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Foire Aux Questions

Studio Canal

GUIDES

Comme pour toutes les séries TV, de nombreux guides sont parus à propos de la série.

Quels sont les plus exhaustifs ? Les plus pertinents ?

Suivez notre guide : Denis Chauvet !


Auteurs : Eric Cazalot et Philippe Paygnard.

Publié par DLM en juillet 1996 dans la collection "Le guide du téléfan" (No14).

Format 'grande télécommande' (21X11), 155 pages, photos en noir et blanc.

Le livre est épuisé, mais on peut le trouver facilement sur divers sites d'occasion.

"Le guide du téléfan" était une collection de livres destinés à tous ceux qui voulaient en savoir plus sur leur série préférée. Dans la collection, il y a, entre autres, de Francis Valéry : 'Le Prisonnier' retour au village, 1994 ; The Invaders : Les Envahisseurs, 1992 ; The X Files, aux frontières du réel : une mythologie moderne (en trois volumes), 1995, 1996 ; Le Saint, 1995 – de Didier Liardet : Mission Impossible : opérations intelligence, 1996 ; Les Mystères de l'Ouest : les nuits de l'imaginaire, 1995 – de Philippe Lombard : Amicalement Vôtre, l'oisiveté au service du bien, 1995. Cette collection fut publiée jusqu'en 1995 chez 'Car rien n'a d'importance' puis DLM a repris des titres publiés chez cet éditeur. Ces livres au format poche imprimés sur papier économique sont moins fournis iconographiquement, mais ils se rattrapent avec des textes documentés.

Contenu : L'historique de la série, les résumés et anecdotes des épisodes de la première à la sixième saison et les fiches sur les acteurs Avengers sont les différents aspects évoqués.

La série est connue mais son histoire échappe souvent au grand public. Outre un guide des 161 épisodes des Avengers, parsemé d'anecdotes, Éric Cazalot et Philippe Paygnard se sont attachés à raconter en détails chaque étape de ce programme à travers l'histoire, souvent houleuse, de la production. Après une rapide introduction, une chronique de la série est évoquée en quatre chapitres sur vingt-cinq pages : Chapeau melon... sans bottes de cuir, Chapeau melon... et féminisme, Chapeau melon... et série culte !, Chapeau melon... et Tara King. L'essentiel du livre est consacré au guide des épisodes (de Hot Snow à Bizarre). Chaque saison est définie en quelques lignes qui précèdent la liste des épisodes (avec résumés succincts et anecdotes parfois inédites). On y trouve des informations intéressantes sur les dates des diffusions des saisons quatre à six à la télévision française. Une biographie des comédiens Patrick Macnee, Honor Blackman, Diana Rigg et Linda Thorson clôt l'ouvrage.

Conclusion : Ce petit livre est essentiel à tout fan et il complète parfaitement le livre beaucoup plus luxueux de Didier Liardet (Chapeau melon et bottes de cuir, au royaume de l'imaginaire). Simple et précis, il permet une approche détaillée pour tous les néophytes. Cet ouvrage fait partie d'une collection de qualité, ne ratez pas l'occasion de vous le procurer si elle se présente. Le seul point négatif à ce livre, mais il est de taille, est l'absence totale des New Avengers. À aucun moment, cette suite n'est évoquée. On peut se demander si un volume n'avait pas été prévu pour cette 'sequel'.

Lire l'interview d' Eric Cazalot

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 2. The Avengers (Toby Miller)  

Auteur : Toby Miller.

Publié par British Film Institute, 1997.

192 pages, photos noir et blanc.

Contenu : Il est divisé en sept chapitres : History, Pop, Fashion, Sex, Genre, The post-modern et Following. Il est terriblement ennuyeux : pas d'humour, un ton pédant (qui n'a pas sa place dans le monde des Avengers) et il est écrit par une personne qui a une connaissance limitée de la série. Il est, en effet, bourré d'inexactitudes, certaines assez cocasses... surtout lorsqu'on sait que soixante-dix personnes y ont contribué ! La liste fournie par le site de David Smith est éloquente ! Une perle : Toby Miller parle de relation intime entre le docteur Keel et Steed dans un épisode... de la troisième saison (Les charmeurs) !

Conclusion: Tous les spécialistes sont unanimes : son intérêt est très limité. Les rares personnes qui défendent ce livre ne connaissent pas la série ou veulent lui donner des dimensions pseudo-intellectuelles jamais voulues par les créateurs. Collectionneur de tout ouvrage sur la série, ce livre est, néanmoins, un des deux que j'ai revendu ! Écrit par un professeur d'université australien (travaillant aux USA), il est exclusivement destiné à ceux qui désirent une analyse intellectuelle, tirant souvent vers le ridicule, de leur série préférée. Il est essentiellement basé sur les saisons Cathy Gale et Emma Peel. Dave Matthews, le webmaster du site consacré aux New Avengers, souligne même que certains mots ne sont pas dans le dictionnaire ! En bref, il faut l'acheter si on veut 'tout' avoir car ce livre n'est ni divertissant ni instructif, mais un recueil de blabla philosophique incohérent et truffé d'erreurs sur la série. Chacun doit rester à sa place !

Lire l'interview de Toby Miller

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 3. Chapeau Melon et Bottes de Cuir (Carrazé/Putheaud)  

Auteurs : Alain Carrazé et Jean-Luc Putheaud.

Publié par Huitième Art en 1990 et réédité en 1995.

Il fut le premier livre en français uniquement sur la série à être publié.

Beau livre, grand format, 250 photos couleur et noir&blanc, 200 pages.

Les 1 827 premiers exemplaires sont numérotés et comprenaient une page avec une photographie numérotée. Il existe également 100 exemplaires hors commerce marqués HC 1 à 100.

Ce livre, épuisé, était très coûteux à sa sortie surtout, mais il peut se trouver dorénavant à un prix très abordable sur des sites d'occasion. Je me suis procuré le mien à 12€ et à ce prix là, faut pas s'en priver !

Ce livre a été traduit en anglais et publié par Titan Books en Angleterre en septembre 1997 et par Bay Books aux États-Unis en 1998 sous le titre : The Avengers Companion (couvertures différentes). Alex J. Geairns a participé à l'édition anglo-saxonne. Cette édition est à éviter absolument, vu sa traduction approximative.

Couverture anglaise :

Couverture américaine :

Contenu : La première partie est consacrée à des entretiens (Regards et témoignages) avec Patrick Macnee, Diana Rigg, Linda Thorson, Grant Morrison, Dave Rogers, David Fakrikian, Christophe Casa-Zza et François Rivière.

La seconde partie est un guide des épisodes de toutes les saisons, y compris les New Avengers ; à noter que certains titres de la saison quatre sont en VO car ils étaient encore inédits lors de l'élaboration du livre. Treize épisodes sont résumés en détails et cela constitue la partie fastidieuse de l'ouvrage ! Les épisodes choisis sont : The House That Jack Built, Remontons le temps, Le vengeur volant, Caméra meurtre, Rien ne va plus dans la nursery, Le joker, Meurtres à épisodes, Le village de la mort, Jeux, Clowneries et la saga des cybernautes (Les cybernautes, Le retour des cybernautes et Le dernier des cybernautes). 70 pages (presque la moitié du livre) sont consacrées à ces résumés et ils sont superflus à l'époque actuelle des DVD.

La dernière partie, Créateurs et créatures, a plusieurs thèmes : 'Les vengeurs' par Brian Clemens, quatre pages intéressantes – Huit heures de travail et de plaisir par jour, quatre pages de belles photographies généralement de tournage et parfois inédites (page 176, Miroirs en haut à gauche) et le livre se termine par les habituelles rubriques : les acteurs vedettes – les véhicules stars – les grandes lignes de la mode Avengers – liste des principaux réalisateurs et acteurs invités.

Conclusion : L'intérêt du livre réside essentiellement dans ses nombreuses photographies sur papier glacé et se doit de figurer sur les étagères des fans de la série malgré ses défauts.

Lire l'interview d'Alain Carrazé et Jean Luc Putheaud

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4. Mrs Peel Wir Werden Gebraucht 

"Mrs. Peel, wir werden gebraucht !" Mit Schirm, Charme und Melone - Das Buch zur Serie.

Auteur : Franziska Fischer.

Publié par Bertz en 1996 (120 pages).

La troisième édition, publiée par Bertz+Fischer, est sortie en juin 2006.

Livre à couverture souple, 224 pages, 325 photos noir&blanc.

Contenu :

L'auteur Franziska Fischer a découvert la série à l'âge de cinq ans avec l'épisode Rien ne va plus dans la nursery (Eins, Zwei, Drei- Wer hat den Ball ? en allemand).

Mrs Peel est le personnage central de l'ouvrage. La première partie, Die Avengers-Story, comporte 34 pages, dont 15 sur la période Emma Peel. Cet historique est très souvent inspiré des bouquins de Dave Rogers (The Avengers de 1983 mais surtout The Complete Avengers de 1988) et également du livre de Kathleen Tracy, Diana Rigg: The Biography (2004). Dans ce dernier, cette citation de Diana Rigg, concernant le casting, m'était inconnue : 'Le studio fourmillait de jeunes femmes. Nous devions toutes porter pantalon et pull-over noirs, ce qui nous faisait ressembler à une armée de néo-nazis' (page 24). Nous apprenons également que c'était la première cascade et apparition TV de Cyd Child. Dans Stay Tuned, elle déclare qu'elle n'aurait pour rien au monde échangé son travail sur les Avengers. Surprenant de lire que Ian Hendry a quitté la série, mécontent car les producteurs faisaient la part belle à Steed.

En 1966, la chaîne ZDF diffuse la série un mardi soir sur deux à 21h15 avec 55% d'audience (premier épisode, Les cybernautes le 18 octobre 66). Après treize épisodes, elle est remplacée par Des agents très spéciaux, mais elle revient après une grosse protestation des téléspectateurs. Chapeau melon est la seconde série britannique à être diffusée en Allemagne après Simon Templar (Le Saint) en 1963. Diana Rigg a la voix allemande de Brigitte Bardot et Marilyn Monroe tandis que Steed a celle de James Bond ! Quand on pense que la série n'est toujours pas sortie en DVD en Allemagne alors que les fans ont dû être retenus par la police tandis que Patrick Macnee et Diana Rigg dînaient dans un restaurant de Düsseldorf ! (NDLR : la série est sortie entre-temps).

On peut lire également que Patrick Macnee comparait Purdey à la porcelaine de Dresde et que Nelson Mandela aurait déclaré de sa prison sud-africaine : 'Si Purdey peut se sortir de là, nous le pouvons aussi.'

La seconde partie, Die Stars, se résume à environ vingt pages sur deux acteurs : Diana Rigg et Patrick Macnee (dans cet ordre significatif.) Le Wiener Kurier de janvier 73 rapportait la tenue de Diana lors de son mariage (robe rouge cerise et un chapeau de paille blanc et rouge). L'actrice a déclaré au Berliner Morgenpost en juin 88 : 'Je n'aurais jamais pensé que la série serait encore diffusée vingt ans après. Une preuve de sa qualité. De temps à autre, je regarde un épisode avec ma fille, Rachel, ma meilleure production.' La vie de Patrick Macnee est très fortement inspirée du livre Blind in one ear. On y apprend néanmoins que l'acteur a déclaré à Télé 7 jours en 1992 qu''avec l'argent dépensé pour mes cures de désintoxication, j'aurais pu agrandir ma maison de quelques pièces.' En septembre 85, il sauve une femme de la noyade et BZ (Berliner Zeitung) titre : 'Sans parapluie mais avec du charme.' .

La troisième partie (Die Erfolgsformeln, mot à mot : Les recettes du succès) décortique les particularités qui ont fait le succès de la série en 80 pages et sept chapitres (plus du tiers du livre) : l'intemporalité de la série, les personnages, le schéma narratif des scénarios des saisons Emma Peel, les techniques de tournage, l'humour et les jeux de mots, les thèmes abordés et les références culturelles. C'est assez inégal, alternant l'intérêt, l'évidence et l'ennui. Dans le Wiener Kurier de juillet 67, sous le titre ' Emma Peel – für uns gezähmt' [Emma Peel, pour nous apprivoiser], nous avons une petite idée de l'accueil réservé par l'Autriche aux Avengers : ' La télévision allemande nous a envoyé une sélection d'épisodes ; l'héroïne a en effet quelques particularités : elle est la reine des péchés, boit de l'alcool dans un cercueil, est presque écrasée dans une presse à vin et pratique la danse du ventre. L'Autriche ne verra pas cela !'. Néanmoins, le journal Christ und Welt écrivait en juin 67 après la diffusion de quelques épisodes : 'Les Britanniques, champions d'Europe de la légèreté et du vrai divertissement.'

Le film est évoqué sur quatre pages et il est décrit comme prometteur mais ennuyeux. Le melon est trop large pour Fienes et le film n'a pas de classe, de rythme, d'humour et de bons dialogues. Sans commentaire.

Le guide des épisodes qui suit (72 pages) s'appuie sur les bouquins de Dave Rogers, The Avengers Dossier, le site de David Smith et le site allemand. Il est surprenant de constater que de nombreux épisodes de la saison 4 ne furent pas diffusés avant 1998 (Dans sept jours le déluge, L'heure perdue, Le club de l'enfer, L'héritage diabolique) ou 1999 (La mangeuse d'hommes du Surrey, Faîtes de beaux rêves, Maille à partir avec les taties, Comment réussir un assassinat). Cœur à cœur, Das Mörderinstitut pas avant le 5 janvier…2003 sur Kabel 1 ! La saison couleur a été diffusée en 1967 (neuf épisodes) ou 1969 (10 épisodes) à l'exception de cinq épisodes qui sont restés inédits jusqu'en 1993. Quant à Tara King, 22 épisodes ont été diffusés pour la première fois outre-Rhin en 1999 sur SAT 1 ! Les New Avengers n'ont pas été diffusés dans leur intégralité avant 1997 sur TM3.

Dans le court chapitre (deux pages) intitulé : 'Mrs Peel, Sie werden immer noch gebraucht' [Mme Peel, on a encore besoin de vous], nous apprenons que les légendes ne meurent jamais : Christie's a vendu aux enchères un chapeau melon porté par Patrick Macnee pour £1 440 en 1992 ; Linda Thorson a ouvert un café Avengers en Australie, le pantalon cuir de Mrs Peel et le melon de Steed sont sur le site de la…CIA !

Quelques erreurs sur les légendes des photos :

– p 106 : photos de Clowneries au lieu de Jeux.

– p 183 : une photo de Steed prise dans l'appartement de Tara pour l'épisode Remontons le temps.

-  p 191 : scène du Club de l'enfer dans la saison couleur.

– p 193 : photo de tournage de L'heure perdue dans la saison couleur.

– p 196 : une photo de Clowneries au lieu de Jeux.

– p 204 : une photo de Fog au lieu de Requiem.

Conclusion : Le meilleur livre sur la série en langue allemande et l'intérêt pour les non germanophones réside dans la qualité exceptionnelle des photos noir&blanc. Certaines scènes sont découpées en images (générique saison 4, Mrs Peel en reine des péchés, la danse du ventre par exemple) et ces photos constituent un véritable attrait, nombreuses étant inédites.

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5. The Avengers Files

Auteur : Andrew Pixley.

Publié par Reynolds & Hearn, 2004.


350 pages et 16 pages photos (huit en n&b, huit en couleurs).

Andrew Pixley est un écrivain freelance ; il s'intéresse à la TV, à la radio et au cinéma. Il a écrit pour TV Times, Doctor Who magazine entre autres.

Contenu :

Dès la préface écrite par Brian Clemens, il y a une volonté, presque une obsession, de 'persuader' le lecteur que les Avengers sont des personnages réels.

À partir de 'documents officiels' et de 'films de surveillance' (les épisodes), Andrew Pixley raconte chronologiquement l'histoire des personnages de la série en les faisant passer pour des êtres en chair et en os. Ce qui peut paraître novateur par moments, déconcerte et tourne au ridicule dans de nombreux passages. Lors de l'introduction, l'auteur tire un parallèle entre Steed, espion bien vivant, et un personnage de fiction renommé, Sherlock Holmes ! Dans tout l'ouvrage, les épisodes sont référencés par codes de quatre lettres ou chiffres (à la manière des nouvelles de Conan Doyle justement).

15 chapitres et 175 pages sont consacrés à l'agent au chapeau melon. Les six premiers chapitres sont essentiellement basés sur le livre de Tim Heald, John Steed : an authorised biography ; volume 1 : Jealous in Honour publié en 1977 chez Weidenfeld & Nicolson. La vie de John Steed, son enfance, ses ancêtres sont évoqués ; quelques informations (les tantes de Steed…) font référence à certains épisodes. Ces chapitres sont assez rébarbatifs et lassants et, de plus, ils ne sont pas indispensables à la compréhension de la suite. On apprend dans ces pages que Steed a épousé une Française et qu'il aurait rencontré James Bond et un certain Patrick Macnee !! Par conséquent, Andrew Pixley enfonce le clou et ridiculise son œuvre par ce "jusqu'au-boutisme". En fait, le lecteur peut directement passer au chapitre sept, le plus intéressant des quinze consacrés à Steed.

Ce chapitre intitulé John Steed : The man – professional and personal est le plus épais (52 pages) et il est, de loin le plus captivant. Il a fallu à l'auteur noter chaque détail de chaque épisode, que cela soit les répliques ou les noms des protagonistes, pour dresser ce tableau. Tout concernant l'espion au chapeau melon est répertorié (sous forme, toujours, de vécu) : connaissances dans différents domaines (littérature, histoire, science, musique), goûts (culinaires, boissons)… Chaque fait et geste est classé et la provenance codée de l'épisode indiquée. Cela est parfois fastidieux (huit pages sur les tenues vestimentaires) parfois plaisant (quatre pages sur ses relations avec 'l'opposite sex', p. 77 à 80) mais toujours intriguant. Les armes utilisées, la lecture, les sports et jeux (les échecs p. 102) sont des exemples d'autres thèmes évoqués. Cette approche détaillée est novatrice mais il est important de souligner qu'il est essentiel de connaître les épisodes 'par cœur' pour apprécier ces passages (amusez-vous à deviner l'épisode évoqué avant de voir le code… pas toujours facile !).

Les chapitres 8 à 14 consacrés à John Steed sont plus banals et résument chronologiquement les 187 épisodes de la série (chaque chapitre correspondant à une période). Les descriptions des appartements sont également à trouver dans ces pages. Le quinzième chapitre sert d'épilogue.

Les chapitres 16 à 24 (128 pages) dressent le portait des autres personnages de la série (à la façon de Steed du chapitre 7). Successivement : Dr David Keel, Dr Martin King, Mrs Catherine Gale, Miss Venus Smith, Mrs Emma Peel, Miss Tara King, Mike Gambit, Purdey et The Department (Mother y a une part conséquente, mais sont évoqués également brièvement : S, One-Six, One-Seven, One-Ten, One-Twelve, One-Fifteen, Charles, Colonel Robertson et Father).

Deux appendices et une biographie clôturent le livre :
– L'appendice A est la liste des 187 épisodes classés par ordre alphabétique. L'ordre est le code à quatre lettres ou chiffres.
– L'appendice B retrace chronologiquement, par des résumés succincts, les romans et autres écrits publiés entre 1962 et 1977. Certaines histoires auraient faits d'excellents épisodes (TV Crimebusters, TV Comic, John Garforth (Anthony Hussey de son véritable nom), Diana, The Avengers Annuals, les bouquins de Keith Laumer, The New Avengers Annuals

Le livre vu par son auteur (sur la base d'un entretien avec Andrew Pixley) :

Au début 2003, Marcus Hearn, des éditions Reynolds & Hearn, contacte Andrew Pixley pour écrire un livre sur les Avengers car ils possèdent une licence Canal +.  Après avoir évalué le contenu de différentes archives, Andrew Pixley se  rend rapidement  compte qu'il n'était pas possible d'améliorer beaucoup les livres fascinants de Dave Rogers sur les à-côtés de la série. Il décide alors d'orienter ses écrits vers quelque chose d'inédit et de risqué. Reynolds and Hearn donna carte blanche et Pixley se lança dans des recherches «amusantes »... mais cela le fut beaucoup moins lorsqu'on lui a demandé que le texte soit  assemblé en seulement six semaines, un autre auteur ayant laissé tomber la maison d'édition ! Canal + a donné l'accès à tous les documents écrits et images qu'ils possédaient sur la série, ce qui fut utile pour combler certains choses comme l'orthographe des noms et lieux, ainsi que les nombreux morceaux de musique entendus dans la série. Brian Clemens écrivit la préface et fut content de participer à cette vaste plaisanterie.

Avec la longévité de Steed, Pixley axe ses recherches sur les détails de continuité... Certains étaient cohérents alors que d'autres étaient contradictoires. Il a cette notion de A à Z en tête qui avait été faite pour d'autres séries mais pas pour les Avengers. Chaque épisode est revu et les détails scrupuleusement notés – personnages, noms, endroits, dates, ce que les gens mangeaient, ce qu'ils buvaient, ce qu'ils conduisaient etc. Il était évident qu'il y avait énormément d'informations sur Steed et Mrs Gale et la partie Steed serait particulièrement importante. Non seulement les épisodes mais tous les écrits, les romans, annuals, bandes dessinées, fanzines, sont ainsi examinés.

La biographie des personnages prend forme et l'ordre de production est retenu comme échelle de temps. Le livre déroge à cette règle uniquement lorsqu'il y a des preuves à l'écran, comme un calendrier, un agenda, un journal etc. Un exemple fut l'épisode Interférences où l'agenda du professeur Frank N. Stone a posé problème. D'autres preuves à l'écran de datation pouvaient être des petites choses comme une vignette sur une voiture, Steed qui emploie des phrases cultes d'autres programmes (Rowan and Martin's Laugh-In), un commentaire qu'un match se jouait, quelqu'un précisant à quelle heure étaient l'aube ou le crépuscule...

Ce livre répertoire de la série de A à Z (accompagné de listes de détails et d'informations complémentaires) reçut un accueil contrasté. Certaines personnes ont compris la plaisanterie. D'autres pas. Le livre a choqué de nombreuses personnes qui avaient payé cher parce qu'elles étaient convaincues qu'elles auraient entre les mains un guide sur la série et pas un ramassis de faits tirés d'épisodes mais aussi de bandes dessinées trouvées dans des programmes télévisés régionaux. Pixley pense même que toutes les personnes contrariées se sont débarrassées rapidement de leur exemplaire sur e-bay…

Conclusion : Livre très particulier et parfois rébarbatif, The Avengers Files se consulte plus qu'il ne se lit. Ce n'est pas un roman et le fan a la possibilité de s'y référer pour trouver moult détails sur sa période préférée. Le lecteur doit connaître, en effet, les épisodes pour suivre ! D'autre part, le côté réel donné aux personnages (dont les six premiers chapitres empruntés au livre de Tim Heald) gâche et ridiculise le livre qui aurait pu être abordé autrement.

Personnellement, je privilégie les chapitres 7 (l'analyse de Steed), 20 (Mrs Emma Peel), 23 (Purdey) et l'appendice B. On peut saluer le travail de précision et de recoupement d'Andrew Pixley, jamais effectué auparavant, mais le résultat est quelquefois lourd et lassant. Certains détails relatés sur la saison cinq, pourtant archi connue, ne sautent pas forcément aux yeux, c'est dire… Si vous n'appréciez pas ou ne connaissez pas les saisons antérieures à Mrs Peel, vous pouvez carrément sauter les chapitres 16 à 19 au risque de vous ennuyer ferme… The Avengers Files est un livre original, parfois intéressant mais pas indispensable.

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6. The Avengers Programme Guide & The Avengers Dossier


The Avengers Programme Guide

Auteurs : Paul Cornell, Martin Day et Keith Topping.

Publié par Virgin Publishing Ltd, 1994.

358 pages, photos n&b, couverture souple. En anglais.

