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 saison 5 saison 2

Angel

Saison 1


PRÉSENTATION

 Rappels préliminaires : Bien qu’il ne soit pas nécessaire de regarder Buffy contre les vampires pour bien suivre Angel, on la visionnera d’autant mieux si l’on commence à la regarder après les trois premières saisons de la série-mère, et si l’on regarde en parallèle les deux séries ensuite. Pour ceux qui n’ont pas vu ou ne souhaitent pas voir Buffy, voici quelques brefs rappels qui aideront à mieux comprendre les personnages principaux et les crossovers entre les deux séries cette saison. Un bref résumé de l’histoire d’Angel est raconté dans le pilote.

Personnages principaux :

- Pour Angel, se reporter à la présentation de la série et au pilote.

- Cordélia Chase est une jeune fille de haute famille (mais ruinée), superficielle et vaniteuse, qui était dans le même collège que Buffy. Angel a fait sa connaissance lors de son séjour à Sunnydale.

- Wesley Wyndam-Price fut l’Observateur - sorte de mentor - des Tueuses de vampires Buffy Summers et Faith Lehane après le renvoi par le Conseil des Observateurs de Rupert Giles, Observateur de Buffy, et la mort de l’Observateur de Faith. Collet monté, veule, réac, Wesley ne parvint jamais à imposer son autorité à Buffy (a fortiori sur l'incontrôlable Faith), et il quitta Sunnydale peu avant que notre série commence.

Crossovers :

- La pierre d’Amarra (épisode 1.03) voit la visite d'Oz et Spike. Spike est un vampire qui a toujours eu une rivalité conflictuelle avec Angelus. Oz est un adolescent peu bavard, allié de Buffy.

- Je ne t’oublierai jamais (épisode 1.08) voit la visite de Buffy Summers, le grand amour d’Angel. Leur amour est toutefois impossible, à cause d’une malédiction gitane interdisant à Angel de connaître le bonheur parfait sous peine de redevenir le maléfique Angélus. Cette malédiction sera également au cœur de l’épisode Jeunesse éternelle (1.17)

- Cinq sur Cinq/Sanctuaire (épisodes 1.18/1.19) voit la visite de Faith Lehane, une autre Tueuse de vampires. Psychotique, névrosée, solitaire, accro au sexe et à la violence, elle bascule du côté obscur en saison 3 de Buffy contre les vampires. Elle devient ennemie avec Angel, croyant qu’il lui a tendu un piège - en fait ourdi par Wesley - alors qu’il ne cherchait qu’à l’aider. Au cours d’une bagarre, Buffy blesse gravement Faith qui sombre dans le coma pendant 8 mois. Au cours des événements du double épisode Une revenante (saison 4 de Buffy), Faith se réveille et sème la désolation à Sunnydale. Prenant finalement conscience du mal qu’elle a commis, elle quitte Sunnydale, dégoûtée d’elle-même, mais pas assez pour changer vraiment. Elle est décidée à se venger d’Angel et à devenir une vraie Big Bad.

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1. BIENVENUE À LOS ANGELES 
(CITY OF...)



Scénario : Joss Whedon et David Greenwalt

Réalisation : Joss Whedon

Fraîchement arrivé à Los Angeles, le vampire Angel commence sa douloureuse quête de rédemption de ses crimes. Sa mission sera désormais de sauver les victimes des démons hantant la ville. Un demi-démon du nom de Doyle, doué du don de voyance, est envoyé par les Puissances Supérieures pour l'aider dans sa tâche. Pour sa première enquête, Angel doit aider Tina, une jeune actrice tyrannisée par un producteur inquiétant dont les autres actrices sous contrat avec lui ont mystérieusement disparu. Une autre future victime risque d'être Cordélia Chase, une jeune femme qu'Angel a connue quand il était à Sunnydale. Angel apprend également qu'une firme d'avocats, Wolfram & Hart, ne semble pas innocente dans cette affaire...

La critique de Clément Diaz

Démarrage en trombe pour City of... (excellent gag que ce titre) qui réussit la mission difficile en tant que pilote de : 1. Présenter le décor (ici, non seulement pour les fans de Buffy, mais aussi pour les éventuels nouveaux) 2. Bâtir une vraie histoire. Joss Whedon et David Greenwalt relèvent le gant et nous immergent dans la place en moins de dix minutes : l'ambiance interlope de L.A - on pressent que la série sera bien moins lumineuse que la série-mère - antihéros rapidement mais excellemment dessiné, sidekicks comiques (Doyle, et l'inénarrable Cordélia), esquisse prometteuse d'un Big Bad (une firme judiciaire !), casting aux petits oignons, réalisation impec...

L'atout le plus fort de ce premier épisode réside néanmoins dans son magistral scénario, qui après avoir sacrifié à la présentation, se développe rapidement dans un excellent polar. Particulièrement malin est le fait qu'Angel ne doit pas se contenter de sauver la vie d'innocents, mais également les aider dans leur vie, à se confier. Une tâche d’autant plus difficile étant donné son asociabilité forcée. Il y’a de la tragi-comédie quand Angel cafouille pour simplement aborder Tina. Superbe casting de Tracy Middendorf, une des guest stars les plus talentueuses qui soit (Alias, Dr.House, 24 heures chrono, X-Files, Ally McBeal...). Son duo avec Boreanaz fonctionne à la perfection. Le twist central frappe par sa brutalité et sa noirceur, surtout pour une première enquête du héros ! Mais c'est logique étant donné l'atmosphère de la série. Quant à la spectaculaire exécution du méchant, elle est simultanément incroyable et hilarante.

Queen C est moins cruche, devinant rapidement l'identité de Russell, mais on craque toujours pour ses répliques à l'emporte-pièce (énorme scène du yoga). Charisma Carpenter n'a pas oublié sa vis comica en quittant la Hellmouth, on s'en réjouit. Doyle est intriguant, et Glenn Quinn est bien dans le ton. Mais ce qui est le plus bluffant, c'est David Boreanaz lui-même. Si l’on pouvait avoir des doutes légitimes sur son jeu dans Buffy, ils s'envolent une fois immergé dans SA série, dont la noirceur et le relatif réalisme s’accordent plus au ton du personnage, trop décalé et contrastant à Sunnydale. Angel est ici tout à fait à sa place, et Boreanaz peut mieux s'exprimer.

Deux petites réserves : la résolution de l'enquête est trop rapide, et Cordélia se range un peu trop vite du côté d'Angel, s’accordant peu avec la plaisante frivolité dont elle était encore parée en saison 3 - et qu'elle a toujours d'ailleurs. Défauts mineurs tant Whedon et Greenwalt ont parfaitement réussi leur entrée. La suite !

Sinon, Angel, en sautant dans la mauvaise voiture s'exclame Damnit ! Et on est à L.A ? On t'a reconnu Jack...

La critique d'Estuaire44


 

- Los Angeles. You see it at night and it shines. Like a beacon. People are drawn to it. People and other things. They come for all sorts of reasons. My reason? No surprise there - it started with a girl.

Il s’avère toujours délicat de lancer un de pilote série dérivée : en plus du cahier des charges habituel, il faut savoir affirmer son identité propre, tout en affirmant à l’amateur qu’il se situe bien dans le même univers. Evidemment Whedon joue sur du velours avec Angel, qui a eu trois saisons pour s’installer, un système bien plus efficace que l’actuel lançant le nouvel héros après un seul épisode (Supernatural vient de s’y casser les dents). Néanmoins l’auteur réussit une superbe performance en variant totalement l’environnement et le type d’histoires, plus sombres et (relativement) réalistes. La vision de Los Angeles est sinistre à souhait (pas seulement du fait du Fantastique), ce qui convient idéalement à Angel, bien plus que Sunnydale. On ferme bien entendu les yeux sur la colossale coïncidence justifiant l’arrivée de Cordy.

Doyle varie agréablement le personnage de l’Observateur. Son inévitable résumé de la situation, à destination des nouveaux spectateurs s’avère divertissant. L’interprétation générale atteint un excellent  niveau, y compris de Josh Holloway, pour une apparition encore loin de l’Ile. On remarque diverses judicieuses idées, avec l’introduction parfaitement dosée de l’humour ou ce cabinet d’avocats, très audacieux et pertinent. Wolfram & Hart va devenir une mine inépuisable de scénarios et d’antagonistes de choix. L’histoire du jour reste un tantinet concise, mais tient fort bien la route. Tout ceci lorgne fortement sur Batman (modus operandi, decorum, costume, voiture etc.), assez logiquement chez ce passionné de Super héros qu’a toujours été Whedon, mais pas suffisamment pour entacher l’identité de la série. Dès ce pilote, Los Angeles devient bien la ville d’Angel, une rencontre idéale.

Les infos supplémentaires

Dans une première version du scénario,  le lien entre Angel et les Puissances Supérieures ne devait pas être Doyle, mais Whistler, le démon amical s’adressant à Buffy dans Becoming. Ce premier jet était également considérablement plus sombre, voyant notamment Angel ne pouvant s’empêcher de gouter au sang du cadavre de Tina.

L’épisode marque la première apparition télévisée de Josh Holloway, en chef des vampires affrontant Angel en début d’épisode. Il accède à la célébrité avec le rôle de Sawyer dans LOST (2004-2010).

Tracy Middendorf (Tina) devait aussi participer à la saison 3 de LOST, ainsi qu’à de très nombreuses autres séries (X-Files, 24h chrono, House, Boardwalk Empire, etc.)

Le maquillage de ces vampires, plus anguleux, diffère de celui aperçu dans Buffy the Vampire Slayer. L’équipe voulait que ceux d’Angel paraissent plus effrayants. La tentative fut jugée peu fructueuse et l’on en revint ensuite à l’apparence habituelle.

Christian Kane, interprétant l’avocat encore sans nom qui devait devenir Lindsey McDonald, était un ami proche de Boreanaz, bien avant le tournage de la série. Il avait d’abord auditionné pour le rôle de Riley, pour Buffy the Vampire Slayer. Impressionné, Whedon lui confia d’emblée le rôle de Lindsey. Kane déclare It was the first time David and me ever got to act together and there was just a chemistry. He was a badass and I was trying to be a badass and that right there was just a defining moment. You could tell the tension but you could also see the easiness of how we just flowed into each other. It's very easy to act with Boreanaz and I think he feels the same with me.

L’immeuble utilisé pour représenter Russel Winters Enterprises est le même que celui de Wolfram & Hart.

Quand Russel chute dans le vide, on peut clairement voir son corps se refléter dans les vitres de l’immeuble. Le reflet d’Angel apparaît aussi à diverses reprises, ce qui sera récurrent (et inévitable) tout au long de la série.

La jeune fille seule dans la rue apparaissant dans le générique est en fait une reprise de l’épisode Anne de Buffy.

L’appel téléphonique lancé puis interrompu par Angel est en fait destiné à Buffy. On voit celle-ci décrocher en vain le téléphone dans l’épisode The Freshman, pilote de la saison 4 de sa série.

Angel conduit une Plymouth Belvedere GTX convertible noire (1968).

Cordy demande à Russell s’il boit beaucoup de V8. Il s’agit d’un jus de légumes populaire aux Etats-Unis, de couleur rouge du fait de la présence de tomate.

Une première allusion à Bt man est réalisée quand Doyle déclare à propos des locaux d’Angel I like the place. I mean its not much with the view, but it has a nice bat-cave sort of an air to it. La convergence entre Batman et Angel est soulignée au cours de ce pilote, avec également un Los Angeles évoquant Gotham City.

Lors de sa diffusion, l’épisode fut déconseillé aux moins de 14 ans.

City Of fut le seul épisode d’Angel à connaître une novélisation, contrairement à Buffy. Le roman de Nacy Holder (1999) développe notamment les scènes de flash back, décrivant le passé d’Angel tel qu’il sera révélé au cours de la série ou chez Buffy, voire en  en innovant (notamment avec Spike et Dru en Hongrie, durant les évènements de 1956). Tout en multipliant les références à la pop culture, il revient également sur plusieurs moments forts de Buffy, dont le meurtre de Miss Calendar par Angelus  ou la rupture avec la Tueuse de Sunnydale en saison 3.

La musique du générique est l’œuvre de Darling Violetta, un groupe de Dark Pop basé à Hollywood, la chanson Sanctuary étant interprétée par leur chanteuse, Cami Ellen. Leur nom fait référence à Violetta Napierska, qui fut la partenaire régulière de Bela Lugosi interprétant Dracula. Ils appartiennent également aux nombreux groupes jouant sur la scène du mythique Bronze de Buffy the Vampire Slayer. Ils y interprètent  deux chansons, lors de l’épisode Faith, Hope and Trick.

La majeure partie de la musique de la série sera composée par Robert J. Kral, qui a notamment réalisé celle de Sliders.

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2. ANGEL FAIT ÉQUIPE
(LONELY HEARTS)

Scénario : David Fury

Réalisation : James A. Contner

Pour sa première enquête ensemble, l'équipe d'Angel Investigations doit retrouver la trace d'un tueur en série qui assassine sauvagement ses amants d'un soir, hommes et femmes. Durant ses investigations, Angel fait la connaissance de Kate Lockley, une séduisante célibataire. Angel finit par découvrir que l'assassin a un visage très inattendu...

La critique de Clément Diaz

La réécriture plus édulcorée du scénario de David Fury par les producteurs a certainement pesé sur Lonely hearts. On voit qu'il y avait matière à faire du gros dark. Au lieu de ça, le sujet plutôt glauque de l'épisode est desservi par un manque de noirceur. De plus, Fury s'embourbe dans une chasse au démon éviscérateur assez stérile, qui par sa nature n'a aucune aura prenante (L’épisode La face cachée dans Buffy contre les vampires était mieux dégrossie). L'enquête ne décolle pas, malgré un Angel décidément très doué pour enchaîner les bastons involontaires. L'arrière-texte social de la solitude affective (et sexuelle) est peu développé, hormis pour plaisanter sur la chasteté contrainte d'Angel qui ne peut s'empêcher d'attirer toutes les jolies filles - un vrai supplice chinois. Fury compense avec une rafale de twists : la première victime, l'identité du monstre, l'identité de Kate, le piège final, mais ça ne cache pas une histoire sans consistance. On se surprend à penser que c'est exactement le même trip que l'Huile Noire : comme le démon, il passe de corps en corps, tout en tuant tout le monde. D'ailleurs, on aurait bien imaginé Mulder enquêtant avec Angel avec cette affaire très X-File, je vois déjà Scully ronchonner un max...

Heureusement, Miss Kate, incarnée par la sublime Elisabeth Röhm, a le temps de développer son personnage, et s'impose comme le grand atout de cet épisode. Même si elle suit un chemin super balisé : traque sans résultat, fausse piste, agression, sauvetage par Angel, alliance finale, l'actrice est très douée, et le personnage entre détermination et fragilité, est joliment équilibré. Sa discrète et jamais résolue attirance envers le héros, donne déjà un soupçon d’amertume dans son caractère solitaire. Elle ne sera pas le moindre atout de la première ère d’Angel, où elle sera une alliée plus ou moins volontaire, et incarnation du « monde réel » à jamais détaché du monde démoniaque d’Angel. Le mur de glace qui les séparera toujours donnera des scènes de conflit poignantes et dramatiques. Pensée pour Doyle, dont la drague risible qu'il exerce sur Cordélia nous amuse profondément. Un loner peu réjouissant.

La critique d'Estuaire44

 

- This socialising thing is brutal. I was young once, I used to go to bars. It wasn’t anything like this.

- You used to go to taverns. Small towns, where everybody knew each other.

- Yeah, like High School. It was easy to date there. We all had so much in common. Being monster food every week, for instance.

L’épisode continue à installer efficacement la série. La rencontre avec Kate est menée avec humour, action et sentiment. En tant que contact policier, elle est un outil scénaristique indispensable aux aventures d’un détective, mais elle s’impose d’entrée comme bien plus que cela. Certains fans ne l’ont pas apprécié, car avec sa blondeur et son tempérament de justicière elle ferait songer à Buffy, il s’agit d’un mauvais procès. Il n’y a pas de parallèle établi, ni de romance. On apprécie le réalisme de l’ensemble, il est logique que le trio d’Angel Investigations ne fonctionne pas d’emblée parfaitement, encore en rodage. Le Google Miracle habituel vient grever l’intérêt de l’intrigue, là comme ailleurs. Il est bien vu que l’étrange soit plus difficilement discernable à L.A. qu’à la surface de Sunnydale. Et encore Angel ne fréquente pas le Venice d’Hank Moody.

