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 saison 3 saison 5

Downton Abbey

Saison 4


1. ÉPISODE 1





Réalisation: David Evans
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Février 1922. Six mois ont passé depuis la mort de Matthew et Mary, qui porte toujours le deuil, erre dans les couloirs de Downton Abbey. Son entourage s’inquiète et Tom est convaincu qu’il lui faudrait s’intéresser à l’héritage du petit George. Carson s’en mêle. Mary accepte finalement de quitter ses habits noirs. Edith passe plus de temps à Londres en compagnie de Michael Gregson. A condition de devenir citoyen allemand, celui-ci pourra divorcer et épouser Edith.

Un matin, Sarah O’Brien quitte Downton pour rejoindre les Flintshire sur la route de l’Inde et devenir femme de chambre de Susan. Edna, que nous avons eu l’occasion de connaître lors du précédent épisode, devient la nouvelle femme de chambre de Cora. Mrs. Hughes, Carson et Tom craignent des répercussions qui pourraient s’avérer désastreuses. 

Carson reçoit une lettre de son ex compagnon de scène, Charles Grigg, mais jette l’enveloppe. Mrs. Hughes la récupère et décide d’aller rendre visite à Grigg qui travaille dans des conditions lamentables dans un hospice. Elle demande de l’aide à Mrs. Crawley, qui accueille le malheureux. Molesley, ayant perdu son emploi après la mort de Matthew, désespère de se remettre un jour à travailler. Violet le présente à une amie à elle.

C’est la Saint Valentin et alors que les lettres circulent dans les cuisines, Daisy reçoit une carte d’un mystérieux prétendant, espérant qu’il s’agisse d’Alfred. De son côté, Thomas s’entend très mal avec la nounou des enfants, Miss West, et se charge de la faire renvoyer. Cora la surprend traiter la petite Sybil de « sale batarde » et  lui ordonne de s’en aller sur le champ.

Critique 

La mort de Matthew porte un sacré coup à Downton Abbey et cela se ressent méchamment. Je ne reviendrai pas sur le fait que la série aurait dû s’arrêter à la saison 3. Le couple formé par lui et Mary était porteur de la série depuis ses débuts. A présent, il faut au moins que le personnage de Mary puisse endosser cette responsabilité. Mais pour l’instant, il n’en est rien. L’histoire sera désormais centrée sur des questions d’héritage  et dans tout ça, la jeune veuve, qui s’enferme dans sa solitude, fait figure de personnage fantôme. Ce qui fait que l’épisode est un peu vide et nous nous sentons un peu seuls aussi. 

Les premiers plans de l’épisode montrent une campagne anglaise dans le creux de l’hiver, ce qui donne parfaitement le ton de ce début de saison : le vide. Comment filmer l’absence ? Les cris du petit George dans les premières heures du matin, l’indifférence de Mary à l’égard de son fils, allant jusqu’à l’appeler « pauvre petit orphelin », les photos du mariage, l’intrusion au cimetière où nous est dévoilée la tombe de Matthew. Le contraste entre la saison 3 et la saison 4 est explicitement mis en évidence par un rappel de mise en scène et de costume. Dans l’épisode du mariage, Mary descend les escaliers toute de blanc vêtue, dans une longue robe finement brodée, puis s’arrête. Dans le premier épisode de la présente saison, elle descend ces mêmes escaliers, toute de noire vêtue, dans une robe qui n’est pas sans rappeler dans ses formes sa tenue blanche, puis s’arrête. Dans cette même prise de vue, le regard a changé et le contraste est saisissant.

La complicité entre Carson et Mary est à nouveau mise sur le devant de la scène dans ce passage émouvant où la jeune femme fond en larmes dans ses bras. Une autre scène significative et très représentative de notre opinion sur la mort de Matthew est celle où Mary quitte la table dans un mouvement de colère : « Après tout ce qu’il a enduré pendant la guerre, il meurt dans un stupide accident de voiture ! ». Oui. Merci de le reconnaître.

Lady Edith fait figure de grande star. Sa relation avec Michael Gregson est à présent un point central de la série et dans ce contexte, nous allons être transportés loin de Downton Abbey. A Londres, dans un grand restaurant, elle apparaît dans une magnifique longue robe fendue, et se prend même à embrasser publiquement son amant, sans scrupule et sans gêne. Une dimension intéressante est le fait qu’il veuille se faire citoyen allemand pour pouvoir divorcer d’avec sa femme, qui je le rappelle, est internée dans un hôpital psychiatrique. La loi britannique ne reconnaissant pas la démence comme cause valable de divorce, il est prêt à rejoindre « la race la plus haïe d’Europe ». Fabuleux ! Soit c’est très prometteur pour l’avenir de la série, soit ce sera un échec total. Et si ça foire, je crains que le personnage d’Edith ne régresse à nouveau.  

C’est la Saint Valentin, et voilà qu’on nous ressert de l’Alfred-Daisy-Jimmy-Ivy. Je le dis, je le répète : c’est barbant. Le personnage de Jimmy est encore plus détestable qu’avant et Alfred est incapable de s’imposer et d’agir comme un homme. Et puis ça ne tient pas debout. Alfred, Ivy et Jimmy sont à peu près arrivés en même temps, dans l’année 1920, à quelques mois d’intervalle. Nous sommes en 1922. Depuis 2 ans, Alfred est amoureux d’Ivy et Ivy le sait, Jimmy est un petit con et ça, tout le monde le sait. Ivy est attiré par Jimmy mais Jimmy n’aime que lui. Partant de ce principe, et depuis le temps que ça dure, pourquoi tout le monde doute-t-il des sentiments de tout le monde ??? La gestion du temps dans cette série est tout de même très spéciale. Et en plus de cela, Fellowes n’est pas tendre avec Daisy. Il ne lui suffit pas de la faire stagner depuis la saison 1, il faut en plus qu’elle sache qu’elle ne séduit personne. Ce n’est pas un homme qui lui a envoyé une carte. C’est Mrs. Patmore qui craignait qu’elle n’en reçoive pas. Sympa. Oui, sympa, mais pas très habile. 

Départ d’un autre personnage culte de la série : O’Brien. Ça va faire mal. Et ça va faire mal parce qu’elle est remplacée par une tête qui ne nous est pas inconnue : Edna, vue dans le dernier épisode de la saison 3. Remplacer une femme de chambre sadique irremplaçable par une autre femme de chambre encore plus sadique mais cette fois-ci indésirable est de très mauvaise augure. Une autre indésirable : Rose. Elle amène avec elle toute la décadence de son jeune âge, dans le mauvais sens du terme, avec le détail supplémentaire que c’est un pot de colle en forme de pouf. Et inutile de dire qu’elle apporte un nouveau souffle à la série. Inutile de tortiller, c’est une pouf. Tom Branson est resté à Downton mais n’est plus le jeune socialiste plein de convictions et de caractère. Il est devenu très modéré et c’est malheureux que l’on ne le reconnaisse pas..   

