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PrésentationSaison 3

Once Upon a Time

Saison 2


 PRÉSENTATION DE LA SAISON 2

La malédiction rompue, que pouvait raconter la série ? Cette question ne recevra pas de bonnes réponses. En effet, loin de proposer une ligne directrice ferme, cette saison va multiplier les arcs narratifs même si deux moments forts peuvent être identifiés en début et à la fin. Entre deux, de bonnes histoires voisinent avec des trous d’air sidérants. Très inégale donc cette deuxième saison se sauve grâce au maintien de ses points forts.

Quand les histoires sont bien écrites et bien reliées à l’histoire générale de la série, elles sont souvent excellentes. L’interprétation reste également une valeur sûre. Les acteurs connaissent leurs personnages par cœur et savent accompagner leur évolution avec talent et conviction. Les nouveaux arrivants sont aussi globalement bons avec une préférence pour certain(e)s méchant(e)s vraiment exceptionnel(le)s. Le final se révèlera en outre meilleur et plus fort que celui de la saison précédente car, plus encore que celui-ci, il se projette, et nous projette avec lui, dans la saison suivante.

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 1. LE RETOUR DE LA MAGIE
(BROKEN)



Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé : 

La malédiction rompue, les habitants de Storybrooke ne peuvent rentrer chez eux. Pendant ce temps, au pays magique, un prince réveille une belle endormie.

Critique :

Storybrooke est mort ! Vive Storybrooke !

La malédiction rompue dans le dernier épisode, pourquoi les habitants sont-ils toujours là ? La réponse sera aussi simple que glaciale. Ne boudons pas notre plaisir car le réveil des personnages est un beau moment, très émouvant et très bien accompagné par une musique tendre. Pourtant, l’épisode n’a pas commencé à Storybrooke et ce contre-pied par rapport aux attentes du spectateur s’avère très riche et bien exploité par le tandem de scénaristes-créateurs. Comme pour la saison 1, nous avons deux segments : l’un à Storybrooke et l’autre dans le monde magique dont on apprend la survivance.

Dans le monde magique, le prince Philippe, accompagné d’un soldat masqué (qui se révélera être une femme, Mulan) réveille la princesse Aurore. Celle-ci porte une robe somptueuse : les modistes fous de la saison 1 auraient-ils été touchés par la grâce ? Le décor est plutôt surprenant. La chevauchée copie celle de Charmant mais au lieu de la forêt, c’est un désert au milieu duquel émerge un palais à l’architecture étrange, comme échappé des Mille et une nuits. Le décalage est déstabilisant. Par contre, les effets spéciaux sont toujours aussi inégaux. Le scénario a lui l’habileté de ne pas s’attarder sur ce passage (supposant que chacun connaît le conte d’origine) pour engager la suite. Une suite dont on devine entre les lignes qu’elle ne sera pas de tout repos.

A Storybrooke, Emma sauve la Reine d’un lynchage révolutionnaire. Son argument face à un Whale fielleux (David Anders paraît meilleur à jouer sur le côté sombre de son personnage dont on ignore encore la véritable identité) est savoureux et bien dans sa mentalité ! Quant à Sa Majesté, elle ne manque pas de panache ni de courage. Storybrooke va aussi nous offrir un autre très beau moment d’émotion : la réunion de la – c’est étrange de le dire mais c’est vrai – « famille royale ». Jennifer Morrison se montre impeccable. Emma ne fait pas montre de grandes effusions mais, comme elle l’explique avec amertume, elle est restée seule pendant 28 ans et ça ne s’oublie pas d’un coup de baguette magique. La magie, justement, est arrivée à Storybrooke et qui dit magie dit Rumpelstilskin. C’est bien le maître magicien qui est à la manœuvre. Sa confrontation avec la souveraine déchue est un moment fort et il est, de plus, remarquablement filmé. Sous-exploitée lors de la saison 1, la contre-plongée confère une tension dramatique supplémentaire à ce nouvel épisode du duel entre ces deux magiciens.

Duel qui va avoir une issue fâcheuse mais qui va lancer véritablement la saison. Cet épisode est en fait la véritable conclusion de la saison 1. Robert Carlyle est déjà parfaitement affûté : tour à tour tout miel avec Belle et donnant une vraie crédibilité à la romance entre les deux personnages (Émilie de Ravin n’est pas en reste), il se fait froid et coupant face à la Reine et doucereux face à Emma.

Le lien entre les deux segments c’est un médaillon qui va le faire. A ce moment, le spectateur comprend qu’un drame va survenir et la tension ne va plus quitter l’épisode. Un spectre a été appelé et il va attaquer Regina. L’ectoplasme n’est pas mal fait, contrairement à certains plans du monde magique qui sentent l’ordinateur à plein nez. Heureusement, le réalisateur ne s’y attarde pas trop. Il sait animer le scénario fourni. L’attaque du spectre dans la salle du conseil est un moment de grande tension et l’utilisation de la pénombre rend parfaitement une atmosphère de danger et de mort. On ne soulignera jamais assez l’implication des acteurs. Sans eux, cette scène serait tombée dans les profondeurs du nanardland.

Mais, si le spectre est finalement vaincu, la bataille a fait des victimes. Pour s’en débarrasser, Regina a dû ouvrir un portail – elle reçoit une aide qui la stupéfie ; la scène est brève mais importante pour la suite – et, depuis Lovecraft, on sait combien c’est dangereux. Deux personnages vont être emportés par le maelström – filmé en contre-plongée, il est plus impressionnant et les effets spéciaux sont acceptables. 

La fin de l’épisode passe de la fureur à la tristesse. En outre, la révélation que reçoit Aurore pose des questions graves et ouvre des perspectives qui sont autant d’aventures périlleuses.

Anecdotes :

  • La Belle au Bois Dormant est un conte populaire recueilli par Charles Perrault en 1697 et par les frères Grimm en 1812. La version de Perrault est basée sur Le Soleil, la Lune et Talia de Giambatista Basile, publié à titre posthume en 1634. La première version connue est Perceforest, écrit vers 1330-1344 et publié en 1528. Charles Perrault baptise la princesse « Aurore » ; ce que reprendra Disney. Les frères Grimm l’appellent  Dornröschen , « épines de la rose ».

  • Ce conte inspira à Piotr Ilitch Tchaïkovski le ballet La Belle au bois dormant en un prologue et trois actes (1888-1889).

  • Bruno Bettelheim, dans sa Psychanalyse des contes de fées, voit dans ce récit un processus initiatique, une manière de préparer les petites filles aux changements qui les attendent.

  • Première apparition de Michael Raymond-James.

  • Julian Morris/Philippe : acteur britannique, vu dans Urgences (2008-2009), 24 heures chrono (2010), Pretty Little Liars (2010-2013), New Girls (2014-2015).

  • Raphael Sbarge devient récurrent quand Meghan Ory et Émilie de Ravin sont promues principales.

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2. PRISONNIERS
(WE ARE BOTH)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Dean White

Résumé : 

Charmant essaye de savoir où sont Emma et Mary-Margareth. Dans le monde magique, Regina refuse la vie qui s’offre à elle.

Critique :

Le titre français est excellent : au sens propre comme au figuré, prisonnier est la condition de tous les personnages.

Pour commencer, il n’est pas possible de quitter Storybrooke sous peine de perdre son identité ou plus exactement l’identité que vous avait conféré la malédiction devient votre « véritable » identité ! La population est au bord de la panique et Charmant gagne ses galons – ou plutôt sa couronne – en prenant le commandement mais avec l’onction populaire. Son discours est très convainquant et Josh Dallas monte en charisme. Le côté « cocasse » c’est que la prison que constitue Storybrooke devient un lieu de vie. La monarchie est remplacée par une République avec le Prince Charmant à sa tête. Le segment storybrookien est le meilleur de cet épisode. Il comporte plusieurs sous-histoires : celui de Charmant essayant de retrouver sa femme et sa fille et celui de la Reine cherchant à retrouver ses pouvoirs. Cette quête a un côté désespéré surtout quand on sait pourquoi elle s’y lance. Pour cela, elle a besoin d’un grimoire et on se doute bien où elle le trouve. Redevenue celle qu’elle était, elle obtient ce qu’elle voulait : Henry. Mais c’est parce qu’il le veut et le discours qu’il lui tiendra rendra la justification de Sa Majesté pathétique. La magie asservit, corrompt, celui qui s’en sert si l’on décrypte l’opinion qu’en a le jeune garçon. Un thème récurrent.

Une opinion que ne partage pas Cora. Eh ! Oui ! Cet épisode signe le retour de la mère de Regina et Barbara Hershey lui prête toujours sa forte personnalité. Si la « jeunesse » de Regina tient toujours en une tresse inélégante, le jeu impeccable de Lana Parrilla y supplée très bien. On ouvre grand les yeux devant cette femme tremblante, hésitante, qui refuse sa future condition de reine, qui rejette le modèle maternel mais qui est tenaillé par un désir de liberté qui va la pousser à la faute. 

C’est la magie qui a fait de Cora une sorcière et elle a eu un maître. Cora veut le pouvoir qui est la liberté. Donc par syllogisme, la magie c’est la liberté. Forte de cette idée, Regina appelle le maître magicien : Rumpelstilskin bien sûr ! Un Rumpelstilskin qui est très étonné par la fraîcheur – pour ne pas dire la naïveté – de la fille de Cora. Mais il lui trouve assez de potentiel (sinon la série était bien finie !) pour  lui donner un moyen magique de se débarrasser de sa mère. C’est la première rencontre entre ceux qui vont devenir rivaux et indissociables. Notons au passage que la tenue de Regina n’est pas désagréable même si sa robe a un côté vertugadin. Par contre, l’architecture du château n’est vraiment pas une réussite. Heureusement, le réalisateur passe vite dessus. Une réalisation globalement pas très inspirée, pas très animée. Dean White – qui a fait et fera mieux - aligne les scènes comme un serveur passe les plats. Seule éclaircie : les extérieurs à Storybrooke quand le monde magique se résume largement à des scènes en studio.

Charmant trouve un chapeau, celui du Chapelier fou, et il va retrouver ce dernier ; Jefferson pour l’état-civil. Celui-ci affirme qu’il ne peut pas aider le Prince mais il prend soudain la fuite ; ce qui laisse penser qu’il sait quelque chose. Par exemple, que la forêt enchantée existe toujours. La Reine finira par l’avouer à Charmant mais elle ne sait pas comment s’y rendre. Elle rend aussi sa liberté à Henry : « Je ne suis pas très doué pour aimer » confie-t-elle. Lana Parrilla est émouvante ; elle donne une grande force à son discours. Magicienne démoniaque, elle est aussi mère aimante. Cette femme a de l’amour à donner. Qui le verra ? Elle a aussi un sens de l’humour bien à elle : dire à Charmant , le preux chevalier, qu’elle le lance dans une quête est pour le moins ironique !

Qui est-on ? Est-on ce que l’on est ou devient-on ce que l’on est ? Plus simplement, quelle part de l’innée et de l’acquis ? La question traverse cet épisode : les enfants rejettent l’exemple maternel. Mais là où Henry se montre fort, Regina cède à la tentation. Elle vend son âme pour s’acheter une liberté qui est précisément celle que lui présentait Cora. La victoire que sa fille remporte sur elle est en fait celle de la sorcière. Rumpelstilskin ne s’y trompe pas ; plus Serpent que jamais il pousse la future Reine à admettre ce qu’elle est. Il ne la tente pas comme le ferait le Diable ; il demande juste la vérité.

Anecdotes :

  • Baillee Madison/Blanche-Neige jeune : actrice américaine, vue dans Le secret de Terabithia (2007), Brothers (2009) : à la télévision, dans L’heure de la peur (2010-2011), Les sorciers de Waverly Place (2011).

  • Sarah Bolger/Aurore ; actrice irlandaise, a joué Mary Tudor (Marie Ière) dans la série Les Tudors (2008-2010), vu dans le film Lazarus Effect (2015).

  • Le cheval de Regina s’appelle Rossinante !

  • Absence d’Émilie de Ravin.

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3. LANCELOT
(LADY OF THE LAKE)

Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg

Réalisation : Milan Cheylov

Résumé : 

Emma et Mary Margareth espèrent trouver une porte qui les ramènera à Storybrooke. Autrefois, dans le pays magique, le roi George chercha à se venger de Charmant.

Critique :

L’épisode s’ordonne autour du couple royal ; Charmant et Blanche-Neige/David et Mary Margareth. Ils occupent tout l’espace et le tiennent bien. L’absence de Robert Carlyle et une seule scène pour Lana Parrilla n’obèrent en rien la qualité de cet opus, très bien réalisé par ailleurs.

La partie se déroulant à Storybrooke est surtout centrée sur Henry qui veut se rendre utile au point de faire une bêtise. Sans pathos exagéré, Jared S. Gilmore retrouve ses accents volontaristes de la saison précédente tout en conservant un peu de fraîcheur à son personnage.

L’essentiel est ailleurs. Le segment magique se divise en deux branches : l’une dans le passé autour de la vengeance du roi George et la seconde dans le présent autour de la recherche d’une porte de sortie pour Mary Margareth et Emma.

Le premier permet de revoir Alan Dale. Toujours hiératique, il compose un roi très fier, avec une aura de grandeur tragique. Il a perdu toute sa famille et il empoisonne Blanche-Neige pour qu’elle ne conçoive pas ! Sa haine cause aussi la perte de la mère de Charmant. Au cours d’une bataille où son fils a vaincu les sbires du roi (combat filmé avec dynamisme et fluidité et visiblement, Josh Dallas n’a pas recours aux doublures), elle a été blessée par une flèche empoisonnée. Accompagnée de Blanche-Neige (dont la robe est hideuse) et de Lancelot, elle ira jusqu’au lac Nostos (lien avec « Le chevalier d’or » ; les connexions vont devenir fréquentes organisant une cohérence interne qui se met juste en place) pour mourir. Non sans avoir vu le mariage de nos héros. Ce passage, s’il n’évite pas un ou deux clichés, dégage une vraie émotion. Le mariage est mignon comme un cœur. Le décès, filmé avec douceur, est très émouvant. Pas de grande démonstration façon pleureuses antiques, juste la douleur d’un fils perdant sa mère. Josh Dallas est impeccable et il nous touche profondément.

Le second est mené à un bon rythme. Milan Cheylov a bien compris que ses « Drôles de Dames » ne sont pas des grands-mères qui vont attendre qu’une solution leur tombe dans le bec. Nous avions laissé Emma et Mary Margareth dans un cachot, capturées par Mulan. Elles en sortent pour découvrir que le chef du petit groupe est Lancelot, ancien général du roi George, devenu un ami de Blanche-Neige. Le village est, semble-t-il, tout ce qui reste du monde magique. Pour une raison inconnue, certains ont échappé à la malédiction. Nous découvrons le village des réfugiés qui ressemblent à n’importe quel autre dans un univers d’héroïc-fantasy mais, là encore heureusement, on en vient vite à l’essentiel. La mère et la fille peuvent repartir accompagnées de Mulan. Jamie Chung a l’occasion d’étoffer son personnage mais n’y parvient pas totalement. Elle porte l’armure avec aisance mais reste en deçà. Sarah Bolger joue correctement mais sa princesse Aurore ne sert à rien et la voir essayer d’égorger Mary-Margareth n’est pas crédible. Le réalisateur en est d’ailleurs persuadé puisqu’il expédie la scène en trois secondes.

Ce segment a un immense intérêt pour la relation mère/fille. C’est la première fois qu’elles partagent quelque chose et elles ont des choses à se dire. Lorsqu’elles trouvent ce qui aurait dû être la chambre d’Emma, une atmosphère de mélancolie parcourt toute la scène. Tournée en nocturne, elle invite à la confidence. Ici, pas de grands mots mais de simples paroles qui en disent plus long sur l’état d‘un cœur qu’une tirade shakespearienne. Jennifer Morrison ne se rate pas sur ce coup ; elle étale la profondeur de l’émotion qui étreint Emma. Auparavant, elle lui avait donné une allure désinvolte mais qui ne trompait pas. Emma est perdue dans ce monde qui n’est pas le sien et elle se la joue roublarde, maniant lourdement l’humour car elle refuse de se montrer faible. Ginnifer Goodwin est au diapason de sa partenaire. Fini l’institutrice nigaude, il faut la voir manier l’arc contre un ogre (plutôt bien fait et l’atmosphère nocturne confère une plus grande tension), prendre le commandement et il faut l’écouter parler. L’interprétation très juste de l’actrice souligne et rend visible ce que le premier épisode avait proclamé : elle est bel et bien redevenue Blanche-Neige. De droit elle est reine mais, comme son mari à Storybrooke, elle gagne sa couronne par ses actes.

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La cohérence de ces deux segments est assurée par deux personnages. Le premier, Lancelot (Sinqua Walls), manque d’épaisseur. Chevalier valeureux, il n’a pas vraiment d’aspérité sauf dans une seule scène où il révèle comment il en est arrivé à être mercenaire pour le roi George. La révélation se raccorde à la légende arthurienne mais, à part ça, il n’a pas grand-chose à défendre. Il se borne à donner ce dont Blanche-Neige à besoin. Le second est tout autre. Il s’agit bien sûr de Cora. On comprend bien qu’elle sera le Diabolical Mastermind de cette saison. Barbara Hershey est prodigieuse de bout en bout. Toute mielleuse au départ, Cora montre son vrai visage à la toute fin. Quand elle survient brusquement, seule sa lucidité permet à Blanche-Neige d’échapper à ses griffes. Cora est plus redoutable que sa fille car elle n’a aucun scrupule. La magie a un prix qu’elle a  accepté de payer depuis longtemps. Barbara Hershey la joue souriante, à la voix douce. La révélation que Cora balance est une bombe et son but fait froid dans le dos car le spectateur sait ce dont cette sorcière est capable et ce n’est pas la dernière scène qui va le rassurer.

Anecdotes :

  • La légende arthurienne est un ensemble de légendes écrites tout au long du Moyen Age centrées sur le roi Arthur et sa tentative de constitution d’une chevalerie idéale (« Les chevaliers de la Table Ronde ») s’efforçant, au cours d’aventures fabuleuses, de parvenir à accomplir la quête du Graal. Parmi les auteurs les plus connus, citons Chrétien de Troyes (Lancelot ou le chevalier à la charrette).

  • Les bonus des DVD proposent un montage autour des « femmes de pouvoir » dans la série. Les producteurs voulaient en effet non pas des demoiselles en détresse mais des femmes capables de se défendre seules : « Les femmes sont des dures à cuire, explique Lana Parrilla. Emma Swan notamment ».

  • Absence de Robert Carlyle et Émilie de Ravin.

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4. LE CROCODILE
(THE CROCODILE)

  

Scénario : David H. Goodman et Robert Hull

Réalisation : David Solomon

Résumé : 

A Storybrooke, Belle ne supporte plus le besoin de magie de Rumpelstilskin. Dans le monde magique, Milah, épouse de Rumpelstilskin ne supporte plus sa vie avec lui.

