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A nous les garçons (1985)Scout toujours (1985)

Comédies françaises Années 80

Le téléphone sonne toujours deux fois (1985) par Sébastien Raymond


LE TÉLÉPHONE SONNE TOUJOURS DEUX FOIS (1985)

Résumé :

Alors qu’un tueur en série assassine des femmes dans Paris à l’aide d’un combiné de téléphone, une sorte de compétition met aux prises le commissaire de police et une bande de détectives privés qui se réunit autour de Marc Elbichon (à moins que ce ne soit Marcel Bichon ?).

Critique :

Ce film se révèle être finalement un document : celui qui voit encore associés les Inconnus "première époque", quand ils étaient 5, avec Seymour Brussel et Smaïn. En soi, il s'agit là d'une rareté : question de droits dans laquelle le producteur Lederman joue un rôle crucial comme à son habitude (m'enfin, qu'il ne soit pas oublié qu'on n'a jamais mis un revolver sur la tempe des trois inconnus qui ont signé leurs contrats avec lui). Impossible de trouver trace des spectacles de cette époque. C'est bien dommage, j'en ai des souvenirs bien plus drôles que quand ils n'étaient plus que 3.

Reste donc ce film gentiment foutraque, pas très bien balancé, pas trop bien réalisé non plus, mais disons encore assez sympathiquement drôle et flanqué d'une sacrée bande de panouillards. C'est déjà un petit plus qui attire l’œil du bon client que je suis.

Si, comme je le disais, la réalisation laisse quelque peu à désirer, à cause de nombreuses maladresses, d'un manque d'énergie et d'invention, si le rythme est bien trop mollasson pour une comédie, on se contentera d'apprécier la multitude de gags complètement absurdes à la mode ZAZ, qui faisait tant fantasmer les gamins et les comiques de l'époque. J'en suis toujours extrêmement friand. Le non-sens bécote allègrement les franchouillardises et autres gags éculés, mais je m'en fous. A la rigueur, ce mélange des genres de comique me séduit. L'accumulation n'est certainement pas un indice de grande qualité, mais cela finit par former un gloubi-boulga qui n'a rien d'indigeste. Au contraire, leur joie de jouer ensemble cette parodie de polar noir fait plaisir à voir. Leur enthousiasme se traduit par une gaieté naturelle et communicatrice.

Peut-être faut-il avoir partagé la même époque, les années 80, avoir reçu la même influence (qui sait ?) pour apprécier ce film ? Effectivement, de nombreux gags sont autant de clins d’oeil à la culture du temps.

Je suppose également qu'il faut faire preuve d'indulgence parce qu'à cette époque, les comédiens sont tous des débutants, prometteurs mais encore un peu trop brouillons et inexpérimentés pour montrer quelque chose de définitivement solide. Leur tentative reste louable et est assez touchante en fin de compte.

Je n'ai pas d'affection particulière pour ces comédiens, j'aime surtout leur collectif. Et pourtant j'avoue que le personnage joué par Seymour Brussel a une réelle consistance qui me plait bien. Le plus doué du groupe m'a toujours paru être Didier Bourdon, malheureusement il s'est affublé d'un personnage de détective privé faussement américanisé, pas trop mal troussé, mais manquant nettement d'originalité pour pouvoir laisser une belle impression. Pascal Légitimus, Bernard Campan et Smaïn ne sont pas vraiment époustouflants. Le numéro de Jean-Claude Brialy me laisse dans une indifférence polie. La jeune Clémentine Célarié fait pratiquement de la figuration. Le problème effectivement avec cette distribution pléthorique, c'est qu'elle laisse peu de marge aux comédiens. Difficile alors à tous ces petits rôles de trouver l'angle qui les fera exister. Michel Galabru tire son épingle du jeu. C'est sûrement le seul. Et décidément, ce qui sauve les comédiens sur ce film, c'est bel et bien cette accumulation. Mais je comprends que chez les spectateurs, cela puisse provoquer pas mal de bâillements. Je comprends sincèrement.

Voilà, il n'y a finalement pas grand-chose à dire sur ce petit film, si ce n'est que cette incroyable distribution et le nombre tout aussi imposant de gags procurent un certain plaisir à ceux qui en veulent, à quelques privilégiés. Je ne mégote pas sur ces quelques sourires et la capacité du film à raviver certains souvenirs joyeux. Évidemment, pour la plupart le film va paraître comme une énorme incongruité sur pellicule. Pour les autres, c’est un plaisir qui ne se refuse pas et qu’on peut regoûter sur des revoyures espacées.

Anecdotes :

  • Après deux ans au Petit Théâtre de Bouvard, émission télé d’Antenne 2, où ils se sont rencontrés, ceux qui ne s’appellent pas encore les Inconnus, mais “les Cinq”, Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus, Smaïn Firouze et Seymour Brussel ont de suite l’intention de frapper un grand coup et faire un film, pas une pièce, ni un spectacle. C’est eux qui vont aller chercher un réalisateur, Jean-Pierre Vergne et une distribution d’acteurs plus anciens, comme Jean Yanne, Jean-Claude Brialy, Darry Cowl, Michel Constantin ou Michel Galabru.

  • Au scénario, seul Smaïn ne participe pas. S’y ajoute Jean-Pierre Vergne, fort de son expérience.

  • Ce film est le premier essai au cinéma des Inconnus. Seuls Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus retenteront leur chance ensemble et avec bien plus de succès en 1993 pour Les trois frères.

  • Jean-Pierre Vergne est un habitué des films de troupes. Il avait déjà réalisé un film avec Les Charlots : Les Charlots contre Dracula (1980).

  • Le téléphone sonne toujours deux fois est une parodie de film noir. Il emprunte de manière plus qu’évidente son titre à Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett (1946) et de son remake éponyme de Bob Rafelson (1981)

  • Quelques mois après la sortie du film, l’ambition d’évoluer en solo de Smaïn se concrétise. Il aura pendant un temps un grand succès dans le One-Man-Show. A ce moment-là, les Cinq se renommeront Cat’Car&Co. Et de leur rencontre avec Paul Lederman, ils se rebaptiseront “Les inconnus” pour leur premier spectacle à 4 : Au secours, tout va bien que seuls les grands veinards comme moi ont vu et revu sur VHS, un spectacle génial, tout en puissance et gags qui seront réutilisés par la suite avec beaucoup de succès mais un tout petit peu moins percutants à trois.

  • Seymour Brussel a mis sa carrière de comédien, non pas en parenthèse, mais un peu en retrait. Il est devenu bioénergéticien, mais n’a pas voulu totalement arrêter, il lui arrive de monter encore sur les planches à l’occasion.

  • La chanson Box just box utilisée à de nombreuses reprises dans le film est écrite et chantée par Didier Bourdon, Pascal Légitimus et Bernard Campan, sous le pseudonyme Cat’Car&Co..

Séquences cultes :

Tout se tient

J'en trouverai pas deux comme ça

Toi pas comprendre ?

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