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Présentation saison 1

Buffy contre les vampires

Film : Buffy, tueuse de vampires (1992)


1. BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRES
(BUFFY, THE VAMPIRE SLAYER)

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Résumé :

Au lycée Hemery, dans la banlieue de Los Angeles, la jeune Buffy connaît l’existence habituelle d’une jeune fille de son âge. Alors qu’elle se consacre aux sorties entre copines et aux répétitions de  pom-pom-girls, Buffy voit son destin bouleversé par sa rencontre avec le mystérieux Merrick. Celui-ci lui révèle qu’elle est la nouvelle incarnation de la Tueuse, appelée à défendre l’humanité contre les Vampires. Formée par son mentor et aidée par le valeureux Pike, elle va lutter contre le puissant Vampire Lothos et son âme damnée Amilyn. Ceux-ci prennent les  élèves pour cible et le combat final se déroule au gymnase du lycée, lors d’un bal. 

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Critique de Clément Diaz :

Au secourrrrrrrs, ouaaaaaah, je meurrrrrrrrrrs !

Ce film est trop nuuuuuuuuul !

On ne ressort pas indemme du visionnage du film Buffy, suceuse de cerveaux, euh, je veux dire de Buffy, tueuse de vampires. En effet, tout comme de nombreux nanars de série B ou Z (ou dans le cas présent ZZZZZ), on émerge de cette expérience unique avec le sentiment d’accomplir un devoir de citoyen en réclamant le remboursement (avec dommages et intérêts) du DVD et celui d’avoir croqué un fruit défendu qui avait l’air pourri et qui en fait… était bel et bien pourri ! Mais un fruit euphorique, un bon gros navet divertissant et amusant par son ridicule affligeant. Tellement consternant qu’il en devient comique. Energisant de crétinerie, c’est un film qui donne la pêche, à mettre en cas de déprime pour penser que finalement, il existe des gens bien plus déprimants que nous…

On reste pantois devant le travail de l'équipe à massacrer aussi joyeusement le script original de Joss Whedon. Cependant, le film hésite trop entre sérieux et 123e degré et c'est là sa faiblesse : Ou bien, on voulait faire un film "normal" et c'est un ratage total à cause de scènes du dernier ridicule. Ou bien, on voulait faire un bon nanar bien débile et justement, quelques éléments "réussis" du film l'empêchent d'atteindre ce niveau de lecture.

Alors, commençons par tirer sur l'ambulance : d'abord, mis à part le trio principal (Swanson-Sutherland-Perry), on assiste à un véritable concours d'outrance à faire passer Aldo Maccione pour l'égal de James Stewart. La palme revient de très loin à Paul Reubens qui est époustouflant quand il s'agit de jouer mal : mimiques excessives, maquillage horrible, bouche toujours grande ouverte, yeux qui roulent... il a droit à mon admiration éternelle pour cette splendide anti-performance où chacune de ses apparitions déchaîne le rire (sa voix française, qui s’est apparemment trompé de studio de doublage, devrait vous achever définitivement). La scène où il agonise pendant des heures est un grand moment de rigolade, digne des pires scènes des pires nanars ! Quand on sait que cette scène fut improvisée par le comédien, notre vénération est quadruplée pour une telle trouvaille !

Buenos dias amigo ! Tu sais qui je suis ? Je suis Paul Reubens, et je suis le plus mauvais acteur de la decennie, mon bras à couper que j'te mens pas !

Mais dans le genre, Rutger Hauer, apparemment sous dose massive d'ecstasy, n'est pas mal non plus : son apparition, tout dentier dehors, le fait davantage ressembler à un clône raté de Dracula trépané qu’à un véritable génie du mal. Son comportement dans la scène finale vaut son pesant d‘or : il est si grotesque, avec ses répliques à s’étrangler, ses sourires "terrifiants" et ses gestes de pantin hystérique qu’il brise toute résistance du spectateur qui n’a plus qu’à prier qu’il se fasse dézinguer au plus vite. Le reste du casting avec greluches sans cervelle et beaux mâles d'un vide intellectuel sidérant ne dépare pas non plus. L’apothéose du film est bien entendu l'arrivée des vampires à l'entrée de la salle de fête : on va tellement loin dans le débilissime que ça en devient génial, tous les records de cabotinage sont pulvérisés !

 

Quoi, nos gueules, qu'est-ce qu'elles ont nos gueules !!! Quelque chose qui ne va pas, Elles ne te reviennent pas...

