Saison 4 2. Lame solitaire (Heroes and Villains) 4. L'Empreinte d'une arme (Kick the Ballistics) 5. L'Art de voler (Eye of the Beholder) 8. Dans l'antre du jeu (Heartbreak Hotel) 9. Course contre la mort (Kill Shot) 13. Une vie de chien (An Embarrassment of Bitches) 14. Le Papillon bleu (The Blue Butterfly) 15. Pandore - 1ère partie (Pandora) 16. Pandore - 2ème partie (Linchpin) 17. Il était une fois un crime (Once Upon a Crime) 18. Danse avec la mort (A Dance with Death) 20. Au service de sa majesté (The Limey) 21. Chasseurs de têtes (Headhunters) Scénario : Andrew W. Marlowe Réalisation : Rob Bowman Résumé : Trois mois après la fusillade qui a failli la tuer, Kate Beckett reprend du service. Elle doit composer avec son nouveau chef et sa relation avec Richard Castle s’est compliquée. Critique : La saison 4 enchaîne directement sur le final de la saison 3 et se montre d’emblée efficace. Avec Rob Bowman à la baguette, pas de temps mort. L’opération chirurgicale pour sauver Beckett est filmée avec un grand réalisme et la séquence alterne chirurgie d’urgence où la maîtrise de soi est vitale avec passage avec des vivants dont les nerfs sont à vif. C’est saisissant d’entrée de jeu, captivant. On est avec eux et avec elle. Côté scénario, même maîtrise de la part d’Andrew W. Marlowe. Le « grand œuvre » c’est le retour de Kate Beckett mais qui est montrée singulièrement diminuée. Sa récupération psychologique commence ici mais avec réalisme, l’auteur nous dit qu’elle durera. Avec habileté, Marlowe mêle retour de Beckett (jeu exquis de Stana Katic), enquête sur sa tentative de meurtre et « l’enquête de la semaine » qui n’est absolument pas sacrifiée mais justement utilisée pour montrer comment un flic traumatisé reprend contact avec la vie professionnelle. Au Paradis des sadiques, une place a certainement été réservée à Andrew W. Marlowe. On se souvient que la dernière réplique de Richard Castle avant le fondu au noir du final était l’aveu de ses sentiments pour Beckett. Or, elle prétend se souvenir de rien mais avoue à son psy qu’elle a menti ! Pourquoi ? Il faudra patienter pour savoir. C’est aussi palpitant qu’agaçant ! Tout l’épisode a montré comment Kate Beckett se réconciliait avec Richard Castle qui oubliait ses griefs pour revenir auprès d’elle. Nathan Fillion retrouve avec bonheur son personnage passant avec fluidité de l’ami inquiet, du partenaire impliqué au père aimant (les scènes avec Molly C. Quinn ont toujours cette tendresse) et, s’il y a moins d’humour dans cet épisode que d’habitude, il n’est pas complètement sacrifié comme en témoignent les relations moins cordiales tu meurs entre l’écrivain et le capitaine Victoria Gates ! Du bonheur en perspective ! Anecdotes :
2. LAME SOLITAIRE Scénario : David Amann Réalisation : Jeff Bleckner Résumé : Alors qu’il cherche à agresser une femme, un criminel est coupé en deux par un sabre ! Castle et Beckett s’intéressent aux super-héros. Critique : Certains épisodes sonnent comme des évidences et celui-ci en est un. L’univers de Castle mêlant quête de la justice et création littéraire ne pouvait qu’entrer en résonnance avec celui des super-héros, icônes de la culture pop américaine. Qu’en plus l’enquête policière soit de bonne facture et qu’on rit beaucoup, mais que demande le peuple ? Avant même le générique, la somme des références culturelles accumulées donne le tournis et lorsque Castle « dissèque » le costume de « Lame solitaire », il le fait à partir de l’univers des comics. Le profil psychologique auquel se hasarde notre écrivain est en fait le portrait-type du super-héros…ce qui n’impressionne pas le capitaine Gates, vraiment pas fan de notre écrivain ! Castle évolue comme un poisson dans l’eau dans cet univers et on constate que le maître fait un disciple en la personne de Ryan. C’est un moment savoureux quand Castle débute une théorie que Ryan poursuit ! Nathan Fillion montre comment Castle savoure d’être un modèle quand Stana Katic fait plonger Beckett dans sa tasse de café pour ne pas voir ça !! La relance propre aux histoires policières est aussi simple que géniale : les policiers arrêtent alternativement trois personnes dont deux portent le costume de « Lame solitaire » et le troisième écrit les histoires de ce dernier qui sont un peu trop inspirées de la vie réelle. Y a-t-il un autre « Lame solitaire » ou bien un imposteur s’est-il glissé dans le lot ? Ce qui est bien avec un masque c’est qu’il dissimule le héros comme le vilain. Petite intrigue secondaire du jour, l’avenir universitaire d’Alexis qui met son pauvre père au court-bouillon mais nous vaut des scènes familiales réalistes et tendres. Anecdotes :
Scénario : David Grae Réalisation : Holly Dale Résumé : Appelés sur une scène de crime, Castle et Beckett trouvent beaucoup de sang mais pas de corps. L’enquête s’oriente vers une société spécialisée dans la cryogénie. Critique : David Grae avait toute sa tête quand il a mis en forme ce scénario qui part d’une situation délicate (comment enquêter sans corps ?), se termine dans l’émotion après des passages incongrus. Tout le début de l’épisode condense la méthode policière (recueil et analyse d’indices) mais, au lieu de trouver une réponse, ce que découvrent les enquêteurs, c’est Passage Way, société qui cryogénise des corps pour une hypothétique résurrection. Habilement, David Grae ne se focalise pas sur le concept lui-même mais jette le doute sur les motivations de la société et sur sa culpabilité. Sans jamais troubler l’eau du scénario, il ajoute également des recherches controversées sur un projet scientifique d’avant-garde potentiellement lucratif et…un magnat du porno versé dans le « business angel » ! Un type déplaisant moralement (même Castle y va d’une remarque réactionnaire mais il a une bonne raison) mais présenté sans lourdeur inutile et non sans humour. Le fan savoure aussi le retour de la figure imposée que constitue la manière dont Castle et Beckett finissent les phrases de l’autre en parlant de plus en plus vite. « Toujours mignon » assène Lanie qui aurait bien voulu en placer une ! L’intrigue secondaire autour d’Alexis est plus grave car la jeune fille essuie un échec inattendu et ne sait pas comment le gérer. Dévastée, elle se croit une ratée. Molly C. Quinn fait grandir son personnage et lui donne plus d’humanité avec ses failles. N’est pas Emma Peel qui veut ! Ajoutons que, dans l’expression de la tendresse paternelle, Nathan Fillion demeure excellent. Anecdotes
