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Saison 2Saison 4

Once Upon a Time

Saison 3


 PRÉSENTATION DE LA SAISON 3

Cette troisième saison s’inscrit dans la continuité de la précédente mais, ce qui change, c’est le choix du diffuseur (ABC) de procéder en deux étapes. Ce procédé (mid-season) a un effet bénéfique sur la qualité de la série. En effet, plutôt que de risquer de se perdre dans une longue intrigue, les producteurs vont décider d’organiser cette troisième saison en deux mini-séries.

Le grand intérêt est de concentrer les intrigues donc de densifier l’action et de conserver le rythme. Il n’y aura pas de « trous d’air » comme la saison 2 en avait connu. Grâce également à deux méchants absolument sublimes dans chaque partie, aux motivations et aux passés complexes (« On ne naît pas méchant, on le devient » affirme Edward Kitsis) mais, quelque part, pas si différents, ce qui donne une cohérence interne à la série, cette saison 3 atteint des sommets et se positionne comme la meilleure saison de la série

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 1. IL SUFFIT D'Y CROIRE
(THE HEART OF THE TRUEST BELIEVER)



Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Henry arrive au Pays Imaginaire et tente d’échapper aux Enfants Perdus. Pendant ce temps, sa famille essaye d’atteindre l’île.

Critique :

Un démarrage de toute beauté ! Histoire solide, réalisation énergique et inspirée, acteurs en pleine forme : tout est réuni pour faire de ce début de saison une réussite.

L’épisode va se déployer autour de trois axes : Henry, la « communauté de la magie » si l’on ose dire, et Neal/Baelfire. Le montage impeccable alternera les scènes entre ces trois plans créant suspense et dynamisme sans aucune fausse note. Même les effets spéciaux seront bons, c’est dire !

Pourtant, il ne commence pas par aucun de ces axes mais par un retour dans le passé d’Emma aussi dur qu’émouvant et une Jennifer Morrison bouleversante.

Henry est le protagoniste principal : il agit et c’est lui qu’on recherche. Dans l’arc concernant sa famille et qui réunit des morceaux de bric et de broc, c’est mal parti. Aucune cohésion mais est-ce surprenant ? Henry est le seul dénominateur commun entre la Reine, Rumpelstilskin (qui fait cavalier seul), Emma, Blanche et Charmant, et Crochet est là parce que seul son bateau peut franchir les mondes ! Les conversations révèlent les tensions, y compris entre Emma et ses parents. Ils ont le même âge mais pas les mêmes expériences de la vie et l’optimisme fondamental de ceux-ci exaspère Emma (même si cela nous fait aussi sourire). L’attaque des sirènes puis une violente tempête montrent tout ce que cette « communauté » peut avoir d’artificielle : il s’en faut de peu qu’ils ne sombrent, faute de réussir à s’entendre. L’éclairage en bleu nuit et argent, outre qu’il souligne l’élégante tenue bleu roi de Sa Majesté, très en verve en matière de répliques cinglantes, donne un effet inquiétant et grandiose à ces moments.

La musique est magistrale. Rarement elle aura été d’une si grande qualité soulignant le sublime de l’action. « Sublime » ayant le sens d’inquiétant bien sûr. Jennifer Morrison va vraiment se sortir les tripes pour faire d’Emma un leader. D’abord, en obligeant tout ce beau monde à se calmer avec une action héroïque ou suicidaire puis en tenant un discours martial mais surtout un discours de vérité. Ils doivent former une équipe, croire en quelque chose, en eux pour commencer. Il est intéressant de souligner qu’elle lance qu’il n’y a plus de bien ni de mal mais qu’il faut réussir. Machiavel au pays des contes de fées, il fallait oser ! Si la Reine fait dans l’ironie facile et que Crochet écoute la Sauveuse goguenard, aucun des deux ne s’oppose à Emma et tous partent ensemble.

L’arc autour de Neal – conservons-lui ce nom puisque c’est sous celui-ci qu’Emma l’aime – rompt avec les deux autres d’abord chromatiquement. Il fait jour et les tons utilisés sont l’ocre et le blanc. Et l’action y est bien moins rapide. C’est presque reposant entre toutes ces scènes nocturnes violentes ! Il n’est donc pas mort malgré la balle (« une flèche de calibre 45 » comme il souligne ironiquement) qu’il a prise dans l’avant-dernier épisode de la saison précédente. Il a pensé à son enfance et le voilà dans la Forêt Enchantée aux côtés d’Aurore, du prince Philippe et de Mulan ! Pour tenter de retrouver Emma, il va faire équipe avec la guerrière et se rendre au château de son père. Lequel, pour le coup, fait violemment décor numérique ! Heureusement que le réalisateur ne s’attarde guère sur cet aspect ! Ils y rencontrent Robin des Bois qui s’y est installé ! Belle entrée en matière de Sean Maguire qui croit Neal sur parole quand ce dernier affirme qu’il est le fils de Rumpelstilskin. Il y a des choses avec lesquelles on ne badine pas ! Tout ce passage apporte une note de légèreté et d’émotion bienvenue et agréable. Cela allège l’épisode sans le dénaturer. Grâce à une boule de cristal, le jeune homme comprend avec effroi où se trouve sa dulcinée !

C’est donc Henry qui est le pivot central de l’intrigue. Son aventure se déroule en trois temps. Le premier, avec Greg et Tamara qui sont venus détruire la magie mais découvrent avec horreur qu’ils ont été manipulés. L’ambiance nocturne devient lourde et le discours sarcastique d’Henry n’a rien de rassurant. Lui a compris le dérisoire de la situation de ses ravisseurs ; dérisoire et tragique. Les deux ingrédients du pathétique. Le « Bureau central », ce sont les Enfants Perdus qui, sans états d’âme, assassinent les deux adultes (Tamara meurt en deux temps) qui ne leur sont plus d’aucune utilité ! Henry fuit dans un décor de jungle pas trop mal fait. Il recevra une aide mais se rendra compte trop tard qu’il a lui aussi été joué. Jared S. Gilmore ne se rate pas quand l’action le mets en valeur. Le voilà courageux mais aussi inspiré. Quand il joue Henry montrant qu’il « suffit d’y croire » (le titre français est plutôt bien vu), le jeune acteur est vraiment sous le charme de son personnage et, du coup, nous aussi ! Le voilà entre les mains de Peter Pan qui lui révèle son plan ; un plan aussi vague qu’inquiétant !

Anecdotes :

  • Michael Raymond-James promu acteur principal

  • Sur le bateau, Crochet et Regina ont une conversation intéressante sur les méchants et les fins heureuses. C’est déjà annoncer l’arc de la seconde partie de la saison 4.

  • Neal dit à Mulan qu’il existe un film « pas trop mal » sur elle dans le monde d’où il vient !

  • Les sirènes : créatures fantastiques, elles sont de deux types. Dans la mythologie grecque, elles sont mi- femmes, mi- oiseaux. Chez les Scandinaves, elles sont moitié femme et moitié poisson. Symboles de la luxure féminine, elles représentent aussi la mort.

  • Selon les producteurs, c’est à partir du retour de Crochet à Storybrooke (final de la saison 2) qu’ils ont commencé à l’envisager comme héros.

  • Absence d’Émilie de Ravin.

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2. L'ORPHELINE
(LOST GIRL)

Scénario : Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Au Pays Imaginaire, Peter Pan joue avec Emma. Dans le passé, un berger veut faire d’une princesse une reine.

Critique :

Qui suis-je ? La question n’est pas shakespearienne mais identitaire. Au-delà des mots, que sommes-nous vraiment ? Il n’agit pas d’être ou de ne pas être mais de comprendre et d’admettre. Philosophiquement, c’est complexe et passionnant et le scénario se saisit du concept d’identité pour en faire son levain. L’épisode se structure comme beaucoup de ses devanciers : une partie dans le présent et une autre dans le passé. La question de l’identité du héros est le point commun.

Dans la partie « contemporaine », au Pays Imaginaire, Emma est le centre de l’attention. Superbe composition de Jennifer Morrison que ce soit dans l’action ou dans l’émotion, l’actrice nous intéresse, nous captive et nous touche. Le doute qui saisit Emma est palpable, tangible, presque matériel. Peter Pan joue avec elle : si elle admet ce qu’elle est, une carte lui indiquera où se trouve son fils ! C’est d’une cruauté et Robbie Kay qui incarne Peter fait froid dans le dos. Son ironie hautaine et cinglante fait plus mal que des coups de fouets. La torture par l’espérance est la pire de toutes, comme l’écrivain français Villiers de L’Isle-Adam l’avait déjà écrit dans ses bien nommés Contes cruels. Le décryptage de la carte met les nerfs de tous à vif et la patience n’étant pas la vertu première de la Reine (très sexy dans son tailleur ouvert !), elle utilise la magie qui les mène au camp des Enfants Perdus où ils devront mener bataille !

Peter n’aime pas les tricheurs et le scénario a tout juste en mettant l’accent sur la dimension de joueur de ce dernier car c’est ainsi qu’il est dans le conte orignal. La bataille dans les bois la nuit est très énergique et enlevée et n’est pas trop longue. Deux faits marquants s’y déroule : Emma y voit quelque chose qui lui permettra de lire la carte et Charmant y est blessé. La scène où Emma parvient à lire la carte car elle aura admise, grâce à sa mère, qu’elle est une orpheline est la plus belle de l’épisode. Grâce à la composition de Jennifer Morrison bouleversante, et à celle de Ginnifer Goodwin qui n’est pas en reste, nous sommes touchés et c’est un sourire de tendresse que nous adressons à l’héroïne.

La communauté n’est pas venue seule et le scénario fait une place à Rumpelstilskin. Robert Carlyle, qui garde sa noblesse avec la tenue de son personnage qui est moins convaincante quand il n’a pas son maquillage, a plusieurs gammes à jouer. La douleur quand il se sépare de son ombre (ce qui est bien vue puisque c’est ainsi que Peter Pan tue ses ennemis), l’émotion quand il retrouve Belle mais c’est une image qu’il a suscité dans son esprit pour avoir quelqu’un à qui admettre qu’il a peur de faire un choix égoïste (la scène a quelque chose de tendre malgré la fausseté du décor, heureusement que les acteurs nous captivent) et la peur quand il se retrouve sans arrêt confronté à une étrange poupée que le bras droit de Peter lui a donné. Le dernier cadeau de son père et qui semble le poursuivre. On ne se détache pas facilement de son passé, Ténébreux ou pas.

Le segment dans le monde magique est moins énergique mais pas moins important et, symétriquement, il se déroule de jour et dans un vrai décor naturel. On y respire malgré les enjeux. La Reine, qui arbore une tenue mitigée mais très sexy, propose un marché à Blanche-Neige : la vie sauve contre sa renonciation au trône. Ou elle tuera chaque jour un des sujets de cette dernière. Sa Majesté a la réplique du jour : « Vous étiez peut-être une princesse mais vous ne serez jamais une reine ». C’est dit avec hauteur mais sans mépris car le sentiment de supériorité de la Reine sur sa rivale est trop ancré en elle pour qu’elle ait besoin de le jouer. Il se voit, il se sent, il se ressent et Blanche-Neige le comprend puisqu’elle envisage de céder.

Excellente composition de Ginnifer Goodwin, très en verve dans cet épisode ! Sur une musique douce, l’actrice nous fait exactement percevoir cette défaite morale que la souveraine inflige à sa compétitrice. Lana Parrilla, plus monolithique sur l’île où elle se contente d’ironiser sur Emma et de la suivre finalement, profite de ces scènes pour varier son jeu et montrer toute sa classe. Josh Dallas n’est pas en reste. En Charmant voulant convaincre sa belle de se battre, il est à la fois déterminé, ambigüe (le prince n’est-il pas tenté par la couronne pour pousser Blanche à prendre tous ces risques ?), mais aussi taquin et finalement amoureux. Il trouvera un moyen pour que la princesse, héritière légitime du trône, trouve en elle les ressources pour se battre, amorçant la guerre dont nous connaissons déjà l’issue. Tout ce passage alterne l’émotion, la légèreté et la gravité dans un ensemble quasi parfait.

Pourtant, l’épisode se conclura sur une note menaçante.

Anecdotes :

  • Emma raconte à Crochet ce que les « histoires » qu’elle connaît raconte de lui et de Peter Pan, faisant référence indirectement au dessin animé de Disney qui a figé la représentation traditionnelle du pirate, ainsi qu’en témoigne le film de Spielberg, Hook (1991).

  • L’épisode fait aussi brièvement référence à Merlin, Camelot et à Excalibur. La série exploitera ces thèmes en partie en saison 4 et en saison 5.

  • Peter Pan : personnage créé en 1902 par le romancier anglais Sir James Matthew Barrie (1860-1937) dans son roman Le petit oiseau blanc. Il le développe ensuite dans une pièce de théâtre, Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir (1904). La pièce sera adaptée en roman dès 1911. De cette œuvre est aussi né le syndrome de Peter Pan qui désigne le  refus conjoint de mûrir en s'insérant dans le monde des adultes et de reconnaître le caractère fictif et enfantin des êtres peuplant l'imaginaire de l'enfance.

  • Robbie Kay/Peter Pan : acteur anglais, vu dans Pinocchio (2008), Pirate des Caraïbes – La fontaine de jouvence (2011)

  • Première apparition de Sean Maguire mais c’est la seconde fois que l’on voit Robin des Bois.

  • Absence de Jared S. Gilmore et de Michael Raymond-James

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3. FÉE CLOCHETTE
(QUITE A COMMON FAIRY)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Alex Zakrzewski

Résumé :

Pour tenter de sauver Henry, Crochet suggère de faire appel à la fée Clochette mais Regina a de bonnes raisons de douter qu’elle accepte.

Critique :

Un épisode un peu mou, sans réelle action et aux décors vraiment laids. Seuls les acteurs s’en sortent correctement.

A nouveau, trois axes : la recherche d’Henry par ses deux mères, le passé de Regina et la quête de Neal. Le troisième est le plus bref : dans le château de son père, Neal cherche une « porte » vers le Pays Imaginaire. Ce sera Roland, le fils de Robin des Bois. Il appellera l’Ombre (ce qui fait écho à la saison 2 et au propre voyage de Baelfire) mais c’est Neal qui partira. Restés seuls, Robin propose à Mulan de rejoindre ses compagnons. Michael Raymond-James est bon dans son segment, convainquant dans l’émotion. Sean Maguire lui donne bien la réplique et n’en fait pas trop dans la démonstration d’amour paternel. Jamie Chung est en retrait sur cette phase mais elle aura sa scène finale et sera alors très touchante dans une scène douce/amère, malheureusement enlaidi par des décors qui ne ressemblent à rien.

Peter Pan est joueur, on le savait mais la cruauté est son moteur essentiel. Le « jeu » qu’il propose à Henry (Jared S. Gilmore n’a pas grand-chose à défendre et ça se ressent, Robbie Kay est bien meilleur) n’a rien de drôle mais, vis-à-vis de sa famille, ça touche au génie du mal ! Le camp bougeant sans arrêt, ils n’y arriveront jamais ! Pour conjurer ce maléfice, Crochet suggère donc de faire appel à la fée Clochette. Plus exactement, il parle « de la fée qui habite sur cette île » et c’est Emma qui, incrédule (et donc qui nous fait sourire), parle de Clochette. Regina n’approuve pas l’idée et Emma finit par comprendre que les deux femmes se sont déjà rencontrées par le passé et que les choses ont mal tourné. L’épisode donne le premier rôle à Lana Parrilla qui prend le relais de Jennifer Morrison, bien gâtée en ce début de saison. Du coup, cette dernière se relâche un peu et n’est guère emballante. En revanche, quand on lui donne de l’espace, Lana Parrilla est excellente.

Elle sauve ce que la scène de plaintes de la Reine devant Rumpelstilskin pourrait avoir de convenu. Robert Carlyle n’a qu’une scène à défendre ici mais il donne lui aussi parfaitement la réplique et il a une des phrases du jour : « Viens avec ta colère, elle est tout ce qui te reste ». Il affirme qu’elle ne peut échapper à son destin et que les ténèbres la réclament. La métaphore culinaire utilisée est écœurante mais prégnante. Cette scène va conditionner tout le reste de l’épisode pour cette partie. Désespérée, la Reine manque de tomber d’un balcon. Accident ou tentative de suicide ? Peu importe au final mais ce qui compte c’est le ratage complet de cette scène. Le décor numérique est notoire et complètement raté et la « chute » aussi improbable que mal réalisée. On n’y croit pas un instant et, visiblement, l’actrice non plus car elle joue faux, c’est incroyable ! Heureusement, c’est bref ! La Reine est sauvée par la fée Clochette, mignonne comme un cœur mais habillée…féériquement ? Rose McIver réussit son entrée et donne beaucoup de fraîcheur à son personnage. La candeur et la volonté de bien faire de Clochette sont touchantes.

Dommage que la suite soit un déjeuner en plein air, à la terrasse dirions-nous d’une auberge. C’est stupéfiant d’irréalisme ! Comment la souveraine en titre (ou plutôt l’épouse du Roi), habillée comme elle l’est d’une robe d’intérieur, peut-elle déjeuner « amicalement » avec une inconnue sans la présence de la garde royale ? Et entendre la Reine raconter sa vie à cette même inconnue, même si c’est une fée et de toute évidence une débutante dans la fonction, est hautement improbable. On se régalera juste d’un bon mot : « Ma fin heureuse, ce serait la tête de Blanche-Neige sur un plateau ». Bien écrit mais ça ne rattrape pas le reste. Malgré les ordres très clairs de la Fée Bleue – habillée et coiffée par des délirants ayant pris un produit que même les cartels mexicains ne vendent pas – et dans un décor qui sonne faux mais à un point que ça en devient presque drôle, Clochette viendra en aide à la Reine mais s’en mordra les doigts.

