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LA TRAHISON

( THE SELL-OUT)

Tournage : juin 1962

Diffusion : ITV, 24 novembre 1962 – 13ème RUE, 05 février 1998

Scénario : Anthony Terpiloff & Brandon Brady

Réalisation : Don Leaver

Jon Rollason (Dr. Martin King), Frank Gatliff (Mark Harvey), Carleton Hobbs (Monsieur Roland), Arthur Hewlett (One-Twelve), Gillian Muir (Judy), Anne Godley (Lilian Harvey), Michael Mellinger (Fraser), Richrd Klee (Workman), Storm Durr (Gunman), Cyril Renison (Customer), Anthony Blackshaw (Policeman), Ray Browne (Price).

Résumé

Monsieur Roland, un dignitaire des Nations Unies, doit être protégé par Steed. Lors d'une tentative de meurtre, un innocent se fait abattre. Demandant alors au Dr Martin King de l’aider à protéger le dignitaire en question, Steed se voit bientôt accusé du meurtre par un traître.


CRITIQUES


Estuaire44 4 juin 2007

Cet épisode parvient à être encore plus ennuyeux que les autres Dr. King, ce qui constitue une espèce de performance ultime.

L’intrigue se révèle ici particulièrement squelettique et cousue de fil blanc. On n’y trouve strictement aucun suspense ou coup de théâtre. Dès la scène de thé, on comprend qui est le fameux traître. On se croirait presque dans Trop d’indices (saison 6) tant les indices s’accumulent, mais ici pas d’astuce, on en reste à un premier degré bien basique. Dès lors que l’unique ressort de l’intrigue est brisé, l’épisode peut s’installer dans un ennui profond que plus rien ne viendra rompre.

C’est d’autant plus vrai que la mise en scène se résume à une succession de dialogues insipides, filmés par une caméra sans inspiration. Le plus pénible n’est pas leur platitude mais souvent leur inutilité vis-à-vis de l’intrigue. Quel intérêt de filmer avec un tel détail les différentes étapes du déroulement des machinations de Steed ? On a sincèrement l’impression que l’argument de l’histoire est si faible que, pour atteindre la durée normale d’un épisode, plusieurs passages ne servent qu’à meubler.

Les scènes extérieures, très rares tout au long de la saison 2, pourraient constituer une distraction bienvenue, d’autant quelles débutent superbement avec une vue impressionnante du British Museum. Hélas, on déchante très vite ! Ces scènes se cantonnent à des plans silencieux sur des rues sans cachet, des garages etc... Le summum est atteint quand « l’action » s’arrête pour permettre à Steed de mettre des pièces dans le parcmètre ! De plus la qualité des images est atroce, de même que le son durant tout l’épisode. On s’aperçoit tout de même que Steed maîtrise déjà parfaitement l’art difficile de la marche avec parapluie !

On apprécie finalement d’en revenir aux scènes en décor, d’autant que Terry Green accomplit un excellent travail avec des créations parfaitement crédibles. On est également reconnaissant à John Dankworth de nous offrir de jolies mélodies, particulièrement durant l’interminable balade de Steed.

Steed lui-même est à l’unisson de l’épisode, particulièrement terne. Le personnage semble vraiment méconnaissable, en agent secret efficace mais sans aucun cachet particulier. Le fait qu’il utilise une voiture moderne n’est finalement qu’anecdotique face à la scène dramatique où, dissimulé dans l’ombre, il abat froidement Harvey. On en reste atterré : notre héros est tout sauf un porte flingues de bas étage ! Que le Dr King soit menacé n’est pas une excuse, il y avait une foison d’autres manières de s’en sortir ! Il s’agit sans doute d’une scorie de la saison 1, où Steed utilise vraisemblablement davantage le revolver qu’ultérieurement, mais ce passage demeure tout de même insupportable. Steed tire le coup de feu mais c’est lui qui est assassiné ! Je soupçonne les auteurs d’avoir voulu incorporer da l’action à tout prix, face à la totale vacuité de leur ouvrage… Patrick Macnee n’a bien sûr rien à se reprocher, il assure fort bien le peu qu’il a à défendre.

Les épisodes passent mais le Dr King demeure égal à lui-même, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle. Le personnage et son interprète se rejoignent dans la transparence. À noter deux scènes magnifiques d’humour involontaire : d’abord le plaquage du tueur à l’hôtel, totalement téléphoné et anticipé. Puis surtout, la grande scène du dépit amoureux où le Dr King fait mine de refuser d’aider Steed. On n’y croit pas une seconde, ce qui explique que l’on ne soit pas déçu quand finalement il accepte ! Comme de coutume, les dialogues entre les personnages sont dépourvus de toute espèce d’attrait.

