ESPRIT DE CORPS
( ESPRIT DE CORPS )
Tournage : mars 1964 Diffusion : ITV, 14 mars 1964 – 13ème Rue, 25 juin 1998 Scénario : Eric Paice Réalisation : Don Leaver Résumé Un sergent d'un régiment de la Garde Écossaise est prétendument tué accidentellement en manipulant son arme de service. Or l'autopsie révèle qu'il a été touché par trois armes différentes. L'Armée confie l'enquête à Steed, qui s'introduit parmi les officiers du régiment sous couvert d'écrire une biographie du célèbre général Ian Stuart-Bollinger, aujourd'hui à la retraite. Celui-ci intervient à titre officieux pour la mise au point d'importantes manœuvres militaires visant à tester les défenses de Londres. Cathy Gale, prétendant participer aux cours d'autodéfense organisés par le régiment, attire l'attention du général en se prétendant d'origine écossaise. En effet Bollinger, originaire d'Écosse, se passionne pour l'histoire de son pays et en particulier pour les Stuarts ! Steed découvre qu'en fait le général prépare un coup d'État militaire visant à rétablir cette famille. Bollinger, à partir d'une fulgurante découverte généalogique, offre d'ailleurs le trône à Cathy Gale ! Repéré, Steed manque d'être exécuté. Il est sauvé par le cynique et vénal, mais finalement sympathique, Jessop. Avec Cathy Gale, il tend un piège révélant l'imposture du général et arrête celui-ci. CRITIQUES Estuaire44 6 septembre 2008 L'avant-dernier épisode de la saison n'en restera pas comme le plus bel opus. En dehors de l'aspect écossais, l'intrigue se caractérise par un grand classicisme, avec le thème archi-rebattu du complot visant à renverser le gouvernement établi. Surtout son évolution paraît par trop prévisible, sans aucun réel coup de théâtre ni suspense mis en place. Le récit ne connaît pas d'emballement ou de scène forte marquant les esprits, au contraire il se maintient à un rythme bien trop languissant. Tout ceci demeure très anodin et le spectateur finit par suivre ces péripéties peu épicées d'un œil bien distrait. L'ensemble apparaît également très bavard, avec de plus une disproportion frappante entre la présentation du coup d'État et sa résolution absurdement rapide. Un défaut coutumier de la saison 2, auquel cet épisode fait songer par bien des aspects. L'aspect écossais, doublé de l'évocation des Stuart, constitue la seule originalité de cette histoire. Malheureusement, si les références ne manquent pas (cornemuses, danse folklorique, kilts, objets d’art, présence de Duncan Macrae), tout ceci demeure extrêmement figé et sans vie. On en ressort avec l'impression d'un simple catalogue sans âme, dont les divers éléments se verraient alignés avec une grande artificialité. Les contraintes techniques et budgétaires de l'époque y sont sans doute pour beaucoup, de même que l'action s'insèrant dans le cadre de bâtiments administratifs standardisés et dépourvus de tout cachet. Avec davantage de moyens, et un environnement ad hoc, Le fantôme du château De'Ath (saison 4) parviendra à rendre nettement plus crédible son atmosphère écossaise. Et puis on ne croit pas une minute à cette histoire de Reine d'Écosse... L'épisode souffre également d'une réalisation des plus linéaires, sans aucune marque d'imagination. Cela participe grandement au caractère lénifiant de l'ensemble, d'autant que les scènes d'action paraissent rares et peu trépidantes. On ne dispose bien entendu d'aucune image des mouvements militaires en cours, tout se résumant à quelques déclarations. Cela ne peut qu'aggraver le manque de vie de l'épisode ! On remarque bien quelques scènes en extérieur, mais celles-ci ne présentent guère d'intérêt. L'épisode ne bénéficie que bien partiellement du renfort de ses personnages pour secouer sa torpeur. En félon de théâtre John Thaw n'apparaît certes pas maladroit, mais son personnage n'a vraiment pas grand-chose à montrer. Plus riche et complexe demeure le Général Stuart-Bollinger. Macrae lui apporte toute sa présence mais là encore l'épisode échoue par son trop grand conformisme et sa fadeur avérée. Avec son potentiel et un tel interprète, Bollinger aurait pu constituer un personnage excessif et délirant à souhait, comme la série a si bien su nous le proposer ailleurs. Malheureusement on en reste trop sagement à un excentrique certes machiavélique, mais surtout passablement