4. L'EMPREINTE D'UNE ARME Scénario : Moira Kirland Réalisation : Rob Bowman Résumé : Une femme est retrouvée morte tuée par l’ancienne arme de Ryan. Critique : Un épisode de grande qualité quasiment dépourvu d’humour mais qui met en valeur et fait évoluer Kevin Ryan excellemment joué par Seamus Dever. L’habileté de Moira Kirland est de débuter son scénario en semblant relier l’enquête à une précédente très douloureuse mais pour partir finalement sur une toute autre piste avec un dénouement évidemment complètement différent de ce que l’on avait pu imaginer sans que pourtant ce « passé qui ne passe pas » ne cesse d’être présent en arrière-plan, ce qui donne une saveur amère bien dans le ton de l’ouverture mordorée et presque silencieuse que nous a offert Rob Bowman. Mais le vrai thème de l’épisode c’est Ryan. Un policier dévasté parce que son ancienne arme, qui lui avait été volé, a servi à tuer une jeune femme. Seamus Dever montre un homme qui se reproche son impuissance et qui, du coup, est tendu comme un arc. C’est remarquable car, d’habitude, Ryan passe davantage pour le « gentil », souriant et aimable. Seamus Dever parvient à le durcir de manière crédible sans lui faire perdre sa part d’humanité. Les scènes avec Carver puis avec Ben Lee sont symptomatiques à cet égard. Du coup, même si c’est Castle qui a, comme de coutume, l’idée brillante, c’est à Ryan qu’il revient de boucler l’enquête. C’est un juste hommage que lui rend Moira Kirland. De son côté, Nathan Fillion fait également légèrement évoluer Castle. Celui-ci avoue qu’il « joue » à être l’équipier de Beckett mais qu’il n’est pas flic et ne peut donc comprendre ou partager ce que peut ressentir Ryan. Mais, finalement, Beckett le complimentera d’avoir « pensé comme un flic » ; ce qui veut dire que Castle n’est plus considéré comme un simple observateur. En outre, on l’a vu éplucher des dossiers comme un policier de base ; ce qu’il ne faisait jamais avant ! Il a gagné sa place auprès de policiers dotés d’humour certes mais exigeants et qui n’auraient pas accepté un clown trop longtemps. Ce que nous dit l’épisode, c’est que même les grands enfants grandissent. Anecdotes
5. L'ART DE VOLER Scénario : Salisha Francis Réalisation : John Terlesky Résumé : Enquêtant sur un meurtre survenu lors du vol d’une œuvre d’art, Castle et Beckett doivent faire équipe avec la très séduisante enquêtrice d’une compagnie d’assurances. Critique : Une enquête amusante surtout pour le jeu à deux ou trois que jouent Castle, Beckett et Serena Kaye. A l’hostilité immédiate que voue l’enquêtrice criminelle à l’enquêtrice d’assurance répond la sympathie immédiate du romancier pour la même enquêtrice. L’enquête criminelle entre ainsi en résonance avec une question soulevée par Martha en tout début d’épisode : Richard Castle a-t-il une « bonne raison » de ne pas être disponible pour une rencontre amoureuse ? Le scénario brode sur le « Caskett » laissé un peu en suspens mais qui, et la scène où Beckett vide son sac chez son psy est éclairante (le montage met en parallèle cette séance avec une scène où Castle parle de Serena à sa mère : très révélateur !), se trouve dans une position fausse depuis la fusillade. Habituellement dans les séries, la séduction entre les héros est le fruit d’un processus plus ou moins long. Ici, on pourrait penser au vu du final de la saison 3 et du début de la saison 4 qu’il est arrivé à maturité. Or, le mensonge du lieutenant Beckett gèle tout. Tout comme Castle, le spectateur est en position d’attente. Le rôle de Serena Kaye a ce moment du récit est de mettre à l’épreuve cette glaciation. Le choix de Kristin Lehman était tout à fait indiqué car l’actrice fait montre d’une belle énergie et rend crédible le fait que Serena se substitue quasiment à Beckett comme tête pensante de l’enquête durant un moment. Son assurance (sans jeu de mot) fait mouche. Elle irrite ou séduit ; bref, elle divise et c’est ce rôle ambigu qui est intéressant. En effet, que veut le spectateur ? Que Serena mette Castle (à qui Nathan Fillion donne un air à la fois contrit et emballé et la scène du dîner est coquine et drôle) dans son lit ou que Beckett craque et avoue la vérité ? Question rhétorique ! Anecdotes