À l’inverse de Mission à Montréal et surtout de Mort en vol, La trahison ne peut pas compter sur ses seconds rôles pour susciter un regain d’intérêt. Monsieur Roland paraît bien sympathique, son accent français, particulièrement réussi, est très agréable (il nous quitte d’ailleurs sur un aimable Au revoir !), mais il est trop absent de l’action pour donner du souffle à l’épisode. Harvey est un traître convenu à l’excès, sans réelle personnalité. Même sa maladie ne parvient pas à nous émouvoir, son épouse nous touche davantage.

L’entrée en scène de One-Twelve nous donne des espérances car le décor insolite nous fait un instant songer aux formidables créations qui accompagneront Mère-Grand. Hélas ! le parallèle s’arrête là, tant le dialogue qui s’ensuit est quelconque. Un pétard mouillé de plus ! Arthur Hewlett n’a pas la délicieuse fantaisie faussement bourrue de Patrick Newell et son personnage ne développe aucune sympathie avec Steed, bien au contraire. Par contre il montre un vrai caractère et l’esprit madré qui convient. La scène où il fait face à Steed, évoquant la possibilité que cela soit lui, One-Twelve, le traître, est, de très loin, la meilleure de l’épisode (Who’s to guard the guards themselves ?). Enfin un peu de tension dramatique s’installe entre les personnages ! Mais cela demeure beaucoup trop passager pour influer sur l’épisode.

Ainsi s’achèvent, sans tambour ni trompettes, les mirifiques aventures du Dr. King. L’heure des femmes est venue, nous allons enfin pouvoir commencer à piocher dans la réserve à chapeaux melon !

EN BREF : Une trahison, en effet, mais de la série et de ses admirateurs, tant cet épisode est proche du zéro absolu !


VIDÉO


Steed et le Dr King tendent un piège !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o Dans la scène d’ouverture (01’21’’) la caméra semble heurter quelque chose alors que le Dr. King est filmé en gros plan.

o En s’efforçant d’ouvrir la porte (08’54’’), le plateau aux bras, Mme Harvey fait tomber une cuillère, dont la chute se révèle particulièrement sonore !

 


Détails

o Titre original de l’épisode : Traitor.

o Conformément à sa personnalité si haute en couleurs, c’est en bus que le Dr. King quitte le monde des Avengers.

o Pour mettre en joue Steed, le tueur de l’hôtel attend que celui-ci se soit nettement éloigné et déporté vers la gauche.

o Alors que Monsieur Roland est censé bénéficier d’une protection maximale, le tueur peut entrer sans problème dans la salle de presse, avec son révolver dissimulé par un simple journal !

o British Museum : le colossal British Museum est un des plus prestigieux et anciens musées au monde. En 1753, le médecin Hans Sloane lègue sa collection à la nation anglaise, et le musée ouvre en 1759. N’ayant cessé de s’accroître et de se modifier, le musée abrite aujourd'hui plus de six millions d'objets provenant de toutes les civilisations, représentant d’une fabuleuse manière l’évolution de l’art, de l'origine de l'humanité à nos jours. Il comporte des pièces uniques comme la Pierre de Rosette, les frises du Parthénon (réclamées par la Grèce), ou encore le buste de Périclès. Au milieu du XIXe siècle, il est décrit comme le plus grand chantier d’Europe. Une voie ferrée fut spécialement créée pour faire venir du Devon le granit nécessaire à son expansion ! L’anthropologue Cathy Gale travaillera au Natural History Museum, constitué à partir des collections du British Museum, leur scission étant effective en 1963. Ce musée comporte notamment un gigantesque squelette de diplodocus.

Acteurs – Actrices

o Frank Gatliff (1927-1990) a connu une carrière particulièrement longue et fertile, participant à de nombreuses séries prestigieuses (Destination Danger, L'Homme à la Valise, Department S, Z Cars…). Il a survolé toute l’histoire des Avengers en jouant dans quatre épisodes : One for the mortuary (saison 1), La trahison (saison 2), Le clan des grenouilles (saison 2), Amour quand tu nous tiens (saison 6) et Le repaire de l’aigle (The new Avengers, saison1). Il est même apparu dans Police Surgeon, la série précédant historiquement les Avengers !

o Carleton Hobbs (1898-1978) n’est pas Français comme son accent pourrait le faire croire, mais bien Anglais ! Il n’est pas étonnant qu’il sache prendre ainsi une voix car, s’il a tourné dans de nombreuses séries (The Brothers, Z Cars…), c’est à la radio qu’il a connu le plus grand succès. Entre autres, il a interprété 80 fois Sherlock Holmes à la BBC entre 1952 et 1969. Depuis 1953, la BBC délivre des bourses portant son nom aux jeunes acteurs en formation, qui viendront par la suite jouer dans ses fictions radio.

o Arthur Hewlett (1907-1997) est connu pour ses participations à de nombreuses séries : Doctor Who, Black Adder, Emmerdale, The Troubleshooters et Police Surgeon.

o Gillian Muir (1936) apparaîtra également dans l’épisode Mission à Montréal (saison 2). Elle n’a apparemment pas fait de carrière ultérieure. Elle est la fille de Douglas Muir, qui interprétera One-Ten, le supérieur de Steed, dans cinq épisodes de la saison 1 et cinq de la saison 2.

