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 saison 6 saison 8

Dr House

Saison 7


PRÉSENTATION DE LA SAISON 7

Considérée comme la plus faible de la série, la saison 7 nécessite une analyse plus détaillée. Les raisons de son désamour sexpliquent en partie par lévolution de la vision de la série par ses auteurs. Une nouvelle vision qui déconcerta la majorité des fans.

Le changement le plus important est que pour la première fois depuis le début de la série, son moteur narratif nest plus les cas médicaux, relégués au second plan, mais les personnages. La conséquence est que malgré quelques exceptions, les énigmes médicales plus fades ne servent plus quà meubler entre deux intrigues « personnelles ». Dr.House perd ainsi une bonne partie de son ADN à se rapprocher des séries médicales traditionnelles, comme Urgences, mais sans en égaler la maîtrise chorale. Un plus grand nombre de happy end sincères va aussi diluer un peu de la noirceur qui fait le sel de la série.

Un autre changement est le premier départ de Numéro 13 (Olivia Wilde) à la fin de lépisode 7.01, et qui durera jusquà lépisode 18. Elle sera remplacée par Martha M. Masters (Amber Tamblyn), une étudiante à lintelligence phénoménale, mais dont lidéalisme candide et les valeurs morales rigides, encore plus extrêmes que celles de Cameron, vont irriter House mais aussi la majorité des spectateurs. Enfin, le traitement antiromantique de la relation House-Cuddy post-coïtum ulcéra les fans du Huddy, tandis que ses détracteurs grognèrent de voir du temps consacré à ce couple. House va découvrir les joies et (surtout) les peines de la vie de couple : il nest plus le misanthrope amer quon connaît, mais un amoureux plein despoir, plus « faible ». Certes, il demeure dune causticité cynique, mais ce changement neut pas les faveurs de laudience.

En réalité, le dernier point a été soigneusement calculé par David Shore. Le Huddy qui senfonce peu à peu est en fait une démonstration sous nos yeux de lincapacité de House de maintenir une relation de couple stable. Maître en psychologie humaine, il narrive pas à appliquer ce savoir à lui-même, et ne va pas cesser de blesser sa petite amie par des maladresses édifiantes. La série accroît son pessimisme, en démontrant que House est inapte à lamour. Le macrocosme qui en découle est une réflexion désabusée sur lincompréhension mutuelle entre les deux parties dun couple (confirmée par le naufrage des ménages Taub et Wilson). Leffondrement du Huddy sera conduit avec une précision minutieuse et crédible, et avec une intensité omniprésente, tout comme la fin du couple Taub. Après leur rupture, les auteurs dépeignent House comme un homme croyant triompher de son malheur en lignorant via des expédients au lieu de le combattre. Mais cette frustration rageuse sera impossible à réprimer, et finira par exploser dans les deux derniers épisodes avec une sauvagerie inattendue. Psychologiquement, les auteurs sont des maîtres, et chaque personnage, au cours de la saison, va suivre une évolution dramatique complexe mais brillante. Les thèses de la série sur la nature humaine restent majoritairement très sombres.

Martha Masters, quasi caricature de candide, fut généralement mal reçue par le public. Pourtant, elle est plus intéressante quil ny paraît : elle est paradoxalement le personnage le plus proche de House car défendant la valeur « Vérité » jusquau bout des ongles. Son intelligence aiguë est telle quelle surclasse aisément ses collègues masculins, preuve de louverture desprit de la série. En effet, la méthode Masters (absence de mensonge, gentillesse) va se révéler aussi efficace que la méthode House, un sacré culot ! Masters va surtout incarner la femme fidèle à ses principes, que les actions amorales quelle sera forcée de commettre ne vont pas détruire, à la différence de Cameron tombée sous linfluence de son chef. Amber Tamblyn joue avec réussite ce personnage très difficile.

En bref, une saison dont les histoires ont du mal à convaincre, mais dont la valeur réside dans les personnages et leurs relations, et dans son évolution dramatique calculée.

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1. ON FAIT QUOI MAINTENANT ?
(NOW WHAT?)




Scénario : Doris Egan
Réalisation : Greg Yaitanes

- Tell me something I don't already know about you.
- I used to have an intimate relationship with a photograph of you. Well, actually, a sock and a photograph.

Après leur nuit commune, House et Cuddy décident de rester ensemble toute la journée. Mais Richardson, le seul neurochirurgien de l’hôpital, est gravement malade ; et sans lui, l’inspection du travail se verrait obligé de fermer le service urgences de l’hôpital. House et Cuddy voulant rester tranquilles, l’équipe de House doit trouver tout seul la maladie de Richardson, pendant que Numéro 13 s’apprête à partir pour Rome (aux Etats-Unis) pour essayer un traitement expérimental...

Lourde tâche que de produire un épisode qui suit celui évoquant le « passage à l’acte ». Pour se donner le temps de réfléchir, la série retarde son choix en proposant une mise en abyme : pour la première fois, House nage dans le bonheur durant une merveilleuse journée, loin de sa misanthropie, de sa haine du quotidien et de lui-même, et de sa solitude oppressante. House et Cuddy s’isolent du monde, font chacun une expérience : il apprend son éducation sentimentale, elle exprime enfin son amour. Doris Egan, dont on a jamais pu prendre en défaut ses scénarios au sein de la série, nous dit hélas adieu, mais pas sans nous livrer un splendide chant du cygne. L'épisode est faussement léger, car notre couple, après avoir nié leurs sentiments, tente pareillement de nier l’éphémère de leur bonheur. Cette belle journée est sans cesse traversée d’ombres. Par un intelligent parallélisme, Egan compose une histoire secondaire drôle mais la corrode par les secrets de Numéro 13 : c'est un épisode dramedy par excellence.

L’introduction est LA scène : Malgré leurs pudeurs renommées, Hugh Laurie et Lisa Edelstein assurent la scène d’amour avec assez de conviction, somptueusement filmée par Greg Yaitanes. Mais comme nous sommes dans Dr.House, le romantisme est cassé par la réplique post-coïtale de Greg, à mourir de rire ! Il est touchant de voir House et Cuddy vivre dans leur petit paradis. House se montre drôle et émouvant par de petites maladresses ; drôle car cela occasionne des gags, émouvant car peu accoutumé au bonheur, il tente encore une fois de « rationaliser » sa relation avec Cuddy. Sa "malédiction" qui l'empêche d'être "humain" est que son cerveau logique ne peut s'empêcher d'analyser ses émotions, même dans les moments de bonheur. Comme il a perdu l’habitude des relations saines avec les femmes, il a de plus des réactions d’ado - répliques scato en rafale - plus amères que comiques. Les concours de vannes restent, mais la tension est remplacée par un amusement pétillant, un beau miroir. Pourtant, le romantisme n’est pas absent. La scène du scrabble par exemple est un tendre moment, la personnalité de House rend sa petite déclaration sympathique alors qu’elle aurait été niaise avec quelqu’un d’autre. Les comédiens s’amusent, et nous aussi.

On applaudit aussi la prouesse de la scénariste qui sème progressivement des pointes dramatiques. L’intervention de Wilson, pour aussi comique qu’elle soit (coups de téléphone à répétition, passage en force par la fenêtre...) a comme conséquence un rappel à l’ordre de Cuddy : House voulait lui révéler sa relation uniquement pour le rassurer sur son état psychologique, qui sans elle aurait été catastrophique suite à la tragédie de Help me. Mais Cuddy veut que House assume ses sentiments : s’il veut officialiser sa relation avec elle, cela doit venir de lui, et non sous la pression de Jimmy. La scène finale fait grimacer : l’euphorie est retombée et House sait très bien qu’il va tout faire foirer. Comment Cuddy va-t-elle pouvoir supporter House, consciente qu'il ne changera jamais ? Les dialogues sont d’une grande puissance, et le happy end de façade est balayé par le plan final, plein d’incertitude et de doute.

Les scènes d’hôpital parviennent à nous intéresser en périphérie. Foreman et Chase s’amusent à barboter le courrier de Numéro 13, qui nous offre tout le long de l’épisode un hilarant catalogue de mimiques exaspérées. 13, fidèle à sa réputation de « big bowl of secrets », essaye de cacher les raisons de son départ, avant que l’indiscrétion générale de ses collègues la mettent devant le fait accompli… du moins le croit-on car le cinglant twist final rebat les cartes, et termine l’épisode dans la tristesse. Avant ce revirement, l’épisode nous aura bien fait rire, notamment lorsque Chase tente de la séduire par la méthode directe (Will you have sex with me ?).

L’intrigue médicale ne sert que de McGuffin au problème posé par la maladie du neurochirurgien. Elle a quand même son lot de comédie (le patient défoncé à l’acide) et de suspense (les menaces de l’inspecteur). Acteurs au top, réalisation élégante, scénario profond, subtil, décalé, et divers : cette saison 7 ne pouvait pas mieux commencer.

 

Infos supplémentaires :

- Changement de générique pour la première fois : suppression de Jennifer Morrison, ajout de Peter Jacobson et d’Olivia Wilde. Ironiquement, Wilde disparaît de la série dès l’épisode suivant et ne reviendra pas avant l’épisode 7x18 The dig avant de prendre définitivement congé dans le 8x03 Charity case, ne revenant que pour les deux derniers épisodes de la série. Le départ de l’actrice s’explique par son souhait de jouer dans des productions grand écran.

- L'épisode contient peu d'acteurs, neuf en tout.

- L'assistante de Cuddy est devenue un assistant.

- Première fois que l'équipe soigne un membre de l'hôpital qui n'est pas un personnage principal.

- Chase a fait un stage de neurochirurgie à Melbourne. Lui et 13 savent jouer aux échecs.

- Wilson dit de nouveau la catch-phrase de la série : Everybody lies.

- Cet épisode se situe au lendemain de l’épisode précédent. C’est la première et dernière fois qu’un début de saison de la série se déroule juste après la fin de la saison précédente.

- La chanson de l’épisode est Good days de Joe Purdy.

Acteurs :

George Wyner (1945) est un des acteurs de télé les plus prolifiques des Etats-Unis. Surtout connu pour avoir été Irwin Bernstein dans 48 épisodes de Capitaine Furillo, sa filmographie pléthorique comporte - outres quelques films - Columbo (épisode Subconscient), Hawaï police d’Etat (épisode Effet d’optique), Drôles de Dames (épisode Kelly entend des voix), Kojak (épisodes Mauvaises actions et Le cheval de Troie), L’homme de fer (2 épisodes), M.A.S.H, L’agence tous risques, L’homme qui tombe à pic, Dr.Doogie, Notre belle famille, Code Quantum (épisode Futur boy), La loi de Los Angeles, Mariés deux enfants, Arabesque, Walker texas ranger, NYPD Blue, The Practice, Malcolm, A la maison blanche, Nip/tuck, Stargate SG-1 (épisode Prométhée), Mon oncle Charlie, FBI portés disparus, Boston Justice, Bones, Urgences (2 épisodes), Desperate Housewives, Mentalist (3 épisodes chacun), Glee, Touch, Des jours et des vies (14 épisodes), etc.

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2. ÉGOÏSTE
(SELFISH)


Scénario : Eli Attie
Réalisation : Dan Attias

- Now, how would you describe the exact nature of the relationship ?
- Have you ever seen Wild Kingdom ? Those insects that rip their partners' heads off after copulating.

Della, 14 ans, s’écroule pendant qu’elle jouait avec son grand frère Hugo, un handicapé qui n’a plus que quelques années à vivre. L’aggravement de son état va contraindre ses parents à trancher un dilemme horrible. House et Cuddy se rendent compte que leur relation met à mal leur objectivité, compliquant davantage la situation…

Eli Attie s’aventure sur un terrain prévisible : on se doutait bien qu’une fois ensemble, House et Cuddy allaient avoir quelques problèmes d’objectivité. Mais le scénariste exploite justement au maximum cette situation grâce à un tourbillon d’incertitudes que ni l’éthique, ni la morale, ni le bon sens ne peuvent arrêter, la fin laissant un tenace goût de malaise. Ce conflit d’intérêts est au cœur d’un passionnant cas. Le cas secondaire donne un contrepoint d’humour bienvenu, et Taub est toujours régalant en commentateur.

Partageant le même lit, House et Cuddy doivent compartimenter les rapports professionnels et ceux plus personnels, et éprouvent quelques difficultés. House ne parvient plus à passer outre les ordres de Cuddy, lui obéissant dès qu’elle n’est pas d’accord. Il cherche donc une fuite en essayant de ne la voir qu’au lit. Il faut que Wilson remette les choses en place pour que House se rejette à nouveau dans la bataille. Piétinant ses propres principes moraux, House se nie, nous fait mesurer combien son nouveau bonheur, curieusement, est en train de le détruire. Cette rééducation sentimentale est décidément plus douloureuse que l’on croit.

Cuddy, qui supervisait House tant bien que mal, perd les pédales. Pour la première fois, elle n’arrive plus à prendre des décisions. Dans la scène-pivot, Cuddy sait que House prend la mauvaise décision, mais l’encourage quand même dans cette voie. House ressent instinctivement que Cuddy se ment à elle-même, mais lui-même a la vue brouillée et confirme son mauvais choix. Lorsque la lucidité leur revient, le réveil est brutal. Elle est maintenant plus attachée à House qu’à son travail. Elle aussi, son nouveau bonheur lui apporte bien du négatif car lui ôtant sa qualité principale : l’autorité. Il n’y a que dans Dr.House où les beaux sentiments ont un revers aussi dur. Et il n’y a que dans Dr.House où on est soulagés par des disputes violentes. Ainsi, lorsque House ose enfin l’ouvrir sur ce qu’il pense vraiment du cas, Cuddy, d’un avis contraire, s’emporte contre lui, et c’est parti pour une des plus folles enguelades de la série. Mais cette enguelade, justement, est l’espoir qu’ils n’ont pas perdu toute leur objectivité. Une bouffée qui fait du bien après les présages de Taub, plus Cassandre que jamais. Hugh Laurie et Lisa Edelstein ont rarement été aussi alchimiques l’un l’autre.

Le cas médical remporte l’adhésion avec deux adolescents d’une maturité surprenante. La série aime ce genre de patients, et le duo Della-Hugo rivalise d’amour fraternel débordant. Parce qu’elle sait que son frère ne vivra pas longtemps, Della ne vit que pour lui. Son sacrifice est un coup de poignard, mélodramatique dans le plus beau sens du terme. Elle s’interdit également de souffrir car aurait honte de ses petites douleurs face au calvaire de son frère. Finalement, elle est égoïste par amour : elle se prend pour un Messie, veut jouer à la femme forte alors qu’elle est si fragile. Elle impose à son frère d’être sa protectrice, alors que ce dernier est ravagé par la culpabilité d’être toujours dépendant d’elle. Et c’est cet égoïsme qui est bien près de la tuer. La sublime réponse d’Hugo, qui se sacrifie à son tour, est un des plus beaux actes d’amour que le petit écran nous a présenté. On est touchés par la performance bouleversante des jeunes Alyson Stoner et Cody Saintgnue, qui font de ce cas un des plus beaux de la série.

L’humour irrigue pourtant cet épisode sombre, car House ne renonce ni aux traits d’esprit vachards ni aux sous-entendus sexuels  - la scène chez le DRH enchaîne 10 gags à la minute - Ou encore la manière qu’a Cuddy de prouver à Wilson qu’elle est désormais avec House (non, pas par un baiser, c’est plus drôle !). Wilson, bien sûr, ne voit déjà que les emmerdes qui se profilent à l’horizon. Mais House, totalement heureux, le rembarre à chaque fois. C’est la couverture comique de la série que l’on voit ici : l’insouciance des personnages avant la douche froide. Les dialogues entre House et Taub étincellent tout autant - la vanne du cul bureaucratique est irrésistible. Eli Attie a un talent énorme pour les dialogues. 

Le cas secondaire est un festival : un père de 102 ans demande à House de le faire partir en maison de retraite pour « libérer » son fils… sans savoir que son fils ne demande pas autre chose ! Mais comme ils ne se sont pas parlés, chacun croit que l’autre n’est pas d’accord. House résout la situation avec un trait d’une ironie drôlissime. L’épisode ricane ainsi contre l’habitude dans les familles de se cacher les choses les plus importantes de peur de faire du mal à l’autre, alors que parfois tout est bien plus simple que l’on croit !

Infos supplémentaires :

- D’après Wilson, House est passé dans le bureau du DRH 74 fois en six semaines. Soit environ deux fois par jour !

- House travaille avec une équipe exclusivement masculine, ce qui n'était pas arrivé depuis Sacrifices (saison 1). Il faudra attendre l'épisode 4 pour qu'une femme intègre à nouveau son équipe. A l'inverse, House travaillera avec une équipe exclusivement féminine (trois femmes) dans Altruisme extrême (saison 8).

- Seul et unique épisode de la saison avec un cas clinique. Celui de Carrot or stick n’est pas centré sur la recherche d’un diagnostic, House ne fera que soigner une blessure.

- Chase sort avec quatre filles en même temps. Il s’agit du premier indice de son changement de comportement avec les femmes. Il deviendra rapidement un homme à femmes.

- On remarque que lorsque House examine le patient de 102 ans, ce dernier a tantôt une veste, tantôt non suivant les plans.

- House mentionne le fictif « Tiburon swab technology », auquel il avait déjà fait référence dans Le cœur du problème (saison 6). Il fait aussi référence au Dr Seuss, un auteur de livres pour enfants.

- La chanson entendue dans l’introduction est AM/FM de !!!.

Acteurs :

Alyson Stoner (1993) est connue pour être une voix régulière de séries d'animation, dont Isabella dans Phineas et Ferb. Elle a surtout joué dans des films et séries inconnus en France. Elle est également danseuse.

Cody Saintgnue (1993) ne joue que très occasionnellement (Esprits Criminels...). On note toutefois un rôle récurrent dans Teen Wolf (4 épisodes).

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3. COMME DANS UN LIVRE
(UNWRITTEN)


Scénario : John C. Kelley
Réalisation : Greg Yaitanes

- As your girlfriend, I'm impressed. As your boss, you're a jackass. Don't do it again.
- As your boyfriend, I thank you. As your employee, I resent you because I need this for my case.
- As your boss, you just got six more clinic hours next week.

Alice Tanner, célèbre auteur d’une série de livres pour adolescentes, achève son dernier manuscrit, puis sort un révolver pour se suicider ! Mais elle a à ce moment une crise de convulsions, et le coup part à côté. A l’hôpital, elle promet de se suicider dès qu’elle en aura l’occasion, tout en étant systématiquement irascible, et mentant sans cesse dans l’espoir que sa maladie la tue. House - grand fan de l’écrivain - pense qu’il trouvera la solution en déchiffrant son dernier manuscrit…

Tout simplement le meilleur cas de la série.

On reste sans voix devant le suspense intenable élaboré par John C. Kelley. Il tire ici toute la quintessence de l’art du polar médical grâce à sa fantastique idée de base : une patiente furieuse qui fait tout pour se tuer et empêcher ses médecins de la soigner. Conjointement à l’utilisation du compte à rebours (House n’a que 72 heures pour la guérir), et à une enquête médicale qui enchaîne les rebondissements toutes les dix secondes. Le résultat est un chef-d’œuvre de suspense pur. De plus, le scénariste confirme ses tendances givrées (déjà vues dans le foufou Knight fall de la saison 6) en trouvant des péripéties délirantes qui excitent le rire en permanence. Kelley remplit frénétiquement chaque seconde de son script, et nous cloue au fauteuil tout le long.

La caméra épileptique de Greg Yaitanes donne le tournis dès l’introduction où le spectateur est immédiatement pris dans une spirale de twists. Dès lors qu’Alice révèle son visage de furie, nous sommes subjugués par la virulence de ses mots et de ses actes. La flamboyante Amy Irving, à l’opposé total de la douce épouse crédule d’Alias, fait un show infernal où elle dévore tout cru son entourage. Débitant des mensonges en cascade et des déductions Holmesiennes, Alice nous fait du Greg House en perçant à jour les personnalités de Chase et Taub. Boule de rage concentrée, elle soutient aisément la comparaison avec la terrible Valérie de Remorse (saison 6). Même l’insubmersible House perd son duel psychologique avec elle. Certes, son talent de bluffeur lui vaut d’éviter la catastrophe, mais il est rare de le voir battu sur son propre terrain ! Le twist final est douloureux mais House le transforme en happy end total, petite pointe hilarante en prime. Une fin gaiement roborative.

Le penchant pour la dinguerie de l’auteur se voit dans une effraction qui pousse le culot à des sommets hallucinants (pauvre Cuddy !), ou une course effrenée et pleine de coups bas de karting entre House, Cuddy, Wilson, et Sam, réellement festive. On admire aussi une utilisation inédite de l’IRM tellement énorme qu’on a l’impression d’être en pleine parodie. La passion de House pour les romans à l’eau de rose à la Twilight, qui rejoint son goût pour les soap operas, permet des séquences décalées que l’on ne croyait pas capable de sa part. En passant, Lisa Edelstein nous fait un défilé de costumes aguicheurs, un régal visuel !

