LES CHARMEURS
( THE CHARMERS )
Tournage : février 1964 Diffusion : ITV, 29 février 1964 – 13ème Rue, 18 juin 1998 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Bill Bain Résumé Après plusieurs assassinats d'agents secrets, les services des deux blocs découvrent l'émergence d'une mystérieuse troisième force, terriblement efficace. Steed et le responsable russe Keller décident de collaborer : Mrs Gale fera équipe avec Martin, agent d'élite russe, tandis que Steed collaborera avec Kim Lawrence, redoutable membre des services secrets soviétiques. Mais il s'avère que Keller a dupé Steed, Kim n'étant qu’une comédienne engagée sous un faux prétexte ! L'enquête révèle que la nouvelle faction se dissimule derrière une école de parfaits gentlemen, Les charmeurs, puis qu'elle est dirigée en sous-main par le propre Keller, lassé de la faiblesse de ses appointements ! Steed triomphe de l'organisation, aidé par Cathy Gale mais également par une Kim s'avérant bien plus efficace que ne l'avait anticipé Keller ! CRITIQUES Estuaire44 11 août 2008 Tout comme Ne vous retournez pas pour Le joker et Balles costumées pour Le dernier des sept, Les charmeurs fera l'objet d'un remake durant la saison 5, avec Meurtres distingués. Si les deux précédents épisodes de la saison 3 parviennent à faire, au moins, jeu égal avec leur successeur, en sera-t-il de même pour celui-ci ? Autant briser immédiatement le suspense : la réponse s'affiche clairement positive ! En effet, alors que la totale fantaisie irriguant Meurtres distingués l'assimilait parfaitement à la tonalité globale de la saison 5, celle des Charmeurs l'élève à un statut particulier au sein de l'ère Cathy Gale, accroissant ainsi considérablement l'effet de surprise. Par ses situations absurdes, l'épisode tranche totalement avec nombre d'épisodes de la saison 3, où l'humour décalé ne figurait qu'en ornement accessoire et dont l'essence demeurait le récit d'espionnage classique. Cette fois, plus de doute, le centre de gravité de la série bascule totalement, en cette fin de saison où Brian Clemens impose déjà ses vues avec un éclatant brio. Mais la grande qualité de l'épisode ne se juge pas uniquement à l'aune de sa position clé dans l'évolution historique de la série, mais également par son intérêt intrinsèque. L'histoire se suit avec un vif entrain jamais démenti, la cocasserie de l'ensemble ne perturbant pas une intrigue claire et fluide, dépouillée des temps morts et des ralentissements verbeux observés ailleurs. Clemens brille ici de tout son exceptionnel talent de conteur, évitant digressions inutiles et personnages superfétatoires, tout en ménageant continuellement d'efficaces surprises maintenant sans cesse éveillé l'intérêt du spectateur. Certains épisodes se suivent (voire se subissent) passivement, celui-ci nous entraîne réellement avec lui ! Ce tonus se retrouve dans la mise en scène très dynamique de Bill Bain. Certes les contraintes de la production et les limites budgétaires de l'époque influent cette fois négativement dans l'optique de la comparaison avec Meurtres distingués, mais l'ensemble demeure très regardable. Les bonnes idées se multiplient tout au long de l'épisode, comme l'écran de Keller installé dans un mannequin, ou Steed se contemplant dans une succession de miroirs. Cette inventivité épouse à merveille celle de la narration et en démultiplie l'effet. Les décors s'avèrent très parlants malgré les faibles moyens employés, comme l'antre de Keller bardé d'armes jusqu'au ridicule ou la boutique délicieusement ancienne. Alors que son remake demeure très proche dans ses diverses péripéties, d'amusantes différences apparaissent parmi les personnages secondaires. Là où Michael Gough restait finalement d’un flegme assez anglais, Warren Mitchell joue la carte de la caricature extrême du Russe et rode de fait, sans encore le savoir, le célèbre personnage de l'ambassadeur Brodny ! L'effet s'avère des plus amusants tant l'acteur montre de la fougue dans son jeu. Brodny a pu se voir critiqué pour un certain excès (notamment dans L'homme transparent, saison 5), mais dans sa première version le personnage fonctionne à merveille. L'évocation de souvenirs avec Steed reste ainsi beaucoup plus divertissant que dans Meurtres distingués ! Mais la différence la plus significative entre les deux épisode réside néanmoins dans la partenaire féminine occasionnelle de Steed, la volcanique Olga se voyant précédée par la très décalée et ultra féminine Kim. Le contraste s'avère total et on peut préférer cet humour à base de savoureux quiproquo aux vociférations de la très guerrière Soviétique. Fenella Fielding se montre des plus charmantes, tandis que Clemens manifeste beaucoup d'habileté en créant Kim bien plus fine qu'il n'y paraît au premier abord. Elle ne demeure pas un simple clone de Vénus Smith et participe concrètement à l'action. C'est d'ailleurs elle qui lance l'épée terrassant Keller, et non pas Cathy, alors que Mrs Peel supplantera ici Olga. Ce personnage si réussi ne sera d'ailleurs pas gaspillé, on reconnaît ainsi clairement en Kim la devancière de la pétillante Georgie de Maille à partir avec les