Contenu :

Une rareté ! Ce livre ne fut pas publié en Grande-Bretagne car certains passages faisaient référence, paraît-il, à une liaison entre John Bryce, le producteur, et Linda Thorson, qui aurait permis à cette dernière d'obtenir le rôle de Tara King. Virgin préféra détruire le stock plutôt que d'être attaqué en diffamation par l'actrice, mais certains exemplaires se sont vendus en Nouvelle-Zélande et en Australie. Les exemplaires encore en circulation sont évidemment très coûteux et très difficiles à trouver.

L'ouvrage est le premier livre sur la série qui ne soit pas écrit par Dave Rogers. Il contient des sujets "inédits" expliquant pourquoi la saison 4 est meilleure que la 5, le racisme dans la série et des écrits sur différents aspects des Avengers, le tout sur un ton humoristique. On y trouve également un guide complet des saisons, y compris The New Avengers.

The Avengers Dossier

Auteurs : Paul Cornell, Martin Day et Keith Topping.

Publié par Virgin Publishing Ltd, 1998.

374 pages avec un encart de huit pages de photos n&b, format livre de poche. En anglais.

Ce livre n'a pas été traduit en français.

Contenu :

The Avengers Dossier est la version édulcorée de The Avengers Programme Guide. Il comprend la présentation des 187 épisodes et trois écrits sur la série. Les auteurs font référence à la version supprimée en qualifiant l'ouvrage de The Avengers Unpulped dès la première page !

Après une rapide introduction et des conseils d'utilisation du manuel, les épisodes des Avengers et New Avengers sont passés en revue avec une introduction de quatre, cinq pages pour chaque saison y incluant un Top Five (pages 12 à 344). Cela constitue, bien entendu, l'ossature du livre. Ce guide sort des sentiers battus avec une approche humoristique très inédite. À peu près deux pages sont consacrées à chaque épisode ; la distribution, un résumé succinct et des critères d'analyses plutôt singuliers comme 'wit' (humour), 'kinkiness factor' (aspects coquins), 'fights' (combats), 'champagne', 'eccentrics' et bien d'autres… Sans oublier : des informations supplémentaires très intéressantes car souvent inédites : 'notes'. Mêmes critères pour les New Avengers avec, en prime, 'Violence' et... 'Porno funk music factor' !

Le livre est plutôt original et il présente des points de vue intéressant. À noter, néanmoins, que les titres des épisodes en français sont bourrés de fautes (voir la liste en bas de la critique). D'après le livre, les titres français et allemands de la série privilégient la vision esthétique à la vision subtile de Sydney Newman (titres originaux et espagnols) ! Pour la petite histoire, les auteurs précisent que cela aurait pu être pire car les Français ont traduit Man in a Suitcase par Un homme dans une valeise (sic) ! (Faux, c'est L'homme à la valise).

On y apprend qu'une certaine Eleanor Bron a refusé le rôle d'Emma Peel avant qu'Elizabeth Shepherd soit engagée et que Maira Richmond avait le rôle avant le bout d'essai de Diana Rigg.

Le livre insiste surtout sur les deux saisons distinctes de la saison Emma Peel couleur. The Avengers Dossier fait des huit derniers épisodes Emma Peel une saison à part. Le tournage fut interrompu six semaines entre Qui suis je ? et Le retour des cybernautes. Les 16 premiers épisodes formeraient donc la saison cinq et les huit derniers la saison six. Ces derniers épisodes sont reconnaissables car ils n'ont plus la scène d'introduction We're needed. 10 épisodes étaient prévus mais huit furent achevés. Le neuvième fut interrompu et repris par Brian Clemens dès son retour (Ne m'oubliez pas) et le dixième a disparu (nb : peut-être Double personnalité, un des premiers tourné par Linda Thorson et prévu pour Diana Rigg). D'après le livre, les débuts de la saison sept (Tara King) se situeraient au 30 octobre 67 quand The Times annonçait le début du tournage d'Invitation to a Killing. C'est à ce moment que Linda Thorson fut envoyée dans une ferme de remise en forme (si on peut dire !). Clemens et Fennell sont revenus en décembre 67 (après le tournage de deux épisodes et demi sous John Bryce) et la fameuse scène de l'escalier de Ne m'oubliez pas fut tournée le 19 janvier 68. En mars 68, les Américains découvrent 15 nouveaux épisodes ; les huit derniers Diana Rigg et les sept premiers Linda Thorson dont Ne m'oubliez pas qui fut diffusé au Royaume-Uni six mois plus tard. Patrick Newell, alias Mother, est remarqué aux États-Unis et son rôle devient récurrent à partir d'avril (À vos souhaits). À noter que le générique de fin de Ne m'oubliez pas, utilisé uniquement pour cet épisode dans les versions britannique et française, est le générique allemand pour tous les épisodes de cette saison.

En ce qui concerne les New Avengers, Brian Clemens aurait déclaré : 'The French didn't come up with all the promised money. Never work with French companies. They are all crooks and vagabonds.' C'est pour cela que la série émigra au Canada au grand dam de Brian Clemens qui considère que c'est 'the worst place to shoot anything' ! Il aurait préféré Los Angeles par exemple ! Nielsen-Ferns Inc of Toronto finança ! Contrairement à Fennell, Brian Clemens n'a pas fait le voyage au Canada. D'ailleurs, Emily est le seul épisode qui ne fut pas produit par le duo mais par Hugh Harlow et Jim Hanley et la série était devenue canadienne !

Chacun des trois auteurs du livre écrit ensuite une petite contribution personnelle (pages 345 à 362) ; Paul Cornell dans S and Em (l'écrit le plus intéressant) retrace le changement de perception de la femme avec les rôles de Cathy Gale et d'Emma Peel. Elle devient l'égale de l'homme et elle lui est même, parfois, supérieure. Le passage à Tara fut un retour en arrière, mais Purdey allait redonner du glamour à l'héroïne dans les New Avengers. Paul Cornell évoque aussi l'apartheid dans l'Angleterre des Avengers : les gens de couleur étaient considérés 'lower class' dans les années 60 en Grande-Bretagne et il ne pouvait rien avoir de 'lower class' dans le monde des Avengers.

Keith Topping – The medium is the message – replace The Avengers dans son époque télévisuelle et politique… allant jusqu'à supposer que la série pouvait être une tentative du MI5 pour déstabiliser le gouvernement travailliste au pouvoir à l'époque ! Keith Topping souligne que la société de consommation est présente dans plusieurs épisodes et on peut y trouver un manque de confiance en la modernité. Il conclut en regrettant le départ de Clemens et Fennell et il précise que la série n'a pas retrouvé sa splendeur malgré leur retour.

Martin Day – Turn ! Turn ! Turn ! – souligne que la particularité de la série à ses débuts résidait dans le personnage de Cathy Gale, mais pas dans les histoires qui ne tranchaient pas avec les séries de l'époque. L'auteur trouve que le film a apporté quelque chose de nouveau tout en rendant hommage à la série.

Le livre se termine par deux pages sur le film où des anecdotes de tournage sont données (Uma Thurman avait une combinaison si serrée qu'elle devait mettre du talc pour rentrer dedans) et un index des 187 épisodes classés par ordre alphabétique de A comme All Done with Mirrors jusqu'à Y comme You'll Catch Your Death.

Conclusion : Le livre, très intéressant, complète et contredit parfois même les dires de Dave Rogers sur l'histoire de la série. Le style particulier est très humoristique et il colle bien à l'essence de la série. Il ne faut pas hésiter à se le procurer si l'occasion se présente, car il est beaucoup plus rare sur e-bay que les livres de Dave Rogers. Le mauvais côté est le nombre incroyable d'erreurs de citations, d'orthographes des noms ; beaucoup sont répertoriées sur le site de David Smith. Un exemple parmi d'autres : ce n'est pas Emma qui déclare à la fin des Espions font le service : "The butler did it." mais Steed !

Lire l'interview des auteurs du livre.

Erreurs sur les titres français (à droite) :

Voyage sans retour --> Voyage sans return
Meurtre par téléphone --> Meutre par telephone
Faîtes de beaux rêves –-> Faites de beaux reres
Le jeu s'arrête au 13 –-> Le jeu S'Arrele au 13
Les espions font le service –-> Les espians font le service
Caméra meurtre –-> Camera meutre
Meurtres à épisodes –-> Meutres à episodes
Double personnalité –-> Double personalité
Je vous tuerai à midi –-> Je vous tuerci à midi
Meurtre au programme –-> Meutre au programme
Le monstre des égouts –-> Le monstre des egonts
Méfiez- vous des morts ! –-> Mefiez-vous des mortes !

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7. Das Konzept Emma Peel

Auteur : Lars Baumgart.

Publié par Ludwig, 2002. Réédité en 2005.

184 pages – Livre à couverture souple (20 X13, 5 cm) ne présentant que quatre pages d'illustrations (179 à 182).

Ce livre n'existe qu'en allemand.

Contenu :

Tout sur le personnage et son importance dans l'émancipation de la femme à travers les séries télévisées. L'introduction compare Emma Peel à Dana Scully (X Files) comme étant des Ikonen der Emanzipation (pas besoin de traduire !). L'auteur, Lars Baumgart, explique le succès d'un tel personnage (Emma Peel) pour la télévision et le public conservateurs de l'époque. La vision de la femme dans les programmes fut alors complètement bouleversée. Le sous-titre du livre résume parfaitement le contenu : Der unerwartete Charme der Emanzipation: The Avengers und ihr Publikum [Le charme inattendu de l'émancipation : The Avengers et son public].

Le livre a deux parties importantes. Zwischen Exzentrik und Emanzipation (pages 10 à 87) retrace brièvement l'historique de la série et son apparition chaotique à la télévision allemande (nombreux épisodes furent coupés). L'auteur analyse ensuite scrupuleusement les deux héros et le programme sous différents aspects. Au milieu de quelques lignes intéressantes mais surtout de passages rébarbatifs (certains sont même à zapper tant l'auteur se complaît à disséquer des banalités ou à se lancer dans des explications psychiques), le chapitre intitulé Sex und Kinkiness (pages 46 à 62) est plutôt original. L'auteur recense les connotations sexuelles de la période Emma Peel. Elles sont beaucoup plus nombreuses, comme on pouvait s'y attendre, pour la quatrième saison. Prenons au hasard les personnages d'Arkadi (Du miel pour le prince), Hooter et son appendice nasal (Comment réussir un assassinat) et Piedi, fétichiste des pieds (La danse macabre).

On y apprend également que le cuir, réservé dans les années 60 au porno, a servi de prétexte pour des 'dérives', en tout cas en Allemagne. Ainsi, le film Mit Schlitz, Schwanz und Melone (ne comptez pas sur moi pour vous le traduire, on risquerait d'être fermé !), raconte comment Erma Peals et John Steep (!) se lancent aux trousses d'un savant inventeur d'une machine permettant aux femmes de perdre tout complexe et de se livrer à tout ce que vous pouvez imaginer. Le savant a l'intention de l'utiliser sur la Reine lors de son prochain passage à la TV... [ Plus d'informations sur ce film]

Les deux derniers chapitres soulignent la transformation que le personnage Emma Peel a apportée au monde télévisuel et à la société machiste des années 60. Pour étayer son point de vue, l'auteur dissèque les épisodes Le joker, Caméra meurtre et L'héritage diabolique.

La seconde partie, Zwischen gestern und heute [D' hier à aujourd'hui] (pages 88 à 135), retrace l'évolution de la femme dans les séries télévisées, de La patrouille de l'sspace à X Files, et nous nous éloignons assez souvent des Avengers, d'autres séries étant évoquées : Hawaï, police d'état - Mission impossible - Bonanza… Comme dans la première partie, le pire côtoie ensuite le meilleur et on retiendra seulement quelques passages intéressants sur les références et hommages de la série à d'autres œuvres (pages 120 à 123).

La fin de l'ouvrage est constituée de 16 pages d'annotations pas pratiques à consulter – il faut, à chaque fois, se référer à la fin du livre pour des anecdotes ou des emprunts à de nombreux ouvrages –, d'un guide des épisodes des saisons Emma Peel avec dates de diffusion à la télévision allemande (copié, comme indiqué, sur le livre de Franziska Fischer qui, elle-même, avait pompé le livre de Dave Rogers !) et d'une bibliothèque.

Les quatre dernières pages comportent des photographies de Diana Rigg dans L'héritage diabolique et Voyage sans retour, un petit plan de l'appartement de Mrs Peel et de Steed et deux dessins d'Eric Stanton (1926-1999). Il était un artiste de bondage et fétichisme américain et, contrairement à la plupart des artistes de bondage, Stanton aimait dépeindre les femmes comme des dominatrices… d'où la comparaison avec Emma Peel !

Il y a également, et cela constitue un des pôles d'intérêt de ce livre, la publicité de la marque Mercedes-Benz de 1999. On voit Steed en ombre (générique de la saison couleur) sans Mrs Peel et le titre allemand tronqué Mit Schirm und Melone. Le Charme a été retiré comme Mrs Peel et le slogan de la pub est Das Leben wäre ärmer ohne Partner qu'on peut traduire par : 'la vie serait triste sans partenaire'. Cette pub fait partie d'une série lancée par Mercedes à l'époque. Elle s'appuyait sur des associations de personnages connus du public allemand.

Conclusion : Il est indispensable de bien connaître la langue de Goethe pour se plonger dans cet ouvrage. J'ai dû avoir recours à plusieurs reprises au dictionnaire car le ton utilisé s'apparente parfois à celui de Toby Miller ! Si vous voulez avoir un point de vue allemand sur la série, optez plutôt pour le livre de Franziska Fischer, Mrs Peel, wir werden gebraucht.

Das Konzept Emma Peel
n'a pratiquement pas de photographies et ses seuls intérêts se résument à quelques passages et à une superbe couverture, rendant hommage à la saison 4, qui fait un très bel effet sur l'étagère !

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8. Chapeau melon et bottes de cuir : Au royaume de l'imaginaire.


Auteur : Didier Liardet

Publié par Yris dans la collection Télévision en séries.

Format 16X24 cm, 272 pages, plus de 330 photos n&b avec un encart couleur de 16 pages.

Les éditions Yris sont spécialisées dans la sortie d'ouvrages sur les séries télévisées :
http://www.yris.net/

Didier Liardet est l'auteur de nombreux livres consacrés aux séries Les mystères de l'Ouest, Amicalement vôtre, Les envahisseurs, Au nom de la loi, Les têtes brûlées

Ce livre a trois éditions : 2000, 2001, 2005. La fiche est basée sur la seconde mais les différentes éditions ont, en fait, très peu de modifications. La troisième édition contient seize pages supplémentaires ainsi qu'une vingtaine de nouvelles photos.

Contenu :

La couverture présente la célèbre image du générique de la saison cinq, Mrs Peel et Steed entrechoquant leur coupe de champagne. Les autres principaux personnages, à l'exception du Dr Keel, apparaissent en beaucoup plus petit sur un échiquier. La présentation n'est pas anodine : les saisons Emma Peel bénéficient d'un traitement de faveur.

La préface d'Honor Blackman, écrite en juillet 2000 et absente de la première édition, est très intéressante car l'actrice évoque des anecdotes de tournage et les coulisses de la production. Elle souligne également l'importance de Leonard White dans le succès de la série.

Le livre est constitué d'un historique détaillé, de la production de la série saison par saison, des coulisses du tournage, d'un guide complet et commenté des 187 épisodes, d'une étude de ses éléments constitutifs et du portrait et filmographie de ses principaux interprètes.

L'auteur propose aussi une approche critique – beaucoup trop partisane – du film Chapeau melon et bottes de cuir , ainsi qu'un vaste tour d'horizon des produits dérivés de la série et des meilleurs sites Internet qui lui sont consacrés.

Les quatre premiers chapitres (pages 9 à 157) évoquent les quatre périodes des Avengers : Ian Hendry (La genèse de la série), Cathy Gale (Les années Cathy Gale), Diana Rigg (Le label Chapeau melon) et Tara King (Un style évolutif).

Chaque chapitre est composé d'un historique d'une demie douzaine à une douzaine de pages suivi d'un guide des épisodes (résumé, fiche technique, dates de diffusion, anecdotes).
Les épisodes sont classés par ordre de diffusion (comme les DVD) et non pas dans l'ordre de production comme sur le site.
L'historique de la série est une version très édulcorée des livres de Dave Rogers mais l'ouvrage reste une référence pour les fans français, surtout pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare et qui ne peuvent pas profiter du travail de Dave Rogers, le spécialiste de la série.
Les fiches épisodes sont, dans l'ensemble, très bien conçues ; les résumés, concis et précis, et la distribution permettent aux fans de situer rapidement l'aventure. La présentation est claire et fait luxueuse.
Bien qu'étant exclusivement en noir et blanc (à l'exception de l'encart de 16 pages), les photos du livre sont nombreuses, surtout pour la saison 4, de grande qualité et bénéficient d'un découpage très artistique. Certaines sont rares comme les photos de tournage à la page 85 (entre autres, Diana Rigg, cigarette aux lèvres sous la presse à vin de Dans sept jours le déluge).

Le livre est, malheureusement, entaché de nombreuses erreurs qui n'échappent pas à l'œil averti d'un fan ; c'est assez dommageable car je m'appuie sur la seconde édition du livre qui aurait dû être corrigée. Des exemples, au hasard, sur les saisons Emma Peel ; à la page 27, John Lucarotti est crédité du scénario de… L'heure perdue (écrit en fait par Roger Marshall). Les noms sont, parfois, mal orthographiés (Dr Storm au lieu de Dr Sturm, Elizabeth Sheperd au lieu de Shepherd, PURR au lieu de PURRR) et les résumés ont quelques inexactitudes (Wadkin réapparaît dans un restaurant chinois, Vénus et son assistant Mansford). C'est dans Caméra meurtre, plutôt que dans Le jeu s'arrête au 13, que Mrs Peel parodie le lion de la MGM. On peut lire aussi « Steed embrassant madame Peel et lui donnant une tape sur les fesses avec la main. » (sinon avec quoi d'autre ?).
Une autre erreur à la page 130 : « Cyd Child doublure de Diana Rigg lors des deux saisons précédentes » : la première doublure de Cyd Child est sur l'épisode Bons baisers de Vénus
Page 136 : « Le visage (où l'on accède en composant un numéro spécial dans une cabine publique attenante) » ; faux, c'est Interrogatoires.

À noter, pour finir, cette phrase qui m'a beaucoup amusé : « Tara compense son manque relatif de charme par un physique généreux et des formes pour le moins pulpeuses. »

Le chapitre 5 (pages 159 à 193) intitulé Un concept unique revient sur les spécificités de la série. En fait, c'est principalement la cinquième saison qui est analysée sous toutes les coutures ; c'est parfois répétitif : on a ainsi la description du générique de cette saison sur une page et demie ! Plusieurs aspects sont ensuite passés en revue : les armes, les véhicules, les vêtements, les décors, les scènes d'introduction (sur trois pages), les épilogues et les personnages (John Steed et Emma Peel uniquement). Tout ce qui représente l'identité de la série est exposé avec justesse.
Les parties suivantes de ce chapitre sont plus 'spéciales' et d'un intérêt inégal. 'Un ensemble filmique emblématique' est principalement six pages de remplissage très rébarbatives (la construction scalaire, l'analyse de l'espace filmique…), 'Le jeu des références', 'Une thématique éclectique' et 'Un concept particulier' clôturent, avec plus de bonheur, ce chapitre original constitué principalement d'une étude sur la série jamais réalisée jusqu'alors en français.

Le chapitre 6 (pages 195 à 205), Portrait d'un gentleman, retrace la vie de Patrick Macnee et le lecteur n'apprend rien de nouveau (surtout s'il a lu Blind in one ear ). Les années les plus récentes sont, néanmoins, un excellent complément aux vidéos de notre site.

Le chapitre 7 (pages 206 à 233) est dédié aux New Avengers. Didier Liardet présente l'historique puis une analyse précise et intéressante des New Avengers ; la seule en français car rappelons que Chapeau melon et bottes de cuir : Irrespectueusement vôtre n'évoque pas cette 'sequel'. L'auteur conclut en soulignant que 'The New Avengers ne possède pas le caractère intemporel (de la série initiale) mais mérite néanmoins d'être réhabilité au regard de ses qualités d'ensemble.' Un guide des épisodes (résumé, fiche technique, dates de diffusion, anecdotes), à l'instar des saisons 'vintage', termine le chapitre.

Le dernier et huitième chapitre (pages 234 à 248), consacré au film, est le passage le plus controversé de l'ouvrage. L'auteur retrace successivement la production et l'histoire du film avant de nous livrer une critique toute personnelle sur quatre pages. Ces dernières sont, en fait, une vision idyllique du film. Le début est très significatif : « La vision du film fut donc une agréable surprise que certaines insuffisances et une presse très critique ne parvinrent pas à altérer. » On peut lire également que Ralph Fiennes incarne avec justesse Steed et que le film fait partie des adaptations réussies (comparé à Mission Impossible) ! Bref, à lire ces lignes, on se demande si Liardet évoque la même production que tous les fans connaissent. Il considère le film proche de la série, ce que rejette la plupart des fans de la planète. Le 'naufrage financier' évoqué est simplement imputé au public jeune méconnaissant la série et à la date de sortie ! Il y avait matière à creuser les raisons de l'échec de ce film en livrant une critique plus neutre.

Les annexes retracent d'une façon exhaustive, photos à l'appui, tout ce qu'on peut se procurer sur la série entre 1961 et 2001 (pages 250 à 266). Livres, revues, annuals, bandes dessinées, romans, fan-club, discographie, Internet, produits dérivés, DVD, vidéocassettes… C'est clair, précis, instructif.

Conclusion : Chapeau melon et bottes de cuir : Au royaume de l'imaginaire est l'ouvrage à posséder pour tous les fans français malgré quelques désagréments (quelques erreurs, critique subjective du film) ; il démontre, comme le souligne son auteur dans sa préface, la longévité et l'impact de la série qui en font une référence indémodable. L'ouvrage est devenu l'unique livre de référence pour les fans francophones tandis que les anglophones auront toujours la possibilité de faire un parallèle ou de préférer les écrits de Dave Rogers.

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9. The Avengers on Location

Auteur : Chris Bentley

Publié par Reynolds & Hearn Ltd, 2007.

296 pages, plus de 600 photos en noir et blanc.

Ce livre est dédié à la mémoire de Gareth Hunt. Il possède une très belle couverture qui met en évidence, une fois de plus, Mrs Peel au détriment des autres Avengers girls concernées, Tara King et Purdey.

Chris Bentley est un écrivain free lance et l'auteur de livres sur les séries UFO et Thunderbirds. Il est également co-organisateur du rallye annuel Dead Man's Treasure Hunt.

Contenu :

La préface, très intéressante, est de John Hough, réalisateur des épisodes : Le document disparu, Le matin d'après, Brouillard, Homicide et vieilles dentelles, (tous de la saison 6) ainsi que Un chat parmi les pigeons (New Avengers).
Il réalisa également des épisodes d'autres séries : Le Baron, Les champions, Le Saint, Poigne de fer et séduction et Mission casse-cou.

L'introduction nous apprend que les rallyes annuels ont donné naissance à cet ouvrage. Les repérages eurent lieu en 1986 et la première Treasure Hunt un an plus tard. La plupart des lieux de tournage se trouvent, en fait, dans un rayon de cinq miles autour des studios Elstree. Le site d'Anthony McKay, Avengerland, fut le prolongement de ces réunions et finalement, ce livre, The Avengers on Location propose plus de 500 lieux de tournage de la série dont 70 inédits. Néanmoins, dû à des disparitions et des démolitions (certaines très récentes) et aussi à d'éventuelles nouvelles découvertes, les futures éditions de cet ouvrage auront très certainement des informations modifiées.

Tous les épisodes, de la saison 4 aux New Avengers, sont classés par ordre alphabétique de All Done with Mirrors jusqu'à You'll Catch Your Death. Les trois premières saisons, tournées pratiquement exclusivement en studio, ne sont pas évoquées.
Cinq épisodes sur les 109 ne figurent pas non plus dans l'ouvrage. Brouillard, exclusivement tourné en studio ainsi que quatre autres épisodes dont les lieux de tournage n'ont pas été formellement reconnus : Meurtres distingués, Le joker, Le mort vivant et Pandora.