Critique :

C’est quand il coécrit que David H. Goodman est décidément le meilleur. Avec Robert Hull, nouveau venu, il a concocté un épisode sans réelle action mais qui explore le passé et l’âme du maître magicien.

L’épisode traite des deux femmes de la vie de Rumpelstilskin. La première est son épouse, Milah, mère de Baelfire. La première image que nous avons d’elle n’est guère à son avantage puisqu’elle boit à la taverne en compagnie de marins. Elle est pleine de rancœur d’être l’épouse du lâche du village. Nous sommes ici avant la métamorphose de Rumpelstilskin (« Le Ténébreux »). Rachel Shelley campe une femme d’une grande beauté mais que l’amertume enlaidit. La manière dont elle crache sa rancœur est écœurante. En face, son époux n’est guère plus en faveur à débiter des phrases creuses et des platitudes navrantes. Robert Carlyle entre de plein pied dans « son » épisode. Il pourra nous régaler de toute la gamme dont est fait son personnage. Il nous montre un homme tellement engoncé dans sa lâcheté, dans son égoïsme, qu’il ne comprend plus les besoins d’autrui. Milah est plus à plaindre qu’à blâmer. Un jour, elle disparaît. Elle aurait rejoint les marins de l’autre soir commandés par le capitaine Killian Jones. Belle apparition de Colin O’Donoghue d’autant que l’acteur profite de superbes extérieurs. Il faisait beau lors du tournage et le réalisateur David Solomon en profite. Comme son compère de l’écriture, il s’est amélioré lui aussi. Ses extérieurs aèrent parfaitement l’épisode et alternent avec des phases d’enfermement créant un effet dynamique qui rend l’épisode agréable à suivre. Jones humilie Rumpelstilskin, l’écrase d’une ironie de mâle dominant. Colin O’Donoghue la joue assez finement face à un Robert Carlyle qui compose une lavette. Malgré le métier de l’acteur, c’est tout à fait crédible que le jeunot fier écrase le vieux lâche.

Rumpelstilskin essuie une autre perte mais à Storybrooke celle-ci. Belle ne supporte plus que son amant s’adonne à la magie et comme il est incapable de lui dire pourquoi il en a tant besoin, elle rompt avec lui d’un cinglant : « Tu n’as pas besoin de magie mais de courage ! »  Émilie de Ravin est fabuleuse. Elle expose au grand jour les peines de Belle et donne force et épaisseur à son personnage. Profitons aussi du fait que les bouchers modistes ne sont pas là : la nuisette du début est d’un sexy en diable. Elle portera aussi avec élégance une robe bleue magnifique. On sera moins convaincu par sa dernière toilette qui fait vieille institutrice mais quand on sait ce par quoi on est passé dans la saison précédente, on prend. Plus tard, ne sachant si elle n’a pas disparu, Rumpelstilskin ira demander l’aide de Charmant ! On mesure la profondeur de son inquiétude et celle de ses sentiments. Il joue aussi sur les émotions qu’il partage avec le Prince au sujet de leurs bonnes amies disparues. Sincérité ou manipulation ? La grande sobriété de Robert Carlyle ne permet pas de trancher résolument mais ce qui précède invite à donner sa chance. Josh Dallas parvient à exister à côté de son glorieux aîné. La pratique d’une ironie un peu grinçante dépourvue de méchanceté (mais pas d’une certaine rancœur) rend crédible l’aide que le Prince apporte au magicien. 

Dans le monde magique a lieu la première et attendue confrontation du capitaine et du Ténébreux. Si le décor numérique est particulièrement voyant et affreux, l’utilisation du clair-obscur (une des forces de la série) fait passer ce moment d’autant que notre attention est focalisée sur ce duel feutré mais lourd de menaces. Les acteurs ont parfaitement saisi le contexte. Robert Carlyle donne dans l’exubérance dangereuse face au sang-froid de Colin O’Donoghue. Ce dernier remporte quelque part le duel car Jones n’a aucun artifice à sa disposition, ne peut user que de sa langue et de son épée et vend chèrement sa peau. C’est ici qu’il afflige son rival du surnom de « crocodile » parce qu’il rampe dans l’obscurité.

A Storybrooke, Belle court un grand danger. Son père veut la faire sortir de la ville pour qu’elle oublie qu’elle a aimé Rumpelstilskin. Éric Keenleyside, qui incarne Moe, ne donne pas assez de force au désespoir du père de Belle, incapable de comprendre que sa douce enfant ait pu tomber amoureuse de ce monstre. Le ton manque de véhémence. Pour le coup, trop de sobriété. Mais quel exemple d’amour paternel ! La série regorge décidément de parents fabuleux ! La recherche de Belle redonne aussi du temps de jeu à Meghan Ory. Promue actrice principale cette saison, elle n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent jusqu’à présent. On note avec satisfaction que la production a renoncé à la maquiller comme une voiture volée ce qui embellit très nettement l’actrice. En revanche, elle ne porte pas bien le chapeau, ce qui casse l’effet dramatique quand, avec Charmant et Rumpelstilskin, elle recherche la jeune femme en …usant de ses pouvoirs. La malédiction levée, Ruby retrouve aussi Scarlett.

Perte est décidément le mot du jour. Alors que Rumpelstilskin va terrasser Killian, Milah surgit et avoue qu’elle aime le pirate ! L’attitude de son ancien époux est effrayante. Sifflant sa haine et exsudant la colère et la cruauté, il ne se laisse « attendrir » que par la perspective d’un marché. L’épisode introduit un élément qui sera capital à l’avenir : un haricot magique qui permet de voyager entre les mondes. La transaction doit se faire sur le bateau du capitaine. A nouveau, le spectateur profite des extérieurs et d’un navire magnifique et bien réel. Si Rachel Shelley en fait un peu trop, Colin O’Donoghue et Robert Carlyle sont à nouveau magistraux. De cette grande confrontation va naître une haine implacable. A la cruauté, Rumpelstilskin ajoute l’humiliation : il tranche la main du capitaine mais le laisse vivre pour qu’il souffre. Ainsi naît le capitaine Crochet. L’épisode annonce une future confrontation et on en salive d’avance.

Perte de Belle aussi. La magie sauve la jeune femme mais ne la fera pas changer d’avis. La scène dans la mine a un petit côté space mountain de Parc Disney mais sa brièveté est une bonne chose. Émilie de Ravin a un nouveau moment pour briller et elle le saisit : Belle est une femme indépendante  et elle rejette tant son père que son amant qui, ni l’un ni l’autre n’ont su la comprendre. Perte mais pas fracas. Rumpelstilskin avoue finalement sa lâcheté et pourquoi il pratique la magie, à Belle dans la bibliothèque où elle travaillera désormais. On comprend qu’on ne nous ait pas encore montré cette dernière : elle n’a aucun cachet et le décor est sans âme. On attendait mieux d’une bibliothèque qui aurait pu receler des trésors venus du monde magique ; ce qui aurait justifié que Regina l’ait condamné. Là, on ne sait pas pourquoi elle était fermée mais on se dit que Storybrooke devait vraiment être une ville trépidante ! Rumpelstilskin a la plus belle phrase de l’épisode : « La magie est une sorte de béquille sans laquelle je ne sais pas marcher ». La magie a toujours un prix entend-on régulièrement dans la série. Ici, la solitude.

Anecdotes :

  • Colin O'Donoghue est un acteur et musicien irlandais. Il habite toujours en Irlande quand il ne tourne pas à Vancouver. On l’a vu en 2009 dans la série  Les Tudors où il incarnait le duc de Bavière. Pour son rôle, il a notamment fait des recherches chez J.M Barrie. Il voulait un Crochet charmant, insouciant mais capable de tuer. Selon le comédien, la cruauté du capitaine vient d’un chagrin et d’un manque d’amour.

  • Dans le conte de J. M. Barrie, Peter Pan, le crocodile-réveil symbolise la mort.

  • Absence de Ginnifer Goodwin, Jennifer Morrison et Lana Parrilla

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5. LE DOCTEUR
(THE DOCTOR)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Paul Edwards

Résumé : 

A Storybrooke, Regina est confrontée à son passé. Dans le monde magique, son apprentissage de la magie n’est pas concluant.

Critique :

Après un démarrage excellent, la série trébuche. Certes, avoir 22 épisodes de haut niveau eut été compliqué mais est-ce étonnant d’être peu intéressant quand on mitonne une potion avec des ingrédients aussi disparates que la science-fiction et le fantastique ? Les auteurs ont du talent et l’épisode ne manque pas de bons moments mais il est indigeste et inégal. La science-fiction dans Once upon a time c’est comme le fantastique dans Chapeau melon : un élément hétérogène. Par ailleurs, la série retombe dans un travers de la saison 1, à savoir l’épisode catalogue même si Kitsis et Horowitz ont assez de métier pour l’inclure plus ou moins dans la mythologie. Dernier souci, le choix des invités. Certes, c’était obligé puisqu’ils étaient là dans la précédente saison mais on savait qu’ils ne pesaient pas assez. Ça se confirme ici.

L’épisode est également déséquilibré entre deux segments dans le monde magique et un seul à Storybrooke. Éliminons d’emblée le second : les quatre filles se promènent dans le monde magique et rencontrent le capitaine Crochet qui devra faire équipe avec elles. Beaucoup de parlotes pour pas grand-chose. Personne ne force son talent et le spectateur s’ennuie, attendant avec impatience qu’on passe à la scène suivante.

Dans le passé, nous voyons Regina – on pourrait dire la Reine aussi mais le personnage n’a pas encore toutes les caractéristiques de la souveraine – peiner dans son apprentissage de la magie. La voir timorée, hésitante est stupéfiant. Lana Parrilla, en sous-emploi jusque-là, est de retour et elle va nous régaler même si cette partie est moins convaincante. Certes, la leçon est en extérieur. Il fait beau et la tenue de cavalière va à ravir à Sa Majesté. Mais elle a toujours sa tresse agaçante et il faut bien avouer qu’en enfant de chœur Lana Parrilla peine à convaincre. Rumpelstilskin est agacé lui aussi et, après lui avoir assené quelques aphorismes bien sentis (« La magie c’est le pouvoir. Si tu refuses le pouvoir, tu n’as  rien à t’apprendre »), il la congédie. C’est alors que Jefferson survient de manière surprenante. Les scénaristes nous parlent certes d’un marchandage mais c’est le moment qui est inapproprié. Comment croire que Rumpelstilskin aurait laissé sa porte ouverte alors qu’il était occupé à donner un cours qu’on devine ne pas convenir à tout le monde ? Et comme par hasard, Jefferson a la solution au problème de Regina. Laquelle ne parvient pas à faire le deuil de Daniel qu’elle souhaite voir revenir d’entre les morts.

C’est le seul lien entre le segment magique et Storybrooke et c’est assez téléphoné. Par contre, Lana Parrilla incarne une Reine déchue touchante, bouleversante. Quand elle vient confesser à Archie qu’elle n’a pas pratiqué la magie depuis deux jours, on dirait une droguée en phase de sevrage ! On pouvait se demander comment la Reine vivrait la chute de sa royauté. C’est un sans-faute et cette nostalgie pour son passé « pré-maléfique » est aussi logique que bien amené et bien interprété. Par contre, on pressent la catastrophe quand elle dit avoir amené le corps de Daniel dans ce monde.

Connexion entre les mondes et les temporalités : Jefferson présente « le Docteur » à Regina. Nous ne saurons qu’à la toute fin son identité mais la découvrir avant est un jeu d’enfant. Du coup, il n’y a aucun suspense et il faut que Lana Parrilla se démène pour que l’on croit à son histoire. David Anders n’était déjà pas vraiment convainquant en Whale mais « le Docteur » en rajoute une couche avec une tenue à la mode prussienne absolument hideuse. Dommage car l’éclairage de la scène en semi-obscur est très bien fait et le petite musique qui joue en sourdine est délicieusement décalée par rapport à l’action dramatique censée se jouer sous nos yeux. Sauf que le spectateur regarde sa montre et soupire. Même la condition mise par le Doc pour réussir son œuvre nous arrache à peine un sourire tellement c’était prévisible. Le sérieux avec lequel David Anders débite ses répliques est sans doute le moment comique de l’épisode.

A Storybrooke, l’action se précipite. Paul Edwards, qu’on a connu plus inspiré, se réveille et nous projette dans une scène échappée d’un film d’horreur avec cet hôpital dévasté et cette lumière crue intermittente. Whale a réussi, dit-il à Regina mais « c’est un monstre ». Sans rire ? C’eut été Blanche-Neige qu’on aurait été étonné. Heureusement, Lana Parrilla, encore une fois, et bien épaulée par Josh Dallas, nous raccroche. Elle a vu Daniel à Storybrooke ! Nous ne sommes pas étonnés mais l’actrice nous donne une telle composition d’une femme bouleversée que nous sommes de tout cœur avec elle. Voir la Reine dans cet état montre la richesse de ce personnage. Ce n’est pas un monstre mais un être humain blessé et à qui la magie a offert une maigre compensation. Qu’est-ce qu’un monstre d’ailleurs sinon un être inadapté au monde dans lequel il se trouve ? C’est précisément la condition de Daniel qui surgit aux écuries et manque de faire du mal à Henry qui se trouvait là…justement pour servir de proie. Les scénaristes n’ont pas fait preuve d’une subtilité exagérée sur ce coup-là. Par contre, que Charmant veuille recourir à la force et que la Reine le supplie de n’en rien faire, ça c’est excellent. On apprécie aussi la musique qui, douce tout d’abord, devient brusquement menaçante. Dommage que Daniel soit incarné par Noah Bean. En effet, l’acteur ne nous fait pas peur le moins du monde quand il surgit dans l’écurie. Il y a trop de lumière d’une part et croire que Noah Bean peut inspirer la crainte c’est vouloir faire prendre une vessie pour une lanterne. L’acteur fait ce qu’il peut et Lana Parrilla l’aide à hisser son niveau de jeu mais le drame manque d’épaisseur. 

Dans le monde magique, l’échec du « Docteur » amène la Reine à reprendre ses cours avec une autre détermination et le mal dans les yeux. Elle fait aussi mal aux yeux parce qu’en se rendant sur le plateau Lana Parrilla a croisé un modiste déchaîné qui l’a convaincu de porter une robe absolument détestable. Qu’on nous dise ensuite que cet échec est le résultat d’un complot entre « le Docteur » et Rumpelstilskin achève de décrédibiliser l’épisode. Qu’un être aussi intelligent et rusé ait eu besoin de cette machination de pacotille avec un hurluberlu scientiste et imbu de lui-même est proprement hallucinant ! L’histoire voulait nous montrer la confrontation de la magie et de la science mais ce procédé ne fonctionne pas car les finalités sont différentes et les deux univers ne coïncident pas. Une mauvais idée fait rarement un bon scénario et sans le talent d’Édouard Kitsis et d’Adam Horowitz, cet épisode n’aurait pas dépassé le melon unique voire le demi-melon. Pour le plaisir, citons la dernière scène qui est un condensé de clichés gothico-fantastique ; une version modernisée de la Hammer mais celle-ci nous intéresse justement par son côté surannée. Ici c’est bassement classique et pour tout dire ridicule.

Anecdotes :

  • Frankenstein, ou le Prométhée moderne est un roman de Mary Shelley paru en 1818. L’éditeur et essayiste Francis Lacassin en parle comme de l’invention du « fantastique rationalisé » (dans Les Évadés des Ténèbres) qui remplace la peur par l’horreur et invente le roman d’épouvante.

  • Dans le roman, la créature n’a pas de nom. Frankenstein est le créateur. Le masque créé par Jack Pearce pour le film de 1931 de James Whale est resté gravé dans les mémoires et demeure indissociable du monstre, incarné par Boris Karlof.

  • Retour de Noah Bean (Daniel) pour cet épisode.

  • Dans les bonus, Edward Kitsis et Adam Horowitz parlent de « l’addiction à la magie » de la Reine.

  • Une scène coupée montrait Regina, Jefferson et Frankenstein emprisonnés dans le lieu où Cora gardaient ses cœurs. Les murs se rapprochent mais ils s’échappent grâce à Regina qui parvient à maîtriser la magie.

  • Absence d’Émilie de Ravin et Meghan Ory

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6. TALLAHASSEE
(TALLAHASSEE)

Scénario : Christine Boylan et Jane Espenson

Réalisation : David M. Barrett

Résumé : 

Pour trouver une boussole magique, Emma fait équipe avec Crochet. Dans l’autre monde, on découvre le passé d’Emma.

Critique :

Un épisode centré sur Emma mais qui ne convainc pas tout à fait, la faute à un sentimentalisme un peu pesant. L’histoire progresse peu et Storybrooke est totalement ignoré. On a l’impression d’être dans les derniers épisodes du Prisonnier qui ne se déroulent plus au Village. L’absence également de Robert Carlyle c’est toujours dommage mais celle de Lana Parrilla est vraiment dommageable. Elle, elle est déchue et nous, nous sommes déçus. Deux segments dans cet épisode : le premier dans le monde magique nous emmène en haut d’un haricot magique ; le second est situé dans le passé. Les deux scénaristes (Christine Boylan fait ses premiers pas dans la série) équilibrent à peu près les deux tableaux et soignent les protagonistes.

La confrontation de la version du conte de Jack et le haricot magique que connaît Emma (qui la raconte de manière très approximative ce qui est très drôle) et la « véritable » histoire par Crochet fait débuter cet épisode par une sympathique atmosphère de comédie. Il fait beau et Colin O’Donoghue est à l’aise. Le comédien nous offre une version légère, cabotine de son personnage. Emma met littéralement en joie le pirate qui se montre tour à tour charmeur et caustique. Lorsqu’ils grimpent le long du haricot magique pour aller chercher la boussole magique qui leur permettra de retrouver leur monde, le dialogue entre les protagonistes anime ce passage et on oublie le décor (mais le haricot est plutôt bien fait) : Crochet fait preuve de lucidité vis-à-vis d’Emma. Jennifer Morrison nous la montre en repli, fuyante. Profitons aussi d’une musique héroïque très appropriée.

Le passé d’Emma débute à Portland, 11 ans plus tôt. On commence par sourire devant le peu d’inventivité des scénaristes pour « rajeunir » Jennifer Morrison : lunettes et queue de cheval ! Bon, au moins, ça lui va mieux que la tresse de Regina ! En volant une voiture, elle rencontre Neal Cassidy avec qui elle va former un couple de voleurs. Petit clin d’œil ; la voiture dans laquelle ils se retrouvent est une Coccinelle ; la même qu’au tout premier épisode. Christine Boylan et Jane Espenson ont la bonne idée de passer vite sur le côté « Bonnie & Clyde » pour nous donner l’objectif des deux amoureux : vivre ensemble dans une maison à eux à…Tallahassee. La scène échappe à la naïveté par l’interprétation toute en retenue des comédiens. Michael Raymond-James, qui fait son retour après avoir ouvert la saison, se montre à la hauteur et compose un Neal très crédible en amoureux d’Emma. Laquelle n’a rien de la perruche séduite mais tout de la jeune fille qui a encore des rêves malgré une vie pas évidente. Cette scène a aussi son importance quand elle mentionne pour la première fois l’attrape-rêve. 

