. On comprend que le but était de justifier auprès des  fidèles de la série le changement d'actrice par un changement d'épouse, mais on a du mal à croire que Sam puisse se séparer de Sally/Corinne Le Poulain pour épouser Sally/Nicole Calfan.

Le couple d'origine paraissait trop complice pour envisager une séparation, même si le caractère difficile, et surtout la jalousie excessive de Sally version Le Poulain constituaient des motifs sérieux de lassitude pour Cramer. Néanmoins, il eut été préférable de ne donner aucune explication, ce qui aurait laissé la porte ouverte à un retour de Corinne Le Poulain lors d'une éventuelle troisième saison, possibilité qui disparaît avec l'option retenue, à moins que Sam ne soit une vraie girouette et divorce à nouveau pour épouser Sally Caron une seconde fois...

Toujours est-il qu'avec Calfan, la série devient beaucoup moins humoristique, et perd donc sa qualité principale car ses intrigues à dix balles ne peuvent à elles seules suffire à captiver le téléspectateur. Encore heureux que, au contraire du cocker, la fameuse Excalibur ait été conservée, mais que de changements malvenus chez les Cramer !

Sam et Sally deviennent moins drôles, moins souriants, moins épanouis, il leur arrive de délaisser les palaces pour enquêter dans des endroits peu reluisants, ils sont parfois méconnaissables. Et leur  domestique à gilet rayé, apanage de bourgeois conformistes, ne cadre guère avec leur comportement iconoclaste.

Comme le chantaient les Suédois d'Abba dans « Money, money, money »: Always sunny in the rich men's world. Eh ! Bien, les Cramer ne donnent plus l'impression de vivre dans le monde ensoleillé des riches, qui suscitait le rêve, mais évoluent au sein d'une atmosphère dépouillée et au fil d'intrigues beaucoup plus réalistes, délaissant les fondamentaux de la première saison.

Déception aussi avec les génériques. Pas au niveau musical puisque le fameux thème de Vladimir Cosma est conservé (encore heureux...), mais au sujet de leur aspect visuel. Ceci ne concerne pas le générique de début, reproduit à l'identique jusque dans les images du couple bavardant dans sa voiture. Le seul changement est le remplacement de Corinne Le Poulain par Nicole Calfan, dans ce court extrait et dans certains autres, changement d'ailleurs parfaitement indispensable.

Toutefois, certains extraits de la première saison, où ne figurait pas Sally, ont été maintenus. Si l'on est un rien perfide, on peut se demander si cela signifie que la seconde saison est tellement médiocre qu'on ne puisse en extraire suffisamment d'images attrayantes à insérer dans le générique... On peut aussi estimer que ce générique identique est une tromperie puisqu'il laisse croire aux téléspectateurs qu'ils vont assister à une première saison-bis, ce qui, hélas !, ne va pas être le cas.

Le changement intervient dans le générique final. Raccourci, il devient banal du fait de la suppression de tout ce qui faisait son originalité. Exit le dessin de la voiture, les photos de Sam et Sally, les images issues de l'épisode !

Question scénarios, ça ne s'arrange pas non plus. Certes, ils n'étaient déjà pas le point fort de la première saison, mais la seconde fait preuve d'un manque d'imagination flagrant, voire d'un certain épuisement.

Et les décors ? Coproduction oblige, l'action ne se situe à Paris que dans un seul épisode. Les cinq autres sont tous tournés à l'étranger : un au Venezuela, deux en Italie et deux en Afrique du Sud. Mais la variété et la beauté des décors naturels ne peuvent rattraper la somme des faiblesses enregistrées.

Du côté de la mise en scène, un seul réalisateur est aux commandes pour les six épisodes, appelé Joël Santoni dans le générique. D'après certaines sources, il s'agirait en fait d'un pseudonyme pour  Joël Séria. Difficile à croire, tellement la série correspond peu au style du réalisateur de Ne nous délivrez pas du mal et des Galettes de Pont-Aven, mais Séria aurait réalisé de nombreux téléfilms de commande, histoire de gagner sa vie. Ni son site personnel, ni le site de Santoni ne mentionnent une participation de l'un d'eux à la série.

On peut remarquer que, s'il s'agit bien de Joël Séria, il a cru bon de prendre un pseudonyme, comme le faisaient à l'époque les réalisateurs qui versaient dans le porno... Tout ceci laisse à penser que passer par la case Sam et Sally fait tâche dans la carrière d'un réalisateur. Au vu de la piètre qualité de cette saison, on ne peut pas vraiment leur donner tort.

Cette seconde saison est donc un échec, auquel la série ne survivra pas. Il est vrai que le contexte n'était pas favorable à sa poursuite. Première saison en 1978, deuxième en 1980, une troisième aurait pu voir le jour en 1982. Mais l'arrivée au pouvoir en 1981 d'une gauche encore influencée par le marxisme, donc violemment opposée aux « riches », et qui va s'emparer des commandes des chaînes de télévision, toutes publiques, a évidemment scellé le sort de ce type de productions.

Ajoutons que la seconde saison comptait l'Afrique du Sud parmi les pays coproducteurs... Dans le domaine des séries policières,  curieusement, Antenne 2 préfèrera ressusciter Les Brigades du Tigre sous une nouvelle mouture, bien que cette série à la gloire de la police soit régulièrement vilipendée dans la presse de type Libération.