ennuyeux. Heureusement, comme toujours, nous pouvons compter sur l'irrésistible Roy Kinnear pour assurer le spectacle. Jessop, personnage haut en couleurs, au solide bon sens n'excluant pas le cynisme, tranche agréablement avec les laborieuses chimères des officiers. De plus le contraste existant entre lui et Steed nous vaut des scènes particulièrement amusantes, avec enfin des dialogues enlevés. La gouaille de l'un et l'humour élégant de l'autre nous valent sans conteste les meilleures scènes d’un épisode qu’ils sauvent de la catastrophe. Le reste des personnages, militaires et épouses, demeure par contre d'une totale transparence. Comme de coutume Steed se montre spirituel, alors que l'on s'amuse par ailleurs de le voir aux prises avec une machine à laver ! La scène du peloton d’exécution fait également son petit effet. En dehors de son savoureux duo avec Jessop, Steed se montre par moments étonnamment brutal, ce qui n'est pas, encore une fois, sans nous rapprocher de la saison 2. Cathy Gale n'a malheureusement pas la chance de disposer d'un tel interlocuteur et doit se contenter des interminables bavardages des officiers. Elle déclare elle-même s'ennuyer à mourir, comme on la comprend. Elle se voit de plus infliger l'histoire ridicule d'Anne II et une scène de bagarre finale bâclée. Au total, cet épisode la met bien peu en valeur et on ne peut que se réjouir qu'il ne constitue pas son ultime intervention ! EN BREF : Une tonalité écossaise agréable, mais, malgré l’amusant numéro de Roy Kinnear, l’ensemble demeure trop faible pour réellement capter l’attention. VIDÉO Une épingle de cravate judicieusement placée ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Tournage Continuité Détails o Le procès de Steed se déroule le 5 mars, soit à peine quelques jours avant la diffusion de l’épisode. o La culture écossaise s’enorgueillit à juste titre de nombreuses danses traditionnelles extrêmement colorées et plaisantes, encore souvent pratiquées de nos jours. Elles font d’ailleurs l’objet de compétitions très populaires. La danse des épées (Ghillie Callum) présentée dans l’épisode, compte parmi les plus renommées. Elle plonge profondément ses racines dans l’histoire écossaise, les premières observations conservées remontant au XIIIe siècle ! Elle était une occasion pour les guerriers des Highlands de prouver leur agilité et leur vigueur. Des équivalents existaient avec des haches ou des lances. Ghillie Callum était un grand seigneur écossais qui, lors de la victoire de Dunsinane (1504), croisa sa Claymore avec celle du chef vaincu et dansa dessus en signe de triomphe. Les compétitions actuelles, davantage pacifiques et orientées vers la technique, se sont ouvertes aux femmes (fin du XIXe) et celles-ci représentent désormais 95% des compétiteurs ! o Lors de la réception, Bollinger demande à ce que soit interprétée The White Cockarde (1776). Il s’agit d’une des chansons les plus connues du très populaire auteur écossais Robert Burns (1759-1796). Créateur de nombreux poèmes et chants folkloriques, chantre de l’art de vivre et des paysages écossais, le Barde de l'Ayrshire, non content d’être l'une des principales gloires littéraires de l’Écosse, est également considéré au plan européen comme l’un des grands annonciateurs du Romantisme. La Burns Night, célébrée le 25 janvier, jour de sa naissance, est considérée comme une fête nationale en Écosse. On y invite ses amis autour d’un haggis, en récitant la célèbre Adresse au Haggis écrite par le poète (Burns Supper). o "Esprit de corps" (expression française également entendue dans l’épisode), est également pratiquée en Anglais, particulièrement dans le langage militaire (cohésion et moral d’une unité). o En décembre 2004, l’armée britannique fut réorganisée, avec notamment une fusion de tous les régiments écossais, souvent d’un glorieux passé, dans le nouveau Régiment royal d’Écosse, doté de sept bataillons. Ce resserrement provoqua d’ailleurs une grande émotion en Écosse ! Essentiellement basé dans les grandes villes écossaises (QG à Edimbourg), la Reine en est le Colonel en chef, il en va de même pour chaque bataillon, avec un membre de la famille royale à sa tête. Acteurs – Actrices À noter que… Fiche d'Esprit de corps des sites étrangers : En anglais
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