SAISON 6
4. La livreuse (Leaving Los Angeles) 5. Liguées pour la vérité (Litmus Test) 6. Lactose phobie (Lactose Intolerant) Outre l’usure que finissent par subir la plupart des séries, cette saison 6 intègre un choix scénaristique malencontreux. En effet, Ilène Chaiken décide visiblement d’innover en orientant The L Word vers le policier à énigme cher à Agatha Christie, avec cette question s’imposant dès le prologue « Qui a tué Laura Palmer, euh... !, Jenny Schecter ? ». Très vite l’on se rend compte que ce genre, particulièrement codifié et nécessitant absolument une mécanique scénaristique bien huilée, ne compte pas parmi les points forts des auteures de la série. Plus fondamentalement cette option paraît inopérante car, au fil des saisons, le public s’est attaché à des héroïnes n’ayant rien à voir avec les figures ludiques que sont les personnages de Christie. La perspective de voir l’une d’entre elles devenir une meurtrière ne saurait enthousiasmer. De fait ce type d’histoire semble totalement en contradiction avec la série. En dehors de cette problématique, un certain essoufflement narratif se perçoit, ainsi que quelques choix aventureux (la liaison entre Shane et Jenny, le retour de Dylan, la troisième roue de Tasha et Alice…) qui, en définitive, ne convaincront pas toujours. Toutefois The L Word continue à faire entendre sa musique et à parfois nous offrir d’intenses moments, notamment autour de Max et de Tina/Bette. Cette période développe également un regard dans le rétroviseur de la série dans son ensemble, le plus souvent astucieux et plaisant. Et les actrices demeurent bien entendu toujours aussi enthousiasmantes. Aussi maladroite, et parfois bancale, soit-elle, cette saison 6 n’est pas tout à fait celle de trop pour The L Word. La saison débute par une double bombe tonitruante, explosant dès la séquence d’ouverture. On découvre ainsi le décès aussi brutal qu’encore mystérieux de Jenny. Son corps inanimé flotte dans l’emblématique piscine. On voit bien la symbolique sous-jacente : nous avons pénétré dans ce petit monde en compagnie de Jenny, nous le quitterons avec son décès, ces deux évènements se déroulant exactement au même endroit, dans ce jardin où elle rencontra jadis Tina. Outre que l’effet de surprise a bien entendu été émoussé par les informations reçues infailliblement sur le net, la démarche semble assez tirée à la ligne. Et puis quelle idée, vraiment, de se priver de l’apport du personnage le plus original de la série et d’une comédienne supérieurement douée ? Mais les regrets s’effacent vite car la deuxième explosion retentit quand on s’aperçoit que la policière chargée de l’enquête n’est autre que Xéna, la Princesse Guerrière ! Ou du moins sa talentueuse et sculpturale interprète, Lucy Lawless. On imagine le caractère vertigineux du télescopage des références, Xéna chez les lesbiennes de Los Angeles équivaut à l’Agent Dale Cooper dans les X-Files ou le Captain Kirk dans Star Wars. C’est énorme. De plus, volontairement ou non, son apparition en justicière reprend plusieurs codes de sa série, l’ensemble se révèle très amusant à suivre. Mais voici que déjà se lance le générique, sans aucun changement vis-à-vis de celui de la saison écoulée. Or, à son issue l’épisode nous ramène trois mois plus tôt, lors de la fatidique fête de clôture du tournage de Lez Girls. Non seulement le come back paraît pour le moins important, mais de plus par la suite plus aucune référence ne sera faite au drame. On suppose que l’on y aboutira plus tard dans la saison, mais présenter un tel évènement puis le laisser totalement de côté paraît maladroit. De plus assister de nouveau aux principaux évènements de cette mémorable soirée compense partiellement l’absence du récapitulatif de la saison précédente, un petit cérémonial auquel on s’était attaché au fil du temps. Regarder l’admirable discours de Jenny en se disant qu’elle n’a désormais que moins de 100 jours à vivre rajoute une vraie émotion. Par la suite nous suivons les diverses péripéties vécues par les différentes filles au cours d’une très longue nuit, agitée et fiévreuse. Ce mouvement recentre The L Word des grandeurs et misères hollywoodiennes vers le quotidien de ses héroïnes, soit le cœur de son récit. Une très bonne idée. Même si Lez Girls a été une aventure souvent captivante à suivre, après deux saison on apprécie ce retour aux sources, d’autant que ces différentes histoires se montrent globalement très réussies. Kit et Hélèna sont donc désormais associées, le She-Bar se voyant astucieusement renommé The Hit (contraction des deux prénoms). Si ce récit demeure périphérique, il nous vaut des cènes joliment agencées, les deux personnages se complétant finalement à merveille. Qu’un personnage intègre pleinement son évolution est toujours positif et on apprécie qu’Hélèna s’implique totalement dans l’affaire, au lieu de juste signer un chèque. Peggy n’avait pas tort finalement ! Son expérience carcérale l’aide même à maîtriser les clientes énervées. Rachel Shelley se montre toujours aussi épatante. Si la disparition de Dawn Denbo laisse des regrets, elle semble logique. Par contre on s’inquiète de si peu apercevoir Max. Tom compte aussi parmi les disparus, Jodi doit ruminer dans son coin. Tina et Bette resplendissent toujours du bonheur retrouvé, tandis que cette historiette autour de la fièvre supposée d’Angelica s’avère charmante et distrayante. En effet on ne s’inquiète pas du tout et la totale inaptitude de Bette à tout ce qui ressort du manuel reste un fil rouge amusant de la série (encore une différence avec Jodi…). On y voit principalement un biais éloquent, permettant de constater à quel point la famille a su se reconstituer, avec au passage un grand moment de Bette aux urgences, avec une de ces colères dont elle a le secret. L’épisode évite cependant la mièvrerie en insérant astucieusement une légère controverse entre les deux femmes à propos de la grave erreur commise par Shane. Bette n’est plus la croisée de la monogamie d’antan et Tina n’hésite pas à se montrer incisive. Tout va bien pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, quand Bette, toute émue, promet solennellement à Tina de ne plus jamais la tromper. Évidemment une sirène stridente se met soudainement à retentir, et des voyants rouges vif à s’allumer : cette fois c’est sûr, Bette va remettre ça. Deuxième chronique d’une catastrophe annoncée dans cette saison ! Les nuages semblent également s’accumuler sur Alice/Tasha, mais que leur crise éclate au grand jour apparaît finalement positif. Les deux femmes prennent le taureau par les cornes et abordent ouvertement les problèmes, ce qui s’avère périlleux mais évite cette dérive inexorable qu’ont connue Tina et Bette au cours de la saison 3. L’espoir demeure et ce couple parvient encore et toujours à maintenir son intérêt. Le court départ de Tasha paraît de plus apporter une indication sur cette dernière saison. On assiste en effet à un début de coup d’œil dans le rétroviseur à la LOST, avec déjà le retour de deux anciennes, Papi et l’inénarrable Gabby Deveaux, toutes deux « en pleine action ». Via Alice, qui parvient à rendre cela divertissant, l’épisode ne tente nullement d’expliquer l’absence de Papi, se contentant de jouer la connivence, une vieille ficelle de scénariste. Si Papi s’en tient à un registre minimal, la Némésis personnelle d’Alice se montre aussi vipérine qu’à l’accoutumée. Le ping-pong des deux femmes apporte une note d’humour bienvenu, indiquant bien que le drame n’aura pas lieu. À l’heure des bilans on regrettera certainement que la série n’ait pas accordé plus de place à Gabby. Fort logiquement c’est cependant Jenny, dans cette saison où son devenir devrait logiquement cristalliser l’attention, qui porte les scènes les plus fortes de l’épisode. Son explication orageuse avec Shane et Nikky reste un moment très intense ; la narration établit d’ailleurs un contraste élégant entre ce passage éruptif et la vengeance glacée qu’elle exerce plus tard envers la jeune actrice. En filigrane on retrouve cette fameuse revanche sexuelle que Jenny s’est persuadé avoir subi de la part de Tim. Le personnage semble décidément marqué par cette aventure, ce qui ressort cohérent mais assez glaçant. Exit Nikki, on ne la pleurera pas beaucoup, tant elle aura souligné son inconséquence et le caractère superficiel de sa relation avec Jen. Probable sortie de scène également pour Molly, certes plus attachante, mais dont l’éviction par une sombre manœuvre de Jenny demeure sans doute l’acte le plus crucial de l’épisode. Le récit titille en effet habilement le spectateur sur le sentiment qui anime alors Jen. S’agit-il de basse vengeance ou plutôt de l’éviction d’une rivale ? On ne peut s’empêcher de noter ce mouvement convergent les laissant simultanément célibataires, alors que Jenny parle cœur concernant spécifiquement Shane, avec qui la complicité a toujours été si particulière, et que le trouble du sentiment est chez elle à son comble. Un suspense sentimental prenant se fait jour, tout de même nimbé d’incrédulité ! De son côté, l’épopée de Shane à la recherche d’un toit pour dormir constitue un fil rouge particulièrement divertissant pour cet épisode. Long Night’s Journey Into Day souffre d'initier un thème central de saison bien peu convaincant mais démontre de réelles qualités d’humour et d’émotion, pourvu que l’on parvienne à en faire abstraction. Cet épisode donne à la saison des allures de soap pétillant mais classique, avec une succession de scènes aussi divertissantes que légèrement vaines. Le spectacle se voit de plus entaché de diverses maladresses, comme le prolongement quelque peu artificiel des axes narratifs de Lez Girls et de Jodi. On reste surtout peu convaincu par l'évolution du récit central, autour de Jenny, mais aussi de sa relation avec Shane. L'aspect humoristique, parfaitement distrayant, de Least Likely se voit porté avec réussite par Bette/Tina et Alice/Tasha. Le passage à la galerie et la rencontre avec la sublime Kelly (Elizabeth Berkeley, encore une amie très proche de Jennifer Beals !) distraient par leur efficacité, l’affection que l’on porte aux personnages et le talent toujours aussi irrésistible des actrices. On ne se lasse pas de contempler le lumineux bonheur du couple reforgé, c’est vrai. Mais il faut avouer que ces scènes (la régulière oubliée, la légère jalousie) ont maintes fois été vues ailleurs dans les soaps sentimentaux/humoristiques à la Friends, dont on a l’impression que The L Word rejoint décidément le peloton. Il en va absolument de même pour les tribulations de Tasha/Alice, la visite chez le psy (encore un ancien de retour) constituant un standard absolu du genre. Certes l’on rit sans réserve grâce à l’abattage insensé de Leisha Hailey, une coudée devant les copines dans le registre de la comédie pure. Le côté Clown Blanc/Auguste de Tasha/Alice fonctionne à la perfection mais, encore une fois, le sentiment de déjà-vu prédomine. De plus le manque de réel enjeu transparaît, plus personne ne pouvant croire que la relation va se rompre, tandis que Kelly porte bel et bien une ombre sur Tina/Bette. Malgré des postulats absurdes (Max désormais suivi médicalement mais qui ignore que la testostérone ne fonctionne pas comme la pilule), on est finalement davantage séduit par l’étonnante péripétie connue par Tom/Max, un couple demeurant, lui, totalement The L Word, émouvant et fort. Par ailleurs les explosives Phyllis et Joyce (et leurs toniques interprètes, totalement lâchées) nous ravissent encore et toujours. Mais ces histoires secondaires ne compensent pas de réelles maladresses de narration. À l’issue de la saison 5 on pensait en avoir fini avec Lez Girls et Jodi, leurs histoires nous ont valu d’excellents moments mais deux saison cela suffit, on en a fait le tour. Le prolongement inattendu de ces fils narratifs ne convainc pas. On a bien compris que Lez Girls a été saboté par Hollywood, rabâcher cela avec le choix du titre ne fait que tirer à la ligne et n’apporte rien, de même que Jodi et Bette se battant froid. On a supprimé des personnages autrement intéressants par le passé, pourtant. Ces filons épuisés, il convient d ‘en ouvrir d’autres, mais encore faut-il que les auteures en aient encore les moyens, voire la simple volonté. L’ultime saison continue le jeu classique de réapparitions des anciens personnages, mais tire cette fois la mauvaise carte avec Dylan (et sa coiffure hideuse). Elle ne nous avait guère emballé naguère, il en va pareillement cette fois-ci, les seuls bons moments venant du toujours épatant duo Alice/Hélèna. Une pioche peu judicieuse, d’autant que s’il y a une fille que l’on aimerait retrouver c’est bien l’adorable Lara. Un retour de Carmen bouleverserait trop ce que les auteures entreprennent visiblement de bâtir entre Shane et Jenny. Ce qui achève de pénaliser l’épisode demeure d’ailleurs ce qui tourne autour de cette dernière. La saison semble entamer un désastreux virage à la pseudo Agatha Christie autour de son décès prochain. À cet égard la haine véhémente de Nikki se montre d’une lourdeur pachydermique, désigner un suspect reste un art subtil et visiblement le policier à énigme ne compte pas parmi les atouts des scénaristes, ce n’est d’ailleurs pas du tout le cœur de métier de la série. Et puis, plus fondamentalement encore, chez la reine du crime, les coupables, potentiels ou avérés, ne sont rencontrés que lors du roman, ils ne véhiculent aucune charge émotive particulière et demeurent des rouages ludiques de l’intrigue. Il en va totalement autrement ici, et l’idée que l’une de nos amies soit une meurtrière paraît non seulement ridicule mais odieuse. Que cela soit totalement inopérant semble une simple évidence, et pourtant, selon les canons (ici dévoyés) du genre, nous découvrons Jen se montrer odieuse envers les autres jusqu’à l’absurde, même selon ses critères. Son intervention à propos de l’extension de la maison de Bette et Tina n’est ainsi pas du tout crédible. La marche forcée pour susciter des suspectes s’annonce un vrai chemin de croix. Le pompon consiste cependant en cette brûlante révélation entre Shane et Jen, soit un bouleversement de l’univers de la série dessiné en à peine deux épisodes, de manière terriblement précipitée et dépourvue de vraisemblance. On perçoit que les auteurs ne savent plus trop quoi raconter autour de ces personnages et qu’elles ont joué au jeu un peu vain de d’Aaron, Jenny et Tina la saison passée en se demandant qui pouvait bien coucher avec qui. Quel dommage de saboter une des plus belles et profondes amitiés de la série pour une histoire ne pouvant guère fonctionner. Ce n’est plus du soap, c’est de la telenovela. Que le talent des deux actrices subliment la scène ne change rien à l’affaire, une brusque bouffée délirante emporte la crédibilité de Shane et de Jenny, avec cette romance jaillie de nulle part. MDR ! Cette fois c'est officiel, ou les auteures ont organisé une fête de fin de série et ont oublié de dégriser avant d'écrire les ultimes épisodes ou une vaste conspiration a installé une bonbonne de LSD dans la climatisation du Planet. Parce que LMFAO! va accumuler comme jamais les pépites d'invraisemblance, autant psychologiques que factuelles, au point de faire déraper toute la série dans la pampa du grand n'importe quoi. Toutefois quelques moments de pure drôlerie perdurent (bien le moins avec un tel titre), mais principalement grâce à Leisha Hailey, Jennifer Beals et Cybill Shepherd, qui se mobilisent pour sauver la baraque. Le réveil de Jenny et Shane reste un fort joli moment, très tendre, quoique l'on pense par ailleurs du timing de leur relation. Encore faut-il subir la réapparition de Sounder 2, sans doute revenu de la dimension infernale dont il est issu. La découverte du pot aux roses par une Alice au toujours invincible radar nous vaut très clairement la meilleure scène de l'épisode, avec un grand récital Leisha. Alice au bord de la crise de nerf, diffusant immédiatement la nouvelle aux copines dont les réactions sont également irrésistibles (mention spéciale au rire irrépressible de Bette), cela fonctionne à la perfection. On se régale, même si, à la base, le procédé apparaît un peu téléphoné. Par la suite Alice rompt avec sa pratique du outing télévisé, d'une façon particulièrement démonstrative : la lecture surprise en direct d'une lettre bouleversante de la sœur d'une victime de l'homophobie. Et puis après elle s'inquiète d'un renvoi quasi inéluctable. Ce qui est absurde, dans ce cas elle aurait dû négocier cette évolution en amont avec les producteurs, c'est l'un ou l'autre. On éprouve la pénible impression que l'on écorne la crédibilité du récit pour simplement s'offrir un effet, même si celui-ci se montre effectivement percutant. Plus tard le malaise s'accentue avec ce recours à l'un des poncifs les plus éculés de séries américaines, le héros allant raisonner une personne menaçant de se jeter du haut d'un immeuble. Aucun second degré, aucun humour dans cette scène désespérément basique. On regrette également la moindre présence de Tasha. La confrontation entre Bette et Jodi se poursuit, ce qui s'avère plus crispant qu'autre chose. Il est particulièrement triste de voir le personnage de Jodi se réduire à quelques postures hostiles, presqu'infantiles. Mais ce qui sidère principalement demeure la confrontation hallucinante et hallucinée en résultant entre Phyllis et Bette. Phyllis vire Bette, pour éviter les répercussions d'un procès pour harcèlement sexuel entre lesbiennes. Comme c'est un peu gros (Jodi ne veut en rien de cela), elle sort de son chapeau l'argument massue : Nadia aurait porté les mêmes accusations contre Bette, et si elle ne lui en a pas parlé c'était pour pourvoir mieux gérer l'affaire. On n'image qu'une présidente d'université n'avertisse pas un de ses doyens de telles accusations. Il s'agit bien entendu d'une grosse rustine scénaristique ajoutée après coup. Pour parachever le panorama, Phyllis propose une liaison à Bette dès qu'elle l'aura licenciée ! La scène reste amusante grâce à la fantaisie que la complicité de Cybill et Jennifer y insuffle, mais accumule trop de rocambolesque pour que l'on y adhère. The L Word donne l'impression d'avoir largué les amarres, privilégiant désormais la surenchère plutôt que la cohérence. On raffole d'un épisode décalé bien amené, mais toute une saison sous acide, cela risque de paraître long. Une philosophie similaire se dénote dans l'inexorable et, ô combien, concluante convergence vers le Crime de la Piscine, futur grand classique du policier à énigme. La chasse aux suspectes se poursuit, cette fois c'est Tina (oui, Tina) qui s'y colle. La pellicule de Lez Girls a été volée, à l'aide d'une fausse lettre de la productrice. Colère d'Aaron, qui (comme le reste de la planète) suspecte Jen, et désigne Tina comme étant responsable de son amie. Cela nous vaut cette scène absolument mémorable voyant Tina fixer la caméra d'un air mauvais, en maugréant « Fucking Jenny ! I'm gonna fucking kill you !». C'est grandiose, Agatha Christie est ventilée façon puzzle. Aaron et Adèle se voient également embarqués dans la charrette, un peu plus, un peu moins... Dans le même temps, toujours selon la règle d'or du genre, Jen atteint de nouveaux sommets dans l'ignominie, en particulier vis-a-vis d'Alice. Personne ne croit non plus en ses dénégations proférées devant Tina, c'est clairement elle qui a fait le coup, en faisant porter le chapeau à son amie. Jenny n'a jamais été comme cela, même au pic de sa mégalomanie. En fait on assiste à l'émergence d'une nouvelle personnalité, maniaque et perverse. Cette violence froide et enténébrée qu'elle manifestait physiquement envers elle-même, ou oralement envers autrui, règne désormais en maîtresse absolue, au paroxysme de sa puissance. Cela fait beaucoup de mues pour un seul personnage et celle-ci ne nous enthousiasme vraiment pas. Le plus affligeant de l'épisode demeure néanmoins sa conclusion, lors d'une fête au Planet. Ah tiens, une fête, cela nous manquait, depuis le temps. Bette est virée (au moment où le ménage avait des projets), Alice et davantage encore Tina sont sur le point de l'être et de voir leur carrière anéantie, mais tout cela doit visiblement se dérouler sur un autre plan astral parce que, sous le prétexte du peu palpitant sauvetage mené par Alice, nous les trouvons hilares le verre à la main, en train de rire longuement (jusqu'à en devenir crispantes) à propos de Shane/Jenny. La scène se révèle totalement déconnectée de ce qu'elles viennent de vivre et de ce qui s'annonce, c'est assez hallucinant. LMFAO! veut visiblement en terminer à marche forcée par cette liesse générale, peu importe que cela soit totalement à contre-courant. Le manque de cohérence devient vraiment une caractéristique de cette saison. À la décharge de l'épisode le personnage de Shane se montre à son avantage, entre sa bonne vanne sur Eric Mabius, son bonnet de Schtroumf et les mimiques si divertissantes de Kate Moennig. L'imposante Sunset Boulevard confirme une entrée assez sensationnelle. Par contre, une énième fois, Max demeure totalement absent, sans doute parce que son émouvante histoire ne cadrait avec le rire à tout crin promu par LOL!. The L Word, The Return ! Après deux épisodes passés en apesanteur, la série renoue enfin avec ses fondamentaux, avec des scènes finement dialoguées et réalisées, dont plusieurs se montrent émotionnellement très forte. On retrouve ce cocktail subtilement dosé d’humour et de sentiment si crucial pour le succès de la série et, plus important encore, les personnages retrouvent leur crédibilité, et donc leur intérêt. Sans être exceptionnel Leaving Las Vegas se situe dans une très bonne moyenne, ce qui s’avère très réconfortant, la série a donc encore des choses à nous raconter. Même au sein de ces retrouvailles, il nous faut passer sous les fourches caudines de la Traque des Suspectes. Cette fois c'est Max la vedette du jour, avec toujours la même incrédulité consternée de notre part. Après que la Jenny version saison 6, toujours plus mauvaise, ait cruellement raillé ses formes féminines à venir, simplement pour la faire souffrir, on a droit au désormais traditionnel gros plan sur un visage hostile accompagné d'une menace. En mode (à peine) voilé, l'épisode suggère également que les flux d'hormones liées à la grossesse rendent Max très irritable et sujet à l'irrationnel. Heureusement que l'on regarde The L Word sinon on crierait au cliché sexiste... Bien plus prenante apparaît l'histoire de Max et de Tom en elle-même, il s'agit vraiment de ce que cette saison a raconté de plus fort jusqu'à présent. Leaving Los Angeles décrit avec force et sentiment le combat désespéré de ce couple pour s'adapter à ce coup du sort, tellement contradictoire à sa nature. Le récit apparaît âpre et réaliste, aux antipodes de la rigolade crétine de LMFAO!. L'inexorable délitement s'opérant chez Tom se voit parfaitement exprimé et quand, assez inévitablement, Tom s'enfuit on ne lui en veut pas totalement, il aura réellement essayé mais vraiment, il ne peut faire face. Il n'en demeure pas moins que la vison de Max complètement abasourdi et comme paniqué s'avère absolument bouleversante, avec une Daniela Sea une nouvelle fois formidable. À l'heure des bilans la sous-exploitation chronique de Max apparaît comme l'une des rares vraies faiblesses de la série. Le petit-déjeuner emblématique du Planet, toujours écrit avec fluidité et interprété avec talent, permet enfin d'introduire de nouvelles intrigues, en dehors du gribouille policier. Alice et Tasha ont retrouvé toute leur complicité mais voici qu'elles se mettent dans l'idée de caser Hélèna, aux prises avec le retour de flammes de Dylan, avec leur nouvelle amie Jamie. Si la tentative tourne court (avec une absence de communication bien restituée), la péripétie apparaît surtout comme l'occasion pour les auteures d'installer un habile mécanisme. En effet, chacune de son côté, Al et Tasha semblent comme flasher sur la charmante et enthousiaste Jamie (qui, elle, paraît avoir un penchant pour Tasha). C'est astucieux : après qu'il ait franchi tant d'écueils, susciter une rivalité dans ce couple apparaît vraiment diabolique. Bien sûr cela reste diffus et léger, encore inséré dans la comédie, mais un drame potentiel se fait jour, apportant un vrai suspense pour la seconde partie de saison. De plus l'idée qu'elles lancent d'un marathon de danse annonce sans doute l'un de ces épisodes spéciaux que l'on adore. De son côté Hélèna renoue finalement (oh surprise) avec Dylan, mais ce segment nous intéresse beaucoup moins, du fait du manque persistant de substance et de caractérisation de Dylan. Par contre Rachel Shelley est toujours aussi marrante et attractive, tandis que l'épisode trouve enfin une explication élégante pour les disparitions intermittentes des enfants d'Hélèna. D'une manière tout aussi concluante, Leaving Los Angeles institue une sourde menace similaire au sein de l'aura toujours si positive et lumineuse de Tina/Bette. En effet Kelly apparaît au Planet, et son entretien avec Bette, se concluant par leur partenariat au sein d'une galerie d'art, s'avère une vraie perle, pour la complicité des comédiennes (Elizabeth Berkeley est instantanément parfaitement à l'aise dans son rôle), pour ce dialogue finement ciselé développant tout un subtext autour du terme « partenaires », mais aussi pour quelques à-côtés comme le sourire entendu d'une Alice humant bien l'embrouille ou la tête de Tina, qui est juste à voir. S'ensuit une autre très belle scène, entre jalousie et tendresse, au sein du couple. On y retrouve comme un écho inversé de Tina annonçant rudement son embauche par Hélèna, en début de saison 3, mais en nettement moins dramatique et violent. C'est avant tout l'amour qui prédomine (notamment avec l'adorable Angelica), d'autant que, si ce ton dual entre comédie sentimentale et vrai péril apparaît très réussi, on ne peut pas croire à une apocalypse en toute fin de série. Incidemment, l’on apprend qu’à Yale, Bette a été l’assistante d’une certaine Scully… On comprend mieux pourquoi certaine relation a été longue à débuter. Par la suite Tina et Bette, que l'épisode a décidément l'excellente idée de mettre en avant, partent dans l'Amérique profonde à la découverte de la future maman de l'enfant à adopter. Le choc des cultures s’exprime avec conviction mais l’on retient surtout le portrait bouleversant de Marci, cette future mère, interprétée avec fougue par la jeune et talentueuse Katharine Isabelle (Lisa dans l’épisode Shizogeny des X-Files) et prête à passer par-dessus tous les préjugés pour assurer le meilleur avenir possible à son enfant. Son intervention dans la chambre de Bette et Tina nous vaut une scène particulièrement enthousiasmante, où l’on retrouve le meilleur militantisme de The L Word, positif et conservant toute l’humanité de personnages non transformés en figures de propagande. Ces scènes n’hésitent d’ailleurs pas à ironiser légèrement sur l’engagement de Bette qui, plus que tout autre héroïne, aura encore manifesté cette fois-ci une palette très large d’émotions, toujours sublimées par la merveilleuse Jennifer Beals. Ce segment très riche s’achève par de sublimes plans de regards, au réveil des deux femmes. Saisons après saisons, Tina/Bette reste bien l’arme fatale de The L Word. Jenny la Ténébreuse franchit encore quelques degrés lors de cet épisode. Outre son comportement passablement abject envers Max, elle apporte une dimension vraiment sinistre à sa relation avec Shane. On aurait pu espérer que cette histoire serait une nouvelle planche de salut pour elle, comme à l’issue de la saison 2, mais cela n’en prend vraiment pas le chemin. Une excellente (et très féminine) idée de scénariste nous montre Jen et Shane décider de débarrasser leurs penderies des vêtements évoquant des périodes et des amours précédents. Une élégante façon de poursuivre les regards dans le rétroviseur, sans multiplier les apparitions d’anciens personnages, tout en éclairant l’état d’esprit des filles. Jenny n’éprouve aucune difficulté pour jeter les vêtements « Tim » mais veut conserver les « Marina », ça on avait saisi, mais surtout ne veut se séparer d’aucun vêtement de marque. À l’inverse elle veut absolument faire le vide dans la garde-rode de Shane, y compris pour Chérie (voir Shane céder pour elle est assez triste) et Carmen. Si Shane refuse de capituler là-dessus, on retient principalement que Jen veut totalement vampiriser sa partenaire, d’une manière réellement psychotique. Sa manière de s’inviter lors d’une discussion entre Alice et Shane ou surtout de transformer d’office la chambre de Shane en bureau confirme qu’elle considère exclusivement celle-ci comme sa chose. Sa réaction glaciale et la pure folie que Mia insère dans son regard quand Shane se rebelle un minimum font réellement froid dans le dos. Jen a définitivement basculé et on a vraiment l’impression d’avoir devant soi la Mandy de 24h Chrono. On devine que Shane ne veut surtout pas échouer dans cette relation-ci et qu’elle a toujours beaucoup d’affection pour Jen, mais visiblement elle ne saisit pas, ou refuse de saisir, à quel point Jenny est tombée dans l’ombre. Tout comme pour Tasha/Al et Tina/Bette, Leaving Los Angeles parachève sa réussite en insérant ici un vrai élément de suspense, les conséquences d’une révélation et d’un rejet concomitant de Jenny par Shane pourraient avoir des conséquences incalculables. Hélas, après les promesses de Leaving Los Angeles, Litmus Test renoue avec les errements de LMFAO!. On retrouve donc les situations forcées, les effets gratuits et les admirables actrices se démenant pour transformer du plomb en or, même si l’ensemble demeure plus plaisant que son modèle. Dans la rubrique « suspecte du jour » on coche la case Alice, parce que Mia joue une Jenny faisant du Mia. Pour être plus clair, Jenny vole une idée de scénario écrite par Alice et la vend 500 000 $. Ce qui compte tenu de la brièveté des évènements, du fait qu’elle n’a plus d’agents et surtout de la pauvreté insigne de l’intrigue, constitue tout simplement l’une des manifestations les plus éclatantes du Monde Merveilleux de The L Word auxquelles l’on ait assisté depuis le lancement de la série. On hallucine. Même si le coup est rude et entaille réellement l’amitié entre les deux femmes (comme avec Tasha, bien entendu), on ne sent pas du tout Alice se lancer dans un meurtre pour autant, cela ne fonctionne pas. Par contre Leisha rend plus prenante que de coutume le coup de sang traditionnel et l’émission de l’ineffable « Schecter is so fucking dead ! ». Alors que Leaving Las Vegas avait semblé lancer des pistes scénaristiques intéressantes entre Bette/Tina/Kelly et Tasha/Alice/Jamie, ces histoires connaissent ici un surplace à peu près total. A contrario,Litmus Test se centre totalement sur le fil narratif le moins porteur de tous, ce retour téléphoné de Dylan. Dans un mix assez improbable du gaydar collectif concernant Lara en saison 1 et du complot alambiqué de Jen envers la journaliste, les filles tendent un piège à Dylan, avec Nikki en tentatrice, pour que Hélèna soit fixée. Grâce aux actrices toujours aussi épatantes et à quelques à-côtés divertissants (la séance cinéma-popcorn, Jen qui exècre Nikki, les piques qu’Alice lui décoche…) la scène se laisse voir mais dure beaucoup trop longtemps. Avec une conclusion prévisible au dernier degré et la scène d’amour très quelconque, elle-même allongée à plaisir, entre Hélèna et Dylan, tout ce segment phagocyte totalement un épisode dont il n’aurait dû constituer qu’une péripétie. On ne perçoit toujours pas ce que dégage de captivant le personnage très limité de Dylan, tandis que Alexandra Hedison reste assurément une actrice sympathique mais bien en deçà des autres membres de la distribution. Son retour dans la série reste une énigme, on espérait mieux pour Héléna. Aux alentours l’épisode ne peut que laisser des miettes aux autres relations. Rien de nouveau ne survient du côté de Tasha et Alice, toujours si fusionnelle avec Jamie. On remarque toutefois un intéressant petit passage documentaire quand Tina et Bette nous explique, de manière particulièrement amusante, que cette posture dite de la « troisième roue » est fréquente chez les couples lesbiens ayant besoin de se relancer, mais que cette énergie supplémentaire est potentiellement risquée. On aime bien quand The L Word nous ouvre des fenêtres, c’est malheureusement devenu plus rare depuis la saison 4. La portion impartie à Bette/Tina paraît un peu plus consistante, avec notamment la poursuite du flirt de Kelly. Que Tina déclare que tout cela n’a aucune importance car Bette sait qu’en cas de tromperie tout sera fini fait assez froid dans le dos. Pas de blagues ! Se détache également la monumentale engueulade entre Bette/Tina et Aaron, avec une Laurel Holloman toujours formidable quand elle pousse une gueulante et un ultime regard foudroyant de Bette qu’on adore. Malheureusement la scène ressort assez fabriquée, avec la coïncidence tout de même massive de leur rencontre et un Aaron beaucoup trop Aaron. Finalement on retient surtout que Tina a vraiment cru au bobard pas possible de Jenny sur William ; décidément, hormis Al et Tasha, les amies ont encore bien du mal à percevoir la spirale dans laquelle s’est engouffrée Jen. Mais l’élément le plus détestable de Litmus Test demeure la totale absence, une nouvelle fois, de Max. On ne peut pas laisser un personnage dans une telle situation et l’épisode suivant faire comme si tout cela n’existait pas ou n’avait aucune importance. La saison sabote son axe le plus abouti et cette présence seulement intermittente de Max devient vraiment insupportable. A Tale from The Darkside. Jenny, outre son comportement insensible et égoïste envers Alice, se montre toujours plus maladivement possessive envers Shane, jusqu’à devenir insupportable. On voit bien que dans le même temps Shane est toujours attirée vers Nikki, mais elle demeure néanmoins dans sa relation désaxée avec Jen. On ne peut que regretter, alors que l’on en est déjà à plus de la moitié de la saison, que Shane ne se soit pas une seule fois ouverte de ses sentiments, nous forçant à des hypothèses quant à cette persistance passablement inexplicable. On suppose que Shane demeure avant tout dans un prolongement de son amitié avec Jen, et qu’elle craint par-dessus tout de la faire souffrir, sachant à quelles extrémités celle-ci peut arriver. Son aveuglement face à la nouvelle personnalité, si négative, de Jenny devient cependant difficilement soutenable, même si on sent une révolte poindre. On est encore une fois contrarié par le tardif sacrifice décidé par les auteures d’une belle complicité au profit d’une relation aussi tristement dysfonctionnelle, et visiblement sans avenir. La querelle à domicile du couple à propos de Nikki se montre d’ailleurs plus irritante qu’autre chose. Cet épisode aurait pu apparaître relativement quelconque au sein d’une saison ordinaire de The L Word, mais retrouver une simple succession de saynètes écrites et réalisées correctement, même si dépourvues de temps forts, suffit à notre bonheur en cette période de disette. Le récit se décompose principalement en deux scènes de groupe, la fête de « Bienvenue au bébé » organisée par Jen en l’honneur de Max et l’inauguration de la galerie d’art de Kelly et Bette. Passage obligé, The Suspect of the Day n’est autre qu’Hélèna, après que Jenny, très en verve, ait révélé à Dylan le fameux test de l’épisode précédent. Tout au long de l’épisode cela nous vaudra des scènes réussies où Hélèna soigne son chagrin dans l’alcool, mais pour l’heure nous assistons à un retentissant I'm gonna fucking kill your girlfriend !, adressé à Shane. Un nouvel éloquent exemple de la qualité dramatique extrême de cette Traque aux Suspectes. La fête organisée par Jenny paraît de prime abord assez grotesque, entre Alice aux Pays des Merveilles (avec Max en Chapelier Fou…) et le Charlie et la Chocolaterie de Roald Dhal. Mais peut-être ce genre d’évènement appartient-il à la culture américaine, en dehors du sens esthétique éminemment particulier de Miss Schecter. Cette longue séquence se regarde avec plaisir grâce à des dialogues bien affutés (notamment entre Alice et Jen, toujours en froid genre Sibérie, ou Shane s’essayant à flirter avec Jamie malgré la surveillance de la Ténébreuse) et des actrices dont on savoure plus que jamais le jeu au moment où les ultimes épisodes de The L Word s’écoulent comme du sable dans la main. Les amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir auront de plus l’heureuse surprise de découvrir Shane arborant crânement leur couvre-chef emblématique, avec son élégance coutumière. Il n’en reste pas moins regrettable que cette atmosphère festive et divertissante s’en vienne dénaturer le drame vécu par Max. Sans que l’impeccable Daniela Sea ait quelque chose à se reprocher, son attaque d’angoisse, au milieu des costumes et du pépiement des copines, s’inscrit dans le tragi-comique. On appréciait bien davantage la force émotionnelle brute et terrible accompagnant le départ de Tom, la désynchronisation entre le fond et la forme du récit en atténue considérablement l’impact. On craint fort que l’histoire de Max, l’éternel sacrifié de cette série, ne soit phagocytée par la trame principale organisée autour de Jenny et dévoyée à son profit. On préfère l’image, sobre et éloquente, de Max se rasant la barbe, non pas parce qu’il serait un ex agent du FBI reprenant du service, mais parce qu’il se décide à renoncer à sa quête personnelle au bénéfice de son enfant. La scène se montre réellement poignante, mais si brève, et Max ne réapparaîtra plus du tout par la suite… L’ouverture événement de la galerie d’art de Kelly et Bette se construit en grande scène de convergence du clan, illustrant efficacement les positions des unes et des autres avant la toute dernière ligne droite. Le décor, lumineux et élégant, se montre également réussi, d’autant que l’on apprécie la plupart des œuvres présentées, ce qui n’a pas toujours été précisément le cas avec Bette… Même si l’on s’en doutait, la confirmation que James est du voyage fait bien plaisir, il aurait été triste qu’il restât sur le carreau du fait des histoires de… disons de cœur entre la patronne et la Jodi. Et si l’association la plus solide de The L Word était finalement Bette/James ? La tension sexuelle s’accroît toujours davantage au sein de Tasha/Alice/Jamie, jusqu’à en devenir palpable. Même si elle demeure relativement en retrait, cette histoire, fort bien narrée, constitue toujours un joli suspense pour la fin de saison, d’autant que Jamie devient chaque fois plus complice avec Tasha et qu’Alice en prend quelque peu ombrage. L’épisode a la bonne idée d’enfin remettre Tasha au premier plan, avec des confidences émouvantes sur sa jeunesse. Rose Williams s’avère toujours aussi excellente. La révélation du vrai visage de Sunset fait un peu conte de fées, mais fonctionne : il est vrai que l’on n’avait pas du tout reconnu Roger Cross (X-Files, 24 Chrono) et surtout que l’on n’a rien contre un happy end sentimental pour Kit ! L’idylle entre Shane et Nikki échoue, non pas sur une abeille, mais sur une huitre pas fraîche, ce qui indique la légèreté de Nikki et surtout confirme le fait que Shane a de plus en plus envie de sortir d’une liaison de plus en plus étouffante. Astucieusement l’épisode insère également Molly, avant d'assez diaboliquement renforcer l’assujettissement de Shane via un dévouement en apparence sincère mais qui n’est qu’une expression maligne de la possession. Difficile de ne pas songer à certains passages du Misery de Stephen King. Cet aspect ténébreux de Jenny n’apparaît pas si mal exprimé, notamment grâce à une Mia Kirshner en état de prouesse permanente. Il résulte vraiment dommageable que cet aspect ait été plombé par l’introduction calamiteuse du crime en début de saison, avec la Traque aux Suspectes concomitante. Il aurait suffit que ce passage soit simplement supprimé, et quelques outrances atténuées de-ci de-là, pour qu’immédiatement cette dernière période de la série devienne nettement plus concluante. Cette dimension apporte un final particulièrement prenant à Lactose Intolerant. Le Monde Merveilleux de The L Word frappe un grand coup, en envoyant Tina à N.Y.C. pour un projet aussi mirifique que flou, juste après qu’elle ait gravement insulté Aaron en public, ce qui est totalement incohérent, mais passons. Kelly, enivrée par le champagne et le succès, profite de cette absence pour venir tenter sa chance chez Bette. Ce point d’orgue d‘un important fil narratif de la saison s’avère fort bien mis en scène, parvenant à susciter un semblant de suspense. Malgré une logique incrédulité, on ne peut s’empêcher de pousser un soupir de soulagement quand Bette fait le bon choix. Que Jen parvienne à filmer la scène sous un angle de vue compromettant reste assurément très gros (litote) mais la péripétie produit indubitablement son effet. La perspective de voir Jenny couronner son périple maléfique en dynamitant Tina/Bette introduit un final à enjeu pour la série (et son triste dénouement…). Sage est la femme connaissant ses limites et l’on se dit que Jenny se tient devant un seuil qu’il serait bien périlleux et définitif de franchir, mais, comme le discernait Hélèna, l’élément chaotique de la série n’a jamais intégré cette notion… Le traditionnel épisode thématique éveillait les espérances coutumières, mais hélas, pour la première (et dernière) une relative déception est au rendez-vous, malgré quelques indéniables points positifs. L’intérêt majeur de ces épisodes (Dinah Shore, Love Boat, Gay Pride, Pink Ride, match de basket, voire obsèques de Dana…) consistait à dépayser une série apparaissant parfois comme enserrée dans son environnement habituel, en projetant le groupe dans des décors et des situations originaux, souvent spectaculaires. Or ici on se retrouve simplement dans une de ces fêtes du Planet ou du Hit que nous avons visionnées jusqu’à satiété, particulièrement au cours des récentes saisons. Même avec les concours et les costumes souvent réussis, l’effet de rupture paraît véritablement amoindri. De plus l’épisode marque un statu quo quasi-total de l’action, les scènes s’insérant autour des morceaux de danse s’avérant souvent bavardes, ressassant des situations déjà observées ou introduisant de faibles avancées, guère concluantes. Alice s’ouvre à Tasha de ce qu’elle ressent en la voyant si complice avec Jaimie, mais Tasha botte royalement en touche et au sortir du récit on n’a guère avancé pour autant. Dylan revient auprès d'Hélèna, ce que l’on avait aperçu depuis des kilomètres, on se passionne toujours aussi peu pour cette histoire anodine, prévisible et cliché au dernier degré. Shane trompe Jenny pour la énième fois avec Nikki, Jenny s’en rend compte une dernière fois et tend un guet-apens cruel et psychotique à l’actrice, une énième fois. Bon. C’est toujours superbement joué, mais l’épisode ne laisse qu’à peine supposer que Shane en a assez cette fois. Absolument rien de définitif ne se produit. Et puis, bien entendu, la Traque aux Suspectes est fidèle au rendez-vous, on n’en peut plus, pitié. Le face-à-face entre Jenny et Bette ne tient que partiellement ses promesses, même si cette dernière surpasse les répliques déjà mirifiques des copines, avec un tonitruant « Goddamn it, Jenny. Fucking you, you fucking bitch ! ». On s’attendait à plus d’intensité, mais l’on est surtout gêné de la voir ne pas raconter simplement l’affaire à Tina. Cela serait plus logique que de rester à la merci de Jen alors que celle-ci répand déjà la rumeur. Bette tente certes fugacement de le faire, elle en est empêchée par des interventions répétitives d’Alice, crispantes au possible dans le contexte. Le renoncement supposé de la jeune future mère introduit certes un évènement important. Mais si l'on tente de nous dorer la pilule avec l'émotion du couple, ce retournement de situation paraît bien expéditif comparé aux très belles scènes de Leaving Los Angeles et se situant dans un flou bien pratique. On clôture certains dossiers de manière trop brusque, tout en faisant perdurer d'autres encore et encore alors que la conclusion arrive. Last Couple Standing peut cependant compter sur les numéros de danse des héroïnes, véritable justification de cet épisode, en plus du rappel bienvenu de la dureté sociale, en Californie comme ailleurs. Quand on connaît et apprécie quelque peu le tango, il faut bien avouer que la prestation de Shane/Jenny avoisine périlleusement le nul. On apprécie par contre vivement la belle énergie du trio Alice/Tasha/Jaimie, mais plus encore le rayonnement (et la chaleur) du cha-cha de Tina/Bette, une nouvelle fois magnifiques et incandescentes après le slow du dernier épisode de la saison précédente. Jodi excelle sur scène, mais cela n’a décidément rien à voir. Il reste dommage que ce sublime passage ait été coupé par des images globalement inutiles comme Shane et Nikki en pleine action dans les toilettes. Le meilleur de l'épisode demeure l'esprit de compétition s'emparant de Bette et Alice, leur rivalité nous valant plusieurs scènes vraiment hilarantes. À l’heure du bilan, on regrette vivement l’absence d’un épisode flashback sur Bette/Alice ! On apprécie également quelques aspects secondaires, comme la romance entre « Sunset » et Kit, assez cliché mais touchante, ou la cessation des hostilités entre Jodi et Bette. Grâce aux costumes on renoue une fois de plus avec ce revival 70's/80's qui nous a si souvent plu au fils des saisons. Kit et Tasha sont renversantes en mode Blaxploitation. On quitte l'épisode avec un certain effarement, tant il donne l'impression de se situer en milieu d'une saison classique, bien loin d'être l'avant-dernier d'un feuilleton. L'annonce du départ prochain de Tina/Bette à New York amorce certes la conclusion. L'étendue des récits encore totalement ouverts donne le tournis et présente d'ores et déjà l'ultime épisode comme une authentique gageure. Malheureusement la malédiction Emily frappe de nouveau, car The L Word, tout comme Chapeau Melon et Bottes de Cuir, s’achève sur un épisode singulièrement en dessous. Les raisons de cette léthargie s’emparant de Last Word jusqu’à un réveil en toute fin de parcours, apparaissent de divers ordres. On assiste ainsi au parachèvement de l’inadéquation de la formule du policier à énigmes au format de la série. Les différents interrogatoires, au poste, interrompent souvent le récit sans pour autant lui apporter la moindre valeur ajoutée. Le jeu des comédiennes se voit en grande partie gâché par des gros plans trop appuyés, et puis on voit très peu Lucy Lawless (sans chakram). Dans The L Word ces passages prennent des allures de séances chez le psy bien peu crédibles, d’autant que les auteurs cèdent parfois à tentation de les utiliser pour susciter des regards en arrière globaux sur le parcours des personnages, sans rapport autre que très indirect avec Jenny. Les scénaristes semblent persuadées que la qualité d’un policier se mesure au nombre de suspects, d’où l’apparition finale passablement grotesque de Nikki ; on a l’impression qu’il suffirait de secouer un palmier pour en faire tomber Kate ou Robin. Le pire demeure bien entendu la non résolution de l’énigme : en laisser le soin à une éventuelle série dérivée, au devenir incertain, s’assimile à une faute professionnelle. Cette saison 6 n’est décidément pas Twin Peaks, il s’en faut de beaucoup. Parallèlement, de nombreuses péripéties ou attitudes sonnent faux au cours de Last Word. Hélèna et Dylan se brouillent, puis se réconcilient, puis se brouillent, puis se réconcilient, quelle histoire capillotractée et ennuyeuse, avec une thématique autour de la confiance légère comme du béton armé. On est réellement soulagé quand les deux femmes se séparent définitivement grâce à un concours de circonstances totalement théâtral. Il s’avère aussi follement précipité que celui nous révélant Shane rencontrer Molly juste à temps pour découvrir le pot aux roses de la lettre, mais aussi des négatifs de Lez Girls ! À ce niveau les auteures n’essaient même plus de nous raconter une histoire crédible le moins du monde, se précipitant pour boucler vaille que vaille le maximum de fils narratifs en un unique épisode. Cette accumulation d’absurdités rocambolesques confère à l’épisode une saveur de culebron sud-américain, mais, si l’on trouve sympathiques ces nanars télévisuels souvent déjantés, on espérait autre chose du final de The L Word. Plusieurs scènes tombent également à plat comme le numéro long, nombriliste et lacrymal d’Alice face à Jaimie et Tasha (Alice ennuyeuse pour la toute première fois, un comble !) ou la discussion d’Alice, vraiment peu gâtée, avec Shane, ne faisant que rabâcher des propos tenus au cours de la saison ou souligner des évidences. Passons sur les inserts publicitaires, présents jusqu’au dernier épisode. Et pourtant, si Last Word déçoit (mais c’est si souvent le cas quand les attentes flamboient), il serait exagéré de la qualifier de naufrage complet. D’abord parce que quelques passages surnagent au-dessus du marasme, principalement autour de Bette, assez tardifs dans le déroulement du récit. On apprécie au plus haut point que le feuilleton ait ménagé l’espace suffisant pour que James puisse prendre congé dans les formes, lors d’une scène très réussie, entre humour et émotion. La Traque aux Suspectes nous vaut, il est grand temps, une forte scène, avec le face-à-face tant espéré ente Bette et Jenny. L’amoureuse des Arts, personnage éminemment riche et complexe, a plusieurs fois manifesté un véritable côté obscur au cours de la série, et celui-ci jaillit ici comme jamais. La confrontation en résultant avec la Ténébreuse (sans les fucking etc.) apporte pour la première fois une véritable odeur de sang à cet arc, on ressent enfin la potentialité d’un meurtre, et avec une force étonnante, d’autant que Jennifer Beals et Mia Kirshner se montrent absolument magistrales. Outre l’exercice de style consistant à boucler l’histoire par la mort de Jen et le départ de Bette et Tina (celles avec qui nous avions pénétré dans ce petit monde), l’épisode suscite un remake fort bien tourné de l’excellente scène du pilote voyant Shane rencontrer Bette et Tina assises devant leur maison, totalement rayonnantes. On se régale, l’effet madeleine joue à plein. Le meilleur demeure le film hommage à Tina/Bette concocté par Jen, portant à son zénith l’effet rétroviseur de la saison. Ces nombreuses apparitions de figures du passé ne se limitent toutefois pas au procédé et se révèlent toutes d’un vif intérêt. On remarque que, si Tim et Angus parviennent à insérer un clin d’œil (même malicieux) à Jenny et Kit, Carmen n’a pas l’ombre du commencement d’un mot pour Shane. C’est froid… Entre autres éléments on apprécie de découvrir que Marina poursuit sa vie de Bohême, tandis que Karina Lombard nous régale une fois encore de son Français si mélodieux. Les explications d’Hélèna sur son attitude de la saison 2 sonnent également très justes, tandis qu’Ivan est toujours superbe (la vente du Planet passe à l’as, mais ne chipotons pas). Celle qui accroche le plus le regard demeure sans doute Peggy, attendant de pied ferme le duo à Big Apple. On se dit que la série dérivée résidait là, bien plus que dans ce projet absurde d’Alice incarcérée pour meurtre (qui aurait envie de voir ça ?), avec Tina/Bette introduites par Peggy Peabody au sein des Power Lesbians of Manhattan. Avec Womanhattan on avait déjà un titre et pour les scénaristes cela aurait été du cousu main pour jouer sur les différences culturelles existant entre L.A. et N.Y.C. Seul regret de la vidéo, l’absence sans cesse perpétuée de Lara, décidément la grande exilée de la série. La bouleversante conclusion de Jenny (quelle sortie pour Mia !) me semble indiquer une volonté de se victimiser et de rendre ses « amies » les plus honteuses possibles après son suicide, un coup tordu bien dans son genre cette saison. Mais on en est bien entendu réduit aux hypothèses. Last Word ne rate pas non plus l’ultime image de la série, les filles (méconnaissant visiblement les vertus du covoiturage) arrivent au commissariat pour leur interrogatoire mais leur marche se transforme soudain en une parade des actrices, comme pour les troupes de théâtre à la fin d’une représentation. L’effet paraît très réussi, d’autant qu’il s’accompagne d’une sublime version du générique des Betty. Allez, un regret, tant qu’à faire revenir « Jenny », Erin Daniels aurait aussi dû être conviée à la fête. Quoiqu’il en soit cette conclusion rend un bel et mérité hommage à ces actrices nous ayant tant enthousiasmé tout au long d’une série captivante et souvent étonnante par sa qualité et son audace. Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
SAISON 4
