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ESPRIT DE CORPS

( ESPRIT DE CORPS )

Tournage : mars 1964

Diffusion : ITV, 14 mars 1964 – 13ème Rue, 25 juin 1998

Scénario : Eric Paice

Réalisation : Don Leaver

Duncan Macrae (Sir Ian Stuart-Bollinger), Joyce Heron (Lady Dorothy Stuart-Bollinger), Roy Kinnear (Pivate Jessop), John Thaw (Captain Trench), Pearl Catlin (Mrs. Graig), Douglas Robinson (Sergeant Marsh), Hugh Morton (Admiral), Anthony Blackshaw (Private Asquith), James Falkland (Signaller), George Alexander (Piper), Tony Lambdon (Drummer), George Macrae (Highland Dancer). .

Résumé

Un sergent d'un régiment de la Garde Écossaise est prétendument tué accidentellement en manipulant son arme de service. Or l'autopsie révèle qu'il a été touché par trois armes différentes. L'Armée confie l'enquête à Steed, qui s'introduit parmi les officiers du régiment sous couvert d'écrire une biographie du célèbre général Ian Stuart-Bollinger, aujourd'hui à la retraite. Celui-ci intervient à titre officieux pour la mise au point d'importantes manœuvres militaires visant à tester les défenses de Londres. Cathy Gale, prétendant participer aux cours d'autodéfense organisés par le régiment, attire l'attention du général en se prétendant d'origine écossaise. En effet Bollinger, originaire d'Écosse, se passionne pour l'histoire de son pays et en particulier pour les Stuarts ! Steed découvre qu'en fait le général prépare un coup d'État militaire visant à rétablir cette famille. Bollinger, à partir d'une fulgurante découverte généalogique, offre d'ailleurs le trône à Cathy Gale ! Repéré, Steed manque d'être exécuté. Il est sauvé par le cynique et vénal, mais finalement sympathique, Jessop. Avec Cathy Gale, il tend un piège révélant l'imposture du général et arrête celui-ci.


CRITIQUES


Estuaire44 6 septembre 2008

L'avant-dernier épisode de la saison n'en restera pas comme le plus bel opus. En dehors de l'aspect écossais, l'intrigue se caractérise par un grand classicisme, avec le thème archi-rebattu du complot visant à renverser le gouvernement établi. Surtout son évolution paraît par trop prévisible, sans aucun réel coup de théâtre ni suspense mis en place. Le récit ne connaît pas d'emballement ou de scène forte marquant les esprits, au contraire il se maintient à un rythme bien trop languissant. Tout ceci demeure très anodin et le spectateur finit par suivre ces péripéties peu épicées d'un œil bien distrait. L'ensemble apparaît également très bavard, avec de plus une disproportion frappante entre la présentation du coup d'État et sa résolution absurdement rapide. Un défaut coutumier de la saison 2, auquel cet épisode fait songer par bien des aspects.

L'aspect écossais, doublé de l'évocation des Stuart, constitue la seule originalité de cette histoire. Malheureusement, si les références ne manquent pas (cornemuses, danse folklorique, kilts, objets d’art, présence de Duncan Macrae), tout ceci demeure extrêmement figé et sans vie. On en ressort avec l'impression d'un simple catalogue sans âme, dont les divers éléments se verraient alignés avec une grande artificialité. Les contraintes techniques et budgétaires de l'époque y sont sans doute pour beaucoup, de même que l'action s'insèrant dans le cadre de bâtiments administratifs standardisés et dépourvus de tout cachet. Avec davantage de moyens, et un environnement ad hoc, Le fantôme du château De'Ath (saison 4) parviendra à rendre nettement plus crédible son atmosphère écossaise. Et puis on ne croit pas une minute à cette histoire de Reine d'Écosse...

L'épisode souffre également d'une réalisation des plus linéaires, sans aucune marque d'imagination. Cela participe grandement au caractère lénifiant de l'ensemble, d'autant que les scènes d'action paraissent rares et peu trépidantes. On ne dispose bien entendu d'aucune image des mouvements militaires en cours, tout se résumant à quelques déclarations. Cela ne peut qu'aggraver le manque de vie de l'épisode ! On remarque bien quelques scènes en extérieur, mais celles-ci ne présentent guère d'intérêt.

L'épisode ne bénéficie que bien partiellement du renfort de ses personnages pour secouer sa torpeur.