Pour chaque épisode, les dates de tournage sont fournies ; elles sont assez flexibles (contrairement à d'autres séries tournées en même temps comme Les champions ou Département S) et peuvent s'étendre au delà des dix jours prévus (un mois pour La chasse au trésor). Les épisodes sont présentés avec la distribution, un résumé succinct et le contexte chronologique au moment du tournage (très intéressant). Chaque épisode est traité en fonction de l'importance des lieux, de quelques lignes à dix (Le S 95) ou huit pages (La chasse au trésor, Le matin d'après).
Les lieux de tournage apparaissent en caractères gras ; ils sont détaillés soit pour leur première apparition dans la série soit pour l'importance de leur présence à l'écran.
D'autres séries et films sont mentionnés à chaque lieu de tournage.

Les lieux de tournage sont évoqués avec moult détails tant du point de vue historique que des éventuelles visites possibles (avec liens Internet, numéros de téléphone si disponibles). L'historique, les transformations depuis le tournage et les accès sont décrits avec précision. Ainsi, lors de la rénovation de North Mymms Place (quartier général de PURRR) à la fin des années 80, une fresque murale datant du XVIIe siècle fut découverte par accident. Nous apprenons aussi que Brian Clemens possède toujours Park Farm, lieu de tournage de Je vous tuerai à midi ; la présence de la Post Office Tower de Londres dans Le S 95 aurait dû être interdite car cette tour était classée "top secret" jusqu'au milieu des années 90 et elle ne devait pas être photographiée ni filmée ; la résidence Starveacres eut une double fonction dans Petit gibier pour gros chasseurs, l'avant de la demeure étant la maison du Dr Gibson tandis que l'arrière était celle du colonel Rawlings ; la demeure de Barbara Cartland de 1959 à sa mort en 2000 servit de lieu de tournage à Double personnalité entre autres (elle est enterrée dans le parc) ; la séquence d'ouverture des Marchands de peur fut tournée à Wembley à peu près un mois après la finale de la Coupe du Monde 66 entre l'Allemagne et l'Angleterre ; deux tiers des studios Elstree, délimités par des peupliers visibles dans Dans sept jours le déluge, furent démolis en 1991. Les peupliers sont toujours là mais ils délimitent dorénavant le parking du supermarché, Tesco ! Ce livre, à travers diverses photos et écrits, souligne l'importance et la grandeur de ces studios qui permettaient de donner l'impression que la série était tournée en extérieurs alors que la production filmait souvent les à-côtés des immenses hangars (vue d'avion page 67).

Nous apprenons également tout sur le phare Start Point Lighthouse (Miroirs), le château écossais Eilean Donan (Le repaire de l'aigle), les studios Elstree qui apparaissent dans pas moins de 32 épisodes (sur 83) des Avengers ou le fameux pont à Tykes Water Lake, propriété privée, qui apparaît dans 11 épisodes et le générique de la saison 6. À noter qu'il est très difficile de reconnaître à quel endroit exact se trouve la porte de l'appartement de Steed sur Stable Mews. Les doublures des acteurs tournaient souvent les scènes en extérieur dans des plans plus ou moins éloignés tandis que Patrick Macnee et Diana Rigg restaient en studio.

Plus besoin d'un guide de Londres car tous les hauts lieux de la capitale britannique visibles dans la série bénéficient d'un rappel historique complet. Néanmoins, les lieux de tournages les plus représentés se trouvent autour des studios Elstree. Les lieux français ne sont pas en reste et j'ai signalé une petite erreur à l'auteur qui cite Le Caveau de Palais, Place Vendôme (au lieu de Caveau du Palais). Cette erreur sera corrigée dans la prochaine édition.

De nombreuses photos de tournage, pour la plupart restées inédites bien trop longtemps, agrémentent la lecture de ce livre. Trois exemples au hasard : page 88, Diana Rigg et Patrick Macnee sur le tournage de la scène finale de Ne m'oubliez pas dans les studios Elstree et page 258, Elizabeth Shepherd sur la plage lors du tournage de la première version de Voyage sans retour. La photo page 243 (Mais qui est Steed ?) est caractéristique de la série : on y voit Mère-Grand téléphoner d'une barque ; au premier plan, il y a deux gigantesques projecteurs et une douzaine de techniciens et à l'arrière-plan la tour en bois qui servit à L'oiseau qui en savait trop. Le tout fait, bien évidemment, partie du périmètre des studios ABP Elstree.

Un index recense, à la fin du livre, sur six pages, tous les lieux de tournage par ordre alphabétique.

Conclusion : Ce livre est indispensable aux fans de la série et il peut être lu comme un roman ou consulté comme un dictionnaire. Très précis et détaillé, il permet de faire surtout connaissance avec l'Angleterre des sixties et seventies qui s'est bien modifiée depuis quatre décennies. Certains lieux demeurent inchangés. D'autres, comme malheureusement les studios Elstree, ont subi des modifications préjudiciables. The Avengers on Location est, non seulement un véritable guide touristique de la Grande-Bretagne au temps des Avengers, mais également une source d'informations essentielle sur le tournage de la série agrémentée de photos de tournages inédites saisissantes. Il fait partie, avec The Complete Avengers et The Avengers and me, des livres indispensables que tout fan des Avengers doit posséder.

Lire l'interview de Chris Bentley

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10. Reading between Designs


Auteur : Piers D. Britton et Simon J. Barker

Publié par University of Texas Press en 2003.

Format 23.2 x 15.4, 251 pages, photos en noir et blanc.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en Anglais.

Sous titré Visual Imagery and the Generation of Meaning in The Avengers, The Prisoner and Doctor Who, il s'agit d'une publication universitaire américaine. Ses auteurs sont deux Professeurs d'Université, spécialisés respectivement dans l'histoire de l'Art et l'étude des médias.

La couverture représente cinq photos et dessins illustrant les trois séries traitées : deux pour Dr Who (le costume du Quatrième Docteur et les Daleks), le Village de Portmeirion, décor du Prisonnier, et pour les Avengers deux dessins de Harry Pottle, établissant le décor du salon de Sir Clive dans Les aigles et de la salle d'interrogatoire de La Danse macabre.

Le livre est dédié à Harry Pottle, « un être humain remarquable et un authentique artiste ».

Contenu :

Le livre analyse comment décors et costumes influent puissamment sur l'atmosphère, les personnages et l'image véhiculés par une série. Il représente l'un des rares ouvrages concernant les médias à examiner les tendances de la mode et de la pop culture, et comment celles-ci inspirent les créateurs d'une série. Reading between designs s'intéresse ainsi à l'aspect purement visuel des séries, et non aux techniques d'écriture des scénarios ou de mise en scène, avec l'idée que là réside l'art télévisuel le plus pur.

Après avoir présenté ces concepts dans une première partie générale, évoquant brièvement diverses séries (dont Buffy et l'expression visuelle évolutive de la nature anglaise de Giles) les auteurs s'emploient à les approfondir à travers l'étude de ces trois séries cultes des Sixties anglaises. Ils estiment en effet que cette période a vu le design émerger comme concept à part entière de la pop culture. Sciemment utilisé par des auteurs pionniers, il devient alors un des moteurs essentiels du succès de ces œuvres visuellement spectaculaires, contribuant puissamment au maintien de leur forte popularité encore aujourd'hui. C'est bien la naissance du « look » dans l'univers des sériés télé que les auteurs nous invitent à découvrir. Chacune des séries présentes s'étudie dans un chapitre distinct. Celui consacré à The Avengers occupe d'ailleurs volontairement la première place, les auteurs la jugeant d'un rayonnement sans égal, jusqu'à exprimer la quintessence de cette décade prodigieuse.

Intitulée Agents Extraordinary : Stylishness and the Sense of play in Design for the Avengers, cette section se base notamment sur les travaux et commentaires de designers et d'artistes ayant travaillé sur Chapeau Melon. Concernant les décors, elle se centre principalement sur l'œuvre d'Harry Pottle, créateur de ceux de la saison 4 (mais aussi de la majeure partie de ceux d'Amicalement Vôtre) dont le livre fournit plusieurs croquis originaux. Le livre voit dans son travail un rôle clé pour le passage de l'austérité de l'ère Cathy Gale à l'imagination débridée des saisons ultérieures. La saison 4 constitue ici le point d'inflexion central de la série, où s'observe cette émergence du design. Le texte s'intéresse à la manière dont l'évolution du style des décors (appartements ou autres) accompagne la marche de la série vers toujours plus de fantaisie, en accordant également un espace aux tous derniers de la série, marquant le terme de cette évolution graduelle, en particulier ceux de Bizarre. Toutefois les auteurs énoncent clairement qu'ils discernent une progressive décadence de la série, tant visuelle que narrative, au cours des saisons ultérieures à la période Pottle.

Selon eux, les seuls éléments de style présents durant l'époque Cathy Gale étaient constitués par les costumes des acteurs principaux. L'immense apport de Pottle consiste à avoir introduit un design subtil et original, lisible à plusieurs niveaux, dans les décors, une nouveauté absolue à l'époque. Il apporte ainsi une contribution essentielle à la série, une œuvre dont l'insigne précision ne se retrouvera pas chez ses successeurs. Dans un entretien datant de 1994, Pottle rapporte l'élan d'enthousiasme créatif de cette période où l'esthétisme acquiert une dimension inusitée. Il n'oublie cependant pas d'indiquer les contraintes de tournage et d'écriture des scénarios, faisant qu'il ne disposait souvent que de deux jours pour réaliser ses croquis, sur la base d'indications orales très succinctes de Brian Clemens ! Il admet également que le mode de tournage, sur film et sans les contraintes du direct, autorise une meilleure mise en valeur du décor.

L'essence de l'art de Pottle réside dans la création d'une imagerie véhiculant un véritable discours, au-delà d'une simple apparence. En cette saison 4, les Avengers bénéficient d'une écriture particulièrement relevée (échanges Emma-Steed, parodie de films, satire du mode de vie traditionnel anglais…), à laquelle ces créations apportent une précieuse pierre de touche. Pottle dépasse la classique efficacité du décor, pour stimuler l'intelligence du spectateur. Via des effets subtilement outrés, il introduit en effet une distanciation indiquant son propre artifice, pour susciter un univers aux confins de l'absurde, parfait écrin pour des justiciers très singuliers. Le summum de cette démarche réside dans l'accueillant appartement d'Emma Peel, aux antipodes de celui, très matérialiste et inhospitalier, de Cathy Gale. Le livre compare ainsi la froide caméra de surveillance de Cathy à l'œil cyclopéen de la porte d'Emma, évoquant un temple où résiderait une vraie déesse, d'autant que Mrs Peel se montrera aussi omni compétente que omnisciente ! Le contraste finement élaboré entre la simplicité de l'intérieur et une scène aussi folle que le duel de Voyage sans retour renforce grandement l'impact de la scène.

Au fil des épisodes, le livre étudie de manière concrète et approfondie comment ces décors intérieurs collaborent efficacement aux scénarios : chargés d'hostilité dans Voyage sans retour, d'une froideur impersonnelle dans L'heure perdue, précieusement rococo dans Cœur à cœur etc. Dans son approche, Pottle intègre également la manière dont les personnages utilisent son décor, de même que les techniques de tournage. Il joue habilement des conventions, notamment par des objets emblématiques, pour susciter des effets mémorables, utilisant le kitch pour parvenir à un surréalisme éloquemment parodique. L'épisode La danse macabre se voit de ce point de vue détaillé avec un soin particulier (guichet de banque, salon de danse, porte donnant dans le vide, boutique du tatoueur, salle d'interrogatoires etc.). D'une manière un peu plus technique, mais toujours clairement explicitée, les auteurs abordent les nombreuses écoles d'architecture qu'entremêle savamment Pottle pour créer les appartements de Steed et Emma, au point que ces décors ne soient plus simplement stylés mais constituent bien une brillante évocation des concepts même de stylisation et de design.

La garde-robe de Steed constitue le second sujet principalement abordé. Les auteurs développent que les Avengers représentent la première série à accorder une importance primordiale au « look » de ses personnages, notamment par un recours à la haute couture via Pierre Cardin. Ils distinguent entre la période Noir et Blanc et celle en couleurs. La première avec des costumes d'une élégance anglaise de bon ton (et convenant admirablement au monochrome) correspondant à une diffusion britannique de la série. Lorsque ses promoteurs décident de pénétrer le marché américain, l'évolution du costume de Steed devient un argument marketing aussi en pointe que le passage à la couleur. Il perd sa sobriété pour devenir d'un dandysme plus tapageur et exacerbé, correspondant mieux à la vision américaine du snob. Ainsi Steed cesse d'être un élégant observateur d'Excentriques pour devenir le premier d'entre eux, satisfaisant ainsi aux appétits de spectaculaire de son nouveau public au prix d'une perte de subtilité certaine du personnage.

De multiples idées se voient abordées au cours de cette analyse très fine établie tout au long des évolutions de l'habillement ultra codifié de Steed, dès après la première saison. Ainsi, si l'on évoque souvent les Emmapeelers comme symbole d'une émancipation de la femme s'emparant de certains attributs masculins (liberté de mouvement, participation à l'action), le dandysme de notre héros n'en reste pas moins significatif d'une période où les hommes accordent plus d'importance à leur apparence physique, avec cette fois une appropriation partielle de l'apanage féminin, trouvant des échos dans la période contemporaine. Cette interversion des emblèmes pousse audacieusement les auteurs à s'interroger sur une certaine ambivalence de la sexualité de Steed, s'appuyant notamment sur plusieurs déclarations convergentes de Macnee, Clemens ou Leonard White.

Après la période Cathy Gale, purement anglaise, où le caractère très affirmé d'une héroïne à la garde-robe particulièrement peu féminine semble donner corps à cette assertion, cet échange, certes diffus et limité, des postures, pose problème derechef au public américain lors de l'ère Emma Peel. Et ce même si Mrs Peel accomplit l'exploit de demeurer parfaitement féminine. Les auteurs expliquent ainsi, du moins en partie, l'arrivée de Tara King au moment où le marché d'Outre-Atlantique devient vital. La jeunesse de Tara et sa relation aussi énamourée que dissymétrique avec Steed, accroît la dimension virile de celui-ci. Les auteurs commentent le générique de la saison six comme particulièrement explicite à cet égard (bien plus que le précédent), Steed et Tara se répartissant leur action selon le schéma sexuel le plus traditionnel, ceci dans le cadre de la simplification évoquée plus haut.

Aux détours des pages, le livre aborde également, plus brièvement, de nombreux autres sujets, entre autres : les extravagants repaires de Mother, la tentative avortée de reconstitution de l'univers visuel de la série lors du film de 1998, étudiant les causes de l'échec du point de vue du design (Retrofailure), une comparaison avec les X-Files (monochrome très design et décors employés selon l'approche de Pottle dans Prométhée post-moderne, parallèle entre Caméra meurtre et Hollywood…) etc.

Dans sa section suivante, l'ouvrage étudie comment décors et costumes s'emploient à susciter dans Le Prisonnier une atmosphère étrange et volontairement énigmatique, dans cette série propice comme nulle autre au débat. Puis il se conclut sur un panorama de la multitude d'étranges endroits, de créatures exotiques et de gadgets extraordinaires caractérisant Doctor Who. Il explicite comment ils contribuent à enthousiasmer l'imagination du spectateur dans cet univers particulièrement exubérant et chamarré, mais aussi emprunt d'une vraie volonté de stylisation.

Conclusion : Le livre sait éviter tout jargon technique incompréhensible et s'exprime dans un style clair et accessible, dans un souci visiblement pédagogique. Évidemment l'anglais employé demeure soutenu, et se révèlera d'une lecture plus malaisée que lors d'un article de presse. On ressent néanmoins la véritable passion qui anime les auteurs, même à travers une rigueur d'analyse des plus louables. Aussi enthousiaste que fort bien documenté, leur travail représente un des meilleurs exemples de ces ouvrages universitaires s'employant à trouver du sens au-delà des évidences, sans jamais ici tomber dans l'hyperbole. On se laisse bien volontiers guider tout au long de cette balade aussi explicative que captivante à travers costumes et, plus novateur encore, décors de la série. On remarque néanmoins que Reading between Designs présuppose une certaine connaissance de Chapeau Melon pour pouvoir s'apprécier pleinement, et qu'il s'adresse donc prioritairement à un public d'amateurs relativement avertis.

L'iconographie se constitue uniquement de photos en Noir et Blanc, sans doute du fait de contraintes budgétaires, mais elles s'insèrent parfaitement au sein d'un récit qu'elles explicitent à merveille. Se détachent bien entendu les croquis de Pottle, même si on les aurait souhaité plus nombreux (trois au total). On s'amuse également beaucoup d'un dessin humoristique réalisé pour Les Carnets du Major Thompson, et commentant, en français dans le texte, l'uniforme réglementaire des gentlemen anglais, du brolly au melon ! Le livre bénéficie également d'une bibliographie fort conséquente et très clairement agencée, idéale pour ceux, étudiants ou non, qui souhaiteraient approfondir les diverses questions traitées.

Le seul véritable reproche que l'on pourrait adresser à l'ouvrage consiste dans le trop vaste champ abordé. Il demeure en effet particulièrement frustrant de n'avoir réservé que moins d'un tiers du livre pour chacune de ces séries aussi riches qu'innovantes, qui nécessiteraient toutes au bas mot un volume entier pour voir traiter exhaustivement leur design. De fait, les auteurs eux-mêmes reconnaissent le caractère seulement partiel de leur approche. On regrette ainsi l'attention comparativement bien plus succincte portée à la garde-robe de Mrs Peel ou aux décors des saisons cinq et six. Hormis quelques lignes, l'absence des New Avengers ou de Cathy Gale se fait également cruellement ressentir, d'autant que les auteurs semblent négliger certaines fulgurances déjà observables parmi les décors de la saison trois (appartement du non-voyant Halvarssen dans Seconde vue, bureau particulièrement stylisé de Mark St. John dans Le cinq novembre, etc.). L'oubli des voitures de la série dénote également, alors qu'elles me semblent participer puissamment au design de la série.

La qualité des écrits ne fait bien entendu qu'exacerber ces regrets, même s'il s'agit avant tout de gourmandise ! Si, de par ses limitations, Reading between Designs ne constitue pas l'œuvre définitive sur le design si enthousiasmant des Avengers, il la suggère néanmoins avec brio et ne pourra qu'éveiller un vif intérêt parmi les amateurs de la série !

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11. Saints & Avengers


Auteur : James Chapman

Publié par les éditions I.B. TAURIS, en 2002, réédité en 2006.

Format 23.2 x 15.4, 296 pages, photos en noir et blanc.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en anglais.

Sous titré British Adventure Series of the 1960s, il s'agit d'une revue des principales séries britanniques des années 60, relevant de l'action et de l'espionnage. Son auteur est Professeur de cinéma à l'Université de Leicester, où il dirige le département des études cinématographiques et d'art visuel. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, tous parus aux éditions I.B. TAURIS, dont il dirige la collection Popular Television Genres, dédiée à l'analyse des séries télé de toutes les époques. Parmi les différents livres de James Chapman on peut citer Licence to Thrill : A cultural history of the James Bond films (1999) et Inside The Tardis : A cultural history of Doctor Who (2006).

La couverture représente une photographie d'Emma Peel, issue du générique de la saison 5 des Avengers.

Le livre est dédié à Jeffrey Richards, autre Professeur d'Histoire, spécialisé dans l'évolution des médias et critique de cinéma.

Contenu :

Outre l'introduction décrivant son projet général, l'ouvrage se décompose en 10 chapitres, chacun consacré à une série culte suivant l'ordre chronologique de leur apparition à l'écran. On débute ainsi avec Destination Danger, série inaugurée en 1960 pour en terminer avec Amicalement Vôtre, qui établit le lien avec les années 70 (1971). Entre-temps auront été analysées des séries très connues du public français, ou d'autres surtout populaires Outre-Manche (Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Le Saint, Adam Adamant Lives !, L'Homme à la Valise, Les Champions, Department S, Randall and Hopkirk (Deceased), Jason King). Chacune de ces sections se voit accompagnée d'un titre amusant (The English Knight Errant pour Le Saint ou The Special Relationship pour Amicalement Vôtre).

Dans un préambule l'auteur explique que le livre s'insère dans un courant actuel voyant les universitaires britanniques accorder une importance accrue à l'étude des séries télé. Il entend mener son analyse dans une approche d'historien, liant ces séries à leur contexte économique, technique et culturel. Les années 60 correspondent en effet à un moment unique où la pop culture britannique connaît une influence majeure, ce qui ne sera plus le cas au cours des années 70, où les séries insulaires connaîtront un déclin concomitant.

James Chapman développe ses vues dans l'introduction du livre, qu'il débute par un rappel de l'évolution de l'approche des séries d'espionnage et d'action  des années 60 (qu'il élargit à la période 1959-1974), en y liant d'ailleurs la saga James Bond. Longtemps Universitaires et critiques ne portèrent que peu d'intérêt à ce type de séries. Les seules considérées comme dotées d'un enjeu culturel demeurent traditionnellement les réalistes, décrivant un environnement social, ou celles adaptant les grands noms de la littérature. De plus, les analystes du cinéma se préoccupent principalement des metteurs en scène, alors que ceux de la télévision se centrent sur les auteurs. Or les auteurs dits de « genre » (Brian Clemens, mais aussi Terry Nation, Denis Spooner ou Roger Marshall) subissent la même condescendance qu'en littérature. Enfin, la structure par épisodes fait suspecter un manque d'inventivité et une trop grande prévisibilité. L'auteur explicite comment ce « snobisme intellectuel »  (auquel seul échappa Doctor Who, pour sa popularité au long cours et la richesse de ses thèmes) s'est affaibli depuis quelques années, ouvrant le champ à de nombreuses études.

Parallèlement, Chapman se livre également à un historique de la naissance de la série authentiquement britannique, les années cinquante finissantes voyant un véritable assujettissement au style américain. Les grands thèmes des séries américaines de l'époque (westerns et policier) trouvent un fort écho dans les aventures de Robin des Bois ou autres Ivanhoé ou les adaptations de Conan Doyle et Christie. Cette dépendance se traduit également d'un point de vue technique et économique, de nombreux professionnels américains traversant l'Atlantique pour travailler en Grande-Bretagne. L'auteur narre ensuite comment les Années 60 correspondent à une reprise en main par les Britanniques, sous les angles économiques et artistiques, notamment à l'initiative de la chaîne ITC (avec Destination Danger) et des studios de production. C'est à partir de cette révolution au sein de l'industrie audiovisuelle que les productions britanniques vont développer un ton original. Ce mouvement s'observe comme la conjonction de plusieurs facteurs : technologiques, révolution de la Pop Culture où la Grande-Bretagne brille particulièrement (la fameuse British Invasion : musique, mode, design…), impact des James Bond, politique ambitieuse des chaînes, notamment à l'exportation vers le continent nord-américain, inversant les rôles.

La production des séries devient une industrie à part entière, se développant au point de devenir un élément de l'identité nationale, à cette époque où la télévision remplace le cinéma comme média de masse dominant. Néanmoins, l'intensité de cette essence britannique varie selon les séries (maximale chez les Avengers, plus relative chez Les Champions). Toutes ces séries présentent cependant l'intérêt de développer une véritable originalité, se rapprochant certes du policier, de l'espionnage ou du détective privé, mais en y incorporant en proportions variables d'autres styles comme le fantastique ou la science-fiction, tout en ne cadrant jamais exactement dans l'une de ces familles. Aussi l'auteur choisit-il de les désigner sous le terme d'Adventures series, encore qu'il reconnaît que le terme de Pop Series pourrait également convenir, tant elles s'imbriquent dans ce mouvement tout en s'enracinant profondément dans la culture britannique. Il nous invite à en découvrir l'historique, les codes narratifs et leur représentation de l'identité britannique.