En guise de conclusion, on peut poser une question : la série a-t-elle atteint son objectif, à savoir devenir le Amicalement vôtre français ? Pour tenter d'y répondre, une remarque en préalable. Par « Amicalement vôtre français », il faut entendre l'équivalent français des aventures de Brett Sinclair et Danny Wilde. Les séries françaises n'ayant jamais atteint le niveau de leurs homologues anglo-saxonnes, il ne s'agissait pas d'égaler les Persuaders, mais seulement de s'en approcher.

Par son thème, son atmosphère chaude et colorée de milieux favorisés, son humour et son côté déjanté, mais aussi par la prééminence donnée aux acteurs et à la comédie sur le scénario, la saison 1 a atteint une bonne partie de cet objectif. Par contre, la saison 2 a complètement plombé la série.

On peut reprocher un certain manque d'ambition. Les livres de MG Braun constituaient une mine de scénarios, et si cela ne suffisait pas, quelques scénaristes chevronnés auraient pu en créer d'autres. En produisant d'emblée une vingtaine d'épisodes dans la lignée de la saison 1, avec bien entendu Corinne Le Poulain dans le rôle de Sally, l'objectif de créer un Amicalement vôtre français aurait probablement été atteint.

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1. MONSIEUR HEREDIA



Sam part à Caracas à l'insu de Sally, afin d'assister à l'ouverture du testament de sa tante, une dame très riche qui lui versait de son vivant une rente mensuelle de cinquante mille dollars et avait exigé en contrepartie qu'il ne se marie jamais. L'affaire est rendue délicate par l'irruption intempestive de Sally et la présence inattendue d'un second héritier, un certain Monsieur Heredia qui va réserver quelques surprises...

Cette seconde saison démarre honorablement avec un épisode plaisant. De beaux décors avec Caracas et le soleil du Venezuela, voilà qui est bien dans la lignée de la série, tout comme le premier quart d'heure, très animé. On y trouve notamment une scène hilarante où Sam, croyant Sally restée à Paris, drague une belle inconnue qu'il ne voit que de dos devant la boutique d'un marchand de glaces ambulant. Bien entendu, l'inconnue n'est autre que Sally, qui a suivi sa trace, et nous gratifie de moues très expressives et révélatrices des sentiments que lui inspire l'attitude cavalière de son mari.

La scène de la montre avec le directeur de l'hôtel relève du médiocre : à cette occasion, Sam fait preuve d'un humour de bas étage. Heureusement, l'arrivée du fameux Monsieur Heredia relance l'épisode dans sa seconde partie. Ce pré-adolescent à la fois espiègle et surdoué se révèle fort sympathique et bien adapté à la simplicité de l'intrigue, justement très bon enfant.

L'adversaire principal ne fait pas très sérieux, un véritable escroc de pacotille qui ne pèsera pas lourd face à l'esprit malin et l'expérience de Cramer. Le recours à un sourd-muet lisant sur les lèvres aux fins de s'informer de ses manigances est une très bonne idée.

Ce qui a manqué à cet épisode, c'est ce petit grain de folie supplémentaire, qui était l'apanage de la saison précédente, et qu'on ne retrouvera plus. Le changement de l'actrice principale y est sans doute pour beaucoup.

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2. LA MALLE

Victime d'une erreur de livraison, Sally découvre un cadavre dans la malle où elle espérait trouver une statue de samouraï, cadeau de Noël destiné à Sam. Le couple va tenter de se disculper auprès de la police tout en échappant aux manigances de Venanti, un patron de casino responsable du meurtre.

Cet épisode marque le début du déclin irréversible de la série. Le choc est brutal, après un premier épisode qui avait fait illusion.

La première déception vient du changement de la nature même du couple vedette. Sam et Sally version Descrières/Le Poulain étaient des milliardaires chics évoluant dans les hautes sphères de la société. Version Descrières/Calfan, ils sont devenus un couple de bobos avant l'heure, qui vit à Montmartre et va s'encanailler dans des lieux mal famés. La classe a cédé la place à la vulgarité, Sam s'adonne au poker en compagnie de types à l'apparence de Français moyens pendant que Sally joue du saxo dans des cercles musicaux post-soixante-huitards, entourée de musiciens négligés à l'allure de hippies. Le rêve suscité par la première saison a cédé la place à un sombre réalisme.

La deuxième déception vient du jeu des acteurs. Descrières et Calfan, sans doute conscients des faiblesses du scénario, n'y croient pas et jouent sans conviction. Où sont passés l'entrain et le côté tornade de Corinne Le Poulain ? Les seconds rôles sont décevants : le joueur de poker malchanceux nous bassine pendant près de la moitié de l'épisode avec ses lamentations, censées amuser, mais en fait plus qu'énervantes tellement l'acteur joue mal. La femme alcoolique que Sam va interroger est pire, incarnée par une comédienne au-dessous de tout.

La troisième déception vient de l'absence totale d'humour. Rien de drôle dans cet épisode où les gags tombent à plat, ce qui est évidemment ennuyeux pour une série humoristique. Alors que Corinne Le Poulain nous régalait avec son côté candide, son enjouement et ses gaffes à répétition, Nicole Calfan suscite surtout de la tristesse, et il faut subir sa voix rauque et tabagique. Elle semble avoir contaminé son partenaire, qui joue désormais sur le même registre.

La quatrième déception a trait à la faiblesse du scénario, une histoire policière de troisième zone bien lente à démarrer, et qui sent le réchauffé, le cadavre du lit à baldaquins de Week-end à Deauville étant transformé en cadavre dans une malle. On a déjà vu plus original...