Scénario : Rob Hanning Réalisation : Bill Roe Résumé : Le chasseur de fantômes Jack Sinclair est retrouvé égorgé dans la demeure McLaren au lourd passé sanglant. Critique : Un épisode sympathique mais pas aussi percutant qu’on le penserait. Certes, l’univers des chasseurs de fantômes autorise d’invoquer quelques bonnes références mais, justement cet épisode fait trop révérence aux grands anciens et aux thèmes éculés du paranormal pour être aussi pop que d’habitude. La rencontre de Castle et des fantômes est en partie manqué. Dans ce genre d’histoire, le meurtre de départ est atroce et mystérieux. Évidemment que Castle croit aux fantômes et Beckett non ; c’est cohérent avec tout ce que l’on sait d’eux. Tout aussi évidemment, le fantastique sera expliqué. Pour le coup, c’est à Ann Radcliff, une maîtresse du genre que l’on pourrait penser. La structure de l’épisode est classique, rien de surprenant dans la mécanique. En revanche, c’est bien réalisé et le rythme est maintenu. Joli coup pour les décorateurs que le salon de la demeure McLaren, chargé et lourd, patiné par le temps et qui attire et révulse à la fois. Que ce soit le cœur de la maison et le lieu du crime permet d’avoir quelques scènes fortes extrêmement réjouissantes ! On peut aussi compter sur Nathan Fillion pour s’amuser et nous avec ! Point intéressant d’ailleurs ; pour la seconde fois, Ryan passe du côté de Castle contre Beckett et Esposito. Son ascendance irlandaise lui ouvrirait-elle les portes de l’étrange ? Le nouveau tandem de « chasseurs de fantômes » fera même équipe et, gentillesse bienvenue du scénariste ; cette association sera fructueuse. Une fois n’est pas coutume, il y a deux intrigues secondaires mais très faibles l’une comme l’autre. La première concerne les difficultés d’Alexis et d’Ashley d’avoir une relation à distance et l’autre un dîner entre Ryan et Jenny d’un côté et Lanie et Esposito de l’autre. Heureusement que Nathan Fillion sauve la première par ses scènes toujours tendres avec Molly C. Quinn mais rien ne sauve l’autre, sans intérêt aucun. Anecdotes :
Scénario : Terence Paul Winter Réalisation : Bryan Spicer Résumé : Alors qu’il se trouve à la banque avec Martha, Castle se retrouve mêlé à un braquage. Mais certaines choses surprennent le romancier. Critique : Pas mal de tension dans cet épisode où l’action prend le pas sur la déduction mais sans que celle-ci ne soit pour autant sacrifiée ; ce qui donne un épisode équilibré et original. L’émotion n’est pas non plus oubliée donnant quelques minutes de respiration et de calme et un très beau final. Commencé dans une atmosphère presque ludique (Castle s’ennuie pendant que sa mère négocie un prêt et appelle Beckett pour savoir si elle n’a pas un meurtre sur le feu ! On se croirait dans La cantatrice chauve quand le pompier demande s’il n’y pas un incendie dans la maison et que la maîtresse des lieux répond qu’elle va voir), l’épisode vire très vite au drame avec l’irruption des braqueurs dont le leader « Trapper » se montre à la fois menaçant et ironique ; un cocktail extrêmement instable ! Évidemment, Castle cherche à « enquêter » alors que Martha lui rappelle qu’il est un otage ! Prière de se comporter comme tel ! L’humour affleure sous le danger. Terence Paul Winter maîtrise son sujet et fait défiler en vingt minutes les poncifs de la prise d’otages puis il relance magistralement son scénario en faisant tout sauter ! Sauf que là où le film s’arrêterait, l’épisode, lui, continue et récupère des éléments jusqu’alors disparates pour un faire un récit cohérent auquel s’ajoute la toujours efficace course contre la montre. Tension et émotion permettent aussi de savoir ce qui est important et de faire des choix. Rien n’est inutile ici. Anecdotes
8. DANS L'ANTRE DU JEU Scénario : Elisabeth Davis Réalisation : Bill Roe Résumé : Un patron de casino est retrouvé mort à New York. Le capitaine Gates envoie Esposito, Ryan…et Castle mener l’enquête à Atlantic City. Critique : Un épisode amusant et qui gagne ses galons par sa structure originale. Il sépare en effet Castle et Beckett et met en avant le duo Esposito/Ryan comme rarement. Lesquels assurent la partie « enquête » en grande partie. Leurs interprètes assurent fort bien également. Grâce à Nathan Fillion, un grain de folie parcourt tout de même un épisode un peu sérieux dans le fond, ce qui l’empêche de décoller complètement. Le « fil rouge » de l’enterrement de vie de garçon de Ryan permet certes à notre écrivain préféré de sortir quelques répliques bien senties, c’est un peu juste. Par contre, l’idée qu’il a pour entrer dans le casino dont ils ont été viré par l’associé du défunt qui semble de moins en moins net, est une de ses plus farfelues mais quelle classe ! Beckett est mise de côté mais l’épisode se sert de cet état de fait pour permettre à Penny Johnson Gerald de densifier le rôle de Victoria Gates. Si Gates accepte que Castle aille à Atlantic City, c’est pour voir Beckett seule en action. Victoria Gates apparaît comme un chef fort, charismatique, plus autoritaire que Montgomery mais désireuse de rester proche de ses troupes. C’est la réussite de l’actrice de créer ce personnage qui succède à un autre très apprécié. Gates n’est pas des admiratrices de Castle mais cet épisode permet de voir qu’elle n’a aucune animosité personnelle contre l’écrivain ; c’est juste une policière pour qui le travail de policier doit être confié à des policiers. C’est une sorte de rappel discret au réalisme car dans la « vraie vie », il est peu probable qu’un Castle puisse ainsi s’intégrer à une brigade de police ! On retrouve aussi une intrigue secondaire autour d’une soirée organisée par Alexis pour surmonter sa rupture amoureuse. Molly C. Quinn est très bien mais l’idée traîne en longueur et n’a rien d’amusant. Anecdotes
9. COURSE CONTRE LA MORT Scénario : Alexi Hawley Réalisation : David M. Barrett Résumé : Un sniper sévit à New York. Cette affaire réveille les traumatismes de Kate Beckett. Critique : Les enquêtes policières permettent souvent de parler de toute autre chose que de leur objet premier. Ici, bien que l’enquête proprement dite soit intéressante (notamment par sa composante liée à l’art), ce qui importe davantage à la scénariste, c’est de parler de la psyché de Kate Beckett. Le scénario délaisse légèrement Castle (qui trouvera quand même un élément déterminant grâce à l’aide un peu téléphonée apportée par Alexis qui fait très « Emma Peel » pour le coup avec une compétence un peu sortie d’on ne sait où) pour montrer progressivement la dégradation de l’état mental de Beckett. Stana Katic assume cette mise en avant avec brio et nous touche lors de nombreuses scènes. Il revient à Jon Huertas de jouer le rôle habituellement dévolu à Nathan Fillion, celui de partenaire, celui qui prend du temps pour l’autre. La scène où Esposito confronte Beckett est sèche, sobre, salutaire. David M. Barrett accompagne avec talent ce scénario plutôt dur. Il varie les angles pour montrer la désorientation (physique mais aussi mentale) de Beckett et réussit un très beau final, attendu certes mais qu’il parvient à rendre tendu, nerveux (musique assourdie pour rendre présente la menace invisible) et incertain. C’est même lorsque la mise en scène semble se ralentir que la scène paraît proche de la rupture. Rupture ou bien lâchez-prise ? Anecdotes