Dès cette introduction les Avengers occupent une place de choix, l'auteur, outre qu'il débute son livre en avouant une inclination personnelle envers Honor Blackman et Diana Rigg, la cite en effet en tout premier, même avant Destination Danger : Two secret agents – one a bowler-hatted, umbrella-wielding Old Etonian, the other a trendy young woman with a penchant for black leather and martial arts – are Britain's last line of defence againt the nefarious schemes of diabolical criminal masterminds. Chapman lui reconnaît un rôle moteur dans la promotion des séries britanniques à l'étranger et pour développer une identité nationale particulièrement forte. Série la plus longue parmi les étudiées, elle représente le paradigme le plus achevé des évolutions techniques (notamment avec ses différents modes d'enregistrement) et artistiques caractérisant ce mouvement d'ensemble. Elle symbolise également la montée en puissance de l'industrie des séries, le budget par épisode s'élevant initialement à 3 500£ avant de croître progressivement pour culminer à 35 000 ou 40 000£ pour les épisodes en couleurs, soit une multiplication par 10 !

De fait la section consacrée aux Avengers (Is There Honey Still For Tea ?), illustrée par des images de la série en Noir et Blanc, se révèle la plus développée de l'ouvrage, avec 48 pages, la seconde (Destination Danger) se cantonnant à 36.

L'auteur débute son propos par un rappel de quelques notions illustrant l'importance et la spécificité des Avengers. Ils constituent en effet la série la plus étendue de l'époque, mais aussi celle connaissant le plus grand succès, y compris à l'exportation. Au moment de sa plus grande popularité la série est ainsi vue dans plus de 70 pays, par trente millions de spectateurs. Elle représente de plus la quintessence des séries d'aventure abordées dans le livre, notamment par son caractère très britannique. Tandis que John Drake ou Simon Templar parcourent la planète, Steed demeure ainsi dans la mère patrie, dans des histoires très connotées culturellement. Les Avengers se distinguent également clairement de la série d'espionnage classique, ce que démontre l'auteur par une comparaison antagoniste avec Mission : Impossible (technocratie, ordre et tradition américaine contre anarchie, chaos et modernité britannique). James Chapman explique  en quoi les thrillers sophistiqués teintés d'humour, d'action et d'étrangeté constituant les Avengers sont en fait à rapprocher des films d'Hitchcock et des romans de Ian Fleming. Les Avengers se caractérisent également par une grande évolution technique (passage de la vidéo au film, du noir et blanc à la couleur) mais aussi dans l'écriture de scénarios, avec une part toujours plus grande donnée à la fantaisie et au Fantastique. Ces différents éléments rendent passionnante l'étude de la série, l'auteur regrettant d'ailleurs que les commentateurs s'intéressent souvent principalement aux années Emma Peel et Tara King, l'approche historique devant s'aborder globalement pour demeurer pertinente.

Après ce panorama général, le livre déroule la chronologie des évènements majeurs de la réalisation de la série, depuis son lancement en 1961 par Sydney Newman, en remplacement de Police Surgeon. Le récit détaille les connections entre les deux séries d'ABC puis les premiers temps difficiles des Avengers au cours d'une première saison ne rencontrant qu'un succès limité. Les différentes caractéristiques de la série d'alors sont explicitées, ainsi que le rôle des divers intervenants. Encore sous influence américaine (Macnee évoque New York Confidential), elle ne se distingue guère des conventions de la famille des détectives privés, y compris chez ses deux héros nantis d'imperméables archétypaux et vivant des aventures proches des canons du genre. La claustrophobie inhérente à ces thrillers urbains se trouve même renforcée par les contraintes techniques de l'époque et les tournages en studio. Quelques spécificités se dénotent déjà toutefois, comme la profession médicale de Keel ou la spécificité d'un Steed impliqué dans les services secrets via One-Ten et disposant d'une troupe d'informateurs hauts en couleurs.

Puis, à travers l'entrée en scène de Cathy Gale et la transformation progressive de Steed en gentleman, le texte explicite comment les Avengers acquièrent leur identité (comparativement à des séries comme Z Cars ou Destination Danger) et par la suite le succès. Le bond en avant de la série comme phénomène culturel est analysé à travers divers filtres, comme l'importance accordée à la mode, une nouvelle figure féminine, affirmée jusqu'à rivaliser au combat avec les hommes, le design déjà innovant des décors, des metteurs en scène nettement plus innovants que leurs contemporains et sachant tirer parti des contraintes de tournage... Les Avengers quittent le genre « privé » pour s'intégrer clairement à l'espionnage à travers des scénarios typiques que l'auteur énumère et commente en les reliant à l'actualité de l'époque. La série s'affirme toutefois plus audacieuse que la majorité du genre, avec l'émergence d'histoires originales, examinées en ce sens (Mandrake, Les charmeurs, Plaidoirie pour un meurtre…). Les vilains gagnent également en originalité avec l'apparition de tendances appelées à se développer, entre réactionnaires incapables d'intégrer la modernité (d'un point de vue social, économique ou scientifique) ou mégalomanes visant à détruire l'ordre existant, préfigurant les films de James Bond. L'ère Cathy Gale apparaît bien comme une époque où les auteurs s'essaient à la nouveauté, dans les intrigues comme dans le style, avec notamment l'entrée en lice de Brian Clemens. Chapman étudie également les critiques de presse de l'époque, parfois interloquées devant la nouvelle direction prise par la série, assimilée à un manque de réalisme.

Un tournant majeur se déroule lors du passage à la quatrième saison, avec l'adoption du film, le tranfert du tournage de Teddington à Elstree et l'apparition d'Emma Peel. Le texte détaille les évolutions de l'équipe de production et les circonstances du recrutement de Diana Rigg. Emma Peel, alliant haute couture et arts martiaux, introduit un glamour s'accompagnant d'une relation avec Steed nettement plus douce et proche que ce que l'on avait connu avec Cathy Gale. Grâce à cette jeune femme très moderne l'esprit sixties souffle désormais à grand vent sur la série, alors que les critiques sont conquis par son charme. La série conserve néanmoins sa précieuse spécificité britannique, tandis qu'elle dessine une Angleterre délicieusement habitée par les anciennes traditions (y compris l'excentricité) mais soumise au crible de la modernité. Les histoires gagnent en audace et inventivité, tandis que le pays fait face à des adversaires particulièrement redoutables. La série pourrait sembler paranoïaque, mais cet écueil est évité grâce à la décontraction souriante des héros. Au lieu d'un espionnage classique, les Avengers doivent lutter contre la destruction de l'harmonie sociale par l'irruption du chaos, éventuellement réactionnaire. Ces éléments sont analysés par l'étude de nombreux épisodes de la saison, mais aussi en relation avec les courants intellectuels ou artistiques de l'époque. Un parallèle est par exemple établi entre l'ordinateur de L'héritage diabolique et HAL 9000.

La montée en puissance de la science-fiction apparaît comme une évolution notable de cette période, spécifiant encore la série en la plaçant à la lisière d'un nouveau genre. Le phénomène s'accentue encore durant une cinquième saison marquée également par le passage à la couleur. Les Avengers, toujours plus populaires, achèvent de s'affranchir du statut de simple série pour devenir un pur concept de stylisation, avec une inégalable direction artistique (design, vêtements, voitures…), et la définition d'un univers à part, régi par les fameuses règles de Brian Clemens. L'Angleterre décrite comme un lieu où règnent l'art de vivre et un glamour sophistiqué remporte tous les suffrages. L'ensemble n'est pas entièrement gratuit car le placement de produits se développe, à l'image des films de James Bond. La série devient ainsi la première à se doter d'un directeur d'exploitation chargé d'optimiser cette source de revenus. Un important contrat est ainsi signé avec Pierre Cardin, qui fournit une sublime garde-robe pour Steed, en échange d'une belle exposition. L'auteur avance également que la série véhicule un message de classe, la société de consommation ne pouvant être pleinement appréciée que par ceux qui ont l'éducation et le savoir-vivre pour cela. L'idée ressort avec une particulière clarté dans Qui suis-je ???.

Une nouvelle relation est introduite durant la saison 6, avec la jeune et ingénue (en français dans le texte) Tara King, de même qu'avec l'arrivée de Mère-Grand. L'ouvrage détaille également les diverses péripéties survenues derrière le décor. Cette saison pousse au paroxysme une caractéristique majeure des Avengers, la juxtaposition de l'imaginaire au réel, avec une fantaisie plus que jamais omniprésente et symbolisée par les étranges lieux de rencontre avec Mère-Grand. Les rues de Londres sont également filmées avec un art consommé pour y faire naître l'étrange et le merveilleux. Chapman étudie cette croisée de deux mondes à travers plusieurs épisodes caractéristiques : Brouillard, Clowneries... L'épreuve de l'agent secret dans Jeux apparaît comme une métaphore de la manière dont la série a explosé les règles du genre et sonne déjà comme un bilan. Le public demeure enthousiaste, même si certains critiques déplorent les concessions réalisées pour plaire au public américain.

Enfin, le livre décrit les causes de l'arrêt de la série, avant de sortir de son cadre Sixties pour aborder brièvement les New Avengers puis le film de 1998. Les New Avengers, considérés comme une production franco-britannique, sont analysés comme très différents des Avengers, dont ils ne reconstituent qu'imparfaitement la magie. Le retour au réalisme et à un espionnage souvent traditionnellement ancré dans la Guerre Froide constituent des points de ruptures très clairs, d'autant que les adversaires manifestent le plus souvent des ambitions très prosaïques et une psychologie réaliste, bien loin des Diabolical Masterminds de naguère. Steed se voit également éloigné de l'action, tandis que l'instauration d'un trio brise la dynamique de couple qui a tant apporté à la série. Les quelques intrusions du Fantastique demeurent soit une répétition du passé (Cybernautes) soit peu convaincantes car traitées de manière secondaire comparativement à l'espionnage. De fait les New Avengers apparaissent presque comme une préfiguration des Professionnels plutôt que comme un prolongement des Avengers.

Le film constitue un exemple parmi tant d'autres de la vogue du cinéma des années 90  de récupérer les séries des Sixties. Un exercice malaisé où Chechik échoue, mais pas totalement. James Chapman lui reconnaît en effet d'avoir réellement tenté de recréer l'esprit Avengers, notamment en conservant la touche britannique, loin de toute américanisation. La seule tentative explicitement faite dans ce sens (le choix d'Uma Thurmann) se révèle d'ailleurs désastreuse. Le scénario se montre absurde au mauvais sens du terme, handicapé par les coupures, mais on y distingue de bonnes idées, comme les nombreux clins d'œil à la série. Ce respect manifesté rend toutefois incompréhensible la rupture du tabou de la relation Steed/Emma, mais le résultat final reste digne, à défaut d'entièrement convaincant. Il faut dire que le défi était particulièrement difficile à relever, même Brian Clemens y ayant échoué avec les New Avengers !

Conclusion : Écrite en un anglais parfaitement accessible, la section Chapeau Melon et Bottes de Cuir offre un panorama complet de la série, mêlant des points de vue très divers : perspective historique, évolution aussi bien économique qu'artistique, comparaison avec d'autres séries majeures de l'époque… Les promesses de l'introduction ont bien été tenues. Les différentes périodes de la série sont bien distinguées, avec une explication circonstanciée de leurs particularités. On apprécie que l'auteur, outre les témoignages coutumiers des membres de l'équipe, ait eu recours aux critiques de télévision contemporaines à la série. On y trouve parfois des surprises, les critiques anglais se montrant féroces et bien moins révérencieux qu'aujourd'hui devant les "Avengers". Le résultat en résulte fort plaisant à lire, d'autant que James Chapman, qui n'hésite pas à prendre partie, fait bien ressentir sa passion et sa fierté légitime d'Anglais devant ce qu'il considère explicitement comme une pièce du patrimoine culturel de son pays.

Cependant cette volonté d'exhaustivité concernant une série aussi vaste et riche que les "Avengers", joint au nombre relativement faible de pages, fait que, si l'ensemble des sujets se voit abordé, ceux-ci ne le sont souvent que brièvement. Le livre s'adresse à des amateurs de la série désireux de parfaire leurs connaissances mais n'apportera guère d'éléments nouveaux aux passionnés ayant déjà consulté d'autres ouvrages sur le sujet. La synthèse ainsi dressée des différentes facettes des "Avengers" présente néanmoins l'intérêt de la clarté, allant droit à l'essentiel. Cette philosophie (proche des "Que sais-je ?") se retrouve dans les autres sections de l'ouvrage, offrant une petite encyclopédie fort bien réalisée sur ces séries si enthousiasmantes, mais ne dispensant pas d'avoir recours à des ouvrages plus pointus sur telle ou telle question que l'on souhaiterait approfondir. L'ouvrage, très didactique, offre d'ailleurs une bibliographie très fournie, ainsi qu'un index facilitant les recherches. On regrettera cependant la pauvreté des illustrations, monocolores et se limitant à des photographies déjà maintes fois vues ailleurs.

Au-delà de leur popularité, on saluera enfin la pertinence du choix des différentes séries proposées, toutes de grande qualité et offrant un judicieux condensé de cette époque à nulle autre pareille. Le public français aura, de plus, l'occasion de découvrir quelques perles méconnues, aux lisières du Fantastique, comme "Adam Adamant Lives !" ou "Randall and Hopkirk (Deceased)". Deux séries majeures manquent cependant à l'appel. : "Doctor Who", qui par sa nature purement de Science-Fiction se situe certes en dehors de l'objet de l'ouvrage, mais aussi "Le Prisonnier", ce qui semble plus discutable.

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12. Investigating Couples


Auteur : Tom Soter

Publié par les éditions McFarland & Company, en Octobre 2001.

Format 22,3 x 15, 239 pages, photos en noir et blanc.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en anglais.

Sous titré A critical analysis of The Thin Man, The Avengers and The X-Files, le livre s'attache à analyser l'évolution de la figure du couple de détectives à travers ces trois séries. Tom Soter est un journaliste américain ayant collaboré depuis les années 70 à de nombreuses parutions dans le domaine du cinéma, du théâtre et de la télévision. Il enseigne l'improvisation scénique à Broadway, dans le cadre de représentations à l'affiche depuis 1992. Actuellement rédacteur en chef du magazine Habitat, Tom Soter est également l'auteur d'un autre ouvrage : Bond and Beyond: 007 and Other Special Agents.

La couverture représente le couple vedette du Thin Man, les époux Nick et Nora Charles.

Contenu : Dans sa préface Tom Soter remercie les différentes personnes ayant contribué à l'élaboration de l'ouvrage, en premier lieu Honor Blackman et Patrick Macnee. Il les a interviewé pour l'occasion et juge fondamental leur apport au livre. Par la suite l'auteur estime que les années 30, 60 et 90 ont respectivement été marquées par le succès hors normes, tant qualitatif que public, du Thin Man, des Avengers et des X-Files. Au-delà de leurs différences de style et d'univers, ces séries ayant exercé une influence majeure sur leur temps présentent comme point commun de mettre en scène des couples mixtes de détectives confrontés à d'étonnantes énigmes. A travers ses dix chapitres l'ouvrage va s'attacher à discerner une convergence entre les concepts de ces trois séries.

Dans ses trois premiers chapitres, Investigating Couples décrit l'émergence de trois éléments dont la fusion réussie provoquera le succès du Thin Man. Ainsi la figure du Détective s'affranchit de ses origines littéraires (Poe, Conan Doyle) pour connaître de premières apparitions à l'écran au cours des années 20 puis 30. Bien avant Roger Moore, Hollywood adapte déjà le Saint de Leslie Charteris, dans The Saint in New York (1938 !). Le gangster fantasmé devient également une figure du cinéma (Little Caesar, Scarface …) tandis que la comédie romantique passablement loufoque (Screwball comedy) connaît un véritable envol, notamment en réaction aux duretés de la crise économique des années 30. Les plus stylées de ces oeuvres naissent du talent unique de Frank Capra, dont l'influence se fera directement sentir sur The Thin Man (New York-Miami, La grande dame d'un jour, L'extravagant Mr. Deeds…)

Dans les chapitres 4 et 5 l'auteur étudie le couple Nick et Nora Charles, issu de la fertile imagination  de Dashiell Hammett, également auteur du Faucon maltais. Dans le roman original The Thin Man (L'Introuvable, 1933), cet auteur décrit avec beaucoup d'entrain cet ancien détective privé qui, en en compagnie de sa pétillante épouse, se voit confronté malgré lui à la résolution de meurtres survenant dans son entourage. Une adaptation au cinéma connaît un immense succès en 1934, et cinq nouveaux opus se succèderont jusqu'en 1947. Nick et Nora Charles, peu connus en France mais toujours populaires en Amérique, évoquent de fait très clairement Steed et Mrs Peel : fantaisie des enquêtes et humour tranchant avec la littérature policière classique, appartenance à une haute société américaine décrite avec ironie, hédonisme et joie de vivre du couple (qui consomme du champagne mais aussi  moult autres alcools...), sentiment amoureux entre mari et femme, nombreuses personnalités excentriques rencontrées, modernité et volontarisme de Nora, partenaire à part entière de son mari parfois indolent en apparence... Les Charles s'affirment bien comme des prédécesseurs lointains des Avengers, hormis l'absence totale de Fantastique et le caractère explicite de leur relation, parfaitement normée socialement.

L'ouvrage s'intéresse aux Avengers aux chapitres 6 et 7, soit une trentaine de pages. L'auteur retrace brièvement la genèse de la série, ainsi que la biographie de Patrick Macnee. Il analyse les caractéristiques de la saison 1, notamment par une étude de l'épisode The Frighteners dont il conclue que les Avengers ne se distinguent alors guère du policier classique. La  série ne manifeste pas l'originalité et le style que développe déjà à l'époque Destination Danger. L'arrivée d'Honor Blackman, obtenue malgré de grandes réticences parmi les producteurs, marque le véritable lancement des Avengers.  Actrice à la forte personnalité, Honor Blackman convient idéalement à ce personnage de femme assurée, révolutionnant les codes du genre en apparaissant comme un partenaire à part entière de son homologue masculin. De plus elle n'hésite pas à se servir d'une arme à feu, encore une incongruité à l'époque. Parallèlement le personnage de Steed évolue vers le gentleman que nous connaissons, mouvement dans lequel Macnee joue un grand rôle, y compris dans le style vestimentaire. La série qui, comme le rappelle Macnee, précède James Bond à l'écran, n'entend pas suivre une voire similaire, malgré l'immense succès rencontré par 007. L'acteur lui reproche en effet son sadisme et ce qu'il appelle son snobisme froid. Steed sera lui un dandy, développant fantaisie et excentricité tout en se montrant volontiers parodique.

La série se distingue également par l'éclosion d'un certain érotisme, encore une fois avant-gardiste. L'impact des tenues de cuir se voit néanmoins atténué par l'humour des situations. Le respect mutuel manifesté par les partenaires n'empêche pas une tension sexuelle de demeurer sous-jacente, ce qui tranche encore une fois sur les productions de ce temps. Les dialogues font également l'objet d'un soin particulier, veillant toujours à ne pas laisser Steed prendre l'ascendant sur Cathy Gale. Dès cette époque les Avengers se distinguent également par l'introduction de thèmes étranges, parfois aux confins du Fantastique, venant s'entremêler à des trames classiques. Les épisodes où cette dimension se manifeste particulièrement (Warlock, Les Charmeurs…) rencontrent un vif succès, ce qui influera sur l'évolution prochaine de la série. D'autres éléments achèvent d'élever la série au dessus de ses concurrentes, comme l'art achevé de la mise en scène dans les conditions du direct, l'utilisation optimale de décors ambitieux, la maîtrise de la photographie, et bien entendu les spectaculaires combats où le judo d'Honor Blackman remporte un succès toujours croissant. En définitive les Avengers réalisent l'exploit d'associer le meilleur du Spy Show traditionnel à la modernité des années 60, dont la libération de la femme. L'auteur tisse également quelques comparaisons avec le Thin Man, dont l'inversion des rôles traditionnels entre homme et femme, Cathy Gale, tout comme Nora, manifestant souvent plus de tranchant qu'un partenaire masculin fantaisiste et parfois quelque peu spectateur.

Une nouvelle inflexion survient à l'occasion du départ d'Honor Blackman pour Goldfinger, avec l'entrée en scène d'Emma Peel et de son interprète Diana Rigg. Le livre narre les diverses péripéties de ce changement (y compris l'épisode Shepherd), tout en décrivant les principaux éléments de la biographie de Diana Rigg. Cette dernière approche de son personnage d'une manière très différente d'Honor Blackman. Emma Peel manifeste plus d'ostentation dans ses dons, davantage d'opportunisme dans ses méthodes d'enquête et une sensualité plus explicite et joueuse. La relation sentimentale avec Steed s'affirme, la série laissant entrevoir une vie hors écran. La saison 4, extrêmement stylisée et sophistiquée, représente le sommet de la série, tandis que la saison 5 prolonge l'enchantement. La progression toujours poursuivie vers l'absurde et l'irréel conforte l'identité des Avengers. L'auteur étudie différents épisodes de ces deux saisons, illustrant le caractère suggestif de la relation Emma Peel - John Steed et la fantaisie des situations. Le rôle de Brian Clemens se voit également souligné.

Les Avengers se rattachent à une tradition britannique du surréalisme et du non sens, remontant jusqu'à Lewis Carroll. Leur monde apparaît bien différent du notre, peuplé d'esprits diaboliques rêvant de dominer la planète, d'étranges conspirations et d'inventions bizarres. Ici encore la série se situe dans la modernité, durant ces années 60 où le progrès scientifique ouvre sans cesse de nouveaux horizons à un public dont il pénètre le quotidien. Les Avengers deviennent un symbole de la pop culture triomphante, grâce à un design raffiné et à la disparition de la nature humaine dans un propos composé d'archétypes poussés jusqu'à l'absurde ou la parodie. Vont également dans ce sens la prédominance du glamour et l'attachement à la touche britannique. La série n'en oublie pas pour autant de développer un vrai suspens et une tension dramatique digne d'excellents thrillers, rendant ses épisodes captivants.

L'auteur établit de nouveau un lien entre le Thin Man et les Avengers, car Emma Peel ressemble beaucoup selon lui à Nora Charles : charme, ironie, grande affection pour son partenaire, participation active à l'aventure mais motivée avant tout par la romance avec son compagnon, élégance, esprit supérieur… L'intensité existant dans les duos de comédiens se retrouve pareillement dans ces deux séries. Elles accordent d'ailleurs toutes les deux une grande importance au couple des héros vis-à-vis de l'enquête, jusque dans la vie quotidienne. Nina Charles demeure cependant eoncore exclue des scènes d'action.

Dans les chapitres 8 et 9 Tom Soter brosse les grandes étapes de la Science Fiction et du Fantasque à l'écran (les films des années 50, la Hammer, Au-delà du réel, La Quatrième Dimension, Night Stalker…) mais aussi de la paranoïa (Le Prisonnier, A cause d'un assassinat, Les trois jours du Condor…), deux genres dont l'enchevêtrement font permettre le succès des X-Files. Les méandres de la relation Mulder et Scully sont analysés à travers des épisodes de la première partie de la série (période Vancouver), avant que leurs sentiments ne deviennent explicites. L'analyse demeure nettement plus brève que pour les deux précédentes séries, et aucun lien n'est explicité entre elles.

Dans le dixième et ultime chapitre l'auteur répertorie les liens existant entre les trois séries : l'étrangeté des affaires à élucider, l'illustration éloquente de la tonalité de leurs époques respectives, l'importance accordée à la relation de couple, toujours originale, entre les héros, l'humour comme élément important, le plus souvent noir, un détachement affirmé du réalisme de l'investigation criminelle, une excellent casting avec une véritable alchimie s'instaurant entre les comédiens et le fait d'avoir chacune développé une même formule à succès (ouverture violente par un crime inhabituel, entrée en scène du couple de héros menant l'enquête avec le plus souvent une succession de victimes à la clé et différents suspects progressivement écartés, maintien d'épisodes atypiques et décalés pour rompre la monotonie). Enfin, The Thin Man, The Avengers et The X-Files  ont chacune atteint une telle qualité face à l'ensemble des autres séries, qu'elles se sont révélées des succès difficiles à copier. L'auteur prend quelques exemples de séries ayant tenter de les imiter, avec selon lui un succès bien moindre (Pour l'amour du risque, Remington Steele, Clair de Lune...) Macnee reproche à cette série d'avoir échoué du fait du nombrilisme des deux personnages, leur suffisance les empêchant d'être réellement apprécié du public. Et encore Clair de Lune se révèle-t-elle bien supérieure aux autres séries citées, indifféremment médiocres. Même le film tiré des Avengers échoue à recréer la magie unique de cette série. Au-delà de leurs univers différents ces trois séries concordent sur l'essentiel : l'affirmation d'un lien entre un homme et une femme, et l'absolue confiance en découlant leur permettant de faire face à un monde dangereux. Un thème dont l'universalité touche directement le public.