Le bar apporte un précieux point central à l’intrigue,  d’un abord festif mais se révélant ensuite le réceptacle mélancolique de cœurs solitaires. Le récit sait également jouer des personnages, du côté introverti d’Angel en discontinuité totale avec ses allures de sex symbol ténébreux et du Show Queen C et son amusant relationnel avec Doyle. L’enquête souffre dans un premier temps de l’aspect intangible du méchant, cela fait assez chasse au Dahu du X-Cops des X-Files, mais on a tout de même de l’action au final. Par contre le monstre devient presque pathétique sur la fin, ce qui n’est jamais bon.

Les infos supplémentaires

Tout comme pour le pilote, un premier scénario nettement plus sombre (intitulé Corrupt) fut écrit par Fury, notamment autour d’une  Kate consommatrice de crack et se faisant passer pour une prostituée, et Angel goutant derechef le sang d’une victime. Le diffuseur WB insista pour que l’atmosphère fut allégée, Angel ne sera pas le MillenniuM de Buffy.

Le numéro de téléphone d’Angel Investigations est 213-555-0162. 213 indique bien Los Angeles, tandis que 555 est un nombre souvent utilisé dans les fictions, car assurant qu’il ne puisse s’agir du numéro de téléphone d’un particulier.

Le grappin éjectable utilisé en vain par Angel devant Kate est l’un des gadgets les plus célèbres de l’arsenal de Batman. Toute cette scène évoque clairement la rencontre entre Batman et Vicky Vale dans le film de Tim Burton (1989). Une allusion au mythique Bat-Signal est également effectuée quand Doyle déclare It's not like you have a signal folks can shine in the sky whenever they need help, you know ?.

La phrase récapitulative traditionnelle Previously on Angel est dite par Boreanaz.

Plus, your visions are kind of lame. A bar? That's nice and vague! I mean they should send you one of those self-destructing tapes, you know, that come with a dossier?, déclare Cordy à Doyle, une référence à la série culte Mission Impossible (1966-1973), à laquelle participèrent les parents de Juliet Landau (Drusilla),  Martin Landau et Barbara Bain.

Au bar, Kate commande un daiquiri, un cocktail cubain rafraîchissant à base de rhum, citron vert et sucre de canne sur glace pilée. Angel demande bien entendu un soda, jamais d’alcool pour le Justicier. Dans le lointain, on entend Spike ricaner.

D’origine allemande, l’excellente Elizabeth Röhm (Kate) est née à Düsseldorf. Elle se fit connaître dans le soap opera One Life To Live et tint également le rôle récurrent de Serena Southerlyn dans Low and Order (2001-2005). En 2002 elle est classée par Maxim parmi les 100 plus belles actrices au monde. Assez curieusement pour une associée d’Angel, son père est l’un des partenaires d’un des principaux cabinets d’avocats d’affaires de la Côte Est.

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3. LA PIERRE D'AMARRA
(IN THE DARK)

Scénario : Douglas Petrie

Réalisation : Bruce Seth Green

*Cet épisode est la suite de Désillusions, épisode 4.03 de Buffy contre les vampires.

Spike débarque à Los Angeles, avec la ferme intention de voler la pierre d'Amarra que Oz a remis à Angel, et qui le rendrait invincible. Il s'allie avec un vampire spécialiste de la torture, et kidnappe Angel pour le forcer à lui céder la bague...

La critique de Clément Diaz:

Le temps d’assurer les fondations de leur nouvelle série, Whedon et Greenwalt vont convoquer régulièrement cette saison des membres du cast de Buffy. Aujourd’hui, nous accueillons l’ultrasympathique Oz et l’ultrafun Spike. Avec de tels atouts, l’excellent Doug Petrie, un des meilleurs scénaristes de la série-mère, se lâche en transformant le McGuffin de la pierre d'Amarra en Super-Spikeshow. James Marsters dévore tout le monde, bien aidé par des dialogues virtuoses hilarants à la chaîne. L'introduction où il imagine le dialogue Angel-demoiselle en détresse est du Spike pur.

Ensuite, c'est que du bonheur : la bagarre virile avec Angelo - une des meilleures du Buffyverse jusque-là - ses échappées de Diabolical Mastermind simultanément terrifiantes et poilantes quand Angel est torturé, ses répliques qui tuent à Queen C (You'll die before the arrow leaves the bow), ses accès de fureur impatiente, ou quand il tourne Angel en dérision sur la vie rigolote qu'il mène. C'est sûr qu'au jeu du vampire fun, Angel a pas mal de longueurs de retard. Finalement, il est normal qu’avec un tel adversaire qu’Angel Investigations ne gagne qu'à moitié la partie contre lui : certes Spike est filouté, mais ils ont dû pour cela céder la bague au vampire tortionnaire, une prise de risques énorme. Ça permet quand même à Spike de quitter la scène sur un énième discours de vengeance joliment ciselé. L’auteur de ces lignes ayant une préférence pour Spike par rapport à Angel, il a été bien content que son champion ne sorte pas la tête trop basse (juste un peu cramée)...

Le vampire tortionnaire est génial lui aussi (You want to torture me or just bore me to death ? - Surely both), entre froideur clinique et délires sur le pardon, les ténèbres, la douleur, sans oublier son amour des enfants, surtout bien cuits à point. La scène de torture sur le menuet de la 41e symphonie de Mozart répété à satiété, c'est juste énorme. Le coup de folie d'Angel qui sort en plein jour est d'un effet royal. Émotion de revoir, même pour un temps trop court, le toujours laconique Oz (toujours excellent Seth Green). Étant peu disert, on adore comment toutes les conversations tournent court avec lui. Bon, juste deux p'tits regrets : la storyline de la blonde au boyfriend violent remplit les trous, et la justification d'Angel de détruire la bague est assez capillotractée. Allez, ça reste un épisode à l'image de Spike : c'est du pur FUN !

La critique d'Estuaire44:

- Son of a bitch! - I do the work, - I do the digging, - fight off a Slayer, - drive to L.A., fire the help, - and what do I get? - ROYALLY SCREWED, is what! - Well that cinches it. No more partners. From now on, I'm my own man. A lone wolf. Sole survivor. Look out, here comes Spike !

L’un des épisodes les plus réjouissants et toniques de la série toute entière. L’arrivée de Spike tient toutes ses promesses et son ironie mordante lors de son imitation d‘Angel à la Batman reste tout simplement l’une de ses prestations les plus hilarantes, ce qui n’est pas peu dire. Le succès de l’opus repose sur le grand talent de Petrie et sur la parfaite compréhension du ressort psychologique des personnages qu’il a toujours manifesté. Spike fait du 100% Spike époque flamboyante, avant la puce et la romance avec la Tueuse de Sunnydale. 100 %¨Evil, 100%,  extraverti, 100% British 100 % sarcastique et rock and roll, c’est tellement plus jouissif que le chien battu de la majeure partie de la saison 9 de Buffy (hormis les ultimes épisodes, heureusement). Mais si la confrontation se montre aussi explosive c’est aussi parce qu’Angel exprime lui aussi  la quintessence de son être, aux parfaites antipodes de son vieil ami et rival.

Malgré la confrontation, on sent perdurer la force du lien entre les deux lascars. Le duo existait bien avant Buffy et cela se perçoit. La bouleversante scène finale exprime pleinement la personnalité Angel. S’il avait conservé l’anneau, le personnage aurait été trahi. On adresse une mention spéciale au psychopathe allié de Spike, lui aussi assez ultime dans on genre. Avec Drusilla, William a pris l’habitude de mettre la barre très haut sur certains sujets. On apprécie que celui qui est encore l’un des Big Bads du Buffyverse soit autrement plus coriace que le commun de la série. Dominé par la confrontation entre vampires,  l’épisode ne sacrifie pas pour autant les seconds rôles et s‘offre plusieurs moments grand train. L’épisode continue mezzo voce à planter le décor d’une série se voulant davantage raccordée au réel : les méchants ne sont pas tous surnaturels et Angel n’est nullement lié par le tabou de Buffy concernant les humains. L’épisode indique déjà que les cross overs seront toujours plus réussis à Los Angeles qu’à Sunnydale.

Les infos supplémentaires

L’épisode fut diffusé immédiatement après la première partie du cross-over, The Harsh Light of Day, lors d’une soirée spéciale.

On trouve ici l’unique participation d’Oz à la série.

Par la suite Spike participera à la série via des flashbacks, mais aussi, désormais nanti d’une âme, en tant que partenaire d’Angel, durant la dernière saison.

Lors de son hilarant monologue initial, Spike s’exclame Quickly, to the Angel-mobile, away !. Il s’agit d’une nouvelle référence à Batman,  Quickly ! To the Bat-Mobile ! est l’une des expressions rituelles de Batman 1966.

La scène initiale entre Rachel et Lenny est reprise dans le générique.

Tout comme Angel, d’origine irlandaise, (et comme Glen  Quinn lui même), Doyle porte lui aussi le fameux Anneau de Claddagh, vu chez Buffy, mais curieusement dans la position indiquant qu’il est en couple.

Spike se moque d’Angel pour avoir une âme, être tombé amoureux de la Tueuse et être capturé et torturé. De manière ironique, tout ceci lui adviendra par la suite dans Buffy The Vampire Slayer (il sera ainsi torturé par Glory).

Tim Minear a expliqué la destruction de l’anneau par Angel par crainte d’être invincible en cas de retour d’Angelus.

L’impression de souffrance de Boreanaz durant la séance de tortura ‘nest pas feinte, car il venait d’être victime d’un léger accident de la route.

Marcus déclare There is nothing either bad or good but thinking makes it so, soit une citation d’Hamlet.

La musique classique appréciée par Marcus est le Menuet de la Symphonie n°41 en ut majeur de Mozart, dite Jupiter (KV. 551), achevée en 1788.

Angel continue à pratiquer le Tai-chi-chuan, comme avec Buffy lors de Band Candy et de Revelations.

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4. L'ÉTRANGE DOCTEUR MELTZER
(I FALL TO PIECES)

Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon et David Greenwalt

Réalisation : Vern Gillum 

Mélissa Burns est harcelée par le docteur Meltzer qui lui voue une passion aussi folle qu'inexplicable. Angel doit d'abord comprendre comment Meltzer parvient à être au courant de tous ses faits et gestes. Meltzer a en fait un pouvoir terrifiant : il peut séparer à volonté les différentes parties de son corps. Pendant ce temps, Cordélia tente de convaincre son puriste patron d'accepter d'être payé par ses clients...

La critique de Clément Diaz:

I fall to pieces, écrit probablement sous tranxène, ne décolle pas avant 25 bonnes minutes. Andy Umberger est inquiétant en psychopathe obsessionnel, consumé par un désir factice mais qu'il croit sincère ; chaque apparition du personnage (en particulier ses mains) vaut de l'or. On sent l'acteur ravi de jouer une partition aussi excellente, plus intéressant que l'amusant mais limité D'Hoffryn. Mais le tout ronronne dans une pseudo-enquête qui se résume d'abord à une collecte d'informations aussi longuette qu'excessivement explicative. Ensuite, à un affrontement final qui prend pas mal de temps pour se mettre en place (visites chez le Doc, Mélissa se réfugiant chez Angel, verrouillage systématique de toutes les ouvertures). On apprécie que Mélissa, soutenue par Angel, parvienne à se révolter et à lutter contre son harceleur, ce qui l'affaiblit suffisamment pour qu'Angel puisse ensuite le séparer en 12 parties (c'est gai la vie d'un enquêteur à L.A...), mais comme ça avait déjà été préparé par la scène avec Kate puis avec la réplique d'encouragement d'Angel, l'effet est plus artificiel que naturel. Les auteurs ont encore du mal à savoir quoi faire de Cordélia et de Doyle, qui ne décollent pas du statut « faire-valoirs comiques ». La première est toujours à l'Ouest avec ses répliques déconnectées, le second a ses visions prémonitoires (pour le coup, ça a plus d'effet que la machine de Person of Interest)... et c'est tout, Angel se tapant tout le boulot. Le « Fang Gang » (alliés d’Angel) mettra plus de temps que le Scooby-Gang à émerger. On salue une excellente scène avec Kate sur la psychologie des psychopathes, qui a une valeur très MillenniuM (Frank Black aurait pu tout à fait dire son discours). Mais l'enquête est vraiment paresseuse.

Quelques bonnes scènes néanmoins comme les mains baladeuses dans le sens le plus glauque et littéraire du terme, l’œil en sang qui reluque obstinément sa proie, l'affrontement final, et également la thématique de la rémunération du héros. Angel l'idéaliste répugne à être payé pour sauver des vies, mais il est forcé d'accepter pour pouvoir vivre, lui et sa paire d'as (running gag du café avarié). La justification de Doyle est astucieuse : on a tendance à s'attacher à notre sauveur ; le payer fait qu'on a le sentiment de payer une partie de sa dette, si ce n'est la totalité. Subtil.

La critique d'Estuaire44:

- He likes playing the hero. Walking off into the dark, his long coat flowing behind him in that mysterious and attractive way."

Will et Alex ont sur se montrer efficace dès le début, mais pas Cordy, dont l'apport concret n'a été que partiel, même encore en saisons 2 et 3. Le personnage se montre ici cohérent avec ce qu'il a exprimé chez Buffy, en faire une espèce de Potentielle ne serait pas logique. Comme toujours, elle apporte son humour et, dans une série se voulant réaliste, tenir le secrétariat est un travail à part entière  (alors que l'on ne voit jamais Giles tenir sa bibliothèque, toujours vide il est vrai). 

L'un des rares intérêts du récit réside d'ailleurs dans son réalisme financier. Le vrai problème vient de Doyle, trop peu substantiel, mais la saison va apporter quelques bouleversements par la suite. Par ailleurs l’épisode résulte assez faible, avec une épouvante de grand guignol tirant plutôt vers les Contes de la crypte et sacrifiant le scénario au sensationnalisme du monstre. Il n'apporte rien non plus au récit principal ou au parcours des protagonistes Sinon le paiement intervient également de la sorte en Psychanalyse, pour compenser un trop grand transfert émotionnel entre le patient et le thérapeute.

Les infos supplémentaires

Le titre original fait allusion à un tube de Patsy Cilne (1962) . Il s’agit également de la chanson qu’écoute un Alex au cœur brisé dans Prophecy Girl, après que Buffy ait refusé de danser avec lui (Country Music, the music of pain).

Whedon a indiqué avoir d’abord envisagé le scénario pour Buffy, avant d’estimer qu’il convenait mieux à Angel.

Mélissa réside dans un imposant édifice. Il s’agit en fait de Los Altos Apartments, un hôtel luxueux, construit en 1925 dans le style néocolonial espagnol. Il va abriter de nombreuses vedettes de l’époque (Bette Davis, Mae West, Douglas Fairbanks…) avant de faire faillite durant la Dépression. Refude d’artistes durant les années 80, il est réhabilité et classé monument historique durant la décennie suivant. De la saison 2 à la 4, il fera office de vue extérieure des locaux d’Angel Investigations, désormais installés dans l’Hôtel Hypérion.

La scène où Cordy et son compagnon utilise un ruban adhésif pour empêcher les morceaux du docteur d’entrer dans la cave où ils se sont réfugiés évoque fortement une scène de What’s my line (Buffy), où elle et Alex étaient confrontés à un démon composé de vers.

La main de Ronald est interprétée par Christopher Hart, qui fut également la Chose des films de la Famille Addams, mais aussi la main maléfique d’Idle Hands.

Aussi monstrueux soit-il, Ronald est un être humain, ce qui n’empêche pas Angel de l’abattre.  Le Vampire n’est pas lié par le Tabou de la Slayer consistant à ne jamais tuer d’être humain.

Ronald est interprété par Andy Umberger, qui incarne également D'Hoffryn dans Buffy the Vampire Slayer.

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5. L'APPARTEMENT DE CORDELIA
(ROOM WITH A VIEW)

Scénario : Jane Espenson, d’après une histoire de David Greenwalt et Jane Espenson

Réalisation : Scott McGinnis

Ne pouvant plus vivre dans sa misérable mansarde, Cordélia achète une petite maison luxueuse au loyer curieusement bas. Elle en découvre bientôt la raison : la maison est hantée par un fantôme qui a poussé au suicide ses précédents occupants. Pendant ce temps, la tête de Doyle est mise à prix par des démons à qui il doit de l'argent...

