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Les Brigades du Tigre (1974-1983)

SAISON 2 (1975)

 


7. COLLECTION 1909

Résumé :

1909  Des fuites au sommet de l’État conduisent Valentin dans le milieu de la haute couture et de la politique. Tout se complique lorsqu’un mannequin est assassiné. Une sombre histoire de chantage impliquant des personnalités importantes peut briser la carrière du commissaire.

Critique :

Des secrets d’État s’évaporent dans la haute administration et le président Clemenceau en personne charge confidentiellement Faivre et la première brigade mobile d'en découvrir les origines. Introduit par Hector, un pseudo marquis, dans le gratin du « Tout Paris », le commissaire Valentin concentre bientôt son attention sur le salon de couture d'une ancienne courtisane renommée, Madame Solange de Wambrechie, car ce lieu de rencontre est prisé des diplomates et hauts fonctionnaires. Lorsqu’un mannequin s’effondre, mortellement touché, lors d’une présentation, les recherches s’orientent vers le photographe qui a disparu. Le portrait-robot précipite son élimination, mais l’identité de l’individu conduit Valentin à son ancien patron, Max le flamand, un caïd orgueilleux, sûr de lui, qui vit soi-disant retiré dans un moulin. 

Après un début un peu poussif, l’épisode devient plaisant et des ‘découvertes’ sont évoquées, qui s’avèrent prépondérantes pour l’enquête (le silencieux et le portrait-robot, une invention que Terrasson s’approprie). En fait, Valentin met à jour un réseau de prostitution, mais ce terme n’est jamais employé dans l’épisode ! Madame de Wambrechie n’est qu’une mère maquerelle qui a de puissantes protections politiques et la visite inopinée du sénateur le démontre au commissaire Valentin. Les filles de luxe prennent des clichés compromettants de leurs illustres proies – des politiciens véreux –, ce qui permet au truand Max d’organiser son chantage et de monnayer des secrets d’État. C’est en se rendant chez Coco, une de ces demoiselles, pour prendre le thé, que le commissaire s’aperçoit de la supercherie en échangeant un fougueux baiser avec la belle.

Les meilleurs passages de l’intrigue sont Valentin en dandy oisif qui s’ennuie, l’énigmatique chauffeur barbu posté en surveillance devant le siège des brigades, la scène du scaphandrier et, bien entendu, le tea-time de Valentin dans la somptueuse demeure de Coco. C’est néanmoins la fin mouvementée, avec sûrement la plus longue fusillade de la série lors de l’assaut du moulin et les deux combats, qui est le clou de l’épisode, et ce final vaut bien une botte de plus. « Mesdames, j’ai bien l’honneur. »

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 9 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Mireille Audibert, qui incarne le mannequin Coco Bertin, était une comédienne de cinéma, télévision et doublage. Elle est née en 1944 et décédée en 1993 des suites d’une longue maladie. Elle avait joué aussi dans La Dame de Monsoreau.

o Philippe Brigaud, Ortega, a joué dans d’autres épisodes : Visite incognito, Don de Scotland Yard, Les demoiselles du Vésinet, Lacs et entrelacs.

o Raoul Curet (1920-2016) incarne Clemenceau dans cet épisode ; il sera Poincaré dans Le complot.

o René Deltgen, Max, était un comédien luxembourgeois (1909-1979), d’où l’accent du personnage.

o Luce Garcia-Ville (1932-1975), Mme de Wambrechie, s’est donnée la mort, peu après le tournage. Elle a surtout brillé sur les planches.

o Jacqueline Fontaine, la couturière, jouera dans deux autres épisodes : Le vampire des Karpathes, Lacs et entrelacs.

o Pauline Larrieu, Emilienne, le mannequin assassiné, est Béatrice dans Commissaire Moulin.

o Robert Lombard (1921-2003), le sénateur conseiller général Martin-Touffier, reviendra dans l’épisode Les enfants de la Joconde.