Devant compartimenter vies intimes et publiques, House et Cuddy adoptent une nouvelle forme de communication : chacun s’adresse à l’autre en faisant parler à la fois l’amoureux et le salarié. Cuddy dit ses sentiments en tant que directrice puis en tant que petite amie, House en tant qu’employé puis petit ami : ils éprouvent ainsi des sentiments contradictoires simultanément ! Au-delà du gag, cet épisode montre que House et Cuddy échouent à trouver une union, une fusion entre professionnel et sentiments. Ils n’arrivent pas à se parler sainement. House ne voit qu’un futur négatif, car il n’a aucun point commun avec sa belle - hormis leur alchimie sexuelle - Pourtant, la coda, pleine d’espérance, est une leçon de sagesse :  il faut accepter qu’il n’y ait pas de « règles » dans la conduite amoureuse, qu’on peut aimer quelqu’un de très différent. Et puis, que Cuddy accepte plus facilement l’intrusion de House ou garde des fleurs et des peluches qu’il a volées pour lui offrir, montrent une plus grande acceptation de ses manies.

A l’exception de quelques maladresses : comme House s’intéressant moins au cas qu’au héros imaginaire d’Alice - un contresens au personnage - ou une intention de briser gratuitement le happy end - une petite maladresse de l'auteur - Unwritten est le cas médical le plus riche de la série, et un épisode incontournable.

Infos supplémentaires :

-  House est un grand fan de livres pour enfants. Il surnomme Alice « Dirty birdie », ce qui est une référence à l’écrivain héros de Misery de Stephen King. Le personnage est - comme Alice - retrouvé inconscient et dans un sale état juste après avoir fini une populaire série de livres.

- Lors de la course de karting, on entend les chansons Silver surfer, ghost rider go !!! d’Anders Trentemøller, et Telephone des Black Angels.

Acteurs :

Amy Irving (1953) a accédé à la notoriété en étant Sue Snell dans le fameux Carrie au bal du diable de Brian de Palma. Épouse pendant trois ans de Steven Spielberg, cette talentueuse actrice a joué de grands rôles au cinéma dans Furie, Yentl, Harry dans tous ses états, Traffic… Elle a peu joué à la télévision, où on la connaît surtout pour avoir été Emily Sloane dans 9 épisodes de la série Alias. Mais elle a joué aussi dans Happy days, Spin City, New York unité spéciale, Zero Hour (10 épisodes), etc.

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4. LE MESSAGE DU MASSAGE
(MASSAGE THERAPY)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : David Straiton

- She's not like Cameron.
- True. Cameron had much smaller breasts. By which I mean she was smarter.
 
 
Margaret McPherson, 30 ans, a de violentes douleurs d’estomac. Une fois à l’hôpital, elle ment continuellement aux médecins et à Billy, son mari. En remplacement de Numéro 13, Chase a engagé Kelly Benedict, une jolie docteur en psychiatrie. Mais très vite, l’équipe se rend compte qu’elle n’est pas assez compétente, et elle doit faire face à l’hostilité de House et Foreman. Pendant ce temps, Cuddy demande à House de ne plus voir la call-girl qui la massait…

Au fur et à mesure que la série avance, Dr.House éprouve des difficultés à se renouveler : la doctoresse incompétente rappelle celle de La belle et la bête (saison 4), la menteuse effrénée carrément l’épisode précédent, et on distingue d'autres emprunts à d’autres épisodes. L’intrigue de Kelly, la nouvelle recrue, déçoit par ses grosses ficelles. Mais le cas médical marche bien, et l’accumulation de rebondissements aboutit à une chute terrifiante, débouchant sur un faux happy end très noir. Le Huddy maintient son intérêt en glissant sous la comédie une crise de confiance bien réelle, mais l’histoire n’est pas assez développée.

Dans un effet de miroir piqué à Tout seul (saison 4), nous suivons la destruction progressive de Margaret, au fur et à mesure qu’une autre femme surgit des décombres de ses mensonges. Mais là, il s’agit bien de la même femme, et non d’une erreur d’identité. Erin Cahill est parfaite en patiente affolée. Zachary Knighton est bon en mari perdu quoiqu'il n'est là qu'en tant que témoin impuissant.

Contrairement à Alice Tanner, Margaret est un personnage sympathique. Le suspense de l’épisode réside autant dans le diagnostic difficile que de connaître la raison de son comportement. Ce cas peut être vu comme une métaphore certes assez extrême, mais transparente de l’illusion amoureuse. On aime une personne pour ce qu’on croit (et veut) qu’elle est ; et vivre ensemble, se marier, c’est accepter que l’être aimé ait des fêlures, des personnalités différentes de celles qui nous ont attiré. Cette histoire est une parabole : l’apprentissage de l’autre se fait ici de manière accélérée et cataclysmique. Billy envisage même de la quitter car il ne la reconnaît plus. Le twist final est d’une noirceur telle qu’il casse le happy end : Blake ne nous dira pas si le ménage surmontera son épreuve. Médicalement, le cas marche au suspense et aux pics de tension : convaincant.

Le scénariste injecte sur cette couche grave de la comédie. Mais il ne prend pas trop de risques en jouant sur la rencontre entre House et une nouvelle candidate, deux esprits (forcément) opposés. Outre que cela ressemble fort à une répétition du fil rouge de la saison 4, mais sans le divertissant jeu de massacre entre candidats, ce ressort comique répétitif ne s’appuie que sur deux effets : l’incompétence du Dr.Benedict, et son rapport avec Chase. Sur le premier, l’épisode axe trop le curseur sur ses lacunes, ce qui diminue l’intérêt du personnage, malgré un twist final méchamment acéré. La prestation de la toujours juste Vinessa Shaw est en fait plus mémorable que le personnage lui-même. Le harcèlement continuel de House paraît exagéré et bien moins subtil que ce qu’il avait fait trois saisons avant. Dommage, car les dialogues restent toujours aussi crépitants.

Sur le deuxième, le cheminement intérieur de Chase use de beaucoup de contorsions pour cacher sa linéarité : il croit avoir engagé une doctoresse compétente, mais se rend compte petit à petit qu’il a davantage laissé parler ses hormones. C’est une répétition de La belle et la bête (saison 4) avec Kelly à la place de Samira Terzi, mais Chase n’a pas l’épaisseur de House pour que l’on s’implique dans cette histoire. Le final est encore une répétition : celui de Les jeux sont faits (saison 4) où House trouve la solution grâce aux erreurs des candidats. Le procédé Vertigo expliquant ce qui psychologiquement a poussé Chase à l'engager est toutefois assez amusant. La rivalité Chase-Foreman paraît bien artificielle, et est là uniquement pour rendre plus compliquée la tâche de la candidate. Leur rivalité dure depuis le début de la série, mais ils continuent de rabâcher les mêmes arguments (Foreman accuse Chase de faire mal son métier, Chase accuse Foreman d’être prétentieux), ce qui n’apporte rien de nouveau

Baisse de forme du Huddy cette semaine : bien que House jure qu’il a banni toute relation sexuelle avec des prostituées - il ne ment pas - Cuddy est jalouse et demande qu’il ne voit plus sa masseuse/call-girl attitrée. Cette jalousie très banale est heureusement relevée par ses conséquences : une remise en question mutuelle de leur couple. Cuddy veut une preuve de confiance de House, mais ne lui en donne pas de son côté, ne voulant pas qu’il rencontre sa fille, ayant peur des conséquences. Jusque-là, House était celui qui doutait de leur relation, et Cuddy qui rééquilibrait le tout. Mais ici, Cuddy révèle à son tour son incertitude, son manque de confiance envers son amoureux. Ce couple est décidément superbement radiographié dans ses fêlures. Aussi, la coda voyant House avec Rachel, très rencontre du 3e type, mêle l’amusement à un répit bienheureux dans le Huddy. Un épisode convenable, sans plus.

Infos supplémentaires :

- Comme c’est souvent le cas dans les séries, la petite Rachel Cuddy est interprétée alternativement par deux jumelles : Kayla et Rylie Colbert.

- Le jeu vidéo auquel joue House est celui crée par le patient de Comme un chef (saison 6). Le genre de détails qui révèle tout le soin apporté à une série !

- House fait référence à Easy Rider dans le magasin de bécanes, et pastiche Le Magicien d’Oz (1939) quand sa patiente se réveille.

- Dans le magasin de bécanes, la chanson entendue est Ride free de Jonny Kaplan & les Lazy Stars. La chanson de fin est End of the day de Doug Paisley.

Acteurs :

Vinessa Shaw (1976), est une actrice de cinéma. Principalement connue pour son rôle de douce fiancée dans Two lovers de James Gray, cette talentueuse comédienne a joué également dans Eyes wide shut, Melinda et Melinda, les remakes de 3h10 pour Yuma et La colline a des yeux, Effets secondaires, etc. Elle a joué parfois à la télévision : Arabesque, New York undercover, Les Experts : Manhattan, Vegas (7 épisodes), Ray Donovan (9 épisodes), etc.

Erin Cahill (1980) a débuté sa carrière en étant la « Force Rose » dans la série des Power Rangers (2001). Elle a ensuite joué dans les séries Preuve à l’appui, Cold Case, Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Supernatural, FBI : portés disparus, How I met your mother, Grey’s anatomy, Hôpital central, Saving Grace (6 épisodes chacun), Monk, NCIS, NCIS Los Angeles, Mentalist, Ghost Whisperer, Castle, Los Angeles police judiciaire, Chuck, Sleepy Hollow, Body of proof, etc.

Zachary Knighton (1978) est connu pour avoir été le Dr.Bryce Varley, un des rôles principaux de la série Flashforward (17 épisodes), et Dave Rose dans 57 épisodes de Happy endings. On l’a vu aussi dans New York police judiciaire, Bones, Philadelphia (2 épisodes), Parenthood (5 épisodes), etc.

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5. HOUSE-SITTER
(UNPLANNED PARENTHOOD)


Scénario : David Foster
Réalisation : Greg Yaitanes

- House, there's someone here I need you to meet. I just hired Dr. Christine Fraser.
- Nice to meet you. You're fired.

Abbey accouche d’un bébé (fécondé par insémination) devant sa fille Justine (issue, elle, d’une grossesse non désirée), mais le nouveau-né souffre de problèmes respiratoires. L’équipe traite le cas, et Taub propose comme remplaçante de Numéro 13 le Dr.Cheng, une pédiatre. Pendant ce temps, à la suite de situations rocambolesques, House et Wilson doivent trouver un moyen de récupérer une pièce avalée par Rachel alors qu’elle était sous la surveillance de House ; cela sans que Cuddy le sache…

David Foster développe trois intrigues à la réussite imparfaite. Le cas médical serait irréprochable si les patients avaient été mieux décrits. L’intrigue pleine de suspense psychologique du Dr.Cheng bute sur un personnage trop vite esquissé et une conclusion précipitée. L’intrigue de Rachel est celle qui s’en sort le mieux avec une avalanche de gags parfois régressifs (on songe à Judd Apatow). Cette aventure burlesque en rupture totale avec le ton de la série peut gêner le fan. En effet, Le Huddy post-coïtum n’est plus ici l’analyse d’un couple trop fragile que l’on regarde se défaire via des voies psychologiques maîtrisées, mais juste prétexte à une intrigue cartoonesque certes efficace, mais hors du ton de la série. En fait, on peut considérer cette intrigue comme une sorte de mini épisode décalé, où la série pour la première et l'unique fois, ose franchement un ton de sitcom, divertissant, rythmé et purement gratuit. On appréciera cette réussite mais aussi que la série n'y revienne plus par la suite.

Dr.House invite une guest star en la personne de Jennifer Grey, la fameuse Baby de Dirty dancing. Mais les auteurs ont décidé de ne pas s’intéresser à son personnage, ni à Justine, sa fille (Gabrielle Christian), et encore moins à leur relation tendue. Le corollaire est que le spectateur a du mal à s’impliquer dans leurs chemins de croix, alors qu’une des forces de la série réside dans la personnalité des patients. Leur réconciliation ne produit qu’un effet très limité, malgré les efforts des comédiennes. Le cas se déroule à bonne allure. La fragilité d’un corps de bébé contraint les docteurs à emprunter des voies non standard pour progresser, quelques surprises au menu. Subtilement, le cas fait une translation vers la mère du bébé. Le diagnostic final est un des plus surprenants de la série où une maladie mortelle devient… un remède ! Le rebondissement final est d’une brutalité inattendue. Médicalement, c’est joliment osé, mais émotionnellement, les personnages transparents nous laissent de marbre.

Toujours pas de (belle) femme dans l’équipe. Chase s’étant gouré dans l’épisode précédent, Foreman jubile à l’idée que ce soit son tour d’exercer un ersatz de pouvoir en recrutant une nouvelle candidate. Manque de pot, House lui flanque par téléphone un tonitruant dégonflage d’ego. Ceux qui pensent que House s’est assagi seront détrompés aussi sec ! Taub jette alors son dévolu sur le Dr.Cheng, mais redoutant une duperie de House, hésite à l’engager. Indécis, sa valse-hésitation offre quelques pointes d’humour, mais son revers final laisse incrédule. On sait que les scénaristes adorent trouver des motifs psychologiques aussi virtuoses que recherchés, mais là, c'est beaucoup trop tiré par les cheveux. C’est dommage, car Keiko Agena aurait incarné un membre de l'équipe dont le physique n’est certes pas l’atout premier, mais aussi vif qu’intéressant. Le choix de l’heureuse élue devait déjà être décidé.

Jusque-là, Unplanned parenthood n’incite guère à l’enthousiasme ; mais Foster, qui jusqu’ici, n’était pas tourné vers l’humour, se lâche à fond la caisse avec une intrigue de comédie américaine bien bourrine (les Frères Farrelly n'auraient pas renié l'histoire) d’une folie revigorante. En dehors des interférences humoristiques de House en nounou avec le cas, c’est bien le crescendo d’absurdités dans lequel il s’engouffre avec Wilson qui déclenche la cascade de rires. Les répliques et les séquences de drôlerie pure s’enchaînent : salon borderline, analyse de matières fécales, plongeon par la fenêtre, quizz angoissé, sabotage de plomberie… un festival d’improbabilités qui fait mouche, magnifié par les performances de Hugh Laurie et Robert Sean Leonard. Le twist final n’était peut-être pas imprévisible, mais les dernières secondes sont une pointe ironique d’un humour très noir. Echouer sur la ligne d'arrivée, c'est pas de chance, Greg… 

Infos supplémentaires :

- Dix-septième échec de House. Un de ses patients meurt, consécutivement à son refus de se soigner. C’est un semi-échec, le second patient étant sauvé.

- Jennifer Grey (Abbey) est la fille de Joel Grey, qui jouait le patient, Ezra Powell, de Marché conclu (saison 3).

- Taub est O négatif, donneur universel (comme Wilson).

- House a déjà fait l’amour avec Cuddy dans les toilettes des hommes. Potin du jour.

- House surnomme Chase « Crocodile Hunter », du nom du sobriquet donné à Steve Irwin, star d’une série documentaire sur la faune australienne - rappelons que Chase tout comme son interprète est australien. House fait aussi référence à Sur la route de Madison de Clint Eastwood.

- La chanson de l’épisode est Night de Bill « Smog » Callahan.

Acteurs :

Jennifer Grey (1960), a connu le succès en étant la partenaire de Patrick Swayze dans Dirty dancing. Elle mène depuis une carrière assez confidentielle, mais notable au cinéma. Elle joue parfois à la télévision dans des séries inédites en France, à l’exception d’Equalizer (épisode Les hommes civilisés), et de Friends.

Gabrielle Christian (1984) est connue aux USA pour avoir joué Spencer Carlin dans 42 épisodes de la série South of nowhere. Elle a joué aussi dans FBI : portés disparus, Les Experts : Miami, Numb3rs, The Middle, Hawaï 5-0, etc. Elle est une cousine du grand acteur Spencer Tracy.

Keiko Agena (1973) est surtout connue pour avoir joué Lane Kim dans Gilmore Girls (101 épisodes). Elle a joué aussi dans Felicity, Shameless US (3 épisodes chacun), Beverly Hills, FBI portés disparus, Private Practice, Castle, Urgences (2 épisodes), Scandal, etc. Actrice de télévision, elle apparaît parfois au cinéma (En cloque mais pas trop, Transformers 3...)

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6. LA PETITE DERNIÈRE
(OFFICE POLITICS)


Scénario : Seth Hoffman
Réalisation : Sanford Bookstaver

- Capital of Azerbaijian ?
- Baku.
- Year Beethoven died ?
- 1827.
- Twentieth decimal of Eulier's Number?
- Six. It's my favorite constant.
- She's like the Internet with breasts.

Joe Dugan, directeur de campagne du sénateur républicain Hal Anderson, a des rashs sur le bras. House n’ayant toujours pas engagé d’élément féminin dans son équipe, Cuddy le force à donner une chance à Martha M. Masters, étudiante de troisième année d’une intelligence hors du commun. Elle est cependant si candide qu’elle exaspère toute l’équipe et le diagnosticien…

La remplaçante de Numéro 13 a fortement divisé le public de la série. Masters se révèle être en effet le membre le plus improbable de l’équipe de House. D’un idéalisme à faire passer Cameron pour une cynique, et d’une intelligence phénoménale, elle apporte un vent de fraîcheur, souligné par le jeu comique et léger de la talentueuse Amber Tamblyn. Ce choix ahurissant est légitimé par un choc des cultures Masters et House, où la première triomphe du deuxième. Ce baptême du feu s’insère dans un excellent cas médical qui n’hésite pas lui non plus à s’embarquer dans des directions stupéfiantes. Une excellente surprise.

Hoffman sait qu’il enfonce une porte ouverte en regardant la politique d'un oeil critique ; il y pare en mettant en scène une stratégie politique terriblement intelligente et retorse, typique de la roublardise des directeurs de campagne (House of cards en fera son miel). Le twist de l’arroseur arrosé est très dur pour Dugan, sacrifié sur l’autel de son patron, ce qui détruit l'effet du happy end. Ce volet mis à part, Dugan n’est pas approfondi, malgré un cas original où nos docteurs sont incapables de prouver qu'il a une maladie qu'ils diagnostiquent pourtant d'entrée. Cela force House a faire des contorsions saugrenues, : injection d’une maladie mortelle pour tenter de le guérir, ou le coup du faux faux positif, devenant un faux faux faux positif (!!). Jack Coleman est crédible dans ce rôle, quoiqu'il a dû plus s'éclater quand il était vraiment sénateur dans The Office.

Amber Tamblyn trouve instantanément le ton juste pour cette fausse cruche enjouée élevée dans des principes moraux rigides. Le spectateur qui suit la série est du côté de la team : il sait qu’il faut faire des doigts d’honneur à la morale, ne pas être éthique, mentir, ne pas avoir de sentiments, etc. si on veut être un bon médecin. Hélas pour lui, le scénariste est en mode « culot énorme » et offre un splendide contre-exemple. Malgré les moqueries de ses collègues masculins devenus cyniques, Masters les surpasse en trouvant elle-même la solution. Elle parvient même à convaincre un patient en étant d’une franchise intégrale là où on était sûrs que seule la manipulation aurait marché. L'autodérision de la série fonctionne tout à fait. Masters triomphe sur tous les plans, laissant collègues, boss, et spectateurs subjugués. L’affrontement House-Masters tient toutes ses promesses, via des dialogues affûtés.

L’idéalisme de Masters est un gros coup d’audace : House va avoir dorénavant le plus terrible de ses contradicteurs en la personne de cette jeunette. Lui qui cherche des opposants capables de lui résister tant pour satisfaire sa haine de lui que pour être plus efficace, il a trouvé la perle rare ! Tout ceci est exprimé, selon la recette classique de la série, par l’humour : le « dépucelage médical » de Masters, et surtout ses renvois à répétition. Que House la maltraite tant est synonyme de son incapacité à la faire rentrer dans le moule, en même temps qu’un entraînement roboratif pour la nouvelle ! Habitués à voir les docteurs entrés par effraction chez les patients, on avait fini par oublier qu’ils pouvaient être surpris. Eh bien, paf, c’est exactement ce qui arrive ! Et la « trouillarde » Masters qui ne les accompagne pas devient donc la seule de l’équipe à ne pas être emprisonnée. On voit que l’auteur s’est grisé de chambarder les principes de la série sans jamais abdiquer sur sa spécificité.

En dehors de quelques scènes comiques comme le « nain » Taub victorieux contre le « grand » Foreman au basket entre deux vannes, nous nous concentrons aussi sur le Huddy. Toujours dans sa redécouverte des sentiments amoureux, House doit passer par une explication de texte de la part de Wilson qui lui rappelle qu’il est impossible de compartimenter le travail et les sentiments dans certains cas : faire du mal à la personne aimée au travail en tant qu’employé aura forcément des conséquences dans l’intimité. Sa trahison envers Cuddy aura des conséquences, comme le prouve la coda finale, tragi-comique, où Lisa Edelstein donne à sentir la déception de son personnage. La main au panier que reçoit House de sa part paraît anodine à côté.

Un épisode audacieux qui n’a pas peur de transgresser les principes de la série.

Infos supplémentaires :

- Pour un total de quinze épisodes, Amber Tamblyn interprète Martha Masters, la nouvelle recrue de l'équipe avec un doctorat en mathématiques et un en histoire de l'art. Le personnage de Martha M. Masters est librement inspiré d’une amie doctoresse d’Amber Tamblyn : Meredith Masters (dont le vrai nom est Martha Meredith Masters). Tamblyn déclara que ce rôle fut le plus difficile de sa carrière à cause du grand nombre de termes médicaux qu’elle devait retenir.