L’épisode ne brille pas vraiment par son intrigue. Entre autres, celle de Molesley est pitoyable. Quant à celle de Carson et de son ancien acolyte, Charles Grigg, que nous avons déjà vu dans le 2ème épisode de la 1ère saison, elle arrive bien tard. L’incorporer à une des saisons précédentes aurait été plus judicieux D’une part, parce qu’une fois qu’on fait connaissance avec le bonhomme, on souhaiterait comprendre quel est le problème, et ce le plus vite possible. D’autre part, parce que ce thème serait peut être passé comme une lettre à la poste dans un épisode dont la qualité aurait pu compenser la faiblesse de ce dernier. Et enfin parce que j’appelle ça du recyclage. Se souvenir d’un personnage déjà très chiant à l’époque, lui inventer une vie, le faire revenir et nous plomber un épisode. Dans la saison 1, Grigg nous apprenait que Carson et lui faisaient de la scène. Dans la saison 4, on se doute qu’une femme est à l’origine de leur dispute. Encore faudrait-il que ce soit intéressant. Mais non. On a déjà pu se rendre compte que Carson appartenait à la race humaine. J’ai juste envie de dire : c’est trop tard. 

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2. ÉPISODE 2


Réalisation: David Evans
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Mary reçoit un colis contenant une boite remplie des affaires de Matthew. Carson, croyant bien faire, le donne d’abord à Robert pour éviter de la chagriner. A l’intérieur d’un livre, il y découvre une lettre, dans laquelle son gendre écrit qu’il fait de Mary sa seule héritière. Après en avoir fait part à sa famille, il l’envoie à Murray pour qu’il l’examine et qu’il voit si elle est valable en tant que testament. Lord Grantham est réticent à l’idée de devoir partager son pouvoir avec Mary. Finalement, il en résulte que la lettre peut servir de testament. Lady Violet demande à Tom d’emmener Mary visiter le domaine, afin qu’elle sache quels sont les enjeux de sa gestion. Edith retrouve Michael Gregson dans son appartement londonien et l’invite à passer quelques jours chez elle lors d’une grande réception le mois suivant. Anna chaperonne Rose lors d’un « thé dansant » à York. Un jeune fermier du nom de Thawley, l’invite à danser. Elle se fait passer pour femme de chambre au service de la famille Crawley.

Mr. Molesley est au bout du rouleau et Anna, touchée par sa misère, lui propose de lui prêter de l’argent. Bates imite sa signature et rédige une reconnaissance de dette, prétendant lui devoir 30 livres que Molesley lui aurait prêtés lors de son arrivée à Downton.

Edna abîme un vêtement appartenant à Cora, et Thomas dénonce Anna comme étant à l’origine de ce petit incident. Lord Grantham réprimande Bates pour la prétendue jalousie d’Anna.

Carson est agacé par l’intrusion de Mrs. Crawley dans la vie de Charles Grigg, mais alors que ce dernier a trouvé un emploi à Belfast, accepte de le rencontrer sur le quai de la gare. Là, ils se rappellent Alice Neal, jeune femme qui était parti avec Grigg alors Carson en était lui aussi amoureux. Il se trouve que morte cinq ans plus tôt, elle avait avoué que Charlie Carson était le meilleur des deux. 

Critique

C’est un épisode que nous ne pouvons qu’assimiler au précédent. Pratiquement rien ne diffère, et à cause de cela, il aurait été plus judicieux de combiner ces deux volets. Le doute est levé sur la raison pour laquelle Grigg et Carson se sont disputés. Sans surprise, il s’agit d’une femme. Cette histoire est complètement inutile. Elle intervient trop tard.

Autre déplacement loin de Downton, à York. Un « thé dansant », appelé de cette manière dans la version originale, fait l’objet de toutes les excitations de Rose qui fait sa belle, la main dans les cheveux et la bouche en avant, attitude qui nous donne plus qu’envie de la gifler, étant donné que la série nous a habitué à beaucoup plus de classe et de discrétion. Rose est une tâche. Rose ne sert à rien. Rose ne remplacera jamais Lady Sybil, quand bien même elles se rapprochent par leurs idées neuves et leur envie de réformer le monde entier. Jamais Rose n’égalera Sybil. Cette idée d’introduire un air de fox-trot n’est pas de trop mais il est dommage que les festivités prennent fin si tôt.

L’ambiance est décidément très différente des saisons précédentes. Plus on avance, plus on s’éloigne de l’esprit originel de la série. Et cette transition ne s’effectue pas de la meilleure manière. A la fin de la saison 2, lors du Spécial Noël, le bal des serviteurs était l’occasion de marquer le début des années folles. Mais 3 ans ont passé et la saison 3 n’avait pas perpétué ce nouveau souffle d’insouciance. Le début de la saison 4 tente de le faire, vaguement et de manière expéditive, en excluant le château de Downton de cette nouveauté. 

La lecture des volontés testamentaires de Matthew est un passage plein de nostalgie. Enfin, la position de Mary sera vite fixée. Mais au fil du temps, Lord Grantham devient de plus en plus pathétique. Heureusement que Violet est là pour redresser le niveau, et dépitée devant l’obstination et l’ignorance de son fils, déclame magnifiquement : « Quand tu parles de la sorte, j’ai envie d’appeler Nanny et de t’envoyer au lit sans diner ». Cependant, je suis particulièrement déçue par passage en particulier. « J’ai une idée, annonce Lady Violet, je veux que Tom soit ton instructeur. Emmenez Mary lors de vos inspections, qu’elle apprenne les difficultés des fermiers, Expliquez-lui les céréales, le bétail, qu’elle voie les problèmes que rencontre le domaine ». Je suis « époustouplifiée » comme dirait l’autre. En quoi est-ce une merveilleuse idée ? N’est-ce pas censé être d’une logique implacable ? Je ne comprends pas pourquoi Mary, sachant qu’elle allait probablement être à la tête de Downton Abbey, n’en n’a jamais pris l’initiative toute seule.  Ceci dit, ces excursions nous donnent l’occasion d’apercevoir la campagne anglaise et les alentours du véritable Highclere Castle. 

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3. ÉPISODE 3


Réalisation: Catherine Morshead
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Une grande réception est organisée à Downton Abbey. Beaucoup de travail s’annonce pour les domestiques, et Mrs. Patmore, en particulier, est débordée. Parmi ces invités, Anthony Foyle, dit Comte Gillingham, que Mary a connu étant enfant. Tom se sent profondément mal à l’aise parmi cette horde d’aristocrates et confesse à Lord Grantham qu’il ne fera jamais parti des siens. Edna profite de sa faiblesse pour l’attirer vers elle.

Michael Gregson est également de la partie et tente de se faire accepter par le père d’Edith, sans grand succès. Lord Grantham est entraîné dans une partie de poker, remportée haut la main par Mr. Sampson. Gregson propose alors une revanche et cette fois ci, défiant la tricherie de son adversaire, gagne la partie, restituant l’argent à Robert et aux autres joueurs. C’est ainsi que Lord Grantham finit par reconnaître que le compagnon de sa fille est un brave homme.