Le reste de l'ouvrage, soit encore un bon tiers, se compose de l'énumération des épisodes ou films de ces trois séries, agrémentée d'un long résumé et d'un commentaire pour le Thin Man, et d'une présentation nettement plus brève pour les X-Files. Les Avengers se contentent de deux phrases d'argument. Un index et une bibliographie viennent conclure l'ensemble.

Conclusion :

L'ouvrage se lit sans déplaisir mais demeure avant tout centré sur le Thin Man. On découvre avec intérêt cette série de films méconnus dans notre pays, ainsi que les divers éléments se rapportant aux productions d'avant guerre. Mais l'amateur des Avengers risque fort de rester sur sa faim. En effet si l'ensemble des éléments constitutifs de la série fait l'objet d'un rapide survol, le livre n'atteint jamais la profondeur des études universitaires précédemment étudiées. Un lecteur s'étant déjà intéressé à la série n'effectuera guère de découverte, assez logiquement car l'ouvrage reste bien avant tout orienté sur le Thin Man, les Avengers ne disposant que d'un espace moindre (Les X-Files sont encore plus réduits à la portion congrue). Il reste dommage qu'un tiers de l'ouvrage soit dévolu à une liste d'épisode d'un intérêt réduit à l'époque de l'Internet, au lieu d'aller plus loin dans propos. On se situe uniquement dans le descriptif, guère dans l'analytique. On reste également stupéfait que toute la période Tara King soit purement et simplement passée sous silence, tandis que les New Avengers ne demeurent cités qu'au détour de quelques phrases. La bibliographie proposée n'offre de même que peu de titres en relation avec les Avengers. Les illustrations monochromes du livre ont de plus déjà été vues maintes fois ailleurs. Enfin l'on regrette que Clair de Lune et son ouverture sur les pétillantes années 1980 aient été aussi vite qu'injustement évacuées…

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13. The Avengers - A Celebration

The Avengers - A Celebration. 50 Years of a Television Classic.

Auteur: Marcus Hearn

Publié par Titan Books, octobre 2010.

Format 26X30 cm, 160 pages, plus de 350 clichés couleur et noir et blanc.

Préface de Patrick Macnee.

Ce livre est publié à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'apparition de la série sur les écrans britanniques, le 7 janvier 1961. Il est luxueux et composé principalement de photographies découvertes récemment et jamais publiées auparavant même si beaucoup ne sont pas inconnues des fans.

Ces documents sont agrémentés par les souvenirs de certains acteurs et membres de la production: Roy Ward Baker, Honor Blackman, Brian Clemens, John Hough, Patrick Macnee, Julie Stevens, Linda Thorson, Leonard White.

L'auteur cite quelques ouvrages qui ont été consultés pour l'élaboration de The Avengers- A Celebration :

The Avengers : The Inside Story, 2008 (connu aussi sous le nom de The Avengers and me, 1997, Patrick Macnee et Dave Rogers), The Avengers on Location, 2007 (Chris Bentley), The Ultimate Avengers, 1995 (Dave Rogers) ainsi que le documentaire, Without Walls : The Avengers diffusé sur Channel 4 le 14 janvier 1992.

Le livre est sorti en version française le 16 septembre 2011 sous le titre : Chapeau melon et bottes de cuir – L’album souvenir d’un classique de la télévision aux éditions Huginn & Muninn. La traduction est de Cédric Perdereau.

Contenu: La superbe photographie de la couverture avec Diana Rigg et Patrick Macnee est un cliché de publicité pris en 1964 pour la promotion de la saison quatre. La couverture 'cachée' montre Honor Blackman d'un côté et Linda Thorson (dans Miroirs) de l'autre. La volonté de l'auteur d'avoir en couverture principale un cliché de la quatrième saison se justifie par l'aura de cette période et de Mrs Peel auprès des fans. Il en est de même pour sa description du livre en lisant cette phrase : « [The female partners] included Cathy Gale (Honor Blackman), Tara King (Linda Thorson) and the iconic Emma Peel, played by Diana Rigg. »

Le sommaire est placé sur une photo représentant la devanture d'une boutique décorée de vêtements créés par Bates pour la saison 4 pour une campagne Vogue.

La préface de Patrick Macnee fut écrite en juin 2010. L'acteur précise que cela fait déjà 50 ans et lorsque son fils lui demande ce qu'il connaît des années 60, il répond qu'il n'en a rien vu car il quittait la maison en voiture à cinq heures du matin et il était de retour à 21h. Il est fier de cette période à la vue des photos de ce livre qu'il n'a jamais vues.

Dans l'introduction, on apprend que 10 000 photos ont été visionnées et 350 retenues pour cet ouvrage. Elles ont été restaurées pour l'occasion. Le livre est dédié au 50ième anniversaire de la série originale ce qui explique l'absence des admirables New Avengers et du film controversé. Il existe de nombreux documents photographiques sur la série, y compris sur les épisodes disparus, ce qui est unique pour une série de l'époque. John Hough considère aussi que la série est trop ancrée dans les années 60 pour pouvoir faire l'objet d'un remake.

L'historique de chaque saison est succinctement résumé en trois pages et il est principalement axé sur la production (avec des interviews d'époque ou récentes) pour laisser place à un maximum de photographies qui sont des images publicitaires, de tournage ou d'épisodes. Certaines sont connues, quelques unes rares et d'autres véritablement inédites. Pour les amateurs des débuts de la série, les photographies d'épisodes perdus de la première saison sont très intéressantes. Marcus Hearn s'attache à commenter les transformations de la série au cours des saisons et l'association avec la chaine américaine ABC. Les légendes des photos les plus intéressantes ne décrivent pas le contexte de la scène dans l'épisode mais des anecdotes plus ou moins connues. Le schéma du livre est simple : six chapitres correspondant aux six saisons de la série, de 1961 à 1969.

Les six chapitres ont sensiblement la même représentation (une vingtaine de pages) excepté pour les saisons 4 et 6 plus fournies. Series One : English Noir (pages 10 à 29), Series Two : Deadlier Than the Male (pages 30 à 49), Series Three : The Total Image (pages 50 à 69), Series Four : Extraordinary Crimes (pages 70 à 101), Series Five : Mrs Peel-We're Needed (pages 102 à 125), Series Six : Agent 69 (pages 126 à 159).

Les photos sont d'une superbe qualité qui laisse perplexe car elles n'ont pas du tout l'aspect du demi-siècle ; elles auraient très bien pu être prises la veille ! Il est intéressant de voir les nombreuses photos en couleur des saisons noir et blanc, en particulier des saisons Gale pour lesquelles nous sommes habitués à une qualité très médiocre.

Une petite sélection des photographies les plus intéressantes mais, évidement, ceci n'est que subjectif ; la vue d'ensemble des studios Teddington qui servit pour les trois premières saisons, à l'occasion du tournage de Mort d'un grand Danois. On aperçoit les subdivisions et l'effervescence qui devait y régner. La doublure blonde de Honor Blackman pour l'épisode Plaidoirie pour un meurtre ; Honor Blackman n'était pas bonne nageuse mais elle a dû se mouiller pour la scène de sortie de la rivière…qui ne fut pas retenue au programme. Toujours avec Honor Blackman : la série de photos du KO du cascadeur Jackie Pallo lors d'un combat avec l'actrice (on voit Honor attristée au bord du lit du malheureux cascadeur). La double page couleur d'Elisabeth Shepherd dans son cuir rouge sur le tournage de Voyage sans retour, Diana Rigg avec un énorme ours en peluche sur le tournage de Mort en magasin, Diana Rigg sous la presse à vin, la cigarette aux lèvres, lors du tournage de Dans sept jours, le déluge, photo néanmoins vue ailleurs. Roger Moore et Patrick Macnee dans les studios Elstree, le décor de L'héritage diabolique en couleur, les nombreuses photos de mode (avec, entre autres, Twiggy),  Patrick Macnee et Diana Rigg devant la boutique Cardin à Paris, les propriétaires et leurs matous du Tigre caché. Pour la sixième saison, quelques clichés qui sortent du lot : une répétition pour le générique des cibles avec Linda Thorson, cigarette à la main, Patrick Macnee et Linda Thorson lisent le script au dessus du 'corps' de Alf Joint (Le legs), l'actrice australienne Rhonda Parker, souriante, la cigarette à la main entre deux prises (c'est incroyable de voir le nombre de photos de plateau avec des acteurs ou des membres de la production avec une cigarette) et puis Linda Thorson en haut du phare pendant Miroirs. A noter qu'il n'y a aucune photo de mode pour la saison 6.

Parmi les commentaires, on apprend que Nyree Dawn Porter était de Nouvelle-Zélande ce qui donna la priorité à Honor Blackman pour le rôle de Cathy Gale. Julie Stevens révèle qu'elle fut remerciée par ABC avant d'être contactée pour le rôle de Venus Smith. Elle toucha £200 par épisode alors qu'elle aurait touché £ 35 par semaine si elle avait toujours été sous contrat avec ABC. Elle décrit le rythme frénétique des tournages interrompus seulement pour les inserts de film et des pauses publicitaires. John Bryce, aux rênes de la série, se sépara de Julie Stevens alors que Leonard White, producteur précédent parti à la BBC, l'aurait gardée. L'actrice critique les perruques blondes qu'elle porte dans les deux premiers épisodes car cela la vieillit.

On apprend également que l'actrice australienne Pamela Ann Davy, qui joue dans Mission à Montréal et Le mort vivant, a été auditionnée pour le rôle de Venus Smith et qu'elle fut une sérieuse postulante au rôle de Tara King. Sous une photo de complicité, Marcus Hearn fait référence à la réplique de Honor Blackman lorsque Patrick Macnee essaya de la séduire (tiré de Blind in One Ear). Au sujet de l'acteur, il est précisé qu'on lui avait prescrit, ainsi qu'à Linda Thorson, un médicament pour maigrir, Durophet, qui eut des conséquences surtout pour Patrick Macnee. L'acteur regrette de s'être laisser pousser les pattes qui le font ressembler à un revendeur de magazines pornographiques. Patrick Macnee a toujours préféré les Bentley qui convenaient mieux au personnage que les Rolls que Steed conduisait pendant la sixième saison. 

Marcus Hearn souligne le désaccord de Roger Marshall et son départ lors de la cinquième saison. On apprend que Diana Rigg a déclaré en mars 1969 au Daily Sketch que Emma Peel la détruisait et la dominait. Elle dit aussi au sujet de cette époque : 'Why didn't I know I was pretty good-looking ? ».

Marcus Hearn stipule que la quatrième saison fut le sommet ('peak') de la série mais c'est la cinquième qui, en termes de diffusions et de ventes DVD, est la plus connue. John Hough précise que personne n'a compris la décision d'exclure Brian Clemens et Albert Fennell au terme de la 5ème saison. Linda Thorson fut prise face aux candidates Mary Peach, anglaise, et Tracy Reed, américaine. Hough ajoute qu'un flou total régnait au départ de Diana Rigg : on ne savait pas quels vêtements ou quelle coiffure adoptés pour Linda Thorson. Il y avait un contraste entre la recherche de la qualité sous Fennell et Clemens et la précipitation sous Bryce. Le départ de ce dernier fut un déchirement pour l'actrice canadienne qui l'aimait. Elle dit qu'elle n'avait que lui en Angleterre et qu'on ne lui a pas donné sa chance ! Pour Brian Clemens, seul, L'invasion des Terriens était récupérable parmi les épisodes de l'ère Bryce.

Brian Clemens précise qu'il n'y a pas eu d'ingérence américaine sur la série à partir de la saison cinq. Il déclare que Caméra meurtre fut élaboré dans les studios Elstree pour tout simplement faire des économies sur un budget dans le rouge et que l'épisode constitue maintenant un excellent témoignage des studios de l'époque. Le personnage de Mother (Mère-Grand) ne fut pas imposé par les Américains, comme beaucoup le pensent, mais pour contrebalancer l'humour de Steed, Linda Thorson étant canadienne. Quant à l'actrice, elle pense que le personnage de Mère-Grand n'était qu'un embellissement et que sa présence montrait un manque de confiance dans les relations entre l'homme et la femme. Les splendides décors et les scripts loufoques sont les forces de la sixième saison et Brian Clemens ajoute que si la série n'avait pas été confrontée à l'émission la plus regardée aux USA, The Avengers continuerait peut-être encore aujourd'hui !

Ce livre n'est pas un guide et tous les épisodes ne sont pas représentés dans les photographies (113 sur 161) et, d'ailleurs, le seul reproche qu'on pourrait formuler est le nombre de pages : un tel ouvrage aurait pu en faire le double sachant que plus de 10 000 documents ont été visionnés. L'équilibre entre les photos page pleine et les pages à trois photos est parfaitement respecté. Le mélange couleur/noir et blanc est aussi très bien équilibré. Un livre qui replace la série dans son époque, celle des années 60 avec le mannequin Twiggy, Roger Moore, les Beatles et la mini jupe entre autres.

Le livre est un merveilleux hommage à tous ceux qui ont participé à l'élaboration de cette série toujours autant appréciée pour son humour, sa sophistication et son originalité cinquante ans après son apparition sur le petit écran. Un livre grande classe pour une série grande classe.

La dernière photo est de circonstance : on y voit Steed et Tara King s'éloigner de dos, la main dans la main.

Conclusion :

Ce livre mérite quatre melons pour son côté luxe qui sied parfaitement à la série. Le fan érudit n'apprend pas grand-chose mais c'est un émerveillement pour ses yeux car cet ouvrage est constitué essentiellement de somptueuses photographies. The Avengers est bien la série qui mérite un tel recueil pour son anniversaire ; un excellent complément à la collection remasterisée Optimum.

Vidéo (livre feuilleté): http://titanbooks.com/blog/video-flick-through-avengers-celebration/

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14 . Subversive Champagne : Beyond Genre in the Avengers

Auteur : Rodney Marshall

Publié par Amazon.UK, en février 2013 (à compte d’auteur).

Format 22,9 x 15,2, 136 pages, aucune photographie ou illustration

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en Anglais.

Le livre, sous-titré The Emma Peel Era, présente une critique d’une sélection de 16 épisodes de la période Emma Peel, accompagnée d’une introduction et d’une conclusion. Il s’agit d’une seconde édition, ajoutant cinq épisodes de la saison 5 aux 11 de la saison 4 précédemment traités. L’auteur est le fils de Roger Marshall, scénariste ayant écrit 15 épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir, de la saison 2 à la 5. Rodney Marshall fut par ailleurs maître de conférences en littérature victorienne à l’université d’Exeter. Il se partage entre l’enseignement et le journalisme, à propos de belles demeures françaises. Il a séjourné à plusieurs reprises dans le sud-ouest de la France, notamment à Ruffec.

La couverture représente Emma Peel et John Steed en ombre chinoise. Il s’agit en  fait d’une image inversée, extraite du générique de fin de la saison 5.

Le livre est dédié à Roger Marshall, mais aussi à David. K. Smith, créateur du site américain The Avengers Forever, pour lequel Rodney Marshall fut un important contributeur en critiques. Des remerciements sont également adressés a Jaz Wiseman (réalisateur de la couverture), à l’équipe d’Optimum Releasing ainsi qu’à Alan Hayes, du site The Avengers Declassified.

Contenu :

Dans un avant-propos, Rodney Marshall indique qu’à ses yeux la saison 4 représente le pinacle de la série en termes de créativité et de variété. Placée entre une époque vidéo encore artisanale et une saison couleur plus fantaisiste, son noir et blanc accompagne idéalement une pure élégance perdue par la suite. La seconde édition du livre s’explique par une volonté d’approfondir l’étude de la saison, mais aussi de s’intéresser à la nouveauté apportée par la suivante, plus inégale mais où l’on discerne une volonté d’expérimentation et d’innovation. Une vue d’ensemble de l’ère Emma Peel se voit ainsi proposée, avec une saison 5 apportant une évolution, mais non une révolution.

L’ouvrage se poursuit par une introduction à la saison 4. Il y rappelle le succès hors normes connu dans le monde entier par Chapeau melon et bottes de cuir, véritable phénomène culturel. La popularité des Avengers persiste encore aujourd’hui, dans des domaines aussi divers que la mode ou les études universitaires. L’auteur pointe comme secret de cette longévité la faculté qu’ont eu les Avengers de toujours se réinventer au fil de leur longue histoire, pratiquement une décade, du classique polar initial jusqu’à la plus grande excentricité, en saison 6. Les seules constantes au cours de la production furent le concept de base, Patrick Macnee et le goût pour les décors et les mises en scènes innovants.

Le grand paradoxe réside dans le fait que si les Avengers séduisent par cet aspect protéique, la majeure partie du public l’identifie avant tout avec la seule image du duo John Steed-Emma Peel, jusqu’à faire de l’ombre aux indéniables qualités des autres périodes. L’étude d’épisodes menée dans l’ouvrage va tenter d’expliciter en quoi cette quatrième saison correspond effectivement à la quintessence des Avengers : jouer des limites entre divers genres (espionnage, science-fiction, polar) afin de mieux s'en libérer, en résonnance avec une époque, les Sixties, remettant elle même en cause les structures traditionnelles de la société. Même si ce mouvement se poursuit dans les épisodes en couleurs, c’est bien la saison monochrome qui exprime avec le plus de perfection et de force la nature révolutionnaire de la série, avec un contenu créatif et innovant saisissant pleinement les opportunités offertes par le passage de la vidéo au film. C’est là que la transgression inter genres est la plus forte,  à la fois par le style et les thèmes retenus.

Cette capacité à distraire tout en dérogeant aux règles et en troublant le spectateur se retrouve en saison 5, mais l’évolution générale de la pop culture vers les années psychédéliques entre là aussi en résonnance avec les Avengers. La subtilité laisse davantage place à une veine cartonnesque. L’énergie créatrice semble également alors se tarir, comme en témoignent les reprises d’épisodes précédents. Le meilleur opus de la période, Le Joker, s’avèrera ainsi une réécriture d’un épisode Cathy Gale, Ne vous retournez pas. A contrario, il ne faut pas dénier son intérêt à la période Cathy Gale, contenant déjà en germe le succès ultérieur, même si seulement à l’état embryonnaire. Sans Mrs Gale, il n’y aurait pas eu de Mrs Peel et cet apport sera effectivement ré-exploité en saison 5.

Parmi ses intérêts intrinsèques la saison Peel monochrome sait faire appel à  de nombreux auteurs aux styles variés et originaux, suscitant des ambiances très diverses. A côté de superbes décors, l’arrivée de la pellicule autorise de précieuses scènes en extérieur. Les budgets restent cependant fort limités, avec moins de 40 000 livres en moyenne par épisode. La décision de tourner  cette saison en noir et blanc fut plus financière qu’artistique ou technique. Elle confère toutefois un ton de film noir stylé et épuré, qui sera perdu lors du passage au technicolor. Cet aspect sera plus tard admis par Brian Clemens, à l’époque partisan fervent du passage à la couleur.

La saison 4 se détache de l’ensemble de la série car elle est la seule a avoir  simultanément un pied dans la réalité et l’autre dans l’Avengersland, cette Angleterre parallèle aux allures de royaume de l’étrange, à la fois merveilleux et inquiétant, aux endroits et individus extraordinaires. La couleur nous fera quasiment basculer complètement dans l’Avengersland, avec un surréalisme prégnant, mais aussi la perte d’une dimension. Tel quel le recours à l’Avengersland en saison 4 permet déjà de dynamiter nombre d’idées reçues autour de l’espionnage, du progrès scientifique et de l’identité anglaise (entre autres), mais aussi d’introduire une dose nouvelle de sexualité. Un « champagne subversif », comme l’énonce Mrs Peel dans Cœur à cœur.

Par la suite, l’auteur va étayer ce panorama général par l’analyse critique d’une sélection de 14 épisodes de la saison 4. Ces épisodes sont les suivants : Voyage sans retour, Cœur à cœur, Meurtre par téléphone, Mort en magasin, Faites de beaux rêves, Les Cybernautes, Les Fossoyeurs, La Poussière qui tue, L’Heure qui tue, Les chevaliers de la mort et Du miel pour le prince. Ces textes, d’une longueur variant entre 4 et 5 pages, s’ouvrent par une citation de l’épisode concerné et comportent pour la plupart des références aux dialogues.

Il s’agit d’analyse pure, sans résumé de l’action placé à part ou d’insertions d’éléments liés à l’historique de la production de la série. Rodney Marshall étudie l’intérêt personnel de chaque épisode, ainsi que son apport à l’ensemble de la saison. Un soin tout particulier est apporté à l’analyse de L’Heure perdue, qu’il considère comme le chef d’œuvre de son père. Précisons que la sélection retenue par l'auteur n’incorpore pas tous les épisodes écrits par Roger Marshall sur la période (Avec vue imprenable et Maille à partir avec les taties manquent à l’appel).

L’auteur traite ensuite de la saison 5. Une introduction reprend et détaille les réserves émises lors du panorama comparé établi avec la période monochrome. L’Avengersland perd en subtilité en virant au psychédélisme, avec une esthétique de dessin-animé, certes réussie. Sa liaison avec le monde réel vire aussi au surréalisme. Le recours à d’anciens scénarios illustre la perte de créativité. Cette cinquième saison convainc moins, poussant parfois l’excentricité jusqu’à l'idiotie. La nécessité de pénétrer le marché américain pousse aussi à abandonner la nature pure britannique de la série, soit un atout maître, et comporte également des conséquences négatives dans l’évolution de Steed.

La comparaison entre Les Cybernautes et Le retour des Cybernautes, moins profond, plus brutal, illustre parfaitement le mouvement opéré. Le nouvel épisode conserve de grandes qualités, mais gâchés par quelques moments excessifs et des imperfections d’écriture. De fait, le nombre d’opus décevants résulte en hausse. Quelques épisodes superbes demeurent cependant, conservant les principales caractéristiques de la saison 4 et auxquels la couleur apporte un précieux apport graphique  (par exemple pour les fameux Emmapeelers, auxquels l’auteur préfère cependant l’élégance plus intemporelle de la période noir et blanc). La sélection proposée vise à illustrer cette permanence de l’intérêt de la saison, et l’apport réel du Technicolor. Cinq épisodes sont étudiés, sur le même modus operandi que lors des précédents. Il s’agit de : Caméra meurtre, Rien ne va plus dans la nursery, Le Joker, La Porte de la mort et de Le village de la mort.

En conclusion Rodney Marshall commente que The Avengers constitue une série aux nombreux paradoxes, traitant de sujets importants mais refusant de se prendre au sérieux, intemporelle mais aux fortes connotations Sixties, célébrée comme britannique alors qu’elle courut après le marché américain une fois le passage à la couleur opéré. Le paradoxe et l’évolution se situent au cœur de son charme particulier et persistant, mais la grande majorité de son public continue à particulièrement apprécier cette saison Emma Peel monochrome, au parfait équilibre et à l’élégance stylée. 

A travers sa sélection d’épisode, qu’il admet subjective, il espère avoir pu rendre compte des qualités de cette période, mais aussi de celles perdurant durant la saison couleur. Marshall reconnaît également que les épisodes retenus concernent surtout la première moitié de la saison, indication que le mouvement avait en fait déjà commencé. Les Avengers sont un formula show, mais ne sont jamais aussi passionnants que quand ils s’en libèrent le plus, comme lors de L’heure perdue ou de Caméra meurtre.

Le livre ne comporte aucune illustration interne. En annexe, il contient une bibliographie, ainsi qu’une liste exhaustive des épisodes Emma Peel, classés par ordre de production. Les opus traités dans l’ouvrage y sont notés en gras.