Scénario : Terri Edda Miller et Andrew W. Marlowe Réalisation : John Terlesky Résumé : Castle et Beckett se réveillent côte à côte menottés dans un lieu obscur. Critique : Excellent épisode où le policier, le dramatique et le léger se combinent harmonieusement pour nous piéger et nous garder. La réalisation assure une tension constante et grandissante. Le coup des partenaires se réveillant ensembles dans un lieu inconnu n’est pas original en soi mais ce sont des variations sur ce canevas qui le rendent intéressant. On pourrait ainsi croire que les héros passent l’épisode à se remémorer comment ils ont aboutis là mais Castle et Beckett ont bouclé cette partie dès le générique ! C’est une double vis narrative qui constitue l’épisode. D’un côté, Castle et Beckett tentent de sortir de ce lieu glauque où ils ont abouti. Le côté dramatique de la situation est tempéré par de petites touches d’humour parfois leste ! Le périlleux va soudain prendre une forme totalement inattendue. Rarement notre couple vedette aura été en si fâcheuse position ! De l’autre côté, Ryan et Esposito poursuivent l’enquête dont les prémisses nous ont été donné dans les flashbacks du départ. Cet épisode constitue également une étape dans le « Caskett » et le fil rouge des préparatifs du mariage de Ryan avec les commentaires caustiques d’Esposito sur le mariage et la vie de couple en général en plus d’être drôles et piquants trouvent une certaine résonnance avec ce que traversent nos duettistes. Anecdotes
11. SEXPIONNAGE Scénario : David Grae Réalisation : Jeff Bleckner Résumé : Un homme tombe d’une chambre d’hôtel. Castle et Beckett découvrent qu’il était un dragueur professionnel mais que quelque chose avait changé dans sa vie depuis un mois. Critique : Amusant mais assez confus épisode. Sur le thème du « professionnel de la drague », on préfèrera la plus sérieuse mais aussi nettement plus noire version qu’en a donné Esprits criminels. Pendant une trop longue partie de l’épisode, les policiers interrogent plusieurs femmes toutes liées à la victime. La première, Holly, est la plus intéressante ; à commencer par son pseudo : Jane Eyre ! En principe, elle devrait être innocente puisqu’elle est la première interrogée (un classique de la série) mais, son métier la rattache au mobile du crime. Les autres femmes de l’épisode sont plus ou moins anecdotiques et l’intrigue progresse bien trop lentement. Les interrogatoires sont trop longs et il n’y a pratiquement rien d’autres à se mettre sous la dent. Quant à la victime, on ne peut pas dire que le scénariste en brosse un portrait très reluisant. On a connu des intrigues plus passionnantes ! La faiblesse de l’intrigue se lit aussi dans la présence consistante de deux intrigues secondaires ; toutes deux liées au mariage de Ryan. Esposito découvre que Lanie va venir accompagnée et il cherche à savoir avec qui, tout en essayant de se trouver une « + 1 ». C’est assez lourd comme passage. L’autre, plus rigolo, c’est la « détox » de Ryan à l’eau et au citron vert depuis des jours. Tout cela est fort distrayant mais anecdotique. Anecdotes :
12. JEUX DE POUVOIR Scénario : Christine Boylan Réalisation : Kate Wood Résumé : La mort d’une jeune femme amène Castle et Beckett à chercher un assassin dans les hautes sphères du pouvoir mais ils ne sont pas d’accord entre eux. Critique : Un épisode très bien écrit avec une intrigue solide, des relances appropriées, du complotisme, et même du sexe et une menace latente contre Beckett. Tout cela est bel et bien bon mais il manque le grain de folie qui fait que Castle n’est pas une banale série policière même bien faite. Toute une partie de l’épisode va tourner autour de la possible culpabilité du Maire – un ami personnel de Richard Castle – dans la mort de Laura, jeune femme dépourvue de portable, de carte de crédit, de télévision et d’ordinateur et dont le dernier travail met notre écrivain en joie. A-t-elle été tuée à cause de son travail d’opératrice dans le téléphone rose ? A-t-elle entendu quelque chose qu’il ne fallait pas ? Christine Boylan sème les indices et fait se dérober les preuves ; ce qui frustre tout en maintenant la vigilance. En tout cas, elle connaît les fondamentaux de la série puisque l’on retrouve une scène un peu oubliée : Castle rejouant pour l’assassin supposé les ressorts du moment fatidique. La tension est habilement maintenue tout au long de l’épisode par la maîtrise de Kate Wood. Son entrée en matière est brillante : lumière dorée alternant avec le noir nocturne, musique douce, un couple qui paraît tendrement enlacé…jusqu’à ce que le corps de la femme glisse sans vie sur la banquette ! La tension naît également de ces trois moments où « M. Smith » contacte Castle et qu’à chaque fois le décor soit non pas glauque mais sinistre avec trop de noir contrastant avec des zones de lumière trop franche. Une tension qui naît aussi de l’épreuve subie par nos héros. Le Maire est un ami de Castle et celui qui l’a imposé à Gates – très bon numéro de Penny Johnson Gerald et le discours de Gates sur le métier de policier fait mouche par la sincérité qu’y met l’actrice – donc l’objectivité de notre héros est sévèrement mise en doute par Kate Beckett qui va jusqu’à l’exclure mais on ne se débarrasse pas de Castle comme ça ! Si Beckett défend son travail contre Castle, jamais elle ne s’en prend frontalement à lui et Stana Katic rend visible le nœud à l’estomac de Beckett devant faire du mal à son partenaire. Si elle doute de l’objectivité de Castle, jamais elle ne doute de Castle lui-même et c’est le plus important. Anecdotes :