Mrs. Crawley n’est pas prête à reprendre les festivités suite à la mort de son fils. Voyant Mary se rapprocher de Tony et retrouver le sourire, elle éprouve une certaine gêne mais reconnaît qu’elle est elle-même partagée entre l’envie de vivre à nouveau normalement et la culpabilité. Pourtant, Violet la convainc de venir assister au récital de Dame Nelly Melba.

Bates est agacé par le valet de Lord Gillingham, Mr. Green, qui s’intéresse particulièrement à Anna. Il apparaît d’abord sympathique mais un soir, alors que les convives et les domestiques assistent au spectacle de la cantatrice Melba et qu’Anna descend pour calmer un mal de tête, il la suit et la viole. Sans rien dire à son mari, mais ayant mis Mrs. Hughes au courant, elle quitte la maison, physiquement et psychologiquement blessée, et en larmes. 

Critique

Avec cet épisode, nous retrouvons la qualité à laquelle Downton Abbey nous avait habitués, malgré ceci : il a beaucoup fait parler de lui à cause une scène particulièrement choquante et inattendue, mais que la plupart des acteurs ont quand même défendue. Nous y reviendrons à la fin de cette critique.

Pour commencer, abordons l’atmosphère de ce nouvel opus. Une grande galerie de personnages s’entremêle à la famille Crawley, et certains resteront le temps de quelques épisodes, voire jusqu’à la fin de la saison. Il s’agit de Tony Gillingham et son valet Mr. Green, Mr. Sampson et pour finir, Sir John Bullock, fervent admirateur de Lady Rose. Il est temps pour la quatrième saison de sortir du coma, puisque je trouve l’expression appropriée. Le grand point positif de cette histoire est que Tom va à nouveau plonger dans un environnement qui n’est pas le sien. En quelque sorte, il retrouve un peu de son authenticité, c’est-à-dire ce pourquoi il est un personnage attrayant. Sans aller jusqu’à déclamer haut et fort ses opinions politiques ni être sujet à des gaffes répétées. C’est exactement ce qu’il manquait aux deux épisodes précédents. La contrepartie de ce retournement est que sa faiblesse tourne à l’avantage d’Edna, qui ne fait pas du tout l’unanimité et que l’on a eu la grande déception de retrouver en ce début de saison. 

Violet a le don pour être une grande réaliste. A la fois conservatrice, traditionnaliste, elle a néanmoins la possibilité d’être lucide et jouer sur les particularités de son statut de femme et d’aristocrate. Et elle nous le prouve encore une fois dans ce dialogue avec un Tom désorienté. 

«  - Ne l’appelez pas Votre Grâce.

- Je pensais que c’était correct.

- Pour un serviteur ou une personne officielle lors d’une cérémonie, oui, mais en société, appelez-la Duchesse.

- Mais pourquoi ? Je ne vous appelle pas Comtesse.

- Certainement pas !

- Ce n’est pas logique.

- Si je voulais trouver de la logique, je n’irai pas en chercher dans l’aristocratie anglaise. »

Il n’est pas désagréable de voir Mary sortir de chagrin, car comme dit Aliszt du forum Avengers, « elle a le deuil chiant ». Tout de même, la vue du gramophone n’est pas sans lui rappeler une certaine époque, trois ou quatre ans plus tôt, lorsqu’elle avait dansé avec Matthew dans ce même hall (saison 2, épisode 8). Le charme de ce nouveau venu est incontestable. Il est riche, c’est un bon point. C’est un comte, c’est encore mieux. Mais voilà, il est fiancé. C’est bête. Quant à Isobel, elle remonte petit à petit la pente et cet épisode lui laisse beaucoup plus le temps de s’exprimer sur la mort de son fils, que ce soit à Tom ou à Lady Violet, chose qui avait été balayée assez rapidement précédemment.  Rendons à César ce qui est à César.

« - J’ai cette impression que quand je ris, que je lis un livre ou fredonne un air, cela veut dire que je l’ai oublié. Juste un instant. Et c’est cela que je ne supporte pas.

- Mais c’est tellement mieux d’oublier et sourire, plutôt que de se souvenir et être triste.

- Rosetti écrivait ça à propos de sa propre mort, pas celle de son fils. »

Quelques détails. Le premier, irritant : Mrs. Patmore se sent obligée d’en faire des tonnes et de s’user à la tâche. Le scénario est à ce sujet trop facile. Quoi de plus efficace pour déclencher une crise cardiaque ? Le deuxième, amusant : une réplique très discrète de Molesley mais tellement drôle, qui rappelle toujours combien il a de la chance :

«  - A quoi jouaient-ils ?

- Poker.

- Evidemment. On ne perd pas une fortune en jouant à la bataille…

- Moi je pourrais. »

Et pour finir, la controverse de l’épisode : le viol. Ce n’est pas un passage facile et beaucoup de personnes peuvent ne pas le supporter. On ne voit pas, on entend. On entend des cris et il est inutile d’aller plus loin. Par-là, l’initiative de Fellowes est intelligente. Je pense aussi que le fait que le réalisateur de cet épisode soit une femme, pour la première fois, permet de ne pas dépasser les bornes. Demander à une femme de diriger une actrice lors du tournage d’une scène de viol est sans doute lucide. Beaucoup de fans ont été choqués par l’existence d’une telle scène dans une série qu’ils considéraient inoffensive. Il est vrai que c’est inattendu. Mais elle reste suggérée. En partie, puisque nous ne voyons pas le pire.            

Mais était-ce utile pour autant ? Non. Je ne vois rien qui puisse justifier une telle intrigue. Bates sort de prison. Pourquoi s’acharner et ne pas leur foutre la paix ? Quel est le but recherché ? Le réalisme ? Pourquoi pas. Encore faudrait-il que ce réalisme plaise. Je pense que nous avons eu notre dose de moments déprimants depuis le début de la série, en comptant bien sûr sur les décès à répétition. La mort de Matthew, elle, était réaliste même si stupide, mais pas à ce point choquante. La mort de Sybil, réaliste, mais quelle était l’alternative ? Le viol d’Anna, lui, est inutile. Cela ne ressemble pas à la série et ce n’est pas ce que l’on attend d’elle.

En plus de cela, je pense que c’est un léger manque de respect que de faire intervenir cette scène en plein milieu du récital de Dame Nelly Melba, incarnée par la cantatrice néo-zélandaise Kiri Te Kanawa. Est-elle mise en valeur ? Non, même s’il y a un contraste évident entre sa voix et les cris d’Anna. Les scènes sont entrecoupées et c’est profondément désagréable. Je ne conteste pas la logique, puisqu’il ne faut pas que l’on puisse entendre Anna se débattre en bas, mais d’un autre côté, c’est un manque de respect, un moyen d’évitement. Kiri Te Kanawa est un moyen d’évitement de luxe. 

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4. ÉPISODE 4


Réalisation: Catherine Morshead
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Bates s’inquiète de la distance prise avec sa femme. Mrs. Hughes, qui a juré de ne rien dire, comprend que le violeur d’Anna était Mr. Green. Anna demande à reprendre une chambre à Downton car ne se sent pas de vivre avec son époux.  Mary, Tom et Rose se rendent à Londres chez Rosamund, et alors que Mary descend pour le diner, tombe sur Lord Gillingham. Rose leur propose d’aller danser dans un club très huppé de la capitale où Jack Ross, chanteur de jazz, invite la jeune fille à danser. Elle se fait fortement réprimander. A leur retour, Tony Gillingham, qui a pris le train incognito en 3ème classe, demande Mary en mariage. Elle ne peut que refuser.

