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 saison 1 saison 3

Alias

Saison 2


1. ENNEMIE INTIME
(THE ENEMY WALKS IN)



Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Ken Olin

Résumé

« Le Monsieur » n’est autre Laura Bristow, qui tire sur sa fille immobilisée sur une chaise la blessant à l’épaule. L’article de Tippin a été publié. Sydney raconte tout à la pyschiatre de la CIA. A Cap Ferrat, en France, Sydney est envoyée en mission, tandis que l’agent Vaughn, porté disparu, réapparaît… sur une table d’autopsie, mais vivant.

La critique de Patrick Sansano


Est-ce l’enterrement de la femme de Sloane (où Sydney qui jadis nous émouvait tant nous laisse froid comme le marbre) ou l’enterrement de la série « Alias » ? J’ai peur de connaître la réponse. Le pilote n’est rien moins qu’un épisode clip transformé. Tous les faits relatés ici le sont par Sydney à sa psychiatre.

Les américains n’aiment pas les russes ni les communistes, et encore moins le KGB, mais était-ce une raison pour nous proposer une actrice aussi moche que Lena Holin, le cou rempli de rides, qui avec la laideur du comédien Victor Garber nous fait nous poser une question : Sydney n’est-elle pas adoptée ? Car franchement, que Jennifer Garner soit jolie avec comme parents des gens aussi laids, cela relève de la science-fiction. « Alias » perd là une belle occasion de nous présenter une espionne à la Daniela Bianchi (voire Barbara Bach). Susan Sarandon ou Lesley Ann Warren auraient été, parmi tant d’autres, des choix tellement plus appropriés que Lena Holin. Cette dernière n’est pas responsable de son physique, mais Abrams des actrices qu’il engage.

Tout d’abord, les conditions dans lesquelles a survécu Vaughn sont totalement improbables, et l’on gardera un voile pudique sur le nom du scénariste pour nous pondre une explication aussi idiote. Mais ce n’est pas tout : on fait de Will Tippin un accro à l’héroïne qui a inventé son article et Sloane le laisse en paix. Ben voyons.

Faisant fi de toute vraisemblance, « Alias » (que l’on va peut être appeler bientôt « Titanic ») nous inflige une scène d’une rare bêtise (ou alors c’est encore de l’anticommunisme primaire purement yankee) : La mère n’a pas vu sa fille depuis trente ans et pour les retrouvailles lui tire une balle dans l’épaule. Sydney Bristow ou « vive les orphelins la saga ».

Tout est mauvais ici, et même Jennifer Garner a perdu son charisme. Toute une série ne peut pas reposer sur les épaules d’une comédienne aussi jeune (à moins d’être Buffy contre les vampires ce qui n’est pas le cas). Mais la surprise de son jeu est éventée, avec ses déguisements en femme du monde à chaque mission, Sydney étudiante/Sydney femme fatale/Sydney Lara Croft championne de combat, et on a l'impression que Jennifer (peut être mal payée) se contente de nous offrir le minimum syndical.

Les agents doubles, triples, l’adjoint Khasinau que Mama Bristow déssoude froidement (on se demande pourquoi), constituent une intrigue décousue au possible.

Quant à Ron Rifkin, il semble avoir perdu le « mordant » de son personnage de s alaud intégral. Même Tippin fait remarquer à Sydney : « Tu ne vas aller faire l’éloge de la femme de ce monstre ». De fait, il ressemble plus à un homme d’affaires qu’au chef du SD6. Il a baissé, ne faisant même plus éliminer les témoins gênants. Pauvre Danny Hecht, arrivé une saison plus tard, il serait sauf comme Tippin.

On voit très mal comment « Alias » a pu durer cinq saisons avec une fin de première gâchée et un début de deuxième aussi nul.

La critique de Clément Diaz


A coup d’adrénaline, d’intrigues enchevêtrées, de scènes d’action trépidantes, de missions rythmées, de touches de Fantastique, de mystères infinis, et de révélations choc,
Alias avait laissé le spectateur dans un état second à la fin de la saison 1. La question qui se pose maintenant est : est-ce qu’Alias va pouvoir tenir un tel régime pour sa deuxième saison ? La réponse est un « oui mais ». En effet, J.J.Abrams a placé la barre trop haut pour la première saison. La saison 2 va connaître une descente de régime flagrante dans son premier tiers, avant de redécoller soudainement, et de retrouver le tonus irrépressible de la première saison.

Cette baisse est fortement marquée pour l’épisode d’entrée de cette saison. Les explosions des derniers épisodes de la saison 1 ont laissé nos héros plus ou moins sur le carreau. Ils doivent donc prendre le temps de se relever et se rejeter dans la bataille. Mais J.J.Abrams perd 30 minutes à rassembler les ruines, 30 minutes où il ne se passe rien, sauf des récits en flash-back. Il semble même perdre la main pour les missions, celle du jour étant furieusement bâclée, bourrée de grosses ficelles.

Pourtant, l’épisode évite le naufrage par l’entrée en scène du personnage principal de cette saison : Mme Irina Derevko. Pour incarner cette impératrice du double jeu (voire septuple jeu), il fallait trouver une actrice expressive, intense, mais tout en introversion, qui sache passer sans cesse d’un sentiment à son contraire. Une exigence inouïe, mais Abrams a la main heureuse en s’adressant à une actrice d’art et d’essai, au métier solide et sans faiblesse, égérie du grand Ingmar Bergman. J’ai nommé, Mme Lena Olin ! Cette brillante comédienne, toujours aussi belle à près de cinquante ans, trouve immédiatement le ton juste pour incarner une femme qui respire le secret et l’ambiguité à chaque seconde. Elle est le prix de cet épisode.

C’est ainsi que lors de son premier face-à-face avec Sydney, môman n’hésite pas à lui expédier une balle dans l’épaule. Il y’a quelque chose de pourri au royaume des Bristow… mais ensuite, le récit, haché par les flash-back, s’enlise dans une psychologie de bas étage : Sydney se divise entre inquiétude pour Vaughn, abattement dû au chaleureux accueil de sa mère, et culpabilité envers Will. Jack reste stoïque quand il apprend le retour d’Irina, Dixon est triste de ne plus pouvoir faire confiance à Syd, Will avale le calice de la honte s’il veut continuer à vivre, Fran et Sloane sont transparents. Bref, il ne se passe rien. Même la mission intercalée entre deux séquences bavardes est une bérézina pour Abrams qui semble l’avoir écrite en dix secondes sans se relire : espionnage sans danger, coïncidence un peu trop forcée de la réapparition de Vaughn, Khasinau qui assomme Sydney, puis qui la laisse tranquillement s’en aller… une accumulation de ratages qui inquiète. On retient juste Patricia Wettig, toujours convaincante dans son rôle de psy.

Le créateur ne se réveille que tardivement avec la mission de Barcelone ; à la clé, un splendide duel Sydney-Khasinau, et le spectaculaire retour d’Irina, aussi convaincante en excitée de la gâchette qu’en sphinx méphistophélique. Elle commence déjà à faire du double jeu avec une théâtrale exécution sommaire. Lena Olin a une prestance subjuguante. La scène de l’enterrement bénéficie du vibrant éloge funèbre de Sydney. Le rebondissement final prend totalement à revers le fan, qui va essayer alors de décrypter les pensées d’Irina. Inutile de préciser que c’est perdu d’avance... 

Les infos supplémentaires

Lena Holin (1955) – en 2002 elle faisait plus vieille, est une actrice suédoise qui a été notamment dirigée par Ingmar Bergman.

L’épisode commence par un générique « à froid ». Lena Olin (Irina Derevko) est désormais créditée au générique. David Anders (Julian Sark) aussi, bien qu’il ne soit pas présent dans cet épisode !

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2. CONFIANCE AVEUGLE
(TRUST ME)

 

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

Au terme d’une cérémonie d’initiation plutôt surprenante, Arvin Sloane devient membre de l’Alliance. Laura Bristow s’est rendue à la CIA pour coopérer. Le SD6 recherche un CD Rom que Laura utilisait pour ses chantages et envoie Sydney en mission à Rabbat.

La critique de Patrick Sansano


Vous souvenez-vous du traumatisant « Le seigneur des agneaux » dont Jodie Foster n’a pas voulu tourner la suite ? Hannibal Lecter y était emprisonné comme ici la mère de Sydney. Au final de dédales de couloirs et de grilles, de systèmes de sécurité renforcée, on découvrait l’un des plus abominables méchants de l’histoire du cinéma joué par l’excellent Anthony Hopkins. Maintenant, pour comprendre à quel point J J Abrams a sabordé « Alias », vous revivez la même scène et au bout du voyage, derrière le masque qui enserre les mâchoires du monstre, vous trouvez… Christian Clavier !

Voilà l’ampleur des dégâts avec l’exécrable Lena Holin, bonne sans doute pour un film de Bergman, mais totalement hors sujet. Quelle idée stupide d’aller engager une comédienne à sa place dans « L’insoutenable légèreté de l’être ». Sans doute la volonté de « faire original » en employant une actrice de film d’auteur dans une série américaine d’entertainment.

Roy Huggins avait présenté le manchot du « Fugitif » comme « l’homme que vous aimerez haïr ». Ici, Lena Holin est « la femme que vous aimerez voir déguerpir ».

Dommage collatéral : Jennifer Garner. Ses larmes après avoir vu sa « mère » ne sont pas crédibles une seconde. Comme la mission à Rabbat est du réchauffé (on se croirait carrément dans un épisode de « Mission Impossible » au point que l’on s’attend à ce que Sydney appelle Dixon Barney, il ne reste pour sauver les meubles que Ron Rifkin.

Le talent de cet acteur fait éclater au grand jour la médiocrité ambiante. Il retrouve ici en partie son côté « Hannibal » lorsqu’il tire dans la jambe de Peter Fordson, l’homme qu’il fait chanter, à Helsinki. Soyons juste, on remercie Terry O’Quinn de nous montrer que la CIA n’a rien à envier au KGB question états d’âme.

En dehors de ces deux comédiens, c’est le néant absolu. La série tourne à vide. Même Will Tippin devient inintéressant, réduit à la portion congrue. Vaughn/Michael Vartan est toujours aussi insignifiant.

Abrams est le vrai evil mastermind de la série. Il est en train de mépriser le téléspectateur et de tuer dans l’œuf sa série. Dans le pilote de la saison 1, il y avait un canevas mélangeant les séries/feuilleton comme « Le fugitif », « L’incroyable Hulk », « L’immortel », « Les envahisseurs », mêlé à de l’espionnage improbable façon 007. La mort de Danny, l’enquête de Tippin, autant d’éléments narratifs sacrifiés par Abrams au profit du néant artistique.

L’aspect feuilleton cède un peu la place à la série aux épisodes indépendants, pouvant être vus par le téléspectateur occasionnel. Mais par rapport à une série d’action, ce dernier est floué. Il reste trop d’éléments nécessitant d’avoir vu la série pour prendre celle-ci en route. La suite de sa carrière avec « Lost » prouvera que Abrams est le spécialiste de la série de néant sidéral, nouveau genre inventé en ce début de XXIe siècle, et dont il n’a pas à être fier.

La critique de Clément Diaz


Le scénario de John Eisendrath semble très fatigué : missions sans énergie, et tunnel de dialogues statiques. Les scènes sensées être les plus percutantes sont écrites sans grande inspiration. Garner et Vartan déçoivent et sont bien trop présents.

Heureusement, l’épisode compte deux gros atouts : Lena Olin, qui campe avec génie l’impénétrable Irina, et le retour brillant de Terry O’Quinn, belle épine dans le pied de nos héros. La conjonction de ces deux talents donne quelques scènes savoureuses.

Dois-je faire confiance à ma mère, qui ment, trahit, tue comme elle respire ? C’est la question que se pose Sydney tout au long de l’épisode. On est admiratif du culot énorme d’Irina, qui ordonne de ne parler qu’avec sa fille. Même en mauvaise position, Irina pose quand même ses conditions… et y réussit !

Les scènes les plus intéressantes de l’épisode sont bien sûr les siennes. Il y’a d’abord la scène où elle prend un plaisir pervers à tourmenter Vaughn dont elle a tué le père : chacun de ses regards, condescendant et amusé, est un poignard.

Sydney subit pareillement ses ondes maléfiques, lors d’une scène aussi économe en dialogues que puissante en intensité ; le trait final est si pointu que Sydney fond en larmes. Entre quatre murs, Irina mène déjà la danse, ce qui donne une idée de ce qu’elle peut faire à l’air libre. Sydney semble la remettre en place dans la coda, mais le plan final fait froid dans le dos : Irina ne va pas se laisser faire ! Lena Olin maîtrise parfaitement le body language : sans paroles, elle fiche un malaise massif !

Le reste s’enchaîne en mode automatique : états d’âme lourdingues de Sydney, missions molles, bavardages interminables. Les scènes de l’alarme et de l’intronisation de Sloane dans l’Alliance manquent singulièrement de force. Terry O’Quinn reprend son rôle de pain in the ass : intransigeance, ordres indiscutables, froideur... Mais cela ne suffit guère à animer un script fade à zapper sans regrets.

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En VF, depuis le pilote de la saison 2, c’est un narrateur anonyme et non plus Sydney qui raconte en voix of ce qui s’est déroulé depuis la mort de Danny Hecht.

Retour de Terry O’Quinn dans le rôle de Kendall.

Fran face à Jack : « si je tenais celui qui a vendu de l’héroïne à Will, je l’étranglerai ».

Sydney : « Je suis contre la peine de mort, mais dans le cas de ma mère, oui ».

Laura à Vaughn « Vous lui ressemblez tellement » (allusion à son père qu’elle a assassiné).

Génériques dans une autre tonalité.

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3. CODE SECRET
(CIPHER)

Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Sydney rencontre à nouveau sa mère Irina/Laura qui lui parle d’une boîte à musique construite par Rambaldi que Sark recherche. La caméra récupérée en Finlande n’est qu’un prototype, il faut récupérer l’original. Sous hypnose, Will Tippin est interrogé par Vaughn. Sydney et Dixon partent en mission en Sibérie chercher la boîte de Rambaldi.

La critique de Patrick Sansano


Après avoir longtemps copié James Bond, « Alias » ici s’inspire des comics « Batman » et « Superman ». La scène où Sydney à bord d’une luge gadget se faufile sous une fusée sur le point de décoller relève plus de Clark Kent ou de Bruce Wayne que d’un agent secret. On doit donc conjuguer l’invraisemblable et le réalisme. Mais à force de faire le grand écart, « Alias » perd toute crédibilité. Les scènes « familiales » entre Irina et sa fille, puis son mari ne parviennent jamais à nous émouvoir. Même le personnage de Sloane est mis à mal avec son chagrin de veuf. Parmi les situations les plus incongrues, le recrutement de Tippin au FBI, lequel Tippin est désormais affranchi de la vérité sur la double vie de Sydney. Mais aussi le grand cas qui est fait d’une espionne russe dont on se demande bien pourquoi les hommes de Langley ne l’envoient pas directement à la chambre à gaz.

Les comédiens n’ont plus que des rôles de pantins à défendre : Jennifer Garner semble évoluer dans « Smallville », Ron Rifkin peine à présent à trouver ses marques devant le script gruyère qu’on lui propose. Lena Olin n’est pas une méchante à la hauteur et ses tentatives de montrer sa fibre maternelle sont aussi vaines que les grandes déclarations de Victor Garber. Que reste-t-il comme attrait pour le téléspectateur lambda ? Des scènes d’action improbables, des cliffhanger dont on sait que l’héroïne réchappera (sinon il n’y aurait plus d’Alias). La double vie de Sydney était l’atout de cette série mais dans la mesure où tout le monde devient agent secret, y compris Tippin, on se retrouve devant une consternante série pour ados pas exigeants.