Clochette aura l’occasion de se venger en capturant Regina sur l’île. La confrontation entre les deux femmes est le sommet de l’épisode et, lui, il sonne juste. Rose McIver donne corps à la grande colère de Clochette qui accuse, à juste titre, la Reine d’avoir brisé sa vie. Lorsque cette dernière comprend que sa geôlière n’a plus ses pouvoirs, elle se montre cinglante puis, superbe changement de pied, elle la défie de la tuer ! Clochette a ruminé sa tristesse durant des années ; elle a compris pourquoi l’aide qu’elle avait apporté à la Reine n’a pas donné le résultat escompté mais elle n’avait pas prévu que cette dernière reconnaîtrait ses torts, expliquerait ses actes et renverserait la situation : si Clochette choisit la vengeance, elle ne vaudra pas mieux que la Reine et aura la même noirceur et la même amertume au cœur. Il y a de la noblesse dans le geste de Regina et le jeu de Lana Parrilla rehausse la scène. Clochette refusera de les aider mais Blanche a un argument qui la fait changer d’avis. Deux ombres planent cependant sur cet épisode et semblent porteurs d’orage : la blessure de Charmant et la crainte, exprimée par Clochette, qu’il ne soit trop tard pour Henry « car il a passé trop de temps » avec Peter. Difficile de donner tort à la fée déchue. 

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Anecdotes :

  • Henry affirme qu’il n’aime pas les pommes à cause « d’une histoire de famille ».

  • Quand Peter Pan place la pomme sur la tête de Félix et donne l’arbalète à Henry, il fait implicitement référence à l’histoire de Guillaume Tell.

  • Clochette : le personnage a été créé par J.M. Barrie sous le nom Tinker Bell. Elle a été interprétée au cinéma par Ludivine Sagnier (Peter Pan, 2003) et Julia Roberts (Hook, 1991). Elle est aussi le personnage principal du 110ème film d’animation Disney (2008) qui a lancé toute une saga.

  • Rose McIver/Clochette : actrice néo-zélandaise, elle est apparue à l’écran très jeune dans La leçon de piano (1993). Peu de film en dehors de Lovely Bones (2010), on l’a surtout vu à la télévision : Xéna (1999), Power Rangers (2009-2010), Les Experts (2012), Masters of Sex (2013-2014), Izombie (depuis 2015).

  • Sean Maguire/Robin des Bois : acteur et chanteur anglais, pas vraiment de films notables mais il a joué dans un téléfilm intitulé Prince Charming (2001). Vu à la télévision dans Sexe et Dépendance (2001-2002), Eve (2003-2004), Cold Case (2010), Esprits criminels (2013).

  • Nette allusion à des sentiments amoureux de la part de Mulan envers Aurore.

  • Absence d’Émilie de Ravin

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4. LES ENFANTS PERDUS
(NASTY HABITS)

 

Scénario : David H. Goodman et Robert Hull

Réalisation : David Boyd

Résumé :

Neal retrouve Rumpelstilskin mais il ne lui fait pas confiance. 

Critique :

Centré sur le tandem Neal/Rumpelstilskin, l’épisode interroge les rapports père/fils et place Peter Pan en révélateur de leurs relations. De très bons numéros d’acteurs, des paroles qui claquent, une bonne réalisation.

Le parti pris du scénario place la « communauté » maternelle de côté. Clochette ne les aidera que s’ils ont un plan pour quitter l’île. La scène où Emma exposait leur plan de bataille était pourtant un mélange réussi d’humour et de gravité. La remarque de Clochette fait basculer définitivement l’épisode dans la noirceur. Une seule personne est parvenue à quitter l’île : Neal ! Ils trouveront une carte mais pas le moyen de la lire. Le désespoir d’Emma est bouleversant et la douleur de Blanche qui ne sait pas comment réconforter sa fille n’est pas moins poignante ; les actrices sont magistrales dans l’émotion. Colin O’Donoghue est très bon lui aussi quand son personnage raconte ses souvenirs d’avec Neal. C’est très touchant…et cela lui fait un point de connivence avec Emma.

Capturé, Neal est parvenu à s’échapper et il tombe sur…son père ! C’est violent et âpre car Rumpelstilskin croit qu’il est une vision mais le mot « papa » dessille les yeux du magicien. La collaboration entre eux pour sauver Henry n’a rien d’évident mais nécessité fait loi et Michael Raymond-James apporte une énergie, une malice qui insuffle une force à l’épisode et il se montre à la hauteur de Robert Carlyle, très crédible en homme qui veut être cru, être pardonné et qui croit y parvenir mais c’était compter sans Peter Pan. Alors qu’ils ont réussi à sauver Henry (grâce à une astuce de Neal), le petit démon met la prophétie sur la place ; celle selon laquelle Henry causerait la perte de Rumpelstilskin qui doit donc le tuer. Les tentatives, dérisoires, d’esquive du soudain malhabile seigneur ès manipulation (mais qui semble avoir trouvé son maître) provoquent la colère de Neal qui, écœuré, se débarrasse de son père. Hélas, pour sa perte. Sur la rupture entre le père et le fils, tant Michael Raymond-James que Robert Carlyle sont magistraux et Robbie Kay sait parfaitement distiller le malaise et incarner la cruauté. Stupéfiant chez un acteur si jeune !

Pourquoi Neal n’a-t-il pas cru Rumpelstilskin ? Parce que Baelfire avait été déçu par Rumpelstilskin. Ce sont nos actes qui nous déterminent et le père n’a pas été à la hauteur. Dans le passé, nous retrouvons le père et le fils après la métamorphose du premier mais toujours avant qu’il n’aille dans son château. Dylan Schmidt a bien poussé depuis la dernière saison ! C’est un adolescent maintenant mais qui est maintenu sous cloche par un père possessif qui se paye de « bonnes raisons » faisandées pour justifier ce qui ressemble à un emprisonnement. Mais, un jour, Baelfire disparaît ! La magie, très pratique boussole, amène le maître magicien jusqu’à la ville d’Hamelin. Le décor est une abjection aux reflets verdâtres mais, heureusement, le réalisateur a bien saisi qu’il devait faire vite. Il va centrer progressivement son objectif à mesure qu’un homme répond aux questions du Ténébreux en lui apprenant que les enfants d’Hamelin disparaissent également.

Robert Carlyle fait peur à voir, non pas à cause de son maquillage qui est une réussite, mais justement parce que ce maquillage accentue la déformation que la colère cause à ses traits. Rumpelstilskin retrouvera le joueur de flûte : Peter Pan, et les deux monstres se connaissent ! On passe avec aisance d’un très bel air de flûte, très aérien, presque hors du réel, à une ambiance festive débridée du genre fête adolescente. Peter Pan affirme que seuls les enfants « perdus » entendent la flûte et Baelfire est l’un d’entre eux ! Plus retors que jamais, il propose un marché à Rumpelstilskin, qui le refuse ! C’est incroyable à voir : le grand pourvoyeur de contrats en tout genre refuse un marché ! Robert Carlyle rend parfaitement la déstabilisation du Ténébreux. On voit, on sent qu’il n’est pas à son aise. Il n’est pas certain de la situation car il ne la domine pas comme il en a l’habitude et cette configuration ne lui plaît pas.

Quelque part, Rumpelstilskin n’aime que dominer car, sinon, il a peur de ne pas y arriver. L’homme le plus puissant entre les royaumes, a la peur chevillée au corps. C’est bel et bien un lâche à qui la magie sert de bouclier mais elle ne peut le protéger de la parole de Peter Pan. Superbe échange entre la colère feutrée de Rumpelstilskin et le discours froid du joueur de flûte. Superbe composition de Robert Carlyle donc mais aussi de Robbie Kay qui ne lâche rien devant son glorieux aîné ! Et, même si le Ténébreux retrouve son fils, dans les faits, il le perd. La tristesse de Rumpelstilskin est aussi surprenante que touchante.

Seuls les enfants perdus entendent la flûte a dit Peter Pan. Henry l’entend lui aussi. Qu’avait-dit Clochette déjà ?

Anecdotes :

  • Le joueur de flûte de Hamelin : légende allemande censée rapporter des faits survenus dans la ville de Hamelin en 1284, elle a été recueillie par les frères Grimm en 1816 mais les plus anciens textes remontent aux environs de 1440. En l'année 1280, la ville de Hamelin était envahie par les rats et les habitants mouraient de faim. Le maire de Hamelin promit à un joueur de flûte venu en ville une prime de mille écus pour les débarrasser des rats. L'homme prit sa flûte et, par sa musique, attira les rats qui le suivirent jusqu'à la Weser où ils se noyèrent. Mais les habitants refusèrent de payer le joueur de flûte. Il quitta le pays puis revint quelques semaines plus tard. Jouant de nouveau de sa flûte, il attire cette fois les enfants de Hamelin hors de la ville. Les parents ne les revirent plus jamais.

  • Retour de Dylan Schmidt (Baelfire jeune)

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5. LA NAISSANCE D'UN PIRATE
(GOOD FORM)

Scénario : Christine Boylan et Daniel T. Thomsen

Réalisation : Jon Amiel

Résumé :

Dans le passé, le lieutenant Killian Jones accompagne son frère dans une mission secrète…au Pays Imaginaire ! Dans le présent, le capitaine Crochet est confronté à un choix.

Critique :

Centré sur Crochet, l’épisode est une réussite grâce au talent de Colin O’Donoghue, qui profite d’un large temps de jeu pour montrer toute sa gamme.

Dans un passé imprécis, Killian Jones est lieutenant sur le navire Joyau du Royaume sous les ordres de son frère, Liam. Celui-ci est porteur d’une lettre du Roi qui leur confie une mission secrète : aller chercher une plante magique capable de soigner toutes les blessures. La quête est héroïque, Jones déborde d’enthousiasme. Le temps est au beau et il fera jour durant toute la partie « ancienne » de l’épisode. L’enthousiasme manifesté par Jones donne une allure juvénile à Colin O’Donoghue. Il fait plus solaire mais aussi moins assuré comme si son personnage se reposait sur son frère aîné ; ce qui est d’ailleurs le cas. L’envol du navire vers le monde magique est, par contre, l’instant faible tellement le numérique est criant et donne à la scène une allure résolument artificielle. On se croirait davantage dans un jeu vidéo que dans une série télé ! Sauf que voilà, ce monde magique c’est le Pays Imaginaire et Peter Pan révèle aux frères Jones que cette plante c’est l’ombrève et elle ne guérit pas, elle tue ! Liam refuse de croire mais Killian doute et c’est la première marque d’ombre sur le visage de l’acteur qui accompagne bien l’évolution de son personnage. Le doute est la première étape pour penser seul.

Le doute, le capitaine Crochet ne le connaît-il pas quand il est avec la communauté ? Clairement, il est toléré mais pas accepté et le Prince est très clair dans ses propos. La confrontation est sèche et orgueilleuse entre les deux hommes dont un est un père qui protège jalousement son enfant des griffes d’un prédateur. Il est en effet évident que le capitaine ténébreux lorgne vers la Sauveuse. Toute cette partie baigne dans la pénombre, et ultérieurement, dans l’obscurité nocturne. C’est oppressant et cela donne, et maintient car c’est une photographie constante depuis le premier épisode, une atmosphère angoissante qui mets tout le monde à vif. Prétextant qu’il croit pouvoir trouver un moyen de quitter l’île, Crochet isole Charmant du groupe. L’atmosphère se fera encore plus noire quand Peter Pan proposera un marché que le capitaine ne repoussera pas fermement. « Tu es doué pour survivre » susurre le diabolique garçonnet.

Le doute, il ronge les trois femmes depuis que Clochette les a mis en garde sur le charme que Peter pourrait exercer sur Henry. Chaque jour sans espoir rapproche le jeune garçon de devenir un enfant perdu. Une scène, faussement légère, a déjà installé le trouble et nous ne pouvons que partager leur angoisse. Elles veulent capturer un des garçons pour qu’il transmette un message. Tour à tour, Jennifer Morrison, Ginnifer Goodwin et Lana Parrilla vont montrer leur force dans l’émotion et, pour cette dernière, c’est un bienfait parce qu’il commence à être agaçant de (re)voir cette figure de la Reine se montrant inutilement ironique à tout moment envers Emma. C’est même tellement répétitif que l’actrice fait le minimum.

Trois situations : trois résolutions. Les contes de fées enseignent qu’il n’y a jamais de retour en arrière possible et que la seule solution est d’avancer. Évidemment que Peter avait raison concernant l’ombrève mais pour avoir préféré croire son Roi que son frère, Liam succombera. Dommage que l’atmosphère diurne fasse ressortir la fausseté du décor ! L’émotion que Colin O’Donoghue apporte et la douleur qu’il restitue admirablement bien font passer pour partie cette faiblesse. Devenu capitaine, Killian rejette la fausseté du monarque et refuse désormais d’obéir aux mensonges de ce dernier. Par un discours enflammé et d’une force communicative, le soldat loyal devient pirate impitoyable. Il veut être libre et son affirmation qu’au moins chez les voleurs il y a de l’honneur, passe très bien tellement nous sommes pris dans l’enthousiasme que l’acteur nous fait ressentir. Décidément, Once upon a time n’aime pas les rois !

Crochet a menti à Charmant qui a entendu le marché que Peter a proposé. La nuit se fait plus noire et le Prince tient encore fermement son épée mais le poison a raison de lui. Le montage nous fait un instant douter des intentions du capitaine. Comment le croire ? Pourtant, l’égoïste se montrera altruiste et sauvera son compagnon d’armes malgré la dureté des paroles que ce dernier avait proféré encore peu de temps auparavant. C’est une belle émotion que nous communique les acteurs mais les contes de fées ne sont pas des histoires joyeuses et sucrées. Pour sauver Charmant, Crochet a dû utiliser la magie et il y a toujours un prix à payer. En attendant, le capitaine est officiellement adoubé comme membre de la communauté. C’est le moment léger de l’épisode et il survient au bon moment pour nous permettre de respirer. A la drague éhontée mais pleine d’humour de Crochet, Emma répondra avec…une certaine fougue !

Jennifer Morrison se montre souriante et douce vis-à-vis de Colin O’Donoghue mais nous l’avons vu peu avant se montrer très dure avec un enfant perdu. Comment faire passer un message d’espoir à Henry ? En arrachant le cœur d’un des garçons ! Bien sûr, ce n’est pas Emma qui pratique mais elle donne son assentiment à Regina. Qu’avait-elle dit au premier épisode déjà ? Qu’il n’y a plus ni bien ni mal ? Est-ce le prix à payer ? La froideur et la précision chirurgicale de la Reine ont montré qu’elle avait déjà pratiqué cette opération et qu’elle était capable de le refaire sans état d’âme, surtout qu’elle a la « bonne conscience » de la faire pour Henry. De la part d’Emma, c’est plus surprenant mais la Sauveuse est éprouvée et de plus en plus prête à tout. Excellente prestation de Jennifer Morrison.

Si nous avions cru pouvoir terminer l’épisode sur une note somme toute légère, nous nous trompions. Et l’on peut compter sur Robbie Kay pour faire souffler un vent froid sur le final.

Anecdotes :

  • Le capitaine Crochet : personnage créé par J. M. Barrie, il est l’incarnation du Mal. Dans le film de Spielberg, Hook, il est incarné par Dustin Hoffman.

  • La piraterie désigne le banditisme sur mer. Etymologiquement, le terme signifie « celui qui tente la fortune ».

  • Dans une scène coupée, Crochet semble hésiter entre donner un coup de son crochet à Charmant ou lui donner un coup de main.

  • Absence de Robert Carlyle et d’Émilie de Ravin.

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6. ARIEL
(ARIEL)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ciaran Donnelly

Résumé :

Pour sauver Neal, les héros doivent révéler leur secret le plus lourd. Dans le passé, Blanche-Neige est sauvée par la sirène Ariel.

Critique :

Un épisode moyen à cause d’une histoire mal reliée au sujet principal, assez mièvre qui déséquilibre un passage au Pays Imaginaire d’une grande dureté.

L’histoire centrale est bien sûr celle d’Ariel, « la jolie petite sirène », mais ce segment pèche par plusieurs endroits : d’abord c’est encore un de ces « épisodes catalogue » centré sur des personnages secondaires ; ici c’est en outre aggravé par une nette allégeance à Disney. Ensuite, parce que, malgré le talent de Ginnifer Goodwin et la bonne prestation de Joanna Garcia, c’est d’un sucré écœurant ! On comprend que les « méchants » n’aiment pas les étalages de bons sentiments ! Toute l’histoire d’Ariel, qui aurait pu être touchante, est gâchée par cette impression roborative de sucrerie. Et il faut au moins la Reine pour empêcher le tout de sombrer dans la guimauve. Ça partait bien pourtant, la fuite dynamique de Blanche- Neige devant la Garde Royale se finissant dans la mer. Il faut par contre être bon public pour ne pas remarquer que la chute n’est pas aussi haute que la caméra voudrait bien le faire croire !

L’adjonction de Blanche-Neige est la « concession » faite par les auteurs, qu’on a vraiment connu plus inspiré, pour relier Ariel à l’histoire générale. Sauf que, dans un épisode normal, cela aurait fait une anecdote, une scène voire deux mais pas plus. Inutile de raconter l’histoire de « la petite sirène », il suffit de reprendre le conte ; même pas, le dessin animé suffira. Au niveau des décors, c’est économie générale : la salle de bal est la même que pour Cendrillon et Cora. L’embarcadère est une vraie plantée devant un écran vert et le balcon final est lui totalement imaginaire. Le prince Éric n’a vraiment rien pour susciter une telle passion mais l’amour est, paraît-il, aveugle. La musique, légère, se remarque à peine.