La critique de Clément Diaz:

Room with a view a été écrit principalement par Jane Espenson, papesse des scénarios comiques. Corollaire : l'irrésistible Cordélia est sous la lumière des projecteurs, et Charisma Carpenter peut se déchaîner brillamment. Le décalage entre les réflexes de "fille de la haute" qu'elle conserve et ses mésaventures sont autant de sources comiques. Le scénario balance entre horreur pur et pastiche léger, un mélange risqué. Toutefois, Espenson assure l'équilibre car ce dernier élément est apporté par la tornade Cordy qui transforme chaque apparition en or massif.

De plus, l'élément pastiche lui permet de briser en grande partie son rôle de Demoiselle en détresse dans Buffy. On peut voir cet épisode comme un autre manifeste de Whedon et Greenwalt à pervertir les clichés de la maison hantée avec une héroïne dont la panique se dispute à un authentique courage, plus novateur, qui rejoint la croisade féministe de Buffy the vampire slayer. On apprécie aussi le captain Subtext de l’épisode : Rm w/a Vu est une très bonne métaphore de la difficulté d’acheter son premier appartement.

L'épisode ne décolle pas avant 25 minutes, mais Queen C est en forme olympique : Cordy et les cafards, la crise de jalousie de Doyle, sa promenade des différents appartements (y'a décidément des énergumènes bien plus fadas que les pires démons, c'est bibi qui vous le dit), ses répliques et mimiques de snob de moins en moins convaincantes (et drôles). Le duel Doyle (qui cache des zones d’ombre) et Angel versus le démon au maquillage très réussi est bien aussi ; puis le fantôme se bouge, et là, ça part méchamment en vrille, avec des événements certes clichés, mais spectaculaires, surtout pour le budget de la série (on est pas loin de L'ombre de la mort des X-Files).

Le fantôme de la mère est un des pires baddies de série, dont l’effroi pousse Cordélia à la limite de la rupture. Toute la scène d'ouragan, avec en plus le trio de démons qui s'invite, est un joyau de suspense frénétique. Heureusement, Queen C est avant tout une bitch fière de l'être et finit par "kickass" le fantôme. Le twist final est gravement traumatisant, un renversement spectaculaire. On quitte l'épisode avec l'hilarante cohabitation Queen C-Dennis, aussi improbabilissime que décalée. Un épisode qui aurait gagné à décoller plus tôt, et non pas attendre le dernier acte, mais Cordélia rayonne de bout en bout.

La critique d'Estuaire44:

- People called them the Cordettes. A bunch of girls from wealthy families. They ruled the High School. They decided what was in, who was popular. It was like the soviet police, if they cared about shoes.

Le premier épisode centré sur Cordélia frappe très fort. Charisma Carpenter l’indiquera comme étant son préféré de la série, et c’est vrai qu’elle y casse la baraque (au sens propre comme au sens figuré). Comme souvent chez Whedon, le personnage sait évoluer tout en restant lui même. Les répliques à la Queen C perdurent, mais en arrière fond notre amie montre une vraie force de caractère. Les scènes de recherche de l’appartement relèvent de la meilleure comédie car elles sonnent vrai (pas la peine d’aller à L.A. pour avoir connu une galère équivalente), mais on peut aussi al voir comme une métaphore de Cordélia cherchant sa place comme jeune adulte, à l’instar de ce que chacun de nous a connu. 

Par ailleurs l’épouvante et l’action ne perdent pas leurs droits. L’épisode apparaît très complet, réunissant nombre des atouts des deux séries de Whedon. Dennis fait un peu Casper, ou Arthur pour les vieux croulants anciens lecteurs de Pif Gadget, comme votre serviteur, mais évite la mièvrerie infantile. Buffy avait souffert avent de trouver la colocataire idéale (Living conditions), au moins Cordy aura réussi du premier coup la perle rare ! Le récit demeure une variation très aboutie sur le thème inépuisable de la maison hantée, mais dont le véritable sujet demeure toujours Cordy, un parfait portrait de cet autre grand atout de la série. Dommage qu’Espenson n’ait écrit que deux épisodes pour Angel. De son côté le public féminin aura eu droit au Héros au sortir de la douche, que demande le peuple ?

Les infos supplémentaires

On trouve ici une nouvelle allusion à Batman, Cordy estimant que sa concurrente ressemble à Catwoman.

Le visage désespéré de Dennis impressionna tellement Whedon qu’il figura au générique jusqu’au terme de la série.

Première apparition de Dennis le Fantôme, qui disparaitra en saison 4, après que Cordélia eut cessé d’occuper l’appartement. Sans information particulière le concernant, on peut estimer qu’il continue à hanter le logement. Celui-ci deviendra le local éphémère d’Angel Investigations en début de saison 2.

Le diplôme de Cordy est partiellement roussi du fait de la Bataille de Sunnydale, survenue au terme de la saison 3 de Buffy (Graduation Day). La signature de Snyder est bien présente, mais pas celle du Maire, qui se transforme en démon géant avant la conclusion de la cérémonie.

La musique qu’écoute Angel est L’Ode à la Joie, de Beethoven (1824). Cordy écoute à la radio un standard des Mill’s Brothers, You always hurt the one you love (1944).

Le titre original signifie Room with a view, dans le style abrégé des petites annonces..

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6. RAISONS ET SENTIMENTS
(SENSE AND SENSITIVITY)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : James A. Contner 

Tony Papazian, un client de Wolfram & Hart, a été arrêté par Kate et Angel. Mais Kate s'emporte contre le prisonnier, et le cabinet obtient qu'elle et tout le commissariat suivent une inspection psychologique. A l'issue de plusieurs séances, tous les policiers et inspecteurs sont devenus ultrasensibles et émotifs, et se retrouvent incapables de faire leur travail, laissant le champ libre aux bandits. La situation se complique quand Angel est touché à son tour...



La critique de Clément Diaz:

Sense and Sensitivity part d'une idée extrêmement originale, due à l'imaginatif Tim Minear : que se passerait-il si les représentants de l'ordre laissaient parler leurs sentiments de la manière la plus débordante ? Ingénieux, le scénario a donc toute latitude pour alterner drame - catastrophes en crescendo, relation très dure entre Kate et son père - et comédie - Angel sous le charme, Kate en vamp bombasse - Passé les dix premières minutes purement polar - avec l'apparition horrifiante d'Angel en chemise hawaïenne, arrêt cardiaque pendant 30 secondes assuré - et les plaintes de Cordélia à ne pas voir Angel se montrer plus chaleureux qu'elle (tragicomique scène des chaussures). Habile faux-semblant que ce psychiatre qui nous semble d’abord être un débile aux phrases creuses et déconnecté de la réalité, alors qu'en réalité, il est un baddie d'un cynisme et d'une perfidie absolue, à l'efficacité mortelle. Wolfram & Hart, par ses ressources, ses avocats retors, ses alliés de taille, commence à prendre toute sa place. Bien sûr, on se demande qui est le Numéro 1...

Le maléfice donne des scènes fantastiques, comme le discours amer et rageur de Kate à son père (le jeu d’Elisabeth Röhm est à pleine puissance, on est sous le charme), contre cette relation viciée et sans chaleur, voire sans amour. Le refus du happy end (une idée de Joss Whedon) sonne très juste, et donne ce triste goût d'inachevé qui oriente pleinement la série vers une plus grande noirceur que sa série-mère. On rit quand même un peu quand Kate se love en odalisque sensuelle dans le bureau d'Angel tout en assénant deux-trois vérités qui font bien mal au trio. Mais le comble, c'est de voir Angel prôner la paix, l'amour, la diplomatie, la compréhension de l'autre, etc. dans une situation intenable, Boreanaz se parodie joyeusement. Bon, on peut regretter une résolution trop rapide de l'affaire, alors que la progression dramatique a été impeccablement menée. Mais globalement, on ne peut qu’applaudir la grande originalité de cet épisode, révélateur de la souffrance personnelle que recèle le dur travail de policier, métier où les sentiments personnels n’ont pas leur place.

La critique d'Estuaire44:

- My parents were great. Tasted a lot like chicken.

On apprécie vivement cet épisode, qui détourne avec brio et humour l'un des poncifs de la série policière : la visite chez le psy du service (l'inénarrable inspecteur Harry y avait déjà eu droit) Les auteurs exploitent toutes les potentialités de la situation, encore amplifiées par le recours au Fantastique, dans l'émotion comme dans l'humour. Le portait de Kate et de son parcours est approfondi avec talent, avec une formidable Elizabeth Röhm. Wolfram & Hart accroit son aura maléfique, tout en fonctionnant comme une multinationale glaciale mais classique (recours à un expert pour un contrat mission).

Ses cadres sont de jolis cas, comme on dit en psychiatrie. A peu près à cette époque Spike avait également arboré une chemise hawaïenne, lors de son hilarante  tentative de suicide, je suis positivement ravi qu'Angel relève ici le gant. il ne sera pas dit qu'il existe le moindre domaine où le punk décoloré puisse prendre l'ascendant sur le Prince de Los Angeles, y compris le ridicule vestimentaire absolu et tragique. Angel ne transige pas, jamais. On éprouve toutefois un unique regret. Cette magie chaotique de manipulation des esprits relève du plus pur Ethan. L'épisode aurait encore été meilleur avec lui comme mercenaire de Wolfram & Hart, tout comme il l'a été pour le Maire.

Les infos supplémentaires

La caméra de surveillance parvient à filmer Angel, alors que des miroirs interviennent dans son fonctionnement.

Il s’agit de l’unique occasion de la série où Angel aura  à utiliser un équipement de vision nocturne.

Le titre original est un clin d’œil à un roman de Jane Austen, Sense and Sensibility (1811).

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7. ENTERREMENT DE VIE DE DÉMON
(THE BACHELOR PARTY)

Scénario : Tracey Stern

Réalisation : David Straiton

*L’esprit vengeur, épisode 4.08 de Buffy contre les vampires, s’enchaîne à cet épisode.

Harriett, épouse séparée de Doyle, arrive à Los Angeles. Elle va se remarier avec Richard Straley, et demande donc à Doyle de signer les papiers du divorce. Malgré la courtoisie et les prévenances du nouveau fiancé, Doyle n'a pas confiance en lui...

La critique de Clément Diaz:




Angel sacrifie ici à un marronnier séculaire dans les séries (qu’évitera lui Buffy) : le retour de l'ex d’un des héros. Tracey Stern a le bon goût de ne pas nous faire le cliché de la tension sexuelle, qui n'aurait pas été assez fort vu le lien encore frais entre Doyle et Cordy. Toutefois, l'épisode ressemble beaucoup à un gros prélude bien lambin à l'affrontement final. Bon guesting de Kristin Dattilo, mais le personnage est bien lisse ; on est loin de l'étincelante Cordélia. Surtout, on ne comprend pas le contresens des auteurs à centrer l'épisode sur Doyle qui ne fait à peu près rien de l'épisode, subissant passivement tous les événements.

Après les premières minutes à la fois drôles (le rendez-vous super excitant de Cordélia) et "castagneuses" (Doyle vs. le vampire), le rythme retombe mollement. De plus, la règle d'or veut que - sauf parodie - un baddie ne soit pas crétin ; pourtant, le joyeux fiancé est bien terne. La famille est un peu plus relevée, avec leurs délires de rituels assez croquignols, notamment le frérot, mais sans plus.

Il manque un vrai méchant. La bagarre de fin est quand même bien foutue, avec Cordélia très près de découvrir le secret de Doyle, Houuuuuuuu, on a eu chaud. On finit avec la vision de Doyle à propos de Buffy, annonçant un arc de deux épisodes, l’un dans Buffy, le deuxième dans l’épisode suivant. Une scène absolument épique (reprise d’ailleurs dans le générique) : Angel à terre qui se relève et qui fracasse la porte, le réveil du tigre comme on l'aime ! Épisode assez pâle quand même.

La critique d'Estuaire44:


- I swore when I went down that road with Xander Harris, I’d rather be dead than date a fixer-upper  again.

Il faut avouer que l’on glisse facilement sur cet épisode, sans jamais réellement y prêter attention, hormis pour la bagarre finale et bien entendu l’annonce du cliffhanger à venir. Décidément Doyle n’imprime que fort peu sa griffe à la série. Face à deux personnages connus et adorés des fans depuis des années, c’était pratiquement mission impossible que de s’imposer. Il aurait fallu un personnage plus ample, moins convenu (bon, le petit jeu sur l’identité secrète, c’est d’un banal) et un acteur plus marquant. 

A ce moment de la saison, on commence à s’apercevoir que ça ne va pas le faire et l’inanité de cet épisode centré sur Doyle s’avère terrible. Apparaître comme un personnage secondaire d’une intrigue parlant de vous compose une espèce de performance. Par conséquent ses amourettes suivent le même chemin, d’autant qu’ici on plaque un aspect démoniaque sur une comédie sentimentale très bateau, sans que cela génère vraiment de valeur ajoutée. Il est vrai que cette histoire de manger le cerveau façon Indiana Jones et le Temple Maudit était divertissante. Sacré Joss.

Les infos supplémentaires

Richard est interprété par Carlos Scott, qui jouait également le démon Ken dans l’épisode Anne de Buffy. Ayant aussi participé à Firefly, il appartient au club fermé des acteurs apparaissant dans les trois séries cultes de Whedon. Ce dernier les surnomme les hat-tricks.

Le nom complet  de Doyle est Allen Francis Doyle. Le second prénom est le même que celui de son interprète, Glenn Quinn.

Yeah, well, maybe I should get my people to look over this before I go ahead. Just to make sure I'm not buying an ostrich farm déclare Doyle. Il fait référence à une vague d’investissements ayant traversé l’agriculture américaine, de nombreux exploitants se lançant dans l’élevage d’autruches, estimant que leur viande allait connaître un grand succès. Ce ne fut pas le cas, ce qui provoqua d’importantes faillites.

Angel se plaint du prix de la fenêtre à remplacer. Il s’agit du début d’une plaisanterie récurrente de la série voyant le Héros se montrer de temps à autres près de ses sous. 

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8. JE NE T'OUBLIERAI JAMAIS
(I WILL REMEMBER YOU)

Scénario : David Greenwalt et Jeannine Renshaw

Réalisation : David Grossman 

*Cet épisode s’enchaîne à L’esprit vengeur, épisode 4.08 de Buffy contre les vampires.

Buffy arrive à Los Angeles, dans l'intention d'avoir une explication avec Angel du fait de son intervention secrète à Sunnydale. Attaqués par un démon, Angel touche le sang de ce dernier et redevient humain. Il comprend alors que lui et Buffy peuvent enfin vivre leur amour. Hélas, une horrible désillusion les attend au tournant...


La critique de Clément Diaz:

Un des plus beaux épisodes de toute la série.

I will remember you est un des exemples les plus réussis en matière de mélodrame sentimental déchirant. Il est impossible, même pour ceux qui sont peu sensibles au Bangel, de rester insensible devant les torrents d'émotion dont Greenwalt et Renshaw nous abreuvent tout le long. Ok, l'intrigue du démon "autorégénérant" n'est qu'un McGuffin pour "Bangeliser" à fond... et on s'en moque tant on rentre de plain-pied dans cet épisode vraiment à part, davantage épisode d'amour qu'épisode de Fantastique. Logiquement, Doyle est à l'écart, tandis que dans cette tragédie lyrique, Cordélia joue le rôle du Choeur aux commentaires aussi drôles que pertinents (They suffer, they fight, that's business as usual. They get groiny with one another, the world as we know it falls apart). On se prosterne devant les talents estomaquants de David Boreanaz et bien sûr de Sarah Michelle Gellar, en plein transport.

L'ampleur du lien Buffy-Angel atteint une dimension symphonique absolument gigantesque. La première discussion sous tension donne le la, suivie de la superbe scène dans les égouts, où chacun admet sa douleur, son incapacité à dépasser des sentiments qu'ils ne peuvent vaincre. La petite explosion d'émotion de Buffy, et la réponse douloureuse d'Angel sont éblouissantes. Le rebondissement du sang du démon est un maître coup scénaristique qui enclenche la machine de la tragédie grecque : nous savons déjà que ça ne peut bien finir. Alors voir Buffy et Angel au sommet de la félicité est plus émouvant qu'au premier abord.