Dans le même ordre idée, lorsqu’Aurore confie à Blanche qu’elle ne parvient plus à dormir sans faire des cauchemars, on entend parler pour la première fois du « charme du sommeil ». Ce passage donne de l’épaisseur au personnage d’Aurore et, surtout, le cauchemar aura son importance plus tard et sa symétrie plus loin dans l’épisode. On apprécie tout du long l’attitude très maternelle de Blanche. Ginnifer Goodwin n’a pas grand-chose à faire dans cet épisode mais elle réussit bien ce qu’elle nous montre. Lorsque Crochet et Emma arrivent au sommet du haricot, le spectateur le moins indulgent a un petit sourire tellement le château fait décor numérique. Conscient du fait, David M. Barrett, qu’on retrouve avec plaisir et qui sait bien animer cet épisode, se recentre très vite sur les comédiens. La découverte que fait Emma sur son partenaire donne de la tension et ouvre parfaitement la séquence du géant. Par contre, et c’est une tare récurrente sur Once upon a time, les effets spéciaux sont très moyens. La musique est très bien par contre. Jorge Garcia y met du sien, on ne peut pas le lui reprocher, mais, de là à nous faire croire qu’il est un géant menaçant, il y a un monde.

Par un montage habile sur le visage d’Emma, nous revoici dans son passé, à Phoenix cette fois, en Arizona. Les amoureux ont un problème : Neal a commis un vol dans cette ville et des affiches le rappellent encore. Voilà un passage qui sonne faux : le jeune homme prétend qu’il pensait l’affaire oubliée. Admettons, mais était-il nécessaire de passer par là ? En fait, ce « souci » sert juste de prétexte pour que les scénaristes séparent nos tourtereaux. L’important pour elles c’est que Neal rencontre August, le Pinocchio de la saison 1. Pour le coup, Eion Bailey a bien saisi qu’il n’était pas là pour rire et sa composition est empreinte de gravité. En face, Michael Raymond-James donne de la véracité à un Neal qui va devoir faire un choix douloureux après avoir entendu une histoire, la vraie histoire d’Emma, mais surtout, avoir vu quelque chose que le spectateur ne verra pas. Filmée dans une quasi-obscurité, à la lueur d’un lampadaire, la scène baigne dans le drame et, en effet, elle débouche sur une trahison. 

Trahison. Le mot convient aussi au monde magique. Emma, qui ne fait pas confiance à Crochet, va abandonner ce dernier après avoir obtenu la boussole magique. Superbe composition de Jennifer Morrison qui passe de la compassion à la dureté. Cette « face obscure » est bien plus crédible que la pantalonnade de la saison 1 avec Sidney car, ici, elle fait directement écho au passé et, également, fait le lien avec le présent. Emma ne sait pas faire confiance puisque ses parents et son amant l’ont abandonné. Plus subtilement, on peut se demander si elle n’éprouve pas une attirance pour Crochet. Le laisser au sommet du haricot serait dès lors une fuite.

Anecdotes :

  • Tallahassee : Située sur le golfe du Mexique, c’est la capitale de l’État de Floride. Bien que la ville donne son nom à l’épisode (comme dans Mission à Montréal des Avengers) Emma n’y ira jamais.

  • Lorsqu’Emma est à la gare de Phoenix, on entend une annonce pour un train partant pour Salem. Un clin d’œil à une autre forme de magie ?

  • Jorge Garcia/Anton : acteur américain, sa carrière a été lancée par sa participation à Lost (2004-2010). Après l’avoir vu dans Larry et son nombril, les producteurs de la série ont créé le personnage d’Hugo Reyes pour lui. On l’a vu dans les séries Fringe (2011), Alcatraz (2012), Hawai Five-0 (2013).

  • Absence de Lana Parrilla, Émilie de Ravin, Meghan Ory et Robert Carlyle

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7. L’ENFANT DE LA LUNE
(CHILD OF THE MOON)

Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss

Réalisation : Anthony Hemingway

Résumé : 

A Storybrooke, Ruby craint ne plus être capable de maîtriser le loup en elle. Dans le monde magique, Scarlett trouve un foyer.

Critique :

Bel épisode aux profondes résonances philosophiques. Centré sur Ruby/Scarlett, il permet à Meghan Ory de montrer ses talents de comédienne. Bien écrit, réalisé honnêtement, il a le problème de donner encore l’impression que la production cherche à occuper les 22 épisodes qu’on lui a alloué pour la saison. Ce n’est qu’à la marge qu’il fait avancer l’histoire.

L’épisode commence par une note optimiste mais, très vite, l’inquiétude s’installe au détour d’un dialogue anecdotique entre Ruby et un jeune homme qui la courtise et qu’elle repousse avec l’aide de Belle. La jeune femme craint de n’être plus capable de maîtriser le loup qui est en elle après 28 ans sans métamorphose. Meghan Ory restitue bien la panique qui s’est emparée de Ruby, incapable de penser calmement. Inquiétude qui s’accroît lorsque Charmant retrouve le roi George qui se fait appeler Albert Spencer. Souvenez-vous : c’est le procureur qui voulait condamner Mary Margareth pour le meurtre supposée de Kathryn Nolan. Le face à face est un monument de tension et les deux acteurs se rendent coup pour coup. A la dureté du roi Alan Dale ajoute une face cruelle et menaçante. Il a tout perdu et exècre le berger qui est devenu prince. La remarque sur la vérité intérieure de Charmant est intéressante puisqu’elle sous-entend qu’on ne devient pas noble, on naît ainsi. Conception traditionnelle de la noblesse en effet mais qui oublie l’ouverture que ce corps a su pratiquer. Le roi George est un monarque d’Ancien Régime qui ne peut pas comprendre ni admettre qu’un « homme nouveau » accède à la noblesse.

Dans le monde magique, Scarlett se fait voler sa cape par un loup-garou ! La confrontation entre les deux a quelque chose de sensuelle et elle le croit quand il lui dit qu’il est possible de maîtriser la bête en elle. Il la mène au repaire des loups. Le décor est très bien fait ; un salon d’aspect médiéval éclairé par des lanternes. Mais la grande affaire c’est la rencontre avec le maître des loups : elle s’appelle Anita et c’est la mère de Scarlett ! Cette révélation est un brin superflu et ne servira qu’on donner un vernis plus tragique à ce qui suivra. Annabeth Gish réussit son entrée. Non dénuée de majesté, elle dégage une aura d’autorité, à peine contrebalancée par une coiffure des plus affreuses. Elle raconte la vérité à Scarlett sur elle mais, dans Once upon a time, les vérités sont successives et ont moins d’importance que les expériences accumulées. « Connaîs toi toi-même » disait Socrate et c’est exactement ce que dit Anita. A elle la phrase du jour (cette saison est inégale sur le plan des aphorismes) : « Tu pourras dompter le loup si tu acceptes qu’il est une partie de toi ». Inutile de commenter ce passage ; il faudrait des tomes entiers ! 

L’acceptation de Scarlett nous vaudra une belle succession de scènes nocturnes. La photographie est impeccable et les loups numériques de bonne facture. Leur course est dynamique, souple, réelle et la musique met en relief la nature apaisée. A l’issue de cette nuit de liberté, Scarlett se souvient de tout ce qu’elle a fait. Meghan Ory rend parfaitement la joie presque enfantine de son personnage et nous fait regretter que la production n’ait pas été capable de lui donner plus à jouer.

Si Scarlett est libre, ce n’est pas le cas de Ruby. Plus que jamais terrorisée, la jeune femme est en outre convaincue d’avoir commis un meurtre. Que la victime soit précisément son soupirant de la veille était prévisible. Il y a des personnages comme ça dont la seule utilité est de disparaître brusquement. Heureusement, entre Meghan Ory, prodigieuse en femme bouleversée, Beverley Elliott (qui retrouve elle aussi du temps de jeu) rassurante et Charmant déterminé, on se régale. La nouvelle confrontation entre ce dernier et le roi George nous rappelle les grandes heures de la lutte Emma/Regina. Reprenant son rôle officiel de procureur, ce dernier accuse Ruby et exige que le shérif la lui remette. Bien entendu, le Prince refuse et la menace se fait politique : si les gens n’ont plus confiance en leur prince pour les protéger, ils l’abandonneront. Le monarque déchu (Once upon a time n’est pas précisément une série monarchiste puisque les seuls princes « gentils » ne sont pas ceux qui gouvernent !) va même soulever la ville ! La révolution au service de l’ordre ancien, belle ironie et jolie façon de dissimuler sa vindicte personnelle.

La morale de ce conte est qu’on n’est rien tout seul. Scarlett va choisir d’accepter sa dualité contre sa mère. Face à un amour maternel vicié, la jeune femme choisit l’amitié d’une humaine, Blanche-Neige : la seule qui ne lui jamais demandé de choisir entre le Loup et l’Homme. Belle leçon de tolérance même si le côté dramatique de la scène est un peu trop accentué par le réalisateur. La sortie d’Annabeth Gish est trop clichée pour convaincre pleinement et elle était de toute façon prévisible. La musique douce s’accorde pleinement à ce moment. Mark Isham ne commet aucune faute de goût ; il maîtrise parfaitement les airs de son royaume. Symétriquement à Blanche-Neige, c’est le Prince Charmant qui sauvera Ruby. Son « enquête » avec Granny lui a permis de découvrir la vérité sur l’assassinat : c’est bien entendu le roi George le coupable. La machination de ce dernier était très simple et ne pouvait tromper le spectateur. Ce n’était pas le but et le montage rapide sur ce passage souligne que c’est l’état d’esprit de Ruby qui est le véritable sujet. La morale était attendue mais le scénario, très habile, a permis d’éviter le côté didactique au profil d’un certain dynamisme. Le roi ne perdra pas sur tous les tableaux cependant.

Sur un mode encore mineur, l’épisode développe cependant le thème du cauchemar, déjà entrevu. Henry fait des cauchemars depuis quelques temps et, un matin, il se réveille avec une brûlure. Regina, qui le veillait, fait appel à Rumpelstilskin. C’est la meilleure preuve qu’elle aime sincèrement le petit garçon ! On apprécie vraiment de voir Lana Parrilla de retour et dans un ensemble noir et blanc du plus bel effet. Dommage qu’elle soit personnellement réduite aux utilités mais par sa présence l’actrice sublime chacune des secondes que le scénario lui donne. Idem pour Robert Carlyle qui, en une scène efficace, analyse le cauchemar, l’explique et donne à Henry de quoi le maîtriser ! Moins de cinq minutes chrono. Apprécions aussi que, pour Henry, il donne le pendentif magique pour rien mais cela lui permet de se payer Regina et c’est un plaisir qu’il ne saurait manquer de s’offrir !

Anecdotes :

  • Annabeth Gish/Anita : actrice américaine, principalement connue pour son rôle dans X-Files (Monica Reyes, 2000-2002). On l’a vu aussi dans Nixon (1996) mais principalement à la télévision : Brotherhood (2006-2008), Esprits criminels (2010), Pretty Little Liars (2011-2013, 2015).

  • Le loup-garou ou lycanthrope est une créature du folklore occidental désignant un homme capable de se transformer en loup. Cette transformation peut être causée par une malédiction ou la morsure d’un loup-garou. Le mythe est très ancien puisqu’il remonte à la Grèce antique. Le roi Lycaon fut changé en loup par Zeus pour lui avoir servi de la chair humaine lors d’un banquet. Plus proche de nous, Claude Seignolle a publié Le Galoup en 1960. J.K. Rowling a créé le personnage du professeur Lupin dans Harry Potter.

  • Le loup-garou est aussi un bon client du cinéma (Wolf, 1994 avec Jack Nicholson) et à la télévision (Buffy contre les vampires, avec le personnage d’Oz, Supernatural, Teen Wolf).

  • La lycanthropie est également le nom d’une maladie mentale dans laquelle le patient pense que son corps se transforme en celui d’un loup.

  • Le terme roumain « vircolac » désigne à la fois le loup-garou et le vampire ; ce qui laisse à penser qu’il y avait autrefois similarité entre les deux créatures dans l’imaginaire populaire.

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8. LE CHARME DU SOMMEIL
(INTO THE DEEP)

Scénario : Kalinda Vasquez et Daniel T. Thomsen

Réalisation : Ron Underwood

Résumé : 

Dans le monde magique, Aurore se réveille avec un message d’Henry. Chacun comprend  alors qu’ils peuvent communique à travers le monde des rêves.

Critique :

Un épisode d’excellente facture et qui rassure sur l’inspiration des scénaristes (les deux sont des nouveaux venus) après un passage inégal. L’idée géniale ici est de fusionner les charmes ayant endormi Blanche-Neige et la Belle au Bois Dormant ; ce qui rend plausible leur association. En outre, voilà le premier épisode où ce qui se passe dans un monde a des répercussions dans l’autre ; mieux : ils communiquent entre eux !

Pourtant le démarrage est rude entre les « Drôles de dames » car Blanche explique savoir ce qu’a vécu Aurore, c’est bien réel et qu’il s’agit du « charme du sommeil ». Elles pourront ainsi communiquer avec Henry. Outre le décor enflammé extrêmement convainquant et qui est rendu passionnant par une réalisation dynamique qui ne s’attarde pas sur les détails mais donne à voir l’essentiel tout en se resserrant ensuite sur les acteurs pour montrer que l’important c’est la délivrance du message. Ron Underwood échappe pour le coup à la marotte de ses devanciers de la saison 1 qui zoomaient chacun leur tour sur les visages. Aurore acquiert ici une réelle densité dramatique et Sarah Bolger hausse son jeu. Si elle n’a pas la force de Jennifer Morrison (plutôt en retrait ici mais qui défend ce qu’elle a à jouer) ou de Ginnifer Goodwin, elle lui confère une profondeur émotionnelle. Aurore veut aider ; chaque jour qu’elle passe est un cadeau pour elle.

Quand on rencontre un obstacle lié à la magie, de qui a-ton besoin ? De Rumpelstilskin évidemment. Le grand magicien ne prendra pas sa véritable apparence ici car tout se déroulera à Storybrooke. Regina va le trouver et il l’envoie promener – sans prendre la peine de la regarder – au terme d’un échange piquant. Néanmoins, elle a donné l’information principale : l’obstacle au retour de Mary Margareth et d’Emma c’est Cora et qui a envie de voir la Sorcière débarquer à Storybrooke ? Rumpelstilskin va donc accepter d’endormir Henry. Lequel veut être un héros. Jared S. Gilmore est très convainquant avec un jeu très sobre, parfaitement adapté. L’héroïsme, ce n’est pas se vanter. Malheureusement, il ne pourra délivrer le message car Cora a envoyé une armée de zombies à la poursuite du quatuor ! La scène où elle réveille les morts qu’elle a elle-même tué baigne dans une ambiance glauque, enrobée de pénombre et durcie encore par une musique sinistre. Hiératique et le regard empli de haine, Cora est un être maléfique, peut-être ce qui se rapproche le plus de la cruauté pure. La Reine se montrait diabolique pour se venger de Blanche puis se défendre contre Emma mais Cora distille une aura de pure méchanceté. Si sa fille a aimé le pouvoir, que dire de sa mère ! Tout au long de l’épisode Barbara Hershey jouera à merveille soit d’une méprisante et ironique supériorité (avec Aurore) soit de la compassion mielleuse et caustique (avec Crochet). Elle montre aussi l’intelligence de Cora. L’ironie cruelle avec laquelle elle explique qu’Emma et Blanche ont trop de cœur pour ne pas venir aider Aurore glace le sang car comment lui donner tort ? 

Cora est aussi une redoutable tacticienne : en offrant Aurore contre la boussole (message transmis par un corbeau, attirail classique de la sorcière !), elle divise ses adversaires. Que ses plans ne se déroulent finalement pas comme prévu ne la déstabilisera pas beaucoup car elle sait merveilleusement s’adapter. Ce monstre froid a tout du caméléon. A ce stade, le spectateur croise les doigts pour qu’elle n’arrive jamais à Storybrooke car elle paraît bien supérieure à Regina. Regina que l’on retrouve enfin dans un rôle conséquent ! Avec Robert Carlyle à ses côtés, Lana Parrilla étincelle et le spectateur savoure. La comédienne connaît son personnage par cœur : tendre avec Henry, dure avec Rumpelstilskin (ces deux-là s’adorent c’est un régal !), sérieuse avec Charmant. Sa plus belle scène c’est lorsqu’elle prépare la potion qui doit endormir Charmant car, pour cette fois et elle le souligne elle-même, elle est d’accord avec le « grand-père » d’Henry (alors que Josh Dallas a tout juste la trentaine !) : il n’est pas question d’exposer davantage le petit garçon.

Le cadrage est ici serré illustrant le rapprochement mère-fils. Triste ironie (et Lana Parrilla montre que Regina en est consciente), c’est la magie qui les rapproche alors qu’elle lui avait promis de ne plus s’en servir. Elle parvient aussi à faire preuve d’un certain humour lorsqu’elle le rassure en disant « Tes grands-parents finissent toujours par se retrouver ». Se moquer de soi-même est une preuve d’intelligence. De l’humour, on en aura une autre pincée lorsque Rumpelstilskin raconte comment le « charme du sommeil » était autrefois inoculé. L’entendre dire, mine de pas y toucher, que la « pomme est une innovation » fait franchement sourire, en plus d’être une vacherie gratuite,  et allège la situation. Les deux scénaristes ont écrit très justement cette scène avant de nous plonger dans une situation dramatique. Charmant se retrouve dans une obscurité à peine écorchée par des torches virulentes. Tout autour de lui des miroirs renvoient avec une silencieuse moquerie l’image de profondes ténèbres. La musique achève de donner une connotation fantastique à ce moment. 

On est à la lisière de l’épouvante mais le jeu de Josh Dallas est rassurant : Charmant est impressionné mais il fait front et il va réussir à retrouver la messagère de l’autre-monde : c’est Blanche ! On passe vite sur la manière dont elle a été endormie car le scénario a joué ici de facilité mais quand on n’a que 42 minutes il faut être efficace. Il parviendra à délivrer le message de Rumpelstilskin mais nous voilà soudain plongé dans l’effroi : Charmant ne pourra se réveiller. Henry le craignait. Regina essaye de le rassurer mais l’échange de regards avec son ancien maître est révélateur : il n’y a plus rien à faire ici.