Le téléspectateur a le sentiment d’avoir été pris pour un gogo. Que reste-t-il des promesses du pilote de la saison 1 ? L’humanité de Sydney est mise à mal, avec le générique de la VF où elle ne parle plus, il n’est quasiment plus question d’ailleurs de sa vengeance du fiancé Danny Hecht contre le SD6. La série continue de tourner à vide, sans scénario convaincant, sans un arc solide qui permettrait de donner quelque émotion et crédibilité à l’ensemble. « Alias » est devenu une bande dessinée sans âme, et l’on s’interroge sur la façon dont producteurs et scénaristes peuvent sauver l’entreprise du naufrage total.

La seule personne dupe des aventures de Sydney reste Fran, personnage secondaire aussi inexistante que Dixon et Flinkman. Ressusciter la mère n’aura pas été une bonne idée.

La critique de Clément Diaz

L’outrance, l’exagération, la fantasmagorie, sont les composantes essentielles d’Alias. Le duo Kurtzman-Orci aimant inventer des histoires délirantes est donc particulièrement soluble dans cet univers. Cipher en est une théâtrale démonstration. Toutefois, il met du temps à décoller, et est entâché par quelques scènes maladroites.

La partie d’échecs Irina vs. Sydney et Jack tient ses promesses. A Sydney, elle dit des remarques très maternelles, puis évoque franchement la balle qu’elle lui a tiré. A Jack, elle évoque leur vie maritale à laquelle elle prétend avoir pris goût. Le pire est qu’il ne s’agit peut-être même pas d’un mensonge. Les Bristow - surtout Syd qui s’accroche à l’infime espoir que sa mère ait changé - et le spectateur sont incapables de savoir ce qui est vrai grâce au jeu magistral de Lena Olin. Les auteurs développent en plus un nouveau mystère, concernant l’enfance de Sydney. Quelle ambiance !

L’épisode avance à un rythme assez lent, et parfois frise le ridicule comme avec la discussion Vaughn-Will, pas crédible psychologiquement. La séance d’hypnose est tellement tirée par les cheveux que le voyant « facilité scénaristique » clignote avec véhémence ; malgré le talent de Bradley Cooper. Le sans-cœur Sloane se laisse aller à des élégies mélancoliques sur son veuvage. Emily était le reflet de ce qu’il y avait de meilleur en lui, son amour pour elle était sincère. Et voilà que surgit un nouveau mystère : et si sa femme avait survécu au poison ? Car de curieux événements ont lieu ! On frissonne, affaire à suivre… Rifkin est comme toujours divin.

Au niveau délire, on a rarement fait mieux avec Sydney en combinaison de super-héroïne, luge supersonique à la main, pour une mission pyrotechnique (trafiquer une fusée) à haute tension ! Un effet blockbuster pas déplaisant que les moyens conséquents de la série rendent possible. L’épisode passe la vitesse supérieure lors de la mission en Sibérie. On se demande comment Rambaldi a pu dissimuler une boîte en plein cœur du pays de glace à plusieurs mètres de profondeur ; mais Alias n’a de toute façon jamais prétendu être réaliste. La contre-attaque souterraine suivi du bref duel Sark-Sydney aboutit à un cliffhanger hallucinant. Hénaurme efficacité !

Les infos supplémentaires

Les cinq premières minutes de l’épisode sont en fait un résumé et des séquences déjà vues, ce qui réduit encore la durée de chaque opus durant 41 minutes 50 secondes.

Première rencontre entre Vaughn et Tippin.

Erreur de montage. Quand Sark demande pourquoi les caméras sont coupées, il reste 18 minutes et 30 secondes au compte à rebours. 30 secondes plus tard, il reste 18 minutes… et 45 secondes !

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4. EAUX TROUBLES
(DEAD DROP)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Guy Norman Bee

Résumé

Voyant que sa fille noue des relations avec sa mère, Jack Bristow intervient pour qu’elle soit transférée dans une centrale pénitenciaire et ait un régime de détention plus dure. Sloane a des soupçons envers Sydney suite à la corrosion de la boîte à musique de Rambaldi. Quelqu’un téléphone à Sloane de l’hôtel Baranka en Californie, de l’ancien nid d’amour qu’il avait avec Emily. Le SD6 fait suivre Sark. On retrouve un prisonnier qu’il a torturé. Sydney est envoyée en mission en Russie.

La critique de Patrick Sansano


Pour la séduction, on repassera. Mignonne et sexy dans la saison 1, Jennifer Garner en costume de jeune Rosa Klebb est aussi affreuse que son modèle. La vieille peau qui joue sa mère n’a qu’une ou deux expressions à son registre. Elle sourit bêtement, roule des yeux qui se croient malicieux, joue un jour la carte de la gentille, le lendemain de celle qui envoie sa feille à mort.

Une autre jolie fille intervient dans l’épisode pour piéger Will Tippin, une certaine Rebecca (Marisa Nichols), nouveau piège de Sloane. Mais l’actrice n’a pas le charisme de Jenny/Sarah Shahi. Deux bellâtres qui font double emploi, Michael Vartan et Bradley Cooper, se télescopent pour l’audience féminine. Quant à l’émotion, on n’y croit plus une seconde, et les larmes de Sydney à chaque trahison ne nous touchent pas. Les missions continuent de se chevaucher : Russie, Madagascar, tandis qu’un nouvel arc fantastique intéressant naît avec le fantôme d’Emily Sloane.

Les prouesses n’étonnent plus personne. Prise sous la glace, Sydney trouve un cadavre portant un fusil mitrailleur pour tirer sous l’eau. La plus grosse déception réside dans le personnage de Tippin jadis intrépide et vivant dangereusement, réduit à faire des travaux d’intérêts généraux et à participer à un groupe d’anciens toxicos. Tippin n’a désormais plus aucune consistance. Les suspenses proposés par la série ont un goût de mégot refroidi. La réalisation non-stop n’étonne plus le public, même s’il s’habitue aux intrigues confuses. On attend un renouvellement car le feuilleton s’étire en longueur.

Notons à quel point Fran devient inexistante, elle rame pour intéresser le spectateur à son histoire de restaurant. En fait, si l’on compare avec le début de la saison 1, tous les personnages de la vie « normale » de Sydney ont disparu ou perdu toute consistance. C’est bien regrettable, car les seules missions de Sydney ne suffisent plus à nous captiver, chaque histoire étant un copié collé de la précédente, recherche d’un artefact de Rambaldi, rencontre avec Sark, et bis répétita. Comble de malchance pour la série : Lena Olin n’est pas crédible un instant et plombe l’ensemble de l'édifice à chacune de ses apparitions. La prochaine mission de Sydney Bristow sera de sauver la série.

La critique de Clément Diaz

 

Jesse Alexander accomplit un exploit : imaginer des intrigues toutes prévisibles dès la première image de chacune d’elles, les reliant par des scènes bavardes qui ressassent l’état des lieux. Le spectateur en est donc réduit à suivre l’épisode tout en sachant très bien ce qui va se passer. Malgré Lena Olin et un morceau de bravoure lors d’une mission à Moscou, Dead drop constitue bien le premier ratage de la série.

L’affaire Emily n’avance pas d’un pouce. La seule révélation est que la personne qui a envoyé l’appel de l’épisode précédent se fait passer pour Emily Sloane ; un superbe pétard mouillé donc. Utiliser Dixon comme sous-fifre d’une sous-mission est insultant pour le personnage. Mais il faut bien justifier le salaire de Carl Lumbly…

Jack n’a pas confiance en Irina, et la soupçonne de manipuler leur fille. On a envie de dire que c’est une surprise de taille, à part qu’il a dit exactement la même chose dans les deux épisodes précédents. Quand Sydney déclare qu’elle reste stoïque envers sa mère, on se demande si on a pas photocopié par erreur les épisodes précédents. La machination de Jack est certes un coup d’audace, mais ne surprend pas.

Will fait la connaissance d’une (jolie) femme dont la paranoïa, la croyance ferme en les théories du complot fait penser à une recrue enthousiaste des Lone Gunmen ! Marisol Nichols est certes adorable, mais on devine sans problème le double jeu de son personnage, un peu trop provocateur. Will, désormais inutile, n’a plus que des banalités et des dénis à débiter. L’acteur gaspille ici son talent.

Nous subissons aussi des bavardages incessants, touchant surtout Syd : qu’elle pleure dans les bras de son père ou sombrant dans le larmoyant vulgaire avec Vaughn.

On retiendra juste la mission à Moscou, avec Sydney en officier soviétique austère. On pense à la Ninotchka de Cyd Charisse dans La belle de Moscou de Rouben Mamoulian. Sa confrontation électrique avec Sark (Anders est plus majestueux que jamais) et sa fuite éperdue, provoquent quelques sueurs froides. Irina/Lena continue à nous mystifier, plus perverse que jamais, sans franchir jamais la ligne jaune.

Les infos supplémentaires

Sark propose à Sydney de travailler avec lui.

Irina à Vaughn : « Comment dit-on merci à la femme qui a tué votre père ? » - On ne dit rien.

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5. NOUVELLE GÉNÉRATION
(THE INDICATOR)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Il s’agit d’armes de nouvelle génération mises au point par la Triade, entité adversaire du SD6. Jack Bristow a volontairement compromis son ex femme pour la faire condamner à mort, ce que Vaughn apprend. Les « armes » sont des enfants, agents dormants. Jack Bristow a laissé Sydney vivre un projet similaire avec le projet Noël.

La critique de Patrick Sansano


Ici on rivalise dans le cynisme, entre Jack qui fait condamner son ex à mort, Sloane qui avoue avoir tué sa femme, Jack encore qui a envoyé sa fille faire l’expérience d’agent dormant. Arvin Sloane arrive à douter de la mort de sa femme qu’il a empoisonnée. Le comédien joue à merveille, et il est bien le seul malheureusement, là où ses collègues cachetonnent. Jennifer Garner est réduite par le script à nous servir un remake du « Caméléon ». Monolithique, Victor Garber joue comme un cochon, il ne semble pas « impliqué » quand son personnage de Jack Bristow est pris au piège de toutes parts. Jennifer Garner nous a tellement fait le coup de la sensiblerie et de l’émotion facile que la mayonnaise ne prend pas. Il ne faut pas compter sur l’insipide Michael Vartan pour sauver l’entreprise du désastre. La série n’offre aucune nouveauté par rapport à des situations similaires vues dans « Dark Angel » et « Le caméléon ». La belle machine de J J Abrams ne tourne plus à vide, elle s’est enrayée et est au point mort. Ce n’est pas la courte durée des épisodes (41.42 avec le subterfuge du résumé au début) qui arrange les choses.

Ce qui nous enchantait au début de la saison 1 (la double vie) est relégué à quelques scènes trop rapides, la perte de personnages comme Jenny, Charlie, Kate Jones la « gorge profonde » du pauvre , le professeur d’université, est préjudiciable, Merrin Dungey étant incapable à elle seule et avec le faible personnage de Fran si mal construit d’assurer la continuité de l’univers quotidien de Sydney. Will Tippin ne sert plus à rien, devenu l’ersatz de Vaughn (ou vice versa), sa survie étant due à la mise à l’écart du personnage. La saison 2 se révèle un enterrement de première classe pour la production de J J Abrams. Les réminiscences, du passé guerre froide sont téléphonées et tombent complètement à plat. Voilà une série en bien mauvaise posture.

La critique de Clément Diaz

 

The indicator accomplit l’exploit d’être encore plus mollasson et prévisible que Dead drops ! Il en reprend les mêmes défauts mais ne dispose même pas de « morceau de bravoure ». Ken Olin réussit bien quelques jolis plans de caméra (le visage de Sloane se reflétant sur la boule de verre), mais ne peut animer un script aussi anémique.

La première quart d’heure est d’un vide sidéral : Sydney remercie papa de lui avoir sauvé la vie, Jack est soulagé de voir la menace Irina s’éloigner, Vaughn qui devine le pot-aux-roses mais se fait rabrouer par Sydney en pleine idéalisation du père, Sloane persécuté par le « fantôme » d’Emily. On a déjà vu tout ça, et on s’ennuie.

Après cet interminable incipit, on en vient à l’intrigue du jour, intégralement terne de bout en bout (pas d’action, suspense à deux balles). A part le brillant à lèvres lanceur de caméras miniatures de Marshall (!!), on ne retient que la vision insoutenable d’enfants entraînés sans leur laisser le choix à devenir de futurs espions. C’est le parangon de la cruauté de voir leurs vies déjà toutes tracées. On pourrait presque leur visser un casque « Born to kill » comme celui ornant l’affiche de Full metal jacket.

On comprend tout de suite que Sydney a subi le même sort, mais on doit passer par le rebondissement qui fait flop de la pyramide-jouet, et une scène d’hypnose (encore !) superbement filmée, mais prévisible. Seule son explosion de rancœur envers Jack fait illusion. La deuxième mission, malgré un saut à la Spiderman, n’est pas meilleure.

Vaughn apprend les agissements de Jack, il peut remercier les scénaristes, qui utilisent une des plus grosses ficelles de leur stock avec l’arrestation pile au bon moment du poseur de bombes de Madagascar. Michael Vartan reste fade, même si ses dialogues nous rappellent les licences prises par les USA avec les droits de l’homme quand il s’agit des terroristes. De petits soubresauts agitent ce scénario (explication Vaughn-Jack), qui retombe vite dans la vacuité. De son côté Will parle de ses camarades de désintox, et Fran fait une fête dans son restaurant. R.A.S.

Ron Rifkin est toujours aussi génial, avec l’étonnante scène du vin rouge, aux perspectives frissonnantes. De toutes les mini-intrigues, c’est la seule qui retient notre attention. Pour le reste, cet épisode est vite oublié une fois fini.

Les infos supplémentaires

Allusion au 11 septembre 2001 faite par Vaughn à un terroriste : il n’a plus droit à un avocat et à un procès.

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6. HAUTE TRAHISON
(SALVATION)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Perry Lang

Résumé

Will Tippin demande du travail à Vaughn. L’exécution de la mère de Sydney est décidée. Arvin Sloane voit le fantôme de sa femme dans une rue et fait ouvrir son cercueil. Contaminés par un virus à Taipei, Sydney et Vaughn sont mis en quarantaine.



La critique de Patrick Sansano


Désormais, il faut compter avec le seul bon comédien de la série, Ron Rifkin, pour trouver quelque intérêt à « Alias ». Les pleurnicheries de Sydney/Jennifer Garner ont atteint l’overdose, et on se demande pourquoi les scénaristes n’ont pas fait mourir « avec les honneurs » le personnage de Tippin au lieu de maintenir le contrat de Bradley Cooper pour servir ici de gravure de mode et illustrer un personnage totalement inutile. Si l’on se réjouit d’être débarrassé de Lena Olin, la joie sera de courte durée. « Alias » pousse tout de même loin la duperie et les faux semblants, tant on pensait qu’Arvin Sloane avait simulé la mort de sa femme. Est-ce encore une mascarade ?

Seuls les scénaristes de la série pourront nous répondre en temps et en heure. On notera l’absence de l’épisode de Fran/Merrin Dungey dont tout le monde se moque. Les échanges verbeux entre Bristow père et fille tournent vite à l’ennui mortel, il faut parfois se persuader que l’on est dans une série d’espionnage et non dans un soap opera. Les coups de théâtre sont la condition nécessaire pour maintenir l’intérêt du téléspectateur, et nous vivons une surenchère permanente de ceux-ci au mépris de toute crédibilité. Jennifer Garner a définitivement perdu toute aura, et l’on ne voit plus que ses défauts. Elle se révèle une piètre comédienne, éloignée des tenues affriolantes des missions des premiers épisodes.