La puissance frénétique de leur amour éclate lors de la scène de la cuisine, où tous deux tentent de se comporter en raisonnables, en "matures"... peine perdue, leurs corps, leurs âmes n'aspirent qu'à se joindre, et leur étreinte balaye tout sur leur passage. On atteint le climax de l'attendrissement lors de la scène de lit, avant que le retour du démon brise l'harmonie de ces instants d'éternité. Le dilemme d'Angel est savamment amené, à l'issue d'une bataille sauvage où les deux amants luttent énergiquement pour se sauver l'un l'autre. L'étrangeté des deux scènes des Oracles du "Powers that be" est troublante et mises en scène au cordeau. Mais que dire des deux dernières scènes, qui comptent parmi les plus tristes, les plus bouleversantes de ce que la télévision peut nous montrer.

Le sacrifice final d'Angel est déchirant malgré qu'on le pressentait, sa quête et son destin lui interdisent tout bonheur personnel. Mais on n'aurait jamais cru que les auteurs pousseraient la cruauté jusqu'à infliger à Angel la douleur inhumaine de rester seul avec son souvenir, c'est vraiment... terrible. Comment ne pas flancher quand Buffy s'effondre en larmes au moment où ces heures enchantées vont disparaître à tout jamais ? Le Bangel à son zénith, et un des plus grands chefs-d’œuvre toutes séries confondues.

La critique d'Estuaire44:

- Look, Buffy will always be a part of me, and that's never going to change, but she's human, and I'm...not. And that's also never going to change.

Placer cette réunion aussi vite après la séparation était une prise de risque mais le pari a été magistralement tenu. Sarah Michelle Gellar et Boreanaz sont plus fusionnels que jamais et l’opus compte plusieurs des moments les plus forts de leur relation au long cours, si tumultueuse et captivante. Passer  des sommets de la félicité amoureuse à l’abyme du drame passionnel (inoubliable scène finale) en un seul opus, par un rouage scénaristique crédible reste un maître coup.

Un bel exemple de l'utilisation des potentialités du Fantastique pour explorer l'âme humaine et exalter la notion de don de soi. L’incarnation partielle des Puissances Supérieures par les Oracles s’avère réussie, avec une étrangeté bienvenue, tandis que les quelques scènes à étincelles entre Buffy et Cordy nous font souvenir pourquoi  on a autant apprécié leur relation durant les trois première saisons de Buffy contre les Vampires.

On éprouve toutefois quelques réserves mineures. 

On trouve étonnant que deux tueurs finis comme Angel et Buffy ne comprennent pas d'emblée que l'espèce de gemme sur le front du démon immortel soit son point faible; c'est un des plus gros poncifs de Donjons et Dragons. Et puisque cela soit pour son départ de Sunnydale ou ici, C'est toujours Angel qui décide seul et qui met Buffy devant le fait accompli, sans en avoir parlé avec elle au préalable, notre ténébreux ami ne serait-il pas un tantinet macho sur les bords ? On peut aussi s’étonner qu’il n’ait pas anticipé que ce serait nettement plus difficile de combattre un démon en étant redevenu un humain sans pouvoirs. Tout ceci n’entache en rien l’impact émotionnel dévastateur du récit.

Les infos supplémentaires

Le titre provient d’une chanson de la canadienne Sarah McLachlan. Ses titres sotn entendus dans deux épisodes de Buffy : Becoming (2.22) et Grave (6.22).

Kristine Sutherland (Joyce) devait déclarer à propos de cet épisode : I love it… When you watched their relationship over the years, there was son much that thwarted it and made it impossible. It was an incredebile release for me , as an audience person, to go there at least once. The romantic in us does live.

Joss Whedon a indiqué dans un supplément DVD qu’il s’agissait de l’un de ses épisodes préféré, sur l’ensemble des deux séries.

Lors de la bouleversante scène finale, Boreanaz, pris par l’émotion déclare Please, Sarah, please, confondant personnage et interprète. Whedon décida de conserver la scène telle quelle.

A la fin de l’épisode Angel tue le démon ayant jailli de la fenêtre, en se rapprochant particulièrement près de la lumière du soleil.

Lors de la scène finale on entend Close your Eyes, le thème de Buffy et Angel dans la série Buffy the Vampire Slayer, composé par Christophe Beck.

On trouve ici l’ultime rencontre entre Buffy et Cordélia.

"I was really jonesing for another heartbreaking sewer talk déclare Buffy. Elle fait allusion à sa rupture avec Angel, effectivement survenue dans un égout (The Prom).

Angel et Buffy s’embrassent sur une plage, un évènement que cette dernière avait vu en rêve lors de l’épisode Anne de Buffy contre les Vampires. Il est possible qu’il s’agisse de l’un de ces songes prophétiques que connaissent parfois les Slayers.

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9. SACRIFICE HÉROÏQUE
(HERO)

Scénario : Howard Gordon et Tim Minear

Réalisation : Tucker Gates 

Un groupe de demi-démons inoffensifs est régulièrement attaqué par “Le Fléau”, un groupe ultraviolent de démons “purs” qui veulent éliminer tous ceux de “sang-mêlé”. Angel Investigations se mobilise, ignorant que le prix qu'ils devront payer pour sauver les traqués sera très lourd...

La critique de Clément Diaz:

On pouvait deviner dès le titre de l'épisode que ça allait mal finir. Et heureusement qu'il finit mal, parce que cet épisode est sans doute le plus ennuyeux de cette première moitié de saison. Cette intrigue de démons eugénistes mi-nazi mi-Voldemort (Sang-pur, sang-mêlé, J.K.Rowling aurait pu demander des droits...) est d'un désintérêt sidéral. L'épisode se résume à de longs tunnels verbeux (flashback supra cliché de Doyle) et à des courses-poursuites dépourvues de la moindre adrénaline. Monolithiques, grossiers, le "Fléau" forme une opposition bien terne, dont la spectaculaire arme de "purification" massive est plus intéressante que ceux qui l'activent.

Côté chassés, l'ado casse-pieds est irritant comme jamais, et on perd beaucoup de temps quand Doyle essaye de le raisonner. Cordy attend tranquillement dans le bateau, tandis qu'Angel s'infiltre dans la place... pour en ressortir aussitôt, tuant tout suspense. L'épisode est raté dans ses grandes lignes. Toutefois, les cinq premières minutes avec le délire de Queen C en reine de la promo et Doyle en présentateur vedette fait partie des grandes scènes "Cordéliennes". Toutes les petites scènes entre les deux sidekicks sont pimentées avec un comique franc.

Bon, parlons de ce finale, qui se veut déchirant. Il manque à moitié son but, car malgré Glenn Quinn, Doyle ne s'est jamais vraiment affirmé : il était trop pâle pour sortir de l'ombre d'Angel et de Cordélia. Son côté héroïque a rarement transpiré jusque-là... et là d'un coup d'un seul, c'est lui le héros ? On a du mal à y croire. Heureusement, le comédien est convaincant et parvient à donner un peu d'émotion lorsqu'il prend sa décision finale. Superbe coda avec Angel et Cordélia regardant la vidéo de Doyle, se finissant par un ironique Is that it ? Am I done ? et un fondu au noir sans musique, froid... Évacuer un personnage principal au bout de seulement 9 épisodes, on reconnaît bien là les tendances audacieuses de Whedon (il refera le coup en saison 6 de Buffy, pour un résultat beaucoup plus choquant et terrible...). Il faudra attendre la fantastique série MI-5 pour retrouver une audace pareille. So long Doyle !

La critique d'Estuaire44:



- So don't lose hope. Come on over to our offices and you'll see that there's still heroes in this world. (…) Is that it ? Am I done ?

L’épisode résulte très inégal, avec une approche de la solution finale sympathique et sincère mais trop appuyée et pas assez en raccord avec les volontés de réalisme de cette première saison (toute une population de démons en plein Los Angeles). L’intrigue ne fait pas dans la demi-mesure concernant l’héroïsme de Doyle, on appelle ça un enterrement de première classe.

Nouveau venu, Doyle avait un handicap affectif énorme à remonter face à Angel et Cordy, il n'a jamais eu les cartes pour ça, car il est demeuré un malhabile composite entre Alex et Giles. Il fallait avant tout enraciner la série dans le paysage avant de créer de nouveaux personnages, au lieu de courir plusieurs lièvres à la fois.. L’image finale de Doyle sur écran demeure toutefois particulièrement émouvante par sa simplicité. L’hilarant film publicitaire initial estampillé 100% Queen C parachève le parallèle astucieux et amusant mené par Whedon autour de Batman, avec le clin d'œil Dark Avenger /Dark Knight.

Les infos supplémentaires

Le surnom de Dark Avenger réapparaîtra de temps à autres au fil de la série et demeurera accolé à Angel par les fans de la série.

Glenn Quinn, qui se fit connaître grâce à la série Roseanne, fut retrouvé mort trois ans après son départ  de la série, Il fut victime à 32 ans d’une overdose d’héroïne.. Quinn était un ami personnel de David Boreanaz et de Christian Kane.

Malgré les rumeurs persistantes, Whedon a toujours affirmé que la mort de Doyle répondait à une volonté délibérée de créer un choc auprès du public et à aucune autre raison. Cette perspective était selon lui  connue dès le commencement de la série et Quinn quitta la production en bon termes

Devant le tumulte provoqué chez les fans, Whadon devait déclarer au magazine SFX : It did cause a lot of fuss. He’s a popular guy… He was’nt that popular,  before we killed him, something I have to remind people of.

Surnommé le Dark Avenger, Angel approxime plus que jamais Batman, dont le surnom le plus connu est le Dark Knight.

Le film publicitaire de Cordy avait en fait été imaginé par Fury, dans son scénario non retenu, Corrupt. Il se ra aperçu dans deux épisodes ultérieurs Birthday (3.11) et You're Welcome (5.12).

Les Scourges ressemblent trait pour trait aux démons esclavagistes  affrontés par Buffy dans Anne.

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10. CADEAUX D'ADIEU
(PARTING GIFTS)

 

Scénario : David Fury et Jeannine Renshaw

Réalisation : James A. Contner

Suite au baiser d'adieu de Doyle, Cordélia a hérité de son pouvoir de vision. Un démon liseur de pensées demande à Angel Investigations de le protéger d'un motard qui le poursuit pour une raison qu'il ignore. Pendant son enquête, Angel tombe sur ledit motard, qui n'est autre qu'une vieille connaissance...

La critique de Clément Diaz:

 

Deux événements marquants ici : l'héritage inattendu de Doyle, et le come-back de Wesley Wyndam-Price. Cependant, ils s'inscrivent une nouvelle fois au sein d'un scénario peu élaboré et à une course contre la montre sans tension et au fil narratif très lâche - trouver la trace de Cordélia à partir d'une grossière esquisse est tiré par les cheveux. Justement, Cordy est encore une fois dans un rôle de demoiselle en détresse, un poncif sur lequel Angel s'échoue assez souvent en cette saison 1, contrairement à celle correspondante de Buffy.

La venue de Wesley, encore engoncé dans le rôle de boulet qu'il tenait dans Buffy, n’est pas encore une bonne nouvelle. Bon, le voir toujours péter plus haut que son cul, c'est amusant, et Alexis Denisof est irréprochable, mais à part un dévouement sincère et une maîtrise (imparfaite) de langues démoniaques, Wesley n'apporte pas encore grand-chose. Il n'est pas le burlesque de service comme Anya, simplement un rouage assez rouillé de la mécanique de la série.

Heureusement, Whedon sait faire évoluer ses personnages, et en trois-quatre épisodes, Wesley va combler sans problème le trou laissé par Doyle, jusqu’à devenir dans les saisons suivantes, une figure-clé de la série. Il est finalement légitime que le coincé casse-pieds (pour rester poli) de départ mette un peu de temps pour devenir un héros à part entière. Soyons patients. 

L’épisode vaut le coup d’œil grâce au démon du jour, fin psychologue (spécialité Whedon : les meilleurs psys sont souvent des vampires et des monstres). Il est l'objet d'un beau twist, tandis que sa tirade où il dit à Cordy tout ce qu'elle n'a pas envie d'entendre (culpabilité du survivant) est cruellement ciselé. D'autres bonnes scènes sont dues à Charisma et son talent naturel de gagwoman : le running gag de ses baisers pour se débarrasser du don est comique, et atteint un sommet avec Wesley qui croyait avoir encore une chance, pauvre Wesley ! Admirons aussi l'audition catastrophique de notre chère amie pour la publicité, qui non seulement révèle la profondeur de son lien brisé avec le défunt mais trouve aussi une excellente réponse lors de la mémorable vente aux enchères où elle doit faire son autropromotion pour se sauver. Et puis, elle tue le bad guy à la fin, alors on apprécie.

La critique d'Estuaire44:

 

- I'm a fraud. The Council was right to sack me. Yes, I was fired. Two. I had two Slayers in my care. One turned evil and now is in a vegetative state in a coma, and the other's a renegade. Fire me ? I'm surprised they didn't cut my head off.

Cet épisode divertissant ne compte pas parmi les plus marquants de la série, mais parvient à gérer l'installation de l'après Doyle (très présent dans le récit), tout en développant une intrigue comportant tout de même quelques jolis retournements de situation. Il capitalise également sur le talent de Charisma et de Denisof, qui ont tous deux de belles scènes à défendre. Whedon blinde sa série en la centrant sur des transfuges de Buffy, ce qui était sans doute dès le départ la meilleure des solutions. Après  avoir installé la série, il sera toujours temps de lancer de nouveaux personnages, c'est le bon tempo. L'entrée en scène de Wes s'effectue de manière astucieuse. Déplacer le pouvoir de Doyle sur Queen C évite de le positionner en successeur mécanique, pour au contraire proposer une prometteuse page encore à écrire. 

De fait Wes va formidablement évoluer, pour devenir l'une des figures du Buffyverse a avoir connu la plus grande évolution, ce qui n'est pas peu dire. Sinon on apprécie la passerelle vers le monde des chasseurs de démon, merci pour les auteurs de fanfics Buffy/Supernatural (le couple Dean/Faith a la côte). Bon, la Chewy Impala aura plus de classe que la Moto à Wes. Petit regret, la présence d'une émissaire de Wolfram & Hart aurait pu permettre de brièvement  introduire la belle et venimeuse Lilah Morgan, mais ce sera pour un peu plus tard. Il reste dommageable de découvrir le nom d’Alexis Denisof au générique, cela minore l'effet de surprise. La scène du petit déjeuner est adorable, on se croirait presque de retour à Sunnydale. Barney s’avère également un excellent méchant.

Les infos supplémentaires

L’épisode marque l’arrivée de Wesley, qui fut l’éphémère Observateur de Buffy et Faith. Il va demeurer jusqu’au terme de la série, devenant progressivement l’irremplaçable bras droit d’Angel.

It went considerably better than last time déclare Wes après que Cordy l’eut embrassé. Cela fait référence à un mémorable fiasco survenu lors de Graduation Day.

Boreanaz dissimule difficilement un fou rire lors de la première confrontation avec Wesley.

Cordélia a désormais hérité du don de prophétie de Doyle. Elle tue également un démon pour la première fois, après avoir déjà occis un vampire lors de Graduation Day.

Le second prénom de Wesley est un hommage à John Whyndham, important auteur britannique de Science-fiction (The Day of the Triffids).

La moto de Wesley est une Big Dog, très populaire durant les années 90.

Quoiqu’Américain, Denisof avait passé la majeure partie de sa carrière en Angleterre. Dès avant sa participation à Buffy contre les vampires, il était un ami d’Anthony Head (Giles), avec lequel il avait déjà joué sur scène. Ce dernier lui donna de précieux outils quant à la manière d’interpréter un digne gentleman anglais. A propos de Wesley, Head devait déclarer à la télévision : They were looking for somebody who thinks he’s Pierce Brosnan but is actually George Lazenby. Il précisa également être à titre personnel très triste du départ d’Alexis pour Angel et qu’il regretterait la tension existant entre les deux Observateurs.  Par la suite Denisof collaborera de nouveau avec  Whedon pour Dollhouse, Avengers ou encore Beaucoup de bruit pour rien.

Alexis Denisof devait épouser Alyson Hannigan (Willow) le 11 octobre 2003. Ils sont les parrains du fils de Joss Whedon, Arden.

Lors d’une interview, Whedon devait asséner : I have more fun writing Wesley than I Did Doyle. When Wesley came on, we were finding our legs.