Mais là, où on atteint les sommets, c'est bien sûr dans la mise en scène (ou plutôt l'absence de mise en scène) de Fran Rubel Kuzui. C'est bien simple : le film volait déjà pas haut mais alors là, avec la "réalisation", on vole plus, on rampe sous terre à la vitesse d'une taupe gavée au viagra cafeiné tellement toutes les scènes foirent avec une constance hallucinante : l'attaque de Benoît est atrocement mal filmée avec en plus Merrick qui arrive quelques secondes plus tard comme un cheveu sur la soupe ! Erreur de montage ? Et je ne parle ni de la poursuite en voiture complètement foutrarque, de la scène de la mort de Merrick avec des angles de caméra impressionnants d'inutilité ni le duel final transformé en kermesse clownesque par une caméra qui a l'air de se demander ce qu'elle fiche dans cette Berezina !

Quant aux scènes de combat, elles peuvent rassurer Chuck Norris : aucune concurrence à craindre tellement les coups (de poing, de sabre, de pieux...) sonnent tous faux. Bonus offert gracieusement par la directrice d'acteurs : des expressions d'horreur caricaturales de la part des victimes qui font davantage s'esclaffer qu'horrifier. Et comme pour bien nous rassurer que la "réalisatrice" tient consciencieusement son pari de faire saboter le film jusqu'au bout, elle nous colle un générique de fin tellement pitoyable (les sentiments des différents protagonistes du film après cette catastrophe) qu'on regrette déjà tout ce qui vient de précéder ! Ce qui est quand même un superbe exploit en la matière.

Alors, l’auteur de ces lignes s’appuie sur la VF du film et le fait d'avoir dans un teenage movie un duo central qui s'appelle Bichette et Marcel (Tu chauffes...) sans oublier le sieur Benoît suffit à faire exploser de rire ! Si la VF est correcte encore une fois pour le trio central, elle sombre dans un abîme vertigineux quand il s'agit des autres rôles : les voix vont tellement mauvaises qu'on se demande comment une telle abomination est possible ! Bon, on est certes pas au niveau de Jaguar force mais c'est déjà pas mal. Mais déjà que les nunucheries débitées avec une constance éloquente en VO relevaient déjà des clichés propres aux adolescentes de cet âge qui sont évidemment toutes des tartes ne révant que d'Adonis (si possible richards et cerveau non obligatoire), de fringues, de pom pom girls, de maquillage, etc. Autant la plus-value qu'apporte la VF fait voguer au-delà de la parodie cette chose dont on peut douter qu'elle mérite de porter le titre de film.

Tant vont les cruches à l'eau qu'à la fin elles nous les cassent !

Je passerai sous silence les horribles tenues estudiantines dont le goût douteux en font de dignes précurseurs de Lady Gaga.

Les décors en carton-pâte auraient fait pâlir de jalousie un Ed Wood en dépôt de bilan, tellement leur artificialité (cimetière, route, repaire du maître) n’a d’égale que leurs couleurs ternes (la scène du bal), révélateurs du fait que les décorateurs étaient payés au pack de bière du kebab d’à côté.

Dernier problème : des longueurs lexomilantes à répétition et des scènes d'action à faire bailler un insomniaque qui s'est enfilé 300 seringues de fortifiant précipitent le film dans un ennui profond. Il faut avoir pris garde de laisser avec soin son cerveau au vestiaire pour apprécier ce film à sa juste valeur.

Curieusement, on peut trouver quelques points forts dans ce film : d'abord, Kristy Swanson s'en sort plutôt bien, surtout quand elle commence à évoluer de la gamine débile et superficielle en adulte plus ou moins responsable. Cela devait faire partie du scénario de Whedon car on pressent la direction qu'aurait pu prendre le film s'il avait pu en garder le contrôle. Ainsi, la scène où elle se dispute avec ses trois amies (dont Hilary Swank dont on se demande bien quelle crime odieux elle a commis pour échouer dans ce truc-là) qui ont l'intelligence d'un autiste lobotomisé, est très bien faite : on se rend compte du chemin qu'elle a parcouru psychologiquement. De même, Luke Perry, en bénêt hors-classe, a très bien compris ce qui lui tient de rôle et ne surjoue pas trop. Donald Sutherland est lui, excellent et très drôle. Surtout quand il se présente à Buffy : il lui dit qu'elle doit tuer des vampires, le suivre dans le cimetière, qu'elle est l'élue, etc. avec un sérieux qui force l'admiration. Le pire, c'est qu'il s'attend à ce que son interlocutrice comprenne tout de suite ce tout petit changement de vie aussi rapidement ! Enfin, même s'il a subi les derniers outrages, le scénario de Joss Whedon n'a pas perdu sa volonté de profondeur et sa complexité, on peut l'entrevoir dans ce film qui offre pas mal de surprises et quelques jolis rebondissements (hélas passés à une moulinette dont la pitié serait comparable à celle du futur Angelus). Enfin, comme le fit remarquer Luke Perry dans une interview, l'amusante inversion des rôles avec Pike/Marcel en "demoiselle en détresse" et Buffy/Bichette en chevalier sans peur est bien rendue. Enfin, les dialogues sont certes anodins mais pas trop mauvais.