- Masters n’osant pas entrer par effraction dans la maison, Taub la compare à un vampire et l’invite à entrer. Il s’agit d’une référence à Buffy contre les vampires, série où un vampire ne peut entrer dans une maison sans avoir y été invité. Amber Tamblyn a d’ailleurs joué dans un épisode de la série. Taub fait référence à Masters sous le terme « Pippi Longdivision », déformation de Pippi Longstocking, un personnage de livres pour enfants plus connu en français sous le nom de « Fifi Brindacier », connue pour son côté excentrique. L’introduction de l’épisode fait référence à Machete, film de Robert Rodriguez.

- Après Double discours dans la saison 1, l'équipe soigne à nouveau un sénateur.

- Chase a attendu cinq ans avant d’avoir sa carte de travail.

- Taub bat Foreman au basket . Dans un autre épisode, Wilson est considéré comme un champion de tennis. House déclare donc faussement que les juifs sont mauvais en sport. La chanson entendue lors de cette scène est I start to run de White Denim.

- Masters avait autrefois collaboré avec Taub.

- Erreur de traduction en VF : En VO, House demande à Masters la 20e décimale du nombre d’Euler (la constante logarithmique e), qui est en effet 6. Mais en VF, cela devient la « constante d’Euler » qui est un tout autre nombre (et dont la 20e décimale est un 0).

Acteurs :

Amber Tamblyn (1983) est la fille de l’acteur Russ Tamblyn. Elle commence par jouer dans Hospital central (7 épisodes), puis marque les esprits par son interprétation d’une ado rebelle dans Evergreen, un épisode de La Treizième Dimension. Ses rôles les plus connus sont Joan Girardi dans la série Le monde de Joan (45 épisodes) et Jenny Harper dans Mon oncle Charlie (24 épisodes). On l’a vue aussi dans Buffy contre les vampires (épisode Baiser mortel), Boston Public, Les Experts : Miami, FBI portés disparus, Community, etc. Elle suit aussi une prometteuse carrière cinématographique (The Grudge 2, 127 heures, Django Unchained, etc.)

Jack Coleman (1958) est un vétéran de la télévision. Il est surtout connu pour avoir joué Steven Carrington dans Dynastie (148 épisodes), Rob Lipton dans The Office (14 épisodes), et Noah Bennet dans Heroes (73 épisodes) et sa suite dans Heroes Reborn (13 épisodes). Sa filmographie comporte d’autres titres comme Des jours et des vies (4 épisodes), La croisière s’amuse (2 épisodes), Nip/tuck, Les Experts, Les Experts : Miami, FBI portés disparus, Mentalist, Esprits criminels, Vampire Diaries (5 épisodes), Castle (4 épisodes), Burn Notice (11 épisodes), Scandal (6 épisodes), etc.

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7. EN QUARANTAINE
(A POX ON OUR HOUSE)


Scénario : Lawrence Kaplow
Réalisation : Tucker Gates

- We should test for the 21st century suspects. Varicella, measles...
- You're free to perform whatever unnecessary tests you want, Foreman. Slavery was abolished years ago.

Deux adolescents, Julie et son demi-frère Roger, découvrent un bocal vieux de 200 ans près d’une épave. Julie brise involontairement le bocal… qui contenait le virus de la variole, stocké par des marins de l’époque pour tenter de trouver un vaccin au virus d’alors ! Elle et son père sont bientôt mis en quarantaine. House et son équipe doivent composer avec l’arrivée de médecins du centre de contrôle des maladies, supervisés par le Dr.Broda. Tout le monde est convaincu qu’ils ont attrapé la variole, sauf Masters, sûre qu’il s’agit d’un autre diagnostic…

Dans la catégorie « cas extrêmes », on avait déjà eu un condamné à mort, un tireur fou, une prise d’otages… mais pas encore la quarantaine. Lawrence Kaplow tire de son idée de départ une intrigue tournant autour d’une seule question : variole or not variole ? Malgré une cohabitation difficile de l’équipe avec une autre équipe de médecins, l’histoire s’écrase sur les récifs de la lenteur et de la prévisibilité. L’histoire secondaire avec Wilson est peu intéressante. Heureusement nous avons Masters asseyant sa position au sein de l’équipe, et se montrant toujours aussi supérieure à ses collègues et à son boss lui-même.

Consciente qu’il faut affermir les bases du personnage de Masters, la production la met une nouvelle fois au premier plan. Il n’y a pas à s’en plaindre car Amber Tamblyn mène les débats avec sa présence rafraîchissante. C’est elle qui trouve les principales pistes, à tel point que le trio de garçons fait plus office de figurants qu’autre chose ! Le Dr.Broda, joué par Dylan Baker, grand spécialiste des rôles ambigus (les fans de The Good Wife savent de quoi je parle), est l’élément perturbateur qui dérange notre équipe. Mais on ne parvient pas à le détester, car il ne fait que son devoir. Une absence de manichéisme subtile.

Malheureusement, ces belles idées sont battues en brèche par l’immobilisme général. En voulant se concentrer sur la coexistence difficile des deux équipes, le tempo bat de l’aile, et croque trop de temps aux diagnostics différentiels de House, malgré les efforts méritoires de cet excellent réalisateur qu’est Tucker Gates. Quelques scènes pimentent ce cas comme Masters soutirant des autorisations à Broda en étant encore une fois franche et sincère, ou bien House faisant irruption dans la chambre du malade sans combinaison. Comme toujours, il ne recule devant rien, parie sa propre vie qu’il a raison. Hugh Laurie maîtrise chaque mouvement, chaque réplique, et en sort le maximum d’émotions. Niveau humour décalé, la traduction du journal par une call-girl néerlandaise est assez énorme. Grâce à son abnégation, Masters gagne la partie là où ses collègues masculins avaient échoué. Deux épisodes, deux triomphes, Masters a le vent en poupe ! Mais ce ne sont que des moments épars, disséminés dans un tout peu excitant.

Bien sûr, le drame demeure roi dans A pox on our House, la mort d’un des patients rend sans valeur la guérison finale du deuxième (House lui-même a du mal à rester insensible). La justesse du quatuor d’interprètes, spécialement le père (Andrew Fiscella), est à relever. En dehors du cas, le froid jeté entre House et Cuddy permet d’accroître la tension au sein de ce couple. Psychologiquement, c’est une réussite, leur conflit venant du fait de leurs visions personnelles de leur relation : House scinde personnel et professionnel, là où Cuddy ne le fait pas, causant donc de gros malentendus... Par contre, la petite intrigue Sam-Wilson-Eve, sans émotions était dispensable. Cynthia Watros ne peut animer son personnage trop fade. Un épisode en-dessous des capacités de la série.

Infos supplémentaires :

- Le titre original est un jeu de mots sur Pox et House : il signifie Une vérole dans notre maison mais aussi Que notre House aille au diable !

- Dix-huitième échec de House. Un de ses patients meurt avant que Masters ne découvre le diagnostic. C’est un semi-échec, le second guérissant de sa maladie.

- Curieusement, Andrew Fiscella a joué dans un film appellé En Quarantaine !

- House fantasme sur Beyoncé et Lady Gaga (en même temps).

- L'histoire commence par un voyage dans le passé. Un événement peu courant dans la série. On y trouve quelques erreurs : le langage parlé dans le bateau est sensé être le hollandais, mais en fait, on entend du Afrikaans, une langue en effet proche du hollandais. Le capitaine et les docteurs prennent la précaution de se couvrir la bouche en approchant les malades, mesure de sécurité inconnue au XVIIIe siècle. Enfin, le galion, sensé être un vaisseau du XVIIIe siècle, fait plutôt XVIIe.

- Pendant l’épisode, plusieurs références sont faites à Star Wars, Le parrain, Les femmes de Stepford et la série 90210. Niveau références, la série ratisse large.

- La chanson de l’épisode est All that we see de The Black Ryder.

Acteurs :

Dylan Baker (1959) a joué dans un nombre impressionnant de films, souvent indépendants, parfois plus « grand public » : Le dernier des Mohicans, Requiem for a dream, Spider-man 2 et 3, Les noces rebelles, etc. et de séries : Deux flics à Miami, Oz, The Practice, Les Experts, A la maison blanche, New York 911, FBI : portés disparus, New York police judiciaire (5 épisodes), New York section criminelle, Monk, Ugly Betty (3 épisodes), Damages (10 épisodes), FBI : duo très spécial, Chicago Fire, Smash (3 épisodes), Burn notice, Mentalist, Chicago fire (2 épisodes de chaque), The Good Wife (8 épisodes), etc. Il est par ailleurs un renommé comédien de théâtre, et un narrateur habitué d’« audiolivres ».

Andrew Fiscella (1966) poursuit une carrière sur les deux écrans. Sur le grand, on a pu le voir dans Destination finale 4, Freddy les griffes de la nuit, etc. et quelques films indépendants. Sur le petit, il a joué dans Sex and the city, New York police judiciaire, et section criminelle, FBI : portés disparus, Les Experts, Les Experts : Miami, Rizzoli et Isles, Esprits criminels, etc.

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8. CHACUN SA CROIX
(SMALL SACRIFICES)


Scénario : David Hoselton
Réalisation : Greg Yaitanes

- Faith is not a disease.
- No, of course not. On the other hand, it is communicable, and it kills a lot of people.

You think she's cheating on her spouse with someone from a cheating spouse support group ?

- I didn't come here to get laid.
- Then don't. Talking to beautiful women isn't nearly as much fun as watching Taub not talking to his wife.

- You look smashing, Miss Moneypenny.
- Cumberbund, very foolish, Mr. Bond.

- Someone looks lovely tonight.
- Thank you.
- I meant me.

Profondément croyant, Ramos a fait un pacte avec Dieu : s’il guérissait sa fille Marisa d’un cancer incurable, il accepterait de se faire crucifier chaque année. Marisa guérit, mais au sortir d’une de ses crucifixions, Ramos fait une crise. House et son équipe comprennent rapidement que les crucifixions ne sont pas en cause. Pendant ce temps, House tente de piéger Cuddy en la forçant à lui mentir, pour « compenser » le mensonge qu’il lui a fait (épisode « La petite dernière »), Wilson s’apprête à demander Sam en mariage, et Taub soupçonne sa femme de le tromper...

Un des meilleurs épisodes de la saison.

Thème du jour : la Foi : religieuse, amoureuse, en l’Autre. Le génial David Hoselton développe sur quatre histoires la question toujours fascinante de ce concept universel. Il le fait avec son arme favorite : un humour effréné (dialogues sous acide), mais qui contrairement à ses précédents opus, est plus noir que burlesque. On rit beaucoup, alors que les situations ne s’y prêtent pas. Le message du scénariste sur sa vision de Dieu est optimiste, happy end vibrant à la clé. Mais les fins pessimistes des autres intrigues diluent la bonne humeur finale. Un mélange bouillonnant et riche de comique et de drame.

Admettons que ce patient très spécial aurait plus eu la place dans le bal des givrés des cas secondaires. Malgré tout, on s’y attache, d’autant que Kuno Becker est bien dans le personnage. Le cas projette des déflagrations d’humour cynique à un rythme enlevé : le syndrome pseudo-bulbaire qui force le patient à exprimer l’inverse de ses émotions (souriant alors qu’il souffre horriblement), ou encore un régime sain déclenchant une sclérose en plaques, ou dans la catégorie délire, le diagnostic différentiel de… Jésus-Christ ! Mais bon, depuis le mémorable débat d'American Dad ! sur le sexe de Dieu, rien ne nous surprend plus de la part des américains...

Le cas se nourrit d’un suspense dérangeant : Ramos refuse les traitements, car il aurait l’impression de « briser » son pacte avec Dieu, qui le punirait. Cette vision antédiluvienne d’un Dieu vengeur et juge est encore hélas prégnante dans le monde. La foi de Ramos est puissante, mais figée dans la peur, sentiment incompatible à ce qui devrait être un épanouissement spirituel. C’est une foi qui commet des contresens ; l’exemple le plus marquant est quand il dévoie le thème du sacrifice, si perversement tordu par les fanatiques religieux, en étant prêt à laisser sa fille orpheline, car il veut montrer que « rien ne peut le détourner de sa foi ». C’est oublier que la foi religieuse est un concept positif, en harmonie avec le Dieu d’amour des religions monothéistes. Si la foi doit être éprouvée, ce doit être par un combat spirituel, non par des sacrifices qui rendraient malheureux. Dans le même ton, la martingale idéaliste de Masters se grippe. Alors qu’elle avait triomphé dans les épisodes précédents par la sincérité et la vérité, là voilà ramenée à la dure réalité quand elle est impuissante à convaincre Ramos. House, lui, y parviendra, via un mensonge méchant. Masters voit alors ses idéaux chamboulés. Son désarroi est bien exprimé par Amber Tamblyn.

La coda montre Ramos comprendre enfin le « plan de Dieu » : Dieu ne juge pas les hommes selon leurs mérites, il aime gratuitement et entièrement tout le monde. Si la guérison de Marisa est un miracle - Hoselton entretient l’ambiguité, car l’explication rationnelle est possible - alors Dieu n’attend pas de « deal » en échange. House, qui croyait tuer la foi de son patient en le forçant à rompre son pacte, est bien attrapé quand il s’aperçoit qu’il n’a réussi qu’à la renforcer !

Dans son réapprentissage de la vie de couple, House est bloqué au chapitre « l’art de parler aux femmes ». Il paye sa vision systématiquement analytique des émotions amoureuses, qui ne se prêtent pas à la logique pure. House pense ainsi qu’en forçant Cuddy à lui mentir, son précédent mensonge sera compensé et pardonné. On s’amuse de ses tentatives qui foirent. Finalement, il réussit à la piéger, mais ce faisant, Cuddy se ferme encore plus. Très doué pour analyser la psyché humaine, House commet les erreurs les plus idiotes dans son couple. S’il comprend finalement que seules des excuses peuvent recoller les morceaux, le twist final augure de bien sombres perspectives pour le Huddy. La faute n’est pas totalement sur House, on voit que Cuddy lui demande trop en voulant changer ses valeurs morales, c’est bien trop pour un conjoint, a fortiori pour ce serviteur de la vérité. Dans une ironie terrible, les ménages Taub et Wilson se jettent dans le gouffre du non-retour… lors d’un mariage ! La série reste fidèle à son principe de ballotter le spectateur entre comédie et drame, parfois d’une seconde à l’autre. Nous assistons ainsi aux comiques dragues de Chase, qui séduit les plus jolies filles au détriment de Foreman. 

Pendant ce temps, Wilson commet la faute de dévoiler son manque de confiance en Sam. Il dévoile par là une nouvelle facette : un homme qui n’arrive pas à avoir une totale confiance en l’Autre. On voit bien là toute l’adresse d’Hoselton de prendre un atout chez House pour en faire un défaut chez Wiwi. On peut trouver la sortie de Sam/Cynthia Watros (pas en grande forme) précipitée, mais elle est crédible. Quant à Taub, il continue de porter comme un fardeau ses infidélités passées : sa femme ne le lui a jamais pardonné, et il vit désormais dans la peur qu’elle lui rende la pareille. Les problèmes de ce couple ont rarement brillé par leur intérêt, mais ici, cette descente irréversible vers la catastrophe émeut par son pessimisme entier. Un chef-d’œuvre de plus pour la série.

Infos supplémentaires :

- Cynthia Watros (Sam) apparaît pour la dernière fois.

- Cuddy est âgée de 43 ans et a menti sur son âge. Par ailleurs, nous apprenons qu'elle a été mariée pendant six jours (en 1987).

- House, dans sa première conversation avec Wilson, dit la devise de la série : Everybody lies !

- Quand House parle à Ramon, la position des tubes d’oxygène change entre deux plans.

- Référence dans les dialogues au film Procès de singe (1960) de Stanley Kramer.

- Les chansons de l’épisode sont Shark in the water de V.V. Brown, You mean the world to me de Toni Braxton, Love rollercoaster des Ohio Players, et I know de Jude Christodal.

Acteurs :

Kuno Becker (1978) a construit sa carrière sur des telenovelas mexicaines. Depuis ce rôle dans cet épisode, il a joué dans quelques séries américaines comme Les Experts : Miami (3 épisodes) ou le remake de Dallas (18 épisodes) où il joua le rôle récurrent de Drew Ramos.

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9. LE HÉROS DU JOUR
(LARGER THAN LIFE)


Scénario : Sara Hess
Réalisation : Miguel Sapochnik

- That poster got me laid when I got home last night.
- So when you're not on a billboard, you sleep with nurses. But when you are, you sleep with your wife. I think you got that backwards.

Une femme fait une crise d’épilepsie dans le métro et tombe sur la voie. Jack, la quarantaine, saute pour la sauver et tous deux échappent à la mort de très près. Le « héros » a à son tour une crise d’épilepsie. Masters est admirative de l’héroïsme de Jack, ce qui exaspère House. Pendant ce temps, House fait la connaissance d’Arlene, la mère de Cuddy. Taub figure dans des affiches de publicité pour l’hôpital à l’étonnement général. Il est stupéfait de voir que Rachel, son épouse, se montre sexuellement plus active…

Cet épisode est un tournant dans la mesure où deux couples passent chacun un cap : le Huddy avec l’entrée en scène d’Arlene Cuddy, mère de Lisa, et le ménage Taub, qui court droit à la catastrophe. Sara Hess perd toutefois la main en imaginant un des cas médicaux les moins intéressants de la série. Interminable, sans tension, sentant le réchauffé, seule une fin diablement ironique est à sauver. La rencontre avec la mère de Cuddy ne tient pas toutes ses promesses, mais maintient l’intérêt du Huddy. On aurait jamais cru dire ça mais le segment qui convainc le plus est en fait le mélo des Taub, original et merveilleusement interprété !

Par son improbabilité, l’introduction aurait pu marcher dans une série hallucinée comme Alias, mais dans Dr.House, on coince un peu. Le reste du cas troque ce défaut contre un autre : l’ennui. Le patient et son épouse sont peu travaillés. On est sensibles cependant à la poursuite chimérique de rêves de gloire qui sont la raison de vivre de Jack (Matthew Lillard, simplement correct), et le poussent à laisser femme et fille seules. On assiste à son évolution quand la maladie le rend lucide et qu'il abandonne ses chimères. Mais Hess ne déroge pas au pessimisme de la série, et le rebondissement final est d’une amertume féroce qui brise le happy end. Bien que peu présente, le désarroi d’Eva (l’épouse) est touchant, grâce à l’interprétation en douleur rentrée de Sprague Grayden, qui joue avec une justesse inhabituelle (je n'avais personnellement pas été fan de son jeu dans d'autres séries).


On salue l’honnêteté des scénaristes qui assument leurs choix jusqu’au bout avec encore une fois Masters qui relègue ses collègues masculins, House inclus, mais là ils commencent à en faire trop. House s’en sort en ânonnant des idées bourrées de mauvaise foi (sacrifice héroïque = négation de l’instinct de conservation = comportement idiot), et en étant vraiment méchant envers le patient. On raffole de ces moments où notre docteur devient vraiment imbuvable (la moustache hitlérienne sur l’affiche !). Les diagnostics sont poussifs, et la réalisation endormie de Miguel Sapochnik, qu’on a connu plus inspiré, laisse Amber Tamblyn bien seule pour animer l’ensemble, malgré sa fougue. On peut aller jusqu’à dire que le cas est en trop dans l’épisode.

Cet épisode est en apparence Huddy. Apparences encore, car House joue en solitaire. La première séquence où il fait un triple jeu pour duper Wilson et Cuddy, les deux personnes les plus proches de lui, est aussi hilarante que grinçante. Son jeu découvert, le voilà embarqué dans une situation rocambolesque où nos trois amis doivent dîner avec la mère de Cuddy. Arlene Cuddy bénéficie de l’abattage de la prestigieuse Candice Bergen, qui en fait un personnage encore pire que House question sociabilité ! Toutefois, la scène aurait pu être plus méchante (comparez avec n’importe quel dîner de Californication), c’est un peu frustrant. House met fin au cauchemar avec son culot habituel par un gag énorme qui devrait provoquer au moins une minute de fous rires. Passé le choc, Cuddy apprécie. C’est pas tous les jours qu’une femme apprécie que son compagnon maltraite sa mère ! Le Huddy est vraiment hors normes. Le règlement de comptes qui s’ensuit nous prend à rebrousse-pied, avec un armistice drôle, décalé, mais crédible quand on voit le caractère de House et d’Arlene. Le rire laisse place à la soupe à la grimace avec la pirouette finale : House ne comprend pas qu’il y’ait des frictions inévitables entre lui et Cuddy - le lot de tout couple - La coda est une des plus noires sur le personnage, prophétisant l’échec du Huddy. Le spectateur a vraiment l’impression que le cas House est sans espoir.