13. UNE VIE DE CHIEN Scénario : Rob Hanning Réalisation : Thomas J. Wright Résumé : Un juge de concours canin est assassiné et sa mort semble lier à la starlette de téléréalité Kay Cappucio. Critique : Un épisode assez amusant mais qui ne parvient pas à se dégager réellement des clichés qu’il voulait dénoncer et s’embrouille un peu dans son intrigue. Un meurtre dans un concours canin, c’est assez rare mais ce n’est pas inédit ; Bones y avait eu recours. Le scénariste passe assez vite à ce qui va être son cœur de sujet : la vie de la starlette de téléréalité Kay Cappucio, très bien interprétée par Hilarie Burton. La scène de son arrivée au poste est digne d’une star ! Par contre, l’entendre dire peu après qu’elle a des regrets sur la vacuité de sa vie, c’est du cliché pur jus ! Là, c’est à FBI : Portés Disparus que l’on peut penser (« La déesse américaine ») et, de toute façon, ça ne débouche sur rien. La partie de l’épisode consacrée aux chiens est en fait la plus intéressante parce que la plus originale (passage dans l’entrepôt pour Beckett et Esposito) et la plus drôle (la séance de psy pour chien est vraiment hilarante). Le final est également assez réussi. Anecdotes :
14. LE PAPILLON BLEU Scénario : Terence Paul Winter Réalisation : Chuck Bowman Résumé : La mort d’un chasseur de trésor conduit Castle et Beckett à enquêter sur des évènements remontant à 1947. Critique : Épisode magistral avec une intrigue mêlant habilement passé et présent et avec un travail de reconstitution brillant et élégant. C’est au tour du film noir de passer à la mode Castle mais on sent ici une nette révérence plutôt qu’une envie de pastiche ou de moquerie. Le scénariste recherche l’ambiance de Hammett ou de Chandler et c’est pas mal réussi. Ce qui lance l’histoire c’est la découverte du cadavre d’un chasseur de trésor dans l’ancien club de jazz, le « Penny Baker Club ». Il cherchait le « Papillon bleu », un collier d’une grande valeur, disparu dans les années 1940 et vu pour la dernière fois dans ce club. Il n’était d’ailleurs pas le seul ; ce qui fournit une ample moisson de suspects potentiels et aucun n’est sacrifié ; ce qui maintient le suspens tout du long. Si Beckett tente de rester sur terre, Castle, qui a mis la main sur le journal d’un privé, est en joie et nous avec ! Il faut voir la mine extatique de Nathan Fillion quand son personnage fouille dans les vieux dossiers de la police ; le contraste avec le regard de Seamus Dever est un bijou précieux ! Les liens ne cessent de se multiplier mais toujours avec vraisemblance. Le journal sert de prétexte au voyage dans le passé mais chaque événement qui s’y produit a une base scripturaire et donc ce n’est qu’une reconstitution et non une réalité ; un peu à la mode de la série Cold Case. Nathan Fillion en privé à la Philip Marlowe, Stana Katic en compagne d’un chef mafieux sont superbes et nous régalent d’un numéro fabuleux. En invité de luxe, Mark Pellegrino se coule dans un double rôle avec aisance. Il est le parrain en question et, lorsqu’il apparaît flanqué de ses gardes du corps (Jon Huertas et Seamus Dever !), il saute aux yeux que son vernis de respectabilité est mince ! L’acteur rayonne d’assurance ; de celle qu’à celui qui sait qu’il inspire la peur alors que lui ne la ressent pas. L’autre rôle, c’est celui de petit-fils. Celui-ci n’a pas le pedigree du grand-père mais il dégage une force qui donne du poids à ses dénégations. C’est presque dommage qu’on ne le voit pas plus longtemps mais il aurait volé la vedette à nos héros ! C’est, comme souvent, un mot de Castle qui permet à Beckett de comprendre que tout n’est pas ce qu’il paraît être. Anecdotes :
15. PANDORE - 1ÈRE PARTIE Scénario : David Amann Réalisation : Bryan Spicer Résumé : Un homme est précipité dans le vide depuis un balcon. Dénommé Gage, il est vite arrêté mais disparaît plus vite encore ! Castle et Beckett sont alors amenés dans une base secrète de la CIA !! Critique : Castle chez les espions ! On en rêvait depuis le temps que notre écrivain favori nous régale de ses théories farfelues où la CIA tient une place de choix sauf que, cette fois, c’est pour de vrai ! Et que la base secrète soit dirigée par Jennifer Beals est un bonus qu’on ne saurait mésestimer ! L’épisode est un régal par ses choix artistiques. D’abord, l’entrée en matière avec cette lente montée le long d’une échelle incendie avec bruits de coups de feu en toile de fond puis la chute d’un corps dans l’autre sens sur fond de nuit citadine. Puis la base secrète qui est telle qu’on peut l’imaginer d’après les films. Même la voiture ancienne dans le parking souterrain d’un aéroport : des images familières parce que ce sont celles que la culture populaire a assimilé tout au long de l’histoire. Castle est un concentré de pop culture. L’intrigue est toute aussi « simple » qu’efficace ; en outre, elle fait place à la théorie a priori fumeuse de « l’effet papillon » et la présence d’un mathématicien ainsi qu’une « démonstration » faite par la CIA tendent à l’accréditer. En tout cas suffisamment pour tenir en haleine. Et puis, ça fait toujours de l’effet de dire « Sécurité nationale » ! Enfin, cerise au kirsch sur la Forêt-Noire, les relations entre les personnages. L’entrée en scène de Sophia est un bijou : l’entendre saluer familièrement Richard Castle devant une Beckett estomaquée fait rire franchement. D’autant que Stana Katic et Jennifer Beals se livrent à un duel de volonté tout à fait savoureux ; le tout devant un Nathan Fillion qui ne sait plus où se mettre ! Très élégante dans le tailleur noir réglementaire, Jennifer Beals est tout sourire mais celui-ci ne cache pas l’autorité de l’actrice et c’est un beau numéro qu’elle nous livre. Anecdotes
