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Interview de John Garforth
par Denis Chauvet

de Diana

John Garforth

John Garforth est un londonien un peu touche-à-tout : écrivain, politicien, directeur artistique, animateur d’œuvres sociales. Il est l'auteur de quatre romans sur la série parus dès avril 1967 aux États-Unis : Le Flambeur Flambé, Drôles de Morts, Pop Crime et Heil Harris !. Il a son blog et son site personnels depuis début 2008. On peut y lire qu‘il a une piètre opinion de ses écrits Avengeresques : "'Je recommande à toute personne qui par hasard verrait l'un de ces romans dans une librairie d'occasion ou une vente de charité de les acheter et de les détruire immédiatement sans même les avoir lus. Je vous rembourserai les 50p ou plus que vous avez payés. Vous rendrez service à la littérature ! ".

Voir la fiche bibliothèque des romans de John Garforth.


Quand et comment avez-vous découvert "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" ?

J’ai découvert la série avec les saisons Honor Blackman. Elles étaient prises plus au sérieux il y a quarante ans qu’elles ne le sont maintenant.

Quels sont vos saisons et épisodes préférés ?

Je ne peux pas répondre à cela ; elles sont une continuité dans ma mémoire et je ne les divise pas en épisodes. Mes saisons préférées sont celles avec Honor Blackman et Joanna Lumley. Il m’a toujours semblé que Diana Rigg jouait avec des sous-titres inscrits en bas de l’écran ; ‘faire semblant’ et elle était beaucoup trop sérieuse pour le programme. Mais j’ai des préjugés. Je l’ai reprise au sérieux au moment de Bleak House (1).

C’est pourquoi ma saison préférée des Avengers est la période Joanna Lumley. Je suis certain que j’aurais pu tomber amoureux d’elle. Mais, en 1967, la série avait déjà de gros problèmes car les Américains pensaient que Patrick Macnee était trop vieux et ils voulaient le remplacer par Roger Moore qui, en fait, avait d’autres projets plus importants. À cette époque, ils ont également rappelé le producteur original (John Pierce ou quelque chose comme ça (2)) qui m’a fait perdre beaucoup de temps à discuter des idées de scénarios, le vieux dilemme au sujet des nouvelles idées et des nouveaux scénaristes, avant de filer la nouvelle série (c’était Tara King maintenant) à la même équipe qui écrivait tout à l’époque.

Pourquoi avez-vous décidé d'écrire des romans sur la série ?

Je ne l’ai pas décidé. Mon agent à l’époque m’a demandé de le faire car il pensait que je combinais dans mes écrits le suspense, la comédie et la classe. Je pensais que j’étais apte à faire ce genre de travail.

Quel est votre roman préféré ?

Drôles de Morts fut conçu avec originalité, un premier chapitre innovateur (j’en ai donné des lectures publiques) et il contient des passages intéressants. Heil Harris! doit avoir certaines qualités car l’éditeur allemand a pris les trois autres mais il a refusé de publier celui-ci. L’histoire que je préférais était Pop Crime car c’était pour moi l’époque où on entendait continuellement à la radio Twiggy (3) et je pensais alors que j’avais bien rendu l’atmosphère dans ce roman. Mon gros regret est d'avoir écrit les quatre livres avec une date butoir de l'imprimeur. Je pense que le quatrième, Heil Harris !, fut écrit dans la précipitation et cela s'en ressent.

C’est sympa d’évoquer si naturellement mon commentaire plutôt frivole à la fin de votre mail (4). C’est, bien sûr, complètement gratuit et j’ai pensé retirer ce commentaire plusieurs fois. Le fait est que pour un romancier ‘sérieux’, mon C.V. est un obstacle pour être considéré comme un écrivain digne de ce nom. À l’époque, au milieu des années 60, j’envisageais ce travail avec beaucoup d’enthousiasme.

Vous avez écrit que vous avez rencontré Diana Rigg ; quelle fut sa réaction à la lecture de vos romans ?

C’est en rencontrant Diana Rigg et Marie Donaldson, sa secrétaire personnelle, à son appartement de Dolphin Square que je me suis rendu compte que les écrits sur les séries télévisées étaient un genre méprisé. Je ne pense pas que Diana Rigg avait lu un seul des livres mais Marie Donaldson (5) les avait tous passés au crible et elle pensait que l’un d’entre eux (sûrement Pop Crime) déviait dangereusement vers une scène de sexe explicite. J’expliquais ce que j’essayais de faire et Mademoiselle Rigg m’a interrompu d’une façon arrogante en ces termes : ‘Je sais ce que vous essayez de faire !’. J’ai donc abandonné toute discussion intelligente avec elle. Elle agissait comme si elle était membre de la famille royale et elle était traitée comme tel par tous ses sujets.

