BALLES COSTUMÉES
( DRESSED TO KILL)
Tournage : décembre 1963 Diffusion : ITV, 28 décembre 1963 – 13ème Rue, 4 juin 1998 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Bill Bain Résumé À travers tout le pays, des dysfonctionnements répétés apparaissent dans les dispositifs de détection de missiles. Parallèlement, de mystérieuses acquisitions de terrains se déroulent autour de ces bases militaires. Steed se porte candidat à l’achat d’une parcelle, avant de répondre à l’invitation d’un de ses amis à un réveillon du Nouvel An se déroulant dans un train. Les différents invités découvrent à un moment que le wagon a été détaché du train et qu’ils se retrouvent isolés dans une gare abandonnée. En fait ce sont tous des acquéreurs de parcelles que le gang adverse veut empêcher de participer à la vente du lendemain. Ils subissent des agressions de la part de la bande, qui de plus a infiltré l’un de ses membres parmi eux. Steed avait heureusement anticipé le piège et Cathy Gale s’était discrètement introduite dans le train. À eux deux ils découvrent qui est l’espion et mettent ses complices hors d’état de nuire. CRITIQUES Estuaire44 12 juin 2008 Balles costumées présente le vif intérêt de contenir en germe les idées reprises par plusieurs autres histoires de Brian Clemens (Les fossoyeurs, Une petite gare désaffectée...) ce qui donne beaucoup de plaisir ludique à sa vision. Mais la principale filiation se distingue dans Le dernier des sept (saison 5), à la progression dramatique très similaire. Autant le dire d'emblée, d'une manière encore plus évidente que pour Ne vous retournez pas/Le joker, l'avantage paraît clairement revenir à la première version. En effet, là où Le dernier des sept se contentait de poser une situation, puis d'aligner des assassinats répétitifs, Balles costumées développe une véritable intrigue, beaucoup plus dense et sophistiquée. Les rebondissements et coups de théâtre divers paraissent bien plus inattendus et variés ici. Au lieu d'un enchaînement mécanique et prévisible des meurtres, c'est un véritable suspense de haute volée qui se met en place. L'épisode conquiert également car il abandonne totalement les récits parfois statiques et verbeux de l'époque Cathy Gale pour introduire nettement plus de dynamisme et d'action. Cet habile glissement d'une joyeuse fête à un huis clos oppressant s'effectue avec l'habileté consommée et le grand talent de conteur coutumiers chez Clemens. L'étrangeté de la situation finit également par flirter avec le Fantastique, avec un ton similaire à de nombreux épisodes de La Quatrième Dimension, ce qui ne saurait déplaire ! Le rythme soutenu de l'intrigue se teinte également d'un humour souvent réjouissant, bien dans la veine Avengers. Certes ce brillant récit ne va pas sans invraisemblances. Si les adversaires veulent tuer tous les convives, qu'attendent-ils ? On se demande pourquoi au juste le chef de la bande prend le risque de s'insérer parmi les invités. Qu'en retire-t-il exactement ? Et puis tout de même on s'étonne de ne voir personne se rendre compte de la substitution opérée par Cathy Gale ! Mais tout ceci demeure acceptable au moment où la série embrasse pleinement la fantaisie et n'entrave en rien le plaisir éprouvé à suivre le cours si imaginatif de la plume de Brian Clemens. Le succès de l'épisode ne serait certes pas aussi complet sans l'admirable travail de mise en scène accompli par Bill Bain, dont on assiste ici à la meilleure réalisation. En alternant habilement les vues et les angles de caméra les plus astucieux, il parvient à insuffler une vie étonnante à cette action se déroulant dans un espace très limité. Les scènes d'action montrent une vraie efficacité et un panache certain, tandis que le duel final de Western laisse loin derrière les fusillades parfois approximatives de l'époque. À ce propos, Johnny Dankworth, dont la musique a parfois été taxée de répétitive, apporte ici un solide démenti, avec une musique hollywoodienne de Western plus vraie que nature ! Elle appuie très efficacement l'amusante apparition de Steed en cow-boy et le duel final. Les décors restent convaincants à défaut d'enthousiasmants et ne viennent pas entacher la belle mise en scène de l'épisode. En comparaison avec ce dynamisme constant, le tag final s'avère par contre bien terne et convenu. Cette seule petite fausse note de l'épisode demeure toutefois bien secondaire ! Les convives constituent un atout majeur de Balles costumées. Ils apparaissent en effet bien plus construits que les abstractions schématiques du Dernier des sept. Ces personnages bénéficient tous ici d'une véritable et savoureuse personnalité, conférant nettement plus de force et d'intensité à l'épisode. Ces caractères vont d'ailleurs élégamment de