Heureusement, pour éviter l’assoupissement et l’indigestion, la Reine est là. La garde-robe de Sa Majesté sera particulièrement paradoxale, d’une grande simplicité mais dépourvu de charme. A la différence de Lana Parrilla dont la première robe cache tout juste les siens ! Machiavélique, la Reine veut se jouer de la naïve Ariel pour atteindre Blanche et, pour cela, elle prend l’apparence de « la déesse de la mer ». Et là, nos yeux souffrent tellement ce n’est pas possible de pondre des costumes et des effets spéciaux pareils !! Les costumes et les effets spéciaux n’ont jamais été les points forts de la série mais, avec Lana Parrilla en « déesse de la mer », on touche le fond !!! La cruauté de la Reine est la seule chose qui dynamise un peu cette séquence. Ginnifer Goodwin a du métier et elle maîtrise désormais suffisamment son personnage pour se hisser au-dessus de la médiocrité du scénario. Elle n’est jamais mièvre quand elle donne ses conseils à Ariel : le plus dur est d’être honnête et l’amour mérite de prendre des risques. C’eut été tellement facile de tomber dans le cliché et l’enfilage de perles mais pas ici, merci l’artiste ! Joanna Garcia, par contre, si elle est magnifique, a un rôle beaucoup trop convenu. Sa candeur et sa joie de vivre sont tellement mignons mais c’est trop peu ! Elle parvient cependant à rendre visible, sensible, la douleur muette d’Ariel, suite au « cadeau » de la Reine qui arbore alors une robe de cuir agréable mais a été coiffée par un troll. Avec un cahier des charges pareils, le réalisateur se débrouille comme il peut mais sa mise en scène est complètement impersonnelle.

Le segment au Pays Imaginaire est bien plus intéressant parce qu’il est plus noir mais, tronçonné en petites scènes, il perd de sa force et se voit encore amoindrie par la place prise par l’histoire rose bonbon. Emma apprend que Neal est vivant et elle subit visiblement un choc. Pas besoin de beaucoup de mots pour que Jennifer Morrison montre le trouble qui habite son personnage. Mais est-ce vraiment le cas ou est-ce une ruse de Peter ? Le fait que le spectateur soit au courant de la vérité apporte une tension à ce passage trop bref ; la communauté éclate car la Reine refuse de sacrifier la proie pour l’ombre. Elle commence sa carrière de sauveuse en venant en aide à Rumpelstilskin, qui était sur le point d’être joué par l’Ombre maléfique ! Grâce aux deux merveilleux acteurs que sont Lana Parrilla et Robert Carlyle, on passe sans transition mais avec crédibilité de la mièvrerie à la violence ; le tout suivi par une de ces joutes électriques que les « deux plus grands magiciens » (c’est elle qui le dit et à raison) aiment pratiquer. Ils trouvent ainsi un moyen de lutter contre Peter Pan. Par contre, agacement supplémentaire : il faut un objet resté à Storybrooke ! Un génie du mal désarmé c’était déjà peu crédible mais deux ! Robert Carlyle a beau nous sortir une explication très plausible de cet état de fait et le jouer avec conviction, le mal est fait. On appréciera cependant l’ironie de la scène finale.

Le passage le plus noir concerne les autres héros : Neal est dans la grotte de l’écho et on ne peut en sortir qu’en révélant son secret le plus profond. En général, ce sont les plus noirs. On s’est assez plaint de la laideur des décors pour signaler combien la grotte est bien faite et baigne dans une splendide obscurité, le tout souligné agréablement par une musique en sourdine. Pour le coup, c’est vraiment bien réalisé mais c’est quand même assez peu. Crochet est le premier à révéler son secret puis Blanche, Charmant et, évidemment, Emma pour finir. Cette séquence est rendue très dure, très émouvante par la sobriété avec laquelle les comédiens révèlent les secrets de leurs personnages. Que ce soit à Jennifer Morrison qu’échoient les larmes est logique car elle a le secret le plus douloureux. La liberté se paye au prix fort et, avant même la fin, elle montre qu’elle peut aussi être facteur de désintégration.

Anecdotes :

  • La petite sirène : conte paru en 1837 il est beaucoup plus triste que l’adaptation de Disney.

  • La petite sirène est le 36ème film d’animation des studios Disney sorti en 1989. C’est lui qui baptise la sirène du nom d’Ariel. Edward Kitsis et Adam Horowitz voulaient honorer le dessin animé. Ils voulaient une rousse et Joanna Garcia dut porter une perruque. Au naturel, l’actrice est châtain clair.
  • Ariel n’est pas la première sirène de la série mais c’est la seule qui soit gentille !

  • Référence à « Ursula », le personnage est dans le dessin animé et apparaîtra sous les traits de Merrin Duguey en saison 4. C’est un démon et non la « déesse de la mer ».

  • Détail curieux : le petit déjeuner préféré de Rumpelstilskin, ce sont les petits pains aux œufs. Le Ténébreux a gardé des goûts simples !

  • Joanna Garcia/Ariel : actrice américaine, elle a tourné dans American Pie 2 (2001) mais c’est surtout pour la télévision qu’elle joue : SeaQuest, police des mers (1994), Fais-moi peur (1994-1996), La famille du bonheur (1996-1997), Dawson (1999), Sexe et Dépendance (2001), Reba (2001-2007), Gossip Girl (2009). Détail cocasse : l’actrice ne sait pas nager !

  • Hans Christian Andersen (1805-1875), écrivain danois, ses Contes (156 en tout, parus entre 1832 et 1848) l’ont rendu célèbre (le Vilain Petit canard, Les habits neufs de l’Empereur, La Reine des neiges…).

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7. LA BOÎTE DE PANDORE
(DARK HOLLOW)

Scénario : Kalinda Vasquez et Andrew Chambliss

Réalisation : Guy Ferland

Résumé :

Pendant qu’Emma, Neal et Crochet cherchent un moyen de quitter l’île, Ariel doit ramener de Storybrooke le moyen de vaincre Peter Pan.

Critique :

Un épisode qui redonne vraiment du temps de jeu à Émilie de Ravin et de l’importance à Belle. Il comporte classiquement deux segments : l’un à Storybrooke et l’autre au Pays Imaginaire. Une structure rodée en saison 1 mais, ici, les deux sont contemporains et même quasiment simultanés.

A Storybrooke, Rumpelstilskin avait donné un charme de protection à Belle. D’autres ennemis peuvent venir et, en effet, c’est le cas ! Sur une belle musique, nerveuse, tonique, on assiste à la mise en place du sort alors que, roulant à tombeaux ouverts, deux jeunes hommes se dirigent vers la ville ! Sans surprise, ils passent in extremis mais la tension a été très bien rendue par le réalisateur et on a cru que Storybrooke serait à l’abri. La ville est aussi le point d’arrivée d’Ariel. La sortie de l’onde de Joanna Garcia est un moment sexy et la fraîcheur de l’actrice fait sourire. Le contact passe avec Belle à qui la sirène, maintenant dotée de jambes, remet le message de son amoureux, une devinette : « Il aime se montrer énigmatique » constate Ariel. La réplique est simple mais dite sans ironie, ni même avec l’envie de se moquer ; juste le constat de quelqu’un un peu dépassé par la complexité des choses mais qui n’a aucune noirceur. La fascination de la jeune femme pour les menus objets dans la boutique de M. Gold apporte une touche légère très agréable. C’est l’amour entre Belle et Rumpelstilskin qui fournit la clé de l’énigme et le spectateur attentif ne sera pas surpris de cette dernière mais appréciera les liens noués par la série entre ses époques. L’objet en question : une boîte.

Au Pays Imaginaire, Neal révèle que la seule solution pour quitter cet endroit est de capturer l’ombre de Peter. Pour ce faire, il ira avec Emma (et Crochet qui s’impose un peu) pendant que le couple Charmant rejoindra Clochette. La gêne est ce qui caractérise le mieux les relations entre les personnages. Blanche bat froid à son époux qui, selon elle, « a cessé de croire » en eux. L’abcès sera crevé dans une scène très dure où se mêle peur, amour, non-dit, doute. Sur cette seule scène, Ginnifer Goodwin et Josh Dallas, qui n’ont pas grand-chose à faire, se montrent d’une grande justesse et apportent une émotion forte et douloureuse. Dans l’autre groupe, malgré leur respect réciproque, les deux hommes sont clairement en compétition pour les beaux yeux d’Emma. Crochet est d’ailleurs parfaitement explicite et sa franchise semble, paradoxalement, troubler Emma. Jennifer Morrison est globalement plutôt en dedans dans ces passages. Le discours d’Emma qui privilégie son fils à sa vie sentimentale revient comme un leitmotiv mais il bloque le jeu de l’actrice, trop rigide sur ce coup-là.

A peine, Ariel et Belle ont-elles mises la main sur la boîte de Pandore que les deux hommes, visiblement bien renseignés, les capturent et la volent. Une vraie tension surgit quand ils révèlent qu’ils servent Peter Pan en toute conscience. A ce moment, leur identité reste un mystère. L’ingéniosité de Belle permet de renverser la situation. Loin d’être menaçants, les deux hommes sont les frères de Wendy Darling, Jean et Michel, contraints depuis un siècle d’obéir à Peter Pan ! Belle tient cependant un discours d’espoir et Ariel pourra rapporter la boîte à ses commanditaires. La remise de celle-ci donne d’ailleurs lieu à de taquins mouvements de caméra qui prouvent sans conteste que les sirènes sont des créatures magnifiques…Dans tout le passage à Storybrooke, Émilie de Ravin s’est montrée parfaite. Belle est tantôt triste, enjouée, toujours pleine d’espoir et ne se laissant jamais abattre. La force mais aussi la douceur se partage ce personnage et l’actrice sait très justement montrer toutes ces faces. Plus limitée, Joanna Garcia est la caution tendre et légère ; la bonne copine un peu gauche mais qu’on aime quand même.

Pour capturer l’ombre de Peter, le trio doit s’enfoncer dans « le vallon obscur ». Emma apporte un commentaire amusé sur les noms de lieux où ils doivent aller. C’est bien placé comme réplique parce qu’elle apporte le contrepoint léger alors que la tension règne entre les personnages et que Crochet et Neal se jaugent. Le décor du vallon fait honneur à son nom : sinistre, venteux et baignant dans une luminosité rougeoyante. L’endroit est terrifiant et la bêtise des deux hommes, qui « craquent », les amènent tous au bord de la catastrophe lorsque l’Ombre et deux consœurs les attaquent. Au milieu des cris de douleur et de terreur, sur une musique qui est plus un atroce tintamarre, cette attaque est un moment d’horreur parfaitement orchestré, notamment au niveau des effets spéciaux. Tout au long de cet épisode, la musique aura été d’une grande utilité, donnant force aux scènes. Ils s’en sortiront grâce à la magie, même si cela semble inquiéter Neal. 

Quant à Henry, malgré sa méfiance envers Peter, il ne pèse pas lourd face au machiavélisme de l’angelot vert. On est quand même un peu agacé par la naïveté manifestée par Henry et sa filature du bras droit de Peter est ridicule ! Jared S. Gilmore montre toutefois assez de malice pour qu’on s’attache aux faits et gestes de sn personnage. Ses scènes sont brèves et disséminées de-ci de-là mais il les défend bien. Les duos avec Robbie Kay sont ici mieux équilibrés. L’un a l’espoir qu’on viendra l’aider mais l’autre joue sur un terrain très différent. Peter feint d’être contrarié par la rébellion d’Henry et, c’est vrai qu’on a pu croire au basculement du jeune garçon, mais c’est pour mieux te piéger mon enfant. Un piège trop bien orchestré. Le jeune homme retrouve Wendy, mais celle-ci se dit malade parce que la magie quitte l’île. Henry n’aime pas la magie mais il a du cœur. Il ne sauverait pas la magie pour Peter Pan mais un preux chevalier ne doit-il pas sauver la gente dame ?

Anecdotes :

  • Les frères de Wendy parlent du « Bureau Central ». On se souvient que c’était le nom que Greg et Tamara donnaient à leurs patrons. Mais il est surprenant que les frangins utilisent cette appellation erronée alors qu’ils sont seuls !

  • Wendy dit à Henry qu’elle a connu le père de celui-ci. Une référence à l’épisode « Seconde étoile à droite… » (2-21)

  • En VO, la Reine dit à Ariel qu’elle peut avoir des jambes ou une queue quand elle voudrait selon les fantasmes d’Éric. La version française, plus pudique, préfère dire « selon ce qu’Éric préfère ».

  • Le mythe de Pandore figure dans Les Travaux et les Jours d’Hésiode (VIIIème siècle avant notre ère). En grec, Pandore signifie « celle qui a tous les dons », manière de rappeler qu’elle est une création de tous les Dieux qui lui donnèrent chacun un don. Zeus avait retiré les maux de l’horizon humain mais cela ne les rendit pas meilleurs. Après avoir créés Pandore, les Dieux la donnèrent en épouse à Épiméthée qui détenait la boîte les renfermant. La curiosité de la femme et la naïveté de l’homme aboutirent à l’ouverture de cette dernière. Une interprétation du mythe veut que grâce à la fermeture opportune de la boîte (ou amphore selon les versions) par Pandore, l'humanité ne souffrira que des maux, et non pas de l'attente de ces maux puisque l’espérance ou plutôt « l’attente de quelque chose » est restée prisonnière. 

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8. PENSE À DE JOLIES CHOSES
(THINK LOVELY THOUGHTS)

Scénario : David H. Goodman et Robert Hull

Réalisation : David Solomon

Résumé :

Peter Pan emmène Henry là où il va « sauver la magie ». Dans le passé, le jeune Rumpelstilskin est abandonné par son père.

Critique :

Tel père, tel fils ? L’hérédité est lourde dans la famille de Rumpelstilskin et la vérité est d’une laideur sans nom. Très noir, très amer, cet épisode foule aux pieds la notion de famille et de rêves enfantins mais déclare hautement qu’il y a des limites à l’enfance. Rumpelstilskin était un garçon adorable mais qui n’a cessé d’être rejeté.

Deux segments : le passé de Rumpelstilskin qui éclaire le second segment, la tentative de sauvetage d’Henry. Si Rumpelstilskin n’a pas été un père modèle, il apparaît comme un père aimant à côté du sien. C’est un joueur de bonneteau, pire un tricheur sans vergogne et sans beaucoup d’envergure non plus. Il n’hésite pas à laisser son fils à deux fileuses « pour aller chercher du travail ». L’enfant veut y croire, comment lui donner tort ? Il espère même rester avec lui grâce à un haricot magique. Aller quelque part où personne ne le connaît mais demeurer une famille. La notion de « nouveau départ » est au fondement du « rêve américain ». Où aller ensemble ? Le père se souvient qu’il échappait à une enfance difficile – Once upon a time ne croit pas beaucoup à la famille aimante et aux joies du foyer ! – en se disant « Pense à de jolies choses ». Et il arrivait au Pays Imaginaire. Sauf que, là-bas, les choses ne se passent pas comme il l’avait prévu.

Tous les membres de la communauté finissent par se retrouver, signe indubitable que la série aborde un tournant majeur. Dans une pénombre constante (par un contraste désormais bien connu, il fait jour dans l’autre segment), ce ne sont pas des retrouvailles chaleureuses d’autant que Neal révèle que Rumpelstilskin avait le projet, selon lui, de tuer Henry. Et tous de faire front contre le magicien ! Lequel donne plus l’impression d’une grande lassitude que de se sentir menacé et c’est très exactement ce que Robert Carlyle devait faire. Son personnage est le plus puissant de tous : qu’est-ce qu’il a craindre de leurs épées ou d’une boule de feu de la Reine ? L’acteur rend très bien compte de l’impasse de Rumpelstilskin : à force d’avoir menti et trahi tout le monde et de n’avoir fait que des choix égoïstes, il n’est pas cru quand il dit la vérité ! Pour preuve de sa bonne foi, il devra donner la boîte à Neal (Michael Raymond-James rend parfaitement la défiance que Neal éprouve envers son géniteur) puis accepter d’essayer de sauver Charmant « parce que c’est bien » donc gratuitement. On voit bien que le maître magicien avale un boa mais c’est son fils qui exige et il obéit. Aucune faute des acteurs : sobriété et regard noir chez Michael Raymond-James, résignation chez Robert Carlyle. Si l’espoir a pu renaître un instant, les retrouvailles de Neal/Baelfire avec Wendy glace tout le monde : la révélation du véritable plan de Peter Pan provoque une violente angoisse.

L’espoir a rendu le père de Rumpelstilskin complètement fou. Sa joie exagérée quand il arrive au Pays Imaginaire, son petit rire répété ; tout cela met son fils et le spectateur très mal à l’aise. La rencontre avec l’Ombre n’est pas non plus pour rassurer. Le décor naturel de la Colombie-Britannique pourrait être juste champêtre : il est effrayant. Effrayant comme le décor, imaginaire celui-là mais bien fait, de l’Ile du Crâne où Peter Pan emmène Henry. L’intérieur n’est pas moins fantasmagorique : une caverne évidée, gigantesque, des crânes de pierre et d’autres d’or supportant un sablier géant dans lequel s‘écoule un sable inconnu. Les tons sont ocres et obscurs et c’est superbe. Peter Pan saura prendre quelques minutes pour retrouver Rumpelstilskin. Le duel est amer, violent, haineux et pourtant le lien est fort entre eux car, Peter Pan n’est autre que le père de Rumpelstilskin ! Mais un père indigne de ce nom, qui se donne « bonne conscience » en disant haut et fort qu’il est faible et ne ferait pas un bon père, pour commander à l’Ombre de le débarrasser de son fils ! En quelques instants, nous passons d’une séquence d’émotion à une séquence autrement plus violente ! 