o Guy Grosso est au générique du début, mais il n’intervient pas dans cette aventure. Il est Bertouin, un membre des brigades, dans L’auxiliaire, Les compagnons de l'Apocalypse, et Le défi.

o Terrasson compare Valentin, habillé en dandy, avec Brummell. George Bryan Brummell, dit « Beau Brummell », né le 7 juin 1778 à Londres et mort le 30 mars 1840 à Caen, est un pionnier du dandysme britannique durant la Régence anglaise (Source : wikipedia).

o Valentin évoque qu’il a vu un certain Picasso, ‘protégé de la baronne de je-ne-sais-plus-trop-quoi’.

o Dans le prélude, Paul Poiret (1879-1944) est mentionné. Grand couturier français, connu pour ses audaces, il est considéré comme un précurseur du style Art déco . Sa marque commerciale est un turban très enveloppant orné d'une aigrette.

o Le silencieux pour arme à feu a été inventé en 1908 par Hirnam P. Maxim aux États-Unis. Au début, le silencieux était posé sur des armes de luxe et ne marchait que sur certaines carabines et pistolets à un seul coup.

o Faivre annonce la révocation de Valentin car le gouvernement Clemenceau vient d’être renversé. Cela situe l’action au 20 juillet 1909. Valentin : ‘Si c’est une mauvaise nouvelle, je préfère la prendre debout’.

o Chose rare : Faivre se sert d’un révolver dans le final : ‘Cela me rappelle ma jeunesse !’.

À noter l’inscription Fatalitas au mur juste après le combat à mains nues de Valentin avec le garde. Est-ce une référence aux Aventures de Chéri-Bibi de Gaston Leroux ?

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8. L'AUXILIAIRE

Résumé :

1910  La nièce du roi de Norvège est enlevée en plein Paris. Après fausse piste et piétinements, Valentin décide de faire appel à une auxiliaire, une femme policière, pour élucider une vague de kidnappings sans exigence.

Critique :

Un épisode intéressant à la revoyure, car je l’avais certainement sous-estimé. La propre nièce du roi Haakon, la jeune et jolie Christina Knudsen, est kidnappée à Paris à la sortie d'un bal musette. Au moment où la Norvège, récemment séparée de la Suède, a des chances de devenir un partenaire commercial privilégié pour la France, ce grave incident vient compromettre les toutes nouvelles relations économiques entre les deux pays. Aucune rançon n’est exigée et c’est le statut de Christina qui va permettre aux Brigades de démasquer une sinistre entreprise criminelle. Des mormons fanatiques, installés en France, enlèvent des jeunes femmes blondes afin de créer une race aryenne, deux décennies avant le nazisme.

L’histoire d’enlèvements est une trame simple et quelques éléments intéressants se greffent pour étoffer l’intrigue principale ; évidemment, la séquence Jujitsu est du remplissage sympathique. Par contre, le journaliste au Gaulois Durieux et l’escroc opportuniste Kutz permettent de patienter avant de passer aux choses sérieuses. L’enveloppe posthume du journaliste apporte de surprenantes révélations et aiguille les Hommes du Tigre sur Malcolm Young et la série de jeunes femmes semblables enlevées.

La seconde partie est marquée par l’entrée de la pétillante Antoinette – l’attrait de l’épisode  en auxiliaire, qui sert d’appât dans un bal de banlieue. Piégée également, elle se retrouve prisonnière dans la clinique d’un individu malsain, mais sa débrouillardise et son ingéniosité faciliteront la tâche des Brigades Mobiles pour mettre fin aux agissements des mormons.

