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LA LOI DU SILENCE

(CONSPIRACY OF SILENCE)

Tournage : Mars 1963

Diffusion : ITV, 2 Mars 1963 – 13ème Rue, 19 Mars 1998

Scénario : Roger Marshall

Réalisation : Peter Hammond

Robert Rietty (Carlo), Sandra Dorne (Rickie), Alec Mango (Sica), Roy Purcell (Gutman), Tommy Godfrey (Arturo), John Church (Terry), Artro Morris (James), Willie Shearer (Professor), Ian Wilson (Rant), Elisabeth & Collins.

Résumé Carlo, un clown d’origine italienne désormais installé en Angleterre, voit ressurgir un fantôme de son passé mafieux en la personne de Sica, un émissaire venu du Pays lui intimer l’ordre d’assassiner Steed. Celui-ci contrecarre en effet le trafic de drogue de l’Organisation. Carlo craque lors de la tentative de meurtre et s’enfuit dans la nature. Cathy vient enquêter dans le cirque de Carlo, mais Sica retrouve celui-ci et le menace d’abattre sa femme en cas de nouvel échec. Carlo se décide alors à passer à l’action…


CRITIQUES


Estuaire44 7 décembre 2007

L’histoire concoctée par Peter Marshall part dès le commencement avec le lourd handicap d’un postulat absurde : avec une armée de « soldats » à sa disposition, l’Organisation choisirait de faire appel à un clown réticent pour abattre un agent d’élite contrecarrant dangereusement ses projets. De plus, après l’échec prévisible, Sica s’entête contre toute raison à vouloir réutiliser Carlo, au lieu de faire appel à un autre plus qualifié, voire de passer lui-même à l’action. Quand on rajoute à cela la tenue d’opérette de Sica (on se croirait sous Garibaldi et Cavour), son mauvais accent et ses cheveux gominés, on comprend vite que le pendant maffieux de cet épisode échoue totalement.

Heureusement l’intrigue ne se limite pas à cette dérisoire histoire de gâchettes (étant à double détente…). Elle connaît un regain d’intérêt grâce à l’évocation du monde magique du cirque, bénéficiant à cette fin d’un beau décor, impressionnant même pour les faibles moyens de l’époque. Il se voit de plus agrémenté d’un tigre vivant et des superbes numéros d’Elisabeth & Collins, qui concourent beaucoup à la crédibilité de l’ensemble.

Hélas ce bel emballage ne recouvre pas grand-chose, car il faut bien reconnaître que l’action progresse avec une lenteur extrême une fois le décor posé. En attendant Carlo, il ne se passe pratiquement rien et l’on retrouve la malédiction des bavardages inutiles, un des fléaux de cette saison. De plus, malgré l’étonnant travail de maquillage on découvre bien vite le pot aux roses ! On se demande également pourquoi Cathy refuse aussi opiniâtrement les informations du Professeur ?

L’habile Peter Hammond passe l’épisode à filmer son joli décor sous toutes les coutures, ce qui nous vaut des moments réussis mais échoue malheureusement à dissiper tout à fait l’ennui gagnant inéluctablement le spectateur. On note cependant l’amusant Bureau des Affiches, portant bien son nom et l’amusante scène du tatoueur annonçant les futurs Excentriques, tout en demeurant encore discret. La loi du silence s’agrémente également, d’une authentique curiosité, la longue scène d’extérieur de la tentative d’assassinat. D’une qualité d’image certes très médiocre, son originalité en cette saison toute en décors lui confère toutefois un véritable intérêt, d’autant que la flamboyante musique de Dankworth vient rapidement au se cours de l’action. On ne peut que regretter que tous ces brillants éléments soient mis au service d’une intrigue vraiment indigente !