taties (saison 4) ! À l'inverse, le solide Brian Oulton apporte moins de brio et de panache que le formidable Terence Alexander, qui poussera encore plus loin la caricature du gentleman britannique. On applaudit par contre à l'apparition d'un authentique Excentrique dans sa drôle de boutique, une figure appelée à devenir un des emblèmes de la série. École pour gentlemen et boutique hors du temps concourrent à une savoureuse satire de la haute société britannique, qui s’imposera comme un des fers de lance de la saison 4. Cathy Gale recrée une de ses fameuses colères de jadis, ce qui nous vaut une scène désopilante, avec un Steed désarmant de mauvaise foi. Cathy se montre d'ailleurs fine mouche, un sourire venant relativiser la flamme de son ire. Elle s'amuse en fait beaucoup, de même que le spectateur qui se verra privé d'une scène équivalente dans Meurtres distingués, car tout à fait inimaginable avec une Mrs Peel en perpétuelle osmose avec Steed. Le réalisme et la relation si irrésistiblement électrique, même relativement adoucie, entre Steed et Cathy demeurent encore présents. Ils confèrent un ton différent à cette première version de l'histoire. La richesse de la série naît aussi de la diversité des relations entre les personnages et de la tonalité des saisons. On observe également que Cathy ne manifeste aucune jalousie envers Kim, à la notable surprise de Mrs Peel face à Georgie. Décidemment, les deux relations ne sont pas du même ordre ! Dans le reste de l'épisode, Honor Blackman porte toujours aussi impeccablement son personnage, que le savoir-faire de Clemens évite de marginaliser à côté du duo Steed-Kim. On apprécie également l'évolution montrée par un Steed se rapprochant réellement du parfait gentleman de la saison 4 désormais très proche. En effet, s'il se permet encore quelques remarques un peu lestes à l'arrivée de Kim, il se montrera par la suite très préoccupé pour la sécurité de celle-ci, une fois l'imposture dévoilée, tandis qu'il ne se souciait gère jadis du péril dans lequel il jetait une Vénus Smith guère considérée autrement que comme un simple instrument. Par ailleurs il se montre plein d'allant durant un épisode multipliant les occasions pour Patrick Macnee de démontrer son talent. Son duo avec Fenella Fielding fonctionne d'ailleurs impeccablement. Alors que cette dernière avait postulé pour le rôle de Cathy Gale, un ultime attrait de l'épisode réside en l'amusante fenêtre qu'il ouvre sur ce qu'auraient pu représenter des Avengers jouant totalement la carte de la comédie, avec un duo moins déséquilibré que durant les épisodes de Vénus Smith. À défaut certes d'égaler l'intérêt de la période Cathy Gale, l'ensemble n'en demeure pas moins des plus plaisants. C'est dans une fort jolie conclusion que Steed se félicite, à juste titre, d'avoir été accompagné par deux dames durant cette aventure, chacune contribuant avec éclat au vif succès de cet épisode ! EN BREF : Un épisode faisant de nouveau largement jeu égal avec son successeur de la saison 5, tant par l'humour et la fantaisie que pour le brio de son interprétation. Kim Lawrence s'avère une partenaire des plus irrésistibles pour Steed !
Steed3003 Critique à venir ! VIDÉO Un agent russe fort pittoresque ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité o Comme lors des épisodes L’éléphant blanc et Lavage de cerveau, un insecte apparaît du fait de l’enregistrement par kinescope. Ce passage particulièrement bref a lieu au moment de l’apparition du titre (1’49’’). On constate également que le visage de l’acteur ne reste pas totalement immobile. o La caméra est bousculée quand Keller salue Steed (5'59’’). o Sans doute emporté par sa vive discussion avec sa partenaire, Macnee commet une erreur en la nommant Mrs Jowl, soit le mot qu’elle vient de prononcer (13’24’’). Il se reprend aussitôt, sans marquer le moindre trouble ! Détails o La photographie de Steed utilisée par les charmeurs (44’58’’) provient du premier épisode de la saison, Plaidoirie pour un meurtre, également écrit par Brian Clemens. C’est en fait Cathy Gale que Steed est en train de viser ! o Steed a installé un système d’alarme dans son appartement, ce qui ne sera plus le cas par la suite. o Eton College : Cleeves remarque que Steed est un ancien d’Eton, or Patrick Macnee a également étudié Acteurs – Actrices À noter que… o Keller estime que Steed aime travailler avec des femmes (10’41’’). Les supérieurs du top agent britannique veilleront d’ailleurs à respecter ses goûts après les départs de Cathy Gale et d'Emma Peel, comme lui-même y veillera à chaque fois lors d’une communication téléphonique ! o Bill Bain (1930-1982) réalisa pas moins de sept épisodes des Avengers : Les fossoyeurs, Le cinq novembre, La cage dorée, Mandrake, Les charmeurs (saison 3) et Les espions font le service (saison 4). Il participa régulièrement à plusieurs séries à succès : Armchair Theatre, Tne Duchess of Duke Street, Upstairs, Downstairs… Pour cette dernière série, il remporta l’Emmy Award de la meilleure mise en scène, en 1975. Fiche des Charmeurs des sites étrangers : En anglais
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