Faisant fi de toute crédibilité lors de l’enlèvement d’un sénateur, les scénaristes Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter nous infligent des aléas de script tellement aberrants que l’on peine à croire aux images qui nous sont présentées. Désormais dans « Alias », tout est possible, du point de vue écriture, mais pour le reste la qualité a été perdue en route depuis belle lurette. Rifkin fait ce qu’il peut, mais son jeu pertinent est noyé dans la guimauve ambiante Garner/Vartan/Garber. Où est le suspense dans tout cela, quand toutes les limites du script ont été dépassées ? Seul l’arc Emily Sloane parvient à nous sortir de notre torpeur. La scène montrant Sydney et son père en harmonie idéale sous les yeux de l’ennemi dans des identités d’emprunt est flagrante de l’accumulation de faux semblants et de poncifs amassés ici. Bonne nouvelle : ayant touché le fond du fond, « Alias » ne peut que remonter.

La critique de Clément Diaz

 


Alias
tente de trouver un second souffle. Le duo Orci-Kurtzman allume l’étincelle, mais pas le feu : tempo désespérément traînant et scènes inutiles. Mais ils s’entendent à merveille pour construire une atmosphère lourde et sombre : contradictions de chaque personnage, coup de poker démentiel d’Irina, mission nerveuse…

Rupture ouverte entre Jack et Sydney, que Sloane envoie en mission sous une couverture ironique : Syd va donner un rein à son papa chéri. Super… Leurs scènes communes, adroitement dialoguées, comptent parmi les meilleures de l’épisode. Il est surprenant de voir Jack les larmes aux yeux, presque suppliant (Victor Garber craquèle avec succès sa froideur monolithique). Jennifer Garner, se débrouille bien, chaque mot qu’elle lâche est comme un poignard, particulièrement lors de la scène de l’avion où elle refuse de lui pardonner. La douloureuse confession de Jack devant sa fille larmoyante est certes cliché, mais sonne juste grâce aux jeux des comédiens.

La mission de Genève est passionnante : Sydney se transformant en Lara Croft dégainant flingues et mandales deux par deux, gadgets en folie, vision insoutenable d’un quasi mort-vivant contaminé par le virus. Irina est absente mais son ombre s’insinue dans chaque scène : il semble qu’elle aille droit vers la mort, et qu’elle fasse tout pour accélérer les choses ; mais Jack devine le plan supra-tordu qu’elle a en tête. Il ne peut toutefois pas l’empêcher et effectivement, Sydney tire Irina de ce mauvais pas. Ce jeu complexe de sentiments et de psychologie est très stimulant, et on se réjouit de retrouver Irina qui peut reprendre son jeu de chat et de la souris.

Le rebondissement de la sphère de Rambaldi produit un sacré coup de tension, mais est immédiatement gâché par la scène niaise et ridicule de quarantaine (Vaughn ne cesse d’affadir tout ce qu’il touche). Le cliffhanger est par ailleurs bien faible. L’intervention deus ex machina de Sydney sur le sénateur n’est pas crédible un seul instant. D’une manière générale, beaucoup de séquences s’étirent en longueur, dont la coda, et Fran et Will font tapisserie. Ron Rifkin nous livre un de ses numéros dont il a le secret lors de l’apparition (fantasmée ou réelle ?) d’Emily. Le suspense demeure.

Un épisode très délayé, mais quelques bons moments.

Les infos supplémentaires

Plusieurs références sont faites de façon implicites à l’épisode « 57 minutes », dernier opus de la première saison.

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7. DANGEREUSE ALLIANCE
(THE COUNTERAGENT)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Daniel Attias

Résumé

Vaughn est infecté par le virus de Rambaldi. Il demande à Irina de lui procurer l’antidote. Sydney devra le récupérer dans un ancien complexe nucléaire soviétique en Estonie. Faite prisonnière par Sark, elle doit lui livrer Arvin Sloane en échange de l’antidote.

La critique de Patrick Sansano 


S’il ne faut plus rien espérer du côté de Jennifer Garner, même pas un peu de sex appeal lors d’une scène de décontamination où elle apparait plus ou moins nue mais pas davantage qu’Ursula Andress dans une séquence similaire de « Dr No », Ron Rifkin continue à dominer sans mal une distribution exsangue. Ici, il a plusieurs scènes à jouer, et nous montre différentes facettes de son talent. Tortionnaire d’un comparse d’Irina, manœuvré par Sydney et par Sark, menacé par l’Alliance, son personnage de Sloane se révèle plus complexe que l’on pouvait croire. Ainsi, Sloane se confie à une masseuse japonaise (en l’occurrence Sydney déguisée en geisha et hideuse) et exprime son dégoût d’avoir dû tuer un homme. Plus talentueux que ses collègues acteurs, Rifkin sait montrer une facette sympathique de son personnage de s alaud intégral, le rendant humain. Certes, il faut supporter l’insupportable Vaughn et ses histoires d’amour à deux sous, entre Sydney et son ex qui n’est plus son ex, Alice (Vous avez dit « Les feux de l’amour » ?).

Jennifer Garner a atteint un seuil de médiocrité tel qu’elle rate toutes ses scènes, dont la plus ridicule restera sa transformation aussi improbable en japonaise que celle de Sean Connery vers la fin de « On ne vit que deux fois ». Terry O’Quinn aurait le talent potentiel pour relever le niveau ambiant et ne pas laisser tout le poids de l’épisode à Rifkin, mais son personnage d’agent Kendall reste malheureusement très secondaire (Il prendra sa revanche chez J J Abrams dans « Lost »). Nous avons toutefois quelque espoir que la série sorte de l’enlisement constaté par l’intrigue érodée avec le partenariat Sark/Sloane. 

Celui qui fait peine à voir, c’est Bradley Cooper. Son personnage inutile, tant intéressant dans la saison 1, n’apporte plus rien à l’intrigue. Il fallait tuer Will Tippin ou prolonger à l’infini le fil rouge de son enquête. Le cas de David Anders est plus complexe : il est trop beau gosse et trop jeune pour être pertinent en Sark. Le personnage est d’ailleurs, parmi la foison de méchants, celui qui est le moins bien construit. Anders réussit quand même, ce qui n’est pas trop difficile, à surpasser Michael Vartan absolument mièvre et sans profondeur. Lena Olin a trop peu de scènes à jouer pour être efficiente. Il ne fallait pas faire de ce personnage une prisonnière réduite à assener des banalités à sa fille ou à Vaughn.

J J Abrams peut-il sauver « Alias » ? Il semble s’appuyer sur les aspects fantastiques de l’intrigue, tout d’abord le filon Rambaldi, mais aussi la potentielle résurrection d’Emily. On ne peut que constater que cette seconde saison est loin de combler les attentes que son créateur a généré avec la première.

La critique de Clément Diaz

 


Brusque coup de fouet avec cet épisode qui réveille après une série de scripts médiocres. John Eisendrath imagine un schéma certes classique mais toujours efficace : la course contre la montre pour sauver un « gentil » de la mort. Le suspense marche à plein, même si Sueurs froides (saison 3) ira encore plus loin. Le succès de l’épisode réside dans l’enchaînement nerveux des péripéties. Irina et surtout Sark dominent les débats, manipulent nos héros, rendant l’épisode très anxiogène.

Il y’a certes les scènes guimauve Sydney-Vaughn, ou la scène d’hôpital qui s’éternise. Mais Eisendrath assure le reste, avec action et suspense à gogo.

Lena Olin nous donne une masterclass de comédie : en plus d’éblouir par sa beauté, elle exprime en même temps plusieurs sentiments différents : perversité à l’idée de diriger la danse, intérêt maternel dont on ne sait s’il est feint ou pas, curiosité malsaine sincère ou pas sincère, le tout sous une sérénité de surface. Le génie de l’actrice prend des proportions ahurissantes. Les deux scènes où elle asticote Vaughn sur ses sentiments envers sa fille forment une épanadiplose bien piqûante. La mission en Estonie est plaisante à suivre, surtout lorsque Sydney déclenche elle-même l’alarme pour obtenir l’antidote, avant de se faire capturer par un Sark, toujours aussi mielleux et classe. Il cause calmement avec son ennemie avant de lui laisser un choix délicieux : ou tu crèves, ou tu collabores. Sark se montre d’une politesse d’autant plus frappante qu’elle est sincère. David Anders nous régale.

Le séjour au Japon est agréablement dépaysant. Sydney en geisha rentre immédiatement dans le top 5 de ses couvertures les plus improbables. Les somptueux décors bucoliques et la réalisation de Daniel Attias créent une sorte de paradis terrestre, troublé bien évidemment par Sydney en ange exterminateur sensible : l’idée de contribuer à tuer un homme sans l’excuse de la légitime défense rappelle que son statut d’espion n’a pas brisé ses valeurs humanistes, même envers un méchant.

L’affaire des tests truqués aboutit d’abord à une impasse, avant de se révéler au grand jour. Finement joué ! Le rebondissement final, plein d’humour noir et de mystère (qu’y’a-t-il d’écrit sur la feuille de Sark ?), augure bien des promesses.

Les infos supplémentaires

Michael Vaughn annonce à Sydney qu’il a renoué avec son ex, Alice (Petra Wright)

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8. DOUBLE JEU - 1RE PARTIE
(PASSAGE - PART 1)

Scénario : Debra J. Fisher et Erica Messer

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Irina Derevko demande à sa fille d’être libérée pour 48h. En effet, Sloane envoie Sydney en Ouzbékistan sur les traces d’un terroriste, Sokolov. Quelqu’un fait chanter Sloane en prétendant détenir Emily , menace de le révéler à l’Alliance et lui envoie le doigt de la dame . Sydney en mission est obligée de jouer les casques bleus entre ses deux géniteurs.


La critique de Patrick Sansano


C’est l’épisode dans lequel la famille Bristow se reconstitue le temps d’un stratagème. « Alias » devient un rubik’s cube. Lorsque l’on croit savoir quelque chose, un autre élément vient l’infirmer. Plus personne à vrai dire ne comprend plus rien à Alias depuis longtemps. Les ennemis d’un jour sont les alliés de demain. Les agents doubles, triples sont tellement légion (quand ils n’agissent pas en fait pour leur propre compte) que l’on ne sait plus qui travaille pour qui. L’épisode proposant moins de scènes avec Ron Rifkin, la qualité baisse aussitôt. L’aspect ludique de « Alias » est noyé dans le foisonnement d’intrigues qui prennent le téléspectateur pour un imbécile. On ne peut pas reprocher à la série d’être invraisemblable, « Smallville » l’est aussi, mais ici les scénaristes transgressent toutes les règles et le résultat final n’est même pas un spectacle agréable.


Présenter Irina Derevko comme une victime de la persécution de Jack Bristow est sans cesse contrecarré par les crimes passés (et à venir ?) de la dame et relève de l’absence de toute logique. Les parents de Sydney sont aussi noirs l’un que l’autre, ayant sans doute autant de sang sur les mains chacun. Cette réunion de famille au Cachemire tourne donc vite à la farce pas drôle. Will Tippin est un personnage mal écrit par les scénaristes : un simple journaliste qui en sait plus que le FBI par ses découvertes et ses déductions. La scène nous montrant une mendiante indigène faisant son rapport aux adversaires (un vague front de libération du peuple) aurait tendance à faire tomber « Alias » dans la parodie.

En somme, le niveau ici ne s’élève pas plus haut qu’un jeu vidéo. On sait d’avance que plus le piège est grand, plus invraisemblable sera la façon d’y échapper des « gentils ». L’intérêt pour le feuilleton a atteint le stade de l’encéphalogramme plat. L’embêtant, c’est que l’on se dit que l’on n’est pas assuré à ce producteurs et scénaristes nous proposent encore pire.

La critique de Clément Diaz

 

 

L’épisode dégaine un atout maître : Irina Derevko sort de sa cellule ! L’épisode bénéficie d’une « grande mission spéciale », qui se développe pendant plus d’un épisode. Avant cela, Passage développe une mission originale, quelques confrontations entre personnages haut en couleurs, et deux mini-intrigues sur Will et Sloane, toujours mystérieuses. On regrettera juste l’absence de cliffhanger.

Pendant que Sark fait d’amusants efforts méritoires pour prendre du bon temps avec une Sydney pas super enthousiaste (Anders a un don pour jouer un flegme typiquement british), Irina reclame deux jours de liberté pour aider la CIA ! Le jeu dangereux auquel elle joue est captivant. To bluff or not to bluff ? En même temps,

Sydney se déguise en cadavre pour infiltrer une morgue ouzbek. La mission se déroule avec suspense et action ! Irina quant à elle sème un malaise monstre lorsqu’on lui accorde sa liberté. Le fait qu’elle ne semble pas impressionnée par le collier piégé que Jack force à lui mettre, en dit long sur son sang-froid ! Dans cette scène, elle lui fait un numéro de charme, qu’elle réitère dans le train quand elle apparaît en soutien-gorge. Mais à chaque fois, impossible de savoir si elle agit volontairement ou non. Lena Olin est grandiose à chaque scène.

Si l’enquête de Will ralentit soudainement, on apprécie que l’affaire Emily prenne un tour inattendu : Sloane recevant par la poste un cadeau macabre ! On a rarement vu le chef du SD-6 aussi mal en point. Cela explique sans doute qu’il se déchaîne contre le pauvre prisonnier, loque décomposée par le virus de l’épisode précédent qui nous révulse. Ron Rifkin extériorise un peu plus son jeu, ce qui ne le rend que plus intense.

La mission finale voit la famille Bristow collaborer ensemble, crises de bec au menu. On remarque que c’est la première fois que les trois acteurs sont dans la même scène. L’embuscade des soldats est l’occasion pour Irina de dérouiller des bad guys à la sulfateuse. Spectaculaire ! Toute cette mission se déroule avec intensité. La fin de l’épisode montre le trio obligé de se faire mutuellement confiance. C’est peut-être ça, finalement, la vraie mission de nos personnages.

Les infos supplémentaires

Il y a maintenant deux mois qu’Irina s’est livrée à la CIA.

La séquence narrative présentant rapidement les personnages principaux est supprimée à partir de cet épisode.

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9. DOUBLE JEU - 2E PARTIE
(PASSAGE - PART 2)

Scénario : Crystal Nix Hines

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Sur le terrain, Irina profite de sa connaissance du terrain pour prendre la direction des opérations. Sloane est victime d’un maître chanteur mais révèle tout à l’Alliance. Vaughn est envoyé en mission officieuse sur le terrain. Sydney et son père tombent dans un piège tendu par Irina qui rejoint son amant. Mais est-encore une feinte ? Les hindous lancent une attaque contre les pakistanais. On trouve une fleur de Rambaldi qui vit depuis 600 ans, possible piste pour la vie éternelle.

La critique de Patrick Sansano


Bonne surprise dans cet épisode où Lena Olin nous fait marcher. Sortie de sa prison, la comédienne peut nous offrir quelques beaux retournements de situation (repentance, trahison, on ne sait plus quoi penser). Pour une fois, Victor Garber est à la hauteur et les souvenirs communs du couple Bristow constituent un beau moment de tendresse dans une série de brutes. Les scènes où Irina trahit à nouveau permettent quelques coups d’éclats, insuffisants toutefois pour sortir sur la longueur la série de sa routine. Jennifer Garner elle ne bénéficie pas de ces scènes pleines de brio entre ses « parents » tant elle se contente d’un registre gnan gnan et d’émotion facile. Arvin Sloane n’est pas au bout de ses surprises, et Rifkin lui apporte toujours l’épaisseur nécessaire pour rendre son personnage plausible aux milieux des rebondissements les plus contrastés.