Les meilleures séquences sont la longue fausse remise de rançon en pleine forêt (on se demande néanmoins pourquoi l’ambassadeur parle à voix haute), la séance de tir (Pujol se prenant une baffe : ‘Et pan, dans le mille’), l’enlèvement d’Antoinette et la poursuite qui s’ensuit, et l’interception des ‘infirmiers’. Quant au final, il faudra m’expliquer comment dix policiers (et un chien) peuvent tenir dans la minuscule ambulance, et à quoi est reliée la sonnette du gourou Brown.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 11 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Marie-Claude Mestral interprète Antoinette, l’auxiliaire. Elle est la fille d’Armand Mestral, le célèbre acteur et chanteur, qui jouera dans Le cas Valentin. Elle avait un petit rôle dans La scoumoune avec Belmondo.

o Bruno Dietrich (1939), Louis, est un acteur allemand. Il a joué dans plusieurs épisodes de Derrick et du Renard…

o Van Doude (1926), Malcolm Young, jouera dans Les fantômes de Noël.

o Guy Grosso (1933-2001) a joué dans quatre épisodes de la série. Dans deux autres (Les compagnons de l'Apocalypse, Le défi), il est de nouveau Bertouin. Il remplace ici Terrasson, blessé à l’épaule après un combat avec Okada. Peut-être une façon pour Pierre Maguelon de prendre un peu de vacances… Il est également le secrétaire des Beaux-arts dans Les princes de la nuit, mais il est connu pour le rôle du Maréchal des Logis Tricard dans la série des Gendarmes

o Le crieur de journaux est Jean Daguerre.

o La réplique de Valentin est ‘politiquement incorrect’ (mais d’actualité !) lorsqu’il apprend que le gouvernement va payer la rançon : ‘Belle générosité, avec l’argent des contribuables !’

o Comme dans Collection 1909 (et plus tard Le défi), Valentin se sert de la presse pour faire bouger les choses.

o Notez l’œil pétillant de Faivre/François Maistre lorsque Malcolm Young évoque la polygamie des mormons ! Faivre témoigne aussi du machisme qui régnait alors avec ses propos sur les femmes qui "n'ont rien à faire ici car c'est un métier d'homme".

o La ‘découverte’ de l’épisode est la poudre à renifler pour les chiens, primordiale dans le final.

o Il y a effectivement une clinique Les Glycines à Orléans (lieu de tournage de nombreuses séquences de la série), mais elle est vétérinaire !

o Jean-Paul Tribout trébuche, tombe, et se relève, lorsque les trois policiers suivent le chien vers la cache.

o Haakon VII fut roi de Norvège de 1905 à 1957. Né prince de Danemark, il est élu roi de Norvège après la dissolution de l'union avec la Suède.

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9. LES COMPAGNONS DE L'APOCALYPSE

Résumé :

1911  De nombreuses entreprises reçoivent des lettres anonymes d’une mystérieuse secte. Les Hommes du Tigre passent à l’action lorsque les menaces se concrétisent. Ils découvrent que l’organisation mystique sert de paravent aux agissements d’espions à la solde de l’empire austro-hongrois.

Critique :

L'imminence de la catastrophe de la guerre de 1914 favorise l'émergence de nombreuses sectes dans lesquelles les esprits faibles trouvent un refuge. L'une d'elles, d'origine américaine, Les compagnons de l'Apocalypse, s’attaque violemment au progrès technique et scientifique, quel qu’il soit, l’accusant de mener le monde à sa perte. Lorsque des entreprises qu’elle fustige se mettent à sauter les unes après les autres, Valentin prend plus au sérieux ces ‘agités totalement inoffensifs’.

Le début de l’épisode est parsemé de longueurs superflues (deux sermons du gourou Dominus d’une bonne minute chaque, l’arrivée de Valentin à l’organisation), mais la fausse piste de l’intrigue est savamment agencée. Dominus et Gruber sont dupés par l’imposture de Mildred, qui est autrichienne et pas la fille du fondateur américain du mouvement, comme prétendu. Si les prêches de Dominus sont du remplissage, l’énigmatique serviteur Gruber entretient la fausse piste en donnant à la police une liste des cibles. Il est le parfait bouc-émissaire pour les hommes de l’agent XB3, et son exécution est une longue séquence superbement filmée et d’un froid réalisme : la marche sur la route, l’attente sur un banc, la ballade en voiture et la promenade dans la forêt jusqu’à la tombe fraichement creusée. 

