Open menu

La Revanche (1981)Ma femme s'appelle reviens (1982)

Comédies françaises Années 80

Les babas cool (1981) par Sébastien Raymond


LES BABAS COOL (1981)

Résumé :

Antoine représentant de commerce tombe en panne dans le sud de la France. Dans la campagne, il trouve refuge auprès d’une communauté hippie isolée. Surtout il y rencontre Aline, une jeune femme très libérée et très attirante. En froid avec son épouse, Antoine décide de revenir plus tard pour passer plus de temps avec Aline.

Critique :

J'aime bien ce film, malgré des défauts certains. Commençons par celui du rythme. En effet, je ne sais trop pourquoi, s’il s'agit du montage ou du scénario, mais j’ai la nette impression à chaque revoyure que le film pâtit de plusieurs changements de rythme, de ruptures trop brutales.

D’abord très doux, l'intrigue installe la situation idyllique. Normal. Puis, la présentation plus précise des nombreux personnages de la communauté, avec les interactions plus complexes paraît se jouer sur un tempo plus erratique et à la fin, on a un emballement qui correspond à l’explosion hystérique finale. Tout cela semble logique, sensé. Néanmoins, quand on revoit le film, l'impression que l'histoire ne maîtrise pas ses différents temps se renforce de façon plutôt désagréable. On a la sensation qu'il manque un truc, une pièce dans la machine pour lui donner du liant. Mais que c'est dur de voir en quoi cela n'est pas abouti ! C’est paradoxal : le récit suit son fil logique naturel.

Je connais quelqu'un, un poil baba lui-même un temps, qui ne supporte pas le regard posé par le film sur cet univers. Évidemment, ce regard est très cruel : en gros, la communauté décrite ici ressemble à un monde d’éclopés, de névrosés en tout genre et surtout bouffi d’hypocrisies.

Malgré tout, je n'arrive pas à être en total accord avec cela. Je ne suis pas certain que le film soit aussi critique qu’il s’en donne l’air. Certes, a priori il est moqueur et méchant. Mais au fond, les personnages sont dépeints bien souvent avec chaleur et bienveillance.

Ceux qui gravitent en dehors de la communauté baba, à commencer par celui de Christian Clavier, ne sont pas mieux lotis en matière d'hypocrisie ou de psychologie branlante. Aussi peut-il être lu comme une dénonciation de la vision angélique du mouvement baba, au même titre que celle de la société traditionnelle, bourgeoise et de consommation que les babas essaient de fuir. Comme le film tire dans toutes les directions, le procès qui peut lui être fait d'être injuste n’est pas légitime.

Surtout, je n'ai pas l'impression qu’il y ait une véritable agressivité à l'égard des personnages. On se moque certes, mais cela reste en fin de compte d’une méchanceté “douce”. Je reste persuadé que les comédiens, comme les scénaristes éprouvent quelque affection pour leurs personnages.

La réalisation très neutre de François Leterrier confirme ce sentiment. De même que l'habillage musical guilleret, délicat en adéquation avec le thème. J'ai un petit faible pour le riz complet de Nino Ferrer qui me met en joie dès le générique et la chanson sur James Dean de Martin Lamotte que chante Patrick Fierry à deux reprises, mélancolique et entêtante.

Revoir régulièrement une partie de la troupe du Splendid me procure beaucoup de plaisir. En-deçà des deux bronzés et du père noël, ce babas cool est tout de même un rendez-vous agréable, grâce notamment à ses acteurs.

Christian Clavier dont on a à juste titre critiqué l'évolution de jeu à un certain moment de sa carrière (une hystérisation à la “De Funès” pas toujours maîtrisée) est ici formidable de justesse. Une sobriété qui sert un personnage falot, un poil paumé, sans doute un peu cynique et méchant, finalement victime de ses errements, comme les autres. Anémone, Marie-Anne Chazel, Philippe Léotard et Martin Lamotte sont certainement ceux qui tirent également le meilleur parti de ce scénario.

Un film plaisir, une gourmandise à croquer de temps en temps par nostalgie aussi.

Anecdotes :

  • L’expression “baba cool” est typiquement française, un faux anglicisme qui signifie “hippie”. Elle vient de l’indien “baba” (“papa”) et de l’anglais “cool” (“calme”).

  • Le film a été tourné à l’été 1981 dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pour être précis à Forcalquier, Manosque, Gréoux les Bains, Simiane la Rotonde et Reillanne.

  • François Leterrier a eu le nez creux lorsqu’il s’est mis à la recherche de son compositeur de musique : "Pour ce film, j’ai cherché un compositeur qui soit capable de comprendre et de ressentir le sujet du film. Je voulais une chanson-titre pour le film et j’ai pensé à Nino Ferrer pour la composer. Je lui ai soumis l’idée et il a été partant. Il est venu à Paris pour voir le film et pour discuter de la musique. Il est reparti chez lui, dans le Sud, et quelques semaines plus tard, il m’a appelé pour me faire écouter son travail. Je me souviens qu’Yves Rousset-Rouard, le producteur du film, qui était près de moi, a pris l’écouteur et m’a dit : « Écoute, on ne peut pas se décider là-dessus… » La qualité du son était assez mauvaise, mais la musique de Nino a parfaitement collé au film et à son ambiance. Il a fait la musique des Babas-Cool avec beaucoup de plaisir."

  • Le titre actuel Les babas-cool est le titre voulu par François Leterrier. Mais juste avant la sortie, le producteur Yves Rousset-Rouard ne l’entend pas de la même oreille : « Les gens ne vont rien comprendre aux Babas-colle… Ça va être un désastre ! ». Une réplique de Marie-Anne Chazel dans le film lui fait dire : “Quand tu seras débloqué, fais-moi signe”. Lors de la projection pour la production, quelqu’un dans la salle nota que cela pouvait être le nouveau titre, étant donné qu’à l’époque, la mode était aux titres à rallonge. François Leterrier s’en est voulu d’avoir cédé à ce caprice.

  • Le producteur Yves Rousset-Rouard est l’oncle de Christian Clavier et de Stéphane Clavier. Ce dernier officie en tant qu’assistant réalisateur sur ce film.

Séquences cultes :

T'as du feu ?

Je t'avais mis dans les 37%

Pour des raisons politiques

Retour à l'index