La BO n'est pas désagréable mais sans saveur. Quant à Robert Schumann, le fait de voir son quintette en mi bémol majeur op.44 joué par Lothos a certainement dû le transformer en ventilateur dans sa tombe. Le numéro des pom pom girls est pas mal (par contre les crédits de début dans un rose criard introduisent, par un mauvais goût total, à merveille le film qui le suit). 

Je m'appelle Lothos, je suis le génie du mal : je massacre du Schumann avec des gants et sur un violon made in Thailandia. Ca fait peur hein ?

Le pire est que ce film se veut sérieux quand il s'agit de traiter la métamorphose de Buffy mais hélas, les "nanaritudes" du film détruisent tout espoir de le voir remonter la pente. Joss Whedon voulait déjà traiter par l'humour fin et par l'intensité dramatique le parcours initiatique et douloureux d'une jeune fille vers l'âge adulte, perdant ses illusions, donc une sorte de comédie dramatique. Mais Kuzui et son équipe font valser le scénario du talentueux créateur de la série future en en faisant une parodie de film d'horreur. Ils ne se sont manifestement pas rendu compte que le film en lui-même est une parodie de parodie lourdingue et souvent mièvre (Ah ! La si kitsch danse finale entre Bichette et Marcel...). On comprend mieux pourquoi Whedon a renié cette chose.

Bref, un carnage redoutable mortellement ennuyeux mais amusant par sa débilité intrinsèque, ses quelques éclairs d'intelligence et son incohérence régulièrement absolue. 1/4 est bien entendu la seule note qui convient mais sous une autre plume, celle d’un fan de nanar de ce genre par exemple, il n’est pas dit qu’une note plus élevée n’aurait pas été envisagée. Maintenant, reconnectez vos méninges, on va passer aux choses sérieuses !

Oh oui, barrons-nous loin d'ici ! Avec un peu de chance, on pourra rattraper les spectateurs.

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Critique d'Estuaire44 :

Autant il semble naturel de comparer un film à une série qu’il prétend adapter, autant il nous semble injuste, voire déloyal, d’écraser la Buffy de 1992 par la série évènement lui ayant succédé. Que l’on ne compte pas sur nous pour comparer les copains débiles de la première Buffy aux captivants membres du Scooby Gang, le pâle Merrick au subtil Rupert Giles, des acteurs vétérans venus tristement cachetonner à de brillants jeunes talents embrassant pleinement la chance de leur vie, les vampires grotesques à Angelus et à son clan aussi trouble que fascinant, une pochade mi ridicule, mi sympathique à un programme ambitieux explorant l’âme humaine comme rarement, une protagoniste décalquée des Teen Movies ou autres Prom Queen Movies et celle dont on suit la destinée avec une empathie de chaque instant, etc. Non, nous n’évoquerons pas tout cela, ce ne serait pas correct.

Et, de fait, une fois délivré de cette comparaison, le film reprend quelques couleurs. Même si exploitée de façon souvent grotesque, l’idée de mixer la comédie adolescente californienne au Fantastique horrifique reste astucieuse en soi. D’une manière similaire à ce que l’on ressentira bien des années plus tard devant Avengers: Age of Ultron, on peut s’amuser à deviner le combat mené en arrière plan entre les producteurs et un Joss Whedon parvenant de ci de là à sauver de la médiocrité mercantile quelques scènes et concepts, comme le doute existentiel de Buffy ou quelques répliques qui claquent (Excuse me for not knowing about El Salvador, like I'm ever going to Spain  anyway).

 On éprouve aussi l’envie de défendre la très jolie Kristy Swanson, qui, à défaut d’absolument briller par la finesse de son jeu, évite le ridicule, surprend parfois au détour d’une scène d’émotion et manifeste une belle énergie dans l’action. Elle reste visiblement le seul membre de la distribution à réellement croire dans le film et à s’y impliquer, c’est à porter à son crédit. Les nostalgiques voguant allègrement vers la cinquantaine apprécieront le look encore très 80’s des personnages et une bande son d’époque comportant quelques pépites, tels le We Close Our Eyes de la fabuleuse Susanna Hoffs, ou le Party With The Animals d’Ozzy Osbourne.  