Avis d'Estuaire44:

La lecture de l’ouvrage s’avère un authentique plaisir pour l’amateur de Chapeau melon et bottes de cuir. Les revues d’épisodes de Rodney Marshall suscitent toujours l’intérêt, par leur perspicacité comme par leur évidente qualité d’écriture. Elles sont suffisamment circonstanciées pour que le lecteur connaissant un minimum l’épisode concerné puisse cerner arguments et références, même en l’absence de résumé proprement dit. On apprécie la double lecture permanente entre intérêt intrinsèque de l’opus et son positionnement au sein de l’évolution globale de la série, une approche très riche. On ne sera pas forcément toujours d’accord avec la solide argumentation de Marshall, mais la lecture n’en ressort que plus captivante encore. Parmi les grands classiques de la saison 4, on peut ponctuellement regretter l’absence du Club de l’Enfer, mais tel est le lot de toute sélection.

Evidemment le fait qu’il soit le fils d’un des auteurs majeurs de la série apporte un cachet supplémentaire à l’ouvrage, mais il ne s’agit pas du tout d’un hommage filial qui n’aurait d’intérêt que privé. L’accent mis sur L’Heure perdue se justifie pleinement, tant il s’agit d’une œuvre maîtresse des Avengers. La balade à travers les épisodes Emma Peel suscitera d’excellents souvenirs et donnera réellement envie de se replonger dans cette série définitivement à part que sont les Avengers. On évoque peu souvent le prix d’un livre dans sa critique, mais la rare modicité de celui-ci (six euros) indique bien qu’il s’agit de l’œuvre d’un passionné sincère et désintéressé.

L’étude de ce qui constitue effectivement la période de la série la plus appréciée et remémorée se montre solide et pénétrante, sans parti pris jusqu'au-boutiste. On apprécie que, contrairement à ce que l’on peut parfois observer, l’affirmation de la primauté de l’ère Emma Peel ne conduise pas à négliger les autres, à l’intérêt différent mais néanmoins bien réel. Cet aspect concerne  cependant surtout l’ère Cathy Gale, nettement plus évoquée que celle de Tara King, à peine entrevue. C’est dommage, car les réserves qu’émet Marshall envers la saison 5 correspondent à celles souvent adressées à la 6 (perte de substance, ambiance de dessin animé).

Il ne distingue pas vraiment ce qui sépare ces deux saisons, dont la liaison demeure périphérique à l’étude de la période monochrome d’Emma Peel. On conserve l’idée d’une simple accentuation, d’un glissement prolongé, mais cela mériterait d’être davantage étayé et approfondi. L’absence de son père en saison 6 a pu jouer mais Marshall ne fait que rejoindre nombre de commentateurs anglo-saxons. Ceux-ci centrent le plus souvent leur propos sur la période Mrs Peel, tout en évoquant Cathy Gale comme irremplaçable et passionnante défricheuse, tandis que Tara King apparaît brièvement citée, sinon ignorée. Cathy Gale a sa place dans le patrimoine télévisuel anglais, une situation peut être moins assurée pour Miss Tara King.

La seule véritable réserve suscitée par Subversive Champagne réside dans sa démarche même : analyser une saison à travers un nombre restreint d’épisodes considérés comme les meilleurs. Cela vaut davantage pour l’étude de la saison 4, présentée comme globale, que pour celle de la suivante, où il ne s’agit d’entrée que d’illustrations d’un maintien de la qualité ou de l’apport réel du Technicolor. Evidemment, quelque soit la série ou la saison, si on n’en retient que les meilleurs opus, son évaluation va forcément résulter positive. Marshall reconnaît bien l’existence de rares épisodes en dessous (principalement en seconde moitié de saison), mais de manière tout à fait expéditive.

Le seul réellement considéré, Le retour des Cybernautes, concerne la saison 5 et n’occupe que deux paragraphes au sein de la présentation générale, sans faire l’objet d’un dossier en propre. Sans aller jusqu’à une analyse exhaustive de chaque saison, l’intégration de quelques échecs et de leur explication aurait rendu l’ensemble plus intéressant et convaincant qu’il ne l’est déjà (on peut toutefois les retrouver dans les critiques de Marshall écrites pour le site The Avengers Forever). Par ailleurs l’absence totale d’iconographie ne pose aucun problème, tant la lecture se montre captivante en soi.

Tel quel, Subversive Champagne demeure une séduisante visite d’un des moments les plus fastes de l’histoire des séries télévisées, à conseiller à tout amateur des Avengers. On espère déjà une troisième édition, s’intéressant peut-être à la période Cathy Gale et approfondissant en quoi elle contient en germe l’essence des chefs-d’œuvre  à venir.

Avis de Denis Chauvet:

L’auteur est le fils de Roger Marshall, scénariste de quinze histoires des Avengers. Rodney Marshall considère la quatrième saison comme l’apogée de la série, dont le phénomène culturel est indéniable et toujours contemporain. Les épisodes étudiés dans l’ouvrage ont été choisis subjectivement et ils permettent d’expliquer en quoi cette quatrième saison est supérieure aux autres. Le titre, ‘Subversive Champagne’, est une réplique de Mrs Peel dans une scène malheureusement coupée de The Murder Market. A noter que la préface de mon exemplaire date de novembre 2013.

Un excellent petit livre que tous les amateurs de la série doivent se procurer. D’abord, parce qu’il n’est pas cher –sûrement le moins coûteux de ma collection – mais surtout parce que les réflexions de Rodney Marshall sortent des sentiers battus par des analyses inédites et des points de vue innovants, même si le lecteur peut être parfois en désaccord. Il est préférable de se procurer la seconde édition de Subversive Champagne, qui bénéficie de remaniements importants. Un douzième épisode (Honey for the Prince) a été ajouté aux onze épisodes de la saison monochrome de la première version, et la saison couleur Emma Peel est abordée avec l’étude de cinq aventures : Epic, Something Nasty in the Nursery, The Joker (un remake que l’auteur trouve meilleur que l’original), Death’s Door et Murdersville. The Hour That Never Was a un traitement particulier, car Rodney Marshall considère que cet épisode est le chef d’œuvre de son père. Sans apriori, vu qu’il est jugé par beaucoup comme un des meilleurs de la série.

Rodney Marshall pense que la série atteint sa plénitude à la quatrième saison et, évidemment, je ne peux que m’associer à ce constat, ce qui n’est pas nouveau pour quiconque ayant lu mes critiques du site. Lors de celles-ci, j’avais donné le maximum de quatre melons à quatorze épisodes de cette saison. Dans le livre, il ne manque à l’appel que A Surfeit of H2O, A Touch of Brimstone, The House That Jack Built, et surtout un de mes préférés, Castle De’ath. Par contre, les trois épisodes de la saison que je considérais ‘moyens’ ne figurent pas dans l’ouvrage. Pour Rodney Marshall, la saison monochrome révolutionne la série par le passage au film et un contenu créatif et innovant. L’auteur insiste sur le concept Avengersland, qui retranscrit une Angleterre parallèle et imaginaire.

Rodney Marshall a privilégié les épisodes dont l’histoire permettait un équilibre entre le dramatique réaliste et le surréalisme léger. Il note une évolution dans la saison monochrome avec Honey for the Prince, qui est une sorte de transition d’une intrigue semi-réaliste vers le bizarre. Le marché américain réclamait de l’excentricité britannique, ce qui va faire tomber dans la bêtise des épisodes de la saison couleur, que l’auteur considère inégale. Il n’hésite pas à qualifier un ou deux épisodes de ‘dull’ [terne]. Rodney Marshall évoque ainsi  The See-Through Man et The Bird Who Knew Too Much pour les scénarios qui confondent excentricité et fantaisie avec idiotie. Là encore, je l’avais souligné lors de mes critiques. On n’ose imaginer l’avis de l’auteur sur la saison Tara King, qui est à peine évoquée.

Rodney Marshall souligne néanmoins que certains épisodes sont innovants, et irréalisables en noir et blanc (comme Something Nasty in the Nursery). Il cite aussi l’exemple de Return of the Cybernauts, moins subtil que l’épisode titre de la saison quatre. La saison monochrome permettait d’avoir des films à part entière, ce qui a fortement disparu lors des saisons suivantes. Il fait également un parallèle entre The Town of No Return (premier de la série) et Murdersville et on sent qu’il aurait aimé que la période Peel se termine par cet épisode. Rodney Marshall fait de nombreuses références à l’auteur Harold Pinter et conclut que la saison quatre plébiscitée par la majorité des fans et des critiques est marquée par un superbe noir et blanc, synonyme de pureté et d’élégance inégalées par la suite. Le passage à la couleur a permis d’attirer les dollars et de continuer la série mais il a fait perdre aux Avengers de ses qualités.

Conclusion : à lire et quatre melons pour moi, car l’ouvrage ne peut que ravir les fans qui jugent la quatrième saison comme le sommet de la série. 

Lire l'interview de Rodney Marshall

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15 . Les Guides de Dave Rogers

Dave Rogers peut être considéré comme le pape de la série. Si les fans ont des ouvrages de référence et de qualité sur The Avengers, ils le doivent à cet homme qui a œuvré pour que la série retrouve une seconde jeunesse.

Il a écrit le premier livre au monde consacré uniquement à la série il y a tout juste trente ans, en 1983 - The Avengers. D’autres guides suivirent : The Avengers Anew (1985), The Complete Avengers (1989), le meilleur du lot, et The Ultimate Avengers (1995).

Mais c’est assurément The Avengers and me, écrit en collaboration avec Patrick Macnee himself en 1997 sur les coulisses de la série, qui ravira les fans. Il a fait d’ailleurs l’objet d’une réédition en janvier 2008 sous le titre The Inside Story.

Dave Rogers est également l’auteur dans les années 80 et 90 de fanzines très prisés parmi les fans de la série : On Target et Stay Tuned. Bourrés d’informations, ils sont pratiquement introuvables, à part sur e-bay à environ £4 le journal. En collaboration avec Peter Peel, il a écrit aussi un des meilleurs romans inspirés de la série, Too Many Targets (voir la critique sur le site).

Dave Rogers est vraiment le plus grand spécialiste de la série : il est à l'origine de la découverte des négatifs originaux et il a demandé à Patrick Macnee de convaincre les éditeurs de ressortir la série dans une version restaurée. C'est donc grâce à lui que nous avons aujourd'hui des copies de belle qualité en DVD. Dans un documentaire, qu’on peut voir sur ce site, il parle de son travail pour les Avengers comme d’un labour of love !

Quels guides sont encore intéressants de nos jours, que trouve-t-on dans les différentes éditions, où se les procurer ? Le dossier ci-dessous répondra à vos questions. 

THE AVENGERS 

The Avengers - Dave Rogers

Publié par Independent Television Books Ltd en association avec Michael Joseph Ltd, 1983.

189 pages.

Couverture souple.

£4.95 à sa sortie. 

Particularité : C’est le premier livre exclusivement consacré à la série, d’où son statut particulier.

Contenu: Superbe couverture noire avec de belles photos des quatre Avengers. Après une rapide présentation, les scripts des 161 épisodes des saisons 1 à 6, avec la distribution, sont exposés en ordre de production, tels qu’ils étaient dans les dossiers de presse ABC, eux-mêmes basés sur les scripts originaux. La saison 1 est brièvement survolée, car on disposait de peu d’éléments à l’époque (certains résumés n’ont que quelques lignes). Les scripts sont clos par le transcrit intégral de l’épilogue de Bizarre. Il reste une quinzaine de pages pour évoquer brièvement les New Avengers, sans guide d’épisodes ni photo, et la pièce de théâtre. Également un survol des produits merchandising de la série disponibles à la sortie du livre. Beaucoup de photos noir et blanc d’épisodes et de tournage étaient inédites à l’époque.

A noter que les scripts ne sont pas des résumés d’épisodes, d’où l’intérêt d’ailleurs ; ils présentent des différences avec la version définitive. Exemple pour A Touch of Brimstone (page 91) :

- Emma accepte l'invitation à dîner de John Cartney ; Lord Darcy les interrompt et pendant qu'ils discutent, Mrs Peel fouille le bureau et trouve un calepin où elle lit "Today 4:30 Friendship". Dans la version retenue, Mrs Peel refuse l'invitation et trouve le renseignement par hasard.

- Après son apparition en reine des péchés, Emma danse avec Steed (scène non retenue).

- Cartney tient un pistolet (et pas un fouet) et Emma lui lance la rapière qu'elle a en main ! Steed accourt alors que Mrs Peel se penche sur le corps de Cartney (dans la version finale, le fouet ouvre la trappe et précipite Cartney dans le vide).

Mon avis : Une superbe couverture et un livre ‘collector’ car il reste le premier exclusivement sur la série. Trente ans après sa parution, il est toujours intéressant à consulter, particulièrement pour les nombreuses belles photos et les synopsis, différents pour un bon nombre des épisodes connus.

THE AVENGERS ANEW

The Avengers Anew - Dave Rogers

Publié par Michael Joseph Ltd, 1985.

120 pages.

Couverture souple.

£5.95 à sa sortie. 

Particularité : Un livre bleu moins épais mais plus large que le précédent. Bien que le livre traite surtout des New Avengers, la couverture présente Mrs Peel/Diana Rigg dans une scène de Voyage sans retour. Incontestablement, un plus pour faire vendre le livre.

Contenu : Avec une préface de Patrick Macnee, ce livre est un guide des épisodes des New Avengers, en ordre de diffusion, pour un tiers du contenu, avec les synopsis et les distributions. L’ouvrage explique ensuite comment la série s’est exportée aux USA. Il expose d’intéressants extraits de scripts originaux sur une vingtaine de pages. Le reste consiste en des documents sur les stand-ins et les doublures des acteurs, les véhicules des Avengers, les dates de production et de diffusion des saisons 2 à 6, les sous-titres des saisons Peel, le merchandising (plus volumineux que dans le précédent livre) et la liste d’acteurs ayant participé à la série. Le livre regorge de nombreuses photos de toutes les saisons, seulement en noir et blanc comme dans le premier volume.

Parmi les scripts originaux mentionnés ci-dessus, notons celui d’Interférences. Steed et Mrs Peel devaient se battre contre leur double respectif. On peut lire le script très détaillé de la scène finale: Rogers fait état d'un combat entre le double de Steed et celui d'Emma mais le projet fut abandonné car trop compliqué à tourner. Le scénario fut de nombreuses fois remanié pour cause de réalisation trop complexe. Ainsi, le premier script prévoyait que Mrs Peel se fasse attaquer par Stone après que celui-ci ait démoli l'équipement radio du joueur d'échecs. Egalement des bouts de scripts de L’oiseau qui en savait trop et Jeux.

Mon avis: Un excellent complément au premier livre de Rogers sorti deux ans auparavant, qui évoquait à peine les New Avengers, The Avengers Anew y remédie, mais les différents thèmes abordés permettent également d’illustrer l’ouvrage de nombreuses superbes photographies de la série initiale. 

THE COMPLETE AVENGERS

Édition britannique:

The Complete Avengers

Sous-titre: Everything you ever wanted to know about The Avengers and The New Avengers.

Publié par Boxtree Ltd., 1989.

286 pages.

Couverture souple.

£9.95 à sa sortie.  

Edition américaine:

rogers 4

Sous-titre: The full story of Britain’s smash crime-fighting team!

Publié par St. Martin's Press New York, 1989.

286 pages.

Couverture souple.

$ 12.95 à sa sortie. 

Particularité : Le seul livre de Dave Rogers qui a bénéficié de deux éditions : une britannique et une américaine.

Contenu : La couverture britannique avec un photomontage est superbe ; recto : Tara, Cathy et Emma sur melon, brolly et œillet géants, verso : Purdey et Gambit avec une bouteille de champagne Bollinger dans un seau à glace géant. La version américaine présente la scène de l’échiquier exclusive au marché US. La préface de Brian Clemens est intéressante et l’introduction de Dave Rogers apprend aux lecteurs que cette nouvelle version possède 24000 nouveaux mots et 200 nouvelles photographies. Egalement que cette fois, tous les épisodes de la première saison ont un synopsis (il en manquait quatre jusqu’à présent) et qu’une prochaine sortie vidéo est probable (ndlr : celle-ci se fera quatre ans plus tard).

Cet ouvrage est une compilation des deux livres précédents –The Avengers et The Avengers Anew. L’introduction à chaque saison a été largement étoffée et les nombreuses informations de production sont instructives et captivantes, les scripts originaux des 187 épisodes sont exposés en ordre de production saison par saison, New Avengers compris, avec la distribution. Les résumés étant ceux des scripts, et non des épisodes finis, cela permet de voir les différences entre l'original et le final. A noter que Ne m’oubliez pas est classé à la fin de la saison 5, étant considéré comme le dernier épisode Peel. Les scripts sont clos par le transcrit intégral de l’épilogue de Bizarre, comme dans The Avengers.

Il y a des ajouts d’informations supplémentaires, dont de nombreuses remarques intéressantes des acteurs et des membres de la production. La partie New Avengers est meilleure que précédemment avec un guide des épisodes en ordre de production (celui d’Anew était en ordre de diffusion). Viennent ensuite les dates de production et de diffusion des saisons 2 à 6 (à noter qu’il manque de nombreuses dates de production pour la période Peel), un aperçu de la pièce de théâtre étoffé, les véhicules de la série, les doublures et cascades et un extrait du script de Brian Clemens pour un retour des Avengers qui avait pour titre Reincarnation (1985). Egalement une mise à jour du merchandising et des produits annexes de la série.

Il y a de très belles photographies, même si elles foisonnent moins que dans les deux ouvrages précédents. Elles proviennent de toutes les saisons et sont toujours qu’en noir et blanc. Certaines sont rares ou inédites :

- A la page 148, une photo de tournage de Un petit déjeuner trop lourd avec Robert Day, le réalisateur, et Patrick Macnee et Diana Rigg. Les deux acteurs ont une cigarette à la main.

- A la page 161, on trouve cinq photos de l'épisode Invitation to a Killing, qui ne sont pas dans la version finale retravaillée sous le titre Un dangereux marché. La troisième photo est assez stupéfiante. On y voit Tara et Conrad avant le duel. Mais Tara, contrairement à la version connue, n'est pas brune : elle a sa perruque blonde et elle est sacrément ronde, complètement étriquée ressemblant plus à une lutteuse de sumo qu'à une Avengers girl ! C'est un document intéressant car ces photos ne sont pas disponibles partout.

- A la page 173, Roger Moore-Le Saint fait une visite à Linda Thorson sur le tournage de Miroirs.

- A la page 179, dans une scène finale d’Interrogatoires, c'est Cyd Child et non Linda Thorson qui est photographiée sautant par dessus un groupe d'individus même si la légende de la photo ne le précise pas.

 

Mon avis : Le meilleur guide de Dave Rogers pour beaucoup de fans (j’en fais partie !). The Complete Avengers est une compilation, plus épais que les deux précédents livres avec moult informations en plus. Le seul bémol est les photographies, qui sont dans l’ensemble plus belles dans les deux premiers volumes.

THE ULTIMATE AVENGERS

The Ultimate Avengers - Dave Rogers

 

Publié par Boxtree Ltd, 1995.

350 pages.

Couverture souple.

£16.99 à sa sortie. 

Particularité : Les premières photos couleur dans un guide d’épisodes des Avengers.

Contenu : Bien que plus épais, ce livre a un format plus petit que ses prédécesseurs. La préface est de Patrick Macnee, dans laquelle il confesse un faible pour Joanna Lumley. L’histoire de la production est plus importante avec d’avantage de citations. Comme les éditions précédentes, on trouve une revue épisode par épisode des six saisons et des New Avengers, mais les résumés sont cette fois très courts. Ensuite viennent un aperçu de la pièce de théâtre, des spin-offs radiophoniques, de la technique de tournage ; du script à l’écran. Des photos couleur agrémentent cette édition (y compris d’Honor Blackman) et il est à noter des infos supplémentaires et des anecdotes de Brian Clemens comme celle concernant British Leyland. Il y a aussi un article sur le tournage de La chasse au  trésor avec les locations. Il y a pour conclure les rubriques habituelles sur les doublures, les véhicules et une mise à jour du merchandising lié à la série.

Mon avis : Le moins intéressant des guides, car de nombreuses rubriques sentent le déjà lu. C’était un souhait de Dave Rogers de ‘corriger’ les erreurs de ses ouvrages précédents. Ainsi, les synopses sont cette fois conformes aux épisodes…donc, sans intérêt ! De plus, le prix de lancement était bien plus élevé. A part quelques anecdotes, Ultimate reprend le reste de Complete, qui est plus beau au niveau maquette. Il était de toute façon difficile d’égaler The Complete Avengers, qui approche de la perfection dans le genre.

 

Où se procurer les livres de Dave Rogers ? Sur Amazon, il est possible de trouver tous les livres à tous les prix. Il faut prendre garde à l’état de l’ouvrage. The Avengers est à 9€ d’occasion mais à 56€ neuf alors que The Avengers Anew est à 1 centime d’occasion et 26€ neuf (Amazon France). Le meilleur, The Complete Avengers, est plus difficile à trouver et rarement neuf sur le site français (prix d’occasion aux alentours de 25€). On en trouve sur Amazon.uk assez souvent aux alentours de £7, mais aussi d’occasion.

Conclusion: Tout fan Avengers se doit d’avoir un livre de Dave Rogers dans sa bibliothèque. Au temps d’Internet et des DVD, ces guides peuvent paraître obsolètes, mais ils possèdent néanmoins toujours des qualités non négligeables. S’il faut en choisir qu’un, The Complete Avengers a les honneurs, car il regroupe toutes les saisons et renferme de nombreuses anecdotes rarement lues ailleurs. The Avengers et The Avengers Anew ont de belles photos et raviront les collectionneurs ; en plus de Complete, j’ai gardé les deux, mais j’ai revendu Ultimate qui faisait doublon.

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16 . Making It New? A reappraisal of The New Avengers

Auteur : Rodney Marshall

Publié par Amazon.UK, en novembre 2013.

Format 22,9 x 15,2, 110 pages, aucune photographie ou illustration.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en anglais.

Le livre s’ouvre par des remerciements à Jaz Wiseman, Alan Hayes et David K Smith. 

Making it new - A reappraisal of the New Avengers

Comme pour son premier livre, Subversive Champagne, Rodney Marshall a fait une sélection subjective d’épisodes de la série. Il en a choisi douze en y ajoutant un chapitre intitulé : The New Avengers in Canada. Il dresse tout d‘abord un rapide historique de la série pour resituer The New Avengers dans le contexte.

La série est souvent oubliée ou dénigrée en la comparant à sa devancière des années 60. Par cette étude sélective, l’auteur se penche sur une question essentielle : est-ce une continuation ou une nouveauté ? Était-elle aussi décevante que certains critiques ont prétendu ou une série mal évaluée ?

A travers sa sélection, Rodney Marshall dresse les parallèles qu’on retrouve dans les deux séries et la recette de certains épisodes des New Avengers permet de faire du nouveau avec du traditionnel. Comme dans The Avengers, on discerne l’équilibre réalisme/surréalisme, drame/légèreté qui autorise la comparaison entre les deux séries, même si le personnage de Gambit est difficile à imaginer dans le monde des Avengers. Chaque saison avait un contexte culturel et il était parfaitement impossible de recréer l’atmosphère des années 60 au milieu des années 70, car cela aurait été ridicule et démodé. A l’exception de la quatrième saison, les autres périodes de la série ont connu des hauts et des bas et The New Avengers n’échappe pas à la règle, mais le meilleur fut capable de se référer au glorieux passé tout en ‘faisant du neuf’.

Sur les douze choisis, huit épisodes proviennent de la première saison. D’ailleurs, Rodney Marshall parle de succès pour cette saison tandis qu’il juge la seconde inégale. Après Subversive Champagne, je dois dire que les goûts de Mr Marshall sont de nouveau très souvent en harmonie avec mes critiques du site. Ainsi, Le repaire de l’aigle, Le dernier des cybernautes, Pour attraper un rat, Un chat parmi les pigeons, Cible, La grande interrogation, Le S95 et Commando très spécial sont les épisodes étudiés de la première saison. L’absence de trois aventures que j’affectionne est notable : Le baiser de Midas, Le château de cartes et Visages. Il fallait choisir dans cette riche saison et plus que la sélection, ce sont les commentaires le plus souvent justes et pertinents qui agrémentent l’ouvrage. Le repaire de l’aigle est une entame qui manie l’équilibre passé/présent de la série avec justesse, tandis que Le dernier des cybernautes permet à la série d’innover tout en puisant son inspiration dans le passé.