Sadiques (et brillants), Kalinda Vasquez et Daniel T. Thomsen nous réserve un final absolument glaçant.

Anecdotes :

  • Ron Underwood : réalisateur américain, principalement de séries. Il a ainsi mis en boîte 9 épisodes de Once upon a time mais a travaillé aussi sur Grey’s Anatomy, Les agents du SHIELD, The Glades, Scandal  ou encore Castle.

  • Absence de Meghan Ory

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9. LA REINE DE CŒUR
(QUEEN OF HEARTS)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé : 

Dans le monde magique, la bataille pour s’ouvrir la route de Storybrooke bat son plein. A Storybrooke justement, certains veulent s’assurer que Cora ne survienne pas. A tout prix.

Critique :

Très bel épisode où l’action prime mais sans laisser l’émotion de côté. Une réalisation alerte adossée à un montage qui fait judicieusement alterner les mondes permet de profiter à plein des potentialités du scénario. Et, bien entendu, les acteurs sont au diapason.

Telle mère, telle fille. Tel pourrait bien être la maxime de cet opus. La Reine – qui « jouira » de coiffures absolument abominables à faire fuir un yéti dans toutes les scènes « magiques » mais arborera une garde-robe de meilleur goût que d’habitude – propose un marché à Crochet : tuer Cora et elle l’aidera à tuer Rumpelstilskin. Selon l’adage, l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Une partie des scènes dans le monde magique se passent avant que la malédiction ne soit lancée et fourniront l’explication attendu sur la survivance d’une partie de ses contrées. Pour que le pirate réussisse à tuer la Sorcière, la Reine ensorcelle le crochet mais il n’aura qu’une seule chance de réussir. C’est une condition classique certes mais quand on connaît Cora, on se dit que même une chance c’est déjà pas mal ! Le Pays des Merveilles où se trouve cette chère Cora si tendrement aimé fait toujours aussi vénitien de pacotille mais, heureusement, le réalisateur passe vite et ne s’attardera pas sur des décors plus numériques tu meurs. Cora est la Reine de Cœur ; ce qui lui va comme un gant. La cruauté a toujours été une des qualités de ce personnage. « Tenir le cœur de quelqu’un c’est le contrôler », assène-t-elle avec froideur à un Crochet à sa merci. Colin O’Donoghue est impeccable et le spectateur souffre avec lui tout en tremblant devant la Sorcière. Barbara Hershey est véritablement magistrale. Cet épisode lui offre un boulevard dont elle sait admirablement profiter. Dans cette saison 2, la Reine n’est plus le Mal mais Cora a pris la relève. La Reine voulait une « fin heureuse » comme toute princesse. Sa mère veut le pouvoir. Elle est agressive et offensive. Pour elle, « fin heureuse » et « guimauve » sont des synonymes.

A Storybrooke, Rumpelstilskin et la Reine savent très bien que ce serait un désastre si Cora survenait et le maître convainc son élève qu’elle ne doit même pas avoir la possibilité de poser sa botte sur le sol de la ville. Même au prix de la vie de Blanche-Neige et de sa fille. Grand numéro de Robert Carlyle et Lana Parilla. Le premier joue le maître : il domine, il tient un discours tendancieux, où la douceur du ton fait ressortir la froideur des propos. La seconde joue l’élève : elle hésite, elle tient un discours où le ton saccadé révèle des émotions. De même que le bronze casse l’étain, c’est le Maître qui gagne. Cette scène est appuyée par le retour, judicieux, de cette technique de réalisation qui consiste à zoomer progressivement à mesure que le texte défile jusqu’à mettre les visages en gros plan quand tombe le couperet de l’argument final. C’est brillant et sans faute. Leur piège est mortel : quiconque tenterait venir serait tué ! La tension est très bien rendue par la brièveté de la scène.

Le monde magique est aussi celui de nos quatre jeunes femmes en campagne. Alors qu’elles  se trouvent dans le cachot de Rumpelstilskin, elles sont trahies par Aurore au profit de Cora qui révèle qu’elle possède le cœur de la princesse ! Adieu la boussole ! Crochet en profite pour asséner de cinglantes répliques envers Emma et elles font mouche. Tant de vérités balancées mais sans la froideur impériale de Cora, c’est plus de la colère et du dépit. On a le sentiment que Crochet a été blessé par l’ingratitude et le manque de confiance d’Emma. Dans ce cachot aux teintes d’ocre baignées par la lumière de torches – chapeau aux décorateurs sur ce coup-là – on assiste à une séance d’auto flagellation collective puis, et c’est bien plus fort, à l’effondrement moral d’Emma. Jennifer Morrison incarne une Emma qui a l’impression de n’avoir jamais été maîtresse de sa vie, pire ! d’avoir été le jouet de Rumpelstilskin. Le réconfort de sa mère n’y change rien. La Sauveuse doute.

Cora a un projet mais elle y renonce quand elle constate que la Reine est sur le point de réussir le sien. L’important est donc de se protéger. Le scénario pourrait paraître facile mais, cette fois, le temps a été pris pour poser le personnage de Cora. Barbara Hershey nous a convaincu qu’elle est une abomination « sans cœur » et il est tout à fait crédible qu’elle puisse se protéger du sort noir. Les effets spéciaux à ce moment-là sont parfaitement réussis. On peut constater à nouveau le profond sens tactique de Cora qui la distingue de sa fille, plus impulsive. La patience est aussi une vertu que seule la Sorcière possède. A chaque scène de Cora, on craint de plus en plus qu’elle n’atteigne son but tout en priant pour que ce ne soit pas le cas, même si une petite voix nous dit que c’est sûrement ce que la production a en tête. Alors que Cora et Crochet sont au lac Nostos où elle a ouvert une porte, Emma, Blanche et Mulan surgissent et engagent le combat ! Le début est un peu confus mais le réalisateur trouve la parade avec des duels.

Tourné en extérieur, l’ensemble de la scène emporte l’adhésion par la totale implication de ses protagonistes et une caméra qui bouge sans arrêt pour nous plonger dans la mêlée. Une nouvelle fois, Barbara Hershey nous régale. Elle est filmée comme un cobra tournant autour d’une mangouste. Le combat du capitaine Crochet nous donne l’occasion d’apprécier à nouveau les talents de duettiste de Colin O’Donoghue, même si Jennifer Morrison n’est pas l’opposition du siècle. Dans l’ensemble de l’épisode, l’acteur nous aura également régalé de traits d’esprit qui empêche l’épisode de sombrer dans la noirceur glacée où nage Cora. Dépositaire de tout l’humour de ce monde, l’acteur a l’intelligence de ne pas faire de Crochet un pitre ou un pantin. Le clou c’est la confrontation de la Sauveuse et de la Sorcière.

Telle mère tel fils. Henry a hérité de la combativité d’Emma mais aussi de la bonté d’âme de sa grand-mère. Le voir se dresser devant les deux magiciens pour les sommer de rompre l’enchantement funeste qu’ils ont jeté est sensationnel. Jared Gilmore montre son talent, alors qu’il était en retrait jusque-là et pas tout à fait dans le ton quand il avait appris que sa mère adoptive lui avait menti. Il est crédible devant ces acteurs confirmés et, lorsqu’il les gifle avec « le Bien l’emporte toujours sur le Mal » – souvenons-nous qu’il avait eu un doute la saison précédente – la phrase sonne juste. Aucune faute de la part des deux autres. Immobilisme hiératique pour Rumpelstilskin, tempête et hésitations pour la Reine. Henry trouve l’argument décisif et elle cède. La Reine cède devant un enfant ! Preuve décisive que l’amour est une magie puissante ! 

La porte est ouverte et ce sont Blanche-Neige et Emma qui arrivent. Cette dernière a une jolie phrase à l’égard de son ancienne ennemie : « Votre mère a un sacré caractère » ! C’est dit avec toute l’hésitation que donne la recherche de ses mots et le tact et Jennifer Morrison nous convainc de son naturel. Cora, un « sacré caractère » ? C’est l’euphémisme du millénaire ! La Reine aura sa récompense quand Henry la cajolera sans qu’elle ait sollicité cette preuve d’amour. Lana Parrilla nous touche par sa composition d’une femme tellement émue. Si Cora est un monstre d’orgueil qui recherche le pouvoir parce que c’est la liberté, la Reine n’a jamais cherché autre chose que l’amour. L’une n’a pas de cœur, l’autre l’a eu brisé.

Tout est bien qui finit bien pourrait-on croire. La famille royale est réunie, la joie est revenue, Rumpelstilskin a donné à Emma les explications qu’elle cherchait.

Mais n’a-t-on pas oublié Cora ?

Anecdotes :

  • La reine de cœur est un personnage imaginée par Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles. Cruelle et sans pitié, elle fait couper la tête à ceux qui la contrarie !

  • Lewis Carroll (1832-1898), de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, diacre de l’Eglise anglicane et professeur de mathématiques. C’est pour distraire une petite fille, Alice Liddell, qu’il imagine Alice au pays des merveilles (1865), Alice  de l’autre côté du miroir  (1872). Il publia également la chasse au Snark (1876) et Sylvie et Bruno (1889), tous deux marqués par le nosense. 

  • Alice au pays des merveilles est un film de Disney sorti en 1951.

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10. LE CHANT DU CRIQUET
(THE CRICKET GAME)

 

 

Scénario : David H. Goodman et Robert Hull

Réalisation : Dean White

Résumé : 

A Storybrooke, Regina est accusée de meurtre. Dans le monde magique, la Reine est capturée par Blanche-Neige et le Prince Charmant.

Critique :

Centré sur Regina et ses relations avec le couple princier, cet épisode a de bonnes bases mais, trop verbeux et assez statique, il n’emporte pas complètement l’adhésion.

La seule scène légère de l’épisode est symboliquement placée au tout début : Emma surprend ses parents au lit et, comme Henry est là aussi, ils plaident la « fatigue » mais sont bien amusés de la réaction de leur fille. Jennifer Morrison est impayable avec une Emma qui se la joue moralisatrice parce qu’en fait elle est décontenancée et ne sait pas comment réagir. Eh ! Oui ! Les parents ont une sexualité !

Il faut bien profiter de cet instant lumineux car le reste de l’épisode sera plus dur sans aller jusqu’à la noirceur et c’est dommage car on a le sentiment d’un en-dedans du scénario. Vaincue par les armes et la magie, la Reine est capturée. Charmant se fait le porte-parole de tout un royaume : « Votre règne de terreur vient de prendre fin ». Son sort sera tranché lors d’un débat autour d’une table ronde. Deux conceptions s’affrontent : Charmant préconise la mort, Blanche-Neige la clémence. Ce parti-pris est très juste et parfaitement en adéquation tant avec le conte qu’avec la série. Celle qui a le plus a reprocher à la Reine est précisément celle qui sait pourquoi cette dernière a basculé dans le Mal. Mais ce n’est pas sa culpabilité qui ronge la princesse ; c’est son sens de la compassion. Le pardon est plus grand que la vengeance et, au Moyen Age, c’était une vertu royale.

A Storybrooke, on fête le retour des héroïnes mais voilà que Regina survient ce qui glace l’atmosphère. C’est Emma qui l’a invité à la demande d’Henry. Lui croit qu’elle essaye de changer et Emma a pris le parti de croire son fils. Après tout, Regina lui a sauvé la vie. Ce qui compte aussi c’est le doute exprimé par ses parents et partagé ouvertement par ses anciens sujets. Emma va jouer un rôle clé ce soir-là. D’abord, lors de sa discussion ouverte avec la mère adoptive de son fils. C’est une scène qui fait écho aux confrontations de la saison précédente mais le contexte a changé. La sollicitude d’Emma est aussi une compréhension de la solitude de Regina. Mais Emma a trop parlé et une phrase qu’elle a laissé échapper va servir de point de départ à un drame.

En effet, le lendemain, le corps sans vie d’Archie est découvert dans son cabinet et Scarlett (ou Ruby puisque l’on est à Storybrooke) se souvient voir vu Regina venir chez lui la veille au soir. Le plus intéressant c’est le débat renouvelé entre Charmant qui est convaincu de la culpabilité de Regina et Emma qui n’y croit pas. Pour elle, ses parents connaissent trop bien celle qui fut (et demeure) la Reine. Leur expérience nourrit leurs préjugés. Intéressant d’un point de vue psychologique mais tout cela procède par dialogues et couper la scène de l’interrogatoire par un passage dans le monde magique est un procédé trop bien rodé pour être ici convainquant. Ça manque de rythme.

Dans le monde magique, c’est le jour de l’exécution de la Reine. Le décor est d’une pauvreté affligeante et le réalisateur commet l’erreur de le montrer en plan large trop longtemps au lieu de se recentrer sur le couple royal et sur la victime attachée à un poteau. C’est néanmoins une des scènes les plus fortes de l’épisode. Loin de demander pardon et de confesser ses fautes, la Reine clame haut et fort sa haine de Blanche-Neige et revendique ses actes. Lana Parrilla joue à merveille ce passage difficile et elle convainc par la fougue qu’elle met dans ses paroles. La Reine ne s’abaissera jamais à demander pardon et elle préfère encore mourir debout. Ce qui ne manque ni de panache ni de courage. La Reine ne mourra pas : Blanche-Neige rejette l’exécution. Tuer est un acte sans retour. Voilà qui alimenterait le débat sur la peine de mort mais le soucis c’est qu’on a un peu le sentiment que les acteurs rabâchent leurs arguments et se caricaturent eux-mêmes.

L’enquête que mène Emma et Charmant les amène chez Rumpelstilskin qui préconise d’interroger le témoin du meurtre : le chien Pongo ! Pour cela, il va utiliser un attrape-rêve mais c’est Emma qui le lira pour qu’on ne soupçonne pas une entourloupe de sa part. Tout cela nous rappelle Agatha Christie et son roman Témoin muet où ledit témoin est précisément un chien. La scène vue à travers l’objet magique rend un bel effet et Jennifer Morrison tire la couverture à elle. Elle nous montre une Emma certes dynamique mais pas très à l’aise quand il s’agit de magie. Qu’elle soit allée dans le monde magique (où elle n’a passé que cinq minutes après sa naissance) et préfère ce monde-ci est finalement très logique et se situe dans la droite ligne de l’Emma réaliste de la saison 1. Once upon a time a de la mémoire et structure petit à petit son univers ce qui le rend chaque fois plus intéressant à découvrir. 

Il y a certes des moments meilleurs que d’autres et la libération de la Reine, mise à l’épreuve par Blanche-Neige et qui échoue, est une triste redite et une synthèse inutile de tout l’épisode. C’était prévisible et, malgré un bel éclairage tirant sur l’ocre, la cellule de la prisonnière n’a guère de cachet et seule la conviction des acteurs empêchent la scène de sombrer dans le ridicule. Deux détails émergent cependant. D’abord la sentence de bannissement prononcé par Blanche-Neige. Ginnifer Goodwin montre très justement que, malgré sa déception, la princesse est toujours incapable de haïr bien qu’elle soit loin d’être idiote. Ensuite, si le couple est désormais protégé par un sort magique élaboré par Rumpelstilskin, le maître de la magie rapporte qu’il n’est valable « que dans ce monde ». C’est déjà annoncer la malédiction et l’épisode se termine (presque) au moment où la Reine part pour lancer sa menace.

Le bannissement de la Reine a symétriquement son pendant avec celui de Regina qui n’échappe à l’arrestation qu’en disparaissant. Quand elle verra plus tard Emma raconter ce qui s’est passé à Henry (scène vue à travers l’image dans un rétroviseur, ce qui n’est pas mal fait), elle est en larmes et elle nous touche.

Anecdotes :

  • Dans la culture amérindienne, le piège à rêves ou attrapeur de rêves est un objet artisanal composé d’un cadre généralement en saule et d’un filet. Selon une croyance populaire, il doit empêcher les mauvais rêves de perturber le sommeil de son possesseur. 

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11. LE YAOGUAI
(THE OUTSIDER)

  

Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg

Réalisation : David Solomon

Résumé : 

Dans le monde magique, Belle se lance à la traque d’un monstre  et rencontre Mulan.  A Storybrooke, Crochet retrouve Rumpelstilskin. 

Critique :

Si le segment « storybrookien » est très satisfaisant, celui dans le monde magique n’offre que peu d’intérêt. Périphérique par rapport à la mythologie générale, il ne sert qu’à présenter différents personnages entre eux pour divers épisodes. Intéressant sur la durée mais peu consistant à regarder.

A Storybrooke donc, Rumpelstilskin met au point l’antidote qui lui permettra de quitter la ville sans perdre la mémoire pour se lancer à la recherche de son fils. Cette quête semble montrer que Belle a eu raison de croire qu’il y avait du bon en lui. Le changement et la présence quoi qu’on puisse croire du Bien même chez un monstre est un leitmotiv de cette saison et Émilie de Ravin en est la porte-parole. Avec conviction, l’actrice va répéter cette antienne tout au long de l’épisode sans jamais lasser car elle saura à chaque fois s’adapter aux circonstances. C’est très juste et elle est la satisfaction majeure de cet opus mineur. Robert Carlyle se régale et nous avec. Tantôt dur et cruel (avec M. Mouche par exemple), tantôt tendre (avec Belle) et tantôt furieux et emporté (avec Crochet) : toute la gamme est utilisée sans faute.

Crochet est justement l’autre attraction de cet épisode et si les scénaristes avaient privilégié cette voie « réaliste », l’épisode aurait gagné un melon. Colin O’Donoghue abandonne ici l’humour ironique de son personnage pour en montrer la face obscur ; celle de la vengeance contre le « Crocodile ». Quand il interroge Archie et qu’il lui demande la faiblesse du Ténébreux, Raphaël Sbarge n’a pas besoin de répondre, le montage le fera pour lui et c’est assez astucieux ! Le pirate se montrera très dur aussi avec Belle mais sans cruauté, ce qui le différencie des autres « méchants ». L’acteur a tout juste avec ce choix de jeu. Du coup, le spectateur s’attache à Crochet, personnage complexe, torturé, tortueux aussi, courageux et rusé, charmeur et combattant. Un sacré mélange qu’il faut savoir faire vivre et Colin O’Donoghue y parvient très bien.

Dans le monde magique, Belle a quitté le château de Rumpelstilskin et se laisse convaincre par Rêveur de se lancer à la traque du yaoguai, une créature monstrueuse qui désole la contrée. L’épisode est précisément daté : nous sommes ici entre les deux entrevues de Nova et Rêveur (cf. l’épisode éponyme de la saison 1). La taverne est un décor plutôt réussi même s’il est assez incongru d’y voir quelqu’un y lire ! Belle en l’occurrence. Pas étonnant qu’elle devienne plus tard bibliothécaire de Storybrooke. Les livres vont jouer un certain rôle ici puisqu’ils symbolisent la victoire de l’intelligence et de la culture sur la force brute. Ils se révèlent aussi très efficace pour ensevelir un adversaire comme lorsque Crochet tente de s’en prendre à Belle à la bibliothèque ! Le poids des mots !