Peter Jacobson a toujours été le chouchou des scénaristes féminins qui ont plus d'une fois avoué qu'elles étaient sensibles à son charme. Sara Hess, une de ses plus ferventes admiratrices, s’occupe de placer l’acteur sur un piédestal : mignon, charmant, classe, raffiné... Si on passe vite sur la jalousie de Chase/Jesse Spencer (on frôle le méta-récit), on est pris dans l’implacable destruction du ménage Taub. Il a souvent pénalisé la saison 6 par ses lourdeurs, mais leurs derniers feux sont de toute beauté. Taub ne supporte plus que sa femme s’ouvre davantage à son correspondant internet qu’à elle. Si elle est heureuse, c’est grâce à cet ami lointain, et non plus grâce à lui. En apparence, tout semble pourtant aller pour le mieux, car Rachel ne cesse de sauter sur son mari, surpris par tant de débordements affectueux. Le décalage entre les situations et leurs réelles implications est poussé au maximum : qui croirait qu’un accroissement du désir sexuel dans un couple soit synonyme de fin du couple ? En fait, Rachel, comme la Maria de Clueless (saison 2), tente une dernière chance : elle ne cesse de faire l’amour, pathétique cache-misère de son couple déjà mort. Grandiose idée scénaristique ! Le drame est désespéré : le couple s’aime toujours, mais n’est plus heureux, détruit par le quotidien et les déceptions qu’ont produit l’Autre. Peter Jacobson et Jennifer Crystal Foley mènent puissamment ce bouleversant mélodrame.

Rubrique mode : vous ne trouvez pas que les hideux collants rouge-orange de Masters sont plutôt inappropriés au travail ?



Infos supplémentaires :

- Taub et Rachel sont mariés depuis 22 ans. Cela entre en contradiction avec l'épisode Virage à 180° (saison 4), qui se passait il y a moins de 3 ans et où il disait être marié depuis 12 ans.

- Cuddy fête son anniversaire, et donc ses 44 ans (cf. épisode précédent).

- House caricature Taub en Hitler. Il s'était déjà fait passer pour lui dans Classé X.

- Chase semble jaloux de la popularité de Taub. La trame qui sera consacré à son personnage dans le prochain épisode rassasiera sa soif de gloire (hahaha).

- House drogue Wilson pour la deuxième fois après Les mots pour ne pas le dire (saison 6). Il drogue également la mère de Cuddy qui apparaît pour la première fois. Elle est interprétée par Candice Bergen, qui rejouera ce rôle dans deux autres épisodes de la série.

- Taub révèle s'être évanoui lorsqu'on a voulu lui subtiliser son portefeuille.

- On entend la Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur op.38 de Johannes Brahms pendant le dîner chez les Cuddy. Ironiquement, la musique entendue pendant qu’Arlene et Wilson dorment est un air de Jean-Sébastien Bach « Wachet auf » ce qui signifie… Dormeurs, réveillez-vous ! On entend à la fin Start a war de The National.

Acteurs :

Candice Bergen (1946) a d’abord été mannequin. Elle a découvert rapidement sa vocation et s’est consacrée au cinéma avec une filmographie comptant nombre d’highlights : La canonnière du Yang-Tsé, Ce plaisir qu’on dit charnel, La chevauchée sauvage, Gandhi… Elle joua beaucoup de son charme très classe, froid, et majestueux. A la fin des années 80, elle s’intéresse à la télévision et joue le rôle éponyme de la série Murphy Brown (247 épisodes !) pendant 10 ans, ainsi que celui de Shirley Schmidt dans 84 épisodes de Boston Justice. On l’a vue aussi dans Seinfeld, Les Griffin, Sex and the city (3 épisodes et le premier film), New York cour de justice, New York police judiciaire, The Michael J. Fox show, Battle Creek, etc. Elle fut l’épouse du cinéaste français Louis Malle.

Matthew Lillard (1970) est un acteur qui mène une carrière solide sur les deux écrans : au cinéma, il est surtout connu pour être Sammy (Shaggy en VO) dans les films Scooby-Doo et les jeux vidéos et séries qui en sont issus. Mais il a aussi été dans Scream, Peines d’amour perdues, et beaucoup de films indépendants. A la télévision, il est connu pour son rôle de Daniel Frye dans The Bridge (24 épisodes). On l’a vu aussi dans The Good Wife, New York unité spéciale, Leverage, Esprits Criminels, etc.

Sprague Grayden (1980) est une actrice de séries. Elle a eu son premier rôle avec la série John Doe où elle jouait Karen Kawalski (13 épisodes). Ses autres rôles connus sont Heather Lisinski dans Jericho (18 épisodes) et Olivia Taylor dans 14 épisodes de 24 heures chrono. Elle a enchaîné avec Le monde de Joan (9 épisodes), Preuve à l’appui, Les frères Scott, Six feet under (12 épisodes), Les Experts : Miami, Les Experts : Manhattan, Weeds (3 épisodes), Private Practice, FBI : portés disparus, Sons of anarchy (7 épisodes), New York unité spéciale (2 épisodes), Esprits criminels, Los Angeles : police judiciaire, Grey’s anatomy, FBI : duo très spécial (3 épisodes)… On l’a vue parfois au cinéma (Paranormal activity 2 et 3...).

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10. LA CAROTTE OU LE BÂTON
(CARROT OR STICK)


Scénario : Liz Friedman
Réalisation : David Straiton

Cath him, and see what's stopping him from emptying his bilge. Oh, not you, Chase. Sending Captain Micropenis to deal with what's probably normal-sized equipment ? That's too cruel, even for me.

Dans un camp paramilitaire pour jeunes délinquants, l’instructeur Driscoll, 38 ans, a subitement le dos bloqué. L’équipe soupçonne Landon, un des « pensionnaires », de l’avoir empoisonné, mais doit réviser son jugement quand ce dernier tombe malade à son tour. Chase est préoccupé : une de ses conquêtes d’un soir a piraté son compte Facebook et y a posté une photo de lui retouchée de telle manière que son pénis apparaisse microscopique, il doit la retrouver. Cuddy veut envoyer Rachel dans une école de surdoués ; sceptique, House décide de « tester » Rachel…

Les scénaristes de Dr.House se reposent sur un principe : écrire dans un même épisode plusieurs intrigues. Un principe exigeant et difficile, mais garant de la qualité des épisodes, puisqu’une intrigue peut venir au secours d’une ratée. Malheureusement, il existe de rares cas où ça ne marche pas parce qu’aucune intrigue n’est bonne. C’est le cas ici de Liz Friedman qui outre un cas aussi excitant qu’une overdose de barbituriques, pond deux histoires débiles qui détruisent toute l’atmosphère de la série. On assiste, impuissant, à cette pochade grossière, qui sanctionne une saison qui jusque-là se débrouillait bien.

Un des principaux problèmes est de voir Masters déchoir de sa position de petite nouvelle pas dans le moule à boulet moralisateur. Le talent d’Amber Tamblyn est intact, bien sûr, mais elle joue un unique registre. Une restriction sévère du personnage. Masters va trop loin dans l’innocence puritaine, prenant des postures outragées dès qu’un rien la choque : que ce soit le DonJuanisme de Chase ou la discipline de fer des militaires (et de House). C’est drôle sur le court terme, mais pendant 42 minutes, on atteint vite la saturation. Sa naïveté puérile dépasse les bornes quand elle croit changer en une minute et rien qu’en paroles un adolescent fermé et rétif à toute autorité. Masters est une lumière dans la noirceur de la série, mais ici, elle a viré dans le cliché lourdingue, après avoir été la première de la classe de manière trop éclatante. Les auteurs vont heureusement trouver de meilleures voies pour exploiter ce personnage, sans doute un des plus intéressants de la série.

Le cas médical repose surtout sur un twist central, mais à la fois prévisible et sorti tout droit d’une mauvaise telenovela. Les patients du jour, figés, n’ont que des dialogues sans sel à nous servir : le militaire bourru au grand cœur et cachant un secret versus l’ado imbuvable et sans repères. L’interprétation très juste de Sasha Roiz ne parvient pas atténuer cet amateurisme dans la psychologie des personnages ; et d’ailleurs, Tyler James Williams confirme la règle qui veut qu’un rappeur ne sache pas jouer (Miranda, reviens !). L’enquête médicale enchaîne mollement rebondissements déjà vus mille fois et en mieux, et diagnostics pesamment ânonnés, sans les vannes de House. La scénariste ne rate pas son faux happy end, ouvert et incertain, mais c’est bien tout.

L’histoire de Chase, digne des plus mauvaises sitcoms n’a même pas le mérite d’être drôle. La recherche de la vengeresse nous offre quatre portraits de (très belles) femmes aussi stéréotypés que médiocrement interprétés. On peut retenir à la rigueur la première et son obsession des chatons roses, mais pas de quoi grimper au plafond (à la différence du veinard docteur à cette occasion). Cet affaire de micropénis est d’une crétinerie hors sujet, et Chase n’en sort pas grandi (sans jeu de mots). Jesse Spencer a d’ailleurs tendance à surjouer. On atteint le tréfonds lorsque la coupable explique ses agissements : c’est bête à pleurer. Allez, on oublie…

Passons du grotesque au ni queue ni tête avec Rachel. Le prétexte du jour est bien anodin, et l’investissement de House est disproportionné par rapport aux enjeux. Il est triste de voir le régalant diagnosticien réduit à grimacer, et s’occuper de l’apprentissage de bébé Rachel. Le génie de Hugh Laurie tourne à vide dans une telle disette. On retient juste sa scène avec Wilson qui comprend que son ami est plus attaché à cette gamine qu’il veut l’avouer, et lui fournissant involontairement un conseil alors qu’il ne le voulait pas. Un petit éclat de rire, qui trône solitaire au milieu de ce scénario plein de courants d’air.



Infos supplémentaires :

- Taub s’est installé à l’hôtel depuis sa séparation avec Rachel.

- Faisons connaissance avec le successeur de Vogler, Sandford Wells, un homme plutôt aimable qui réapparaît pour la dernière fois trois épisodes plus tard. Il est joué par Nigel Gibbs, un acteur qui interprétait Jonah, le Fondateur dans la dernière saison de Charmed. Beaucoup d’acteurs récurrents de Charmed dans la série décidément.

- House compare la motricité de Rachel à celle de Hulk avec des moufles. Sont référencés aussi deux films de John Hughes : Seize bougies pour Sam et La vie à l’envers.

- Les chansons de l’épisode sont No Love lost de LCD Soundsystem, et Falling Dove de Crowded House.

Acteurs :

Sasha Roiz (1973) se fait connaître au Canada en tant qu’acteur de théâtre. Depuis, il joue sur les deux écrans. Sur le grand, il a participé à quelques succès comme Le jour d’après, Land of the dead, 16 blocs, Pompéi… Sur le petit, on retient surtout son premier rôle de Sam Adama dans Caprica (18 épisodes), et celui du capitaine Sean Renard dans Grimm (88 épisodes en mai 2015). Il a aussi été dans NCIS, Les Experts, Les Experts : Miami, Terminator les chroniques de Sarah Connor, Lie to me, Mentalist, US Marshals, Castle, Warehouse 13 (8 épisodes), Husbands (2 épisodes), etc.

Tyler James Williams (1992) se fait connaître en tant qu’acteur en étant le héros de la série Tout le monde déteste Chris (88 épisodes). Il a été présent également sur les plateaux de 1 rue Sésame, Saturday Night live, New York unité spéciale, Go on (18 épisodes), The Walking Dead (10 épisodes), Esprits criminels, etc. Il mène parallèlement une carrière de rappeur.

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11. MÉDECIN DE FAMILLE
(FAMILY PRACTICE)


Scénario : Peter Blake
Réalisation : Miguel Sapochnik

- Aren't there other ways of keeping Masters occupied ?
- Not according to my sexual harassment seminar.
Cuddy examine sa mère et découvre une faiblesse cardiaque. Arlene Cuddy devient donc la prochaine patiente de House. Ne supportant pas les méthodes du diagnosticien, elle demande un autre médecin : le docteur Kaufman. A la demande de Cuddy, House, à l’insu d’Arlene et de Kaufman, surveille le cas à distance, mais un enchaînement ininterrompu de problèmes éthiques et de conflits va alourdir sa tâche. De son côté, Taub cherche un second travail chez son beau-frère pour payer la future pension alimentaire de Rachel, mais il va tout faire foirer…

Orageux, tourmenté, furieux… Family practice est un puissant épisode de la série. Le scénario de Peter Blake est une course enfiévrée d’affrontements massifs, de dilemmes impossibles, de chantages, de conflits d’intérêts, enveloppés dans la mise en scène étouffante de Miguel Sapochnik, et l’oppressante photographie obscure d’Anthony Gaudioz. Aucun moment de répit n’est laissé au spectateur, pris dans un réseau psychologique sophistiqué et toxique. Chase et Foreman sont plus mis à contribution, ce qui ne leur avait plus été donné depuis une éternité, et Masters apparaît sous un autre jour. On oubliera l'intrigue Taub.

Arlene Cuddy avait déjà montré des dons de mère indigne asociale dans Larger than life, elle passe ici à la vitesse supérieure dès la première scène, lorsqu’elle balance méchancetés sur méchancetés au duo Cuddy-House réduits à répondre par des sourires de façade pour la ménager. Le comportement odieux d’Arlene est parfaitement rendu par le métier de Candice Bergen. Sa relation avec Lisa est viciée par le fait qu’elle préfère Julia, sa sœur à qui elle dit tout. Tout au long de l’épisode, elle ne cesse d’attaquer Lisa de toutes parts. Ce qui faisait sourire dans Larger than life donne là pas mal de malaise. Lisa croit bien faire en s’écartant elle-même du cas, mais House finit par comprendre que ce n’est pas par éthique, mais par lâcheté qu’elle le fait. Lisa est également enfermée par un « pacte de vérité » avec sa mère, et lorsque House lui demande de lui mentir, le personnage semble déjà au bout du rouleau alors qu’on en est qu’à la moitié de l’épisode. Très vite, l’épisode a atteint des niveaux de noirceur qui vont aller crescendo.

House est exclu du cas par Arlene après qu’il lui ait joué un sale tour (qui ressemble beaucoup à celui utilisé par Cameron dans Faux-semblants en saison 2). Du coup, le voilà obligé de trouver des moyens de plus en plus retors pour superviser le cas à distance. Le coup du mouchard qui se retourne de manière hilarante contre lui n’est qu’un exemple. Le cas devient de plus en plus stressant lorsque la team, pour garder le contrôle, changent et échangent les médicaments d’Arlene, jusqu’à parvenir à des situations aux confins de l’absurde tragi-comique. Par-dessus tout ça, Masters et son idéalisme menacent de tout gâcher, alors qu’on est dans un cas où seule la partie qui se montrera la plus perverse triomphera. Par une perfidie digne de Judas, il change le problème Masters en atout qu’il dégaine au bon moment, la jetant dans un piège d’une méchanceté terrible. Le pire est que House n’a rien contre elle, mais il doit la faire chanter pour sauver sa patiente. Masters, dégoûtée et abattue, en vomit… mais son idéalisme est si fort, qu’elle se « sacrifie » et passe outre ! Ce revirement tétanisant embrouille encore plus la bataille psychologique. Cela nous vaut une scène de dispute entre House et Cuddy, point culminant de l’épisode où le premier agresse psychiquement la deuxième pour la forcer à réagir. La violence générale des dialogues est égale au massacre de toutes les règles déontologiques possibles et imaginables.

Ce cas est un des plus éprouvants de Dr.House, par sa série ininterrompue et à grande vitesse de rebondissements infernaux. Le happy end s’en ressent - ironique twist - car personne ne peut penser que Lisa regardera sa mère comme avant. Il n’y aura pas de pardon ou de réconfort. On termine en beauté par la superbe scène de confiance de House envers Masters. Nous réalisons alors qui est vraiment Masters : elle est la face idéaliste de House exprimée de manière pure. House, pour servir ses valeurs, doit toujours user de méthodes anticonformistes et choquantes. Masters sert les mêmes valeurs que lui, mais elle le fait sans calcul, avec franchise. D’une manière ahurissante, la plus grande opposante de House est en fait celle qui est la plus proche de lui. House lui demande désormais d’être celle qui le « supervisera », car Cuddy, privée d’objectivité, ne peut plus remplir ce rôle. Ce respect qu’il lui confère est touchant, tout en fêlant encore plus le Huddy : la directrice a perdu une partie de la confiance de son petit ami. Une coda touchante, et maligne. L’histoire de Taub est oubliable malgré une jolie dernière scène entre lui et Rachel.

Un des épisodes les plus sombres de la saison.

Infos supplémentaires :

- Pas de générique, l’épisode commence à froid. Suppression d’Olivia Wilde dans les « credits ».

- Deuxième épisode sans Robert Sean Leonard. Julia Cuddy, soeur de Lisa, apparaît pour la première fois. Elle est interprétée par Paula Marshall. Elle apparaîtra dans deux autres épisodes de la saison. Paula Marshall est la femme de Danny Nucci, qui jouait Bill Arnello dans Un témoin encombrant (saison 1).

- Martha était une geek à l'école. Taub, lui, se faisait élire délégué de classe.

- Taub se fait casser le nez. C'est le seul épisode où il lui arrive d'être blessé physiquement.

- Pour la quatrième fois, House porte une blouse. Cet événement n'arrivera plus par la suite.

- La boîte de pilules que House remet à Cuddy contient du « calcium corbonate », en fait il faut lire calcium carbonate.

- La musique entendue au début est un morceau des Chordettes/M Sandman. Il figure aussi dans un épisode de… Charmed, Le marchand de sable. Encore un point commun entre les deux séries.

Acteurs :

Paula Marshall (1964) a été l’héroïne principale de pas moins de sept séries télé qui eurent toutes la malchance d’être annulées au bout d’une ou deux saisons : Wild oats (6 épisodes), Snoops (11 épisodes), Nés à Chicago (13 épisodes), Love Therapy (15 épisodes), Pour le meilleur et pour le pire (17 épisodes), Out of practice (21 épisodes), et La nouvelle vie de Gary (37 épisodes). Elle est apparue en guest star dans Seinfeld, Spin City (7 épisodes), Sports Night (3 épisodes), Veronica Mars (4 épisodes), Nip/Tuck (7 épisodes), Californication (9 épisodes), Les Experts, Mentalist, Mon oncle Charlie (2 épisodes), etc. Elle a joué dans quelques films.

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12. APPRENDRE À OUBLIER
(YOU MUST REMEMBER THIS)


Scénario : Katherine Lingenfelter (créditée comme « Kath Lingenfelter »)
Réalisation : David Platt

- While they're all running all these tests, you will be submitting the insurance forms.
- There's an entire department for that.
- Exactly. The Foreman Department. Of which you are the foreman, Foreman.

Nadia, serveuse d’environ 35 ans, souffre d’un mal rarissime, l’hypermnésie : elle se souvient de chaque moment, chaque instant de sa vie. Elle est emmenée à l’hôpital après avoir fait une chute. Elle a des rapports conflictuels avec sa sœur aînée. Pendant ce temps, Taub, avec l’aide de Foreman, doit repasser un examen de contrôle pour conserver sa licence, et la présence d’une chatte chez Wilson plonge House dans le désarroi…

Nouvelle recrue du staff d’écriture, Katherine Lingenfelter compose un scénario qui fait revenir au premier plan un des meilleurs atouts de la série, mis en veilleuse depuis la fin de la saison 6 : le Hilson. Le succès est de mise, où la comédie des situations laisse affleurer une émotion de plus en plus grande. Le cas médical peine à retenir notre intérêt, mais compense grâce à la patiente du jour. Nadia, à chaque situation-cliché, se comporte de manière inattendue. Enfin, la petite histoire Taub-Foreman, assez fade au début, aboutit à une conclusion dont la furieuse amoralité est adoucie par la naissance d’une amitié plus profonde entre les deux médecins.

7 mois avant la Carrie Wells d’Unforgettable, Dr.House nous fait découvrir ce qu’est l’hypermnésie, soit l’impossibilité pour une personne d’oublier quoi que ce soit. Mais la scénariste s’éloigne vite de ce gimmick, ne le ressortant que lors d’un twist psychologique très malin. Cela a pour conséquence de détruire l’originalité du cas, médicalement parlant, qui ne se démarque alors plus d’un autre. Le personnage de la sœur est à peine façonné, mais Nadia, incarnée par la belle Tina Holmes, a plus de chair. L'interprète de Maggie Sibley, un des plus beaux personnages d'une série elle-même une des plus belles, est ici à son affaire. Voyant ce « don » comme une malédiction, Nadia a préféré faire un travail sans gloire, serveuse, qui l’empêche de réfléchir, car elle réfléchit en permanence, ce qui est terriblement douloureux. Nadia, condamnée à « l’objectivité totale », ne peut pas exprimer d’émotions : son cerveau est trop puissant. Cela entraîne notamment une scène brillante où l’on croit qu’elle va pardonner à sa sœur qui a subi une lourde opération chirurgicale pour la sauver. Hélas, sa maladie l’empêche de « raisonner émotionnellement », et elle est incapable de pardonner. L’épisode se conclut par une fin inachevée, mais laissant présager un happy end total, lorsque Nadia commet un acte de survie magnifique, et fait taire son ego. L’émotion est loin d’être absente dans ce final arraché de haute lutte.

Fans qui suivez le docteur et ses équipes, vous savez que la méthode House donne les résultats les plus efficaces. Mais cela rend-il les adeptes de la méthode invulnérables ? Poser la question, c’est y répondre. Taub traverse une crise de confiance, n’arrivant plus du tout à rassembler ses connaissances pour passer le test capital. Si House n’avouera jamais qu’il a de l’affection pour les membres de sa team, ses actes disent tout autre chose, et il doit se retrancher derrière des pirouettes quand Taub l’asticote sur ce point.