Les personnages sont très bien interprétés : Mildred, le tueur boiteux, Gruber, Dominus  même si ses sermons et l’aspect mystique m’horripilent –, et la vérité voit le jour à la demi-heure, avec une explication partiellement en allemand : ‘Kolossal !’. 

La lenteur perdure néanmoins dans le récit, comme la scène du retour de Dominus à son domicile, alors que nous connaissons la topographie des lieux dès la première visite de Valentin. L’histoire ne s’emballe réellement que dans le dernier quart d’heure : Pujol et Terrasson tombent sur la photo de la vraie Mildred pendant que le commissaire est parti annoncer à la jeune femme que son ‘père’ a disparu. Les Brigades arrivent à temps pour empêcher que le meilleur tireur de l’armée autrichienne ne fasse sauter l’usine où une pièce importante du canon de 75 est construite, mais heureusement que l’Autrichien est ponctuel ! Les Hommes du Tigre ont gagné la partie grâce à deux coups de bluff.

Le final à suspense est passionnant, car Valentin démontre ce qu’est la galanterie française. Les meilleures scènes sont l’exécution de Gruber et le ‘duel’ du commissaire avec la maléfique mais ravissante Mildred alias XB3 !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 18 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Claudia Golling, Mildred, est une actrice allemande née à Munich en 1950. Elle a joué également, bien entendu, dans Derrick ! Elle est surtout active au théâtre.

o Bernard Salvage, Monsieur Jean, a joué également dans La confrérie des loups (dans le rôle de Clarence) et Les princes de la nuit. 

o Antoine Saint-John (1940), Victor le tueur boiteux, connut son heure de gloire dans les années 1970 avec le rôle du colonel Guitterez dans Il était une fois la révolution. Il joua aussi dans Mon nom est Personne, Le lion et le vent et il est le soldat allemand tué dans la cuisine dans Le vieux fusil.

o Alfred Baillou apparaît au générique, mais ce n’est pas lui le crieur de journaux.

o Lors du combat Valentin/Mildred, on aperçoit l’ombre du caméraman.

o À noter la gouaille de Terrasson. Par exemple, au sujet de l’interrogatoire de Jean Blaise/Dominus : ‘Encore une matinée comme ça et je sais la Bible par cœur ! Un peu plus, je me fais curé.’ Terrasson révèle une connaissance disons largement perfectible de anglais ! : « Qu’est-ce que c’est ça : ‘To my daddy ? »

o ‘Je suis le glaive purificateur est le slogan qui apparaît souvent derrière Dominus !

o Le canon 75 mm modèle 1897 est une pièce d'artillerie de campagne de l'armée française, qui est l'un des canons les plus célèbres de tous les temps. D'une conception révolutionnaire pour son époque, il regroupe, en effet, tous les derniers perfectionnements intervenus dans l'artillerie à la fin du XIXe siècle, dont un frein de recul hydropneumatique mentionné dans l’épisode (Source : wikipedia).

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10. LE DÉFI

Résumé :

1912 Violents, orgueilleux, mais sentimentaux, Eloi David et Catherine Barré, émules de Bonnot, sèment la terreur et la mort sur leur passage.

Critique :

Les exploits de la bande à Bonnot, maintenant démantelée, laissent des traces dans les esprits. Semant la terreur dans les campagnes, un couple de jeunes gens révoltés, Eloi David et Catherine Barré, décide de prendre la succession, rançonnant et tuant quiconque se trouve sur leur chemin. Rapidement identifiés, ils passent entre les mailles de la police dans le véhicule dérobé à un commis-voyageur qu’ils ont assassiné. Valentin se résout à se servir de la presse pour les piquer au vif et leur tendre un piège. Eloi est blessé et le couple aux abois se réfugie dans une briqueterie. Cernés, ils se donnent la mort plutôt que de se rendre.