L'intrigue sonne faux de A à Z. Sally ne trouve rien de mieux à faire qu'une séance de spiritisme grotesque pendant que Sam va enquêter du côté de la fiancée de Venanti, qu'il trouve dans un état éthylique avancé au cours d'une scène à la limite du supportable. Même le déguisement de Sam en Père Noël n'arrive pas à nous dérider.

Et c'est de pire en pire avec l'immersion de Sally dans le monde glauque des petits musiciens à la recherche d'un cachet, forcément très différent des Rome et Deauville fréquentées auparavant. Sans doute ce milieu est-il assorti à l'absence de distinction de la nouvelle Sally, qui semble s'y trouver aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau...

La cinquième déception est due à un final ahurissant. Descrières dans une robe blanche de mariée pour tromper Venanti, c'est n'importe quoi, mais c'est surtout une fin en queue de poisson. On ne sait même pas si ce malfaiteur notoire est arrêté. En tous cas, il semble bien que ce ne soit pas le cas ! Mais alors, comment les Cramer vont-ils se débarrasser de la police ? Mystère, le scénariste semble être aux abonnés absents...

On aura donc compris que cet épisode constitue un échec cuisant. Les décors naturels de la Butte Montmartre et la participation surprise de Jean-Pierre Coffe dans le rôle de Venanti sont les seules éclaircies. Coffe est une vedette invitée convaincante, ce qui ne me surprend pas car j'ai toujours pensé qu'il était un acteur-né, et apparaît d'autant plus en relief que les autres comédiens font des prestations moyennes ou médiocres. Mais il ne peut à lui seul susciter un intérêt suffisant pour transformer un épisode raté ne serait-ce qu'en demi-échec.

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3. L'AVION

Au cours d'une vente aux enchères, Sally achète sans le vouloir un avion pour la somme de 131 millions. L'appareil appartenait à un scientifique récemment décédé, et ne tarde pas à faire l'objet de tentatives de rachat à bon prix qui éveillent l'intérêt de Sam.

Une intrigue éculée qui ne peut tromper personne. A moins d'être particulièrement naïf, on a compris dès le départ que le professeur n'est pas réellement décédé. Heureusement, une foule de détails assez plaisants rendent l'épisode convenable.

Si l'achat involontaire à la suite d'un signe de la main, donné en fait pour dire bonjour à Sam, apparaît copié sur Amicalement vôtre, le procédé n'en demeure pas moins efficace. Sam se déguise en ecclésiastique pour mener une partie de son enquête et réussit à extirper Sally des griffes d'un Japonais et de ses sbires féminins alors qu'elle se trouvait en fâcheuse posture, menacée d'être transpercée par des épées dans une cabine de prestidigitateur.

La jeune marquise, qui ne semble pas très touchée par la mort de son mari, est aidée par une garde du corps âgée d'une cinquantaine d'années au physique difficile, personnage pittoresque et sympathique. Des messages envoyés à Sam par voie fléchée sont également au programme, ce qui lui donne sans doute l'idée d'utiliser des fléchettes pour endormir les ravisseurs de Sally. Piégé lui-même par un sérum de vérité, voilà le malheureux Sam qui avoue ses nombreuses infidélités à Sally au cours d'une promenade en avion qui manque de se terminer en catastrophe.

Tout ceci est léger et aéré, mais reste loin d'égaler les moments vécus lors de la première saison. L'aspect « bandits d'opérette » des opposants rappelle Le legs, un épisode des Avengers pas spécialement enthousiasmant.

Les déambulations dans les magnifiques paysages italiens, la musique à nouveau excellente et les personnages humoristiques constituaient autant d'éléments susceptibles de générer une réussite, mais la série n'a plus le feu sacré avec un Descrières vieillissant et une Nicole Calfan qui n'arrive pas à trouver le ton juste.

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4. LES COLLECTIONNEURS

Aiguillé par un détective américain ayant l'intention d'utiliser ses investigations à son profit, Sam se rend à une réunion de collectionneurs d'œuvres d'art, vraisemblablement sur le point de se partager une importante collection qui avait disparu depuis la seconde guerre mondiale.

Un épisode qui inspire des sentiments contradictoires. Il ne subsiste plus rien du caractère explosif et spontané de Sally. Méconnaissable, l'épouse de Sam joue désormais les utilités, ou plutôt les inutilités, en particulier au cours d'une première demi-heure soporifique, d'autant plus décevante que l'introduction décalée avait suscité de sérieux espoirs.

Il faut s'y faire, Sally fait tapisserie. Elle dicte ses romans et joue du saxo pendant que son mari mène l'enquête et prend tous les risques. Est-ce dû à la personnalité de Georges Descrières ? Toujours est-il que les deux premiers tiers de cette histoire font étrangement penser aux plus qu'ennuyeux épisodes de la série Arsène Lupin tournés à l'étranger.

Fort heureusement, le dernier quart d'heure rattrape en partie ce qui précède car, non seulement l'action devient enfin digne d'intérêt, mais on y rencontre quelques éléments de scénario particulièrement bien imaginés.