A l’image du reste de l’épisode, les personnages secondaires alternent le pire et le meilleur. Le personnage du Professeur, alerte et fantaisiste, apparaît particulièrement sympathique, de même que les clowns et tous les membres de la grande famille du cirque. Les étonnants Elisabeth & Collins forcent l’admiration ! Le fameux Carlo bénéficie de la remarquable interprétation de Robert Rietty, faisant ressentir avec éloquence les tourments de son personnage. C’est l’inverse qui se produit pour son épouse, Sandra Dorne développant un jeu trop accentué, à la limite du mélodrame. Le plus atterrant demeure néanmoins le triste Sica, paraissant davantage surgir de la commedia dell’arte que des sombres arrière-cours siciliennes!

Le duo vedette sauve encore une fois l’essentiel, en particulier une Mrs Gale de nouveau en avant dans cet épisode. Honor Blackman apparaît très convaincante de bout en bout, que cela soit face au péril ou en manifestant une vraie sollicitude auprès de Rickie. Steed, dont on observe avec intérêt que le chapeau melon commence à véritablement s’imposer, se montre plus que jamais différent de celui que nous connaîtrons ultérieurement. En effet il se montre d’une rare brutalité dans ses menaces envers Carlo, à la limite du sinistre. Cette scène n’en constitue pas moins une éclatante démonstration du talent de Patrick Macnee, tant l’expression de son visage devient alors hostile, voire effrayante. On en frémit réellement!

La scène violente qui en découle entre l’alors brutal Steed et l’idéaliste Cathy constitue le grand moment de tension de l’épisode, illustrant avec un rare éclat leurs profondes différences de personnalité. On assiste ainsi à un Steed perdant le contrôle de ses nerfs, fait rarissime dans toute la série! Cette véritable crise est heureusement surmontée par l’amusante scène finale où Mrs Gale se montre irritée d’avoir montré tant d’émotion devant la mort supposée de Steed. Ce duo, aussi mal assorti que passionnant, est décidemment bien plus solide qu’il n’y parait!

EN BREF :Handicapé par un argument bien peu convaincant, l’épisode bénéficie heureusement de la magie toujours vivace de la Piste aux Etoiles. La loi du silence ne concerne pas Steed et Cathy qui se disputent comme rarement!


VIDÉO


Une conversation orageuse !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o Le Cirque Gutman est nommé Gutmann dans le sous-titrage.

o On observe le passage d’une caméra par la porte ouverte de la roulotte de Rickie (16’57’’) :

o Suite à une réplique amusante (Steed : How can you know so much about tatoos? / Cathy : I took it up in school, instead of needlework!), Patrick Macnee et Honor Blackman débutent un fou rire vite maîtrisé (39’28’’). La complicité des comédiens fait plaisir à voir! :


Détails

o Benetti a anglicisé son nom en Benett. Son interprète Robert Rietti a fait de même, prenant comme nom de scène « Rietty ».

o Les années 60 correspondent effectivement à un envol de la consommation de stupéfiants en Occident et à la mise en place des trafics afférents.

o Les Avengers sont au chômage, techniquement ils n’ont personne à venger durant cet épisode!

Acteurs - Actrices

o Robert Rietty (1923) participe également à l’épisode Le piège (saison 8, TNA). Fils de l’acteur Simon Rietti (Le Saint, Destination Danger), il naît à Londres dans une famille d’origine italienne. Parfaitement bilingue, il conservera toujours une activité d’interprète et de traducteur d’auteurs italiens (Pirandello), parallèlement à sa carrière de comédien. Enfant star à neuf ans il apparaît dans de nombreuses séries (Destination Danger, L’homme à la valise, Amicalement votre…), mais cet ami proche d’Orson Welles, demeure également un doubleur réputé. Il suppléait, en Anglais, des acteurs dont l’intonation posait problème. Il réalise ainsi de nombreux doublages dans les James Bond, dont Adolfo Celi dans le rôle d’Emilio Largo (Opération Tonnerre, 1965). Il est également la voix du N° 2 dans de nombreuses introductions du Prisonnier !