Rumpelstilskin vaincu, Peter Pan a le champ libre et il saura trouver les mots pour convaincre Henry de lui donner son cœur, « le cœur du plus pur des croyants », pour sauver le Pays Imaginaire dont il se garde bien de révéler l’épouvantable secret. Mais le plus « beau » dans tout cela, c’est qu’il ne ment pas à Henry. Il parle de « sacrifice » certes mais ajoute qu’Henry « devra rester au Pays Imaginaire ». Rien de tout cela n’est faux et l’entendre dire que les adultes mentent fait froid dans le dos, et le regard que jette Henry sur sa famille fait aussi très mal, car ses deux mères qui s’époumonent à lui crier leur amour, ne lui ont-elles pas menti ? Lui qui, en saison 1, voulait rétablir les fins heureuses, voit s’offrir à lui la possibilité de faire une action altruiste, une action héroïque. Robbie Kay est plus glaçant que jamais. Il parvient à donner l’image d’un Peter Pan maître de lui-même et juste assez angoissé par le temps qui file pour être crédible dans le rôle de « sauveur de la magie ». Jared S. Gilmore s’est mis au diapason et son interprétation du héros sacrificiel est dure à voir car le spectateur sait la vérité mais, constate avec une peur croissante, que les mots des « gentils » ne semblent plus atteindre le jeune garçon. Et il choisit.

Anecdotes :

  • En VO, c’est Marylin Manson qui fait la voix de l’ombre gardienne.

  • Stephen Lord/Malcom : acteur britannique, vu dans Casualty (2010-2011), Penny Dreadfull (2014-2015)

  • Absence d’Émilie de Ravin.

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9. PETER PAN N'ÉCHOUE JAMAIS
(SAVE HENRY)

Scénario : Christine Boylan et Daniel T. Thomsen

Réalisation : Andy Goddard

Résumé :

Dans le passé, Regina adopte un enfant. Dans le présent, trois mères s’unissent pour sauver cet enfant.

Critique :

Très bel épisode qui fait une large place à l’émotion et permet principalement à Lana Parilla de montrer ses talents dans ce registre. Centré sur elle, l’épisode lui doit beaucoup.

Une brève scène juste au moment où la malédiction va s’abattre trace les sillons dans lequel l’épisode va se glisser. Robert Carlyle compose un Rumpelstilskin plus flamboyant que jamais, susurrant d’obscures pensées, sifflant des sarcasmes et chantonnant d’aise ! Malgré son assurance (feinte ou réelle ?), la Reine ne peut s’empêcher d’être troublée. La prédiction de l’enchanteur ressort pourtant plus de la psychologie (mais un médium n’est-il rien de plus qu’un bon psychologue ?) que du maléfice : un jour, la Reine ressentira un vide dans son cœur et ce moment arrive. Regina Mills ne « ressent rien » dit-elle au docteur Hopper. Raphael Sbarge est impeccable. Malgré les sombres menaces que profèrent sa peu conciliante cliente, l’acteur montre le psychologue absolument maître de lui-même, poursuivant son examen sans jamais se confronter directement à Regina. Un enfant comblerait ce vide affectif.

Mais, pour être mère, madame le maire n’est pas prête à subir ce que le commun des mortels endure dans une procédure d’adoption. Et quand on a un problème à Storybrooke, on consulte M. Gold ! La scène où Regina demande son intervention pour avoir un enfant est sublime par son humour à froid et par le commentaire du prêteur sur gage : « une mère peu commune à défaut d’une bonne mère ». Dans son personnage de Gold, Robert Carlyle fait étalage de son don pour l’ambigüité. Des phrases prononcées semblent laisser penser qu’elles ont un autre sens, ou un sens renforcé mais, nous sommes avant que la malédiction soit brisée et même onze ans avant qu’Emma n’arrive à Storybrooke. Gold est-il pleinement conscient d’être Rumpelstilskin ou bien a-t-il mis cette partie de lui-même en sommeil pour vingt-huit ans ? Son second dialogue avec le maire est en tout cas une merveille de dialogue de sourds.

Au Pays Imaginaire, Henry agonise et Peter est sur le point de triompher. Mais l’important c’est la relation entre Emma et la Reine. Jennifer Morrison et Lana Parrilla sont au diapason pour cette scène qui scelle un rapprochement. Emma reconnaît la douleur sincère de celle qui fut son ennemie mortelle et cette reconnaissance va droit au cœur de la souveraine déchue. C’est touchant, vraiment émouvant. C’est néanmoins par la douceur que les « gentils » vont réussir à disloquer le groupe des enfants perdus et comprendre où se cache Peter Pan. Le discours d’Emma est d’une belle mais profonde simplicité et va droit au cœur. Dans le registre de l’émotion, Jennifer Morrison est ici impeccable.

Mère éperdue et angoissée, la Reine fut aussi une mère perdue à Storybrooke. Après une scène assez rigolote par le côté quasi midinette adopté pour convaincre les services sociaux (et un dossier qu’on imagine bien complet), c’est le dur retour au réel ! Eh ! Oui ! Un bébé, ça pleure ! Lana Parrilla joue sur une corde peu utilisée pour son personnage, celle de l’inconnu. Regina est totalement désarçonnée par ce bébé qui ne cesse de pleurer et qu’elle échoue à réconforter. Par contre, il y a un côté téléphoné lorsqu’elle cherche à savoir les antécédents médicaux de la mère biologique. On sent que les auteurs ont voulu ajouter une note un peu dramatique mais l’adjonction forcée ne convainc pas totalement. Ce qui est certain est que Storybrooke devait être la fin heureuse de l’histoire de la Reine (le nom même de la ville le proclame assez) mais que cela n’a pas été le cas.

La Reine, Emma et Blanche-Neige se sont lancées sur les traces de Peter Pan mais le diabolique enfant plusieurs fois centenaire, et qui révèle sa véritable identité, les capture. Jolie astuce que ce piège mais, cette fois, Peter a sous-estimé à qui il avait à faire et c’est la Reine qui le terrasse ! Scène brève mais assez noire ; une nouvelle fois, la cruauté que Robbie Kay insuffle à Peter Pan est prodigieuse de justesse et d’efficacité. Il est quelque part assez ironique que ce démon, qui a renié son passé (et incarne à merveille le « syndrome de Peter Pan ») soit vaincu par l’être qui assume son passé diabolique. Dans la revendication de leurs actes, la Reine et Peter Pan acquièrent une grandeur infernale mais la première a su évoluer. Elle a su grandir et c’est ce qui fait sa force. L’enfance est un passage ; tout comme le Pays Imaginaire. Vouloir s’y accrocher est mortifère. Du point de vue psychanalytique, cet épisode, et tout l’arc autour de Peter Pan est d’une grande profondeur et sonne parfaitement juste.

Henry reprendra vie, tout comme sa mère adoptive a repris goût à la sienne autrefois. Lorsqu’elle refuse d’abandonner ce petit être qui l’a pourtant déçu au départ, Regina est bouleversante et Lana Parrilla nous convainc aisément de la véracité de l’amour que cette femme impitoyable ressent pour Henry alors même qu’elle sait qui est sa vraie mère. Le recours à la potion magique au final est une faute de goût mais l’histoire qu’elle raconte est plaisamment ironique. La vie est aussi réconciliation : Neal pardonne à son père ; les paroles qu’il lui adresse sont grandes d’amour. Pas besoin de paroles entre Emma et ses parents. Tout aurait pu être bien qui finit bien mais le final sera plus enlevé qu’on aurait pu le penser ! Peter Pan n’a pas encore perdu la bataille. Son attaque est brutale et l’effet dramatique joue à plein avec une musique très efficace. La révélation finale sera glaçante.

Anecdotes :

  • Bien qu’on entende la voix de Sydney et que Giancarlo Esposito soit crédité, l’acteur n’apparaît pas.

  • Regina définit Storybrooke comme « une ville de contes de fées ». Certainement de l’humour !

  • Absence d’Émilie de Ravin

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10. LE NOUVEAU PAYS IMAGINAIRE
(THE NEW NEVERLAND)

 

 

Scénario : Andrew Chambliss

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Dans le passé, Blanche-Neige est obsédée par l’idée de vaincre la Reine. A Storybrooke, l’ombre de Peter Pan plane toujours.

Critique :

Pour son premier scénario en solo, Andrew Chambliss s’en tire avec les honneurs, d’autant qu’il héritait de la tâche redoutable de « l’épisode de transition ». En effet, nous ne sommes plus au Pays Imaginaire mais le plan de Peter Pan n’est pas encore lancé. Il faut donc « meubler » et amener les éléments au bon moment. Ce n’est pas tout à fait abouti et les longueurs sont légions mais il y a tout de même assez d’action pour soutenir l’intérêt, un peu d’humour (grâce à Josh Dallas et aussi Colin O’Donoghue) et, surtout, de l’émotion.

L’ouverture de l’épisode se fait sous le signe de la liesse et de l’amour. Ariel retrouve son prince (devenu poissonnier, si ça ce n’est pas de l’humour !) et nos héros reviennent dans la ville. C’est un peu à la façon des stars qu’ils débarquent du Jolly Rodgers, ce qui est à la fois drôle et touchant. D’autant que Blanche remercie publiquement la Reine ! M. Gold scellera la boîte de Pandore pour que « Peter » ne s’en échappe pas ; ce qui donne subitement une allure menaçante à la scène puisque ce n’est pas Peter qui est enfermé mais Henry ! Lequel joue subtilement de la rivalité latente entre ses eux mères pour ostensiblement choisir Regina. Jared S. Gilmore joue très juste dans « sa » chambre ; les gestes anodins deviennent menaçants.

Menace : c’est ainsi que Blanche-Neige voit la Reine ; laquelle vient de gâcher son mariage en proférant la sienne de menace. Ginnifer Goodwin nous propose une autre facette de son personnage, dominé par la colère et le ressentiment et désireux d’en finir. On pourrait croire qu’il y a une part de noirceur chez la princesse mais nous recevrons une toute autre réponse en fin d’épisode. A contrario, Josh Dallas continue dans le même registre : Charmant est un prince posé, calme et qui veut plus que tout profiter de son épouse, et de sa lune de miel ! Le Palais d’Été où ils iront est un décor numérique tout à fait correct et le spectateur s’amuse avec l’ambiance coquine et drôle entre les deux acteurs. Mais la princesse avait une autre idée en tête…ce que son époux avait parfaitement deviné ! Elle veut tuer le monstre Méduse pour changer la Reine en statue !

Andrew Chambliss est doué pour installer des atmosphères et les détruire après. On a vu le tête-à-tête des Charmant devenir une expédition dangereuse, voici le déjeuner entre Neal et Emma qui n’aura pas lieu. Emma hésitait à y aller et son père la convainc avec un discours très beau, à la fois ferme et chaleureux. Josh Dallas est ici meilleur que Jennifer Morrison. Lui est souriant et plein de verve quant elle, même si le rôle impose qu’elle joue l’inquiétude, est trop fermée. A peine Emma arrive-t-elle devant le resto (d’où sortent Crochet et Clochette, un échange de regards hilarants entre les protagonistes !) que des cris résonnent : la Mère Supérieure est assassinée par l’Ombre ! Laquelle n’obéit qu’à Peter Pan. Donc Peter Pan parvient toujours à la contrôler. L’attaque est très réussie. Filmée de haut, elle est brève, très intense et les cris de Keegan Connor Tracy font vraiment peur !

Peur, voici ce qu’a finalement ressentie Blanche-Neige dans la caverne de Méduse. Si on demeure confondu que les parents de cette dernière ait fit construire une résidence estivale à deux pas du repaire d’un monstre sans le détruire, on pardonne cette facilité parce que les acteurs s’approprient complètement cette séquence qui aurait pu facilement sombrer dans le Nanarland. Le décor, tout d’abord est réel et de qualité. La Gorgone n’est pas mal non plus et les incessants sifflements de serpents finissent par mettre très mal à l’aise. Le plan initial échoue mais Blanche-Neige réussira à vaincre le monstre qui n’avait qu’une utilité dans cet épisode : lui faire comprendre qu’on peut être son propre destructeur. Comme elle le reconnaît plus tard, il y aura toujours une menace et il convient de savoir profiter des bons moments. Ce en quoi elle a davantage de maturité que sa fille car Emma estime qu’en tant que Sauveuse, elle n’aura pas droit au répit. Bien meilleure ici, Jennifer Morrison, par sa sobriété, donne une dimension tragique à Emma et pose la question de la vie des héros. Il n’y a évidemment pas de bonne réponse ni même de réponse tout court mais la question est sans cesse posée et sans cesse intéressantes sont les tentatives de réponse qu’on lui apporte.

Des réponses, c’est que demandent les Charmant au grand complet à Rumpelstilskin. Comment Peter peut-il contrôler l’Ombre depuis la boîte ? Pour y répondre, il faut l’ouvrir mais hors de la ville, là où il n’y a pas de magie. Bien sûr, c’est « Peter » qui sort mais c’est Henry qui parle et c’est très touchant de le voir tenter de convaincre sa mère (armée) qu’il est son fils. Robbie Kay nous montre à son tour une autre facette de son talent ; il a le sourire gentil, tendre même, le geste plus lent donc moins agressif. Il est cependant un peu inférieur à Jared S. Gilmore qui s’est mieux glissé dans le rôle de Peter et se montre vraiment inquiétant. Le plan élaboré par cet infect petit démon est terrifiant dans sa simplicité et la radicalité de son exécution !

 

Anecdotes :

  • Gil McKinney/Eric : acteur américain, il tourne principalement pour la télévision : Urgences (2007-2009), Supernatural (2013-2014)

  • Méduse : dans la mythologie grecque, c’est une des trois Gorgones et la seule à être mortelle (contrairement à ce que dit Blanche-Neige). Maudite par Athéna, elle devint un monstre à la chevelure de serpents et son regard changeait en pierre ceux qui le croisait. Elle fut décapitée par Persée. Dans le film Percy Jackson : le voleur de foudre, c’est Uma Thurman qui incarne Méduse.

 

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11. GARDER ESPOIR
(GOING HOME)

  

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Peter Pan veut détruire Storybrooke. Rumpelstilskin et la Reine peuvent l’empêcher mais le prix à payer est très lourd.

Critique :

Le titre français est ici bien meilleur car il proclame l’essence même des contes de fées ainsi que « Mary Margareth Blanchard » le dira. Dense, l’épisode comporte plusieurs petits segments dans le passé qui se raccordent au segment principal à Storybrooke et en renforcent le sens.

L’ouverture est très dure : Peter Pan tue son fidèle Félix pour avoir son cœur et lancer sa malédiction. Il y a pourtant un moyen de l’arrêter révèle Rumpelstilskin à la communauté : détruire le parchemin sur lequel elle est écrite. A la peur de Félix répond le mince espoir des habitants. Ils ont de l’espoir mais pas de naïveté. « Je fais le choix de croire » affirmait la princesse Blanche-Neige alors que la première malédiction s’approchait. Ginnifer Goodwin aura les meilleures répliques de l’épisode, très bien écrit par ailleurs. L’interprète sera majeure dans ses scènes. Bien que le doute la tenaille, Blanche-Neige finit par accepter que les fins heureuses ne sont pas forcément celles qu’on imaginait. L’inconnu n’est pas forcément mauvais. Moralité : sachons lâcher prise.

Pour détruire le parchemin, il faut récupérer une baguette de magie noire conservée par feu la Mère Supérieure. Crochet, Neal, Charmant et Clochette se rendent à l’église (première fois que l’on y entre, la pratique religieuse ne devait pas être intense à Storybrooke !) mais l’Ombre les attaque. Les effets spéciaux de ce moment sont bien réussis et les acteurs nous mettent dans l’ambiance d’une attaque mortelle par une entité surnaturelle ! Clochette sera la sauveuse, parce qu’elle a su écouter tous les autres (et Crochet en particulier) et croire en elle. Elle gagne car elle redevient fée. Belle prestation de Rose McIver qui, en peu de scènes, a su montrer le sentiment de déchéance qui habitait autrefois Clochette et la joie qui lui procure sa réhabilitation mais aussi sa joie d’avoir su croire en elle. On a en outre une jolie musique qui souligne la métamorphose. Elle fait même coup double car elle ressuscite la Fée Bleue !

Rumpelstilskin avait préparé son coup. Un sort devait rendre son âme à chacun et donc Peter Pan se réveille très logiquement dans la boutique de M. Gold. On se demande juste ce que Henry faisait à la bibliothèque mais on passe vite car le tempo du récit ne nous laisse pas de répit. Très belle interprétation de Robbie Kay qui réussit à passer de la douceur à la dureté. Les discours sont âpres. Peter Pan plus glacial que jamais se montre, une nouvelle fois, plus habile que son fils. Excellent Robert Carlyle qui, lui, passe de la dureté à la faiblesse. C’est une scène pathétique que nous avons sous les yeux et elle fait réellement peine à voir en plus d’être douloureuse. Mais Peter a sous estimé l’amour que son père porte à son fils et à Belle. Refusant de les voir souffrir à cause du cruel angelot, Rumpelstilskin ceinture Peter Pan et le poignarde avec la dague, les réduisant tous deux à néant ! C’est lent et violent à la fois pour nous ressentions l’immensité du sacrifice consenti par celui qui était « le lâche du village ». Dans un bel effet spécial, Rumpelstilskin trouve une rédemption et donne sa vie pour ceux qu’il aime. C’est magnifique et très émouvant, en plus d’être habitée par une tension grandissante car la malédiction est toujours en route.