Plus de 140 épisodes, et on marche toujours de voir House nier ses sentiments les plus nobles. La série prend très au sérieux les problèmes humains, vivant dans un monde où il ne suffit pas d’insister, de déclamer des tirades lyriques - comme celle de Foreman - genre « tu peux le faire, je crois en toi » pour résoudre un problème. Si Taub s’en sort finalement, c’est uniquement en commettant un acte illégal et peu glorieux. Le spectateur est certes heureux de voir Taub rester dans la course, mais à quel prix ! Cette fin sans morale voit son âcreté tempérée par l’éclosion d’un lien moins froid entre les deux docteurs. Un choix judicieux car permettant de redonner un peu de chaleur au personnage de Foreman, assez impersonnel depuis quelque temps.

Wilson élève Sarah, une chatte (diabétique bien sûr, c'est Wilson) ; dans la grande tradition des délires pas si délirants que ça de House, il nous présente ce fait comme la renonciation de son ami à trouver une compagne. House, en dépit de son comportement vachard envers son ami, ne souhaite que son bonheur, et il sait qu’il a besoin d’une femme. C’est pour cela qu’il l’invite à sortir, à draguer des filles (l’occasion d’une scène désopilante où ils analysent le physique des « cibles »), tout en gardant sous le coude un « plan B » avec une autre infirmière. Cuddy, avec son intelligence habituelle, comprend que House aime tellement son ami qu’il culpabilise d’être en couple et lui non. On peut en tirer une seconde conclusion : alors que House était jaloux que Sam empiète sur la vie de Wilson à son détriment, il estime donc ici qu’il ne doit plus être le seul à remplir la solitude de son ami, qu’il ne peut remplacer l’affection d’une compagne. Un mûrissement étonnant du personnage, et une nouvelle déclaration d’amitié/amour du diagnosticien très émouvante. Le Hilson trône toujours au sommet des amitiés télévisuelles. 

Infos supplémentaires :

- Taub a 45 ans.

- Wilson est allergique à l’ambroisie et au pissenlit.

- Référence à l'épisode Comme un chef (saison 6) où on retrouve le même jeu vidéo (Foreman et Taub y jouent).

- Taub et Foreman emménagent ensemble. Première fois que nous voyons l’appartement de Foreman.

- Beaucoup de références : Taub fait référence au film Mod Squad devant Foreman. Omar Epps jouait un des principaux rôles du film. Foreman spoile à Taub la fin de Usual suspects, comme l’avait fait House dans Le divin enfant (saison 5). Wilson dit à House « you're trying to Gaslight me », allusion directe au film Hantise (Gaslight en VO) de Georges Cukor. House demande à ce qu’on « relâche le kraken » dans une allusion au Choc des titans. Taub, après avoir acheté les résultats, compare cette action à celle « d’enterrer une pute dans le désert », référence à Very bad things. Lost et Star Wars (« Jabba the slutt ») sont aussi évoqués.

- Les chansons de l’épisode sont Felicia des Constellations, et How to fight loneliness de Jay Bennett et Jeff Tweedy, interprétée ici par Wilco.

Acteurs :

Tina Holmes (1973) travaille dans le domaine de la littérature française et américaine, et est également actrice. Elle a été Moira Doherty, un des personnages principaux de l’éphémère série Persons Unknown (13 épisodes), et la bouleversante Maggie Sibley, un rôle récurrent de Six pieds sous terre (13 épisodes). Elle a joué aussi dans les séries New York 911, Urgences, NYPD Blue (2 épisodes), Les Experts, 24 heures chrono (2 épisodes), New York unité spéciale, Cold Case, Grey’s anatomy, Prison break (2 épisodes), Leverage, Private practice, Parenthood, Esprits Criminels, etc.

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13. COMME À L'ÉCOLE
(TWO STORIES)


Scénario : Thomas L. Moran
Réalisation : Greg Yaitanes

If porn was bad, why would there be so many nuns in it ?

En attendant d’être convoqué par la directrice d’une école primaire en raison de « quelque chose » qu’il aurait commis, House discute avec Gabe et Colleen, deux jeunes enfants de 10 ans à la relation conflictuelle également convoqués. Les deux enfants demandent à House de raconter comment il en est arrivé là : House leur raconte la conférence qu’il a donné à une classe de l’école sur son métier de médecin, mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu...

Quand Dr.House rencontre Pulp Fiction

On les avait oubliés depuis la saison 6 : revoici les épisodes « conceptuels ». Two stories est une surprise rafraîchissante car s’appuyant sur une narration non-linéaire, alternant avec célérité trois niveaux temporels. Thomas L.Moran s’amuse à semer des dialogues foldingues grâce non seulement à House, mais aussi à ses deux jeunes interlocuteurs, à l’intelligence précoce mirobolante. On a déjà croisé des enfants improbablement matures pour leur âge dans la série, mais on assiste à une sorte de couronnement avec ces deux « Mafalda ». House adorant faire son show, sa conférence est bourrée d’humour ubuesque. Le Huddy, qui se faisait discret depuis quelque temps, fait un retour dramatique fracassant. On sent que la fin du couple est proche. Avec une adresse sans pareil, l’auteur parle avec brio du Huddy en s’appuyant sur le couple formé par les deux enfants, miroir de cette relation orageuse. Une méthode qui n’est pas sans rappeler Le roi de la pluie, un épisode de la saison 6 d’X-Files qui s’appuyant sur un couple, radiographiait le couple Mulder-Scully. Un épisode « décalé », malin, hilarant, pessimiste (bien sûr !). Encore un pari réussi.

Le timing déstructuré dynamise le récit en faisant appel à toute la compréhension du spectateur. La première moitié rappelle ces échappées sous poudre blanche auxquelles la série se livre de temps à autre. Fan de cinéma, House improvise dans sa conférence des histoires hilarantes, pastiches de films, mais se fait à chaque fois reprendre par un jeune garçon cinéphile jusqu'au surréalisme. Les pastiches, et les interventions du je-sais-tout sont à se tordre. Quoiqu'on va encore plus loin quand il invente des délires au milieu de cas réels : patiente ayant des problèmes de vibromasseur (devant je le rappelle une classe de primaire), avances sexuelles énormissimes de Chase et Taub sur une jolie infirmière, morales pas morales du tout... Cet happening burlesque est rythmé par les nombreuses fausses sorties de House qui sait à merveille comment manipuler son public, en ne révélant jamais d’entrée le dénouement de ses histoires. Le foutoir cosmique qu'il sème dans la classe ne faiblit jamais.

Mais Moran s’écarte bientôt de la conférence pour se concentrer sur le Huddy. Pour cela, il utilise ce couple d’enfants, Gabe et Colleen. Les surdoués Logan Arens et Haley Pullos nous livrent d’étonnantes performances ; en particulier la jeune Haley, tordante en peste autoritaire. Les deux jeunes enfants sont d’une maturité délirante ; ainsi la stratégie psychologique de Gabe pour obtenir un baiser de Colleen est tout droit sortie de L’art de la manipulation, édition revue et augmentée par Gregory House. Leur relation a tout du Huddy : trop orgueilleux pour s’avouer leurs sentiments respectifs, nos deux amis se chamaillent continuellement, au menu des scènes enfantines plus pimentées que l’habitude. Gabe est un garçon doux et galant, mais aux dons d’observation immenses. Il est sûr des sentiments de la revêche, ce que cette dernière nie avec trop de force pour être convaincante (comme Cuddy naguère).

Colleen vole le show par son énergie irrépressible, dirigeant tous les débats. Comme elle se montre fine analyste du comportement humain, elle tient à la fois de Cuddy et de Wilson, en retournant les armes psychologiques de House contre lui, ou en doutant de sa maturité. Paradoxalement, les jeunes enfants, malgré leurs chamailleries, se montrent plus adultes que House. Les dialogues de ce trio étincellent continuellement, entre passe d’armes psy et humour franc du collier. Le cas n’est qu’un prétexte mais son dénouement est comme toujours original. House trouve la solution… en regardant une affiche de spectacle pour enfants !

Cuddy veut faire une pause dans sa relation avec House. Motif : House refuse de sortir les poubelles, et utilise sa brosse à dents. Creusons sous ses prétextes ridiculement drôles, et notre rire commence à jaunir. Cuddy se rend compte que House ne pense qu’à lui, ne se soucie pas d'elle. Leur nouvelle relation n’y a rien changé. Grâce aux allers-retours dans le passé et le présent, cette histoire ne livre ses secrets qu’au compte-gouttes, dans un suspense tenu. Lorsque House souhaite l’aider, il est d’une maladresse confondante. Les pérégrinations absurdes de l’ordinateur de Cuddy peuvent en témoigner. Quant à l’échange de procédés avec Sanford Wells, l’ambiguïté brise la bonne volonté de House : le service qu’il veut rendre à Cuddy, le fait-il vraiment pour elle, ou n’est-ce qu’un moyen de se rapprocher d’elle ? House lui-même et le spectateur n’ont pas la solution. Comme La mécanique de l’espoir le confirmera, House n’est à l’aise que dans les jeux de conflits, et ne peut vivre sa relation avec Cuddy que de cette manière (on pense à Clair de Lune). Le parallèle avec le duo d’enfants est évident. Gabe met fin au jeu de séduction retors avec Colleen, tandis que House fait son mea culpa, sincère pour une fois, devant une Cuddy émue qui lui pardonne. L’émotion et la psychologie sont omniprésentes, et le final est magnifiquement mélancolique. Le Huddy continue, mais de plus en plus difficilement.

Infos supplémentaires :

- House mesure 6.2 pieds (1m88).

- D’après sa carte d’identité, House est né le 15 mai 1959. C’est en contradiction avec House à terre, où nous apprenions qu’il était né le 11 juin (la même date que Hugh Laurie).

- Cuddy a 4 caries.

- House cite sa devise « Everybody lies » à la classe. Un enfant lui demande si dans ce cas, il est en train de mentir. House lui répond, « je ne mens pas tout le temps, Aristote ! ». Il s’agit d’une référence au paradoxe du menteur (déjà évoqué dans le finale de la saison 1) : si on dit « je suis un menteur », dit-on la vérité ou non ? Si la phrase est vraie, on a menti donc la phrase est fausse ; si la phrase est fausse, alors on a bien menti, et la phrase est vraie ! La solution d’Aristote pour éviter le paradoxe est qu’il n’existe pas de menteur absolu systématique, et que le menteur du paradoxe exprime une assertion relative (et non plus absolue : le menteur ne ment pas toujours).

- House regarde avec Cuddy Cendrillon aux grands pieds, un film de Frank Tashlin avec Jerry Lewis. En plus des références cinématographiques devinées par l’enfant cinéphile, sont mentionnés En pleine tempête de Wolfgang Petersen, la série Scoubidou, et la série Mad men quand House appelle Don (pour Don Draper) le gars de la publicité.

Acteurs :

Logan Arens (1996) ne joue qu’occasionnellement sur les écrans. Son rôle dans cet épisode est actuellement son dernier référencé.

Haley Pullos (1998) joue fréquemment à la télévision depuis qu’elle a 9 ans. Son rôle le plus important est pour le moment celui de Molly Lansing dans 324 épisodes du soap opera Hôpital central. On l’a vue dans d’autres séries comme Moonlight, Ghost Whisperer (2 épisodes), Dollhouse (2 épisodes), etc.

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14. LES TEMPS SONT DURS
(RECESSION PROOF)


Scénario : John C. Kelley
Réalisation : S.J. Clarkson

I need some intel on this charity event on Friday night. If I go, do I have to actually give money to charity ?

Bert, la quarantaine, a perdu son travail suite à la crise économique. Honteux, il n’en a rien dit à Diane, sa femme, et survit en nettoyant des scènes de crime. Lors d’une soirée avec Diane, il a une crise, devenant le prochain cas de House. Pendant que Masters, sous le patronage de Chase, apprend à s’endurcir, Wilson parie que House ne sera pas présent au gala de charité célébrant les 15 ans de service de Cuddy…

Cet épisode ne parvient pas à utiliser son thème de départ : les vertus et les vices du pieux mensonge. John C.Kelley a en effet la peu judicieuse idée de convoquer tous les clichés hospitaliers : de l’épouse larmoyante au bon docteur mentant pour réconforter ses patients, en passant par les petits conflits gentillets entre collègues. L’auteur hésite également sur la conduite à tenir concernant Masters. La doctoresse apprend simultanément à devenir plus dure… et plus conventionnelle. L’épisode est sauvé de justesse par son cruel twist final, et ses dernières scènes, à la fois tragiques et pleines d’espoir pour le Huddy. Un espoir violemment brisé dans l’épisode suivant, faisant de la fin de Recession proof une des plus éclatement trompeuses de la série.

L’inspiration médicale semble avoir pris des vacances, car nous avons encore une enquête accusant de sérieux signes de faiblesse. La dégradation du patient eût pu nous émouvoir, mais les dialogues insipides, débités à un train de sénateur, détruisent toute urgence. Les vannes de House ont été remises au vestiaire. Bert est certes bien joué par Adrian LaTourelle, mais ne fait que se lamenter sur son sort, enfermé dans la figure du pauv’mari qui veut pas dire à sa femme la sinistre vérité. Dans le domaine Everybody lies, la série nous a offert beaucoup mieux. Diane la pleureuse qui dit un truc pour aussitôt le regretter l’instant d’après, est une grosse bonbonne tire-larmes, même s’il faut reconnaître à Ashley Jones, actrice de soap, un talent évident. On atteint le sommet (ou plutôt le fond) quand elle dit à son mari comateux qu’elle est enceinte. Super, ça manquait justement de bouillon. On en apprécie que plus le terrible coup du destin qui frappe à la porte de l’hôpital, avec une fin désespérée qui renoue avec le meilleur de la série.

« L’éducation » de Masters par Chase va un peu trop loin. L’intérêt de la nouvelle recrue est qu’armée de ses valeurs opposées à la team, elle offre une alternative satisfaisante. La voir accepter de se plier sans restriction aux règles plus Housiennes est donc un contresens. Il est certes surprenant de la voir se décider enfin à mentir aux patients, de ne plus les croire sur parole… mais ce n’est pas le personnage. Le twist final rappelle que les valeurs de Masters, plus humanistes, fonctionnent aussi, mais ici, laisse penser que les valeurs de Chase, vétéran de l’équipe, sont inférieures à celles de l’étudiante. Dans cette maladresse, la série semble ici se renier pour le seul plaisir de la virtuosité. Chase défendant également certains aspects du bon docteur compatissant est en contradiction avec l’ADN de la série, lui qui est là depuis le début. Du côté de Foreman et Taub, quelques frictions font très « disputes de couple », mais on est loin de l’alchimie de son évident modèle : House et Wilson.

Malgré quelques gags comme House auditionnant des mariachis, le Huddy prend une tournure de plus en plus dramatique. Le pari de Cuddy n'est drôle en apparence : elle a si peu confiance en House qu’elle se croit obligée de l’appâter avec de l’argent pour qu’il vienne à son gala... de charité. Mais le plus grand choc est de voir House totalement dérailler, totalement abattu par la mort d'un patient. Ce qu’on ressentait depuis Selfish se réalise : son amour pour Cuddy l’a rendu trop sensible. L’affectif a infecté son génie médical qui ne marchait que grâce à son absence d’émotions. Une « rétrogradation » menée de main de maître. Cette déchéance du personnage, que Hugh Laurie donne à voir avec une violence psychologique puissante, trouve un aboutissement dans la scène finale. C’est l’unique déclaration d’amour de House de toute la série ; elle est bouleversante, mais il est ivre. La question est : l’alcool a-t-il embrumé son esprit, ou bien in vino veritas ? Kelley laisse au spectateur (et à Cuddy) le soin de décider. Un final ouvert qui clôt brillamment un épisode pourtant mineur.

Infos supplémentaires :

- Cuddy est depuis 15 ans à Princeton-Plainsboro. Elle y est donc bien entrée à 29 ans comme mentionné dans Chacun sa croix.

- Dix-neuvième échec de House. Son patient meurt quelques secondes après qu’il ait trouvé le diagnostic final.

- Masters et Chase surnomment Taub et Foreman "Bert et Ernie" les deux poupées du Muppet Show.

- Petits problèmes de montage quand Masters communique avec le patient par écrit : on ne la voit pas écrire assez pour qu’elle ait pu réellement écrire toutes ses phrases.

- L’orchestre mexicain interprète une célèbre chanson folklorique : La Raspa.

Acteurs :

Adrian LaTourelle est la voix d’Unalaq dans la série animée The Legend of Korra. L’acteur a par ailleurs joué dans quelques séries comme Numb3rs, Boston Justice, FBI portés disparus, Esprits criminels, NCIS, NCIS : Los Angeles, Last Resort, Sons of anarchy (4 épisodes), The Closer L.A (épisode Le dernier mot), Castle, etc.

Ashley Jones (1976) est connue pour sa participation étendue à deux grands rôles de soap operas : Megan Dennison dans Les feux de l’amour (200 épisodes), et le Dr.Bridget Forrester dans Amour, gloire, et beauté (755 épisodes). On l’a également vue dans Dr.Quinn femme médecin, FBI portés disparus, Preuve à l’appui, Les Experts, Les Experts : Manhattan, CSI : Cyber, Flashforward, Mentalist, True Blood (8 épisodes), Private Practice, Bones, 90210 nouvelle génération (3 épisodes), Esprits Criminels, etc.

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15. COMME DANS UN MAUVAIS FILM...
(BOMBSHELLS)


Scénario : Liz Friedman et Sara Hess
Réalisation : Greg Yaitanes

- While he's doing that, can I at least search his house for drugs ?
- Have I ever said no to that question ?

Cuddy devient patiente de son propre hôpital après avoir pissé du sang. House, tourmenté, laisse son équipe traiter le cas de Ryan, un adolescent pas si recommandable qu’il en a l’air, mais ne trouve pas le courage de soutenir sa petite amie. Cuddy fait plusieurs cauchemars délirants : elle sent que son subconscient lui envoie un message ; mais lequel ?

Cet épisode, un des plus mauvais de la série, hésite entre plusieurs voies, et finalement picore un peu partout. Malchance du tonnerre pour Liz Friedman et Sara Hess : leurs choix narratifs se montrent tous incompatibles entre eux, produisant un épisode hybride, sans direction stable, dont l’alternance comédie/humour est pour une fois crispant. Le choix de Cuddy comme patiente du jour aurait pu être intéressant, mais les auteures tiennent absolument à nous servir un autre cas médical parallèle (en plus assez foireux) : l’attention se disperse, et le cas Cuddy, joint aux inquiétudes de House, n’a pas le temps de se développer.

Bombshells s’essaye aussi à l’épisode « décalé » en insérant des parodies de films, de séries, et de comédies musicales, dans les cauchemars du duo central. Mais un épisode décalé ne peut marcher que s’il l’est de bout en bout ; ici, ça ne prend que sept-huit minutes en tout. De plus, cette louche gratuite de burlesque - par ailleurs assez inégale - se marie mal du drame de l’ensemble. Heureusement, le Huddy s'achève avec puissance et cohérence sur une scène finale d’une foudroyante beauté noire. C’est une manie chez Dr.House : les épisodes les plus exécrables se terminent souvent en beauté, comme un réflexe salvateur.

Par un curieux effet miroir, nous sommes comme House tellement préoccupés par Cuddy que Ryan ne suscite aucunement notre intérêt. Que ce soit House qui trouve une partie de la solution montre toutefois que l’épisode n’est même pas allé jusqu’au bout de son postulat visant à séparer les deux intrigues. L’équipe livrée à elle-même tâtonne pesamment dans des diagnostics ratés, secs, sans saveur Housienne ajoutée. La figure de l’ado modèle loin de l’être est taillée à la hache (drogues, bombes), avec parents largués clichetonneux et sujet caricatural. Le dilemme de Taub (dois-je prévenir la police qu'il y a un « ado à risque » ou laisser le bénéfice du doute ?) est à peine présenté qu’on en arrive à la décision sans débat intermédiaire. Un nœud narratif mort-né. Le twist final aussi ironique que moral, et le faux happy end sont bons ; mais à ce moment-là, l’épisode a coulé depuis longtemps.

Cuddy fait quatre cauchemars, House, un. Ces cinq bouffées de délire entachent la teneur dramatique de l’ensemble. Les deux premiers délires sont réussis, le premier est un fidèle pastiche de Mon oncle Charlie, pour le coup plus réussi que celle de Cheers dans Scrubs. Le cauchemar de House qui dégomme des morts-vivants au kilomètre (hache, fusil, laser…) fait penser à une version de Resident evil sous acides jouissive. On sera moins enthousiaste au pastiche pas drôle de Butch Cassidy et le Kid, puis de la sitcom Leave it to Beaver. Le dernier rêve, pastiche trop long de comédie musicale, sombre dans une vulgarité nanarde. House et Cuddy ont certes de belles voix, mais ce spectacle psychédélique filmé par un Greg Yaitanes défoncé est absolument irregardable : la débauche d’effets spéciaux et de décors est vd’une rare laideur, et la chorégraphie simiesque. On remarque que sur les trois grandes séries médicales des années 2000 (Urgences mise à part), les "sérieuses" : Grey's anatomy et House MD, ont manqué leur épisode musical, alors que la parodique Scrubs a totalement réussi. Il ne faut jurer de rien dans le monde des séries.