Belle est loin d’être une faible femme, on le sait ; elle a une forte personnalité et un certain courage. Il en faut pour tenir tête à Rumpelstilskin. Si Émilie de Ravin est impeccable dans sa fougue, Robert Carlyle offre une belle composition. Il nous montre l’homme le plus puissant du monde magique hésitant, partagé entre différentes émotions et finissant quand même par capituler. Les deux acteurs pourront aussi nous régaler d’une forte scène de ménage haute en couleur et pleine de sentiments. C’est touchant car, au-delà des mots, il y a le profond attachement entre ces deux êtres. Par contre, faute de goût complète quand Rumpelstilskin sort un revolver et le donne à Belle. Voir Robert Carlyle avec une arme est aussi choquant que John Steed dans la même situation. Cette arme aura cependant un triste rôle à jouer à la toute fin de l’épisode.

Dans le monde magique, la traque du yaoguai – la bête est plutôt bien faite – rapproche Belle et Mulan. Impossible par contre de ne pas noter la laideur des décors et le peu de crédibilité de la tanière du monstre. Cette rencontre est aussi l’occasion d’un manifeste féministe pas piqué des vers ! L’association sera fructueuse car elles retrouveront la bête mais l’intelligence de Belle lui permettra d’éviter un drame. En effet, le yaoguai est en fait un homme à qui une sorcière a jeté un sort. On ne révélera pas son identité bien sûr. Disons juste que cet épisode, situé dans le passé du monde magique rappelons-le, se raccorde à plusieurs événements que l’on connaît déjà et en explique un certain nombre. 

Mais c’est à Storybrooke que les choses les plus intéressantes se déroulent. Belle retrouve le bateau de Crochet (pour le coup, les effets spéciaux sont de bonne facture ainsi que le décor représentant le bateau. On a une très bonne sensation d’enfermement très appropriée) et libère Archie. Elle tient tête à Crochet et permet une superbe joute verbale avec Colin O’Donoghue. C’est encore elle qui tire son épingle du jeu lorsqu’elle s’interpose verbalement entre Rumpelstilskin et Crochet.

La scène est violente et on souffre pour Colin O’Donoghue car Robert Carlyle est très convainquant quand il manie sa canne ! « Je me battrai toujours pour lui » clame Belle à un moment. Et on y croit sans mal tant Émilie de Ravin est impeccable.  Un autre segment est à relever. Prolongeant une déclaration des Nains, la question se pose de l’avenir de et à Storybrooke. Blanche veut rester et faire sa vie ici avec sa famille reconstituée quand Charmant voudrait repartir dans leur monde. On en revient à une interrogation du début de saison mais parce que de nouveaux éléments sont apportés au dossier. Un nouvel axe narratif est désormais ouvert.

Le final de l’épisode est très violent, très bien photographié (scène nocturne), brutal dans son déroulement et qui ouvre toutes grandes les vannes de l’incertitude !

Anecdotes :

  • Mulan : 54ème long-métrage d’animation des Studios Disney sorti en 1998. Il est inspiré de la légende de Hua Mulan dans laquelle une jeune fille prend la place de son père trop vieux lors d’une mobilisation.

  • Le yaoguai,  en chinois signifie littéralement « essence démoniaque ». C’est un démon né de la transformation de plantes ou d’animaux et qui ont acquis leurs pouvoirs maléfiques en pratiquant le taoïsme.

  • Le costume de Mulan est en cuir : le textile idéal pour le combat !

  • Jamie Chung/Mulan : actrice et mannequin américaine d’origine sud-coréenne. Au cinéma, on l’a vu dans Dragonball Evolution (2009), dans Very Bad Trip 2 et 3 (2011, 2013), L’homme aux poings de fer (2012). Plus présente à la télévision : Des jours et des vies (2007), Castle (2009), Grey’s Anatomy (2010) et Believe (2014).

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12. AU NOM DU FRÈRE
(IN THE NAME OF THE BROTHER)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Milan Cheylov

Résumé : 

Le docteur Whale hésite à soigner l’inconnu accidenté. Dans son monde, le docteur Frankenstein poursuit ses expériences.

Critique :

L’épisode inutile dans toute sa splendeur. Après le coup de tonnerre de l’épisode précédent, on s’attendait à du lourd et on a un scénario qui tire à la ligne. L’abbé Loisy avait dit que le monde attendait le Royaume et que c’était l’Église qui était venue. Ici, c’est Frankenstein.

Tout le segment se rapportant à Frankenstein est tourné en noir et blanc. C’est classieux mais vieillot et, à nouveau, tous les clichés sont là : château, cimetière, orage, laboratoire, serviteur lugubre. N’en jetez plus ! Pour raccorder quand même cette histoire qui n’a rien à voir avec les contes de fées (même Henry fera la remarque), Jane Espenson fait intervenir Rumpelstilskin (qui, lui, a droit à la couleur ; bonne idée pour le coup). Comme ce dernier ne sait pas ressusciter les morts, il est prêt à financer Frankenstein. On n’est évidemment pas surpris du drame qui frappe peu après le docteur. Reconnaissons tout de même la bonne idée qui consiste à remplacer la créature anonyme du roman par un proche du savant (que ce soit en VO ou en VF, la réponse est donnée dans le titre). La famille reste le thème central de Once upon a time. Le reste est largement une reprise du roman mâtiné d’un renvoi à l’épisode « Le docteur ».

Ce qui se passe à Storybrooke est bien plus intéressant mais n’est pas convenablement traité. Ce n’est pas le sujet central et on a la sensation désagréable que le scénario parle de nombreuses choses sans en traiter aucune à fond ; bref, il meuble les trous béants dans l’histoire de Frankenstein. D’abord, on nous inflige les discussions entre les personnages pour savoir si l’on doit laisser ou non mourir l’inconnu (nommé Greg Mendell) qui a pénétré dans la ville et blessé Crochet (les seuls sourires de l’épisode sont à mettre à l’actif de Colin O’Donoghue mais l’acteur ne fait que passer). Certes, s’il a vu Rumpelstilskin avoir recours à la magie, la situation est grave mais qu’a-t-il vu ? Tout ça manque de nerf. Jennifer Morrison tente de surnager mais demeure limitée : elle se contente de pousser Whale à opérer et son final est peu nerveux. Seul l’interrogatoire de Crochet fait quelques étincelles.  Pire que tout, l’épisode se centre sur David Anders qui n’apporte rien. 

Son interprétation de Frankenstein demeure fadasse. A aucun moment, il ne brillera du feu de la folie qu’exige le rôle du savant. Bien sûr que dans le roman Victor n’est ni fou ni illuminé mais c’est l’image transmise par le cinéma. Qu’on le veuille ou non, Frankenstein est désormais l’archétype du savant fou tel que le jouait Peter Cushing. Si la production voulait revenir au savant d’origine, il ne fallait pas prendre David Anders ! Le pompon est atteint avec les états d’âme du docteur Whale qui se traînent. Sa confession à Ruby est le seul moment où l’acteur parvient à hausser son jeu et à nous intéresser un tant soit peu.

Que de temps perdu avec Whale quand deux autres thèmes bien plus forts nous sont proposés : l’amnésie de Belle et l’arrivée de Cora !

La première commence dès le début de l’épisode. Tourné en nocturne, la scène est pleine de tensions et le drame vécu par Rumpelstilskin est rendu par un Robert Carlyle qui passe en un instant de l’amoureux éploré à l’assassin furieux envers Crochet. Émilie de Ravin est plus en dedans mais elle se rattrape à l’hôpital. La scène de la tasse ébréchée – le symbole de l’amour entre la Belle et la Bête – est brève, intense et d’une terrible cruauté. En fille perdue, terrorisée, l’actrice nous prend aux tripes et l’on ne peut qu’avoir de la compassion pour Rumpelstilskin. Lequel fait le lien avec l’entrée théâtrale et très maîtrisée de Cora. Barbara Hershey est moins flamboyante ici mais cela tient à ce que Cora n’est plus dans son monde. Elle tâte le terrain, assure ses appuis. Venir voir son ancien maître est une belle preuve de sang-froid et du sens stratégique de la Sorcière. Le marché qu’elle lui propose est d’une suprême habileté – en plus de jeter un pont avec la fin de l’épisode – et il ne peut que l’accepter. Elle n’a qu’un but : retrouver sa fille ; ce qu’elle fera avec maestria. Mais le plus beau c’est comment elle retourne Regina. 

Que sa mère lui demande pardon les larmes aux yeux touche en effet la Reine déchue mais elle n’est pas prête à se rendre aux raisons de Cora qui, effectivement, a de drôles de façon de manifester son amour ! Voir ensuite Cora dans une voiture est assez cocasse mais cette phase de comédie n’a pour but que d’introduire la discussion et, là, c’est du velours. Cora maîtrise la rhétorique à la perfection ; elle susurre à l’oreille de sa fille que, tant qu’Emma et ses parents seront vivants, Henry ne sera jamais à elle. Un frisson glacial nous frôle. Enfin, l’épisode donne dans la noirceur et se montre magnifique. Sauf que cela ne dure qu’un instant et nous laisse frustrés et impatients.

Anecdotes :

  • Les adaptations de Frankenstein au cinéma sont nombreuses mais sont loin de se valoir. La Hammer va réaliser une de ses meilleures saga avec Terence Fisher à la réalisation et Peter Cushing dans le rôle du « baron » Victor Frankenstein : Frankenstein s’est échappé (1957, avec Christopher Lee dans le rôle de la créature), La revanche de Frankenstein (1958), Frankenstein créa la femme (1967), Le retour de Frankenstein (1969) et Frankenstein et le monstre de l’enfer (1974).

  • Grégory Itzin : acteur américain, il fut le Président Charles Logan dans 24 heures chrono (2005-2010). On a pu le voir dans beaucoup d’autres séries : Drôles de Dames (1979), Capitaine Furillo (1985), Matlock (1987, 1991, 1992), Marshal et Simon (1991-1992), Code Quantum (1993), Murder One (1995-1996), Le Caméléon (1997), The Practice (1997, 2000, 2002, 2003), Mentalist (2008-2010, 2012). Au cinéma, il a joué dans Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?  (1980), Las Vegas Parano (1998), Evolution (2001), Que justice soit faite (2009), Lincoln (2012). 

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13. LE PETIT GÉANT
(TINY)

Scénario : Christine Boylan et Kalinda Vasquez

Réalisation : Guy Ferland

Résumé : 

Un géant, ramené à Storybrooke, déchaîne sa colère contre la ville. Dans le monde magique, le géant Anton sympathise avec des humains.

Critique :

Un épisode de bonne facture qui s’apprécie mieux la seconde fois. Bien que se centrant sur un personnage secondaire, il permet des perspectives intéressantes qui lancent la seconde partie de la saison.

Le segment dans notre monde s’ouvre sur une perspective inédite : sortir de Storybrooke. C’est ce que font Emma, Henry (qui a décidé de venir) et Rumpelstilskin. Le réalisme s’invite dans la série mais, cette fois, il ne combat plus la magie. Le décor de l’aéroport n’est pas immense pour être celui de Boston mais reste correct. Si Jared S. Gilmore et Jennifer Morrison sont bons, Robert Carlyle est excellent. Le spectateur a un petit sourire en le voyant bien embarrassé par les us et coutumes du monde d’ailleurs. C’est aussi touchant et Jennifer Morrison est à l’unisson lors de la scène du portique. Le passage dans l’avion ressort du comique de répétition car, si la mère et le fils sont en pleine forme, Rumpelstilskin est blanc comme un linge !

Dans le monde magique, le géant Anton est en butte aux moqueries de ses frères. La salle du repas est dans le style médiéval et elle rend très bien. La critique acerbe que fait l’un d’eux des humains résonne sinistrement à nos oreilles. Comment leur donner tort ? Mais Anton n’y croit pas et il descend sur terre. Le palais des géants est très beau et la salle du trésor toujours aussi magnifique. Il y avait longtemps que les décors numériques ne nous avaient pas régalé. Arrivé de nuit – scène très bien mise en valeur – en ville, Anton rencontre le prince James et son amie Jacqueline dite « Jack ». Le costume de cette dernière est bien dessiné et très échancré ; c’est quasiment un trait distinctif des costumes féminins du monde magique. Saluons la très bonne prestation de Josh Dallas qui incarne ici son frère jumeau (mort dans « Le berger », saison 1) et qui est aussi bravache et Dom Juan que Charmant (bel échange comique ultérieurement et au moment idoine bien sûr sur l’état-civil véritable du prince de Storybrooke) est un modèle de rectitude morale. C’est très éculée comme psychologie mais la conviction de l’acteur qui s’amuse à jouer ce personnage canaille emporte notre conviction. Cassidy Freeman est plus limitée et donne davantage dans le suivisme. Les paroles qu’ils échangent avec Anton sont sirupeuses au possible et elles inquiètent. En une image, Josh Dallas nous révèle l’amoralité de son personnage. 

Le passage par la taverne est un lieu commun dans les contes et celle-ci n’est ni pire ni meilleure qu’une autre. La musique, plutôt discrète précédemment, souligne ici à merveille les « câlins » que James et Jack prodiguent à Anton qu’ils emberlificotent avec ingéniosité, le poussant à leur révéler ce qu’ils souhaitent. La naïveté d’Anton est excellemment rendue par Jorge Garcia qui sait rester sobre dans son interprétation et nous faire ressentir de l’empathie pour son personnage. Hélas ! Comme on pouvait s’y attendre, elle aura des conséquences tragiques. Tout d’abord, on reste confondu devant l’arrogance du prince et la façon dont lui et sa maîtresse mettent bas les masques. Josh Dallas incarne sans faute l’absence de vergogne, lui si « charmant » d’habitude. Sans doute une récréation pour l’acteur qui jubile !

Le spectateur attentif se souvient cependant de ce qu’Emma et Crochet avaient trouvé dans la salle au trésor. Crochet justement, il va mieux et doit montrer à Charmant et à Blanche son navire. Ils sont à la recherche d’indices sur l’intention de Cora et découvrent…un géant, ou plutôt une version miniaturisée (taille humaine dirions-nous) : Anton ! Quand celui-ci aperçoit Charmant, il devient furieux et s’enfuit. Malgré la brièveté de ses scènes, Colin O’Donoghue parvient à nous passionner pour son personnage. Crochet est encore mal en point et en position de faiblesse mais il fanfaronne quand même et fait du gringue à Blanche devant son mari ! Il aura plus tard l’occasion de montrer son côté obscur lors d’une rencontre avec Regina.

En retrait sur cet épisode, Lana Parrilla réussit le peu qu’elle a à jouer et montre combien elle aime jouer la Reine, Sa Majesté diabolique. Même absente, Cora imprime sa marque à l’action se déroulant à Storybrooke. Là justement, une autre tragédie est en cours. Belle est en pleine crise d’identité. Émilie de Ravin incarne sans excès un être désormais pathétique, loin de la jeune femme pleine d’espoir et de joie de vivre. C’est poignant, dérangeant comme devant un fou dont la crise peut jaillir à tout moment. Mais ce qui nous inquiète c’est sa réaction de peur panique quand elle évoque la boule de feu qu’elle a vue. Elle réagit comme du temps de la malédiction quand la magie n’existait pas. Face à cela, la pauvre Ruby est bien désarmée mais quelqu’un va se montrer intéressé par cette anecdote…

Lâché sur Storybrooke, Anton est prêt à tout détruire et seule l’abnégation et le courage de Charmant sauveront et la ville et le géant. Lequel comprend qu’il ne peut pas mettre tous les humains dans le même panier. Il a appris ; c’est la leçon fondamental des contes de fées. Passons charitablement sur le côté un brin cocasse de Jorge Garcia courant dans la ville ; on n’y croit guère mais le réalisateur ne s’attarde pas. Guy Ferland réussit à mettre du rythme dans l’histoire. Il gère très bien le côté géant/humain (plongée/contre-plongée). La musique est au diapason. Comme prix de sa reconnaissance, Anton montre un plan de haricot : lequel pourrait permettre à tous les habitants de Storybrooke de rentre chez eux. L’ouverture est très belle et très attirante.

Anecdotes :

  • Jack et le haricot magique est un conte populaire des Cornouailles dont une version est publiée en 1807. C’est la version de Joseph Jacobs dans English Fairy Tales (1890) qui sert aujourd’hui de référence. Le conte a été de nombreuses fois adaptés comme dans Into the Woods (2014). A la télévision, Honor Blackman figure au casting d’un téléfilm diffusé en 2001.

  • Une scène coupée montrait le roi George révélant à Charmant que le géant le confond avec son fils.

  • Pour la salle du trésor, les décorateurs se sont inspirés des temples cambodgiens.

  • Cassidy Freeman/ « Jack » : actrice américaine, a joué dans Cold Case (2008), Les Experts (2010), Vampires Diaries (2012). 

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14. MANHATTAN
(MANHATTAN)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Dean White

Résumé : 

Rumpelstilskin, Emma et Henry sont à la recherche de Baelfire. Dans le pays magique, Rumpelstilskin accomplit son destin.

Critique :

Un épisode ambivalent. Si la partie réaliste est très bien faite, le segment magique est relativement faible.

Ce segment couvre la vie de Rumpelstilskin avant qu’il ne devienne le Ténébreux mais au temps où il vivait avec sa femme Milah. Même avec du maquillage, difficile de rajeunir beaucoup Robert Carlyle. Passons car l’image fugace qui nous est proposé est celle du bonheur conjugal. Quelque chose d’assez rare dans la série ! C’est beau, joué avec entrain même pour la convocation du mari aux armées. Il ne veut pas être considéré comme son père qui était un lâche. C’est ce qui fait la faiblesse de cette partie du scénario. Certes, il comble des trous dans le passé de Rumpelstilskin – Robert Carlyle se montre parfait, tantôt fort, tantôt apeuré, fier, poignant, au final pathétique mais toujours émouvant -  mais tout est très prévisible et l’effet de surprise n’est pas assez ménagé. La révélation de l’avenir se fait par un procédé des plus classiques. Même les éléments horrifiques se montrent moyennement convaincants. Le camp sous la neige n’est pas mal fait mais sans surprise non plus. Seule la révélation finale fera mouche.

A Storybrooke, une conspiration s’ourdit autour d’un séduisant trio de « méchants » : Cora, Crochet et la Reine. Saluons la mise au goût du jour de Cora. La Sorcière a délaissé ses oripeaux trop « monde magique » pour un tailleur noir classique mais de bon ton. La coupe de cheveux est aussi modernisée et l’on se rend compte de ce que Barbara Hershey peut avoir comme classe. Lana Parrilla porte un bel ensemble noir qui fait ressortir son chemisier rouge. Impeccable. Seul Crochet détonne avec sa dégaine de pirate mais ce contraste place bien le personnage, à côté du tandem de la mère et de la fille, pas avec elles. Le vrai but de Cora est dévoilée : elle cherche la dague de Rumpelstilskin pour le contrôler, tuer la famille royale et, dit-elle, rendre Henry à sa fille. « Henry » c’est le mot magique qui désarme toute prévenance chez Regina. Dites « Henry » et lancez n’importe quoi, elle le gobera. Assez exagéré quand même. Le passage par la chambre de Belle serait également assez risible s’il n’induisait pas un élément dramatique qui charge l’avenir.