1. Légende en fabrication (Legend in the Making) 2. La Vida Loca (Livin' La Vida Loca) 7. Leçon n°1 (Lesson Number One) 8. Linge sale (Lexington & Concord) 9. Leitmotiv lascif (Lacy lilting lyrics) The L Word parvient de nouveau à maintenir son intérêt, malgré la disparition de figures centrales durant la saison 3. Après les traumatismes de la période précédente la série opte en effet pour un changement de ton, désormais plus léger et davantage orienté vers la comédie. Nos héroïnes s’attachent à reconstruire leur vie après l’orage d’où un renouvellement global de ce petit monde, orchestré avec réussite par les auteurs. Ce changement s’avère d’abord professionnel pour les filles du Planet : l’université, l’internet, les studios de cinéma, voire le poker, vont devenir les nouveaux environnements de leurs aventures. Les protagonistes retrouvent également leurs traits de caractère des débuts de la série, tout en faisant de nouvelles rencontres. De très nombreux personnages sont en effet introduits, souvent avec bonheur (à commencer par la Phyllis de Cybill Shepherd), mais emplissant la narration parfois presque jusqu’à saturation. Inévitablement certains d’entre eux se révèlent en dessous, mais ils demeurent rares. Ce ton humoristique et la multiplication des aventures divertissantes induisent également une raréfaction des couples fusionnels et intenses. Les choses évoluent en seconde partie de saison avec la sortie du lot de Tasha/Alice. Bette et Tina ajoutent également de nouvelles lignes au passionnant roman de leur relation, apparaissant comme une survivance du premier temps de la série. En dehors des couples The L Word continue à exalter l’amitié existant au sein de ce groupe de femmes formant une vraie famille. À l’issue de cette saison, la série aura largement montré un nouveau visage (parfois très communautaire), mais conserve sa qualité d’écriture et une certaine audace de la mise en scène, ainsi qu’une superbe bande-son. Et les comédiennes se montrent toujours aussi enthousiasmantes. Nous renouons avec un rituel de la série avec le désormais traditionnel bilan en images de la saison écoulée. Toujours parfaitement agencé, celui-ci nous permet de nous remémorer l’essentiel de cette période… à de majeures exceptions près. En effet Dana apparaît tout bonnement omise ! C’est assez Tabula Rasa comme ambiance... Il en va pareillement pour Lara tandis que Carmen se voit vraiment réduite au minimum (l’autel). Le générique le confirme, ces deux-là sont descendues du navire, sans même une petite scène pour prendre congé. Le départ de Lara se montre particulièrement expéditif et moins crédible que celui de Carmen. On peut se demander si une série est capable de se permettre une hémorragie continuelle de superbes personnages, saison après saison, sans à un moment ou à un autre perdre de son intérêt. Du fait de son champ narratif particulier, (feuilleton essentiellement basé sur le relationnel), The L Word est certes perpétuellement confronté à la problématique du renouvellement. Tout le monde ne va pas avoir une liaison avec tout le monde. Mais user des sorties de personnages à cette fin, c’est y aller à la hache. Et reste à voir si la relève sera cette fois à la hauteur… Je trouve également le terme d'incestueux vraiment fort concernant Lara/Alice, on a l'impression que la série se renie. Enfin bref, je suis assez fumasse. L’épisode proprement dit débute par l’étrange image de Shane semblant inanimée, en immersion dans l’océan. Enfin étrange, hein, c’est à voir. Ce n’est pas à un vieux fan des X-Files que l’on va apprendre à faire la grimace. Cette scène-là est proprement pompée sur son équivalent de Triangle. Mulder dérivait entre deux univers ; Shane, en ce moment, c’est entre deux cuites, à chacun son style. Le générique connaît donc quelques modifications visuelles. Alice est désormais seule sur la moto. Cette séquence aurait pu être remplacée par une autre, l’effet n’est pas très heureux. On remarque deux des nouvelles filles, mais vues de dos car pas encore entrées sur scène. L’idée est amusante, très ludique. Mais la meilleure nouvelle reste de retrouver Bette en costume de femme d’affaires, rayonnante sur un épais fauteuil directorial. Cela semble indiquer que la Bette dépressive, amère, langue de vipère, sujette à des accès de n’importe quoi de la saison écoulée laisserait sa place à la « vraie », celle des saisons 1 et 2. On croise les doigts. Quand Bette va… Nous retrouvons le superbe palace canadien, une splendeur. Ici également The L Word veille à varier ses effets : la saison 2 débutait après un fossé de quelques semaines, la 3 de six mois, et la 4 dans la continuité, une bonne idée. La nouvelle intervention (après celle pour les « ennuyeuses » Bette et Tina) ouvre excellemment les débats, avec les filles oscillant entre les pôles de la raison (Alice) et de l’extrémisme (Jenny, who else ?) et la mémorable colère de Tina. Seul petit souci, huit mois séparent en temps réel les deux saisons, et le look de certains personnages a évolué, c’est un peu bizarre quand on regarde les deux épisodes en continu. Tina a perdu ses dernières rondeurs de grossesse, Al est plus glamour, Angelica a doublé de taille etc. Un vaste mouvement de retour aux personnalités habituelles des personnages se dessine, à commencer par Alice. Celle-ci, au terme du chemin parcouru dernièrement, déclare vouloir poursuivre sa vie et même multiplier les « expériences ». Tant mieux pour elle, mais aussi pour nous, on retrouve la Alice espiègle que l’on adore. Pour l’instant sa première expérience est d’être la coach de vie de la nouvelle Hélèna (la fauchée). Celle-ci est complètement déphasée, cela nous vaut plusieurs scènes très divertissantes. On reste assez impressionné de voir avec quelle méthode la mère ratiboise la fille. Brrr, Mrs Peabody peut être inexorable quand elle le désire... On doit cependant remarquer l'absence très étrange de toute référence aux enfants d'Hélèna. Leur mère, qui ne prend plus l'avion chaque semaine, ne devrait-elle pas vouloir se rapprocher d'eux ? Cet effacement s'assimile à une coupable approximation d'écriture. Comme on l'a vu durant les saisons écoulées, le placement de produits demeure une constante de la série, d'autant qu'il se montre rarement discret. Mais Légende en construction frappe fort avec l'utilisation du récit pour vanter les mérites du site communautaire lancé dans la vraie vie du monde vrai par les Instances Supérieures. Comme un petit spot publicitaire inséré en plein épisode, on se pince pour y croire. Mais reconnaissons que le site a l'air convivial, quoique je préférais le look très Cyber de la première Toile informatique à ce système de constellations, sans doute plus adapté au grand nombre. Comme la série se montre toujours astucieuse, cette péripétie est en outre utilisée pour introduire la mystérieuse Papi (sans doute la fameuse « Légende »), de manière assez titillante et amusante, c'est bien joué. On attend la confrontation des deux serial lovers en chef, tandis que le duo Hélèna/Alice semble bien parti pour représenter le moteur comique d'une saison renouant enfin avec l'humour, d'autant que, à la surprise générale, Alice a conservé son émission radio ! L'épisode signifie également un virage chez Moira/Max. Une discussion franche met fin au pathos de leur relation agonisante. Les situer désormais sur le plan de l'amitié et de la colocation paraît aussi logique que judicieux. Un nouveau départ, une nouvelle fois synonyme de retour aux fondamentaux. Jenny prenant dans la face les critiques littéraires, cela va être rigolo. Par contre le fait que le patron de Max invite celui-ci à sortir avec sa fille paraît un peu gros. Tout dépendra du traitement de l'action. Mais le grand événement survenant dans le secteur demeure bien entendu le retour, hélas express, de Marina. Ah, la, la ! Marina... Toujours aussi féline, classe, tellement brillante (un peu trop fardée). Évidemment on ressent instantanément un grand coup de nostalgie pour l'incroyable première saison de la série ! Mais Marina demeure également égale à elle-même, mystérieuse et soufflant le chaud et froid comme elle seule sait le faire. Elle se montre ainsi tout sourires envers Jenny, mais se débrouille pour lui saboter son entrée en scène (voir Jen pétrifiée sur place est hilarant). Bien sûr on compare avec la visite similaire de Tim et le résultat s'avère en apparence différent. Avec Tim tout s'exprimait en dialogues, cartes sur tables, même si avec hypocrisie parfois. Entre les deux femmes tout se déroule dans le non-dit et le regard, à part des salutations convenues. C'est assez indéfinissable, j'éprouve quelques peines à définir les sentiments de Jenny (tristesse, souvenirs, refus) mais c'est très troublant, un moment fort de l'épisode en tout cas. En définitive, même si cette rencontre se passe mieux (en même temps cela pouvait difficilement être pire), Jen ferme autant la porte à l'un qu'à l'autre, mais on sent ici comme un regret... Sinon Marina semble lui piquer Claude (ah, la réputation des Françaises...), on ne va pas pleurer car Élodie Bouchez n'apportait pas grand-chose à la série. Petit aparté dans un domaine où je ne connais rien de rien. On observe une certaine tendance de la série à considérer la bisexualité comme un état transitoire, ou moins identitaire que l'appartenance aux Gays ou aux Straights. Tous les personnages de la série se définissant comme Bi, tôt ou tard glissent vers le lesbianisme. C'était déjà le cas d'Alice, qui apparaît désormais entièrement lesbienne, et voici que Jen se déclare très nettement. La série semble assez binaire sur ce point. À chacun son opinion là-dessus, personnellement je trouve cela extrêmement prometteur pour Tina/Bette... Le mouvement général de bascule intervient également dans le passionnant roman fleuve que constitue l'histoire de Tina et Bette. La narration a cependant l'habileté de poursuivre quelque peu le psychodrame pour éviter l'impression d'artificialité. Tina est en pleine crise, ce qui semble bien naturel. On aime bien Henri, qui lui susurre d'alerter la police, histoire de bien tout briser définitivement entre les deux femmes. Toujours aussi sympa le Monsieur. Mais Tina résiste là-dessus, est-ce que quelque part elle tiendrait encore à Bette ? (Oui, bon, on se rassure comme on peut.) Bette complètement décalée dans la cafétéria un peu prolo, c'est à la fois drôle et touchant. On est un peu surpris de découvrir Kit débouler comme ça de nulle part. Aurait-elle un super pouvoir ? Ceci-dit on se doute que, les Instances Supérieures n'ayant que 12 épisodes pour raconter leur histoire, tous les raccourcis possibles et imaginables sont les bienvenus. On va dire que les deux sœurs s'étaient appelées. Les retrouvailles des ex, d'abord houleuses puis plus raisonnables, constituent le meilleur moment de l'épisode, impeccablement écrit et interprété (Jennifer Beals voyant s'éloigner Angelica est absolument bouleversante). C'est l'heure de gloire de Joyce, qui jusqu'ici (pas seulement professionnellement...) avait plutôt contribué à envenimer les choses. Là elle envoie un grand seau d'eau froide au visage des deux furies, de manière rude et malicieuse à la fois. On se régale ! Tina et Bette semblent en revenir au stand-by antérieur à la crise et à plus de raison, première étape du rapprochement que la saison devrait nous raconter (ou alors je passe à Derrick). Bon, cela pourra toujours faire dire aux esprits chagrins que Bette sort gagnante d'avoir enlevé Angelica, mais passons. Par contre je n'ai pas trop compris la scène de Kit à la clinique : je pensais qu'il s'agissait d'une militante à la Fae Buckley, mais il semble qu'elle soit envoyée par l'établissement lui-même, ce qui serait juste fou et passablement criminel. J'aimerais bien savoir si de tels agissements existent vraiment. Sinon du côté de Shane, ça va, tranquille, tout baigne. Comme dirait Mylène, c'est une belle journée. Une fois sortie de l'onde telle Mark Harris, on découvre qu'elle a rejoint Chérie (le personnage de série à l'orthographe la plus mystérieuse), ce qui est une excellente idée. C'est assez naturel, et puis retrouver Rosanna Arquette de saison en saison demeure un formidable cadeau que nous offre The L Word. Par contre l'évolution et la dilution de son personnage dans les fêtes et les rails nous inquiètent, même si assez logiques (liberté sur le tard, argent, grands appétits de tous ordres), on espère qu'elle va se reprendre. Kate Moennig interprète avec une rare force de conviction le désespoir nihiliste de son personnage, puis sa volonté de réparer (c'est mort). On remarque également une superbe mise en scène : vision de la party selon le ressenti de Shane, séquence automobile assez explosive (merci pour Chérie), belles images et musiques superbement associées etc. De la belle ouvrage, d'autant que, pour la séquence Shane, la production a fourni l'effort, comme parfois, de venir à L.A.. Cette réalisation tranche visuellement avec le reste de l'épisode, ce qui exprime judicieusement à quel point Shane est pour l'heure séparée du groupe. Comme pour le patron de Max, le rebondissement de l'arrivée du demi-frère est un peu excessif, limite Telenovela. Mais leurs rapports futurs ouvrent une trame narrative intéressante, toutefois attention au mélo ! Sa course finale est très drôle (dans son genre), c'est un peu le point d'orgue de cette journée bien remplie et fructueuse. Au total cet épisode peut parfois donner l'impression d'une action encore un peu inconsistante et fragmentée, puisque toujours dans ses prémisses. Mais c'est la loi du genre concernant les ouvertures de saison. Celle-ci introduit efficacement les changements de problématiques, ceux-ci s'inscrivant clairement dans un retour aux sources de la série, ce qui semble positif. Il s'autorise également quelques passages intenses ou spectaculaires, ce qui ne gâche rien. Du fait de la continuité temporelle, on reste avec l'impression d'un double épisode à la X-Files, établissant un pont entre deux saisons, mais encore à part. The L Word quatrième version débutera sans doute au prochain épisode. Avec le développement des différentes histoires naissantes, et l'entrée en scène des petites nouvelles (bon courage pour remplacer Dana, Lara et Carmen), on y verra sans doute plus clair sur ce que l'on va nous raconter. 2. LA VIDA LOCA
On pourra reprocher à l'épisode, principalement dans sa première partie, de trop abuser de dialogues statiques. Si on trouve cela parfois assez verbeux, La Vida Loca recèle cependant plusieurs excellents passages. Il a le mérite de véritablement lancer cette quatrième saison, marquée par le grand retour de l’humour. On découvre enfin deux des nouveaux personnages avec, comme on va le voir, des résultats extrêmement contrastés. Dans un premier temps, alors que l'on renoue avec le must que sont les petits déjeuners collectifs du Planet, les dernières séquelles de la transition entre saisons se voient emportées. En effet on expédie rapidement l'avortement de Kit et on assiste au retour au bercail de Tina et Shane (aux facultés de récupération assez prodigieuses). Dans le rôle de l'amphitryon, Alice leur décerne une jolie volée de piques amicales mais bien ajustées et acidulées. On s'amuse beaucoup, d'autant que l'une des meilleures nouvelles de ce début de saison reste que notre Alice est toujours au top... Cette scène établit cependant un distingo très net, allant sans doute donner le La durant quelques temps. Shane est finalement accueillie à bras ouverts dans sa famille, sans aucune réelle mise en cause (bon, Hélèna fait un tout petit peu la grimace, on peut comprendre). Par contre on sent comme une vraie réserve envers Tina, vivant toujours à « Hétéroville ». Bien entendu le rejet n'est ni tranché ni définitif, ce qui serait tout à fait excessif, mais une césure et comme un diffus malaise se sont installés envers celle qui aurait choisi de « jouir des privilèges de l'hétérosexualité ». C'est sans doute réaliste, on peut aussi se demander si les Instances Supérieures ne veulent pas délibérément souligner l'aspect communautaire de The L Word, ce qui peut constituer un message à double tranchant. On ressent presque la même atmosphère que lors du dîner avec Max, tandis que Tina elle-même semble parfois exprimer une mauvaise conscience et vouloir se justifer. Tina et Alice se livrent aussi à un petit ping-pong verbal à propos de leur bisexualité, l'emblématique Alice se réjouissant d'avoir laissé cela derrière elle. Décidément les bi ne sont pas non plus à la fête à West Hollywood. De manière caractéristique l'épisode accorde d’ailleurs des espaces totalement disproportionnés à Bette et à Tina. Celle-ci se voit vraiment réduite à la portion congrue, n'apparaissant, outre une participation testimoniale à la crise finale, que pour introduire un nouveau second rôle, Aaron (Brian Markinson : X-Files, Dark Angel, Caprica …). Ce producteur brutal et vénal, à l'ego surdéveloppé et devant aller voir sur Google qui est Satyajit Ray, introduit une plaisante ambiance à la The Player de Robert Altman. On se dit que développer une vision au vitriol d'Hollywood pourrait représenter un bon filon pour la série (même si déjà un peu fait avec Shane), d'autant que « punir » Tina en réduisant son rôle serait vraiment un contresens. À l'opposé, l'une des caractéristiques majeures de La Vida Loca consiste à marquer le retour en majesté de Mighty Bette et ça, c'est juste formidable. Quelle heureuse rencontre de la voir ainsi déambuler dans le campus, irradiant la confiance en soi et la compétence, les tracas personnels laissés loin derrière. C'est d'autant plus vrai que Jennifer Beals se montre incomparable de beauté et de rayonnement... Quelle belle résurrection d'un personnage retrouvant son élément et sa personnalité de toujours. Ah, il est loin le temps du marasme ! (heu, 48 heures en fait...) Toutes ces scènes sonnent juste, comme ce brillant passage où elle harangue ses futurs assistants. On se délecte d'admirer cet alliage d'exquise féminité, d'autorité et de charisme. On dira ce que l'on voudra de Bette et de ses défauts avérés, mais, tout de même, elle en jette. On continue à halluciner quand on s'aperçoit que le sympathique James est de retour ! Ayons une petite pensée pour lui, tôt ou tard il va déguster, c'est inévitable. Mais en même temps il a ressigné pour, donc il aime ça. Bon, les Instances Supérieures n'y vont pas par quatre chemins pour nous signifier que Queen B. is Back mais en même temps il demeure classique et assez fréquent qu'un nouveau dirigeant s'installe avec son staff. Et puis y associer Franklin malgré le passé, c'est très pro en même temps que subtilement revanchard... De manière assez étonnante, avec ce segment universitaire, on se retrouve dans une situation assez similaire à la saison 3 de Californication, telle qu'elle se présente, même si Hank Moody n’y sera que professeur. Certes Bette n'est pas Hanky (elle picole moins, déjà), mais on a vu au cours de la saison 2 (New York et Planet) qu'elle n'avait qu'à claquer des doigts pour que ça tombe, et visiblement c'est destiné à durer. Tina partie, on commence à vaguement imaginer des safaris sur le campus quand se présente une Mia au petit pied en la personne de la très blonde et effectivement très présomptueuse Nadia. La jolie jeune femme apparaît globalement insignifiante, même si apprécier ce joyau onirique qu'est Little Nemo in Slumberland est une immense qualité. Toutefois elle installe un suspense quant à savoir si l'espèce de nébuleuse très chaude déjà instaurée avec Bette va se concrétiser ou non. Connaissant l'aptitude de Madame la Doyenne à résister à ses pulsions (Cf. saison 1), on se dit que l'affaire est bien partie, même si Nadia n'est en rien troublante et forte comme Candace. Surtout on doit indirectement à Blondie la meilleure scène de l'épisode, avec Bette en train de se tâter les biceps, tout un symbole et un sacré numéro de comédienne. Le 14 mai 1989 Maddie Hayes et David Addison fermèrent définitivement les portes de l’agence Clair de Lune et s’éclipsèrent dans une église afin de convoler en justes noces (ou alors ils furent juste virés, on ne sait pas trop). Par la suite Maddie, érudite, travailleuse acharnée, aussi diplomate qu’à l’occasion autoritaire juste ce qu’il faut, sut se tailler une belle carrière au sein de la prestigieuse Université de Californie. Hélas le cours des années fut moins clément envers David. Il se rasa la tête, fit de la gonflette et se la péta grave toujours davantage avec des aventures du style «Je suis enfermé dans un immeuble avec trente terroristes mais je me les fais à la paluche » ou bien « C’est la fin du monde, mais la météorite je vais la chercher avec les dents ». Bref, Le séducteur spirituel et plein d’humour devint un gros bourrin, jusqu’à écœurer Maddie à propos du concept même de virilité. Celle-ci commença à se remémorer toujours plus fréquemment certaines amitiés particulières de sa jeunesse ou la relation très complice l’unissant jadis à Miss Topisto. Une indéniable vérité se fit jour, la laissant fort désorientée. Aussi, quand l’occasion se présenta d’embaucher la célèbre Bette Porter… Euh, non. Apparemment tout ceci se déroule sur un autre plan astral. Depuis son commencement on apprécie vivement la tendance de The L Word à piocher dans la pop culture des années 80. Autant dire qu’avec l’entrée en lice de Cybill Shepherd, on atteint un sommet en la matière. La contempler partager l’écran avec Jenny B constitue un jouissif voyage dans le temps et nous console de ne jamais avoir eu de scène entre cette dernière et Rosanna Arquette. Elle campe fort éloquemment ce personnage étonnant et riche en potentialités. La complicité entre les comédiennes paraît immédiate et on se réjouit de voir Bette sembler devenir la coach en saphisme de Phyllis, tout comme Alice est celle de vie pour Hélèna. Le personnage s’inscrit clairement dans la volonté de la série de décrire le plus large spectre de types de lesbiennes possible. Pour la première fois nous découvrons une femme se trouvant sur le tard. Voir Bette lui déclarer, comme elle seule sait le faire, qu’il n’est jamais trop tard, apparaît formidablement émouvant. On préfère nettement ce militantisme-là, positif et dans l’espérance, à ce qui semble s’exprimer autour de Tina. Bette était déjà grandiose, mais maintenant ce versant universitaire s’annonce vraiment comme la Rolls-Royce de la saison. Alors, par contre, Papi cela ne va pas le faire, mais alors pas du tout. Premièrement son segment est l’occasion d’une consternante avalanche de clichés sur les Latinos. Si Papi était française, elle serait entourée de gars en béret et de danseuses de French Cancan. On se situe à ce niveau. Carmen et sa famille véhiculaient également quelques poncifs mais leur humanité le compensait plus que largement. Or c’est précisément la faiblesse de Papi que de ne pas être un vrai personnage mais plutôt un simple concept, à base de frime intense, d’appétit sexuel débridé et d’une allure caillera, histoire de faire bon poids. Rien à voir avec Shane. De plus le jeu de la splendide Janina Gavankar apparaît quelque peu rugueux. Quand on se confronte à des actrices du talent de celles de la série, il faut mieux être à la hauteur sinon cela ne pardonne pas. Certes l’on s’amuse beaucoup, mais, quand on y regarde de plus près, cela provient essentiellement des autres. Papi ne signifie pas vraiment « papa », comme le traduit approximativement la VF, mais est le diminutif de « Papi Chulo », terme latino désignant un garçon rebelle et, comment le formuler, disons très viril. Aussi quand Alice s’aventure dans des boîtes pour le moins variées, demandant un « Papi », on débouche fatalement sur des situations cocasses… Leisha Hailey nous régale d’un nouveau grand récital, avec en apothéose la première scène chaude de la saison, où elle parvient à entremêler l’humour avec le sexuel, aussi bien qu’avec le tragique en début de saison 3. C’est formidable. L’expression « résoudre la quadrature du cercle » n’aura plus le même sens pour nous. De même on s’amuse beaucoup quand Hélèna en rajoute, mais on s’inquiète de l’intérêt à long terme de Ghetto Barbie. Papi n’est pas Carmen et Janina Gavankar n’est pas Sarah Shahi. À moins de se prénommer Cybill, cela va être difficile pour les nouvelles, cette saison… Comme prévu, Jenny et son ego encaissant les critiques à leur manière s’avère hilarant, lors du show de Mia Kirshner avec le demi-frère de Shane, ou au journal. Par contre on remarque ici un nouveau placement de produit assez incroyable, la rédaction en question étant celle de Curve, vrai magazine lesbien ayant d’ailleurs consacré pas mal de couvertures à The L Word. Un joli business entre amies ! Tiens, le numéro actuel de Curve titre sur The Real L Word… Tout comme Leisha, Mia apparaît particulièrement en beauté, qu’est-ce que cela sera quand Jen renoncera à sa garde-robe provenant d’un musée des horreurs. Max poursuit sa périlleuse entreprise de séduction. Il est touchant, après qu’il en ait tant bavé, de le voir vivre son rêve et l’on comprend que la série ait voulu exprimer les difficultés rencontrées par les Trans. Mais tout de même, il entraîne cette jeune fille dans ce qui s’assimile à une duperie. J’ai eu comme une impression de déjà-vu, en fait Max se retrouve dans une situation assez similaire à celle d’Eddy dans le Small Potatoes des X-Files. Ce n’est pas très différent, moralement parlant. Pour rester aux frontières du réel, ma main à couper que la maison de son patron est celle de Wilczek dans Ghost in the Machine. La Vancouver Touch… Espérons que Max saura gérer, il joue à un jeu dangereux, et pas seulement pour lui. Shane éprouve des difficultés à intégrer pleinement son demi-frère dans sa vie, ainsi que les responsabilités inhérentes. Avec son profil, c’est assez logique, on reste tout de même assez effondré de la voir refuser de s’occuper de le mettre à l’école. Tout de même, Shane… Mais c’est Shay le plus intéressant dans cette histoire. Le voir ne pas être pris en considération par des adultes pensant l’occuper (s’en débarrasser) avec un défilé de frites et de sucreries ressort vraiment poignant. Le jeune comédien exprime pleinement le désespoir silencieux de son personnage, qui touche nettement plus que le pathos et les grands violons de la scène entre Kit et Bette, un vrai boulet pour l’épisode. Après une fugue logique (et une assistante de Shane à pleurer de rire), la grande crise finale se montre paradoxalement très divertissante, avec les filles en quête d’un jeune garçon dans l’immensité de L.A. Bette (qui sait flinguer) et Tina s’ignorent superbement, mais on y trouve un joli moment de complicité entre Alice et Bette, c’est aussi tout un roman ces deux-là. On se dit que l’on aimerait bien visionner un épisode décalé sur leur couple de jadis… La conclusion, avec le routier sympa, paraît par contre un peu cousue de fil blanc, on sait bien que The L Word ne va pas basculer dans une horreur abjecte. Elle a au moins le mérite de servir de prise de conscience à Shane, la découvrir en grande sœur attentionnée promet beaucoup… À suivre ! Les lois de la gravité (ces titres VF, grands dieux...) poursuit la tendance au retour à l'humour et à un renouvellement des situations qu'exprime ce début de saison. Effectivement on s'amuse beaucoup durant cet épisode particulièrement drôle (à une considérable exception près), présentant de plus l'intérêt d'apparaître choral. Une longue première partie montre en effet le clan réuni, de manière très amusante là aussi. On retrouve l'atmosphère légère et pétillante de la première saison lors de la parfaitement divertissante scène initiale entre Jen, Al et Hélèna. On adore ces réunions parcellaires du groupe, ne mettant en scène que quelques protagonistes. Elles autorisent des combinaisons originales et chacune des héroïnes jouit d'un espace suffisant pour pleinement s'exprimer. Il n'en va pas de même quand tout le monde est présent, du fait de ce nombre impressionnant de personnages. Chacune des filles navigue dans son petit délire personnel, Jenny et son ego hypertrophié, Alice l’Indiana Jones du sexe et son aventure latine ainsi que Hélèna et l'exténuante galère de la recherche d'emploi (welcome in real life). L'ensemble, dialogué avec malice, s'avère du pain béni pour des actrices se régalant visiblement avec leur personnage. On sursaute quand on s'aperçoit que la séquence pré-générique, que l'on croyait un rêve, s'inscrit en fait dans réalité vraie du monde vrai. Ah, ah, sacrée Jenny, avec l'amélioration de la dernière saison on pensait que désormais elle était simplement excentrique (et récemment égocentrique), mais finalement elle est toujours aussi dingue de chez dingue père et fils. Le meilleur de cette excellente scène demeure cependant l'explication de gravure d'Alice à Hélèna, avec une colère d'autant plus perceptible qu'elle paraît feutrée. Encore et toujours on se régale avec Alice, on reconnaît les grands personnages de série télé à cette faculté de toujours sublimer les scènes auxquelles ils participent. Et puis Hélèna et ses draps de soie, vraiment... On trouve une autre pépite avec la conversation téléphonique entre Tina et Bette. Outre la perfection du jeu de Jennifer Beals (à qui le chignon va à ravir) on adore ce que l'entretien exprime sur l'état de leur relation. C'est toujours tendu et on lève les yeux quand Bette profère qu'il n'y a plus de motifs de fâcherie mais... La communication recommence a passer, on voit bien que Tina est toujours importante pour elle et pas seulement à travers Angelica. D'ailleurs on se doute bien qu'elle n'a aucune envie d'assister au spectacle de la petite famille, et Tina proclame qu'elle se réjouit de son absence, mais, bien évidemment, quelle surprise, Bette finit par se pointer. Et là on retrouve un peu de l'ambiance de l'hôtel de la toute fin de la saison 3, des regards, des attitudes, des souvenirs... C'est encore très fugace mais on ressent comme l'ombre du début du commencement de ce rapprochement que l'on n'imagine même pas qu'il ne finisse pas par se produire un jour. Outre ce début de relation normalisée, même si encore crispée (long is the road), on espérait beaucoup du dîner-rencontre organisé par Tina avec sincérité mais maladresse, à l'échec programmé genre Cuisine et dépendances à Los Angeles. Hélas, à ce moment précis l’épisode dérape totalement en nous présentant une caricature à l’effrayant premier degré des hétérosexuels. Certes, de tels individus existent, et je veux bien qu’ils soient nombreux. Mais peut-on vraiment résumer, sans aucune exception, le monde « Straight » à ces bourrins homophobes et vulgaires ? Je ne le pense pas. Il est bien entendu tout à fait louable de fustiger les clichés dont sont victimes les lesbiennes, mais il est tout à fait contre-productif d’user pour cela de clichés pareillement pesants concernant l’autre bord, l’efficacité de l’ensemble du discours s’en trouve gravement compromise. La question des relations futures entre Angélica et Marcus n’est pas ridicule, elle peut très bien se poser un jour, qu’on le veuille ou non. Et puis tout dépend des proportions, s’il y avait eu un peu d’humour là-dedans, comme par le passé pour le portrait d’autres mâles hétéros, l’ensemble passerait beaucoup mieux, de même si l’un d’entre eux avait été un tout tantinet plus ouvert que les autres. Mais ici le manichéisme est absolu, jusqu’à utiliser des arguments démonstratifs et faciles comme les femmes moins belles et brillantes que nos amies, ou un certain déclassement culturel. Bien entendu tout ceci constitue un ressenti qui sera certainement différent parmi le noyau lesbien du public de la série, c‘est certain. Mais une série s’adresse à tous ses publics. Pour demeurer juste, ce passage nous vaut tout de même des moments amusants comme le baiser sibérien de Bette à Henry, ou Alice – parce que Alice – se démenant pour sauver la situation. Surtout on y décèle deux magnifiques tirades de Bette, impériale, et d’Angus, très malicieux. Mais le jeu paraît tellement truqué que leur efficacité s’émousse. Pour appuyer encore davantage le trait, la mise en scène fait succéder l’effervescence festive des mythiques jeudis du Planet à l’ambiance de plomb régnant chez cette pauvre Tina, dont on partage l’abattement. Ce qui permet à Alice de s’exclamer, en substance, quelle joie c’est de se retrouver entre lesbiennes. Waouh, bonjour le repli communautaire ! Pour vivre heureux, vivons entre nous, on a déjà entendu cela ailleurs. Bon, après cette douche froide, on se remobilise car la suite de l’épisode en revient à un excellent humour. Cette fête du Planet regorge de moments hilarants, même si la galère de Marcus paraît trop excentrée dans le récit pour que l’on s’y intéresse vraiment. Se détache l’arrivée toute timide de Phyllis qui va par la suite totalement s'éclater. Cybill Shepherd, avec son sens de la fantaisie, était vraiment le choix idéal pour incarner Phyllis, qui s’installe avec le groupe après une panique absolument irrésistible de Bette. La confrontation entre Shane (vraiment classe dans sa sobre tenue noire) et Papi donne lieu à une satire de Sergi Leone très amusante (on se croirait dans la Rubrique à Brac), on raffole de ces petits moments de folie insérés dans la série. Plus fort encore demeure la manière dont la provoc infantile de Papi fait pschitt face à la royale cool attitude de Shane. On se tape sur les cuisses, d’autant que Shane 1, Papi 0, honnêtement cela fait plaisir. Et puis Kate Moennig est une nouvelle fois formidable. Le fiasco d’Hélèna en standardiste est aussi à pleurer de rire. Mais soyons honnêtes, face à ce boulot de dingue, livrés à nous-mêmes dès le premier jour, aurions-nous fait beaucoup mieux ? Une excellente nouvelle de Lassoed reste d’ailleurs qu’après avoir plaqué Carmen devant l’autel, dérivé avec Chérie et négligé l’éducation de Shay, on peut désormais de nouveau aimer Shane sans réserves. La voir se battre, contre la routine administrative mais aussi et surtout contre elle-même, pour permettre à celui-ci d’aller à l’école est particulièrement émouvant. Une belle histoire se dessine où Shane devrait beaucoup apprendre elle aussi. On apprécie particulièrement que tout ceci se narre sobrement, sans effet facile. Le passage de Shay avec Max est également touchant et sympathique (pas glorieux de la part de Tina de ne pas l’avoir invité). Par ailleurs Max poursuit toujours plus loin son aventure, mais les périls s’accroissent, l’heure de vérité s’approche sans doute… Jenny poursuit sa cavalcade sur les luxuriants chemins de la folie avec cette embrouille pas possible visant à prendre en défaut la petite amie de la journaliste. Pour l’instant cela reste trop flou mais représente un intéressant point d’interrogation pour l’avenir. Avec cette histoire on peut basculer dans absolument n’importe quoi, le comique, le tragique, le thriller… C’est du grand Jenny Shecter, ses œuvres, ses fringues, prochainement son cabanon. Le meilleur se déroule néanmoins dans l’enceinte de l’université, où l’on pressentait la dernière fois qu’il allait vite survenir du spécial. D’abord, à la surprise générale, après à peine deux épisodes, Madame la Doyenne et Nadia concluent. Tiens, dans une voiture, comme avec Candace… Le récit ne se montre pas tendre avec Nadia mais l’on ressent de l’indulgence envers elle. Elle est jeune, ne paraît pas arriviste mais sincèrement accrochée à Bette… On se réjouit vivement pour Bette rompant sa solitude, plus rayonnante que jamais. Jenny B. rend délectable les émois de son personnage charmé et déstabilisé, et oubliant un peu la déontologie… La scène de concrétisation s’avère aussi habilement amenée que filmée. Le meilleur, et sans doute ce que l’on a vu de plus drôle depuis le début de cette pourtant très humoristique saison, réside dans cette géniale idée de scénariste consistant à brancher Phyllis et Alice, toujours dans son plan de multiplication des rencontres. Parfaitement écrits et interprétés, la malice d’Alice, la semi panique et l’ébahissement de Bette, l’entrain de Phyliis constituent autant de joyaux. On apprécie particulièrement la seconde scène, avec la mâchoire décrochée de Bette (toujours marrante quand elle perd le contrôle) et la rosserie d’Alice qui en biche un maximum. On attend impatiemment la suite de ce twist totalement inattendu ! Lassoed, hormis son discours communautaire manquant par trop de nuances, s’impose comme un épisode irrésistiblement drôle, avant tout parce qu’il laisse la part belle à Bette et Alice, dont les multiples interventions sont toutes irrésistibles. Il ne s’agit pas vraiment d’une surprise car ces deux-là constituent le moteur principal (mais pas unique) de la vague d’humour emportant ce début de saison. Qui plus est, Shane se décide enfin à se secouer et à revenir dans le peloton de tête. La bande-son se montre toujours aussi soignée et ce générique évolutif selon les apparitions des personnages est divertissant. Rendue à son quart, la saison convainc. Mais l’on regrette la disparition des axes scénaristiques des saisons écoulées (découverte par Jenny et quête de l’enfant chez B et T, combat de B pour son couple et triangle infernal chez les voisines, délitement inexorable du couple central et tragédie de Dana), au profit d’une explosion en tous sens de nombreuses histoires irrésistibles mais constituant plutôt des arcs narratifs de quelques épisodes. Si l’impact comique répond présent, la profondeur et l’intensité du récit pourraient s’en ressentir à terme. Il est donc temps de dégager une tendance narrative, par exemple, totalement au hasard, la réconciliation de vous savez qui. Layup pousse au plus haut point la recherche de situations originales et l’humour grand crû qui, pour l’heure, animent cette saison 4. Alors que les scènes hilarantes s’alignent toujours sans faiblir, le binôme Bette/Alice continue à fournir la majeure partie du carburant de cette cylindrée surpuissante. L’émotion n’est pas oubliée, notamment grâce à Max et à Shane. Parmi les difficultés évoquées précédemment, l’absence d’un axe narratif semble en passe de se résoudre, même s’il ne s’agit pas de celui que l’on espérait. Reste le durcissement du discours communautaire, particulièrement marqué autour de Tina. Parce que les mots sont parfois inopérants, l’on ne s’étendra pas sur la performance accomplie par Leisha Hailey au cours de la séquence pré-générique. L’on se contentera de dire que si celle-ci n’est pas la plus drôle et la plus gonflée que l’on ait vue depuis le lancement de la série, c’est que l’on a dû rater un épisode (en fait, non). Phyllis aura su choisir sa « première », reconnaissons qu’il est plus aisé de pénétrer dans ce nouvel univers en compagnie d’Alice que de Marina… L’Évènement va susciter une succession d’excellentes scènes de pure comédie, comme l’arrivée dans son université d’une Phyllis en apesanteur (dans Ally McBeal elle marcherait à deux mètres du sol) puis son annonce malicieuse des faits à une Bette KO debout devant la concrétisation de ses pires cauchemars. Cybill continue d'insuffler brillamment vie et humour à son personnage, tandis que le duo amical Bette/Alice apparaît toujours en état de grâce. Leur conversation autour de la piscine exploite à merveille tous les aspects de la situation, d’autant qu’elle est portée par une Bette et une Leisha entre qui le courant passe à merveille. On adore cette association, on dirait deux sœurs, l’une plus espiègle, l’autre plus cérébrale, mais la première dotée d’un solide bon sens, tandis que l’autre parfois en vrille d’une manière assez spectaculaire. Vraiment une excellente locomotive pour la série. L’Université d’État de Californie commence même à influer directement sur les autres segments de la narration, grâce à l’opportunité de travail saisie au vol par Alice pour son amie Hélèna, toujours à quai. Cela donne lieu à un hilarant ping-pong entre les deux filles, mais aussi promet pour l’épisode suivant car Miss Peabody en traiteur, éventuellement face à des gens de la haute qu’elle connaît peut-être, on demande à voir. Surtout l’introduction de Jodi semble marquer un tournant et signifier enfin la création d’une ligne narrative directive pour la saison, avec l’instauration d’un couple important et durable. L’intérêt réel du personnage, l’espace accordé à sa description, le fait qu’il s’agisse d’un parfait alter ego pour Bette, que leur relation débute par la proverbiale opposition, que l’entrée en lice de Marlee Matlin représente une guest majeure pour la série et même que cette dernière soit une amie de longue date de Jennifer Beals militent en ce sens. Et puis, surtout, merveilleuse coïncidence, Bette vient tout juste d’éjecter prestement Nadia. On s’était efforcé d’être indulgent mais c’est vrai qu’avec son numéro durant le cours de Bette (toujours d’intéressants artistes découverts), cela devient insoutenable. Si Nadia évoque Tonya en pire, par contre Bette Porter n’est pas, mais alors pas du tout, l’adorable Dana ayant du mal à trancher et à faire souffrir le moment venu. Là, on a la foudre tombant du Mont Olympe, c’est assez dur, mais on sait depuis longtemps à quel point Bette peut l’être, cela participe à sa crédibilité. So long, Nadia ! Tant mieux, ce Bette/Jodi comblerait un manque que l’on commence à ressentir. Jodi doit cependant composer avec une épée de Damoclès, dès que, tôt ou tard, cela va se réchauffer entre Bette et Tina (parce que bon, hein) elle va fatalement apparaître comme l’obstacle à abattre, à l’instar jadis d’Hélèna. Mais cela sera pour plus tard, la saison prenant visiblement son temps là-dessus (hem…) et l’apparition de ce personnage résulte très positive. Décidément, cette saison, The L Word cultive l’art de la surprise, notamment en multipliant les nouveaux personnages car Layup correspond à l’entrée en scène de Paige, interprétée par la magnifique et sculpturale Kristanna Loken (et accessoirement lesbienne proclamée). On ose dire que l’on se montre guère enthousiaste à propos de cette relation future que l’on voit pointer avec Shane. Loken, qui excelle dans les rôles très physiques, connotés SF ou Fantastique (Terminator, Painkiller, BloodRayne), ne semble pas vraiment dans son élément avec The L Word, et son personnage se montre, pour l’instant, lisse et sans saveur. Plus profondément, les liaisons de Shane, on en a déjà connues un certain nombre depuis la saison 1 (litote) et, à une énième supplémentaire, on préfère vraiment en ce moment sa belle histoire avec Shay. Cette Shane plus mature et responsable nous séduit. Le coup du dessin, les blasés pourront toujours trouver cela téléphoné ou naïf, mais il va droit au cœur grâce au talent de Kate. En fait, avec Paige, on touche du doigt une difficulté afférente à cette saison. Du fait de l’émiettement du récit et de son orientation, peut-être d’une certaine usure, aucun des couples installés ou en devenir (à la possible précieuse exception de Jodi/Bette) ne présente la force ou l’intensité des grandes histoires des trois premières saisons. Marina/Jen, Carmen/Shane, ou Lara/Dana/Alice n’ont absolument aucun équivalent ici. C’est un choix, une nouvelle direction impulsée à la série. Le bilan de ce pari se tirera le moment venu. Fort heureusement, The Couple of The Série, lui, est toujours là, mais en suspension. Il finira bien par se réactiver un jour… Central depuis le début de la narration, Tina/Bette, le dernier survivant, va devenir plus crucial que jamais. Bon, ça vient, là ? Les segments de Max et de la Vengeresse paraissent forts réussis mais quelques peu secondaires face aux aventures de la Dream Team de la saison (jusqu’à présent), Alice/Bette/Shane. On ne peut que porter au crédit de Max d’avoir voulu rompre le mensonge (avait-il le choix ?), mais le désastre prévu est au rendez-vous. La jeune fille, qu’on aime bien, a une phrase terrible, mais il faut aussi tenir compte de la colère d’avoir été dupée, et de la force de la révélation. La triste vérité c’est que les chances d’un(e) Trans d’établir une relation avec un(e) Hétéro avoisinent le néant. Max poursuit son apprentissage de la réalité, l’enjeu va être de savoir s’il tient le choc ou non (sans compter qu’il peut aller pointer). L’absurde croisade de Jen se montre toujours très amusante, même si le destin de ce pauvre chien attriste (servir de cheval de Troie à une machination tordue). On se dit cependant qu’il est temps d’arrêter tout ceci avant que cela ne tourne au vinaigre. Mais bon, le sens de la mesure, le raisonnable, la prise en compte d’autrui et Jenny, hein… Ceci-dit Mia a parfaitement intégré la nouvelle version de son personnage (peut-être exigé par les fans) et se montre vraiment épatante. Honnêtement, Angus et Kit, on zappe, on n’arrive pas à s’y intéresser malgré le signal d’alarme du rentre-dedans de Hazel, très à la Californication. On éprouve l’impression qu’Angus n’a plus grand-chose à apporter à la série. Ah mais dites-donc, on a oublié Papi. Ça alors, comment est-ce possible ? Effectivement elle finit par se pointer au Planet, où elle a une discussion totalement dépourvue d’intérêt avec Alice, où elle exhibe son palmarès, sa frime etc. Bon, elle porte bien le chapeau, c’est vrai. Voilà, voilà. Ah si, cet intense entretien a le mérite de lancer ce qui va devenir le sommet de l’épisode, l’incroyable match de basket entre la Team Papi et les Bobo Girls (allez, une bonne vanne pour Papi, à ne pas confondre avec les Coco girls). Toute la construction de l’équipe par une Alice surexcitée nous vaut déjà toute une salve d’excellents moments de comédie. On adore ces épisodes spéciaux où le gang du Planet s’aventure hors de son cocon (Dinah Shore, Love Boat, voire funérailles de Dana etc.) et on en retrouve la stimulante originalité au cours de cette partie. Porté par une excellente musique funky, l’ensemble du match est un immense éclat de rire, en même temps qu’un vrai moment de bravoure. Impeccablement filmé, l’affrontement excelle aussi par sa scénarisation, chacune des filles exprimant sa personnalité d’une manière hilarante. L’arrivée de Bobo Girls, totalement décalées en ce lieu, est ainsi spectaculaire. Par la suite on a une succession de prises de bec rigolotes avec la Team Papi, l’agressivité juvénile d’Alice, la cool attitude proverbiale d’une Shane davantage préoccupée par son frère, la joie communicative d’Hélèna d’être enfin bonne à quelque chose et Papi qui a de bons moments ! On apprécie particulièrement la capitaine Bette, shootée au boulot jusqu’au dernier moment et montrant une gagne féroce jusqu’à décontenancer Papi elle-même, d’autant plus que la veille elle chipotait sur la partie ! Mais la reine reste Jenny, à son meilleur ici, n’en ayant strictement rien à cirer du match (le collectif ce n’est pas son truc en ce moment) ou en panique totale devant le ballon ou la hargne de Bette. Et la référence à Dana est également bien trouvée. Vraiment, tout ce passage est génial. Seul vrai point noir, le traitement assez honteux réservé à Tina. D’abord, on se pince pour y croire, elle n’apparaît qu’ici, et pour quelques instants. Les Instances Supérieures ont bel et bien mis Tina en semi-exil durant sa période Henry ! On n’apprécie vraiment pas ce durcissement identitaire exprimé depuis le début de la saison. Durant les trois premières, habilement, par l’exemple, The L Word exposait avec éloquence que les lesbiennes sont des femmes au même titre que les autres, tout en donnant une image positive, et c’était très bien ainsi. L’inflexion présente se montre négative au possible. Il est tout de même paradoxal d’appeler à la tolérance quand on se montre soi-même intolérantes. Et puis ce discours hostile et ce rejet par ses amies (hormis Shane et Hélèna, je crois)… Si on aurait aimé plus de soutien de la part de Bette (conserver le silence c’est vraiment le minimum vital), la plus mauvaise demeure Jenny (et ses baskets aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBT…), dont la propension à juger tout le monde du haut de sa splendeur devient insupportable. Cet épisode particulièrement drôle et abouti, en dehors de cette navrante péripétie, s’achève sur l’étonnante séance photo de Shane. Certes tout cela se montre parfaitement esthétique et même amusant, Kate Moennig est aussi magnifique qu’expressive, cela souligne sa prise de responsabilités. Mais l’ensemble représente avant tout une nouvelle insertion de marque au sein même de l’action. Depuis le début de la saison, on en trouve pratiquement un par épisode (Ourchart, Curve). Décidément The L Word reste hors normes également de ce point de vue. Lez Girls marque un certain ralentissement du tempo jusque-là frénétique de la saison, du fait, assez inévitablement, d’un moindre flux de nouveautés, même si l’épisode introduit (encore !) un nouveau personnage, Tasha. Celle-ci se montre ombrageuse et mystérieuse comme on aime et une nouvelle fois originale au sein de la série. L’épisode prolonge également plusieurs situations qui avaient vocation à divertir sur quelques épisodes, mais qui commencent à s’effilocher ou à perdre de leur intérêt (les galères d’Hélèna, le complot de Jenny, Papi). Fort heureusement l’on continue à beaucoup s’amuser, Alice et Bette continuent à nous divertir, d’autant que la relation avec Jodi tient ses promesses, il faut bien l’avouer. L’infiltration de Jenny se poursuit et nous vaut encore quelques bons moments, comme sa description de la journaliste, écrite avec une délectable ironie par les Instances Supérieures : « Elle est devenue une putain de connasse, qui n’arrête pas de pondre des pages et des pages de merde sans nom. Et elle pense que cela justifie son attitude d’égoïste et de maniaque ». Bien visé Jenny, il faut juste réorienter le tir de 180°. Néanmoins l’étirement de cette histoire à partir d’un point de départ aussi anodin paraît quelque peu artificiel. De plus, il ne paraît guère crédible que la vétérinaire confie ainsi toute sa vie intime à une inconnue fraichement rencontrée, même après le décès du pauvre chien, et même si elle est sous le charme de Jenny (qui ne le serait pas ?). On ressent comme du procédé ici, tout comme avec ce quiproquo digne du boulevard le plus éculé, voyant les deux compagnes parler de Jenny comme de deux personnes différentes. C’est gros. Et puis cela vire au glauque cette espèce de machination à la Choderlos de Laclos, on se doute bien que la charmante vétérinaire va en faire les frais et on n’a pas vraiment envie de voir ça. Et dire que Jen accusait Tim d’avoir voulu prendre une « revanche sexuelle »… Bien plus intéressante se révèle la seconde histoire organisée autour de Jenny et de « Lez Girls ». Avec le prestigieux The New Yorker (Jen a vraiment le vent en poupe !), on trouve la quatrième insertion de marque dans l’action en cinq épisodes, mais qu’importe ici. On donnerait cher pour lire ce feuilleton, dont les quelques extraits entendus sont vraiment hilarants (les descriptions d’Alice et de Tina sont des modèles de pure vacherie), ainsi que le coup des nouveaux noms. Karina pour Marina, of course… L’idée d’une relecture de la passionnante première saison par l’esprit disjoncté de Jen se montre vraiment excitante. Les réactions de copines comptent aussi comme autant de moments d’intense drôlerie, on adore quand les filles du Planet se chamaillent un peu. Le duel des deux professionnelles de la plume est vraiment brillamment dialogué et interprété, le retour à l’envoyeuse de Monet assurant la victoire d’Alice aux points. On frétille de la poursuite probable de l’exploitation sans scrupules de leur vie commune par Jenny la Diabolique, pourvu que la saison en fasse un axe construit. On attend en particulier la confrontation avec Bette. Une autre chanson se chantera à ce moment-là… Jenny et son ego virent vraiment mal, l’écrivaine devient réellement le personnage que l’on aime détester. Énoncer qu’elle campe désormais la méchante récurrente de la saison serait exagéré, mais on s’en rapproche. Et Mia Kirshner apparaît vraiment à son meilleur. Encore un épisode pour rien pour Papi, dont la perpétuelle guéguerre infantile et inepte envers Shane commence vraiment à lasser. Elle ne parvient pas à passer du statut de concept amusant sur deux épisodes à celui de personnage à part entière, son immobilisme désespère. Il en va de même pour le surnom ironique de Vanilla attribué à Shane, on a bien ri la première fois, à la cinquième ou sixième, on fatigue. Papi : une cause perdue pour la saison 4. Tout juste sert-elle d’utilité afin d’introduire le personnage autrement mystérieux et intéressant de Tasha. Celle-ci représente une nouvelle originalité dans le panorama de la série, et pas seulement parce qu’elle compose (sauf erreur de ma part) la première noire de l’équipe depuis Candace. On apprécie sa solidité et son austérité, rendant plus lumineux encore ses sourires occasionnels, particulièrement chaleureux. Le générique évolutif nous apprend qu’elle est militaire, ce qui ouvre un riche nouveau domaine à la série. On découvre aussi qu’Alice n’est plus seule sur sa moto... Ce duo c’est un peu l’alliance de la carpe et du lapin, mais justement cela devrait devenir intéressant et nouveau. C'est-à-dire totalement à l’inverse de ce que démontrent Shane et Paige, dont la scène se révèle assez consternante de platitude et de lieux commun. Tout ceci manque terriblement de saveur et de piquant. Même si spectaculairement mise en valeur par une vertigineuse transparence, la somptueuse Kristanna Loken n’apparaît pas vraiment dans son emploi, on peut se demander si les Instances Supérieures n’ont pas simplement désiré enregistrer la participation de cette icône lesbienne, sans trop se soucier de lui donner quelque chose d’ambitieux à raconter. C’est assez froid entre elle et Kate et puis… Comment le dire ? Apparaître aux côtés de la Terminatrice donne à Shane comme une apparence de gamin sous-alimenté. Le pire demeure que tout cela étouffe la relation autrement intéressante entre Shay et Shane, passée ici au second plan. Bonne surprise pour Max, la fille de son patron n’a pas violé son secret. On s’en réjouit, cela confirme la bonne impression que l’on conservait d’elle et la rédime des propos tenus sous l’effet d’une colère blessée. Toutefois, si l’on y regarde bien, Max n’apparaît qu’à peine mieux loti que Tina. Il n’a quasiment plus aucun contact avec le groupe, vit son histoire totalement en marge et a droit à une, ou deux scènes par épisode, point-barre. Dans la troublante scène d'introduction, il reste également seul. L’élément Trans se voit marginalisé, même si avec plus de douceur et de respect que la traîtresse hétéro. La série devient mono-lesbienne en même temps qu’elle rend plus agressif son message… Et c’est vrai que Tina apparaît ici encore réduite à la portion congrue, servant principalement de courroie de transmission dans l’affaire Hazel/Angus, elle-même cliché au possible. Et si elle a effectivement droit à une très belle scène, c’est uniquement en fonction de sa relation passée (et future, pas de blague) avec Bette et certainement pas de l’actuelle avec Henry, cette abomination perverse. On ne sait rien de ce que traverse ce couple, ni comment Tina vit sa réinsertion dans Hétéro-ville, sujet pourtant passionnant. Et il en sera vraisemblablement de même jusqu’à ce qu’elle en vienne à résipiscence et ne se rase la tête avant de quémander humblement son pardon. Ceci dit cette rencontre entre et Tina et Bette s’avère un régal et une authentique fête pour leurs admirateurs. On adore la lumière dans les yeux de Bette, s'obscurcissant quand elle comprend que c’est de Kit et d'Angus dont veut parler Tina. Hé, hé, elle n’est pas finie, l’histoire… Par la suite l’entretien accumule les bonnes idées, comme ces gestes accomplis à l’unisson. Les deux femmes s’accordent naturellement, un joli clin d’œil pour les fans en lévitation. L’alchimie entre Jennifer Beals et Laurel Holloman se montre toujours aussi palpable. Sur le fond Bette a raison, il faut évidemment réfléchir un peu avant d’anéantir Kit par cette nouvelle. L’ensemble donne également une photographie de l’état de leur relation, qui se réchauffe doucement mais sûrement. Bon, cela se crispe vite, mais tout de même, elles se parlent toujours plus facilement. Il s’agit toutefois de leur scène la plus cordiale que l’on ait vue depuis… longtemps. Les lignes bougent et l’intensité de ce couple historique de la série (même disjoint) tranche vraiment sur ceux développés cette saison. À une considérable exception près… En effet il est précieux pour les amateurs de Tina/Bette qu’ils aient disposé de cette bouffée d’oxygène car par ailleurs on assiste à une montée des périls. La rencontre Bette/Jodi se montre aussi stimulante que prévu, d’autant que Bette, personnage authentiquement riche, se montre également une redoutable séductrice. Sa manière d’aborder Jodi, à la fois classieuse et suggestive au dernier degré, est un modèle du genre, Marina n’aurait pas fait mieux. La scène se révèle une parfaite réussite, d’autant que Jodi a du répondant. Esprits libres et audacieux, charme absolu, passion partagée pour l’Art, dialogues ciselés avec panache, drôlerie de Bette s’encanaillant à fumer un pétard (c’est de la bonne, visiblement), Bette et Jodi concordent à merveille. L’échange de fumées, c’est vraiment chaud. Jennifer et Marlee, très proches dans la vie, s’entendent visiblement d’entrée. Elles nous proposent un couple assez irrésistible, le seul capable de pouvoir introduire avec crédibilité du suspense à propos de la réconciliation avec Tina. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une remise en cause de celle-ci mais plutôt de la perspective d’un cheminement prometteur et non fabriqué comme il aurait pu l’être. Par ailleurs on remarque que l’interprète de Jodi, excellent lui aussi, est gay. Quelle surprise, on va finir par penser que cette série met à l’honneur la communauté homosexuelle. Sinon les invités hétéros sont bien entendu ou porcins ou ridicules. Bah oui, c’est la saison quatre. Le couple Alice/Phyllis connaît une issue assez logique, quoique bien dure pour cette dernière. Alice a trop bien joué son rôle d’initiatrice à ce nouveau monde. Phyllis va devoir tracer son propre chemin, pas forcément aussi facile qu’il a été jusqu’ici. En commençant par mettre ses affaires au clair avec son mari, déjà. On a l’excellente surprise de découvrir Léonard interprété par le savoureux vétéran Bruce Davison, un excellent guest pour The L Word. La série, y compris en cette saison, évite heureusement de le rendre antipathique, même si un tantinet satisfait de soi-même, on évite l’écueil du manichéisme. Cybill restitue parfaitement la souffrance et le désarroi de son personnage repoussé par une Alice excédée. Au contraire des scènes amusantes l’ayant annoncée cette rupture est un moment réellement douloureux. Jenny B s’impose une nouvelle fois avec une Bette dégrisée, effondrée pour Phylis, mais aussi préoccupée pour elle-même… Le vent tourne. Ce banquet demeure également l’occasion d’assister à un énième échec pour Hélèna. Certes le passage amuse, d’autant que la très belle Rachel Shelley est vraiment extraordinaire. Mais ce ressort comique commence à se distordre. Assister à un nombre toujours croissant de galères devient répétitif et donc lassant. Et puis Miss Peabody a vraiment remonté ses manches et s’est donné du mal, on trouve davantage cruel que drôle de la voir se planter malgré tout, malgré une négligence finale assez humainement compréhensible. On en ressort avec l’impression que la série commence à s’acharner sur elle, avec comme possible résultante d’atteindre le contraire de l’effet recherché et de transformer cette histoire en drame. On l’aime beaucoup, Hélèna, on en a assez de la voir souffrir et on aimerait que tout ceci devienne un peu plus positif. Alors qu’elle parvient à son mitan, cette saison 4 divertissante et enlevée va frapper un grand coup lors de la première moitié des aventures du jour, totalement originale et maîtrisée. Malheureusement la réussite de l’épisode se verra en partie compromise par une seconde moitié en demi-teinte. Après une introduction déjà décapante, montrant Shane effondrée d’être devenue l’égérie ultra médiatisée (et avec quel look) de la prochaine campagne de son sponsor, Luck Be a Lady nous projette dans un ébouriffant tourbillon d’images, absolument exceptionnel. En effet, durant un plan considérablement long (neuf minutes !), une succession de split screen nous donne à suivre en temps réel une conversation téléphonique menée à tambour battant par la plupart des héroïnes, rivées à leur portable et parfois proches de la crise de nerf. L’ensemble s’impose comme hilarant mais également spectaculaire. Effectivement on pourra y trouver une méthode similaire à celle déployée avec le succès que l’on sait par 24h Chrono (y compris avec une certaine Mia Kirshner), mais ici The L Word passe la vitesse supérieure, avec une multiplication des personnages et un brio extrême. Outre la performance des actrices, ce charivari demeure également l’occasion d’une concentration maîtrisée de toutes les intrigues en cours, permettant de les électriser, tout en offrant un panorama presque complet de cette saison allant basculer dans sa seconde moitié. L’effet se ressent comme particulièrement réussi. La mise en scène accentue efficacement le joyeux vertige du public, en utilisant des emplacements très différents pour des filles elles-mêmes parfois en mouvement, et s’autorisant tout un jeu autour des transmissions des communications. De cette prouesse on détachera Shane qui nous régale d’une de ses rares colères, d’autant que la voir enjoindre à Alice de ne pas faire sa commère autour du gala puis, évidemment, apprendre deux minutes plus tard qu’elle bat le rappel dans la moitié de Los Angeles est irrésistible. Alice elle-même paraît à son aise, on sent que le portable est comme une extension de son être... Mais le summum concerne Bette, qui, outre ce chaos, doit affronter un défilé incessant de visiteurs (même Jodi s’y met) et une Phyllis lui pourrissant littéralement la vie et lui mettant bien la pression concernant Alice. Le stress atteint des proportions inhumaines, jusqu’aux limites mêmes de Super Bette, un fait absolument inimaginable jusqu’ici. L’entendre déclamer à Kit qu’elle pense « sérieusement » au suicide est vraiment hilarant. Mais pour la pauvrette (et son malheureux assistant, James le Valeureux), les réjouissances ne font que commencer. En effet, à l’issue de la furie téléphonique, on a à peine le temps de ricaner en constatant que les seuls absents en étaient les exclus de la saison, Max et Tina, que voici que celle-ci surgit à son tour, lassée de tomber sur un téléphone occupé. Les deux lionnes étant déjà bien échauffées la discussion part vite en vrille, devenant l’un des moments les plus drôles de toute la saison (rien à voir avec les drames de jadis). Jennifer et Laurel savent y aller à fond. Cette scène prouve aussi à quel point Bette/Tina est un couple à part au sein de la série, quoi que Jodi puisse exprimer par ailleurs. On ne m’enlèvera pas de l’idée que Tina s’est quelque peu réjouie de cette prise de bec, mais, pour percevoir son ressenti, il faudrait appréhender ses sentiments actuels et de cela il n’en est évidemment pas question. Au bout de ces 95s de bonheur, les Instances supérieures décident que c’est bien assez pour la félonne, et, zou, Tina disparaît définitivement de l’épisode ! C’est incroyable. Mais le plus amusant demeure ce pauvre James mort de frousse à l’idée de déranger encore une fois la patronne et y allant tout de même, en bon soldat. Effectivement il se fait royalement fulminer par Bette, c’est assez génial. On peut parier que James s’en souviendra, de Bette Porter. Après cette première partie vraiment festive, l’épisode en revient à une narration classique, inévitablement plus anodine comparativement. Avec, c’est vrai, un peu plus de présence que de coutume, Max poursuit son périple désormais totalement solitaire. Ses aventures pourraient se dérouler à des milliers de kilomètres de West Hollywood que l’on ne verrait pas la différence, c’est fort de café ça aussi. Lui qui était si soulagé de ne pas être découvert et qui s’opposait la saison dernière à la croisade revendicative de Jenny, révèle le pot aux roses parce qu’une fille discriminée a le courage de porter le débat en place public. C’est beau, c’est grand, c’est noble et ce n’est pas crédible une seconde. Si au moins cela aidait la fille, mais ce n’est même pas le cas. Mais il faut bien que quelque chose se passe dans son segment, et le pauvre est seul à l’animer, d’où le basculement dans la facilité parce que l’on ne sait pas faire autrement. Logiquement le patron devrait l’avoir à la pogne, on verra bien si cette période difficile qui s’annonce suscite de la solidarité et des échanges chez les Bobo Girls, sinon c’est à désespérer. Autant Shane et son interprète divertissent durant la soirée de gala (et ses stewarts en caleçon), autant on continue à s’ennuyer ferme avec Paige. Kristanna Loken paraît trop mécanique dans son jeu et son personnage lisse et trop standard (quelqu’un aurait-il un canon plasma ou un lance-flammes ?). On ne saisit toujours pas l’intérêt profond de l’apparition de Paige, ou son apport concret à la narration. Peut-être, avec cette histoire d’amitié, qui durera ce qu’elle durera, désire-t-on illustrer à quel point Shane a évolué et pris le sens des responsabilités depuis la venue de Shay ? Un dispositif bien lourd et occupant inutilement de l’espace. Et pendant ce temps on attend toujours l’apparition de Sarah Connor au Planet. Sinon Papi est aussi championne de Poker (Papi est championne en tout, toujours), d’où une séance de tapage de carton chez Alice, assez amusante. Bon, Papi, son harem, la blonde inscrite plus tard en fin d’épisode, ses tenues vestimentaires, on n‘arrive à s’y passionner, même si le passage demeure plaisant avec cette bagarre rigolote. Heureusement que l’on est dans The L Word sinon l’on pourrait hurler au cliché… Tiens, la fille au teeshirt vert est celle avec laquelle Alice avait échangé quelques horions durant le match, mais rien ne survient de ce côté. Grâce au gnon providentiel Alice et la très belle Tasha, dont on apprécie toujours autant la solidité et l’économie de mots, se rapprochent enfin. Les opposés s’attirent et une belle aventure débute, avec ce passage à l’émotion finement dosée. La référence à l’Irak sert essentiellement à exprimer l’antagonisme existant entre les deux sur bien des points, une difficulté que le couple aura à gérer au quotidien. C’est original et bienvenu, The L Word ayant privilégié jusqu’ici les couples fusionnels. L’intervention de Phylis se montre contrariante de ce point de vue. Il va falloir qu’Alice mette bien les points sur les i cette fois-ci (ça tombe bien, elle a l’air fumasse) car Phyllis présente un intérêt potentiel bien supérieur à celui d’une groupie maladive d’Alice, il faut désormais qu’il s’exprime. Sorry, Bette. Lesiha nous offre également un numéro hilarant quand Alice passe sous le feu des photographes. Jenny achève de franchir la ligne blanche en menant jusqu’à son terme son complot, passant du coup du comique au tragique. Malgré ses larmes, on ne croit malheureusement pas que cette expérience va véritablement influer sur son caractère, tel qu’il est devenu. Outre la grande prévisibilité d’un récit trop étiré sur différents épisodes, on regrette ici une certaine maladresse d’écriture. La véto devient vraiment caricaturale dans sa perfection, on sent la ficelle pour affliger Jen. Et puis l’arrivée pile au bon moment de sa copine dans cette chambre d’hôtel, cela fait de nouveau terriblement boulevard, après le quiproquo de la dernière fois. Ce huis-clos tourné en plan séquence paraît aussi bien long et démonstratif. Un point positif existe, Jenny va pouvoir se consacrer pleinement à Lez Girls, qui nous intéresse bien davantage que cette embrouille. Autre déception, on trouve que la série a décidément la main trop lourde avec Hélèna. Après une énième déception, la voici aux mains d’une joueuse passablement perverse, semblant plus ravagée que Jenny ne le sera jamais (enfin, bon, faut voir). On pénètre franchement dans l’acharnement, les interminables malheurs d’Hélèna ne font plus rire. Si la Hélèna d’avant la saison 3 ne s’est sans doute guère suscité d’amis, on s’étonne qu’aucun malin parmi ses connaissances d’alors ne dépanne financièrement celle qui demeure l’héritière Peabody, et qui un jour en gèrera les fonds. Surtout l’absence de ses enfants devient vraiment assourdissante. On éprouve furieusement l’impression que, parce qu’ils compliquaient la décision de Mrs Peabody et son application, ils ont été rayés de la carte en silence. On appelle cela une écriture scénaristique désinvolte. Alors ça, ce n’est pas bien. Bette et Jodi n’ont pas le droit de nous régaler d‘une scène aussi belle et sensible que celle de la cristallisation de leur relation. Les comédiennes s’y montrent magnifiques et Jennifer Beals aggrave son cas en insufflant une conviction débordante aux larmes d’une Bette bouleversée d’avoir retrouvé une compagne. L’intensité de l’évènement paraît assez pénible, on nous façonne un couple superbe et captivant, digne des grandes figures du passé de la série. C’est écœurant. Le seul point d’ombre (ah, ah !) de ce passage demeure l’assemblage réalisé par Jodi, que je trouve juste abominable, mais je n’ai jamais rien compris à l’art contemporain. J’aurais besoin de cours de Bette Porter, en fait... En attendant, la « chose » sert à dissimuler la majeure partie des ébats entre les deux tourterelles. Depuis la séance motorisée Alice/Papi, on ressent que la poussée identitaire de la série s’accompagne d’un certain renoncement aux scènes chaudes. Les deux perfides se fendent même d’une petite crise existentielle au sein de leur couple, afin que tout ceci ne fasse pas trop artificiel. Et deux superbes scènes de plus, allez. Histoire de rendre leur relation plus rayonnante encore, on supprime l’omniprésence du pourtant spirituel (et gay) Tom, avec à la clef une manifestation massive du Monde Merveilleux de The L Word : il lui suffit de vaguement visionner un site pour que Mighty Bette apprenne le langage des signes. Si ce n’est pas piper une compétition, ça… Hélas, cela devrait néanmoins apparaître convaincant, Jenny B. connaissant ce code depuis des années du fait justement de son amitié avec Marlee Matlin. Machiavélique, puisqu’on vous le dit. Ah oui, malgré tout ce qui lui arrive ces temps-ci, Super Bette trouve tout de même le temps de régler à la perfection la crise Angus, sans chantage, mais simplement en conversant. La voir boucher les oreilles d’Angélica lorsqu’elle évoque l’adultère est vraiment adorable. Plus tard le fautif confirme qu’il est revenu sur le chemin de l’honneur et de la vertu. Une séquence joliment ciselée, qui devrait plaire à ceux pour qui Angus présente le moindre intérêt. D’une manière très intéressante du point de vue scénaristique, Lesson Number One marque un reboot à peu près complet de la saison 4, résolvant nombre des problèmes observés récemment. La saison 4.2 se caractérise ainsi par le retour dans la partie de Max et Tina, au moment où leur quasi-absence devenait insoutenable. L’opération se mène d’ailleurs de manière plutôt astucieuse. Par ailleurs, la narration, qui auparavant donnait souvent l’impression de papillonner va désormais organiser deux axes forts, Alice/Tesha et, davantage encore, Bette/Jodi (et oui… Jodi). L’avènement de Lez Girl va propulser la nouvelle Jenny (aka la garce mégalo) au premier plan du récit, après une aventure très périphérique. Hélèna en termine avec ses malheurs répétitifs pour débuter un nouveau segment en compagnie de la trouble Catherine. Angus et Kit entrent dans une zone orageuse, tandis que Shane et son T-X tentent vaillamment elles aussi de nous raconter quelque chose. Via le toujours cynique et amusant Aaron, la série développe l’excellente idée d’un portage de Lez Girls au cinéma. Ceci nous autorise à espérer une satire réjouissante du milieu du cinéma, comme nous en avions déjà connue une autour de Shane, cette fois en plus développée. On se réjouit également de peut-être assister à une relecture déviée et mordante des évènements et des protagonistes par une Jenny toujours plus en roue libre. On observe déjà comme de l’ironie car la fabuleuse success story de Jenny se déroule quand la femme complexe, tourmentée et passionnante que nous connaissions se mue en une garce égocentrique passablement absolue. De là à penser que le métier comme le public préfèrent une auteure vacharde et à l’humour immédiat à une littérature plus élevée, il n’y a pas loin. Et puis Jen apparaît en grande forme, jouant les mijaurées devant la proposition de Tina mais n’hésitant à la planter pour organiser des enchères avec des producteurs plus importants. Oui, le succès de ses histoires se doit à un pompage intense de la vie de ses amies, mais pas question de faire bénéficier l’une d’entre elles du moindre avantage. Tout juste, dans sa mansuétude, accepte-t-telle que Tina participe à la compétition, c’est juste royal. Et puis il faut la contempler rembarrer Max ou considérer avec gourmandise les stars censées la représenter… Jenny devient décidément la Princesse des Ténèbres évoquée par Kit, l’éternelle observatrice du clan. Si la nouvelle Jenny a perdu en consistance et en originalité, il faut reconnaître que le portrait en demeure joliment tracé. Et puis Mia Kirshner reste définitivement sa meilleure interprète possible ! Le duo entre Queen Jen et une Tina devant accomplir les quatre volontés de la donzelle promet beaucoup. L’intérêt de Lez Girls ne se limite pas à cela, puis qu’il permet à Tina de s’échapper du semi-exil où elle paraissait confinée jusqu’ici. Il était grand temps. L’évènement survient au cours d’une de ces discussions percutantes dont le cynique mais amusant Aaron a le secret. La scène est dialoguée avec beaucoup d’humour, « C’est vrai que ton ex t’as trompée avec une petite plombière ?» « C’était une charpentière ! Et c’est de la fiction ! » . À sa façon de broyer une carotte symbolique, on se dit qu’Aaron a bien énervé Tina sur ce coup-là. Assister à la manière dont Tina se la joue carpette hypocrite devant la star constitue un autre grand moment. Mais le retour de Tina au Planet provoque aussi un beau concours de bourdes avec Kit. C’est gentil de la part de Kit de déclarer à Tina qu’elle peut toujours venir quand elle le veut, mais Tina avait l’air de tenir cela pour évident (et nous aussi). Le summum survient néanmoins quand Tina lâche la bombe à propos d’Angus. Prochainement cela devrait donner, disons, du piment à l’histoire Angus/Kit, d’autant que Pam Grier est visiblement en forme. Mais quelque chose ne fonctionne pas ici, on ne conçoit pas que l’hyper organisée Bette n’ait pas tenu Tina au courant de son action (à moins qu’elle n’ait eu la tête ailleurs, et si tout ça c’était de la faute de Jodi ?). Les circonstances de la gaffe paraissent assez mal s’emboîter. On observe également que la levée de l’embargo n’est que partielle, car ne concernant que la Tina professionnelle. La Tina privée, celle qui partage la vie d’Henry, demeure soigneusement ignorée… Max connaît une nouvelle fois un passage solitaire et totalement décalé, mais les choses changent aussi pour lui. Lui confier le site en pleine expansion de Ourchart (encore un petit placement pour la route) concilie astucieusement sa réintégration dans le groupe, ainsi que la nécessité de lui trouver un rôle à tenir. Son expérience dans le monde de l’entreprise touche sans doute prochainement à sa fin, il faut dire que l’on en a fait à peu près le tour. De manière sans doute involontaire mais particulièrement divertissante, la musique accompagnant sa balade à travers les bureaux ressemble beaucoup à celles volontairement ringardes des « messages à caractères informatifs », ces films d’entreprise seventies soigneusement détournés par Canal. C’était vraiment très intéressant. Une nouvelle référence 70’s pour The L Word ? Max pleinement de retour dans la série, et en interaction avec les autres personnages, voici une très bonne nouvelle. Hélèna paraît interrompre sa scoumoune à force répétitive, d’ailleurs, très symboliquement, c’est finalement elle qui remporte la partie de cartes l’opposant à Catherine. L’esthétique et la narration de cette scène font assez film érotique, non dépourvu d’ailleurs d’un voyeurisme un peu gratuit. Entre raffinement et perversité, Catherine laisse une impression mêlée. On la trouve d’une part assez artificielle et décalée dans la série, mais Sandrine Holt réalise une belle performance, lui apportant un charme vénéneux et un vrai charisme. C’est de circonstance, on dira que les jeux sont ouverts. La scène où Hélèna essaie ses robes se montre tonique et amusante, même si pas follement originale. Celle des conseils des copines est un vrai bijou. Paige et Shane à l’école permet de bien illustrer une évolution positive du discours de la série. On préfère très nettement ce militantisme à celui exprimé jusqu’ici autour de Tina. Le rôle finalement sympathique du proviseur interrompt la succession de caricatures volontiers massives des hétérosexuels. Évidemment le Monde Merveilleux de The L Word répond une nouvelle fois à l’appel car dans la vraie vie du monde vrai, la réunion se serait difficilement déroulée de manière aussi édifiante, allant jusqu’à se conclure par une invitation des enfants au Wax. Et un goûter aussi, peut-être ? Mais Kate a tout de même l’occasion de délivrer une vraie émotion autour de la confession de Shane. Avec Shay, la saison 4 aura réussi à exprimer une histoire prenante et renouvelant l’héroïne. Peut-être parce qu’elle se sent particulièrement concernée par le sujet, Kristanna Loken transmet enfin un peu de flamme à son personnage. C’est amusant, dès qu’elle est en colère Paige prend des expressions à la T-X, c’est toujours ça de pris. Bon, comme prévu, le plan « on reste amies », ça ne tient même pas un épisode. Si la scène ne dégage pas autre chose qu’une vive énergie, cela fait tout de même plaisir de retrouver totalement Shane, comme anesthésiée là-dessus depuis le traumatisme canadien. Cybill nous régale d’une scène très à la Clair de Lune, avec beaucoup de fantaisie. On aime bien ses raidissements à la Maddie quand elle sent qu’on la néglige une seconde. Contraint de remiser sa fascination pour Alice, le personnage présente désormais un vrai potentiel, suivre ses aventures devrait être divertissant. Il faut dire que Al n’a pas dû y aller de main morte, si on en croit son expression à la fin de l’épisode précédent. Fort heureusement les yeux sensibles seront épargnés. Cette cassure permet également à Alice de poursuivre son intéressante relation avec Tasha. L’odyssée d’Alice chez les militaires, outre son humour malicieux (jolie image de sa proverbiale Mini bleue entrant dans le camp sous une musique martiale), constitue un exemple éloquent du choc de leurs deux cultures, l’un des éléments originaux et intéressants du couple. La balade en hélicoptère représente un beau moment, tendre et chaleureux, y compris avec les autres filles. On apprécie de plus en plus Leisha, dont l’aspect singulier au sein de la série est parfaitement exploité, sans caricature. Sa dureté apparente se fissure immanquablement sous le charme d’une Alice dont la fantaisie espiègle ne cesse de la charmer et de l’amuser. On ne se lasse pas de son magnifique sourire qui surgit alors immanquablement. Rose Williams apporte véracité et force à Leisha, tandis que l’on apprécie son expressivité au cours de l’introduction. Au total, sans compter parmi les plus grands couples de la série, Alice/Tasha convainc et devrait demeurer l’un des points forts de la saison 4. Tasha a aussi le mérite d’humaniser Papi. Celle-ci s’extraie alors de ses irritantes postures permanentes et intéresse davantage. Il reste amusant de la voir critiquer Alice à propos de l’ostracisme subi par Tina, alors que la série elle-même n’agit guère différemment. Voilà, voilà, je pense qu’on a bien fait le tour de l’épisode, là. Vivement la suite ! Ah, oui, bon. Le réveil de Bette sous les yeux de sa Jodi resplendit comme un lumineux instant de sensualité et d’émotion. On en est à se demander où va cette série. Les deux comédiennes sont vraiment splendides et habitées par leur rôle, on retrouve vraiment la magie des grands couples des premières saisons. Étonnamment, le passage parvient à paraître à la fois torride et pudique, avec une indéniable alchimie entre Jennifer Beals et Marlee Matlin. La mise en scène développe une esthétique vraiment remarquable. Le coup du dessin est un peu pompé sur Titanic, mais pas illogique compte tenu du profil de Jodi. Du fait certainement de mon imperméabilité à l’art contemporain, j’en trouve le résultat peu concluant. Surcotée, la Jodi. Ceci dit, Bette considère pouvoir tomber amoureuse d’elle, ce qui semble indiquer la persistance d’une certaine réserve. On peut se demander si, outre l’angoisse devant l’engagement, la persistance du souvenir d’une certaine blonde n’agit ici sur Bette. Ladite blonde fait d’ailleurs bien de revenir car il y a le feu dans la maison Tina. La complicité de Bette et Jodi demeure également forte quand l’on se déplace vers la comédie, comme lors de cette discussion autour des coming out évoquant le fabuleux épisode Dinah Shore. On y regrettait l’absence de Bette, cette lacune est désormais comblée. Fort heureusement, Jodi, esprit libre, a le chic pour larguer une bombe sous ses propres pieds à chaque épisode. Après le déjà sympathique « Je n’aime pas les enfants », on trouve ici le fort joli « Je ne serai jamais monogame », bien vu ! Bravo Jodi, c’est formidable ça, l’honnêteté et le refus de l’hypocrisie, c’est très grand. Comme on l’aime beaucoup, si, si, vraiment beaucoup, on va lui faciliter le travail pour les prochains épisodes. Pour le 4-08 cela pourra être « En fait, l’art, c’est surtout pour le pognon », pour le 4-09 « J’ai installé un poster de W. en face de mon lit, je l’aime trop» et pour le 4-10 «Je ne peux nier que Franklin soit un fabuleux amant, tellement fougueux !». Pour la suite on verra si c’est encore nécessaire… Hélas non, avec l’échange final de mail, l’artiste retourne la situation avec émotion et élégance. La décision de Bette ne fait guère de doute, c’est désespérant. De fait le couple Bette/Jodi confirme sa merveilleuse réussite, dont l’éclat et l’intensité ne cessent de surprendre d’épisode en épisode. Il apparaît désormais comme évident que, dès que Tina en aura fini avec la période Henry, la question du choix de Bette deviendra la problématique majeure de The L Word, pour ce qu’il reste de la saison ou, plus probablement, durant la suivante. Lexington & Concord, outre démontrer une nouvelle fois la supériorité des titres originaux sur les français, accentue les lignes narratives lancées par l'épisode précédent. La confession de Tina et le crépuscule de sa relation avec Henry viennent dynamiser le jeu autour de Bette, tandis que le projet Lez Girls et l'insupportable mégalomanie de Jenny fleurissent de pair. La convergence des ces deux axes les propulse définitivement comme cœur vivant du récit, et, probablement, structure le décor de cette saison 5 se rapprochant à grands pas. Si Alice/Tasha continue à charmer et à capter l'attention, la conséquence de cette émergence demeure néanmoins une mise en retrait des autres histoires, paraissant désormais secondaires. Entre Lassie, chien fidèle et Carrie, le rêve passablement grotesque de Jenny (synonymes en ce moment) comporte peut-être un clin d'œil psychanalytique, les griffures occasionnées par Zombie Sounder évoquant les scarifications qu'elle s'infligeait jadis. La série essaierait-elle de nous signifier que la vraie Jenny existe toujours quelque part sous la peste insupportable, et qu'elle finira par ressusciter un jour ? En tout cas prochainement, le voyage intérieur de Jenny dans les contrées du narcissisme psychotique finit en effet par nous valoir un vrai show dans le show. C'est un vrai élément de suspense qui se voit introduit dans la série, savoir si à chaque fois Jenny va parvenir à se montrer plus imbuvable, plus tête à claques que la fois précédente. Et pour l'instant, la réponse reste oui, bigrement oui. La grande soirée de Jen débute par une matérialisation aux côtés de Tina et Bette, genre Dracula Prince des ténèbres. L'effet paraît très amusant, même si on l'aurait souhaité plus tardif... Il se confirme ensuite que Tina devra quémander les faveurs de la déesse au même titre que les autres producteurs, et ce pour une histoire dont, avec les autres, elle fournit le matériau de base et où elle subit une critique particulièrement mordante. Jen ne lui fera aucune faveur, ne serait-ce que d'un a priori favorable. Niente, nada, malgré l'intervention de Bette. Ella va avoir à dépasser le « Tu devrais leur parler si tu as envie d'avoir ce contrat ». Honnêtement on aurait envie que les filles lui lâchent Joyce aux fesses pour atteinte à la vie privée, elle apprendrait un peu la vie. Mais cela compromettrait l'emploi de Tina. Par la suite on apprécie son expression ennuyée quand l'un des agents parle d'art, donc d'autre chose que de Jenny Shecter, durant 30 secondes, et son air ironique puis dépité quand Bette se fait l'avocate de Tina. En fait on a bien l'impression que Jen, plus que les arguments, apprécie la vénération et le léchage de pompes, et que l'intervention royale de Bette lui gâche le plaisir. Jen aura du mal à accentuer sa performance la semaine prochaine mais on sent qu'elle a encore du potentiel. À son crédit une expression très amusante quand l'un des agents (très hétéro saison 4) drague pesamment Alice et Tasha. Il n'a jamais lu Lez Girls celui-là ? Comment cela, Bette prendre la défense de Tina contre Darkness’ Princess ? En effet, dès son commencement, Linge sale devient sous nos yeux écarquillés le tout premier épisode Tina/Bette de la saison. Celle-ci avait habilement préparé cet évènement majeur en indiquant un réchauffement progressif de leur relation (l’engueulade à propos de la maternelle restant un amusant défoulement). La grande bascule survient lors d’une visite de Tina venue pour la toujours plus craquante Angélica. Un motif particulièrement transparent…Tina vient en fait exprimer son mal-être, le déclin de sa relation avec Henry (sans détail bien entendu, on ne parle pas de l’abomination) et surtout son amer regret de sa vie antérieure. Le dialogue utilise un vocabulaire aux confins de la poésie, parvenant à dégager une émotion irrésistible, d’autant que Laurel Holloman fait corps avec son personnage. La scène, déjà d’une puissance tranchant avec le commun de cette saison, atteint un nouveau sommet quand Bette accueille sa future ex-compagne les bras ouverts. Les deux femmes scellent intimement une paix jusqu’ici seulement décrétée dans le bureau de Joyce. L’émotion est si palpable qu’on se dit que tout ça devrait nous valoir un grand twist dès cet épisode. Mais voici que surgit Jodi, furieusement comme un cheveu sur la soupe, pile au moment où on a bien l'impression que... Là survient un curieux événement, Jennifer Beals se lève et embrasse la mauvaise femme. On s'étonne que personne sur le plateau ne lui indique son erreur. Attendez, on me signale que, non, c'est dans le script. Il faut vraiment que je consulte mes fiches. Quoi qu'il en soit, de manière caractéristique, la scène devient moins intense y compris si le retour de boomerang de la photo de famille est assez cruel pour Tina. Même si les scénaristes sont parvenus à susciter une alternative paraissant crédible avec Jodi, on sent bien que la force des deux histoires n'est pas équivalente. D'abord par un aspect quantitatif évident, alors que tous les autres couples ne comptent qu'une poignée d'épisodes, Tina/Bette est, au fil des saisons, devenu le vrai fil rouge d'une série particulièrement évolutive. Et puis l'immédiateté du couple, son évidence reste si palpable, les dialogues si forts, les personnages et les actrices si fusionnels, que The L Word se sublime à chaque rencontre, de manière particulièrement nette. On ne se situe pas dans un triangle Tina/Bette/Jodi mais bien toujours dans Tina/Bette, avec Jodi en élément perturbateur, temporaire ou durable. On en a une autre preuve avec la discussion entre Bette et Jodi, parfaitement écrite et interprétée, mais tournant à vide. Quand elle s'achève on se demande surtout à quoi elle a bien pu servir. L'émerveillement suscité par cette nouvelle rencontre de Bette et Tina se poursuit durant la soirée au Planet, où Bette apparaît d'ailleurs plus sublime que jamais, ce qui n'est pas peu dire. Il reste amusant de constater que Tina évoque le regard amoureux de Bette envers Jodi, alors que notre Doyenne la regarde exactement ainsi à ce moment-là. Les actions de la Jodi subissent une sévère décote. Par la suite on assiste de manière vraiment touchante à la reconstitution du couple version saison 1, quand Bette se porte en avant pour se faire l'avocate de Tina. L'acceptation de ce fait par Tina peut surprendre mais elle traverse vraiment une mauvaise passe (il faut voir ce qu'elle descend comme alcool), de plus en pleine période de nostalgie, donc cela paraît naturel finalement. Ceci dit, si Bette et Tina ont su retrouver une superbe amitié, pleine de tendresse, il demeure que l'épisode ne prend aucun engagement sur un développement futur, c'est exact. La série dégage toujours un affriolant suspense sur ce point, c'est sans doute parti pour durer. On ne gâche pas un sujet pareil, on le savoure. Ceci dit l'absence de Jodi, partie pour une obscure soirée avec d'autres artistes surcôtés, prouve que The L Word n'a nul besoin d'elle pour générer de grands moments. Elle ne manque pas. La soirée au Planet consacre l'intronisation de Tasha au sein de la famille élargie. Décidément le premier contact avec le groupe se révèle douloureux pour les impétrantes. S'il n'y a pas de rejet implicite et froid comme avec Moira, cette avalanche de vannes désarçonne et se montre très malheureuse en la circonstance. Il ne s'agit pas de renier ses convictions, mais de les mettre en sourdine le temps d'une soirée, par respect et amitié pour la personne présente. On se demande si ce manque de tact est dû à une ignorance du métier de Tasha, à une espèce de bizutage ou juste à de la désinvolture. Mais Tasha, même tourmentée, tient bon et ne fait pas de scène. On l'apprécie de plus en plus, de même durant la discussion agitée et conclue de la meilleure façon possible avec Alice. Cette opposition de culture et de perception du monde (alors que leurs points de vue sont plus complémentaires que contradictoires, en fait) apporte toujours un vrai intérêt au couple. Et puis, disons-le, elles sont touchantes, toutes les deux sur leur moto. L'une des réussites de cette saison. Les autres fils narratifs accrochent moins le regard, autant par leur intérêt intrinsèque qu'en comparaison avec ce qui précède. Paige et Shane continuent leur histoire solidement lestée de clichés. C'est vraiment binaire pour Shane cette saison, selon que son épisode soit plutôt Paige ou Shay. Le retour surprise de son père indique pour le prochain un thème familial. Hum, un épisode sans Paige, après un sans Jodi, elle s'organise bien cette saison. Angus/Kit gagne en intérêt, mais principalement pour la superbe composition de Pam Grier, car tout cela reste banal à pleurer. Le faux suspense de savoir si elle va sauter le pas avec Papi est assez bidon, on n'y croit pas dès le départ (et puis Papi ne sera jamais Ivan). Étonnant que Papi ne réagisse pas quand Kit s'imprègne d'alcool, même si elle ignore sans doute son passé. À croire qu'elle est plus en plan drague qu'à son écoute. « Je ne serai même pas sur cette [censuré] de Toile », excellente réplique. Catherine et Hélèna c'est trop pervers pour que l'on s'y intéresse vraiment. On pressent trop vivement une catastrophe à venir pour vraiment s'attacher à ce couple. On aurait envie qu'elle prenne ses enfants (miraculeusement ressurgis) et qu'elle quitte cette suite avec Alice. Mais Hélèna accorde trop de prix à son standing retrouvé pour cela. C'est désespérant, elle n'a rien appris. On en écarquille les yeux : parvenue à son dernier tiers, la saison nous propose encore un nouveau personnage, c'est l'Arche de Noé, là. Grace est charmante et adorable avec Max. On l'aime bien, mais en fait elle signifie le prolongement, certes plus relatif et subtil désormais, de la mise à l'écart de Max. On a l'impression qu'on lui tricote une interlocutrice pour qu'il n'ait pas à interférer avec le groupe. Peut-être pour ménager une respiration avant le final de la saison, Leitmotiv lascif souffre d’un surplace dans l’évolution de l’action et de quelques scènes passablement verbeuses. Jodi/Bette semble connaître une stérile répétition de situations vécues auparavant, tandis que la plupart des autres filles et relations ne connaissent aucune notable évolution. Shane et Max constituent des exceptions, mais le développement que connaît ce dernier est simplement annoncé. À ce manque de substance narrative l’épisode ne pallie que partiellement par des effets de style, dont les deux fils rouges de la session dans le lit d’Alice et des aventures de Jenny et Tina sous le soleil de l’égotisme forcené. La relation Jodi/Bette semble réellement bégayer. Non seulement nous voici replongés pour le troisième épisode dans la problématique du refus de la monogamie par Jodi, mais de plus le modus operandi n’évolue pas d’un iota. Perception du problème par Bette, crise, résolution par discussion donnant lieu à scène fusionnelle, tout est oublié, c’est merveilleux, on s’aime comme avant. Statu quo sur le fond, statu quo sur la forme, tout ceci ne titille guère, même si demeurant excellemment interprété. On remarque cependant que Bette veut présenter Jodi à ses amies, étant donné l’accueil reçu par Moira et Tasha, on se dit qu’il y a là comme un enjeu, mais sans trop d’inquiétude. L’épisode se ressent également de l’absence de toute scène Tina/Bette. Tasha et Alice rayonnent toujours sur leur petit nuage, tant mieux pour elles, mais ici également rien ne survient. Après leur scène d’amour très tendre lors de l’épisode précédent, elles se fendent d’une nouvelle image torride, mais prenant trop la pose. D’Hélèna on perçoit qu’elle devient toujours plus la bonniche, mais sans doute aussi la souffre-douleur d’une Catherine gardant la haute main sur le grisbi. La voir accepter de telles compromissions pour conserver l’accès à son luxe chéri demeure affligeant, mais la contempler nier la vérité jusqu’à l’absurde devient franchement divertissant. Kit et Papi, on n’y accroche toujours pas, l’incrédulité reste toujours totale. Encore du surplace ici, à part un laïus moralisateur de Kit aussi léger que le plomb. Je ne sais pas si l’on rend vraiment sympathique le personnage de Papi en le montrant tenter de se placer à la faveur de la crise d’un couple. Le drame du brusque décès de la mort de la mère de Max nous vaut une nouvelle scène très sensible et expressive de la part de Daniela Sea mais le développement réel de ce segment reste encore à venir, il ne s'agit que d'une amorce. On apprécie la dénonciation du sectarisme et des méthodes employées par l'entreprise mais il ne faudrait pas prolonger indéfiniment ce segment, d'autant que l'étape suivante (le site d'Alice) paraît de plus en plus évidente. Comme on pouvait facilement l'anticiper, la charmante et ouverte d'esprit Grace occupe le rôle de confidente pour Max. Cela nous vaut des scènes chaleureuses, et Grace laisse bien Max en avant de l'action. Mais on continue à mettre celui-ci à l'écart du courant principal de la série. Espérons plus d'interactions quand il s'occupera exclusivement de la Toile. L'épisode prend le pari de développer deux fils rouges assez originaux, mais ceux-ci, même réussis, ne parviennent pas à équivaloir les récits denses connus jusqu'ici. L'espèce d'impromptu se déroulant chez Alice se montre divertissant, tout en nous permettant de revisiter ce décor que l'on aime beaucoup et qui se voit souvent moins exploité que les maisons jumelles (au passage, peu de scènes Jenny-Shane cette saison...). En même temps l'on se situe un peu dans l'anodin, quand le passage rebondit avec l'entrée en lice de Léonard. S'ensuit un dialogue intéressant où l'on apprécie que la série prenne en compte cette situation particulière, sans trop de caricature. Bruce Davison apporte beaucoup d'humanité à Léonard, sur le registre toujours particulièrement délicat du tragi-comique. Les esprits chagrins pourront trouver ce mari vaguement ridicule, il accomplit néanmoins ce que Tim n'avait pas même essayé au cours de la saison 1 : tenter de comprendre ce qu'il advient à son épouse. Au jeu des questions réponses, on trouve Tasha nettement plus convaincante et diplomate que les autres, elle constitue vraiment une bonne surprise permanente de cette saison. La séquence permet également d'apporter une vraie fin positive à Alice/Phyllis, on attend maintenant que la série réserve une vraie place au devenir de celle-ci. Jenny a finalement accordé les droits sur son ouvrage à Tina, peut-être du fait de la prestation de Bette, peut-être aussi parce qu'elle a senti qu'une autre décision risquerait de provoquer une vraie cassure. Il n'est pas certain pour autant que Tina (particulièrement élégante) s'en réjouisse... Jen devient si imbuvable, si égocentrique et capricieuse, si profondément, intrinsèquement stupide que son personnage verse définitivement dans la comédie. À ce jeu Mia Kirshner se montre redoutable, on la sent d'ailleurs comme emballée de pouvoir interpréter une nouvelle version de son personnage. Cet aspect humoristique désormais prégnant va s'accentuer par la structure de film à sketch que revêt l'épopée de la recherche d'un réalisateur, où Jenny va porter à des niveaux inexplorés l'expression du concept d'adulation de soi et Tina de la nécessité de gagner sa croûte (il faut la voir subir les paroles vachardes de Jen sur « Nina »). La drôlerie des situations peut se trouver minorée par la difficulté du public français à reconnaître les prestigieux réalisateurs se prêtant au jeu avec gourmandise. Découvrir la dinde débiner de manière grotesque Pretty Woman devant Garry Marshall, c'est juste énormissime. Les malheureux metteurs en scène ne comprennent visiblement pas qu'il doivent filmer Jenny Schecter vue par Jenny Schecter, en interférant le moins possible. Le couronnement demeure l'apparition de la toujours irrésistiblement énigmatique Marina, avec son musical étonnant mais finalement réussi. On suppose qu'elle veut signifier à Jen que tout ceci ne l'impressionne pas assez pour l'irriter, mais l'amuse simplement (contrairement aux Planet Girls, qui l'ont saumâtre). On apprécie également de retrouver comme un écho de la Jenny de jadis à travers ces échanges de regards dont les deux femmes ont le secret. Ces apparitions quasi muettes de Marina (en dehors du numéro incroyable de Karina Lombard sur scène, le Cirque du Ferrer !) deviennent néanmoins frustrantes par leur brièveté. Qu'elle revienne franchement et secoue Jenny par la peau du cou, cela fera du bien à tout le monde. Ces scènes composent de plaisants confettis mais ne structurent pas véritablement un épisode. La section la plus intense de l'épisode demeure les aux-revoir de Shane à Shay, dont l'arc narratif fut une complète réussite. L'écriture de ce passage se montre efficace, insufflant de l'émotion mais sans mélo pesant ou trop démonstratif. Outre le drame de la séparation, la narration ne laisse pas s'échapper l'occasion de poursuivre la confrontation père/fille et on découvre avec plaisir Shane désormais se rebeller contre les parallèles établis par Gabriel. Mais aussi avec consternation, il est bien temps, maintenant... Kate Moennig se montre une nouvelle fois admirable, notamment quand Shane laisse libre cours à sa douleur une fois seule, mais Éric Roberts campe lui aussi fort justement le vieux loup, ténébreux mais animé d'un vrai charisme. Paige, intervenant avec fracas et sans y être invitée dans une affaire ne la regardant en rien, irrite plus qu'autre chose, visiblement Shane n'apprécie guère non plus. La mauvaise nouvelle reste d'ailleurs que l'on va désormais avoir du Shane/Paige non stop jusqu'à la conclusion de la période... En attendant ces scènes certainement captivantes et survoltées, Shane et Alice, l'amie secouriste des mauvais jours, nous régalent d'un final festif et gonflé, très divertissant. Un beau moment d'amitié venant idéalement conclure cet épisode un peu conceptuel, certes agréable à découvrir mais constituant une pause parfois frustrante dans le cours des évènements, alors que s'avance la fin de saison. ![]()
Ouch ! Lippée ("gueuleton" en vieux François) se révèle l’épisode le plus indigeste de cette saison 4, dont il semble confirmer une inquiétante baisse de régime. Les auteurs insèrent deux importantes scènes de groupes au sein du récit, ce qui s’avère souvent une excellente idée. Hélas la première, au champ de courses, se révèle un vaste pétard mouillé, tandis que le fameux banquet intervient trop tardivement. Entre-temps les histoires individuelles se seront montrées particulièrement vaines et bavardes, à la considérable exception de celle de Max. La saison va-t-elle échouer au port ? Le manque de consistance des arcs individuels détonne totalement au cours de l’épisode. Du côté de Kit, rien de nouveau, elle continue à s’imbiber et coule comme le Titanic, à force d’incorporer du liquide. Certes Pam Grier sait se montrer expressive mais ce marasme immobile dure trop, on a vraiment envie que Kit décide si oui ou non l’histoire se termine. À force de ressembler à Sue Ellen, elle fait ressembler The L Word à Dallas. De plus Angus est une nouvelle fois réduit à une simple silhouette, hop ! une apparition et puis s’en va. La saison aura nettement moins développé la figure d'Angus que la précédente, on peut aussi y voir une conséquence d’un trop plein de personnages. La série aura été très gourmande là-dessus récemment et « Qui trop embrasse mal étreint ». Quant à Papi, de sensation humoristique et sexuelle de la saison elle se voit passée au rang de confidente de Kit, et se borne à émettre quelques platitudes. Cela aurait été rendre service au personnage de l’insérer au sein d’un arc drôle et tonique de quelques épisodes (comme le vampire d’Alice), au lieu de le prolonger sur toute une saison, sans qu’il en ait l’étoffe. Adonc Paige et son chapeau synonyme de bon goût et d’élégance frappent à porte de Shane. S’ensuit une conversion assez mièvre, d’où il ressort qu’elle fait sécher la classe à son gamin pour dragouiller sa copine, le genre de détail qui pose un personnage. Du côté de Shane, on ne note pas grand-chose non plus, elle paraît éteinte ici, en même temps c’est difficile de toujours sauver les scènes. Cette fois Shane est comme nous, elle en a un peu ras la casquette et décide que non, elle ne fera pas d’étincelles et laisse les clés du camion à la Paige. Paige nous conduit ainsi à l’édifiante scène de la glace. Alors, il existe plusieurs écoles concernant les personnages féminins et la manière d’en manger une. Il y a celles qui instillent de la fantaisie et de la complicité avec leur partenaire (comme Dana Scully dans The Unnatural), ou celles qui dégagent un érotisme torride, agrémenté de la petite touche d’humour qui va bien (comme Surfer Girl dans Californication). Et puis il y a celles qui se bâfrent juste une glace, quoi, comme Paige Sobel dans The L Word. Là on se dit qu’il est vraiment temps que la série tourne la Paige (oui, bon, on s’ennuie). Par ailleurs Tina et Jenny finissent par trouver la perle rare en la personne de Kate Arden, incarnée par la divine Annabella Sciorra (tiens, encore un nouveau personnage, quelle surprise). Sa présence confirme la prédilection fort agréable de la série pour les actrices au long cours, de même qu’elle se montre des plus prometteuses car Annabella vient d’enflammer l’écran par son rôle de la sulfureuse Gloria dans The Sopranos. Hélas on déchante bien vite, car Kate ne dégage par grand-chose par elle-même, hormis un début de flirt avec Tina, dont on sent bien qu’il n’ira pas beaucoup plus loin que cela. Tina est charmée mais pas vraiment accrochée. Surtout Kate demeure l’occasion d’un déluge entrecroisé de flagorneries qui va concerner également Tina, puis plus tard Jodi. Cette accumulation de superlatifs se veut peut-être ironique mais devient vite irritante et achève des dialogues déjà moins percutants qu’à l’accoutumée. De plus la seule justification que pourrait présenter la nouvelle Jenny est de faire rire. Or elle apparaît ici en deçà de ses numéros grand train des épisodes antérieurs, se contentant de s’agacer en silence de l’attention portée par Kate à Tina plutôt qu’à elle-même, ou de demeurer de marbre durant la course. Tout ceci demeure relativement anodin, et l’on s’aperçoit alors que, si dépourvue de son humour basé sur la surenchère permanente, Jenny n’apporte alors plus grand-chose. Ces différentes histoires coïncident une première fois lors de la session du champ de course. Cette séquence déçoit par la relative inanité des dialogues. Le passage ressort extrêmement bavard mais l’on a du mal à y discerner les répliques électriques faisant de coutume le charme de ces réunions. La mise en scène échoue partiellement à reconstituer la fièvre du lieu et a de plus recours à quelques poncifs, comme les chevaux filmés au ralenti. Tasha/Alice connaît ici sa seule scène vraiment importante, avec l’évocation de l’interdit ("Don't ask, don't tell") alors encore en vigueur dans l’armée américaine concernant l’homosexualité. Il apparaît logique que le débat existant alors sur cette question (et tranché uniquement par l’élection d’Obama) soit relayé dans The L Word. Mais il ne s’agit que d’une accroche, avant, sans doute, des développements futurs. La séquence se montre surtout dominée par Catherine/Hélèna, mais ce couple manifeste toujours les mêmes travers (épate à tout crin, sentiment de danger pour Hélèna) empêchant que l’on adhère vraiment. La recherche de l’effet peut conduire à l’excès, Catherine et Hélèna folâtrant au vu et au su de tous, c’est un peu gros. Le fameux dîner de Bette apporte une certaine relance de l’épisode, notamment par des dialogues enfin crépitants et amusants. N’intervenant que dans le dernier tiers du récit, il se voit cependant précédé par une trop longue phase de préparation, soulignant par trop une énième question à résoudre pour Jodi/Bette, le dirigisme de cette dernière. Vraiment cette valse hésitation permanente nous épuise par la réitération perpétuelle du même modèle problème/crise/solution. Que le problème provienne cette fois de Bette au lieu de Jodi ne change rien à l’affaire, décidément le couple déçoit après des débuts prometteurs. De plus cette minutie dans l’exposé de la préparation de la « lippée » se montre assez fastidieuse, on se croirait par moments dans un numéro laborieux de Un dîner presque parfait. La seule vraie respiration interrompant ce pensum demeure la visite de Tina, nous valant des réactions de Tina aussi divertissantes qu’éloquentes à propos d’une bonne fortune possible avec Kate. La coda de l’épisode survient avec la terrible confrontation Bette/Jodi, qui donne un authentique coup de poing au spectateur par son côté inattendu, sa violence et le flamboiement du jeu des actrices. Sur le fond on se range plutôt de côté de Bette : c’est normal qu’elle réagisse en voyant sa sœur se détruire à nouveau, elle ne va pas dire « C’est ton choix, je le respecte ». Elle s’est sans doute montrée maladroite avec ses traductions, mais croire qu’elle a choisi délibérément ce que Jodi devait entendre ou pas semble un peu parano. Il est plus vraisemblable qu’elle ait traduit tout ce qu’elle a pu et que des choses lui ont effectivement échappé. Quant à la réaction de Bette vis-à-vis de Tina elle est purement émotionnelle, et non préméditée. Au lieu de jouer les martyrs, Jodi devrait réfléchir à ce que cela sous-entend et en tirer les conséquences ! L’épisode se conclue sur une porte claquée qui peut indiquer soit un stade terminal, ou soit que l’on se situe toujours sur le cycle crise/réconciliation propre à Jodi/Bette mais amplifié et développé sur plusieurs épisodes, comme arc de fin de saison. Mais deux épisodes semblent bien brefs pour retenir la première option… La partie la plus relevée de l’épisode revient cependant à Max dont le retour aux sources s’avère un beau moment d’émotion. On apprécie la vraisemblance de la conclusion, différente d’un happy end sirupeux. Le père, admirablement incarné par le vétéran Winston Rekert, rompt en partie la succession de figures paternelles souvent sombres ou en opposition avec les héroïnes, mais ne va pas plus loin que ce qui lui demeure culturellement admissible. Que Max comprenne cela et ne désire provoquer un esclandre pour affirmer sa personnalité en dit long sur la sagesse acquise depuis les débuts tourmentés de sa transition. Cette histoire très humaine vaut aussi par son évocation d’une certaine réalité sociale et par le portrait de deux sœurs antagonistes, dont l’une serait très copine avec Fae Buckley. Max bénéficie du jeu toujours très sensible de Daniela Sea, ainsi que d’une jolie complicité avec Grace, mais sa marginalisation au sein de la série apparaît toujours plus criante. On n’a pas souvenir d’un personnage décrivant une trajectoire aussi durablement disjointe des autres protagonistes de sa série. 11. LARGUEZ LES AMARRES
