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Docteur Jekyll et Sister Hyde (1971)Présentation

Saga Hammer

Capitaine Kronos, chasseur de vampires (1974)


CAPITAINE KRONOS, CHASSEUR DE VAMPIRES
(CAPTAIN KRONOS – VAMPIRE HUNTER)

Résumé :

Bretteur accompli, Kronos est un ancien soldat qui traque les vampires. Il est appelé par son ami, le docteur Marcus, dans un village où des jeunes filles sont attaquées et meurent après avoir connu un vieillissement prématuré. Pour Kronos, elles ont été victimes d’un vampire qui les prive de leur énergie vitale.

Critique :

Après avoir magnifiquement renouvelé le thème du docteur Jekyll dans Docteur Jekyll et Sister Hyde, quoi de plus naturel pour la Hammer que de confier à Brian Clemens le soin de dépoussiérer le thème du vampire qui a fait la gloire de la firme. Malheureusement, malgré de bonnes idées, le scénario manque de surprises et surtout le film pèche par sa lenteur et son manque de rythme. Portant, il semblait pouvoir relever le gant avec un mélange de western et de cape et d’épée. En ceci, il annonce l’étrange Les sept vampires d’or qui mêlera vampirisme et kung-fu !

Visuellement, le film commence très fort et Brian Clemens semble exceller à trouver des images fortes comme la jeune femme au pilori que Kronos libère et qui deviendra sa compagne ou la chauve-souris suspendue à la croix de la pierre tombale. Quelques angles sont bien trouvés pour les premières attaques et, sur la toute fin, un lent travelling sur la coursive surplombant la salle où dort Caroline Munro fait passer un frisson d’angoisse. Sauf qu’entre les deux, c’est plat. Les décors naturels sont d’une banalité consternante et rappellent la forêt dans Dracula, prince des ténèbres ; sans doute parce que ce sont les mêmes probablement ! Le village est à peine esquissé et le manoir des Durward se résume à une façade gothique et une grande salle qui fait vraiment décor. On a connu Brian Clemens plus inspiré !

Pendant une grande partie du film, Kronos et son partenaire, le docteur Grost ne font pas grand-chose à part tendre des pièges inefficaces et deviser ou fumer avec l’air pénétré de ceux qui réfléchissent profondément. Le docteur Grost est un personnage intéressant à qui John Gates apporte une certaine sympathie mais c’est encore une figure du « sachant » bien connue des amateurs de films de vampires et qui ne manque pas de nous donner un cours, bref et pas dénué d’intérêt car Brian Clemens a une plume audacieuse. Dommage que le réalisateur, Clemens Brian, n’en fasse pas grand-chose, hormis peut-être une scène d’exécution d’un vampire pas piquée des vers. Bien filmé, avec un léger parfum d’ironie, ce passage se suit avec plaisir mais on garde cependant l’impression que c’est une saynète pour passer le temps.

En fait, tout le film se résume à la préparation de la bataille finale entre Kronos et le vampire. On a attendu une heure pour une scène de vingt minutes. Alors oui, elle est très bien rythmée et le duel à l’épée est un morceau passionnant. La mise en scène est intéressante : alors que Kronos et son adversaire ne cessent de bouger, les autres participants sont statiques car ils ont été plongés dans l’hypnose. Ce final débute par un coup de théâtre fantastique formidablement bien amené. Il n’en reste pas moins que près d’une heure de film s’est déroulée à une cadence paresseuse.

Le problème du manque de rythme se conjugue avec un autre, embarrassant également. L’acteur principal, Horst Janson, manque de charisme et ne paraît pas très impliqué. Pas étonnant que le personnage, censé devenir récurrent, ne soit jamais revenu ! Ensuite, les autres personnages sont de simples illustrations. On est ravi, par exemple, de revoir Ian Hendry dans un rôle de sale type mais c’est une scène purement gratuite ! Brian Clemens a donné un petit rôle à un acteur qu’il aimait bien mais le spectateur est le dindon de la farce. John Carson, qui incarne Marcus, est plus intéressant que dans L’invasion des morts-vivants mais ce n’est pas non plus le Graal. En fait, on devine assez vite ce qui va lui arriver. Le duo des Durward, Paul et Sarah, est plus intéressant car leurs liens sont ambiguës (d’autant que Lois Daine porte les cheveux courts et un habit d’homme, ce qui est audacieux et tendancieux pour l’époque) mais, là encore, le peu de charisme des acteurs empêche le récit de décoller.

Le plus grand péché de Brian Clemens ici est de s’être montré incapable d’écrire et de faire vivre le personnage de Carla auquel Caroline Munro apportait sa fraîcheur et sa beauté. Ah ! Oui ! Elle est belle ! Brian Clemens la filme deux fois en clair-obscur complètement nue mais quelle utilité dans le récit ? Carla est le repos du capitaine Kronos et n’agit jamais par elle-même. Plusieurs scènes la montrent d’ailleurs parfaitement désœuvrée ! La Hammer n’a jamais été féministe mais Brian Clemens, qui avait pourtant su donner de l’ampleur à la Sister Hyde jouée par Martine Beswick, est ici d’un machisme confondant et scandaleux.