Avez-vous rencontré d’autres membres de la distribution ou de la production ?

C’est lors d’une des réunions évoquées plus haut avec le producteur John Bryce, où je fus convoqué à Elstree, que j’ai vu Tara King esquiver des portes et courir le long d’un balcon. Je pense que c’était un test d’audition. C’est comme cela, également, que j’ai rencontré Bette Davis.

Cela a-t-il été facile d’écrire sur les "Avengers" comparé avec d’autres romans adaptés de séries comme "Les Champions" et "Paul Temple" ?

Ce fut assez simple pour tous. C’est peut-être pour cela que je fus choisi pour le faire. Si vous lisez Les Champions, vous remarquerez que j’ai réussi le tour de force de combiner le pilote (qui n’avait pas été diffusé à l’époque) et les deux premiers épisodes dans une même intrigue. Je pense que j’ai pas mal réussi mais c’est aux autres de juger. Au moins, ce travail m’a intéressé.

Les romans étaient-ils basés sur des épisodes de la série ?

Pas ceux des Avengers. Par contre, ceux sur Les Champions et Paul Temple l’étaient. Les scripts pour Paul Temple étaient basés sur de vieilles séries radiophoniques (6) que je pensais datées. J’ai essayé de les rendre plus abordables comme la série avec Francis Matthews auxquels ils se référaient. Je pense que Francis Durbridge (7) fut un peu froissé que la même bande (voir paragraphe 3) ait écrit les scénarios de la série à sa place et du coup, il avait des soupçons à mon égard, supprimant toute comédie qu’il trouvait.

Avez-vous eu des retours d’acteurs, de membres de la production ou de fans ?

Aucun retour. Les acteurs ne réagissent pas aux scripts écrits. Ils comptent le nombre de mots, évaluent leur rôle. Si ça marche, ils en retirent tout le bénéfice, sinon, c’est que c’était mal écrit. Ce qui est normal car nous avons plus de bons acteurs que de scénaristes.

Vos romans ont été un succès mondial et traduits dans plusieurs langues : français, allemand, néerlandais et ils ont même été vendus au Chili. Comment expliquez-vous ce succès ?

Le succès des romans Avengers a été dû au succès de la série télévisée. Les romans furent réédités dans de nombreux pays au début des années 90 grâce à Joanna Lumley et Absolutely Fabulous. Je n’y suis pour rien.

Okay, Denis, Je pense avoir répondu à toutes vos questions.

Je suis désolé que mon site soit plus orienté politique et que les passages de ma vie décousue des années 60 et 70 soient traités rapidement. Je connais certaines personnes à Tamworth qui ont de l’estime pour moi à cause des Champions.

Je vais lire vos critiques des romans mais je promets de ne pas discuter ce qu’il y a d’écrit. Votre jugement a autant de valeur (peut être plus) que mes intentions il y a quarante ans.

(1) "Bleak House" est une adaptation par la BBC du roman de Dickens. Cette mini série de 1985 a huit épisodes.

(2) En fait, John Bryce.

(3) Twiggy (née le 19 septembre 1949), est un mannequin, actrice et chanteuse britannique. Avec ses grands yeux, ses longs cils et sa minceur, elle est connue pour être un emblème des années 1960 et une des mannequins les plus célèbres de cette époque. Patrick Macnee en John Steed a fait de nombreuses photos avec elle.

(4) "Je recommande à toute personne qui par hasard verrait l'un de ces romans dans une librairie d'occasion ou une vente de charité de les acheter et de les détruire immédiatement sans même les avoir lus. Je vous rembourserai les 50p ou plus que vous avez payés. Vous rendrez service à la littérature !".

(5) Marie Donaldson est surtout connue pour avoir inventé le nom d’Emma Peel…

(6) "Paul Temple" fut créé pour la radio. En Grande-Bretagne, plusieurs séries radiophoniques de "Paul Temple" furent diffusées des années 30 aux années 60.

(7) Francis Durbridge (1912-1998) créa le personnage de Paul Temple en 1938.

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©Denis Chauvet