Détruire le parchemin était finalement quelque chose de simple mais la Reine avoue que la solution comporte un prix gigantesque à payer : elle doit renoncer à ce qu’elle aime le plus au monde : Henry ! Briser la malédiction détruira Storybrooke et renverra chacun dans son monde ! Alors que la famille royale venait de se retrouver, que des anciennes idylles refleurissaient ou que d’autres naissaient, tout va être balayé. La scène des adieux est superbement écrite, sans pathos mais avec une émotion vraie soulignée par une musique triste. « Tu n’es pas une méchante, tu es ma mère » confie Henry à Regina dans le plus bel adieu qu’il pouvait lui faire. Très émue (sans faute de Lana Parilla qui nous prend aux tripes mais Jennifer Morrison n’est pas en reste), la souveraine fait un magnifique mais triste cadeau d’adieu à Emma et Henry : s’ils oublient ce qui s’est passé à Storybrooke (qui n’aura donc jamais existé), ils auront de nouveaux souvenirs. Dans un passé réinventé, la jeune femme n’aura jamais abandonné son fils. On atteint des sommets dans l’émotion et l’interprétation toute en subtilité et en retenue des interprètes est grandiose.

Tout devrait donc se passer bien dans leur nouvelle vie new-yorkaise quand Crochet fait son apparition !

Anecdotes :

  • Conclusion de la première partie de la série.

  • Exceptionnellement, le générique est sur fond vert.

  • En France, le dessinateur de bande dessinée Régis Loisel a donné une interprétation assez sombre du conte (Peter Pan, 6 vol, 1990-2004) .

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12. UN PIRATE DANS LA VILLE
(NEW YORK CITY SERENADE)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Bill Giehardt

Résumé :

Les habitants de la Forêt Enchanté rentrent chez eux. A New York, Emma hésite sur son avenir.

Critique :

Nouveau départ pour Once upon a time qui opère un quasi retour sur elle-même en reprenant le schéma de la saison 1 mais dans un tout autre contexte et avec une toute autre menace.

La première image renforce cette impression de clin d’œil puisqu’il s’agit de la chevauchée d’un prince ; en l’occurrence Philippe (visiblement devenu roi) qui retrouve Aurore enceinte mais le couple voit soudain débarquer de nulle part les habitants de la Forêt enchanté ; c’est-à-dire d’un autre royaume ! On se demande juste pourquoi ils atterrissent là puisqu’ils étaient censés « rentrer chez eux ». Légère invraisemblance sans gravité. L’épisode va suivre le schéma de la saison 1 : un segment dans le monde magique et un autre dans notre monde mais le premier prend suite immédiatement après la deuxième malédiction quand le second est contemporain. Évidemment, c’est ce hiatus qui sera intéressant.

Le décalage est d’un an (quand il ne s’est écoulé que quelques semaines entre les deux épisodes !) ; durée suffisante pour que beaucoup de choses aient eu lieu sans altérer la trame générale. Un an après, nous retrouvons Emma dans un restaurant s’apprêtant à dîner avec un homme charmant…un quasi remake du début du premier épisode de la série ! Mais ici, elle est là pour le plaisir et se voit même demander en mariage ! Sauf que Crochet s’invite dans la soirée ! Il tient un discours compliqué dans lequel il parle du danger que courre la famille d’Emma. Colin O’Donoghue est somptueux car il apporte à la fois un brin d’humour (la dégaine du pirate dans un resto chic de New York pour commencer !) mais aussi de tension car, s’il est naturellement porté à sourire (c’est un charmeur), il sait aussi se montrer sérieux. On se doute bien de la réaction d’Emma devant ce fou. Jennifer Morrison montre une Emma qui ne doute pas et se tient sur la défensive. N’oublions pas que le réalisme a été son refuge en saison 1. Ici, c’est sa réalité même !

Concernant sa vie privée, toujours fidèle à elle-même, elle tergiverse devant la demande. « Pauvre garçon » dira Henry dont l’analyse de la vie sentimentale de sa mère est aussi perspicace que drôle ! Néanmoins, Crochet a su éveiller sa curiosité et elle s’est rendu dans l’ancien appartement de Neal. Ce jour-là, un modiste échappé de la Quatrième Dimension (et la Reine n’y a pas coupé non plus) a fait porter à Jennifer Morrison un épouvantable pantalon à carreaux. Même une taupe ferait une attaque en voyant ça ! Par contre, aucune faute de goût pour l’actrice qui est très sûre d’elle quand elle fait coffrer Crochet par la police. Nouvelle réussite de jeu pour Colin O’Donoghue qui semble perdre espoir en comprenant qu’il se heurte à un mur de raison.

Dans le monde magique, Baelfire vit mal la perte d’Emma et d’Henry car, ne l’oublions pas, si ces derniers ne se souviennent plus de Storybrooke, l’inverse n’est pas vrai ! Michael Raymond-James, à qui la tenue fantasy va moyennement, montre la douleur qui ravage son personnage et qui ne trouve du réconfort que dans le fait qu’il n’est pas seul ; Belle notamment l’appuie et, aussi, Robin des Bois ! En effet, le voleur au grand cœur a sauvé la Reine et Blanche-Neige de l’attaque d’un singe volant ! Juste avant, les deux ennemies d’antan avaient scellé leur réconciliation. Les mots que Blanche-Neige avaient su trouver pour montrer l’empathie qu’elle éprouve pour la Reine sonnent très juste. Depuis le début de l’épisode, le spectateur avait l’avantage sur les personnages de savoir qu’une menace planait sur eux ; une menace assez grande pour contraindre Aurore au silence. Les singes volants ne sont pas une chose courante mais ce ne sont que des exécutants (et des exécuteurs) ; la menace va donc bien au-delà.

Sans surprise, Emma va finalement choisir de croire Crochet à cause de ce qu’elle a découvert dans l’appartement de Neal. Pour retrouver la mémoire, elle boira une potion. Pour montrer ce réveil, le réalisateur a eu la bonne idée d’insérer un paquet d’images façon flash : « Crochet ! » laisse tomber Emma (et on a vraiment l’impression que Jennifer Morrison vient de se réveiller), et lui de répondre, gouailleur : « Je t’ai manqué ? ». On remercie Colin O’Donoghue pour réussir à nous faire sourire juste avec une expression. Le visage de l’acteur est très mobile et c’est un régal de le voir varier ses gammes. Passé cependant ce moment, une chose est certaine : Storybrooke existe à nouveau ! Storybrooke, la ville qui ne veut pas mourir ! Logiquement, Emma va refuser la demande en mariage mais elle a la mauvaise surprise de découvrir que son compagnon est un singe volant qui essaye de la tuer ! S’il n’était pas vraiment un homme, qui plus est un singe volant comme dans le passé magique, c’est que c’est la même menace mais aussi que quelqu’un de puissant surveillait Emma depuis 8 mois, la durée de sa relation. L’attaque est aussi réussie ; à la fois violente et surprenante comme le combat. Bravo à Jennifer Morrison de parvenir à nous faire croire qu’elle se bat avec un singe ! Dès le lendemain, Emma part avec Henry (qui lui n’a pas retrouvé la mémoire) et Crochet, présenté comme « Killian », un client. Ils arriveront à Storybrooke dans la nuit…comme Emma la première fois qu’elle entra dans la ville fantôme. Très bonne idée du tandem de scénariste de montrer Emma reprenant son blouson rouge. La Sauveuse est de retour !

Et elle aura du boulot. Dans le passé, les revenants n’ont pu approcher du château (dont le titre de propriété est un brin disputé) à cause d’un champ de protection. Ils devront temporairement se réfugier dans la forêt de Sherwood. Dernier trait léger : Blanche-Neige fait remarquer à la Reine que Robin des Bois est plutôt joli garçon !

Le final est autrement plus menaçant. 

Anecdotes :

  • Un titre français franchement franchouillard

  • Robin des Bois fait allusion à son sauvetage par Belle autrefois mais l’acteur n’était pas le même

  • La grossesse de Blanche-Neige n’est pas feinte : Ginnifer Goodwin était réellement enceinte

  • Retour de Meghan Ory

  • Absence de Robert Carlyle

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13. CHASSE AUX SORCIÈRES
(WITCH HUNT)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Guy Ferland

Résumé :

A Storybrooke, Emma essaie de démasquer celui qui a volé leurs souvenirs aux habitants. Dans le monde magique, la Reine veut en finir.

Critique :

Le premier véritable épisode de la 2ème partie de la saison est une merveille qui réussit à mêler suspense, humour, angoisse et action avec des effets spéciaux réussis et une réalisation alerte.

On commence dans le monde magique par une ironique inspection de la penderie et des bijoux que la Reine avait abandonné en partant par l’étrange magicienne à la peau verte. Parler de « sorcière » serait appropriée puisqu’elle en présente les caractéristiques (on verra même un balai volant). Entrée en matière réussie pour Rebecca Mader qui parvient à être sexy avec une robe grise (largement échancrée comme toutes les robes de ce monde) qui met en valeur un magnifique pendentif en émeraude ; même le chapeau noir posé de guingois lui va bien. C’est elle qui commande aux singes volants et elle lance une attaque contre les errants. C’est un moment bien maîtrisé par le réalisateur, maintenant habitué à la série, qui la rend tonique et effrayante. Le scénario se paye le luxe de nous faire ensuite sourire quand la Reine change la bestiole en peluche !

L’ambiance n’est pas moins pesante à Storybrooke un an plus tard. Pourtant, Guy Ferland arrive à instiller une ambiance intimiste avec cette causerie au coin du feu entre Emma, Crochet, David et Mary Margareth. Une réflexion du pirate puis l’entrée de Grincheux/Leroy font basculer la réunion de famille dans l’angoisse : des habitants disparaissent ! Mais Emma doit aussi maintenir un semblant de « normalité » autour d’Henry qui n’a pas recouvré la mémoire. L’ambiance sera gênée quand Emma présentera ses parents comme « de vieux amis » et que Mary Margareth en rajoute avec « de Phoenix condamnées avec Emma pour vol à main armées » ! On passe sans transition dans l’hilarité, car en plus ce n’est pas totalement faux, puis dans la douleur car Regina aperçoit le jeune garçon. La douleur ressentie est palpable et nous touche profondément. Par son remarquable coup de crayon, Jane Espenson nous a fait passer en quelques minutes par toute une gamme d’émotions sans aucune fausse note.

La ville de Storybrooke bascule dans la folie quand Petit Jean, compagnon de Robin des Bois, est enlevé par un singe volant alors qu’il coursait une dinde pour son dîner ! Encore une fois, on passe brutalement du bon rire à la stupeur horrifiée. Que se passe-t-il dans cette ville ? La peur et l’incompréhension forment un terrible terreau et la « populace », réunie par une Emma qui renonce vite à la calmer pour en prendre la tête, se retourne comme un seul homme vers son ancien bourreau : Regina. Admirons la dignité de reine outragée que prend Lana Parilla. Tête haute, toisant sans effort la population d’un souverain mépris, l’actrice est magnifique. Jennifer Morrison ne s’est pas manquée non plus. Sobre, l’actrice retrouve les accents réalistes de l’Emma première époque mais avec le recul, elle ajoute un humour perceptible par le spectateur qui sait, lui, que ce réalisme est un trompe-l’œil. Impeccable dans la dureté, elle est également parfaitement convaincante dans la démonstration d’amitié entre Emma et Regina. Le sourire attendrie de Lana Parilla donne toute sa crédibilité à ce rapprochement quasi sororale entre celles qui, voici deux ans, se vouaient une haine féroce et mortelle. Les gens peuvent changer, pourvu qu’on leur en laisse la chance et le temps. C’est un bluff auquel on a assisté dans la salle du conseil. La magicienne confirmée et son apprentie (qui a appris la magie à Emma si ce n’est la Reine ?) ont en effet un plan.

Un plan qui doit démasquer le voleur, la voleuse en fait, de souvenirs. Premier indice pour le spectateur, les singes volants n’existent que dans une seule contrée : le pays d’Oz. Jane Espenson se fait ironique quand ses personnages se demandent si c’est la sorcière de l’Est ou de l’Ouest et que Blanche-Neige conclue qu’elles sont aussi terribles l’une que l’autre ! La Reine, dont le costume reste une énigme, a un moyen pour entrer dans le château : un tunnel. Mais, elle n’y ira pas seule car Robin l’accompagne par gratitude. Si le ton est un peu sec, il y a une politesse chaleureuse entre le voleur et la souveraine. Sean Maguire joue très juste en allant presque trop loin dans le ton de Robin et Lana Parrilla joue tantôt contente de sa compagnie tantôt froide mais il est à noter qu’elle ne montrera pas la Reine glaciale et cinglante comme à son habitude. Le voleur, qui comprend qu’elle n’a pas l’intention de survivre à la libération du château, cherche à la convaincre et il y met du cœur mais cela ne se passera pas comme il le pensait. L’atmosphère s’est de toute façon nettement refroidie quand la Reine constate avec effroi que la porte de la crypte, scellée par la « magie du sang » est ouverte, ce qui est théoriquement impossible !

Impossible n’est pas Storybrooke. Impossible comme le fait de voir un homme se transformer en singe volant ? La tension est palpable dans la ville et pourtant la scénariste parvient à distiller des moments plus légers qui équilibrent parfaitement son propos. La métamorphose en singe est spectaculaire et violente mais c’est un moment très bref. Si Regina échoue à reproduire la potion qui rend la mémoire, Emma lui suggère une arnaque. C’est presque drôle et léger de voir la garante de caution donner un conseil à une reine-maire. Les actrices nous arrachent un sourire entre Jennifer la finaude et Lana l’embêtée ! Et voir les deux femmes en planque est un pur moment de comédie où pourtant l’émotion s’invite. Impossible comme le fait que le cambrioleur ne pouvait pas s’échapper d’une pièce scellée par la « magie du sang » et pourtant il le fait.

L’identité de la sorcière nous est enfin révélée mais pas sur le même plan. Si, à Storybrooke, la fine équipe parvient à rassembler les morceaux du puzzle et à en conclure qu’ils ont affaire à « la méchante sorcière de l’Ouest », cela ne les avance pas beaucoup ! Et Jennifer Morrison nous fait bien rigoler avec sa mine circonspecte prononçant des paroles absconses ! Par contre, le spectateur a vu une dénommée Zéléna se présenter comme nourrice auprès de Mary Margareth et se faire embaucher. La scène est presque légère surtout avec Ginnifer Goodwin toute souriante et pimpante et Rebecca Mader, absolument magnifique au naturel, se montre tout à fait épatante dans un rôle ambigu où l’ironie grinçante affleure sous ses paroles apaisantes ; c’est une nouvelle incarnation de la « Mort en marche ». Par contre, dans le monde enchantée, Zéléna s’est révélée dans la plénitude de sa colère envers la Reine dont elle est la demi-sœur ! Quelle sainte famille !

A nouveau, Rebecca Mader est impeccable, commençant par jouer l’ironie grinçante (une vertu familiale pour son personnage !), la fausse lassitude pour finir par aboutir à l’envie. Zéléna est mû par une profonde et violente jalousie envers sa sœur. D’abord un peu résignée, la Reine retrouve peu à peu de l’allant et Lana Parilla accompagne avec son brio accoutumée le retour de la combativité chez son personnage. Les deux actrices se rendent coup pour coup et nous sommes bien en peine de dire qui peut l’emporter. La menace que lance la sorcière n’est pas à prendre à la légère ; Rebecca Mader a parfaitement rendu compte de la folie suave mais meurtrière de Zéléna.

Décidément en verve, Jane Espenson réussit encore à nous surprendre avec un final absolument stupéfiant !

Anecdotes :

  • Retour de Meghan Ory

  • Rebecca Mader/Zelena : actrice anglaise et ancien mannequin. On a pu la voir au cinéma dans Hitch, expert en séduction (2005), Le Diable s’habille en Prada (2006), Les Chèvres du Pentagone (2009), Iron Man 3 (2013). Également présente à la télévision : New York 911 (2001), Lost : Les Disparus (2008-2010), Fringe (2013). Dans les bonus de la saison, l’actrice déclare que « Jouer les méchants est le genre de rôle que je préfère ».

  • Dans une scène coupée, une lettre de la Reine à Blanche-Neige expliquait qu’elle ne reviendrait pas du château.

  • Quand Emma dit qu’« ils ne sont pourtant pas au Kansas », elle fait évidemment référence au roman La magicien d’Oz.

  • En bosniaque, « zelena » signifie « vert ».

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14. LE FANTÔME DE LA PEUR
(THE TOWER)

Scénario : Robert Hull

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Dans le monde magique, Charmant est prisonnier de sa peur. A Storybrooke, les recherches de la sorcière se poursuivent.

Critique :

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans cet épisode paresseux, qui manque d’humour, ne déborde pas d’action et surtout s’appesantie de didactisme.

L’entrée était pourtant soignée : Charmant retrouvait Emma en robe de princesse et lui apprenait à danser sur une musique splendide. Jennifer Morrison est absolument superbe dans sa robe, laquelle est également magnifique ! Pourquoi est-ce si rare d’avoir des vêtements de cette valeur dans cette série !? Et tout à coup, nous basculons dans l’horreur et l’image de cette tête de poupée qui tourne met le cœur au bord des lèvres. Le cauchemar, car c’en est un, a été aussi bien écrit que bien réalisé. C’est en fait le symptôme d’un mal qui ronge le prince : la peur le tenaille, lui qui l’ignorait jusqu’alors. Même l’annonce de la grossesse de son épouse ne le transporte pas. Il se confiera à Robin des Bois qui lui parlera d’une plante dans la forêt de Sherwood qui efface les peurs. Belle scène de camaraderie masculine mais là où elle sonne faux, ou pas tout à fait juste, c’est de voir Charmant boire. Certes, l’alcool atténue prétendument les angoisses mais on attendait mieux d’un prince de conte de fée ; DU prince de conte de fée !