Chaque rêve a un message psychologique : le cauchemar de House voyant Cuddy dévorée vivante symbolise sa peur qu’elle meure ; le rêve en Noir et Blanc, trop beau pour être vrai, symbolise les chimères de Cuddy qui comprend que House ne sera jamais comme elle le souhaiterait ; le western symbolise l’abandon de House ; tandis que Get Happy est une chanson sur la Mort en tant que délivrance, ce qui se passe de commentaires. Conclusion de tous les rêves : House est lâche devant la douleur physique ou émotionnelle, et ne peut accompagner Cuddy. Malheureusement, les rêves forment un contraste décalé qui se marie mal au contexte. Le cas de Cuddy marche par à-coups : il ne se passe rien, puis rebondissement, puis rien, puis rebondissement, puis rien, etc. C'est assez paresseux comme écriture. Cuddy attend vainement que House aille la voir, ce qui donne des scènes assez creuses : lenteur qui confine à la torpeur languide, émotion qui ne marche pas, suspense aux abonnés absents…

Le motif si "léger" en apparence de la dislocation du Huddy a été moqué par certains fans : ce n’est en réalité que la goutte d’eau faisant déborder un vase que House a rempli de sa peur de souffrir, de son ego, de son refus des côtés négatifs inhérents à chaque vie de couple. Cuddy de son côté, paye le prix d'avoir espéré changer House de manière plus humaine et chaleureuse sans toucher à sa personnalité hors norme. La rédemption de House ne passera pas par elle. La coda apporte une vraie émotion : Lisa Edelstein en bourreau victime nous donne à voir tout le déchirement de Cuddy à la onzième heure. Hugh Laurie, dont on a l’impression qu’il reçoit le ciel sur la tête, fait une composition surpuissante. Le sursis de House est désormais terminé. Le plan final, épanadiplose cruelle du finale de la saison 6, mais sans Cuddy salvatrice, voit House sombrer à nouveau. Un final noir, qui finit avec un sens de la tragédie consommé le navet certifié de la saison.

Le deuxième fil rouge de la saison : House tentant de surmonter l'ordalie, peut commencer, et se révélera original, intense, et même spectaculaire.

Infos supplémentaires :

- Cuddy obtient finalement une maladie : Un cancer bénin. Le cas du patient est pour une fois moins important.

- House et Cuddy rompent (enfin, c'est surtout Cuddy).

- L’épisode commence par un générique à froid. Le nom d’Olivia Wilde, encore absente, peut ainsi être retiré des « crédits » d’ouverture.

- Taub est fan de Dr.Who première série. Les fans de Buffy regretteront qu'il ait raté le passage d'Andrew à Princeton-Plainsboro en saison 2.

- Un mois s’est écoulé entre Family practice et cet épisode.

- Chase lit que Tom Cruise s’est marié dans le magazine que Cuddy feuilletait. L’épisode se déroule en 2011, or Tom Cruise s’est marié avec Katie Holmes en 2006, le magazine date donc d’il y’a cinq ans. On comprend le regard entendu que s’échangent Chase et Cuddy : l’hôpital doit avoir quelques retards de livraison !

- On entend un cri Wilhelm quand House désintègre le zombie Taub.

- Pour pouvoir mieux dormir, Cuddy prend du Zelpodem. Il est indiqué que la dose qu’elle prend en contient 200 mg… alors qu’une dose standard du médicament ne dépasse pas les 10 mg.

- La chanson Get happy interprétée par Hugh Laurie et Lisa Edelstein a été composée par Harold Arlen et Ted Koehler. Elle est surtout connue dans la version chantée à Ella Fitzgerald que l'on ne peut que vivement conseiller, surtout après ce que vient d'en faire l'épisode !

Acteurs :

Brett DelBuono (1992) joue dès son plus jeune âge sur les deux écrans. Il est surtout connu pour avoir joué Ben Banks, un des rôles principaux de la courte série The Cleaner (17 épisodes) et Dylan de Miss Behave (22 épisodes). On l’a vu par ailleurs dans NCIS : Los Angeles, Les Experts : Miami, Private practice, Weeds, Mad Men, etc.

Emily Hahn (2000) commence sa carrière dans le doublage de films d’animation et de jeux vidéo, et d’apparitions dans quelques courts métrages et séries comme Hawthorne infirmière en chef, Brothers & sisters, Falling skies, etc.

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16. PASSER LE CAP
(OUT OF THE CHUTE)


Scénario : Lawrence Kaplow et Thomas L. Moran
Réalisation : Sanford Bookstaver

Let's make damn sure we don't damage his toes while we blow up his heart.

Largué par Cuddy, House enchaîne call-girls et Vicodin, mais semble étonnement lucide, compétent… et pas du tout malheureux. Il supervise à distance le cas de Lane, la trentaine, champion de rodéo qui a eu une paralysie temporaire peu après son passage. Taub se moque de Masters, qui semble avoir le béguin pour Lane…

Out of the chute a l’excellent mérite de surprendre le spectateur en évitant la répétition. Les précédentes ruptures de House (Stacy et Lydia) l’avaient déprimé, mais ici il semble se porter comme un charme. Alors, comment se sent-il réellement intérieurement ? Thomas L. Moran et Lawrence Kaplow alternent passages de pure euphorie et moments plus dramatiques, curseur cependant axé sur les premiers. La chute (aux deux sens du terme !) finale, intelligente, révèle la capacité des scénaristes à jouer avec toujours autant de maîtrise sur le terrain psychologique. On retrouve les échanges psy House-Wilson, et le cas médical a un certain intérêt, ce qu’on avait pas vu depuis longtemps. La saison démarre sa seconde partie sur des bases fermes.

Le nombre dément de plaques métalliques insérés dans le corps de Lane, habitué des accidents, oblige les docteurs à faire des opérations très agressives : scène de l’IRM où il cuit littéralement sous nos yeux, « découpage » de crâne bien gore, opération à cœur ouvert bien sanguinolente et bien longue... le cas est d’autant plus intéressant que le patient est philosophe et solide : il contraste avec les victimes impuissantes des derniers cas, et subit sans peur ses multiples rendez-vous avec la mort. Il se montre surtout d’un optimisme surprenant. Quand il apprend qu’il ne pourra plus exercer sa passion, il refuse de s’apitoyer et se dit qu’il trouvera une autre passion. Une ode à la foi et au dépassement de soi réconfortante, qu'on retrouvera dans Changes, le chef-d'oeuvre de la saison. L’attirance de Masters donne quelques scènes comiques, notamment celle où elle justifie son attirance par son cortex préfrontal devant un Taub sarcastique, ou demande carrément au patient de sortir avec elle… avant de prendre la fuite ! Contrairement aux gros sabots de l’amourette ridicule de Cameron dans Être ou paraître (saison 2), c’est joyeusement léger. En homme ébranlé mais qui tient tête, Chad Faust est excellent. Amber Tamblyn, en femme tentant de réprimer ses élans sexuels, est assez fondante aussi.

La force d’âme de Lane touche House, lui aussi est confronté à un problème analogue : la destruction de sa « passion » amoureuse : comment trouver une autre "passion" ? Nous l'avions quitté en loques, seul, Vicodin en main. Le voilà maintenant à l’hôtel, souriant, joyeux, festif, et pas shooté. Un burlesque comique de répétition le voit avec une prostituée différente toutes les cinq minutes (le directeur de casting s’est visiblement lâché !). Chaque scène avec ces femmes est une pépite comique, toujours différente de la précédente. House explose sa carte de crédit également en petits-déjeuners luxueux, massages… et fait même en profiter Wilson. Preuve si besoin est que House lui montre son affection de manière plus directe, loin de ses aides « tordues » précédentes.

Cette poursuite à tout prix des plaisirs des sens ne masque pas des moments plus graves comme les toujours pertinentes explications de texte de Wilson, ou House seul au comptoir du bar. Mais dire que ses dehors « funs » sont un paravent à son cœur meurtri n’est pas exact, car House gère le cas sans difficulté. Et lorsqu’il affronte Cuddy, il a l’avantage en revenant à la figure type de l’employé subversif. Ainsi, un malaise saisit le spectateur, qui ne sait pas ce que pense son héros qui ne se comporte pas "normalement". A la différence de Cuddy, encore enchaînée à sa prison de larmes.

Ces virages joie/drame sont très bien entrelacés, et culminent dans un des plus sinistres happy end de la série : House ne s’est jamais senti aussi bien, mais on comprend qu’il a en fait enterré et non dépassé la souffrance de son cœur. Il croit qu’il va surmonter son chagrin non en le combattant, mais en l’oubliant. La phase « plaisirs et putes à gogo » était la première partie de son plan. Ironie maximale : House a quitté le « sursis » de l’intermède Cuddy pour en tomber dans un autre : celui de la négation de la douleur. House dans les épisodes suivants va trouver de nouveaux expédients pour servir son plan, mais doute-t-on encore une fois de son échec ? Tous ses sentiments négatifs bouillonnent en lui, et attendent d’exploser au bon moment. Un brillant épisode psychologique.

Infos supplémentaires :

- House s'absente de l'hôpital pour la deuxième fois au cours de la saison.

- Martha tombe amoureuse d'un patient pour la seule et unique fois.

- Références à Forrest Gump et Superman vers la fin quand House saute de la rambarde.

- La soundtrack de l’épisode est constituée de This night de Black Lab, My body is a cage de Peter Gabriel, et Take the long road and walk it par The Music.

Acteurs :

Chad Faust (1980) joue dans des courts-métrages et dans des séries télévisées. Il est surtout connu pour avoir été Kyle Baldwin dans 33 épisodes de la série Les 4400. On l’a vu notamment dans Smallville, Les Experts, Les Experts : Miami (2 épisodes), Les Experts : Manhattan, Heroes (2 épisodes), Cold Case, etc.

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17. STUPEUR ET CONSTERNATION
(FALL FROM GRACE)


Scénario : John C. Kelley
Réalisation : Tucker Gates

- Hiding your identity. Either you're a criminal or a superhero.
- I'm not a criminal.
- Awesome. What color is my underwear ?

Un SDF de 23 ans a un odorat détérioré. A l’hôpital, l’équipe se rend compte qu’il ment à chaque question qu’ils lui posent, pour préserver un secret qu’il ne veut dire à personne. House, accompagné d’une ravissante slave à Princeton-Plainsboro, lâche une bombe : il va… se marier !!!

Les scénaristes ne chôment pas. A peine une bombe lâchée (Cuddy quitte House), voilà qu’ils en font exploser une seconde, et celle-là pas piquée des hannetons : le mariage (blanc) de House !! John C. Kelley, décidément le plus prometteur des nouveaux auteurs de la série, s’amuse comme un gosse à imaginer House et Dominika, l’heureuse élue, en train de faire les 400 coups pendant les diagnostics différentiels. Le charme polonais et souriant de Karolina Wydra - à l’accent pittoresque - donne beaucoup de fantaisie à ce personnage délicieux. Au-delà de cette petite folie douce, le cas médical est très intéressant à regarder, avec un patient mystérieux dont la relation avec Masters permet des échanges chaleureux loin du pessimisme habituel de la série. Mais le twist final hurle d’un rire méchant dans les dernières secondes, et fracasse à la dynamite le happy end, laissant le spectateur choqué.

Le cas retrouve une partie du souffle dramatique des premiers épisodes de la saison : échanges médicaux vifs, réalisation nerveuse (Tucker Gates est sans doute un des réalisateurs de TV les plus doués qui soit), diagnostics frais et décalés avec les multiples délires Housiens. Chris Marquette donne une interprétation énigmatique et introspective de son personnage, semant tous ses mensonges alors qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Ses retrouvailles avec Amber Tamblyn, sa partenaire du Monde de Joan, donnent une saveur particulière pour les amateurs de cette dernière série, qui mériterait plus de publicité en France.

Leurs échanges tout en mansuétude équilibrent la balance plus dramatique de la dégradation du patient. Leurs dialogues sur la question d’une seconde chance offerte par le destin (ou par Dieu) interpellent directement le spectateur, car c’est un sujet universel : la thèse de Kelley est que tout événement se produit pour une chose précise, et que quiconque traverse une ordalie douloureuse doit comprendre qu’il s’agit d’une occasion de s’améliorer - ce que faisait d'ailleurs le patient de l'épisode précédent. Sauf que cette morale, ce n’est pas lui qui en fera l’expérience mais bien Masters, qui finit KO debout en recevant le twist final, conséquence d’une règle hélas bien plus Housienne : Everybody lies ! Un cas de très bonne main.

House va se marier avec une sans-papiers pour lui donner une carte verte (équivalent du passeport aux USA) ; en échange, elle s’occupera 4 fois par semaine de la maison de son « mari », qui compte ainsi économiser de coquettes sommes ! Pas d’exploitation de la misère : Dominika « aime bien » House, qui lui laisse toute sa liberté. En défendant le mariage blanc, la série va à l’encontre du politiquement correct, mais ce n’est pas une nouveauté. L’exubérance de la belle Dominika est si communicative que même la team se laisse aller entre deux massages prodigués par la belle. Nos deux amis transforment la chapelle de l’hôpital en salle de réception, font une bataille d’hélicoptères, jouent au ping-pong avec Chase et Foreman, se moquent de Cuddy sans qu'elle le réalise... On retient aussi Wilson qui croit (comme nous) surprendre House recevant une fellation de Dominika. On a parfois l’esprit mal tourné, hein ?

Cette nouvelle explosive ne semble pas atteindre Cuddy. Mais en fait, elle souffre de sa culpabilité. Elle est celle qui a rompu, donc pour se "racheter", son inconscient accepte toutes les folies de House. Dans son orgueil, elle refuse naturellement de l’admettre. Cette source grave donne selon la recette de la série des scènes assez foldingues, typiques de John C. Kelley : extorsion d’une télé écran plat, ballade en trottinette électrique de 3m, et surtout diagnostic différentiel dans un monster truck avec sono métal à fond les enceintes. En fait House profite de la faiblesse de Cuddy, or il n’a jamais exploité la faiblesse de quelqu’un, comme le lui rappelle Wilson. La raison est évidente : House n’est pas guéri de sa rupture - ce qu'il nie - et veut faire souffrir la cause de ses malheurs. Il faudra que Wilson (toujours superbe Robert Sean Leonard) remonte les bretelles de Cuddy pour qu’elle se reprenne. Cela ne l’empêche pas de craquer pendant le mariage de House. Tous ses moments sont très humoristiques, mais leur origine est un déchirement sentimental affectant les valeurs morales mêmes des personnages. La formule de la dramedy continue de marcher.

 

Même si ce mariage n’est qu’une farce, Dominika n’est pas insensible au charme de House et propose de « consommer » leur union. Mais House la repousse via une pirouette assez fielleuse, lui qui n’a jamais dit non à des relations sexuelles ! Qu’en conclure ? Que House, non guéri de Cuddy, ne se sent pas prêt à partager le lit d’une autre femme avec qui il a une relation non dirigée par l’argent ? Ou bien, parce qu’il renforcerait ainsi son lien avec elle, et qu’il ne veut pas la faire souffrir, comme il le fait avec toutes ses compagnes ? Peut-être les deux. Dans tous les cas, il le fait par noblesse d’âme, mais cela nous vaut à Dominika de quitter provisoirement la série sur un visage déçu et triste. La complicité entre Hugh Laurie et Karolina Wydra est manifeste, et rend crédible cette histoire qui ne devrait pas l’être. Un bien bel épisode.

Infos supplémentaires :

- Premier épisode avec Dominika Petrova, jouée par Karolina Wydra. L’épouse de Gregory House jouera dans en tout six épisodes de la série, y compris le final Tout le monde meurt (saison 8). On ne la reverra toutefois pas avant le milieu de la saison 8.

- Taub a une passion pour le hockey qui sera confirmée dans la saison 8.

- Chris Marquette et Amber Tamblyn avaient déjà travaillé ensemble en tant qu’acteurs principaux de la série Joan of Arcadia. Marquette jouait d’ailleurs le petit ami de Tamblyn.

- House mentionne les Champs Elysées.

- Masters n’a jamais vu le film La folle journée de Forrest Bueller, film populaire en Amérique. En VF, la référence devient Forrest Gump, film plus connu en France. House cite une phrase de Lex Luthor de Superman II : North, miss Tesmacher !

- Erreurs médicales : House laisse Danny manger des produits laitiers et de la viande ; sa maladie de Refsum devrait alors empirer car elle n’est pas liée aux végétals comme le prétend House. House dit également que l’ataxie cérébelleuse est un symptôme de la maladie de Parkinson ; en fait ce n’est pas le cas. Autres erreurs : House prétend donner une punition à sa team en utilisant le terme negative reinforcement. Ce terme ne désigne pas une punition à proprement parler mais simplement la suspension d’une récompense. Sinon, la moustache de Danny est de toute évidence factice.

- Quand House se dirige vers Cuddy en trottinette, il siffle (en VF) le 1er mouvement de la 40e symphonie de Mozart, une habitude que prend Féodor Atkine dans la série.

Acteurs :

Karolina Wydra (1981) commence par le mannequinat, et fait une apparition dans une des publicités Nespresso (avec Georges Clooney). Depuis, elle joue dans plusieurs films notables (Soyez sympas rembobinez, Crazy stupid love…) et dans des séries télévisées : New York section criminelle, Justified (5 épisodes), Scorpion, etc. Son rôle dans la série reste toutefois son plus connu, avec celui de Violet dans True blood (14 épisodes).

Chris Marquette (1984) a d’abord été un enfant mannequin, avant de se tourner précocement vers la comédie. Il est surtout connu pour avoir été Adam Rove, un des personnages principaux de la série Le Monde de Joan (44 épisodes) aux côtés d'Amber Tamblyn. Il fut aussi le personnage récurrent de Marc Delgado dans 31 épisodes de la série La vie avant tout. Mais il a aussi participé à Saturday night live, Beverly Hills, New York police judiciaire, Une nounou d’enfer, 7 à la maison, Urgences, Boston Public, Weeds (2 épisodes), Esprits criminels, Hawaï 5-0, etc. Depuis 2005, il se tourne de plus en plus vers le cinéma.

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18. MISE AU JOUR
(THE DIG)


Scénario : David Hoselton et Sara Hess
Réalisation : Matt Shakman

One day, I will be sick. And there will be no one there when it's time. I didn't... expect compassion from you. I would've taken commisseration. Hell, I would've taken revulsion. Any... emotional engagement at all. But you didn't. It's no wonder Cuddy broke up with you !

Brian, 36 ans, a de fréquents saignements. L’équipe doit s’occuper toute seule du cas et fouiller son appartement, véritable capharnaüm babylonien. En effet, House est allé accueillir Numéro 13 qui vient de sortir de six mois de prison. 13 refuse de lui dire quel a été son crime, mais accepte de l’accompagner à un concours de lance-patates, où il pourrait bénéficier de ses connaissances en balistique. Foreman se demande quel raison a pu pousser Taub à abandonner un rendez-vous avec une jeunette de 22 ans…

Le retour tant attendu de Numéro 13 ne tient pas ses promesses. Si Olivia Wilde n’a rien perdu de son mordant acide, Sara Hess et David Hoselton limitent sa réapparition à une énigme de plus à démêler. Le road-movie House-13 est bien terne : pas de rencontres, de répliques, ou de rebondissements marquants ; que des tentatives de House de percer le secret de la jeune femme, un jeu de devinettes qui n’a rien d’excitant. On est loin de Birthmarks (saison 5). Quand l’émotion s’en mêle, l’épisode trouve sa raison d’être, mais c’est seulement en fin de parcours. Le cas est transparent, surtout constitué d'investigations répétées de l’équipe dans la maison du patient ; autant dire qu’on s’ennuie ferme. Mais le pire réside dans le retour de Rachel Taub, qui avait pourtant eu une belle sortie. Son retour paralyse le renouvellement du personnage de son mari.

Symptômes-fouille chez le patient-nouveaux symptômes-nouvelle fouille-nouveaux symptômes, etc. Voilà le schéma simpliste du cas du jour. La partie « fouille », trop allongée, et pas rehaussée par les habituelles déclarations ironiques des médecins, annihile tout suspense. Ce qui reste se résume à des diagnostics lancés au petit bonheur et des patients à peine esquissés. Heureusement, Terry Maratos a assez de métier pour défendre son personnage, et Kimberlee Peterson sait bien pleurer. Le twist final contribue à rendre Brian et Nina plus attachants. Le happy end sous-entendu est joliment réconfortant.

Comment un homme à l’opposé des canons de beauté comme Taub peut-il avoir le « knack » avec les nanas ? On aurait volontiers assisté à un cours de séduction délivré par l’intéressé au lieu de la ressortie du placard de Rachel Taub. Le coup des ex qui recouchent ensemble est si cliché qu’on est atterré par les propos de Rachel dépeignant leur relation comme « hors norme ». La série, très pointilleuse sur le réalisme des sentiments humains, voulait certainement rappeler que la fin d’une histoire d’amour n’est pas synonyme de la fin des sentiments (et du désir), mais on en avait déjà eu un bel exemple dans Larger than life. Celui de The dig est aussi trivial que décevant.