Rodney Marshall apprécie particulièrement deux épisodes de cette première saison et je partage totalement son enthousiasme. Un chat parmi les pigeons est pour l’auteur un des sommets artistiques et créatifs de la série ; un épisode inspiré d’Hitchcock et des Avengers. Zacardi est un des meilleurs  méchants dans son univers si particulier. Là encore, le mélange de nouveauté et de tradition convainc. L’autre épisode plébiscité est Le S95, que Rodney Marshall compare avec L’heure perdue. Avec cet épisode, The New Avengers avait la capacité d’égaler son ancêtre.

Concernant cette saison, je n’ai relevé qu'un seul désaccord notable avec Rodney : La grande interrogation que l’auteur apprécie, comme la plupart des sites anglo-saxons, alors qu’il n’est pas bien noté en France. Je le classe personnellement dans les trois plus mauvais de la saison…comme Jeu à trois mains que l'auteur n'aime pas. Le monstre des égouts est le seul épisode décevant (et ridicule !) de la première saison pour Mr Marshall.

Les quatre épisodes sélectionnés de la seconde saison sont Otage, Méfiez-vous des morts !, Les anges de la mort et Le long sommeil, le seul épisode ‘étranger’. Contrairement à Brian Clemens, Rodney Marshall ne pense pas que Méfiez-vous des morts soit le meilleur New Avengers, a fortiori des Avengers, et il y note un gros défaut. Il lui préfère Les anges de la mort qui est un sérieux candidat au S 95 pour le titre de meilleur épisode de la série. A noter que Rodney Marshall écrit quatre pages sur l’épisode sans évoquer Caroline Munro ! L’auteur parle de ‘fatigue’ pour Steed et la voyante et il considère que le final du Lion et la licorne s’apparente à de la ‘panthère rose’. Par contre, Le long sommeil a les faveurs de Rodney pour, entre autres, sa campagne française bien plus ‘Avengerland’ que Paris. Il le considère comme le meilleur épisode tourné hors Royaume-Uni, malgré une seconde partie trop longue. Néanmoins, le départ à l’étranger a fait perdre la Britishness, un des ingrédients du succès de la série.

La partie canadienne n’est pas prisée par l’auteur. Complexe X 41 est ‘regardable’, Les gladiateurs, trop violent, est complètement ‘unavengerish’ et Emily constitue une conclusion honteuse à la série. Seul, Bastion pirate trouve grâce aux yeux de Rodney, c’est le meilleur opus tourné au Canada (pour moi, le meilleur conçu hors du pays mère de la série). Rodney Marshall impute le manque de variété et le fiasco final de la série à Brian Clemens et son égotisme qui avait déjà commencé à sévir lors de la période Peel.

Par sa sélection, Rodney Marshall a mis en avant les ingrédients d’un bon Avengers, qui sont les mêmes pour les ‘old’ et les ‘new’ : un mélange subtil de réalisme et de surréalisme dans un décor unique avec de l’humour et de l’émotion, sans trop de violence ni d’idiotie, mais le dosage est difficile à trouver.

 

Conclusion : un excellent petit livre indispensable pour tous les inconditionnels de la série qui considèrent que The New Avengers a correctement ‘fait du neuf avec du vieux’.

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17 . Adventure & Comic Strip: Exploring Tara King's The Avengers

Auteur : Rodney Marshall

Publié par Amazon.UK, en novembre 2013.

Format 22,9 x 15,2, 180 pages, aucune photographie ou illustration.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en anglais.

Adventure & Comic Strip: Exploring Tara King's The Avengers

Contrairement à ses deux précédents ouvrages, Rodney Marshall n’a pas fait de sélection et il évoque, plus ou moins longuement, de deux à cinq pages, les trente-trois épisodes de la saison 6 en ordre de production (Ne m’oubliez pas se retrouve ainsi en troisième position). La couverture orange est superbe – la plus belle des trois livres à mon avis – et reflète la fin des sixties et ses couleurs vives, comme celles de l’appartement de Tara King. L’auteur fait souvent référence au site de David K. Smith, The Avengers Forever !, et au livre de Marcus Hearn, The Avengers : A Celebration.

Dans l’introduction, Rodney Marshall tire un parallèle avec certains épisodes couleur de la période Peel, comme Le vengeur volant ou Caméra meurtre, qui avaient aussi un aspect bandes dessinées. L’auteur juge que les Avengers en couleur sont principalement le fruit d’un seul homme : Brian Clemens, pour le meilleur comme pour le pire, et il considère une exagération l’appréciation de Clemens considérant que la saison 6 possède les meilleurs scripts. La saison monochrome est en effet une excellence unique, mais l’auteur reconnaît qu’il y a plus de variété dans la saison 6 que lors de la précédente, la couleur Peel. Marshall considère la série King comme une collection inégale avec l’apparition du personnage de Mère-Grand pour compenser la perte d’humour et le manque de confiance entre Steed et Miss King. D’ailleurs, la série sera revitalisée sept ans plus tard avec The New Avengers. Néanmoins, le jugement de Rodney Marshall sur cette sixième saison est beaucoup moins négatif que la lecture de ses deux précédents ouvrages aurait pu laisser penser.

Dans l’étude individuelle des épisodes, on peut parfois reprocher à Rodney Marshall de se contenter de décrire sans donner un avis tranché ; ainsi, par exemple, il commence son commentaire sur Clowneries par : ‘Idiot ou étrange ?’, mais il ne répond pas à la question et il ne se mouille pas pour donner son avis sur cet épisode très controversé parmi les fans : Il y a des évènements, une enquête et une bagarre finale, mais c’est du jamais vu dans la série. ‘Whether this is a good or a bad thing is up to individual viewers and critics to decide » [Que cela soit bien ou pas, c’est aux téléspectateurs et critiques de décider.] Je fais partie des ‘bad’. Pour évoquer les analyses de Rodney, je vais m’orienter sur mes avis des fiches du site français et effectuer quelques comparaisons, car, contrairement aux deux recueils précédents, il y a de nombreuses différences d’appréciations sur cette saison.

Evidemment, certains ‘points noirs’ de la saison –commençons par ceux-là - sont identiques, comme ils le sont pour la plupart des critiques. L’invasion des terriens, mélange d’un album de Tintin et d’un jeu vidéo, n’a pas ‘l’Avengerish touch’ et George et Fred confond bêtise et bizarrerie. Etrange hôtel est un des plus décevants de la saison ; seul le teaser est à sauver et l’épisode est taxé de ridicule sans subtilité ; je suis en accord sur cette médiocrité, car j’écrivais que cet épisode contribue à ce que la série tombe dans la niaiserie granguignolesque. Bien évidemment, Homicide et vieilles dentelles, pour lequel c’est un crime d’avoir réutilisé des passages de la saison 5, est dans cette liste. Un des plus mauvais de la sixième saison mais pas le pire (il l’est pour moi) et Rodney se demande si cet épisode n’aurait pas dû être tout simplement remplacé.

Les autres épisodes où nous sommes plus ou moins en accord, que cela soit une vue positive ou négative. Le transitoire Ne m’oubliez pas, pour lequel Rodney parle de raisons sentimentales plus qu’esthétiques, a d’excellentes scènes en extérieur et en studio. Un épisode inoubliable pour le départ du personnage le plus iconique de la série. Double personnalité critiqué pour un sentiment partagé et jamais défini de drame et de divertissement (le titre Vo, Split !, est par conséquent adéquat). Les évadés du monastère pour lequel Rodney en profite pour souligner qu’il n’est pas amateur d’effets spéciaux dans la série. J’ai précisé dans ma critique que les temps forts sont les trois rencontres entre Steed et Ezdorf au monastère ; Rodney écrit que ces confrontations verbales font de cet épisode un important de la saison (je n’ai pas été jusqu’à là). Un dangereux marché, qui constitue une vision de la série par John Bryce, est un changement bienvenu pour un épisode étrange et dérangeant par son réalisme violent. Mon rêve le plus fou est considéré comme l’un des épisodes les plus intelligemment construits de la saison avec une participation active du téléspectateur pour connaître le mastermind. Je pense pouvoir classer A vos souhaits ! dans cette catégorie car Rodney en fait une description positive sans donner un avis concret. Il mentionne que le gros nez est une caractéristique essentielle de la saison. Jeux est riche en détails visuels et splendides décors, qui sont l’épisode en eux-mêmes, dans lesquels nous sommes des spectateurs pions. Meurtre au programme est une expérience unique avec un script intelligent et une participation remarquable de Jennifer Croxton (style, grâce). Comme Rodney, je souligne aussi l’excellente scène du bus et des mannequins et je vais encore plus loin en plaçant cet épisode au firmament de la saison 6 (dans ma satisfaction personnelle de retrouver une partenaire digne de ce nom pour Steed !). Du bois vermoulu reçoit aussi des qualificatifs globaux positifs de l’auteur qui le décrit comme un monde inventif de fantaisie, d’aventures et de bandes dessinées (possible aussi que je le situe plus haut que Rodney car il fait partie des quatre meilleurs de la saison pour moi). Interrogatoires est jugé comme un épisode mémorable et difficile et plus noir que la moyenne de la saison. Le matin d’après a le même thème que L’heure perdue et Le S95 (Rodney Marshall ne précise pas lequel des trois est son préféré mais je pense ne pas me tromper en désignant l’aventure de la quatrième saison). C’est mon cas, et je place Le matin d’après en troisième position, même si je rallie Rodney qui le qualifie de fascinant. Brouillard est dans l’ensemble agréable et démontre que la série est capable de s’adapter à n’importe quel époque et lieu. Noël en février (Rodney préfère le titre français) évolue comme une pièce de théâtre et prouve que la série ne peut être cataloguée. Un épisode noir extraordinaire et terrifiant (d’accord surtout sur le second terme).  Bizarre est une fin appropriée à la série, qui a souvent évolué dans des cimetières, avec un humour prédominant.

Après ces dix-neuf épisodes, passons à la partie désaccord. Dans les aventures bien plus cotées chez Rodney Marshall, notons d’abord Trop d’indices, un épisode mémorable comprenant tous les ingrédients Avengers avec un excellent teaser et une bonne bagarre finale (alors que j’écris : ‘La bagarre finale ne m’a pas convaincu non plus’). Un des plus gros désaccords concerne Je vous tuerai à midi, que Rodney estampille comme étant un des triomphes de la saison, un bol d’air frais, alors que je n’y vois rien de bien à part le tournage en extérieur. Le legs, une des pires catastrophes pour moi, est jugé comme un épisode parodique et précurseur des Monty Python (pas étonnant que leur humour m’ait toujours laissé de marbre). Mais qui est Steed ? où Rodney voit en Ian Ogilvy un successeur à Macnee si celui-ci avait laissé tomber la série à l’orée de l’ultime saison. Il est jugé comme un épisode de première classe alors que je le considère comme le plus faible des ‘doubles’. Amour, quand tu nous tiens….est avant tout une satire amusante avec une critique ministérielle et de l’industrie de l’amour pour Mr Marshall (à noter qu’il y a un Sir Rodney dans l’épisode) ; je ne vois pas de ‘fun’ en ce qui me concerne, mais surtout une histoire ridicule, loin de l’aura de la série. Le visage est le meilleur épisode de la saison pour Rodney où la touche surréaliste n’est pas contrariée par le dramatique. Même s’il fait partie du premier tiers des épisodes, l’aspect fantastique et le sifflement me rebutent. Mademoiselle Pandora jugé ‘unavengerish’ et manquant d’humour mais cité comme un exemple de la diversité de la saison. Je le juge plus sévèrement en le trouvant soporifique et ennuyeux et je ne le compare surtout pas à des chefs d’œuvre comme L’héritage diabolique ou Le joker. Haute tension perd son charme à l’apparition des boites pour Rodney et après les premières images en extérieur pour moi (un des trois plus mauvais de la série à mes yeux). Requiem est un des plaisirs de la saison avec l’arrivée de Tara à l’appartement de Steed avant l’explosion classée comme une des meilleures scènes. La production était capable de toujours ‘making it new’. Je ne le déteste pas mais je le juge moyen et je le situe surtout grâce à la réplique de Tara si adéquate : "Steed has no one and nothing to fear. Nothing except my stupidity !".

Il y a enfin des épisodes que j’ai mieux notés que l’auteur, pas beaucoup : cinq. Ainsi, je pense que j’apprécie plus Miroirs que Rodney ; il dit son désaccord avec David K. Smith qui le considère comme étant le meilleur de la saison (pour moi, au moins le meilleur avec Tara et le second de la saison). Il vante néanmoins les prises en extérieur et le nouveau look de l’héroïne. Le désaccord est plus flagrant pour Le document disparu ; Rodney n’y voit rien d’original excepté le final, alors que je notais dans ma critique comme seul point négatif : ‘le final un peu trop extravagant et en-dessous du reste !’. Faux témoins est critiqué pour ses extrêmes sérieuses et ‘cartoonesques’ (comme le final dans le beurre), mais l’auteur apprécie le Routemaster, le QG de Mother, typiquement Avengerland. Dans ma critique, je soulignais que l’idée du bus est sublime et que le combat dans le lait et Tara dans une motte de beurre sont des scènes d'anthologie. Je n’aime pas beaucoup L’homme au sommet, ‘assassiné’ par Rodney, mais je lui trouve quelques rares accessits alors que l’auteur n’y voit rien de mémorable. Enfin, Affectueusement vôtre est un scénario réaliste ‘unavengerish’ sans style ni excentricité. J’y vois personnellement le dernier sommet de la série ; un bon épisode agrémenté d'une excellente musique avec Tara qui se rapproche de son rôle de Miroirs et de beaux extérieurs, même sous la pluie, telle la cabine téléphonique so British au milieu de la campagne verdoyante. 

 

Conclusion :   

Pour écrire ce livre, Rodney Marshall s’est repassé la série en intégralité, exactement comme je l’avais fait en juillet-août 2011 pour ajouter mes avis sur le site. Rodney se jugeait comme un ‘Emma Peel snob’ mais la revoir fut une révélation. Dorénavant, même s’il place toujours la saison monochrome comme le sommet de la série, il préfère la saison King à la couleur Peel à cause de sa variété et de son innovation. Il considère que les mauvais épisodes peuvent se compter sur les doigts d’une seule main et que la majorité est bonne voire excellente. Une question que je poserai prochainement à Rodney : a-t-il revu la saison 6 avant ou après l’écriture de ses deux autres livres ? En effet, on ne ressent pas du tout cette impression sur la saison King à la lecture de Subversive Champagne et A Reappraisal of The New Avengers. L’homme transparent et L’oiseau qui en savait trop sont par exemple des scénarios qui confondent excentricité et fantaisie avec idiotie (Subversive Champagne), mais il y en a de nombreux dans la saison King sur le même schéma. L’auteur précise que pour lui la série n’est pas ‘timeless’, comme certains le clament, mais bien ancrée dans les années 60, du début à la fin de la décennie. Rodney considère que Tara a rafraichi la série et a ‘making it new’ en citant… Miroirs, le seul épisode pour moi où, effectivement, Tara a donné un coup de fouet à la saison. Par contre, je partage son avis pour Mère-Grand, qui permet des moments humoristiques et surréalistes.

Je recommande à tous la lecture de ce petit livre qui démontre que la saison King, plus que les autres, présente des épisodes différemment jugés par les fans, car les scénarios sont si variés que tous les genres sont traités. Je reste pour ma part un ‘Emma Peel snob’, car il me faut plus de deux mains pour compter les mauvais épisodes de l’ultime saison de cette glorieuse série. 

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18 . Bright Horizons: The Monochrome World of Emma Peel (The Avengers on film, Volume 1)

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Auteurs : Rodney Marshall (et divers)

Publié par CreateSpace Independent Publishing Platform le 12 Mars 2014.

Format 15.2 x 2.1 x 22.9 cm, 312 ou 364 pages, car les dernières versions présentent un glossaire de citations d’une cinquantaine de pages. Aucune photographie ou illustration.

Le livre, non épuisé, se trouve facilement sur Internet, mais uniquement en anglais (sauf pour les deux chapitres des auteurs français). Il est disponible en couverture dure et souple.

La couverture représente Diana Rigg et Patrick Macnee dans une pose promotionnelle. Il s’agit d’une photo pour la cinquième saison et la tenue portée par Mrs Peel/Diana Rigg est aperçue dans l’épisode Le vengeur volant (c’est aussi la photo de couverture du calendrier officiel 2015 de la série). Un cliché avec la tenue cuir ou le manteau en fourrure noir et blanc Chemin créé par John Bates aurait été, à mon avis, plus approprié pour la quatrième saison.

Le livre est dédié à Roger Marshall et à tous les scénaristes, metteurs en scène, acteurs, décorateurs et techniciens qui ont rendu cette saison monochrome si unique.

Le superbe avant-propos de Roger Marshall fournit des éléments intéressants sur l’inspiration et l’origine de l’épisode L’heure perdue/The Hour That Never Was. La préface de Rodney Marshall présente cet ouvrage unique dans sa structure qui marque à l’occasion le cinquantième anniversaire de la série sur film. Dans l’introduction, il énumère les caractéristiques de cette quatrième saison et le grand bouleversement que le film a apporté. Le noir et blanc ne fut choisi que par mesure d’économie mais je partage pleinement  la réflexion de Brian Clemens : ‘It’s funny, it’s more real than colour’. Le monochrome permet une pureté visuelle qui est perdue avec la couleur indépendamment des avantages que le Technicolor a apporté aux saisons suivantes. Le titre, Bright Horizons, fait référence à la structure de la saison - toute tension dramatique est évacuée avant le tag final - et à l’attrait visuel éblouissant de voir la série sur film. 

Contrairement à ses trois ouvrages précédents, Rodney Marshall n’est pas l’unique auteur de ce livre consacré aux vingt-six épisodes de la saison 4 des Avengers. Il eut l’excellente idée de lancer un appel sur le forum international afin de faire participer les fans de la série à son entreprise. Ainsi, différents ‘experts’ des quatre coins de la planète ont donné leur point de vue sur les vingt-six films que constitue la somptueuse quatrième saison que beaucoup – j’en fais partie - voient comme  le sommet de la série. L’ouvrage constitue le premier tome d’une série de quatre basée sur le même principe. Les autres volumes seront consacrés successivement à la saison couleur Peel (Mrs Peel, We’re Needed), la saison Tara King (Anticlockwise) et les New Avengers (Avengerland Regained).

Evidemment, mes commentaires sont subjectifs, comme toute critique peut l’être, et les vingt-six chapitres du volume n’ont, par conséquent, pas tous le même intérêt suivant l’approche que chacun se fait de la série. Chaque chapitre est précédé d’une double page avec les dates et les lieux de tournage (extérieurs et studio) et la liste des principaux personnages.

A la fin du livre, Rodney Marshall ne cache pas qu’il considère cette quatrième saison comme le summum de la série car chaque épisode a la qualité d’un film et la production a prêté attention au moindre détail, y compris au titre. La qualité de l’éclairage et du travail de caméra sont uniques. Par exemple, la scène de Saul au cimetière dans Voyage sans retour n’aurait pas le même impact en couleurs. La musique et les décors sont des œuvres d’art. Au passage sur pellicule, Clemens voulait que sa vision d’Avengerland domine au détriment parfois de la liberté créative. Dans ce chapitre, Rodney avoue que Diana Rigg est la meilleure actrice et Mrs Peel le meilleur personnage de toute la série.

Une section ‘contributors’ nous en apprend un peu plus sur les fans qui ont participé au livre et, pour finir, on trouve deux pages avec la liste des épisodes en ordre de production et une page sur la biographie consultée. A noter que Le monde des Avengers est un des trois sites mentionnés.

Les neuf chapitres écrits par Rodney Marshall ont une homogénéité et le lecteur retrouve son style agréable des livres précédents. Je partage également la plupart de ses avis sur les épisodes traités. Ainsi, le scénario de Voyage sans retour (The Town of No Return) attache beaucoup plus d’importance à la découverte de l’intrigue qu’à la façon de contrer le projet maléfique et la fin semble expédiée. La structure en deux parties des Aigles (The Master Minds) donne l’impression que l’intrigue est construite pour deux épisodes : un dans la demeure de Sir Clive et l’autre au pensionnat. Avec vue imprenable (Room Without A View) est perçu comme un épisode bien structuré même s’il ne développe pas le charme et l’atmosphère d’autres épisodes tournés en studio. Rodney Marshall souligne que Dans sept jours le déluge (A Surfeit of H2O) représente le classicisme de la saison et il évoque le concombre phallique dans le bocal. Un terme que j’avais également employé lors de ma critique pour le site (dans le même registre, le cactus mortel auquel Mrs Peel donne la chasse sort tout droit d'un magasin spécialisé dans La mangeuse d'hommes du Surrey). Ce qui semble évident ici donne parfois lieu à des commentaires ‘bizarres’ de certains chroniqueurs, mais j’y reviendrai…La mangeuse d’hommes du Surrey (Man-Eater of Surrey Green) souffre de sa fin (sans jeu de mots !) où les tentacules ridicules de la plante attirant ses proies n’ont pas l’effet escompté. Rodney insiste que l’atmosphère est primordiale dans Le fantôme du château De’Ath (Castle De’Ath) alors que l’intrigue, comme souvent, est à oublier (ce que certains chroniqueurs n’ont pas compris). Le charme et les clichés écossais sont l’attrait de cette aventure. Dans Les espions font le service (What the Butler Saw), Rodney Marshall voit une approche comique style bande dessinée de la période couleur bien que la touche stylistique du monochrome soit toujours présente. Le court chapitre sur l’ « épisode cauchemardesque » L’héritage diabolique (The House That Jack Built) permet à l’auteur de conclure que la série est définitivement impossible à classifier dans un genre spécifique.

Parmi les autres travaux, j’aime particulièrement l’analyse de Frank Shailes sur Un Steed de trop (Two’s A Crowd) qui est longue et très intéressante. Elle donne envie de revoir cet épisode souvent controversé. Dans son second chapitre, Petit gibier pour gros chasseurs (Small Game for Big Hunters), Frank évoque un sujet tabou (‘the elephant in the room’), à savoir la question raciale dans la série en citant un poème de Rupert Brooke. Il mentionne aussi l’aspect contemporain des Avengers sur l’issue coloniale qui sera au centre d’épisodes de L’homme à la valise, série plus réaliste.

De nombreux chapitres sont plaisants et remémorent l’épisode étudié. Ainsi, celui concernant Les cybernautes (The Cybernauts) où Richard Cogzell souligne l’importance des scénettes entre Avengers et du vilain. Jaz Wiseman compare l’atmosphère de L’heure perdue (The Hour That Never Was) à celle d’Arrivée, le premier épisode du Prisonnier, et souligne que la série était différente de ses contemporaines. Il regrette néanmoins l’effet Benny Hill du tag final. JZ Ferguson détaille comment une activité à priori rébarbative peut engendrer un épisode divertissant sans être un des meilleurs de la saison pour Le jeu s’arrête au 13 (The 13th Hole). Ce même auteur considère avec raison que La danse macabre (Quick-Quick Slow Death) est un épisode léger avec des passages assez violents. Il soulève aussi la particularité du personnage Nicki, une femme plutôt complice avec Mrs Peel, ce qui est rare dans la série. Le chapitre consacré à L’économe et le sens de l’histoire (A Sense of History) de Darren Burch débute par le passé du réalisateur Peter Graham Scott, très capable pour mixer les scènes en extérieurs et en studio, et l’importance de l’éclairage est soulignée. C’est également à partir de cet épisode que Clemens est totalement aux commandes.

A noter que Le club de l’enfer (A Touch of Brimstone) bénéficie de deux commentaires ; le premier de Piers Johnson est surtout un descriptif détaillé qui met l’accent sur la musique et le décor ; le second de James Speirs évoque la réalité historique et place les Avengers à leur top dans cet épisode qui est son préféré. Le plus vu et censuré de 38’’ en Grande-Bretagne (et banni aux USA), le script est pour Speirs ‘an extraordinary atmosphere of erotic suspense’. Superbement écrit, le descriptif de l’apparition de la Reine des Péchés est génial !