Il est tout de même dommage que J J Abrams n’ait pas choisi de faire plus simple, « Alias » n’étant pas la première série d’action et d’espionnage de l’histoire télévisuelle. La mythologie Rambaldi insuffle un côté surnaturel qui n’est pas désagréable. Mais les retrouvailles mère fille avec en fond sonore des chansons poussives sont assez difficiles à supporter. Les dernières images où Merrin Dungey n’a même pas un dialogue à déclamer montrent à quel point son personnage est devenu négligeable. On ne répètera jamais assez que Flinkman est une vraie torture pour le téléspectateur tant ce personnage est idiot et inutile. Dixon passe en pertes et profits comme acolyte de Sydney et en est réduit à de simples apparitions.

La critique de Clément Diaz

 

La deuxième partie confirme les promesses de la première, l’intrigue centrale étant riche en rebondissements et en suspense. Grâce encore une fois au numéro d’Irina Derevko qui nous régale d’un incroyable triple jeu. L’affaire Emily prend un tour insoupçonné. Au final, ce double épisode affirme la remontée de la série.

La vadrouille ensoleillée au Cachemire alterne avec adresse dialogues coupants et conflictuels - chacun des époux ennemis voulant prendre le contrôle des opérations, obligeant Sydney à faire preuve d’une inattendue autorité - avec détente provisoire (la belle scène du train). On repasse à l’adrénaline avec le comité d’accueil qui reçoit nos héros en grande pompe (tirs de kalachnikov), puis à une éprouvante scène où Jack atterrit sur une mine prête à exploser. La musique de Michael Giacchino se marie comme toujours au moindre soubresaut de l’intrigue. La scène d’infiltration est le plat de résistance. Irina encore une fois demande la confiance absolue à ses équipiers, ce que ses derniers lui accordent plus par contrainte que par choix. La tension ne cesse de monter jusqu’au deus ex machina central qui claque sèchement.

Les trahisons à répétition d’Irina sont une excellente idée, Lena Olin passe d’un sentiment à un autre avec une facilité désarmante. Quant à l’artefact de Rambaldi, le plus incongru que l’on puisse imaginer, il semble être un canular… avant de se révéler être la preuve de l’objectif ultime du créateur prophète ! Malgré tout, Hines ne peut éviter que Vaughn sabote quelque peu son scénario. L’épisode se finit d’une manière qu’on avait certainement pas attendue. Après 9 épisodes, nous ne savons toujours rien du plan secret d’Irina Derevko. Du J.J.Abrams pur !

Sloane reçoit une demande de rançon pour que les ravisseurs libèrent Emily. Mais absolument RIEN ne va se passer comme prévu : les auteurs n’ont pas perdu la main pour nous prendre à revers systématiquement ! Bref, un épisode plein de surprises.

Les infos supplémentaires

Nous découvrons l’homme du KGB qui a envoyé Irina épouser Jack Bristow.

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10. DÉSIGNÉ COUPABLE
(THE ABDUCTION)

Scénario : Alex Kurtzman-Counter et Roberto Orci

Réalisation : Nelson McCormick

Résumé

L’association Sloane-Sark bat déjà de l’aile. L’échec de la mission au Cachemire a fait douter Sloane de la loyauté de Sark. Will passe des tests pour entrer à la CIA. Les conditions de détention d’Irina sont adoucies. Ariana Kane vient enquêter sur le chantage concernant la réapparition d’Emily.

La critique de Patrick Sansano

 

Avec l’arrivée de Faye Dunaway, Ron Rifkin doit se sentir moins seul comme « bon comédien » dans la série qui n’en compte guère (Un Terry O’Quinn au rôle très limité). Malheureusement, l’épisode nous entraîne d’emblée sur une scène digne de « Beverly Hills » où Sydney et Tippin rencontrent Vaughn et Alice. Sourires embarrassés, échanges plein de niaiseries et de guimauve. Autre idée saugrenue de l’épisode, envoyer en mission Flinkman, Kevin Weisman étant hautement ridicule.

Malgré la présence de Faye Dunaway, la série ne décolle pas de sa médiocrité. Certes, la comédienne joue de façon convaincante le personnage qu’on lui confie, et ses scènes avec Ron Rifkin sont un vrai régal. Mais un Kevin Weisman cartoonesque et une Jennifer Garner omniprésente sans jamais renouer avec le charme qu’elle dégageait dans la saison 1 contrebalancent le talent. Les scènes entre Irina, sa fille et son « mari » tombent dans le mélodrame et sonnent particulièrement faux.

S’agissant de Marshall, on nous inflige tous les poncifs possibles, de la peur en avion à la couardise du quidam plongé dans une aventure dangereuse où il ne sera jamais à la hauteur. Nous avons vu ce genre de scènes mille fois ailleurs. Et surtout, ici, cela ne fait jamais rire mais agace. Notons tout de même que le suspense revient et que des voies de traverses sont prises dans une intrigue linéaire. On s’en réjouit, vu la morosité et l’ennui qui s’installaient. Mais le temps de présence à l’écran de Faye Dunaway n’est pas suffisant pour redorer le blason d’Alias. Dommage.

La critique de Clément Diaz

 

The abduction pose un coup de frein à la remontée de la série, il tombe dans un trou d’air où il ne se passe rien à l’exception de l’ébauche d’un nouvel arc, portée par un nouvel invité de marque : Mrs. Faye Dunaway !! Ainsi que deux missions accrocheuses. La deuxième voit la première expérience sur le terrain de… Marshall !

Le duo Kurtzman-Orci abuse tout le long des points noirs de la série : confidences interminables de Sydney à Will, scènes Vaughn-Sydney toujours aussi soap, bavardages intempestifs. On apprécie cependant le sale moment que Sloane fait passer à Sark. Armé d’un culot et d’une prétention outrancières, Sark fait pendant leur mission du charme à une Sydney dégoûtée. Elle a beau le repousser, il reste toujours optimiste. Anders a vraiment saisi ce personnage, aussi flingueur que décontracté.

Faye Dunaway, grand sex-symbol des années 60 et 70 (L’affaire Thomas Crown, Bonnie and Clyde, Network…), au talent aussi démesuré que son amour pour le botox (c’est visible dans cet épisode), nous régale d’une composition acérée, où la politesse de façade d’Ariana Kane cache à peine sa misanthropie (voire sa misandrie). Soupçonnant Jack d’être une taupe, elle le cuisine avec entrain. Leurs joutes verbales sont brillamment dialoguées, une quasi guerre des sexes ! Bon, c’est une répétition de Time will tell en remplaçant la fille par le père et McCullough par Ariana, mais cette reprise est plus ornée, plus développée, et convainc autant que la précédente.

Ces bons moments, bien que gâchés par des scènes inutiles ne sont que des préparatifs à la vraie grande idée des scénaristes : Marshall sur le terrain ! Totalement inexpérimenté, Marshall forme un duo détonnant avec Syd. Ses gaffes sont autant de boulets que doit traîner l’héroïne, et cela met une tension supplémentaire. Malheureusement, Kevin Weisman caricature à l’excès son personnage déjà excessif, sombrant souvent dans le ridicule. Excellente idée toutefois du baiser de Sydney qui fait redémarrer le cerveau de son partenaire. Et on ne peut nier que Garner et Weisman s’entendent à merveille. La coda où Marshall se fait kidnapper et se retrouve face à une vieille connaissance produit un cliffhanger qui fait vraiment peur !

Les infos supplémentaires

Sydney raconte sa mission à Tippin, alors que de pareilles révélations ont provoqué la mort de Danny.

Arrivée de Faye Dunaway dans le rôle d’Ariana Kane.

Première incursion sur le terrain de Marshall Flinkman.

Retour du « dentiste ».

Le générique n’intervient qu’après 17’40. C’est le plus tardif de la série.

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11. SABLES MOUVANTS
(A HIGHER ECHELON)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Guy Norman Bee

Résumé

Marshall est entre les mains du « dentiste ». Sydney se rend au Vietnam et à Mexico pour protéger le réseau « échelon ». Ariana Kane soupçonne Jack et pense qu’il s’agit d’un traître au SD6. Jack Bristow est obligé de fuir le SD6 et perd la confiance de Sloane.


La critique de Patrick Sansano


On nage toujours dans l’invraisemblance, le comble étant la CIA qui donne ses commandes à Irina. Chacun continue de changer de masque à chaque instant, le plus étonnant et improbable étant Marshall devenant un héros. Passée la bonne surprise de voir arriver dans la série Faye Dunaway, force est de constater qu’Alias retombe dans ses mauvaises habitudes. Si Terry O’Quinn peut ici défendre quelques bonnes scènes surveillant Irina devant l’ordinateur de la CIA, il faut supporter nombre de comédiens approximatifs poursuivre leur jeu dans une intrigue de série pour ados, avec seulement Ron Rifkin pour sauver les meubles. Ses scènes ici sont moins nombreuses, et sacrifiées au profit d’une importance exagérée portée à Michael Vartan, Bradley Cooper et Kevin Weisman.

Notons que Dixon enfin est revenu au niveau d’importance dont il bénéficiait dans les premiers épisodes de la saison 1. Le feuilleton « Alias » ne surprend plus personne. Les rebondissements sont devenus des passages obligés, mais les scénarii se ressemblent tous laissant chaque fois une marge de manœuvre pour rattraper les incohérences des cliffhanger. La rédemption d’Irina atteint les sommets du ridicule. Nous retrouvons ici la morale américaine très manicheïste. En coulisses, des histoires d’amour dignes de « Melrose Place » ou « Beverly Hills » nous montrent la pauvre Sydney aux prises avec les déceptions, les espoirs, Fran servant bien malgré elle de commère pour informer Tippin lui aussi amoureux transis.

On se demande combien de temps cet édifice va pouvoir tourner à vide encore, l’arc Rambaldi étant selon les épisodes sollicité ou négligé. Les combats n’étonnent plus personne et deviennent des redites, en fait une simple marque de fabrique de la série. Sydney parle toutes les langues, le bulgare, le vietnamien, laissant dans ce domaine même 007 très distancé.

C’est de la bande dessinée mâtinée de soap opera et d’action frôlant souvent l’ennui. Série surestimée, « Alias » a peu de chances de rester dans les annales. Produit de consommation immédiate, sans aucune ambition pour s’ancrer dans la durée, elle lasse vite le téléspectateur. Même avec des guest stars comme Faye Dunaway.

La critique de Clément Diaz

 

 

L’affaire des écoutes téléphoniques illégales des pays européens par les Etats-Unis en 2013 a rattrapé en partie la fiction. Le fameux « serveur échelon », service de surveillance mondial qui viole les plus élémentaires lois sur la vie privée, s’intègre parfaitement à la paranoïa d’Alias, et contribue à rendre son univers toujours plus dystopique alors qu’il est si proche du nôtre, toujours plus « Big Brotherisé ».

Les deux intrigues de John Eisendrath : Ariana harcelant Jack, et la course à la mort pour retrouver Marshall, poussent le suspense à son paroxysme. Encore une réussite.

Ariana Kane est proche de la Diana de Network (peut-être son plus grand rôle) : misandrie latente, détermination dévoyée, dominatrice sournoise… elle martyrise ce pauvre Jack à tel point que ni son sang-froid ni la CIA ne peuvent le sauver de ses griffes, en dépit d’une logistique impressionnante. Le rendez-vous qui dégénère provoque des sueurs froides et laisse le tout en suspens. L’actrice est fantastique.

On adore aussi Sloane, aussi concerné par le sort de Marshall qu’une bouteille vide.

Passons vite sur Will et Fran (Merrin Dungey est sublime). La mission au Vietnam, se déroule à vitesse grand V, et est aussi trépidante qu’on l’espère, car Sydney doit non seulement s’infiltrer chez l’ennemi, mais aussi prendre de court Dixon. La tension ne cesse de monter avec le dentiste sadique (Ric Young est toujours aussi terrifiant) qui fout une pression monstrueuse au pauvre Marshall. Ce dernier, bien qu’en danger de mort prépare en secret un double coup fourré, d’abord en parvenant à prévenir le SD6 où il se trouve, et surtout un excellent twist final qui prend tout le monde de court !

Après une première scène frissonnante, Irina s’invite dans la bataille en soutirant à Kendall un accès illimité à Echelon. Tout au long de l’épisode, on redoute un coup fourré de la belle, ce qui provoque un deuxième suspense qui s’ajoute au premier (sera-t-elle plus rapide que le SD6 ?). La mission « il faut sauver le soldat Marshall » fouette le sang, et on apprécie que ce soit l’inventeur qui trouve la pointe finale qui sauve la vie à lui et à Sydney. Toutefois, le cliffhanger final, purement psychologique, ouvre un nouvel abîme sous les pieds de Jack. Paf !

Les infos supplémentaires

Le dentiste se déplace désormais en fauteuil roulant.

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12. MAÎTRE-CHANTEUR
(THE GETAWAY)

Scénario : Jeff Pinkner

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Jack Bristow est soupçonné par l’Alliance d’avoir enlevé et tué Emily Sloane. Arvin demande à Sydney de récupérer un gyrocompas. Vaughn se voit reproché par la jeune femme de revoir Alice. Sloane a peur d’Ariana Kane et avertit Jack Bristow qu’il l’a livré. Ariana soupçonne Sydney et Dixon d’être des traîtres. Mais ses agents localisent Sydney avec Vaughn.


La critique de Patrick Sansano

Enfin un bon épisode que l’on doit d’une part à un scénario plus cohérent, mais surtout à une superbe prestation de Ron Rifkin. Il est ici quasiment de toutes les scènes et a un autre panache que les héros. Il nous réserve une suprise finale dont bien entendu il n’est pas question de parler ici. On regrette de voir partir Faye Dunaway, tellement plus séduisante que la nunuche Miss Garner. Rifkin ici nous offre la séduction du diable, semblable à celle d’un Christopher Lee. Terry O’Quinn malheureusement voit son personnage réduit à de simples apparitions, alors que nous avons des overdoses du bellâtre Michael Vartan omniprésent. Alias-feuilleton nécessite impérativement d’avoir vu « La Prophétie » (01-16) puisque le personnage (tué) de Jean Briault a ici un rôle crucial dans l’intrigue.

Démon, Arvin Sloane a de bons côtés. Certes, Hitler devait être galant avec Eva Braun. Mais ici la séduction du serpent est tellement plus convaincante que celles des tourtereaux Sydney-Vaughn complètement insipides. Victor Garber malheureusement stagne dans son personnage de Jack Bristow sans grande étoffe. Notons que certaines scènes sont tout de même prévisibles : Ne jamais rendre un grand service à Arvin Sloane en lui permettant d’être à l’abri de l’Alliance, vous vous condamnez immédiatement à mort même si avec un beau sourire, il vous tend une mallette de billets verts. Avec un silencieux, il vous rendra vite muet comme une tombe.

Certes, il est le parfait s alaud. Mais le comédien lui donne une telle conviction, quand les autres se contentent de cachetonner de façon éhontée. Sydney en punk n’est pas crédible une seconde, elle reste une jeune fille de bonne famille coincée et bien sous tous rapports. Bradley Cooper est ici inexistant, avec son emploi improbable au sein de la CIA. Départ un peu trop hâtif de Faye Dunaway (elle demandait trop cher ?) tandis que nous sommes sceptiques devant la rédemption d’Irina qui n’a aucune cohérence.

La critique de Clément Diaz

 

Infernale machine à twists, The Getaway accumule les rebondissements à un tempo extrême. Action et suspense s’entrechoquent violemment, et pour la première fois, le duo Sydney-Vaughn convainc un peu plus. Le premier twist est une excellente astuce, mais le deuxième qui suit est encore plus spectaculaire, obligeant le spectateur à revoir les douze premiers épisodes de cette saison d’un tout autre œil ! C’est une des plus grosses surprises imaginées par Alias !