Passée la joie de revoir Numéro 13, on déchante vite. Ce qui fait le plus mal est l’absence totale d’alchimie entre elle et House. Les jeux froids des acteurs sont excellents individuellement, mais mis ensemble, leurs scènes perdent toute sève. Si le Dr.Hadley est toujours aussi directe et rentre-dedans, il ne se passe rien durant leurs échanges qui se résument à House essayant de deviner le secret. Cependant, la confrontation entre House et son rival Harold est une hilarante parodie de Western : répliques « testostéronées », cadrages à la Leone, poses hiératiques, et… coup de feu !

L’épisode atteint enfin son objectif quand nous apprenons le crime de 13. En un éclair, elle brise son masque et pleure à chaudes larmes, traumatisée par son acte passé qui la hantera jusqu’à la fin de ses jours. Le sujet qu’il implique confirme le positionnement progressiste de la série sur un thème controversé : l’euthanasie, d’une manière plus claire que le brouillon d’Informed consent (saison 3). Les auteurs sont casuistes : il y’a une différence entre un acte et la raison de cet acte, aussi monstrueux qu’un « meurtre », commis ici pour soulager les souffrances de quelqu’un. Le peur de 13 de mourir dans d’atroces souffrances ET seule a été le moteur de son acte. C’est bouleversant. House semble avoir régressé car il ne fait strictement rien pour la soutenir, ce qui la blesse encore davantage. En réalité, il ne veut pas réagir car ses derniers temps, tout ce qu’il a fait pour montrer son affection s’est transformé en désastre (Cuddy). Aussi, la scène finale est bien plus que la main tendue d’un ami, c’est l’audace d’un homme à continuer à vouloir aider son prochain en dépit de ses tragiques maladresses. Un épisode décevant, mais un final merveilleux.

Infos supplémentaires :

- Retour de Numéro 13 (Olivia Wilde) qui écopa de six mois de prison ferme pour avoir euthanasié son frère souffrant de la même maladie qu'elle.

- Cent cinquantième épisode de la série.

- Deuxième et dernier épisode des sept premières saisons sans Lisa Edelstein. Troisième et dernier épisode de la série sans Robert Sean Leonard. Troisième épisode avec House absent de l'hôpital pour cette saison. Premier épisode avec Zena Grey (Ruby), qui joue la petite amie de Taub pendant cinq épisodes.

- House déteste le chili con carne, mais adore les lance-patates.

- A 16 ans, Numéro 13 arriva 4e de la Foire scientifique de West Virginia pour son projet sur la combustion propre.

- Foreman fait de la gymnastique à 20h certains jours.

- Quand House et Numéro 13 sont dans la voiture, ils sont sensés être au New Jersey, mais les marques d’autoroute visibles n’existent pas dans cet état.

- House surnomme Masters « Harriet the spy ». Il s’agit d’un clin d’œil au personnage de Michelle Trachtenberg (d’ailleurs patiente de House dans Protection reprochée, saison 2) dans le film du même nom. Amber Tamblyn joua le rôle de Janice, la meilleure amie du rôle le plus connu de Michelle Trachtenberg : Dawn Summers de Buffy contre les vampires.

Acteurs :

Terry Maratos joue aussi bien dans des courts-métrages que dans des séries télé. On peut citer Sex and the city, Urgences (2 épisodes), Skins (6 épisodes), FBI portés disparus, Jericho, Dexter, Les Experts : Miami, The Bridge, Homeland, etc.

Kimberlee Peterson (1980) commence la comédie très jeune. Elle est majoritairement guest star dans des séries comme Profiler, Alerte à Malibu, Les feux de l’amour (3 épisodes), The practice, NYPD Blue, A la maison blanche (3 épisodes), Boston Public (3 épisodes), Les Experts, NCIS, Charmed, Esprits criminels, etc. Son rôle dans cet épisode est son dernier référencé.

Zena Grey (1988) est une actrice de cinéma indépendant. Elle joue parfois à le télévision : New York police judiciaire, New York unité spéciale…

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19. ENFREINDRE LES RÈGLES
(LAST TEMPTATION)


Scénario : David Foster et Liz Friedman
Réalisation : Tim Southam

It's kind of like coming to an end of an extreme roller coaster. Even with the terror, naseau, and whiplash, I'm a little sad that it's over.

Dernière semaine universitaire pour Martha M. Masters, et un dilemme : doit-elle faire son internat dans une équipe de chirurgie comme elle l’avait prévu, ou bien le faire dans l’équipe de House qui lui propose une place ? Le cas de Kendall Pearson, jeune navigatrice de 16 ans qui s’est évanouie quelques jours avant une grande course à la voile, va l’orienter dans son choix…

Clap de fin pour Masters. Pour marquer l’événement, David Foster et Liz Friedman ont la riche idée d’écrire l’épisode de son point de vue, comme Wilson dans Wilson, et Cuddy dans 5 to 9. Il est par ailleurs original de centrer un épisode sur un personnage secondaire quand il s'agit de son dernier ! Le résultat est à la hauteur, car le dilemme de Masters se couple à un cas qui la pousse dans ses ultimes retranchements. L’interprétation habitée d’Amber Tamblyn achève de donner une fantastique sortie au personnage. Toutefois, le cas médical en lui-même passe à l’as, et la situation critique paraît trop exagérée. On sent qu’elle n’est que le prétexte à tourmenter Masters. Le pari débile de House et Wilson est amusant mais détonne quelque peu.

Plusieurs fois, l’idéal de Masters s’est retrouvé confronté au cynisme de House & Cie : son approche de la médecine est faite d’une pleine confiance envers ses patients, prohibant mensonges et actes amoraux. Filmé du point de vue de Masters, l’épisode nous fait voir les personnages tels qu’elle les voit : directrice lointaine, collègues sans épaisseur, chef plus ou moins tyrannique, ce qui change du regard habituel de la série. La mise en abyme fonctionne, car le fan, habitué aux comportements hors normes de ses personnages, se rappelle à cette occasion que la magie de la fiction rend sympathique des personnages auquel il aurait peu de chances de vouloir se lier en réalité. Dans une scène révélatrice, House réprimande Masters de ne pas avoir triché sur son compte-rendu étudiant comme il le lui demandait : House respecte les valeurs de chacun mais veut que dans SON service, on les laisse de côté si elles ne permettent pas d'atteindre un but. Masters ne peut l’accepter, mais lorsqu’elle quitte l’équipe pour revenir dans l’équipe de chirurgie, mademoiselle la surdouée s’emmerde, et comprend qu’elle s’épanouirait mieux chez House. Un vrai dilemme.

Contrairement à House et à la team, Masters attache autant d’importance aux patients qu’à l’énigme médicale ; ce faisant, elle laisse l’affection qu’elle a pour Kendall (Michelle DeFraites rayonne de volonté joyeuse) atteindre son intellect. Ainsi, subit-elle un second dilemme, bien plus insoutenable que le premier, quand Kendall refuse de se faire amputer de son bras pour participer à la course, quitte à ce que cela la tue en pleine compétition. Que Kendall parvienne à convaincre sa mère est gros à avaler (elle accepte donc que sa fille aille droit à la mort), et l’excuse de la menace d’émancipation est un moyen scénaristique plutôt désespéré.

Cela amène non sans mal la situation : Masters a la vie de Kendall entre ses mains, et si elle peut la sauver, ce sera au prix de sa conscience : elle devra agir alla House qui ici ne veut pas intervenir, fidèle à son credo de résoudre des énigmes, non de guérir des patients : une fois diagnostiqués, il se moque de voir s’ils prendront leur traitement (comme dans A la vie à la mort, saison 2). Cela semble être une rétrogradation du personnage qui s'était montré plus humain ces deux dernières saisons, mais qu'on peut expliquer par son état actuel (il cache une douleur trop grande en lui). Masters va donc violer une dizaine de règles médicales et finit au bout du rouleau. Honnête envers elle-même, elle comprend qu’elle n’a pas la force morale d’intégrer une équipe où elle doit renier tout ce en quoi elle croit. Là où Cameron est devenue une doctoresse froide subissant l’influence de son patron, Masters reste elle-même. La série rappelle à l'occasion qu’elle a été et restera une alternative crédible à son antihéros. Ses adieux sont tout à fait justifiés, et sa tirade finale est supérieurement écrite.

Quelques moments d’humour parsèment cet épisode : Masters se réveille tous les jours à 4h30 du matin selon la méthode Pythagoricienne : elle ne se lève pas tant qu’elle n’a pas récité par cœur les leçons apprises la veille. Sa garde-robe, que sa colocataire avec un très doux euphémisme nomme « une conception particulière de la mode », est une des moins glamours de l’histoire des séries télé. C’est évidemment le personnage, mais c’est quand même assez extrême ! Il y’a bien sûr le jeu complètement idiot de House et Wilson qui cachent des poules dans l’hôpital : le premier qui se fait prendre paye 20$ ! On a déjà eu des paris plus ou moins givrés dans la série, mais là, on atteint certainement un pic : Wilson s’échappant par la fenêtre du bureau de House, House qui dresse un chien pour boulotter une poule, les fausses traces de pattes sortant du bureau de Wilson… on hésite entre consternation devant un pari aussi ras des pâquerettes et franche rigolade devant ces scènes d’une stupidité assumée. Dans l’ensemble, un bon épisode, qui n’est pas le chef-d’œuvre attendu, mais où Masters sort la tête haute.

Infos supplémentaires :

- Martha M. Masters (Amber Tamblyn) est le personnage principal de cet épisode. Elle quitte l'hôpital à la fin de cet épisode après 14 apparitions dans la saison. Elle fera cependant un bref caméo dans le final de la série Tout le monde meurt (saison 8 ).

- Martha et Numéro 13 se croisent pour la première fois.

- Au début de l’épisode, Masters examine le bras gauche d’un patient après avoir examiné le droit. Pendant la conversation qui suit, le bras qu’elle examine est pourtant le droit.

- House cite Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl en disant « Turn blue magical gum ! » Il cite aussi le film Jerry Maguire de Cameron Crowe « You had me at 'I had to pee'. »

Acteurs :

Michelle DeFraites a commencé très tôt la danse et le théâtre. Elle commence à apparaître sur le petit écran dans des séries télé : Hannah Montana, Glee, Bones, Rizzoli & Isles, etc. Elle a entamé en 2014 une carrière cinématographique.

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20. LA MÉCANIQUE DE L'ESPOIR
(CHANGES)


Scénario : Eli Attie, d'après une histoire d'Eli Attie et Seth Hoffman
Réalisation : David Straiton

- Do it, and no clinic hours for the next quarter.
- Yeah, and I want three parking spots, next to each other, so I can park diagonally. And three pairs of your underwear. I'm thinking of taking up sailing.

Cyrus Harry a gagné à la loterie. Accompagné de son frère, il utilise cet argent afin de retrouver Jennifer, un amour de jeunesse. Mais il s’écroule pendant son périple, alors qu'il se trouve à Princeton-Plainsboro. Jennifer arrive le lendemain, après avoir lu son nom dans les journaux, mais Numéro 13 se demande si elle est sincère ou si elle est plus intéressée par sa fortune. Arlene poursuit House et Cuddy pour « mauvais traitements » durant sa maladie, et Chase parie que Foreman n’arrivera pas à tenir un diagnostic différentiel sans se mettre en colère…

Le meilleur épisode de la saison.

La perfection du scénario d’Eli Attie (en collaboration avec Seth Hoffman) en est presque aveuglante : le cas est captivant à suivre, renforcé par le suspense sur les véritables sentiments de Jennifer. Le twist final frappe avec une violence terrible, mais pour une fois, l’espoir luit après la Berezina, achevant avec cohérence et émotion le portrait du patient du jour. Le tout confirme néanmoins le pessimisme de la série sur la nature humaine. Le trio House-Cuddy-Arlene nous fait du Sun Tzu avec des manipulations psychologiques continuelles à rendre fou. Et même la petite intrigue Chase-Foreman est sympathique à suivre. L’épisode est dynamisé par une luxuriance de dialogues chocs à effet impressionnant.

Cyrus est dominé par l’espérance. C’est en croyant à une suite de chiffres pendant dix ans qu’il a gagné le gros lot, et c’est animé d’une espérance similaire qu’il part à la recherche d’un ancien amour. C’est un « pur » dans la mesure où l’argent ne le corrompt pas, car il est déjà heureux de la vie qu’il mène. Il évite d’être trop lisse en étant conscient que les gens aiment maintenant davantage son portefeuille que lui-même, et avoue ne pas connaître les sentiments de Jennifer. Cyrus est ainsi très intéressant, et il fallait un acteur aussi doué que Donal Logue pour afficher un tel quotient sympathie. Megan Follows est ambiguë, laissant le spectateur dans le doute. Le twist final sera horriblement noir, avec un coup de poignard inattendu, mais bien dans le ton de la série. Pourtant, Cyrus brandit au final la lumière de l’espoir. 13 se montre cynique, pensant qu’aucun événement ne peut changer les perceptions que nous avons du bonheur et du malheur. Cyrus ne sera jamais malheureux, car le fait d'espérer le rend toujours heureux, et son espoir est aussi inextinguible que la symphonie de Nielsen. Par analogie, House comprend le comportement de Numéro 13 : elle est si en colère contre sa destinée que dire que de toute façon la vie est injuste, quelque soit notre naissance, est son mécanisme de défense, nécessaire pour qu’elle ne sombre pas dans la haine de la vie. L'épisode nous rappelle ainsi que les croyances qui semblent les plus négatives sont parfois indispensables à la survie spirituelle de quelqu’un, comme le disait déjà Here Kitty (saison 5).

Chase asticote Foreman sur son tempérament sanguin. C’est la source d’humour franc de cet épisode, grâce à l’autodérision d’Omar Epps qui « botoxe » son visage pour rester difficilement stoïque. Les diagnostics différentiels avec Foreman branché à un électrocardiogramme sont d’hilarantes conséquences du pari initial, avec House faisant tout pour lui faire perdre son calme. Les deux rebondissements du pari sont bien vaches. Les dialogues fusent à chaque seconde, on rit de bon cœur.

Les scénaristes se surpassent à imaginer des manipulations psychologiques qui vont toujours plus loin dans la perversité, mais qui sont par la même occasion un baromètre sur l’état intérieur de House après sa rupture avec Cuddy. C'est d'une habileté sans pareil ! Voici Mama Cuddy pas contente qui met non des bâtons mais des chênes dans les roues de House et Cuddy. Franchement, on admire l’optimisme de Wilson qui croit pouvoir ramener à la raison ces trois têtes brûlées (J.J.Abrams n’aurait pas renié le gag de la télé portative truquée) et y échouant systématiquement. Dès le premier acte, House comprend que Cuddy a fomenté une double manipulation pour le tenir à l'écart. Dès lors House ne va pas cesser de saboter les différentes tentatives de compromis. Sauf que ce comportement ne semble pas cohérent : il est assez intelligent pour savoir qu’en agissant ainsi, il met l’hôpital et sa propre licence de médecin en péril. Alors pourquoi ? Wilson semble trouver la raison - House est toujours en colère contre Cuddy - sauf qu'il se rend compte peu après que sa solution est incomplète. En fait, elle est basée sur la dépendance affective qui vous fait préférer n'importe quelle relation avec la personne aimée, même viciée et toxique, que pas de relation du tout : si notre cerveau logique se révolte, nos toutes-puissantes émotions en ont souvent rien à faire ; une faiblesse humaine magistralement analysée par la série, source d'amitiés et d'amours qui tournent mal. C’est jouissif à voir (dialogues explosifs, tirades expressives), et c’est d’une subtilité démesurée. Nous voyons que le ressentiment de House bouillonne, bouillonne, et on se demande comment cette puissance négative va finir par sortir… Dans l’odieux, Arlène n'hésite pas à chausser ses gros croquenots. Candice Bergen ne va pas dans la finesse, et on adore ça !

Un ultime twist couronne cette histoire brillante. Les plus malins l’auront deviné, mais comment ne pas tout de même applaudir en découvrant le but véritable d’Arlene qui pour l’unique fois de la série, a enfin un acte d’amour envers sa fille, même si sacrément pervers. Le pessimisme de la série atteint des profondeurs insondables : ses personnages n’arrivent à exprimer leurs meilleurs sentiments qu’en étant imbuvables. Malgré le happy end, c’est bien le cynisme qui triomphe encore une fois.

Infos supplémentaires :

- Un ex petit copain de jeunesse de 13 a rompu avec elle quand il a appris qu’elle sortait avec sa sœur.

- Arlene Cuddy (Candice Bergen), mère de Lisa, apparaît pour la dernière fois.

- Au rayon références, on retrouve le chiffre 11 de Spinal Tap, et l’uniforme des Starfleet de la série Star Trek.

- La chanson de l’épisode est On the line de The Limetree Warehouse .

Acteurs :

Donal Logue (1966) est un des acteurs les plus populaires aux Etats-Unis. Comédien de théâtre confirmé, il doit beaucoup de sa célébrité au rôle de Sean Finnerty dans la sitcom Parents à tout prix (91 épisodes), du capitaine Kevin Tidwell dans la série Life (21 épisodes), et de Harvey Bullock dans Gotham (22 épisodes). Il a fait honneur de sa présence à X-Files (épisode Compressions), Public Morals, Vikings (12 épisodes chacun), The practice (5 épisodes), Urgences (11 épisodes), Sons of anarchy, New York unité spéciale (7 épisodes chacun), Damages, Felicity, Monk, etc. Acteur complet, il a beaucoup joué au cinéma : Harcèlement, Les quatre filles du Dr.March, le flic de San Francisco, The Patriot, Zodiac, Shark 3D, etc.

Megan Follows (1968) est connue pour être la Reine Catherine de la série Reign (44 épisodes). Elle a décroché tôt  - entre de nombreuses pièces de théâtre - deux premiers rôles de série : The Baxters, et Matt et Jenny (26 épisodes). Elle a ensuite enchaîné les apparitions dans Au-delà du réel l’aventure continue, Arabesque, New York police judiciaire, Le Fugitif, Urgences, X-Files (épisode Per manum), Les Experts, Les Experts : Miami, Cold Case, Lie to me, Brothers & Sisters, etc.

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21. LE COBAYE
(THE FIX)


Scénario : Thomas L. Moran et David Shore, d'après une histoire de Thomas L. Moran
Réalisation : Greg Yaitanes

- Don't worry. It's just epinephrine.
- Ep... is it dangerous ?
- In the wrong hands, very. So in this case... yeah, sort of.

Le Dr.Wendy Lee, spécialisée dans la fabrication de bombes, convulse lors d’un essai. A l’hôpital, Ceaser, son collègue et petit ami, prévient les médecins que l’ex de Lee est dangereux. Wilson a gagné un pari contre House sur le résultat d’un match de boxe, mais House est persuadé que Terry, son champion, n’a pas perdu loyalement. Il mène sa petite enquête…

David Shore, le créateur/showrunner de la série, supervise tous les scénarios, mais en écrit peu lui-même (il n’avait plus scénarisé depuis le pilote de la saison 6). Il est dommage que pour sa « reprise », il ait décidé de collaborer sur le faible sujet de Thomas L.Moran. House s’exclut de lui-même du cas, et si cela nous vaut une intrigue secondaire amusante, et frivole qu’en apparence, l’intrigue principale ne suscite que l’ennui. La patiente n’a aucune personnalité, et le cas est sans saveur. Notons que l’épisode jette une semence narrative qui germera de manière mémorable dans l’épisode suivant.

Wendy est réduite à son plus simple concept scénaristique : c’est une patiente qu’il faut guérir, c’est tout ; Linda Park n’y peut rien. Les deux hommes de sa vie (ex et petit ami) sont au mieux absents, au pire de gros clichés massifs. On suit donc avec un désintérêt poli cette enquête aux faibles rebondissements. Notre équipe est certes intéressante pour elle-même, et nous vaut quelques bons moments : on retient que maintenant qu’ils se connaissent si bien, chacun sait quand l’autre ment, ce qui donne quelques sourires, mais rien de plus. Tout est misé sur le twist final, copie conforme, mais bien moins fort que celui de Clueless (saison 2).

Cet épisode pourrait s’appeler, pour paraphraser Berlioz, Terry ou le retour à la vie. Dans ses tentatives de fuite face à son chagrin sentimental, House se fixe sur un pari débile, délaisse tout autre occupation, même sa patiente ! Cela pourrait inquiéter car House a toujours fait des énigmes sa priorité. Mais depuis la saison 6, House a changé intérieurement en devenant plus sensible, et son comportement s'explique par son besoin urgent de retourner à l'être imbuvable qu'il était jadis en se concentrant sur une absurdité au détriment de l’essentiel. Cette tentative de retour arrière rassure paradoxalement Wilson, soulagé de ne plus le voir penser à Cuddy. Elle échouera toutefois du fait que sa frustration rageuse va quand même remonter à la surface. Ainsi, la série ne reniera pas l’évolution du personnage entreprise depuis Mayfield. Une fois ancré ce soubassement dramatique, on rigole allègrement des multiples tentatives de House de démontrer que le match de boxe de son « poulain » était truqué. Terry ne cesse de vitupérer contre le harcèlement du diagnosticien à vouloir le diagnostiquer. Mais au fond, Terry souffre à l’idée de devoir raccrocher les gants. Ainsi, il saisit chaque perche tendue par House (piqûres, ingestion forcée d’eau…) dans l’espoir qu’il trouve une possible maladie qui une fois guérie, lui permettrait de retourner sur le ring.