Le méchant principal n'est autre qu'un collectionneur italien, un nain courtois et distingué entouré d'hommes de main dont l'un d'eux le porte sur un bras lorsqu'il désire dominer ses interlocuteurs. Le signore Vincenti – c'est son nom- excellemment interprété par Nicola Calefato, utilise des serpents venimeux pour barrer la route à tous ceux qui convoitent les trésors dont il vient de s'emparer. Ce personnage, et son intention de se débarrasser de Sam en le laissant en tête-à-tête avec une de ses bestioles, rappellent les bandits exceptionnels d'excentricité et de brio vus dans Les mystères de l'Ouest.

A un degré moindre, Hasley, le flic américain iconoclaste interprété par Philippe Leroy-Beaulieu, relève de cette catégorie. Dommage qu'il soit si peu présent, hormis dans la séquence d'introduction. Cette très bonne entame montre un flic aux méthodes de gangsters -on peut d'ailleurs croire au départ qu'il en est un- puisqu'il n'hésite pas à faire décrocher le wagon de chemin de fer emprunté par les Cramer, manière pour le moins originale de prendre contact, et presque digne d'un James Bond. Le wagon s'immobilise sur la voie, mais Hasley a pensé à amener l'Excalibur du couple pour que nos héros puissent poursuivre leur voyage !

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5. LE DIAMANT

Les Cramer font partie des quelques privilégiés invités à admirer le plus gros diamant du monde, exposé en Afrique du Sud. La pierre précieuse ne tarde pas à être dérobée et tous les indices accusent Sam.

L'escale en Afrique du Sud ne sied pas du tout à la série, qui devient du grand n'importe quoi. Les Cramer forment désormais un couple désuni. Sally se déclare prête à accepter toutes les infidélités de son époux afin de sauver son mariage, et Sam ne tarde pas à en profiter en allant retrouver dans sa chambre la ravissante Elsa. Une hérésie quand on pense aux joyeux lurons des débuts de la série, si complices malgré leurs petites disputes.

Question intrigue, on n'est pas plus gâtés car elle ne vaut pas un clou. Tout est tellement téléphoné, on a deviné instantanément qu'Elsa est une voleuse concurrente, et son plan pour faire accuser Sam du vol est tout aussi insignifiant, même un enfant ne s'y laisserait pas prendre.

Et l'inventivité, la drôlerie des scènes de comédie de la saison 1, où sont-elles passées ? A la place, une ambiance grave et des scènes de pseudo émotion entre les Cramer. Dernier exemple, et de taille aussi importante que le fameux diamant : Sam et Sally ne retirent aucun avantage financier à la fin de cette aventure, ou plutôt mésaventure !

Bref, cet épisode est un ratage complet, pas même atténué par la présence d'une sympathique autruche qui joue à son insu un rôle capital.

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6. LA PEAU DU LION

Sam et Sally affrontent une redoutable bande de trafiquants de peaux de bêtes, au cœur d'un désert africain. Sally est persuadée qu'un ami journaliste qui enquêtait sur ce trafic n'est pas mort accidentellement comme annoncé, mais a été victime d'un assassinat.

Une intrigue autrement plus consistante que celle du calamiteux épisode précédent, et quelques bonnes scènes comme celle de la chaise électrique ou celle du déguisement de Sally en Africaine, rendent l'épisode regardable.

La conférence de presse initiale éveille notre curiosité, puis l'épisode s'enfonce dans d'interminables pérégrinations au travers du désert. Cette partie ratée montre une nouvelle fois à quel point l'humour a abandonné la série. La scène où Sally, à moitié morte de soif, décide de jouer du saxo, est à la fois dérisoire et pathétique.

Une certaine amélioration se produit par la suite. Les développements ultimes de l'aventure se laissent suivre, dopés par la très belle performance de Katleen Lee dans le rôle truculent de Lady Wesley. Ce véritable génie du mal est un nouvel avatar réussi du traditionnel bandit-vieille femme haut-en-couleurs.

Outre la transformation évidente de la série de comédie en banales aventures, on regrettera une fois de plus l'évolution négative des Cramer, en particulier celle de Sally, pas crédible du tout en insurgée pendant la conférence de presse, et bien entendu l'absence de bénéfice retiré à l'arrivée par le couple, devenu au fil des épisodes curieusement désintéressé, voire philanthrope.

Le concept de la série était de montrer les aventures d'un couple de milliardaires à la fois justiciers et voleurs, à l'image d'Arsène Lupin. Les producteurs, il est vrai en partie les mêmes avec Jacques Nahum, ont commis la même erreur que pour les aventures du gentleman-cambrioleur : en centrant cette seconde saison sur l'aspect justicier au détriment de l'aspect intéressé des héros, ils ont fait évoluer la série vers une impasse, dont elle ne s'est pas remise.

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Crédits photo: LCJ.

Images capturées par Phil DLM.

 saison 1 saison 3

Sam et Sally (1978-1980)

Saison 1


PRÉSENTATION DE LA SAISON 1

Dans la foulée du succès d'Amicalement vôtre, les années 70 ont popularisé le concept des « justiciers milliardaires » dans les séries télévisées. Des productions diverses vont s'essayer en ce domaine, avec des résultats plus ou moins bons, aucune n'arrivant toutefois à égaler l'original, il est vrai exceptionnel.

La télévision française ne fait pas exception et décide d'adapter les romans de MG Braun racontant les aventures des Cramer, un jeune couple de milliardaires mi escrocs, mi justiciers. Le schéma de la série est limpide : les héros se meuvent au sein d'une atmosphère luxueuse constellée de soleil, de villas de luxe, plages à la mode, golfs, casinos, et en des lieux tels que Deauville, Rome ou Le Vésinet. Ils sont attirés par la résolution de mystères policiers et se débrouillent toujours pour retirer de leurs exploits de substantiels bénéfices.