Cet épisode au style Bonnie and Clyde est un des plus dramatiques de la série. Une aventure excessivement violente où l’issue est inévitable. L’interprétation magistrale du duo monopolise l’écran et éclipse la présence policière. Cela donne un cachet particulier au récit où l’odyssée meurtrière du couple fait cohabiter violence et tendresse. L'amour tendre qu'ils éprouvent l'un pour l'autre n’a d’égal que la haine et le mépris qu'ils montrent envers la société. Lequel entraine l’autre ? Même si les mères respectives renvoient la faute, la jeune femme pousse son compagnon à tuer le commis-voyageur. Si Eloi est plus anarchiste dans l’âme, Catherine est surtout perverse, cupide et amorale (la violente tentative pour dérober l’argent à la ferme de son père). 

La musique est absente ou inhabituelle et remplacée par des airs de circonstance, mélancoliques pour l’évocation du couple traqué à la tragique destinée. L’étau se resserre inexorablement dans la seconde partie : la découverte de la voiture au siège ensanglanté, le témoignage du toubib, le sang  qui est omniprésent après la blessure d’Eloi  retrouvé près de l’usine. C’est un des épisodes qui fait encore la gloire de la série, comme Nez de chien, un autre récit d’un disciple de Bonnot. Le guet-apens et la fusillade au garage sont le tournant de l’histoire. Parmi les autres scènes marquantes, il faut noter la première séquence – l’assassinat brutal et barbare du commis-voyageur – qui donne le ton noir de l’opus, déconseillé aux plus jeunes spectateurs, la police souvent à cheval prise de vitesse par le ‘bolide’ du couple diabolique dans un passage épique et, bien entendu, le final. Le seul bémol est de confier une mission importante à Bertouin, plus habitué aux passages légers, inexistants dans ce récit. En contraste total avec la violence exacerbée de l’aventure, comme le confirme la mort du garagiste.

Bien filmée et interprétée remarquablement, l’histoire violente et réaliste constitue un épisode culte : un véritable petit film.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 25 janvier 1975 sur Antenne 2.

o Didier Haudepin, Eloi David, est acteur, producteur et réalisateur depuis 1979. Il écrivit le scénario de deux épisodes de Série Noire.

o Diane Kurys, Catherine Barré, est une actrice, productrice, réalisatrice et scénariste française. Elle a arrêté sa carrière d’actrice en 1977 pour se consacrer à la réalisation. Son premier film est Diabolo menthe et le dernier en date, Arrête ton cinéma !.

o Max Amyl (1921-1982), le docteur Carpentin, a participé à deux autres épisodes : Le crime du sultan, Le complot.

o Fernand Guiot, le commis-voyageur, reviendra dans Rita et le caïd.  

o Sylvain Lévignac (1929-1994), le père de Catherine Barré, était un acteur et un cascadeur français. Il a tourné dans trois autres épisodes : Bonnot et compagnie, Le réseau Brutus, Les fantômes de Noël.

o L’épisode souligne la portée limitée de la presse dans les campagnes à l’époque. Pour cette raison, les stations essence sont privilégiées par la police pour afficher des avis de recherche.

o Comme souligné dans le pré-générique : après une traque de plusieurs mois, Bonnot, le bandit tragique, est abattu le 28 avril 1912, et la bande est complètement liquidée en mai. 

o Notez l’extrême mauvaise qualité du film lorsque Valentin rend visite au couple Barré, les parents de Catherine. 

o Tous les journaux ont la même date : vendredi 7 avril 1905 ou… 1965 ; il y a un pâté sur la décennie, surement volontaire. En tout cas, l’histoire est censée se dérouler en 1912 !

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11. LA COURONNE DU TZAR

Résumé :

1913  Le cousin du Tzar, flanqué de deux cosaques, arrive en France avec la couronne royale. Les Brigades doivent veiller dessus.