Plus menaçante que jamais, Ariana Kane est sur le point de réduire en miettes les Bristow. Faye Dunaway est effrayante en démon vampirique ; on regrette qu’elle nous quitte déjà. Jack s’ouvre à Irina qui lui indique la marche à suivre pour sortir de ce guêpier. Entre les époux ennemis, l’heure est à la détente, presque à la camaraderie. Lena Olin cependant, ne renonce pas à son ambiguïté qui - on s’en doute - éclatera tôt ou tard. En attendant, le courant passe très bien avec Victor Garber, ici à son avantage. On retient la première scène où il se bagarre dans un cinéma avant d’être secouru par sa fille dans un amusante inversion de la scène du parking du pilote !

La mission de Syd (très bien écrite) la fait se métamorphoser en punkette. Garner se lâche totalement dans un rôle rentre-dedans. Surprise du chef : toutes ses scènes avec Vaughn sonnent juste, surtout la scène de dispute. La scène du restaurant dose très bien hésitations, discussions anodines... et coups de feu car dans Alias, les plages de repos ne durent généralement pas longtemps ! Si le retour de Weiss plombe l’épisode en dialogues vaseux, on goûte fort son rôle de conseiller séduction ! Un peu de comédie et de tendresse, et on croit mieux au couple Sydney-Vaughn. Les avances discrètes de Sydney (la clé de l’hôtel) sont assez pétillantes !

Le défilé de twists ne cesse de nous tenir en haleine (de quel côté est Sloane ? Révélation du maître-chanteur, le compte bancaire, la capture de Jack, le manipulateur manipulé…), et aboutit à une révélation finale en feu d’artifice. Cette nouvelle donne nous fait pressentir que la série est sur le point de tout changer, de basculer dans une nouvelle ère. Abrams va le confirmer ipso facto dès l’épisode suivant.

Les infos supplémentaires

Petite erreur de continuité ici : le gyrocompas doit être récupéré à Berlin et c’est à Nice que Sydney se rend.

Cet épisode évoque des éléments qui se sont déroulés dans « La prophétie » (01-16).

Le film projeté au cinéma où se rend Jack au début de l’épisode est un film de 1950 : Mort à l’arrivée de Rudolph Maté (D.O.A en anglais).

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13. PHASE UN
(PHASE ONE)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : Jack Bender

Résumé

Arvin Sloane est porté disparu. L’Alliance le remplace par Anthony Geiger. Ce dernier trouve un ordinateur, le serveur 47, contenant des informations primordiales comme le double jeu des Bristow père et fille. La CIA attaque le SD6.

La critique de Patrick Sansano


Bonne idée de casser la routine établie depuis le pilote de la saison 1. « Alias », partant sur de nouvelles bases narratives, valorisant le personnage de Dixon qui devient le nouveau candide apprenant la vérité sur le SD6 , trouve un nouveau souffle. Ce changement permet de donner de l’épaisseur au personnage joué par Terry O’Quinn. Kendall n'est plus le personnage entrevu et secondaire qu'il était. Jennifer Garner est ravalée au rang de petit soldat. Carl Lumbly compose un nouveau Dixon nettement plus convaincant. Il a des scènes intéressantes à jouer et s’en tire avec les honneurs.

Rutger Hauer fait une apparition clin d’œil hommage aux films de genre, de même qu’Angus Scrimm de « Phantasm ». En un épisode, plusieurs bouleversements interviennent, avec à nouveau des emprunts bondiens à « Goldfinger » et « Moonraker » pour ce qui est des vols brutalement interrrompus et des parachutes providentiels. Peu de temps d’écran pour Ron Rifkin, le meilleur comédien d’Alias, mais nombre de nouveaux spoliers dont curieusement l’un emprunté à « Dynastie » et pas forcément très pertinent. Certains se rappelleront que durant toute une saison, Krystle Carrington/Linda Evans n’était plus celle que l’on croyait être. « Alias » est un creuset qui reconvertit tout, de James Bond à « Mission Impossible » en passant par le soap opera.

Personne ne se demande pourquoi la CIA a autant tergiversé avant de se débarrasser de l’Alliance, et il ne faut pas trop creuser le script au risque de trouver des incohérences. Notons quand même que Geiger/Hauer est moins impressionnant que le fameux « dentiste ».

Les seules fausses notes viennent de la geignarde Jennifer Garner qui sans les autres comédiens plomberait la série définitivement. Elle est hautement improbable en dominatrice sado-maso et par contre plus convaincante dans les combats habilement chorégraphiés. Ses expressions de sensiblerie nuisent à son personnage d’agent secret endurcie.
En fait, J J Abrams était contraint de changer son fusil d’épaule car la série donnait de sérieux signes de fatigue. Mais à changer toutes les règles et tous les repères, on accentue la surenchère dans l’incroyable et cette solution à ses limites. Paradoxalement, le chef opérateur pour un épisode qui fait la lumière sur le SD6 a choisi des teintes ocres et obscures. Peut être une métaphore qui nous prévient que de la destruction des centres de l’Alliance ne naît pas forcément la vérité toute nue.

La critique de Clément Diaz


Phase One
est la grande bascule de la série. Dans cet épisode, Tout l’univers d’Alias est renversé. La série coupe brutalement le cordon ombilical : Sydney n’est plus un agent double, l’Alliance et le SD6 sont détruits, et tous les personnages changent de rôle : Dixon, Francie, Sloane, Vaughn… J.J.Abrams va jusqu’au bout de son culot pour bâtir de nouvelles fondations, une nouvelle ère de la série. Après Phase One, plus rien ne sera comme avant. Ce changement est génialement dirigé par J.J.Abrams qui nous secoue d’une tension permanente alors qu’il détruit son monde pour en faire émerger un nouveau. Il finit le tout sur deux twists finaux, dont le deuxième compte désormais parmi les plus grands rebondissements de l’histoire de la télévision. Un cliffhanger qui dépasse en surprise et en effroi tout ce qu’on a pu voir jusque-là !!

Même si Jennifer Garner n’est pas vraiment crédible en dominatrice, le spectacle vaut quand même le détour dans la scène d’introduction qui finit sur un cliffhanger avant qu’on revienne 24 heures plus tôt. Bon, si Alias se met à mettre des cliffhangers dès le début… En tout cas, on est immédiatement scotchés au fauteuil. Une fois passée une scène peu digeste de Vaughn et Sydney faisant le point sur leur relation, place à l’action ! D’abord psychologique, avec la rencontre Sydney-Geiger, remplaçant de Sloane. C’est la talentueuse guest star Rutger Hauer qui l’incarne. Une célébrité de plus dans Alias, une ! Geiger sonde Sydney, et dès le premier coup d’œil comprend qu’elle est pas nette : encore plus efficace qu’Ariana et Dreyer ! Geiger perce à jour le double jeu des Bristow, et capture et torture Jack en un éclair. Quel suspense !

Le spectateur partage l’excitation de ses héros à l’idée que l’Alliance et le SD-6 soient détruites. Que ce soit Sark qui livre négligemment la clé à Sydney ne manque pas de piquant. La mission de Sydney est une des plus captivantes, J.J.Abrams est clairement à son meilleur niveau. Les cascades fulgurantes à l’intérieur de l’avion sont tétanisantes, Garner se donne à fond ! Entre deux scènes à la testostérone, nous avons droit à la grande grande révélation sur le SD-6 de Sydney à Dixon. Stupéfié, anéanti de voir son monde s’écrouler, Dixon est le personnage-clé de l’histoire, celui qui va débloquer la situation. Carl Lumbly fait une performance mémorable : jouant sans outrance mais avec force le déni, la colère, l’abattement, et la résignation, il signe une sacrée revanche contre sa mise à l’écart en cette saison. On peut voir toute son émotion quand il s’apprête à appuyer sur le bouton qui va tout bouleverser.

Entre deux séances de torture éprouvantes (Hauer fout vraiment la pétoche), la CIA lance l’attaque sur les 12 cellules SD. Fusillade, combats, vues du poste de surveillance… L’expérimenté Jack Bender recourt à une réalisation au kérozène, mais au montage bien lisible pour faire monter l’excitation jusqu’au dénouement final, qui sonne comme une libération… Du moins le croit-on car ce happy end est contredit par un twist final de fou furieux ! La CIA croit avoir gagné, mais elle n’a été qu’un pion dans le plan sophistiqué d’un cerveau machiavélique ! La croisade de Sydney n’est pas finie : c’est maintenant qu’elle est désormais sans défense, surveillée par un ennemi encore plus terrifiant. La fameuse Phase un du titre (cf. l’épisode Face cachée) est l’objet d’un monstrueux cliffhanger inattendu et pétrifiant ! La deuxième partie de cette saison va être l’inverse de ce qu’on a vu jusque-là : ce n’est plus Sydney, arme secrète de la CIA, qui fait du double jeu ; c’est l’arme secrète de l’ennemi qui fait du double jeu contre la CIA et Sydney ! Mais quels sont ses buts ? On en frémit rien que d’y penser. Bienvenue dans Alias 2.0 !

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Avec cet épisode, nous ne retrouvons plus le générique qui depuis le deuxième épisode de la saison 1 nous résumait les motivations de Sydney.

L’épisode a été programmé aux USA suite à la finale du super bowl 2003, case horaire enviable.

J.J.Abrams se fend d’un récapitulatif de la série au début de l’épisode, par l’intermédiaire de Kendall. Ceci s’explique par le fait que cet épisode serait diffusé juste après la finale du Super Bowl, et qu’il y’aurait donc de nouveaux spectateurs de la série devant la chaîne. Il fallait donc les mettre au courant des enjeux de la série.

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14. TROMPE-L'ŒIL
(DOUBLE AGENT)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Arvin Sloane a rejoint sa femme Emily bien vivante et dirige désormais pour son propre compte le combat pour s’emparer du secret de Rambaldi, avec comme complice Sark. Fran a été assassinée et remplacée par un parfait sosie à la solde de Sloane. A Berlin, l’agent de la CIA Emma Wallace qui a découvert que son amant et partenaire était un double est tuée en direct à Berlin sur l’ordre de Sloane.

La critique de Patrick Sansano




On peut suivre désormais la série en minorant l’importance de Sydney Bristow. La scène de l’explosion d’Emma Wallace transformée en bombe vivante est assez poignante. On retrouve ici la cruauté du serpent Alvin Sloane. Si l’on peut regretter que la romance à l’eau de rose entre Sydney et Vaughn empiête trop sur l’intrigue et que le pseudo érotisme voulu par le réalisateur lors de la scène d'amour nous laisse de glace, Terry O’Quinn fait partie de ceux qui tirent leur épingle du jeu. Victor Garber en père de Sydney est un peu moins insupportable. Avec ses duplicatas, cet épisode évoque un peu le fameux « Chapeau melon et bottes de cuir » : « Interférences ».

A la différence qu’ici, l’existence de duplicatas est vite découverte. Cette affaire sur les « doubles » permet de laisser le fil rouge Rambaldi à l’écart et de multiplier d’autres intrigues. Allégé de la confusion entre SD6 et vraie CIA, « Alias » gagne en efficacité. On ne sait plus parmi les sosies qui sont les vrais ou les faux. Cette paranoïa post 11 septembre 2001 confère de l’épaisseur à la série. Episode où bon nombre de personnages sont absents (Irina, Dixon, Tippin, Sark, Flinkman), cet opus efface l’ardoise et nous redonne une qualité perdue depuis longtemps. Grave et sanglant, sombre et dur, « Trompe l’œil » est un excellent spectacle malgré une Jennifer Garner désormais complètement dépassée.

J J Abrams a le bon goût de ne pas nous imposer un clone de Sydney, une nous suffit bien. Celui de Fran se montre étonnamment plus crédible que l'originale désormais défunte, en n'apparaissant dans l'histoire qu'à des moments soigneusement choisis afin d'accroître le suspense ambiant.

La critique de Clément Diaz


Les joyeux bourrins Orci et Kurtzman ne reculent devant aucun spectaculaire. Bombe humaine et duel de « doubles » sont au menu de cet épisode prenant, mais qui souffre d’être précédé de
Phase Un. Car le ressort principal de cette histoire a été éventé lors du cliffhanger précédent. Le suspense marche donc imparfaitement durant une bonne moitié de l’épisode. Cela n’empêche pas qu’on passe un bon moment.

Un homme et une femme viennent de faire l’amour dans une chambre d’hôtel. C’est alors qu’ont lieu deux rebondissements consécutifs massifs, qui directement nous accrochent ! La deuxième scène est une des plus chargées en suspense de la série avec Emma Wallace (la sublime Olivia d’Abo) enveloppée dans des explosifs, contrainte de chanter une comptine en plein Berlin ! On redoute tout le long l’explosion fatale…

Sydney et Jack apprécient d’être libérés de leur double jeu. Le spectateur n’y perd guère car il reste un agent double : « Fran ». On sent que Merrin Dungey, même si

elle ne fait que quelques apparitions, est ravie d’être enfin utile à l’intrigue. Avec seulement deux-trois expressions de dureté, elle exhale des vapeurs menaçantes.

Le fan des Avengers ne peut qu’applaudir la solide intrigue du duo basée sur l’étenelle idée des « doubles », passage obligé des séries d’espionnage. La technique utilisée fait penser à Mais qui est Steed ? (saison 6) qui cependant ne l’utilisait que pour le visage. L’idée du « reséquenceur moléculaire » permet un bon suspense car tout le long, on redoute un coup fourré de l’agent Lennox dont on ne sait s’il est bien lui ou s’il est un sosie ennemi. L’arrivée sur les lieux du deuxième Lennox lance une chevauchée fantastique de suspenses, car il est tout à fait impossible de savoir qui est qui !! Cette situation s’étend pendant pas mal de temps jusqu’à l’idée géniale de Syd pour les départager, qui ressemble fort à un jugement de Salomon inversé ! Dans son double rôle, Ethan Hawke est parfait. Les auteurs, adroitement, troublent le happy end, car Lennox ne sort pas guéri de cette aventure, et la concrétisation de la relation Sydney-Vaughn est espionnée par le doppelgänger de Fran. Frissons, frissons…

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Un an a passé depuis la mort de Danny Hecht.

C’est la cousine germaine de Maryam d’Abo, James Bond girl de « Tuer n’est pas jouer », Olivia d’Abo, qui incarne l’infortunée Emma Wallace.

Première allusion de Ben Laden dans la série. Elle est faite par Jack Bristow.

On retrouve avec surprise dans le rôle de Lennox le comédien Ethan Hawke, Todd, élève de Robin Williams dans « Le cercle des poètes disparus » qui a bien grandi.

A l’origine, Trompe-l’œil se situait avant Phase Un. Abrams changea l’ordre et fit modifier le script de cet épisode pour respecter la chronologie. Cela explique l’efficacité plus limitée de cet épisode.

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15. ÉLECTRON LIBRE
(A FREE AGENT)

Scénario : Roberto Orci et Alex Kurtzman-Counter

Réalisation : Alex Kurtzman-Counter

Résumé

C’est la fin des études pour Sydney qui doit recevoir son diplôme. Elle veut quitter la CIA, mais Kendall lui fait du chantage : si elle part, elle ne reverra pas sa mère Irina. Le mathématicien Neil Caplan et sa famille sont enlevés par Sark sur l’ordre de Sloane qui téléphone à Sydney.