Le cœur du sujet c’est le voyage d’un autre Trio à Manhattan. Quelques extérieurs brefs, des bruits de circulation et le tour est joué ! Un peu court quand même. Lorsqu’ils arrivent, Baelfire prend la fuite, Emma le course (la poursuite est filmée sans à-coup avec une fluidité et un beau sens du rythme) et le rattrape. Et là, surprise : Baelfire est Neal, son ex ! Jennifer Morrison ne rate pas une de ses scènes majeures : le déballage de son sac face à l’homme qu’elle a le plus aimé, qui lui a brisé le cœur et ôté pour longtemps la faculté de faire confiance. L’échange est tendu car Michael Raymond-James ne laisse pas sa partenaire tirer la couverture à elle ; il défend Neal avec conviction. Jamais veule, il explique, raconte et ne se défile pas. Le bar où ils se retrouvent est un beau décor et l’idée de filmer le couple par-dessus est bonne : le spectateur devient un observateur.

La colère embellit Jennifer Morrison (si c’était possible) ; elle flamboie et n’est jamais grotesque ou ridicule. L’actrice montre une femme qui a trop longtemps contenu tout ce qu’elle avait sur le cœur. Depuis un an, Emma n’a pas été épargnée. Retrouver l’homme de sa vie d’avant mais dans le contexte de maintenant c’est trop pour elle. La décision qu’elle prend est compréhensible et nous laisse embarrassé. Peut-on lui donner raison ? Si non, comment lui donner tort ?

Mais on ne ment pas à Rumpelstilskin et Emma est sur le point de le découvrir (quoi qu’elle ne paraisse pas prête à céder du terrain ; à près tout, on est sur le sien) quand Neal survient dans son appartement que le trio fouillait. L’appartement de Neal est bien arrangé et personnalisé (l’attrape-rêve). C’est un vrai lieu de vie qui existe par lui-même. Ce qui suit est parfois un peu confus mais des secrets sont révélés, des choses sont dites et rien ne sera plus comme avant. Henry est au cœur de ces échanges. Sa généalogie nous étourdit : il est le fils de Baelfire et d’Emma soit le petit-fils de Rumpelstilskin et Milah et de Blanche-Neige et du Prince Charmant ! Sans compter que la Reine est la belle-mère de Blanche-Neige et la mère adoptive d’Henry par la même occasion !! C’est à la fois drôle et sérieux. N’oublions pas que, du coup, Henry devient l’héritier d’un royaume perdu !

Rumpelstilskin, lui, a perdu sa femme parce qu’il a eu peur de perdre son fils. Il a perdu son fils parce qu’il a eu peur de perdre sa magie. Il prétend avoir changé mais il ne montre qu’une face dérisoire de lui-même. Ses arguments sont pathétiques. Aussi puissant qu’il soit, tout devin qu’il est, Rumpelstilskin ne sait pas qui est son fils et ne le comprend pas. Il n’a pas la capacité de le comprendre mais, comme il refuse de se l’avouer, il n’en est que plus triste. Bel échange entre Robert Carlyle et Michael Raymond-James, parfaitement crédible en fils blessé, en homme blessé. Lui a appris et rien oublié. Son père est tels ces nobles de 1814 en France : rien appris, rien oublié. Dérisoire mais tragique. 

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Neal exige et obtient de parler à son fils. Jared S. Gilmore profite de l’espace qui lui a été alloué pour parfaire son personnage. Henry n’est pas que ce petit garçon qui croyait aux contres de fées et connaît le prix de la magie. Il est aussi un petit garçon à qui sa mère a caché la vérité. Ce qu’il balance sèchement à Emma, c’est la pire chose qu’il pouvait lui dire : « Tu es comme Regina. Elle aussi passait son temps à me mentir ». Toutes les justifications du monde pèsent peu face à la déception d’un enfant. Emma le comprend et Jennifer Morrison montre combien son personnage a conscience de sa faute. Signalons un bel effet : pour signifier le rapprochement de Neal et d’Henry, la caméra s’éloigne d’eux.

Anecdotes :

  • Rachel Shelley/Milah ; actrice britannique, on a pu la voir notamment dans la série The L Word (2005-2009). En 2001, elle a participé au téléfilm Jack et le haricot magique, avec Honor Blackman.

  • Absence de Meghan Ory et Émilie de Ravin. Dans une scène coupée, Meghan Ory avait une scène dans laquelle elle venait dire à Charmant et Blanche que Greg Mendell se rétablissait.

  • Colin O’Donoghue promu acteur principal.

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15. UN POISON NOMMÉ CORA (THE QUEEN IS DEAD)

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Scénario : Daniel T. Thomsen et David H. Goodman

Réalisation : Gwyneth Horder-Payton

Résumé : 

A Storybrooke, beaucoup de monde cherche la dague du Ténébreux. Lequel est en mauvaise posture à New York.

Critique :

Splendide rétablissement de la série après un passage moins glorieux. La tension et l’émotion ne quittent jamais cet épisode, bien aidé par une mise en scène alerte et une musique très appropriée. Sans compter de beaux numéros d’acteurs.

L’histoire se déroule sur trois scènes : le passé du monde magique, Storybrooke et Manhattan mais chacune interagit avec les autres, si bien que nous n’avons pas cette sensation d’histoires indépendantes qui peut agacer. L’épisode s’ouvre sur une belle scène : la préparation de l’anniversaire de Blanche-Neige, qui est ici encore jeune et assez chipie. Sa mère la réprimande et lui tient un langage…très républicain pour le coup, ou disons démocrate. Mais elle a un brusque malaise. C’est faire son miel du début du conte originel qui n’explique pas comment meurt la mère de Blanche-Neige (dont on apprendra d’où vient son nom). A Storybrooke, le jour de son anniversaire, Mary Margaret reçoit de la part d’une certaine Johanna le diadème que sa mère voulait lui offrir. Leurs retrouvailles sont un joli moment en extérieur et qui profite d’une météo fraîche mais ensoleillé ; ce qui va bien avec la chaleur que montrent les personnages. Là encore cependant, le serpent n’est pas loin.

A New York, l’atmosphère n’est pas particulièrement gaie non plus : les enfants refusent de parler à leurs parents ; lesquels ont du coup une « discussion d’adultes » plaisante sur la forme mais profonde sur le fond. Avec son acuité coutumière, Rumpelstilskin perce les ambigüités dont Emma se berçait. La situation paraît virtuellement bloquée quand Crochet survient brusquement et poignarde le « Crocodile » avec son crochet empoisonné ! La scène est brutale, brève, et limpide à suivre. Comment sauver Rumpelstilskin ? L’immortel est en danger de mort puisqu’il n’est plus dans un univers magique ! La réponse est aussi simple que la solution est complexe à mettre en œuvre. En revanche, ce crime rapproche Neal de son père et les révélations qu’il fait sur son passé interrogent Emma. Elles prendront tout leur sens ultérieurement. On assiste à plusieurs beaux numéros d’artistes. Colin O’Donoghue n’a que deux scènes brèves mais il les réussit avec brio. Cette fois, pas de fanfaronnade, aucun humour (c’est tout à fait approprié) mais la noirceur du pirate avide de vengeance dont la haine déforme les traits. De son côté, Jennifer Morrison montre un côté moins glorieux de la Sauveuse qui cherche à se convaincre avec un raisonnement jésuite qu’elle n’a cherché qu’à protéger Henry en lui mentant. La seconde comparaison avec Regina est là-aussi très appropriée. Emma retrouve de l’allant quand l’action se profile. L’actrice a bien compris que son personnage n’est pas une contemplative !

Dans le monde magique, la mère de Blanche-Neige est au plus mal. La musique est ici douce, émouvante. On note que le décor, qui sera celui des appartements de la Reine plus tard, paraît moins sinistre. Il y a plus de couleur et de lumière. Excellent moyen pour souligner la différence entre les deux souveraines qui se succèderont. Le scénario a l’habileté de jouer sur un lieu commun : le recours à la magie quand les moyens humains sont impuissants. Blanche-Neige se rendra dans la forêt trouver la fée bleue (toujours habillée par les déchaînés de la mode alternative). Son costume bleu clair dans cette forêt obscure, filmée de nuit, avec une lumière bleutée magnifique ressort superbement et donne à tout ce moment un halo d’étrangeté. La fée est impuissante sauf si Blanche est prête à recourir à une magie « interdite » (comprenez : noire).

C’est poignant, résolument bouleversant et très fort car c’est nous-mêmes qui sommes interrogés à travers la fillette. Bailee Madison a nettement amélioré son jeu (ou elle est mieux dirigée) par rapport à « Daniel » et c’est très appréciable dans un moment comme celui-là. Blanche refusera et sera félicitée par sa mère mourante. La mort de la reine est une belle scène sans pathos dont la tragédie s’entend dans une musique d’une profonde tristesse.

Pas le temps de s’apitoyer car l’heure est grave à Storybrooke. Pour tenter d’empêcher la Reine et la Sorcière de s’emparer de la dague de Rumpelstilskin, Mary Margareth et David la cherchent aussi et la trouvent. Sans surprise sur ce coup-là, c’est précisément alors que Cora et Regina surviennent. A nouveau, un choix est proposé à Blanche-Neige. Une fois encore, elle choisit le bien mais, encore une fois, elle ne récolte que l’amertume de la défaite. C’est une succession de moments forts d’une grande violence psychologique. Le cynisme tranquille de Cora (merveilleuse Barbara Hershey à qui le tailleur va très bien) est éprouvant et stupéfiant. Son machiavélisme éclate et il est d’autant plus frappant que Cora ne triomphe pas exagérément. Elle a la victoire « modeste » ; même sa propre fille en paraît gênée.

Les révélations qui lui (nous) sont assénées sont d’autant plus percutantes qu’elles sont inattendues ! Le final est déstabilisant : Blanche-Neige se demande si faire le bien n’est pas trop coûteux. « Tout ce que je veux, c’est une fin heureuse », assène-t-elle a un Charmant très mal à l’aise et qui tente en vain de la ramener à plus de compassion. Cette discussion, très dure faite dans un beau jardin et sous un soleil froid, fait écho à une autre, entre Mary Margaret et Regina plus tôt : « On m’a toujours appelé la Reine. C’est vous qui avez ajouté « méchante » à mon nom » dit cette dernière, qui ne cache pas son amertume et combien elle est désabusée. Elle a voulu changer et qu’en a-t-elle récolté ? Dans les deux cas, et particulièrement dans le deuxième, c’est d’autant plus terrifiant que c’est digne. La dernière réplique fait, elle, extrêmement peur.

Anecdotes :

  • Un titre français particulièrement stupide. Le menu du DVD en VF écrit même « Un poisson nommé Cora ».

  • Rena Sofer/Eva : actrice américaine, peu vu au cinéma mais à la télévision dans Hôpital Central (1993-1998), Friends (2002), NCIS (2010), Cover Affairs (2010-2014).

  • Absence de Meghan Ory et Émilie de Ravin

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16. LA FILLE DU MEUNIER
(THE MILLER’S DAUGHTER)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé : 

Rumpelstilskin est sur le point de mourir. Dans le monde magique, il rencontre la jeune Cora et lui donne goût à la magie.

Critique :

Un magnifique épisode qui sublime Cora dont on comprend les motivations et les ressorts puissants qui l’ont animé depuis tant d’années. Le choix de Rose McGowan pour incarner Cora jeune est amplement justifié par la conviction que met l’actrice à jouer cet être qui a juré un jour qu’il ne plierait plus jamais le genou. En plus de cela, elle est magnifique et, coup de bol, ce sont des modistes attentionnés à la mettre en valeur qui ont confectionné sa garde-robe.

Deux brèves scènes au départ vont poser le décor, notamment psychologique de Cora dont celle d’une paysanne subissant le mépris des Grands. Dans le rôle du roi, Joaquim de Almeida réussit une composition sans faute. Véritablement royal dans son maintien, il en impose sans exagération. A ses côtés, le prince Henri et une princesse Eva (mais n’est-ce pas le nom de la mère de Blanche-Neige ?) sont absolument quelconques et c’est tant mieux car c’est tout ce qu’on leur demande. Le bal qui suit est aussi réussi que celui de Cendrillon (saison 1) à ceci près que l’actrice est d’une autre trempe. Cora a réussi à s’introduire masquée. Les décors sont somptueux, les costumes magnifiques et la musique enjouée. Le spectateur a droit à une seconde scène entre le roi et Cora dont les échanges rythment l’épisode. Chacun a lieu à un moment clé et aucun bavardage n’a cours. Chaque phrase fait sens parce que chacune a une conséquence pratique importante. Pas dupe, il l’a repéré et ses mots cinglants (« Tu n’as rien à nous offrir que de la paille ») sont prononcés avec la distance qui sied. Pas de mépris mais l’affirmation de la hiérarchie. Fouettée par cette affirmation, Cora s’emporte et sa déclaration selon laquelle elle peut changer la paille en or, même si on peut admirer le cran qu’elle manifeste, ne lui vaut que les rires méprisants de la Cour. Le roi lui met un marché en main : elle réussit et épouse le prince ou elle échoue et meurt. Rose McGowan ne faiblit pas ; elle parvient à nous prendre avec elle et à nous faire partager ses émotions. Qui voudrait qu’elle échoue ?

Tout le monde est revenu à Storybrooke mais Rumpelstilskin ne va pas mieux. Pour survivre, il n’y a qu’une solution et il la souffle à Mary Margareth. Ce qu’il lui dit est terrifiant et leur échange est d’une rare noirceur. On se pince pour y croire mais, après le final de l’épisode précédent, on est plus qu’enclin à croire que cela est possible. Ginnifer Goodwin se montre parfaite : dure, en colère, manipulatrice (oui ! la douce institutrice !) et, finalement, honteuse. Pour protéger la boutique, c’est Emma qui doit lancer le sort ! Comme celle-ci ne semble pas comprendre, Rumpelstilskin use avec elle du ton du maître avec l’élève et ça marche ! Jennifer Morrison nous montre une Emma satisfaite mais aussi qui semble avoir apprécié ce qu’elle a ressenti. Visiblement, la magie, on y prend goût.

Ce qui est exactement ce qu’à ressenti Cora quand, venu dans sa prison, Rumpelstilskin lui offre un marché. On a un autre aperçu de la force de caractère de la jeune femme : plutôt que de laisser faire, elle veut apprendre. Le magicien semble apprécier cette fougue. Un détail cependant dans cette scène surprend : Cora sait lire. Comment la fille d’un pauvre meunier aurait-elle pu apprendre ? Petite facilité scénaristique qu’on pardonne aisément à Jane Espenson tant son scénario est impeccable. La leçon que Rumpelstilskin professe est magistralement mise en scène : c’est violent, sensuel, âpre ; le tout éclairé par un feu de cheminée aux couleurs infernales. Le conseil final est à la hauteur de ce moment : « Ne t’arrête pas avant de les avoir tous mis à genoux ». Quand elle réitère son prodige devant le roi (qui tient parole), nulle joie chez elle mais l’orgueil de celle qui a réussi à faire taire les rires. Cora avouera ne pas aimer son époux mais semble sincère quand elle dit chercher l’amour. 

Cora a-t-elle jamais aimé ? Elle n’a cessé de dire à sa fille qu’elle l’aimait et c’est ensemble qu’elles attaquent la boutique de Gold sur une musique menaçante. Le combat qui suivra sera d’une belle intensité. On sourit un instant devant le trio armé d’épées face aux deux magiciennes. Ils veulent se battre pour les gens qu’ils aiment.  « L’amour est une faiblesse » avait dit le roi à sa belle-fille. Sa perspicacité face à cette dernière nous donne des sueurs froides car, nous ne donnions pas cher de la vie de cet homme. Contre toute attente, il lui offre un marché et elle l’acceptera. Elle choisira le pouvoir plutôt que l’amour.

Confusément, Regina le sait et elle doute du bien-fondé des déclarations de sa mère. La voir désirer plus de pouvoir encore n’est pas pour la rassurer mais c’est justement la soif de reconnaissance et d’amour de Regina qui causera la perte de la Sorcière. Entretemps, Rumpelstilskin aura fait sa confession à Belle par téléphone et c’est splendide, bouleversant tant la sincérité éclate chez ce menteur patenté qui serre les dents pour que son dernier souffle ne parte pas trop vite. La sobriété qu’ont alors Michael Raymond-James et Jennifer Morrison est précisément ce qui convient et l’on ne peut qu’être touché. D’émotion, il en est encore question lors de l’ultime face à face de Cora et de Rumpelstilskin. Mais sa main est brutalement arrêtée ! Après un bref instant, Cora défaille et elle meurt dans les bras de sa fille.

Oui, Cora aimait sa fille.

Anecdotes :

  • Rose McGowan/Cora jeune : actrice américaine, née à Florence en Italie, surtout connue pour avoir jouée dans Charmed (2001-2006). Depuis 2013, elle figure au casting de Chosen. Au cinéma, elle est apparue dans Scream (1996), Le Dahlia noir (2006), Boulevard de la mort/Planète terreur (Tarantino/Rodriguez, 2006-2007).

  • Joaquim de Almeida : acteur portugais, polyglotte, a la longue carrière internationale. On l’a vu ainsi dans Les deux Fragonard (Le Guay, 1989), Le Masque de Zorro (Campbell, 1998), Capitaines d’avril (Maria de Medeiros, 2000), Che- 2ème partie (Soderberg, 2006), Fast & Furious 5 (Lin, 2011). A la télévision : 24 heures chrono (2003-2004), Mentalist (2012), Revolution (2014).

  • Le titre fait écho à une parole prononcée par Cora dans l’épisode précédent.

  • Absence de Colin O’Donoghue

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17. BIENVENUE À STORYBROOKE
(WELCOME TO STORYBROOKE)

Scénario : Ian Goldberg et Andrew Chambliss

Réalisation : David M. Barrett 

Résumé : 

En 1983, un père et son fils campaient là où apparut soudainement Storybrooke. De nos jours, la Reine veut sa vengeance.

Critique :

Un épisode bien meilleur quand on le regarde une seconde fois car on perçoit toutes les choses importantes qui vont survenir et le pourquoi de bien des choses. Pour aller de l’avant, il est parfois nécessaire de revenir en arrière.