16. PANDORE - 2ÈME PARTIE Scénario : Andrew W. Marlowe Réalisation : Rob Bowman Résumé : Castle et Beckett découvrent que le but de l’opération Pandore est le déclenchement de la Troisième guerre mondiale ! Critique : L’espionnage fonctionne un peu comme la magie : c’est l’art de faire détourner les regards. En la matière, et dans les limites d’une série divertissante, « Pandore » est un très bon épisode. Efficace dans son intrigue et son développement, il continue à reprendre les codes bien connus du genre mais le rythme haletant maintenu tout du long, les fausses pistes pourtant prévisibles ; tout cela donne un opus qu’on ne peut pas lâcher. Dès le départ, le spectateur est piégé comme nos héros qu’on a laissés dans une bien fâcheuse posture à la fin de l’épisode précédent. Les minutes sont longues et Rob Bowman derrière sa caméra excelle à faire monter l’angoisse. Même maestria tonique quand une analyste de la CIA cherche à remonter la piste d’un ver informatique. Enfin, lorsqu’un assassin s’apprête à commettre un crime potentiellement déstabilisateur, la caméra varie les angles, accélère ou ralentie le tempo : la tension monte doucement mais irrésistiblement et l’on sait qu’elle ne s’arrêtera qu’avec la réussite ou l’échec de l’assassin ! Le scénario de Marlowe est également habile parce qu’il ne s’attarde pas sur « l’effet papillon ». Il s’en sert comme moteur dramatique mais il ne cherche pas à nous convaincre à tout prix de sa véracité. Ainsi, lorsque Castle, Beckett et Sophia déroule le fil des événements censés conduire à la Troisième guerre mondiale (au passage, un véritable marronnier du temps de la Guerre froide), il est aisé de remarquer qu’ils sautent un peu vite de la cause à la conséquence. On ne croit d’ailleurs pas une seconde que la Syrie puisse attaquer Israël mais la plupart des Américains (et le reste du monde aussi d’ailleurs) sont très ignorants en géopolitique. Mais un scénario de Marlowe ne serait pas un scénario de Marlowe s’il ne comportait pas sa dose de perversité et, en la matière, c’est un orfèvre. Dans une rare scène posée, Sophia et Beckett ont la seule occasion de parler seules et leur sujet de conversation, c’est Castle et là, l’espionne assène tranquillement que coucher avec Rick a été une erreur car cela a fait disparaître la tension qu’il y avait entre eux et qui était le seul ciment de leur relation ! Parfaite description du « syndrome Clair de Lune » !! Si ce n’est pas un message aux fans, qu’est-ce que c’est !!! Anecdotes :
17. IL ÉTAIT UNE FOIS UN CRIME Scénario : Kate Sargeant Réalisation : Jeff Blekner Résumé : Alors qu’ils enquêtent sur la mort d’une femme vêtue en Petit Chaperon rouge, Castle et Beckett sont appelés sur une seconde scène de crime : on a tué Blanche-Neige ! Critique : Brillante idée que celle de Kate Sargeant de s’inspirer des contes de fées pour nouer son intrigue policière puisque, dans les deux cas, la résolution est similaire : on peut surmonter l’épreuve et vaincre le monstre. A part une approximation bénigne (les acteurs parlent des contes de Grimm comme des « contes orignaux » alors que ceux de Charles Perrault sont de plus d’un siècle antérieur), la scénariste écrit d’excellentes répliques sur le fondement des contes de fées. L’habileté de la scénariste est d’habiller le crime d’un costume comme le sont les victimes, deux avant le générique puis la troisième, déguisée en Belle aux Bois Dormants. C’est une photo qui aiguille les enquêteurs vers un drame survenu sept ans plus tôt (chiffre symbolique que l’on retrouve fréquemment dans les contes comme le chiffre trois d’ailleurs) et pour lequel on faisait chanter les victimes. Richard Castle s’avère précieux sur cette enquête. Il note une incongruité entre les deux profils puis c’est lui qui trouve le détail qui fera plonger « le Grand Méchant loup » (la référence est dans l’épisode). L’épisode, correctement réalisé sans plus, jouit d’une distribution très riche et de grande qualité puisque tous ont une belle carrière dans les séries. Sarah Jane Morris dose les émotions de Leslie Morgan et son explosion finale est très juste. Plus froid, Taylor Kinney commence par incarner le mari protecteur avant d’évoluer vers un profil plus sombre. Meghan Markle s’en tire d’autant mieux qu’elle passe tout son temps allongé et n’a donc que son visage pour exprimer les sentiments de Charlotte et elle y réussit excellemment. Enfin, Kate Sargeant a trouvé le temps pour glisser une petite intrigue secondaire autour du projet de one-woman-show de Martha dont son fils trouve qu’il réécrit pas mal l’histoire ! Plaisant et chaleureux également. Anecdotes :