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11. RÊVES PRÉMONITOIRES
(SOMNAMBULIST)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : Winrich Kolbe 

Plusieurs meurtres sont commis ces dernières nuits, or il s'agit du même mode opératoire que celui utilisé naguère par Angelus au faîte de sa puissance. Après avoir écarté la possibilité qu'Angel ait commis ses meurtres pendant son sommeil, nos amis tentent de trouver qui est le copycat. Pendant son enquête, Angel dévoile accidentellement sa véritable nature devant quelqu'un qui n'aurait jamais dû le savoir...

La critique de Clément Diaz: 

 

Branle-bas de combat chez Angel Investigations. Après le congé à durée déterminée (une petite éternité) de Doyle, l'entrée en scène du valeureux Wesley, et les maux de tête de Cordy, voilà maintenant le gros clash tant redouté (et attendu, hein, on est tous un peu masos) entre Angel et la belle Kate. L’histoire est très intéressante, malgré quelques longueurs. Le début où l’on croit qu'Angel est l'assassin (un p'tit retour de The First ?) avec ces rêves sordides et prémonitoires mettent tout de suite l'ambiance sombre qui réussit à la série.

L'adroit Tim Minear bute contre un "padawan" plus tête à claques que vraiment inquiétant (Jeremy Renner, déjà bien dans l'action avant Jason Bourne), mais il gère plutôt bien l'histoire et montre superbement bien les doutes, les craintes d'Angel, qui voit qu'il va devoir éliminer son fils spirituel. Leur lien entre eux deux est savamment ambigu : en plus de la folie de Penn, ce dernier aime son "sire" mais voudrait le "tuer" métaphoriquement (avant que ce soit pour de vrai comme souvent dans le Buffyverse), et Angel semble tourmenté lorsqu'il doit l’affronter.

La grande place laissée à Kate (toujours sublime Elisabeth Röhm) est justifiée pour mettre en évidence les deux univers qui vont rentrer en collision au cours d'une traque et d'une bagarre d'anthologie. Leur relation se dégrade illico - remarquable scène où Kate refuse de le laisser entrer, et depuis ne va cesser d’être rongée par un fiel intenable. Kate refuse d'abord l'évidence avant de l'admettre, mais sa relation de confiance avec Angel semble bien détruite. La rédemption est encore lointaine pour l'ancien Angelus. Sinon, Kate dressant le portrait de l’assassin rappelle une nouvelle fois le Frank Black de MillenniuM (sauf que les visions et l'aspirine, c'est pour Cordélia).

Wesley traverse l’épisode sans qu’on le remarque. Heureusement, Queen C vole quelques scènes comme lorsqu'elle se fait avoir par Penn, parle au fauteuil vide, ou bien quand elle console Angel dans la scène finale (If you become bad again, I'll kill you/Thanks you/What are friends for ?). Un bon épisode.

La critique d'Estuaire44: 

 

- I'm sorry what I did to you, Penn, what I turned you into.

-  A first class killer ? A bold re-interpreter of the form ?

- Try cheesy hack. Look at you. You've been getting back at your father for over 200 years. It's pathetic and cliched. You've probably got a killer shrine on your wall. News clippings, magazine articles, maybe a few candles. Oh, you are so prosaic.

De manière très ambitieuse, l'épisode s'articule autour de plusieurs confrontations. Angel/Peen combine astucieusement action et psychologie, sur un ton Anne Rice très reconnaissable (c'est assez Lestat/Louis totalement tombés dans le côté obscur). On sait bien que ce n'est pas Angel qui a commis les crimes, mais cela reste malgré tout dramatiquement fort. Angel/Angelus apparaît au cœur du récit, avec une superbe réminiscence de l'aura d'un des Big Bads les plus marquants de Buffy. A travers Peen, Angel est confronté à une personnification de son sanglant parcours, qui n'avait été le plus souvent évoqué qu'en flash back chez Buffy (hormis une rencontre entre Angel et Dru). Ici on passe au palpable et à l'effectif, logiquement pour un récit désormais centré sur le Vampire ayant une âme. De manière caractéristique, Penn utilise les mêmes manipulations qu'Angelus visant à torturer psychologiquement sa proie avant de la mettre à mort, de manière artistique. Chez Franck Black (MillenniuM) ce serait un passionnant cas de copycat prolongeant son inspirateur. Tout ceci conduit à une introspection interrogative d'Angel concernant son identité duale, menée de main de maître.

Par ailleurs la très riche intrigue ne réduit pas Penn à un simple écho, mais le dote d'une vraie personnalité. L'auteur a d'ailleurs la finesse de ne pas seulement le confronter à Angel, mais aussi de lui ménager des scènes avec Wes, Cordy et Kate. Le troisième conflit oppose d'ailleurs cette dernière à la part d'ombre d'Angel, intrinsèquement à Angelus, alors qu'elle même symbolise son rapport à l’humanité. Parmi ce récit si centré sur le passé, elle représente le moment présent, une scène déconnectée de Sunnydale où surviendra la rédemption ou la chute qu'entreprend de raconter la série. Cet épisode est d'ailleurs un tournant essentiel de sa relation avec Angel et son choix lors de la bataille finale prend la valeur d'une ordalie pour ce dernier. Celui-ci, malgré sa périlleuse double nature et son passé, représente bien une chance pour le monde, un champion. Un épisode particulièrement riche et maîtrisé, centré sur Angel et sur l'inépuisable complexité de sa dualité. Il évoque superbement al figure passionnante du Vampire, l'une des plus riches de notre folklore, davantage selon la tradition Anne Rice (la meilleure) que celle de Bram Stoker (et bien loin des végétariens sympas jouant au base-ball).

Les infos supplémentaires

Kate apprend ici qu’Angel est un vampire, ce qui va perturber définitivement leur relation.

On peut s’étonner que Kate trouve aussi facilement des informations sur Angelus, car Giles en avait seulement découvert dans les archives les plus secrètes du Conseil (The Watcher Journals.). Ou alors le LAPD a une ligne directe avec le FBI, service des Affaires non classées.

Il est également curieux de voir Wes inviter Angel à entrer dans l’appartement de Penn, en tant qu’Observateur, il devrait savoir que cela ne fonctionne pas comme cela.

Dans Sense and Sensitivity, Angel avait déclaré ironiquement à Kate : You've got me. I'm the Pope. Il s’agit ici du surnom donné par la presse au serial killer.

Quand Penn accroche le journal au mur, on entende la chanson Confusion, de New Order.

Alors qu’Angelus est prononcé avec l’intonation latine dans Buffy, on passe ici à la sonorité anglaise, un changement voulu par Whedon.

You'd be locked up faster than Lady Hamilton's virtue ! S’exclame Angel. Lady Emma Hamilton (1765-1815), ancienne prostituée, fut l’amante de l’Amiral Wilson  et de bien d’autres personnalités de son temps. Elle inspira plusieurs peintres, mais aussi Alexandre Dumas.

Penn est interprété par Jeremy Renner, qui deviendra Hawkeye dans le film The Avengers (2012) de Whedon.

Denisof apparaît désormais comme personnage régulier au générique. 

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12. GROSSESSE EXPRESS
(EXPECTING)

Scénario : Howard Gordon

Réalisation : David Semel 

Après un coup d'un soir, Cordélia se réveille... enceinte de plus de 8 mois ! Angel et Wesley comprennent qu'elle a été fécondée par un démon. Ils tentent au plus vite de le retrouver avant qu'elle accouche de son infâme progéniture – ce qui la tuerait au passage - d'autant qu'elle agit de plus en plus bizarrement et dangereusement...


La critique de Clément Diaz:

L'habile Howard Gordon pallie à la prévisibilité de son script par un traitement original de chaque situation attendue. L'intrigue démarre sur un pastiche acide de Rosemary's baby et se termine par un final à la SOS Fantômes, le tout irrigué par ce mix d'horreur et de comique qui fait la fortune des magnum opus de Whedon. Autour, on se régale grâce à Cordélia : qu'elle ait encore des progrès à faire dans le travail de classement, qu'elle se goure d'adresse dans ses visions, ou qu'elle pulvérise un démon frigorifié, tous ces moments affirment sa source comique et viennent pervertir son image de demoiselle en détresse, elle en avait bien besoin !

Chaque cliché se voit renouvelé : la visite chez le médecin est riche en twists (two, three, four, five, six... seven !) ; lorsque Wesley a trouvé le démon, Cordy l'assomme, Angel enquêtant chez l'amie de Cordy... découvrant aussi qu'elle est victime. Même le rituel de séduction cliché est revisité par les petites intrusions de notre ami Dennis (qui se calme vite quand Queen C menace de passer la version d'Évita de Madonna, pas fou le type). A chaque fois, on est agréablement surpris. Sinon, dans une scène, Angel est "pas content" quand on lui tire dessus, et malheureusement pour ses assaillants, il est "pas content" en mode Rambo. J'aiiime. Le final en mode nanar comique est à la fois ingénieux et un peu crétin, c’est délicieux. L'humour est bien contrebalancé avec l'horreur de la situation qui s'accroit à chaque minute où Cordy perd le contrôle, quand tout commence à partir méchamment en vrille (boyfriends disparus, bébés monstres à venir). Quelques moments d'émotion quand Dennis tend le mouchoir à Queen C, et quand Angel dit qu'il est "de la famille", ou la tirade finale de Cordélia. Impeccable.

La critique d'Estuaire44:


- Who are you ?

- Wesley Wyndam-Pryce, Rogue Demon Hunter, and I'm here to fight you, Sir, to the death...Preferably yours.

Très bonne idée que de raconter une pure histoire d'épouvante, très à la Rosemary's Baby, en mode série B. L'épisode se montre parfaitement distrayant, avec des scènes d'actions tirant toujours vers l'humour, voire la quasi parodie. On observe un mélange émotion/action/gags hilarants typique du style Whedon.. On apprécie que ce dernier continuât à toujours accorder autant d'importance à l'écriture de ces personnages. Nos trois amis ne sont plus des transfuges de Sunnydale que le hasard (ou les Puissances Supérieures) ont fait se retrouver à Los Angeles, mais forment bien désormais leur propre famille. Wes commence à évoluer, comme Observateur érudit mais aussi comme homme d'action. Il y a peu il aurait été ridicule en défiant le démon, ce n'est plus le cas ici. On remarque tout de même que l'ami Whedon a comme un relationnel difficile avec l'acte sexuel, quasi toujours synonyme de catastrophe dans ses séries (émergence d'Angelus, avilissement voire quasi viol de Buffy avec Spike, Xander utilisé pas Faith, Riley et Buffy en perdition dans une maison hantée, ici Cordy engrossée diaboliquement...). Se dégage comme un panorama d'ensemble, comme quoi Mulder et Scully ont bien fait d'attendre sept ans. Les effets spéciaux sont plutôt réussis pour l'époque. La saison 1 confirme son excellent niveau global. Des erreurs parfois graves seront à mon sens commises durant les 3 et 4 mais ici même les loners "standards" sont délectables.

Les infos supplémentaires

Wesley et Cordy  se font passer pour le couple Pangborn, un clin d’œil à l’auteur de Science-fiction Edgar Pangborn. Son ouvrage le plus connu s’intitule Angel's egg (1951).

L’mage de Wesley plantant accidentellement la hache dans le mur sera reprise au générique.

Une nouvelle allusion est faite à Batman quand, à propos de son maquillage, Cordy déclare : Now I look like the Joker.

La première version du scénario de Tim Minear était franchement humoristique, mais Whedon insista pour qu’il se rapproche davantage de l’épouvante.

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13. GUERRE DES SEXES
(SHE)

 Scénario : David Greenwalt et Marti Noxon

Réalisation : David Greenwalt

Angel est sur la piste d'une démone d'une autre dimension, dont la venue coïncide avec un meurtre dont Cordélia a eu la vision. Angel découvre que la démone avait de solides raisons de venir sur Terre...

La critique de Clément Diaz:

She est une intéressante métaphore de l'oppression exercée sur les femmes par des sociétés patriarcales, et Jheira une excellente figure féministe (on sent la patte de la brillante Marti Noxon dans ce portrait). Cette double thématique est la force d'un récit rythmé par la caméra allante de Greenwalt. Bai Ling et sa curieuse beauté jouent avec aisance ce rôle de "dure à cuire", qui doit lutter à la fois contre des esclavagistes et ses pulsions intérieures. A la fois cogneuse, écorchée vive, dure comme l'acier, elle fait penser à une Slayer dans son jour le plus noir. La dame tout comme Angel bénéficient de scènes d'action énergiquement chorégraphiées, tandis que voir Cordélia et Wesley monter au front, risquer leurs vies, donne enfin cet aspect "Scooby-gang" que tout fan de Buffy aime, alors plutôt absent de l'ère Doyle. Et puis, Wesley ne se dépare pas de son humour en salarié servile (Cordy assure en coryphée ironique), alors tout va bien.

Pas mal de morceaux de bravoure comme les orbites qui explosent, Jheira disposant d'Angel, la lobotomie de la démone (filmé presque comme un viol), ou cette scène mi-érotique mi-effrayante de ces femmes inconscientes court vêtues dans des bains de glaçons (le Wes est gentiment émoustillé). Mais on sera encore plus sensible à la tension sexuelle de malade entre Angel et Jheira (Noxon's touch après Surprise et avant Dirty girls dans Buffy) : le jeu des acteurs est particulièrement ardent dans la scène d'explication tandis que le simple effet spécial de l'échine brûlante est plus "hot" que n'importe quelle étreinte.

Et il y'a ce portrait en fond de cette femme tellement enfermée dans sa dureté et dans sa croisade désespérée que son mépris des vies humaines pousse à vouloir sacrifier Cordy et Wesley. Cela autorise un final inachevé et très froid, avec ces deux êtres qui auraient pu se rapprocher mais séparés par leurs personnalités et leurs valeurs. Toutefois, le gros point négatif est que le récit, pour aussi dense qu'il soit, ne paraît pas très "adrénalinant". Cette longue course-poursuite a ses temps morts et ses longueurs. Un épisode quand même réussi, où l'on sent qu'Angel, après un début de saison peu sûr, commence à trouver sa voie.

La critique d'Estuaire44:

 - There's no answer.

-  I bet he forgot to turn that thing on again. You'd think a guy who knows how to use an ancient Scythian short bow could figure out how to use a cell phone.

L’épisode cumule plusieurs maladresses. On y trouve certes de l’humour, notamment à la party avec les dieux du dance floor. On apprécie la confirmation de Wes au sein de l’équipe (on peut se demander si ce n’est pas du méta récit vis-à-vis de Denisof). Dans une saison très connotée Batman, on apprécie que l’on introduise une simili Wonder Woman. Mais la version donnée est très caricaturale, de même que la situation de guerre des sexes dans son univers. Le récit se traine un peu, avec également une tentative de romance arrivant trop tôt après la rupture avec Buffy (et I Will Remember You). D‘ailleurs les auteurs le sentent bien et restent sur un entre deux finalement stérile. On ne sent pas de courant passer entre Angel et l’Amazone Venue d’Une Autre Dimension. L’épisode introduit les portes ouvrant sur des plans démoniaques, qui prendront de l’importance dans la suite de la série. Mais le traitement n’en colle pas ici avec l’atmosphère de la série, au lieu de fantastique on se retrouve plutôt devant des trous de ver genre Science-fiction à la Sliders, C’est mal ajusté, de plus l’apparence des démones fait très Science-fiction  rétro, assez Star Trek.

Les infos supplémentaires

Jheira est interprétée par l’actrice Bai Ling. D’origine chinoise, elle gagna les Etats-Unis après les évènements de la place Tiananmen.

Le tableau examiné au musée par Angel est La Musique aux Tuileries, d’Edouard Manet (1863).

Angel indique connaître Beaudelaire : Baudelaire -Interesting fellow. In his poem 'Le Vampire' he wrote: « Thou who abruptly as a knife didst come into my heart ». Some even speculated that the poem was about a real vampire. Angel indique clairement que Beaudelaire  a écrit le célèbre poème Le Vampire (dans le recueil Les Fleurs du Mal)en référence à Angelus.

Jheira devait initialement revenir pour au moins un épisode, mais le projet ne s’est jamais concrétisé.

Le titre original est celui d’un des romans les plus connus du romancier anglais Henry Rider Haggard (1887). Il raconte des aventures exotiques dans le royaume africain imaginaire de Kôr, dirigé par une reine immortelle âgée de 2 000 ans.