La saison récupère son tonus à l’occasion de Literary License to Kill. Les situations et les dialogues se montrent derechef parfaitement divertissants. Par ailleurs les différents développements de l’action mettent en place le décor du final de la saison, en introduisant plusieurs éléments de suspense. Max apparaît à l’heure du choix, après avoir mis fin à son expérience professionnelle devenue un calvaire. Que la jeune fille qu’il avait aidée en tire cyniquement profit ajoute une touche amère à l’ensemble, mais assez réaliste. Après son échec dans le monde hétérosexuel, il se réfugie dans sa communauté et ce repli semble l’inciter à aller plus loin encore, chirurgicalement, dans sa transition. Daniela Sea se montre toujours aussi expressive, mais il faut dire que ce versant de sa personnalité nous demeure très étranger. Sa scène d’amour également particulière avec Grace semble lui faire hésiter là-dessus. Le fait de savoir si Max continuera toujours à aller plus loin ou s’il finira enfin par s’accepter tel qu’il est constituera une sensible interrogation psychologique pour le final de la saison. Hélèna semble enfin se révolter contre la vie insensée que lui fait subir Catherine, dans ce couple toujours plus déséquilibré. Sa manière de tenter de sauver la face auprès de ses amies reste toujours aussi divertissante, notamment lors de l’excellente scène de la boutique, particulièrement pétillante. Si elle sera enfin capable de briser le joug et de tirer parti de ses expériences (l’apprentissage est l’un des grands thèmes transversaux de cette saison) trouvera, on l’espère, une réponse positive. Hélèna nous aura divertis durant cette saison, même si l’on estime que les Instances Supérieures ont eu la main trop lourde sur ses malheurs. Le couple Alice/Tasha connaît sa première vraie passe difficile autour de l’engament militaire de Tasha. Cette dimension, finalement relativement peu exploitée jusqu’ici, explose avec force en cette fin de saison, ce qui laisse entrevoir des développements pour la suivante. Même si le segment est mis efficacement en scène et interprété avec sensibilité par Rose Rollins, le coup du trauma de guerre demeure néanmoins passablement cliché. On trouve nettement plus porteur le développement sur l’intégration de l’homosexualité dans l’armée, l’épisode évitant de camper l’officier supérieur de manière caricaturale. Le risque d’un départ pour l’Irak fait un peu trop ficelle de cliffhanger de fin de saison, mais cela reste efficace. Il faut sauver le soldat Williams ! Que c’est mignon tout plein la fête anniversaire tout à fait surprise et inattendue organisée par Shane ? On n’a jamais vu ça ailleurs, et cela se montre d’une force émotionnelle rare. Dire que l’on croyait à un moment que la série allait nous raconter quelque chose comme Shane reportant son affection sur le fils de Paige, et par suite un malaise chez celle-ci. Non, non, c’était la surprise. Au moins c’est rigolo, on se dit que non, cela ne peut pas être ça, et puis si, et là, forcément, on rigole. Kristanna Loken n’aura sans doute pas défrayé la chronique mais il faut reconnaître que les auteurs ne l’auront pas beaucoup aidée non plus. Des scènes intéressantes pour Shane en saison 5 ? Papi et Kit sont maintenant fixées, tant mieux : elles vont pouvoir passer à autre chose et nous aussi. Kit commence à se rapprocher d’Angus et à prendre conscience de sa dérive, bah oui, le final approche. Bon. L’épisode nous vaut également une nouvelle apparition de Léonard, même si moins originale que l’agora du lit d’Alice. Il a beau essayer, cela ne passe pas, en même temps cela demanderait une abnégation assez formidable. Cybill Shepherd et Bruce Davison se montrent toujours aussi épatants dans le registre tragi-comique, avec une alternance de moments drôles et émouvants, très convaincants de la part des deux bords. On en redemande. L’apparition de la fille de Cybill étonne tant la ressemblance est forte, mais, si elle démontre du tempérament, son jeu reste encore très démonstratif. Cette seconde scène convainc moins que le dialogue précédent. Mauvais temps pour les couples hétéros, (on a un peu la revanche de la fin de la saison 3), cela se termine entre Henry et Tina, concluant sur une scène forte. On découvre leur intérieur, légèrement tardivement… Bon, comme avec Léonard, le message reste très appuyé : que les hommes sont mortellement ennuyeux, mais c’est la saison 4, on en a pris son parti. Tina revient au bercail et peut poursuivre son léger flirt avec Kate. Rien de bien consistant sur ce point, malgré le charme des interprètes. L’intérêt en réside dans son versant humoristique percutant, à propos du ras le bol exprimé autour du show Jenny Schecter. On ne nous montre pas de scène entre l’auteur et la réalisatrice, mais laisser travailler l’imagination du spectateur là-dessus est astucieux. Mine de rien, sur un mode léger, l’épopée Lez Girls prend des aspects de micro documentaire sur les différentes étapes de la création d’un film, c’est intéressant à suivre. Jenny, dont il est beaucoup question au cours de cet épisode, joue l’Arlésienne et n’apparaît que très tardivement, alors que l’on renoue avec la tradition des invitées musicales au Planet (Goldfrapp, tonique et agréable, mais, encore une fois inconnue au bataillon…). Au sein de cette scène sachant mettre en valeur les différents protagonistes, Jenny se montre à la hauteur de sa nouvelle réputation en quasi ordonnant à Kate de retenir la chanteuse pour l’interpréter. Cela s’appelle clouer son cercueil, et de savoir si Kate/Tina va réussir à éradiquer le fléau constitue un joli suspense pour l’épisode final. En attendant Lez Girls nous aura fait couler des larmes de rire avec Bette découvrant son portrait. Ces différentes scènes sont toutes hilarantes, d’autant qu’elles mettent James plus en avant que de coutume, ce que l’on aime bien. Le contraste entre la furie de Bette et ses affirmations initiales sur la beauté de la création littéraire est vraiment tordant. On adore le coup de fil comminatoire à Tina, qui n’en a pas fini d’écoper avec ce film. Vivement la retraite. Jennifer Beals sera vraiment parvenue à interpréter des scènes à la tonalité totalement différente tout au long de la saison, et particulièrement dans cet épisode, toujours avec le même incroyable talent. Mais encore une fois, de la scène absolument formidable la partie la plus relevée du récit se centre autour de Tina/Bette, avec l'enthousiasmante scène de la piscine, où chacune se livre comme jamais, à travers une complicité totalement retrouvée. La saison 3 si éprouvante paraît s’être déroulée il y a des siècles. Laurel Holloman et Jennifer Beals n’apparaissent décidément jamais autant incandescentes que quand elles sont ensemble. Évidemment, après cette rencontre qui, malgré toute l’émotion dégagée, demeure sur un plan amical, la messe est dite cette saison en ce qui concerne une éventuelle reconstitution du couple. Mais le chemin parcouru autorise tous les espoirs pour la suivante, même si Bette continue pour l’heure à s’enticher de Jodi. Entre persistance de la non communicabilité, départ précipité de Jodi, histoire composée d’une succession de confrontations, antagonisme de caractères entiers, et tandis qu’un rapprochement fort s’opère avec Tina, on se demande si Bette ne refuse pas avant tout l’idée de l’échec, en particulier avec une artiste. Il y a une part de snobisme et de narcissisme entrecroisés chez Jodi/Bette. Dans la même veine d’humour involontaire que lors de l’anniversaire de Paige, l’atelier des étudiants de Jodi ressemble puissamment à un décor de film d’horreur de série Z, entre pénombre, roues dentées, assemblages métalliques divers. On en a vu de semblables dans bon nombre de nanars. Surprises, humour, sentiment, rebondissements… Cet ultime épisode répond à toutes les attentes et se montre étonnamment rempli pour ses cinquante minutes. De nombreuses scènes se vivent comme des morceaux de bravoure mais l’ensemble ne donne pas l’impression d’une accumulation forcenée. Au contraire le récit demeure savamment coordonné et se conclue par une vaste scène d’ensemble en forme de bilan pour la majorité des personnages, une formule convenant finalement mieux à The L Word que le traditionnel cliffhanger. À noter également une superbe bande-son, avec de superbes chansons de l’étonnante Toshi Reagon, un régal. Papi n’est plus la fille irritante et frimeuse des débuts de saison. Mais si elle paraît davantage sympathique, le problème demeure que son ancienne personnalité n’a pas été remplacée par autre chose, le personnage devient vraiment transparent et Janina Gavankar demeure à la traîne vis-à-vis des fabuleuses actrices de la série. On apprend enfin son vrai nom, mais cela marque beaucoup moins que concernant Big dans SatC… Kit commence à apercevoir la sortie du tunnel, tant du point de vue de l’alcool que de sa relation avec Angus, qui se réchauffe. On s’en réjouit pour elle mais tout cela reste néanmoins anodin, surtout en regard de ce qui se déroule ailleurs dans la série. Kit/Papi/Angus ne constitue vraiment pas le point fort de cette saison. De même que Paige/Shane, qui continue à enfiler les perles. Les discussions avec le gamin sont cousues de fil blanc au possible, et le couple paraît aussi peu électrisant que de coutume. Cette histoire de vivre ensemble laisse vraiment sceptique, ce ne serait plus Shane… Bonne chance à tout ce petit monde pour la saison 5 ! La conclusion de la saison se déroule sans rebondissement majeur pour Tasha/Alice, dont l’arc se termine sur une vraie interrogation concernant le maintien de Tasha dans la série. On espère que les auteurs vont trouver une solution sur cette question, tant on s’est attaché à elle au fil des épisodes. Son départ prochain, et la préparation de la fête, permettent de nous offrir un nouveau point de vue sur l’étonnant talent de Leisha Hailey, dont la colère désespérée se montre parfaitement éloquente. Le moment le plus renversant demeure néanmoins l’apparition surprise de Dana, qui signe tout de même à cette occasion le retour ultime d’un personnage dans la série ! La scène se déroule sur modus operandi similaire aux apparitions de ce looser de Billy à Ally McBeal ou de Lew à Hank à la fin de la seconde saison de Californication. Le procédé apparaît toujours aussi efficace, grâce à une mise en scène intelligemment dépouillée, des dialogues finement ciselés à défaut d’originaux, et à des actrices possédant leur rôle sur le bout des doigts, sachant intensément retrouver la complicité de jadis. L’impression de véracité est si forte qu’elle ne pourra que finir par titiller les amateurs de série fantastiques, qui s’interrogeront fugacement sur ce qu’ils sont en train de regarder. Difficile de ne pas songer au pur chef d’œuvre que constitue Dead Like Me. Le revers de la médaille reste que ce passage nous envoie à la figure à quel point Dana manque à la série. Et c’est violent. Cette conclusion est la croisée des chemins pour notre Jenny, qui, d’une particulièrement cinglante, se voit présenter l’addition pour son délire mégalomaniaque exprimé avec son style particulier tout au long de la saison. Jenny a montré bien des visages depuis son arrivée à West Hollywood mais n’a au grand jamais été idiote, aussi déjoue-t-elle facilement le petit complot de Tina et Kate, mais la personnalité intégralement grotesque qu’elle a désormais revêtue se retourne contre elle. C’est à un drame que l’on assiste mais la prise de bec avec Tina s’avère vraiment hilarante, tandis que l’on aime bien comme Annabella Sciorra exprime l’effarement amusé de Kate. On prendrait bien Jen en commisération, mais elle commet ici l’irréparable. Sous nos yeux exorbités d’horreur, le chien immonde qu’elle a acheté pour ressusciter Sounder se révèle le sosie du funeste Queequeg des X-Files. Mais qui sont ces monstres poilus hantant nos séries télévisées ? Donc plus de pitié pour la Jenny, fini, terminé. Bon, en vérité on trouve très dure la scène implacable et remarquablement construite où Kate et la journaliste revenue du diable Vauvert cisaillent l’écrivaine. Jen a certainement des torts mais la cruauté délibérée et glaciale de Kate fait vraiment froid dans le dos. On plaint la pauvrette, en espérant qu’elle sortira de cette aventure sans séquelles. Enfin, on la plaindrait sans le clebs de l’enfer. La même Kate, plutôt discrète et gentiment séductrice jusqu’ici, se révèle réellement dans cet ultime épisode, en nous offrant une description très fine de l’état actuel de la relation Bette/Tina. Et effectivement Kate n’a pas grand-chose à espérer tant notre valeureuse Tina est accrochée à sa Bette. Le retour de la Tina que l’on aimait, sensible et généreuse, aura été l’une des meilleures surprises de cette saison, et l’on ne peut que regretter de ne pas l’avoir vue davantage. Elle pousse ici le tact et la délicatesse jusqu’au péril mais, en définitive, une reconstitution du couple à l’issue d’une saison aussi mal débutée aurait pu paraître trop expéditive. Et puis, comme il s’agit du fil narratif le plus captivant de la série, autant prendre son temps. La saison 5 aura tout loisir de nous relater la chute de la Jodi, tout en tâchant de nous intéresser à ses assemblages abscons et passablement prétentieux (on positive comme on peut, hein). Malgré tout on s’attriste devant l’ampleur de l’erreur de jugement commise par Bette, au terme d’une saison dont elle aura été l’incomparable locomotive (avec en partie Alice). Cet aveuglement se manifeste ici avec des effets contrastés. Le final semble trop appuyé et emphatique, avec cette apparition peu crédible de Bette juchée sur son tracteur et une mise en scène volontiers pompière. Mais le talent des comédiens, Jennifer Beals en tête, lui conserve de l’impact. Finalement on retrouve simplement le binôme crise/réconciliation si classique chez Bette/Jody, une fois de plus… À l’opposé, la recherche du cadeau de réconciliation nous vaut l’exceptionnel passage que constitue le raid sur cette enseigne effectivement très design. Depuis le commencement on apprécie ces réunions parcellaires du groupe, autorisant des combinaisons inédites. De plus avec Bette, Alice et Shane, on dispose tout de même ici de la Dream Team de la série. Tout ce passage est un éclat de rire permanent, mettant parfaitement en valeur les psychologies des personnages. La crise de nerfs d’Alice hurlant à Bette de s’enfuir pour sauver sa vie, c’est franchement irrésistible. Du grand The L Word pour le final de saison ! Le seul regret de ce passage tient à son démarrage. On y découvre Max expliquant aux trois femmes ses hésitations avant de prendre une décision l’engageant pour la vie entière, et on a un peu l’impression qu’elles ne sont que médiocrement intéressées. Même quand il a enfin une scène en commun avec les autres personnages, Max demeure isolé, c’est assez irritant. Et, bien entendu, Max ne sera pas de la fête finale, alors que rien ne l’empêcherait vraiment dans le scénario si sa présence était désirée. À l’inverse le clin d’œil de Phyllis et de la toujours tonique Joyce est fort bien trouvé. C’est astucieux et, en définitive, crédible. On tient sans doute là le couple lesbien le plus hype de Los Angeles. Ayons une pensée pour ce pauvre Léonard… Cette soirée organisée par Tasha conclue l’épisode et la saison d’excellente manière. Elle permet de mesurer le chemin parcouru par chacun des personnages, alors que la période avait débuté par une réunion similaire du clan au Canada. La mise en scène se montre volontiers esthétique et navigue avec aisance d’un groupe à l’autre, tandis que les dialogues efficacement ramassés permettent de prendre de parlants clichés de la situation. Hélèna finit par acquérir son indépendance mais d'une manière bien dangereuse pour la suite. L’image de Tasha et Alice, tendrement enlacées, contemplant le lever de soleil au seuil de leur séparation, c’est peut être cliché mais cela émeut tout de même. À l’opposé on trouve l’image aux frontières du grotesque de Jenny en train de contempler également le paysage, l’immonde chien à la main. Il faut dire que Jen la Paria se distinguera jusqu’au bout. Cela débute par une conversation touchante avec Shane, qui par ricochet nous fait ressentir à quel point il y a peu eu de contact entre les deux filles cette saison ; cela n’est sans doute pas sans rapport avec l’évolution négative de Jenny, Shane étant celle qui est déjà allé la chercher au fond du trou, antérieurement. On ne sait pas quoi penser de cette image de Jenny dérivant dans son esquif, un symbole appuyé, une volonté poétique ? On reste dans l’expectative, en espérant retrouver la vraie Jenny la saison prochaine. Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
SAISON 3
1. Laissée pour compte (Labia Majora) 2. Long week-end (Lost Weekend) 8. Label indépendant (Latecomer) 9. Litigieuse proposition (Lead, Follow or Get Out of the Way) Cette saison voit l'entrée en lice de deux personnages, Angus, nouveau représentant des mâles hétérosexuels, succédant à Tim et Mark, et Moira/Max qui va élargir le propos de la série à la communauté Trans. Mais, débutée six mois après Lacuna, cette période développe surtout un étonnant virage narratif, de nombreux personnages manifestant des caractères résolument opposés à ce qu’ils avaient démontré jusqu’ici. Cet exercice de style apparaît maîtrisé mais sollicite parfois un public désorienté de ne pas reconnaître ses héroïnes préférées. Des tendances narratives lourdes se dessinent, alors que le changement s’étend à l’atmosphère même de la série, nettement plus sombre qu’auparavant, parfois jusqu’à en devenir éprouvante. C’est ainsi que la plupart des couples se fissurent jusqu’à la rupture, y compris celui de Bette et Tina, que la saison 2 avait pourtant laissées réconciliées. Cette montée de la noirceur culmine avec le départ tragique d’un des personnages les plus attachants, Dana. Par ces choix audacieux, The L Word parvient à se renouveler en évitant l’artificiel, tout en maintenant sa qualité d’écriture et d’interprétation, mais en maltraitant quelque peu ses fans ! 1. LAISSÉE POUR COMPTE
La nouvelle saison débute comme la précédente, par une synthèse fort bien orchestrée des évènements écoulés, de quoi égrener agréablement quelques excellents souvenirs (Tina et la nouvelle discipline olympique du lancer de table). D’autant que The L Word nous rassure quant au maintien de son savoir-faire lors d’une de ces introductions 70’s dont elle a le secret : soin étonnant apporté aux décors, situations et dialogues totalement survoltés, pas de doute on est devant la bonne série. À noter une petite nouveauté, avec la rencontre du jour donnant lieu à un graphique dans le style de la Toile d’Alice. Gadget ou jeu de piste tout au long de la saison, suspense ! Six mois plus tard à West Hollywood… La série n’hésite pas à accomplir un saut temporel nettement plus conséquent que la dernière fois, entraînant diverses conséquences. Tout d’abord une profusion capillaire généralisée, tout plein de cheveux partout, j’adore, en particulier pour Jenny qui renonce à la tonte monacale pour retrouver ses ailes de corbeau qui lui vont si bien. Mais l’essentiel de cet épisode, organisé dans la traditionnelle configuration d’exposition, va consister à détailler en quoi cette longue période a influé sur la vie de chacune des filles, levant ainsi le décor sur la nouvelle période. La principale évolution concerne Dana et Alice, dont le couple a finalement volé en éclats durant l’intersaison du fait de l’irrésistible (encore et toujours) Lara. On pourrait demeurer frustré d’avoir été privé de ce passage, mais après tout l’on comprend que les auteurs n’aient pas voulu raconter une rupture douloureuse pouvant apparaître comme un doublon de Bette/Tina. Et du nouveau on en trouve effectivement, avec Alice. Tandis que Lara et Dana rayonnent sur leur petit nuage, Alice introduit de facto un ton original dans l’univers de la série, le tragi-comique. Jusqu’ici on avait des scènes dramatiques ou drôles, excellentes mais tranchées. Avec Alice les auteurs prennent le risque de mêler les deux, un pari audacieux mais gagné haut la main grâce au génie humoristique avéré de Leisha Hailey. Celle-ci nous régale de diverses scènes hallucinantes qui auraient été tragiques chez toute autre mais qui ici font aussi éclater de rire (Mad Max à L.A., l’émission radio, le show au Planet et chez Tina/Bette…) Un vrai festival ! L’on est moins convaincu par le statut de bonne copine jailli de nulle part existant entre elle et Helena. On avait ressenti une réelle difficulté à faire participer la New-Yorkaise au Clan et la série semble utiliser la jointure entre les deux saisons pour passer outre, ce qui ressemble tout de même à une facilité scénaristique. Et puis cette histoire de lecture de cartes à la Solitaire, cela reste un peu puéril. On remarque également que Mark semble s’être évaporé, on espère tout de même que la série accordera une scène de départ (comme pour Tim) à ce personnage ayant, lui aussi, contribué au succès de la saison précédente. Jenny paraît avoir renoué avec sa bonne forme (houlà ! des scarifications même sur le ventre, il était vraiment temps), on apprécie de la revoir ainsi mais l’on regrette que le couple de ses parents verse à ce point dans la caricature. Les dialogues de leurs affrontements semblent quelque peu fabriqués et théâtraux. Ils nous valent cependant la joie de retrouver Margot Kidder, inoubliable Lois Lane, soit une nouvelle icône des 80’s dans une série qui va finir par en constituer un mémorial. Ah, la, la ! On découvre également un nouveau personnage, sa petite amie semblant elle aussi passablement tourmentée. Ce n’est pas forcément ce dont Jen a besoin et Moira ne montre par encore grand-chose pour l’instant, mais laissons faire le temps. Nouvelles galères pour Tina et Bette, liées au chômage (Bette a du mal à recommencer plus bas) et au manque d’appétit sexuel ; finalement elles seraient, pour partie, devenues « les ennuyeuses » que prédisaient les copines en première saison. Cela nous vaut une scène irrésistible chez la sexologue, on se réjouit de retrouver un registre humoristique avec ces deux-là, un élément pour le moins rare dernièrement. Tina et Bette sont aussi convaincantes pour nous divertir, le passage acidulé de la déléguée sociale en constitue d’ailleurs un parfait exemple (excellente Cynthia Stevenson, dont on est fan depuis Dead like Me). Mais le meilleur reste le couple si épanoui de Shane et Carmen. Les scénaristes ont la judicieuse idée de développer l’environnement de celle-ci et c’est pile ce dont elle avait besoin, elle qui n’avait été considérée jusqu’ici qu’à travers les histoires sentimentales de Shane et Jen. Le personnage gagne en profondeur, alors que The L Word se décide enfin à exploiter sa nature hispanique. On éprouve un vrai coup de cœur pour cette maison (décors une nouvelle fois soignés), en particulier la mère si généreuse, avec au passage des considérations assez justes sur la société hispanique. Et puis Shane en robe de communiante c’est juste psychédélique. Ah, on aurait pu juste éviter la Cucaracha au klaxon : ça, cela fait un peu cliché. Au total, s’il ne comporte pas vraiment de scène majeure, l’épisode remplit parfaitement son contrat : la saison 3 se voit mise efficacement sur les rails pour chacune des filles. L’écriture évite que ce procédé paraisse un peu artificiel en entremêlant les scènes d’installation par des discussions hilarantes au Planet, notamment concernant les dénominations d’un certain endroit. The L Word est bien de retour ! 2. LONG WEEK-END
Même si un peu papillonnant dans sa forme, avec une multitude de scènes courtes et souvent isolées les unes des autres, Lost Weekend apparaît comme un épisode très riche, particulièrement agréable à suivre. Il apporte une très bonne nouvelle, pas encore tout à fait perceptible dans le précédent : l’association amicale Helena/Alice fonctionne en fait excellement. On retrouve des intonations à la Alice/Dana de la saison 1, avec une ribambelle de scènes hilarantes et touchantes (mention spéciale au « Lez Cleaning »venu d’Ailleurs). Si Alice demeure égale à elle-même, on observe une évolution positive chez Helena, plus humaine et chaleureuse (toujours snob). Pour quelle raison Helena continue-t-elle à fréquenter un groupe l’ayant proprement rejetée la saison dernière ? Qu’est-ce qui provoque son évolution ? Pourquoi le Clan l’accepte-t-il finalement assez facilement, malgré un fugace froncement de sourcil de Bette (timide concession à la vraisemblance) ? Sauf révélation future, on n’en saura rien, du fait du trou noir si pratique de l’intersaison. Bah, qu’importe, The L Word a trouvé un nouveau moteur humoristique, c’est le principal, d’autant que la sublime Rachel Shelley incarne à la perfection son personnage. Mais le rire n’est certes pas une denrée rare dans cet épisode, grâce à un couple Shane/Carmen continuant à susciter bien des étincelles. Évidemment Lost Weekend n’apporte rien de bien nouveau concernant les deux brunes incendiaires, Shane y poursuivant son trip hétéro dans l’irrésistible famille latina de Carmencita. Más de lo mismo, mais les situations s’avèrent tellement irrésistibles que l’on en prend volontiers une seconde portion. Shane en escarpins ou en jeune femme modèle, on ne s’en lasse pas, d’autant que sa compagne ne laisse pas passer l’occasion de la titiller gentiment. Et puis bon… Des scènes chaudes, il y en a déjà eu un nombre certain depuis le lancement de la série, mais, avec la danse incandescente de Sarah Shahi, on tient la numéro un sans problème, pour un bon moment. On vote massivement un blâme à Jenny pour n’avoir pas téléphoné deux minutes plus tard… Difficile de regarder Life après cela ! Après avoir récupéré ses esprits, on remarque que Mark a bien pris la tangente sans explication. So long, Mark ! Dommage, l’enregistrement aurait bien plu au producteur. Lost Weekend lance toutefois une nouvelle piste, et pas des moindres, concernant Tina/Bette. L’épisode exacerbe les diverses difficultés du couple (chômage, inappétence sexuelle, adoption difficile…), jusqu’à montrer une Bette angoissée au point d’en perdre le sommeil (superbe Jenny B.) et d’en faire l’aveu à une Tina endormie. Ceci exprime éloquemment l’incommunicabilité s’étant instaurée entre elles. Cela suffirait déjà à alimenter une chronique intimiste et désenchantée sur une inéluctable divergence de deux êtres pourtant unis par l’amour (on songe au cinéma d’Antonioni). Mais The L Word lance un vrai pavé dans la mare avec la conclusion montrant une Tina attirée par le sexe proclamé fort, un vrai twist allant sans doute infléchir l’ensemble de la saison. Pourquoi pas, on va laisser le temps au temps d’en déterminer l’intérêt, mais, tout de même, la série donne l’impression de s’acharner contre la particulièrement appréciée Bette. Après deux saisons à accumuler des coups de Trafalgar divers et variés, maintenant ceci. Même si, après l’épisode Dinah Shore, on sait qu’il s’agit d’un retour aux sources pour Tina, on se demande ce qui va bien pouvoir encore survenir à Bette dans l’avenir. Un enlèvement extra-terrestre ? Le Terminator va-t-il la confondre avec Sarah Connor ? Enfin, wait and see… Une autre évolution inquiétante semble également menacer Dana. Elle et Lara apparaissent une nouvelle fois totalement transparentes dans cet épisode, malgré de méritoires efforts moussants. On peut y voir une mise en retrait temporaire pour éviter le trop plein d’histoires à gérer, ce qui annoncerait un développement à venir, avec la fameuse grosseur en ligne de mire. Mauvais karma… Cette absence permet cependant d’accorder de l’espace à ce qui constitue l’authentique spécificité de l’épisode, le road movie de Jen et Moira/Max. Calibrée pour faire connaissance avec la sympathique Moira, cette balade pourrait ressembler à un doublon de celle vécue par Jenny durant la première saison, mais s’avère très différente, non plus en apesanteur planante et continue mais ancrée dans le réel et segmentée en scènes autonomes. Cela paraît nettement plus conforme aux canons du genre, mais l’on apprécie vivement cette odyssée dans une Amérique profonde bis, à la fois rurale et gay, soit un univers rarement vu à l’écran. Entre Rednicks abrutis et Bal des Ours, on savoure ces tranches de vie cocasses, tendres ou violentes, loin de L.A., tandis que les deux filles achèvent de se trouver. On éprouve un vrai coup de cœur pour Moira, qui a su préserver une belle âme malgré l’hostilité permanente. La voir conserver ses espérances à l’approche de la grande ville, malgré les avanies de l’existence, demeure très touchant. Elle apporte également à la série la participation d’un autre segment de la communauté lesbienne, car acceptant visiblement plus mal sa féminité que les Lipstick lesbians du Planet. On attend avec impatience son intégration au groupe. Les seules authentiques déceptions proviennent des hommes. Le fils de Kit n’en finit plus de paraître arrogant et caricatural, jusqu’à l’excessif. L’on ne croit pas du tout à la scène hallucinante où on le voit détruire Bette et Tina devant le Dragon à Roulettes. Un refus de se prêter au jeu (c’est son droit), suivi d’un départ discret, aurait paru bien plus vraisemblable. On n’apprécie pas du tout l’humour volontiers vulgaire et surtout satisfait de soi du crispant Bill, autre nouveau venu (Bette a tout bon). Son seul aspect amusant reste d’être incarné par Alan Cumming, soit le déjà grimaçant Boris de GoldenEye. Où va le Planet ? Enième mâle hétéro destiné à ne pas désespérer le marketing de Showtime, Angus fait bien pâle figure à côté de Tim et Mark. Ces deux-là développaient une personnalité que l’on appréciait ou pas, mais qui avait le mérite d’exister. Ici c’est juste le néant, le type sympa à la guitare. Super. Au total, l’épisode (qui confirme la réjouissante énigme du jeu de piste des intros) se suit avec un plaisir des plus vifs et confirme le maintien de l’inspiration de la série à l’orée de la nouvelle saison.
Après une ouverture moins tonitruante que les précédentes (mais qui fait frémir en associant la bonne sœur si paisible à l’introduction précédente), Lobsters va vite apparaître comme un épisode aussi fort que particulier. En effet, il va jeter un regard nouveau sur l’ensemble du clan, nettement plus critique et négatif que de coutume, avec ce révélateur constitué par l’apparition en son sein de Moira. Si on rajoute à cela une exacerbation toujours croissante des failles et des différents problèmes rencontrés depuis le début de la saison, tandis que l’humour se voit réduit à la portion congrue, c’est bien à une inflexion générale de l’atmosphère de la série à laquelle il semble que nos soyons ici confrontés. À quelques exceptions près (l’éphémère boycott de Bette en cours de saison 2), le groupe du Planet nous a toujours semblé drôle, spirituel et particulièrement attachant. Généreux et ouvert également, puisque sachant faire une place à Jenny et, encore plus rapidement, à Carmen. Oui, mais nos deux amies, aussi différentes et particulières soient-elles, sont des jeunes femmes urbaines, sophistiquées, et très féminines, en un mot se situant parfaitement dans la mouvance du Planet. Elles font bien dans le décor. Le vrai test quant à la générosité et à l’ouverture d’esprit survient quand se présente une fille ne répondant pas à ses critères, quoique développant bien d’autres qualités humaines. Et là nos héroïnes échouent clairement lors de cette épreuve, nous décevant assez franchement. L’évènement survient lors de ce qui apparaît comme le cœur de l’épisode, le long passage du dîner, impeccablement (et implacablement) écrit et interprété. Les filles ne cessent d’accumuler les erreurs, comme le choix de ce restaurant qui m’a réellement fait horreur par son côté guindé et snob (on espère sincèrement que ce n’est pas vers cela que Lara oriente sa carrière), mais aussi onéreux, excluant d’entrée la malheureuse Moira. Par la suite elles ne font que lui manifester au mieux une attention courtoise mais éphémère, soulignant que la vraie invitée est Jenny et que Moira n’est là qu’en extra. Aucun accueil, aucun réel intérêt manifesté, uniquement une froide exclusion derrière la politesse de façade. Sans le dire ouvertement, les filles expriment clairement à quel point la pauvre n’est pas de leur monde. Moira qui, malgré son manque de culture, est largement aussi intelligente qu’elles (son histoire de homards est excellente), capte son rejet et, avec sa vive sensibilité introvertie, s’enfuit. Le pire demeure qu’après son départ les Miss se révèlent incapables de toute autocritique, faisant porter le blâme à la nouvelle venue, considérée comme une malheureuse lubie supplémentaire de Jen. On peut être irrité de découvrir cette facette de leur personnalité, et ne pas apprécier le ton pris à cette occasion par la série, mais tout ceci apparaît finalement logique et inéluctable. On apprécie que The L Word conserve à cette occasion crédibilité et force, ne transformant pas ses personnages en saintes de vitrail, ce qui les priverait de toute substance. Les filles sont des femmes comme les autres, avec aussi leurs lacunes et leurs erreurs, telle est l’identité de la série depuis son commencement. Shane s’en sort mieux puisque Shane, mais même elle ne s’implique pas vraiment pour établir un pont entre Moira et les autres, se contentant de manifester de la sympathie, tandis que l’on n’en veut pas à Jenny de n’avoir rien vu venir. Espérons que ces deux-là sauront recoudre ce qui a été décousu. À l’inverse, deux bonnes copines vont se montrer davantage acerbes envers Moira. D’abord Alice, mais celle-ci vanne tout le monde, on apprécie sa langue souvent vipérine qui participe à sa vive drôlerie, donc ici Al fait du Al, rien de plus. Beaucoup plus mordante apparaît étonnamment la d’ordinaire si gentille Carmen, ici franchement hostile envers une Moira qu’elle achève proprement d’assassiner après son départ (Sarah Shahi montre ici l’éventail de son talent, comme un écho de son personnage très dur de Life). L’opposition manifestée par Carmen apparaît aussi frontale qu’immédiate, il faut dire que l’écart culturel entre les deux femmes (expression de la féminité, appartenance communautaire, expérience culturelle) résulte maximal et que Moira commet quelques erreurs. Les cojones de taureau c’est rigolo mais maladroit et surtout elle calcule directement Shane comme étant le mâle et donc Carmen comme étant la petite chose fragile. Et se voir ainsi reléguée cela ne plait pas à une Latina Girl, pas du tout ! Mais Moira semble si radieuse d’être le « mec » de Jen… Il faudrait un supplément de générosité d’âme à Carmen pour passer outre et cela lui fait défaut ici. Une pierre dans son jardin, mais encore une fois la série fait le choix de la lucidité, on aime cela. En fait Carmen déteste peut-être par-dessus tout que Jenny l’ait remplacée comme compagne par une fille différant d’elle en tous points, ce qui pourrait presque apparaître comme un pied de nez, voire une punition. Les autres, sous l’aiguillon de Shane et Jenny vont avoir du chemin à accomplir, mais pour Carmen on part vraiment de loin ! À côté de cette dramaturgie courageuse et très aboutie de la part de la série, l’épisode comporte cependant plusieurs faiblesses. L’humour disparaît pratiquement, malgré le passage brillantissime d’Alice au Pays des Psychotropes (toujours ce ton tragi-comique original et délectable). Sa confrontation avec Dana est vraiment barbante et cliché, on préfère son jeu de piques assez bitchy envers Lara. Celle-ci marque un peu le coup. Par ailleurs, autant on trouve que The L Word trouve le ton juste autour de Moira, autant la série a la main bien trop lourde avec Bette, assez lamentable depuis le début de la saison, égocentrique, infatuée, quasi nulle comme ‘père’ de l’adorable Angélica. C’est trop, il n’est pas vraisemblable que Bette devienne minable à ce point (délirant qu’elle veuille payer la note du fatidique dîner). L’écriture paraît beaucoup trop appuyée ici, même si elle se résout in extremis à vendre ses gravures. À côté de ça Helena a droit à une promotion comme personnage super sympa, on apprécie moyen… Le train de vie de Jen apparaît toujours plus invraisemblable (quelle garde-robe !). Bill et Angus sont toujours aussi inintéressants, malgré le flirt de celui-ci avec Kit (que de platitudes et de mélo à propos de la musique). Et surtout, vraiment, on n’apprécie pas du tout ce que laisse entrevoir l’histoire du sein de Dana, c’est peut-être audacieux comme pratique scénaristique, mais on n’aime pas, c’est tout. La voir rejeter Lara à cause de cela prend une tournure assez terrible. Lobsters présente peut-être la faiblesse de sacrifier partiellement le reste de son propos à la confrontation de Moira avec le gang du Planet mais le résultat paraît le mériter, avec cette magnifique scène du dîner, mais aussi cette conclusion si émouvante de Moira en larmes, elle qui se faisait une telle fête de découvrir Los Angeles (image éloquente en arrière-plan). L’épatante Daniela Sea restitue superbement la profonde souffrance d’un personnage au capital de sympathie plus élevé que jamais, à qui on souhaite réellement une seconde chance. Les filles sauront-elles rattraper le coup ? 4. LABORIEUX DILEMME
L’amusant et souvent inattendu voyage à travers le temps que proposent, cette saison, les introductions d’épisode se montre ici assez décevant. Hormis une provoc un peu gratuite, le passage ne vaut que par une reconstitution affûtée du look teenager des 80’s, qui n’aura pas été sans évoquer quelques souvenirs à Jennifer Beals… C’est assez maigre et surtout annonciateur du manque de contenu de Light my Fire. En effet celui-ci appartient à cette catégorie, minoritaire, des épisodes de The L Word s’éparpillant en scènes dénuées de réel impact et essentiellement verbeuses. On peine en effet à trouver des situations réellement fortes. Le couple Shane/Carmen qui, par son humour et son rayonnement, a beaucoup apporté à la série depuis le commencement de cette saison, en constitue la preuve la plus éclatante de par l’aspect totalement insignifiant de cette histoire de Carmen contrariée de ne pouvoir assister au lancement du salon de Shane. Déjà c’est du niveau d’Hélène et les Garçons (bon, sans les garçons), mais en plus cela se résout franchement dans le gnan-gnan total avec Carmencita qui arrive à concilier magiquement les deux soirées, avec au passage un numéro aussi affligeant de Russell Simmons que celui jadis de Snoop Dog. On en frémit de honte pour The L Word. On a aussi droit à un passage mimi tout plein, avec Carmen en colère (cela lui va tellement bien…) quand les autres filles ne font pas leur part de boulot à la cuisine. Dommage que les caméras de Mark ne soient plus là, pour le coup on se croirait vraiment dans le Loft ou dans Secret Story. Sinon il se confirme que les créations capillaires perpétrées par Shane s’avèrent toujours aussi catastrophiques de saison en saison ; ici on s’aventure dans l’abominable. Les suggestions culinaires de Lara paraissent autrement convaincantes ! La même Lara et Dana (seule tenniswoman professionnelle à ne jamais participer à des tournois en dehors de chez elle) ne développent pas grand-chose non plus. Malgré quelques images bien tournées d’un match, on continue simplement à attendre la catastrophe annoncée d’épisode en épisode. Un de plus pour rien, même si l’on se réjouit de ce délai pour Dana qui semble marquer le coup physiquement, tout de même. La complicité des deux femmes continue à séduire mais apparaît déjà hors de sujet compte tenu de ce qui s’annonce, comme une survivance de ce qui ne sera bientôt plus. On se passionne malaisément pour ce sursis dans ces conditions. Kit et Angus poursuivent leur flirt, toujours aussi convenu : après les considérations fumeuses sur la musique, on a maintenant droit au grand air rebattu de « Je t’aime mais notre amour est impossible », avec l’option « différence d’âge ». Difficile d’y voir autre chose qu’une tentative passablement pathétique de justifier la présence à l’écran d’Angus, la caution masculine hétéro de la saison. On regrette sincèrement les discussions échevelées et si marrantes de Mark avec les copines, autrement savoureuses que ce fade brouet sentimental. Encore quelques épisode et il en ira de même envers Tim le Looser. Si, si, Angus peut parvenir à cet exploit, on a confiance. Un peu plus intéressant apparaît la découverte du monde transsexuel par Moira, grâce à Bill qui gagne, lui, ici, une vraie utilité en dehors de ses postures toujours crispantes. Le fait que Moira soit embarrassée et Jenny très à l’aise reste bien observé (Jenny a tout de même sacrément évolué depuis son arrivée à L.A. !). Les invités de Bill se montrent assez surprenants, parfois déstabilisants. Quelque chose me dit qu’avec Moira, The L Word va bientôt ressembler à Nip/Tuck… On apprécie également de voir Moira, se sentant paumée à Los Angeles, demander des conseils et un soutien à... Jenny ! Excellent, Jen est d’ailleurs la première à tiquer ! En même temps cette écrivaine au chômage chronique parvient à loger dans une belle maison du très chic West Hollywood et à arborer régulièrement des tenues à plusieurs plaques, donc elle doit être fortiche, en fait. Moira ne baisse pas les bras et, pour Jen, tente de se rabibocher avec les filles en arborant une tenue plus classe. Cela fonctionne et l’on pourrait y discerner une conclusion heureuse, mais voir tout changer du fait d’un costume souligne de nouveau une certaine artificialité doublée de snobisme chez nos amies. Tout cela paraît moins fort que lors de l’épisode précédent, mais au moins Moira et Jenny nous racontent quelque chose, elles. Ceci dit, si l’épisode échappe à la vacuité c’est principalement à Alice et à Tina/Bette qu’il le doit. Les émissions d’Alice, pétillantes ou sensibles, toujours parfaitement écrites, continuent à représenter l’un des atouts de cette saison. Ce moment toujours à part dans un épisode nous vaut ici un gros délire (même à l’échelle d’Alice) concernant l’organe viril de Bush, une improvisation purement jubilatoire soulignée par l’irrésistible crise de nerfs de la productrice ! Le couple Tina/Bette continue à se disloquer, insidieusement mais sûrement. Il s’avère particulièrement éprouvant pour le spectateur d’assister aux dérives des deux femmes. Tina devient limite mégère, plus directive encore que Bette à l’époque où c’est celle-ci qui faisait bouillir la marmite, et Bette continue à se réfugier dans ses chimères artistiques. Deux évolutions tristement divergentes mais fort bien conduites. Les scènes de Tina au travail convainquent (surtout grâce à une amusante Helena qui s’enflamme, prête de nouveau à ensevelir son élue sous les dollars). Le meilleur de l’épisode reste la nouvelle odyssée de Bette sur la East Coast (une par saison !), l’exercice de style se montrant aussi riche à Washington que lors des deux précédentes expéditions à New York. Cela fait chaud au cœur de voir Bette retrouver ses heures de gloire devant la commission sénatoriale, tandis que la rencontre, sensuelle et fine, avec la Sénatrice, impeccablement interprétée par Dana Delaney, élève considérablement la température. Le coup de fil déchirant de Bette à Tina, comme une bouteille à la mer, renoue avec les passages si émotionnellement intenses qu’a connus le couple durant la saison 2 ! Jennifer Beals et Laurel Holloman sont vraiment fantastiques. Cela continue à se déliter entre leurs personnages, alors que Bette ignore encore les sessions très spéciales de Tina sur le Net… Une fête nettement plus stéréotypée, car dépourvue de dialogues pertinents, de ce que l’on a connu par ailleurs, ainsi que le jeu de mise en scène assez vain du double brasero (en raccord avec le titre) viennent conclure dans la vacuité un épisode sonnant souvent creux. Pour parachever l’ensemble, le placement de produits est de retour…
L’ouverture semble assez insignifiante, avec pour seule spécificité d’être totalement « Queer as folk », dans un épisode dont le titre constitue par ailleurs un clin d’œil à l’une des rares lesbiennes de cette série, Lindsey Peterson. On va dire que Showtime pratique la synergie… La bande-son déjà très fournie de la série s’enrichit également du standard absolu qu’est Feel like making love. Il ne faudrait pas se concentrer uniquement sur l’aspect rébus, en oubliant le contenu individuel de ces introductions ! A contrario,Lindsey76 va se révéler particulièrement riche. D’abord parce qu’il s’agit d’un point d’inflexion crucial pour la saison, la noirceur pointant dans Lobsters, puis un temps mise sous le boisseau par le relativement insignifiant Light my Fire, vient ici submerger l’ensemble de l’univers de The L Word, sans doute durablement. Ensuite parce qu’il s’agit clairement de l’épisode le plus chaud et explicite auquel l’on ait jamais assisté depuis le commencement ! Muy caliente, comme dirait notre Spice Latina. Si la montée de l’ombre concerne l’ensemble des filles, le personnage sur lequel elle se focalise demeure bien entendu Dana. La chronique d’une catastrophe annoncée parvient à son terme, avec la fatidique révélation du cancer du sein et de la nécessaire ablation. L’épisode devient à cette occasion une véritable démonstration du talent d’Erin Daniels. Cette dernière restitue à merveille les vives émotions de son personnage. Après le choc initial, Dana va progressivement faire ses adieux, sinon à la vie elle-même, du moins à celle qu’elle a connue jusqu’ici. Plusieurs stations, vibrantes d’émotion, ponctuent ce calvaire, avec un ton d’une grande justesse. Dana renonce ainsi à sa carrière qui comptait tant pour elle, lors d’une scène sentimentalement très forte où elle visionne son ultime match. Mais l’apothéose demeure la poignante scène d’amour, empreinte de désespoir, l’unissant à Lara. C’est ici à la disparition prochaine de sa féminité qu’est confrontée Dana et la découvrir éclater en sanglots émouvrait une statue. On apprécie également de la voir garder ce fardeau pour elle et le celer aux amies, c’est tellement Dana, la pudeur de ne pas vouloir déranger. On aime également beaucoup Lara, qui prouve ici qu’elle n’est pas qu’un radieux sourire et une assiette de gâteaux. Son constant soutien, intelligent et sensible, à Dana, paraît vraiment admirable. Et ce avec d’autant plus d’abnégation que ses efforts demeurent non payés de retour, avec une Dana se déchargeant, assez inévitablement, de son stress sur elle. C’est très noble, mais aussi très dur, et Lara semble émettre un léger appel au secours en insistant auprès de Dana pour qu’elle en parle au gang. Heureusement Alice, avec son légendaire radar, perçoit la chose, ce qui laisse entrevoir une possible réconciliation du trio. Cette histoire dramatique, narrée avec tant d’éloquence par la série et ses interprètes, présentera un intérêt supplémentaire pour l’amateur des X-Files, par l’inévitable comparaison avec le cancer de Dana… Scully. À cette occasion le génie de chacune des deux séries s’exprime de manière bien différente. Mulder et Scully sont des personnages archétypaux, vivant dans un univers fantasmé qui n’est pas tout à fait le nôtre. Scully, hormis quelques poignants instants, subit l’épreuve avec un marmoréen courage. Et quand elle s’en ouvre, cela donne la magnifique introduction de Memento Mori (fabuleuse saison 4). On se situe constamment dans le sublime, le transcendant. La Dana de West Hollywood montre plus de faiblesse, de fébrilité mais aussi de dureté et d’injustice envers sa compagne. Son désespoir est tourné uniquement vers elle-même, tandis que Scully trouve encore la force de penser à Mulder, qui « devra achever seul le voyage débuté ensemble ». Le propos de The L Word pourrait sembler inférieur, mais en fait pas du tout. Simplement ses personnages sont plus proches de nous, on ressent davantage d’empathie pour eux. C’est cette totale humanité des héroïnes qui nous séduit depuis le début, y compris dans leurs travers bien naturels. On retrouve cela ici, avec une force des plus rares. Cette comparaison avec les X-Files conduit également à considérer avec pessimisme le devenir de Dana : on sait que pour elle il n’y aura pas de super méchant qui l’aime bien, en fait, venant à la rescousse avec son compère alien bourré de pouvoirs jusqu’à la gueule. Si Dana subit le paroxysme de ce virage enténébré de la saison, les autres filles en vivent également le contrecoup. Moira connaît de nouvelles difficultés, cette fois professionnelles, dans son intégration à L.A.. Or les autres n'affrontent visiblement jamais ce genre de problèmes. La série illustre avec acuité le rejet particulier dont pâtit la communauté Trans (vers laquelle Moira/Max converge toujours davantage), en tout cas bien davantage que les lesbiennes si chics et féminines du Planet, tellement mieux acceptées socialement. Par ailleurs on se demande si Jenny a bien pesé toutes les conséquences de son soutien au voyage intérieur de sa compagne. Jenny aime les femmes, si Moira devient totalement un garçon (y compris chirurgicalement), n’y aura-t-il pas comme un léger problème ? En même temps, avec Jen, qui peut savoir ? Le couple si radieux de Shane/Carmen – la Morena de mi Copla déteste toujours Moira, pas joli joli, ça – se voit lui aussi rattrapé à son tour par la tourmente, car Lindey76 c’est aussi le retour de Chérie ! (Aparté personnel : hourra, Rosanna is back, hourra !, fin de l’aparté.) Dans un univers aussi délimité sexuellement, socio culturellement et géographiquement, il n’est guère étonnant de souvent tomber sur une ex, mais on éprouve un peu l’impression d’une redite de Dana/Lara/Alice. Ce sentiment se voit vite effacé par la surprise, parce que l’on était persuadé que Shane ne répondrait pas aux avances de Chérie, d’ailleurs un peu gonflée après son largage du final de la saison 1. On croyait que c’était de l’ancien pour Shane et que ses sentiments pour Carmen étaient plus forts, elle est loin la scène « de la cuisine » ! Même si la convergence nocturne de Shane et Chérie est somptueusement filmée, on reste avec le sentiment d’une nouvelle fissure dans le petit monde de la série. Une grenade vient d’être dégoupillée, Carmen n’est pas Alice et Shane joue avec el fuego… C’est aussi bien écrit qu’éprouvant pour leur fan : Tina et Bette continuent à se désagréger en tant que couple, qu’il y ait désormais entre elles un édredon dans le lit vaut tous les discours. Les petites bouffées de complicité se raréfient dangereusement, alors que leur évolution individuelle ne prête pas non plus à l’optimisme. Tina maltraite Bette d’une manière bien pire que quand les situations étaient inversées et s’enferre dans le mensonge, avant un aveu douloureux et déstabilisateur (amusant de constater que, dès qu’elle vire hétéro, un séduisant jeune homme apparaît : le monde merveilleux de The L Word). On retrouve les X-Files avec Bette mais cette fois avec le Bouddhisme caricaturé et le New Age bobo du calamiteux All Things, avec un résultat à peu près identique (plus bref, heureusement). On désespère du personnage et de son incapacité à prendre le réel à bras le corps cette saison. Tout cela est fort, lucide, mais on aimerait vraiment qu’elles se retrouvent et se souviennent qu’elles s’aiment, avant l’irréparable qui approche à grands pas. Heureusement, tel un petit village gaulois résistant encore et toujours à l’envahisseur, un personnage lutte si vaillamment pour la survie de l’humour dans cette série que l’on a envie de l’applaudir : Alice (tout ne doit pas mourir). Elle nous régale ici d’un de ses stand-up les plus réussis, avec des morceaux de choix comme l’hallucinant speed-dating bisexuel (sic), la découverte de la lesbienne gothico-vampire (re-sic, mais sympa et futée en fait) ou surtout le délire intégral à la Charmed concernant la vraie nature de la Fille des Ténèbres. C’est du non stop, tandis qu’Alice reçoit le soutien remarqué d’Héléna dans son combat pour le rire (toujours plus humaine et attachante, une des meilleures surprises de la saison, même si elle essaie encore de séduire Dylan par l’argent). Tant mieux, car pour le reste cela fait pschitt. On n’en peut plus de l’humour lourdingue et des poses horripilantes de Bill et quand Kit et Angus s’essaient à la drôlerie, on vire au pathétique. Ce couple s’avère décidément incapable de sortir des clichés les plus éculés. Après « La musique c’est plus fort que toi, plus fort que l’univers », après « Je t’aime mais notre amour est impossible », on a droit à « Je vais te chanter ma passion avec ma guitare d’amour ». Tout cela se résume tellement à un alibi pour justifier la caution hétéro masculine de la saison, que cela en devient risible. Hormis cette modification globalement fort réussie de la trajectoire initiale de la saison, Lindsey76, il faut bien le dire, c’est aussi un festival de sexe. Sans être prude, The L Word ne nous avait jamais délivré une telle profusion de scènes chaudes, excellemment filmées, du gentiment sexy (Bette et son haut) à l’absolument torride, avec Shane et Chérie. Sans être un père la pudeur, on peut se demander, si la série poursuivait dans cette voie, si elle ne finirait pas par donner des arguments à ceux l’accusant de voyeurisme de racolage. Trois scènes se détachent de cet arrière-fond. Lara/Dana, là rien à dire, c’est l’une des plus belles et chargées de sens de l’épisode. On tique un peu plus devant la violences des ébats entre Chérie et Shane, mais l’on a peut-être voulu exprimer ainsi la force du désir chez Shane. Mouais, bon, limite mais d’accord, mais c’est hard tout de même. Par contre le jeu de rôle SM/vampire était hilarant en soi, les seins complaisamment dénudés de Al ne se justifient donc en rien, même s’ils confirment, si besoin en était, la grande beauté de Leisha Hailey. Au total, un mouvement d’ensemble certes non déplaisant ponctuellement (litote), mais à terme potentiellement dommageable pour la série (oui, j’ai eu envie de m’étendre sur le sujet).
The L Word explore le Temps nous situe de nouveau en plein cœur des rugissantes années 80, ce qui ne… Ah mais, ah mais… Qui est donc cette superbe jeune femme à l’ondulante et opulente chevelure brune ? À l’évidence resplendissante d’intelligence, de finesse d’esprit et de passion pour l’art ? Arborant également ce haut découvrant une épaule, soit précisément la grande mode lancée par Flashdance ? Ne serait-ce pas ? Mais oui, l’apparition du fragment de Toile nous confirme qu’il s’agit bien de notre Bette ! C’est donc elle qui remporte cette chasse au trésor, la faisant du coup basculer dans une autre période, où nous découvrirons le passé d’autres personnages. Cela paraît particulièrement prometteur, d’autant que l’introduction du jour se montre drôle et percutante. Cette mise en bouche concorde également avec la suite de l’épisode, car Mama B. semble enfin reprendre du poil de la Bette (inévitable, celle-ci), et renoncer, au moins temporairement, à ses calembredaines pseudo bouddhiques pour affronter la pénible réalité. On apprécie beaucoup de voir notre personnage préféré (disons les choses) retrouver sa combativité légendaire pour mettre Tina en demeure de faire ses choix, alors même que la jolie blonde, passablement aigrie, l’avait rudement poussée dans les cordes au cours des épisodes précédents. Mettre Tina au pied du mur concernant son retour de flamme hétéro peut sembler bien risqué, mais Bette a la lucidité de percevoir que le marasme actuel ne peut se poursuivre indéfiniment sans finir par détériorer profondément leur relation, déjà devenue massivement invivable. Elle prend donc la responsabilité de provoquer une crise, d’où peut sortir le pire comme le meilleur, introduisant un suspense bienvenu dans cette saison. D’un côté on n’imagine pas The L Word sans Tina/Bette mais, comme la tendance profonde de la période vire à l’obscur… Les jeux sont ouverts quant à la résolution finale de la situation, même si Tina va quasi inévitablement sauter le pas avec son bellâtre de producteur. Et puis Jennifer Beals apparaît aussi impériale dans la colère froide qu’éruptive… Dans le sillage de Tina et de Bette se déroule un petit évènement : pour la première fois une scène d’Angus/Kit nous amuse véritablement. Les voir gênés comme des collégiens de s’être faits pincer en flagrant délit reste tendre et divertissant. Le couple Pam Grier/Dallas Roberts semble avoir trouvé son bon tempo, décidément plus performant dans la comédie que la bluette sentencieuse. Le passage nous vaut aussi le plaisir de retrouver brièvement la Bette et la Tina de toujours, entre fausse colère et édiction de règles d’une part et vibrant élan du cœur chez l’autre. Un vrai rayon de soleil dans le marasme actuel. Pas grand-chose du côté de Helena, qui poursuit cahin-caha sa relation avec Dylan, toujours parasitée par les questions de dépendance à l’argent. On se demande à quel jeu joue réellement Dylan… La seule véritable surprise demeure l’apparition choc de Callum Keith Reinie ! C’était lui le fameux compagnon invisible de Dylan. J’avais complètement zappé qu’il avait aussi participé à The L Word, quel étonnant parcours que le sien, sautant de série en série (excellents choix de carrière), on attend Shattered avec impatience... Malheureusement, une fois dissipé le saisissement, on s’aperçoit que son personnage, quasi transparent, ne dégage que peu de choses. C.K.R. est à l’évidence sous-employé avec ce pâle Danny, à des années-lumière du flamboyant Lew de Californication (il boit de l’eau, pour commencer). Le monde merveilleux de The L Word se manifeste une nouvelle fois, avec notre Jenny qui décroche une éditrice particulièrement enthousiaste, qui traverse tout le pays pour la rencontrer dans un café et lui remettre un chèque mahousse costaud, comme ça, sans même s’assurer que l'écrivain ait reçu ou non son message. À part un passage à l’humour un peu téléphoné avec un Bill devant la remplacer au pied levé comme « serveuse » cela ne débouche pas sur grand-chose pour l’instant, à part quelques mimiques assez craquantes de Mia Kirshner (pléonasme). Plus troublante se montre le début de relation entre Bill et Moira/Max dont il faut bien avouer que cela pourrait se dérouler en orbite autour de Tau Ceti en ce qui nous concerne. On respecte les sentiments mais on atteint là un degré d’étrangeté inusitée qui fait que l’on a du mal à bien appréhender le ressenti des personnages. Par contre on n’aime pas du tout cette histoire d’hormones prises sans suivi médical, mais, au-delà des paillettes et des rires, la série fait ici éloquemment ressortir les nombreuses difficultés rencontrées par la communauté Trans. Carmen connaît bien sa Shane qui ne peut pas faire grand-chose d’autre que d’avouer sa torride foucade avec sa Chérie (en même temps, Rosanna Arquette dans la lumière bleue d’une piscine, cela produit toujours son effet). On aime beaucoup Carmen, particulièrement émouvante dans cet épisode, tout comme le talent de Sarah Shahi. Après avoir éclaté d’une colère toute latine, elle paraît faire contre mauvaise fortune bon cœur en manifestant un humour acidulé (l’extincteur), d’ailleurs Alice pointe le bout de son nez, généralement le signe annonciateur d’une intense rigolade. Et pourtant elle finit par éclater en sanglots quand Shane, qui avait semblé prendre la chose jusque-là avec sa désinvolture proverbiale, lui promet de faire de son mieux pour ne pas remettre la même erreur. Carmen est vraiment totalement amoureuse de la brune androgyne et on ne peut que lui souhaiter bonne chance car vivre en couple avec Shane, c’est vraiment chevaucher le Dragon. Le fait de savoir si Shane va ou non supporter le carcan que représente fatalement une relation monogame à un moment ou à un autre introduit un nouvel élément de suspense bienvenu dans cette saison. Mais, et cela va sans doute demeurer en l’état jusqu’à la fin de la saison, le la reste donné par l’évolution toujours plus dramatique de la maladie de Dana. Outre le drame humain vécu par l’héroïne et sa compagne, la série revêt ici son ton intelligemment militant, dénonçant sans emphase l’injustice faite aux couples lesbiens non reconnus par la loi, empêchant Lara (formidable Lauren Lee Smith) de disposer des informations concernant sa compagne, mais aussi militant sur le drame que constitue le cancer du sein (mise en scène très froide et clinique, hyper réaliste). À quelque chose malheur est bon, ces obstacles obligeant Lara à contacter Alice et à lui révéler le pot aux roses. Les parents se révèlent un tantinet brutaux, mais on peut comprendre le réflexe protecteur et de repli sur le cocon familial, on n’a pas vraiment envie non plus de leur en vouloir alors que le ciel leur tombe pareillement sur la tête. La série nous offre un beau moment d’humanité avec la réconciliation de Lara et d’Alice devant le drame vécu par leur amour commun. Alice, bien plus forte que ce que l’on pourrait croire au premier coup d’œil, prend doucement le relais d’une Lara visiblement fort éprouvée et fait enfin intervenir l’ensemble de la tribu. Cela vaut à l’épisode une superbe conclusion, particulièrement émouvante, mais qui commence à laisser entrevoir clairement vers où nous nous dirigeons… Lifesize n’innove que modérément, se contentant pour l’essentiel de creuser les sillons inaugurés par Lifeline (on pourrait presque parler de double épisode de milieu de saison, dans une autre série…) mais il le fait avec un talent et une sensibilité de chaque instant qui continuent encore et toujours à accrocher l’attention du spectateur. The L Word reste décidément toujours aussi addictif.