En félon de théâtre John Thaw n'apparaît certes pas maladroit, mais son personnage n'a vraiment pas grand-chose à montrer. Plus riche et complexe demeure le Général Stuart-Bollinger. Macrae lui apporte toute sa présence mais là encore l'épisode échoue par son trop grand conformisme et sa fadeur avérée. Avec son potentiel et un tel interprète, Bollinger aurait pu constituer un personnage excessif et délirant à souhait, comme la série a si bien su nous le proposer ailleurs. Malheureusement on en reste trop sagement à un excentrique certes machiavélique, mais surtout passablement ennuyeux.

Heureusement, comme toujours, nous pouvons compter sur l'irrésistible Roy Kinnear pour assurer le spectacle. Jessop, personnage haut en couleurs, au solide bon sens n'excluant pas le cynisme, tranche agréablement avec les laborieuses chimères des officiers. De plus le contraste existant entre lui et Steed nous vaut des scènes particulièrement amusantes, avec enfin des dialogues enlevés. La gouaille de l'un et l'humour élégant de l'autre nous valent sans conteste les meilleures scènes d’un épisode qu’ils sauvent de la catastrophe. Le reste des personnages, militaires et épouses, demeure par contre d'une totale transparence.

Comme de coutume Steed se montre spirituel, alors que l'on s'amuse par ailleurs de le voir aux prises avec une machine à laver ! La scène du peloton d’exécution fait également son petit effet. En dehors de son savoureux duo avec Jessop, Steed se montre par moments étonnamment brutal, ce qui n'est pas, encore une fois, sans nous rapprocher de la saison 2. Cathy Gale n'a malheureusement pas la chance de disposer d'un tel interlocuteur et doit se contenter des interminables bavardages des officiers. Elle déclare elle-même s'ennuyer à mourir, comme on la comprend. Elle se voit de plus infliger l'histoire ridicule d'Anne II et une scène de bagarre finale bâclée. Au total, cet épisode la met bien peu en valeur et on ne peut que se réjouir qu'il ne constitue pas son ultime intervention !

EN BREF : Une tonalité écossaise agréable, mais, malgré l’amusant numéro de Roy Kinnear, l’ensemble demeure trop faible pour réellement capter l’attention.


VIDÉO


Une épingle de cravate judicieusement placée !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Tournage


Continuité


Détails

o Le procès de Steed se déroule le 5 mars, soit à peine quelques jours avant la diffusion de l’épisode.

o Steed lit le Batttalion News, un journal imaginaire.

o Le général et Cathy Gale trinquent au whisky écossais en s’exclamant Slainte ! Il s’agit du terme gaélique équivalent au Français Santé !, utilisé en Irlande et en Écosse.

o Cathy prétend avoir appris l’escrime avec une épée Claymore. Une Claymore est traditionnellement une large et grande épée à deux mains, qui était utilisée par les Highlanders (guerriers écossais). Elle fut beaucoup pratiquée au XVIe siècle. Elle mesure environ 1,35 mètre de long (1,05 mètre de lame et 30 centimètres de poignée). La poignée se distingue par deux branches longues souvent terminées par un trèfle à quatre feuilles. Concernant l’escrime Cathy doit faire allusion à un modèle plus tardif (XVIIe siècle), avec une main protégée par une garde d’acier en panier. Cette épée, qui sert également pour les danses écossaises, est toujours portée par les officiers du Royal Regiment of Scotland dans leur tenue de cérémonie. Les autres officiers britanniques utilisent, eux, des épées de cour classiques.

o La culture écossaise s’enorgueillit à juste titre de nombreuses danses traditionnelles extrêmement colorées et plaisantes, encore souvent pratiquées de nos jours. Elles font d’ailleurs l’objet de compétitions très populaires. La danse des épées (Ghillie Callum) présentée dans l’épisode, compte parmi les plus renommées. Elle plonge profondément ses racines dans l’histoire écossaise, les premières observations conservées remontant au XIIIe siècle ! Elle était une occasion pour les guerriers des Highlands de prouver leur agilité et leur vigueur. Des équivalents existaient avec des haches ou des lances. Ghillie Callum était un grand seigneur écossais qui, lors de la victoire de Dunsinane (1504), croisa sa Claymore avec celle du chef vaincu et dansa dessus en signe de triomphe. Les compétitions actuelles, davantage pacifiques et orientées vers la technique, se sont ouvertes aux femmes (fin du XIXe) et celles-ci représentent désormais 95% des compétiteurs !

