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Mon hommeLes côtelettes

Saga Bertrand Blier

Les acteurs (2000)


LES ACTEURS

classe 4

Résumé :

Des acteurs célèbres vivent dans leur quotidien des situations diverses et parfois rocambolesques, qui les font s'interroger sur le sens de leur vie et de leur métier.

unechance 7

Critique :

Après une décennie 90 constituée de trois films avec sa compagne Anouk Grinberg, une page se tourne pour Bertrand Blier. La belle Anouk l'a quitté et il doit donc tenter de changer de registre. C'est dans ce contexte d'évolution obligatoire qu'il opte pour une œuvre totalement à part.

Car Les Acteurs est, après l'indémodable Buffet Froid, le second film hors-normes, véritablement inclassable, de sa carrière. Hélas ! Ce film arrive à une époque où Blier n'a plus le même talent de fédérateur qu'à ses débuts. Autant Buffet Froid aura marqué sa carrière, autant ce Les Acteurs constitue une certaine déception.

Certes, l'idée était originale, novatrice, dans la lignée du Bertrand Blier créateur que l'on a connu. Filmer des acteurs sans scénario, comme s'ils étaient suivis dans leur quotidien, hors plateaux. En somme, tout centrer sur les acteurs eux-mêmes puisque le scénario est inexistant.

Malheureusement, on assiste à une succession de scènes décousues, n'ayant aucun rapport entre elles, ce qui produit un aspect sans queue ni tête vite gênant. Et cela n'est finalement pas si novateur que cela, puisque le cinéma de Bertrand Blier avait pris l'habitude d'être de plus en plus centré sur les seules performances d'acteurs, au fur et à mesure que les scripts devenaient inconsistants.

Le seul fil conducteur est le « pot d'eau chaude » de Jean-Pierre Marielle, mais comme le fait justement remarquer Jacques Villeret dès le début du film, « On ne va pas tenir une heure et demie avec ça ».

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Le résultat, c'est que, malgré une extraordinaire brochette de comédiens, l'ennui s'installe rapidement. On a quelques sourires au détour de telle ou telle réplique amusante, mais le manque de liant du film demeure rédhibitoire.

Voilà qui a le mérite de démontrer par l'absurde que la réunion d'acteurs exceptionnels ne suffit pas à faire non seulement un grand film, mais même pas non plus un simple bon film. Car les grands acteurs, ils y sont tous ou presque, de Marielle à Serrault, en passant par Villeret, Delon, Belmondo, Balasko, Claude Brasseur, Brialy, Depardieu, et encore Jacques François, Galabru, Lonsdale, Jean Yanne...

Le film me fait un peu la même impression que Papy fait de la Résistance : la réunion d'une multitude d'acteurs de talent, et même de monstres sacrés, qui accouche d'une souris, ou de guère mieux, faute de scénario réellement captivant.

Les œuvres majeures de Blier s'appuyaient à la fois sur une distribution de rêve et un scénario en béton, le tout relevé par des dialogues d'anthologie. Plus que jamais, Les Acteurs confirme la nécessité de cumuler grands comédiens et très bon scénario pour faire du bon, du grand cinéma. Si un des deux éléments manque, on reste sur notre faim.

Il ne se passe quasiment rien dans la première partie, alors que la seconde est plus animée, mais dans le mauvais sens du terme : Blier nous sert alors des scènes surréalistes dans la veine de ce qu'il fait depuis le début des années 90, et qui avait débuté dès le décevant Notre Histoire.

Dans ces conditions, il faut souligner le talent exceptionnel des comédiens, qui nous font tenir jusqu'au bout. Imaginez le même film avec des acteurs ordinaires : ce serait épouvantable, personne ne tiendrait jusqu'à la fin.

L'exécution de Marielle par Jacques François est le premier bon moment de cette seconde partie, mais il intervient bien trop tard. Tout de suite après, c'est la conclusion. Et il faut reconnaître que les meilleures séquences sont pour le final : les scènes de dialogues téléphoniques avec l'au-delà, entre Claude Brasseur et son père Pierre, puis entre Bertrand Blier et son père Bernard, constituent de jolis moments d'émotion.

Une fort belle conclusion que ces paroles de Bertrand pour son père : « Plus les jours passent et plus tu me manques ».

L'originalité du concept, le talent des acteurs et ce final réussi permettent à ce film d'échapper à la note minimum.

Anecdotes :

  • C'est la première fois que Bertrand Blier joue un rôle dans un de ses films. On comprend l'émotion qu'il a dû ressentir lors de ce dialogue imaginaire avec son père, le grand, l'immense Bernard Blier.

  • Alain Delon n'apparaît pas chanceux avec Bertrand Blier puisqu'il a sans doute participé à ses deux films les moins intéressants.

  • Avec 400 000 spectateurs, Blier stabilise son audience. On peut néanmoins penser que l'énorme échec commercial de son film suivant sera en partie dû à une certaine déception ressentie par son public sur Les Acteurs. Un bon film assure un minimum de spectateurs pour le suivant, alors qu'un film plus contestable les fait fuir.

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