Michael Gregson est sur le point de partir à Munich et le dernier soir, fait signer à Edith les papiers lui donnant le pouvoir de gérer ses affaires en son absence. Ils passent la nuit ensemble et elle rentre au petit matin chez Rosamund. Sa tante est furieuse mais n’en touchera pas mot à Robert et Cora.

Tom se ronge les sangs car Edna, avec qui il a passé la nuit, le prévient que si elle est enceinte, il devra l’épouser. Il en parle à Mrs. Hughes qui découvre qu’elle avait tout fait pour ne pas tomber enceinte mais en déduit qu’une fois qu’elle aurait eu la parole de Tom, elle aurait trouvé l’homme qui lui fera un enfant. Edna quitte Downton, et Thomas, ravi, suggère à Lord Grantham une nouvelle femme de chambre. Alfred lit dans le journal qu’un concours sera organisé à Londres pour recruter un chef cuisinier. Souhaitant en parler à Ivy, il la découvre dans les bras de Jimmy. 

Critique

Le niveau de la saison 4 grimpe doucement mais sûrement. Outre le plombage provoqué par le viol d’Anna, cet épisode est tout à fait correct. Mary, Edith et Tom font l’objet de trois intrigues intéressantes, mais downstairs, le calme est à son comble. En espérant qu’il réapparaisse vite, il est évident que la série a perdu l’humour qui lui était propre. Les sujets abordés sont plus graves et aucune place n’est laissée à la fantaisie, ce qui n’empêche pas que cet épisode soit de bonne qualité.

L’auteur se trompe en considérant que le viol d’Anna rajoute un élément dramatique à la série. En vérité, il aplatit parfaitement le scénario en privant les personnages d’Anna et Bates d’une histoire commune. A la place, Anna se replie sur elle-même et Bates est mis à l’écart, inquiet, dépourvu de moyen de la faire parler. Ce couple a un intérêt immense dans la série, et il est infiniment dommage que Fellowes ne prenne pas en compte nos attentes.

Dans la saison précédente, l’absence de Bates était parfois pesante. Et voilà que Julian Fellowes recommence et agace, car notre seul désir est qu’Anna dénonce Mr. Green afin que le nœud se dénoue. Mais elle ne le fera pas car elle a peur que son mari soit pendu pour avoir tué l’homme qui a bafoué son honneur. Partant de ce principe, elle peut se taire une éternité. L’obstination exaspérante d’Anna, qui continue de dire que tout va bien alors qu’il est évident que tout va mal, est une torture également pour nous. 

Tom est dans l’embarras car Edna l’a mis devant le fait qu’il était probable qu’elle se retrouve enceinte. En voilà une histoire qu’elle est bonne ! L’évincer de cette manière n’est pas une mauvaise idée. Quant à Edith, qui prend la liberté de rester une nuit avec Michael Gregson, elle prend aussi un risque considérable, tel celui que Mary avait pris dix ans plus tôt avec Kemal Pamuk. La conséquence est prévisible, mais c’est osé, et surtout, cela apporte un peu de piquant.   

Grande innovation dans le monde de Downton Abbey. Si Fellowes a pris un énorme risque et s’est effectivement trompé en introduisant le viol dans la série, il fait ici un choix qui passe à deux doigts d’être judicieux. Jack Ross, chanteur de jazz est le premier personnage noir de la série. Mais la faille est grande : il fait partie des hommes qui tombent aux pieds de la redoutable Lady Rose. C’est la coutume. Le scénariste est à l’aise avec les Roméo et Juliette des temps modernes et des temps plus anciens mais n’a pas plus d’audace que cela.

La demande en mariage de Gillingham est inattendue (NDLR : vraiment ?). Mais elle est prématurée et intervient à un moment où Mary devrait davantage s’occuper de son fils que l’on n’a d’ailleurs pas beaucoup vu. Il semble oublier que Matthew est mort un peu plus de six mois plus tôt. Je n’ai rien contre le personnage, au contraire, mais je trouve cela assez déplaisant et déplacé de vouloir à tout prix recaser Mary sous prétexte que c’est son devoir. Remarquez la délicatesse et le tact dont il fait preuve : « Je suis sûr que Matthew était quelqu’un d’extraordinaire. Mais il est mort, et moi je suis vivant ». Mary refuse mais, n’étant pas indifférente au comte, dans une scène des plus étranges, l’embrasse. 

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5. ÉPISODE 5


 

Réalisation: Philip John
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Anna s’obstine à cacher la vérité à M. Bates, qui force Mrs. Hughes à lui révéler les faits. Effondré, il est persuadé de la culpabilité de Green mais pour ne pas effrayer Anna et ne pas provoquer une catastrophe, elle tente de le convaincre que c’est le fait d’un inconnu qui est entré de force à Downton. Bates et Anna recommencent à se parler mais alors que l’histoire semble enterrée, il jure qu’il retrouvera le violeur de sa femme. Alfred souhaite intégrer le Ritz  en tant que chef et pour cela participe à une sélection. Mme. Baxter, que Thomas a proposé, entre au service de Lady Grantham et semble cacher un secret.

Un villageois, Mr. Drewe, souhaite reprendre la ferme de son père mais Lord Grantham, Mary et Tom ne sont pas d’accord sur la réponse à lui apporter. Lady Grantham propose d’organiser un anniversaire surprise pour Robert et Rose a des idées en tête. Lady Edith se rend à Londres afin de consulter un médecin. Isobel propose à Violet d’embaucher un jeune jardinier, ce à quoi elle se soumet de mauvaise grâce. Tom envisage de commencer une nouvelle vie aux Etats-Unis avec sa fille. Mary apprend le prochain mariage de Lord Gillingham. Enfin, Evelyn Napier est de retour à Downton. 

Critique

Je pense que l’on retrouve peu à peu le Downton d’antan : la guerre des vieilles, les relations apaisées entre Anna et Bates, une femme de chambre douteuse, un gendre au brûlant désir de s’envoler, une fille sortie de son deuil, etc. Pour ce cinquième épisode, il semblerait que la vie ait repris son cours normal et que l’on rencontre très prochainement des excellentes intrigues à quatre étoiles. Si ce n’est pas le cas ici, c’est un début très prometteur. 

Isobel et Violet se prennent à nouveau le chou, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de la saison en raison de la mort de Matthew. Downton Abbey redevient drôle grâce à ce duo de choc et au talent sans conteste de Maggie Smith et Penelope Wilton, les deux meilleures ennemies de la série. Alors que dans les deux premières saisons, Isobel était un personnage abusivement intrusif et à la limite de l’insupportable, elle devient plus douce et même plus amusante. En ce qui concerne Violet, elle est encore plus vieille chouette qu’avant, en témoignent ses « Hu Hu Hu » à répétition, un mélange de fou rire et de foutage de gueule adressés principalement à sa meilleure rivale.