pair avec les costumes, soit d'une manière directe pour le policier ou Pussy Cat, soit plus ironiquement avec l'homme d'affaires vulgaire et égoïste grimé en Robin des Bois. Le vil adversaire est, lui, bien entendu déguisé en... Napoléon ! Le casting est lui aussi très relevé, chacune des célébrités présentes prenant visiblement à cœur de défendre au mieux son personnage ! De cet excellent ensemble se détache l'espiègle Pussy Cat, dont le caractère déluré nous vaut des scènes particulièrement amusantes avec Steed ! La ravissante Anneke Wills, au charme si délicieusement Sixties, crève vraiment l'écran et apporte beaucoup de vie et fantaisie à l'histoire. Elle se montre beaucoup plus aguichante envers Steed que ne le sera jamais Polly avec le Docteur ! Le duo d'Avengers nous régale également d'un véritable festival tout au long de l'épisode. Leurs scènes communes apparaissant véritablement hilarantes, que cela soit dans l'appartement dévasté de Steed ou lors de sa tentative de séduction avortée de Pussy Cat, sous l'œil finalement plus amusé qu'agacé de Cathy. L'entrée en scène de cette dernière s'effectue de manière beaucoup plus claire et structurée que l'intervention miraculeuse de Mrs Peel dans Le dernier des sept. On remarque par ailleurs qu'elle a considérablement rentré ses griffes, avec des remarques certes critiques, mais beaucoup moins acides qu'elles ne l'auraient été jadis dans des circonstances similaires. Brian Clemens montre visiblement de l'inclination pour un couple de héros très complices... Steed assure magnifiquement le spectacle, pétillant d'esprit en toutes circonstances et troquant superbement le chapeau melon pour celui de cow-boy !! Clemens a admirablement appréhendé toute la dimension du personnage, encore magnifié par Patrick Macnee, que l'on sent porté par un plaisir de jouer réellement palpable. EN BREF : Suspense, action, humour, tout concourt à l’étonnant succès de l’épisode, bien supérieur à sa copie de la période Emma Peel. Les seconds rôles s’avèrent particulièrement savoureux, au premier rang desquels la féline Pussy Cat ! VIDÉO Steed tente de séduire Pussy Cat ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage Continuité o La même jeune femme en tenue des Mille et Une Nuits monte à deux reprises dans le train ! (7’10’’ et 11’10’’) o Les attaches collantes du postiche du faux contrôleur paraissent particulièrement évidentes. Un morceau dépasse même sur les lèvres ! (11’14’’) o Quand Steed proclame qu’il est minuit, on s’aperçoit sur sa montre qu’il manque à peu près 50 secondes (17’14’’) : Détails o Toujours grande voyageuse, Cathy revient de Marrakech au début de l’épisode. o Paddington et Waterloo : Steed débute son voyage à la gare de Paddington, dont on aperçoit le toit à verrières caractéristique (1854). Cette gare très importante (1838), située près de Westminster, dessert l’ouest de l’Angleterre, le sud du Pays de Galles et Heathrow. Elle fut le point de départ du premier métro londonien (1863), dont elle demeure aujourd’hui un point névralgique. Elle donne son nom au fameux Ours Paddington, qui y fut trouvé en provenance du Pérou ! Une statue de cette figure de la littérature enfantine se trouve d’ailleurs dans le hall principal. Les Avengers rentrent à Londres par Waterloo Station (clin d’œil à Napoléon !). Ce vaste ensemble, desservant le sud-ouest de l’Angleterre, fut inauguré en 1848 et totalement reconstruit de 1900 à 1922, pour faire face à l’explosion du trafic. La splendide gare internationale (1990), destinée aux Eurostars, fut fermée en novembre 2007, suite à son remplacement par celle de Saint-Pancras. Son emploi futur demeure indéterminé. London Necropolis, annexe du bâtiment principal détruite durant la Guerre, transportait les cercueils jusqu’à l’immense cimetière de Brookwood ! Acteurs – Actrices o Frank Maher est également présent dans les épisodes, Le cinq novembre, Les petits miracles (saison 3) et Meurtre par épisodes (saison 5). Il est la doublure de Patrick MacGoohan dans Le Prisonnier. Il a joué aussi dans Destination Danger, L'Homme à la Valise, Le Saint, Amicalement Vôtre, Cosmos 1999. À noter que… o D’autres imitations de cow-boys apparaissent dans la série : Hana Wilde, incarnée par Charlotte Rampling dans Le dernier des sept (saison 5), Mrs Peel lors de l’hallucination de Steed dans La poussière qui tue (saison 4), un client de l’agence QQF (Du miel pour le prince, saison 4), Mrs Peel et Stewart Kirby s’affrontant dans un décor de saloon (Caméra meurtre, saison 5) et Maxie, qui se déguisera ainsi (entre autres !) lors de la bagarre finale avec Steed dans Clowneries (saison 6). Fiche des Balles costumées des sites étrangers : En anglais
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