Storybrooke est le lieu où il se passe le plus de chose et pourtant c’est l’impression de vacuité qui domine. La fouille du bureau de Regina a donné un indice qui mène vers la forêt puis vers une ferme abandonnée et finalement sur un abri anti-tornade qui révèle un fait surprenant. Le tout s’étire et l’épisode se meuble avec la charmante mais vaine scène entre Regina et Henry. Remercions cependant Crochet dont les commentaires caustiques font notre joie. Le pirate se montrera même carrément entreprenant avec la Sauveuse. De son côté, Mary Margareth présente Zéléna à David. Elle est confiante envers la baby-sitter car celle-ci la libère de ses angoisses de mère. L’ambiance est détendue et on a la surprise d’entendre le discours à la fois ferme et sensé, frappé du coin de la psychologie, que tient Zéléna sur la nécessité de dire les choses pour dissiper les angoisses. Il faut cependant rester attentif et ne pas se laisser bercer par ce joli chant car, en coin, le regard de la sorcière est flamboyant et on sent qu’elle se réfrène pour que son ironie naturelle ne ressorte pas de sous sa politesse enjouée.

La musique a également changé en cours de scène pour souligner la malfaisance qui se déploie. Plus tôt, nous avons eu la meilleure scène de l’épisode entre Zéléna et Rumpelstilskin revenu d’entre les morts mais complètement fou et qui file la paille en or avec une ardeur inquiétante. Il ne peut rien faire contre la sorcière car celle-ci dispose de la dague ! Dague avec laquelle elle entreprend de raser son prisonnier ! Filmé en contre-jour, assortie de gros plans sur les yeux grands ouverts de Rebecca Mader (et ils sont magnifiques), ce passage est doté d’une puissance érotique inusitée dans la série. Osons même jusqu’à dire qu’il y a comme un sous-texte sado-maso. Rebecca Mader nous régale de son charme mais elle sait aussi faire entendre le chagrin qui ronge Zéléna et que celle-ci sublime dans une arrogante volonté de puissance et de domination. Elle est bien la fille de Cora !

Le moment le plus faible est par contre tout le passage où Charmant découvre une tour dans la forêt dans laquelle est enfermée une princesse à la tresse interminable : Raiponce bien sûr. Seule originalité, son interprète, Alexandra Metz, est métisse. Pour le reste, l’actrice ne nous éblouie pas par son jeu et débite l’histoire de son personnage de façon convenu. Elle est aussi agaçante de platitude et n’a aucune expression. Pourtant, l’ambiance nocturne était propice, le décor de la tour crédible et inquiétant et le réalisateur avait su trouver les angles pour donner l’impression de hauteur. Et pour quel résultat ? La sorcière qui emprisonne la princesse c’est elle-même ou plutôt sa peur matérialisée. Il faut se libérer de sa peur pour pouvoir affronter la vie. Celle-là, on l’avait vu venir de loin !

Plus intéressant, c’est le montage qui nous fait passer de la Tour à la forêt de Storybrooke où David Nolan doit lui-même affronter sa peur. Là, on a l’occasion de voir un bon acteur en action. Impliqué, Josh Dallas nous montre les deux facettes de Charmant : le prince apeuré mais lucide et qui se reprend pour les siens et la peur moqueuse, au discours acide. Le duel à l’épée et le combat au corps à corps sont très bien rendus. S’il y a doublure, c’est bien fait. La suite est toute aussi intéressante car l’épée, brisée, a disparu après que David ait réussi à surmonter sa crainte. Le récit qu’il en fait inquiète Regina qui comprend que c’est la sorcière qui s’est joué du prince mais le but demeure mystérieux. 

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Anecdotes :

  • Très en verve question aphorismes, Crochet dit notamment à Mary Margaret qu’il y a « quelque chose de pourri dans son royaume ». Référence à Hamlet.

  • Il est surprenant de trouver un abri anti-tornade dans le Maine où il n’y a pas de tornade ! Il y en a beaucoup par contre au Kansas.

  • Raiponce : conte populaire allemand (sous le nom de Rapunzel), recueilli par les frères Grimm en 1812. C’est le 118ème long-métrage d’animation Disney mais aussi le 8ème épisode de la série Simsala Grimm. Série d’animation allemande (2000/2001 et 2010/2011), elle raconte les contes de Grimm.

  • Le Magicien d’Oz : roman écrit en 1900 par Lyman Frank Baum (1856-1919), il est devenu un classique de la littérature jeunesse anglo-saxonne. Plusieurs adaptations ont été tirés du livre ; la plus célèbre est celle de Victor Fleming (1939) avec Judy Garland et la chanson Over the rainbow. Sam Raimi en a réalisé un préquel avec James Franco en 2013.

  • Alexandra Metz/Raiponce : actrice américaine, vue dans Blue Bloods (2010), Chicago Fire (2012, 2014)

  • Absence de Michael Raymond-James

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15. UNE VIE POUR UNE VIE
(QUIET MINDS)

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Scénario : Kalinda Vasquez

Réalisation : Eagle Egilsson

Résumé :

A Storybrooke, Emma et les autres recherchent Neal et Rumpelstilskin. Dans le monde magique, Baelfire cherche à ressusciter son père.

Critique :

Un épisode dur et violent qui illustre à nouveau que la magie a un prix et la magie noire le prix le plus élevé. Kalinda Vasquez est une des très bonnes plumes de la série. Dommage que la première partie de l’épisode manque un peu de nerf ou de noirceur. Le final est par contre éprouvant.

Le début de l’épisode se rattache à l’arrivée des migrants dans leur ancien monde. On se souvient que Baelfire avait émis l’idée de passer par le château de son père. Il s’y est rendu en compagnie de Belle. D’emblée, le ton est donné : il sera sombre. Le visage fermé de Michael Raymond-James illustre très bien la détermination de son personnage à aller jusqu’où il faudra. Ils reçoivent soudain l’aide d’une étrange chandelle : Lumière qui prétend les aider et, en effet, leur remet la clé du Caveau du Ténébreux. Durant le récit du chandelier, l’ambiance s’alourdit et l’insistance de la caméra sur le candélabre éteint (mais qui se rallume soudain) met mal à l’aise un instant. Juste un instant avant qu’on découvre qu’il y a un marionnettiste derrière le chandelier enchanté.

A Storybrooke, Neal fait soudain irruption dans la boutique de Gold ! Quand il se réveille à l’hôpital, il a tout oublié comme les autres. Il a une curieuse brûlure à la main. On notera que la Sauveuse a changé de look, remisant son habituel blouson rouge pour un manteau noir. L’hiver vient aussi en Colombie-Britannique et il est froid ! L’atmosphère grise, humide et basse sera très bien utilisée tout au long de l’épisode pour garder une tension et une ambiance lourde et menaçante. Le Canada est un lieu apparemment propice pour l’extraordinaire et l’au-delà du réel. Portant une partie de l’épisode sur les épaules, Michael Raymond-James se montre à la hauteur et joue avec justesse. On le voit ainsi passer de l’émotion quand Neal apprend que son père est vivant à la déception quand Emma avoue qu’elle ne sait pas si elle souhaite qu’Henry recouvre la mémoire puis à la sincérité quand il se réconcilie avec Crochet. Le spectateur a d’autant plus besoin de respirer un peu que Zéléna est toujours auprès de Mary Margareth. Quand la sorcière met la main sur le ventre de la princesse, la musique change et devient plus noire. Que veut-elle ? On n’en sait encore rien mais Rebecca Mader continue à susciter le malaise. Ce qui est méritant quand on est vêtu comme une nurse anglaise de la fin du XIXème siècle !

Comme il se doit, le Caveau du Ténébreux est situé dans une forêt profonde et obscure. Le décor enneigé et l’obscurité qui entoure tout ce passage le rendent particulièrement sombre, au sens propre comme au sens figuré. Décidément sadique comme scénariste (cf. « Le charme du sommeil » en saison 2), Kalinda Vasquez place un coup de théâtre qui pourrait tout changer : Belle comprend que Lumière a menti et celui-ci doit avouer qu’il a été ensorcelé par la méchante sorcière de l’Ouest. C’est donc un piège. La musique se durcit alors et l’histoire reste un instant en suspens surtout qu’Émilie de Ravin donne une force toute particulière au conseil désespéré de Belle. Mais Neal passe évidemment outre et ouvre le caveau : une horreur gluante et noire en émerge ! On se situe alors quelque part entre Lovecraft (Le Rôdeur sur le seuil) et Poe. Le titre français, très juste, prend alors tragiquement tout son sens.

Dans la forêt de Storybrooke, Emma et Charmant retrouvent Rumpelstilskin mais le magicien est délirant, fou de douleur. Mention spéciale à Robert Carlyle qui nous fait ressentir avec force la souffrance physique et mentale de son personnage. A partir de là, et hormis un interlude plaisant, la noirceur ne quittera plus l’épisode mais, surtout, elle sera accompagnée de la douleur dans un cocktail d’une grande puissance dévastatrice. Le montage, qui fait alterner la forêt humide avec le caveau enneigé, ne nous laissera plus de répit et le spectateur encaisse révélations sur chocs. Peut-être un peu trop mais la justesse des comédiens nous bouleverse. Pour que le Ténébreux renaisse, il faut que quelqu’un meurt ; celui qui ouvre le Caveau : Baelfire ! Zéléna, qui avait tout orchestré, est bien prêt de triompher mais Rumpelstilskin commet un acte stupéfiant. C’est violent. Il en résulte la folie que nous avons constatée et on comprend comment la sorcière a mis la main sur la dague. Bien que contrariée dans ses plans, y compris à Storybrooke, Zéléna ne perd pas le sourire et c’est bien le plus inquiétant.

La mort de Neal/Baelfire est un des moments les plus tristes et les plus émouvants de toute la série. Les acteurs (Michael Raymond-James au premier rang mais Jennifer Morrison et Robert Carlyle sont également excellents) sont bouleversants. On en a vraiment les larmes aux yeux et ce n’est pas le récit que fait Emma à Henry sur son père qui va les sécher. 

Anecdotes :

  • Henri Lubatti/Lumière : acteur américain, il tourne principalement pour la télévision : X-Files (1998), Angel (2000), Sleeper Cell (2005-2006), Bones (2010), Person of Interest (2014), Zoo (2015).

  • Le personnage de Lumière est emprunté au conte La Belle et la Bête.

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16. VERTE DE JALOUSIE
(IT'S NOT EASY BEING GREEN)

Scénario : Andrew Chambliss

Réalisation : Mario Van Peebles

Résumé :

Dans le passé, Zéléna découvre ses origines. A Storybrooke, elle défie Regina.

Critique :

Un épisode centré sur Zéléna et qui permet à Rebecca Mader de jouer sur différentes gammes. Face à elle, Lana Parrilla et Robert Carlyle lui donnent la réplique avec leur talent accoutumé et l’ensemble atteint un excellent niveau. On passe par beaucoup d’émotions sans que l’humour, le drame ou l’action ne soit sacrifiés. Une réalisation alerte et inspiré achève de compléter le tout.

L’entrée en matière fait écho au Magicien d’Oz mais ce n’est pas Dorothy qui arrive mais un bébé qu’une mère éperdue d’amour maternelle baptise « Zéléna ». Comme nous le savons déjà, le père se montrera bien moins enthousiaste, surtout face à la magie du nourrisson. Plus tard, la vérité ayant été révélée, la rupture éclate entre eux. La première brisure dans la vie d’une Zéléna qui ne demandait qu’à être aimée. Rebecca Mader a l’occasion de jouer une femme triste, amère mais qui n’était pas « mauvaise » (son dernier mot). Ironie du scénario : pour trouver ce qui lui manque, Zéléna ira trouver…le magicien d’Oz.

Storybrooke ne sera pas un théâtre moins intéressant. A la superbe scène d’enterrement de Neal, digne, émouvante et filmée avec une lenteur respectueuse succède un moment cocasse quand Clochette découvre le tatouage sur le bras de Robin des Bois et ne comprend pas l’inaction de Regina. Elle joue même quelque part le rôle peu envié de porteuse de chandelle ! Ce moment léger est brisé par la survenue de Zéléna. Elle révèle aux amnésiques habitants sa parenté avec leur reine et défie celle-ci en duel. Le réalisateur innove dans la série en faisant basculer sa caméra à gauche puis à droite, comme un navire qui tangue dans la houle, tout en zoomant progressivement sur les visages. Voilà une belle façon de renouveler cette figure autrefois plus qu’utilisée par ses devanciers avec plus ou moins de bonheur !

Pourquoi va-t-on consulter le Magicien d’Oz ? Pour changer de vie. Zéléna y viendra deux fois. La première lui permet de découvrir son passé qu’elle n’accepte pas. Grâce à un cadeau du maître des lieux (qui ne surprendra pas ceux qui connaisse le roman…ou ses adaptations), elle rencontrera Rumpelstilskin qui en fera son élève. Leur première rencontre surprend surtout par le lieu choisi : le château de la Reine ! Pourquoi pas le château de Rumpelstilskin ? Par contre, la leçon qu’on nous montre se déroule dans une forêt de nuit et l’ambiance nocturne avec la lueur des torches renforce la dimension « ombre et lumière » et les acteurs sont bons. C’est aussi le dernier moment de joie de Zéléna car le maître magicien va lui infliger une violente déception, explicable mais qui ne manque pas d’une certaine violence psychologique. C’est aussi le moment où le vert envahit le corps de l’apprentie sorcière. L’envie ronge la jeune femme et Rebecca Mader est superbe, passant avec crédibilité d’une attitude de quasi midinette à ennemie mortelle. L’outrage a fouetté son orgueil à vif. L’actrice nous montre une femme puissante, intelligente mais qui révèle une certaine faiblesse morale puisqu’elle estime qu’on lui doit beaucoup et qu’elle ne reçoit pas assez, que ce sont les autres (et Regina la première) qui « prend » ce qui « lui revient de droit ». Une attitude puérile, mortifère mais, surtout, dangereuse pour les autres quand l’insatisfait a les moyens de sa revanche. Le retour de Zéléna en Oz est tragicomique car elle perce à jour le secret du Magicien (pas une surprise mais presque) mais surtout s’accepte comme elle est : la cruauté en marche.

Entretemps, Storybrooke aura été le théâtre – mais n’est-ce pas la vocation première de la ville ? – du combat entre les deux filles de Cora et élèves de Rumpelstilskin. S’il tourne à l’avantage de Zéléna, l’intelligence tactique de la Reine met la méchante sorcière en échec. La colère déforme littéralement les traits de Rebecca Mader, c’est effrayant ! L’actrice montre mieux que jamais l’équilibre mental instable de son personnage. Le plan était parfait ; Zéléna est incapable d’admettre l’échec et de se remettre en question. L’ironie cinglante de sa demi-sœur (et Lana Parrilla est magistrale dans ces moments) quand elle comprend ce qui motive son adversaire est comme un fouet manié avec un plaisir affiché ! Mais le plan profond de Zéléna reste encore obscur ; ce qui n’a rien de rassurant.

Storybrooke est aussi une scène pour deux courts segments basés sur l’émotion. Dans le premier, Crochet passe la journée avec Henry et parle de Neal à ce dernier. Si la vérité est difficile à dire, Colin O’Donoghue s’en sort parfaitement en montrant Crochet être plus proche de Killian que du pirate ; il mise sur un discours émouvant dont la simplicité est d’autant plus touchante. En face, Jared S. Gilmore assure avec force. Il montre Henry sensible à l’indéniable sincérité de son vis-à-vis. Dans le second segment, l’attirance indéniable entre Robin des Bois et la Reine se mue en romance. Jouée avec simplicité, elle avance pas à pas mais outre que Regina ne repousse pas la présence du voleur, elle lui manifestera une immense confiance qui témoigne plus qu’un long discours des sentiments qui sont en train de s’épanouir dans le cœur de Regina. Une femme qui ne demandait qu’à être aimée…

Anecdotes :

  • La méchante sorcière de l’Ouest : personnage du Magicien d’Oz où elle n’a pas de nom. Par la suite, elle est appelée Théodora dans le film Le monde fantastique d’Oz où Mila Kunis lui prête ses traits. Dans le roman, son apparence est celle traditionnelle des sorcières (laide, chapeau pointu, balai). Associée aux trois autres méchantes sorcières, elle règne sur le pays d’Oz. Maîtresse des singes volants, elle a une phobie de l’eau.

  • Après le passage de Zéléna dans le restaurant, Regina fait référence à un épouvantail. Un personnage du Magicien d’Oz.

  • Robin parle de Rumpelstilskin comme d’un « lutin ». C’est en effet la véritable apparence de ce personnage de conte.

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17. LE CHOIX DU CAPITAINE CROCHET
(THE JOLLY ROGER)

Scénario : Davis H. Goodman

Réalisation : Ernest Dickinson

Résumé :

Dans le passé, le capitaine Crochet accepter d’aider Ariel à retrouver son prince. A Storybrooke, il est confronté au choix qu’il fit un an plus tôt.

Critique :

C’était une bonne idée de centrer l’épisode sur Crochet et Colin O’Donoghue est impeccable dans toutes ses scènes. Ce qui ne convainc pas, c’est l’impression que les autres scènes ne sont là que pour meubler une intrigue trop mince. Certains auteurs travaillent mieux à deux, c’est le cas de David H. Goodman.