Nous avons droit en exclusivité à une séquence Top Chef  mais hélas, notre réputation française en prend un sacré coup. Et ce n’est pas peu dire. Le grand chef cuisinier, jury du concours, détruit la langue de Shakespeare de manière à bien faire perdurer le mythe de l’accent français.  Ah, c’est tellement Paris ! Et deuxième remarque à propos de cette séquence : les mimiques d’Alfred, donc de son interprète, m’insupportent.


L’aspect technique de cet épisode concerne les problèmes de gestion de Downton et cette fois ne sont pas vraiment palpitants, surtout que l’on se confronte une nouvelle fois à cet âne de Lord Grantham. Je trouve que Robert devrait songer à évoluer plus rapidement car son côté buté tend à être franchement désagréable, un comble pour un personnage principal. Remarquons soit une incohérence au niveau du scénario soit l’impulsivité profondément agaçante du comte dans ce petit dialogue : « - Sais-tu pourquoi ils t’ont convoqué ?

- Aucune idée.

- J’espère que ce ne sera pas sujet à dispute…

- Comment puis-je te répondre alors que je ne sais pas de quoi il s’agit ? »  Je ne vois absolument pas l’utilité de réagir de cette façon puisque Lady Grantham faisait le plus simplement du monde une remarque qui n’attendait aucune réponse et que celle-ci savait pertinemment qu’il ne la lui fournirait pas. Tendu, Robert ? Cora, elle, est remarquablement détendue de A à Z, et il faut la voir notamment déguster avec un plaisir coupable son jus d’orange à l’américaine. Elizabeth MacGovern la joue plus relax et plus juste, rien que dans sa démarche et dans ses gestes, moins retenus. 

Le passage de la nursery est assez unique en son genre. Il réunit en dehors de toute formalité Tom, Mary et leurs enfants respectifs, Sybil et George. Le père joue avec sa fille et pour la première fois, nous voyons la mère prend son fils sur ses genoux. Il est fort dommage que la scène ne soit pas plus longue. Thomas retrouve un semblant de lui-même dans sa complicité suspecte avec la nouvelle femme de chambre de Lady Grantham, Miss. Baxter. Son secret est pour le moment bien gardé et il est certain qu’il ne nous sera pas relevé avant longtemps. Plus sympathique que les précédentes, je pense que malgré son apparente fragilité, elle se révèlera être un personnage de qualité et chargé positivement. Evelyn Napier est de retour, mais une incohérence frappe soudainement les esprits : n’était-il pas censé être présent pendant la guerre, à Downton, alors que le château était transformé en maison de repos, ainsi qu’annoncé dans une lettre ? Pourquoi dans ce cas dit-il que Mary et lui ne se sont pas vus depuis l’affaire du diplomate turc ?

Anna est démasquée. Il était temps de crever l’abcès car la situation devenait ridicule et intenable. La scène où Mrs. Hughes se confronte à Bates est un brillant dialogue « ping-pong » et la justesse d’interprétation des deux acteurs est à son point fort. Bates a les yeux en sang dès le moment où il surprend très volontairement une conversation douteuse entre sa femme et Mrs. Hughes, mais le sommet de l’épisode est sa réplique finale : « Be aware. Nothing is over. Nothing is done with ». 

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6.  ÉPISODE 6


 

Scénario: Julian Fellowes
Réalisation: Philip John

Résumé

C’est très bientôt l’anniversaire de Robert et Rose fait appel à un groupe de jazz londonien pour venir jouer à Downton Abbey le soir de la fête. Evelyn Napier, chargé de mission auprès du gouvernement, revient accompagné de son patron, Charles Blake, et Mary voit en cette occasion l’opportunité de discuter l’avenir de son domaine.  Edith n’a aucune nouvelle de Michael Gregson et craint le pire. Pour couronner le tout, elle reçoit une lettre de son médecin à Londres qui lui confirme qu’elle est enceinte. Robert tente de la rassurer mais rien n’y fait. Le jeune Peg, que Violet avait accepté en tant que second jardinier, se fait virer pour avoir volé son inestimable coupe-papier Isobel, révoltée, entre chez elle en son absence, simulant un malaise auprès de son domestique, et trouve le précieux objet sous le coussin d’un fauteuil. Triomphante lorsqu’elle revient vers Violet, et persuadée que celle-ci n’est pas revenue sur sa décision, elle est choquée d’apprendre que le jeune homme est bel et bien  de retour.  

Thomas charge Baxter de lui raconter tout ce qu’elle peut entendre dans la chambre de Cora. Mais s’entendant bien avec sa patronne et le reste du personnel, elle choisit son camp et renonce à jouer à l’espionne. Alfred est accepté au Ritz après le désistement des autres candidats. C’est avec beaucoup de chagrin et de désillusion que Daisy doit lui dit au revoir. Molesley approche Carson pour reprendre du service mais il le lui refuse. Mrs. Hughes prend les devants et Carson, au pied du mur, accepte de le réembaucher. Jimmy et Ivy sortent un soir au cinéma mais au retour, sur un banc, il prend une initiative qui est très loin de plaire à la jeune fille. Anna ne peut pas oublier ce qui lui est arrivé et est persuadée que cela a jeté une ombre sur son couple. Le soir de la fête d’anniversaire arrive et la maison entière est extrêmement surprise par la venue d’un chanteur noir. 

Critique

Un gros quatre étoiles pour un épisode pétillant et plein d’humour. Nous avons enfin atteint le point crucial de la saison en retrouvant toutes les caractéristiques qui ont fait les grandes heures de Downton Abbey. Je suis fière d’annoncer qu’enfin, la série s’est retrouvée. Ce fut long, parfois douloureux, décevant, puis ce fut une petite lumière qui vint nous donner un peu d’espoir, et enfin, ce fut le coup de cœur ! Toutefois, pour éviter de nous emballer et de nous contredire, une petite précision s’impose : un quatre étoiles pour un épisode de la saison quatre ne vaut pas vraiment un quatre étoiles pour un épisode de la saison trois. Disons trois et demi pour être tout à fait précise. En règle générale, le niveau de la saison actuelle est un peu en-dessous mais relativement à cette dernière, c’est un excellent épisode et un très bon épisode dans l’ensemble de la série.

Isobel et Violet participent largement à ce succès mérité. Elles ont beau se crêper le chignon, on sait qu’elles s’adorent et c’est cela qui les rend drôles. Je ne dis rien d’original en insistant encore une fois sur le talent de Maggie Smith, dont le jeu d’actrice extrêmement précis est encore plus flagrant dans cet épisode. Sa façon de se servir des objets qui l’entourent, ses mimiques, ses mouvements brusques, ses intonations, sa manière de faire passer une émotion à travers un seul regard, constituent le temps de quelques scènes de brillantes leçons de comédie. Elle utilise absolument tout ce qui est à sa disposition et tout son corps pour se donner vie à Lady Violet. Penelope Wilton n’a pas à en rougir. Une formidable comédienne à la diction parfaite qui ne se fige pas lorsque ce n’est pas à son tour de donner la réplique et qui, d’un très discret mouvement de tête, d’un bref coup d’œil, fait deviner ce que pense exactement son personnage. Ces deux-là ponctuent l’épisode de dialogues hilarants:

- How you hate to be wrong!