La connexion des introductions avec les personnages de la série tient toutes ses promesses, lors du meilleur opus à ce jour. Ce moment très intense entre Alice et Bette, porté par la sublime musique du célèbre Duo des Fleurs de l’opéra français Lakmé (1880), permet de découvrir le fameux vieux dossier entre Alice et Bette, évoqué lors de l’épisode Dinah Shore, ressurgi avec acrimonie au cours de la saison 2 puis avec facétie au cours du présent épisode. C’est toujours un plaisir que d’assister à comment les personnages d’une série télé que l’on apprécie se sont rencontrés, avec d’autant plus d’impact ici que nous retrouvons les filles égales à elles-mêmes, Alice drôle et surexcitée, Bette sublime, forcément sublime, et, bien entendu, aux commandes. Outre la splendeur visuelle et auditive, cette scène d’opéra très particulière vaut aussi par son humour malicieux, les paroles du livret recoupant de manière décalée l’action en cours « Sous l’épais dôme, descendons ensemble, sous l’épais dôme de jasmin où s’entrecroisent les roses. Etc. » Et il apparaît d'autant plus appréciable que cette scène initiale se montre aussi divertissante que chatoyante car ensuite l'épisode vire carrément au pot-au-noir. C'est vraiment la fête à la sinistrose à tous les étages, peut-être jusqu'au trop plein. Après la crise Chérie (comme un nom que l'on donne à un cyclone), Shane et Carmen tentent de redémarrer comme si de rien n'était et d'offrir une nouvelle chance à leur couple en recourant à la vieille recette des tatouages réalisés en commun (assez moches, par ailleurs). L'aspect ludique et juvénile de la chose fait un temps illusion et les belles rayonnent temporairement de leur complicité retrouvée. Mais bien vite, à l'occasion d'une scène amoureuse avortée, la vérité s'impose : le malaise persiste, voire s'intensifie. Shane a renoué avec les vertigineux plaisirs de la liberté et angoisse à l'idée d'une vie en compagnie de la seule Carmen (ce qui satisferait tout de même le commun des mortels). Le plus grave demeure l'incommunicabilité s'étant instaurée dans le couple : avec ces tatouages, on a l'impression d'en être à la scène finale de Never Again, des X-Files. Il y a définitivement quelque chose de pourri au royaume du Danemark et on se demande si Chérie n'a pas été plutôt un révélateur qu'un coup de tonnerre (et du tonnerre). En tout cas c'est une seconde moitié de saison joyeuse qui se profile aussi pour Carmen. Et ça, ce n'est que le début du feu d'artifices de Lone Star. Par ailleurs Jenny demeure la lesbienne ravie de voir son amie devenir toujours plus un homme (penser à long terme n'est pas trop son truc) et trouvant très excitant de lui injecter des doses massives d'hormones à l'origine douteuse à l'aide d'aiguilles énormes. Bienvenue dans le Jennyland, mais au moins cela vaut mieux que la scène assez indigeste autour de son livre. L'éditrice n'a visiblement rien compris à celui-ci, ni à Jenny, d'où un dialogue caricatural et assez peu crédible. On retrouve l'atmosphère des cours de Fac la saison passée, décidément dès que The L Word s'aventure dans le domaine littéraire cela devient creux et pompeux, comme hors sujet. On préfère nettement la scène prise sur le vif voyant Shane et Carmen effarées devant les révélations de Moira. C'est assez amusant de constater comment, saison après saison, l'ancienne résidence de Tim est vraiment devenue la Maison de l'Embrouille. Reste à Smallville, Tim ! Mais le plus important demeure la scène d'amour entre Moira et Bill (très émouvant ici, il nous quitte lors de son meilleur épisode). Bon, il faut avouer que l'évènement nous reste extérieur, comme dans un monde dont on n'aurait pas la clé. Mais, homo, hétéro ou trans, la fidélité reste la fidélité, et le mensonge, le mensonge. Peut-être stimulée par les hormones, Moira/Max éprouve toujours moins de difficultés à se comporter comme un macho volage auprès de Jen, d'où une jolie bombe à retardement qui devrait nous exploser à la figure d'ici la fin de saison, histoire que la joie règne bien sans partage. Ayant reçu la bénédiction, lucide à défaut d'enthousiaste, de Bette, Tina passe à l'acte avec Josh. Et en mode vamp, attention ! jupe fendue et échancrée aux bons endroits, stiletto heels à 400 $, rentre-dedans massif et intégral, après huit ans et demi de vie de couple, notre Tina part à la chasse au mâle avec une impressionnante ardeur. Et comme la saison 3 fait, elle, la chasse aux instants de bonheur, même fugaces, cela part totalement en eau de boudin. Mais cela ne suffit pas, les Instances Supérieures (Ilène Chaiken) ayant visiblement décrété que tout devait désormais devenir aussi sordide que possible (voire plus), Tina s'insurge méchamment devant les maladresses que lui débite Josh et va jusqu'à lui balancer qu'elle est la patronne et lui l'employé... Faire de Tina une garce toujours davantage odieuse, c'est très saison 3, mais on n'aime pas du tout, on déteste, en fait. On préfère nettement découvrir Bette à mi-chemin entre l'agacement et l'amer amer de voir ses prédictions réalisées. Et, lors du concert des toujours remuants The B-52s (excellents guests) arborer ce haut vert lui allant à merveille et qu'elle avait promis de rendre avec fracas. Ah, ah, ah, sacrée Bette, celle qui ne lâche jamais sur rien, ça on adore, par contre. Il est désormais clair que nos deux héroïnes s'installent dans la séparation, du bonheur encore et toujours cette saison. Mais la veine principale de la noirceur irriguant l'ensemble de Lone Star demeure comme il se doit le cancer de Dana. Et ici ce The L Word nouvelle version se sublime. On comprend la volonté militante de la série de bien faire passer le message de la dangerosité du cancer du sein et de la nécessité de la prévention, mais on peut également considérer que ces images glaciales d'hôpital ou de ces produits circulant dans les veines de Dana font plus qu'atteindre leur objectif. L'ensemble est filmé avec un grand sens de l'image, mais ce ton sinistre, se surajoutant à l'ensemble de l'épisode, s'avère bien difficile à regarder. Vient encore se rajouter la dérive psychologique d'une Dana de plus en plus désespérée au fur et à mesure que son corps se détériore, et sans doute autant perturbée par sa chimiothérapie que Moira l'est par ses doses massives d'hormones. Cela nous vaut des passages aussi forts que durs (à part l'intermède un peu vain de la pause Zen de Bette, on croirait Scully dans sa barque mais Dana est encore bien vivante, merci), culminant avec l'insoutenable scène de rupture avec Lara, l'une des plus déchirantes de la série (avec la fin de la saison 1). Et là on tique un peu car, si on comprend que Dana compense son stress par l'agressivité, on se demande bien pourquoi Lara est quasi la seule à subir son ire, alors qu'elle est tout de même assez formidable (bon, le gâteau de chimio ce n'est pas l'idée du siècle). On a tout de même l'impression que les Instances Supérieures ont estimé que la fin de saison serait plus intense avec Alice et que donc exit Lara, que l'on envoie d'ailleurs jusqu'à Paris, histoire qu'elle ne fasse pas d'ombre. On trouve cela bien injuste pour ce beau personnage (et pour la fabuleuse Lauren Lee Smith), que l'on espère retrouver plus loin dans la série. En tout cas Alice, plus solide, plus mature aussi, s'insère parfaitement et ses confrontations avec Dana apportent un ton différent, c'est vrai. La conséquence malheureuse reste que son humour s'éteint, comme le montre sa poursuite de la représentation de Dana. À un autre moment cela nous aurait sans doute valu d'hilarantes tribulations, ici on a une espèce de mini road-movie à la Jarmusch, limite Art et Essai, splendide mais tellement triste. Et comme absolument tout doit devenir le plus désespéré possible, la parenthèse joyeuse du concert part totalement dans le décor du fait de l'énorme bourde de Carmencita. Mais comme Dana s'enfuyant en larmes du Planet et errant seule dans la rue, non, non, ce n'est pas encore assez, on fait carrément enterrer l'effigie, et sous les ordures, bien entendu. Là, stop ! la sinistrose on n'en peut plus. Finalement les seules lumières demeurant sont d'une part les enfants (Angelica et les petits d'Helena sont épatants) et Angus, que l'on trouve décidément bien plus amusant et intéressant en observateur amical – et parfois interloqué – de ce petit monde, qu'en amoureux transi. Mais tout cela reste accessoire et The L Word, dont on adorait l'équilibre si finement dosé entre comédie et drame, rompt définitivement ce dernier pour devenir la chronique la plus enténébrée que l'on puisse imaginer. Alors oui, c'est superbement écrit et dialogué, oui la mise en scène est parfaitement efficace (Ah, le vrai Vancouver !), oui, les comédiennes sont vraiment extraordinaires, oui, la série se situe toujours dix coudées au-dessus de la plupart des dramas équivalents, mais à un moment, on sature, purement et simplement. On se fatigue de broyer du noir et d'assister au délitement progressif de l'univers et de personnages que l'on aime bien. Encore cinq épisodes, en espérant que la saison 4 aère un peu l'atmosphère... 8. LABEL INDÉPENDANT
Toujours plus loin dans le sinistre, avec un acharnement menaçant par moments de confiner au ridicule. Tel est le sentiment très négatif que laisse cet épisode, sans doute le plus faible de la série jusqu’ici. Non seulement la surenchère perpétuelle dans la sinistrose finit par déboucher sur des évènements où la crédibilité n’est plus qu’un lointain souvenir, mais l’on y observe également beaucoup de déchets dans les dialogues et de scènes tombant à plat. La précédente introduction nous avait apporté une bouffée d’oxygène, il aurait été parfaitement extravagant de croire que le miracle continua. Histoire de bien se mettre d’entrée dans l’ambiance nous avons droit à la scène de rupture entre Alice et Dana, survenue au cours de l’intersaison. Alors oui, Erin Daniels et Leisha Hailey sont fabuleuses et fonctionnent toujours aussi bien ensemble, dans le drame comme dans la comédie, oui la scène, brut de décoffrage, ressort particulièrement forte, tout en explicitant les psychotropes d’Al en début de saison. Mais on sature déjà quelque peu au niveau de la désespérance, on se dit que l’épisode va bien bétonner là-dessus. Et puis on y trouve déjà une maladresse, avec cette voisine interprétant au piano une chanson bien larmoyante, le détail excessif qui déséquilibre la scène. Pourtant l’épisode débute avec une excellente scène, où Bette vire proprement Tina de « son » lit, après son escapade à Vancouver. On y trouve beaucoup d’amertume et de tristesse des deux côtés, face à une rupture toujours plus proche, que toutes les deux vivent avec souffrance mais aussi avec impuissance. Laurel Holloman et Jennifer Beals se montrent toujours magiques, saison après saison, mais tout cela vole en éclats quand Bette déclare à Tina que cette dernière a perdu les privilèges dont elle disposait étant sa compagne, et par conséquent elle lui interdisait d’aller voir Kit et les autres au studio. Hein ? C’est quoi ce délire ? À force de surenchère dans le délétère, cette fois on fait devenir Bette carrément maboul, du genre Tim durant la fatidique « lune de miel » avec Jen. C’est effectivement tout juste si elle ne lui intime pas de prendre une douche. Cette hystérie de Bette n’est pas crédible, surtout au moment où le couple doit au moins sauver les apparences pour l’adoption en cours (le dragon à roulettes fait d’ailleurs une réapparition passablement prêcheuse). Non seulement on ne voit plus beaucoup Bette, du fait de la grossesse toujours plus évidente de Jenny Beals, mais en plus on la fait virer cinglée. On atteint un summum avec son espèce de retraite spirituelle ressemblant beaucoup à des taulardes faisant la promenade en cercle dans la cour de la prison. Ce concours permanent de qui sera la plus odieuse envers l’autre ressemble beaucoup à du sabotage autodestructeur d’un des principaux axes de la série, on en a assez maintenant, surtout si cela devient maladroit. On continue dans la maladresse insigne avec cette histoire totalement ridicule de Carmen rêvant de Chérie et Shane et rendant cette dernière responsable comme si ces évènements s’étaient réellement déroulés. On voit bien que les auteurs veulent exprimer la persistance de la souffrance chez Carmen, mais le procédé détonne par sa naïveté, d’autant qu’il se voit ressassé tout au long de l’épisode, avec un comique de répétition assez lourd. Et Alice qui déclare avant cela : « Ah, les latino américaines ! », pour une fois la vanne tombe à plat… Si un nouveau livre de Jenny décrivant sa vision du petit monde de la série s’avère une excellente idée, très prometteuse (un filon pour les intros de la saison 4 ?), la réaction de Max (puisque Max, désormais) stupéfie. Jenny n’a visiblement pas bien intégré comment ces injections massives de testostérone peuvent influer sur le comportement, ni, surtout, à quel point sa compagne est aussi torturée intérieurement qu’elle-même. Et voilà un autre couple dont les divergences s’accentuent implacablement. Si Héléna paraît toujours aussi amusante (cela fait du bien), rayonnante et sympathique avec cette histoire de voyage en jet, on n'apprécie pas trop sa scène d’amour avec Dylan, artificielle à force de recherche esthétique. On retrouve un peu l’ambiance de film érotisante qu’il y avait sur son balcon avec Tina, la saison précédente. On a par ailleurs la joie de retrouver les Betty, toujours aussi pétillantes et naturelles, accompagnées cette fois de Nona Hendryx. La déception est à la hauteur des attentes, car, en guise de moment musical, nous avons seulement droit à une version très abrégée de Transformation, entre Nona Hendryx et Pam Grier (le revival 70’s dans toute sa splendeur), très loin du sublime Some Kind of Wonderful la dernière saison. Pour le reste on assiste à des session d’enregistrement bavardes et ennuyeuses, avec un Angus assez macho dans sa volonté d’imposer sa vision des choses. C’est assez téléphoné, avec en exergue une énième scène de déclaration d’amour (mal jouée, en plus), Kit butant aussi une énième fois sur la différence d’âge. Et les copines entendent tout cela et interviennent en médiatrice. C’est gentil tout plein et surtout très gnangnan, ou quand The L Word devient un soap comme tant d’autres. Et cela alors que l’on avait eu une scène d’entrée très amusante avec Anus et Kit en « Sons of Anarchy ». Étonnant cet acharnement à jouer la carte de la bluette pralinée au lieu de l’humour, visiblement le terrain le plus porteur pour ce couple. Mais cette saison, l’humour c’est le Mal. Le cœur de l’épisode, de la saison en fait, demeure le cancer toujours plus effroyable de Dana. Le départ de Lara permet, c’est vrai de renouer avec la relation très forte entre elle et Alice (avec une Dana « miraculeusement » rassérénée depuis le départ de la rousse flamboyante pour Paris). Malheureusement ce segment va alterner le pire et le meilleur. La scène des perruques s’avère réellement poignante, évoquant d’ailleurs la Samantha de Sex and The City, sur un mode nettement plus fort et dramatique. Il en va de même pour la révélation de la terrible cicatrice, hélas polluée par un parallèle assez pesant avec la scène d’amour d’Héléna et Dylan, jusqu’à la difficulté d’ôter son soutien-gorge, très classe. La calvitie de Dana se révèle assez insoutenable (très THX 1138), ce qui est sans doute le but de cette dénonciation vibrante des périls du cancer du sein. C’est sans doute très subjectif mais je trouve que l’humour et la détente recherchés par les coupes punks de Shane et Alice ne fonctionnent pas, en tout cas pour le téléspectateur chez qui elles ne font que renforcer le malaise (idem pour les jeux vidéo), en soulignant par contraste l’énormité de ce qui survient à Dana. Après le choc initial au Planet on apprécie la simplicité et l’émotion de la rencontre entre Dana et Max, dans des situations paradoxalement assez proches. Malheureusement la suraccumulation de drames en tous genres, jusqu’à satiété, prive d’une grande partie de sa force le touchant aveu de Max concernant sa tentative de suicide à l’âge de dix ans. C’est un peu la goutte d’eau. Et connaissant la pudeur naturelle de Dana, on n’arrive pas à croire que ses amies lui aient fait un coup pareil au stade, même si le nouveau lien forgé avec Max lui permet de surmonter l’épreuve avec panache. Erin Daniels et Daniela Sea crèvent l’écran, même quand The L Word se perd en route, l’on se régale toujours du beau jeu de ses interprètes. Au total, l’épisode démontre un essoufflement certain de la saison, ou la recherche perpétuelle du drame le plus exacerbé possible conduit à de flagrantes erreurs d’écriture. The L Word ne nous avait pas accoutumés à cela. On ne peut que souhaiter un retour à son équilibre naturel durant la saison à venir. 9. LITIGIEUSE PROPOSITION
Voici l’épisode que l’on attendait, sans plus trop y croire. Lead, Follow or Get Out of the Way, au moins dans sa première partie, renoue avec la vie et l’humour qui caractérisaient la série, avant que cette saison ne vire au noir intégral. Alors certes, le drame demeure encore présent, mais c’est cela aussi la marque de The L Word, et la parenthèse se referme en fin de récit, conduisant même à une accélération que l’on devine funeste du récit. Mais, entre-temps, comme une bouffée d’oxygène avant de replonger en eau profonde, l’épisode nous aura fait un bien fou. Une originalité dans les introductions de cette saison : ici on suit directement la précédente, avec cette fois Dana retrouvant Lara après l’éprouvante scène de rupture avec Alice. Malgré la pianiste de nouveau incongrue, la confrontation apparaît de nouveau très percutante, avec quelques vérités assez cruelles : Dana quitte Al avant tout car elle estime que leur couple ne fonctionne pas. Lara ne serait qu’un choix de substitution. Voici qui explicite peut-être la future dureté de Dana envers Lara, lui demandant encore et toujours pourquoi elle reste avec elle. La toujours très positive Lara accepte cet état de fait, en ajoutant qu’elles ont tout le temps du monde pour former un vrai couple. Ce qui plaira aux amateurs de James Bond mais qui revêt présentement une ironie des plus cinglantes. Bette paraît totalement marginalisée dans cet épisode, sans doute du fait de la grossesse toujours plus imposante de Jennifer Beals. La production tente de faire perdurer le personnage jusqu’à la fin du tournage (on ne va pas envoyer un psycho, persuadé d’avoir des Aliens à sa poursuite, enlever Bette) mais ce genre de mise à l’écart devient inévitable. Par contre on aimerait bien savoir ce que pensent les vrais Bouddhistes de la représentation de leur philosophie, la fameuse retraite se résumant, si on comprend bien, à tourner autour d’un autel dans le plus complet silence durant 10 jours, puis à écouter la leader prononcer cérémonieusement quelques phrases passe-partout… Preuve que cela ne sert à rien : plus notre Bette y a recours, et plus elle va mal, en fait. Tout ce passage est ridicule mais parfois amusant, comme lors de la réaction de Bette la snob devant les douches communes… Ceci dit Jennifer Beals nous régale d’une belle scène où Bette appelle à la maison, désespérée, pour crier son désir de retrouver la vie d’avant le marasme. Mais elle est trop fière pour appeler Tina, et fait comme si elle appelait Angélica, autant pour le stage spirituel… De toutes façons il n’y a personne au téléphone car… Et voilà, c’est arrivé, Tina a trouvé son élu. On pourrait être désespéré de cet ultime coup de canif porté à la relation la plus durable de la série, mais en fait non, c’est un soulagement. La situation était devenue si insoutenable que toute évolution se perçoit positivement. Tina s’épanouit et retrouve le sourire, avec au passage une très belle scène d’amour où elle redécouvre le corps masculin. C’est triste à dire mais Tina et Bette sont mieux séparées en ce moment, en attendant, comme l’envisageait Bette, que cette passade s’achève. Le problème reste qu’elle risque de durer, Henry se montrant sympathique, honnête et attachant, tout ce qu’Héléna ne fut jamais durant la saison précédente. La situation évolue, Tina et Bette disposent désormais d’une opportunité de sortir de cette fosse empoisonnée où elle s’enfonçaient toujours davantage, mais, pour l’heure, le retour de Bette risque d’être chaud bouillant. Une nouvelle histoire se dessine, à suivre sans doute durant la saison 4. Tina/Bette reste vraiment un passionnant et inépuisable feuilleton dans le feuilleton, quel récit au long cours ! Après cette baisse de tension (peut-être temporaire, mais c'est bon à prendre en ce moment), on trouve un deuxième rayon de soleil avec la fête de soutien à Max, avec l’excellente idée de la bâtir comme un revival 80’s, domaine où The L Word excelle depuis ses débuts. Les filles jouent le jeu, oublient un moment leurs drames personnels et s’amusent beaucoup. Elles nous entraînent dans ce « bal de fin de promo » parfaitement divertissant où l’on aime à retrouver de nombreuses références à des icônes des années 80 ainsi qu’au style très… particulier de cette grande époque. La palme revient sans doute à Carmen la Madonna de Holiday, tandis que’Alice nous ressort Like a Virgin ! C’est si loin tout ça… De toutes manières depuis les 80’s, Madonna c’est de la soupe. Tina en Debbie Gibson, c’est juste génial. À noter que la VF insère des références hexagonales très amusantes, comme l’inévitable « Il est libre, Max », bien joué ! La séance de photos s’impose comme un délire joyeux et rayonnant, la série ressuscite ! La fête est cependant en partie gâchée en fin de parcours par un Max toujours plus perturbé, macho et violent. Jenny le supporte de moins en moins. Une crise se profile, ce voyage débuté à deux, Max devra sans doute l’achever seul. Un regret : autant Daniela Sea se montrait aussi convaincante qu’émouvante en Moira, autant on la trouve un peu empruntée dans la violence imbécile de Max, pas facile de jouer un macho abruti quand on reste une femme. On retrouve le même mouvement d’envol suivi d’une rechute pour Shane/Carmen. Certes leurs divers problèmes persistent, mais l’on retrouve la chaleur et la générosité de la famille latina de Carmen. Au passage on remarque une référence à Benny Moré, la grande figure de la chanson populaire cubaine, chantre du Son Montuno et autres rythmes, ce qui suffirait à illuminer l’ensemble de l’épisode. Évidemment cela ne dure pas, car Carmen, sur un coup de tête, réalise son coming-out sans doute de la pire des manières possibles. On aime beaucoup la subtilité d’écriture concernant ce couple plus complexe qu’il n’y paraît, où s’opposent deux égoïsmes, Carmen désirant Shane pour elle seule, quitte à blesser publiquement sa mère, et Shane passant outre la souffrances de sa compagne dans son désir toujours aussi désespéré d’avoir une famille. Et notre Carmen au sang chaud a décidément la boulette facile…Les lignes de faille s’emberlificotent et s’enveniment toujours davantage dans la Maison de l’Embrouille. Beaucoup plus simple ressort le cas d’Héléna, victime des faisans que sont Dylan et son ami, ce que la série avait laissé entrevoir (flou persistant de Dylan, étonnante facilité d’adaptation à une nouvelle sexualité, expertise même…). Maman ne va pas être contente, à New York… Cette fenêtre bienvenue avant le grand pot au noir final s’incarne bien entendu avec une force particulière chez Dana. Celle-ci jouit visiblement d’une rémission passagère, de même qu’elle n’exhibe plus sa calvitie ou l’atroce meurtrissure de son corps, ce qui atténue également le discours sur sa décrépitude physique. Durant un lumineux moment, on la voit retrouver avec Alice la complicité amicale de la première, mais aussi de la deuxième saison. Le duo nous amuse et rayonne, avec une Dana qui retrouve son humour et sa joie de vivre, lors des scènes les plus chaleureuses de l’épisode. Elle manifeste même la force de plaisanter avec un Trans à propos de l’ablation des seins. C’est un peu dur pour Lara de constater à quel point tout va mieux depuis qu’elle a dû s’éclipser, mais la priorité va forcément à Dana. Alice et Dana auraient-elles pu redémarrer leur histoire et sublimer leur amitié en amour et est-ce vraiment nécessaire, au fond ? On ne le saura sans doute jamais car la parenthèse enchantée se referme brusquement, avec une brutale dégradation de la santé de la malade, victime d’une infection soudaine laissant entrevoir plus que jamais un final de saison absolument dramatique, sous peine de décrédibiliser la série. La mise en scène rend bien la force de ce basculement tandis que Erin et Leisha (décidément aussi épatante dans le drame que la comédie) ne cessent de nous impressionner. Alice et Dana c’était vraiment formidable et l’on sent déjà la nostalgie nous étreindre… 10. LOIN DE VOUS
Le voyage à travers les décennies et la Toile d’Alice, débuté au début des années 70, s’achève logiquement quand il rattrape le temps de la série. Et c’est à Lara qu’échoie le redoutable honneur de conclure ce périple, car, bien évidemment, elle n’a pas le cœur à la bagatelle. La scène se déroule dans le site original du Hammam de la grande Mosquée de Paris, ce qui permet certes d’admirer l’irréprochable plastique de l’interprète ainsi que de placer un dialogue aigre-doux sur les stigmates du cancer du sein. Mais l’essentiel demeure l’appel de Lara à Dana, particulièrement touchant (et interprété avec une émotion à fleur de peau) car malgré toutes les avanies subies, la belle rousse ne renonce pas à la vie commune. Hélas, personne ne répond, la résidence de Dana étant visiblement désertée. Avec un pressentiment glacé on pense au fabuleux générique des 4 400, représentant pareillement les effets de la disparition des personnages. Ajouté au titre et à l’apparition fatidique d'un compte à rebours, on devine hélas ce que nous réserve Losing The Light. Mais avant d’en arriver au drame, l’épisode ne délaisse pas les autres personnages. On avoue un vrai coup de cœur pour Bette attendant le bus après sa fuite salutaire hors de la « retraite ». Le passage, débuté par des hurlements défoulatoires assez hilarants (sacrée Jenny B. !), se poursuit par un dialogue original entre elle et deux personnages apparus d’un peu nulle part au milieu de cette forêt. En discutant avec eux, Bette fait bien plus le point sur sa vie que lors de son expérience avortée ! L’ensemble de la scène plane comme hors du temps et du monde. Un amateur de Fantastique et de La Quatrième Dimension, dont cette étrange rencontre épouse plusieurs caractéristiques intéressantes, ne peut s’empêcher de se demander qui sont au juste ces personnes veillant sur Bette et énonçant des sentences sur la vie au détour de dialogues apparemment quelconques. Ou alors ce n’est définitivement pas une bonne idée de regarder The L Word après trois épisodes bien tassés de LOST. On remarque que Bette conserve le silence sur son homosexualité, la série rappelant ainsi la difficulté sociale que cela représente toujours en dehors de paradis bien délimités comme West Hollywood. Par ailleurs Bette semble anxieuse à l’idée des retrouvailles avec Tina, en quoi elle a bien raison car, en son absence, le rideau a été tiré sur la pièce. Avec une rapidité proprement fulgurante, Henry et Tina forment désormais un couple, au point de rencontrer l’ex de celui-ci dans un dîner assez anodin. On n’est pas certain d’aimer qu’Henry soit à ce point ouvert d’esprit, sympathique et sans défaut… La rupture s’avère bel et bien consommée, mais la série reste loin d’être finie… On attendra. Kit et Angus, au bagout décidément constant, nous offrent une scène amusante, mais encore une fois peu substantielle, une bulle de savon aux jolies couleurs. On apprécie moins la section Shane/Carmen, même si cette dernière se montre particulièrement en beauté. Cette histoire de tromperie sortant de derrière les fagots sent le fabriqué et le manque d’imagination. Elle se situe également totalement à contre-courant de ce que la saison nous a raconté jusqu’ici. De plus on n’aime pas trop Shane faisant son Max pour qui il existe deux poids deux mesures. Devant les difficultés s’accumulant, les filles décident arbitrairement de recommencer à zéro, tout en utilisant l’amour physique pour oublier le malaise de leur couple. Pas sûr que cela suffise. Quoiqu’il en soit on les a connues plus intenses et intéressantes cette saison. De même la séance de conciliation entre Héléna et Dylan ne s’élève pas au-dessus du commun des séries judiciaires. On a assisté cent fois à ce genre de scène très codifiée, la spécificité lesbienne en moins, mais celle-ci reste finalement assez marginale ici. Le seul intérêt, anecdotique, réside dans le guesting du toujours impeccable Peter Wingfield et du retour de l’épatante Mrs. Peabody. The L Word ne comptera décidément pas dans les moments forts de la carrière de Callum Keith Rennie. La nouvelle Héléna aura immensément apporté à la saison 3 par son humour et sa sympathie, mais pas par l’arc narratif de Dylan, peu captivant. Losing The Light se signale aussi par le retour passager de deux personnages ayant marqué la série, un procédé toujours bienvenu. On trouve Tonya bien moins désagréable que par le passé, même si toujours particulière. Le fait qu’elle ne fasse plus barrage à Alice doit y contribuer ! La discussion avec Al ressort comme une respiration ensoleillée et gaie, ce qui fait du bien. On remarque néanmoins une formidable incohérence : Tonya ne serait pas au courant de ce qui arrive à Dana, alors même que cela a été tout à fait médiatisé ? Difficile à croire. Au passage Alice se garde bien de lui révéler la vérité, on ne la changera pas, absolument formidable mais possessive… À l’inverse le retour de Tim se révèle une catastrophe absolue, ce qui était prévisible mais finalement pas du fait de la personne que l’on attendait. Max est dans un bon jour (très Moira en fait) et se montre amical, voire complice avec la charmante épouse de Tim. Alors bien entendu celui-ci bloque devant Max – déjà être remplacé par une lesbienne il avait du mal, alors un Trans, on imagine son opinion. Il est clair qu’il aurait pu éviter la putasserie sur le berger allemand, mais il le dit à sa femme, pas à la face de Max ou Jen. Au contraire il prend sur lui pour que le repas soit au moins civilisé et c’est positif de sa part car rien ne l’obligeait à venir après tout. Non, c’est Jenny qui nous semble déraper au cours d’une de ces colères froides ultra violentes dont elle a le secret. Malgré ce qu’elle affirme, elle prend ombrage du bonheur de Tim et surtout de son épouse (jolie scène de projection) et sa colère s’exprime avec beaucoup d’injustice. On n’imagine pas un seul instant que Tim ait désiré que Jen s’automutile ou soit en institution durant des mois. Surtout, oui, durant la saison 1, Tim a été dépassé, pathétique, volontiers réac et parfois odieux, mais on ne voit pas son ultime scène d’amour comme une vengeance. Tim est totalement perdu à ce moment-là et on perçoit cela plutôt comme un adieu à son grand amour. Jenny a décidément une part d’elle-même ténébreuse et glaciale, ressurgissant pour la première fois cette saison. Espérons que le diable jailli de sa boîte y retourne bien vite. Tim ne reviendra sans doute plus et on le comprend. Mais voici que le compte à rebours arrive à son terme, avec une magnifique vue d’ensemble des différents personnages. Leur vie se poursuit mais celle de Dana s’achève. Cela nous vaut une grandiose prestation de Leisha Hailey au moment où Alice découvre l’atroce vérité. Bien entendu, dans le style de cette saison, Dana meurt seule, malgré la veille constante de Al et des filles… On se pose une angoissante question, quand, pour ses ultimes paroles, Dana déclare à Alice qu’elle l’aime, ne se sent-elle pas déjà partir et n’est-elle pas en train de dire adieu à son amie sans que celle-ci ne s’en aperçoive ? Une interrogation qui risque de poursuivre longtemps Alice. Comme à chaque mort d’un personnage essentiel dans une série, même si le moment est très fort, on se demande si le jeu en valait vraiment la chandelle. On pense bien entendu aux Bandits Solitaires, dont l’humour aura été un constant rayon de soleil dans les ténèbres des X-Files, soit exactement l’équivalent de Dana (le plus souvent) pour The L Word. Encore le trio n’a-t-il tiré sa révérence qu’en fin de série, trois saisons sans Dana, cela va paraître bien long… Au total l’épisode parvient à exprimer avec une grande justesse de ton ce moment difficile entre tous. La chanson de conclusion semble ainsi formidablement choisie : You are my sunshine, my only sunshine, you make me happy when skyes are grey, c’est tellement Dana... La vie aura apporté à celle-ci un talent, des amies fantastiques et de partager la vie de deux femmes merveilleuses, mais on trouve l’addition bien lourde et cruelle. On regrette cependant une faute de goût : les marques (bonbons, boissons etc.) jusque dans sa chambre d’hôpital. Pour l’occasion la série aurait pu suspendre le placement continuel et sans finesse de produits qui la caractérise aussi, il faut bien le dire.
Ce superbe hommage à Dana Fairbanks constitue certainement l’épisode le plus réussi de cette saison 3 (en attendant le final), mais aussi l’un des joyaux de la série toute entière, à la hauteur de l’épisode Dinah Shore ou du final de la saison 1. En effet, à travers des moments particulièrement forts, on y discerne des retrouvailles ferventes avec la quintessence du style The L Word : ce mélange parfait d’émotion et d’humour, porté par de superbes décors et une mise en scène finement ciselée, mais avant tout par de merveilleuses comédiennes démontrant ici toute l’étendue de leur talent. On y va ? Alors que la Toile d’Alice aura atteint son terme durant l’épisode précédent, Last Dance débute par quelques images fortes de la vie de Dana, en forme de flashback au moment où elle rend l’âme. Sont-ce ses dernières pensées ? Cela nous vaut en tout cas un joli bouquet de souvenirs, avant que, dans une image esthétiquement superbe, Dana ne semble planer au-dessus de Los Angeles. One for The Angels, effectivement. Le tout s’accompagne de la musique du générique interprétée sur un ton plus suave et pénétré que de coutume. On éprouve de la gratitude envers les auteurs pour avoir perçu que le générique habituel, festif et coloré, était hors de propos ici (il aurait pu en aller de même lors de l’opus précédent, mais ne chipotons pas). Dans son sillon principal, l’épisode va nous narrer les doubles funérailles de Dana, les officielles et les véritables. Comme il devait survenir, les parents de Dana (particulièrement le père) commanditent une cérémonie dans la grande tradition du genre, reléguant les amies de leur fille à l’arrière-plan, comme faisant tache. On a pas vraiment envie d’accabler des parents qui perdent leur enfant, après tout ils enterrent leur fille et le gang l’une des leurs, il ne s’agit pas vraiment de la même personne. Malgré cela, le procédé demeure bien rude, comme le souligne éloquemment le désespoir d’Howie, très touchant. La scène est émotionnellement très forte, avec des réactions empreintes d’élégance chez les filles, jusqu’au bouleversant cri du cœur d’Alice. Seul regret, le prêche du pasteur paraît tout de même démonstratif et peu crédible, surtout quand l’on sait que Dana était aussi très connue pour son coming out. Ou alors ces gens sont d’une abyssale crétinerie, ce qui reste possible, après tout. Mais le tournant survient quand l’incroyable Alice dérobe une partie des cendres dans un gobelet ! « Tu es mon héroïne », s’exclame Shane, jusque-là totalement murée dans sa douleur. On peut gager qu’à ce moment Alice est, plus que jamais, celle des spectateurs. D’ailleurs, c’est désormais officiel, cette saison est définitivement la sienne, et celle de Dana. Au fil des épisodes Alice a revêtu une importance bien plus marquée que lors des débuts de la série, une conséquence logique du potentiel du personnage et de la révélation de l’étonnant talent d’actrice de Leisha Hailey. Après un passage éloquemment muet où on la découvre se conserver une petite partie des cendres, comme pour un nouvel autel à Dana, cette fois sensible et digne au lieu de délirant, l’on en arrive au cœur de l’épisode, les véritables au revoir du clan à Dana. Ce formidable passage prend l’aspect d’un pèlerinage au camp scout où Dana a vécu le premier amour, ce qui nous vaut une immersion visuellement sublime et impeccablement filmée dans les vastes forêts de Vancouver, un plaisir dont on ne se lasse pas. Dana a droit à une magnifique veillée funéraire, où, comme il se doit, l’on évoque avec chaleur et même amusement le souvenir de la personne défunte, la faisant une ultime fois se tenir parmi nous. Une dernière danse avec Dana, comme l’évoque le très beau titre original. Au cours d’un vrai florilège de scènes exceptionnelles on retrouve un écho de l’atmosphère de l’épisode Dinah Shore, où nous plongions dans le passé des personnages, jusqu’à leur rencontre, un moment toujours particulièrement appréciable dans une série. C’est une véritable émotion que de retrouver également le beau talent d’Erin Daniels, alors que nous ne l’espérions plus. Elle apporte une nouvelle fois tout son humours et sa sensibilité à son personnage, rendant irrésistible cette évocation de moments incroyables : la première rencontre, détonante avec Alice, la fête de l’an 2000 (« Ilene is there » écrit la fille dans son cube) où on retrouve l’hilarant Harrison, son trip à l’acide avec Shane etc. On se régale, purement et simplement. Un très léger regret : Shane brise momentanément l’atmosphère en évoquant ses histoires avec Carmen, alors que l’heure devrait être entièrement consacrée à Dana. Même Bette et Tina mettent leurs soucis de côté à cette occasion, et Dieu sait qu’il se passe du lourd en ce moment. Mais cet instant embarrassant passe vite. La coda de ce mouvement survient lors de l’épandage des cendres dans une cascade absolument magique. Un esprit un peu chagrin pourrait juger que la série sort les grands violons, mais la force de conviction des actrices, totalement dans leur personnage, permet de passer largement outre cette opposition. Leur talent, sublimé ici, donne une force incroyable à l’ensemble, on éprouve d’ailleurs réellement l’impression d’être à leurs côtés à cet ultime moment. L’écriture de la scène demeure aussi subtile que d’habitude, chacune des filles montrant une réaction propre et conforme à son caractère. Bette, comme souvent quand le clan est réuni, revêt ce l’on peut nommer peu ou prou un leadership, et prend avec naturel le rôle de l’officiante. Le moment le plus insoutenable de l’épisode provient quand Shane, certainement la plus profondément éprouvée avec Alice, craque totalement et s’enfuit, du très grand Kate Moennig. On apprécie également de voir Max s’effacer pour laisser passer les dames, tandis qu’il s’impose face à Bette pour la lecture de la carte, mais avec gentillesse et sans forfanterie. C’est bien, il fait des efforts. Alice, l’âme sœur, a elle droit à une vision de Dana comme esprit de cette cascade où elle va désormais reposer. C’est étrange dans le cadre de cette série mais tellement superbe. Il en va de même pour la conclusion de cette épopée, avec la rencontre entre Alice et Lara, attendant avec une admirable abnégation devant la porte de Lara, sans savoir ce qu’il se passe mais le devinant sans doute. Leur passage à l’acte peut surprendre mais il s’agit d’une communion autour de l’absente, c’est humainement très beau et cela sonne tout à fait juste. Par contre l’on n’aime pas trop cette histoire peu crédible de téléphone empêchant de la joindre et de la faire participer à la cérémonie. Clairement les Instances Supérieures ne veulent pas que Lara s’intègre dans le groupe, ce qui signifie sans doute son départ prochain. Gasp ! Cet épisode particulièrement riche ne délaisse pas les autres fils de l’intrigue. Shane demande à Carmen de l’épouser, mais visiblement plus pour exorciser sa souffrance et les difficultés de leur couple qu’autre chose. Carmen finit par accepter, mais elle pour apporter du réconfort à sa compagne, totalement bouleversée. Il n’est pas certain que ce mariage ait été décidé pour de bonnes raisons, de quoi laisser craindre pour sa validité dans l’avenir. Dylan vient à résipiscence et abandonne tout à Helena, de même qu’un enregistrement exprimant ses remords. La scène, esthétiquement exemplaire, vaut aussi pour la douleur exprimée par Helena (ces coupures de son quand cela devient trop fort…), illustrant bien à quel point notre amie s’est humanisée en tous domaines. Au crédit de Dylan on pourra dire qu’elle a un excellent goût en matière de voiture ! Comme c’était, hélas ! prévisible, Jen reste sur la lancée du retour de son côté obscur. Alors que Max doit faire face à tant de difficultés, ce travail représente une aubaine formidable pour lui, et voici que Jen veut qu’il détruise tout pour l’article qu’elle compte écrire (bonjour l’égocentrisme) et on ne sait quelle croisade qu’elle a lancée contre les hommes depuis la rencontre catastrophique avec Tim. Elle ne perçoit pas le soulagement que ne plus vivre à ses crochets représente pour l’homme qu’est Max. Comme le souligne très bien Max, en profondeur Jenny n’a toujours pas intégré que lui se perçoit totalement comme un homme. La détérioration se poursuit (grand numéro ici aussi, bien glacial, de Mia Kirshner). Mais si tout ces histoires, aussi fortes soient-elles, paraissent falotes en regard de l’action principale, il n’en va pas de même du drame se nouant entre Tina et Bette, preuve supplémentaire de l’intensité particulière de ce couple, en toutes situations. Bette reçoit un vrai coup de poignard avec cette scène de la photo, où elle perçoit clairement le fait qu’Angelica appartient désormais à une autre famille. Jennifer Beals restitue admirablement la douleur de son personnage mais aussi sa révolte, ce que ne perçoit pas Tina. Celle-ci a le tact de paraître embarrassée sur la photo mais laisse la chose se perpétrer. De plus, elle ne propose visiblement que par courtoisie à Bette de les accompagner, tandis qu’il reste incroyable qu’Henry soit le seul à féliciter celle-ci pour son nouveau poste. Visiblement aucune des deux n’a vraiment envie de lutter pour leur couple, comment a-t-on pu en arriver là ? Bette reste une battante mais se lance dans un combat purement insensé, la garde exclusive d’Angelica pour des raisons sociales assez douteuses (visiblement il s’agit d’une stratégie désespérée plus que d’une conviction). La voir balayer d’un revers de la main la souffrance que cela pourrait occasionner chez Tina paraphe la mort clinique de leur couple. Un mantra : il reste trois saisons, trois saisons, il reste trois saisons. On y croit encore mais c’est très froid, là. Cette situation bien glauque, qui promet un clash bien déchirant pour le final, permet cependant de retrouver l’épatante avocate incarnée avec panache par Jane Lynch. C’est amusant, on la trouve beaucoup plus sympathique depuis qu’elle se situe du côté de Bette… Last Dance constitue l’un des plus beaux hommages qu’une série ait jamais rendu à l’un de ses personnages phares, et pourrait presque nous faire admettre le bien-fondé de la mort de Dana. Presque. 12. LUNE DE FIEL
Après le chef-d’œuvre représenté par Last Dance, qui aurait pu idéalement achever la saison, l’on se demande initialement à quoi va bien pouvoir servir Left Hand of The Goddess. Très clairement à faire en sorte que les personnages en bavent encore un peu plus (pour la route) et à clôturer cette histoire de mariage entre Shane et Carmen, sinon plus… D’un point de vue fonctionnel, il lance également quelques pistes narratives laissant entrevoir ce que nous promet la section 4. S’il ressort globalement réussi, il ne constitue cependant pas le moment particulièrement excitant que doit représenter une conclusion de saison, souffrant de plus terriblement de la comparaison avec l’épisode précédent. On a plus l’impression, renforcée par sa localisation géographique particulière, qu’il s’agit d’un récit à part, intercalé entre deux saisons entre lesquelles il bâtit un pont, mais pas d’un final. Six semaines se sont déroulées depuis la cérémonie mortuaire, le temps pour les filles de reprendre leur vie. Enfin ce n’est pas le cas pour Alice, visiblement incapable de sortir de ce chagrin qui la mine. Elle se remet aux psychotropes, tente de percer la bulle l’environnant par une recherche désespérée de sensations toujours plus accentuées avec Lara. Une grande peur du sentiment amoureux (et de la souffrance qu’il véhicule parfois) semble l’avoir saisie. Rien ne fonctionne. Et pourtant la rencontre bien providentielle avec la « préposée aux mariages gays » (sic) la pousse à ouvrir son cœur à Lara mais là, c’est Lara qui soudain a quelque chose à lui dire. L’épisode s’amuse à ne pas nous révéler de quoi il s’agit, mais cela semble assez vain et inutile. Il paraît évident que Lara décide, elle, de poursuivre sa vie et qu’elle va donc quitter la série. Un cliffhanger en forme de pétard mouillé. Une bonne nouvelle tout de même : Alice, contre toute vraisemblance, a conservé son émission radio. La saison prochaine nous réserve certainement d’excellents moments autour de ce qui représenta l’une des rares sources d’humour souvent irrésistible de celle qui s’achève. À côté d’un essayage de robes de mariées effervescent et joyeux, mais pas d’une originalité folle, on suit Shane à la découverte de son père. Ce segment-ci de l’épisode apparaît, lui, parfaitement réussi et intense. D’abord parce qu’en nous faisant pénétrer dans une Amérique profonde et modeste, il nous ouvre d’autres horizons que celui de West Hollywood, que l’on adore mais qui risque de devenir répétitif. Avec Last Dance on a pris goût à la liberté et à voir les filles s’extirper de leur cocon californien. Le déplacement au Canada ira d’ailleurs également dans ce sens. Surtout, Kate Moennig apporte toute son expressivité à ces moments intenses que vit Shane, notamment lors des retrouvailles et de la révélation de son homosexualité. On découvre aussi un double guesting d’enfer, apportant, lui, quelque peu l’impression d’un final. En effet le père de Shane n’est autre que… Eric Roberts (excellent). Une nouvelle figure des 80’s (pas seulement) dans la série, et bien connu des amateurs de séries SF pour avoir interprété le Maître, l’archi-ennemi du Docteur. De plus il se voit accompagné de Sarah-Jane Redmond, la méchante de Shizogeny (The X-Files), mais aussi Lucy Butler, l’adversaire récurrente de Frank Black dans MillenniuM, entre autres nombreux rôles dans des séries fantastiques. Autant dire que l’on est à la fête ! Par la suite l’intrigue de l’épisode connaît une certaine maladresse. La grande interrogation que sous-tend cette histoire reste bien entendu si Shane va aller jusqu’au bout. Or avant d’en arriver là, une fois passée la découverte du merveilleux paysage, il nous faut subir une longue plage figée, assez bavarde, lors de l’interminable journée précédant l’évènement. Or, à une exception près, il ne s’y passe pas grand-chose de neuf. On se promène beaucoup de couloirs en couloirs, on fait minutieusement le tour des attractions offertes par la station, genre dépliant touristique. On conclue cette histoire de toile d’une manière un peu gadget et inutile. On s’ennuie légèrement, en regrettant la verve des Bronzés font du ski (on rigole bien quand Bette et Helena se retrouvent coincées sur le télésiège, Étoiles des neiges…). Dana, avec Alice, aurait tellement dynamisé tout ceci. Jenny apparaît de plus en plus imbuvable, prenant tout de haut comme une vraie rebelle (de pacotille). Sa pulsion négative se poursuit, dont Max fait malheureusement les frais, il faut voir avec quelle précision elle démolit ses espérances d’être un jour un homme « comme les autres » au dancing, un vrai crève-cœur. Le Monde Merveilleux de The L Word frappe un grand coup : Jen est assise à côté d’une femme, et voici que l’on découvre successivement qu’elle est très belle, journaliste, lesbienne etc., autrement dit l’idéal de l’actuelle Jenny. Elle n’est pas belle la vie ? Cela nous vaut une scène d’amour sensuelle et très belle esthétiquement, mais Élodie Bouchez, qui poursuit son aventure américaine après Alias, ne force pas son talent. Et puis l’on retrouve ses discours pseudo littéraires plombant régulièrement les dialogues. Visiblement Max n’attire plus Jen, qui semble découvrir qu’elle aime uniquement les femmes. Bien la peine de lui injecter des hormones. Tout ceci n’est guère passionnant, on souhaite bonne chance à Max car le couple ne va visiblement pas aller beaucoup plus loin la saison prochaine. Helena ne fait pas grand-chose, hormis la mécène, cherchant toujours à acheter l’affection, quoique sur un mode bien plus chaleureux et sympathique que précédemment. La voir K.O. debout quand sa mère lui coupe les vivres reste l’un des moments les plus drôles de l’épisode, tout en annonçant une excellente idée narrative pour la prochaine saison. Autre point fort, la soirée d’enterrement de vie de jeune fille de Shane, assez émouvante avec le discours d’Alice, plus réussi que celui de Jenny. Malheureusement ce beau moment se voit en partie saboté par la prestation calamiteuse de deux rappeuses. Straight or gay, le rap ne passera pas par moi. Le plus irritant demeure à quel point Carmencita apparaît marginalisée dans cet épisode racontant tout de même son mariage. Après l’essayage et une réconciliation attendrissante sinon crédible avec sa famille, avec l’excuse bien pratique des traditions, zou, Carmen disparaît totalement jusqu’à la cérémonie. On adore Shane, mais que l’épisode soit à ce point déséquilibré entre elle et sa compagne lui reste préjudiciable. Cela annonce également une conclusion se voulant choc. Et puis ce brusque retournement du père envoyant balader d’un coup toute sa vie paraît artificiel, en tout cas insuffisamment explicité. Quant à Shane estimant que, par mimétisme, elle va fatalement détruire son mariage, c’est très puéril et fabriqué, on n’y croit pas du tout. Pour expliquer cette faillite des noces il aurait été nettement plus judicieux d’en rechercher les causes parmi les failles existant dans le couple, plutôt qu’une intervention externe peu concluante. Au total Shane sabote tout, et sans doute sa relation avec Carmen. Celle-ci déclarant vouloir retourner dans sa famille augure mal de l’avenir, voici une bien mauvaise nouvelle que nous apporte cet épisode. Le pire réside dans le fait que Shane ne vient même pas l’annoncer elle-même, se contentant d’envoyer Alice au charbon, elle qui a dû déjà essuyer son comptant de galères cette saison. Par contre Sarah Shani est réellement bouleversante au moment où tout s’écroule autour de son personnage. Heureusement, quand tout le reste semble un peu terne, il nous reste Tina et Bette. Alors que l’on croyait tout perdu et que Bette, telle une Diabolical Mastermind des Avengers, continuait à tramer sa conspiration de la vengeance qui tue contre Tina (hou ! pas bien !) voici que la générosité et l’amitié de Shane leur offre une nouvelle chance d’au moins améliorer leur relation. Mais finalement, tel un boomerang, son complot rattrape Bette qui ne peut arrêter la mécanique infernale (Bette et l’avocate auraient tout de même pu attendre le retour du mariage pour lancer la machine). Et voici que Tina devient folle de rage à son tour et qu’en représailles elle veut stopper l’adoption d’Angelica ! Alors ça, c’est du feuilleton, les amis, avec de grandes actrices et sur le grand air de la tragédie classique (le destin balaie la volonté des humains). Et pourtant, on peut y voir une espérance car c’est l’occasion pour Henri de dévoiler son vrai visage, odieux. En substance il passe royalement l’éponge sur le passé gay de Tina, mais toute trace doit en disparaître, comme le lien entre Bette et Angelica. Comme l’affirmait Tina au Dragon à roulettes, il ne dirait pas du tout la même chose d’une famille hétéro recomposée. Mais c’est très bien, il semble triompher, mais il montre sa personnalité, bien plus réac et petite que ce que l’on supposait. Ce qui signifie que cela ne va pas durer la saison prochaine avec Tina, à qui l’on fait tout de même confiance là-dessus (et puis il ne faut pas désespérer les bataillons de fans lesbiennes de la série). Ce qu’il y a de fascinant avec Tina et Bette cette saison c’est qu’à chaque nouvel épisode on pense avoir atteint le fond, mais elles s’activent avec des pioches pour creuser toujours plus profond. Avec Last dance on pensait avoir touché le granit, mais non, elles sortent la dynamite pour fracasser la roche et poursuivre. Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec Bette fuyant dans la nuit après avoir enlevé Angelica. Grâce à elle Left Hand of The Goddess bénéfice au moins d’un vrai cliffhanger, concluant avec intensité cette saison et lançant la nouvelle avec suspense. On espère que Joyce ou les copines vont calmer nos deux lionnes avant que tout cela ne tourne au vrai drame, mais en même temps on compte sur elles pour continuer à produire autant d’étincelles ! Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
SAISON 5