Je ne pensais pas tout d’abord que Dan O’Shea de l’Arkansas avait perçu la fibre Avengers. Bon, il n’aime pas Les fossoyeurs (The Gravediggers) qu’il considère comme un des épisodes les plus faibles. Après tout, c’est son avis (pourquoi le choisir alors ?), mais ses arguments sont faibles. Pour lui, Caroline Blakiston n’est pas à la hauteur et l’interprétation de Ronald Fraser très mauvaise. Même la plupart de ceux qui n’apprécient pas l’opus trouvent au contraire que Sir Horace est un point fort de l’épisode ! Pire, Dan souligne les ‘trous’ de l’intrigue….ce qui est justement à éviter pour cette série ! Pourtant, le même Dan écrit sur Les chevaliers de la mort (The Danger Makers) un des meilleurs chapitres du livre bien qu’il se contredise en qualifiant Sir Horace de mémorable ! L’intrigue est plausible et il n’y a pas de décor Avengerland. L’auteur voit une sorte de documentaire sur le déclin de la Grande-Bretagne sur la scène internationale, un superbe script et certains des meilleurs dialogues de la série. Davenport a un grand rôle et la scène de la boite de chocolats est mise en évidence. Diana Rigg est considérée à son meilleur niveau et la popularité de la Grande-Bretagne traditionnelle personnifiée par Steed se retrouve dans Downton Abbey actuellement. Bref, une excellente analyse. L’approche de Frank Hui sur Comment réussir un assassinat (How to Succeed… at Murder) est discutable. L’auteur reproche à Clemens de dénigrer le féminisme tout en s’en servant et considère que c’est l’occasion ratée de dénoncer le sexisme au travail ! A noter que Hui voit une allusion lesbienne avec l’intérêt que porte Mary Merryweather envers Mrs Peel (la claque que reçoit notre héroïne est identique à celle d’un homme)…Ce n’est qu’anecdotique comparé à ce qui suit…

Venons-en à quelques chapitres qui m’ont interpellé, c’est le moins qu’on puisse écrire. Sam Denham écrit pour le somptueux Cœur à cœur (The Murder Market) que Mrs Peel jouant du tuba engendre un ‘sexual frisson’ dans une scène qu’il qualifie de ‘freudienne’. Mais le ‘pire’ est quelques lignes plus bas au sujet du passage où Lovejoy, Dinsford et Steed sont au buffet. Ils boivent et testent la nourriture. La scène est décrite comme ‘homo-eroticism’ et une sorte d’initiation pour Steed ! Sam voit une rangée de bouteilles soigneusement placée et inclinée au niveau de la taille derrière laquelle les trois acteurs se présentent suggestivement. Une allusion audacieusement provocatrice à ‘une pratique sexuelle alors illicite'. Bigre ! Ce n’est pas un ‘devil mind’ qui écrit ces lignes mais ‘a disturbed mind’ à mon avis. Le summum de l’incrédulité est néanmoins à mettre au crédit de Margaret J Gordon et de sa trilogie. Il est bon de préciser qu’elle est une psychiatre californienne, ce qui explique déjà beaucoup de choses (j’aurais dû commencer par parcourir sa petite bio d’ailleurs avant de lire sa prose). C’est bien simple, la dame voit des phallus partout et la saison (peut-être la série) serait diffusée tardivement si on la prenait au sérieux. Accrochez-vous ! Le méchant Fitch de Meurtre par téléphone (Dial A Deadly Number) est tout simplement comparé à l’abominable et indescriptible nazi Mengele ! Beaucoup d’exagération mais le plus fort est l’interprétation du fameux ‘bleeper’ dont l’aiguille en érection procure une excitation sexuelle à Fitch. Le tueur perçoit le cœur de ses victimes qui reçoivent l’éjaculation mortelle comme un organe sexuel capable de contractions…Le ‘bleeper’ est donc un sex-toy sophistiqué. On enchaine avec Mort en magasin (Death at Bargain Prices) – les deux chapitres se suivent – et, après une comparaison intéressante de Kane avec la destinée de Harry Gordon Selfridge, la pauvre Margaret retourne dans ses délires de phallus. Cette fois, le bâtiment est phallique et les Avengers le castrent en empêchant l’éjaculation de la bombe sur Londres…Dans Maille à partir avec les taties (The Girl from Auntie), on se demande où Margaret va trouver ses plugs favoris : dans les aiguilles à tricoter qui sont, bien sûr, une arme phallique ! Auntie aurait même l’intention d’émasculer Steed avec ! C’est qu’elle y tient à ses phallus la Margaret car dans ce chapitre d’une dizaine de pages, l’adjectif revient trois-quatre fois par page ! Elle va même brièvement évoquer la théorie du genre en guise de pompon. Margaret, il est temps d’aller se reposer après ces délires phalliques et de consulter un confrère de toute urgence….

On va finir par les petits Français qui, ma foi, ne sont pas du tout ridicules dans ce monde anglo-saxon ! Mon confrère du Monde des Avengers, Bernard, présente un superbe chapitre sur l’épisode culte Faites de beaux rêves (Too Many Christmas Trees) même si nos avis divergent sur la fin pour laquelle il aurait préféré une issue plus mystérieuse. Il évoque la culture britannique ce que je fais abondamment également dans mon chapitre consacré à La poussière qui tue (Silent Dust), car je considère que c’est l’une des forces de cette saison. Rodney a même ajouté à mon chapitre deux autres références qui m’avaient échappé car, à chaque vision, il est possible de dénicher de nouveaux repères culturels, ce qui rend cette saison unique.

D’ailleurs, à ce sujet, le dernier chapitre de Rodney Marshall sur Du miel pour le prince (Honey for the Prince) soulève certaines questions importantes. Certes, il voit dans cet épisode, comme je le pense aussi, un carrefour entre le monde subtil en noir et blanc de la quatrième saison et l’esprit bande dessinée de la cinquième. Par contre, Rodney souligne que la fameuse séquence de la danse des sept voiles pourrait être estampillée ‘raciste’ et ‘stéréotypée’. Ce passage, ainsi que l’humour des dialogues, serait critiqué dans la société multiculturelle actuelle. Soit, mais c’est sûrement pourquoi il a gardé tout son charme et que beaucoup l’adorent encore. En tout cas, contrairement à Rodney, la scène bon enfant où le Prince cherche Emma dans son harem ne me met pas mal à l’aise ! Et surtout, il ne faut pas se poser la question de savoir s’il y a ‘quelque chose de malveillant dans le script’ cinquante ans après le tournage. Je sais que le politiquement correct, l’auto-flagellation et la repentance sont à la mode, mais la série est à voir telle quelle, comme on lit un roman d’Agatha Christie (elle aussi ‘soupçonnée’ sur l’autel du politiquement correct castrateur). Comme vient de l’écrire Patrick Macnee au lendemain du décès de Brian Clemens : «Chapeau melon et bottes de cuir fut l'un des éléments clés du succès de la culture britannique dans le monde entier dans les années 60. »  J’ajouterai que la série est pour moi un témoignage historique et un refuge de valeurs dans une Grande-Bretagne devenue excessivement multiculturelle et dont les racines et les traditions tendent à se liquéfier en magma insipide. 

 

Conclusion :   

Pour marquer les cinquante ans de la série sur film, Rodney Marshall eut la superbe idée de faire participer les fans du monde entier à l’élaboration d’un ouvrage unique dans sa conception. La quatrième saison, délicieusement britannique, traite dans de nombreux épisodes de technologie moderne et l’élaboration de l’ouvrage grâce à la dernière grande invention de communication est un véritable clin d’œil à la série. 

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19. Voitures de rêve des séries britanniques

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Auteur : Jean-François Rivière

Publié par Yris dans la collection Télévision en séries.

Format 16X24 cm, 192 pages, 330 photos couleur et n&b.

Les éditions Yris sont spécialisées dans la sortie d’ouvrages sur les séries télévisées :

http://www.yris.net/

Ce livre a deux éditions : 2003 et 2011. La fiche est basée sur la seconde édition sortie le 5 septembre 2011.

Jean-François Rivière, l’auteur du guide, est diplômé en communication et il étudie l'apport publicitaire des séries en termes de ventes pour les marques partenaires appelé le placement de produit.

La couverture présente Steed et sa Bentley verte au premier plan puis l’Elan de Mrs Peel et la Lotus Europa rouge de Tara King. La part belle est faite aux Avengers. La Lotus Seven du Prisonnier et la Volvo blanche du Saint sont juste derrière. Avant le virage, la Jaguar rouge est celle de l’inspecteur Morse (je ne connaissais pas) et, au loin, on reconnaît la Ferrari de Danny Wilde suivie de l’Aston Martin de Lord Sinclair.

Dès l’introduction, l’auteur lie la culture britannique, les séries culte et les voitures d’exception avec maestria et attise l’intérêt du lecteur. Pourtant, la Grande-Bretagne fut à la traine des Etats-Unis dans ce qui est appelé le placement de produit, un procédé aussi vieux que le cinéma : le prêt d’une voiture prestigieuse contre une visibilité hebdomadaire de la marque par les téléspectateurs. Aston Martin fut très frileux pour Goldfinger et Jaguar refusa tout net pour Le Saint.

C’est finalement Volvo et Lotus qui allaient lancer le phénomène en Grande-Bretagne dans les années 60. Evidemment, la Bentley de Steed fut utilisée pour un autre critère, celui de l’excentricité britannique. Néanmoins, Jean-François Rivière souligne dans son ouvrage que ces belles voitures britanniques avaient pour certains modèles des problèmes de fiabilité au grand dam des productions concernées.

Rivière nous conte des histoires passionnantes et des anecdotes de tournage incroyables concernant ces véhicules qui ont fait le succès et l’immortalité de séries britanniques culte par un impact aussi important que les acteurs vedettes en termes de notoriété. Chaque véhicule évoqué est tracé jusqu’à nos jours et beaucoup de ces voitures sont encore visibles aux quatre coins du globe. L’auteur livre tous les détails et astuces qui permettent de reconnaitre les différents modèles utilisés, parfois dans une même scène ! Après les voitures, les lieux de tournage, tout aussi passionnants, sont passés en revue pour toutes les séries étudiées. Parfois, c’est très bref surtout pour les séries que le lecteur connaît parfaitement ! A noter, la localisation des demeures londoniennes des différents héros avec la station de métro permet de préparer studieusement une virée sériesque dans la capitale britannique !

La rubrique ‘Le saviez-vous ?’ est riche en anecdotes. Saviez-vous par exemple que la Volvo du Saint est dans plusieurs épisodes, sans conséquence car en noir et blanc,  ‘blanc crème’ et non pas blanche immaculée ? Des fiches techniques sur chaque série sont également jointes aux chapitres, ainsi que les productions miniatures Corgi dont les prix peuvent atteindre des sommets. Chaque chapitre débute par un bref mais intéressant historique de la série.  A la fin du livre, seize pages d’annexes classent par ordre alphabétique les marques citées et donnent les caractéristiques techniques des modèles vus dans l’ouvrage et les épisodes dans lesquels ils apparaissent. A consulter après avoir regardé un épisode de sa série préférée… 

La première série traitée est Le Saint et ses suites. L’Hirondelle des romans de Leslie Charteris devait devenir une Jaguar dans la série mais, en 1962, la firme refusa. Mal lui en a pris. Volvo réussit un coup de maitre avec ses superbes Volvo P1800S. L’auteur nous apprend par des descriptions détaillées et pertinentes comment les reconnaître car la firme suédoise fournit quatre véhicules aux producteurs (Roger Moore avait sa Volvo personnelle). Bien que modifiée pour qu’elle ait les dernières nouveautés, la Volvo avait tellement d’importance que le script d’un épisode inclut la destruction d’un modèle pour pouvoir installer le nouveau ! La firme avait même fourni un habitacle – une sorte de coquille de noix – pour les nombreux tournages en studio. D’ailleurs, Roger Moore ne tournait que ces scènes car il était doublé dans celles en extérieurs, par Rocky Taylor notamment pour les poursuites autour d’Elstree. Tous les fans savent que les tournages censés se passer à l’étranger sont en studio (sauf pour un épisode à Malte) en utilisant les stéréotypes des pays représentés. Néanmoins, certains lieux londoniens sont exploités autrement que par des images d’archive et Peter Yates (le réalisateur de Bullitt) se permit même le luxe d’une poursuite en plein centre de Londres. Ndlr : la première Volvo a été complètement restaurée et figura au  Classic Motor Show de Manchester en novembre 2012.

Les suites seront beaucoup moins prestigieuses. Pour Le retour du Saint, à la fin des années 70, Jaguar gomma son erreur et proposa la XJS. Ian Ogilvy fut ravi par la vélocité de la voiture et il participa aux scènes d’action aussi souvent qu’il le put. Lorsque l’acteur voulut ramener la voiture en Angleterre, après la fin du tournage en Italie, la boite cassa ! Le Saint de 1989 – une série brève et insignifiante de six épisodes que je ne connaissais pas – eut droit à une Jensen Interceptor. 

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Chapeau melon et bottes de cuir bénéficie du chapitre le plus épais (30 pages).  La série n’a eu recours qu’à des bolides britanniques…pour le meilleur comme pour le pire ! L’auteur nous gratifie d’un historique succinct de la série que tous les fans de ce site connaissent : l’importance de Brian Clemens, la Bentley verte 1927 de Steed et la Lotus Elan S2 blanche de Mrs Peel. C’est Lotus qui sollicita les producteurs – sûrement pour le marché US - et la Lotus Elan fut parfaite à l’exception de ses phares escamotables qui s’ouvraient et se fermaient inopinément ! Très appréciée par Diana Rigg, Mrs Peel roule dans une Lotus Elan S3 bleue lors de la saison couleur. Par gain de temps, les acteurs étaient souvent doublés pour les scènes en extérieurs – voir les photos sur les fiches des épisodes du site -  et Patrick Macnee n’était pas très à l’aise dans ces voitures de collection. Comme Clemens, l’acteur regrette l’abandon de la Bentley pour des Rolls dans la saison 6. Linda Thorson avait échoué à cinq reprises à son permis de conduire et elle fut évidemment doublée pour les scènes de conduite. L’auteur évoque surtout l’AC 428 bordeaux, véhicule très rare, que conduit Steed puis Tara (photos n&b et couleur), mais la Lotus Europa rouge, pourtant bien plus emblématique du personnage, ne bénéficie d’aucune photo, tout comme la Jaguar ‘Big Cat’ de Steed des New Avengers. Deux voitures qui méritaient un document iconographique (photos du bas). 

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Les New Avengers ont bénéficié d’une flotte considérable de véhicules British Leyland (Jaguar, Rover, Triumph, MG) mais, à part les Range Rover, ce fut une catastrophe point de vue fiabilité ! British Leyland comptait sur la série pour promouvoir son dernier ‘joujou’ et le cacha de la vue des journalistes sous des bâches entre les tournages ….mais il tomba souvent en panne. Quant à Purdey, Joanna Lumley compara la Triumph TR7 qui lui fut attribué à un camion ! Les Jaguar rouges de Gambit tombèrent tellement en panne que la production fut obligée d’en louer chez Avis…Pour le tournage au Canada, les voitures ont dû subir des modifications pour se conformer aux lois nord-américaines. 

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Jean-François Rivière passe succinctement sur les lieux de tournage en faisant un choix subjectif et il précise qu’on pourrait écrire un livre sur le sujet. Mais il existe déjà ! L’excellent The Avengers on Location de Chris Bentley.

Il termine le chapitre par une évocation rapide et un peu décousu du tournage à Paris et au Canada.

La série fait bien entendu partie de celles pour lesquelles j’ai rédigé des chroniques pour Le monde des Avengers et j’ai repéré quelques petites erreurs. Entre autres, seuls trois épilogues des épisodes de la cinquième saison – et non pas tous -  furent tournés avec des voitures de la collection de Lord Montaigu à Beaulieu. La fameuse scène de Steed dans le ‘Big Cat’ n’est pas dans Le château de cartes mais dans Jeu à trois mains. L’appartement de Tara se trouve à Chalcot Crescent et pas Chalfont Crescent (là, les fans ne trouveront jamais !), Cyd Child ne double pas Diana Rigg lors de la quatrième saison….

Destination danger présente les aventures de l’agent John Drake – l’antithèse de James Bond -  au volant de son Austin Mini Cooper blanche, un symbole des années 60. Très souvent en vadrouille à l’étranger, il utilise des ‘produits locaux’ comme une Fiat en Italie ou une DS cabriolet en France. Beaucoup considèrent que c’est le prologue du Prisonnier. Tournés dans les studios MGM de Borehamwood, les scripts étaient adaptés en fonction des vieux décors disponibles ! Il y eut peu d’extérieurs mais celui de Portmeirion eut des conséquences. A part cela, les alentours des studios et quelques lieux touristiques londoniens ont fait l’affaire. Pris en sandwich entre les deux séries McGoohan, Le Baron, courte série méconnue sans grand intérêt, détonne un peu. Pâle copie du Saint, sa présence est dispensable, surtout qu’il manque au moins une série bien plus charismatique (j’y reviendrai). John Mannering, interprété par Steve Forrest, est un antiquaire qui roule en Jensen CV 8, voiture très rare. Après cette parenthèse, Jean-François Rivière évoque une des séries culte parmi les cultes : Le prisonnier et la Lotus Seven que Patrick McGoohan choisit personnellement dans les usines de la marque qu’il préféra à l’Elan de Mrs Peel. De 7 épisodes, la série passa à 17 avec cette fin si controversée qui enragea les téléspectateurs de l’époque. La série est l’œuvre de McGoohan qui justifia le dénouement par : ‘C’est nous-mêmes prisonniers de nous-mêmes’. Avec ça…La fameuse Lotus du générique fut exportée car la production n’avait pas envisagé de la réutiliser. Par conséquent, la voiture lors des autres apparitions n’est pas la même et parfois même un autre modèle. Les taxis du village sont les Mini Moke très en vogue dans les années 60 et qu’on voit dans Dans sept jours le déluge des Avengers. La résidence du Numéro 6 est 1, Buckingham Place (ndlr : à cinq minutes à pied de celle de Lord Sinclair) et le lieu de tournage, dévoilé qu’au dernier épisode, est Portmeirion que je découvris un soir d’été complètement désert ! La série fut tournée aux studios MGM de Borehamwood. 

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Le chapitre sur Amicalement vôtre bénéficie d’un petit historique très intéressant et la série au budget conséquent n’eut pas de succès aux USA avec la concurrence de Mission impossible (quelle faute de goût !). L’Aston Martin DBS orange (moi, je la vois jaune) de Lord Brett Sinclair est une vedette du show et son pédigrée est détaillé jusqu’en 2003. Pas de mention par conséquent de son rachat à des enchères en mai 2014 pour plus de 600 000€ ! 

La Ferrari rouge 246GT de Danny Wilde appartenait déjà à un particulier lors du tournage (la plaque italienne est authentique). Elle apparaît dans deux fois moins d’épisodes que la DBS (je n’avais pas remarqué), mais elle a tellement souffert pendant l’année de tournage que le producteur ne l’a finalement pas rachetée. Parmi les autres véhicules utilisés, il y a une des premières Range Rover qui sied parfaitement à la campagne anglaise, mais la collaboration fut brève suite au manque d’entrain de British Leyland. Le riche chapitre des lieux de tournage peut être la source d’un week-end londonien dédié à la série à partir du 15, Queen Anne’s Gate, la résidence de Sinclair. L’hôtel de Paris à Monaco est mentionné. Actuellement en rénovation, Roger Moore annonce sa venue pour sa réouverture en…2019 !

Pour ceux qui auront plus de temps, les somptueuses résidences aux alentours de Londres sont évoquées, dont celle de Roger Moore à l’époque. A noter que le Pays de Galles a servi de doublure pour l’Ecosse, le sud de la France, l’Espagne et l’Italie ! La série fut tournée à Pinewood et aux alentours (forêt de Black Park) et sur la Côte d’Azur. 

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L’aventurier, série pâlotte avec Gene Barry dans le rôle d’un homme d’affaires acteur espion. Un acteur américain pour le marché US, mais la série fut stoppée au bout de deux épisodes au pays de l’Oncle Sam. Le héros roulait en Chevrolet Corvette d’où sûrement la présence de la série dans l’ouvrage ! Poigne de fer et séduction retrace l’univers de luxe de trois détectives. Robert Vaughn alias Harry Rule roule en Jensen et en Ford Mustang (voiture immortalisée par Bullitt) et le tournage de deux saisons non reconduit s’effectua, comme la série précédente, à Elstree avec une visite de grandes villes européennes dont Paris. A noter que Vaughn et la production étaient à couteaux tirés et que le générique a emprunté des vues à un James Bond (découvrez lequel !).

Les professionnels, série culte au Royaume-Uni, ont roulé en Ford dès la seconde saison et le témoignage de Brian Clemens concernant British Leyland est édifiant. Il fallait des voitures robustes et les Capri remplirent leur rôle à merveille. La série fut tournée dans la campagne anglaise et la banlieue de Londres. Les nouveaux professionnels, tourné quinze ans plus tard, ont vite été oubliés malgré la présence de l’Equalizer Edward Woodward et une équipe ‘Avengers’ autour de Brian Clemens. John Nettles fut Bergerac, le flic de Jersey, pendant une décennie. Le héros roule dans une Triumph Roadster peu fiable et le bruit moteur, désagréable, fut ‘doublé’ par un autre plus harmonieux !

Comme précisé sur les fiches Mission casse-cou du site, Harriet Makepeace possède une Ford Escort (grise puis blanche dans la troisième saison) et Jim Dempsey une Mercedes 350 blanche (grise dans l’ultime saison). A noter une petite erreur car la Mini de Harriet est détruite dans le superbe dénouement de l’épisode Enlèvement et non pas au terme du pilote comme précisé dans l’ouvrage. La série est en effet tournée dans la banlieue de Londres, dans les zones industrielles rénovées luxueusement de nos jours, mais pas seulement : la série a également été tournée dans le centre de Londres ce qui n’est pas évoqué ; par exemple, la production a remercié le British Museum pour avoir permis le tournage du dernier épisode. 

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L’inspecteur Morse est la dernière série évoquée. Un des plus grands succès de la TV britannique tourné à Oxford et l’auteur des romans a adapté son œuvre à la série, car son héros ne conduisait pas ce genre de voiture. Morse est en effet le policier célèbre pour écouter du Mozart dans sa Jaguar rouge…rénovée après être sortie d’une casse ; ce n’est pas pour rien que cette voiture clôt le livre : l’acteur John Thaw la refusa après le tournage et Lord Montagu déclina l’offre pour son musée de Beaulieu. A noter que Rivière précise dans l’annexe que John Thaw a joué dans The Sweeney, une série que l’auteur qualifie d’‘inédite’ en France. En fait, quelques épisodes sur les 53 furent diffusés le samedi soir en seconde partie de soirée dans les années 70 sous le titre Regan

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Conclusion :   

Cet ouvrage est une occasion unique de se plonger dans l’univers de ces voitures prestigieuses qui furent indissociables des héros de nombreuses séries cultes. Elles font partie indéniablement du patrimoine et de la culture britannique. Qui n’eut pas envie d’être au volant d’une voiture britannique, même si beaucoup d’entre elles tombaient souvent en panne à l’instar des British Leyland des New Avengers et de ma première voiture, une Austin Maestro qui ne supportait pas l’humidité, un comble pour une Anglaise !

Le livre de Jean-François Rivière enthousiasmera aussi bien les fans de séries cultes que ceux de voitures emblématiques. ‘Nothing is perfect’ et je regrette que la vieille Hillman Imp de L’homme à la valise ne soit pas évoquée. Moins prestigieuse que certains véhicules du livre, elle avait néanmoins sa place. Même si la série est américaine, la Jaguar XJ 6 Series III de l’Equalizer fait également défaut. Si beaucoup des véhicules ‘survivants’ sont en Grande-Bretagne, une Rolls-Royce Silver Shadow a été acquise par un Français : elle a servi pour les tournages, entre autres, d’épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir et d’Amicalement vôtre

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©Denis Chauvet / Estuaire44

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