- I wouldn’t know, I’m not familiar with the sensation…”

“-I wonder you don’t just set fire to the Abbey and dance around it, painted with woad and howling!

-I might, if it would do any good!”

Le moment crucial de l’épisode est réalisé quand Edith reçoit une lettre de son médecin : « Vos symptômes correspondent à ceux du premier trimestre de grossesse » (NDLR : je suis navrée d’alterner entre la VO et la VF, mais je ne suis pas assez bonne traductrice pour conserver l’esprit d’origine d’une réplique qui a un intérêt sur le plan artistique ou humoristique). C’est un nouveau scandale prêt à éclater si elle ne trouve pas une solution dans les meilleurs délais et le plus discrètement possible. C’est une chose à laquelle on s’attendait. Et oui, il faut consulter son calendrier ranianiesque avant de se jeter dans la gueule du loup.

Mon premier fou rire de la saison 4 a finalement eu lieu. Jimmy dit à Mrs. Patmore qu’Ivy et lui vont voir Le Cheik, film avec Rudolph Valentino. Mrs. Patmore retourne dans sa cuisine en se frottant les mains : « Oh I like that Rudolph Valentino, he makes me shiver all over ! », ce à quoi Carson répond, les pupilles des yeux se dilatant soudainement : « What a very disturbing thought… ». A côté de cela, revenons sur le couple Bates. Anna ne se remet toujours pas de ce qui lui est arrivé et c’est normal. Ce viol est une part d’ombre indélébile et il est certain que plus rien ne sera jamais comme avant. C’est pour cela que c’était une idée absurde. Fellowes a purement et simplement merdé sur ce coup-là. Je lui pardonne la mort de Matthew mais pas ça. Pour la deuxième fois, Mary et Tom se retrouvent dans la nursery, cette fois-ci en compagnie d’Isobel, et les trois veufs se confient sur leur propre expérience de l’amour. C’est un dialogue inhabituel pour la série et l’occasion de réaliser que Sybil et Matthew nous manquent beaucoup.

Et pour finir, la venue du chanteur de jazz Jack Ross secoue les domestiques et les Crawley, qui ont l’air de n’avoir jamais croisé un black de leur vie. Carson en particulier, en fait presque tomber sa tasse. L’abasourdissement de chacun donne lieu à des situations embarrassantes où l’on se dit que c’est vraiment une autre époque.  Mais du jazz à Downton, enfin ! 

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7. ÉPISODE 7


 

Réalisation: Ed Hall
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Lord Grantham est appelé en Amérique pour sauver le frère de Cora d’un scandale financier. Bates échappe de justesse au voyage car Mrs. Hughes en touche deux mots à Lady Mary qui convainc alors  son père de ne pas prendre son valet avec lui. Thomas part à sa place et charge Baxter de découvrir pourquoi. Violet tombe malade et Isobel insiste pour lui consacrer du temps. Edith et Rose partent à Londres. La première met sa tante au courant de sa grossesse et se met en tête d’avorter, mais renonce au dernier moment. La seconde passe la journée en compagnie de Jack Ross. Mary s’entend mal avec Charles Blake qui est déçu par les nombreuses familles qui ne sont pas prêtes à se sacrifier pour sauver leur domaine, dont les Crawley. Pendant l’absence de Robert, des cochons arrivent à la ferme du domaine mais ils sont déshydratés. Mary montre qu’elle est prête à tout pour sauver son bacon.

Tom participe à un meeting politique et rencontre là-bas Sarah Bunting. Carson reçoit une lettre d’Alfred bientôt de passage dans le village mais il est hors de question de réveiller la jalousie entre Ivy et Daisy. Il insiste pour venir le chercher à la gare et l’éloigner des deux filles. Lord Gillingham revient à Downton Abbey tandis qu’Anna et Mrs. Hughes sont très inquiètes du retour de Mr. Green, que Bates soupçonne plus que jamais.

Critique

La fin est proche et la tension est palpable. Les langues se délient et le flou s’éclaircit. La connaissance l’emporte sur l’ignorance. Notre second grand cru de la saison est un épisode très riche. Chose amusante, la première scène est construite de la même manière que celle de l’épisode 1 de la saison 1 : le son d’un télégraphe annonceur de mauvaise nouvelle. Nous avions déjà entendu parler du frère de Cora à plusieurs reprises. Il s’appelle Harold, passe sa vie sur des yachts, fait des bêtises, et les femmes l’aiment pour son argent. Quoiqu’il en soit, Lord Grantham est appelé auprès de lui car être le beau-frère d’un comte ça fait bien. Pourquoi pas, après tout si ça peut mettre Robert à distance… Robert qui a pris un sacré coup de vieux. On peut le voir dans la scène de son départ.

La palme d’or de la scène la plus improbable revient à celle des cochons. Mary couverte de boue se démène pour sauver son bacon et prouver qu’elle se battra jusqu’au bout pour sauver Downton. La séquence est drôle mais ce n’est pas non inoubliable. Maintenant ce qui est réellement impressionnant est le fait qu’elle sache se faire cuire un œuf. Qui l’eût cru ?

C’est aussi l’épisode qui nous fout les pétoches parce que Violet est gravement malade. Ce n’est pas passé loin. Mais peut-être est-ce un message caché. Peut-être que sa maladie nous prévient qu’elle n’est pas vulnérable et qu’il est très probable qu’elle s’en aille à son tour. Ce serait un désastre et si cela venait à se produire, la série ne pourrait pas continuer. C’est une certitude. C’est fou de se dire que cette série est extra dans l’ensemble mais ne tient qu’à la vie d’un seul personnage. Mais en attendant, gare à celui qui touche à un seul cheveu de la Dowager !! Faites-la mourir en paix un jour de pluie, mais jusque-là par pitié, ne la maltraitez pas. Ceci dit, dans ses délires, la vieille chouette continue à être drôle et est peut-être plus sincère que jamais. La pauvre Isobel s’en prend plein la tronche : « Faites venir un autre infirmière, celle-ci parle trop ! » « Pourquoi la nourriture est-elle si mauvaise tout à coup ? » Mon second fou rire de la saison : « Oh ! Goody, goody ! »

Pendant que Jack et Rose se prélassent dans une barque pas aussi grosse que le Titanic, Edith prie pour que Michael Gregson soit toujours en vie mais sait qu’après s’être présenté à l’hôtel, il est sorti et n’est jamais revenu. Ne pouvant plus garder le secret plus longtemps, elle met Rosamund dans la confidence et ce passage nous donne droit à des répliques pleines de bon sens (« Have you met my niece and her charming bastard ? ») Elle ne veut pas garder l’enfant et se rend accompagnée de sa tante dans un sinistre endroit pour y avorter. Mais elle renonce au dernier moment. C’est un nouveau défi, car Edith devra d’une part cacher sa grossesse, et dans ce cas partir à l’étranger semble être la seule alternative possible et réalisable, confier l’enfant à un couple inconnu, et vivre comme si rien ne s’était passé, ce qui n’est pas facile. Donc renoncer à l’avortement n’est pas une si mauvaise idée. Cela ouvre plein de possibilités pour le personnage d’Edith. Mais il faut tout de même espérer que Gregson pointera le bout de son nez sinon elle risque de sombrer à nouveau dans le pathos. 