Il s'agit d'une coproduction franco-italienne, quatre des six épisodes de la première saison sont d'ailleurs tournés de l'autre côté des Alpes. Les seconds rôles sont souvent attribués à des Italiens, mais le couple d'acteurs principaux est français, de même que la plupart des vedettes invitées.

Le choix de Georges Descrières s'imposait pour le rôle de Sam, tellement le personnage présente de similitudes avec Arsène Lupin. Or, Descrières avait été un excellent gentleman-cambrioleur,  meilleur que la série elle-même, somme toute assez quelconque. Il prouvera sur cette nouvelle production ses aptitudes innées à jouer les aventuriers dandys, accrues par les années Lupin qui lui ont permis de maîtriser tous les rouages de l'interprétation de ce genre de personnages.

Pour incarner Sally, c'est Corinne Le Poulain qui est retenue et on ne peut que s'en féliciter. Sally est une jeune et jolie femme, mais c'est aussi une enquiquineuse de première classe, pour rester dans le domaine du langage correct. Corinne Le Poulain fut absolument parfaite, elle s'est glissée dans ce personnage pour composer une Sally merveilleuse d'humour, de drôlerie et d'impertinence, à tel point qu'elle a parfois volé la vedette à son partenaire.

Dans l'esprit du public, c'est avant tout Corinne Le Poulain qui symbolise la série, dont elle fut la comédienne la plus marquante. Le duo Descrières-Le Poulain fonctionne grâce à l'alchimie immédiate qui s'est produite entre les deux acteurs : on croirait qu'ils ont joué ce couple déjanté toute leur vie.

La production n'a pas lésiné sur les moyens matériels, offrant à ses vedettes une ribambelle de tenues chics bien mises en valeur par la classe naturelle des deux interprètes. Sam possède une Excalibur blanche, voiture néoclassique américaine en vogue dans les années 70, qui concourt à l'impression générale de sophistication.

L'image que j'avais gardée de la série avant de la revoir, c'est Sam tout de blanc vêtu, Sally d'une beauté et d'une élégance raffinée et Arthur son cocker brun, sortant de leur belle voiture blanche nimbée de lumière sous le chaud soleil de l'été. Tout pour faire rêver en somme.

Car le but de la série est avant tout de divertir. Les scénarios ne sont pas sans intérêt mais l'aspect policier, les enquêtes passent au second plan. L'essentiel, c'est l'atmosphère très classe, l'environnement chic peuplé de jolies filles dénudées, l'humour de Sam et la jalousie de Sally qui créent nombre de scènes de comédie réjouissantes.

Un soin particulier a été accordé au générique et à la musique. La fin des années 70 voit la musique électronique sortir de son ghetto, popularisée par le génial François de Roubaix et par le succès international de Jean-Michel Jarre. C'est dans ce contexte que Vladimir Cosma, le Brian Clemens des compositeurs, très prolifique mais du coup inégal, se retrouve touché par la grâce pour composer une musique absolument sublime, qui n'a rien à envier à celle du générique d'Amicalement vôtre, la série modèle. Les musiques annexes sont également excellentes, dans la lignée du générique, et ont grandement contribué au succès de la série.

Sur le plan visuel, le générique de début n'égale pas celui, il est vrai unique, des Persuaders. Bon, sans plus, son intérêt principal réside dans la musique de Cosma. En revanche, le générique de fin est une vraie perle. Prenant le contrepied de la tendance enclenchée à l'époque, il ne dure pas moins de deux minutes, ce qui permet la diffusion de l'intégralité de la musique, déjà un excellent élément en soi.

Mais il est aussi très réussi visuellement. Les noms des acteurs et techniciens défilent après l'arrêt sur image de la scène finale, puis laissent place à un fort joli dessin de la fameuse Excalibur, sur lequel apparaissent les photos des deux héros, assorties de leurs initiales. Le générique se termine par quelques images issues de l'épisode : deux minutes de bonheur assuré à la vue de ce chef-d'œuvre !

Cette première saison est donc globalement très satisfaisante. Aucun épisode n'est mauvais, ni même moyen, si bien qu'on peut qualifier alors la série « d'Arsène Lupin qui a réussi ».

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1. LE COLLIER



Invité en Sicile par Rosanna Bertini, une de ses anciennes conquêtes mariée à un riche trafiquant d'armes, Sam Cramer tombe sous le charme de la secrétaire intérimaire du maître des lieux, la jolie Sally Caron, une ancienne danseuse venue de Paris. Un collier d'une valeur d'un million de dollars, enfermé dans le coffre-fort de Bertini, attise toutes les convoitises...

Tourné en Italie avec une équipe technique et des acteurs transalpins, à l'exception du couple vedette et du metteur en scène Jean Girault, ce premier épisode est très satisfaisant malgré l'aspect un peu artificiel conféré par la postsynchronisation opérée en France.

Il s'agit d'un véritable pilote doté d'un scénario parfaitement équilibré entre la présentation des personnages et une intrigue non négligée. Fait appréciable, l'adaptation de Jacques Vilfrid a su éviter l'erreur, commise dans tant de pilotes, de sacrifier l'intrigue au profit de la présentation de la thématique de la série, de ses aspects visuels et de ses principaux protagonistes.