1. Lutte d'influence (LGB Tease) 2. Luxe et langueur (Look Out, Here They Come!) 3. Lady à l'eau (Lady of the Lake) 4. Lançons la fête (Let's Get This Party Started) 7. La Loi du Talion (Lesbians Gone Wild) 8. Ligne de conduite (Lay Down the Law) 9. Liens caniculaires (Liquid Heat) 10. Le cycle de la vie (Lifecycle) Cette cinquième période paraît plus inégale que les précédentes. En effet alors que jusqu’ici chaque saison apportait un véritable renouvellement dans les intrigues de la série, voire dans son atmosphère générale, celle-ci se contente de continuer les grands axes issus de la précédente (tournage de Lez Girls, chemin vers la réconciliation de Tina et Bette, les démêlés de Tasha et Alice), sans réellement marquer d’inflexion de l’ambiance générale, désormais plus proche des soaps traditionnels. Les quelques créations de la saison 5 ne convainquent guère, telles Nikki et Molly, ainsi que leur relations assez peu captivantes avec Jenny et Shane. Le même manque de réussite s’observe dans les tentatives d’évolution des personnages, dont Shane retombant de façon désespérante dans ses travers de toujours, après avoir connu une progression intéressante avec son demi-frère, ou Alice, moins sympathique qu’à l’accoutumée en seconde partie de saison. La saison souffre plus généralement d’usure, The L Word semblant connaître des difficultés à innover, après avoir exploré l’essentiel de ce que son modèle, quasi uniquement basé sur le relationnel, avait à offrir. Néanmoins cette saison 5 n’est pas synonyme de crépuscule, il s’en faut de beaucoup. Le savoir-faire des auteures, mais aussi des réalisatrices demeure intact, conférant un véritable intérêt à cette poursuite de fils narratifs. Le tournage de Lez Girls séduit par son atmosphère électrique, mais aussi par sa relecture originale de la saison 1, non exempte d’une évocation de l’aventure The L Word elle-même. La longue marche vers la résurgence du couple Tina-Bette se montre, la plupart du temps, fort joliment narrée. Il en va de même pour ce duo passionnément conflictuel formé par Tasha et Alice avec, en point d’orgue, une évocation éloquente et bien ajustée du refus de l’homosexualité par l’armée américaine, alors en pleine actualité. La saison parvient tout de même à susciter deux adversaires à nos héroïnes, la véhémente Dawn Denbo (and her lover Cindy) et l’énigmatique Adèle, qui, chacune dans son genre, vont parvenir à pimenter l’intrigue. Et les fondamentaux de la série perdurant dont l’humour souvent acidulé et surtout cette humanité sensible des personnages, les rendant captivants jusqu'en leurs errements. Surtout, les actrices apparaissent toujours aussi talentueuses et impliquées avec, particulièrement mis en évidence cette saison, l’épatante Mia Kirshner et le duo si fusionnel de Laurel Holloman et Jennifer Beals. En définitive, si la saison, c’est vrai, nous laisse plus partagés qu’à l’ordinaire, l’essoufflement de la série apparaît loin d’être généralisé. The L Word continue à représenter le plus prenant et audacieux des dramas sentimentaux contemporains. Après la traditionnelle et réussie séquence souvenir de la saison précédente, l'épisode démarre sur les chapeaux de roue avec cette hilarante écriture d'une page de Lez Girls par une Jenny clairement sauvée des eaux. Jen demeure visiblement sur la lancée de la saison 4, très satisfaite d'elle-même et se délectant de passer au vitriol ses amies. Si on peut ne pas apprécier le personnage, il faut reconnaître que son travail se montre hilarant, aidé il est vrai, pas des comédiennes s'amusant beaucoup à varier leur personnage (tiens, on aura au moins vu Bette et Tina ensemble cette saison...). L'ahurissant succès de Lez Girls se comprend mieux, de même que la colère des filles ! On se prend à songer fugacement au Milagro des X-Files et à se dire qu'il est heureux que Jenny ne soit pas Padgett, car The L Word deviendrait vraiment bizarre ! Comme à chaque saison, la découverte du générique nous apporte quelques enseignements. Tout d'abord, la série semble mettre la pédale douce sur la création de nouveaux personnages. Tant mieux, elle s'était montrée quelque peu prolixe là-dessus et approfondir l'existant constitue l'option la plus judicieuse. Ironie du destin des personnages de série télé : alors que Tasha semblait sur le point de partir pour l'Irak elle reste dans la série, et c'est Papi qui disparaît ! Les auteurs tirent les conséquences de la période écoulée, Papi donnait l'impression de ne plus avoir grand-chose à exprimer, il en va très différemment pour Alice/Tasha. Angus s'évanouit pareillement, de manière expéditive même si justifiée, car Long Time Coming Up montrait une réconciliation en cours avec Kit (celle-ci miraculeusement guérie de l'alcoolisme...). Hélas le vaste mouvement de bascule de l'univers de la série ne s'arrête pas là, la caractéristique majeure de LGB Tease étant d'accumuler les rebondissements les plus invraisemblables, visiblement forgés de toutes pièces pour relancer le récit dans d'autres directions, parfois au mépris de la vraisemblance la plus élémentaire. On était près à admettre que Shane reculasse en définitive devant la perspective de vivre en couple avec Paige. Mais le modus operandi s'avère vraiment consternant, non crédible. Non crédible, parce que, même pour Shane, c'est énorme, on peut ici parler de pathologie. Sans même parler du gamin se trouvant sur les lieux et pouvant tomber sur le théâtre des opérations (c'est bien pire qu'Hélèna en saison 2). C'est également négatif car tout au long de la saison 4, notamment avec Shay, on a aimé voir émerger une nouvelle Shane, plus mure et responsable. Or ici on assiste à un total retour en arrière. Dès lors quel crédit peut-on accorder à ce que raconte la série sur l'évolution psychologique de ses personnages, s'il suffit d'un claquement de doigts pour effacer le chemin parcouru ? Cette histoire parvient à aller encore plus loin dans l'absurde et la facilité, avec l'incendie du Wax, qui ne correspond en rien à ce que l'on nous a montré de Paige jusqu'ici. C'est vraiment lourd, même si non dénué d'humour (involontaire ou non) car l'une des deux armes de prédilection de la Terminatrice était précisément le lance-flammes... On voit bien que les scénaristes ont désiré que Shane retrouve sa liberté afin de pouvoir la projeter dans une toute autre direction et sortir Paige est positif en soi, mais y aller à la hussarde et en saccageant le travail accompli reste inadmissible. Pareillement ahurissante demeure la succession d'évènements autour du tournage de Lez Girls. Cette histoire de Jenny voyageant au Mexique (on n'ose comprendre que cela soit suite à sa dérive nautique de fin de saison), y rencontrant un milliardaire vaguement excentrique en pinçant pour elle et assurant le financement du film (excellent Wallace Shawn), c'est du n'importe quoi massif. Et on ne parle même pas du bagage technique important dont doit disposer un metteur en scène, et dont Jen est évidemment dépourvue. On tient ici un conte de fées aux relents de cauchemar (pour Tina). On regrette aussi le départ précipité de Kate, qui avait gagné en intérêt en tout fin de saison. Surtout, on tient toujours ici la même Jen mégalomane, dingue et odieuse que précédemment, voire accentuée. Mia Kirshner, en roue libre, se montre aussi épatante qu'à l'accoutumée sur ce créneau, mais l'on craint fort que ce registre d'humour, divertissant sur quelques épisodes, ne finisse par lasser au fil d'une saison dont Jen se présente comme un élément central. Ce n'est pas la première fois que The L Word use complaisamment de l'intersaison pour se réorienter, mais là on tire vraiment sur la corde. On espère néanmoins que les différentes étapes de la production se montreront aussi bien explicitées que précédemment Une autre usure d'un ressort comique se distingue chez Hélèna. On se retrouve toujours face à la litanie des malheurs, toujours plus accentués. On se lasse de cet acharnement. Qu'elle échoue en prison après son vol n'apparaît pas absurde en soi, mais tout de même bien vif après une période n'excédant pas deux ou trois semaines. Quid du procès, ou d'une intervention de Peggy Peabody ? Le fait que celle-ci reste toujours aussi injoignable depuis la conclusion de la saison 2 est un peu gros. L'intérêt de cette histoire proviendra de la relation se développant entre Hélèna et sa compagne de cellule (depuis Bette et Candace on sait que dans The L Word bien des choses peuvent y survenir) mais, pour l'heure on a surtout droit aux clichés sur les prisons pour femmes, maintes fois vus ailleurs. Et, dans une prison, aucun visiteur ne passe jamais par les cellules, c'est absurde et juste écrit pour l'effet. On n'est pas emballé non plus par la trajectoire parcourue par Phyllis. Outre Cybill et sa fantaisie, l'intérêt du personnage sur la fenêtre ouverte sur une autre population que celles du Planet, plus mûre. Cela semble donc un contre-sens de voir se prolonger un jeunisme peu crédible chez Madame la Vice-Chancelière. Et puis sa fille se montre crispante au possible, médiocrement interprétée par Clémentine Ford, elle nous tape déjà sur les nerfs. Heureusement, malgré ces évolutions agencées à la truelle, les valeurs sûres perdurent. On adore le passage du podcats (Alice in Lesbo Land, sic) entre Max et Alice à propos des relations semble-t-il complexes entre trans et lesbiennes, Max parle juste, sans emphase, et on peut compter sur Alice pour instiller l'humour nécessaire à ce que le passage ne prenne pas la tournure d'un pensum. Voir Alice verte de jalousie quand Phyllis explique que leur relation était « sympa » est un pur délice. À travers elle, la série semble effectuer son mea culpa à propos de la mise à l'écart quasi continuelle de Max la saison dernière, c'est positif (pas un mot pour Tina...). On apprécie bien l'intégration renouvelée de Max au groupe, tout en espérant qu'il ne se limite pas à camper le gars sympa derrière la caméra. Beaucoup d'émotion également dans la communication entre Alice et Tasha. Après le retour surprise de celle-ci, on se demande comment les Instances Supérieures vont se débrouiller pour maintenir la militaire auprès d'Alice. Et puis, bien entendu, Tina et Bette poursuivent leur délectable partition, entre regards et expressions plus éloquents que des discours. Le passage de maternelle est très complice et amusant, la grosse engueulade la saison dernière sur ce sujet n'était décidément pas si méchante... La scène de la piscine se montre à la fois sensuelle, drôle et acidulée. Quand elle et Tina (Jennifer Beals et Laurel Holloman) se retrouvent ensemble, quelque chose se passe à l'écran, il s'agit décidément de la plus belle réussite de The L Word et, par son intensité, le couple apparaît vraiment au-dessus du lot. Bon, vu à quel point on en est déjà rendu, on se dit que cela ne va pas rester longtemps en l'état. Tina, très touchante, ses sentiments sont évidents, tient le bon bout. Jodi, ses ferrailles et ses bouts de bois, sont assis sur une bombe dont une étincelle va infailliblement allumer une mèche plus ou moins longue. On ne se lamente pas franchement pour elle, d'autant qu'elle constitue un vivant portrait de ce qu'elle reproche à Bette. Et puis, faire une table ce n’est pas non plus régenter l’univers, tout de même. Ce pilote de saison, taillé à la serpe, ne prédispose pas forcément en faveur de la saison 5, mais le roman Tina/Bette se montre toujours aussi gouleyant à suivre. Il devrait constituer l'axe fort du récit sur la période, avec ce tournage déjà haut en couleurs de Lez Girls. 2. LUXE ET LANGUEUR Tout comme le précédent, l'épisode débute par une très amusante scène jouant sur le contraste entre le monde réel et celui fantasmé par Miss Schecter. À l'instar jadis du producteur de Mark, Aaron veut plus de sexe entre lesbiennes, et peu importe la vraisemblance. Cela semble une constante à Hollywood... Outre les amusantes apparitions de couples tous plus improbables les uns que les autres dans un décor quasi vide à la Matrix (on est vraiment dans le virtuel), le passage vaut pour les commentaires de Jenny et Tina, très révélateurs du regard qu'elles portent sur leurs amies. Et Jen en a visiblement toujours après Tina ! On assiste aussi à une mini mise en abyme, sans doute involontaire, car l'on se dit que c'est un peu pareillement que les auteurs travaillent durant l'intersaison, en cherchant qui va se connecter avec qui... À la suite, Look Out, Here They Come ! va se révéler quasi totalement orienté vers la comédie, à l'exception de Alice/Tasha. On ne s'ennuie pas, car l'humour se montre souvent au rendez-vous et parce que les actrices se révèlent toujours épatantes dans leur interprétation de personnages que l'on aime bien. Par contre les grands moments de tension ou d'émotion, qui participaient également à l'originale identité de The L Word, brillent par leur absence. Si quelques destinées individuelles se sont vues redistribuées, on demeure globalement sur la lancée de la saison 4, l'impression de renouvellement se ressent nettement moins que lors des périodes écoulées. Plaisante, souvent pétillante, mais dépourvue d'intensité, la série prend des allures de soap quatre étoiles. On discerne clairement que, si les auteurs ont employé l'artillerie lourde pour libérer Shane des conséquences de la période écoulée, c'était pour mobiliser sa liberté retrouvée au service de cette inclination vers la comédie constituant pour l'heure la seule vraie entreprise de la présente saison. Son épopée avec les trois filles et l'épouse de William se montre en effet très drôle, même si un peu théâtralisée. On retrouve complètement la Shane de la saison 1 et ses embrouilles, même si la totale oblitération des expériences passées demeure un peu artificielle. Le passage se déroule de plus dans une grande demeure absolument splendide et ornée avec le meilleur goût, ce qui ne gâche rien. On se demande à qui Shane fait allusion quand elle déclare à la mariée qu'elle lui rappelle quelqu'un ? Après tout elle n'a pas vraiment vu Carmen ainsi habillée... L'annonce de l'intégration de Shane au staff de Lez Girls centre encore davantage l'intrigue sur ce tournage. Jenny s'en tient à sa personnalité détestable et ridicule, mais il faut avouer que Mia Kirshner réalise ici une authentique performance. Elle parvient à rendre toujours hilarant son personnage de cinglée égocentrique, ce qui ne semblait pas évident à première vue. Reste à savoir si elle pourra maintenir l'exploit sur toute une saison. Pour l'heure l'air affligé de Tina fait toujours mouche ainsi que les péripéties suscitées par les auteurs. Jenny passe la démultipliée avec l'entrée en lice d'Adèle, groupie absolue de l'écrivaine. Adèle fait nettement songer à la Jen de la première saison, reste à savoir si cette dernière sera sa Marina ! Espérons aussi que cela permettra de libérer Tina pour autre chose... La même Tina amuse elle aussi, par sa manière de saboter ses rendez-vous avec de sémillantes jeunes femmes (ne parler que de Bette et Angélica), au grand désespoir d'Alice s'étant déclarée en croisade pour lui trouver quelqu'un. Tout ceci divertit mais reste un tantinet inconsistant, ce n'est pas vraiment ce que l'on a envie de voir concernant Tina/Bette. Il faut dire que cela faisait longtemps que l'on avait aussi peu vu Bette dans un épisode. Elle se limite à quelques apparitions, permettant de constater au passage à quel point aucune alchimie n'existe dans le couple Jodi/Bette. On dirait ce bois sec que l'artiste utilise pour ses « créations ». Stand up, Bette ! Look Out, Here They Come ! exprime l'amour véritable existant toujours ressenti par Tina pour Bette, tandis que cette dernière a l'œil bien rivé sur les éphémères rencontres de son ex. Mais l'action traverse un calme plat. Les auteurs s'essaient pareillement à l'humour avec les mésaventures d'Hélèna en prison. Malheureusement la cascade de clichés se poursuit (la scène des douches...), ensevelissant ce que la personnalité de l'héroïne pourrait apporter comme originalité. Il en va de même pour sa liaison avec sa codétenue, The L Word ressasse des poncifs mis en scène maintes fois ailleurs (déjà dans Drôles de Dames...), sans insuffler suffisamment de spécificité. Sur ce point on peut clairement lui préférer Les Condamnées ou Capadocia. On éprouve comme une nostalgie de Candace... L'arrivée de Kit dans le couloir des cellules représente par contre une joyeuse référence, soulignée par la musique, à ces films 70's de la Blaxpoitation dont Pam Grier fut la reine incontestée et où elle apparut à plusieurs reprises en prison (Women in Cages, The Big Doll House, Black Mama-White Mama, The Big Bird Cage...). Un nouvel emprunt réussi de la série à la pop culture des années 70/80, d'autant que Pam Grier joue le jeu à fond, y compris durant sa discussion avec Hélèna. Le couple Phyllis/Joyce, même si dans la tempête, tient ses promesse en matière de tonus et de fantaisie. Cybill Shepherd et Jane Lynch, en roue libre, se complètent à merveille tandis qu'il s'avère particulièrement divertissant de découvrir Phyllis inverser ce qu'elle a connu avec Alice et Terminatrix Joyce prise aux filets de la passion amoureuse. Qu'elles restent ensemble, ce serait dommage de saboter une telle association. Max/Tom, il faut voir, cela se montre bien anodin pour l'instant. Le seul passage plus âpre et ressortant davantage du drame provient du couple toujours si apprécié Alice/Tasha. Le procès en lesbianisme de Tasha apparaît comme une astucieuse idée pour la faire demeurer dans les parages, tandis qu'il exacerbe les confrontations d'opinion entre les deux compagnes. La manœuvre est intéressante d'un point de vue dramatique car une bonne part de l'intérêt de Alice/Tasha résulte de ce clash frontal et perpétuel, où chacune réalise des efforts parfois quasi désespérés pour intégrer la façon de voir de l'autre et sauvegarder leur si belle relation. On pense à l'affirmation de Kit durant la saison 1, selon laquelle l'amour dépasse toutes les différences, on tient là une démonstration ouverte et captivante sur ce thème. Pour l'heure Alice accepte tant bien que mal que Tasha veuille se battre pour une institution la forçant à se renier, et Tasha se contraint à s'ouvrir davantage au monde de sa partenaire de vie. L'épreuve est franchie mais l'avenir demeure à écrire. On ne pourra certes pas reprocher à ce premier quart de la saison d’avoir raté ses introductions d’épisode. Ce pastiche lesbien du mythique Drôles de Dames se montre gonflé, bourré d’humour et sexy en diable. Une vraie réussite, même si les amateurs de la série d’Aaron Spelling pourront tiquer devant l’aspect nunuche donné aux pseudos héroïnes. Et oui, audacieux en son temps, les Anges de Charlie contiennent néanmoins des clichés sexistes les datant terriblement aujourd’hui. Le passage (résultat d’un concours d’écriture ouvert aux fans) joue également habilement du caractère (sexualité) des héroïnes de The L Word, cette surexposition des personnages titille astucieusement le spectateur. Un coup de chapeau pour le staff car les looks se montrent également performant, on reconnaît aisément Jill, Sabrina, Kelly, Bosley en Alice, Shane, Hélèna et Tina. Les actrices s’en donnent à cœur joie, à commencer par Rachel Shelley, qui a dû fumer avant le tournage, ce n’est pas possible autrement. Malheureusement on déchante après ce brillant lancement car la saison 5 retombe vite dans ses travers. Plus encore qu’au début de la précédente, on assiste à une atomisation du récit en de multiples scènes composant autant de tranches de vie certes amusantes, mais signifiant au total un surplace massif de l’action. On s’aperçoit que la saison capitalise sur les personnages et leur caractère, ainsi que sur la complicité établie avec les spectateurs, mais stagne en ne créant quasiment aucune intrigue véritable. Arrivée déjà à son premier quart, on constate que les seuls axes de la narration (Tina/Bette, Lez Girls et Alice/Tasha) sont directement issus de la quatre, alors que les deux premiers de ces éléments paraissent presque en friche durant Lady of the Lake (titre français nullissime par ailleurs). Avec une Jenny apparaissant très peu à l’écran (mais se débrouillant toutefois pour apparaître crispante au possible), Lez Girls n’avance pas d’un pouce, alors que l’on désire vraiment que débute ce tournage dont on entend parler depuis si longtemps. De même Tina/Bette et Jodi ne progresse que par ce week-end à la campagne. Le passage, hormis l’hilarant bain forcé de Bette, ne sert qu’à souligner les différences de caractères et d’environnement existant entre les deux femmes. Si on apprécie que la série ait la finesse de ne pas se montrer manichéenne, (Bette ne sortant pas épargnée de l’aventure), on se fatigue du statu quo et de voir Bette singer ce qui ressemble fort à de la soumission à Jodi, ainsi que Tina se morfondre, y compris au sein d’une liaison passagère avec sa cardiologue (Tina a le cœur qui souffre, c’est certain). Il est grand temps que les auteurs se décident à bouger les lignes. Autrement consistante apparaît l’histoire d’Alice et Tasha, cette dernière étant singulièrement mise en valeur grâce à une forte et émouvante composition de son interprète. Tasha se montre bouleversante dans l’expression de son engagement et de sa fierté d’être militaire, parvenant semble-t-il à émouvoir son avocat, assez borné jusqu’ici. Rose Rollins exprime avec conviction et sensibilité l’apparente détermination de Tasha et le désespoir qui la ronge sous la surface. Alice assiste admirablement sa compagne, il est judicieux de la voir soutenir la solide Tasha. Alors que leurs différences et leurs empoignades s’estompent logiquement face à l’épreuve qui s’approche, on assiste au passage le plus émouvant de l’épisode quand Tasha refuse qu’Alice s’éloigne, malgré l’enquête en cours ; tout cela sonne très juste, et Alice/Tasha demeure le segment le plus convaincant de cette saison. Le reste de l’épisode est rempli d’un salmigondis de scènes de réunion (Planet, salle de gym, maison, restaurant…) certes le plus souvent amusantes mais ne développant aucune action, ou presque. Shane décidant de s’interdire tout contact sexuel pour éviter les problèmes, c’est distrayant et bien interprété, mais reste limité. La série joue sur les traits des personnages et leur capital de sympathie acquis auprès du public mais oublie de développer une histoire prenante et crédible. Les podcasts d’Alice restent une bonne idée grâce à l’abatage de Lesha Hailey, mais celui de Phyllis apparaissait plus enlevé et original que celui de Jodi. Tom et Max cela se développe gentiment, on apprécie davantage le retour de la charmante Grace, dont l’absence inquiétait et qui démontre toujours une belle complicité avec Max. Joyce et Phyllis, toujours épatantes, poursuivent leur pas de danse, tandis que Bette tente désespérément de s’en mêler le moins possible. Autant d’historiettes sympathiques et drôles individuellement mais qui s’agrègent en un ensemble disparate et trop éclaté pour pouvoir faire progresser le récit. On note tout de même l’annonce d’une course de vélo organisée au profit de la lutte contre le cancer du sein. Cela touche par la référence explicite à Dana et par la perspective d’un de ces épisodes spéciaux que l’on apprécie vivement, se déroulant hors de West Hollywood. Mais la partie la plus décevante de l’épisode dans le lac concerne Hélèna. Cela débute par de nouveaux poncifs des films et séries de prison, cette fois le trafic de cigarettes (quel catalogue !). Survient enfin Peggy, mais voici qu’Hélèna ne veut plus sortir car elle aime sa compagne de cellule, et ne veut pas bénéficier de privilège. Quelle vaste blague, quand on peut sortir de prison, on en sort et plus vite qu'au pas. S’ensuivent des péripéties au terme desquelles Hélèna décide de s’extirper du giron maternel protecteur, et, toujours en ayant la justice aux trousses, de s’enfuir, de récupérer son magot planqué on ne sait où, de s’en servir pour faire sortir Dusty de prison (comment ?) puis de partir avec elle vivre de la terre sur une île du Pacifique. Et de s’en aller fièrement du Planet. Tout cela s’est dessiné en deux épisodes. Euh… En fait on perçoit clairement que les auteurs ont intégré qu’ils avaient déjà beaucoup de personnages, qu’Hélèna n’a sans doute plus grand-chose à raconter et que tout ce salmigondis cousu de fil blanc est uniquement destiné à la faire sortir (durablement ?) de la série, tout comme son exil en prison, mais de manière plus accentuée et prolongeable. Pour parvenir à ce brillant résultat on emploie les même méthodes que lors du pilote de saison, on y va à la hache : Peggy est brusquement rendue antipathique et les malheureux enfants d’Hélèna se voient de nouveau annihilés. Elle n’a pas une parole pour eux, aucun désir de les revoir, avant de partir pour sa cavale. Quelle désinvolture dans l’écriture, vraiment. So long, Hélèna ! Et oui, lançons la fête, car après un certain surplace la saison 5 se décide en fin à ouvrir les chantiers laissés en friche : la production de Lez GirlsThe Movie débute enfin, de manière très divertissante et… il se lève un vent mauvais pour Jodi Lerner avec le retour, superbement agencé, de Tina/Bette. La série semble ici trouver un second souffle. Après une succession de concepts originaux ou totalement décalés, la scène d’introduction se rapproche du cours du récit, mais en demeurant percutante et franchement drôle. Ce casting évoque furieusement les célèbres casseroles de la Nouvelle Star, par la nullité crasse des actrices (même Nikki, ce n'est pas le Pérou....) et par le show du jury. Le passage indique clairement la césure qui devrait, si tout va bien, faire de ce tournage un joli duel au soleil : Tina veut produire le meilleur film possible et Jenny, outre l'exaltation de soi, prendre une revanche sur la vie en général et sur Tim, Marina et Francesca en particulier. La voir retenir celle qui balance la plus forte torgnole à « Karina » est assez irrésistible. On attend le casting du probablement seul acteur masculin du film... Danny de Vito ? L'épisode indique d'entrée son élévation qualitative par la meilleure scène de groupe de la saison, nettement supérieure à celles proposées dans Lady of the Lake. Cette séance d'autodéfense (un must pour les personnages féminins des séries américaines) crépite de bout en bout, grâce à d'excellents dialogues et à de bonnes vannes acidulées entre amies (il faut voir Alice ainsi que Tina et sa liaison, ainsi que la cure de chasteté de Shane). Elle prolonge également la séquence Lez Girls avec une nouvelle querelle Tina/Jenny, qui nous fait le même type de mini crise de nerfs que lors de la critique défavorable de son personnage. Mia Kirshner assure toujours le spectacle. Par la suite on rit franchement de la colère rouge vif d'Aaron. De mielleux et obséquieux envers Jen, il est ensuite devenu plus irrité, avant d'exploser totalement ici. Et oui, notre Jenny fait cet effet-là aux hommes, aux femmes aussi. Seul bémol, la rencontre de conciliation entre Nikki et Jenny (orchestrée par une Adèle qui, mine de rien, cache bien son jeu), sonne faux, car trop appuyée et démonstrative, de plus médiocrement interprétée par Kate French. Comme, rendu à la cinquième saison, on a vaguement compris comment fonctionne The L Word, on voit venir gros comme une maison une relation Jenny/Nikki, et cela ne suscite pas réellement l’enthousiasme tant ce nouveau personnage, à l’épaisseur d’un papier de cigarette, se montre peu relevé. L’excellente scène de groupe que constitue ce cours permet aussi de mesurer à quel point la convergence entre Tina et Bette rend le statu quo insoutenable. Les deux femmes ont désormais toutes les peines du monde à contenir leur flamme, chacune l’exprimant à sa manière, Bette se maîtrisant globalement davantage mais se lassant aller à de brusques explosions (comme d’habitude). La scène mêle habilement humour et violence du sentiment. Comme un pendant terriblement symétrique lui fait face la froideur de la confrontation entre Jodi et Bette. Mezzo voce, jouant avec finesse du non-dit, le passage illustre le fossé béant désormais ouvert entre elles. Bette, au cours des épisodes précédents, a pu mesurer à quel point elle est différente de sa compagne et voici que le fondement de leur relation (la perception de l’art) diverge à son tour. Bette ne fait aucune déclaration mais Jennifer Beals sait admirablement exprimer par ses expressions l’ébranlement de son personnage. Et c’est ainsi que, solitaires et totalement décalées dans le festoiement festif du She-Bar, nos héroïnes finissent par se retrouver. L’instant apparaît particulièrement intense, on n'a tout simplement rien connu d’aussi fort dans la série depuis les derniers épisodes de la saison 3. Les deux actrices sont grandioses et transportent littéralement le spectateur dans ce moment totalement fusionnel. En couronnement les sanglots de Bette vont vraiment droit au cœur, tandis que la chanson se montre admirablement choisie, comme souvent dans cette série. Attention, grand moment à la X-Files dans The L Word, avec cette « visite » très à la Men In Black des deux militaires chez Alice. Le passage ‘avère réellement éprouvant, genre Scully nourrissant les poissons. Mais Alice n’est pas l’emblématique agent du FBI et, davantage ancrée dans la réalité, panique, commet des erreurs, demeure en quasi état de choc plus tard. Leisha interprète à nouveau magnifiquement son rôle. L’expression de l’émoi d’Al atteint son pic avec la destruction de la Toile originelle, véritable emblème de la série (on ressent à peu près la même chose que lors de la crémation du premier poster I Want To Believe), un choix audacieux. Cette forte histoire inspire visiblement les actrices puisque Rose Rollins impressionne à son tour lors de l’algarade chez son avocat. L’intrigue instaure d’ailleurs un habile parallèle entre le comportement des deux militaires et celui de Tasha, qui s’efface avec beaucoup de dignité dès qu’elle prend conscience de troubler une famille. On apprécie également le revirement de l’avocat, campant un homme positif (certes aiguillonné par son épouse…) au moment où la représentation masculine hétéro n’a jamais été aussi réduite dans la série (lui et Aaron !). The L Word a toutefois la judicieuse idée de ne pas cantonner ce couple au récit du procès. Alice peut ainsi être elle-même avec son site, mais aussi lors de cette soirée people gay ultra confidentielle, où bien entendu elle filme tout ce qu’elle peut avec son portable (étonnant qu’elle ait pu le conserver). Comme elle a promis une discrétion exemplaire à son hôte, on devine sans peine ce qui va advenir au prochain épisode… Si la saison exploite enfin pleinement ses trois axes narratifs principaux, Let's Get This Party Started comporte bien d’autres réussites. Un duo de concurrentes vient lancer une pierre dans le jardin de Kit, ce qui nous vaut une fort plaisante scène à la Godfather (Je vous souhaite bonne chance, d’autant que nous ne sommes pas en concurrence.). On tient ici un beau potentiel pour une rivalité, ce serait dommage que la série laisse passer l’occasion de donner quelque chose à exprimer à Kit. Pour l’heure celle-ci nous divertit avec un nouveau clin d’œil à ses périodes Blaxpoitation et Tarantino. Bon, on a déjà eu les voitures d’Ivan et la prison, mais, honnêtement, on ne s’en lasse pas. Jenny B. avait aussi eu droit à son revival Flashdance, apparaissant à l’ouvrage en bleu de travail dans l’atelier de Jodi, énorme. On se perd un peu dans les méandres de la sexualité complexe de Max, mais il demeure sympathique de le voir enfin heureux et épanoui entre Tom et Grace (incandescente au She-Bar, au passage). La série semble lui donner raison face à Alice dans la controverse Bi/Lesbienne, mais elle-même l’isole depuis la saison dernière, quoique que de manière plus discrète désormais. C’est assez ambivalent comme discours. Shane, avec la série de gags de sa cure de chasteté, amusante mais sans consistance, semble cantonnée à un second rôle cette saison. En renouant avec son caractère des débuts de la série, elle en retrouve également la place. Mais on lui doit deux superbes scène, celle de rupture du jeûne (spectaculaire dans son genre) et surtout le très beau moment d’amitié et de complicité avec Jen. Cette relation très profonde, un peu négligée durant la saison précédente, s’impose de nouveau. Si les autres filles s’accommodent plus ou moins bien de Lez Girls et de la nouvelle Jen, Shane reste la seule qui s’en moque éperdument. Par amitié, mais aussi peut-être parce que, à tout prendre, elle la préfère ainsi plutôt qu’en train de s’écorcher vive. Et nous aussi. Lookin' at You Kid est un épisode surprenant, par ses choix polémiques, par une évolution de Tina/Bette nettement moins fulgurante que ce à quoi l'on pouvait s'attendre après leurs retrouvailles, par l'exploitation du décor de scènes fondatrices de la saison 1. Il déconcerte ou parfois prend à contre-pied le spectateur. Cela ne constitue pas un mal en soi, mais ces péripéties connaissent un succès bien inégal. Lez Girls continue sa trajectoire et cet aspect du récit continue à intéresser. La présentation des interprètes est bien agencée, permettant au public de les comparer à leur modèle. Plutôt pas mal pour Hélèna, Marina, Shane ou Alice, pas du tout pour Tina ou Bette. Nikki ne représente pas Jen, mais la vision auto-glorifiée développée par celle-ci. Donc, elle convient. On s'amuse de voir l'acteur masculin (un crétin), fier « d'être le seul à représenter les mecs ». Il devrait lire plus attentivement ce que Jenny a sans doute concocté pour Tim. La "boum" (comme on disait au temps de Flashdance) en découlant s'avère le moment fort de l'épisode mais suscite des sentiments mêlés. Dans cette authentique party organisée par la production de The L Word (comme expliqué dans les suppléments), on apprécie l'ambiance véridique et survoltée, tandis le trio endiablé Leisha-Laurel-Kate crève joyeusement l'écran. Les confrontations personnages/interprètes divertissent, on pense au Hollywood des X-Files, en plus audacieux ou conflictuel, comme dans le cas de Bette. On goûte nettement que cette envolée soit due explicitement à de la drogue, présentée comme quelque chose de fun et festif. Ces « pot brownies » ont l'air tellement innocents, tellement conviviaux... En fait ils assurent une ingestion d'une quantité très élevée de cannabis, passant de plus directement dans le sang via la digestion. Par alleurs ils accompagnent idéalement la consommation d'alcool démultipliant l'effet de la drogue (et ses conséquences sur l'organisme). Les adeptes de la chose désignent parfois un « capitaine de soirée » sobre, chargé de gérer des comportements pouvant facilement devenir totalement irrationnels et dangereux, tant le shoot est potentiellement fort. C'est tout sauf rigolo, et voir une série télé en assurer ainsi la promotion, jusqu'à en exposer le mode d'emploi, est navrant au plus haut point, ainsi que dangereux. On croyait avoir atteint un pallier avec Weeds, The L Word va encore plus loin. Malgré cette apparence réjouie, une ombre plane sur Lez Girls en la personne d'Adèle, un choix scénaristique intéressant et innovant pour la série. Elle apparaît de plus en plus trouble à chaque épisode, de même que ses motivations. L'épisode consacre sa montée en puissance comme élément perturbateur, avec sa découverte en pleine action de Jenny et Nikky ou l'échec de Max à ouvrir les yeux de ses amies. Elle prend du galon, étant promue « observatrice » de Jenny par Tina. Si cette dernière n'apparaît pas sous son meilleur jour, on peut comprendre que le fait que quelqu'un d'aussi inexpérimenté et instable que Jenny (et son clebs n° 2) soit à la barre suscite des inquiétudes. Et on la croit sincère quand elle déclare que c'est aussi pour le bien de Jen. Quand on sait comment un simple papier négatif sur son livre l'a fait disjoncter, un massacre critique de son film serait une catastrophe. En tout cas Adèle a désormais bien plus de latitude pour jouer sa partie... À suivre ! Évidemment, à travers Nikky qui l'incarne, Jenny est passionnément amoureuse d'elle-même. Ce n'est pas incongru, mais ce couple éminemment narcissique ne nous captive pas. Il reste dommage d'avoir en partie gâché la reconstitution de la scène fondatrice de la salle de bains en la faisant si vite glisser vers la comédie polissonne. À un moment il semble fugacement que Jenny ressent un trouble authentique face à ce souvenir si crucial, mais on en revient bien vite à la fête et au rire. Dommage. Tina et Bette définitivement réconciliées ce n'est apparemment pas pour tout de suite, tant les deux s'emploient à déployer le contre-feu après leur brusque éruption de passion. Même si cela s'avère en partie frustrant, on comprend que les auteurs désirent éviter un happy end trop facile ou artificiel, et qui gâcherait une histoire pouvant encore s'étirer un tantinet... Il ne faudrait pas trop tirer sur la corde, car si l'on perçoit que Tina s'en tient à sa ligne de conduite de ne pas interférer, on voit moins pourquoi Bette prolonge ainsi avec Jody, alors qu'il est évident que ce qu'elle ressent pour Tina est autrement plus fort (le souvenir de l'enfer froid de la saison 3 perdure peut-être). Faire durer indéfiniment la situation deviendrait artificiel, tandis que donner une allure d'adultère à Tina/Bette serait assez sordide. En tout cas Laurel Holloman et Jennifer Beals nous stupéfient toujours par leur aisance à passer de la comédie au drame sentimental, d'une scène à l'autre, comme un résumé de la série à elles seules. Le moment le plus intense de l'épisode survient quand Bette contemple les effets catastrophiques de ses déclarations sur Tina. Elle semble enfin devenir moins égocentrique et intégrer le drame vécu par sa compagne de toujours. Jennifer Beals apparaît une nouvelle fois admirable, tandis que Bette va décidément devoir assumer son choix. L'outing à la Act Up, mené par Alice, provoque une violente algarade avec Tasha, mais l'on n'est pas vraiment inquiet pour le couple que l'on n'imagine pas voler en éclat. Plus étonnante paraît l'attitude d'Alice. Cette question de la révélation de la vie privée d'un individu, aussi hypocrite et détestable soit-il, met franchement mal à l'aise. On imagine toutes les victimes collatérales pouvant en souffrir (le partenaire gay, l'hôte ayant accordé sa confiance à Alice en lui ouvrant les portes de sa maison...), en ayant désormais l'attention de la presse braquée sur eux. La série reste (relativement) neutre sur cette question, même si les arguments d'Alice semblent davantage mis en valeur que ceux de Tasha. On se dit qu'à tout le moins Alice aurait dû professionnellement prendre le temps de réfléchir aux conséquences de tout cela, comme le lui conseillait Max, plutôt que de foncer tête baissée. Il est exact qu'elle ne s'arrête pas aux éventuelles conséquences pour le procès de Tasha car même si elle ne parvient pas à joindre celle-ci, on ne voit pas trop ce qui l'empêchait de remettre son action au lendemain ? Une vision désagréable nous vient, celle d'une Alice pour qui la griserie du succès médiatique ne serait pas tout à fait étrangère à cette histoire. Certes elle s'en défend avec conviction, mais on connaît la faculté des humains à s'illusionner eux-mêmes sur les motivations de leurs actions. Et pourquoi aurait-elle filmé le couple gay si ce n'est en ayant en tête, même vaguement, de s'en servir ? On craint une montée du melon chez Alice. La série a déjà perdu de la sorte la Jenny des origines, si maintenant c'est notre Alice qui se voit altérée, on n'est plus du tout d'accord. La révélation de l'épisode reste notre nouvelle idole dans The L Word, Dawn Denbo. Elle a de la personnalité, du bagout, elle cogne fort : on adore sa tirade devant le trio hilare. Liz Keener se montre vraiment épatante. Shane et ses aventures ont encore semé le chaos, ce qui est déjà amusant en soi, mais le conflit se profilant à l'horizon entre SheBar et Planet/Lez Girls promet beaucoup. Peut-être même que Kit Mama aura quelque chose à exprimer, car depuis le départ d'Angus, elle se limite vraiment à quelques clins d'œil. Lights! Camera! Action! a sans doute le tort de trop multiplier les scènes courtes, donnant un aspect haché à la narration (hormis pour Bette et Tina, visiblement privilégiées) mais il manifeste néanmoins une belle énergie, finissant par devenir communicative quand commence le tournage hors normes de Lez Girls. Comme l’indique judicieusement le titre, le récit se centre sur Lez Girls, dont le tournage débute enfin. On retrouve la saveur de mini-documentaire que l’on aime bien, même si évidemment les auteurs n’ont pas le loisir de trop s’attarder dessus. Ils prennent néanmoins le temps d’insérer quelques ultimes scènes de pré-production, parfaitement hilarantes grâce à une Jenny totalement lâchée. La scène d’introduction montre ainsi celle-ci face à une difficulté prévisible : les actrices hétéros ont le plus grand mal à simuler les scènes d’amour lesbien. Après quelques dialogues verts et acides assez craquants, Jenny décide de faire appel à un « coach de sexe ». Cela peut surprendre mais on a pu lire dans des interviews qu’Ilène Chaiken avait procédé de même avant le lancement de la série. En fait on se rend compte qu’à travers Lez Girls celle-ci développe une espèce de métarécit très intéressant sur l’aventure The L Word en elle-même, et pas uniquementt une relecture au vitriol psychotique des évènements de la saison 1. C’est original et audacieux, mais il faudrait sans doute bien mieux connaître la série et son histoire pour pouvoir l’apprécier pleinement. On observe également ce double niveau de lecture à travers l’obligatoire repérage des lieux de tournage. Jenny se rend à Vancouver, Aaron voulant limiter les coûts, et pique une colère absolument jouissive sur la nature arriérée et ennuyeuse de cette ville, s’époumonant que le film doit être réalisé à Los Angeles (les amateurs des X-Files connaissent le sujet). L’effet comique s’avère d’autant plus fort quand on sait que The L Word est justement tournée à 90% à Vancouver et quand on connaît la sensibilité locale sur la question. D'ailleurs une employée canadienne du studio s’offre une jolie prise de bec avec Jen. La manière dont Mia propulse Jenny comme un incroyable personnage de comédie reste un show dans le show. Finalement Adèle sauve la situation (of course), le tournage aura lieu à LA grâce à l’enthousiasme du sponsor. Difficile de démêler les sentiments d’Ilène Chaiken après ce passage aussi pétillant que conceptuel. On reste plus dubitatif sur l’interminable séance de shopping entre Jenny et Adèle dans un grand magasin luxueux de Vancouver. Il existe sans doute un public pour trouver captivant un long défilé d’articles de mode, maquillages et accessoires, on n’y appartient pas. On imagine que la scène veut montrer l’empire d’Adèle sur Jenny, alors que cette dernière s’imagine justement le contraire, mais l’on craint fort qu’il ne s’agisse aussi d’un énième placement de marque, cette fois au profit de ce magasin. On ne cite plus les incessants inserts de ce type dans la série, il y en a trop. Survient le tournage, prenant bien entendu place dans l’arrière-cour de la série elle-même. Il prend immédiatement les allures de Titanic que l’on prévoyait. Le manque du moindre bagage technique de mise en scène chez Jenny, son côté diva plus accentué que jamais, l’ego de Nikki, mine de rien aussi irritante dans son genre, et leur liaison exacerbant ces difficultés font joliment capoter le tout. Ceci culmine quand l’actrice vedette et la réalisatrice plantent tout le monde puis s’envoient en l’air dans la loge, en oubliant de débrancher le micro. Aaron est fou de rage, Tina effondrée, le spectateur secoué d’un rire incrédule, on est à deux doigts de la catastrophe... Quand un basculement s’opère. D’une manière factuelle, par l’activisme d’une Adèle se plaçant toujours plus dans les petits papiers du milliardaire (danger) tout en demandant à Shane de lui faire la même coupe que Jenny (how strange). Mais en dernier ressort ce qui sauve le projet reste l’implication et l’énergie des tous ses participants, avec en tête une Jenny qui, à sa manière désaxée, par sa totale conviction et son dynamisme, s’avère finalement une vraie locomotive pour le film. Lez Girls, c’est un peu tout ça : de grands morceaux de n’importe quoi, un tournage perpétuellement conflictuel, foutraque et au bord de la crise de nerf, mais un enthousiasme et une énergie en passe de surmonter ces difficultés. Décidément on se demande à quel point Ilène Chaiken, à la barre du navire The L Word, se projette en Jenny. Cet épisode rendant palpable cette atmosphère se conclue fort joliment par Bette déclarant à Tina, comme Jennifer Beals sait le faire, que Lez Girls sera un succès car c’est celle–ci qui s’en occupe. Car Lumière ! Caméra ! Action ! c’est aussi la reconstitution définitive, mais encre celée, du couple Tina/Bette, au cours de deux scènes absolument magnifiques. Tandis que Bette devient vraiment désespérante dans son indécision, c’est finalement Tina qui débloque la situation en ne réprimant plus les élans du cœur, lors du très beau passage de la cuisine (que de superbes déclarations dans les cuisines, dans cette série). Ce moment est aussi naturel que fort, et écrit avec sensibilité. On demeure toujours aussi impressionné de voir à quel point les deux actrices, excellentes séparemment, se subliment quand elles jouent ensemble, c’est juste fou. Bette rend les armes et avoue, à elle-même comme à Tina, que celle-ci reste son véritable amour. On retrouve ici l’intensité de The L Word première version, tandis que la mise en scène restitue bien le caractère à la fois magique et crucial du moment. Avec à la clef deux scènes d’amour filmées avec émotion et sans aucune vulgarité, évoquant celle du pilote de la série. Décidément on en revient toujours à cette saison 1 ! Il reste six épisodes à Bette pour évacuer la Jodi, le plus vite sera le mieux car il est triste de voir un tel couple se dissimuler dans le mensonge. Avec une habileté diabolique, les auteurs viennent encore lui compliquer la tâche car Jodi sacrifie son poste d’enseignante pour ne pas compromettre Bette dans cette affaire de pistolet en savon. On n’a pas trop de peine pour Jodi, car l’on n’a pas oublié comment elle a viré l’autre sourde pour pouvoir batifoler avec Bette. Vae Victis. D’une manière générale les filles convergent vers le tournage de Lez Girls, on s‘aperçoit que progressivement elles passent l’éponge sur le mauvais coup de Jenny, leur amitié résiste décidément à bien des choses. La scène de rupture entre Alice et Tasha se montre éloquente et bouleversante parce que sobre et excellemment jouée. Son impact se voit néanmoins diminué parce que l’on continue à ne pas croire à un seul instant que l’histoire va se terminer ainsi. L’évènement permet toutefois à Leisha Hailey de briller une nouvelle fois dans le registre ardu du tragi-comique. Voir Alice au bord des larmes tenter de faire bonne figure et de jouer l’indifférence, c’est à la fois drôle et terriblement émouvant. Planifié ou non par elle, l’impact de sa révélation fait d’Alice une vedette médiatique, en passe de participer à une émission télé nationale, à suivre ! Le retour de Joyce, cette fois comme avocate de Phyllis dans son divorce, se montre crépitant (bon courage à Léonard). Phyllis est toujours aussi amusante mais sa fille également ennuyeuse. Voir Phyllis demander à Bette et Jodi de montrer à celle-ci que les lesbiennes peuvent former des couples solides paraît aussi ironique que répétitif par rapport aux scènes la concernant durant la saison écoulée. Max n’exprime, hélas ! plus grand-chose, il est devenu le gars sympa derrière la caméra. Shane reste encore reléguée au second plan. Comme prévu, la guerre de Dawn apporte du piment à l’histoire, après une tentative avortée de réconciliation menée par Shane (scène hilarante). Dawn perturbe le tournage en suscitant une mini révolte du voisinage, et obtient même la fermeture temporaire du Planet en y déversant des caisses entières de rats. Liz Keener continue à donner une gouaille et un allant incroyables à son personnage et il s’avère bien difficile de ne pas adorer détester Dawn. Kit rigole nettement moins que nous, avec une Pam Grier toujours plus flingue et retour de flamme 70’s. Le Retour de la Vengeance s’annonce festif… Après avoir suscité un intérêt accru au cours des trois épisodes précédents, la saison 5 retrouve ici ses vieux démons, avec du verbiage et un surplace de l’action. Avec Molly/Shane succédant àt Nikki/Jenny, elle semble également incapable de susciter des couples présentant un réel intérêt intrinsèque. Alors que, durant l’épisode précédent, l’action s’était coordonnée dans un tout homogène autour du tournage, on assiste ici à un émiettement. Le tournage n’apparaît plus que comme un décor, certes non dénué d’intérêt, et non plus comme le moteur de l’action. On se concentre plutôt sur les aventures et mésaventures personnelles de ses actrices, notamment Nikki et Jenny dont la relation nombriliste suscite toujours aussi peu d’emballement dès lors qu’elle se montre sans réelle incidence sur le tournage. On remarque toutefois une introduction une nouvelle fois percutante, très à la X-Cops (pour poursuivre le jeu des comparaisons avec les X-Files), avec ce reportage sur place destiné déjà aux suppléments du futur DVD ! L’engueulade entre Bégonia, la très séduisante interprète de Marina (excellemment choisie), et Nikki divertit, mais, vraiment, les poses puériles et nunuches de cette dernière, on n’en peut plus. La seule péripétie d’importance se déroulant continue dans une nouvelle progression dans les machiavéliques manigances d’Adèle. Le complot visant à inciter Nikki à se rendre au fameux combats de catch lesbien organisés par Dawn semble avoir pour conséquence finale d’avoir encore rapproché l’actrice et la réalisatrice, qui se sont bien éclatées face- à-face sur le ring. Et pourtant Adèle s’en réjouit, genre esprit diabolique des séries Sixties. L’énigme qu’elle représente gagne en épaisseur… Cette charmante jeune femme demeure l’une des meilleures idées de la période. Cette fameuse session de "catch lesbien dans l’huile" (sic) se veut le morceau de résistance. Mais une version améliorée de ce poncif voyeuriste ne constitue pas vraiment ce que l’on attend de la série. Alors, certes, les actrices se donnent à fond (nouveau show de Mia Kirshner, totalement survoltée cette saison), la mise en scène et la musique sont de qualité et l’ensemble reste souvent davantage joyeux qu’égrillard. Tout de même on s‘interroge sur l’intérêt réel de cette session ? Dans ses premières saisons, la série savait nous emmener dans des endroits parfois déroutants mais à la découverte souvent intéressante. Cette saison nous avons droit à un défilé de fêtes/discothèques assez standards et répétitives, ainsi qu’à des défoulements généralisés comme ces combats en petite tenue et la session Pot Brownies. Il n’est pas certain (du tout) que l’on y gagne. La scène vaut néanmoins par l’abattage de Dawn en maîtresse de cérémonie vicieuse ainsi que par la vengeance attendue de Kit, dénonçant ce joli monde à la police (Nikki est mineure). La confrontations des deux grandes gueules est à pleurer de rire. Un partout, balle au centre. Dans sa mission d’apprentissage du monde saphique, Bette emmène la terne Molly visiter les coulisses du tournage, et là, quel fantastique rebondissement, la fille révoltée par la personnalité lesbienne se connecte presque aussitôt à Shane. Ce nouveau couple en formation rapide se renforce lors d’un catch à quatre – il est vrai endiablé – face à Dawn/Cindy. La ficelle est un peu grosse, même avec les antécédents de Shane ; on lui bricole vraiment une relation improbable avec les moyens du bord pour lui donner quelque chose à raconter. On augure mal de l’intérêt de cette histoire, tant Molly paraît peu captivante et le jeu de Clémentine Ford limité comparé à celui de Kate Moennig. Après un Nikki/Jenny plus irritant qu’autre chose, la saison n’a pas la main heureuse avec ses couples. Bette avait déjà dû jouer les coachs durant la période écoulée, et elle risque maintenant d’avoir à gérer cette relation comme jadis Alice/Phyllis. Se montrer répétitif est rarement indiqué dans l’écriture d’une série. Pas grand-chose de nouveau du côté de Bette et Tina, même si l’impromptu dans le décor de leur chambre à coucher fantasmé par Jen (une horreur rougeoyante, très dans son style) se montre amusant et assez sexy, disons-le. Par contre l’on ne comprend pas l’espèce de remord tourmenté qu’exprime Bette lors de sa scène d’amour violente comme désespérée avec Jodi. On pensait que l’épisode précédent avait tranché la question de l’aveu même de l’intéressée. Les auteurs semblent bien décider à prolonger Bette/Jodi au maximum, même au prix d’une crédibilité écornée. La même Jodi déjeune avec son ex sourde : la scène est charmante, certainement positive pour la représentation des malentendants, mais d’un intérêt quasi nul dans le récit. Max est cette fois totalement absent, quelle tristesse. Tasha et Alice, même si pour l’heure séparées, viennent à la rescousse de l’épisode avec la réactivation réussie de l’intrigue du procès, même avec des airs de JAG. Et là, excellente surprise, la coriace et impitoyable procureure est interprétée par Kelly McGillis ! Une nouvelle guest80’s pour une série n’ayant certes pas perdu son talent en la matière. Et puis avec Kelly McGillis (tout à fait convaincante) en uniforme, on a forcément des images de Top Gun plein les yeux… On pense bien sûr aussi à Cercle Intime. La confrontation avec Alice s’avère remarquable de cruauté froide et tranchante. L’émotion existe par contre toujours entre Tasha et Alice, on voit bien que cette histoire n’est qu’entre parenthèses. L’évolution négative d’Alice, que l’on redoutait, semble se préciser. Suite à son envolée médiatique elle a une chance de co-présenter une importante émission télé. La voir accepter de réaliser d’autres outings, sur des personnes n’ayant rien à se reprocher, pour assurer cette promotion reste réaliste, toujours superbement interprété mais dur à encaisser. On est d’autant plus abasourdi que l’émission se montre totalement cynique et criarde, bien loin des sessions radio intimistes, drôles ou émouvantes de jadis. De plus Alice n’hésite pas à outer Nikki (avec un anonymat transparent) et manifeste une indifférence passablement orgueilleuse et de mauvaise foi devant Tina et les conséquences professionnelles pour l’actrice. Que Nikki tourne dans un film évoquant des personnages lesbiens n’est en rien une excuse ou une circonstance atténuante pour violer sa vie privée. On croirait presque du Jen avec son bouquin, on espère qu’Alice n’ira pas plus loin sur cette voie… La saison joue ici un jeu prenant mais risqué. Lay Down the Law parvient à conclure de manière satisfaisante l’arc narratif du procès de Tasha et à rendre nettement plus convaincante cette valse hésitation de Tina et Bette, entre humour et émotion. Le tournage de Lez Girls ressemble de plus en plus à un terrain de jeu pour la machiavélique Adèle, mais Mia Kirshner a l’occasion de varier son personnage et ne la laisse pas passer. Dans l’ensemble un épisode de fort bonne tenue. La crise lancée par le outing de Nikki par Alice se développe, avec une menace pour la carrière de la jeune actrice rendant hystériques ses agents, tous deux aussi caricaturaux qu’hilarants. Derrière le rire pointe une critique acerbe du persistant conservatisme d’Hollywood sur cette question, même si l’on préférait sur ce point la bouleversante rencontre entre Jenny et la star secrètement gay durant la saison 2. Nikki (comme son interprète) achève de nous souler avec sa nunucherie et son caractère à l’emporte-pièce. Mais le fait que le couple doive se dissimuler, notamment lors d’une première sous les flashs des photographes, projette Jen dans une grande détresse, tranchant avec le petit nuage rose où elle lévite depuis le début de la saison. La voir restée seule et abandonnée à l’extérieur de la fête est réellement poignant, d’autant que Mia Kirshner continue à nous impressionner par la force de son jeu. Cette piqure de rappel de la gamme étendue de son talent s’avère particulièrement bienvenue. Elle semble désormais parvenue plus loin que cet émerveillement réciproque, nombriliste et puéril, qui caractérisait le couple à ses débuts, il n’est pas du tout certain qu’il en aille de même pour Nikki. Une situation intéressante du point de vue dramatique, d’autant que la diabolique Adèle s’emploie à aggraver les choses autant que possible, tout en s’imposant toujours davantage dans le dispositif. Contrairement à l’épisode précédent, le pas de danse entre Tina et Bette (affligée d’une coiffure épouvantable) se voit exploité avec pertinence et réussite. On comprend mieux les évolutions respectives des deux femmes, et le récit nous offre plusieurs scènes délectables, mêlant émotion à fleur de peau et un humour assez caustique. Même les petits tiraillements de jalousie chez Bette, ou l’irritation de Tina, trahissent une évidente complicité. Ainsi explicitée et magnifiquement interprétée par des actrices toujours aussi fusionnelles (on est au spectacle comme au premier jour), on prend un plaisir des plus vifs à au prolongement de cette période transitoire. Tant mieux, car visiblement cela va durer jusqu’au final… Cette saison abuse des fêtes et des dîners pour assurer sa progression narrative, mais l’indéniable rayonnement de Bette et Tina fait de celui organisé par Jodi une vraie performance. On apprécie particulièrement le moment où, après une petite brouille, elles évoquent le souvenir d’un voyage galère en Inde. D’un coup il ya comme un rayon de soleil au souvenir de leur si longue vie commune, exprimé silencieusement mais avec une émotion évidente entre les deux femmes. Un moment particulièrement lumineux. Et puis, bien sûr, dès qu’elles sont seules, l’élan du cœur balaie toutes ces résolution qu’elles s’obstinent à prendre. Cette histoire fonctionne parfaitement dès lors qu’elle s’écrit avec talent et sensibilité. Ce véritable saut qualitatif entre cet épisode et le précédent demeure un intéressant exemple des résultats divers que peuvent obtenir deux plumes différentes à partir d’un même matériau. Plus égocentrique que l’a jamais été Bette, Jodi apparaît à la remorque, malgré les méritoires efforts de l’irréprochable et excellente Marlee Matlin, son personnage se réduit à un obstacle à gérer. Bette et Tina décident de retourner chez le psy de la saison 1, une scène certainement captivante pour l’épisode 5-09. Ces passerelles incessantes entre les saisons 1 et 5 deviennent vraiment un intéressant exercice de style. Le procès de Tasha est mis en scène avec sobriété et efficacité, en tenant compte qu’il ne s’agit pas du « cœur de métier » de The L Word. Celle-ci supporte bien la comparaison avec d’autres, du style de JAG. Tout juste regrette-t-on qu’au préalable Tasha et la procureure se soient un peu trop souvent croisées par hasard, mais il est vrai que ces passages expriment déjà la nature réelle de la sexualité de cette dernière. Les échanges crépitent et l’on aime bien la manière dont l’avocat se bat pour Tasha face au dragon, on se croirait à la Table Ronde. On assiste également à une belle confrontation d’actrices, les émotions d’une Tasha silencieuse se lisant comme à livre ouvert sur le visage de Rose Rollins, tandis que Kelly McGillis campe avec conviction son personnage à la fois minéral et fielleux. La mise en scène et la personnalité de Leisha Hailey rendent irrésistible l’arrivée d’Alice, en total contraste avec ce cénacle d’officiers très guindé. Après sa dérive, on ressent un grand plaisir à retrouver ici la Alice qu’on adore, pétillante, spirituelle et incisive. Elle et son fameux « Gaydar » poussent la procureure dans les cordes mais la conclusion du procès, Tasha renonçant à l’armée pour vivre pleinement son amour avec elle, réjouit encore davantage. Leur baiser public de réconciliation conclue de manière particulièrement joyeuse et lumineuse cet épisode réussi, tandis que la perspective de la vie en couple et de la reconversion civile ouvre la voie à de nouveaux développements. Alice/Tasha reste décidément le couple le plus riche et enthousiasmant parmi ceux suscités par les saisons 4 et 5. On regrette par contre que Max soit totalement absent pour la deuxième fois de suite. C’était bien la peine de réaffirmer la place des Trans en début de saison pour ensuite l’exclure plus que jamais. On va lui souhaiter de couler des jours heureux avec Tom et Grace mais Daniela Sea manque vraiment à la série. Kit est aussi quasiment invisible, sans doute parce que sa bonne amie Dawn se remet de sa rouste. Disons que c’est la mi-temps du match et que l’espace ainsi dégagé a été judicieusement exploité par les trois histoires principales. Shane et Molly continuent à se tourner autour, et nous on continue à n’en avoir à peu près rien à cirer. Visiblement les auteurs ont perçu qu’un énième retour de Shane la serial heartbreaker risquait de lasser et ont décidé de corser la chose avec une vraie-fausse hétéro. C’est aussi cousu de fil blanc que lourd (faites revenir Carmen, bon sang !). Et en plus ils nous rendent Phyllis moins sympathique. Clémentine Ford s’intègre mieux à la série et paraît plus à son aise, mais son jeu demeure trop limité face à celui de Kate Moennig pour ne pas déséquilibrer le duo. En progrès, mais doit mieux faire. The L Word s’essaie à l’épisode décalé avec ce Liquid Heat mettant Los Angeles aux prises avec une effroyable canicule, aggravée par les incessantes coupures de courant d’un réseau sollicité jusqu’à la rupture. On reconnaît là une allusion aux affligeantes difficultés endémiques que connaît la Californie mais cette bonne idée donne surtout lieu à un opus à l’ambiance très particulière. Les scènes se trouvent souvent plongées dans la pénombre et surtout la température influe sur le comportement des filles, faisant tomber les masques et nous valant un nombre impressionnant de scènes… chaudes. Dans le petit jeu des comparaisons avec les X-Files on retrouve un peu de l’ambiance de Syzygy, où un alignement planétaire influait pareillement sur les personnalités (oui, avec aussi une scène caliente). Tout en exploitant efficacement les décors des plateaux, le tournage de Lez Girls se montre toujours hilarant et chaotique, un aspect bien entendu porté au paroxysme par la chaleur et les pannes aléatoires de courant que la mise en scène utilise à plaisir. L’épisode exploite cela avec une grande efficacité, la scène d’introduction expose d’ailleurs une jolie crise de nerfs de Tina ! Jen n’est pas en reste quand elle réalise la liberté que s’est octroyée Nikki avec le crétin interprétant Tim, mais au-delà de cette hystérie froide dont elle a le secret, son amour apparaît vraiment déchirant tant il devient de plus en plus évident qu’il s’agit d’une simple liaison pour la très jeune actrice. Une scène se montre terrible là-dessus, après réception de la lettre de réconciliation envoyée par Jen, quand Nikki répète au mot près son discours après l'imposture d'Adèle, toujours plus inquiétante dans son appropriation de la vie de Jenny. Rien de très spontané là-dedans. De douloureuses désillusions attendent Jen, décidément le personnage maudit par excellence de la série. Cette histoire de couple est assez originale par son intérêt axé sur un seul de ses membres. Elle réintroduit habilement de l'émotion chez une Jenny jusqu'ici limitée à son hilarante lévitation égocentrique, sans sacrifier cet aspect pour autant. Mia Kishner montre toujours le