La critique de Patrick Sansano


 


Retour en grande forme de Ron Rifkin, plus convaincant que jamais en suave méchant Arvin Sloane. Le mythe Rambaldi lui aussi revient à la charge. Ron Rifkin est vraiment un acteur d’un immense talent, parvenant à rendre captivant un personnage de s alaud intégral, le JR de l’espionnage, le comte Dracula des codes secrets. Sa présence écrase complètement une Jennifer Garner particulièrement godiche et ridicule en étudiante diplomée (alors qu’elle n’en fait plus depuis la saison 1, mais les scénaristes n’osent pas imaginer qu’elle a couché pour réussir l’examen !). Flinkman est aussi à l’aise à la CIA qu’il l’était au SD6, et ma foi, Poutine pourrait bien l’engager au FSB, le nouveau service russe qu’il continuerait à plaisanter avec ses vannes à deux balles. Carl Lumbly voit le sort de Dixon amélioré, le personnage gagnant en épaisseur. Terry O’Quinn, meilleur acteur avec Rifkin, a enfin des scènes assez conséquentes à jouer. On peut continuer à regarder la série en perdant tout intérêt pour Jennifer Garner, et c’est le gros point positif de cette saison 2.

Michael Vartan reste insignifiant et son cas est aussi vain que celui de Miss Garner. Bien sûr, Sydney persiste à se sortir des missions les plus impossibles, à effectuer des combats chorégraphiés, mais il y a une telle galerie de personnages dans la série que la relève est vite prise par les bons comédiens au détriment des mauvais. « Alias » est une série dans laquelle le méchant est tellement magnifique, si bien interprété, que l’on perd notre sens moral pour admirer Sloane.

Il faut dire que Rifkin n’a pas à se forcer pour jouer la comédie, il connait son métier. Michael Vartan et Jennifer Garner eux pourraient gagner leur vie comme mannequins gravures de mode. Un peu comme Danyel Gérard qui a choisi entre le chapeau et le talent de Dylan le couvre chef, Jennifer Garner a failli torpiller une série qui ne serait rien sans son némésis. Sloane nous entraîne dans la folie de Rambaldi, et c’est lui maintenant qui part en mission pour son propre compte, et se déguise tel Frégoli, certes sans les décolletés affriolants de damoiselle Sydney, mais avec un peu plus de plomb dans la cervelle. Seul bémol, David Anders en Sark n’est pas un partenaire à la hauteur de Rifkin. Héros du mal, Sloane devient désormais un alter égo de Fantômas ou d’Hannibal Lecter. Et il faut bien le dire, il réhausse le niveau de ce qui était devenu une mauvaise série pour ados.

La critique de Clément Diaz


 

Encore une guest star ! Cette fois, c’est Mr.Christian Slater qui est invité à jouer un engrenage dans la grosse machine de Bad Robot ! Bien qu’il n’ait pas un grand rôle, il est une des clés de cet épisode entraînant bien que sans éclats particuliers. Le duo Orci-Kurtzman délaisse ses excès (quoique le coup de l’œil photographique reste quand même une trouvaille déjantée) pour remettre sur le devant de la scène la Mythologie Rambaldi, et se pencher plus sur la psychologie des personnages, notamment Sydney et Dixon. Moins survolté, A free agent a fonction de prélude à la deuxième ère d’Alias, et remet pour notre plus grand plaisir Sloane au premier plan.

Dixon est face à ses contradictions. Il ne se résout pas à pardonner le silence de Sydney. Mais lui-même n’a-t-il pas menti à sa femme durant tout leur mariage ? Carl Lumbly exprime bien ce malaise. La discussion très dure entre Marcus et Diane laisse le premier devant un choix cornélien : tout quitter et voir 12 années de vie envolées, ou tenter de réparer le mal commis au prix de son mariage. Sydney elle, est condamnée à rester à la CIA alors qu’elle était sur le point de se libérer : la menace Sloane la force à rester. Entre colère et chagrin, Jennifer Garner est excellente. Les personnages nous émeuvent, ce qui n’est pas toujours la priorité d’Alias.

Malgré un bavardage intempestif, les scènes marquantes ne manquent pas, en particulier celle où Sloane appelle Sydney pour un duel verbal claquant, celle où Sark (épatant David Anders), plus glaçant que jamais, force Elsa à coopérer, ou la mission dans le désert avec un combat près d’une hélice qui tourne. Haute tension !! La réalisation du scénariste Alex Kurtzman est honorable, même si manquant de punch.

Le serpent à sonnettes Sloane nous fait un sacré festival : que ce soit pour martyriser un otage, flinguer un pauvre gars comme on allume une cigarette, ou exprimer son excitation à l’idée que sa quête de 30 ans prenne fin, Ron Rifkin bouffe l’écran comme personne. Le cliffhanger, mélange d’orage et de culot, est assez percutant.

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Dans cet épisode, nous apprenons que Sydney a continué ses études.

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16. JUGEMENT DERNIER
(FIREBOMB)

Scénario : John Eisendrath

Réalisation : Craig Zisk

Résumé

Sloane et Sark testent l’arme de Rambaldi. Ils s’allient avec un chef de guerre Kandahar, ami des Talibans. Un attentat terroriste est planifié à Mexico.

La critique de Patrick Sansano



On continue dans la passionnante affaire Rambaldi. Cette histoire à la Da Vinci Code est ici mixée avec l’après 11 septembre 2001. Rifkin confère à son personnage une dimension apatride et internationale. Sloane n’est plus un américain lorsque le chef des Kandahar insulte les Etats Unis. Merin Dunggay devenue la tueuse Allison manque de conviction dans son interprétation. Il n’émane pas d’elle le danger vénéneux que ce duplicata de Fran devrait inspirer. O’Quinn et Rifkin continuent sans peine de voguer en tête d’une distribution faiblarde.

Signe des temps ou Garner a perdu tout sex appeal, Sydney se déguise désormais en vieille femme avec voilette. L’ambiance terrorisme est ici restituée lors de scènes chocs. Il est dommage que la fade interprétation Garner/Vartan ne donne pas le ressort nécessaire à l’intrigue. Comme toujours, les meilleures scènes de l’épisode sont celle de Sloane. Il ne joue pas les déments, mais bien au contraire est d’autant plus effrayant en restant effroyablement « normal ».

L’épisode ici s’emboîte parfaitement avec la tragique réalité du terrorisme islamique contemporain au tournage. Le Ben Laden local est joué par l’israelien Eli Danker, quelque peu trop policé et aux faux airs de Gérard Darmon. On reste insensible aux problèmes conjugaux de Dixon dont le retour n’était pas indispensable et donne lieu à ces fameuses scènes mielleuses sur fond chanté auxquelles Jennifer Garner nous a habitué.

Les airs de boy scout ou plutôt de girl scout de Sydney Bristow sont à chaque épisode plus insupportables, heureusement contrebalancés par le talent du comédien personnifiant l’homme à la recherche du Graal. Notons que depuis quelques épisodes, Will Tippin est sacrifié à quelques plans rapidement passés à la trappe, son arrivée à la CIA étant reléguée à des contorsions du scénario bien sinueuses. Terry O’Quinn lui compose un formidable directeur Kendall. Il est parfaitement à son aise en chef devant au sein de la CIA prendre des décisions sans états d’âme. Un épisode particulièrement violent car la scène de l’attentat tranche par son réalisme avec les tortures grandguignolesques de la saison 1 façon le dentiste qui relèvent plus d’un second degré absent ici.

La critique de Clément Diaz

 

 

Pour ce qui est d’imaginer des scènes spectaculaires, Alias est un modèle. Prenant certainement appui sur l’Apocalypse de la Bible, John Eisendrath imagine le système d’une bombe à neutrons d’un nouveau genre (une invention de Rambaldi) : les cibles humaines s’enflamment de l’intérieur jusqu’à carbonisation totale, le tout sans toucher à l’environnement ! Cette scène eschatologique est une des plus marquantes de la série, mais a le défaut d’être isolée au milieu d’un script paresseux qui tourne à vide. Sans ce climax central, l’épisode serait totalement tombé au champ d’honneur.

L’épisode commence par allécher lors d’un duel aux répliques tranchantes entre Sydney et Sloane, la première déterminée à tuer sans sommations le deuxième. Heureusement pour Sloane, Sark débarque avec sa délicatesse coutumière (camion fracassant une portière) pour le sauver. Une introduction roborative ! Mais ensuite, il ne se passe plus grand-chose, les auteurs meublant l’absence d’action par une chaîne de dialogues aussi explicatifs que surnuméraires : toute la mise en place de l’alliance entre Sloane et Kabir occupe trop de temps. Le refus de Dixon de revenir à la CIA, le seul à pouvoir réussir la mission, est un cliché bien appuyé, d’autant que pour une fois, Carl Lumbly met ses expressions faciales en pilotage automatique. Vaughn inquiet pour la 5758e fois pour Sydney, ne change pas de registre. Heureusement que la belle Fran (Inquiétante Dungey) nous divertit par le flinguage froid d’un plombier.

La scène de découverte du micro ne donne aucunement le vertige escompté. La grande scène centrale de la bombe à neutrons avec l’échappée in extremis de Kazabi, fait néanmoins un sacré effet (quoique minorisé par l’inutile Weiss).

Malgré le plaisir de revoir Bradley Cooper - même si ses apparitions sont assez forcées ; le plus frustrant est la mission finale qui se réduit à Sydney capturée, et où ses geôliers passent et repassent. Il ne se passe rien, et on se demande pourquoi ils ne se décident à la torturer qu’au bout de 24 heures, à la seconde même où Vaughn et Dixon apparaissent miraculeusement. On a rien vu de leur infiltration, ni de la prise de la bombe : un final en queue de poisson. Heureusement, le twist final (la vraie valeur de la statuette indienne) permet de terminer l’épisode sur une note honorable.

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Première allusion dans la série aux Talibans et à l’Afghanistan post 11 septembre.

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17. TALON D'ACHILLE
(A DARK TURN)

Scénario : Jesse Alexander

Réalisation : Ken Olin

Résumé

La CIA soupçonne Vaughn d’être un agent double. Sloane cherche un nouveau manuscrit de Rambaldi, et pour coincer l’homme, il faut laisser sortir Irina. Jack lui fait confiance.

La critique de Patrick Sansano

Quel intérêt de faire allusion à un personnage de l’épisode 2 de la saison 1 que tout le monde a oublié ? Volonté de réaffirmer qu’Alias est un feuilleton et non une série ? Mais l’essentiel de la première saison est maintenant derrière nous, la rupture s’étant consommée avec « Phase un » qui a mis la série sur de nouveaux rails. Tout le monde comprend ce qu’Irina a derrière la tête et J J Abrams prend vraiment le téléspectateur pour un naïf. Les rapports du couple ou plutôt de l’ex couple Irina/Jack frisent presque la niaiserie de ceux de Sydney et Vaughn.

D’autre part, dès que Ron Rifkin est moins présent dans un épisode, la qualité de la série baisse. Michael Vartan et Bradley Cooper faisant double emploi, leurs scènes communes ressemblent à du « remplissage » et n’apportent absolument rien à l’intrigue. Les querelles d’amoureux de Sydney et de son bellâtre sont assommantes et l’on se croirait dans « Dawson » ou autre « Beverly Hills ». On atteint même le fonds du fonds genre « Sous le soleil », c’est dire.

Le pire ennemi d’Alias est devenu Jennifer Garner, prête, avec les meilleures intentions du monde, à plomber littéralement la série. Son jeu éventé , réduit à deux ou trois expressions qu’elle nous sert sans cesse nous démontre qu’elle a vite déçu les espoirs fondés sur ses qualités d’actrice. Ses limites ont été atteintes durant la saison 1. A force de brouiller les cartes d’un scénario sans cesse condamné à ouvrir des portes interdites, à trouver des mondes nouveaux comme dans un jeu vidéo, « Alias » perd le téléspectateur le plus indulgent. Ici, Ron Rifkin est quasi inexistant, et le mythe Rambaldi mal cerné, relevant plus de l’espionnage que du fantastique et de l’immortalité. Déjà mis à mal par Garner, la série prend l’eau dès que Lena Olin se voit octroyer trop de temps d’écran.

Si Abrams n’était pas capable de remplir 22 fois quarante et une minutes cinquante secondes durant une saison, que n’a-t-il choisi de réduire le nombre d’opus pour maintenir la qualité à haut niveau. Terry O’Quinn fait ce qu’il peut, mais on lui a limité ses scènes à l’essentiel. « Alias » mène donc sur la longueur une qualité en dents de scie, nous procurant un vide absolu après des épisodes réussis. « Talon d’achille » est un opus qui a hélas bien mérité son titre. L’écheveau de plusieurs intrigues se croisant a souvent donné des histoires brillantes mais ici la trahison réelle de l’un et fausse de l’autre déroutent le spectateur.

Enfin, Tippin est un personnage maintenu artificiellement qui non seulement n’apporte plus rien à la série, mais en accroit la faiblesse. L’impression de travail bâclé des scénaristes est vraiment frustrante. Les touches de guimauve qui heureusement n’atteignent pas Ron Rifkin et Terry O’Quinn mais qui font le bonheur de plusieurs acteurs médiocres (des scènes faciles à jouer, dignes de participants des « feux de l’amour ») sont consternantes et risquent fort de mettre à bas le bel édifice construit par J J Abrams. Il n’y a même plus de cliffhanger mais une désolation sinistre avant le générique de fin, et avouons-le un coup de colère du téléspectateur que l’on a pris pour un gogo.

La critique de Clément Diaz

 

Talon d’Achille est un épisode « décalé » dans le sens où Sydney n’a pas le rôle principal. C’est en effet le couple Irina-Jack qui part en missions ! Une idée audacieuse mais payante, même si l’épisode a du mal à démarrer. La sortie de prison d’Irina permet à la série de rompre définitivement avec sa première ère (achevée avec Phase Un), et de lui donner un nouveau coup de fraîcheur. De plus, Jesse Alexander fusionne trois de ses intrigues en une seule à la fin, avec une adresse stupéfiante.

L’intrigue « Vaughn » est la moins convaincante. Accusé de traîtrise, Sydney reçoit l’ordre de l’espionner ! Outre le fait qu’on y croit pas, on a un peu de mal à avaler les explications de Vaughn, les tentatives ridicules de Syd, et leurs échanges pénibles (l’exaspérante scène de la clé) sur la confiance mutuelle. Fatigant…

Lena Olin arrive toujours à avoir le jeu demandé : ici, elle fêle son ambiguïté ; une excitation se peint sur son visage, et on sent qu’Irina prépare quelque chose d’imminent. Pourtant, rien n’indique quel est son plan secret, et c’est au moment où le spectateur se relâche qu’un twist final se charge de le réveiller. Effet garanti !

Irina est plus en forme que jamais, elle joue sur le bien-être de Sydney pour convaincre Jack et Kendall de la faire participer à une mission, puis se déguise en femme fatale qui joue avec le feu (scène mémorable du poignard) et castagne ! Elle semble si supérieure que Jack doit se battre pour ne pas se laisser dévorer. Victor Garber continue à impressionner en bloc de glace aux nombreuses zébrures.

Pendant ce temps, « Fran » manipule Will. Elle ne se contente pas des classiques « confidences sur l’oreiller », mais y mêle aussi l’hypnose ! Elle fait aussi se culpabiliser Sydney en lui rappellant combien elles étaient proches avant. Sournois ! Merrin Dungey est froide et caressante ; un mélange détonnant. Les codes qu’elle soutire à Will auront un intérêt primordial dans la scène finale.

L’intrigue Sloane-Sark est réduite prépare le terrain à la rencontre fatidique, menant à une frénétique poursuite, à un jeu de faux-semblants exquis, un marché de dupes royal, et un twist final, impérial. Un éblouissant finish !

Les infos supplémentaires

Cet épisode fait allusion à des évènements survenus dans « Opération tonnerre six » (01-02).

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18. TRIO INFERNAL
(TRUTH TAKES TIME)

Scénario : J.R.Orci

Réalisation : Nelson McCormick

Résumé

Emily Sloane, furieuse que son mari se soit sauvé avec Irina en fuite, fait un marché avec La CIA. Sydney est ravagée par le chagrin et la haine après l’évasion de sa mère.