La première partie, véritable modèle de pilote réussi à voir et à revoir sans se lasser, est donc surtout consacrée à la présentation du duo d'acteurs principaux. Sally apparaît à l'écran avant Sam, signe qui ne trompe pas : la véritable vedette de la saison sera l'épouse de Sam Cramer.

En l'espace de 25 minutes, on a tout compris du personnage de Sally, mis en valeur par l'interprétation fantastique de Corinne Le Poulain. Comment pourrait-on rester insensible à cette adorable jeune femme, dont les tenues légères laissent admirer les charmes si appétissants ? Ce corps somptueux aux jambes magnifiquement fuselées va de pair avec un joli visage aux grands yeux marrons, surmonté de beaux cheveux auburn.

Cette beauté chaleureuse fait preuve d'un caractère naturel, expansif, et même débordant. C'est une forte personnalité, déterminée, elle sait ce qu'elle veut et ne se laisse pas faire. Classique du genre, le premier contact avec son futur époux est explosif : Sam emboutit avec sa voiture un étalage de légumes pour éviter d'écraser Arthur, le cocker brun de Sally ! Puis Bertini demande à sa secrétaire de monter sur un escabeau, histoire de se rincer l'œil (on le comprend...) Du coup, la spontanée Sally lui montre directement ses cuisses, à l'instant où Sam surgit dans le bureau !

Sally en maillot de bain au bord de la piscine, Sally qui danse langoureusement pendant la soirée, Sally qui intervient pendant le cambriolage : on nous montre sans retenue son tempérament volcanique, au fond tellement attachant... mais pas aux yeux de ses rivales, l'une d'entre elles, agacée par l'attrait évident qu'elle exerce sur Sam, la qualifie même de « petite gourde ».

Georges Descrières ne semble pas prendre ombrage de la primauté accordée à Corinne Le Poulain. Il est visiblement aussi séduit que son propre personnage par son expansive partenaire et joue avec décontraction et naturel son rôle de milliardaire séducteur, de personnage à la réputation sulfureuse et de voleur mondain, déjà bien rôdé par ses deux saisons sur la série Arsène Lupin.

La seconde partie voit l'intrigue, dont on avait senti les prémisses auparavant, se développer sous la forme d'une histoire de vol de bijoux compliquée par les chassés croisés entre le faux et le vrai collier, mais d'autant plus agréable à suivre qu'elle s'accompagne de nouvelles découvertes sur les personnages principaux et que l'ambiance festive constellée de jolies filles reste présente.

Comme il se doit, le sémillant Sam arrive à point nommé pour s'accaparer le collier authentique à la fin de l'aventure, juste avant de demander sa belle en mariage. La scène se déroule dans l'avion du retour. Sally lui reproche de ne pas aimer les chiens, et s'en remet à Arthur pour faire son choix, histoire de faire languir son amoureux.

Outre Descrières et Le Poulain, tous deux excellents, les comédiens italiens n'en sont pas moins bons, à l'image d'Ely Galleani, l'interprète de la nymphomane Marjorie, compagne de Sam pour une nuit. Normal qu'il en profite avant d'être marié... Cette actrice n'est qu'une des nombreuses filles dénudées qui peuplent l'épisode, dans une atmosphère de chaleur et de villas avec piscine propre à l'épanouissement du contexte recherché.

Le générique final semble arriver bien tôt, après que l'épisode ait fait passer un délicieux moment d'humour, de charme, de détente pure, mais aussi de dépaysement, d'aventure et de rêve.

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2. BEDELIA

Sam est lancé sur la piste d'une importante affaire de drogue par Eddy King, un ami détective privé et agent gouvernemental. Après l'enlèvement d'Eddy, il enquête en duo avec Sally dans les parages de la charmante Bedelia Kellerman, dont le mari, industriel dans l'agro-alimentaire pour la façade, semble être aux manettes du trafic.

Cette enquête distrayante est longtemps menée sur un rythme assez lent. Sam décide de se faire passer pour un cinéaste désireux de tourner un film dans la villa de Kellerman. La réaction de Sally ne se fait pas attendre : elle se transforme aussitôt en assistante un peu casse-pieds afin de ne pas laisser son chéri seul trop longtemps avec la belle Bedelia...

Son petit numéro lorsqu'elle rejoint Sam et Bedelia dans la villa de cette dernière est réjouissant. Ne pas manquer ses énormes lunettes de soleil, sans doute a-t-elle pensé que cela faisait très « assistante »...

Sally n'est décidément pas à court d'idées puisqu'elle se déguise ensuite en représentante américaine, affublée d'une perruque brune et baragouinant un semblant d'accent yankee, en pure perte puisqu'elle est vite démasquée par Kellerman.

Le rythme s'accélère au cours du dernier quart d'heure. On mesure alors l'étendue des manigances de la vénéneuse Bedelia. Si l'on avait bien senti qu'il s'agissait d'un personnage peu recommandable, on ne s'attendait tout de même pas à un tel machiavélisme de sa part. Dresser son mari et ses deux amants les uns contre les autres avant de se débarrasser des trois pour récupérer drogue et lingots à son seul profit, il fallait le faire. Un véritable génie du mal !

Ainsi, le scénario réserve de multiples rebondissements, provoqués par les trahisons successives de Bedelia. Les deux plus fameuses surprises sont la découverte du sémillant Venantino Venantini, qui se cachait sous l'apparence de Velasquez, un vieillard paralytique, afin de duper l'autre amant de Bedelia, et la trahison ultime de la belle envers ce même Velasquez, que l'on avait pourtant pris pour son véritable complice.