L’épisode compte deux segments l’un dans le passé et l’autre dans le présent. La structure est classique dans la série sauf qu’ici les deux scénaristes ont l’idée géniale de faire de Storybrooke le centre de toute l’action. On assiste ainsi à la naissance de la ville. L’idée de l’orage nocturne est un peu banale mais la scène est brève et surtout centré sur un père et son fils venu camper. Qu’il y ait eu des témoins à l’apparition d’une ville qui n’existe pas est une idée brillante d’autant qu’elle ne sera pas couplée à une montée de l’étrange comme un banal film d’horreur. L’essentiel sera réaliste et c’est bien là l’originalité.

Nous assistons au lever royal et le pyjama de soie de « Regina Mills », maire de Storybrooke est très beau et la met bien en valeur, moins toutefois que la chemise de nuit ultérieure qui est d’un sexy. La joie l’illumine : elle a réussi ! Voici le lien entre les deux parties de la série que l’on voyait jusqu’alors : le passé dans le monde magique et Storybrooke la contemporaine. Nous comprenons aussi ce que Storybrooke pouvait avoir de faux : c’est la même journée qui recommence encore et encore sauf pour Regina.

Cette réitération n’est pas lassante car la mise en scène est très fluide et surtout l’expression de Lana Parrilla se modifie insensiblement à mesure que la lassitude la gagne. Aussi va-t-elle accueillir plutôt bien (car on ne change pas un caractère !) Kurt et Owen, le père et le fils que le shérif Graham lui amène. Elle ira même jusqu’à les inviter à dîner. Oui, la vie d’une Reine que ses sujets révèrent et craignent est bien triste. Que nous sachions ce qu’elle a fait et combien elle peut être cruelle ne nous empêche pas de ressentir de la sympathie pour elle. C’est une femme seule et malheureuse et Lana Parrilla est magnifique dans chacune de ses scènes. Parfois mise de côté cette saison, elle saisit cet épisode dont elle est la vedette pour montrer tout l’étendue de son talent. En face, John Pyper-Ferguson se défend très bien. Il incarne un veuf qui aime son fils et ira jusqu’au bout pour lui. Il apporte un brin d’humour ponctuellement, ce qui souligne par contraste la grande tristesse qui habite l’épisode. Lequel trempe dans la pluie et le brouillard. On dira que le climat de la Colombie-Britannique aura su inspirer les scénaristes !

Le dîner sera l’occasion d’une double discussion à cœur ouvert qui peuvent paraître anodine mais qui auront une importance capitale. La première pose le diagnostic partagé de ce qui rapproche Kurt et Regina. Tous deux voulaient partir pour changer de vie mais « à quoi sert d’avoir une nouvelle vie si l’on n’a personne avec qui la partager » et Owen dira à Regina qu’elle serait une bonne mère. L’idée sera gardée pour la saison suivante mais dans l’immédiat c’est un engrenage qui se met en place. Esseulée, Regina redevient brièvement la Reine pour empêcher Kurt et Owen de partir mais elle se fait surprendre par Kurt ! 

Il s’en suit une course poursuite à voiture inusitée dans la série mais David M. Barrett saisit l’occasion tendue pour tourner une belle scène d’action tonique et bien rythmée. Dommage que la musique manque cruellement d’originalité, à ce moment comme tout du long de l’épisode d’ailleurs. On n’échappe pas à la Reine se dit-on alors mais le scénario nous réserve une belle surprise. La Reine – ou plutôt Regina – fait preuve de mansuétude. Le zoom arrière nous donne alors à voir une femme détruite.

Le second segment est plus court, plus anecdotique aussi sans doute et moins original car reprenant un schéma plus classique : la Reine contre la « famille royale ». Enterrant sa mère dans son caveau, elle est folle de chagrin et elle veut tout : sa vengeance et Henry. Sa vengeance est quelque part en court car Mary Margareth est malade de ses actes. Tellement malade qu’elle désirera mourir mais subira pire encore. Regina a retrouvé un sort qui oblige quelqu’un à aimer quelqu’un d’autre. Rumpelstilskin prévient Emma, David et Henry. C’est Jared S. Gilmore qui sauve ce que ce moment pourrait avoir de convenu. La douleur qu’exprime le jeune acteur est poignante et nous laisse dans l’expectative. Il ne veut rien de moins que faire disparaître la magie de Storybrooke ! Pour cela, il a une idée explosive ! Regina l’empêchera de réussir mais voilà que David, Emma et Neal surviennent et à nouveau la confrontation est sur le point d’éclater. On reste par contre à nouveau dubitatif sur l’efficacité d’un revolver contre une boule de feu. C’est bien la tension que les acteurs parviennent à mettre qui crédibilise cette scène et, là encore, l’intervention d’Henry qui s’interpose. Il est l’enjeu et il le sait. Il obtient d’ailleurs que Regina renonce à son sortilège. Pas de faute dans le jeu de Jared S. Gilmore. « La magie abîme tout » s’écrie-t-il avec une colère d’autant plus touchante qu’elle est emplie de chagrin. S’il est parfait, ses « parents » sont plus en dedans. 

Un dernier élément existe en filigrane et il est lourd de menace pour l’avenir.

Anecdotes :

  • Retour de Jamie Dorman pour cet épisode.

  • John Pyper-Ferguson/Kurt : acteur canadien d’origine australienne, on a pu le voir dans X-Men l’affrontement final (2006) mais plus souvent à la télévision : Brisco County (1993-1994), MilleniuM (1997-1998), Les Experts (2000, 2010), Brothers & Sisters (2006-2007), Terminator : Les chroniques de Sarah Connors (2009), Grimm (2012).

  • Absence d’Émilie de Ravin et Colin O’Donoghue. C’est aussi le dernier épisode dans lequel joue Meghan Ory. Bien que créditée comme actrice principale jusqu’à la fin, l’actrice n’apparaîtra plus, partie tourner la série Intelligence.

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18. SINCÈRE, ALTRUISTE ET COURAGEUX
(SELFLESS, BRAVE AND TRUE)

Scénario : Robert Hull et Kalinda Vasquez

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé : 

Frappé par la douleur alors qu’il séjourne en Thaïlande, August cherche un guérisseur et le trouve à Hong Kong. Ce qui se passe ensuite a des conséquences à Storybrooke.

Critique :

Un épisode décevant, languissant dont tout l’intérêt est de poser les jalons de la fin de saison.

Centré sur August Booth alias Pinocchio, l’épisode suit deux axes : dans le passé d’August à Hong Kong et maintenant à Storybrooke. Il éclaircit le récit qu’il tint à Emma dans « La promesse de Pinocchio » mais plusieurs éléments ne convainquent pas. D’abord, il n’y a aucun passage dans le monde magique, ce qui est difficile à avaler. Ensuite, la mise en scène éclate le récit en saynètes mal reliées et prive l’épisode de tout rythme. Enfin, les décors de « Hong Kong » sont d’une tristesse et d’une laideur infâme et n’ont aucune crédibilité quand ceux de Storybrooke sont platement fonctionnels.

Maintenant à Storybrooke, Neal annonce à Emma que Tamara, sa fiancée, vient le rejoindre et il veut qu’elles discutent ensembles ! C’est pathétique et les comédiens le sentent bien, ne se bougeant pas vraiment pour nous intéresser. Le petit déjeuner pris en commun avec Henry est d’une banalité insipide et le récit de la rencontre Neal/Tamara sans intérêt. Pendant ce temps, Mary Margareth soigne sa dépression en tirant à l’arc et, sans qu’on comprenne bien comment, elle a l’idée d’aller voir plus loin et tombe sur une caravane abandonnée dans laquelle croupit August redevenu un pantin de bois ! C’est sa véritable apparence puisqu’il n’a pas été sincère ! Pour le coup, le dialogue entre Eion Bailey et Ginnifer Goodwin rehausse subitement le niveau car il est lourd de tous ce qu’ils ont sur le cœur, de l’espoir dont ils ne se défont pas quoiqu’il leur fasse mal. Au milieu d’un épisode bavard, c’est une brève étincelle de sincérité.

A Hong Kong, August est amené devant un curieux homme baptisé le Dragon et qui peut soigner beaucoup de maux que la médecine scientifique ne parvient pas à guérir. Surprise, il connaît l’identité de Booth ! Mais ce que cette révélation pourrait avoir d’intéressant est piraté par une mise en scène lourde ; le mouvement de la caméra est lent et routinier. Visiblement, le réalisateur est lassé de cette figure de style pour filmer les dialogues. 

Pourtant, c’est là-bas qu’August va rencontrer Tamara ! Soudain, le personnage devient intrigant. Si elle est venu voir le Dragon, n’est-ce pas parce qu’elle croit à la magie contrairement à ce qu’elle a déclaré avec véhémence à Neal ? Néanmoins, encore une fois, c’est plat et la mise en scène bassement fonctionnelle. On sait ce qui va se passer et pas grand-chose ne vient casser le sentiment de lassitude qui gagne petit à petit le spectateur. Plus l’épisode avance et plus on le trouve long et interminable.

La seconde rencontre entre Pinocchio et l’étrange Tamara se déroulera à Storybrooke. Elle lui offre de sauver sa peau contre son départ mais refuse de dire ce qu’elle est venu réellement faire. Franchement, à ce moment-là, on s’en fiche pas mal. Sonequa Martin-Greene est vraiment la seule à croire à cet épisode et elle incarne Tamara avec une belle énergie mais elle est impuissante devant la réalisation quelconque, un scénario qui n’en finit plus d’agoniser et une musique absente (seule exception, la séance de tir à l’arc sur fond de rock !).

Si Tamara tombe le masque devant August (mais pas devant Neal), Greg Mendell fait de même devant Regina mais c’est celle-ci qui le démasque : il est Owen ! De la tension se dit-on ? Que dalle oui ! La scène tourne court car Sa Majesté se la joue Emma-de-la-saison-1 avec des répliques bassement réalistes mais il ne la croit pas (nous non plus d’ailleurs) et c’est tout. Lana Parrilla n’y peut pas grand-chose, d’autant qu’Ethan Embry n’est pas d’un charisme mirobolant et qu’il commence à lasser. Qu’il fasse quelque chose, de mal sans doute mais qu’il fasse quelque chose ! Le pire reste la mort du Dragon tuée par Tamara. La scène, là encore, partait bien mais elle fait pschitt et nous laisse incrédules devant tant d’impéritie et de naïveté scénaristique ! Cet homme pratiquait la magie et il est assassiné par un Taser !!

Eion Bailey aura l’occasion de dynamiser la fin de l’épisode mais sa « mort » puis sa métamorphose en un « vrai petit garçon » parce qu’il aura réussi à être « sincère, altruiste et courageux », si ce sont de jolis moments d’émotions, restent superficiels. Que Tamara finisse par dire qu’elle croit finalement à la magie permet juste de passer à la suite et d’espérer un peu plus de magie justement !

Anecdotes :

  • Tzi Ma/le Dragon : acteur américain né à Hong Kong. Il a joué dans Le Pic de Dante (1997), 24 heures chrono (2005-2006 et 2014).

  • Sonequa Martin-Greene/Tamara : cette actrice américaine est surtout connue pour ses rôles dans The Good wife (2009-2011) et The Walking Dead (depuis 2012).

  • Retour de Eion Bailey.

  • Absence de Robert Carlyle, Émilie de Ravin et Colin O’Donoghue

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19. LACEY
(LACEY)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Milan Cheylov

Résumé : 

A Storybrooke, Belle retrouve la mémoire…mais ce n’est pas la sienne ! Dans le monde magique, on découvre les premiers temps de la vie de Belle chez Rumpelstilskin

Critique :

Beau redressement de la série avec cet opus centré sur le couple Émilie de Ravin/Robert Carlyle qui, par des effets de symétrie bien connus mais ici pleinement maîtrisés, se (re) découvrent.

La première scène est trompeuse mais finement jouée par un passage dynamique de la gaité au drame sur fond de cauchemar. Frappant et inquiétant. Le lien avec ce qui a précédé nous rappelle que ce « problème » est toujours en suspens.

M. Gold rejoint Belle à l’hôpital ; ils ne s’étaient pas parlé depuis le moment où il s’était confessé (« La fille du meunier »). Ces retrouvailles sont marquées du sceau de la tendresse avec une musique douce et agréable. On est loin des crises d’hystéries des débuts de sa maladie. S’il nie l’avoir guéri, il passe un marché avec elle et la fleur bleue qui sommeille en nous s’émeut. Sauf que Regina passant par là jette un sort à la belle ! L’explication entre les deux magiciens tourne à l’avantage de la Reine. Lana Parrilla, en dehors du fait qu’elle arbore une tenue très élégante et sexy, rayonne d’une joie malfaisante. C’est grinçant, plein d’ironie et de fureur rentré. La seule solution pour briser la malédiction paraît hors d’atteinte. Par contre, un fait surprend : cette dernière scène se déroule dans le bureau de Regina. Visiblement, elle est toujours maire de Storybrooke !

Dans le passé, nous sommes aux premiers jours de la présence de Belle comme servante de Rumpelstilskin (« La Belle et la Bête »). Elle se lamente sur son sort dans une prison qui fait tristement décor. On passe vite dans la grande salle bien connue, qui, elle ressemble furieusement à un décor numérique. Ce qu’elle est d’ailleurs ! Un archer tente soudain de voler une baguette magique mais est capturé. La scène est dynamique et ouvre l’arc narratif propre à cet épisode. Si le nom de l’archer n’est révélé qu’à la toute fin, il ne faut pas être grand clerc pour le découvrir. Heureusement, cette « révélation » est purement anecdotique. Les relations entre le maître et la domestique n’en seront plus que tendues et ça ne s’arrangera pas quand elle libèrera l’archer voleur qui subissait des tortures. On ne félicitera pas vraiment les maquilleurs qui ont été plutôt légers sur le maquillage justement, d’autant que Tom Ellis manque de panache et est moyennement convainquant sur ce passage-là. Dernier détail embarrassant : l’image est floue dans la grande salle. Un défaut déjà présent dans la saison précédente. Par contre, Émilie de Ravin nous régale par la conviction qu’elle déploie pour composer une Belle courageuse et loyale.

L’épisode reprend un arc ouvert par « Le petit géant » quand Blanche et Charmant emmène Emma jusqu’à un champ de haricots magiques dissimulés par la magie et que cultive Anton. Si le climat est à la bruine et le chapeau d’Emma atroce, tout ce passage est à la fois plein d’entrain et même d’humour tout en gardant une note d’émotion. Ces haricots permettront aux habitants de regagner leur monde dont l’épopée d’Emma et Blanche a montré qu’il existe toujours, au moins partiellement. L’explication entre les parents et leur fille est brève mais touchante car si le couple veut partir, Emma n’est pas prête à les suivre. Nous n’aurons pas ici la réponse mais une tension vient de s’ajouter. D’autant que Regina, qui n’était pas dans la confidence, va découvrir le champ. Le sort qu’elle a jeté à Belle a conféré à celle-ci une autre personnalité, celle d’une certaine Lacey qui est l’antithèse de Belle ! Normale puisque c’est celle dont la malédiction aurait dû la doter (sans qu’on comprenne vraiment pourquoi ce ne fut pas le cas) : celle d’une femme légère qui porte des tenues provocantes, joue au billard de façon aguichante et consomme beaucoup d’alcool ! Le décor du « Rabbit Hole » est précisément le style que l’on attend du « lieu chaud » de Storybrooke, même si sa soudaine apparition est un peu facile. Le visage consterné de Gold est épatant et nous arrache un sourire embarrassé mais voir le maître de la magie craint de tous totalement perdu est un spectacle rare ! Robert Carlyle n’avait pas encore joué de cette corde sur son arc mais il est pleinement convainquant. Gold a été tellement touché par ce qu’il a vu qu’il va demander un (nouveau) conseil amoureux au prince charmant !

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C’est finement joué. D’un côté, Robert Carlyle, gêné aux entournures et de l’autre Josh Dallas, qui restitue le passage entre l’incrédulité ironique et la bonté intrinsèque de son personnage. La mise en œuvre de la stratégie nous offre une scène hilarante entre Gold et Lacey (qui aime le hard rock !) qui accueille avec causticité sa demande de rancard. Les scénaristes nous gratifient en prime d’une citation croustillante : « Dom Juan n’était rien avant de passer un contrat avec moi » affirme Gold ! On est plié !! Et cela ne va pas s’arranger pour nous avec le dîner qui s’ensuit et qui est totalement désastreux. L’entendre dire qu’elle ne comprend pas pourquoi les gens ont peur de lui est ahurissant. Émilie de Ravin met une énergie canaille qui nous convainc aisément. Il est certain qu’elle a bien dû s’amuser à jouer cette version alternative de son personnage. Tout comme Robert Carlyle qu’on a rarement vu aussi pesant. Gold est complètement dépassé, ce qui n’a pas dû lui arriver souvent !

Le final de l’épisode est un régal avec la conclusion absolument symétrique et dissemblable des deux segments. Rumpelstilskin fait montre de compassion envers le voleur (même s’il le nie, on a son honneur quand même !) et donne du cachet à ses scènes dans une forêt qui en manque singulièrement. Ça ne donne pas envie de découvrir la Colombie-Britannique à la saison des pluies ! Belle est ici tendrement moqueuse ; c’est probablement à ce moment qu’elle tombe amoureuse de Rumpelstilskin. Tout comme Lacey quand elle voit Gold se déchaîner dans un accès de rage sur un pauvre type qui ne méritait pas ce qui lui arrive mais qui paye pour toutes les couleuvres que Gold a dû avaler. Le plus beau c’est que cette conclusion, superbement amenée avec une belle maîtrise de la narration, est complètement logique mais qu’elle nous surprend quand même !

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Anecdotes :

  • Première référence à Robin des bois.

  • Tom Ellis, qui incarne Robin ici, sera plus tard remplacé par Sean Maguire.

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20. LA MÉCHANTE REINE
(THE EVIL QUEEN)

Scénario : Christine Boylan et Jane Espenson

Réalisation : Gwyneth Horder-Payton

Résumé : 

Dans le monde magique, la Reine change d’apparence pour comprendre pourquoi personne ne l’aide à traquer Blanche-Neige. A Storybrooke, Regina songe à détruire la ville !

Critique :

Un épisode de bonne facture quoique le segment storybrookien soit plus faible que celui dans le monde magique.

A Storybrooke, une alliance se noue entre Greg, Tamara et le capitaine Crochet. Lequel va ensuite proposer une autre alliance à Regina ! Pour son grand retour dans la série, Colin O’Donoghue ne se manque pas et compose un pirate véritablement agent double ! Ce dernier a bien appris auprès de Cora dont il fait un éloge funèbre assez surprenant. De son côté, Regina a découvert ce que Charmant et Blanche veulent faire d’elle et elle ne songe à rien de moins qu’à détruire Storybrooke ! Par contre, les scénaristes commettent à nouveau l’erreur de faire dépendre les plans de la souveraine d’autrui. Elle a besoin d’un objet caché sous la bibliothèque et elle trahit Crochet pour qu’il lui laisse le temps d’agir. C’est recycler des éléments de la saison 1 (encore un monstre même s’il est assez réussi) et c’est vraiment abuser. Par contre, le décor de la grotte est plutôt bien fait et le dynamisme que Gwyneth Horder-Payton insuffle à sa mise en scène ajoutée à des effets spéciaux convaincants, rend la scène vivante et très intéressante à suivre. Mais Regina devra payer le prix de sa trahison.