Anecdotes :

  • Sortie anglaise le 7 avril 1974

  • Scénario et réalisation de Brian Clemens. Il s'agit de la seule réalisation de Brian Clemens.

  • Musique de Laurie Johnson, bien connu pour avoir composé celle des saisons 4 à 8 de Chapeau melon et bottes de cuir.

  • Le tournage s'est déroulé du 10 avril au 27 mai 1973 à Iver Heath, ainsi qu'aux studios d'Elstree.

  • La Hammer avait imaginé toute une série de films mettant en scène le capitaine Kronos, affrontant Frankenstein et Dracula, mais à la suite de l’échec commercial de ce premier film, les suivants furent annulés.

  • Présenté en France lors du 4e Festival du film fantastique de Paris en 1976, le film ne connut pas d’exploitation en salles.

  • Remarque intéressante : la croix ne protège que ceux qui ont vraiment la foi. Le scénariste et dessinateur de bande dessinée Yves Swolfe ne dira pas autre chose dans La lettre de l’inquisiteur, 2ème volume du « Prince de la Nuit », une histoire de vampire.

  • Mesmérisme : également appelé « magnétisme animal », c’est un ensemble de théories et de pratiques thérapeutiques de la fin du XVIIIème siècle développées par le médecin allemand Franz Anton Mesmer (1734-1815). Si, de son vivant, Mesmer fut considéré comme un charlatan par les autorités médicales, ses travaux sont à l’origine de théories sur l’hypnose.

  • Curiosité : une femme est agressée chez elle. Or, un vampire ne peut entrer quelque part s’il n’y est pas invité.

  • Lorsque le vampire affirme être « Karstein par naissance », il fait référence à Carmilla que la Hammer venait d’adapter sous forme de trilogie : The vampire lovers (1970), Lust for a vampire (1971) et Les sévices de Dracula (1971).

  • Selon le critique Richard Combs : « Ni horreur pure, ni parodie, le film emprunte à trop de genres (…) et trop vite pour qu’on puisse au final saisir le ton et le genre qui en résultent ».

  • Michael Carreras fut consterné par le résultat et considéra que l’équipe de Clemens n’avait pas « l’expertise souhaitée pour ce genre de matière première ».

  • Horst Janson/capitaine Kronos : acteur allemand, on l’a vu au cinéma dans Le glaive et la balance (1963), La percée d’Avranches (1979) et dans de nombreuses productions allemandes.

  • Caroline Munro/Carla : actrice anglaise, elle débute comme mannequin dès 1965. Elle débute au cinéma dans Casino Royale (1967). Pour la Hammer, elle tournera dans Dracula 72 (1972) et fut envisagée pour Frankenstein et le monstre de l’enfer. On la verra dans Le fabuleux voyage de Sinbad (1973), L’espion qui m’aimait (1977), Maniac (1980), Les Frénétiques (1982), Les prédateurs de la nuit (1988). On a pu la voir à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1977), Un privé sous les tropiques (1992), Inspecteur Barnaby (2013).

  • John Gates/Grost : acteur britannique (1932-2009), il s’agit pratiquement de son dernier film. On l’a vu au cinéma dans Alfie le dragueur (1966), Le magot (1970), L’abominable Dr Phibes (1971) mais l’essentiel de sa carrière s’est déroulée à la télévision : Z Cars (1962-1971, 7 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir (1936-1967, 3 épisodes), Emergency Ward-10 (1965), Docteur Who (1966, 4 épisodes), Alias le Baron (1967), Departement S (1969), The Black Tulip (1970), Angoisse (1975), The Duchess of Duke Street (1976-1977), Inspecteur Morse (1989), Jeeves and Wooster (1993), Inspecteur Barnaby (1998, 2007).

  • Shane Briant/Paul Durward : acteur et écrivain britannique, il vit en Australie depuis 1983. On a pu le voir dans Le baron rouge (1971), Le Piège (1973), L’amant de lady Chatterley (1981), Cassandra (1986), The Lovers (2013).

  • Lois Daine/Sarah Durward : actrice britannique, vue au cinéma dans Un homme pour le bagne (1960), Les Hauts de Hurlevent (1970) mais surtout à la télévision : Mary Barton (1964), L’homme à la valise (1967), Coronation Street (1970, 1974), Couples (1975-1976), The Tale of Beatrix Potter (1982), The Bill (1993-1994).

  • Ian Hendry/Kerro : acteur britannique (1931-1984), mort d’une hémorragie à l’estomac le 24 décembre 1984. Il a tourné pour le cinéma : Les chemins de la haute ville (1959), L’étrange mort de Miss Gray (1963), Repulsion (1965), La colline des hommes perdus (1965), Danger, planète inconnue (1969), Théâtre de sang (1973), Profession : reporter (1975). Il a aussi tourné pour la télévision : Destination danger (1965), Le Saint (1969), Amicalement vôtre (1971), Bergerac (1981). Il fit partit de la distribution initiale de Chapeau melon et bottes de cuir (1961) avant de retrouver The New Avengers (1976).

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