Corinne Le Poulain et Georges Descrières nous gratifient d'agréables scènes de comédie, selon leur habitude. La distribution est complétée par un acteur de premier plan en la personne de Venantino Venantini, mais la vedette invitée la plus en vue n'est autre que la splendide Marisa Mell, interprète parfaite de Bedelia, à qui elle confère les attributs de la garce dans toute sa splendeur.

Humour, action, aventure, coups de théâtre, jolies filles, tout ce que l'on attend de voir dans cette série est présent dans cet épisode qui remplit ainsi largement son contrat.

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3.WEEK-END Á DEAUVILLE

A l'occasion de l'anniversaire de Sam, Sally a acheté une maison à Deauville, ainsi qu'un lit à baldaquins. Elle se rend chez l'antiquaire pour chercher le lit et le trouve occupé par un cadavre de femme. Il s'agit de l'épouse du commerçant, pourtant réputée être décédée quinze jours auparavant et avoir été incinérée ! De fil en aiguille, cette affaire va mettre nos tourtereaux sur la trace de diamants volés.

De très bonnes choses dans cet épisode : une intrigue qui se laisse suivre, l'excellente musique électronique de Vladimir Cosma, omniprésente, et de nombreuses scènes de comédie très plaisantes, notamment les gaffes de Sally, qui assomme Sam à plusieurs reprises en voulant le secourir.

Le choix de Michel Peyrelon pour interpréter le commissaire Guérin s'avère judicieux. Le comédien compose un policier doucereux et stupide dans la lignée des personnages auxquels il est habitué. On retrouve avec plaisir Van Doude dans le rôle de l'antiquaire naïf.

Bonne surprise que la présence de Didier Kaminka, spécialiste des rôles de babas cool décontractés et mal rasés. Pour incarner ce peintre désinvolte, c'est exactement l'acteur qu'il fallait.

Seule scène ratée, celle où les bandits hollandais sont effrayés par un « cadavre bruyant ». Cette séquence est même à la limite du grotesque. La bonne qualité du reste de l'épisode fera pardonner ce passage peu glorieux, et l'aventure se termine en beauté avec l'astuce employée par Sally pour s'emparer de la boîte de peinture contenant les diamants, avant que Sam, qui avait repéré l'écoute téléphonique de Guérin, n'échoue volontairement en la présence du policier incompétent.

Reste l'épilogue. Cette amusante ballade du couple, allongé dans le fameux lit, symbolise l'esprit déjanté de la série. Sally ne veut plus d'un lit ayant abrité un cadavre, mais a oublié que les déménageurs allaient le ramener chez l'antiquaire, d'où une promenade dans ce véhicule particulier, juché sur le camion de déménagement...

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4. LILI

Lili Dubarry, une strip-teaseuse de cabaret, fait appel à son ami Sam après avoir découvert un journaliste assassiné dans sa luxueuse propriété du Vésinet. Après la disparition de Lili, Sam découvre que les émoluments de la victime, un petit pigiste, ne correspondaient nullement à son train de vie dispendieux.

Certainement le meilleur épisode de la série, enlevé et réjouissant à souhait. Sally se déchaîne du début à la fin. Son festival de fantaisie, d'excentricités mais aussi d'inspirations géniales, est tout bonnement fabuleux. Jalouse de cette Lili à laquelle Sam semble porter un trop grand intérêt, elle ne va pas hésiter à lui faire avaler des barbituriques sous la menace d'un revolver afin de la remplacer dans son numéro de strip-tease !

A la place de Lili Dubarry, les spectateurs, avec parmi eux un Sam interloqué, vont assister au numéro d'une débutante appelée Sally... Pompadour ( !) L'expérience se révèle concluante, Sally étant bien aidée par son passé de danseuse.

Le contact avec Mestre sera établi de façon tout aussi loufoque, par l'intermédiaire d'un message griffonné sur un avion de papier qui atterrit devant son destinataire pendant la conférence de presse qu'il donne sur un bateau-mouche. Et le reste de l'épisode est à l'avenant...

Corinne Le Poulain est formidable de naturel ; une vraie tornade, d'un charme, d'une classe, d'une beauté et d'une élégance inégalables. Plusieurs très bons comédiens lui donnent la réplique lors de cette aventure pour le moins excentrique.

Quel plaisir de retrouver André Pousse ! Le fils spirituel d'Audiard prouve qu'il peut interpréter avec bonheur d'autres rôles que ceux de gangsters en composant en Joseph Mestre un homme politique pour une fois sympathique, surprise d'autant plus agréable que le scénario et les habitudes d'acteur de Pousse laissaient penser qu'il s'agissait d'une crapule, probablement commanditaire de l'assassinat du journaliste maître-chanteur.

Cathy Rosier était l'actrice adéquate pour le rôle de Lili. Cette comédienne, décédée en 2004 à l'âge de 59 ans, avait tourné notamment avec Alain Delon dans Le samouraï. Elle apporte la preuve qu'à cette époque les minorités visibles avaient leur place dans les séries, sans avoir besoin de recourir à des quotas.