Ce décalage entre actions extérieures et intérieures donne du poids à Terry, auquel Kevin Daniels prête avec bonheur ses traits. Le rebondissement final est d’une ironie machiavélique. Il est à croire que dans cette série, la roue du destin ne veut décidément épargner personne. Cette gravité permanente, même après sept saisons, reste efficace, et même semble prendre de plus en plus de force. On en a une nouvelle démonstration lors de la scène du bar où House, ivre, mais totalement lucide, dénonce le fonds de commerce des barmen, qu’il accuse de profiter de la misère des gens en leur vendant de l’alcool pour qu’ils puissent y noyer leur malheur. Hugh Laurie fait de nouveau une performance du feu de Dieu.

Niveau humour, on retient la danse de victoire de Wilson, une des scènes les plus givrées jamais écrites pour le personnage, ainsi que le rot particulièrement spectaculaire de House. House d'ailleurs cache un secret à son entourage (ça vous étonne ?). Dans une parfaite métaphore de l’arroseur arrosé, cela entraîne 13 à entrer par effraction chez House sous l’ordre de Cuddy et Wilson. L’image finale nous glace cependant de terreur et ouvre la voie à l’épisode suivant.

Infos supplémentaires :

- Le teaser de l’épisode est identique à celui de La tête dans les étoiles (saison 4).

- House se découvre des tumeurs à la jambe.

- En VO, House dit quelques mots en français : pour éviter Ceaser, il se paye sa tête en disant « Désolé, je parle pas anglais ».

- Lorsque Foreman avertit Cuddy des dernières frasques de House, cette dernière, blasée, lui répond Ma nishtana. Puis devant l’air interrogateur de Foreman, ajoute All those years of medical school and you never went to a seder ? Il s’agit d’une référence au Seder de Pessa’h, rituel juif commémorant la fin des années d’esclavage en Égypte. Le Seder fait intervenir des enfants qui posent des questions rituelles dont l’une est Ma nishtana halayla hazeh mikol haleilot ? Soit, comme le traduit Cuddy En quoi cette nuit diffère-t-elle des autres nuits ? Cuddy ironise donc sur le fait qu’elle n’est pas surprise que House soit en train de faire n’importe quoi.

Acteurs :

Linda Park (1978) est surtout connue pour avoir été Hoshi Sato dans Star Trek : Enterprise (96 épisodes), et Maggie Cheon dans Crash (13 épisodes). Également danseuse de salon émérite (3e à un concours international), elle a également participé à des séries comme Raines (7 épisodes), Women’s Murder club (10 épisodes), Life, New York unité spéciale, Mentalist, NCIS, Castle etc. Elle joue parfois au cinéma (Jurassic Park III, Taken…).

Kevin Daniels (1976) a joué dans beaucoup de séries. Il a été Hank, rôle principal de Sirens (23 épisodes). Il fut aussi dans Dingue de toi, New York 911, New York police judiciaire, Buffy contre les vampires (épisode Ça a commencé), JAG, Charmed, Smallville, Brothers & Sisters, Chuck, Castle, Modern family (8 épisodes), Justified, Mentalist, etc. On l’a vu un peu au cinéma (The Island, Piège de feu, Kate et Leopold…).

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22. OPÉRATIONS MAISON
(AFTER HOURS)


Scénario : Seth Hoffman, Russel Friend, et Garrett Lerner
Réalisation : Miguel Sapochnik

- There are no cars coming. Just go.
- The light is red, ye bloody scallywag.
- If you don't want Brownbeard to end up with two wooden legs, better get your ma to move this ship, you mangy bilge rat !

Darrien, la quarantaine, a été poignardée par son dealer de drogue. Elle se traîne jusqu’à la porte de Numéro 13, qui a été sa compagne de cellule. Darrien la supplie de la soigner sans l’amener à l’hôpital, de peur que la police la retrouve. Le médicament expérimental que prend House a fait naître des tumeurs à sa jambe. Effrayé à l’idée que les chirurgiens décideraient de l’amputer s’il s’adressait à eux, il décide de retirer les tumeurs lui-même. Taub apprend une nouvelle inattendue...

Très aimé des fans en raison de son caractère plus sanglant que l’habitude de la série, After Hours a malgré tout peut-être usurpé sa réputation. Les excellentes idées de départ sont vite abandonnées pour retomber dans des développements quelconques, incohérences en sus. Certaines scènes « choquantes » relèvent davantage de l’épate gratuite que de climax psychologiques. La storyline de Taub est une excroissance soap qui ne contribue pas à illuminer cet épisode. La réalisation de Miguel Sapochnik est en revanche un modèle à suivre, tout comme la performance « fantapoustouflante » de Hugh Laurie.

L’épisode nous fait ressentir l'inquiétude urgente d'un cas atypique qui se déroule "à la maison". Amy Landecker compose un personnage très fort, ressentant aussi bien la peur et l’angoisse que l’espoir et l’abnégation. Le cas, généreux en sang et en stress, se dénoue hélas trop rapidement quand Chase se bagarre avec 13, une scène certes surprenante mais qui sonne faux étant donné leurs caractères. On retrouve des sentiers bien balisés une fois à l'hôpital, et le cas perd tout intérêt. Le twist final se veut cruel, mais est incohérent alors que Chase avait trouvé une élégante porte de sortie. Le faux happy end traditionnel apparaît ainsi trop forcé. Mais on retient une exploration du comportement de 13, qui arrive à tenir à distance sa culpabilité d’avoir euthanasié son frère parce qu’elle lui avait donné sa parole qu’elle l’empêcherait de souffrir. Une parole qui lui sert de « mécanisme de défense » ; c'est pour le préserver que, de manière analogue, elle s’est opposée à Chase qui voulait lui faire briser sa parole à Darrien. C’est bien trouvé.

Pour échapper à la mort et à une probable amputation, House fait l’opération sur sa jambe sclérosée lui-même, sans anesthésie. Et là, le trio de scénaristes a l’idée culottée de jouer sur le terrain de Nip/tuck : chair sanguinolente, peau ouverte, prélèvement sanglant des tumeurs, sang giclant partout… la scène est d’une violence insoutenable, accentuée par les hurlements de House. Le gore est une carte que la série n’a presque jamais tirée (sauf dans Sans peur et sans douleur en saison 3, et Écorchés vifs en saison 5). L’effet est d’autant plus prodigieux. Hugh Laurie, méconnaissable, est la douleur ayant pris forme humaine. Malheureusement, les auteurs abandonnent eux aussi l’idée, et dès que Cuddy (et Rachel) arrive à la rescousse, toute la tension est supprimée. Les moments d’humour entre Rachel et House ne collent pas dans un scénario qui jouait jusque-là dans le drame sans partage. On se pince quand House déclare qu’il fait confiance à Cuddy pour surveiller l’opération. A-t-il oublié qu’elle avait voulu lui amputer la jambe lorsqu’il a eu son infarctus ? On finit heureusement sur une sublime image Hilson : Wilson porte son ami tout en l’exhortant à faire un grand coup de balai dans sa vie, conseil que House suivra... euh comment dire, à sa manière, dans le final qui va suivre.

After hours subit par ailleurs l’impasse des scénaristes sur Taub dont-ils ne savent plus quoi faire. Ainsi, monsieur a engrossé une jolie infirmière, et culpabilise à mort. Chassez le soap, il revient au galop ! On est étonnés que Foreman choisisse comme thérapie un bar à strip-tease, mauvais prétexte destiné uniquement à nous insérer une scène tragi-comique où Taub embête royalement la strip-teaseuse avec ses problèmes. Le talent de Peter Jacobson est intact, la caméra troublée renforce le malaise, mais ce beau travail est au service d’une narration en roue libre. On ne reconnaît pas Taub, ici d’un ridicule achevé. Les auteurs veulent ressortir subtilement sa culpabilité, mais ils copient le procédé de Baggage (saison 6) où l'inconscient de House lui faisait chercher les ennuis pour s'autopunir. De plus, cette version a ici des conséquences catastrophiques : Foreman baisse dans notre estime quand il laisse Taub seul, puis la strip-teaseuse sort un flingue de son sac pour menacer Taub ; du spectaculaire outrancier et vulgaire. On finit sur du Bollywood lorsque Taub accepte que Ruby garde l’enfant après une tirade à l’eau de rose. N’en jetez plus, ça suffit !

L’épisode se passe la nuit, et en dépit que tout se déroule en intérieur, la caméra de Miguel Sapochnik capte cette impression nocturne, cette vibration particulière de cette période du jour. Il la couple avec de nombreux zooms sur des images éprouvantes, sanglantes, pour faire monter un sentiment d’oppression. Au final, un épisode qui a saboté ses meilleures idées, mais qui est sauvé par ses acteurs, Hugh en tête, et la mise en scène prodigieuse de Miguel Sapochnik.

Infos supplémentaires :

- Pour House, c'est un des rares épisodes où il n'est pas en train de soigner un patient. Wilson le soutient à la fin de l'épisode ; il y’aura un effet miroir en saison 8 où House soutient Wilson.

- Chase dit à Numéro 13 que les conséquences de la vérité sont parfois lourdes à porter. Parle-t-il de Dibala ?

- House n'a aucun contact avec son équipe dans cet épisode. Wilson n'a que deux scènes et ne parle que dans une seule.

- On entend dans l’épisode Flume de Bon Iver, et Victory dance de My Morning Jacket.

Acteurs :

Amy Landecker (1969) est issue d’une famille renommée (arrière petite-fille d’un prestigieux avocat ayant pris position contre le McCarthysme, et fille d’une légende de la radio). Elle tient le rôle principal de Sarah Pfefferman dans Transparent (9 épisodes). Mais elle a joué le plus souvent en tant que guest star dans des séries télévisées : New York unité spéciale, New York section criminelle (2 épisodes chacun), New York police judiciaire, Médium (épisode Le jeu de la vérité), Louie (4 épisodes), Larry et son nombril, Mad Men, House of lies, Private practice, Revenge (3 épisodes), Vegas, etc. On l’a parfois vue au cinéma (A serious man…).

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23. PASSER À AUTRE CHOSE
(MOVING ON)


Scénario : Kath Lingenfelter et Peter Blake
Réalisation : Greg Yaitanes

- You think I have unresolved issues, and you are the unresolved issues.
- Yes. But I think it's more than that. Your life, your choices...
- I did it to fix my life. No, wait. No, I did it because I am a deeply unhappy person. No, I did it to get sympathy from you. No, I did it to piss you off. I did it because I'm not over you. Or I was over you and I was moving on. I did it because I wanna know what it's like not to be in pain. Or I did it because I wanna feel more pain. Whatever the reason, it was a bad reason and a bad idea. That's all that matters.

Cuddy, en état de choc, déclare à un policier que House doit être retrouvé et jeté en prison. Trois jours plus tôt, il s’est occupé du cas d’Afsoun Hamidi, artiste contemporaine qui s’est évanouie lors d’une performance artistique. Cette femme qui fait de sa vie une œuvre d’art, jusqu’à accepter les risques les plus mortels, fascina House. Pendant ce temps, Taub reçut une autre nouvelle surprenante. Inquiète du comportement de plus en plus autodestructeur de House, Cuddy a demandé qu’ils aient une discussion tous les deux, ignorant quelles en seraient les conséquences…

Le final de la saison 7 a suscité beaucoup de controverses en raison de sa dernière scène d’une violence spectaculaire inédite, loin du ton sobre de la série. Pourtant, Kath Lingenfelter et Peter Blake ont bel et bien trouvé une remarquable conclusion à la relation House-Cuddy. Depuis le final de Bombshells, la rage qui a couvé dans le sein de House depuis sa rupture, a commencé à déborder. L’ouragan terminal et la coda - le calme après la tempête - apparaissent donc ici justifiés. Le cas est un des plus déconcertants, avec la patiente la plus « Housienne » de la série. Le peu de crédibilité de la situation pénalise assez longuement le cas, médicalement sous-écrit. Mais il convainc sur le miroir qu’il tend à House de sa propre relation à l’art et autrui.

Le cas fait du surplace, et les médecins mêmes ont l’air peu investis. Il règne dans cet épisode comme une impression de fin d’année scolaire (ce que le plan final corroborera étrangement). Les acteurs font le minimum syndical (sauf bien sûr le trio House-Cuddy-Wilson), et les auteurs, une ou deux scènes médicales par ci par là. A retenir toutefois, House mentaliste qui comprend que Foreman va refuser de faire un test qu’il lui demande, ou Taub faisant face à une autre révélation catastrophique pour lui, hilarante pour nous, mais qui achève de le couler dans le soap. La saison suivante risque d’être très difficile pour lui…

 

Tout tourne autour d’Afsoun et de cette question millénaire : qu’est-ce que l’Art ? A cette question aux réponses infinies, celle d’Afsoun serait : « mise en scène de la vie intérieure et extérieure d’un artiste ». Une façon d'affirmer le si subjectif Je sans renier l'universalité désirée des oeuvres d'art. Dans son cas, l’artiste, immobile et passive, est entourée d’objets, et le public est prié d’interagir avec elle et les objets. L’arroser d’un produit inflammable et y mettre le feu, ça aussi c’est permis ! La mort fait partie de la vie, et à ce titre, a sa place dans son œuvre. Qu’elle se fasse filmer en train d’avoir une opération, cela aussi fait partie de son processus artistique. A l’exception évidemment de House, les médecins pensent qu’elle est folle. Afsoun interpelle House car tout comme lui, elle ne s’épanouit que dans son art, refuse toute attache émotionnelle, et imprime à sa vie un sens artistique. Afsoun prend les plus gros risques, défiant le « bon sens ». Ainsi, elle connaît sa maladie, mais refuse de la dire à House (conséquence d’un twist central qui en sidérera plus d’un !), car cela fait partie de son sentiment artistique. House, pareillement, viole à chaque épisode l’éthique. Afsoun est une artiste qui a atteint son absolu, comme House. Par analogie, Luca, l’assistant et ancien amant d’Afsoun, ne sacrifie pas tout à l’Art, comme la team de House. Mais comme House, l’humanité d’Afsoun n’a pas disparu, et doit faire face à une émotion "faible" lorsque la démission de Luca la plonge dans le désarroi. Elle réalise alors les périls de vouloir être « absolu » dans son art. Nos relations à autrui sont indispensables à notre propre survie mentale : elle a besoin d’autre chose que son art.

Dans son cas, l’amour de Luca mais qu’elle a voulu étrangler. C’est ainsi qu’elle le réaccepte, ce qui outre House, furieux qu’elle ne soit pas resté comme lui : serviteur de son art sans émotions. Mais aussi parce que quand House a choisi l’amour (Cuddy), il s’en est mordu les doigts, et il veut la « protéger » - nouvelle démonstration de l'attitude du nouveau House. Pourtant, House ne peut pas vivre sans l’Autre. On l’entrevoit depuis quelque temps, et la série le confirmera encore et encore. Dans ce portrait complexe, Shohreh Aghdashloo irradie.

L’épisode a aussi toute sa valeur dans la conclusion du Huddy. Depuis sa rupture, House a enchaîné les comportements irresponsables : prostituées à gogo, mariage blanc, opération « artisanale » de sa jambe... La rupture amoureuse, House ne l’a pas combattue mais laissée dans un coin. Cela l’oblige à nier que tous ses déraillements ont à voir avec sa rupture, quand elles ne sont que des réactions d'autant plus violentes qu'il veut les étouffer. Cela l’oblige aussi à délayer toute tentative d’explication mandée par Cuddy. Ses surdoses de Vicodin « anesthésient » également sa colère. Cela lui vaut une remarque ironique du désespérément lucide Wilson : il veut éviter son autodestruction par… l’autodestruction. Lorsque Cuddy le force à s’expliquer, House fuit par des pirouettes avant de brièvement exploser. C’est le premier pas vers sa libération : il sait qu’il a tout fait foirer, mais il se hait car ses sentiments « faibles » d’homme protestent et veulent accuser Cuddy (c’est elle qui l’a largué !). House n’arrive plus à être le sans-émotions qu’il était, ce qui lui fait mal autant que la rupture elle-même. A ce moment-là, le bouchon est sur le point de sauter.

Vient alors la fameuse scène finale... sans doute House savait au fond que Cuddy avait tourné la page, mais le voir en direct est l’étincelle qui met le feu aux poudres. Devant un Wilson stupéfié, House accomplit un acte de violence foudroyant et dévastateur. On ne peut que condamner l’acte, mais il était une catharsis nécessaire pour House, qui se sent maintenant libre. Le happy end radieux est donc un happy end amoral, malaisé. Qui conclut à la perfection cette saison beaucoup plus riche qu’en apparence.

Infos supplémentaires :

- Clap de fin pour Lisa Edelstein qui apparaît pour la dernière fois dans le rôle de Cuddy. Son personnage est toutefois mentionné dans la huitième saison. L’épisode fut tourné alors que l’actrice pensait encore rester dans la série. C’est après le tournage qu’elle décida de quitter la série.

- Cet épisode supplémentaire fut commandé par la FOX au vu du succès de la série.

- L’épisode commence par un générique à froid.

- Il y’aurait selon Taub beaucoup de Reuben dans sa famille. Il prétend que la marque de sandwiches Reuben (corned-beef, choucroute, emmental, sauce russe) vient en fait de sa famille.

- Numéro 13 est fan d’art contemporain.

- Cuddy aime bien le film Marley et moi. Selon House, elle se tripoterait en voyant Owen Wilson. Elle a interdit l’alcool à la cafeteria de l’hôpital. Elle possède une brosse en écailles de tortue et soie de sanglier.

- L’écran du portable de Rachel quand elle appelle Taub est assez bizarre : pas de signe d’appel, page d’accueil affichée, et une application autorisant des « faux appels » !

- Le personnage d’Afsoun Hamidi est basé sur l'artiste Marina Abramovic. L’œuvre représentée sur la vidéo que visionnent House et son équipe est en fait une œuvre d’Abramovic : Rhythm 0 1974.

Acteurs :

Shohreh Aghdashloo (1952) est d’origine iranienne. Devenue une star dans son pays, cette magnifique actrice à la voix rauque caractéristique a également conquis Hollywood, étant la première comédienne du Moyen-Orient à avoir été nommée pour un Oscar. Son rôle le plus célèbre est sans doute celui de Dina Araz dans 24 heures chrono (12 épisodes). Familière du cinéma (Le rapport, L’exorcisme d’Emily Rose, X-men l’affrontement final…) , elle a joué dans quelques séries : Matlock, Urgences, Grey’s anatomy, Les Simpson, Flashforward (3 épisodes), New York unité spéciale, NCIS, Grimm (7 épisodes), Bones, Scorpion, etc.

James Hiroyuki Liao est à la fois acteur, et enseigne la comédie. Il a joué dans quelques films (Frankenweenie, Star Trek into darkness…), et plusieurs séries dont Unforgettable (39 épisodes), dont le rôle de Jay Lee est à ce jour son plus connu. Il a été aussi dans Bones, New York police judiciaire, New York cour de justice, Les Experts, Les Experts : Miami, The Shield, Prison Break (7 épisodes), 24 heures chrono (3 épisodes), etc.

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TOP 5 DE LA SAISON 7

1. La mécanique de l’espoir : Un des plus beaux portraits de patient, et un éloge de l’espérance en toutes circonstances rendent ce cas très chaleureux. En contrepoint, les personnages nourrissent des relations atteignant une perversité sans bornes, incapables de se comporter autrement que par la manipulation. Équilibre parfait entre optimisme et pessimisme.

2. Egoïste : Le cas médical est un des plus bouleversants de la série, qui discourt brillamment sur la thématique du sacrifice et de la culpabilité associée à la dépendance affective. L'émotion est renforcée par la maturité forcée et douloureuse de ses jeunes protagonistes. La face enténébrée du sentiment amoureux, qui compromet l'individualité des deux personnes du couple à force de compromis(sions), est le thème des premières craquelures du Huddy, qui engage dès ici une pente descendante fatale.

 

3. Comme dans un livre : Un scénario extrêmement dense qui file à un tempo dionysiaque : chaque instant est un condensé de suspense ou de délire. Amy Irving campe une patiente réjouissante dans l’irascibilité. Un épisode roboratif !

4. Médecin de famille : Un ouragan de pure fureur avec une danse infernale de complications éthiques et de dilemmes impossibles. Même l’innocente Masters n’est point épargnée. L’intensité dramatique poussée à son paroxysme. Arlene Cuddy régale en patiente imbuvable.

5. Chacun sa croix/Comme à l’école : Impossible de départager deux épisodes vraiment brillants. Le premier discourt brillamment sur les funestes conséquences d’une Foi mal vécue par un étonnant chiasme : scènes graves et puissantes pour défendre l’idée d’une foi religieuse heureuse, sans entraves ; dialogues-mitraillette hilarants pour exprimer un pessimisme foncier envers les relations humaines. Le deuxième a pour lui d'être un épisode décalé, original, multi-référencé, souvent burlesque, bénéficiant de deux portraits d’enfants dont aussi fin psychologues que Gregory House. Leur dialogue est un des plus riches de la série.

Accessits d’honneur : La petite dernière, On fait quoi maintenant ?, Stupeur et consternation

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Crédits photo: FOX.

Images capturées par Clément Diaz.