o Lors de la réception, Bollinger demande à ce que soit interprétée The White Cockarde (1776). Il s’agit d’une des chansons les plus connues du très populaire auteur écossais Robert Burns (1759-1796). Créateur de nombreux poèmes et chants folkloriques, chantre de l’art de vivre et des paysages écossais, le Barde de l'Ayrshire, non content d’être l'une des principales gloires littéraires de l’Écosse, est également considéré au plan européen comme l’un des grands annonciateurs du Romantisme. La Burns Night, célébrée le 25 janvier, jour de sa naissance, est considérée comme une fête nationale en Écosse. On y invite ses amis autour d’un haggis, en récitant la célèbre Adresse au Haggis écrite par le poète (Burns Supper).

o "Esprit de corps" (expression française également entendue dans l’épisode), est également pratiquée en Anglais, particulièrement dans le langage militaire (cohésion et moral d’une unité).

o Steed se voit refuser un avocat du fait que le tribunal est une cour prévôtale. Ce terme, issu d’Ancien Régime, recouvrait des juridictions d’exceptions temporaires, destinées à conjurer une menace précise (rebellions, jacqueries…). Les droits de la défense s’y voyaient réduits presque à néant, au profit de procès expéditifs.

o Dans son anecdote racontée durant la réception, Bollinger fait allusion à la venue de Haig. Il s’agit du Maréchal Haig, commandant en chef des forces britanniques durant la Grande Guerre. Originaire d’Edimbourg, il constitue lui aussi une grande figure de l’histoire d’Écosse ! Bien que controversé pour les pertes subies durant la Bataille de la Somme (400 000 morts pour un gain de 12 kilomètres en juillet 1916), il fut élevé au rang de Earl (comte écossais) en 1919. Sous un pseudonyme transparent, Stephen Fry en donna un portrait au vitriol dans Blackadder (1989).

o Le War Office, où se rend le général, était, du XVIIe à 1964, le siège administratif de l’Armée de Terre britannique. À cette date il fut fondu dans le Ministère de la Défense. Son gigantesque siège (plus de 1 000 pièces), situé à White Hall, porte toujours ce nom et appartient au Ministère.

o En décembre 2004, l’armée britannique fut réorganisée, avec notamment une fusion de tous les régiments écossais, souvent d’un glorieux passé, dans le nouveau Régiment royal d’Écosse, doté de sept bataillons. Ce resserrement provoqua d’ailleurs une grande émotion en Écosse ! Essentiellement basé dans les grandes villes écossaises (QG à Edimbourg), la Reine en est le Colonel en chef, il en va de même pour chaque bataillon, avec un membre de la famille royale à sa tête.

o Plusieurs batailles sont évoquées au cours de l’épisode :

- Vimy, dans le Pas de Calais (avril 1917) voit les Canadiens vaincre les Allemands là où Anglais et Français avaient échoué, ce qui permettra au Canada de jouer un rôle accru lors des négociations de l’Armistice.

- Preston, dans le Lancashire (27 novembre1745), marque un des rares succès de l’ultime descente des Jacobites sur Londres depuis l’Écosse.

- Derby, dans l’East Midlands, marque l’arrêt de cette offensive (4 décembre 1745). Vaincue par les troupes royalistes, l’armée jacobite battit en retraite vers le Nord avant d’être définitivement écrasée à Culloden, en Écosse (16 avril 1746).

o Les Stuart : La Maison de Stuart, longuement évoquée dans l’épisode, régna sur l’Écosse de 1371 à 1714, et sur le Royaume-Uni de 1603 à 1714. Le fondateur en fut un noble breton ayant participé à l’expédition de Guillaume le Conquérant. Sa descendance hérita du titre de Grand Stewart (sénéchal) d’Écosse, titre qui finit par donner son nom à la famille. Robert II devint Roi d’Écosse en 1371. Par le jeu des successions, Jacques, fils de Marie Stuart, devint Roi du Royaume-Uni en 1603, la lignée perdurant jusqu’à Anne Stuart (la reine Anne Ire de Bollinger), qui, en 1714, mourut sans enfants. Son frère Jacques fut écarté au profit des Hanovre, car catholique. Réfugié en France, il s’y proclama Roi, et fut surnommé le Prétendant. Ses partisans, les Jacobites, furent surtout actifs en Écosse, où il débarqua par deux fois avant d’y être repoussé. Son fils Charles fut définitivement écrasé à Culloden (1746). Il se réfugia à Rome, et par mariage et succession, son titre passa dans la famille des Rois d’Italie puis de Bavière. L’actuel « Prétendant » jacobite est François II (1933), chef de la Maison de Bavière. Lors du tournage de l’épisode il s’agissait de son père, Albert de Bavière.