Wes devient officiellement membre d’Angel Investigations.

La musique sur laquelle dansent Wesley et Angel est extraite de la chanson Strangelove Addiction, des  Supreme Beings Of Leisure.

L’incapacité d’Angel a se servir de son téléphone portable va devenir une plaisanterie récurrente de la série. Buffy et les siens n’en seront équipés qu’en 2002, soit près de deux ans et demi plus tard. 

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14. EXORCISME
(I'VE GOT YOU UNDER MY SKIN)

Scénario : Jeannine Renshaw, d’après une histoire de David Greenwalt et Jeannine Renshaw

Réalisation : Robert David Price (crédité comme "R.D.Price")

Angel sauve de justesse le jeune fils d'un couple d'humains après qu'une vision de Cordélia l'ait amené là où il habite. Lui et Wesley ont des soupçons sur cette famille et comprennent qu'un démon a pris possession d'un de leurs corps. Ils ne savent toutefois pas que l'affaire est plus complexe qu'elle en a l'air...

La critique de Clément Diaz:

Les auteurs ont le courage de s'attaquer au sujet archi étudié de l'exorcisme, qui depuis le monument de William Friedkin (cité par Cordy qui commence à devenir la geek de service, mais bon elle arrive après Xander), a engendré une vague de navets assez gigantesque. Peut-être à cause de l'enchaînement forcément automatique des événements. Toutefois Greenwalt et Rennshaw ont l'excellente idée de mêler le sujet avec le whodunit, le suspense à la Hitchcock, la comédie, et la psychologie, ce qui donne à l'épisode d'excellents atouts.

La tension lourde entre le père et Angel, et l'enthousiasme un peu trop démonstratif de la mère commencent par mettre mal à l'aise, et l'idée des brownies comme révélateur de démons donne ce côté décalé si Whedonesque. Les pièges du démon, bien que prévisibles, frappent par leur efficacité : chantage affectif à la mère, culpabilité du survivant d'Angel, dépréciation voire haine de soi-même pour Wesley (Your latin sucks !). Seule l'escapade comique de Cordy Lagaffe donne un peu de lumière. Whedon applique à le lettre un de ses credos qu'il avait énoncé dans une interview : I'm very much of the "make it dark, make it grim, make it tough" but then, for the love of God, tell a joke ! Et à chaque fois, ça marche.

Toute la séquence précédant l'exorcisme est d'un suspense de fou, et l'exorcisme lui-même fait par Angel (!!!) fait son grand effet. Et puis, il y'a ce twist final massif (imaginé par Whedon) qui renverse absolument toutes les perspectives de l'épisode, très Twilight Zone (on songe à It's a good life) et qui confirme la tendance noire de la série. On aurait jamais eu un démon du jour comme ça dans Buffy - je garde un silence pudique sur l'Annoyed one. Bon, final trop rapide, certes, mais l'absence de happy end, poignante, compense largement cette hâte. L’épisode est proche de celui correspondant des X-Files, Les Calusari, en commun, les mêmes qualités.

La critique d'Estuaire44:

 - I know you bring death. I do not fear it. The only thing I've ever feared is in that house.

Après la relecture de Rosemary’s Baby, on trouve celle de L’Exorciste, toujours sur un ton très Whedon. L’épisode résulte très solide, avec un twist magistral. L’idée d’un psychopathe à la Jason possédé par un démon pris à son propre piège s’avère un remarquable sujet. Comme souvent l’humour ne vient pas dépareiller avec l’épouvante, bien au contraire. Les exorcismes seront très fréquents dans Supernatural, ici on tape plus fort que la moyenne de cette série. Opposer un humain sans âme à Angel compose un joli effet miroir.

Il se confirme que dans le Buffyverse l'âme est avant tout la distinction entre le Bien et le Mal, donc ne recouvrant pas exactement la notion religieuse. Très bonne interprétation du gamin, ce qui n’arrive pas si souvent dans les séries américaines. Le récit met astucieusement l’accent sur Wes, au moment où celui-ci accentue sa mue. Ses problèmes avec son père sont assez classiques (assez similaires à ceux de Giles), mais bien rendus par l’interprétation. Bravo au titre original, comme souvent.

Les infos supplémentaires

Le titre original est une référence au standard de Cole Porter (1936), reprise par Sinatra, entre bien d’autres artistes.

Après Cody, c’est à Wes qu’Angel indique qu’il approuverait que l’on tue Angelus, le cas échéant.

Les dialogues comportent plusieurs références à L’Exorciste (1973), évidente inspiration de l’épisode.

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15. 1753
(THE PRODIGAL)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : Bruce Seth Green 

Angel soupçonne Trévor, le père de Kate, d'être compromis dans un trafic. De son côté, Trévor sent que le détective le soupçonne, et cherche à en savoir plus sur lui. Bientôt, un terrible drame frappe Kate de plein fouet...

La critique de Clément Diaz:


The prodigal doit sa solidité aux multiples petits arcs de Tim Minear : les flashbacks d'Angel, le démon dealer (il faut de tout pour faire un monde n'est-ce pas ?), les difficiles relations père-fils, la relation contrariée Angel-Kate, la soif d'amour et à défaut de vengeance, le déni de réalité, le fun avec Cordélia... Avec un mélange aussi roboratif, le seul regret consiste en des méchants ici un peu schématiques.

Commençons par Kate ; ceux qui ont voulu la comparer à une sous-Buffy n'ont rien compris : Kate sert la loi et l'ordre mais n'a pas la dimension tragi-héroïque de la Slayer. Elle s'occupe des hommes, non des démons. Le Buffyverse n'est pas une métaphore pour elle mais une collusion violente entre son monde rationnel et l'irrationnel. Kate n'est pas une "chosen", elle a choisi elle-même son fardeau. Elle reste un flic proche des canons télévisuels communs (flic sombre mais admirable), mais cette figure conventionnelle ne l'est plus dans l'univers d'Angel car elle incarne une justicière qui a les mêmes buts que le riant vampire, ET qui tente de colmater les frontières, mais qui ne peut y arriver. Si elle se bat ici, c'est seulement par vengeance. Sa relation avec Angel, amère et sans but, sans tension sexuelle, n'en est que plus forte. Elisabeth Röhm est magnifique en tous points. Leur lien devrait d'ailleurs encore empirer après l'exécution inattendue d’une des victimes, et la tragique ironie voyant Angel incapable de lui porter secours. Le lien entre le père de Liam et celui de Kate, qui aiment mal leurs enfants, et n'admettent pas leurs choix de vie, est finement dessiné. Angel compte parmi ses tourments le fait qu'il ne sera jamais guéri de son père, tout comme Kate. Au milieu d'une telle psychologie, l'intrigue de la glande fait McGuffin, mais ce n'est pas grave. Belles bagarres, dont celle de l'entrepôt.

Et puis, il y'a ces enchanteurs flash-backs avec costumes et décors ad hoc, bastons, troussage de nanas, jolies vampires, et puis surtout surtout, la sublime Darla. Présence joyeuse et curieusement morale, Julie Benz est impériale, avec un jeu souriant toujours bardé d'aspérités ambiguës. Elle vole chacune de ses scènes avec David. L'absence de happy end tombe à point pour cet épisode froid et sombre, hormis le gag de l'alarme de la maison (Cordy a toujours d'excellentes idées). Bien joué !

La critique d'Estuaire44:

- Oh, his lies sound pretty when the stars are out. But he forgets every promise he's made when the sun comes up again.

- That wouldn't really be a problem for me, actually.

Kate achève de montrer ici qu’elle ne sera pas une seconde Buffy, ce qui serait indigne du génie créatif de Whedon. Elle est un élément indispensable à cette première saison se voulant davantage réaliste et jouant habilement d’un mix original entre les codes du Fantastique et ceux des récits de détective. Partenaire policière idéale d’Angel, tourmentée et héroïque, exigeante et sans concessions, Elle apporte immensément à la première période de la série, ainsi qu’une posture jamais réellement vue jusqu’ici à Sunnydale. Leur relation n’est en rien un amour fusionnel mais une amitié ombrageuse et exigeante, jamais exempte de défiance, là aussi c’est original et fort, avec une actrice idéale pour le rôle.  On apprécie beaucoup le refus de toute romance ou d’effet facile dans ce rapport épineux. L’épisode traite aussi avec talent des rapports difficiles avec la paternité, une quasi constante chez les héros de Whedon, tout en se montrant particulièrement riche du point de vue mythologique.

Nous sommes gâtés car l’on retrouve une deuxième actrice très douée, Julie Benz comptant parmi les meilleures qui soient dans le monde des séries télé (on lui doit notamment une composition bouleversante d’émotion dans Supernatural). Alors que l’on peut considérer que Darla a été sous exploitée et trop tôt congédiée par la saison 1 de Buffy, Angel débute ici une magistrale réhabilitation du personnage. Darla se montre fascinante dans ces flashs back bien loin des reconstituions plates d’Highlander. Interprétation dialogues et mise en scène captivent de bout en bout. Ils établissent également une jonction agréable avec la série mère, notamment avec ceux-vus en fin de saison 2. De manière habile, ils introduisent la force perverse du rapport entre Angelus et sa Dame, qui justifiera l’écho rencontré chez Angel en saison 2.

Les infos supplémentaires

Darla apparaît pour la première fois dans Angel (hormis le clip de présentation), pour l’heure uniquement en flash back.

Le véritable prénom d’Angel est Liam, soit le diminutif de William, le  propre prénom de Spike.

On aperçoit les dates 1727-1753 sur la tombe de Liam. Angel avait 26 ans quand Darla l’éveilla à la Nuit éternelle.

La jeune servante de la taverne est Christinan Hendriks, qui incarnera la vénéneuse Saffron, l’une des plus notables antagonistes de Firefly. Elle est principalement connue pour le rôle régulier de Joan Harris dans Mad Men.

Darla est interprétée par Julie Benz, excellente actrice ayant participé à de nombreuses séries. Elle tient ainsi le rôle régulier de Rita dans Dexter et tient actuellement l’affiche de Defiance. Elle candidata pour le rôle de Buffy, mais obtint finalement celui de Darla. La qualité de son jeu encouragea Whedon à développer ultérieurement le personnage. 

Quand Angelus va assassiner sa famille humaine, sa petite sœur le prend pour un ange. Il s’agit sans doute de l’origine du surnom attribué par Darla.

Quand Trevor demande si Angel réside à West Hollywood, il sous-entend que celui-ci est gay, soit l’une des plaisanteries récurrentes de la série. West Hollywod  est le quartier d’élection de la communauté gay de los Angeles, la ville sert ainsi de décor à la série lesbienne The L Word.

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16. LA PRISON D'ANGEL
(THE RING)

Scénario : Howard Gordon

Réalisation : Nick Marck

Alors qu'Angel enquête pour retrouver le frère d'un client, il est capturé dans un bar, et réduit en esclavage : il est désormais un gladiateur, et doit combattre d'autres démons jusqu'à leur mort... ou la sienne. Lilah Morgan, avocate de Wolfram & Hart, propose un marché à Angel, pendant que Wesley et Cordélia tentent de retrouver la trace de leur boss...

La critique de Clément Diaz:

Aujourd’hui, dans Spartacus : blood and sand, euh pardon dans Angel, on ressuscite ces fameux combats à mort de gladiateurs, spectacle barbare mais horriblement fascinant. La sauvagerie des combats (et du sanguinaire public) est ici particulièrement cinglante. Les cascadeurs dingos s'en donnent à cœur joie dans des combats captivants et furieux. L'équipe des effets spéciaux se fait plaisir avec des désintégrations simples mais efficaces ; le réalisateur, Nick Marck, varie au mieux les angles, c'est du grand art. Après un twist remarquable (on s’étonne plus qu'Howard Gordon ait fait carrière dans 24 heures chrono ensuite), nous voyons Angel se battre pour conserver sa pureté dans cette fange de sang et de trognes qui ont dû faire cauchemarder plus d'un maquilleur. Spartacus moderne, ses incitations à la révolte, sans effets immédiats, prennent petit à petit leur effet. Face à deux belles ordures, Angel fait preuve d'un idéalisme inflexible. Dans sa scène avec Lilah Morgan, auquel Stéphanie Romanov imprime une beauté coupante et vénéneuse, il refuse sa liberté pour ne pas tomber dans la compromission. Les charmes vénéneux du côté obscur, Angel n'y sombre pas, et on l'admire d'autant plus. Excellente interprétation de Boreanaz. Mention aussi au veule bookmaker, une bonne sale tête.

Réjouissances du côté Wesley-Cordélia, duo dont l'efficacité est plus proche de la méthode Maxwell Smart (voire de l'inspecteur Clouseau) qu'autre chose. Non seulement leurs crises de bec sont aussi stupides qu'hilarantes, mais on se bidonne devant une accumulation de gaffes, bévues, et boulettes, traversée de fulgurants éclairs d'inspiration. Leur infiltration en tant que détectives du FBI est un modèle burlesque à ne pas manquer. L'artisanal travail d'ouverture du bracelet est du même lait, et on atteint un sommet avec Wesley braquant Darin... en oubliant de désactiver le cran de sécurité ! De l'autre côté, Wesley nous épate lors de sa confrontation avec la bande des bookmakers, dégainant arbalète et flingue aussi vite que Lucky Luke, ou bien Cordy qui pousse Darin dans l'arène. Le « Fang Gang » commence enfin à s’exprimer. La méthode Scooby-Gang, c'est la meilleure ! L’histoire achève sur une chute retentissante à l’humour noir dévastateur. Mort de rire !

La critique d'Estuaire44:

- I prefer to think of it as picking the battles you can win. There's not one reason why we can't work together.

- You're right... there are about a thousand.

La première partie sépare peut être un peu mécaniquement les deux genres dont la fusion constitue la griffe de cette première saison l’enquête de privé classique et la dimension fantastique. Mais Angel mène rondement les choses et on adore découvrir Wes et Cordy reconstituer leur petite Bibliothèque de Giles et retrouver des intonations à la Sunnydale. De plus cette césure ne se prolonge pas outre mesure et débouche sur un passionnant récit à la Spartacus. Le côté spectaculaire est bien rendu (combats, maquillages primés à l’époque), tandis que le psychologique demeure au cœur du propos. Les « monstres » résultent bien caractérisés et Angel se retrouve de nouveau face à lui-même, entre attraction de son être pour la violence et impératif moral. Boreanaz restitue parfaitement  cette nouvelle épreuve franchie par le héros.

On s’amuse d’ailleurs à imaginer ce qu’aurait donné la situation avec le Spike, avec sans doute quelques distributions de mandales en prime. Belle entrée en matière pour Lilah Morgan, la pure jouvencelle de Wolfram & Hart Attorneys at Law. Elle fait très Nelle Porter tombée dans le côté obscur. Wes et Cordy trouvent leur place et continuent à monter en puissance. Un épisode solide et joliment maîtrisé, avec pour seul bémol un relatif manque d’originalité, ce type d’histoires de gladiateurs se retrouvant assez fréquemment dans les séries fantastiques et de Science-fiction. Jon se souvient ainsi d’un mémorable combat d’Ackles contre Jessica Alba (Dark Angel), finalement remporté par un coup de pied bien placé de la damoiselle.

Les infos supplémentaires

L’un des démons surnomme Angel « Captain America », soit l’un des Avengers plus tard filmés par Whedon (2012).

L’épisode fut proposé aux Emmy Awards en 2000, pour la qualité de ses maquillages.

Apparition de Lilah Morgan, l’élément féminin de Wolfram & Hart.  Ancien mannequin de l’agence Elite, son interprète Stéphanie Romanov se fit connaître comme actrice grâce à la série Top Model Inc (1994-1995).

Les trois avocats  de Wolfram & Hart mis en avant ont les mêmes initiales : Lilah Morgan, Lindsey McDonald et Lee Mercer.

Angel sait parler l’Espagnol, l’Italien et le Russe.

La perforation due à la balle change à plusieurs reprises d’emplacement sur le costume d’Angel.

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17. JEUNESSE ÉTERNELLE
(ETERNITY)

Scénario : Tracey Stern

Réalisation : Regis B. Kimble

Rebecca Lowell, jeune actrice talentueuse mais en perte de vitesse, est victime d'un fan détraqué qui veut la tuer. Après qu'Angel l'ait sauvée une fois, elle se met sous sa protection. Quand elle découvre qu'il est un vampire, Rebecca se rapproche curieusement de lui, mais elle commet involontairement une erreur qui pourrait bien être fatale à elle... et à Wesley et Cordélia !