La critique de Patrick Sansano



De plus en plus calamiteuse, Jennifer Garner s’est en fait trompée de plateau. Elle se croit sur celui de « La petite maison dans la prairie ». Il faut dire que les scénaristes enfoncent encore le clou en lui faisant déclamer « cette femme n’a jamais été ma mère ». Au fond, elle est la partenaire idéale pour l’insignifiant Michael Vartan. Ils se complètent dans l’interprétation approximative.

De son côté, Ron Rifkin multiplie les facettes de son personnage. Il est à l’aise dans le mari aimant et chouchoutant sa femme au cancer en rémission, en associé d’Irina et pseudo protecteur de Sydney. Mais si les deux tourteraux Vartan/Garner donnent une idée du néant quand ils prennent l’air intelligent, Rifkin se montre nettement meilleur comédien que Lena Olin, et O’Quinn que le fade Victor Garber. Les plans de Jennifer Garner et Michael Vartan « au ralenti » ne sont pas charitables, accentuant la vacuité des comédiens.

En revanche, Amy Irving actrice de talent donne une réplique à la hauteur de son partenaire. Il est fait fi ici de toute crédibilité. Malgré la façon dont il a perdu la face, Jack Bristow est maintenu à son poste et même promu. Peut-on croire un instant que Kendall approuve cette récompense à l’échec ? Et que la même CIA a engagé Tippin, dont l’inutilité est stupéfiante.

Maintenant avec un masochisme appuyé (ou un manque de bon sens élémentaire) son oreille droite hors de sa chevelure, Garner a choisi d’être la plus moche possible et elle a bien réussi. L’épisode nous propose des scènes geignardes et bavardes entre Emily et Sydney. Le problème, c’est que Jennifer Garner ne sait pas faire la différence entre la sensibilité (qu’elle croit atteindre) et la sensiblerie (que son jeu reflète).J J Abrams a imaginé la CIA comme un endroit où n’importe qui entre comme dans un moulin et vient proposer ses services. Cela devient pathétique. Mais le pire arrive pour Jennifer Garner lorsque Ron Rifkin qui lui sait jouer la comédie nous propose une scène d’émotion. Acteur fascinant, sûr de son métier, il nous offre un grand moment de la série tout en nuances.

Visiblement, entre les deux « acteurs », il y a un fossé vertigineux et voir la différence de métier est cruel pour la Lara Croft du pauvre dont on devine qu’elle n’atteindra jamais ce niveau même en travaillant une vie entière. Sachant jouer avec les facettes d’un méchant plus complexe qu’il ne paraît, on se souviendra longtemps d’un des meilleurs personnages de s alaud intégral vu depuis des décennies grâce à ce comédien exceptionnel. Son jeu évoque Cassavetes, Landau, Gazzara. Mais la série va-t-elle pouvoir continuer longtemps à rouler sur trois cylindres avec seulement deux bons comédiens à son crédit ?

La critique de Clément Diaz

 

Le petit frère de Roberto Orci frappe fort pour le tout premier scénario de sa carrière. Il a l’excellente idée de centrer l’épisode sur l’émouvant personnage d’Emily Sloane. Il peut donc jouer pleinement la carte de l’émotion et de la psychologie, et ce, avec une maîtrise parfaite. Avec une géniale habileté, Orci ne sépare pas émotion et action, mais les mélange à chaque scène : le résultat ne laisse jamais le spectateur en repos, qui se laisse emporter par de violents retournements de situation, jusqu’à la chute finale, d’une tristesse et d’une ironie dévastatrice. Un des sommets de la saison !

La cold open voyant Sydney tirer une balle sur sa mère - réponse tardive à la balle d’Ennemie intime - donne le la. S’il faut ensuite passer une longue introduction sans action (un défaut récurrent de cette saison), la scène de l’avion met l’épisode sur les bons rails avec une Irina plus duelle que jamais. Malgré son alliance avec Sloane et Sark (le trio infernal du titre), elle éprouve toujours de maternels sentiments envers Sydney, ce qu’elle confirme lors de la brillante mission de la banque - décidément, on attaque beaucoup les banques dans Alias - où tout est fait pour monter l’adrénaline à un seuil insoutenable : électrochocs, alarmes, compte à rebours, fusillades, bastons affolent le métronome, et la couronne revient à Irina qui ne peut s’empêcher de sauver la vie de sa fifille au risque de se faire prendre. Lena Olin a compris les nombreuses multifacettes de son personnage, le plus complexe d’Alias.

Emily voit sa patience poussée à bout. Sloane n’arrive plus à contenir ensemble ses deux raisons de vivre : Emily et Rambaldi. Avec stupéfaction, nous voyons Sloane choisir Emily, et la scène où il appelle Irina pour abandonner la quête de toute sa vie est un moment sensationnel ! Mais Emily finit par crucifier son mari lors d’un rebondissement central terrible. Amy Irving est la reine de l’épisode : que ce soit l’amour (conjugal et maternel), l’espoir, la tristesse, le regret, elle traverse toute la gamme des émotions possibles avec un talent fou. L’épisode grâce à elle est intensément varié. Ses scènes avec Sydney et Sloane sont bouleversantes, et son dilemme final est d’une puissance écrasante. Le côté le plus lumineux, humain, de Sloane est ici largement développé, sans problème transmis par Ron Rifkin. Il sert autant d’émotion que d’action, car sa décision rebat une nouvelle fois les cartes. L’invasion finale et sa chute terrible, jointe à une coda très mystérieuse, achèvent de faire de Truth takes time, un des épisodes les plus inoubliables de la série.

Les infos supplémentaires

Aka. Liens sacrés.

Emily révèle être mariée depuis trente ans avec Arvin.

Arvin Sloane recherche le secret de Rambaldi depuis trente ans.

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19. ROULETTE RUSSE
(ENDGAME)

 

Scénario : Sean Gerace

Réalisation : Perry Lang

Résumé

En voulant abattre Arvin Sloane, Dixon a tué Emily. Sloane devient obsédé par la vengeance et se désintéresse de Carlo Rambaldi. L'épouse de Caplan, l'homme kidnappé par Sloane, est une espionne russe sur laquelle Jack Bristow passe ses nerfs faute d'avoir retrouvé Irina.

La critique de Patrick Sansano


Les scénaristes avaient oublié en cours de route le scientifique Caplan, enlevé par Sloane. Le revoici, toujours prisonnier, tombant comme un cheveu dans la soupe. Du côté de Vaughn et Sydney, une vie de couple banale s’instaure. L’ennui s’installe. Le jeu de Jennifer Garner, catastrophique, n’arrange rien. Un nouveau personnage sans aucun charisme arrive : Elsa Caplan, joué par Tracy Middendorf, aussi crédible en alter-ego d’Irina que Bernard Menez en Superman. L’actrice n’est ni belle ni talentueuse. Encore une fois, Ron Rifkin, jouant un veuf éploré, fait ce qu'il peut pour sauver l'entreprise en faillite mais la brièveté de ses séquences est dommageable à l’épisode.

Certes, Il nous fait oublier les discussions du couple Dixon, les minauderies de Sydney portable à l’oreille en train de faire les courses dans un… supermarché, l’incompétence de Jack Bristow. C’est assez pitoyable. Le ridicule ne tue pas heureusement, lorsque, débarquant à Moscou, Sydney est déguisée en cow boy, ou gloussant avec de soit disant camarades de collège après s’être déguisée en blondasse. De deux choses l’une : soit les scénaristes n’ont pas obtenu l’augmentation qu’ils voulaient et ils se sont vengés, soit ils ont fumé quelque subtance douteuse avant de rédiger. On se rappelera cette scène pathétique de Vaughn en caleçon tue l’amour.

Devant ce désastre, le téléspectateur se dit que la série va être annulée. Il n’y a plus aucun suspense, les fils rouges s’emmêlent, certes Rifkin est brillant mais cela ne suffit plus. Même les scènes de combat deviennent bâclées. Les personnages n’ont plus rien à se dire, alors ils se perdent dans des bavardages inutiles autour d’une table de restaurant. L’absence de Terry O’Quinn/Kendall remplacé par un Victor Garber inexpressif est cruelle.

Mesdames et Messieurs, c’était le plus mauvais épisode de la série. Il ne sera difficile de faire pire. Mais qui sait ?
Pour faire sortir le téléspectateur de sa torpeur, on tue l'un des personnages familiers de la série. Mince, ce n'est pas Sydney. Flûte alors.

La critique de Clément Diaz

 

La ligne d’arrivée approchant, la saison 2 se lance sur orbite : comme en saison 1, les auteurs accélèrent le tempo pour mettre le spectateur dans un état second. Le scénario en freelance de Sean Gerace (qui n’a plus écrit par la suite, on le regrettera), au sein d’une saison 2 moins fofolle que la première, renoue avec les dingueries absolues d’Alias : missions délirantes, coups tordus, doubles jeux enfilés comme des perles, déguisements ahurissants… et une des chutes finales les plus violentes de la série.

Endgame est un one-Sydney-show : Jennifer Garner, à part une scène à la Melrose Place (scène du tiroir), est dans son registre favori : la boule d’énergie explosive.

Dans un rebondissement inattendu, Elsa Caplan dévoile son vrai visage, et déclenche la mision de Sydney : sauver Neil Caplan, qui a dans son corps une bombe à retardement. Nouvelle charge d’adrénaline ! La situation des Caplan évoque cruellement celle du ménage Bristow. Humilié d’avoir été trompé une seconde fois par Irina, Jack se venge sur Elsa, qu’il voit comme une autre Irina. Victor Garber et la sublime Tracy Middendorf se jouent avec aisance de leurs rôles difficiles.

Sydney, surveillée par la CIA, soutire à leur nez et à leur barbe un renseignement en morse grâce à une montre-enregistreuse, sème un gêneur en se mêlant à un groupe de filles écervelées, expédie un message codé à Vaughn. Puis, déguisée en cow-boy (!) s’approche d’un ennemi en faisant du rodéo !! Puis se retrouve en Espagne, accompagné de Vaughn entrant lui aussi en rébellion, comme par hasard tout juste avant la fin du compte à rebours. Cette dernière partie enchaîne fusillades et course contre la montre avec maestria, agrémenté d’un petit numéro régalant de Sark. Alias renoue ici pleinement avec ses fantasmagoriques et délirantes péripéties.

La haine de Sloane éclate au grand jour (Rifkin toujours au top), et il faut tout le soutien d’Irina pour qu’il puisse garder la tête froide. « Fran » infiltre le réseau de la CIA via Will, avec une brillante ruse. Gerace a beau nous offrir un happy end pour les Caplan, cette joie est détruite par la chute finale, où Sloane applique une horrible loi du talion, twist final d’un sadisme choquant, pierre de touche de ce superbe épisode !

Les infos supplémentaires

Deux mois sont passés depuis l’enlèvement de Caplan.

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20. 48 HEURES
(COUNTDOWN)

Scénario : Jeff Pinkner, d’après une histoire de R.P.Gaborno

Réalisation : Lawrence Trilling

Résumé

Sloane a découvert que Dixon avait tué sa femme grâce à une vidéo que le sosie de Fran a capté depuis la CIA en piégeant Tippin. A la sortie d’un restaurant, la voiture de Dixon explose, mais c’est l’épouse de ce dernier, Diane, qui est tuée. Sloane, dépité, décide de prendre congé de Sark et Irina et se retirer.

La critique de Patrick Sansano



Immense erreur de montage, peu compréhensible dans une production américaine. A la fin de l’épisode précédent, Diane Dixon dit « je vais voir les enfants » et dépasse la voiture de son mari pour aller dans une autre. Dixon ouvre la portière de sa voiture, piégée, mais rappelé par Vaughn et Sydney, en claquant la portière, la voiture explose, tuant sa femme. Or, dans le présent épisode, la scène nous est montrée de façon différente. Dixon est devant sa voiture mais n’a pas ouvert la portière. On voit alors le sosie de Fran actionner un explosif télécommandé et la voiture de Dixon saute tuant Diane. En fait les deux séquences constituent un contresens. Sloane voulait tuer Dixon et non sa femme, mais dans la version 2, la fausse Fran tue volontairement Diane. Soit réalisateurs et scénaristes s’en fichent, soit ils ont besoin de vacances.

Arvin Sloane est vraiment détruit par la mort d’Emily. L’épisode est construit autour du personnage de Dixon qui hélas n’est qu’un second couteau pas intéressant. Carl Lumbly ne remplace pas un bon comédien, et subir les séances de psy de Dixon ralentit le rythme. Il ne nous prive pas de Jennifer Garner, mais la série tourne à vide. Insupportables dans l’intimité, les scènes de ménage Sydney/Vaughn au sein de la CIA deviennent carrément atroces. Et puis après une dispute à la CIA, ils font la paix chez eux. On se croirait dans « Plus belle la vie ». Au secours !

Si elle a pu faire illusion au début, Jennifer Garner ne sait pas jouer. Sortie de son costume de super héroïne agent secret, elle assène les banalités que les dialoguistes lui ont peu charitablement concoctés. Prenez Elodie Gossuin , et faites la jouer, elle ne ferait pas pire. Il fallait engager une Sarah Michelle Gellar pour jouer Sydney, mais elle prenait peut être trop cher ? Quant à Terry O’Quinn, son absence injustifiée est cruelle, et Victor Garber est loin de l’égaler.

Encore un guest célèbre après Faye Dunaway, Quentin Tarantino, c’est David Carradine qui s’y colle. Mais en 2003, le héros de « Kung Fu » était un has been. On le retrouve ici dans une sorte de monastère tibétain ou bouddhiste. Le comédien cachetonne dans le personnage de Conrad.

Nous devons les seules bonnes scènes à Ron Rifkin. David Carradine peine à lui donner la réplique tant il est caricatural. Un secret important et crucial est révélé à Sloane. Mais on retiendra de l’épisode des scènes ratées comme Flinkmann draguant une jeune collègue qui ne trouve que des gays lorsqu’elle est amoureuse. L’épisode se termine même sans cliffhanger, dans l’ennui. La saison 2 est à bout de souffle.

La critique de Clément Diaz

 

Alias n’en finit pas d’inviter des hôtes de marque. Ce sont cette fois deux stars qui y sont convoqués ! David Carradine, dont le rôle est taillé sur mesure pour l’ancienne star de la série Kung-fu, ainsi que Danny Trejo et sa trogne aussi légendaire que sa filmographie. En dehors de ce coup marketing, R.P.Gaborno - scénariste très occasionnel qui écrira mon épisode préféré d’Alias : Sueurs froides (saison 3) - continue la logique des derniers épisodes en se centrant sur un personnage. Ici, c’est Dixon, en quasi rupture de ban, qui menace de sombrer dans un nihilisme vengeur qui émeut le spectateur. Cependant, l’intrigue n’est pas à la hauteur de la dimension apocalyptique souhaitée, la fin laissant le fan assez frustré.

Dixon pète un câble et menace de tout faire sauter pour faire parler un garde (I have nothing to lose !), Vaughn est prêt à lui loger une balle. Ca, c’est de l’intro ! Retour dans le passé où nous assistons à la lutte de Dixon pour ne pas sombrer. Pinkner aurait pu aller plus loin dans sa descente aux enfers, d’autant que Carl Lumbly nous fait une très belle composition. Cependant, il reste fascinant de voir Dixon en danger de perdre son humanité - comme Frank Black au début de la saison 2 de MillenniuM. La scène où il frappe Vargas (Trejo) sans s’arrêter devant une Sydney affolée n’est surpassée en violence que par celle du cadavre éventré de di Regno !! Accablé par le chagrin, Dixon, au bord du suicide, ne trouve réconfort qu’en Sydney qui risque gros en n’allant pas le dénoncer. L’épisode doit beaucoup à leurs scènes communes.