même talent inouï dans l'expression des différents sentiments de son personnage si tourmenté. Grâce à elle ce nouveau virage apparaît totalement convaincant. La fournaise et les pannes de courant influent également sur la relation renaissante entre Tina et Bette, avec à la clé de nouvelles scènes enthousiasmantes. La chaleur entraîne plusieurs effeuillages durant le récit (dont un assez spectaculaire de Joyce) mais le plus mémorable demeure celui de Bette durant sa conversation téléphonique avec Tina. Ce dialogue compose un joli récapitulatif de leurs difficultés, avec en arrière fond un plan amusant de Jodi se jetant tout habillée dans la mythique piscine. Un bon point pour elle, au moment où elle s'apprête justement à boire la tasse. Surtout l'arrêt de l'ascenseur quand elles se rendent chez le psy leur permet de parler à cœur ouvert, de se convaincre l'une l'autre qu'il ne s'agit pas d'une liaison un peu spéciale mais bien d'un « retour à la maison ». Ce passage s'avère superbement écrit et interprété (l'épisode compte comme atout d'être un grand millésime Jennifer Beals), tout en évitant le mélo grâce à de petites pointes d'humour, comme Bette perdant pied durant une brève crise de claustrophobie. On regrette cependant d'être privé de la séance en elle-même, un moment toujours particulièrement réussi durant les saison 1 et 2. Et il est grand temps que nos deux tourterelles se révèlent au grand jour, car leur revival commence à filtrer : Kit devine la vérité et surtout Jodi perçoit comme un malaise. L'épisode lance ainsi avec dextérité la marche vers le final de saison, avec sans doute une grosse bombe au bout. Pour l'heure Bette remet encore la discussion avec Jodi à après la course cycliste. Suspense ! Les autres segments de la narration s'expriment avec un succès presque entier. Tasha se montre absolument sublime, d'autant qu'elle peut désormais pleinement exprimer sa féminité. Si ce récit paraît moins mis avant que lors du paroxysme du procès, il nous vaut cependant une scène très fine, montrant Tasha simplement écouter les bruits de la rue depuis l'appartement d'Alice. On voit bien le vide laissé par son départ de l'armée, et à quel point elle doit se rebâtir une existence. Un nouveau défi pour Alice/Tasha devant désormais aborder le virage toujours délicat de la vie en couple et pour qui, décidément, rien n'est simple. Dawn propose une trêve (à des conditions passablement élevées !) ce qui conduit à une scène plus Corleone que jamais, où les deux « familles » se confrontent. Le passage se montre très drôle et chaque personnage y joue sa partition selon sa sensibilité particulière. Un bel exercice de style, avec une série choyant toujours autant ses héroïnes. Bette apparaît plus que jamais comme l'aigle du clan, et on aime ça. Malgré l'entente cordiale restaurée, inutile de préciser que l'on attend la traîtrise suivante... Max revient dans la série, où il refait un podcast avec Alice, tout comme au début de saison, consacré à la place des Trans au sein de la communauté lesbienne. Tout cela sonne juste, mais l'on regrette vivement que Max semble ne plus rien avoir à raconter et doive se contenter de représenter, d'une manière particulièrement littérale. Fort heureusement l'épisode réactive également sa romance avec Tom, nettement plus tendre et charmante qu'avec Bill. Maw semble désormais complètement déconnecté de la sexualité de la personne qu'il chérit, ayant de ce point de vue trouvé sa vérité intérieure, ce qu'exprime parfaitement Daniela Sea. Max a parcouru du chemin depuis son arrivé à LA, on s'en réjouit. Cependant on regrette vivement le prompt escamotage de Grace, la série ne voulant pas visiblement accorder davantage d'espace à l'arc de Max. Grace est partie à San Francisco, tout comme Lara. Frisco, ou la voie de garage de The L Word. Sinon, quel rebondissement, Shane et Molly finissent par concrétiser. Assez logiquement au sein de cette histoire à la scénarisation trop évidente et capillotractée, elles sont surprises par Phyllis, comme de juste. Le débat qui s''ensuit entre mère et fille sur l'impossibilité d'avoir une vraie relation avec Shane du fait du manque de bagage culturel de celle-ci ressort non seulement déplacé mais aussi ridicule. Chez les actrices on ressent tout de même l'enthousiasme à jouer ensemble, assez communicatif. Cet épisode chaud-bouillant se conclue par une revue générale des couples en train de faire l'amour, un plan assez similaire (dans sa technique seulement) au panorama accompagnant le départ de Dana. Les scènes se montrent le plus souvent esthétiques et sans réel exhibitionnisme, elles expriment avant tout le prolongement du bouillonnement des sentiments marquant l'épisode (notamment entre Bette et Tina, vraiment fusionnelles). Leur accumulation tend tout de même au procédé, ce qui n'entame pas la réussite concluante de cet épisode à thème. ![]() Annoncé à plusieurs reprises au cours de la saison, Lifecycle permet de renouer avec ces épisodes, souvent particulièrement réussis, où le clan participe à de grands évènements festifs, comme les croisières-conférences lesbiennes, le week-end Dinah Shore ou la Marche des Fiertés. Cet épisode présente également comme agréable originalité d'être peut-être le plus choral de la série : la famille est cette fois réunie au grand complet, avec une Bette enfin présente (pas sûr qu'elle s'en réjouisse) et surtout le récit se compose essentiellement de scènes de groupes, hormis quelques segments en fin de parcours. Il lance la dernière droite vers le final de saison avec efficacité, mais aussi, en dernier ressort, avec beaucoup d'amertume. Les filles participent cette fois au Subaru Pink Ride, randonnée cycliste organisée au profit de la lutte contre le cancer du sein. La première moitié de l'épisode s'organise autour du rallye lui-même, et se révèle un moment particulièrement chaleureux et lumineux. D'abord pour l'ambiance de l'évènement lui-même, festif, coloré et solidaire, à l'enthousiasme particulièrement communicatif. Ensuite pour le moment joyeux que connaît un groupe laissant ses soucis pour simplement s'amuser entre amies. La mise en scène a l'habileté de supprimer de nombreux dialogues au profit d'une bande sonore une nouvelles fois idéalement choisie, procédé permettant à la complicité entre actrices et personnages de s'exprimer visuellement avec beaucoup d'impact. Même Molly nous amuse, cette fois-ci, pédalant après Shane pour recoller les morceaux. Elle se montre sous un meilleur jour mais demeure terriblement bavarde, la série soulignant habilement ce fait par Shane, qui établit ainsi une connivence avec le spectateur. On se surprend à apprécier ce couple pour la première fois. Bette et Tina demeurent les seules à ne pas profiter pleinement de la fête, car tourmentées par le coupable secret de leur liaison. Elles ont raison de l'être. Un autre atout de cette séquence collective est de nous emmener à la rencontre de ces somptueux paysages canadiens que l'on aime tant retrouver de série en série, depuis Twin Peaks en passant par les X-Files. Lacs miroitants, forêts d'émeraude et montagnes couronnées de brume se succèdent, somptueusement filmés et portés par une musique toujours sublime. L'émerveillement de la balade n'empêche pas un pur moment d'émotion de se dérouler quand la Dana Team pénètre dans la chapelle ardente dressée par les participantes en mémoire de leurs disparues. On pourrait craindre que le passage souligne trop l'émotion jusqu'à avoisiner dangereusement le mélo, mais la conviction et la sincérité de l'ensemble crèvent les yeux, de plus portées par de formidables comédiennes toujours aussi fusionnées à leur rôles. Difficile de n'être pas touché au cœur quand Alice rajoute le portrait de Dana à ceux des autres victimes de ce fléau, le moment est vraiment intense. On apprécie également l'esthétique de ce lieu refusant le funèbre au profit de teintes chaudes, dans un ensemble très féminin. Arrivé au camping du soir, le récit se rapproche à nouveau d'héroïnes dont les histoires, un temps suspendues, reprennent alors leur cours. Dans la meilleure tradition de The L Word cette soirée va comporter simultanément de jolies pépites d'humour et de grands moments d'émotion, voire de drame. Plusieurs scènes se montrent ainsi volontiers hilarantes, comme Bette s'acharnant, malgré les conseils, à vouloir parvenir à monter seule sa tente et se retrouvant les quatre fers en l'air, ou Shane et Molly faisant dégringoler la tente d'empereur romain de Jenny et Nikki, alors que celles-ci y sont en « pleine action ». Jen et Nikki ont d'ailleurs leur revanche quand elles se déguisent en Jason pour effrayer leurs amies, c'est bien vu car l'on est tout près d'un lac. Et puis une apparition de Jason Voorhees, cela fait toujours plaisir, à la base. Du sentiment surgit quand les couples s'isolent pour se préparer à la grande veillée autour du feu de camp, notamment avec Alice/Tasha. Celles-ci tentent d'envisager de quoi le futur sera fait mais un malaise diffus se ressent quand on se rend compte que chacune se réfugie très vite dans des généralités. L'avenir apparaît toujours comme un grand point d'interrogation qu'elles sont incapables de préciser, ce qui ne lasse pas d'être inquiétant. Cette histoire d’emménagement a l’air d’une tentative pour précipiter les choses envers et contre tout, comme le fut le mariage avorté de Shane et Carmen… Il se confirme que la saison 5, après une pause assez marquée durant la 4, remet les scènes d'amour à l'honneur, avec Molly/Shane (encore et toujours du coaching, cette fois explicitement sexuel) et surtout Jenny/Nikki. Ce passage s'avère bien trop long pour ne pas lasser mais se montre néanmoins pétillant et agréablement juvénile. On apprécie vivement de découvrir Jen enfin heureuse, même si cette relation relève toujours du narcissisme entrecroisé. Jenny, totalement éprise, a la lucidité de demander à Nikki si leur relation n'est pas un éphémère amour de tournage. La jeune actrice répond par la négative, alors qu'elles viennent de se livrer à un interminable jeu de rôle, uniquement sur ce sujet. On pressent un final de saison amer pour Jen, d'autant que la diabolique Adèle s'est emparée de l'enregistrement de leurs émois, l'on ne sait pour quel dessein... Mais le pic de l'épisode consiste dans cette veillée, débutée dans la meilleure tradition du genre, pour d'un coup virer au drame le plus noir. Avec les histoires et les jeux de questions/réponses autour du feu, on retrouve dans un premier temps l'atmosphère chaleureuse de la randonnée. Mais, est-ce dû aux bières ou à son allant naturel pour vanner ses amies, Alice, en voulant plaisanter un peu lourdement, provoque une crise en chargeant Bette à propos de sa tendance passée à l'infidélité. D'un coup la situation devient insoutenable pour Tina (qui se perçoit sans doute comme Candace), qui s'enfuit, faisant comprendre à Jodi de quoi il en retourne. Alors que Bette et Tina avaient prévu de lui révéler le pot aux roses après le rallye, elle part en furie, ayant appris son infortune de la pire des manières possibles. On retrouve ici, superbement écrit et interprété, un mécanisme proche de la tragédie classique, où le destin terrasse les humains et suscite un malheur que nul n'a désiré. L'impact en est considérable, encore accentué par le tranchant contraste avec la joyeuse première partie. La saison 5 aura eu le mérite de, globalement, réussir la narration des retrouvailles Tina/Bette mais aussi de faire de cette révélation un moment dramatique puissant et parfaitement agencé. Les différents dialogues suivant le choc (notamment une excellente scène entre Alice, Shane et Tina, ou une Kit bien trop véhémente envers Bette) conduisent à un petit matin blafard, à la saveur d'un champ de ruine. Jennifer Beals, toujours aussi prodigieuse, nous offre un grand récital avec une Bette totalement dévastée (hum, le lac derrière elle a comme un air de déjà vu dans les X-Files, comme dans Supernatural). À son retour au camp on apprécie que Max ne lui fasse, lui, aucun reproche alors qu'il est une victime collatérale de l'affaire, Tom étant bien entendu parti avec Jodi. L'ultime image de l'épisode se monte terriblement éloquente, les filles pédalant désormais dans un silence affligé. À l'issue de cet épisode parfaitement maîtrisé de bout en bout, nous les observons ainsi s'éloigner vers un final de saison probablement empreint de mélancolie. 11. LEÇON DE CHANTAGE La fin de saison approche à grands pas et The L Word s’emploie ici avec efficacité à boucler ses divers fils narratifs, parachevant la rupture entre Jodi et Bette, ainsi que la reconstitution du foyer avec Tina et Angelica. Adèle jette le masque et triomphe plus fermement que Dawn, dont on sent que la mainmise apparente sur le Planet annonce un final tonitruant. Les filles peuvent perdre Lez Girls, certainement pas leur quartier général emblématique. Le scénario insère astucieusement ces divers développements dans une seule journée dense et éprouvante pour nos amies (on se croirait chez Jack Bauer), mais où l’épreuve renforce leurs liens. Bien tardivement au sein de la saison, et totalement à contre-courant, Alice semble débuter ce qui ressemble fort à une future liaison. Une nouvelle fois cette saison, l’introduction se montre percutante puisque, devant nos yeux exorbités, se déroule la scène mythique du lancer de table par Tina en début de saison 2, revue et corrigée par Jenny. Le passage se révèle très amusant, visiblement l’histoire a dû faire le tour de West Hollywood car Jenny n’était pas présente ce jour-là. Elle transforme la conclusion du choc en un happy end sucré, mais raconter tout Tina/Bette nécessiterait plus d’un film. Mine de rien le passage tient la route, Jen est en train de réussir son pari. L’action se poursuit par une scène divertissante où les filles, encore tendues après la renversante issue de la Pink Ride, sont à cran lors du traditionnel petit déjeuner au Planet. Les coups de griffes se succèdent et on s’en amuse franchement, tout comme Max et Kit, contents d’être à la marge, pour le coup. Nos héroïnes sont fortes à ce jeu-là. Détail touchant, Shane lit le New York Times (l’équivalent du Monde en France), elle cherche visiblement à se mettre à niveau pour Molly. Soudain surgit Dawn Denbo (« and her Lover Cindy »), annonçant avoir racheté les 51% du Planet d’Ivan. On est très surpris de cette mauvaise action d’Ivan envers Kit, même si elle n’est peut-être pas au courant de la guerre et qu’on l’ait, de fait, perdue de vue depuis fort longtemps. Mais qu’importe cette entorse à la vraisemblance, le show DD apparaît une nouvelle fois à la hauteur, ainsi que la réaction de Kit. Sous nos yeux exorbités (derechef) se déroule un nouveau remake du lancer de table ! Ces liaisons réitérées avec les premiers temps de la série virent au conceptuel, mais pour le coup c’est franchement amusant (d’autant que personne ne croit à la victoire de Dawn). Ce récit nous vaut également le pic du revival 70’s organisé autour de Kit, la voyant saisir son arme et prendre sa somptueuse Ford Gran Torino pour occire Dawn. Encore une fois personne n’imagine que The L Word va virer au carnage style Blaxpoitation, mais la scène divertit, la nostalgie aidant. On prend par contre un grand coup dans l’estomac quand Angelica s’amuse avec le revolver chargé, sans doute l’un des passages les plus éprouvants nerveusement de la série. Un message contre la détention d’armes est toujours le bienvenu dans une série américaine, surtout quand il se montre aussi bien tourné. À côté de ces scènes tragicomiques, on verse dans le drame psychologique avec le putsch réussi d’Adèle. Utilisant le fatidique enregistrement pour faire chanter la production, elle prend la place de Jenny, proprement virée du studio. Bien entendu toutes ces péripéties sont seulement crédibles dans le plan astral chamarré où se déroule la série, de même que l’hyper compétence d’Adèle comme réalisatrice, dont on se demande bien d’où elle provient au juste. Cependant on apprécie vivement la composition de Malaya Rivera Drew en méchante grand train, ainsi que l’énigme maintenue autour de la personnalité d’Adèle. Tout ceci était-il prémédité depuis longtemps, ou s’agit-il d’un dépit amoureux face à l’historiette de Jen avec Nikki. Quelles sont les parts de machiavélisme et de névrose chez elle ? Ce côté mystérieux d’Adèle est assez troublant et parachève la réussite comme deuxième grande figure adverse de la série, après Fae Buckley. Cette grande gueule de Dawn Denbo ne boxe définitivement pas dans la même catégorie. Bien entendu la répercussion sur Jenny résulte catastrophique. On découvre l’une des scènes les plus poignantes des saisons 4 et 5 au moment où Jenny, désespérée (quel talent que celui de Mia Kirshner) appelle l’équipe technique et surtout Nikki à la suivre dans son départ. Le refus prévisible de Nikki, « sous contrat », finit de la foudroyer. La scène ressort aussi terrible que remarquable, tandis que seule Shane (bien entendu) répond à la supplique de Jen. La position de Tina apparaît à la fois ambivalente et réaliste, elle assure professionnellement la poursuite de la production mais trouve les mots pour parer à un possible drame, que l’on devine entre les lignes, chez Jen. On sent qu’elle se préoccupe sincèrement de son amie et, d’une manière inattendue mais crédible, cette douloureuse péripétie scelle leur réconciliation. On aurait pu rêver à une Tina claquant la porte, mais cela serait excessif, même pour le Monde Merveilleux de The L Word. À partir d’un postulat à peu près invraisemblable, la série parvient à bâtir des portraits psychologiques crédibles et émouvants, c’est assez remarquable. Comme un fil rouge à ces divers évènements, Lunar Cycle narre la longue et déchirante scène de rupture entre Jodi et Bette, on pourrait d’ailleurs aisément plutôt parler de journée de rupture (journée portes fermées, en quelque sorte). Jodi nous sidère en révélant bien vite qu'elle veut poursuivre son couple avec Bette, et va tout au long de l’épisode mener avec flamme un combat désespéré pour retenir Bette. Il y avait longtemps que Jodi ne nous avait touchés comme cela, et elle semble d’ailleurs guère loin de parvenir à ses fins... Marlee Matlin et Jennifer Beals se donnent totalement dans ce duel où Bette finit par venir à bout de la résolution de Jodi en lui expliquant avoir en vain tout tenter pour créer avec elle ce qu’elle trouve si naturellement avec Tina. Jodi/Bette connaît une digne fin avec ce passage aussi long que prenant et éloquent. On en serait presque désolé pour l’artiste. Cet affrontement perpétré successivement en plusieurs lieux permet d’enfin redécouvrir les bureaux de Dean Porter, et même ce bon vieux James, porté disparu cette saison. L’épisode ne rate pas l’occasion de lui faire encore des misères, décidément il s’en souviendra de la patronne. On se perd en conjectures en observant que Jodi et Bette sont vêtues de manière quasi identiques, ces couleurs grises et fuchsia se retrouvant d’ailleurs sur le siège d’Angelica et sur les vêtements de celle-ci. Bette arborait également cette tenue lors de la discussion avec Shane dans le pilote de saison. À contre-courant de ces histoires se terminant ou en voie de trouver leur conclusion, Alice semble sur le point de débuter une liaison, bien trop tardivement dans la saison. Tasha et Alice, après avoir pourtant tant traversé ensemble, semblent en effet butter sur une énième difficulté, peut-être celle de trop, la différence de revenus et de niveau social. Alice trouve le succès dans son émission stupide, avec son personnage de lesbienne drainant tous les poncifs admis socialement possibles. C’est assez triste de sa part, mais pas irréaliste et, au moins, elle a renoncé au outing. Pendant ce temps Tasha connaît une reconversion difficile. C’est bien observé via le problème du choix de l’appartement commun, mais pourquoi susciter une tierce personne (il est vrai douce et charmante) arrivant comme un cheveu sur le pouce, alors qu’il serait bien plus judicieux de creuser les causes de la crises existant au sein du couple ? On éprouve le même sentiment que lors de l’entrée en scène du père de Shane lors de l’échec de son mariage avec Carmen. À suivre, mais au total, cette saison n’aura pas vraiment mis en valeur Alice, on le regrette vivement. À l’issue de cette journée marathon singulièrement éprouvante pour nos héroïnes, l’épisode a l’excellente idée de conclure sur une note positive aussi convaincante que les amertumes précédentes. L’amitié entre Shane et Jen (mais aussi Max) sort encore renforcée par leur solidarité face à l’épreuve. On déplore que cette scène chaleureuse nous montre une nouvelle fois le cannabis comme quelque chose de réconfortant et convivial, mais il faut bien admettre que Shane raide défoncée est franchement hilarante. Kate Moennig et son duo avec Mia Kirshner fonctionne à merveille. La cellule familiale de Bette et Tina se reconstitue et le lumineux sourire de cette dernière conclue idéalement le récit. Au total Lunar Cycle se montre très fonctionnel, tant l’on ressent une ambiance de dossiers se refermant, mais cela ne l’empêche pas de se révéler tour à tour drôle et émouvant, avec réussite. Tout de même, un regret : qu’avec un tel titre Cybill Shepherd n’apparaisse pas frôle la faute professionnelle. Le final de la saison 5 déçoit par l’absence de l’élévation du récit que l’on attend de ce genre d’évènement, et qu’avait su accomplir son équivalent de la saison précédente. Au contraire plusieurs éléments du récit fonctionnent plus médiocrement qu’à l’ordinaire, même si Bette/Tina et Los Angeles répondent pleinement à l’appel et que l’on enregistre enfin le retour d’Hélèna. Le grand rebondissement apporté par l'épisode demeure le spectaculaire retour d'Héléna. Il se produit d'une manière quelque peu curieuse car alors que Peggy est conduite en urgence à l'hôpital, sa fille est déjà là à l'attendre, venue depuis... Tahiti. Si la scène reste avant tout amusante (s'il y a bien quelqu'un qui les enterrera toutes dans cette série, c'est Peggy Peabody), la concordance de temps étonne quelque peu, de même qu'il suffise d'un court séjour à L.A. pour que la jadis exaltée Héléna tire quasiment un trait sur sa relation avec Dusty. Ses enfants demeurent de plus toujours perdus dans le néant. Tout comme lors de son départ, cette histoire apparaît construite de bric et de broc, sans souci de vraisemblance même si la confrontation entre mère et fille tient ses promesses. Mais qu'importe, que l'irrésistible Anglaise de la série soit en piste pour la saison 6 demeure une excellente nouvelle en soi. Pour l'heure elle revient en sauveur, renversant totalement le fil des évènements de la Guerre du Planet. L'on doit avouer une certaine gêne à voir Dawn Denbo (mais pas son ex-lover Cindy) être anéantie par la toute puissance Peabody. On ne peut s'empêcher de trouver cela unfair, surtout que la série a la main particulièrement lourde avec ce personnage qui nous aura tout de même bien diverti au long de la saison. On apprécie de lui voir conserver son allant face aux ultimes railleries de Kit, un peu superfétatoires dans la mesure où celle-ci n'est strictement pour rien dans la victoire finale. Bon retour à DD au pays des flamants roses, des hors-bords, des courses de chiens et des saladiers copieusement remplis (sans oublier les éphèbes français). Le tournage hors normes de Lez Girls en vient à son terme, ce qui constitue quasiment le seul événement de l'épisode évoquant une fin de saison. Notons qu'alors que les saisons 4 et 5 nous ont semblé abuser des célébrations, jusqu'à susciter une lassante répétitivité, Loyal and True n'en compte pas moins de trois : cette fête de fin de tournage, le cocktail autour de l'œuvre de Jodi et le triomphe au She-Bar. On sature. On apprécie par contre vivement l'absence d'un happy end rocambolesque contrant le succès d'Adèle, assez fascinante dans la perversité. On la découvre fumer artistiquement la cigarette, un indice bien connu d'adversaire grand train dans une série télé. Il reste dommage, et peu crédible, que Tina lui oppose une aussi faible résistance quand Adèle l'expulse à son tour du plateau. Si l'ultime rebondissement de la soirée (le travestissement opportuniste de la conclusion du fil) paraît bien trouvé et renforcer l'intérêt, la mise en scène trop sensationnaliste de l'ensemble en minore l'effet. Que tout ceci est démonstratif... Un des moments forts de l'épisode survient néanmoins au cours de cette soirée, avec le discours de Jenny. On s'attend à une énième manifestation de l'égocentrisme puéril de la belle brune, mais c'est le contraire qui survient. Jenny parle avec une émotion aussi sincère que sobre, en remerciant avec élégance son équipe plutôt qu'en s'apitoyant sur elle-même. On se dit que l'écrivaine va sortir par le haut de cette aventure et peut-être même enfin surmonter ses démons quand, patatras ! voici la liaison maladroite de Shane et Nikki qui lui tombe dessus, la ramenant dramatiquement en arrière. On espère que Jen va rebondir, car on se lasse de voir la série s'acharner sur elle comme à plaisir, cela devient prévisible et un peu ridicule. Occasionnant cette dérive de Shane, la rupture entre elle et Molly, orchestrée par Phyllis, apparaît bien théâtrale, même s'il est difficile de donner entièrement tort à la mère. Shane/Molly nous aura rarement intéressés, il en va de même pour cette séparation cousue de fil blanc et considérablement accélérée. Il faut bien avouer que Molly, tout comme Nikki, pèse négativement à l’heure du bilan de cette saison. Alice et Tasha semblent désormais vivre un processus d’inexorable délitement, comparable à ce qu’ont connu Tina et Bette en saison 3, quoique dépourvu de l’aspect empoissonné et pervers de l’époque. Qu’elles s’éloignent l’une de l’autre pour des inégalités financières ou sociales, après avoir tant combattu pour leur couple, n’est pas absurde en soi, simplement on n’a aucune envie de voir cela. Si le fond désole, la forme ne convainc pas. On trouve ici beaucoup de scènes verbeuses, notamment entre Alice et son flirt dont on ne comprend toujours pas l’intérêt de l’introduction. Cela semble une malédiction dans cette série que de faire intervenir une tierce personne, alors que l’érosion d’un couple suscite plus d’intérêt quand elle se développe en interne, avec la désynchronisation inéluctable de deux personnes s’aimant encore. L’arrivée d’un(e) tiers précipite les choses, tout en perdant en subtilité. On a eu Lara face à Alice/Dana, Henry face à Tina/Bette mais aussi Gabriel face à Shane/Carmen ou encore Phyllis face à Shane/Molly, et maintenant cela. On déplore aussi que le récit se focalise bien davantage sur Alice que sur Tasha, il nous semblait pourtant qu’en deux saison celle-ci était entrée de plein pied dans la série. Par ailleurs, non seulement Grace n’a pas eu le droit de revenir, ce qui paraît réellement navrant, mais de plus, également privé de Tom, Max n’a visiblement plus rien à dire. On se demande ce que les auteurs vont pouvoir lui trouver à exprimer en saison 6. Fort heureusement l’épisode conserve quelques atouts à son actif. Sans doute afin de marquer le coup, la réalisation accomplit l’effort de tourner l’ensemble de l’épisode à Los Angeles, ce qui nous vaut de superbes panoramas de la ville, ainsi que quelques scènes se déroulant en des lieux emblématiques parfaitement mis en valeur, comme le très chic Venice ou Pacific Avenue. On y observe d’ailleurs que Tasha et Alice s’y promènent à deux pas de l’endroit où Hank croisait Surfer Girl à l’issue de la deuxième saison de Californication. Malgré les efforts héroïques, et le plus souvent performants, déployés à Vancouver, cette saveur authentiquement californienne se savoure avec délice. Mais c’est bien le radieux bonheur retrouvé de Tina et Bette qui en définitive constitue le meilleur de Loyal and True. Cette lumière qui n’appartient qu’à elles transcende plusieurs scènes, comme celle de la famille en voiture, où Tina (sinon Laurel elle-même) paraît particulièrement amusée par le charmant babil d’Angelica. Cette scène chaleureuse nous indique également qu’à propos de la querelle de la saison dernière, quant au choix de la maternelle, c’est bien elle qui a eu le dernier mot ! On adore également leur discussion dans le jardin en forme de bilan d’après la tempête, et où l’avenir se dessine à nouveau. Les deux actrices sont admirables et rayonnent de concert comme rarement. La vengeance assez mesquine et perverse de Jodi (cette manière de rassembler les amies avec force risettes, afin que l’humiliation de Bette soit la plus publique possible) paraît invraisemblable pour plusieurs raisons, comme l’absence de tout rapport entre cette installation high tech et les assemblages de bric et de broc coutumiers de l’artiste. D’ailleurs c’est bien la première fois qu’une de ses œuvres apparaît intéressante visuellement parlant ! On s’étonne également de la vitesse avec laquelle elle a dû tout reprogrammer, ainsi que de la provenance mystérieuse de vidéos aussi nombreuses de Bette. Mais qu’importe, c’est très bien que Jodi ait eu sa petite revanche, comme cela Bette a payé le prix et pourra poursuivre sans remords ni regrets avec Tina. Tina consolant Bette l’éplorée paraît comporter une pose quelque peu théâtrale, mais le talent et la conviction des artistes permettent de dépasser cela. On aime la nouvelle Tina, plus affirmée et entreprenante, tandis que Bette a appris à mieux aimer Tina en se mettant moins en avant dans leur relation. Cette crise si longue et parfois insoutenable leur aura au moins permis de reconstruire leur couple sur des bases plus saines et équilibrées. On touche du bois tout en leur souhaitant de ne pas dilapider cette précieuse et rare seconde (troisième…) chance au cours de la saison 6 ! Hormis quelques errements passagers, la saison présente aura admirablement réussi ce segment du récit. Leur slow final apparaît comme l’un des moments les plus beaux, tendres et sensuels de la série, d’autant qu’il se voit porté par la somptueuse adaptation de Walk on By par Isaac Hayes (on recommande également chaudement celle de Diana Krall dans l’album Quiet Nights). Une chanson une nouvelle fois admirablement choisie, comme The L Word sait si bien le faire. L’incomparable version originale de Dionne Warwick vient idéalement conclure cette saison certes inégale, mais contenant toujours bon nombre de pépites, tels ces superbes génériques de fin rivant à l’écran jusqu’au dernier instant. Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
SAISON 2
9. Latitude (Late, Later, Latent) 10. La croisière s'amuse (Land Ahoy) Nous retrouvons Bette, Tina et toutes les autres quelques semaines après les évènements de la fin de la saison précédente. Leurs aventures sentimentales se poursuivent, tandis que Marina et Tim s’éclipsent et que trois nouveaux personnages effectuent leur entrée, Helena, Carmen et Mark. Bette s’efforce désespérément de reconstituer ce qui a été brisé, mais Helena vient encore compliquer sa relation avec Tina. Jenny affirme sa personnalité gay et prend Shane comme colocataire, ainsi que Mark. Mais les caméras de ce dernier et l’apparition de Carmen entre Shane et Jenny vont venir singulièrement troubler l’atmosphère d’une maisonnée ne ressemblant plus du tout à celle de Tim ! Dana et Alice, malgré l’amie des bêtes Tonya, vont se trouver et former un couple aussi complice qu’amusant. The L Word maintient sa qualité d’écriture, joue habilement du drame et de la comédie, tout en se dotant d’un vrai générique. La série réussit à passer le cap si souvent malaisé de la deuxième saison, toujours portée par des comédiennes en état de grâce. 1. LIBIDO La saison deux débute joliment par un résumé très efficace de la précédente, suivi du nouveau générique, superbe et très évocateur de la série. Apparemment un fossé de quelques semaines s'étend entre les deux épisodes, ce qui se traduit subtilement par quelques évolutions capillaires, positives ou négatives. La plus trash demeure, de manière surprenante, celle de Tim, sa tignasse immonde achevant de lui donner un air assez marrant de kobold (looser un jour, looser toujours). The L Word a habituellement le talent de tisser ses divers fils narratifs autour d'épisodes à thèmes et c'est fort logiquement que celui du jour s'avère la séparation, au moment où de nombreux personnages de la saison 1 tirent leur révérence. Disons-le, on n'est pas toujours convaincu par la manière dont ces départs s'effectuent. La tentative de suicide d'une Marina totalement escamotée ne semble pas cadrer avec sa forte personnalité, même pour l'amour contrarié avec Jen. Son évacuation ressemble fort à une urgence mal plâtrée, sans doute pour des causes relatives à la production. En l'état Marina et Karina Lombard laissent un grand vide, même si, via le Planet, une case est libérée permettant à Kit de développer son personnage au-delà de la relation avec sa sœur. Dommage ! (Idem pour Francesca, annihilée.) Le départ du petit copain de Jenny semble aussi bien soudain et un peu contradictoire : d'un coup il n'accepte plus la sexualité de sa compagne, qu'il accuse d'être lesbienne alors même que la spécificité de jenny est son ambivalence ambiguë et flottante. Cela signifie-t-il qu'elle aurait totalement viré de bord ? Auquel cas un tel tournant narratif aurait mérité plus qu'une discussion assez faiblarde au milieu des cageots de légumes. Enfin, passons, le personnage était assez falot de toutes manières. On espère que la belle histoire, originale par son aspect platonique, de Kit et Yvan ne se conclura pas sur cet incident passablement sordide et téléphoné. Ce serait vraiment du gâchis d'autant qu'elle nous vaut encore de très beaux moments, notamment motorisés. Excellente idée de situer Pam Grier avec des véhicules de la grande époque de la Blaxpoitation (et avec Zébra 3 !), cela fait tout de suite 70's à mort, c'est très fun (le revival 70's ou 80's reste une amusante spécificité de la série). Il reste caractéristique que le personnage réussissant le mieux sa sortie demeure le pauvre Tim, assez digne et émouvante même si le gaillard étant toujours déboussolé et amoureux de Jenny. Très jolie scène également avec Bette, nous rappelant la sympathie existant entre elle et Tim, finalement insuffisamment exploitée au cours de la précédente saison. Sic transit mundi, on souhaite tout de même bonne chance à Timouchet, un gars sympa, loyal et droit. Si l'on reste donc assez circonspect sur le volet « départ » l'épisode demeure néanmoins excellent grâce à deux éléments. D'abord, a contrario, par une arrivée, elle totalement réussie et hautement enthousiasmante, celle de Carmen. On craque instantanément et massivement pour le personnage, splendide mais aussi et surtout particulièrement attachant. Le numéro d'actrice de la sublime Sarah Shahi, à l'unisson de ses collègues, est formidable, avec d'entrée une confondante humanité de son personnage, et une passionnante comparaison avec ce qu'elle accomplit dans Life. On pourrait craindre qu'elle ne soit là que pour illustrer le retour de Shane à ses éphémères amours, après la triste parenthèse Cherrie, mais fort heureusement le générique est là pour confirmer que Carmen va s'enraciner. Donc, une recrue en or pour la série, y compris si elle fait se sentir un peu vieux (dès qu'elle parle musique je ne comprends rien, mais alors, rien !). Outre cette recrue de choix, l'épisode rassure par le maintien de l'intérêt des personnalités des héroïnes, fondamental pour celui de la série toute entière. Toutes sont toujours aussi passionnantes et l'on ne ressent aucun déclin à l'orée de la saison 2. Jenny est toujours dans ses déphasages littéraires, on ne s'en lasse pas. Shane, Alice et Dana continuent à nous divertir par des dialogues et des situations vraiment drôles, on rit franchement. Shane redevient la sniper décomplexée que l'on appréciait. Dans les Avengers on s'amuse des records de Steed pour ouvrir des menottes, on pourra faire pareil ici pour la « conclusion » de Shane avec Carmen On reste un peu surpris de voir Dana rester collée à la pénible Tanya (une horreur), mais cela autorise des situations pétillantes avec Alice, alors... L'électrique Alice est très en forme, on en tombe régulièrement de sa chaise. Le coup du tricot est énorme, tout en renforcant l'aspect commère assez jouissif du personnage. On regrette juste sa scène un peu langue de vipère avec Bette, la pauvre n'a pas besoin de ça. Autre réconfortante continuité avec la saison 1, les scènes les plus fortes, éprouvantes, de l'épisode sont à mettre au crédit de l'histoire de Tina/Bette. Queen Bette traverse une mauvaise passe (whisky, humeur épouvantable au boulot, sinistrose globale, autocritique publique). C'est nouveau et intéressant à suivre, avec une Jennifer Beals toujours incroyable, elle nous épate vraiment en permanence. C'est caractéristique de voir Bette, revenue de sa dépendance sexuelle, gérer l'affaire comme un dossier ou une défense argumentée (et au passage en virant assez cavalièrement Candace...). Cela ne fonctionne pas tant Tina est enracinée dans sa colère, d'où des affrontements toujours impeccablement filmés et interprétés, c'est vraiment très fort. Dans une série télé on connaît plusieurs types de gestion quand une comédienne devient enceinte : les subterfuges autant que possible suivis d'un retrait temporaire (école X-Files) ou des tenues gazeuses glamour en diable et une doublure aux moments « délicats » (école Secret Diary). Ici on intègre pleinement la grossesse à l'histoire. C'est parfois délicat, avec personne qui ne s'en rend compte (?) et ce manteau (hideux) parfaitement incongru sous le soleil de L.A.. On a envie de rester indulgent, le point d'interrogation apporté à l'intrigue demeure prometteur. L'histoire de Tina et Bette sait se renouveler tout en demeurant le moteur principal de la série et en nous valant toujours des scènes en or massif (on n'est pas près d'oublier le cri déchirant de Bette !). Le thème de la séparation se voit parachevé par le triste regard échangé entre Bette et Jenny, au terme d'un épisode lançant excellemment la saison 2 et riche en promesses. Les départs un peu expédiés se voient largement compensés par une formidable arrivée et le maintien du ton particulier de la série, entre humour et drame, tout un discours captivant sur les différentes facettes de l'amour, ses joies et sa terrible violence. On ajoutera que la mise en scène demeure un modèle d'efficacité, avec une surexposition lumineuse toujours aussi « californienne » mais surtout un authentique talent pour dynamiser les dialogues et une qualité d'image exceptionnelle (visiblement la série bénéficie de moyen accrus après le succès de la saison 1). La bande-son reste également particulièrement succulente et variée, avec notamment un amusant clin d'œil au générique. Notre ami le placement de produit est lui aussi de retour. On boit beaucoup d'eau à West Hollywood : E..., San P... et P... vous remercient. Aïe, marée basse après l’excellent épisode précédent. Sans être mauvais, celui-ci comporte tout de même de nombreux éléments ne fonctionnant pas. On est rassuré de constater que la série conserve ses scènes d’avant générique (qui nous ont valu de grands moments la saison passée) mais ici on a le doit à la figure classique de la mariée plaquée devant l’autel et de toutes façons on ne se passionne pas vraiment pour le personnage de Robin, trop gentillette et lisse depuis le début, même si parfaitement interprétée. Enfin elle s’en va, une de plus sur une liste impressionnante. Ceci dit j’adore la musique style Katmandou 70’s, comme je raffole vraiment du côté vintage 70/80 de la série, tombant toujours juste. Et après le générique retentit une stridente sirène d’alarme, on ouvre des yeux écarquillés, tout vire au rouge : attention, The L Word vire à… la série judiciaire ! Damned, l’un des genres les plus lourdingues qui soient à de rares exceptions près, même si l’avocate (et sa déco très connotée !) valent le coup d’œil, ainsi que sa discussion brut de décoffrage avec Tina. On se croirait par moments dans Ally McBeal, une des exceptions précédemment citées. Ceci dit si la confrontation Tina/Bette (primordiale, cruciale) vire aux intrigues de prétoire, on court à la catastrophe. La série rate en partie le départ d’Yvan, alors que l’on ne comprend pas comment ce qui reste un malheureux concours de circonstances prend une telle proportion. Il est très possible que cela puisse s’expliquer par la psychologie du personnage et son parcours, mais il faudrait un minimum de détails, au moins un dialogue avec Kit. Ce silence ressemble tout de même à une facilité des plus frustrantes pour les spectateurs s’étant attachés à cette figure originale et sympathique. Une éviction en forme de gâchis. Même si la porte reste ouverte à un retour éventuel. Sinon Pam Grier au volant d’une Gran Torino, on ne s’en lasse pas ! Très amusant les forêts bien connues de Vancouver sous le pseudo soleil, d’autant que la cabane d’Yvan ressemble trait pour trait à celle du Patriarche du Groupe MillenniuM. On s’attend presque à voir Frank Black surgir du bois. Voici qui nous sommes ! Apparition de Sandra Bernhard, grande spécialiste des rôles humoristiques. C’est une bonne nouvelle mais la scène de fac avec Jenny en pleine régression "petite fille modèle" ne fonctionne pas du tout. C’est froid, empesé, sans piment. À suivre, mais la série semble se demander quoi faire de Jenny : il n’est guère vraisemblable qu’avec ses soucis de logement et d’argent elle reparte en fac payante, d’autant qu’elle n’a rien à apprendre. Pour un épisode placé sous le signe de la quête de l’autonomie ce n’est guère convaincant. On se régale toujours de ses projections littéraires, quelque part entre Lynch et le cinéma expérimental, mais il va falloir que Jen trouve un vrai point d’appui pour ne pas s’isoler et perdre en intérêt. Lui faire rencontrer une autre communauté n’est pas inintéressant (on compare les deux groupes, l’un plus assagi et serein mais aussi plus terne et atone que l’autre) mais ce n’est qu’un pis aller. C’est en s’enracinant (enfin !) dans le « Clan » que le personnage de Jenny peut vraiment se développer (à l’image de Kit achetant le Planet). Heureusement cette voie s’arrête là. Même si, fort heureusement, on trouve toujours des scènes parfaitement divertissantes (le délire autour du café, les filles déboussolées sans le Planet) on trouve Alice moins hilarante et plus vipérine qu’à l’accoutumée, notamment dans son espèce de hargne vengeresse envers la pauvre Bette. Par ailleurs Tonya a fait son temps, on s’ennuie un peu avec elle maintenant, on a fait le tour du sujet. C’est assez enrageant de voir autant de personnages formidables disparaître et elle rester dans le show. J’échangerai trois barils de Tonya contre un de Marina. Et puis on a envie de voir Alice et Dana arrêter de tourner autour du pot maintenant. La relation Shane et Carmen reste bien le vrai rayon de soleil de ce début de saison, même s’il nous faut subir le groupe manquant un peu de consistance des The Organ. Le reste de la bande-son est très relevé, les génériques de fin représentent notamment toujours de superbes morceaux. La meilleure nouvelle de l’épisode reste encore que Bette Porter est toujours sur le ring. On apprécie qu’elle soit toujours vaillante, notamment face à Alice (aux motivations passablement revanchardes), et n’hésite pas à moucher joliment celle-ci (tiens ! Candace a été écrite sur la Toile finalement…). De même que de la voir toujours tenter de reprendre en main le devenir de Tina, notamment via le logement. Bon, Bette ne comprend rien au problème, reste toujours incapable de se remettre en question mais son côté battante est assez revigorant. C’est Mama Bette, tout de même. Tina est toujours adorable (et très touchante lors du strip avec la pseudo Bette), on aime qu’elle n’affirme pas à son avocate vouloir rompre définitivement avec Bette, quelque part on progresse (un tout petit peu). Mais cette histoire de grossesse invisible, avec le manteau d’espion de la guerre froide cédant la place à un poncho genre Clint Eastwood, cela devient vraiment ridicule, et en plus l’avocate qui s’en rend compte en deux minutes… La scène la plus émotionnellement forte de l’épisode est encore une fois due à Bette quand elle constate au restaurant que le reste du clan a pris partie contre elle et la traite désormais en étrangère, pour ne pas dire en paria. Il est caractéristique de constater que la seule qui se précipite pour lui parler est Shane, toujours aussi belle âme, plus généreuse ici qu’Alice et consorts. Jenny Beals est toujours incroyable dans le registre de l’émotion, y compris dans la très belle scène de fin. Ce beau moment d’amitié apporte un véritable espoir après cet épisode peu relevé. Que Shane devienne la coloc de Jenny règle sans doute le problème d’intégration de celle-ci à la série et ouvre d’intéressantes perspectives… Et puis conclure sur une Bette amusée qui retrouve enfin le sourire (cela faisait bien longtemps), suscite un vrai plaisir. Sinon nouveau guest de choc avec le numéro totalement hallucinant de Derek de Lint, le leader de Poltergeist, série fantastique au long cours des années 90. Il pastiche ici joyeusement son personnage fétiche de bellâtre et en fait des caisses de manière irrésistible. Sacrée Marina, même absente elle continue à décocher des missiles et à bien cacher son jeu. Ah, telle la bourse d'Athènes la série repart franchement à la hausse, avec, de manière très caractéristique, un épisode dominé par les deux personnages mis en exergue depuis le début de cette saison, Alice et Queen Bette. L’épisode reste en effet l’occasion d’un vrai Alice’s show. Et ce dès la scène d’introduction, avec un rêve à son image : électrique et haut en couleur, moins transgressif que ceux de Hank Moody mais peut-être plus tonique. On rit beaucoup, de même que lors de nombreuses scènes où son babil acidulé et son esprit aiguisé font merveille : les conseils à Kit, l’accompagnement de Tina dans sa nouvelle résidence, (sacrée Alice, éplorée d’avoir enfin son appartement libéré…), et bien entendu le maintien du statu quo avec Dana. C’est bien grâce à Alice avant tout que cette situation tout de même immobile continue à divertir, Dana se situant en retrait. Et puis elle finit par se rabibocher avec Bette après une brouille passablement vénéneuse, ouf ! On regrette juste de la voir décréter que le jazz ne va intéresser personne à « Gay Town », c’est dommage de renforcer ainsi la réputation de cette superbe musique prétendument réservée à une minorité d’élus. Mais l’épisode se rattrape grâce à un sublime morceau final, Motown jusqu’au blanc des yeux (Some kind of Wonderful). Un régal. Toutefois c’est encore et toujours Bette qui conserve les rênes du récit. Après la confrontation effectivement aussi intense et formidable qu’éprouvante avec Tina et son avocate (qu’on déteste très vite), le drame se noue : pour la toute première fois Bette perçoit que la séparation avec Tina pourrait bien devenir définitive et là c’est vraiment le sol qui se dérobe sous ses pieds, avec une violence assourdissante. Bette, encore si combative dans l’opus précédent, va s’effondrer sous nos yeux tout au long de l’épisode, dans un processus décrit avec une précision clinique redoutable. Lâcheté saisit le spectateur à la gorge et ne le lâche plus, au contraire il serre toujours plus fort. Bette se réfugie d’abord dans la rage et l’hyper agressivité avec le Très Beau puis ses charmants amis du conseil (belle brochette). Cela pourrait présenter un côté amusant avec une Bette flamboyante dans son ire (Jack Bauer c’est de la bibine à côté) et sa manière bien à elle d’être classieuse et vulgaire en même temps, mais en fait ce n'est pas drôle du tout. Elle disjoncte totalement et continue sa descente aux enfers en arrivant ensuite à l’étage Sue Ellen. Bon, les filles ne s’en rendent sans doute pas compte, mais se réunir comme ça chez Jenny, à côté de chez Bette, et ignorer celle-ci totalement, alors que Tina n’est même pas là, c’est purement abominable. C’était si inimaginable d’aller frapper à sa porte et prendre de ses nouvelles ? Quelque part cela achève Bette qui, à force de chagrin amer et d’alcool, s’en vient boire le calice jusqu’à la lie dans une vraie scène de déchéance. Le mot est fort mais c’est comme cela que l’on ressent et l’horrible embarras de l’assistance (à part Tonya, bien entendu) est aussi le nôtre. On va dire que les copines ne s’étaient pas rendu compte à quel point Bette la Lionne était détruite, d’ailleurs elles sauvent un peu le coup en la ramenant (n’empêche, c’est la première fois que je suis en colère contre l’ensemble du groupe). Le coup de grâce vient avec l’affaire du mail de Candace (qui ne doit pas rigoler de son côté non plus), jusqu’à déboucher sur un rituel de suicide assez glaçant. Le dégradé tout au long de l’épisode est mené de main de maître, mais là on n’en peut plus. D’accord, Bette a fauté, tout ça, mais là c’est trop. Il faut vraiment qu’elle trouve une porte de sortie au prochain épisode, pour elle, mais aussi pour nous ! On l’a dit 20 fois, on va le dire une fois de plus, ce que tire Jennifer Beals de son personnage est extraordinaire, on aura rarement vu d’équivalent dans une autre série télé (Gillian Anderson dans Memento Mori,Never Again et autres). Bon, on va chipoter. Le focus du récit est tellement placé sur Alice et encore davantage Bette que l’on ne dispose plus que d’une vision partielle des relations. Pour Tina ce n’est pas franchement gênant, même si l’on s’attarde nettement moins sur elle, parce que l’on comprend très bien ce qu’elle ressent, la souffrance amère de la trahison (homo ou hétéro c’est pareil) et puis on se régale tellement avec Jenny B…. Par contre la relation Alice/Dana est surtout explicitée du point de vue de la première et là c’est dommage car on ne comprend pas très bien ce qui se passe dans la tête de Dana, totalement subjuguée par cette perverse narcissique de Tonya (et vénale en plus). Elle se secoue un peu ici mais demeure dans les filets de Tonya. Pourquoi ? Alice lui dit que l’autre lui a lavé le cerveau, oui mais comment, par quel biais ? Qu’est ce qui fait au fond que Dana s’accroche tellement à Tonya et continue à refuser Alice ? On n’en sait rien, il y a ici une zone d’ombre assez gênante. À côté de Tina/Bette qui ne veut pas mourir et de Alice/Dana qui ne veut pas naître, il reste peu d’espace pour les autres personnages, mais l’épisode parachève son succès en parvenant à ne sacrifier personne. Depuis la fin de la parenthèse Fae Buckley, la série a renoncé à son seul aspect autre que relationnel ainsi qu'à son seul véritable personnage antagoniste : un grand vide. Il est donc plus que jamais nécessaire de renouveler l’intérêt et la crédibilité de ces diverses relations pour éviter de basculer dans l’artificialité et le manque de substance. The L Word n’avance que sur un seul pied. Or les scénaristes relancent superbement la mécanique en développant deux embrouilles croquignolettes. D’une part il est à peu près évident que l’avocate a des visées autres que professionnelles sur Tina, ce qui prouve qu’elle a aussi mal compris Tina que Bette quand elle estime que celle-ci joue la comédie. Et puis surtout il y a une espèce de triangle amoureux bien tordu qui commence à se dessiner entre Jen, Carmen et Shane, annonçant du lourd. La série trouve encore des choses nouvelles et prometteuses à raconter. Sur six saisons, cela reste à confirmer… Déjà Shane-take it easy qui est chez elle chez Jenny en 2 min 30, c’est excellent (et pas moyen de se fâcher avec ça, c’est la magie de Shane) et les agacements mi-figue, mi-raisin de Carmen (marrante et toute mimi dans son trip DJ) valent aussi le coup d’œil. Sur un registre plus grave la discussion entre les deux est l’occasion d’évoquer une nouvelle fois, après la rencontre avec le copain gay durant la saison 1, un passé – notamment familial – visiblement très douloureux chez Shane, sur lequel elle fait un blocage complet. Carmen, si positive, si sensible, apparaît justement comme celle qui pourrait lui permettre de dépasser cela. On espère que Shane saura saisir cette chance, les jeux sont extrêmement ouverts. Le triomphe de Kit fait aussi bien plaisir, avec les Betty en guest. Les interprètes du générique assurent vraiment sur scène ! Allez, deux-trois choses que l’on a pas aimé, sinon ce n’est pas marrant, mais cela reste anecdotique. D’abord je n’aime pas trop le nouveau Planet : j'appréciais le côté tranquille, ensoleillé et intimiste du précédent, propice aux discussions, limite cafétéria (onéreuse). Ici on a une boîte branchée de plus, point barre. Pas grave. Sinon c’est Alice, toujours mise en avant, qui a droit à la grande scène de la révélation de la grossesse de Tina. D’abord celle-ci ne peut pas ignorer qu’ainsi c’est la moitié de L.A. qui peut être au courant demain, dont Bette. C’est Alice tout de même. Et puis le modus operandi est tellement ridicule. Tina (qui a vécu des semaines chez Alice) se lève, soulève son pull et là c’est la révélation, Alice qui tombe des nues…. C’est du niveau de la série Superman où il suffit à Clark de mettre ses lunettes en portant le costume pour que Lois ouvre les yeux sur ce qui les crevait. Le plus gênant demeure cette histoire toujours aussi inutile et creuse de Jenny à la fac : les dialogues sont consternants de convention, les présupposés littéraires ineptes, rien ne passe entre la prof et elle (quel contraste avec la visite incandescente de son prof précédent durant la saison 1), le tout est filmé sous une lumière glaciale etc. D’accord Mia est géniale, mais on préfère qu’elle le soit dans quelque chose qui en vaut la chandelle. Ilene Chaiken doit avoir son idée pour se lancer là-dedans, mais pour l’instant cela produit uniquement un bruit blanc, heureusement bref, au cours de l’épisode. A conrario la psycho vision du jour est géniale (bienvenue dans la Quatrième Dimension) et le vieux plan que concocte Carmen avec Jenny nous rassure. Finalement, un excellent épisode (quels dialogues !) avec un guest très bref mais qu’un fan des séries SF ne peut laisser passer : Gary Jones, le fidèle Sergent Harriman, aux manettes de la Porte des Étoiles durant tout Stargate (SG1 et SGA). Bonne surprise ! Le lancement de l’épisode nous rassure quant au Planet. Certes la nouvelle déco paraît trop ostentatoire et le fond musical permanent gêne un peu (une vraie plaie, les cafés/restaus trop sonores), mais le QG autorise toujours les discussions marrantes et dingues que l’on aime bien. Alice, qui avait trouvé idiot le jeu de questions de Tonya la fois précédente, fait ici très fort sur ce thème. Un grand éclat de rire pour lancer l’épisode, c’est parfait. Par la suite on sort un peu frustré du voyage de Bette à New York. Certes cela nous vaut des vues très sympas, même si forcément clichés, de N.Y.C. : Yellow Cabs, Central Park, Fifth avenue, Empire State Building, intérieurs très haute bourgeoisie de la Côte Est etc. C’est bien fait, on varie les décors de la série, avec une petite saveur SatC qui va bien. Malheureusement l’on en demeure dans le figuratif et l’on ne ressent pas du tout l’atmosphère de la ville, si différente de L.A., on reste à la surface des choses. Bon, cela aurait sans doute nécessité un épisode spécial Bette, un peu hors sujet (on ne désespère pas de découvrir Hank Moody dans « sa » ville, par contre). Ce relatif manque d’ambiance se ressent d’autant plus que le reste de l’épisode s’immerge, lui, plus que d’habitude dans la Cité des Rêves. On a ainsi droit à une très belle vue des célèbres attractions de Santa Monica (vues dans Californication, y compris dans son générique, mais aussi lors de la joyeuse balade de Mulder et Scully à L.A. dans The Amazing Maleeni). Ce décor sert idéalement à une scène très vive et pimentée entre Alice et Dana, la seule de l’épisode (gérer de nombreux personnages, encore et toujours). L’hilarant défilé de zozos magnifiques comme candidats à la colloc de Shane et Jenny vaut aussi son pesant d’or, avec des figures très West Coast (la starlette mytho, le naturiste décomplexé, etc.). Le summum reste l’entrée de Shane dans les coulisses des studios, un passage très réussi, renouvelant le versant professionnel du personnage tout en exploitant sa cool attitude qu’on adore. Un versant Los Angeles réussi donc, on apprécie que les filles sortent un peu de leur cocon ouaté de West Hollywood. Bonne nouvelle, Jenny est désormais pleinement intégrée au groupe et apporte sa pierre aux sessions du Planet. À quelque chose malheur est bon, c’est aussi une conséquence du départ de Marina. Qu’elle soit momentanément débarrassée du blabla creux universitaire ne l’empêche pas de nous faire participer à ses créations littéraires hallucinées, avec une persistance de la fête foraine, un élément important des représentations fantastiques américaines (La Caravane de l’étrange, À la poursuite du rêve, Ray Badbury, Stephen King etc ). Le coup du tir aux pigeons est vraiment génial. Shane/Carmen/Jenny continuent leur partie de poker menteur et Alice/Dana leur pas de deux mais aucun de ces aspects ne se voit ici réellement approfondi, car l’épisode est principalement orienté vers le développement des situations matérielles et professionnelles des personnages. Un passage obligé (mais non ennuyeux), car un récit uniquement relationnel et statique par ailleurs pourrait lasser. La seule exception demeure encore et toujours Tina/Bette. Bette en bave décidément dans tous les domaines, y compris au boulot où elle doit ramer sérieusement pour ses subventions (avec un retour passablement halluciné de la «hasbian» de la saison précédente, lestée d’un gigolo). Le moment fort reste quand, dans une séquence superbement filmée tout en tonalité mélancolique, elle passe à l’acte de nouveau, avec une inconnue rencontrée dans un bar (très classe par ailleurs). On ne lui en veut pas, après l’effondrement de l’épisode dernier, cette rustine est pour elle un moyen de continuer à survivre, de soulager un peu la souffrance. On se réjouit de la voir trouver ce biais pour ne pas céder au néant. Même si on la voit triturer son alliance on ne pense pas pour autant qu’elle renonce à Tina. Celle-ci comme prévue reçoit les avances d’une avocate qui n’a décidément pas compris sa cliente, toute émue de revisiter ses souvenirs avec Bette plutôt que de se livrer à un inventaire comptable. Le vent qu’elle se prend fait bien plaisir, Tina n’est pas pour reprendre le large, c’est aussi une bonne nouvelle. Alors oui, on se réjouit autant de voir Bette s’offrir du bon temps que Tina rester seule. Injuste ? Bah, oui. L’autre élément expliquant la relative atonie de l’évolution des sentiments amoureux demeure la part importante prise par l’introduction des deux derniers personnages réguliers de cette saison, selon le générique (à l’épisode 4 on s’en situe déjà au tiers, il est temps) : Helena Peabody et donc le beau Mark. Encore en devenir et prometteurs, ils se montrent d’emblée intéressants et, comme toujours dans The L Word, excellemment interprétés. Helena appartient sans doute au groupe des « Mighty Lesbians of Manhattan » entrevu dans SatC via Charlotte. Très chic, superbe, et intelligente, au caractère bien trempé, elle n’est pas sans évoquer Bette elle-même, en moins sympa et plus imbue d’elle-même (il faut voir comme elle prend Bette de haut). Leur rencontre crépite et, si elles ne vont visiblement pas devenir copines, on attend avec intérêt la suite du bras de fer. Avec ses gosses adoptés elle remue le couteau dans la plaie de Bette à propose de la perte de celui de Tina, mais on ne peut pas lui en vouloir sur ce point. À voir, on découvre simplement, mais la série semble bien trouver ici du grain à moudre pour se développer. (Bon, il va bien falloir qu’Helena se déplace à L.A., sinon…) Mark apporte une nouveauté encore plus tranchée dans l’univers de la série, avec l’irruption d’un homme hétéro (et bigrement séducteur) au beau milieu de la communauté. Le choix de coloc pourrait surprendre, mais, c’est vrai, six mois d’avance cela ne se refuse pas et Mark leur sort un baratin du tonnerre (et il faut bien rééquilibrer le casting de la série pour toucher le plus de public possible). Il est nettement plus L.A. que Smallville, contrairement à Tim, qui était, lui, plus romantique et sans doute fragile (et coincé). Avec Mark on a un peu l’impression d’un loup entrant dans la bergerie, même s’il reste parfaitement sympathique. Le regard straight qu’il va porter sur le groupe promet, souligné par son aspect caméra à la Blairwitch project. Il est déjà royalement accueilli sur ce point par une piscine nettement plus « joyeuse » que dans l’épisode précédent, avec Alice, Shane et les autres, toutes pompettes et à poil. Ah, ah, ah !, mon vieux Mark, je te déteste déjà. On lui doit indirectement le seul regret de l’épisode quand il déclare à Jenny percevoir l’homosexualité féminine à la coiffure, du coup celle-ci décide de se faire couper les cheveux. C’est non seulement immature de la part de Jenny (bon, c’est Jenny, toujours en recherche d’elle-même), et puis Mia sans ses ailes de corbeaux, c’est criminel. On craint le pire. Quelques à-côtés amusants comme l'aspect vintage du jour représenté par notre B.B. nationale, que l’on entend chanter en français. On constate aussi que, à L.A. comme à N.Y.C., absolument tous les personnages ont la même marque d’ordinateur. On ne peut guère se tromper puisque le logo est régulièrement placé au centre de l’écran. Mangez des pommes ! Plusieurs guests savoureuses (Mimi Kuzyk ! 