Mr. Green est de retour à Downton Abbey. Mrs. Hughes prend le risque considérable d’aller le voir et de fermer la porte derrière elle.  “ I know who you are and I know what you’ve done. And while you’re here, if you value your life, I shall stop playing the joker and keep to the shadows.” Mrs. Hughes a toujours eu énormément de cran et je pense que Phyllis Logan mérite des applaudissements pour son interprétation impeccable. Grand moment de panique lorsque Green se trahit. Au diner, parce que Baxter regrette de ne pas avoir été présente lors du récital de Dame Nelly Melba, il lui assure qu’il ne supportait pas ses cris de chat écrasé.  “Well I came down here for a bit of peace and quiet, that’s what”. Il est grillé et Bates, les yeux en sang et les mains tremblantes, ne va pas le louper. Exactement comme à la fin du cinquième épisode, il est décidé à se venger. 

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8. ÉPISODE 8


Réalisation: Ed Hall
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Lady Grantham doit organiser toute seule la kermesse qui se tiendra dans les jardins de Downton Abbey. Rose ne semble pas vouloir lui donner un coup de main car elle trop occupée ailleurs. Elle a l’intention d’épouser Jack Ross et Mary tient à l’en dissuader. Lady Rosamund a l’idée de partir en Suisse avec Edith de manière à ce qu’elle accouche sans que sa famille ne soit mise au courant. Elle pourra ensuite confier l’enfant à un jeune couple de là-bas. Mais sa tante fait preuve d’un peu trop de compassion et Violet se doute de quelque chose. Tom rencontre plusieurs fois Sarah Bunting qui s’avère être l’institutrice du village. La jeune femme est par principe opposée à la famille à laquelle Tom appartient désormais. Mary est courtisée de toute part, Blake inclus, mais dit ne pas être sur le marché. 

Alfred écrit à Ivy : il lui demande de l’épouser et de venir à Londres. Elle ne l’aime pas donc refuse mais Daisy est mise au courant et elle lui en veut de lui briser le cœur encore une fois. Quand il vient à Downton le jour de la kermesse, Mrs. Patmore conseille à Daisy de s’éloigner et la jeune fille part voir le père de William, Mr. Mason. Anna finit par dénoncer Mr. Green à Lady Mary. En visite à Londres, sans dire pourquoi, elle demande à Lord Gillingham de le renvoyer sur le champ. Elle en profite pour passer voir Jack Ross à son club et lui demander de renoncer à Rose. Pendant l’absence d’Anna, qui est partie accompagner Mary, Bates prétend se rendre à York. Le jour de la kermesse, Gillingham annonce à Mary que Mr. Green est mort renversé par un bus.  

Critique

C’est le dernier grand épisode de la saison 4 avant le Spécial Noel. C’est incontestablement le meilleur. Julian Fellowes a réussi le pari de faire accepter la nouveauté et les changements de mœurs au sein de la série, qui auparavant plaisait parce qu’elle s’inscrivait dans un cadre social et géographique très fermé. L’introduction d’une multitude de personnages issus de diverses classes sociales et le tournage dans des lieux londoniens aussi variés que des boîtes de nuit, des grands restaurants, un appartement bourgeois, et autres, autrefois bannis de la série sont à présent des éléments qui sont définitivement intégrés.

Les deux vieilles ne se prennent plus la tête mais leurs scènes sont tout aussi intéressantes. La première apparition de Violet à moitié endormie sur son livre est un petit détail extrêmement drôle. La comtesse douairière continue d’être ingrate avec sa cousine Isobel et ose lui dire qu’elle est toujours mieux que rien. C’est encore une de ses répliques de la mort qui tue sans lesquelles la série ne serait pas aussi géniale.

« - I’m an entire substitute for the all Crawley family!

- Which is better than nothing.

- How warming you make that sounds »

Nous retrouvons un personnage complètement oublié : Lord Merton, père de Larry Grey, celui qui avait humilié Tom lors de son premier diner à Downton Abbey (saison 3 épisode 1).  Son soudain intérêt pour Isobel est surprenant mais plus crédible que les avances du docteur Clarkson dans le Spécial Noel de la saison 3. Le fait qu’il oublie un temps qu’Isobel est la mère de Matthew et que ce dernier est mort est parfaitement incohérent pour plusieurs raisons. La première est qu’il est le parrain de Mary. La seconde est qu’il était invité au mariage. La troisième est qu’il vient de déjeuner avec Violet, Edith et Isobel. Donc à moins de s’être exilé pendant dix mois au Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaungahoronukupokaiwhenuakitanatahu (Nouvelle-Zélande) ou de s’être tourné les pouces à midi, ce n’est pas logique. 

 

Enfin, la scène du goûter façon conseil de guerre entre Violet, Edith et Rosamund est à mourir de rire. D’ailleurs je me pose des questions sur l’intelligence de Rosamund qui se sent obligée de dire qu’Edith doit être chérie… Et voilà qu’elle propose de partir en Suisse pour quelques mois. Pour apprendre le français. Non, ce n’est pas du tout capilotracté… Lorsque Mary l’apprend, elle demande à Edith sur un ton cynique si c’est une excuse pour partir à la recherche de Michael Gregson. Remarque assez déplacée de la part d’une veuve qui a passé six mois à se morfondre dans sa chambre. 

Mary a un nouveau prétendant : Charles Blake. Comme si la liste n’était pas déjà assez longue. Je trouve qu’à force, c’est du remplissage qui témoigne d’une panne d’inspiration. La scène où Blake prend le petit George, encore en costume de marin, dans ses bras est mignonne comme tout mais il subsiste néanmoins quelque part (au niveau du vécu) un tout petit faux raccord : il est clair qu’ils ont rajouté  les cris du bébé après avoir tourné la scène parce que s’il pleure effectivement au moment où Blake l’assoit sur ses genoux, on voit qu’il est calme le reste du temps. Rien d’extraordinaire mais … ça se voit. Donc ça ne colle pas. Donc faux raccord. Mais ça reste mignon.

Jack Ross était un bon personnage mais le souci est qu’il était comme beaucoup d’autres sous le charme de Rose. Et si ça n’avait pas été Rose ça aurait été Mary. La raison pour laquelle il renonce à l’épouser est un brin clichée : « Je l’aime, je ne veux que son bonheur et je ne veux pas que les gens la rejettent si je l’épouse ». C’est extrêmement décevant. Je le pensais un peu plus courageux mais malheureusement, on va être obligé de se coltiner Rose jusqu’à la fin de la série. 