Le démarrage a pourtant été dynamique et plaisant. Revenu dans la Forêt enchanté, Crochet s’est fait voleur de grands chemins avec un certain talent pour l’esbroufe ! Mais, voilà qu’Ariel, la jolie petite sirène, vient exiger qu’il l’aide à libérer le prince Éric. Crochet nie y être pour quelque chose mais quand elle parle du Jolly Rodgers, son visage se durcit. Très bonne transformation de Colin O’Donoghue. On le croit charmeur et décontracté, le voilà soudain dur et violent. L’homme sait se maîtriser ; cela fait sa force. Quant au navire, il a été pris par…Barbe-Noire ! Curiosité que de faire intervenir un personnage historique dans l’univers des contes de fées mais vu qu’il n’y a pas d’autres pirates que Crochet, il a fallu improviser sans doute !

Ariel est aussi revenue à Storybrooke : elle cherche Éric qui a disparu mais quand elle se retrouve devant Crochet il affirmera qu’il n’a jamais entendu parler de celui-ci. Ce mensonge éhonté, débité avec tranquillité, fait comprendre au spectateur le malaise profond qui habite le pirate. Plus tôt, il a asséné à M. Mouche qu’il ne partira pas de Storybrooke et que son navire ne s’y trouve pas. Il a aussi dit à Emma qu’elle ne pourra pas reprendre sa vie d’avant. Le sous-entendu est évident : Crochet a essayé (nous avons vu en quoi) mais il a échoué. Nous savons donc à l’avance que quelque chose n’a pas marché sans que l’on puisse savoir quoi. Seule certitude, la responsabilité du capitaine est pleinement engagée.

Dans le passé, Crochet, Ariel et Mouche retrouvent le Jolly Rodgers et le capitaine manchot défie ouvertement son rival. Lequel relève le gant. Charles Mesure est très convainquant en Barbe-Noire et le côté un peu détaché, condescendant et sarcastique qu’il arbore en fait presque un double de Crochet. Dans une ambiance nocturne de bon goût (et symétriquement, il fait jour à Storybrooke), nous assistons à un très beau duel à l’épée. On avait pu déjà voir dans le passé (« Le crocodile », saison 2) les talents de duelliste de Colin O’Donoghue. Il n’en a rien perdu et Charles Mesure lui donne la réplique avec un certain talent. Mais l’important est ailleurs : Barbe-Noire accuse ouvertement Crochet d’être devenu une « mauviette », de ne plus être vraiment un pirate et il propose un marché : le lieu de captivité d’Éric contre le Jolly Rodgers. Les supplications d’Ariel (le meilleur moment pour Joanna Garcia trop cantonnée dans un rôle passif) seront impuissantes face à l’orgueil blessé, et à la volonté profonde mais inavoué de Crochet de se convaincre qu’il est redevenu celui qu’il était avant : Barbe-Noire est flanqué à la mer ! Châtiment classique qu’il subit avec un petit sourire. Pour gouverner un équipage de ruffians, il faut être psychologue et il est probable que le pirate vaincu n’est pas dupe des efforts de Crochet. Celui-ci l’est-il ? A voir son absence de réaction devant la tristesse puis la colère mais surtout le dédain que lui oppose la sirène, on peut supposer que non. Quelque chose s’est brisée en lui.

 

A Storybrooke, les recherches laissent supposer qu’Éric est mort. Crochet avoue soudain à Ariel toute la vérité et c’est assez poignant d’entendre cet homme dur reconnaître qu’il n’a plus goût à rien. Mais il ne fait pas ses aveux à la bonne personne ! Ariel n’est jamais revenue à Storybrooke : c’est Zéléna qui a tenu son rôle toute cette journée !! Machiavélique, la sorcière ensorcelle le pirate déchu. Le bref duo que compose Rebecca Mader et Colin O’Donoghue est le couronnement de l’épisode. A la cruauté mais aussi à l’impuissance de Zéléna répondent l’intelligence et l’emprisonnement de Crochet. C’est un duel d’esprits forts qui ont percé chacun les faiblesses de l’autre mais l’avantage est à la sorcière. Bonne idée que de faire un gros plan sur les yeux de Rebecca Mader. Outre qu’ils soient somptueux, l’actrice parvient à y faire lire le déséquilibre et la jubilation malsaine de son personnage.

L’épisode se perd cependant en parlottes. En outre, la volonté affichée de David H. Goodman de privilégier Crochet ne laisse que des miettes aux autres personnages et rien de palpitant. Robert Carlyle n’est pas là et il manque. Regina donne une leçon de magie à Emma et Charmant une leçon de conduite à Henry. Si la première leçon est globalement tonique et les interprètes convaincantes (et on a des effets spéciaux de bonne facture, profitons-en), la seconde est mièvre et sans intérêt. Le final est doux-amer, la légèreté d’un succès apparent dissimule la défaite et la solitude du capitaine Crochet.

Anecdotes :

  • Titre français plus pertinent que le titre original

  • Retour de Joanna Garcia.

  • Chris Gauthier/M. Mouche : on a pu voir cet acteur canadien dans Insomnia (2002), Smallville (2004-2011), Supernatural (2006), Watchmen-Les Gardiens (2007), Sanctuary (2009-2010), Continuum (2012)

  • Charles Mesure/Barbe-Noire : cet acteur australien a joué dans Lost, FBI : Portés Disparus et fut récurrent sur Preuves à l’appui et Desperate Housewifes.

  • Barbe-Noire : Né Edward Teach (1680-1718), sa jeunesse est mal connue. Il devient marin dans les dernières années du 17ème siècle mais on ignore quand il se fait pirate. C’est à l’occasion de l’attaque du Margaret le 5 décembre 1717 qu’il prit le surnom de « Barbe Noire ».  En mai 1718, il assiège Charleston. Le 21 novembre, il est vaincu et tué à la bataille navale de l’île d’Ocracoke par la flotte anglaise.

  • Absence de Robert Carlyle.

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18. REMONTER LE TEMPS
(BLEEDING THROUGH)

Scénario : Daniel T. Thomsen et Jane Espenson

Réalisation : Romeo Tirone

Résumé :

A Storybrooke, Regina comprend le terrible projet de Zéléna. Dans le passé, Cora veut une vie meilleure.

Critique :

Centré sur le passé, cet épisode révèle les mécanismes complexes qui ont mené à la situation de crise que connaissent les habitants de Storybrooke. Le passé éclaire toujours le présent et, dans Once upon a time, c’est même une évidence.

Bien écrit, le scénario va nous faire passer par plusieurs émotions comme Jane Espenson sait bien le faire. Daniel T. Thomsen a montré dans le passé qu’il savait trousser une atmosphère (« Le charme du sommeil ») et l’association des deux est très réussi. La réalisation est correcte. Romeo Tirone, dont c’est le premier travail sur la série, réussit la scène centrale mais ne brille pas par son inventivité pour le reste.

Heureusement, nous avons nos acteurs et ils sont bons. Rebecca Mader pour commencer. Elle est faussement joyeuse quand Zéléna vient rendre visite à sa grande sœur…en lui apportant des pommes vertes ! La discussion entre celle qui défend la pomme verte et celle qui défend la pomme rouge est une idée brillante puisqu’à travers ce fait anodin, c’est une puissante rivalité qui s’exprime ! Le ton est sucré puis aigre. Et le duel n’est qu’un prétexte pour que Zéléna soit certaine de récupérer le dernier ingrédient qu’il lui manquait. Avant-dernier en fait. On se demande juste comment elle a su où le trouver mais on dira que c’est grâce à la magie ! Superbe à porter du cuir, la sorcière habille de propre Rumpelstilskin et lui offre un dîner pendant lequel elle lui révèle son plan. Lequel sidère le magicien parce qu’il est absolument contraire aux lois fondamentales de la magie : remonter le temps ! Elle lui propose même un marché absolument glauque qu’il ne repousse pas. Il a l’air même tellement emballé qu’il se montre soudain très empressé auprès de la rousse incendiaire ! L’atmosphère s’échauffe en un instant…et se refroidit tout aussi vite ! Robert Carlyle passe aisément de l’esclave soumis au révolté, de l’exécutant que sa tâche rebute mais qui doit s’y soumettre, du soupirant à l’assassin en puissance et il est divin. La menace, bien qu’impossible à réaliser, que Rumpelstilskin adresse à sa geôlière, exprime la colère et la vengeance mûrie, maturée, rancie et, malgré sa superbe, Zéléna semble à la fois attristée et violemment touchée. C’est une des rares fois où la sorcière paraît vaciller et douter ; comme si, cet éclair de rage que son prisonnier lui a jeté à la figure lui avait fait entrevoir les précipices qui bordent la route sans retour sur laquelle elle s’est engagée. Il ne faut qu’un instant à Rebecca Mader pour exprimer ce doute, si fugace soit-il.

Heureusement, nous avons nos acteurs et ils sont bons. Lana Parrilla en second. Vêtue avec classe, l’actrice montre une Regina qui a besoin d’aide et n’a plus peur de demander pardon. Certes, son caractère n’est pas celui d’une demi-portion mais c’est pour cela qu’on l’aime ! Pour comprendre ce qui se passe, la clé c’est Cora et pour parler aux morts, rien ne vaut une séance de spiritisme ! Dans un décor de bibliothèque, classique et attendu pour ce genre de cérémonie, le réalisateur se montre inspiré. D’abord, se centrer sur l’objet magique nécessaire, la bougie funeste qui tua Cora. Puis, prendre un peu de recul pour embrasser l’assistance et, enfin, se placer au-dessus des acteurs pour suggérer l’esprit qui vient. Dans cette séance, on a un brin de sourire avec Crochet qui ne cache pas son scepticisme – une figure certes très classique dans ce genre de cérémonie mais c’est une bonne idée d’avoir confié ce rôle à Colin O’Donoghue qui sait en tirer la substantifique moelle en une seule réplique – mais fait comme si. Si la séance semble échouer, ce n’est que partie remise car le spectre de Cora est bien dans la maison et il s’attaque à Regina et à Mary Margareth : ses deux assassins. La lutte contre le spectre est bien menée et l’implication de Lana Parrilla lui donne sa pleine crédibilité. 

Ginnifer Goodwin ne sera pas en reste quand le spectre passera outre l’obstacle de sa fille. Au passage, depuis quand les fantômes donnent-ils des gifles ? « Investie » par l’esprit, l’actrice donne un numéro de transe appuyée et les images qu’elle perçoit sont assez floues pour être celle vu par un esprit attaqué et assez précises pour que le spectateur se raccorde à ce qu’il sait déjà. L’épisode vaut aussi pour l’enterrement de la hache de guerre entre la belle-mère et la belle-fille. Dans une atmosphère faite d’intimité, le jeu sobre et tout en émotion contenue des deux actrices est un régal. Les filles parlent aussi de leurs mères qui n’ont pas été ce qu’elles leur avaient semblé être. L’atmosphère se fera inquiète quand la vérité sera révélée mais, par un twist rare, l’épisode se terminera sur une double note d’amitié et d’amour.

L’amour, c’est ce que recherchait Cora. Rose McGowan prête pour la seconde fois ses traits magnifiques à ce personnage très intéressant dont on a appris à connaître la profondeur la saison passée. Tout ce retour dans le passé vise à répondre à la question fondamentale : pourquoi Cora a-t-elle abandonné Zéléna ? On pourrait se dire que les péripéties qui arrivent à la jeune femme sont prévisibles et il y a de cela mais Rose McGowan ne nous donne jamais l’impression que ce n’est pas important. Et elle a raison car tout a un sens. Outre que ses choix l’amènent à l’abandon de son bébé, chaque événement heureux ou plus souvent malheureux permettent de comprendre à la fois la froideur de l’adulte et sa détermination acharnée à réussir et à faire réussir Regina. Si Cora était un être cynique, c’est qu’elle en a trop souffert. Elle cinglait avec les mots et la magie comme on l’avait souffleté avec les mots autrefois. Cora n’a pas su donner de l’amour à Regina parce qu’elle n’en a jamais reçu elle-même. L’abandon de Zéléna, elle y a été contrainte et même si l’ambition de la jeune femme peut heurter, la tristesse profonde que Rose McGowan exprime avec une grande force, invite à ne pas vouloir le juger.

Anecdotes :

  • Retour de Rose McGowan.

  • Entre les pommes et les petits pois, le vert est décidément la couleur préférée de Zéléna !

  • Absence de Jared S. Gilmore.

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19. UN CŒUR POUR DEUX
(A CURIOUS THING)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Dans le passé, Blanche-Neige, Charmant et la Reine trouvent le moyen de vaincre Zéléna. A Storybrooke, rompre la malédiction devient vital.

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Critique :

Beaucoup d’émotion dans cet opus aux couleurs sombres. La victoire de chaque camp tient à peu de choses et tout peut encore basculer. Le suspense ainsi créé donne du dynamisme à l’épisode.

Les deux segments se répondent et aucun des deux n’est sacrifié. Le duo de scénaristes orchestre avec brio la progression de son histoire. Dans le passé, Belle a raconté les événements survenus au Caveau. Tous conviennent de pénétrer dans le château de Rumpelstilskin : celui qui a su briser la première malédiction doit pouvoir savoir comment vaincre Zéléna. La salle du Conseil baigne dans un ton ocre assombri, ce qui colle bien avec l’atmosphère générale. On note cependant déjà que le voleur Robin guigne vers la Reine et un montage un brin espiègle nous amène droit à une séance de roucoulade ! Le zoom vers leurs visages a quelque chose d’attendrissant. Si, dans le monde magique, Rumpelstilskin était la solution, à Storybrooke c’est Henry. Le jeune garçon doit recouvrer la mémoire. Ici, on passe d’une scène tendre à une scène tendu et la progression se lit à travers le visage et les expressions de Lana Parrilla, vraiment parfaite.

Deux mondes, deux solutions. Pour le premier, c’est trouver Glinda, la gentille sorcière du Sud. Pour le second, retrouver le livre de contes. Ladite sorcière du Sud, toute vêtue de blanc, et portant un pendentif de même couleur (on se rappelle que Zéléna porte un pendentif vert, ce qui n’est pas un hasard), a bien la réponse mais c’est encore pire que de ne pas avoir de solution car il faudrait jeter pour une troisième fois le « sort noir » ! Quant au livre, il est chez Mary Margareth mais sa recherche met en exergue les déchirements internes d’Emma. Discrète au début de l’épisode, Jennifer Morrison sait nous montrer que la Sauveuse n’a rien d’une héroïne. Ses regrets, et ce qu’ils révèlent en creux, provoquent un malaise certain avec Mary Margareth. 

Henry est sur les quais avec Mouche (dont on perd soudainement la trace en cours de scène) et Crochet quand ils sont attaqués par des singes volants ! La bataille endiablée qui suit est filmée avec énergie et les effets spéciaux sont réussis. Mais il y a eu recours à la magie, ce qui évidement perturbe Henry. Jared S. Gilmore est un brin en dessous pour nous faire croire à l’ébranlement qui devrait saisir le jeune garçon. Par contre, Jennifer Morrison est impeccable. Sa demande de croire en elle, de croire en la magie, est très fort et la mémoire lui revient. On apprécie aussi l’émotion qui saisit Regina quand elle s’entend appeler « maman ». Signe du profond attachement du jeune garçon envers celle qu’il n’appelait pas ainsi en saison 1. 

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Deux solutions, deux résolutions ? Que nenni ! C’est mal connaître Zéléna ! Si la première apparition de la sorcière en début d’épisode n’avait qu’un pur intérêt « documentaire », son retour à cet instant durcit l’épisode et relance la tension. Rebecca Mader joue sur deux registres. A Storybrooke, Zéléna est folle de colère (notamment envers Crochet qui prend cher des deux côtés) et de rage quand elle se fait contrer par Emma sur son propre terrain ! Quant à la malédiction, elle n’était pas rompue avec la fin de l’amnésie d’Henry : c’est un baiser de véritable amour qui la brise une nouvelle fois et c’est à Regina qu’il appartient de le donner. C’est une idée brillante et une façon digne et élégante de boucler la boucle et de montrer tout le chemin parcouru. Dans le passé, Zéléna s’est montré plus classiquement ironique et elle est persuadée d’avoir fait échec au plan de ses ennemis : qu’ils lancent leur « sort noir », ils seront amnésiques et ne représenteront plus un danger pour elle ! Son ironie grinçante fait très mal à entendre et la superbe déployée illustre le sentiment de supériorité qui domine la sorcière. Et ce triomphe anticipé lui fait commettre une erreur.

Pour lancer le « sort noir », il faut le cœur de la personne que l’on aime le plus au monde n’est-ce-pas ? Charment se sacrifie et le passage est très fort, très émouvant, bouleversant. A l’amour que se portent les héros répond la pudeur de la Reine dont le silence et le dos tourné témoignent de la douleur qui l’étreint et révèle l’attachement qu’elle a noué envers ceux qui causèrent autrefois sa perte. « Ce n’est pas un adieu » a dit le prince dont le regard confiant n’est pas loin de donner les larmes aux yeux. Zéléna croit triompher mais Blanche trouve la parade et nous gratifie à nouveau d’un moment splendide. Ginnifer Goodwin se montre impériale dans tout ce passage et le duo qu’elle anime avec Lana Parrilla est certainement un des passages les plus forts de la saison.

Dommage de ne pas finir sur ce registre émouvant ou simplement attendrissant à Storybrooke même si nous avons la réponse à la question de qui a voulu prévenir Emma.

