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Trop belle pour toiUn, deux, trois soleil

Saga Bertrand Blier

Merci la vie (1991)


MERCI LA VIE

classe 4

Résumé :

Les mésaventures de deux jeunes filles délurées, voleuses et pyromanes, prises dans des situations pittoresques et parfois loufoques.

unechance 7

Critique :

Curieux film que ce Merci la vie, construit de manière sinusoïdale, les moments agréables, presque géniaux, alternant avec des passages pénibles à suivre. Où l'on voit que Bertrand Blier n'a plus tout à fait le feu sacré, c'est que ses œuvres majeures se laissaient suivre avec un intérêt constant de la première à la dernière minute. Ici, le film s'avère trop inégal pour maintenir notre attention en permanence.

Alors, oui, il reste de jolis temps forts, omniprésents dans la première demi-heure, avec la rencontre entre nos deux péronnelles et Thierry Frémont, qui aboutit inéluctablement à une partie de jambes en l'air. Camille (Charlotte Gainsbourg) commence par aguicher le mâle avec une question : « Il paraît que les hommes ont quelque chose de dur dans le pantalon, tu veux nous le montrer ? »

Le jeune homme a sans doute des problèmes de vue puisqu'il affirme préférer Camille à Joëlle (Anouk Grinberg), mais il finit par les satisfaire à tour de rôle sur la banquette arrière de sa voiture. Comment résister à la vue d'Anouk Grinberg avec les cuisses écartées ? Dommage que cette scène plaisante en tous points n'ait pas eu beaucoup de petites sœurs par la suite.

On retrouve aussi toute la verve de Blier vers la fin du film, lorsque Camille, lors d'un retour en arrière, incite son père (Michel Blanc) à honorer sa mère (Catherine Jacob), afin qu'elle puisse naître ! Toujours du surréalisme, mais de qualité.

Mais entre-temps, que de scènes médiocres où l'on s'ennuie franchement ! En cause, le scénario. Si tant est qu'il y en est un, il est bien trop décousu, haché par des retours en arrière inopportuns et une alternance d'images en couleurs et en noir-et-blanc, procédé que je déteste.

En fait, le film est plombé par ces histoires bizarres de cinéma, de tournages de films, dans lesquelles on se distingue plus la réalité de la fiction. Le remplacement en cours de film de François Perrot par Didier Bénureau dans le personnage du réalisateur n'apporte rien, et serait même plutôt nuisible.

ladoublure 3

Comment s'intéresser à ce cocktail indigeste de scènes de tournages, de problèmes de syphilis et de SIDA, de Gestapo et d'Holocauste, sans aucun fil conducteur ? Il est clair qu'après un début encourageant, l'arrivée de Camille et Joëlle sur le plateau de tournage coïncide avec une baisse brutale de qualité.

La tonalité générale est alors la grisaille, avec quelques éclairs qui rappellent que c'est quand même un Blier, le temps d'une réplique bien sentie, d'un propos salace ou d'une scène bien leste comme le réalisateur en a le secret.

Faute de scénario pleinement convaincant, ce sont les acteurs qui vont sauver le film. Pour cette œuvre, souvent considérée comme un Valseuses au féminin avec son duo flamboyant de pétroleuses décomplexées, Blier mise sur la nouvelle génération. Deux jeunes actrices talentueuses sont en vedette, et les acteurs confirmés viennent en renfort pour les rôles secondaires.

Cependant, Merci la vie est loin de la qualité des Valseuses, et on a affaire à un duo et non un trio, car les deux jeunes filles ne trouvent pas l'équivalent en homme de Miou-Miou. En effet, ni Gérard Depardieu, ni Thierry Frémont ne peuvent être considérés comme des acteurs principaux, leur présence n'étant pas assez constante.

Bertrand Blier met en scène sa compagne de l'époque Anouk Grinberg, et sur ce point c'est une pleine réussite tant la belle Anouk est magnifiquement mise en valeur. Dotée d'un physique avantageux, jolie figure et corps bien proportionné, elle est d'autant plus remarquée que sa partenaire est Charlotte Gainsbourg, plus connue pour ses qualités de comédienne que pour son physique de vamp...

En homme amoureux, Blier filme Anouk sous toutes les coutures, et la jeune femme illumine le film par sa beauté et sa grâce. En short, en jupe, en pantalons ou avec des vêtements mouillés par la pluie qui mettent ses seins en valeur, et même totalement nue dans le final, lorsqu'elle monte dans le wagon de la Gestapo, c'est un festival d'images magnifiques, sublimes, dont les points d'orgue sont celles où l'on peut reluquer les jambes admirablement fuselées de la belle.

De sublimes gambettes, que ce soit en position debout ou en position horizontale, bien écartées lors des quelques scènes paillardes. La séduction d'Anouk n'est pas que visuelle, elle est aussi auditive, avec sa jolie voix, tellement sensuelle. Et comme ses qualités d'actrices sont à la hauteur de son physique, on peut regretter que le César de la meilleure actrice ne lui ait pas été attribué, car il aurait été mille fois mérité.

Dans ses films précédents, Bertrand Blier avait filmé nombre de personnages de garces, mais cette fois-ci, Joëlle/Anouk Grinberg relève plus du registre de la femme fatale, de l'ingénue qui affole les hommes par son côté à la fois femme-femme et femme-enfant.

Grinberg dispose d'une partenaire de choix avec le jeu bien rodé de Charlotte Gainsbourg, naturellement calibré pour les délires à la Blier. Charlotte Gainsbourg fait du Charlotte Gainsbourg, avec sa moue renfrognée et sa diction particulière et nonchalante. Rester soi-même tout en se montrant convaincante dans un film de Bertrand Blier : vraiment, la fille du beau Serge mérite elle aussi un grand coup de chapeau.

Comme toujours, Blier sait attirer des acteurs de grande qualité, même pour les rôles secondaires. A commencer par Jean Carmet dans le rôle du père de Camille âgé, justement récompensé par un César, et par le non moins fameux Michel Blanc, interprète du père de Camille jeune. Citons aussi Annie Girardot, qui joue la mère de Camille âgée, Jean Rougerie en médecin légiste et Jean-Louis Trintignant, étonnant en officier SS tortionnaire.

Le final me laisse la même impression mitigée : sentiment de n'importe quoi avec l'intervention intempestive des SS et l'histoire ridicule de l’œil arraché, mais aussi réflexion philosophique intéressante sur les avantages et les inconvénients des différentes époques : pendant la guerre, il y avait la Gestapo mais pas le SIDA, et inversement de nos jours. A chaque époque ses fléaux...

Anecdotes :

  • Blier perd à nouveau un million de spectateurs, se stabilisant au million, ce qui est tout de même deux fois moins que pour son film précédent : l'adhésion de la profession et des milieux intellectuels s'accompagne en toute logique d'une désertion du « grand public ».

  • Beaucoup de nominations aux César pour ce film, mais seul Jean Carmet fut récompensé.

  • La scène du passage d'une patrouille allemande a été tournée à Olargues, dans l'Hérault. Une habitante du village a eu un malaise en entendant les bruits de bottes, preuve des mauvais souvenirs laissés par l'Occupation.

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