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L'Inspecteur HarryJoe Kidd

Saga Clint Eastwood

Joe Kidd (1972) 


JOE KIDD
(JOE KIDD)

classe 4

Résumé :

Un ancien chasseur de primes aide, à contrecœur, un riche propriétaire et ses hommes de main à traquer un chef révolutionnaire mexicain, avant de s’apercevoir qu’il s’est trompé de camp.

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Critique :

Joe Kidd a une réputation de dur à cuire et de pisteur hors norme mais il séjourne dans une prison du Nouveau-Mexique. Lorsqu’il passe devant le juge local, un groupe de Mexicains fait irruption au tribunal pour des revendications territoriales et des documents sont détruits. Le leader, Luis Chama (John Saxon), a recours aux armes et exige une réforme agraire. Frank Harlan (Robert Duvall), un riche propriétaire terrien, décide de régler le problème en engageant une bande de tueurs et demande les services de Kidd à qui il paye la caution. Harlan veut débusquer Chama, personnage charismatique qui aide les petits propriétaires mexicains face aux colons américains qui s'approprient leurs terres. Initialement, Kidd désire rester neutre mais lorsque Chama commet l'erreur de voler ses chevaux et de terroriser ses amis, l’ancien chasseur de primes se joint au groupe de chasse, avant de se rendre compte qu’il est peut-être du mauvais côté...

L’action se situe au début du XXème siècle avec l’apparition d’armes sophistiquées. L'histoire originelle s'inspire de la vie d'un leader passionné de la lutte de la terre, mais le scénariste, Elmore Leonard, l'a sensiblement modifiée pour que le personnage interprété par Eastwood devienne le héros, un ancien chasseur de primes pris entre un révolutionnaire mexicain et un riche propriétaire terrien. L’intrigue n’est pas originale pour deux sous et Joe Kidd est un film bien pâlot coincé entre deux chefs-d’œuvre dans la filmographie d’Eastwood. De ce fait, il est loin de faire partie de ses meilleurs westerns et il est seulement connu des inconditionnels de l’acteur. Cependant, il se laisse regarder sans ennui même si on l’oublie rapidement.

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Joe Kidd présente quelques attraits et des pointes d’humour qui permettent de sortir le film de la léthargie. Le début est assez cocasse avec Kidd/Eastwood, habillé en dandy – chapeau melon, faux col et cravate -, condamné à dix jours de prison pour tapage et braconnage, qui sauve un juge de l’enlèvement et de l’ire des révolutionnaires. Il en profite pour balancer une gamelle de fayots à la figure d’un codétenu qui lui cherche querelle. Il y a aussi la scène surprenante de la rencontre de Kidd avec la copine d’Harlan…Kidd s’allie à la bande d’Harlan mais il se rend compte que l’individu est sans pitié et que les hommes engagés sont de véritables tueurs.

Puis l’intrigue s’enlise vite et l’intérêt réside ensuite dans la confrontation de l’équipe d’Harlan opposée à Kidd qui trouve une alliée avec Helen Sanchez (Stella Garcia). La séquence dans le pueblo est à ce titre une des meilleures du film avec la menace d’exécutions des villageois et l’évasion spectaculaire. Kidd change de camp et s’évertue alors à mener Chama en ville pour qu’il bénéficie d’un jugement équitable. C’est dans le final qu’on a le clou du film – la seule scène vraiment mémorable – et la locomotive entrant brutalement dans un saloon, un passage qualifié de ‘crazy thing’  par Eastwood lui-même. En fait, une plaisanterie du producteur Robert Daley fut prise au sérieux par l’équipe de tournage qui pensa que l’idée était géniale. 

Lorsqu’on jette un coup d’œil sur la distribution, le spectateur est indéniablement déçu du résultat. John Sturges est un spécialiste du genre avec, entre autres, Règlements de comptes à OK Corral, Le trésor du pendu et Les sept mercenaires à son actif et les acteurs Robert Duvall, John Saxon et Don Stroud (Ringerman dans Un shérif à New York) n’étaient pas des débutants. Si Robert Duvall fournit une prestation honorable en ignoble terrien fortuné à la chasse aux Mexicains, le spectateur a la nette impression que le reste du casting n’est pas exploité à sa juste valeur. Ainsi, les deux bras droits d’Harlan, des tueurs patentés, Lamarr (Don Stroud) et Mingo (James Wainwright), sont des personnages intéressants qui disparaissent trop vite, même si leurs dernières séquences font partie des meilleures (la chute dans le beffroi de l’église et le duel à distance au fusil à lunette dans les montagnes). Le script est le principal responsable de ce semi-échec et Eastwood ne s’est pas privé de signaler que le film n’avait pas de fin au début du tournage.

On retrouve les habitués des films d’Eastwood avec Bruce Surtees à la photographie pour de très belles scènes en extérieur et le musicien Lalo Schifrin. Leur contribution est à l’image du film : honnête sans être transcendant.

Une poignée de répliques cocasses, quelques scènes intéressantes et Clint égal à lui-même font passer un bon moment et permettent de maintenir encore ce petit western dans la mémoire des cinéphiles, mais Joe Kidd est vite éclipsé par le prochain western de l’acteur, le premier qu’il réalisera, le superbe L’homme des hautes plaines

Anecdotes :

  • Le tournage débuta en novembre 71 à Old Tucson. Le film fut tourné en Californie, aux abords de June Lake, et en Arizona. Il sortit aux USA le 14 juillet 1972 et en France le 11 août de la même année.

  • Durant le tournage, Eastwood attrapa une infection des bronches, qui provoqua des crises d'angoisse.

  • Le personnage de Chama est inspiré de Reies Lopez Tijerina, un ardent partisan de Robert F. Kennedy. Il est connu pour avoir envahi un palais de justice dans le Nouveau Mexique en juin 67, prenant des otages et exigeant que les terres ancestrales soient rendues aux personnes d’origine hispanique.

  • Le New York Post critiqua sévèrement le film mais loua la performance des acteurs comme des "diamonds set in dung" [des diamants dans de la bouse].

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