La kermesse rappelle moins les fêtes foraines que le match de cricket de la saison 3, peut-être même la Garden Party de la saison 1, bien que celle-ci laisse à bien des égards d’amers souvenirs. Bref, les créateurs de la série ont pour habitude de conclure une saison par un épisode plutôt festif. Musique guillerette, légèreté, décontraction, le résultat est superbe. Molesley se rapproche de Miss Baxter et les deux font la paire. Gros rebondissement dans l’affaire Green : il est mort. Ecrasé par un bus. Et c’est le jour où Bates a prétendu se rendre à York. Donc on est quasiment sûr qu’il n’est pas mort par hasard…

Charles Blake trouve tout naturel que Mary, un verre de champagne à la main entre la pêche au canard et le tir au pigeon, lui demande ce qu’il penserait s’il découvrait qu’un homme avait dans son plein droit commis un crime. Personnellement, ce n’est pas vraiment le genre de requête auquel je réponds tous les jours, mais si c’est un habitué, je m’incline. Dans le même état d’esprit, lorsque Tom confie à Isobel qu’il a fait une découverte qui pourrait mettre certaines personnes dans l’embarras, en parlant de Jack et Rose, elle n’a même pas l’idée de lui demander le pourquoi du comment. C’est invraisemblable. Donc j’aimerais que l’on m’explique pourquoi, dans cette série, les gens ne sont pas curieux !

C’est donc l’avant dernier épisode de la saison 4. Mais le dernier avant le traditionnel Spécial Noël, et beaucoup de questions demeurent sans réponse. Que cache Miss Baxter ? Où est Michael Gregson ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Qui sera le nouveau fiancé de Mary ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Tom courtisera-t-il Sarah Bunting ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Isobel ira-t-elle plus loin avec Lord Merton ? Bates a-t-il tué Mr. Green ?

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9. DOUBLE ÉPISODE « SPÉCIAL NOËL »
(THE LONDON SEASON)


Réalisation: Jon East
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Eté 1923. Les Crawley sont à Londres pour assister au bal des débutantes au cours duquel Rose sera introduite à la famille royale. Martha Levinson et le frère de Cora, Harold, viennent spécialement d’Amérique pour assister à l’événement. Ce dernier se sent particulièrement mal à l’aise au milieu des membres de l’aristocratie. Lorsque Terence Sampson s’empare d’une lettre qui pourrait compromettre le fils du roi George V, Lord Grantham craint d’en être aussi affecté. Lord Gillingham et Charles Blake se battent pour les beaux yeux de Lady Mary. Lady Edith, revenue il y a peu de temps de Suisse où elle a accouché et donné son enfant, sans nouvelle de Michael Gregson, souhaite de revenir sur sa décision et confier sa fille à un couple de fermiers.

Tom Branson, resté quelques jours de plus à Downton, invite Sarah Bunting à visiter le château mais ils sont surpris par Thomas. Le valet d’Harold Levinson fait des avances à Daisy, qui refuse de le suivre aux Etats-Unis. Elle laisse Ivy le faire à sa place. Molesley incite Miss. Baxter à se détacher de Thomas. A la fin des événements, les domestiques ont le droit de partir une journée au bord de la mer. 

Critique

La saison s’achève et malgré un prodigieux casting et des décors exceptionnels tombe presque aussi bas qu’à ses débuts. Nos attentes ne sont pas comblées et les intrigues sont résolues à la va vite, voire pas du tout, ce qui est terriblement frustrant. Par contre, nous avons le plaisir de retrouver l’américaine Shirley MacLaine, alias Martha Levinson. A ces côtés, Paul Giamatti joue Harold Levinson, le frère de Cora, jusqu’alors inconnu au bataillon, et le très talentueux James Fox dans le rôle de Lord Aysgarth. 

Il est clair que ce Spécial Noël est luxueux, mais peut-être un peu trop. Car s’il faut compter sur des scènes d’action dans les couloirs de Buckingham Palace, autant aller voir ailleurs. Cet English plot a le malheur de tourner autour de Rose et de la suivre au bal des débutantes. Les intrigues sont creuses, en témoigne la recherche d’une lettre compromettant la famille royale. Donc ce n’est pas bien passionnant. Les scènes de bal souffrent du mal de la répétition. Sauf la qualité de la mise en scène et la musique, dont la merveilleuse Valse des Patineurs et la très célèbre Valse de l’Empereur, il n’y a aucun intérêt à les regarder puisque d’un point de vue scénaristique, elles sont pauvres. Quelques personnages devraient songer à prendre leur destin en main. Tom Branson, en particulier, toujours le cul entre deux chaises, fait mine de vouloir prendre son indépendance sans arriver à un résultat concret. Daisy, qui se voit offrir une opportunité en or, décide de rester à Downton Abbey au lieu de partir aux Etats-Unis avec le jeune homme qui est tombé amoureux d’elle. Mais que demande le peuple ? Mary, le cul entre deux chaises elle aussi, semble prendre un certain plaisir à se faire courtiser de tous les côtés. Et Rose, naturellement investie d’une mission sacrée vouée à sauver la peau de la monarchie et qui a le privilège de danser avec la Prince de Galles. Les seuls à tirer leur épingle du jeu sont Edith, Anna & Bates et Molesley & Baxter. Violet aussi mais il est inutile de le repréciser. Quant à Harold Levinson, je trouve que c’est un personnage intéressant qui mériterait de revenir. Shirley MacLaine et Paul Giamatti forment un duo épatant.

Nous ne savons toujours pas ce qui est arrivé à Michael Gregson. Julian Fellowes semble vouloir fait durer le suspense et nous donner une réponse au cours de la saison 5. Je ne sais pas quel en est l’intérêt. Edith a néanmoins accouché, a donné sa fille à M. et Mme. Schroeder, le regrette et la fait revenir à Downton en la confiant à un couple de fermier, les Drewe. Espérons que cela comblera son vide sentimental sinon ça risque de devenir chiant. Remarquons qu’un enfant qui vient au monde à Downton est privé de l’un de ses parents. Baxter s’émancipe de la tutelle machiavélique de Thomas et se rapproche de Molesley, ce qui est un grand pas en avant pour les deux personnages, sauf que son terrible secret n’est pas révélé. Le moment fort de l’épisode est atteint quand Mrs. Hughes trouve un ticket dans la poche de la veste de Mr. Bates. Cela confirme qu’il était à Londres le jour où Green a été renversé. Il est donc évident qu’il a commis le meurtre de sang-froid. Heureusement, Mary jette ledit ticket au feu et grâce à elle, on peut espérer qu’Anna et lui retrouveront un semblant de bonheur. L’épisode s’achève sur un plan espéré par les fans de la série : Carson et Mrs. Hughes main dans la main. En toute amitié.

The London Season a d’autres mérites : des décors somptueux, de magnifiques costumes et une qualité d’image exceptionnelle. Au regard des sommes qu’ils ont dû dépenser, c’est la moindre des choses de compenser le manque de scénario par ces plaisirs visuels. Mais c’est cher payé. Et puis il serait temps de nous offrir un Spécial Noël qui soit réellement un Spécial Noël

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Images capturées par Juliette Vincent.

L'Entraide