La critique de Clément Diaz:

L’épisode vaut moins pour son indolente intrigue que pour sa lecture à l'acide du traitement des actrices Hollywoodiennes. Rebecca Lowell, incarné par la magnifique Tamara Gorski, est le prototype parfait de ses comédiens de série qui une fois trouvé le rôle de leur vie, sont condamnés à rester dans le purgatoire d'une carrière qui ne décolle plus, car prisonniers alors de ce rôle (une expérience subie plus ou moins par Sarah Michelle Gellar). Il y'a aussi cette phobie de la vieillesse qui vous saisit... à 24 ans, et cette sorte de haine jalouse envers un personnage que certes vous avez aimé incarner, mais qui dans une perspective à la Dorian Gray sera pour toujours jeune éternellement contrairement à vous qui vieillissez.

Et puis, il y'a la solitude des stars, condamnés ou au célibat, ou à des liaisons qui souvent capotent, et sans doute Rebecca agit autant par égoïsme que par peur de solitude quand elle cherche un compagnon comme notre cher vampire. Elle veut la jeunesse, mais sans doute aussi un homme comme lui. Le personnage est bien approfondi car se montrant prête à payer le prix de son vœu. La tension sexuelle de la scène du champagne fait son effet. L'épisode frappe également un grand coup avec une dénonciation fulminante et visionnaire d'un fléau d'aujourd'hui : le "buzz" à tout prix, orchestré ici par l'agent de la comédienne. Si cela casse en partie l'intérêt de l'histoire, la force du message est si forte que l'on peut pardonner cette virtuosité un peu vaine.

L'épisode vaut beaucoup pour le numéro de stand-up de Charisma Carpenter qui joue à fond l'égocentrisme avec un abattage de chaque instant : grand moment d'hilarité lors de son interprétation de la pièce de théâtre devant un Angel et un Wes terrifiés, et surtout son obsession à se faire remarquer de son illustre cliente, on rit à chaque fois. L'épisode doit beaucoup à son cataclysmique rebondissement central. Ok, le coup de la pilule de bonheur est aussi gros qu'un camion, mais quel plaisir de retrouver le sens de l'humour si... particulier de ce Big Bad, sa propension à semer la terreur dès qu'il apparaît, son plaisir sadique à jouer avec les nerfs de ses victimes. Et puis, cela nous vaut un plongeon héroïque de Wesley et un bluff splendide de Queen C. Joyeux épilogue super vachard. Love you Cordy, c'est pour ça qu'on t'aime.

La critique d'Estuaire44:

 - What are you talking about? First off, Rebecca Lowell hasn't had a series since On Your Own was canceled, and that was almost a season and a half ago!

-  And they say there are no seasons in Los Angeles.

On trouve une saveur assez à la Twilight Zone, avec une histoire finalement très proche de The sixteen-millimeter shrine, avec son actrice au désespoir de vieillir et de voir sa carrière péricliter, mais aussi son impresario et ami. La rencontre avec un Vampire résulte plus mélancolique encore que le refuge dans le film, d’autant que l’épisode s’appuie sur une superbe composition de l’actrice invitée du jour et quelques bonnes idées, comme le joli parallèle avec l’image vieillissante renvoyée par le miroir de la star et l’absence de celle d’Angel. L’intrigue nous situe aussi pleinement dans l’ambiance impitoyable d’Hollywood et de Los Angeles, avec son clinquant souvent trompeur.

On apprécie la bascule narrative, voyant le récit passer de l’optique de l’actrice à celle des compagnons d’Angel. On y voit la volonté des auteurs de ne pas cantonner Angel à un Forlula Show (avec le client de la semaine) pour au contraire se centrer sur les relations entre personnages principaux, ce qui est plus porteur.  En grande forme, Queen C se montre particulièrement divertissante.

L’éphémère retour d’Angelus convainc nettement moins. II apparaît comme un accident de parcours au lieu de se situer au centre de la problématique de l’épisode, comme cet évènement le mériterait. Boreanaz avait parfaitement incarné le personnage chez Buffy, il est dommage que l’omniprésence du maquillage vienne ici limiter son interprétation. Surtout, le concept d’Angelus seulement là en mirage développé par Wes demeure flou et apparaît comme une facilité scénaristique, destinée à justifier le retour d’Angel sans le rituel de Thesulah. De même que la félicité connue avec Buffy s’avoisinant à l’effet d’une drogue se ressent comme une goujaterie envers la Slayer.

Les infos supplémentaires

Rebecca est interprète par Tamara Gorski ; Celle-ci a participé à de nombreuse séries et fut notamment la déesse celte de la guerre Morrigan pour Hercule. Elle mène également une carrière de chanteuse.

Elle a indiqué que Whedon  montra Eternity à August Richards (Gunn) pour l’inciter à rejoindre la série.

L’épisode marque la première apparition d’Angelus dans la série. Cela provoque une crise de confiance au sein d’Angel Investigations, un thème qui sera développé lors de la saison 2.

La pièce qu’interprète  Cordélia est The Doll’s House, du Norvégien Henrik Ibsen (1879)/ Le titre sera reprise par Whedon pour sa série avec Eliza Dushku.

Tim Minear a justifié l’usage de la drogue car autorisant l’introduction d’Angelus sans avoir à gérer un arc scénaristique important (ce sera le cas en saison 4).

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18-19. CINQ SUR CINQ / SANCTUAIRE
(FIVE BY FIVE / SANCTUARY)

Scénario : Jim Kouf (1re partie), Tim Minear et Joss Whedon (2e partie)

Réalisation : James A. Contner (1re partie) et Michael Lange (2e partie)

*Cet épisode est la suite directe du double épisode 4.15/4.16. Une revenante de Buffy contre les vampires. L’épisode 4.20 Facteur Yoko de Buffy contre les vampires s’enchaîne de même à celui-ci.

Faith Lehane arrive à Los Angeles, avec la ferme intention de semer le bordel partout où elle passe, et assouvir sa soif d'argent et de violence. Repérée par Wolfram & Hart, Faith accepte contre rémunération de se venger et de tuer Angel. Alors que la police, le Conseil des Observateurs, et Buffy elle-même sont sur ses traces, elle instaure un jeu violent et pervers avec Angel, qui essaye de son côté de trouver le point faible de la folie psychotique de Faith...

La critique de Clément Diaz:

Five by five, un titre qui résume bien l'épisode tellement on se délecte de chaque seconde passée en compagnie de Super bad Faith !!! Jim Kouf n'hésite pas à en demander un max à l'actrice, et il a raison : avec Eliza, on peut faire tout ce qu'on veut ! Cet épisode est une apologie à la gloire du personnage : Faith la sulfateuse, Faith l'allumeuse, Faith la gameuse, Faith la folle furieuse, Faith, Faith, Faith, on ne voit qu'elle ! Et puis, elle va très mal la Faith : elle a vu dans Who are you ? (saison 4 de Buffy) qui elle est devenue : elle se déteste, elle se hait, elle cherche un moyen de s'affirmer, une raison de vivre. Elle est tellement traumatisée, qu'elle cherche une surcompensation en embrassant un fantasme de Big Bad. Mais c'est une solution de désespoir, non une conviction. Conséquence, elle surjoue, elle suragit, ce qui donne un show démentiel ravageur : Entrée spectaculaire, danse aguicheuse et enfiévrée dans le bar mâtinée de violence gratuite, négociation à sens unique (le premier qui marchande mes conditions, je lui casse la tête contre le lavabo), rencontre-choc avec Angel arbalète à la main, scène de confrontation avec le pistolet (sous-entendus sexuels à fond les manettes), sadisme explosif avec ce pauvre Wesley - et cette manie d'hypersexualiser tout ce qu'elle fait, mais quel délice, my God, quel délice !

Et puis, ha, cette battle royale contre Angel d'une violence fulgurante, c'est la cerise sur le gâteau, c'est le couronnement, avec à la toute fin, une composition foudroyante où Faith échoue à faire entrer Angel dans son jeu diabolique : Angel, qui a compris avant tout le monde sa souffrance énorme, qui refuse de l'attaquer. Une inertie efficace qui fait voler en éclats la fureur de la lost girl qui dévoile son vrai visage : une pauv'fille qui ne se supporte plus, une capricieuse en perdition, autodestructrice, cherchant la folie ou la mort. Le personnage, un des plus explosifs et ravagés des séries télé, trouve son climax lorsqu'elle s'effondre dans les bras d'Angel – l'actrice déclara à raison que cette scène est la meilleure qu'elle ait tournée en tant que Faith. Eliza Dushku est mythique.

Sinon, on apprécie les confrontations plus directes avec Wolfram & Hart, notamment avec le visqueux Lindsey et la vénéneuse Lilah. Le premier a d'ailleurs droit à un beau duel à fleurets mouchetés face à Angel. Il y'a de plus les flash-backs retraçant la malédiction d'Angel, avec toujours ce soin des magnifiques reconstitutions d'époque, sans oublier Darlaaaaa. Enjoy !

Faith, Buffy, et Kate dans un même épisode. Avec ce triple atout, Whedon et Minear réussissent quand même à décevoir avec Sanctuary, continuation terne du magistral opus précédent. Le chemin de la rédemption arpenté enfin par Faith doit malheureusement cohabiter avec une chasse à l'homme caricaturale. Wolfram & Hart chute dans notre estime en envoyant mollement un second tueur qui se fait bien entendu vite dessouder par Angel, puis délèguent le tout à Kate, croisent les bras, et see ya ! Kate est réduite à la portion congrue, malgré un délire autour d'X-Files, rappelant que le Boss connaît ses classiques (qui n’a pas fantasmé sur un scénario signé Chris Carter et Joss Whedon ?), mais c'est mince. Le plus maladroit, paradoxalement, réside dans le retour de Buffy, fausse bonne idée. Malgré une Sarah Michelle Gellar toujours intense, Buffy ne vient que pour jouer le rôle de juge/bourreau. S’il est juste que Faith ait une telle épreuve, on ne peut qu’être gêné que Buffy ne vienne uniquement que par vengeance personnelle. Une option qui rend le personnage plus irritant. Aussi, on appréciera l’engueulade finale avec Angel, où nos deux amis se quittent la rage au cœur. La venue des trois tueurs est aussi malvenue que contreproductive, donnant un effet "tous contre Faith" trop appuyé.

Heureusement, Wesley, Angel, et Faith maintiennent la qualité. Le premier force l'admiration par sa loyauté et par son refus de se venger en ne livrant pas Faith. Le deuxième reste fidèle à sa mission en protégeant Faith, quitte à subir les foudres de son amour. Quant à la troisième, elle est diablement émouvante alors qu'elle commence son chemin de croix. Sa reddition finale montre son détachement face à sa croyance qu'elle était au-dessus des lois, et se soumet à la justice des hommes. Dans ce difficile parcours, Eliza Dushku délaisse son énergie explosive, mais se montre bouleversante dans l'émotion et la douleur. Une actrice hors de pair, décidément.

La critique d'Estuaire44:

- I've gotta be the first Slayer in History to be sponsored by a vampire.

Le retour de Faith constituait autant une opportunité qu'un défi pour une série encore débutante. Le résultat est à la hauteur des espérances, en parvenant à associer de grands moments d'action (sans doute le combat le plus spectaculaire vu jusqu'ici) à une fine étude des personnages : le désespoir nihiliste et psychotique de Faith, la compassion d'Angel, dont l'empathie avec Faith est parfaitement exprimée par Boreanaz. Wes trouve aussi toute sa dimension tandis que Wolfram & Hart s'avère un joli nid de frelons. On apprécie de retrouver Lilah, tandis qu'une captivante rivalité s'installe entre Angel et Lindsey. Outre sa vitalité et son sex-appeal coutumiers, Eliza Dushku exprime parfaitement ;la dimension tragique de Faith, avec en arrière fond tout un débat sur le libre arbitre face au Destin débuté dans Who are you ?. La scène où elle fend l'armure devenue une prison est bouleversante. Sanctuary poursuit ce carrefour des Destins, avec une grande justesse dans l'approche des motivations de chacun, y compris les Chasseurs du Conseil. Eux-aussi sont pris au piège des évènements, jusqu'à une quête condamnée d'avance.

Le récit héberge sans doute un peu trop de personnages, mais l'essentiel demeure bien mis en avant, avec le triangle Buffy/Angel/Faith. Whedon manifeste une véritable audace en rendant Buffy, son héroïne emblématique, quasi antipathique par moments. Angel émeut en associant pleinement sa 1rédemption à celle de Faith, il n'est pas seulement là pour sauver des vies mais aussi des âmes, alors que Buffy semble se cantonner  à son rôle de Tueuse et à ses ressentiments personnels (certes justifiés). Buffy n'apparaît pas non plus sous son meilleur jour quand elle lance à Angel qu'elle a désormais quelqu'un d'autre dans sa vie. Toute cette scène d'ultime séparation résulte dramatiquement forte et très amère.

Au niveau du méta récit on peut aussi y voir une affirmation de la série dérivée face à Buffy the vampire Slayer, quand Angel affirme que L.A. est "sa" ville. Whedon devra tout de même se fendre d'une réconciliation à Sunnydale pour ne pas désespérer les fans de Buffy/Angel mais on sentira bien que la virée d'Angel sera avant tout fonctionnelle, dépourvue la présente intensité. La tension de la relation Buffy/Faith demeure toujours aussi remarquable. On apprécie aussi que Wes opte en définitivement pour l'humanité, plutôt que pour la vengeance, cette saison 1 lui aura définitivement donné une nouvelle aura, et c'est loin d'être fini. Un seul regret : Faith était tellement géniale en Bad Girl...

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Les acteurs du flash back autour de Darla sont les mêmes que ceux de l’épisode Becoming de Buffy contre les vampires.

L’épisode contient la seconde et ultime participation de Sarah Michelle Gellar dans la série. Elle apparaîtra dans Just Rewards (5.02), mais uniquement en images d’archive. Buffy sera interprétée par une autre actrice lors de Soul Purpose (5.10) et de The Girl in Question (5.20). La saison 8 Comics de Buffy indiquera d’ailleurs que, lors de ce dernier épisode, il ne s’agissait pas d’elle, mais d’un leurre.

La pluie sous laquelle combattent Angel et Faith était prévue au script, mais annulée par contrainte budgétaire. Mais le hasard voulut qu’il plut réellement lors du tournage.

Faith accomplit ici sa première apparition dans Angel. Five by five est son expression préférée dans Buffy the Vampire Slayer.

Le propriétaire de l’appartement où Faith torture Wesley est toujours vivant, or Angel parvient néanmoins à y pénétrer sans avoir été invité.

Faith danse sur la musique de Living Dead Girl, par Rob Zombie

Joss Whedon figure comme co-auteur de l’épisode car Tim Minear se sentait mal à l’aise à l’idée d’aborder le personnage emblématique de Buffy. Whedon écrivit lui-même toutes les dialogues de  Buffy et l’ensemble de la dernière scène entre elle et Angel.

Ce dialogue marque l’unique fois où Buffy déclare aimer Riley, y compris dans sa propre série. On peut estimer qu’il s’agit d’une manifestation de son dépit envers Angel.

Une allusion aux X-Files est réalisée quand Kendrick déclare à Kate qu’elle est Scully et qu’elle réplique être Mulder. Effectivement elle croit pleinement en l’existence du surnaturel.

Il s’agit de l’unique épisode de la série déconseillé aux moins de 18 ans en Grande Bretagne.

Par la suite, Angel se rendra à Sunnydale lors de l’épisode The Yoko Factor, afin de se rabibocher  avec Buffy.

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20. FRÈRES DE SANG
(WAR ZONE)

Scénario : Garry Campbell

Réalisation : David Straiton 

Deux gangs, un de jeunes humains – mené par leur leader Charles Gunn - l'autre de vampires, s'affontent dans une mortelle guerre de rues. Une enquête d'Angel l'amène à s'ingérer de plain-pied dans ce conflit où il est persona non grata dans les deux camps. Sa vie est ainsi doublement en danger...