Michel Peyrelon, alias le commissaire Guérin, est à nouveau de la partie et bat des records de stupidité avec ses pansements aux doigts et ses théories fumeuses sur les prétendues mœurs spéciales de Lili et Sally. Parmi les seconds rôles, on reconnaît Jean-François Devaux, l'inspecteur Janvier de la série Maigret avec Jean Richard, ici dans la peau d'un journaliste, et François Viaur, un habitué des films et séries des années 70, qui joue le secrétaire de Joseph Mestre.

Cet unique épisode de la saison se déroulant à Paris ne va pas déroger à la règle : l'argent provenant des chantages, qui avait disparu, ne sera pas perdu pour tout le monde...

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5. ISABELITA

Alors que Sally posait pour des photos de mode, son photographe est assassiné. L'analyse de la pellicule récupérée dans l'appareil de la victime montre des photos d'un autre modèle, une très belle jeune femme qui intrigue Sam. L'enquête menée par le couple leur permet de remonter jusqu'à un milliardaire âgé et à son cupide neveu.

Une enquête qui a du mal à trouver son rythme de croisière. Les déambulations de nos héros au sein du petit monde des photographes de mode sont un peu languissantes, mais le scénario finit par s'accélérer et l'épisode devient plus intéressant dans sa seconde partie.

On découvre alors l'enchevêtrement des différents fils de l'intrigue, plus compliquée qu'il n'y paraissait, pour aboutir à une bonne histoire policière illustrée par un final à sensation : même le commissaire est rangé dans la liste des suspects après l'assassinat d'Elena, qui provoque l'abandon de la fausse piste Steve Ruck.

Sally se montre toujours aussi férocement jalouse mais apparaît néanmoins plus réfléchie, plus mature que dans les épisodes précédents. Bien entendu, elle reste douée pour susciter l'hilarité par ses gaffes légendaires. Cette fois-ci, ses pieds se retrouvent immobilisés dans du ciment alors qu'elle observait sans être vue Isabelita et ses ravisseurs, dans une petite maison à la campagne. Elle se voit contrainte d'abandonner ses chaussures et de partir pieds nus pour téléphoner à Sam !

En dehors des deux acteurs principaux, la distribution n'est pas italienne à 100% puisqu'on a la joie de compter Katia Tchenko parmi les vedettes invitées. Cette actrice sympathique, vue dans nombre de films et séries des années 70 et 80, donne vie à une modèle photos douce et craintive en apparence, en fait une vraie tigresse en cheville avec des individus peu recommandables, mais débordés par le véritable cerveau de l'affaire, ce qui provoquera sa fin tragique.

Le suicide de Ronald Ruck arrivera à point nommé pour procurer à notre duo d'aventuriers leur bénéfice habituel.

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6. LA CORNE D'ANTILOPE

La danseuse Laura Benson, meilleure amie de Sally, a été enlevée en pleine rue alors qu'elle se trouvait avec son compagnon Olaf, danseur lui aussi dans le ballet Kiesling. Un hippie témoin de la scène est assassiné avant d'avoir pu révéler à Sam ce qu'il savait. Une rançon de deux millions de dollars est demandée au père de la danseuse, qui semble prêt à céder aux exigences des ravisseurs. Sam et Sally ne l'entendent pas de cette oreille.

Encore un excellent épisode, doté d'un scénario très bien imaginé et de beaux décors naturels qui créent une ambiance festive, nimbée de soleil et peuplée de jolies filles en tenues légères, contrastant avec la gravité de la situation.

La plupart des ingrédients sont typiques de ce que l'on peut trouver dans une série policière de qualité : le petit ami qui s'avère être un traître, un parti politique dont on devine qu'il ne doit pas être spécialement progressiste et qui remplit ses caisses en procédant à des enlèvements assortis de demandes de rançons, un passage secret dont l'entrée s'ouvre en manipulant une corne d'antilope, une rançon versée en pleine campagne au son d'une voix de stentor sortie de nulle part, sont quelques uns des éléments fort distrayants qui vont conduire Sam à restaurer la justice tout en prélevant un pourcentage conséquent.

Il faut reconnaître que le milliardaire aventurier fait fort dans cette aventure. Pour une fois, il vole la vedette à Sally, dont les faits d'armes sont pourtant loin d'être négligeables : découverte de la traîtrise d'Olaf, mais aussi du passage secret grâce à une fugue du cocker Arthur, diversion avec le fils Rothman, opérée pendant le dîner afin de procurer à Sam l'occasion d'explorer ledit passage.

Mais Sam fait encore plus fort : il va permettre à Benson de conserver ses deux millions de dollars et accomplir le travail de la police en capturant les malfaiteurs, après les avoir délestés à son profit du stock de bijoux impressionnant contenu dans leur coffre-fort. Même Arsène Lupin fait figure de vulgaire amateur comparé à un maître tel que Sam Cramer...

L'investigation séparée, avec Sam qui enquête dans le club de golf pendant que Sally remplace Laura dans le ballet afin de fouiner du côté d'Olaf, est un procédé efficace. De plus, il permet à Sally de se replonger dans le milieu de la danse, et au spectateur d'assister à l'entraînement des danseuses. Ces scènes très agréables à regarder ne manquent pas de faire penser au film avec Louis de Funès L'homme-orchestre, tourné également en Italie.

Voilà comment cette première saison se conclut par un épisode très satisfaisant, auquel on pardonnera volontiers le cliché du maître de ballet homosexuel. Kiesling, avec son numéro sur joué de folle hystérique, est la seule fausse note de l'épisode.

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Crédits photo: LCJ.

Images capturées par Phil DLM.