18. DANSE AVEC LA MORT Scénario : Moira Kirland Réalisation : Kevin Hooks Résumé : Une candidate à un concours de danse est assassinée. Critique : Un épisode qui commence très banalement mais qui évolue de manière bien plus intéressante. En effet, au lieu de simplement chercher qui a tué la danseuse Odette Morton, Castle et Beckett vont plonger dans l’histoire de deux personnes et élucider un crime vieux de vingt ans. La danse n’est ici qu’un MacGuffin. Au lieu d’un crime dans le monde de la danse (les séries policières adorent faire de la sociologie), c’est toute une vie qui est passée au crible des enquêteurs et ils vont découvrir qu’Odette n’était pas celle qu’elle prétendait être. D’où la question : est-elle morte pour ce qu’elle était avant ou pour ce qu’elle était maintenant ? Et Moira Kirland a aussi compliqué cette vis narrative avec un rebondissement qui inspire une belle théorie à Castle. Que sommes-nous prêts à faire pour nos rêves ? C’est également la question sous-jacente qui explique les actes de plusieurs des personnages. Si nos héros préférés sont toujours bons, il est un peu frustrant de voir qu’il ne se passe pas grand-chose entre eux et que, pour le moment, les scénaristes préfèrent mettre du piquant dans les intrigues secondaires. Ici, il y en a deux. La première, très mineure mais cocasse, tourne autour de l’alliance de Ryan. Seamus Dever et Jon Huertas échangent quelques propos sur les hommes mariés et le regard des femmes sur eux un brin sexiste mais amusant. La seconde, plus intéressante, concerne Martha. Susan Sullivan se régale car on lui donne pas mal de temps de jeu ces derniers temps et l’actrice en profite. Ici, elle est impériale entre l’orgueil, le désespoir et la capacité de rebond de Martha Rodgers. Anecdotes
Scénario : Salisha Francis Réalisation : Paul Holahan Résumé : Lors d’une manifestation à Wall Street, une bombe explose. Castle est choqué et s’interroge sur les projets inaboutis. Critique : Un épisode très dur mais parfaitement construit et un des plus importants dans le « Caskett ». Pendant que le FBI enquête, la police enchaîne les auditions de témoins à la recherche d’indices, d’une cible potentielle. La scénariste mêle « suspects habituels » (un homme à l’allure du Moyen-Orient, un patriote radical, un Hispanique) comme pour railler les présupposés de nombreuses enquêtes. Pas de grande déclaration, juste un immense gâchis. Ce qui est intéressant est au-delà de l’enquête. Castle est frappé par l’absence de sens de ces morts et il a cette phrase : « L’avenir de personne n’est garanti ». Face à l’absurdité de la mort, l’amour pourrait apporter un peu de sens et Martha pousse son fils à se déclarer ouvertement à Beckett. Mais Salisha Francis est à bonne école avec Andrew W. Marlowe ! Alors que l’écrivain va se lancer, elle l’interrompt. Ce qui était attendu et fait sourire. Ce qui n’étais pas attendu par contre, c’est qu’elle va aller très loin en dynamitant le fondement de la relation entre Castle et Beckett ! Nathan Fillion a la mine des jours d’enterrement et, si l’acteur est bon dans la comédie, il fait plus que se défendre dans le dramatique. La « patte » de l’écurie Marlowe se lit aussi dans le personnage du SDF « Westside Wally » à qui Lorin McCroley apporte une gouaille déphasée très savoureuse et qui nous livre le coupable : Beethoven ! Ce petit délire apporte un très agréable contrepoint à une histoire douloureuse. Anecdotes :
20. AU SERVICE DE SA MAJESTÉ Scénario : Elizabeth Davis Réalisation : Bill Roe Résumé : La mort d’un mannequin britannique amène Kate Beckett à faire équipe avec un compatriote de cette dernière. Critique : C’est un bon épisode mais l’on sait qu’il n’a pour fonction que de questionner le « Caskett » en pleine crise depuis l’épisode précédent. Sachant que l’on arrive à la fin de la saison, il est logique d’en déduire que c’est désormais le seul sujet d’importance ; les enquêtes servant à l’« habillage ». En fait, l’épisode forme un diptyque sans doute involontaire avec le prochain épisode. Si l’histoire est bien écrite et bien réalisée (les entrées en matière sont souvent réussies et celle-ci très tonique avec son montage sec l’est) et que l’on apprécie que la scénariste se soit abstenue des clichés sur l’Angleterre, elle est sans surprise. Brett Tucker se débrouille assez bien avec un rôle un peu ingrat, celui du séduisant consultant de passage qui s’invite dans l’enquête et qui, à l’instar de Sorenson (saison 1) et de Demming (saison 2) sert de rival à Castle. Sauf que, ce qui était une entreprise de séduction avec les deux premiers et devait déboucher sur une relation amoureuse, tourne à la catastrophe. Du coup, puisqu’il n’est que de passage, l’inspecteur Hunt est à la fois un révélateur mais aussi une échappatoire. Il rend perceptible et visible le gouffre qui s’est ouvert entre les duettistes. Une question n’est pas abordée dans l’épisode. Pourquoi Castle se comporte-t-il comme il le fait au lieu de s’en aller tout simplement ? D’une part pour que la série continue évidemment mais aussi parce que la question du « Peut-on changer ? » a été abordée en ouverture de l’épisode et que la scénariste veut dire que non, mais peut-être que oui et que c’est possible si. En bref, l’épisode sert de démonstration philosophique mais une démonstration vraiment maladroite. Anecdotes :
21. CHASSEURS DE TÊTES Scénario : Alexi Hawley Réalisation : John Terlesky Résumé : Castle décide de faire équipe avec un autre flic, le lieutenant Slaughter. Mais les méthodes de celui-ci sont loin d’être parfaitement réglementaires ! Critique : Les scénaristes continuent de tordre le « Caskett » pour mettre les fans au supplice. Après avoir retrouvé ses réflexes de séducteur impénitent, voilà que Richard Castle plante Kate Beckett pour aller « s’encanailler » avec un autre policier ! Ryan a le mot juste lorsqu’il dit que Castle les « trompe ». Après avoir frappé au cœur, les scénaristes, en la personne ici d’Alexi Hawley, frappe notre tandem dans le registre professionnel ; celui qui les a réunis. Sous-entendu, si Castle et Beckett ne peuvent plus travailler ensemble, c’en est fini du « Caskett » point barre ! Pour rendre l’expérience à la fois intéressante et vaine à terme, il fallait que le nouvel équipier soit l’inverse opposé du précédent. Classique mais efficace surtout quand on a Adam