Une nouvelle recrue, la superbe Carrie Bowman (Amanda Foreman), jette son dévolu sur… Marshall ! Ce qui donne des scènes amusantes mais avouons-le un peu trop longues. La deuxième partie voyant la CIA se battre contre la prophétie apocalyptique de Rambaldi a autant d’action que l’on puisse souhaiter, même si le final est décevant : quand on prédit un Big Bang, il faut quand même le réaliser ! On s’attache aussi au voyage de Sloane au Népal pour rencontrer Conrad (Carradine), qui lui fit découvrir sa quête de Rambaldi. La dimension Fantastique d’Alias s’étend dans cet épisode, entre la machine cardiaque et les prophéties de l’italien, nous emprisonnant dans un océan de mystères surréels. Un épisode aux curieuses sensations.

Les infos supplémentaires

C’est Conrad qui il y a trente ans a initié Sloane au secret de Rambaldi.

Carrie Bowman est une grande fan de la chanteuse Joni Mitchell. En clin d’œil, Mitchell sera le nom du fils de Carrie et Marshall.

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21. FAUX AMIS
(SECOND DOUBLE)

Scénario : Crystal Nix Hines, d’après une histoire de Breen Frazier

Réalisation : Ken Olin

Résumé

Tippin est arrêté comme étant un traître et un double. Le vrai double étant celui de Fran. Kendall fait transférer Tippin dans un pénitencier. Sydney est à nouveau confrontée à sa mère.

La critique de Patrick Sansano


Come back de Terry O’Quinn dans le rôle de Kendall. Il avait besoin de vacances ? Son retour est présenté sans explications. Dixon a à nouveau un rôle prépondérant dans l’intrigue, alors que le personnage manque d’épaisseur. Perdant les repères avec l’espionnage et renouant avec le fantastique (duplicatas, secret de Rambaldi), « Alias » retrouve un semblant de forme. On passera sous silence les allusions érotiques montrant Jennifer Garner en maîtresse sado maso aussi convaincante dans cette tâche que Mimie Mathy en ange gardien. Les histoires de sosies s’insèrent bien dans la série comme jadis les duplicatas dans « Chapeau melon et bottes de cuir » où le thème du double fut maintes fois abordé. « Alias » évolue dans un univers assez fantasmagorique pour que la présence du sosie de Fran soit vraisemblable.

Arvin Sloane fait une apparition assez surprenante pour se confronter à Jack, accélérant l’aspect fantastique du feuilleton. Les missions de Sydney semblent gagnées d’avance comme si les ennemis de la CIA avaient le QI d’une Miss France ancienne manière. On voit ainsi Sydney réussir à s’introduire dans les endroits les plus improbables avec pour leurre de simples pitreries de Vaughn. L’affrontement Sydney/Irina n’est jamais poussé dans ses retranchements et reste une péripétie du scénario.

Ni Lena Olin, ni Jennifer Garner n’ont le talent nécessaire pour nous faire croire à leur lutte mère fille. Les seuls bons moments nous sont dus à Ron Rifkin, mais sa présence à l’écran trop rare affadit l’épisode. En regardant ce naufrage, on se demande comment la chaine ABC a pu étirer sur cinq saisons un feuilleton qui méritait l’annulation pure et simple dès la première.

"Alias" ressemble à un paquet mal ficelé que le préposé des postes laisserait partir en l'état. Le déséquilibre est flagrant entre deux bons comédiens, Ron Rifkin et Terry O'Quinn, et la médiocrité des autres. Surestimé et surexposé à l'écran, le monocorde Victor Garber remporte la palme de la nullité en père de Sydney. Carl Lumbley en Dixon fait ce qu'il peut, mais visiblement il ne peut pas beaucoup. Bradley Cooper rate toutes ses scènes et n'est jamais convaincant, il reproche ici à Sydney d'avoir croisé son chemin, mais le téléspectateur se serait aisément passé de cette gravure de mode. Quant au couple Jennifer Garner/Michael Vartan, on n'a plus envie de tirer sur l'ambulance par simple charité.

La critique de Clément Diaz

 

Après Irina-Jack, Emily, Sydney, et Dixon, c’est au tour de Will d’avoir droit à son épisode. Breen Frazier invente une intrigue originale, qui détourne la bonne vieille histoire des doubles : Will ne voit pas sa place prise par un double, mais est accusé d’en être un alors qu’il n’y a pas de Will double ! Pris dans une effroyable machination, Will se débat, mais ni Sydney ni lui ne parviennent à briser le cercle diabolique imaginé par Sark et « Fran ». Cette bataille féroce bouillonne durant tout l’épisode, et n’est même pas achevée quand arrive l’implacable cliffhanger.

« Fran » et Sark organisent un coup monté contre Will. Comme le spectateur, nous voyons, médusé, l’analyste totalement pris dans la tornade : il ne se souvient plus de souvenirs qui pourraient l’innocenter (hypnose quand tu nous tiens), a changé de rétine (laser, quand tu nous tiens), se fait étrangler par Dixon, sûr d’être en face de l’informateur qui a permis l’assassinat de son épouse (deveine, quand tu nous tiens). Bradley Cooper est à fond dans son rôle : en homme traqué, incompris, abandonné de presque tous, il est très touchant. La scène du téléphone est magistrale dans ses dialogues (Sydney, I love you, but I can’t trust you anymore).

Dans cet épisode, Alias ne se pose pas de questions : elle fonce dans le tas, et pis c’est tout ! Evasion spectaculaire, Will qui dézingue à la mitraillette, cravate-micro… et surtout Sydney en maîtresse sado-maso - Jennifer Garner n’hésite pas à en faire des caisses, c’est jouissif. Le décalage entre le méchant du jour et ses « déviances » sexuelles, est très amusant (come back with my pants, please !). Alias est toujours à son meilleur niveau quand elle se lâche ! Crystal Nix Hines nous offre en prime des dialogues soutenus - on retient le concours de vannes entre Jack et Kendall, avec un Terry O’Quinn qui carbure à l’ironie pure. Le fracassant retour de Sloane devant un Jack médusé, avec un Ron Rifkin qu’on a rarement vu aussi surexcité, est un pont prometteur jeté vers l’avenir. Enfin, Merrin Dungey est délectable en mante religieuse, son rôle s’accroit de plus en plus, et on attend avec impatience le mano a mano final avec l’héroïne. Le cliffhanger est méchant pour Will, qui ne se doute pas qu’il vient de commettre une énorme bourde… 

Les infos supplémentaires

Beaucoup de références sont faites ici à l’épisode 02.14 « Trompe l’œil ».

Kendall mentionne avoir été mis sur la touche il y a un mois par Jack Bristow.

Les américains écrivent Marseille avec un « s » à la fin. Ce n'est point une erreur, car en anglais, le nom de la cité phocéenne accepte les deux orthographes.

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22. RISQUE MAXIMUM
(THE TELLING)

Scénario : J.J.Abrams

Réalisation : J.J.Abrams

Résumé

Sark est fait prisonnier par la CIA. Tippin est innocenté par le fichier ADN. Arvin Sloane est persuadé d’être l’élu de la prophétie Rambaldi. Tippin découvre que Fran est un double, et Sydney que sa mère a encore bien des révélations à lui faire.

La critique de Patrick Sansano



Voilà donc la fin de la saison 2, qui s’est révélée médiocre. Comme Lena Olin joue mal. Ses larmes de crocodiles ne convainquent ni sa fille ni le téléspectateur. Notons tout de même une avancée dans le monde de la science-fiction avec le personnage du duplicata de Fran sur lequel nous en apprenons plus. Comme pour « The Avengers » dans les années 60, la série a dérivé de l’espionnage au fantastique. Irina/Lena Olin avec ses airs éthérés nous exaspère particulièrement. Une véritable tête à claques.

Heureusement, Arvin Sloane et son excellent interprète sont de la partie et rehaussent le niveau. « Risque maximum » a des allures de remise de prix de fin d’année. Chaque comédien a droit à son bon mot, Le suspense est enfin distillé par le réalisateur lorsque Tippin découvre que Fran est Allison. La séquence nous procure une frousse salutaire. Pendant quelques minutes, Jennifer Garner joue bien (tout arrive !) et l’on se croit dans « L’invasion des profanateurs de sépulture ».

Merrin Dungey n’a jamais joué aussi bien. On peut dire juste qu’il était temps qu’elle le fasse. Regrettons que l’on évente le point d’interrogation sur la présumée mort d’un personnage important. Le ou la comédien (ne) concernée – je ne ferai pas de spoiler – a dû renégocier son contrat avant la fin de la saison, car il est usuel que l’on tue tout le monde (« Dynastie », « Profiler ») et que ne se relèvent que les comédiens qui ont signé pour la suite. L’épisode reste déséquilibré entre un final splendide assez bondien (On a ici quelque peu copié les romans de Ian Fleming « On ne vit que deux fois » et « L’homme au pistolet d’or » en saupoudrant le tout de fantastique) et ce qui restera une succession de scènes de bravoures pas toujours du meilleur effet. On se moque comme de sa première chemise des amours de Flinkman, et de Flinkman tout court d’ailleurs. L’épisode est rapide comme un TGV pour éviter au téléspectateur de trop réfléchir.

Que sera la suite ? « Alias » part sur de nouvelles structures narratives à chaque saison, mais le procédé a ses limites. C’est un peu l’effet « Pamela a rêvé de Bobby sous la douche » dans « Dallas ». Le feuilleton car c’en est un est inégal. Il est capable du meilleur comme du pire. De bons moments comme la scène de la découverte de l’usurpation de Fran ou plutôt d’Allison sont rares et à conserver bien à part. Il y a beaucoup de scories dans « Alias », malheureusement. Comme dit précédemment, la série aurait gagné à avoir moins d’épisodes par saison.

 

La critique de Clément Diaz

 

Le finale de la saison 2, écrit et réalisé par le boss lui-même, privilégie comme Almost thirty years une suite de scènes chocs plutôt qu’un vrai scénario. Mais à la différence du finale de la saison 1, Abrams ne s’embarrasse (presque) pas de scènes inutiles, et surtout, a à sa disposition suffisamment d’intrigues à clôturer pour garder une allure très rapide. Irina Derevko quitte (provisoirement) la scène par la grande arche, tandis qu’arrive enfin le règlement de compte entre Sydney et Francie (Allison Georgia Doren désormais). La révélation finale est aussi dévastatrice que celle finissant la saison 1 ! J.J.Abrams ne recule devant rien pour assommer le spectateur, totalement groggy quand défile le générique de fin ! Ce faisant, il ouvre la voie à une troisième ère, aux enjeux très différents de ce que nous avons pu voir jusque ici.

De fait, pour résumer cet épisode, on n’a qu’à citer toutes les scènes fortes qui le caractérisent. Irina nous livre une prestation d’enfer avant de partir de la série. La scène de la patinoire où elle apparaît brusquement face à Sydney (quel culot !) est l’occasion d’un dialogue fougueux et étincelant où elle explique ENFIN quel était son vrai plan, sa vraie allégeance. En passant, elle fait bien entendu un dernier double jeu (le plus inattendu !) de la plus belle eau. A la fois femme de tête, d’action, mais ouvrant enfin ses émotions (jusqu’aux larmes) à sa fille chérie, Irina achève de nous étourdir par sa sophistication. Lena Olin nous fait une performance d’Oscar !

Il faut aussi la voir lors de son dernier face-à-face avec Sydney, et son babylonien saut de l’ange, on en reste la bouche ouverte, la langue pendante ! La mission de Mexico est haletante, et on reste les yeux fixés à chaque image.

Sloane arrive au terme de sa longue quête : à l’issue d’un piège savamment organisé, il possède désormais la machine de Rambaldi et la « révélation » qui en découlera. Abrams, pas fou, cède à son amour du mystère, et se garde bien de nous éclairer sur elle ! Mais Sloane, en pleine béatitude devant un Jack ne parvenant pas à le comprendre, est un spectacle à lui tout seul. Surtout quand il lui dit qu’il ne veut pas l’exécuter parce qu’il le considère toujours comme un ami ! Sark, avec un David Anders plus crapule tu meurs, nous amuse de la « flexibilité de ses loyautés », et reste toujours aussi flegmatique même tabassé par Vaughn ou jeté en prison.

Le show ne serait pas complet sans Allison, la mante religieuse qui continue à manipuler ce pauvre Will. Son bref duo avec Sark fonctionne très bien, mais c’est bien sûr dans la grande scène de bagarre qu’elle livre tout son potentiel. In extremis, Merrin Dungey, qui a hérité du rôle le plus ennuyeux de la série, prend une sacrée revanche lors de ses scènes pleines d’intensité avec Will, où elle tente de le tuer à chaque fois qu’elle en a l’occasion. La discussion calme suivie du déchaînement final est une merveille de scène de suspense puis d’action. C’est la bagarre la plus prestigieuse de la série dans laquelle Garner et Dungey lancent toute leur énergie, et que J.J.Abrams filme en grand professionnel avec sa caméra enfiévrée. La coda finale nous plonge aux confins du bizarre le plus bizarre et se finit sur un cliffhanger massif. Cadeau du chef : Michael Vartan fait une excellente performance quand Vaughn, à la torture, dévoile toute la vérité à Sydney. C’est suffisamment rare pour être souligné.

Une fin de saison impériale qui clôt avec force ses intrigues, et ouvre la voie à une troisième saison radicalement différente, mais pas moins efficace !

Les infos supplémentaires

Irina fait une révélation cruciale concernant le secret de Rambaldi.

3e et dernière réalisation de J.J.Abrams pour sa série. Il réalisera toutefois quelques scènes du double épisode Jeux d’espions (saison 4).

Lena Olin (Irina Derevko) quitte la série après cet épisode. On ignore si c’est à cause du cachet trop élevé qu’elle demandait, ou si elle est volontairement partie pour consacrer plus de temps à sa famille. Elle ne reviendra qu’à partir de l’épisode … En Scylla (saison 4). Elle apparaîtra en tant que guest star dans en tout 5 épisodes.

Bradley Cooper (Will Tippin) et Merrin Dungey (Francie Calfo/Allison Doren) quittent eux aussi la série, leurs personnages n’ayant désormais plus rien à lui apporter. Cooper reviendra dans deux épisodes : Jeux de piste (saison 3), et L’Elue (saison 5). Dungey reviendra dans trois épisodes : Noir et blanc et Jeux de piste (saison 3), et dans le finale de la série Un sentiment d’éternité (saison 5), dans un flash-back filmé spécialement pour l’épisode.

Weiss dit à Marshall, préoccupé par ses problèmes avec les femmes : It’s a sort of catch 22. L’expression « catch 22 », inventée en 1961 par Joseph Heller dans son roman éponyme (qui est une dénonciation violente des absurdités de la logique bureaucratique), est depuis passé dans le langage courant en anglais. Elle désigne une situation absurde d’où un individu ne peut s’échapper à cause de règles logiques rentrant en contradiction. L’exemple du roman est qu’aucun pilote d’avion de guerre ne peut demander une évaluation psychologique dans l’espoir d’être diagnostiqué comme fou - ce qui lui permettrait d’échapper aux missions les plus dangereuses -… parce qu’en faisant une telle demande, il montre qu’il ne peut pas être fou ! Le docteur Daneeka, personnage du roman, appelle cette situation « Catch 22 ».

Weiss dit au téléphone à Vaughn que « Markey » est malade. Peut-être un clin d’œil à Mary Jo Markey, la monteuse de la série.

« The Telling » est la traduction anglaise du nom italien de la machine de Rambaldi : « Il dire » qui comme son nom l’indique, signifie « La révélation ». Le contenu de cette révélation ne sera connu que dans l’épisode 3.19 Compte à rebours.

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Images capturées par Patrick Sansano.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)