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Mais ce sont bien évidemment les amateurs de Nanars qui seront avant tout à la fête, comme l’ont bien compris les facétieux traducteurs français à qui l’on doit les épatants Bichette la Terreur et son Marcel (toute la VF est un régal de second degré finissant de joyeusement trucider le film, jurisprudence Ken le Survivant). La crétinerie pachydermique de la plupart des gags nous fait déjà prendre notre envol vers le Nanarland, où le jeu intensément mauvais des comédiens  assure un atterrissage en fanfare. Si Luke Perry nous fait l’amitié de demeurer totalement transparent dans le rôle de l’ineffable Pike, des talents en herbe comme David Arquette ou Hilary Swank (deux Oscars à son actif en 2015), nous infligent d’insupportables numéros de cabotinage suppliciant le spectateur. C’est amusant les premières minutes, après nos nerfs sont à vif. Ayons une pensée pour eux, qui ne seront plus jamais à l’abri d’une rediffusion de ces images au détour d’une émission télévisée. Les autres seconds rôles (souvent des poncifs de la Valley) se montrent indistinctement nuls, à l’instar d’une mise en scène inexistante, notamment lors de combats risiblement chorégraphiés.

Mais c’est bien avec les Vampires locaux que le film touche le fond, leur ridicule caricature achevant de le priver de toute crédibilité (d’ailleurs le récit n’explique nullement comment des lycéens à peu près aussi navrants ont pu finalement les vaincre durant la bataille du gymnase).  Paul Reubens exécute un numéro totalement boursouflé, mais c’est avec le Lothos de Rutger Hauer  que l’ensemble vire au drame. Si Donald Sutherland  vient cachetonner, pour payer ses impôts ou v faire bouillir la marmite, son Merrick est simplement inexistant, ne dégageant jamais rien de lui-même ou de sa relation avec Buffy. Mais il échappe à ce grotesque dans lequel s’ensevelit toujours davantage Hauer. Quand on songe, entre autres, au Roy Batty de Blade Runner ou au Navarre de Ladyhawke, c’est une authentique tristesse qui nous étreint, au rebours de l’amusement parfois suscité par ce Nanar inoffensif et très daté.  

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Anecdotes :

  • S’estimant trahi par les producteurs ayant dénaturé son scénario et par une mise en scène catastrophique, Joss Whedon se retira du projet dès les premiers jours de tournage. Par la suite il demeura constant dans ce refus de considérer le film comme un prologue officiel de la série. On peut d’ailleurs percevoir toute la première saison de Buffy The Vampire Slayer comme une vaste récriture du film, y incorporant déjà noirceur, profondeur psychologique et sens de l’image.

  • Le thème qu’interprète Lothos au violon est la partie Allegro Brillante du Quintet de Piano Es-dur op. 44, de Schumann.

  • Hilary Swank fait ici ses débuts au cinéma, après ses quelques apparitions à la télévision.

  • Alyssa Milano fut dans un premier temps envisagée pour le rôle de Buffy.

  • Le joueur brièvement aperçu durant le match de basket face au vampire est interprété par Ben Affleck (qui deviendra bien plus tard l’Homme chauve-souris).

  • Seth Green apparaît très brièvement dans le film, il est le vampire roux frappé par Buffy à l’extérieur du gymnase, lors de l’affrontement final.

  • Le film fut loin d’être un échec au box office, dépassant les seize millions de dollars de recette pour un budget estimé à sept.

  • Buffy indique que ses buts dans la vie sont : être diplômée, aller en Europe, épouser Christian Slater et puis mourir. Dans la série elle va réaliser trois de ces objectifs,

  • Le lycée servant de décor à l’action est le John Marshall High School, à Los Angeles (1931).  Son architecture Néo Gothique et la proximité d’Hollywood lui valent de figurer dans de nombreuses production s : Les griffes de la Nuit, Supernatural, Boston Public, Hannah Montana, Grease

  • Paru en 1999, le Comics The Origin reconstitue le film tel que vu par Joss Whedon. Celui-ci a d’ailleurs globalement approuvé la démarche et indiqué qu’il le considérait comme pouvant être accepté comme canon au sein du Buffyverse. Le Merrick apparu dans les albums et d’ailleurs celui de la série (première partie de l’épisode Becoming) et non celui du film. Dans le Comic Buffy raconte à Willow et Alex comme elle a appris qu’elle était la Tueuse et la narration utilise habilement son ressenti pour justifier les différences subsistant avec la série, notamment pour lors du  portrait de Joyce. 

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