o Alec Mango (1911-1989) paricipe aussi à l’épisode Un Steed de trop (saison 4). Il est également aperçu dans Le Saint, Destination Danger, Z Cars… Au cinéma il fut, notamment, le Calife dans Le septième voyage de Sinbad (1958).

o Artro Morris (1926) joue également dans l’épisode Comment réussir un assassinat (saison 4). Il a participé à de nombreuses séries, dont The Troubleshooters, Le Baron, Softly Softly, Z Cars, Dixon of Dock Green

o Elizabeth & Collins interprètent leur propre rôle. Martin Collins et son épouse Elizabeth ont débuté leur duo de lançeur de couteaux et de cible dans les années 40. Ils deviennent très populaires grâce à leur numéro de la Roue de la Mort, où Martin lance ses lames sur Elizabeth en train de tourner, alors que lui même est en équilibre sur une corde! Au début des années 60 Elizabeth se retire et leur fille prend la relève sans que le nom de scène soit modifié. C’est elle qui apparaît dans l’épisode. Le duo participa plusieurs fois au Ed Sullivan Show. Aucun drame n’est jamais survenu !

o Sandra Dorne (1924-1992) apparaît également dans l’épisode Diamond cut diamond (saison 1). Sa blondeur platine et sa présence lui valut un grand succès durant les années 50 et 60, au cinéma (OSS, 1957, Devil Doll, 1964) comme à la télévision (Z Cars, The third man…). Avant de tenir 35 rôles, principalement dans des films de suspens ou d’épouvante, elle fut une pin-up très populaire!

A noter que…

o Un tatoueur, le pittoresque Fintry et son équivoque saucisson, réapparaîtra dans La danse macabre (saison 4).

o Le fascinant monde du cirque apparaît également dans les épisodes La trapéziste (saison 1) et Clowneries (saison 6). Dans ce dernier épisode, on retrouve le thème du maquillage spécifique identifiant chaque clown, grâce à l’impressionnante collection d’oeufs peints de Marcus Rugman/John Cleese. Et si Maxie et Jennings étaient passés par le cirque Gutman?

o Steed, aidé cette fois de Purdey, Gambit et d’un infortuné agent de la CIA s’en prendra de nouveau aux trafics de drogue organisés par la mafia internationale. La riposte sera également une tentative d’assassinat ( Le piège, saison 8, TNA).

o Roger Marshall (1934) fut un des auteurs les plus importants des Avengers. Il écrivit pas moins de quinze épisodes, de la saison 2 à la saison 5, donnant naissance à quelques uns des plus beaux moments de la série. Il a ainsi écrit : Tueurs à gage, Mort d’un grand danois, La loi du silence (saison 2), La toison d’or, Mort d’un ordonnance, La cage dorée, La mandragore (saison 3), Meurtres par téléphone, Avec vue imprenable, La poussière qui tue, l’heure perdue, Maille à partir avec les taties, Les chevaliers de la mort (saison 4), Une petite gare désaffectée et Un petit déjeuner trop lourd (saison 5). En 2000, il réalisera également un documentaire sur la série : Avenging the Avengers. Il a participé à l’écriture d’autres séries : Public Eye, Armchair Theatre, Lovejoy

o Peter Hammond (1923) est une figure importante de la série car il a réalisé pas moins de 19 épisodes, durant les saisons 1 (neuf épisodes, dont Passage à tabac), 2 (Warlock, Le point de mire, Mort d’un grand Danois, Les œufs d’or, La loi du silence) et 3 (Plaidoirie pour un meurtre, La toison d’or, Ne vous retournez pas, Le piège à rats idéal, Seconde vue). Il a participé à de nombreuses autres séries (Rumpole of The Bailey, Shades of greene…). Plus récemment il a tourné neuf épisodes du Sherlock Holmes de Jeremy Brett.

Fiche de La loi du silence des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-23.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/223.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-23-Conspiracy.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale24.htm