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Psy (1981)La Revanche (1981)

Comédies françaises Années 80

Marche à l'ombre (1984) par Sébastien Raymond


MARCHE À L'OMBRE (1984)

Résumé :

Deux copains musiciens qui font la route ensemble depuis longtemps rentrent à Paris à la recherche d’un ami qui pourrait leur trouver du boulot. Mais très vite, la recherche s’avère vaine et compliquée. Les petits boulots, surtout ceux qui s’affranchissent de la légalité, leur font rencontrer des gens plus ou moins bien intentionnés. La relation d’amitié entre les deux hommes se complique, entre les histoires d’amour de l’un et les maladies imaginaires de l’autre.

Critique :

Dans le sillon de Viens chez moi, j'habite chez une copine, Marche à l'ombre se taille une belle place. Le film est bon à bien des égards : cadencé, dialogues affûtés, acteurs très naturels, réalisation fort correcte, bien dans son époque. À sa sortie, le film ne m'avait pas fait une gigantesque impression, mais aujourd'hui son identité années 80 me paraît tellement évidente, avec toute sa joyeuse flamboyance.

J'aime particulièrement les dialogues de Michel Blanc, très incisifs, claquant comme des coups de fouet de drôlerie. Les deux acteurs sont particulièrement bons à se renvoyer les répliques. Leur rythme est excellent.

Gérard Lanvin peut-être plus avantagé, car ayant le beau rôle (on disait “jeune premier” dans le temps), projette sa personnalité avec beaucoup de naturel. Je ne sais dans quelle mesure ce rôle constitue une composition, mais il semble en effet totalement en adéquation avec le personnage. 

Michel Blanc joue son rôle habituel, avec peut-être lui aussi une part un peu plus naturelle. Avec l'expérience et l'assurance, le comédien arrive à bien moduler, à mettre de la nuance dans son éternel personnage de chouineur malchanceux et de malade imaginaire. Par conséquent, le rôle n’est pas excessif dans la caricature, assoit une certaine crédibilité.

Tout cela est très agréable, fonctionne parfaitement pour mettre le récit sur les rails d’une bonne dynamique. En effet, il faut noter ce bel équilibre dans la narration. Le film est fluide, sans temps mort préjudiciable. Ils existent, mais offrent des ruptures au contraire salutaires.

La parure musicale (Téléphone, Renaud) ajoute une note acidulée de rock à la panoplie du film. Là encore, le film gagne en couleurs. 

La photographie de Eduardo Serra est dans ce domaine déjà bien à l'œuvre également. Très claire, avec ce CinémaScope élégant, l'image est une invitation au plaisir cinématographique que j'aurais bien du mal à écarter. Je confesse que ce format exerce une sorte de fascination préalable quand il est aussi bien éclairé. Pour peu que l'histoire soit mouvementée, que les acteurs soient bons et le rythme endiablé, alors je passe très facilement un bon moment (il est vrai que je suis plutôt bon public en règle générale). Quoiqu'il soit, c'est le cas encore.

D'ailleurs, c'est marrant mais je viens de voir un film à peu près contemporain de celui-ci, une autre comédie, d’un autre membre de la troupe du Splendid, Gérard Jugnot : Pinot, simple flic. Et les deux films peuvent se comparer puisqu'ils évoquent la France d’en bas. L’un le fait dans le gras du quotidien aussi bien que dans les ténèbres de la came (Pinot), alors que l'autre (Marche à l’ombre) le fait au rythme d’une musique Jazz ou Rock, dans la lumière du jour avec un état d'esprit nettement positif. C’est fou ce que le traitement photographique d’un film peut déclencher comme prédisposition d’esprit chez le spectateur.

Anecdotes :

  • Gérard Lanvin et Michel Blanc se connaissent depuis belle lurette. Depuis leur plus fantasque jeunesse, du temps des Cafés Théâtre. Ils se sont rencontrés dans un magasin, l’un volant du plâtre, l’autre des clous.

  • Au départ, au moment de l’écriture, Michel Blanc pense d’abord à Bernard Giraudeau, avec lequel il a déjà joué ce duo dans Viens chez moi, j’habite chez une copine, mais également à Mathilda May. Mais les deux comédiens n’étaient pas disponibles. Michel Blanc se tourne alors respectivement vers Gérard Lanvin et Sophie Duez pour les remplacer. C’est aussi pour cela que le personnage de Sophie Duez se prénomme Mathilde.

  • Le tournage a eu lieu entre autres à Marseille, dans le quartier de l’Estaque, sur le port autonome, à Paris à la station des Lilas, devant le cinéma MacMahon, à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, et à New-York sur Time Square et Queensboro Bridge.

  • Le film cartonna avec plus de 6 millions d’entrées. Pour un premier film de Michel Blanc, c’est un succès phénoménal!

  • C’est aussi le premier film de Sophie Duez.

  • Petite apparition en clin d’oeil de Patrick Bruel en musicien de métro qui reprendre sa place que les deux larrons lui ont pris.

Séquences cultes :

C'est des conneries, les autres m'ont rien fait !

Ça vous dérange pas la musique ?

La vache, même ici ça tangue !

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