La critique de Clément Diaz:

Il sera dit que même une saison aussi bonne que la première d'Angel aurait son navet. War zone fait partie de ces épisodes qui sont d'emblée pénalisés par une malheureuse idée de départ, en l'occurrence affronter un gang de jeunes perdus face à des vampires sanguinaires. Si leur arsenal divers et varié impressionne, le groupe de jeunes apparaît quand même bien fadasse. Or c'est sur lui que repose la majeure partie de l'épisode, et l'émotion n'a pas le temps de s'installer. Ni le meneur obstiné, ni sa sœur fidèle, ni son bras droit têtu n'apportent quoi que ce soit. Angel Investigations fait presque figure d'intrus dans cette bataille alors que ce sont nos héros, un comble. Bataille d'ailleurs grossièrement racontée et sans profondeur. La mission des photos volées est vite close pour qu'on puisse passer à l'ingérence d'Angel dans cette affaire de clans (genre Sons of anarchy à la dose Fantastique).

Mais tout est tellement attendu : le clash Angel contre le gang, les interrogations de Gunn, l'intervention finale, en passant bien sûr par la contre-attaque en plein jour de l'ennemi. On prédit chaque scène à l'avance. Wesley et Cordélia restent à l'arrière en plus, assez énervant. Il est dommage que Charles Gunn, qui sera promu au rang de personnage principal dès la saison suivante, connaisse une entrée aussi peu exaltante. J.August Richards ne fait pas d’étincelles, il mettra un certain nombre d’épisodes avant de s’imposer correctement.

On apprécie quelques idées éparses comme ce b ordel de prostituées démones, Cordélia toujours prête à assurer sa promotion, quitte à devenir "courtisane" pour le geek Richard, ou bien cette fin amère où ni Angel ni Gunn ne sont assez dupes pour comprendre que cette guerre de rues ne finira pas. Comme il l'a dit à Buffy, L.A est SON territoire, et on aime qu'il le répète ici. Pour le reste, au suivant !

La critique d'Estuaire44:

- I like David. It's such a strong, masculine name. Just feels good in your mouth.

L'épisode apparaît avant tout fonctionnel. C'était de toutes manières casse gueule de succéder au paroxysme de Five by Five/Sanctuary, alors autant réaliser une pause ménageant le final de saison. L'opus sert surtout à introduire un nouveau personnage régulier, Gunn, mais ne revêt cette valeur qu'avec le recul. Sans composer la figure le plus captivante du Buffyverse, Gunn connaîtra par la suite une intéressante évolution. Par ailleurs les auteurs ont recours à un procédé rarement judicieux, scinder l'histoire en deux parts à peu près indépendantes, dont la convergence ne produit pas grand chose ici.

On voit un peu trop que Nabbit est là pour occuper Wes et Cordy, même si son personnage de Geek californien riche n'est pas intérêt et connait quelques résonnances avec le monde réel. L'espèce de récit post apo à la Mad Max reste distrayante, mais les monstres occupent trop d’espace, de manière préjudiciable au réalisme urbain de la série. Quelques bons moments malgré tout, le gag récurrent du téléphone portable ou la diatribe d'un Angel évoquant Angelus et agissant pratiquement comme tel. Décidément L.A. est bien devenue son territoire, lui aussi aura progressé cette saison depuis le zonard des boites de nuits initial.

Les infos supplémentaires

Charles Gunn accomplit ici sa première apparition, appelé à devenir l’une des figures régulières de la série. Whedon voulait que l’équipe s’enrichisse d’un personnage très différent d’Angel et de Wesley.

David Nabbit devait revenir ultérieurement, mais l’emploi du temps de son interprète, David Herman ne le permit pas.

David est un grand fan du mythique jeu de rôles Donjons et Dragons, tout comme le Trio massivement intellectuel de Sunnydale mais aussi le Ringo des Lone Gunmen, le Blaine des X-Files (Le Seigneur du Magma) ou la Charlie de Supernatural.  « Donj » est un incontournable de la Culture Geek. 

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21. FORCE AVEUGLE
(BLIND DATE)

Scénario : Jeannine Renshaw

Réalisation : Thomas J. Wright 

Lindsey McDonald, jeune avocat brillant de Wolfram & Hart, est chargé de protéger les arrières de Vanessa Brewer, assassin aveugle mais à la force et au don de prescience surhumains, qui doit tuer trois enfants mystiques pour servir les intérêts du cabinet. Ne pouvant supporter d'avoir le sang d'enfants sur les mains, McDonald s'allie à Angel et tous deux montent une infiltration pour permettre à Angel d'accéder à la chambre forte de la firme et trouver l'adresse où Brewer commettra son crime. Dans la chambre forte, Angel se sent attiré vers un manuscrit mystique...

La critique de Clément Diaz:



Whedon a toujours été fasciné par les thématiques du pouvoir et de la frontière bien/mal. Jeannine Renshaw fait un job génial en traitant avec brio ces deux thèmes. Coup d'audace, ce n'est pas Angel qui est cette fois-ci le "véhicule" de ces réflexions, mais ce cher Lindsey pris dans une spirale de questionnements éthiques tout à fait intéressants. Il faut saluer le travail de Christian Kane, qui épouse chaque contour du personnage. L'assassinat programmé d'enfants semble dépasser les limites du code moral du jeune loup, qui établit une alliance ahurissante avec Angel. On sent son dilemme entre ambition de pouvoir, et réticence à s'engager dans une voie qui risque de lui prendre le peu de conscience qu'il lui reste. Lindsey n'est pas un enfant de chœur, loin de là, il couvre des crimes odieux, mais il a ses limites, ce qui en fait un personnage ambigu.

Wolfram & Hart est une société vraiment intrigante, l'entrée d'Holland, dépositaire des valeurs du cabinet, le montre bien. Impitoyable envers les traîtres ne cherchant que le profit personnel (bye bye Mercer), il se montre plus tolérant envers ceux qui pêchent par idéal ou par confusion d'idéal : la force morale que nous tirons de nos croyances est pure, puissante. C'est cette puissance qui permet à Lindsey de prendre tous les risques, y compris d'y perdre la vie. Lorsqu'Angel le met à l'épreuve à ce sujet, il accepte ce risque. Il y'a une certaine noblesse chez le grand Big Bad de la série, qui laisse libre chacun de faire ses choix. C'est Lindsey qui signe son propre avenir (il subira une brutale conséquence de son choix assumé dès l’épisode suivant). S'il connaît maintenant son pouvoir, il ne sait toutefois pas à qui il doit faire allégeance, s'il doit choisir le bien ou le mal, bien qu'il sache le reconnaître.

L'histoire est excellente : la bataille contre cette aveugle à la force surhumaine - jouée par une des cascadeuses doublant Charisma Carpenter et Eliza Dushku - permet de belles scènes d'action, dont un final haletant. L'invasion de la firme par Lindsey, Angel, et Gunn, semble préfigurer Alias (on pense à l’invasion de la CIA dans Portée disparue), et donne la dose de suspense réglementaire : infiltrations, diversions, fuites, fouilles rapides... tout y est ! En prime, on remarque que la manière qu'a Angel de se débarrasser du démon gardien est exactement la même que Mme Peel quand elle se débarrasse du Cybernaute dans les Avengers ! Une graine mythologique est semée avec le manuscrit araméen. Allez, c’est l’heure du finale de saison !

La critique d'Estuaire44:



- What a pity. You can't get that out of the carpet. Believe me, we've tried.

Outre la superbe méchante du jour (très à la Daredevil du côté obscur) l'épisode présente le grand intérêt de nous faire enfin découvrir, encore partiellement, l'envers du décor de Wolfram & Hart. L'Organisation s'avère captivante, portée par des personnages particulièrement riches. Lindsey est agréablement ambivalent, on se dit là qu'il y a peut-être un enjeu pour Angel le sauveur d'âmes, même si le choix repose en premier sur l'avocat (comme souvent dans cette série opposant choix moral personnel et tentations obscures). Holland compose un Big Bad très classieux, nanti de superbes dialogues. Sam Anderson réalise une fabuleuse incarnation de ce personnage à la fois glacé, spirituel, agréablement inattendu, supérieurement intelligent... et dévoré d'ambition.

On est très loin du sympathique Bernard de LOST ! Une sacrée incarnation des travers du capitalisme judiciaire à l’américaine, le Richard d'Ally Mc beal a des leçons à prendre. C'est une belle bataille autour de Lindsey qui s'instaure entre ce maître manipulateur faustien et Angel, qui ne propose qu'efforts et risques sur le chemin de la rédemption, jouant au contraire cartes sur table. Le retour au bercail de Lindsey correspond logiquement à la tonalité sombre de la série. Les procédures de licenciement d 'Holland ont le mérite d'être explicites et non dilatoires. A la veille du finale, l'opus confirme tout le potentiel du grand Big Bad de la série qu'est Wolfram & Hart. 

Les infos supplémentaires

La tueuse aveugle est désignée comme Vannessa Weeks dans les crédits, mais tout le monde la nomme Vanessa Brewer.

Vanessa est interprétée par  Jennifer Badger, actrice mais avant tout cascadeuse dans de très nombreuses séries. Elle est ainsi la doublure de Nina Dobrev dans Vampire Diaries mais aussi de Charisma Carpenter et Eliza Dushku  dans de nombreux épisodes des deux séries de Whedon.

Les visions de Vanessa furent réalisées avec des acteurs recouverts de produits phosphorescents et filmés dans l’obscurité.

Willow déclare au téléphone qu’elle a passé la journée à décrypter des fichiers. L’épisode est diffusé la même semaine que le Primeval de Buffy The Vampire Slayer (4.21). Il s’agit en fait des fichiers de l’Initiative, en préalable  à l’infiltration montée par les Scoobies conduisant au combat final contre  Adam.

Holland Manners intègre la série, Lee Mercer la quitte concomitamment.

Lee est exécuté d’une balle dan la tête mais celle-ci apparaît intacte quand son cadavre est trainé hors de la salle.

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22. LE MANUSCRIT
(TO SHANSU IN LOS ANGELES)

Scénario : David Greenwalt

Réalisation : David Greenwalt

Wesley a déchiffré une partie du manuscrit (cf.épisode précédent), qui lui apprend qu'Angel mourra bientôt. Wolfram & Hart convoquent un démon Vicar qui veut récupérer le manuscrit pour invoquer un rituel qui libérera “La Bête”. Pour ce faire, il est prêt à utiliser les méthodes les plus... expéditives...

La critique de Clément Diaz:

Écrit et réalisé par Greenwalt, le finale conclut de manière fort satisfaisante la première saison. Malgré toute l'aide de Wesley et Cordélia, Angel demeure un solitaire, un paria dans un monde auquel il n'appartient pas (remarquable discussion de nos deux amis) ; hors, dans la tradition Whedonienne, la lutte contre le mal est un travail d'équipe. A la différence d'une Buffy qui est dans son monde, Angel sera toujours à la marge. Cela donne par conséquent un lien plus fort et désespéré entre lui et ses alliés comparé au Scooby-Gang. Une fois que Cordélia bascule dans la folie et que Wesley est HS, Angel reste seul avec son fardeau. Ce n'est pas la peu compatissante Kate (dont la relation avec Angel devient de plus en plus empoisonnée) qui va l'aider de ce côté. Tout se passe comme si Angel devait prendre conscience du besoin absolu de ne pas être seul et impliquer plus ses partenaires. Tout au long de la saison 1, il a accepté l'aide d'adjuvants mais essayait toujours le plus possible d'agir en solo. Rien ne sera plus comme avant après ce finale émouvant.

Cordélia aussi va grandement évoluer : elle ne peut plus rester insensible après avoir ressenti toute la peine du monde, elle va maintenant devenir une vraie héroïne (Willow fera une expérience similaire dans le finale de la saison 6 de Buffy). Le démon Vicar ne fait pas dans la demi-mesure : en plus de Wes et Cordy, il fait tout exploser tout en massacrant les Oracles, soit une brutale invasion des ténèbres qui tombe à point. Son ombre s'étend sur tout l'épisode. La lueur d'espoir, et quelle lueur, consiste en la révélation de la prophétie Shanshu : La quête de rédemption d'Angel aura bien une fin ; un jour, il connaîtra le repos de l'âme - s'il survit of course ! -

Rituels, gros monstres, effets spéciaux, invocations, sorcellerie... tout est là pour un gloubiboulga à la Charmed ou du grand-guignol de série B. Mais le tour de force de Greenwalt est qu'il met l'accent sur l'humain, et que le Fantastique, même déversé à grands seaux, n'est une fois de plus qu'un habillage. Cette habileté fait qu'on ne perd jamais de vue la profondeur du récit comme l'épreuve de conscience de Lindsey. Ou bien lors du duel climatique, super bien chorégraphié, où l'on sent qu'Angel se bat non seulement pour sa quête mais aussi pour ses amis, et donc pour lui-même, pour ne pas sombrer dans une solitude qui le pousserait dans le côté obscur. On finit sur un cliffhanger massif. Je suis personnellement resté bouche bée pendant dix secondes avant de crier... "CHOUEEEEEEEETTE !!!". Un beau finale.

La critique d'Estuaire44:

- What's taking so long?

-  Gee, I don't know Cordelia. The Prophecies of Aubergion were only written over the last 4,000 years, in a dozen different languages, some of which aren't even human. Why don't we just get a Phalangoid Demon in here? Suck the brain out of my skull. Maybe that would speed things up.

Un final de saison particulièrement réussi, avec son lot très satisfaisant de cliffhangers et de bouleversements de l'univers de la série. Adieu aux premiers locaux d'Angel Investigations, les suivant seront plus grandioses mais ils avaient une tonalité de bureau de privé que l’on aimait bien, très en phase avec l'esprit de cette période s'achevant. Il en va de même avec les affrontements et chassés croisés entre Angel et le Démon, tout à fait dans la tradition du film noir, où le Fantastique n'intervient que pour pimenter quelque peu les débats. L'une des plus grandes forces de la saison, le développement des caractères, atteint ici son zénith, notamment avec les membres du Fang Gang et l’approche d’une rédemption basée sur notre rapport au monde et à nos prochains. Audacieusement, le bilan s'avère amer pour notre héros, malgré une période s'ouvrant avec le rencontre de Doyle qui offre à Angel une place en ce monde et un but à atteindre.

 Au fur et à mesure du récit, malgré les succès ponctuels, Angel aura constaté à quel point le Mal règne sur le monde des humains via Wolfram & Hart ou le démon, jusqu'à peut-être remettre en cause son propre but  rédemption. Jusqu'à sa relation avec Buffy qui s'est vue altérée. Quel est le sens de sa croisade dans un monde aussi universellement noir et auquel il demeure si étranger ? Comme toujours Kate exprime son rapport à l'humanité, particulièrement amer ici, on n'a jamais été aussi proche de la rupture. Vocah s'efforce subtilement de détruire les ultimes liens donnant du sens au combat d'Angel (Cordy et Wes, les oracles, locaux d'Angel Investigations),. En ce sens il apparaît comme l'antithèse parfaite d'Angel et de son action, la création la plus perverse et aboutie de Wolfram & Hart... avant Darla (remarquable cliffhanger).

Le manuscrit apparaît dès lors comme un précieux viatique, comme une lumière au bout du tunnel : non seulement la rédemption mais aussi le retour à l'humanité, avec ce que cela implique pour la relation avec Buffy. Mais finalement c'est bien en lui qu'Angel puise  les forces de poursuivre son lutte, tout comme Buffy lors du duel avec Angelus en fin de saison 2. Il trouve également la compassion d'épargner le toujours intéressant Lindsey. Un grand épisode, avec un parfait équilibre entre étude de caractère et spectaculaires scènes d'action.

Les infos supplémentaires

Tim Minear a indiqué que les premiers locaux d’Angekl investigations furent détruits car leur caractère exigu rendait le tournage difficile. La réception de l’Hôtel Hypérion accordera plus d’espace aux caméras.

Vocah est le mot Havoc inversé, signifiant destructions, ravages.

Occis par Vocah, les Oracles  accomplissent ici leur ultime apparition.

Julie Benz n’est citée que dans le générique de fin, pour ménager la surprise du retour de Darla.

La prophétie Shanshu demeurera présente en arrière fond tout au long la série. Les fans de Spike se demandèrent si elle ne pouvait pas concerner en fait leur héros, quand celui-ci eut retrouvé son âme. Mais les Comics After the Fall d’Angel établirent que la prophétie parlait bien uniquement de ce dernier.

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Images capturées par Estuaire44.

 

Toucher le fond… (Broken - Part 1)