Baldwin sous la main. En flic brut de décoffrage aux méthodes douces comme de la craie sur un tableau noir, l’acteur décoiffe et s’éclate avec un plaisir communicatif. Trois scènes d’interrogatoire, qui sont à chaque fois plus « limite » que la précédente, ponctuent l’enquête et placent à chaque fois Castle un peu plus près du point de rupture. Jusqu’où l’écrivain est-il prêt à aller ? En retrait sur cet épisode, Stana Katic a néanmoins quelques bonnes scènes extrêmement intéressantes. Notamment celle chez le psy où Kate Beckett avoue être furieuse et décontenancée par le comportement de Castle. Et où elle doit s’avouer qu’elle a peut-être trop attendu et qu’elle a peut-être perdu Castle. Malgré les avanies que les scénaristes s’ingénient à lui faire subir, le « Caskett » bouge encore. Anecdotiques, les scènes familiales chez Castle ont pourtant un certain écho avec la situation personnelle de l’écrivain. De l’art de dire les choses de manière détournée. Anecdotes :
22. MORT VIVANT Scénario : Christine Boylan Réalisation : Bill Roe Résumé : Un trader a été battu à mort et mordu sauvagement. Tout semble montrer que le tueur est un zombie ! Critique : Castle et les zombies ; ça aurait pu être le titre d’un épisode d’une série tellement c’est une évidence que ce thème soit abordé. Depuis le début du 20ème siècle et l’occupation d’Haïti par l’armée américaine, le zombie est un élément du légendaire américain. Il a nourri la littérature populaire des pulps, le cinéma avec George A. Romero notamment et la télévision avec The Walking Dead. La série avait frôlé le thème avec l’épisode « La piste du vaudou » (1-6) : il était temps de s’y arrêter. L’intrigue est extrêmement bien écrite, non pas pour induire la possibilité que le zombie soit réel, mais pour masquer le mobile du crime. Christine Boylan soigne les apparences (à tout point de vue) pour mieux nous entrainer au-delà de celles-ci. La réalisation de Bill Roe est également excellente. La scène où nos héros sont cernés par les zombies, forcément une scène nocturne, est bien photographiée et très dynamique : zombies vus de front puis survol pour monter l’encerclement et plans serrés pour suggérer l’étouffement. Ce n’est qu’un exemple d’une réalisation alerte. Les scènes d’ouverture et de conclusion allient suspense et temps de pause avec bonheur. Ces deux scènes s’insèrent dans une double intrigue secondaire. La première concerne l’avenir d’Alexis qui affirme vouloir « devenir adulte ». Le visage défait de Nathan Fillion lorsqu’il prononce la réplique : « Qui va jouer avec moi ? » montre combien l’acteur maîtrise son personnage et se montre aussi convainquant dans l’émotion que dans l’humour. Le premier échange entre Nathan Fillion et Susan Sullivan au sujet de la « punition » infligée à Beckett est également sobre mais profond. La seconde concerne l’avenir de Castle qui part pour conclure son aventure avec Beckett mais, et joli coup de Christine Boylan, ce ne sera pas le cas et la scénariste, à travers deux scènes de discussions à mots couverts et détournés, relance le « Caskett » en permettant enfin aux personnages d’aborder ce qui s’est passé le fameux jour et « tout » ce qui s’y est dit. C’est brillant et c’est surtout très fort émotionnellement. Anecdotes :
23. JUSQU'À LA MORT S'IL LE FAUT Scénario : Terri Edda Miller et Andrew W. Marlowe Réalisation : Rob Bowman Résumé : Alors qu’elle enquête sur la mort d’un ancien voleur, Beckett découvre un lien avec le meurtre de sa mère. Castle essaie de lui faire abandonner une enquête qui pourrait lui faire tout perdre. Critique : Brillante création du couple Marlowe/Miller, avec le fils Bowman a la réalisation. Du talent à l’état pur qui mêle policier, drame et émotion avec un sens de l’équilibre et du tempo sans faute. La scène d’ouverture nous plonge dans l’angoisse puisque, le procédé est connu mais toujours efficace, on le retrouvera ultérieurement et ce que l’épisode aura apporté aura nourri l’angoisse du spectateur. Rob Bowman sait travailler les atmosphères et le recours aux lumières mordorées plonge plusieurs scènes dans le contemplatif quand bien même la violence affleure. C’est crépusculaire et la réalisation retient le spectateur dont l’angoisse monte à mesure que son couple chéri se disloque. Le thème central, rappelé dans l’intrigue secondaire sur le discours de remise de diplôme que doit écrire Alexis, c’est que la fin survient immanquablement. L’énoncé de cette évidence est immédiatement suivi d’un vertige conceptuel tant elle recouvre de choses qu’on ne peut simplement aborder. Ce substrat philosophique donne un sentiment d’urgence, une peur d’abord sous-jacente puis présente au point de constituer la base des dernières scènes. La violence est un moyen de sublimer la peur mais la violence n’est pas seulement physique. La scène où Castle avoue tout à Beckett est très dure mais l’émotion est aussi présente que la violence et chaque réplique fait passer le spectateur de l’une à l’autre et personne, ni Nathan Fillion ni Stana Katic, absolument géniaux, ni le spectateur n’a les yeux secs. C’est un moment très douloureux mais très différent d’une scène similaire plus tôt dans la série (« Course contre la mort ») car il n’y aucun éclat de voix. Questionné jusqu’à la moelle, le « Caskett », jusque-là présent en arrière-plan devient brusquement réel mais, du coup, il fait exploser le mode de fonctionnement utilisé par les personnages. C’en est fini du non-dit et l’hallucination (qui suit un très inusité cri de rage qui a montré que le très rationnel lieutenant Beckett a perdu le contact avec la réalité) de Beckett sur le point de mourir a valeur de révélation. Et le reste est littérature. Anecdotes
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