Critique :

Les Brigades Mobiles sont chargées de surveiller la couronne de la dynastie des Romanov, icône d'une gigantesque exposition d’art russe destinée à célébrer l'amitié entre les deux pays très en vogue à l’époque. Les autorités craignent le vol du joyau, qui pourrait remettre en cause les années d'efforts de la diplomatie française. Mais les brigades se heurtent à l’opposition du prince Pavlovich, le cousin du tsar. Il est personnellement chargé d'escorter la fabuleuse tiare et il se considère en mission sacrée et refuse toute aide de la police française. Valentin a l’idée de remplacer la couronne par une copie.

L’épisode est le mouton noir, non seulement de la deuxième  saison, mais de la période années 70 de la série ! Une calamité indigeste ! Michel Vitold est pénible en prince russe, car il force la caricature et rend son personnage ridicule, un peu comme l'insupportable Brodny des Avengers. La description de l’arrivée au port et la séquence de magnétisme hypnotique soporifique sont interminables… et la seconde nous plonge dans les bras de Morphée. Bref, c’est très bavard (souvent en russe non sous-titré), ennuyeux et inconsistant. Cette intrigue est la preuve que Les Brigades réussissent mieux dans le dramatique que le comique. Je ne vois pas quelle autre aventure pourrait ravir à cet épisode le titre peu enviable de boulet de la série. Même Faivre se pique avec la rose de son bureau de désespoir ! Une parenthèse guignolesque à zapper !

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 1er février 1975 sur Antenne 2.

o Michel Vitold (1915-1994), Pavel Pavlovich, est un acteur et metteur en scène français d'origine ukrainienne. Il interprète de nombreuses pièces de théâtre. On le verra également dans l’épisode La grande duchesse Tatiana (tout aussi mauvais), huit ans plus tard. Il est décédé d’un cancer.

o Gabriel Arout (1909-1982), qui joue le rôle d’Isvolsky, est un écrivain, auteur dramatique et traducteur français d'origine russe. Il est l’auteur de plus de 20 pièces de théâtre. Il a reçu le grand prix du théâtre de l’académie française en 1981.

o Ari Arcadi, Tsapov, est le laborantin dans L’ère de la calomnie.

o Igor de Savitch, Igor, est Lojkine dans l'autre épisode russe (tout aussi mauvais) de la série, La grande duchesse Tatiana.

o Guy Grosso, présent au générique de la seconde saison, échappe au naufrage car il ne participe pas à cette aventure.

o Terrasson ne cache pas le lieu de tournage en nommant la Place St-Aignan lorsqu’il repère avec Pujol le fiacre des cosaques. 

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12. DE LA POUDRE ET DES BALLES

Résumé :

1913  Un trafic d’armes s’opère en France à destination de l’Irlande. Par lettre anonyme, les Brigades sont mises sur la piste d’un propriétaire de cabaret.

Critique :

A la veille de la Grande Guerre, le monde est en ébullition, et l’Irlande n’est pas épargnée avec le Sinn Fein catholique qui vient de passer à l’action contre la Grande-Bretagne et les minorités protestantes. La France est une plaque tournante et l'explosion en plein Paris d'une caisse perdue au milieu de la rue révèle aux forces de police l'existence d'un gigantesque réseau de trafic d'armes transitant sur le territoire à destination de l'Irlande. Il faudra deux hasards pour mettre les Brigades Mobiles sur la bonne voie : la perte de cette caisse de soi-disant Cognac Duverger et, surtout, la lettre anonyme du pianiste d’une boite, surnommé La Truite, épris de la femme du patron.

Aimé Bonelli, le propriétaire du cabaret La Grande Roue, ancien malfrat, a réussi avec l’aide de l’organisation criminelle et il subit dorénavant un chantage des truands pour receler des cargaisons dans sa cave. Décontenancé d’être approché par Valentin, il accepte finalement d’aider le commissaire après une sévère correction, mais les criminels le réduisent au silence auparavant. Le suspense, légèrement estompé à la revoyure, joue sur l’identité de l’indic de la boite qui renseigne les trafiquants. La Truite est suspecté, mais n’est-il pas un leurre ?