o Anne Godley n'est guère apparue à l’écran après sa participation aux Avengers : Z Cars, Armchair Thriller, Father Brown

o Michael Mellinger (1929-2004) est également apparu dans l’épisode The far-distant Dead (saison 1) comme dans de nombreuse autres séries (The Troubleshooters, Department S, Bergerac, Poirot…). Il est néanmoins principalement connu pour sa participation à Goldfinger (1964) où il joue Kisch, l’homme de main d’Auric Goldfinger qui gazera les dirigeants de la mafia dans le ranch puis sera exécuté par le colossal Oddjob quand il essaiera de désamorcer la bombe atomique. Il apparaîtra d’ailleurs dans le documentaire consacré à ce film, Behind the Scenes with 'Goldfinger' (1995), dont le narrateur n’est autre que... Patrick Macnee !

o Richard Klee a joué également dans Public Eye, Londoners, Dixon of dock green, Gems et deux épisodes de Mission Casse-Cou.

o Storm Durr n’a pas fait pas carrière au-delà de sa participation aux Avengers.

o Cyril Renison (1903-1993) est également apparu dans l’épisode The Deadly Air (saison 1). Ultérieurement il ne fera plus que quelques apparitions (Z cars).

o Anthony Blackshaw (1929) apparaît dans trois autres épisodes des Avengers : Mauritius Penny (saison 2), Esprit de corps (saison 3) et Le document disparu (saison 6). Il jouera dans de nombreuses autres séries dont Le Saint, Le Baron ou Détective. Il fera une très brève apparition dans Opération Tonnerre (1965) où il joue un des gardes de la base britannique où les bombes sont volées.

o Ray Browne ne fera pas carrière au-delà de quelques apparitions durant les années 60. Il aura tout de même participé à quatre épisodes des Avengers: La trahison, Le grand penseur (saison 2), Le cocon et Mort d’un ordonnance (saison 3).

À noter que……

o Le coiffeur-barbier de One-Twelve est en fait son informateur ! L’idée sera reprise quasiment à l’identique dans Les espions font le service (saison 4), avec nettement plus de fantaisie. Les deux « artisans » connaîtront d’ailleurs la même fin tragique…

o À l’orée de cette saison 2, Steed n’est pas encore devenu la légende vivante du Ministère que nous connaissons… Ses succès de la saison 1 lui valent une certaine réputation (« Steed is very good » déclare One-Twelve) mais personne ne s’effare à l’idée qu’il puisse être un traître, comme ce sera le cas dans Ne m’oubliez pas (saison 6) ! Il faut voir aussi comment s’adresse à lui One-Twelve, lors de la scène du British Museum (« There is never an explanation for a failure », « It is preferable a formal report, Steed, without any commentary »). Jamais Steed ne sera autant au rapport devant Mère-Grand !

o Anthony Terpiloff participe également à l’épisode L’homme dans le miroir (saison 2) et à plusieurs épisodes de Cosmos 1999.

o Brandon Brady (1931-1999) n’écrira plus de scénario mais fera carrière comme acteur (Le Saint, Les Champions…). Il a d’ailleurs joué dans l’épisode Toy Trap (saison1).

o Terry Green, concepteur de décors, interviendra dans sept épisodes de la saison 2 (Mission à Montréal, La trahison, Warlock, le décapode, Mr Teddy Bear , Un traître à Zébra, La naine blanche) et deux de la saison 3 (Ne vous retournez pas, Seconde vue). Ses créations seront toujours de bonne facture, voire excellentes. Elles apporteront un attrait supplémentaire à ces épisodes, particulièrement crucial pour la série au moment où celle-ci est tournée quasi exclusivement en décors intérieurs, aux studios de Teddington.

o Don Leaver mettra en scène 20 épisodes des Avengers, majoritairement dans les saisons 1 et 2. Ses réalisations se révéleront souvent atones et assez plates, à la considérable exception du fameux L’héritage diabolique (saison 4).

o John Dankworth (1927) et un célèbre musicien (saxophone, clarinette) et compositeur britannique de jazz. En 1949 il est élu musicien de jazz de l’année. Il joue à cette époque avec Charlie Parker et Sydney Beckett. Durant les années 50 il crée un ensemble, le Johnny Dankworth Seven, qui connaîtra un vif succès. En 1958 il épouse la chanteuse renommée Cléo Laine, qui participait régulièrement à ses créations. Il entre dans le monde des Avengers en 1961, et composera la musique des trois premières saisons, jusqu’en 1964. Sa carrière sera ensuite marquée par de nouveaux triomphes, notamment avec Duke Ellington et Nat King Cole. En 2006, il devient Sir John Dankworth, premier musicien britannique de Jazz à être ainsi anobli.

Fiche de La trahison des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-9.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/209.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-09-TheSellOut.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale10.htm