
08.21. A king’s ransom (Inédit) ****
Scénario : John D.F. Black. Réalisation : Joseph Pevney.
Résumé
Clay Grainger est kidnappé par un certain Connor qui réclame une rançon de 20 000 dollars.

La critique
Patrick Macnee dans Le Virginien. Habitué à la télévision américaine, l’interprète de John Steed en février 1970 avait terminé depuis un an Chapeau melon et bottes de cuir.
Il interprète ici le personnage du kidnappeur Connor, marié à la belle Mag (Jackie DelShannon). En 1970, après avoir incarné John Steed de 1961 à 1969, son premier rôle fut pour cette série.
Tellement identifié à son personnage de Steed, il a un peu le même problème que Roger Moore dès que ce dernier sortait de ses personnages connus Simon Templar, Lord Brett Sinclair et James Bond, voire Ivanhoé. A l’écran, on voit que c’est Patrick Macnee jouant Connor, quand la plupart des comédiens s’effacent derrière leurs personnages, comme Joseph Cotten dans un récent épisode.

Le téléspectateur doit donc faire un effort pour faire abstraction du personnage habituel du comédien et juger de sa prestation en Connor.
Il faut avouer que c’est difficile au début de l’épisode. On voit John Steed dans Le Virginien. A la trentième minute, au moment de la remise de la demande de rançon, qui se fait au virginien en présence de Connor et de sa femme, le réalisateur nous entraîne dans le drame. A part Trampas, tous les habitués sont présents.
Alors, va-t-on y croire ou non ? Ce qui impressionne au départ, c’est le talent de Jeanette Nolan, aidée de la jeune Jackie DelShannon en Maggie.

Holly a deviné quelque chose et veut faire parler Maggie. Elle demande l’asile à Holly à Shiloh. Notons que la comédienne est très douée, et il est dommage qu’elle est si peu tourné, au profit d’une autre carrière, chanteuse-compositrice. Il faut dire qu’elle est une pionnière dans ce domaine et a eu beaucoup de succès.
Les comédiens qui entourent Patrick Macnee, Michael Pate et Don Knight, n’ont pas à forcer leur talent, ils jouent dans leur registre habituel. Notre cher « Steed » va devoir nous faire oublier son rôle de gentleman agent secret et mettre tout son talent dans la balance.

Macnee choisit une forme d’ironie qui sert à faire donner corps à Conan. Dans la scène où il est confronté à John McIntire, il réussit son pari. C’est un homme menaçant, dangereux, capable de tuer. On respire. La scène de la 43e minute nous fait complètement oublier son rôle habituel.
Conan sait perdre son sourire pour devenir un fauve. Lorsqu’il jette d’un coup de pied Clay dans un puits, on n'a plus de doute.
A la 49e minute, Conan menace d’une arme le virginien. L’interprétation de Macnee est pimentée d’une ironie cruelle sur son visage, une expression qui ne laisse place à aucun doute, Conan est un tueur.

L’épisode est d’ailleurs passionnant indépendamment de la présence de Patrick Macnee, car doté d’un scénario impeccable, et le réalisateur fait également un sans faute.
Conan veut récupérer sa femme. Il n’y a aucun humour, aucun second degré dans l’épisode. Il est bien dommage que cet opus soit resté inédit en France.
Le virginien part avec la rançon et Maggie.

J’ai trouvé que Macnee était parfaitement à l’aise entouré de Pate et Knight. Aucune surprise pour ces deux derniers, le téléspectateur les a vus à longueur d’année jouer les bad boys. Le londonien en revanche a surmonté les difficultés de son image auprès du public pour rendre crédible Conan. Knight et Pate jouent au premier degré, Macnee avec son ironie ajoute un petit quelque chose qui rend son personnage plus terrifiant.
La fin est magistrale. Conan réalise qu’il perd sa femme dans l’aventure. L’arrestation par le virginien se fait en douceur, sans violence, sans que le sang coule. Mais reste à trouver Grainger.
Le virginien joue un coup de poker d’une rare habileté pour savoir la vérité. James Drury s’accapare la dernière scène que l’on n’est pas près d’oublier. Du grand art.

Anecdotes
Patrick Macnee (1922-2015) avant d’être John Steed dans Chapeau melon et bottes de cuir avait tourné pour la télévision américaine dans des anthologies : Suspicion, Alfred Hitchock présente, La quatrième dimension. Après 1969, on l’a vu dans Opération Danger, Night Gallery, Les grands mystères d’Orson Welles, Columbo, Matt Helm, Sherlock Holmes à New York, Galactica, Magnum, Pour l’amour du risque, La croisière s’amuse, Enquêtes à Palm Springs, Arabesque, Kung Fu la légende continue, et au cinéma dans Le commando de Sa Majesté, Hurlements, Dangereusement vôtre.
Jackie DeShannon (1941-) a très peu tourné comme actrice : Les règles du jeu, Les mystères de l’ouest. C’est une chanteuse et compositrice de chansons dans plus de cent films, travaillant notamment pour Fantômes en fête, Forrest Gump Le mariage de mon meilleur ami.