Les personnages sont bien interprétés : le bandit haut en couleur Alcide (très bon Stéphane Bouy, disparu trop tôt), le répugnant La Truite, le manipulé Bonelli et surtout l’énigmatique chanteuse Léa, incarnée par la superbe actrice italienne Marilù Tolo (‘Qu’est-ce que tu préfères, toi la Truite, les noirs ou les rouges ?’ (lorsque la belle enfile ses collants). Il ne faut pas oublier les petits rôles, comme les hommes de main et le couple de paysans qui saute en ouvrant la caisse de grenades.

Les meilleurs passages sont les deux policiers en vélo à la poursuite de la carriole (première scène, on reconnaît la Place Saint-Aignan), la correction de Bonelli dans le hangar, le piège de la clinique même si les justifications de Pujol s’avèrent peu crédibles –, la séquence déterminante du cimetière qui mène Valentin à la solution (le mystère du quatrième coup de feu) et la fusillade finale dans une carrière, où le commissaire réussit son coup de bluff. La deuxième saison se termine en beauté. Cet excellent épisode est rythmé avec de nombreux rebondissements car l’indic est inattendu, tout comme le rôle exact de la ravissante veuve, Léa Bonelli.

Anecdotes :

o Cet épisode fut diffusé le 8 février 1975  sur Antenne 2.

o Au départ conçu comme un hommage aux Incorruptibles, cet épisode fut refusé par la chaine qui voyait d’un mauvais œil l’idée d’un trafic d’alcool. Claude Desailly s’est donc rabattu sur l’Irlande et le trafic… d’armes. (Source : Génération Séries, été 95).

o Marilù Tolo, Léa, est une actrice italienne. D’ailleurs, l’affiche Léa di Roma est véridique ! Elle a commencé à tourner en 1960 à l’âge de 16 ans, mais elle n’a plus joué depuis 1985. Elle a fait des photos déshabillées pour des magazines et elle est l'inspiratrice de la chanson Marilu de Serge Gainsbourg en 1966. L’agent de l’actrice aurait refusé que la chanson s’appelle Marilù Tolo. Le couturier Valentino s’est complètement entiché d’elle alors qu’il habillait déjà Virna Lisi, Sophia Loren et Elizabeth Taylor, et il affirmera plus tard qu’elle était la seule femme qui ait éveillé en lui une réelle fascination sexuelle et qu’il était prêt à l’épouser !

o Ivan Desny (1922-2002), Bonelli, sera le banquier Metzinger dans Le complot de la cinquième saison en 1982.

o Jean Sagols, Joseph, a réalisé des épisodes des séries Navarro, L’instit, Les yeux d’Hélène, Les cœurs brûlés… Il a joué dans le tout premier épisode des Brigades : Ce siècle avait 7 ans

o Didier Albert, le laborantin, est présent dans La confrérie des loups. Il est surtout connu pour ses réalisations, nombreuses depuis 1985.

o Bonelli a fait partie de la bande des Charbonniers et il a effectué deux années en prison. C’est une référence au premier épisode, Ce siècle avait 7 ans… où la première mission des Brigades est d’arrêter ce gang. Il est le plus beau cas de réadaptation que Valentin n’ait jamais vu !

o Une erreur de continuité : Pujol suit Bonelli, qui est à pied, dans Créteil pour son rendez-vous au numéro 13 de la rue Danton, un vieux hangar, mais le policier n’est pas étonné qu’il reparte en voiture (en fait, un truand avec ses vêtements) ! Pujol s’est bien fait avoir comme un bleu, comme il le dit à Valentin ! 

o La chanson L’Italienne, interprétée par Léa, a été composée par Frank Gerald sur une musique de Claude Bolling.

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Captures réalisées par Denis Chauvet.

Crédits photo : TF1 Vidéo.