Dans le monde des contes, la Reine ne comprend pas pourquoi les villageois ne l’aident pas à trouver Blanche-Neige et elle s’en ouvre à Rumpelstilskin. Très ironique, il semble essayer de le lui faire comprendre mais elle paraît ne pas saisir. Si la scène jouit d’une belle photographie, elle sonne étrangement. La Reine est-elle stupide ou aveugle ? C’est gênant : le scénario semble vouloir rogner sur son intelligence pour l’amener à vouloir changer d’apparence afin de se fondre dans le peuple et comprendre. Le procédé est classique (Louis XI semble l’avoir utilisé) mais ici il est amené plutôt maladroitement comme si Christine Boylan et Jane Espenson savaient où elles allaient mais pas quel chemin prendre. Toujours est-il que Regina devient une paysanne. Sauf qu’elle ne se montre vraiment pas douée comme agent infiltré et ne devra son salut qu’à l’intervention de Blanche-Neige ! Ce passage est ridicule tellement il est bête. Était-ce la peine de faire de Sa Majesté un être puissant, intelligent et rusé pour tout envoyer promener d’un coup ? C’est choquant et révoltant ! De qui se moque-t-on ? Décidément, cet épisode multiplie les scènes téléphonées. C’est d’autant plus dommage que Lana Parrilla est impeccable tout du long même si elle surjoue lorsqu’elle « grille » sa couverture. A scène peu convaincante jeu outrancier.

Storybrooke compte une autre partie : les soupçons qu’Emma conçoit à l’encontre de Tamara à l’issue d’une rencontre brève mais assez drôle. L’ex blonde de Neal et l’actuelle brune se font un grand concours de politesse et de sourires qui nous en arrache un ! Pour Emma, c’est de Tamara qu’ils doivent se méfier. Là, le scénario vise juste en faisant de la Sauveuse la soupçonneuse car il est facile de penser que ses soupçons viendraient d’une jalousie et d’une volonté de se remettre avec Neal. Jennifer Morrison retrouve des couleurs et imprime une grande conviction à son personnage avec juste assez d’exagération pour laisser place à l’incrédulité. 

Monter une opération secrète avec Henry (« l’opération Mante Religieuse » ! C’est James Bond à Storybrooke !) permet aussi à l’actrice de se placer sur le registre de l’émotion dans lequel elle est excellente. La déception d’Emma lorsque ses recherches se révèlent vaines est vraiment bien rendu et l’actrice nous place dans une position très inconfortable quoique passionnante : nous savons que Tamara est une « méchante » mais rien ne le prouve. Regina impuissante sur ce coup, il ne reste plus qu’Emma pour sauver Storybrooke une nouvelle fois !

Le sauvetage de la Reine par Blanche-Neige permet toutefois plusieurs scènes importantes. D’abord, le sauvetage lui-même bénéficie d’effets spéciaux très corrects et d’un combat bien chorégraphié. Ensuite, tout le passage de la maladie de la souveraine est rendu intéressante par un jeu de la caméra tantôt proche tantôt à distance des actrices et ce passage dans la forêt se fait en extérieur et permet de respirer. La conversation de Blanche et de celle dont elle ne comprend pas tout de suite qu’elle est son ennemie jouit d’un bon rythme et la marche des personnages scande la fine étude psychologique que Blanche-Neige fait de la Reine. Ginnifer Goodwin sait parfaitement rendre la bonté intelligente de son personnage. Aucune naïveté chez elle mais la conviction que le bon est présent chez chacun et peut donc se révéler. Lana Parrilla compose en retour une Reine qui semble ébranlée par ce discours. Mais soudain, la situation bascule ! Un charnier apparaît brusquement sous nos yeux et un lent mouvement de caméra, entrecoupé de passages centrés sur les actrices, permet de découvrir petit à petit l’horreur du spectacle. 

La scène est pleinement crédible et la déception de Blanche est poignante : elle renie ses paroles mais c’est aussi de la tristesse que l’on entend quand elle dit qu’il est trop tard pour la Reine. Cela aurait pu être parfait, même la confrontation entre les deux ennemies, si la révélation de l’identité de Sa Majesté n’avait pas procédé d’une nouvelle faute de celle-ci incapable de contrôler sa langue. Lana Parrilla rattrape par son jeu en finesse ce que la scène pourrait avoir de convenu mais c’est un peu facile et irritant tout de même.

Toujours est-il qu’elle tire les leçons de son aventure et c’est Caligula qui résume le mieux sa philosophie désormais : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent ! »

Anecdotes :

  • Ethan Embry/Greg Mendell : acteur américain, on l’a vu dans Arabesque (1994), Dragnet (2003-2004), Brotherhood (2006-2008), Docteur House (2010), Les Experts : Miami (2011).

  • Absence d’Émilie de Ravin

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21. DEUXIÈME ÉTOILE A DROITE…
(SECOND STAR TO THE RIGHT…)

Scénario : Andrew Chambliss et Ian Goldberg

Réalisation : Ralph Hemecker

Résumé : 

En quittant le monde magique, Baelfire se retrouve dans le Londres victorien. A Storybrooke, Neal découvre la vérité sur Tamara.

Critique :

Centré sur Michael Raymond-James, cet épisode comble quelques lacunes chronologiques et recentre la série sur sa composante « magique ».

On est tout d’abord quelque peu désarçonné lorsque Baelfire, après s’être séparé de son père (« Le bon fils ») tombe dans le Londres victorien. Mais, ce ne sera qu’un décor pour planter l’action qui commence très vite. En tenue de David Copperfield, notre jeune ami (Dylan Schmidt est très bon), entre dans une demeure bourgeoise parce qu’il meurt de faim. Il y rencontre la jolie Wendy Darling dont la famille l’adoptera. La maison est numérique, correcte mais sans plus et la fenêtre, souvent ouverte, ne donne pas sur grand-chose de réel. C’est mieux fait qu’à l’époque des Avengers certes mais ça ne va pas plus loin.

A Storybrooke, la « famille royale » comprend que Regina a été enlevée. Cela renforce les soupçons d’Emma à l’encontre de Tamara. Sur ce coup, voir Emma et Charmant l’arme au poing (encore une fois) est dérangeant, en plus d’être ridicule. Regina aurait été là, pensaient-ils l’impressionner avec leurs pétoires ? Le réalisme dessert par trop la crédibilité de l’histoire. En outre, on comprend l’agacement de Neal devant les soupçons de son ex, d’autant que Jennifer Morrison est un peu en dedans. L’actrice ne fait pas assez ressortir la jalousie de son personnage ; vrai moteur de ses soupçons. Pour retrouver Regina, pourquoi ne pas faire appel à son vieil ami Rumpelstilskin ? C’est là aussi agaçant de revoir cette facilité : un problème, un sortilège. Robert Carlyle la joue à l’économie. Il est bien meilleur avec Émilie de Ravin, toujours en Lacey provocante et qui va même suggérer à son soupirant une idée qui nous effraye au plus haut point !

Le cœur de l’épisode concernant la partie dans le passé de Baelfire est révélé une nuit lorsque Wendy lui parle d’une ombre magique. Le moment est sérieux et l’incompréhension grande entre les petits Anglais (Wendy a deux frères) et Baelfire concernant la magie. Si Dylan Schmidt ne va pas assez loin dans le registre de l’émotion, son « témoignage » est poignant et toute la scène est troublante. Malgré ses mises en garde, Wendy part avec l’Ombre pour le Pays Imaginaire dont c’est la première mention. Ce lieu est connu de part Disney mais ce qui intéresse c’est cette ombre et donc le travail narratif auquel la série soumet cet élément. L’envol de Wendy donne lieu à des effets spéciaux corrects et à une douleur de Baelfire très bien rendue.

Douleur aussi pour Regina. La Reine est soumise à la torture par Greg et Tamara pour qu’elle révèle où est le père de Greg. Enfin, Ethan Embry nous montre quelque chose d’intéressant. La douleur qui anime son personnage depuis son enfance le rend cruel et vindicatif envers celle qui a brisé sa famille. Le décor de l’entrepôt est d’un classicisme achevé mais le réalisateur ne s’y attarde pas. Il préfère complaisamment nous montrer les appareils de torture électrique. C’est peu original certes mais c’est efficace et l’on souffre avec Regina qui fait montre d’un beau courage. Au fur et à mesure que le temps passera, Lana Parrilla rendra sans trembler les supplices qu’endure son personnage. La musique nous aide aussi à nous mettre en condition ! Le sort de Gold « connecte » Blanche à Regina : elle va donc souffrir également et Ginnifer Goodwin réussit à nous mettre mal à l’aise. Nous sommes également interpellés par la mention de « données » recueillies pour un mystérieux « QG » par les amants diaboliques. Leur mission paraît aussi incroyable que crédible.

Décidément, ce scénario est riche même si tout ne sera pas exploité ici. Scénario qui a aussi l’habileté de ne pas en rajouter dans la relation Neal/Emma. Il n’y a pas redite avec l’épisode précédent et l’aveu de sa souffrance pour avoir abandonné Emma est un fantastique moment d’émotion (qui bénéficie en plus d’un bel extérieur avec cette baie qui ouvre sur la mer). C’est profond, touchant et dit avec une sobriété douloureuse. Michael Raymond-James nous prend à la gorge et Jennifer Morrison donne à la réponse d’Emma une force certaine. Le couple se reforme pour venir en aide à Regina. Le décor est bien mieux rendu avec une pénombre et une lumière bleutée qui nous plonge grâce à une réalisation tonique dans l’action. C’est dans ce lieu que Tamara tombe le masque. Le sentiment d’abandon, de trahison de Neal nous saute au visage. 

Abandon, c’est ce qu’à ressenti Wendy sur l’île du Pays Imaginaire. La nuit, les enfants regrettent leurs parents mais l’Ombre ne les laisse pas partir. Wendy a pu le faire parce qu’elle est une fille. Freya Tingley, qui a su rendre le caractère enjoué et chaleureux de Wendy, parvient à nous communiquer sa peur. Peur, qui chez le spectateur, se conjugue à de nombreuses questions. Que veut cette Ombre ? Qui est-elle ? Nous ne le saurons pas même lorsque Baelfire se sacrifie pour protéger les garçons Darling. Le vol du jeune garçon est un superbe moment et un des meilleurs effets spéciaux de toute la série. Nous traversons Londres d’abord au raz des cheminées (slalom très dynamique !) puis nous prenons de la hauteur jusqu’au Ciel. Mais Baelfire n’arrivera pas jusqu’au Pays Imaginaire parvenant à s’échapper.

S’échapper, Neal n’y parviendra pas. Malgré un beau combat entre Tamara et Emma très convaincant, la traîtresse se fait la belle en jetant un haricot magique : le passage qui s’ouvre est fatal au jeune homme. Son violent éclairage vert émeraude et son apparence de maelström donne à ce vortex une crédibilité et une réalité certaine. Seule la chute de Neal est exagérée. Il aura cependant eu le temps d’entendre Emma confesser qu’elle a besoin de lui et qu’elle l’aime toujours. Jennifer Morrison est parfaite dans ce registre de l’émotion tragique et sa douleur est la nôtre. Le pire est pourtant encore à venir quand Regina, sauvée par Blanche et Charmant (et on comprend sa douleur aussi !), confesse ce qu’elle avait l’intention de faire et, surtout, qu’elle n’a plus le contrôle de la situation ! Storybrooke est en sursis !!

Anecdotes :

  • Freya Tingley /Wendy Darling : actrice australienne, vue dans Hemlock Groves (2013) et R. L. Stine’s The Haunting Hour (2014). Au cinéma, dans Jersey Boys (2014).

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22.  …ET TOUT DROIT JUSQU’AU MATIN
(…AND STRAIGHT ON ‘TIL MORNING)

Scénario : Edward Kitsis et Adam Horowitz

Réalisation : Dean White

Résumé : 

Storybrooke est sur le point de disparaître. Autrefois, dans le monde magique, Crochet rencontre Baelfire.

Critique :

Comme de coutume, l’épisode compte deux segments : la destruction programmée de Storybrooke et la rencontre entre Crochet et Baelfire. Ce second segment est moins dynamique mais il permet d’approfondir la psychologie du capitaine pirate et de poser les enjeux de la saison suivante.

Dès le départ, Crochet sait qui est Baelfire mais il se taira et mentira aux Enfants Perdus qui le cherchent. Ce moment est rendu nerveux par le côté inquiétant des « Enfants », par la nuit et sa lumière sépulcrale ; ce qui fait oublier la fausse mer et donc la maquette sur laquelle jouent les acteurs. C’est à ce genre de détail qu’on voit les bons comédiens. Baelfire s’intègrera bien allant jusqu’à révéler son passé au capitaine qui sait admirablement tirer les vers du nez. Néanmoins, la caméra surprend le trouble de Crochet à la suite de ces révélations. Il en sait long pour se venger mais est-il touché par l’ouverture qu’a manifesté le jeune garçon ? La question reste posée car Baelfire rompra avec Crochet. Tout au long de l’épisode, il nous sera donné de voir le talent de Colin O’Donoghue tourner à plein. Nous connaissions Crochet charmeur, courageux, hâbleur, rusé ; l’acteur joue bien aussi sur le registre de la sensibilité, de la détermination bien sûr mais aussi le sens de la justice. Le capitaine pirate ne s’intéressait qu’à ce qui pouvait servir ses propres intérêts et ce fut le moteur de ses actions jusqu’à présent mais le personnage évolue et se complexifie pour notre plus grand plaisir.

La perte d’un être cher peut conduire un individu aux pires extrémités. La mort supposée de Neal/Baelfire assomme Gold qui est prêt à mourir même si la ville doit mourir avec lui ! Robert Carlyle est somptueux dans ses scènes d’émotion. Il sait monter en puissance, faire ressentir le choc puis rendre la sensation que le sol se dérobe sous ses pieds. Il aura une autre occasion de nous prendre à la gorge lorsque Lacey redevient Belle. Symboliquement, la personnalité qui devait prendre place dans la ville disparaît avec le théâtre sur lequel elle devait se produire. La tasse ébréchée joue à plein son effet de « madeleine de Proust » en reliant les moments, en abolissant la distance pour que les sensations se développent. C’est vraiment émouvant et Émilie de Ravin y met du sien. Non seulement, elle joue une femme  heureuse de retrouver son « véritable amour » mais qui peut réconforter Rumpelstilskin. Ne pas se sentir seul lorsqu’on est en deuil est absolument essentiel.

Storybrooke doit mourir car le dispositif a été activé par les deux « méchants » de cette fin de saison. Greg et Tamara n’ont pas la classe de Cora mais l’obscurité de leurs desseins ajoutés à leur fanatisme en font des êtres effrayants d’étrangeté. L’activation du diamant produit un bel effet bleuté et on oublie le caractère artificiel des galeries de la mine. D’autant que Crochet fait merveille avec sa désinvolture. Désinvolture qui est un leurre car le beau capitaine n’a pas l’intention de mourir avec Storybrooke et, avec la promptitude qui le caractérise, il se rallie au camp loyaliste ! Colin O’Donoghue pimente un moment qui était extrêmement dur : la Reine peut ralentir le processus et permettre aux habitants pour fuir. Henry, né dans ce monde, n’a rien à craindre mais le jeune garçon ne veut pas rester seul et sa douleur nous étreint. Pour récupérer les haricots magiques, Crochet et Charmant font équipe – ce qui est un bref moment cocasse - et la rencontre avec Greg et Tamara donne lieu à une situation alerte, violente avec une poursuite pas mal faite dans le décor de l’usine qui s’y prête bien ; le tout assorti d’un éclairage dur et d’une musique enlevée. On se régale !

L’émotion est au plus haut quand Regina confesse à Emma que ralentir le processus la tuera. Dans un clair-obscur à peine adoucie par la lueur bleu du diamant (techniquement, c’est le saphir qui est bleu ), celle que tout le monde prend pour un monstre désire se sacrifier pour Henry : « Laissez-moi mourir en étant Regina » demande-t-elle à une Emma que l’émotion rend muette. Lana Parrilla et Jennifer Morrison renouvellent avec brio les rencontres Regina/Emma. Au-delà de leurs différences, toutes deux rendent comptent de ce qui rapprochent leurs personnages. Henry sera d’ailleurs leur sauveur. Disons-le : Jared S. Gilmore a progressé dans son jeu. L’obstination qu’il donne au refus d’Henry de voir mourir sa « mère » est bouleversant et décisif. Blanche-Neige presse Emma de tout faire pour sauver Regina alors que la raison voudrait qu’ils s’en aillent. Jennifer Morrison est excellente dans ce bref moment où Emma est tentée de vivre et de laisser mourir la Reine. Il est extrêmement troublant de voir les anciens sujets opprimés se liguer pour ne pas laisser mourir leur ancien tyran. La surprise de la Reine en les voyant tous venir l’aider est d’une grande sincérité. La mort les frôlera de près et Emma osera dire « Maman, Papa » à ceux à qui elle a eu du mal à pardonner son abandon. Et c’est dans un moment désespéré qu’elle parviendra à tous les sauver. L’union fait la force !

Mais, pas le temps de souffler car Henry a été enlevé par Greg et Tamara ! On passera sur la maigre vraisemblance de leur présence dans la mine pour profiter du dynamisme qui porte le scénario de Kitsis et Horowitz. Les paroles échangés par ce couple diabolique n’ont pas beaucoup de sens en elles-mêmes mais elles font écho à divers brefs moments de ces derniers temps et l’on ne peut être que très inquiets pour Henry. Surtout lorsque le trio s’échappe par la porte ouverte par le dernier haricot !

Les habitants de Storybrooke (ville qui, décidément, a la vie dure !) sont bien proches de céder à la colère et au désespoir quand, soudain, Crochet qui s’était fait la belle, revient sur ses pas ! Façon de parler bien sûr puisqu’il est en bateau ! Il met ledit bateau à leur disposition. Belle devant rester pour protéger la ville (qui n’aura plus de maire ni de shérif), le Jolly Rodgers emmène donc la famille royale, la Reine et le Crocodile (une paix froide est signée entre anciens ennemis mortels) au Pays Imaginaire. Une fin enlevée, dynamique et qui nous plonge d’emblée dans la suite !

Anecdotes :

  • Les titres des épisodes 21 et 22 indiquent le chemin menant au Pays imaginaire de Peter Pan

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