Acteurs – Actrices

o Roy Kinnear (1934-1988) est apparu dans trois autres épisodes de la série : L’heure perdue (saison 4), L'homme transparent (saison 5) et Bizarre (saison 6), le dernier épisode de la série. Il est décédé des suites d'une chute de cheval pendant le tournage du film Le Retour des Mousquetaires. Il y tenait pour la troisième fois le rôle de Planchet.

o Douglas Robinson a participé à trois épisodes des Avengers, Le décapode (saison 2), L’homme aux deux ombres et Esprit de corps (saison 3), mais n’a fait ultérieurement que quelques apparitions, dont le rôle d’Euphemus dans Jason et les Argonautes (1963).

o Anthony Blackshaw (1929) apparaît dans trois autres épisodes des Avengers : La trahison, Mauritius Penny (saison 2) et Le document disparu (saison 6). Il jouera dans de nombreuses autres séries dont Le Saint, Le Baron ou Détective. Il fera une très brève apparition dans Opération tonnerre (1965) où il joue un des gardes de la base britannique où les bombes sont volées.

o John Thaw (1941-2002) fut une figure de proue des séries policières anglaises (Redcap, The Sweeney, Inspecteur Morse, Kavanagh QC…). Ancien de la Royal Academy of Dramatic Arts, il connut également une belle carrière au théâtre, notamment avec la Royal Shakespeare Company, mais aussi au cinéma : Cry Freedom (1987), Chaplin (1992)… Il fut élevé au rang de Commandeur de l’Empire Britannique.

o Duncan Macrae (1905-1967), originaire de Glasgow, y fut membre de la police municipale avant de devenir comédien. Il se spécialisa dans les rôles d’Écossais, en maîtrisant l’accent et les manières naturelles. Grande figure du théâtre écossais durant les années 40 et 50, il apparut de plus par la suite sur les écrans britanniques : Le Prisonnier, Casino Royale (1967)... Il fut également très populaire pour ses interprétations du chant traditionnel écossais The wee cock sparra, lors des retransmissions télévisées du Hogmanay, célébration locale du dernier jour de l’année. Considéré comme une gloire nationale en Écosse, son portrait, réalisé par son ami l’artiste William Crosbie, figure en bonne place à la National Gallery of Scotland (Édimbourg)

À noter que…

o Comme dans l’épisode précédent Les charmeurs, on trouve ici une allusion à Eton mais aussi à la vie de Macnee, Lady Stuart-Bollinger se lamentant que son fils ait étudié à Eton pour finalement devenir un simple bookmaker. Patrick Macnee fut en effet expulsé d’Eton pour y avoir organisé des paris clandestins, en plus d’un trafic de parutions pornographiques, comme il le rappelle lui-même avec beaucoup d’humour dans ses mémoires.

o La traditionnelle danse de l’épée fut également brillamment interprétée par Patrick Macnee lui-même, issu d’une famille aristocratique écossaise, dans Le fantôme du château De'Ath (saison 4). Il utilise toutefois un parapluie et un bâton, tandis que Mrs Peel joue d’une cornemuse miniature ! Le passage est présent au complet sur la fiche de cet épisode.

o De même, l’idée d’un Steed confronté à un peloton d’exécution sera reprise dans Le mort vivant (saison 5), où notre héros sera cette fois sauvé par une rafale de mitraillette de Mrs Peel !

o Des instruments de musique apparaissent au mur de l’appartement de Cathy Gale.

o Eric Paice (1926-1989) sera l’auteur de sept épisodes. : Dead of winter (saison 1), Mort en vol, Le décapode, Le point de mire, Le festin de pierres (saison 2), Le cinq novembre, Les petits miracles et Esprit de corps (saison 3). Il fera parfois preuve d’une belle astuce, notamment dans Mort en vol, Le point de mire et Les petits miracles.

o Don Leaver mettra en scène 20 épisodes des Avengers, majoritairement dans les saisons 1 et 2. Ses réalisations se révéleront souvent atones et assez plates, à la considérable exception du fameux L’héritage diabolique (saison 4).

Fiche d'Esprit de corps des sites étrangers :

En anglais
http://theavengers.tv/forever/gale2-25.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/ gale/325.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS2-25-EspritDeCorps.htm

En flamand
http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale52.htm

 

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