Anecdotes :

  • Pour cette fois, le titre français est meilleur.

  • « Après le véritable amour, il n’y a pas de magie plus puissante que les chaussures » affirme Mary Margareth !

  • Glinda, la gentille sorcière du Sud : Dans Le Magicien d’Oz, elle aide Dorothy et lui explique comment rentrer chez elle. Considérée comme la plus puissante sorcière d’Oz, elle a vaincu la méchante sorcière du Sud. Dans le film, Le monde fantastique d’Oz, elle est incarnée par Michelle Williams.

  • Sunny Mabrey/Glinda : actrice américaine, vue dans Les Experts : Miami (2002), Docteur House (2005), Desperate Housewifes (2008), Mad Men (2008).

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20. NOUS NE SOMMES PLUS AU KANSAS
(KANSAS)

Scénario : Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez

Réalisation : Gwyneth Horder-Payton

Résumé :

Dans le passé, Zéléna est accueillie au pays d’Oz. A Storybrooke, elle s’apprête à lancer son sortilège.

Critique :

Andrew Chambliss et Kalinda Vasquez sont probablement parmi les scénaristes les plus doués et les plus réguliers de la série. Le premier sait créer des atmosphères et la seconde joue comme personne des temps forts.

D’entrée de jeu, nous sommes prévenus : ce sera tempo élevé. Mary Margareth s’apprête à accoucher et Rumpelstilskin a fini de filer sa folie. Tout est en place pour l’apothéose de Zéléna.

Pourtant, tout aurait pu être pu différent. En Oz, Zéléna est accueillie par Glinda qui lui fait une proposition généreuse : devenir la quatrième sorcière du pays d’Oz, celle qui règne sur l’Ouest et symbolise l’innocence (là, on se pince un peu !). Dans un décor de bon goût, et qui contraste avec le vert et jaune un peu tape-à-l’œil de l’antre du Magicien, il y a une atmosphère d’apaisement. Si les sorcières du Nord et de l’Est font (jolies) tapisserie(s), Sunny Mabrey et Rebecca Mader se suffisent à elle-même. Si la première joue la douceur, l’actrice montre bien qu’elle n’est pas naïve et qu’elle sait à qui elle offre un fauteuil. Quant à Rebecca, elle joue plutôt bien sur la corde du trouble de Zéléna. Personne n’avait eu de gentillesse pour elle auparavant, elle ne sait pas ce que c’est et se trouver confronté à l’honnêteté la désarçonne. Pourtant, elle acceptera. En signe de son nouveau statut, elle reçoit un pendentif et il est blanc.

Pourtant, le spectateur ne peut pas croire à ce monde idyllique, non pas qu’il ne soit pas crédible ou que le scénario pèche par insuffisance mais justement par ce que le scénario a posé que Zéléna préparait son sort. Bien sûr, depuis le début, nous savons qu’elle est mauvaise et qu’elle a un plan diabolique mais, ici, c’est plus radical car ce qui est survenu et ce qui aurait pu survenir se trouve confronté quasiment à chaque plan. Gwyneth Horder-Payton sait parfaitement orchestrer le rythme que requiert ce scénario trépidant (on appréciera particulièrement comment elle fait valdinguer ses personnages dans les airs) qui monte en puissance tout du long. Pas étonnant chez quelqu’un qui a mis en boîte quelques épisodes des Experts : Miami. A Storybrooke, la sorcière contraint le Ténébreux à creuser une sorte de cercle magique. Bien qu’il soit sous sa coupe, ce dernier ne retient plus sa haine et sa colère froide est inquiétante.

Robert Carlyle joue sobrement et il a bien raison car ses sifflements font bien plus peur et Rebecca Mader a bien saisi que son personnage a bien compris qu’elle ne joue pas avec un chaton mais avec un tigre qui n’attend qu’une occasion pour la tuer. Froideur et hostilité sont aussi les maîtres mots qui caractérisent les rapports d’Emma et de Crochet. Lequel ne se démonte pas et la confronte à ses contradictions. L’épisode n’ira pas plus loin entre eux car Zéléna survient et triomphe d’eux avec facilité, et Rumpelstilskin aussi. Jennifer Morrison est convaincante en son Emma altière car, si cette dernière bat froid au capitaine ténébreux, c’est aussi pour ce qu’il représente. Colin O’Donoghue est lui aussi impeccable. Un peu d’humour dans la gestuelle n’empêche pas la profondeur dans les mots et l’acteur est irréprochable dans ces deux registres complémentaires.

Pourtant, il ne s’en est fallu que d’une autre tornade pour sceller le destin de deux mondes : la tornade qui amène Dorothy au pays d’Oz. Le titre français est ici bien plus percutant que le titre original d’une simplicité équivoque et assez fade. Dorothy pourrait contester à Zéléna la place qu’elle occupe et cette simple idée est insupportable à la sorcière de l’Ouest qui reverdit, rongée par la jalousie. Selon Rebecca Mader, Zéléna veut être quelqu’un de bien mais elle a trop souffert de son abandon. Dès l’arrivée de la fillette (un peu crispante), comment ne pas voir le bref mais saisissant regard à la fois noir mais aussi trouble que Zéléna jette à celle-ci. Non seulement les yeux de Rebecca Mader sont une merveille mais ils sont expressifs à souhait et montrent mieux que des discours la pensée profonde de la sorcière. L’affrontement entre la sorcière et Dorothy est bref mais intense, les hurlements de la première sont particulièrement crédibles ! 

Pourtant, Zéléna ne réussira pas plus à Storybrooke qu’elle n’a pu le faire en Oz. Incapable de vouloir le Bien, elle échoue à faire le Mal. Si le combat ne concerne en fait que les deux sœurs, les scénaristes n’ont pas oublié que c’est toute une communauté qui fait bloc pour sa survie. Comme en saison 1, la vie d’un bébé est en jeu et comme en saison 1, c’est Henry qui est déterminant pour vaincre les forces obscures. Tout nous a montré la faiblesse intrinsèque de Zéléna. Incapable d’évoluer, elle ne peut qu’échouer face à celle qui a su le faire. L’immobilisme est mortifère. « Le changement est réalité » écrivait déjà Sir Henry Rider Haggar dans Elle, ou la source de feu (She). Le sourire de triomphe qu’arbore Lana Parrilla montre la satisfaction sincère et profonde de la Reine qui recueille les fruits de ses efforts et se paye même le luxe de faire la morale à son ancien maître : « Les héros ne sont pas des assassins ». Il faut mériter sa fin heureuse, dira Robert Carlyle dans les bonus. Sans conteste, la Reine a gagné la sienne. La sœur cadette veut offrir une seconde chance à son aînée qui dissimule mal un chagrin amer mais elle n’en aura pas l’occasion.

Pourtant, l’épisode s’acheminait vers une fin heureuse. Une demande en mariage, une famille réunie et agrandie, le sourire qui revient sur les lèvres d’Emma mais c’était oublier la plume acérée de Kalinda Vasquez dont on sent l’empreinte sur ce twist ravageur qui clôt de façon cataclysmique ce petit moment de paradis terrestre !

Anecdotes :

  • Le docteur Whale est obstétricien alors qu’il était chirurgien la saison précédente.

  • Il est surprenant que Glinda dise à Dorothy d’aller voir le Magicien d’Oz alors qu’elle avait remercié Zéléna d’avoir délivré le pays d’Oz de l’imposture dudit magicien.

  • Comment Robin des Bois peut-il croire qu’il a la moindre chance face à Zéléna avec son arbalète ? On se croirait en saison 2 quand Emma défiait Cora avec un revolver.

  • Sharon Taylor/la sorcière de l’Est : actrice canadienne, essentiellement vue à la télévision : Stargate Atlantis (2007-2009), Smallville (2009-2011), Supernatural (2010).

  • Karen Holness/la sorcière du Nord : elle a joué dans Chicago (2002), The L Word (2004), 11 Septembre- Le détournement du vol 93 (2006), Smallville (2003-2007), Fringe (2009-2012), Cashing In (2009-2014), Arrow (2012).

  • Absence de Michael Raymond-James.

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21. L'EFFET PAPILLON
(SNOW DRIFTS)

Scénario : David H. Goodman et Robert Hull

Réalisation : Ron Underwood

Résumé :

Projetés dans le passé, Crochet et Emma dérèglent celui-ci et doivent réparer leur erreur.

Critique :

Centré sur le couple Crochet/Emma, cet épisode ne manque pas de qualité mais, trop bavard, il ne convainc pas tout à fait.

Tout le démarrage à Storybrooke (les dix premières minutes environ) est lent, verbeux même si le choix d’Emma de repartir crée un malaise. On peut compter sur Crochet pour gaffer ! L’épisode clôt l’arc Zéléna et lance le final en deux parties, comme la saison précédente. Ici, la mort de la sorcière a causé l’ouverture de la porte spatio-temporelle et, comme de bien entendu, certains s’approchent trop près : Emma et Crochet. Ils avaient une bonne excuse : le second essayait de garder la première à Storybrooke. L’explication d’Emma est très touchante. Tant Jennifer Morrison que Colin O’Donoghue sont irréprochables dans l’émotion.

Le voyage dans le temps est un poncif de la science-fiction et, jusqu’à présent, l’adjonction de cette dernière dans l’univers fantastique a été un désastre. Ici, cependant, la science n’est pas convoquée : c’est la magie qui crée le passage et rend possible le voyage. Un simple détail peut tout changer et on ne contrôle jamais tout. Si l’avertissement répété qu’il ne faut rien toucher agace tant on sait que, justement, le moteur de l’action va être une perturbation du passé, il reste confiné à quelques instants heureusement. En pleine forme, le duo essaye de passer inaperçu en prenant une tenue locale (« Je m’en remettrai » réplique le pirate à la remarque d’Emma comme quoi le corset de la robe lui compresse les côtes…ce qui a un autre effet !) mais un simple détail change le cours de l’histoire : Charmant et Blanche ne se sont pas rencontrés !

Les scénaristes manient avec brio ce passage en alternant le léger et le grave. Si la musique n’a rien de saisissant, le réalisateur est plus concerné que le début de l’épisode qui passe les plats. Quand on a un problème dans le monde magique, on va voir Rumpelstilskin ! Lequel veut tuer Crochet mais Emma trouve les mots pour obtenir l’aide du magicien. Charmant sera à la fête (façon de parler !) donné par le roi Midas pour les fiançailles de sa fille Abigaïl avec celui qui est encore le fils du roi George. Pour y faire venir Blanche-Neige, le capitaine Crochet va simplement…jouer son propre rôle et prendre la place de son double ! On tient là le meilleur passage de l’épisode ! C’est drôle, enlevé, plein d’allant et avec le brin de tension qui va avec, surtout quand Emma trouve la solution pour « distraire » l’autre Crochet ! 

Rumpelstilskin leur permettra d’entrer au bal (on est plié quand Emma annonce leurs fausses identités ! Dans la comédie, Jennifer Morrison se défend très bien) et l’épisode prend le temps de poser ses personnages avec le passage où le pirate repenti danse la valse avec la princesse roturière. C’est à la fois plaisant et tendre. Si les sentiments de Crochet pour la Sauveuse sont une évidence depuis longtemps (et il est le premier à le reconnaître), il est permis de penser qu’Emma apprécie la compagnie de Killian. Elle s’amuse à le taquiner à l’auberge et se montre attentive au bal. Malheureusement, ce joli moment est brisé par l’échec de leur plan (le moment est néanmoins très tonique par les différents duels ou bagarres) et, surtout, par l’arrestation d’Emma par les gardes de la Reine.

Anecdotes :

  • La première image de l’épisode est un Mickey. Qui produit la série déjà ?

  • Pour illustrer le voyage dans le temps, Emma fait référence à Retour vers le futur mais Crochet ne connaît pas Marty McFly.

  • La boule de cristal dont se sert Rumpelstilskin pour retrouver Blanche-Neige est la même qui a permis (chronologiquement, qui permettra) à Neal de retrouver Emma dans l’épisode 1 de cette saison.

  • Face à Midas, Emma présente Crochet comme « le prince Charles » et elle-même comme « la princesse Léia » !

  • Retour de Meghan Ory et d’Anastasia Griffith.

  • Bien que créditée, Rebecca Mader n’apparaît que quelques secondes sur la vidéosurveillance (en VHS !) du poste de police.

  • Première apparition d’Abby Ross qui incarne Emma jeune.

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22.  ON N'EST JAMAIS AUSSI BIEN QUE CHEZ SOI
(THERE'S NO PLACE LIKE HOME)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé :

Emma et Crochet se démènent pour sauver le futur et rentrer à la maison.

Critique :

Digne suite du précédent épisode, celui-ci continue sur un bon rythme mêlant action, humour, émotion et introspection.

Dans l’épisode précédent, Emma a été jeté au cachot et elle a la surprise d’y retrouver la villageoise qu’elle aurait voulu sauver la veille. N’écoutant que son bon cœur, la Sauveuse parvient à s’évader avec elle. Auparavant, elles ont toutes deux parlé de la douleur de perdre leurs proches. Ce dialogue touchant est le pendant d’une discussion toute aussi intéressante entre le prince « charmant » et Crochet qui font équipe, avec Blanche-Neige et Scarlett (c’est la première et unique fois depuis que Meghan Ory est revenue qu’elle a un vrai rôle ; l’actrice retrouve son personnage mais demeure assez éloignée de ce qu’elle avait pu donner la saison précédente). Chez les hommes, on parle de déception vis-à-vis de l’amour. C’est plus léger chez eux que chez ces dames. Tant mieux si le spectateur a apprécié ces instants de légèreté car il va en avoir besoin.

Voulant se venger, Blanche-Neige s’est introduit dans le château pour tuer la Reine mais, comme le proclame la souveraine, la magie noire c’est son domaine et la confrontation tourne à la confusion de la princesse déchue. Non seulement Lana Parrilla jouit d’une garde-robe d’une rare élégance mais l’actrice fait magnifiquement ressortir toute la morgue superbe de la Reine vis-à-vis d’une rivale. Le plus dur est à venir car, pour une fois, le vainqueur ne tarde pas à exécuter le vaincu. Toute la scène est ainsi vue depuis le perchoir où le quatuor a pris place : ils sont ainsi aux premières loges pour assister à la crémation de Blanche-Neige sur un bûcher que la Reine ne fait un devoir, et un plaisir si l’on en croit son visage, d’allumer elle-même ! La musique est bien plus présente dans cet opus et elle souligne avec force la douleur qui étreint les évadés impuissants.

La douleur est ce qui terrasse Emma – et on ne soulignera jamais assez la conviction qu’imprime Jennifer Morrison qui est impeccable toute du long – mais quand on est au plus mal, c’est quand même que l’on est vivant. Or, qu’est-il censé se passer si sa mère meurt avant de la mettre au monde ? Jolie astuce de la part des scénaristes pour sauver Blanche-Neige ! Ce qui est très fort aussi c’est l’étreinte d’Emma sur Blanche qui n’y comprend rien. A peine cette demi déception (mais aux conséquences plus sérieuses qu’on n’aurait pu le croire) digérée que l’action repart : Blanche est en danger. Elle est partie au pont des trolls et Charmant, dont le rapprochement avec la voleuse est nettement amorcé, court la sauver. Le tandem de scénaristes nous régale avec un peu d’humour (grâce à Crochet ; Colin O’Donoghue est en grande forme aussi à l’aise dans la légèreté que la gravité ; son duo avec Jennifer Morrison a fait des étincelles dans le passé. Les deux acteurs sont également parvenus à accompagner la « normalisation » et le progressif adoucissement – pour rester poli – de leurs personnages), d’émotion (encore grâce à lui avec cette belle phrase aussi paradoxale que poétique : « il n’est pas donné à tout le monde de voir ses parents tomber amoureux ») et d’action (bataille contre les trolls).

Dans toute bonne histoire, il faut un rebondissement et le voici : Rumpelstilskin ne peut pas ouvrir la porte spatio-temporelle. Seuls ceux qui l’ont fait peuvent le refaire. Comme cette situation ne lui plaît pas, il emprisonne le couple (et l’inconnue qu’Emma a sauvée et qu’elle veut ramener avec eux pour lui sauver la vie) dans la pièce où il garde la magie la plus étrange. Saluons pour le coup la qualité des effets spéciaux : la pièce est immense, aux couleurs grises et argent obscur. Seule la magie peut les sauver mais Emma n’a plus ses pouvoirs. Crochet n’en croit rien et c’est une superbe tirade que le pirate assène à la Sauveuse. Et Emma admet qu’il a raison : elle veut rentrer chez elle et, chez elle, c’est à Storybrooke. Toute la scène des « aveux » est bouleversante et Jennifer Morrison nous prend aux tripes. L’actrice aura une autre scène très forte face à Robert Carlyle, peut-être même plus forte. Depuis le début de la série, Jennifer Morrison n’a jamais été meilleure.

Tout est bien qui finit bien. La famille est réunie, un mariage se déroule au clair de la lune et le petit prince de Storybrooke est officiellement présenté à ses sujets. Sur une musique romantique, Crochet et Emma parachèvent leur rapprochement après que le pirate ait révélé son secret ; la plus belle preuve d’amour qu’il pouvait donner et Emma ne s’y trompe pas qui récompense comme il se doit son nouveau héros.

Mais, nous sommes dans Once upon a time et non dans un conte de fée. Si l’Enfer est pavé de bonnes intentions, il a une succursale à Storybrooke. Dans une double détente, les scénaristes font exploser le bonheur qui paraissait devoir advenir pour un final glaçant.

Anecdotes :

  • Le fils de Blanche-Neige et du prince Charmant s’appelle Neal.

  • Retour de Meghan Ory.

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