80’s à mort), dont la formidable Camryn Manheim (The Practice) qui nous fait un show étonnant en productrice irascible et speedée mais sympa dans le fond. Au total, un épisode sans doute moins émotionnellement fort que la descente aux enfers de Bette la dernière fois, mais dense et solide, achevant de planter le décor de la saison tout en démontrant que The L Word a encore la faculté d’innover. Donc le drame annoncé a bien eu lieu. C'est officiel, Jenny s'est engagée dans les Marines, elle passera le reste de la saison en treillis et fusil d'assaut, c'est comme ça. Passons, mais c'est juste une boucherie. Ceci dit, l'effroi capillaire n'empêche pas une Jenny, plutôt sur le haut de la vague en ce moment, d'apporter d'excellents moments à l'épisode. On apprécie beaucoup son amitié complice avec Shane, ainsi que l'empathie développée avec Bette. Camper Jen en observatrice lucide (et confidente) des autres, alors qu'elle demeure elle-même passablement embrouillée, est une bonne idée, conforme à son profil d'écrivain. Grand moment : devant nos yeux écarquillés son délire littéraire consiste tout bonnement en un remake d'un des classiques absolus de La Quatrième Dimension : The Eye of the Beholder, avec des maquillages très similaires et elle-même dans le rôle de la jeune fille. La Beauté est dans l'Œil de l'Observateur... Cet épisode très Jenny (toujours une bonne chose) la conduit aussi à un duel de piques et autres vannes avec Mark, lorsque celui-ci se lance dans son mirifique projet de documentaire sur le quotidien des « Adoratrices du dieu Abricot » (sic). Le gaillard confirme à l'occasion qu'il est le vendeur du siècle, argent, bons sentiments, parallèle avec la création littéraire il fait feu de tout bois sous le regard d'une Jenny non abusée mais qui finit pas accepter (Shane reste plus réticente). Il en découle un duel particulièrement amusant, avec des dialogues qui crépitent et une mise en scène en caméra « subjective » assez rigolote. Malheureusement, cet habile procédé scénaristique se voit compromis par l'espèce de barnum à la « Big Brother » de Mark et son pote abruti. Cette piste-là semble moins prometteuse : ramener Mark à une posture de méchant réduit l'intérêt du personnage et ses potentialités et la situation perd aussi en originalité, devenant plus manichéenne. Léger malaise : après tout, ce que Mark essaie de faire est-il si distinct de The Real L Word, à l'importante différence près du consentement, bien entendu. Espérons que ce second aspect ne phagocytera pas le premier trop rapidement. Cela faisait quelques temps que The L Word nous avait privés de ces lieux venus de l'autre bout du cosmos, mais la série se rattrape ici largement avec ce qui ressemble fort à un sex shop pour Dames, ornementé de versions passablement exotiques d'un certain instrument pour lequel nous savons, depuis le fameux tricot, qu'Alice éprouve un penchant certain. Cela nous vaut une scène très divertissante entre Alice et Dana (Tonya me tape sur le système, je n'y peux rien), avec à la clef des confiseries fantaisies valant aussi le détour. Dans cet épisode présentant le jugement comme thème sous-jacent, le passage devient subitement âpre quand Alice doit une nouvelle fois se défendre de sa bisexualité. Bon, ce débat interne à la communauté lesbienne nous passe un peu au-dessus mais cela nous vaut une nouvelle belle composition de Leisha Hailey, toujours étonnante de naturel. Par la suite Dana et Alice, à la relation particulièrement binaire (griffes/caresses) nous offrent un brûlant récital, même à l'échelle de la série. Ce passage, non dénué d'humour, s'avère impeccablement filmé mais achève de rendre non crédible la poursuite des fiançailles Dana/Tonya. Il devient plus nécessaire que jamais de sortir cette dernière de la série ! L'épisode apparaît parfaitement maîtrisé et gouleyant, mais achoppe sur l'espèce de procès en sorcellerie intenté à la pauvre Bette Porter, contre laquelle la série semble comme s'acharner. À l'unisson de la voluptueuse brune, le spectateur a des étoiles plein les yeux quand Tina rentre (temporairement) au foyer. Après tout le segment ressemble à un procédé vaguement stalinien tendant à prouver que Bette gâche tout par égocentrisme. On veut bien qu'elle prenne quelques tics dominateurs d'antan, mais en même temps c'est humain de vouloir, inconsciemment, retrouver les sensations du « bon vieux temps ». Par contre, on ne croit pas un seul instant à la scène outrée où Bette sabote tout avec une orgueilleuse colère à propos des subventions Peabody. Alors qu’on la découvrait au bord de l’abîme encore récemment, que cela prenne le pas sur un possible retour de Tina ne tient pas la route. Le pire demeure l’auto flagellation à propos du fait qu’elle ne perçoive pas la grossesse de Tina. Mais, bon, c’est un peu le cas de tout le monde dans la série, pourquoi en faire tout un plat en ce qui la concerne ? Un passage particulièrement assassin se situe quand Bette demande à Jenny si elle était au courant et l’autre répond « oui ». Ah bon, kézaco ? Aux dernières nouvelles seule Alice savait et si elle finit par manger le morceau, rien ne l’a montré jusqu’ici. Cette flèche du Parthe, soulignée ensuite au Planet avec les autres filles, sent le bas procédé pour enfoncer Bette un peu plus. On attend maintenant d’en savoir plus sur Helena, si elle se rapproche de Tina sincèrement ou juste dans le cadre d’une guerre privée avec Bette (comme le prouverait la coïncidence un peu grosse des subventions). Quoiqu’il en soit, Tina, qui clamait haut et fort sa volonté d’affranchissement, tout ça, paraît bien prompte à se précipiter vers la première femme d’autorité venue, assez similaire à Bette, tout en décochant des crocs en jambe assez durs à cette dernière (vraiment jusqu’au bout elle n’aura pas voulu lui dire pour le bébé, elle la mouche dès qu’il est question d’Helena etc.). On se résout à l’inéluctable concernant sa relation avec l'hypocrite et doucereuse Helena, mais il faut bien dire que l’on ressort de l’épisode passablement déçu par Tina. Shane, ses aventures hollywoodiennes (même avec une rencontre très touchante avec la prostituée russe) et sa machination diabolique pour accrocher Carmen à Jenny, sans doute pour fuir une vraie liaison (jeu dangereux) demeure un peu périphérique, mais cela n'empêche pas l’épisode de demeurer dense et fécond de bout en bout. L’histoire réussit à jongler entre les trajectoires personnelles des personnages et leurs réunions toujours très réussies, comme la longue scène finale de l’enterrement de la vie de jeune fille de Dana, ponctuée d’excellents dialogues (les discours de Bette et d'Alice) et d’une bande-son encore une fois platine (merci Carmen !). Elle autorise aussi une superbe sortie de Bette en guise de conclusion, ouf, il était temps ! 6. LANCINANTE Un épisode situé dans une bonne moyenne, même si dépourvu des moments aussi forts que l’on a pu connaître par le passé. L’action se centre plus que jamais autour de Tina/Bette et de Alice/Dana. Du fait de l’attachement pour les personnages (et les interprètes) ainsi que de la qualité des dialogues, on continue tout de même à s’intéresser à la bombe à retardement qu’est devenue la maison de Tim, même si on en reste ici à un léger surplace. Toujours blessée par la conclusion dramatique de son histoire avec Cherrie, Shane continue à vouloir parer à l’inéluctable en facilitant la relation Carmen/Jen. Mais l’on voit bien que ce couple reste en surface et ne produit pas autant d’étincelles que d’autres, avec une Carmen tiraillée et par contre une Jenny assez dupe. On attend le dénouement (avec forcément une perdante à la clef) tout en regrettant que Carmen, toujours aussi adorable même quand elle raconte des idioties (notamment sur les Républicains), n’ait pas encore eu « son épisode à elle ». En attendant, Mark assure le spectacle avec ses jeux de questions/réponses toujours vertes, marrantes et punchy avec ses colocs mais aussi la troupe de filles en gravitation permanente autour de Shane. On s’amuse beaucoup, d’autant que le côté ténébreux de Mark devient plus subtil qu’il n’apparaissait de prime abord, avec une volonté semblant assez sincère de demeurer dans le registre du documentaire (avec des caméras planquées dans les chambres et le recours à une prostituée la démonstration reste encore bien limite). Le gaillard commence à ressentir une certaine fascination pour Shane,… Bon courage ! Néanmoins le fil rouge de l’épisode demeure les tergiversations insensées entre une Alice totalement surexcitée (oui, encore plus que d’habitude) et une Dana plus rétive à propos de la séparation (enfin) avec Tonya, le tout sous le regard passablement effondré de « Yoda » Shane. Cela nous vaut des scènes électriques et franchement drôles (le texte de rupture mitonné par Alice est assez incroyable). Au passage se distingue tout de même la scène touchante de séparation proprement dite, au ton très juste et qui éclaire à la toute fin sur les sentiments éprouvés par Dana envers la tueuse de chat (formidable Erin Daniels). On sait depuis Lara que Dana est très douée pour les ruptures, cela se confirme… Le renversement énorme apporté par Tonya est d’autant plus percutant, avec une autre tenniswoman correspondant visiblement davantage à sa personnalité... extravertie, on va dire. On adore la fin avec Dana et Alice KO debout et une Shane totalement hilare : la relation Dana/Tonya ne nous aura pas vraiment passionné, mais sa conclusion aura vraiment été menée de main de maître au cours de cet épisode. Alors que les histoires des coach de Jenny et Kit continuent à n’intéresser que médiocrement (le second ayant tout de même une toute autre envergure que la première), les rapports Tina/Helena/Bette évoluent, mais dans un sens tellement prévisible qu’il faut plus parler de confirmation que de réel avancement. Tina, qui ne montre pas son meilleur visage actuellement, déçoit en échouant à sauvegarder sa liberté nouvellement acquise, se précipitant dans les bras d’une femme dominatrice (évoquant sans doute la Bette de leur rencontre), en l’occurrence ce serpent d’Helena Peabody. Celle-ci se montre plus imbuvable que jamais, à force de snobisme et de suffisance, et poursuit d’ailleurs sa guerre personnelle contre Bette en lui introduisant un rival au sein du musée. Alice calcule parfaitement l’animal dans une scène très tonique, ouvrant parfaitement l’épisode. Dana semble vouloir affermir sa décision en manifestant une agressivité parfois irritante envers Bette. Celle-ci, exemplaire, force au contraire une nouvelle fois l’admiration. Confrontée à des vents plus contraires que jamais, elle ne cède sur rien et retrouve une belle combativité après son gros passage à vide. Autant par conviction que pas volonté de rester d’une manière ou d’une autre dans la vie de Tina, en attendant des jours meilleurs, elle a l’excellente idée de la garde conjointe du bébé (en amour comme à la guerre il faut faire feu de tout bois) tandis qu’elle n’hésite pas à opérer un raid vengeur chez son boss. C’est la Bette vaillante qu’on adore, d’autant que, à l’écoute du gourou de Kit, elle accepte enfin d’abandonner le timon à Tina, pas facile quand on connaît sa fierté naturelle et son penchant pour commander. Hélas la tentative très touchante du bouquet de fleurs ne sert à rien puisque Miss Tina est en train d’embarquer pour Cythère avec Helena. Tant pis, même s’il se conclue mélancoliquement avec Bette et Tina paraissant plus éloignées que jamais, la prise de conscience et le courage de Bette laissent encore de l’espoir (et puis on arrive à la moitié de la saison, ce serait bien que le courant devienne un peu ascendant, là…). Quelques détails amusants dans cet épisode toujours efficacement mis en scène et sa bande-son parfaitement éclectique et soignée. Notre ami le placement de produit est de retour, avec une marque de jus de fruits aussi omniprésente au Planet que dans le frigo des filles (cela commence par Tropi, et finit par cana). Le délire littéraire du jour de Jenny, se situant dans un cirque fantasmé, évoque furieusement un clip de Niagara, Les flammes de l’enfer, pour ceux qui s’en souviennent). L’épisode nous fait découvrir un lieu absolument mythique de Los Angeles, avec le Château Marmont (là où Helena et Tina concluent). Situé effectivement dans West Hollywood, ce palace accueille les plus grandes stars depuis des décennies. Détail curieux, il figure dans le Quatuor de Los Angeles de James Ellroy (Le Dahlia noir, L.A. Confidential etc.) comme un point de rendez-vous pour la communauté gay dans des années 50 des plus sinistres. Décidément, même à l’époque la plus contemporaine (celle où Carlita se confierait, paraît-il, à Michelle Obama), la France sera toujours la France éternelle pour nos amis Américains : le pays de l’Amour et Paris “the most romantic city in the World”. L’intro du jour, particulièrement réussie, nous convie ainsi dans un Montmartre que l’on croirait jailli de Moulin Rouge (the movie), à l’occasion d’une nouvelle saillie littéraire de l’inépuisable Jenny. Le passage ressort très amusant, mais, si d’habitude la VF de la série s’avère réellement excellente, ici il faut absolument passer à la VO pour découvrir Mia nous régalant d’un français parfait, au léger accent irrésistible. Marina/Karina est battu sur son propre terrain. On remarquera aussi que les documentalistes de la série ont bien travaillé avec une référence à l’Hôtel Montalembert, effectivement l’un des palaces de St Germain des Prés (à deux pas du Quai Voltaire, pour les Parigots). Malheureusement, après cette mise en bouche, l’épisode subit une très nette baisse de régime. En fait l’on se retrouve à un défaut déjà observé, la suraccumulation de scènes aussi rapides que peu pertinentes. Le récit nous fait partager une journée des filles, du réveil jusqu’à une soirée devant en représenter le point d’orgue. Si le procédé n’apparaît pas inepte en soi, force est de constater que toute cette première partie semble être un prologue passablement vain. Le dialogue matinal entre Jen et Mark est amusant sans plus, idem pour Alice et Dana sur leur petit nuage, ces personnages nous ont habitués à mieux. On a droit aussi à du franchement raté, comme ces scènes de fac toujours creuses, figées et bavardes, d’autant que le second « texte » de Jenny ne compte pas parmi ses meilleurs. On flirte même avec un mauvais goût assez pénalisant, dépourvu de la verdeur humoristique de Californication. La productrice mégalo déçoit un peu dans sa dimension pseudo fellinienne, la mise en scène manque du grain de folie nécessaire pour accompagner le fracassant numéro de Camryn Manheim. On se lasse et finalement Shane fait bien de mettre les voiles, décidément le gratin d’Hollywood ne lui réussit pas. On découvre Helena et Tina de plus en plus intimes (beurk) ce qui nous vaut une scène tournée selon une esthétique de téléfilm érotique assez lourde et caricaturale (Tina admire les beaux quartiers depuis le balcon, Helena qui vient la rejoindre etc.). D’ailleurs la photographie et les tonalités pastel évoqueront passablement les films de Guy Hamilton aux amateurs (enfin, on m’a raconté, hein, je n’ai jamais vu personnellement aucun de ses films, comme on le devine bien). Le « couple » ne dégage pas grand-chose en vérité, et on a hâte de voir cette parenthèse se refermer. Quelques satisfactions annexes : voir Tina prise dans les filets d’une nouvelle femme aimant prendre les décision (elle l’a cherché, elle l’a trouvé) et surtout constater que la basse manœuvre d’Helena d’arrimer encore davantage Tina avec les enfants se retourne contre elle, car soulignant à Tina l’importance de Bette dans la vie de la future petite. Bien joué ! Justement, quand The L Word accuse un petit coup de mou, il lui reste toujours Bette Porter. On lui doit très clairement les meilleures scènes de cette première partie en demi teinte. Tout d’abord la confrontation polie mais glaciale (Bette sait être mordante à l’occasion) avec le pion d’Helena. Un joli match bien vipérin, avec un détail amusant : le monsieur a comme un air du Sawyer de LOST, ce qui produit un effet assez décalé. Le coup de fil au répondeur de Tina se montre tout à fait poignant, illustrant parfaitement la différence d’intensité existant entre les relations Tina/Bette et Tina/Helena. Bette, qui semble avoir désormais bien remonté la pente, se permet le luxe « d’approcher » quelque peu d’une jeune artiste (Cobie Smulders, vue en tueuse manipulatrice dans l’excellent Tru Calling, ainsi que dans How I met your mother). Bette se prend un petit bec mais le passage permet d’accéder enfin à la fameuse soirée. Celle-ci, parfaitement narrée et mise en scène, permet temporairement à la série de renouer avec son meilleur niveau. Grande nouveauté, l’on trouve des passages humoristiques autour de Bette pour la première fois cette saison, avec la meute de fille la considérant comme une cible de choix. Bette, dont on sait bien qu’elle pourrait ramasser au moins autant que Shane si elle le désirait, demeure indifférente, puis de plus en plus effondrée. Tina voit la chose, ce qui est toujours bon à prendre… Après leur gag de la révélation éventée, Alice et Dana se montrent très touchantes lors d’un slow superbement rythmé. On remarque qu’une soirée similaire se soit déroulée il y a peu pour Dana/Tonya ne trouble personne : Tonya n’aura pas vraiment marqué les esprits… La soirée reste aussi l’occasion d’un basculement du récit vers Shane, Carmen et Jenny, ces deux dernières se livrant à une démonstration de disc jockey assez intense (au passage, encore une bande-son soignée et éclectique), à la grande ulcération de Shane. La suite de l’épisode retrouve les alternances de scènes précédentes, toutefois sur un tempo plus élevé. On semble s'orienter vers une autre étape de la carrière d’écrivain de Jenny, qui va rédiger la bio d’une vedette. Bon, cela rappelle un peu Californication ça aussi, mais tout est bon pour se débarrasser de la séquence fac idiote. On dénote surtout deux très fortes scènes avec Shane : une âpre confrontation avec une Carmen toujours tiraillée (indiscutablement le duo Shane/Carmen produit plus d’étincelles que Jenny/Carmen) et une gueule de bois massive de Shane la conduisant au mauvais endroit, au mauvais moment. Et ne voilà-t-il pas que le Mark, planté jusqu’ici de manière ennuyeuse devant ses écrans, vole à son secours tel le preux Lancelot du Lac. Voici qui rédime au moins en partie le personnage et qui promet un développement intéressant. Malgré cette seconde partie en progrès comparativement à la première, et l’apparition toujours savoureuse de guests (la guitariste Samantha Ferris et Alyson Palmer du groupe Betty mais aussi Samantha Ferris, grande habituée des séries SF et Fantastiques) on reste tout de même avec l’impression d’un épisode peu relevé, voire terne par moments. En fait, il apparaît qu’en ce mitan de la saison 2, celle-ci peine un peu à trouver un second souffle. Tina et Bette parviennent à se parler sans que les tables s’envolent, c’est encourageant pour la suite mais l’on se situe dans un entre-deux, sans les moments déchirants du début et avant (pas de blagues, hein) les joies des retrouvailles, comme en suspens. Il en va de même pour Jenny/Carmen/Shane, Carmen ne choisissant toujours pas. On éprouve un certain surplace, même si Mark se montre sous un meilleur jour. Kit a eu son Planet, Alice/Dana ont atteint leur objectif et ne paraissent plus avoir grand-chose à raconter dans cette saison, hormis leurs scènes amusantes et électriques coutumières (ce qui n’est déjà pas si mal !). Encore six épisodes, il va falloir que la fusée mette un second étage à feu et se décide à évoluer au-delà du nouveau boulot de Jenny… Sans compter parmi les meilleures ouvertures de la série, celle-ci amuse pour son clin d'œil à Brokeback Mountain comme pour sa satire générale des films effectivement passablement machos des 80's, évoqués plus tard. Toutefois, les blockbusters de l'époque concernaient plus l'action et la science-fiction que le Western, mais, après tout, pourquoi pas. La suite de l'épisode manifeste un tonus retrouvé, avec des dialogues et des situations crépitant nettement plus que lors du terne opus précédent, avec également quelques scènes clef comme on aime. Le duo Alice/Dana en ménage continue cependant à s'installer dans un bonheur idyllique peu propice aux diverses saillies humoristiques auxquelles les deux duettistes nous avaient accoutumés. Si le jeu si expressif et tonique de Leisha Hailey permet à Alice de continuer à dispenser quelques joyeux instants, du côté de Dana c'est carrément l'assommoir. De plus Alice poursuit ses activités porteuses, comme cette émission de radio laissant entrevoir de bons moments à venir (auto-confession très marrante), tandis que le tennis devient totalement inopérant. On commence un peu à désespérer quand survient l'une des bombes de l'épisode : Lara est de retour ! Le rebondissement d'enfer ! Bon, évidemment, on trouve là une petite facilité scénaristique, il reste assez étonnant que Kit embauche quelqu'un ayant autant compté pour Dana, sans qu'à un moment ou à un autre cela ne surgisse dans la conversation. Enfin, peu importe, outre le plaisir de retrouver ce personnage particulièrement lumineux et attachant (l'un des gros coups de cœur de la saison 1), on tient sans doute là un bon moyen d'instiller à nouveau du tonus et de l'intérêt à la relation Dana/Alice. Voir Alice se liquéfier, puis taire la chose à Dana, se révèle déjà piquant... La nouvelle carrière de nègre littéraire de Jenny ne débouche pas sur grand-chose, hormis la faire sortir de la voie sans issue des pensums universitaires. On note toutefois une scène bien écrite entre elle et le comédien réac, d'autant que celui-ci est interprété par l'impeccable Tony Goldwyn. On trouve là un autre de ces clins d'œil rétro dont la série a le secret : le méchant de Ghost, rien que ça ! Toutefois dans ce théâtre d'ombres que constitue cette maison, le plus intéressant continue à se dérouler sans Jenny. L'épisode explore avec acuité le côté sombre et les failles ravivées de Shane (y compris avec une scène très intense de confession, qui ne sera pas sans évoquer Dana Scully dans un autre univers), tandis qu'une nouvelle confrontation des plus ardentes se déroule entre Shane et Carmen, au bord de la rupture avant de sauvegarder leur amitié (quel nihilisme de la part de Shane !). Il faut bien avouer que même leurs atermoiements paraissent plus intenses que la relation officiellement établie entre la brune Latina et Jenny, sympathique mais trop lisse. Kate Moennig et Sarah Shahi ont une manière bien à elles de rendre leurs échanges particulièrement ardents, même si platoniques. Au départ passablement douteux, Mark ne cesse de marquer des points, par une conversation assez geek et pétillante autour des films pour garçons ou filles avec Jenny mais surtout par son attirance envers Shane débouchant sur une solidarité dont cette dernière a grand besoin dans cette période difficile. La progression du personnage se voit couronnée par son invitation à la soirée improvisée chez Bette. Le gaillard, qui accède ainsi à un cénacle très fermé (non, non, on n'est pas du tout jaloux), continue néanmoins à filmer. Une épée de Damoclès qui finira bien par s'abattre... Entre amitié et voyeurisme, humour et dissimulation, observateur mais aussi acteur positif de la vie de ce petit univers, Mark (joué avec entrain et naturel par Eric Lively) achève de trouver sa place et d'apporter sa pierre à cette saison. Conjointement à Carmen, il en constitue un atout, bien davantage qu'une Helena au registre et à l'intérêt plus limités (et en plus elle n'aime par Freddy vs Jason, grave !). Autre très grand moment de l'épisode, la rencontre entre Tina et Bette au sujet de l'enfant exploite parfaitement la technique du non-dit, toujours si délicate à manier. Elle n'est aucunement abordée directement, chacune des deux se défend bien d'y songer, mais pourtant la réconciliation est là, elle flotte dans l'atmosphère tout au long de la conversation, impalpable mais bien présente. Bette a bien intégré qu'il fallait cesser d'être directive avec Tina et joue à merveille sa partition, tandis que Tina évoque le fait qu'il faille se concentrer sur le bébé comme pour se convaincre elle-même de ne pas parler d'autre chose. L'évidence du couple se manifeste comme jamais au cours de cette saison et Laurel Holloman comme Jennifer Beals se montrent aussi magistrales sur le registre intimiste que dans le paroxysme de l'émotion. Helena s'empresse bien entendu d'y mettre le hola. Toujours plus imbuvable elle achète manifestement l''affection de Tina avec cette « chasse au logis » ou, sans pudeur, avec l'écharpe donnée comme en aumône à Alice (qui se garde bien de la porter). Surtout elle se montre chaque fois plus dominatrice envers Tina, mais celle-ci est beaucoup moins à la dérive désormais et retrouve comme un équilibre avec Bette. On attend la sortie de route qui achèvera d'ouvrir les yeux de Tina. Surtout Bette ne cesse de son côté de marquer des points au cours de l'épisode, avec ce qui restera comme la « conjuration de la piscine », où l'ex d'Helena révèle avec émotion le côté vampire de celle-ci. Au cours d'un passage assez ébouriffant Bette contre l'influence grandissante de la New Yorkaise sur le musée. Elle reçoit enfin le renfort des copines qui apportent un cinglant retour de bâton aux tentatives pour le moins maladroites d'Helena pour intégrer le groupe. Cette soirée improvisée, chaleureuse et solidaire, fait mesurer le chemin parcouru depuis le semi boycott de Bette. Et c'est sur un rayonnant sourire de Jenny Beals que s'achève cet épisode dense et fort bien écrit, qui restera comme celui où l'on ressent pour la première fois avec clarté que les marées du destin se sont inversées pour Tina et Bette. 9. LATITUDE On ressort quelque peu décontenancé d’une séquence d’ouverture tout de même passablement spéciale entre Carmen et Jenny. Il n’apparaît pas certain que l’introduction d’une dose de scatologie, parfois amusante dans un contexte à la Californication, speedé et égrillard, convienne réellement à The L Word, jouant plus la carte du sentiment et d’une certaine finesse y compris dans les scènes intimes. Le procédé détonne quelque peu ici, d’autant que la scène finale entre Alice, Dana et le fameux outillage y fait écho. Néanmoins, après cette réserve initiale, cet épisode va se révéler particulièrement riche. D’abord, jouez transistors, résonnez cassettes, l’Évènement est arrivé, Bette et Tina se sont réconciliées. Enfin pas tout à fait (encore) : après l’émouvante séance échographie, l’évidence qui avait déjà conquis le reste de la planète s’en est enfin venue les visiter et les voici qui renouent charnellement. La série s’amuse à joliment titiller son public car la scène ne se dessine que très progressivement, nous laissant glisser délicieusement de l’incrédulité à l’ébahissement ravi. La scène se révèle tournée avec beaucoup de tendresse et d’émotion entre les personnages ; (ainsi qu’avec une vraie alchimie sexuelle, disons-le). Coup de chapeau à Bette qui a décidément bien compris la leçon de ses tribulations et ne cherche nullement à imposer ses vues à Tina, plus que jamais libre. C’est ce que, malgré quelques efforts de surface, l’impérieuse et indéfectiblement snob Helena ne parvient à réellement intégrer, d’où des tiraillements désormais marqués dans le couple. Le parallèle établi entre elle et Bette lors des passages se déroulant dans l’appartement paraît dévastateur pour elle. Tic-tac, tic-tac, le temps de Miss Peabody s’achève (à lire avec le carillon de 24h en fond sonore). Grand coup de chapeau (un de plus) pour Jennifer Beals qui réalise une nouvelle étonnante performance lors de la séance chez le psy. Du désespoir absolu jusqu’au doute cruel devant la renaissance de l’espoir (et l’affranchissement de Tina : « Elle n’a plus besoin de moi ! »), la malheureuse Bette aura vraiment vécu tout le spectre des souffrances sentimentales cette saison ! Et pourtant, cela reste assez rare pour le signaler, la scène la plus intense et aboutie de l’épisode ne relève pas de Tina/Bette. Avec une conviction et une abnégation admirables, Carmen ne cesse depuis plusieurs épisodes de monter à l’assaut de la forteresse de solitude de Shane. Cela nous a déjà valu des moments marquants par le passé, mais cette fois-ci est la bonne. Shane et Carmen (toujours sublimissime) s’avouent mutuellement leur amour dans une scène écrite avec une vraie justesse de ton, évitant tout pathos pour offrir une incroyable émotion. Les actrices sont une nouvelle fois parfaites, quel duo ! Évidemment, comme le chantait Julio, en amour il y a toujours un perdant : fine mouche et observatrice lucide, Carmen de mis amores exécute joliment sa relation avec Jenny, tandis qu’elle balance des phrases certes justes mais tout de même passablement cinglantes concernant cette dernière. Et là les scénaristes se montrent redoutables (et sans pitié) en faisant exploser simultanément leurs deux bombes à retardement quand Jen assiste en différé à cette exécution après avoir (enfin !) découvert le pot aux roses concernant Mark. Les deux impacts s’additionnent en une belle déflagration, et, sans être absolument imprévisible, la force dramatique du procédé demeure incontestable, avec une Mia Kirshner une nouvelle fois réellement inspirée. En prime cela laisse entrevoir un duel au soleil comme on l’aime pour le prochain épisode… À propos de prochain épisode, ayons une pensée miséricordieuse pour le gars Mark. Celui-ci vient d’être lâché par son associé et viré par son producteur, ne sera pas remis en selle par la réalisatrice plaquée par Shane, se voit contraint de faire ses besoins dans les buissons et écope d’une nouvelle coupe absolument hideuse (il faut que quelqu’un suggère gentiment à Shane de changer de boulot, ce n’est plus possible, là). Mais tout ça c’est de la roupie de sansonnet car, sans qu’il le sache, un gros, un très gros Scud vient de décoller et devrait lui dégringoler dessus prochainement. On est très triste pour ce type dont on n’était pas du tout jaloux. En voilà un qui va quitter L.A. avec du goudron et des plumes… Alors, bien entendu, tout ce qui subsiste autour de ces deux croisées des chemins paraît bien léger, parfois dérisoire. Dana et surtout Alice recherchant leur Saint-Graal dans un sex shop féminin c’est distrayant mais déjà vu (où est passée Lara ?). L’histoire de Kit avec Gourou continue à n’intéresser que modérément et le retour avorté d’Yvan déçoit un peu. On espérait autre chose qu’une scène de jalousie tournant court… Et puis la prof de Jenny s’humanise un tantinet mais ne casse toujours pas des briques et si les confessions croisées de Jen et de la star se montrent, elles, très émouvantes, elles débouchent sur un cul-de-sac. Par ailleurs on boit toujours les mêmes eaux et la même bière à West Hollywood… Qu’importe, l’épisode se suit avec une intensité jamais démentie et ouvre idéalement le dernier acte de la saison ! 10. LA CROISIÈRE S'AMUSE Love, exciting and new. Come aboard, we're expecting you. Love, life's sweetest rewar. Let it flow, it floats back to you. Love Boat soon will be making another run. The Love Boat promises something for everyone. Set a course for adventure, your mind on a new romance. Love won't hurt anymore, it's an open smile on a friendly shore. YES, LOOOOOOOOOOOOOOVE ! WELCOME ABOARD, IT’S LOOOOOOOOOOOOOVE ! Depuis le début de la série les multiples références à la pop culture des années 70 et 80 nous ont vraiment ravis et parfois enthousiasmés, mais là on atteint vraiment un sommet avec cet épisode totalement La Croisière s’amuse. Cette idée d’une série reprenant les codes d’une autre s’avère souvent plus ambitieuse et divertissante que le simple cross-over, on en avait d’ailleurs visionné un magistral exemple dans X-Files avec un épisode parfaitement décalé (et givré), X-Cops. Ici on se régale pareillement avec un vrai déluge de vannes et de clins d’œil aux différents membres de l’équipage, jusqu’à de vraies discussions style geekettes à la Chuck entre les filles, toutes fans de la série (même Carmen, qui ne devait pas savoir encore marcher lors des premiers épisodes). Parce qu’enfin, qui se souvient de Love Boat The Next Wave, la suite calamiteuse de la série culte ? Ou les documentalistes de The L Word se sont déchaînées ou alors Ilene Chaiken est une vraie fan, en tout cas le résultat apparaît aussi pointu qu’excellent. Mine de rien le parallèle permet de constater à quel point le discours des séries à propos de l’amour et du sexe a évolué en une trentaine d’années ! Le summum cela reste tout de même le jeu de rôles (avec accessoire…) entre Dana/Cpt Stubing et surtout Alice en saisissante sosie de Julie. Ah, ah, ah, en fait Alice est vraiment dingue, je l’adore ! (Énorme numéro de Leisha Hailey.) En plus, souci du détail, le passage se voit accompagné d’une musique très 70’s, mais semblant s’intituler The Lez Boat… On éprouve un vrai plaisir à retrouver à son meilleur le couple des gag women de cette saison 2, après une période un peu en dessous. Entre l’émission de radio électrique, l’hallucinante scène de fouille des bagages ou encore les péripéties foireuses à bord, on rit franchement durant une bonne partie de l’épisode. Au-delà du duo infernal, cette croisière passablement spéciale permet de renouer avec l’atmosphère de la fête nautique de Shane durant la saison 1, quoique un peu moins détonnante du côté drogue/alcool/orgie. Des dames de tous les âges sont présentes, avec des portraits saisis sur le vif assez touchants et dignes (comme pour le Dinah Shore l’épisode se tourne au sein d’une vraie réunion lesbienne). De nombreuses scènes amusantes sont également à mettre ici à l’actif de Land Ahoy (dont un irrésistible pastiche de la scène culte de Titanic par l’une des Betty), de même qu’un vrai défilé de guests dont Shawn Colvin (et son standard Sunny came home). Cerise sur le gâteau, pour quelqu’un ayant grandi à côté d’un grand chantier naval, l’épisode prend des allures de petit documentaire sur les paquebots, avec ici également une comparaison entre les navires contemporains et ceux du style du mythique Pacific Princess. Outre Alice/Dana (et toujours pas Lara, donc) l’autre grande vedette de l’épisode reste Jenny, offrant tout au long de l’intrigue un récital comme seule elle sait faire. D’abord on avait imaginé bien des façons selon lesquelles elle ferait exploser la bombe sous le nez du Mark, mais le strip intégral peinturluré, non, on n’y avait pas songé. Il n’y avait sans doute que le talent si personnel de Mia Kirshner pour empêcher la scène de verser dans le ridicule et la rendre au contraire d’une force étonnante. Que cela soit effectivement pour ne pas gâcher les vacances ou, plutôt, pour se donner un peu de temps de réflexion, Jen fait temporiser un Mark statufié sur place (comme c’est triste). S’ensuit des passages poignants où on la voit dériver sur le navire, cherchant désespérément une solution conciliant les amours et les amitiés (jusqu’à un improbable plan à trois), mais ne pouvant s’empêcher d’exprimer sa souffrance par quelques émissions de fiel bien senties. Tout cela sonne très juste jusqu’à ce que, de retour, Jenny accepte de s’effacer par amitié pour Shan et Carmen. Par contre elle semble réellement marquée alors qu’elle débute une espèce de trip familial assez morbide (étonnant, non ?) ce qui semble indiquer qu’après une grande partie de la saison (relativement) sur les hauteurs, elle semble de nouveau s’enfoncer dans ses marécages personnels. Inquiétant… Par contraste, la bonne humeur de l’épisode permet à la violence de la révélation de la félonie de Mark de rejaillir avec encore plus de force. Kate Moennig sort le grand jeu, exprimant parfaitement la trahison ressentie, avec à la clé un joli crochet du droit pour le Mark, toujours plus liquéfié. Le ton parfaitement funèbre du moment est encore souligné par l’absence totale de musique dans le générique final, une première (24h a déjà utilisé ce procédé quand meurt l’un des proches de Jack Bauer). Cependant cette richesse narrative présente une contrepartie négative : le faible espace consacré à Tina/Bette. Or un épisode sans réellement de scène entre elles, ce n’est jamais bon. Mais en l’occurrence cela ne résulte pas si grave, après tout on a déjà souvent vu nos chouchoutes au cours de cette saison et Tina a tout de même le temps de glisser à Bette qu’elle aimerait bien sortir avec elle et surtout qu’elle n’est pas mariée à Helena (par ailleurs toujours plus manipulatrice et fausse). Ah, ah, si ce n’est pas clouer un cercueil, ça… La santé de Melvin fait craindre une évolution à la série hospitalière, mais, bon, en début de saison la parenthèse « série judiciaire » s’est finalement révélée superbe. Alors… En définitive l’épisode paraît aussi parachevé dans ses versants joyeux ou dramatiques, et constitue vraiment l’un des pics de cette saison 2. On en profitera encore davantage en écoutant l’incroyable commentaire en VOST de Erin, Leisha et Kate, brillant, drôle et volontiers sarcastique sur la série ! Un régal d’autant qu’il se révèle une vraie mine d’infos sur Land Ahoy mais aussi sur les coulisses de la série. 11. LIBRES ET FIÈRES Après les deux excellents épisodes précédents, la série enregistre une vraie baisse de forme à l’occasion de celui-ci. Son grand atout demeure bien entendu l’insertion de l’action dans la Marche des Fiertés de Los Angeles. Cela nous vaut des images festives et colorées, très joyeuses. Les actrices s’y montrent très à l’aise et l’insertion avec les différents fils de l’intrigue s’effectue avec beaucoup de naturel. On éprouve un faible particulier pour Shane et Alice s’éclatant avec les motardes lesbiennes, c’est vraiment très sympathique. Malheureusement, peut-être pour des raisons techniques, l’immersion paraît moins développée que lors de l’épisode Dinah Shore, et l’on s’en revient finalement à la « Planet pride » (ambiance très chaude d’ailleurs, on se demande si l’équipe de la série n’a pas réellement organisé une fête). Mais, surtout, tout ce qui entoure la Gay Pride ne convainc guère, avec un récit se contentant de capitaliser sur la situation précédente et quelques évolutions guère satisfaisantes. Les ouvertures d’épisodes de The L Word se sont souvent montré amusantes et inattendues, mais ici on vire carrément au glauque avec cette boîte SM filmée sans aucun recul. Le passage semble bien plus sinistre et sordide qu’autre chose. Ce que l’on craignait se réalise en partie, la maladie de Melvin conduit à quelques passages au pathos avéré (notamment avec Kit), relevant plus de la série hospitalière de base que de l’intensité propre à The L Word. Bette et Tina semblent encore se rapprocher, d’où une confrontation certes réussie entre Melvin et Bette, mais il est vrai dans la droite ligne de celle de Land Ahoy (bis repetitas, avec moins de force) ? Et puis on ne comprend pas du tout cet espèce de petit retour de Tina vers Helena, alors que celle-ci est toujours plus vindicative et aigre, jusqu’à débuter un flirt avec la jeune artiste qui avait (quel hasard) rembarré gentiment Bette. À ce moment de la saison on ne comprend simplement plus cette envie persistante de Tina de continuer à la fréquenter, c’est limite artificiel. Alice et Dana nous divertissent à nouveau avec leurs jeux de rôles (très Upstairs Downstairs ici) mais, malgré quelques scènes amusantes (Alice vraiment garce avec la fille du char, leur fuite hors de la boite SM), on se situe bien en deçà de Land Ahoy. Et puis Alice en amoureuse éplorée et presque possessive, cela pétille tout de suite moins. Toute l’histoire du frère de Tina paraît aussi terriblement téléphonée, on comprend immédiatement l’affaire. Shane se contente de bétonner, poursuivant son amitié pour Jen qui, elle, ouvre son cœur à Carmen ; des scènes touchantes mais situées plus dans la confirmation que dans l’évolution de l’action. Et puis elle semble au moins en partie passer l’éponge sur les agissements de Mark (étonnant, tout de même), celui-ci jouant passablement la montre avec des grands airs de chien battu. Avec au passage une réplique bien trouvée de la scène où Jen lui disait ses quatre vérités, mais bon le coup du strip dans ce sens-là cela ne marche pas vraiment… La seule à connaître réellement une progression est Jenny, décidément en pointe dans ce crépuscule de la saison. Mais alors là on n’aime pas du tout ce que l’on voit, avec Jen tombant littéralement en morceaux, toujours plus immergée dans son univers fantasmé. C’est notamment le cas avec des collages superbes à la Monty Python mais relevant franchement du film d’épouvante. La fin de l’épisode la montre comme physiquement présente dans son cauchemar, c’est très fort. Par contre on a un peu de mal à suivre, apparemment elle a subi un viol dans son enfance mais elle semble aussi s’en rendre comme responsable (pourquoi ?) et désirer s’en mortifier avec son passage très éprouvant pour le spectateur au club SM. Jenny semble très très loin désormais, les deux derniers épisodes vont être périlleux. Hormis cette lugubre exception, l’épisode apparaît comme un temps mort passablement bavard, avec peu de scènes concluantes, en dehors du passage très réussi de la Gay Pride, sa seule vraie justification. De manière originale et judicieuse, alors qu’en tant qu’avant dernier épisode Lutte devrait accélérer l’action en la précipitant vers le grand final, il prend le temps d’une vaste respiration pour accorder aux dernières heures de Melvin l’espace qu’elles méritent. Il pourrait sembler périlleux de consacrer la majeure partie du récit à ce qui demeure un segment externe aux grandes intrigues transversales de la saison, alors même que les quelques scènes hospitalières de l’épisode précédent s’étaient révélées inégales. Et pourtant ce choix va se révéler payant. Tout d’abord les scénaristes ont la brillante idée de considérablement réduire la distanciation avec le corpus central du récit, par la décision de Bette de transférer le malade chez elle. Outre l’interaction facilitée avec les autres personnages dans un cadre familier, cette astuce permet d’atténuer la similitude avec ces dramas hospitaliers souvent bassement lacrymaux et sensationnalistes. Si l’utilisation du décor permet de touchants clins d’œil (éléments trop manifestement lesbiens enlevés, mais photo de couple avec Tina conservée) et si les dialogues sonnent souvent justes, privilégiant l’émotion digne au pathos, c’est bien le talent si sensible des actrices et de Ossie Davis qui assure la véracité et l’impact de ces passages. Pam Grier exprime parfaitement la douleur plus résignée que celle d’une Bette toujours aussi volontariste, ne se rendant que progressivement à l’évidence de la mort prochaine du père. Jennifer Beals apparaît encore merveilleuse de sensibilité au cours de ce renoncement gradué sur l’ensemble de l’épisode. On remarque au passage que l’équipe technique multiplie les efforts pour donner l’impression d’une Bette se négligeant car accordant tout son temps à son père, mais Jenny B. demeure tout autant sublime que de coutume malgré tout. À l’impossible, nul n’est tenu ! On admire également la déchirante prestation de Ossie Davis, l’ultime de sa carrière. Il parvient à illustrer le calvaire vécu par son personnage tout en manifestant tendresse, malice et révolte. Il s’agit du testament de ce grand acteur afro-américain, grande figure de la lutte contre la ségrégation raciale (il prit notamment la parole durant les funérailles de Martin Luther King), qui devait décéder très peu de temps après le tournage, trois mois avant la diffusion d’un épisode lui étant dédié, à juste titre. Melvin tient à partir en paix avec les siens et l’on remarque qu’il a enfin le temps d’appeler Tina par son prénom. C’est que le scénario achève de joindre harmonieusement le crépuscule de Melvin au tronçon principal de l’intrigue en lui faisant jouer un rôle actif dans la réconciliation Tina/Bette, toujours plus parachevée. L’épisode nous offre plusieurs preuves de ce lien retrouvé, culminant par une scène paisible de sommeil, où paraît reconstitué toute la tendresse du couple. Un passage particulièrement touchant par sa la simplicité et le naturel de son éloquence muette, joliment accompagné par la musique du générique doucement interprétée au piano (exactement comme à la fin de Triangle dans les X-Files). Parallèlement Helena devient de plus en plus pitoyable et fielleuse avec ses tentatives quasi désespérées de retenir Tina en excitant sa jalousie, sans comprendre que « Tee » se situe désormais bien loin de tout cela. On sent très bien qu’il s’agit plus de rage à l’idée de perdre la partie que d’un véritable sentiment. Ceci dit la colère de bon ton sied à merveille à la très belle Rachel Shelley… On reste un peu moins convaincu par l’espèce d’immobilisme persistant entre Shane et Carmen. Depuis le départ silencieux de celle-ci après les aveux de Mark, les deux se cantonnent à de brèves rencontres, plus amicales qu’autre chose. C’est tout de même un peu bizarre alors même que Jen les encourage à sauter le pas. Il faut bien avouer que l’on ressent ici comme une volonté de ralentir un peu le tempo pour que tout se concrétise lors du final. D’autre part, d’accord Shane prend la vie comme elle vient et manifeste toujours beaucoup d’empathie envers ses proches, mais l’on reste néanmoins passablement estomaqué de la voir converser comme si de rien n’était avec Mark, toute amitié retrouvée. On admet plus facilement l’attitude de Jenny, qui bat longtemps et violemment froid à Mark avant d’esquisser une réconciliation. Que Jenny semble être la plus « normale » laisse planer comme un malaise, d’autant qu’elle continue à s’enfoncer dans ce délire que l’on ne comprend plus très bien, la poussant toujours plus loin – cette fois à de l’exhibitionnisme dans une boîte minable, jusqu’à inviter les amies pour que cela soit la totale. Il est grand temps que la saison s’achève pour Jenny, on s’avoue franchement inquiet pour le dernier épisode (et en particulier son inévitable cliffhanger). Mia Kirshner est toujours incroyable dans ces scènes qu’elle reste sans doute la seule à pouvoir interpréter sans aucun ridicule et avec une telle intensité. C’est vraiment Jenny immergée dans ses ténèbres personnelles en cette fin de saison. Mais le grand moment de l’épisode – hors Melvin – consiste dans la rencontre repoussée presque jusqu’à l’absurde de Dana avec la belle Lara. Il se confirme donc bien que Lara est la cuisinière du Planet depuis des jours sinon des semaines et l’explication en est, je cite, "que Dana ne vient pas souvent dîner (sic)". Dans le développement narratif global de la saison cela sonne comme une petite faiblesse, mais qu’importe, car la scène se montre très réussie. Et des plus dures pour la pourtant si charmante Alice, car dès que les deux autres se retrouvent on sent bien que c’est mort tant le courant passe fort. On peut également mettre cela en rapport avec la difficulté qu’a connue Alice à faire dire à Dana qu’elle l’aimait durant Libres et fières. Il semble bien que nous soyons face à un couple dans lequel les deux partenaires se sentent différemment investis, comme pour Shane et Jenny. Alice est trop fine mouche pour ne pas ressentir le danger et sa jalousie, d’abord drôle comme de coutume, prend comme des allures de désespoir inédit en fin d’épisode. Le final devrait éviter un adultère pour ne pas faire doublon avec Tina/Bette en fin de saison précédente, mais le moteur humoristique (quasiment unique cette saison) que constituait Dana/Alice semble virer au drame, à l’instar des autres couples. Il est décidément temps que la saison s’achève ! Peut-être en partie parce que l’on en attendait beaucoup, le final de cette saison 2 ne satisfait que partiellement, même s’il contient plusieurs moments forts. En effet on y trouve plusieurs éléments ne fonctionnant que médiocrement. Ainsi, avec habileté, The L Word avait su éviter jusqu’ici le ton militant et prêcheur pour porter la cause gay et lesbienne, préférant la démonstration par l’exemple aux formules sentencieuses. On trouve ici tout le contraire avec la double intervention de Gloria Steinem, que cela soit dans une conversation oiseuse avec les filles du Planet où lors d’un speech. Ce que raconte cette figure du féminisme américain n’est certes pas faux mais demeure très démonstratif. Et puis il s’agit d’un épisode de fin de saison, on s’attend à un récit dense et virevoltant centré sur le parcours d’héroïnes arrivant à un tournant, pas à une conférence. On regrette également que le face-à-face s’annonçant tendu entre Helena et Bette se voit interrompu par le laïus de Peggy Peabody, amusant en soi, mais irritant car nous privant d’une scène s’annonçant pour le moins relevée. Et puis, si l’on a adoré le couple Shane/Carmen tout au long d’une saison dont il constitue l’un des atouts maîtres, leur grande scène d’amour, scellant leur union, déçoit. Inutilement effrénée et spectaculaire (cette migration de pièce en pièce…), elle paraît nettement moins aboutie que l’équivalente entre Bette et Tina dans Late, Later, Latent, tellement plus intimiste, fusionnelle et sensuelle. Il apparaît également maladroit d’entrecouper ce passage avec cet aboutissement de la saison et grand moment de suspense que constitue la naissance compliquée d’Angelica. On est pressé que se concluent les ébats des deux demoiselles pour savoir ce qu’il advient de la petite et de la maman. Bonne idée cependant de réemployer la musique de la première rencontre entre Shane et Carmen, la boucle est bouclée ! Malgré ces quelques errements Lacuna demeure éminemment regardable. Ainsi il comporte des scènes admirablement tournées, comme les funérailles de Melvin filmées sans pathos mais avec une vraie émotion, permettant également de réunir de nombreux personnages de cette saison en un joli panorama. L’épisode constitue également un aboutissement pour l’importance accordée judicieusement à la musique tout au long de la période, notamment via des guests la plupart du temps excellentes. L’offre se montre ici particulièrement riche, avec de sublimes gospels, le groupe Heart ou les sympathiques et talentueuses Betty, qui auront pimenté la saison d’apparitions drôles et toniques. De quoi rattraper la calamiteuse prestation de l’artificielle Peaches dans l’épisode précédent. Surtout Lacune parvient à remplir son contrat d’épisode de fin de saison, en concluant de manière coordonnée les différents axes narratifs de la période. Tandis que Shane et Carmen finissent par se trouver totalement après un parcours tortueux, Alice et Dana semblent passer avec succès l’épreuve du feu qu’a représenté pour leur couple la réapparition de Lara. Alice prend conscience d’être trop possessive et semble décidée à y mettre un terme. Une évolution positive, à confirmer toutefois au cours de la saison suivante… Plus intense encore paraît le destin de Jenny. Bon, on renonce définitivement à comprendre les méandres de sa psyché, face à ce cauchemar multiple et tourmenté à la Lynch, mais qu’importe. Mia Kirshner, totalement fusionnée avec son rôle, illumine une nouvelle fois de son talent cette dérive au cœur des ténèbres. Et c’est peu dire que l’on a droit à un vrai festival de scènes hallucinées, comme ce dialogue avec Shane où elle lui explique qu’elle s’effeuille dans cette boîte sordide pour aider à se souvenir d’évènements traumatisants survenus durant son enfance, mais qu’en fait elle invente peut-être, elle n’en sait rien. C’est juste énorme, on adore. Go, Jenny ! Pour l’anecdote, après vérification les néons de la façade de la boîte sont ceux apparaissant dans le clip du fabuleux California de Mylène Farmer (C’est sexy le ciel de Californie, adage que The L Word permet de pleinement vérifier). Comme, quelque part, la rencontre des univers de Jen et de Mylène cela fait peur, on va gentiment passer à autre chose. Par la suite on a Jenny en lévitation durant le concert ou encore un passage alors là totalement Twilight Zone où la belle bascule totalement dans son monde fantasmé tout en prenant le bus, avec plusieurs éléments de décor évoquant ses délires littéraires précédents (cela devient flippant, l’affaire). Le tout débouche en forme d’apothéose dans la scène grand train des scarifications sanguinolentes à la cuisse, où Mia et Kate Moennig nous régalent d’une immense performance de comédiennes, même à l’échelle d’une série s’étant déjà montrée si performante dans ce domaine. L’une des grandes réussites de Lacuna restera d’avoir eu le courage de pousser jusqu'à son terme le parcours de Jenny, avec une totale réussite à la clé. Mais Lacuna c’est aussi la scène pas forcément inattendue à ce stade de la saison, mais tout de même si renversante, de la réconciliation de Bette et Tina, avec une formidable Laurel Holloman. La scène éprouvante et merveilleuse à la fois de l’accouchement s’avère l’un des modèles du genre. À côté de ce couple retrouvé, Helena et ses intrigues revanchardes paraissent définitivement dérisoires (mais elle sait très bien s’habiller, ça, c’est sûr !). Rachel Shelley défend admirablement son personnage, mais il va falloir que celui-ci développe une psychologie moins schématique et cliché « petite fille riche » pour réellement s’imposer dans le show. Après avoir viré Bette et n’avoir établi aucun lien réel avec le clan du Planet, ce maintien s’annonce délicat. Parmi les autres nouveaux venus, si Carmen est devenue une évidence, Mark semble ici bien effacé, n’ayant sans doute plus grand-chose à exprimer. Concernant Bette, je ne voudrais pas achever cette découverte de la saison 2 sans évoquer un personnage encore non abordé jusqu’ici, celui de James, son fidèle assistant. Interprété avec naturel par Preston Cook, il s’agit du type même du sidekick apportant une saveur supplémentaire à de nombreuses scènes. James a le redoutable privilège de partager le quotidien tourmenté de sa patronne et aura donc gagné toute notre sympathie au cours de ces deux saisons où il aura tout de même pas mal dégusté en ricochet. On pourrait s’interroger sur son sentiment pour elle, mais la scène des funérailles nous confirme qu’il est bien gay et donc qu’il ne sera pas l’Agent Pendrell de The L Word ! "So long James", maintenant que Bette est virée l’on ne le reverra sans doute plus… Lacuna apparaît donc plus comme un prolongement que comme une rupture ou un passage à un niveau supérieur concernant des relations dont la non concrétisation s’est peut-être un peu trop artificiellement prolongée au cours des épisodes précédents. Le spectateur a eu largement le temps de voir se mettre en place ce qui advient ici. De fait cette clôture manque de l’intensité propre à son formidable équivalent de la première saison, l’on ressent moins qu’il y aura un avant et un après. Néanmoins, il permet aux héroïnes de considérer l’avenir avec optimiste (même Jen prend conscience de sa dérive et qu’elle a besoin d’aide, ce qui est fondamental dans son cas), dans un mouvement conjoint écrit avec talent. Un véritable apaisement après une période si agitée, dont le symbole restera la réunion autour de la petite Angelica, une idéale conclusion ! Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |