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 saison 2 saison 4

Cannon

Saison 3


1. À CHARGE DE REVANCHE
(HE WHO DIGS A GRAVE)



Episode réalisé par Richard Donner.

Irene Kirk et Wade Gibson sont abattus dans une petite contrée d’éleveurs, Mercer. Les preuves accablent un ami de Cannon , Ian Kirk, écrivain alcoolique que son épouse trompait et qui se consolait avec une jeunette de 20 ans, la fille du shérif. Le détective malgré l’hostilité ambiante prend sa défense.

En DVD, ainsi que sur Wikipédia, on considère que ce nouveau pilote, divisé en deux parties de respectivement 53 et 49 minutes, constitue deux opus tandis que la chaîne CBS et IMDB assurent que c’est un seul épisode. Etant donné que les passages d’un acte à l’autre ne sont pas clairement indiqués « acte1, 2, etc. et que la diffusion a eu lieu en une seule fois le 12 septembre 1973, nous allons le considérer comme une seule entité.

Si l’ORTF avait choisi une sélection de 26 épisodes parmi les deux premières saisons, les chaînes qui lui succédèrent TF1, Antenne 2 et FR3 décidèrent d’arrêter là la série en France. Si les décideurs de l’époque ont vu ce second pilote, on les comprend.

En effet, nous retrouvons ici Richard Janssen, innocente victime d’une justice aveugle, le fameux docteur Kimble, « Le Fugitif »,  accusé du meurtre de sa femme. Quinn Martin se sert d’un roman de David Delman, qu’il fait adapter par Stephen Kandel. Tout d’abord, l’idée de réutiliser Janssen, qui a pris quelques kilos en trop, et accuse nettement plus que ses 42 ans, est catastrophique. Cet épisode est d’ailleurs une triste anticipation du destin de l’acteur fauché à 49 ans par une attaque due notamment à des excès de boisson. Il joue ici un écrivain ivrogne, un raté, qui a épousé une riche héritière, qu’incarne Cathy Lee Crosby. Son épouse Irène le trompe avec Wade Gibson, un homme violent, qui n’a pas hésité à violer la fille du shérif, Marion Luke (Lee Purcell). Le shérif est joué par Barry Sullivan qui fait peine à voir, jouant comme un cochon du début à la fin, gardant une attitude monolithique comme s’il s’ennuyait et courait le cachet (alors que c’était un comédien talentueux).

Anne Baxter en maire de la petite ville est là pour sauver les meubles, car durant le long métrage, David Janssen se contente de quelques apparitions. La comédienne est vraiment inspirée, de même que William Conrad, mais le script est bien trop verbeux pour convaincre. Il y a certes les poursuites et bagarres habituelles, mais nous sommes à cent lieues du pilote de 1971. Cathy Lee Crosby ne fait que passer en début d’épisode, et ses fans en seront pour leurs frais. Dabbs Greer (« La petite maison dans la prairie ») joue un hôtelier hostile qui se fait un malin plaisir de gâcher la vie à Cannon, son client, en mettant l’ascenseur en panne de façon fallacieuse. Le scénariste a étalé une foule de coupables potentiels, à commencer par le beau-père de Wade, Arthur Gibson (Murray Hamilton), qui voulait faire taire le fils de son épouse qui avait découvert qu’il était impuissant. Gibson se console en étant un tireur d’élite au ball trap. Autre coupable potentiel, Martin Ross (Tim O’Connor) qui voulait se marier avec Irène qui a choisi l’étranger de la ville. Le shérif Jesse Luke, corrompu et faisant la justice à sa façon avec ses hommes, n’est pas en reste dans la liste des suspects.

Après quatre saisons et 120 épisodes, qui a encore envie de voir Janssen en meurtrier de sa femme jurant son innocence ?  Le comédien d’ailleurs commençait en 1973 une autre série, « Harry O », après l’échec de sa carrière au cinéma post fugitif (« Les bérets verts » avec John Wayne). Lee Purcell joue les aguicheuses avec le gros détective, mais ce dernier n’est pas dupe. La jeune femme de 20 ans doit attendre un an pour avoir la fortune que lui laisse sa mère et fuir Mercer et son shérif de père. Janssen à côté d’elle semble presque son grand-père ! Elle avoue d’ailleurs à Cannon qu’elle n’aime pas son amant, et que le seul point commun qu’elle a avec l’accusé et de vouloir fuir la ville. Par rapport aux deux premières saisons, ce pilote est une catastrophe. Or, elles avaient déjà leur lot d’épisodes inégaux.

Dans ces conditions, on comprend que l’hexagone ait attendu la diffusion de l’intégrale par TF1 en 1985 pour programmer les inédits, avec une nouvelle voix française pour William Conrad, Roger Lumont.

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2. L'HÉRITAGE DE CANNON
(MEMO FROM A DEAD MAN))

Episode réalisé par Richard Donner.

Pour la première fois, Cannon est engagé par un mort. Sur une route de montagne, une Jaguar sabotée entraîne un homme à conduire du mauvais côté et à se précipiter dans un ravin trouver la mort. L’homme pense que l’un de ses héritiers est le meurtrier est demande à Cannon de façon post mortem de le trouver.

Retour de Martin Sheen dans la série, hélas dans un rôle peu crédible, celui d’un jeune avocat exécuteur testamentaire. C’est d’autant plus regrettable qu’il est le seul comédien intéressant de la distribution. Lorsque vous aurez éliminé l’impossible, ce qui reste est la vérité. Or, il n’y a que trois suspects, les trois héritiers : le frère, oncle Barney (Robert Webber), un ivrogne, le fils, un joueur et perdant invétéré, Dale (Dennis Redfield) et la fille, la très laide Jennifer (Sheila Larken).

Cannon n’arrête pas de faire le tour de ces trois personnes en cherchant sans fin. Martin Sheen, qui incarnait un aviateur, Jerry Warton, à deux reprises dans la saison 1, apporte ici sa dernière contribution à la série. Au moment où il tourne cet épisode, Sheen a 33 ans. En pleine force de l’âge, il était bien plus à son aise dans le rôle de pilote. L’enquête nous replonge dans des situations déjà vues dans « Cannon », par exemple le joueur endetté (même si la somme n’est que de 5000 dollars, par rapport aux 200 000 de l’épisode « Le pigeon » (02-13), mais le scénario s’enlise  dans les méandres de l’ennui.

Notons outre la belle scène du début sur la route de montagne les recherches de Cannon sur les lieux de l’accident, ou encore ses démarches auprès des suspects qui lui permettent de rencontrer quelques personnages pittoresques, ainsi le meilleur ami de Barney, qui est aussi son alibi, ou une jolie fille, Siegried Nielsen (Corinne Cole) qu’il rencontre au bord d’une piscine. En passant d’un suspect à l’autre, le détective (et le téléspectateur) a l’impression de tourner en rond jusqu’au moment où des pistolets se brandissent dans des mains au départ inoffensives. Mais c’est en cherchant le bon mobile, et non celui qu’on lui a dicté au départ, que Frank Cannon découvrira la vérité.

C’est le genre d’opus ni déplaisant (« les prédateurs », « Un homme dans le parc ») ni génial (On pense à « L’excès en tout est un défaut »). Bref un épisode aux tons mitigés, sans grand éclat, mais qui se laisse voir. La faiblesse, à part Martin Sheen dans un rôle que l’on verrait plutôt réservé à un homme âgé, réside dans une distribution plutôt modeste. Nous sommes malgré tout étonnés par le coup de théâtre final, et ce n’est déjà pas si mal que ça. Et puis cela rattrape le titre français complètement idiot.

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3. LES CHIENS DE L'ENFER
(HOUNDS OF HELL)

Deux anciens soldats rescapés d’une mission suicide au Vietnam sont tués par un chien dressé. Carl Blessing pensant qu’il est le troisième sur la liste engage Cannon pour le protéger.

Ce pauvre Joel Fabiani (Stewart Sullivan dans « Département S ») n’a pas de chance avec les chiens loups. Il était dévoré par ceux de l’homme qu’il avait cocufié dans « Columbo » : « Jeu de mots » en 1978. Et dans cet épisode de 1973, les chiens (puisqu’il y en a deux) sont aussi à sa poursuite, dressés pour le tuer. Il s’appelle ici Carl Blessing, revenu du Vietnam depuis trois ans.

Une fois de plus, et cela l’empêche d’atteindre les quatre étoiles, « Cannon » se prend pour « Columbo » : pourquoi nous révéler l’identité du coupable dès la 15e minute ? Kenny Harrison (Geoffrey Deuel) estime que son frère David, réduit à l’état de légume, et qui peut à peine communiquer, cloué sur un fauteuil roulant, doit être vengé de trois hommes qui seraient responsables de son état. Il aurait bien mieux valu attendre la fin (et dans ce cas cela aurait été un spoiler) pour nous révéler l’identité du coupable. D’ailleurs, le malheureux David est loin d’approuver ce que fait son frère et Cannon s’attire sa sympathie et sa connivence. Outre la violence des attaques de chiens (Nous assistons d’abord à l’assassinat du deuxième ex-soldat, puis à une attaque sanglante contre Blessing/Joel Sullivan qui en réchappe de justesse), l’épisode nous montre les plaies laissées par la guerre du Vietnam en Amérique. Taylor (Ford Rainey) y a laissé son fils, tandis que Blessing reproche au lieutenant David Harrison (le légume) de les avoir envoyé à la mort (sept hommes sur 22 sont revenus vivants dans l’escadre !).

Certains des hommes pensaient qu’il méritait d’être tué par une grenade. « Rude méthode de régler ses comptes avec un officier, non ? » demande le gros détective. Quelqu’un a d’ailleurs jeté une grenade dans son bunker une nuit. Billy Jenson, un caporal. Cependant, personne ne l’a vu faire. Jenson prétendait que c’était quelqu’un d’autre qui avait fait le coup, Vince Taylor (pas le chanteur évidemment !) mais personne n’a cru Jenson, car Taylor a eu le bon goût de mourir deux jours après. Les deux hommes tués par les chiens, Sorell, Baxter, et le client de Cannon Blessing ont témoigné contre Jenson. Ce dernier d’ailleurs ne se cachait pas de son acte contre le lieutenant David Harrison. Selon Blessing, un ami, un parent de Jenson (son père ?) ont déclenché une vengeance. On le voit, tout accuse Mr Taylor père, mais le détective trouve un homme effondré, qui a enterré le chien de son fils dans son jardin « parce-qu’il aurait aimé çà ». Ce que finit par confirmer avec humanité Cannon au vieil homme. Il aurait fallu dans cet opus faire durer le suspense sur l’identité du coupable.

Dans « Banacek », on attend une heure et demie pour nous expliquer comment on nous a fait voir l’incroyable, mystifié, et ici, le scénariste n’attend pas un quart d’heure pour nous livrer le nom du coupable. Dès lors, l’épisode passe à côté du chef d’œuvre et nous nous rattrapons sur les scènes d’action, le détective on le devine affrontera les chiens. Au-delà de l’aspect policier, cette intrigue s’attarde sur les ravages de la guerre du Vietnam pour le peuple américain. William Conrad rejoint ici en humanité Karl Malden dans « Les rues de San Francisco » dans plusieurs scènes émouvantes sur cette blessure qui pour les américains ne se refermera jamais.

Notons que comme dans « Columbo : jeu de mots », les chiens sont vus comme moins dangereux que les hommes qui les ont transformé en armes.

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4. ERREUR SUR LA PERSONNE
(TARGET IN THE MIRROR)

Une amie de Frank Cannon, Lisa Steffan, le charge de jouer les intermédiaires entre son petit ami, le gangster Walter Koether et la police. L’homme a noté sur un livre toutes les informations qui lui assureraient l’impunité en dénonçant des personnalités corrompues. Frank refuse l’affaire. Juste après son départ, le lieutenant de police Bill Blaine assassine Lisa et fait peser les soupçons sur un jeune drogué, Fanning.

Dès le début, on connaît l’identité du flic ripoux, Blaine, joué par le lourdaud Claude Akins de « L’aventure est au bout de la route ». Grave erreur car si le téléspectateur est dans la confidence, Cannon lui suspecte un autre flic, Spivak, joué par Frank Marth (autrement plus convaincant qu’Akins). En revanche, on voit mal Cannon ami de la très jeune Lisa (Julie Gregg). Ce château de sable sur lequel se fonde le script s’effrite très vite. Viennent se greffer à l’histoire un joueur de tennis, incarné par Larry Wilcox (futur motard de « Chips »), le boyfriend de Lisa, Koether (caricatural Alex Rocco, le maffioso téléphoné), un fin gourmet, Howard (Paul Carr), sans parler de la mère russe de la défunte Lisa. Comme Danny Wilde/Tony Curtis  dans l’épisode d’amicalement vôtre « Formule à vendre », Cannon doit retrouver un endroit où il a été conduit masqué, la villa de Koether. Jill, une collaboratrice du « supercop » Blaine (Laura Campbell) donne un coup de main au gros détective.

Depuis le début, il est question d’un livre, celui dans lequel sont inscrites les transactions financières que Koether a faites pour « Supercop ». Alors que Cannon soupçonne Spivak, il est loin de se douter que l’homme qui a poignardé Lisa, puis qui l’a assommé chez lui en cherchant le livre n’est autre que Blaine. Mal agencé dès le départ, l’épisode s’enlise vite dans l’ennui. On ne croit pas un instant au Cannon sentimental qui s’en veut d’avoir refusé comme cliente Lisa. Frank Marth comme d’habitude, tout en nuances et menaçant, joue fort bien. On aimerait en dire autant du reste de la distribution.

Bon, dans le rôle de l’officier Jill Chenoweth, Laura Campbell est mignonne, mais pas renversante. Alex Rocco est carrément caricatural en syndicaliste maffioso rital. Claude Akins plombe l’épisode en se déguisant avec un masque (un loup) pour menacer et tuer accidentellement Lisa, alors qu’il est reconnaissable par sa stature à cent lieues à la ronde. Quelques détails datent la série, comme la cassette audio très précieuse que Cannon obtient post mortem de Lisa et remet à Blaine. Cannon n’est pas un modèle pour la prévention routière, passant son temps à téléphoner au volant (ce qu’il fait dans toute la série depuis le début) mais aussi ingurgitant des bières et des whisky avant de prendre le volant. Un épisode mineur, sans atteindre les abysses des « Prédateurs ».

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5. MEURTRE PAR PROCURATION
(MURDER BY PROXY)

Dans un bar, Peggy Angel, une amie de Cannon, ne se rend pas compte que l’on a drogué son verre de Martini. Un bon samaritain, Ray Younger, se dévoue pour raccompagner la dame inanimée chez elle et tue l’homme qui arrive, le publicitaire Mike Faro. Peggy se retrouve en prison, accusée de meurtre.

Quel dommage, devoir mettre une étoile à un épisode réunissant Anne Francis (1930-2011), Marj Dusay (« Cimarron, huit ans après », « Hawaii police d’état »), Linden Chiles. Mais si le casting est excellent, le scénario l’est moins. Tout d’abord, nous avons des scènes d’une naïveté confondante, telle celle de Cannon qui donne une de ses cartes au barman, lequel s’empresse d’aller trouver le tueur, Ray Younger. Déçu par l’entretien, le barman n’attend pas que l’homme soit parti avec sa voiture et téléphone d’une cabine publique au détective, ce qui n’échappe pas à l’autre qui le tue en le projetant avec sa moto du haut d’une falaise. Le rythme de l’épisode est lent et ennuyeux.  

Ainsi, nous apprenons que Ray est l’amant de la veuve, Mrs Faro (Marj Dusay) qui a eu des mots avec Peggy dont elle pensait que son mari était son amant. Ray a aussi récupéré un objet qui semblera fort curieux aux téléspectateurs d’aujourd’hui, une cartouche, l’ancêtre de la cassette audio. Sur ces grosses bandes magnétiques,  qui comportaient 8 pistes, on avait une alternative au disque (comme pour les cassettes pré-enregistrées) mais l’on pouvait en acheter des vierges. Une conversation compromettante a été ici captée sur une bande que Ray a volé dans l’appartement et détruite. Marj Dusay et Anne Francis étaient au sommet de leur beauté en 1973, et le scénariste n’est pas très galant de faire la part belles à quelques blondinettes  éphémères qui font plus des apparitions qu’autre chose. On apprend que que Mike Faro n’était pas fidèle et folâtrait avec les filles qu’il engageait pour ses films publicitaires.

Peggy, elle, a eu une liaison avec Mike Faro mais longtemps avant qu’il soit marié ce qui n’empêche pas le lieutenant Paul Tarcher de tirer des conclusions hâtives. Il faut dire que le policier n’est pas des plus malins, venant fouiller sans mandat l’appartement de Cannon en pleine nuit et manquant se faire abattre pris pour un voleur. Après, ce qui torpille complètement l’épisode, ce sont les dialogues trop nombreux, les échanges inutiles, les scènes d’appartement (de studio donc), les longues démonstrations de Cannon avec une lampe, les explications oiseuses. Bref, il ne s’agit pas de juger sur le casting mais sur l’épisode final et force est d’avouer qu’il est ennuyeux au possible.

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6. VOL DE NUIT
(NIGHT FLIGHT TO MURDER)

UUn avion disparaît avec avec trois millions de dollars en titres. Le pilote, Sam  Lanson, qui entretient une relation de profonde affectation avec sa fille qu’il étouffe, est tué ainsi que le copilote. Mais l’on retrouve l’avion au Mexique avec le seul cadavre du copilote et Lanson est accusé.

Lorsqu’il tourne cet épisode, David Hedison sort du succès triomphal de « Vivre et laisser mourir » où il a incarné une première fois Felix Leiter. En revenant à ses apparitions dans des séries, il se contente ici de passer les plats, de faire admirer sa stature de gendre idéal, et c’est tout. John Sandler n’est qu’un beau visage de beau garçon mais il n’apporte rien à l’histoire. On le regrette car c’est un comédien doué. Cannon a deux suspects : tout d’abord un certain Brad Calvert (inquiétant John Vernon) et un voleur et menteur nommé Harry Tilden (Norman Alden). Les deux suspects prétendent avoir été des camarades de guerre de Lanson. L’un des deux ment. Le téléspectateur a été mis dans la confidence dès après le générique, nous avons vu Calvert ordonner de froidement abattre les pilotes.

Il a en fait attiré Lanson sur sa base fantôme privée. Cette façon de mettre au courant le spectateur et pas Cannon ne laisse pas d’étonner, même si elle ne gêne en rien cet épisode d’obtenir les quatre étoiles. Même si les scènes se déroulant au Mexique ont un furieux goût de studios  pour les prises à l’intérieur des aéroplanes, et de Nouveau Mexique façon « Les Envahisseurs », on marche. Jamie Smith-Jackson, la fille de l’épisode, n’est qu’une gamine sans charme que protège Tilden, sous ses airs de gros nounours corrompu.

Le personnage qu’elle interprète, Janice Larson, explique à Cannon que son père après avoir bombardé l’Allemagne nazie et tué des populations civiles a tellement été écoeuré qu’il est incapable de tuer. On passe cinquante minutes agréables même si l’on ne craint pas trop pour la vie de notre héros. Par contre, il est un peu gênant qu’il prenne tous les tics de Columbo, ayant peur en avion lorsque Sandler/Hedison lui fait faire une promenade hardie, mais sécurisée en plein ciel. Le canadien John Vernon revient après son incarnation d’homme drogué dans « Un homme dans le parc ». C’est bien joué, on passe un agréable moment, et l’épisode mérite amplement la note maximale.

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7. PEINE CAPITALE
(COME WATCH ME DIE)

Cannon est chargé de prouver l’innocence d’un condamné à la chambre à gaz, Marty, qui vient de s’enfuir d’un asile pyschiatrique. Il est persuadé que l’homme est tombé dans un piège tendu par son ex-femme, Sharon.

L’idée de départ, utiliser Don Stroud (« Permis de tuer », « Week end sauvage ») pour jouer à contre emploi un condamné innocent était bonne. Dans le même temps, on donne le rôle de la garce d’ex-femme à la regrettée Ahna Capri (connue aussi comme Anna Capri) dont le jeu s’accorde mieux avec son rôle de nièce de Scoville qui se voit déjà madame David Vincent dans les envahisseurs « Contre attaque ».

C’est la grosse erreur de casting de l’épisode, car Ahna Capri ne renvoie pas la balle, et l’épisode est déséquilibré. Le père de Sharon, Mr Arditti (Will Kuluva – aucun rapport avec notre Pierre Arditi national) joue un vigneron qui convainc Cannon que le jour de sa retraite de privé, il devrait se recycler en maître es grands crus. Cet échange est la meilleure scène d’un épisode qui ne décolle jamais. Sharon ne veut ni de l’héritage familial, ni du rôle d’épouse de Marty, son rêve est d’être, comme dit son père « découverte » comme actrice. A défaut de metteur en scène ou de riche producteur, elle a trouvé un truand, Gil Spender, interprété par le fade Michael Tolan (« Les envahisseurs : les possédés »).

Meg Foster en amoureuse de Marty relève le niveau, et pour une fois John Larch, du moins son personnage, est du bon côté de la barrière. On sauve quelques scènes dans cet épisode, qui sans être un désastre, est vite oubliable. Le scénariste Herb Meadow a voulu faire preuve d’originalité, et l’on ne peut qu’approuver sa tentative, malheureusement le résultat final n’est pas à la hauteur. J’ai remarqué dans cet opus des détails qui clochent, par exemple le transfert d’un condamné à mort dans un hôpital pour le soigner afin de l’exécuter ensuite, que Pete Orsini  (John Larch) engage Cannon car il est l’un des invités à assister à la peine capitale par Marty, avec Gil Spender, les frères Castel et l’avocat qui n’a pas réussi à la défendre. La scène d’ouverture est digne de « Mac Gyver ».

Un épisode assez faible. Notons aussi que Marty, accusé d’avoir tué son partenaire, a invité Orsini à le voir mourir car il était persuadé qu’ainsi l’homme engagerait Cannon.  Il ne doute vraiment de rien .A cause de ce script trop torturé, l’épisode atteint donc à peine deux étoiles.

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8. LE PARFAIT ALIBI
(THE PERFECT ALIBI)

Un vieil ami de Cannon, Ross Byron, est victime d’un vol de son ancien partenaire de sa société d’électronique, Alex Whitehead. Or, l’homme est  incarcéré depuis un an et demi dans un pénitencier aux  fins fonds d’une petite bourgade inhospitalière, Birchfied.

En voyant cet épisode, on se dit que si l’on veut visiter les Etats Unis, il vaut peut-être mieux éviter les petites villes où une police arbitraire fait la loi, sa loi, et où les étrangers qui viennent de la grande ville (en l’occurrence Los Angeles) ne sont pas les bienvenus. Birchfied, petite ville imaginaire qui rappelle parfois Kinney (« Les Envahisseurs : première preuve ») en est un exemple flagrant.

A peine Cannon veut-il voir le shérif local, Virgil Spoontz (L Q Jones) qu’il se fait confisquer son arme, reçoit une contravention pour stationnement interdit infondée et autres agréables mesures qui inciteraient tout quidam digne de la plus élémentaire raison de fuir à grand pas. Car il n’y a qu’à la télévision que les héros comme Cannon s’en tirent bien. Filmé au Samuel Goldwyn Studio et en extérieurs, cette intrigue fait froid dans le dos. Notons que l’épisode passe du bureau confortable du riche Ross Byron (Richard Anderson, chef de Steve Austin) à celui de l’hôtel miteux de Birchfield, sans parler du pénitencier sinistre de Jackfield, où se pratiquent encore les travaux forcés.

Le directeur de la prison, Warden Sheperd (Whit Bissell) et son assistant le démoniaque Ed Murdoch (William Watson) sont évidemment dans le coup. Ils obligent certains prisonniers à commettre des délits, comme Whitehead chez Ross Byron, et s’ils refusent, ils se font abattre pour tentative de fuite. William Watson est immédiatement reconnaissable pour une autre production QM : le long téléfilm « Les forces du diable » qui clôt la série « Voyage dans l’inconnu » vue sur TF1 en 1978. Les scénaristes Ray Brenner et Jack Guss ont eu l’intelligence de ne pas mettre toute la ville dans la combine. Certes, ce genre d’épisodes provoque un malaise, mais le thème a été rebattu, par exemple dans le meilleur épisode de « Match contre la vie » avec Ben Gazarra « Les Tyrans ». Ici donc, malgré les apparences, la gangrène maffieuse ne touche pas toute la police mais seulement Shepherd et Murdoch, et le shérif malgré ses airs bourrus (excellent LQ Jones) se révèle un honnête homme qui va sortir notre héros d’une enquête tellement viciée et dangereuse qu’il n’en serait sans doute pas revenu vivant.

Malgré la tension dramatique, l’épisode n’est pas exempt d’humour. Ainsi, Byron a donné un crédit sans limite à Cannon pour l’enquête, mais le seul hôtel de Birchfied comporte un ventilateur qu’il faut secouer pour échapper à la chaleur, sans parler des batailles que le détective doit engager contre les moustiques. C’est bien joué, pas outrancier, crédible, et l’on passe un excellent moment, en dépit d’une distribution trop masculine. Mais « Meurtre par procuration » nous a démontré que de faire jouer à de belles et talentueuses comédiennes un script inepte n’a aucun intérêt.

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9. LA FEMME FATALE
(DEAD LADY'S TEARS)

Le mannequin Teresa O’Hare annonce à son amant qu’elle quitte Los Angeles pour New York suite à une offre pour un emploi bien payé dans son milieu. L’homme, Dirk Alwin, réagit mal, la quitte et s’enfuit, manquant provoquer un accident. Peu après, on retrouve la jolie fille poignardée et il est accusé de meurtre.

Je n’ai pas aimé d’un bout à l’autre cet épisode prévisible et ce pour plusieurs raisons : le début est le même que « Le Fugitif » et Quinn Martin, qui nous en a livré 120 épisodes aurait dû passer à autre chose. Ensuite, Leigh Christian en Teresa est caricaturale, bon nous ne voyons pas longtemps l’actrice, mais il se dégage d’elle une beauté froide, et l’on doute sincèrement qu’elle ait enflammé et brûlé le cœur de tant d’hommes à Los Angeles.

Ainsi, l’un est en prison pour meurtre, l’autre sur le point de se suicider après que sa femme ait appris leur liaison, un autre, peu gâté par la nature, était l’objet de moqueries du mannequin. On retrouve avec plaisir Amanda Mc Broom qui sera l’une des fliquettes de Steve Mc Garrett, Sandi Wells. Ici, c’est elle qui trouve le corps, elle est aussi la femme que  Dirk Alwin a failli percuter en voiture en quittant Teresa. Or, elle défend son ex, le fameux Aldwin, le croyant non coupable, et s’il l’est, dit-elle sans ambages, il a eu raison de la tuer !

En commençant son enquête, Cannon se heurte au lieutenant  Daggett (Dabney Coleman) qui veut la peau d’Aldwin, et menace le détective de lui faire retirer sa licence s’il influence les témoins. L’enquête devient ensuite très prévisible lorsque l’on sait que chaque jeudi, au lieu de se rendre à son cours de yoga, Teresa voyait un autre homme. Que ce mannequin mette le feu à tout ce qui porte un pantalon, et ce depuis l’âge de seize ans d’après un ex, est fortement exagéré. Il y a aussi les coupables trop évidents comme le jeune et beau dirigeant d’une équipe de sportifs qui manie le poignard, Cannon l’avertit que malgré son alibi, qui joue avec un poignard se coupe tôt ou tard.

Cette-fois, on nous met au début sur une fausse piste (que Cannon ne connaît pas) lorsque juste après le départ de Dirk Aldwin, un homme espionne la jeune femme à sa fenêtre en train de se déshabiller. Mais telle une poupée russe, l’épisode multiplie les coupables présumés, nous n’en dirons pas plus pour garder le suspense. Entre tous, il faut bien nous en livrer un, l’amant du jeudi soir, mais l’épisode a un goût de déjà vu en mieux. Pour faire un bon script, il aurait fallu moins de criminels potentiels, une femme fatale qui exprime vraiment  la sensualité. Ici, on tombe dans la facilité et l’on reste superficiel. Dommage.

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10. UNE HISTOIRE BOITEUSE
(THE LIMPING MAN)

Un guet-apens est tendu par la police de Los Angeles à un ex-flic qui a versé dans la délinquance, Max Dolney. Il a jadis perdu sa jambe en recevant une balle destinée à son collègue le lieutenant Jim Farragut. Or, lorsque le piège est tendu, ce dernier n’ose pas tirer sur Dolney et se retrouve accusé de corruption.

Bien que le titre attribué de façon sans doute rapide et  maladroite par TF1 lors de l’achat des inédits dénature l’intrigue originale, cet épisode d’une rare médiocrité, c'est-à-dire aussi mauvais que les pires « Cannon » comme « Les prédateurs », est vraiment boiteux d’un bout à l’autre. Tout d’abord, Anthony Zerbe et Jason Evers semblent jouer sous tranxene, complètement hors de l’épisode qui ne semble pas les concerner. Zerbe d’habitude si brillant n’existe pas du tout à l’image ici.

Son ex-femme, Mrs Dolney, jouée par Barbara Stuart, véritable sosie de l’actrice française Dominique Labourier, lui vole la vedette en serveuse de bar séparée de son mari depuis deux ans. Signe du manque d’inspiration de la scénariste Shirl Hendryx, le bar où travaille l’ex de Max Dolney voit l’arrivée du truand joué par Vic Tayback (un policier récurrent dans « Les rues de San Francisco ») qui tente ensuite d’écraser avec une camionnette Cannon . La piste des truands est remontée par le détective … grâce à la camionnette qui est d’un modèle dont deux seuls exemplaires de cette teinte ont été vendu à Los Angeles.

C’est tiré par les cheveux, mal joué, ennuyeux, et on attend le générique de fin en étouffant un baillement. Clark Mattheux (Curt Lowens), propriétaire du véhicule et disposant d’un doberman qui convainc Cannon de ne pas insister, prétend que c’est son épouse qui se sert du véhicule à San Francisco.

Platitude des propos échangés (il s’agit de la version originale anglaise sinon on aurait pensé à un doublage hasardeux), histoire de corruption mal fagotée, comédiens qui semblent se demander ce qu’ils font là. On sauvera les scènes de Frank Cannon avec le propriétaire de l’hôtel louche pour l’humour et la duplicité de William Conrad, mais lorsque le même Cannon se fait montrer le dossier de Dolney par un membre de la police, on semble s’être trompé de série, car le privé agit comme s’il n’avait jamais quitté la police, et personne ne trouve à y redire. Bref, un très mauvais opus.

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11. HAUTE PRESSION
(TRIAL BY TERROR)

Cannon vient en aide au juge Haynes qui instruit un procès contre le crime organisé, et dont la fille Julie a été kidnappée pour l’influencer.

Cet épisode évoque tout de suite celui d’Hawaii Police d’état : « Procès ». Et c’en est un parfait remake, le juge remplaçant le juré. L’épisode varie de la simple intrigue policière avec un Roméo maladroit et Don Juan « lourd »           , Charlie Dakin (Joey Aresco) lequel a enlevé Julie Haynes (Kelley Miles).  Charlie en mélangeant ses visées personnelles romantico-libidineuses et le travail qu’il fait pour le mafioso Len Francisco (magnifique Keith Andes en adversaire du juge) jouera un jeu dangereux et mortel. Cannon a deux alliés : le frère de Charlie, Earl (Ray Danton) et une dessinatrice de bandes dessinées colocataire de Julie, Maggie Marshall (Anne Randall).

L’affrontement entre Len Francisco, sûr de lui et de son pouvoir sur le juge, et le juge Haynes, restera un grand moment de la série.  « Trial by terror » a été diffusé par CBS le 21 novembre 1973 et « Procès »/Jury of one le 13 mars de la même année, donc le scénariste de Cannon Larry Brody a copié sur celui d’Hawaii Ken Pettus, « Haute Pression » offre toutefois ce combat entre le mal absolu, la mafia, et la justice. Jusque dans les dernières minutes, la « pression » reste extrême. Entre deux moments de suspense, Cannon se livre à des prouesses culinaires, mais Maggie Marshall et Kelley Miles ont l’air des petites filles, certes séduisantes, de William Conrad, ce qui n’était pas le cas lorsqu’on le voyait avec Lynda Day George ou Vera Miles.

On passe donc de ratages absolus et à des réussites, singularité de la série « Cannon ». Signe de la libération sexuelle de 1973, les aventures de Julie Haynes sont évoquées sans fausse pudeur alors que les séries françaises de l’époque comme « Le neveu d’Amérique » ou « Les dernières volontés de Richard Lagrange » ne parlaient que de flirts pudibons et pas de passage à l’acte avant le mariage. Cet épisode est la preuve qu’il y avait matière de proposer une sélection de la saison 3 en France au lieu de diffuser d’un trait les inédits des années plus tard, comme ce fut le cas aussi pour « Super Jaimie » ou « Baretta ».

Cinquante minutes à couper le souffle dans ennui, avec des moments de bons humeurs communicatifs (Cannon sur la plage avec les joueurs de volley ball).       

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12. MEURTRE NUMÉROTÉ
(MURDER BY THE NUMBERS)

Une citoyenne suissesse, Gretchen, engage Cannon pour retrouver son mari américain, qu’elle connaît sous le nom de Dabney Calloway. Cannon découvre que le disparu était sur le point d’épouser une femme riche, Doris Hawtorne, sous l’identité de Dirk Coleman.

Surprise de l’épisode, la présence de Jane Merrow (« Chapeau melon et bottes de cuir : mission très improbable », « Le Saint : le diamant »). C’est elle qui engage Cannon pour retrouver son mari conseiller financier venu travailler en Suisse, mais retourné aux USA pour terminer une affaire. Nous téléspectateurs savons depuis le pré-générique que l’homme a été abattu par les frères Niven, des gangsters pour lesquels il a ouvert un compte en Suisse.

Encore un épisode mineur, car en dehors de la présence inattendue de Jane Merrow, cette histoire de comptes en Suisse numérotés, de chantage exercé contre des américains nous lasse vite. Nous avons droit à une ou deux cascades (l’accident de Gretchen provoqué par Bill Niven/Burr DeBenning, le même Bill fonçant sur Cannon avec un tractopelle dans une carrière). Mais l’intrigue nous sature vite, et la jalousie de Doris (Dina Merill) envers l’épouse est un faible ressort pour que cette intrigue nous passionne. Parmi les invraisemblances ici, c’est Gretchen qui paie et Doris qui suit l’enquête de Cannon.

Très vite, Gretchen comprenant qu’elle a été abusée par son « mari » ne pense plus qu’à sa situation de secrétaire de banquier. « L’amour est aveugle » déclare-t-elle à Cannon qui lui répond avec humour « Pas seulement en Suisse ». Burr DeBenning est moins bien employé que d’habitude et la distribution n’est pas éclatante de talent.  Jane Merrow fait exprès de parler un mauvais anglais à l’accent allemand. L’épisode mérite d’être vu pour les réparties entre William Conrad et Dina Merill, mais en dehors de cela, rien de passionnant. Cette saison 3 confirme que « Cannon » est une série vraiment inégale d’un opus à l’autre.

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13. LA VALLÉE DES DAMNÉS
(VALLEY OF THE DAMNED)


Cannon accepte de travailler gratuitement pour le centre indien afin d’innocenter un certain Louie Grey Wolf, accusé injustement de meurtre. Très vite, son enquête le met sur la piste d’un réseau de trafiquants d’opium.

Episode de maigre intérêt, dont l’intrigue de départ (innocenter un homme) se perd en route, « La vallée des damnés » nous permet de retrouver Leslie Nielsen avant ses rôles comiques. Le reste de la distribution est anémique, et le script de Carey Wilber a la prétention de nous donner un cours assez indigeste sur le racisme envers les indiens dans les années 70. Tout commence par le meurtre du patron , Milt, qui vient d’engager l’accusé.

Ce dernier a découvert que son entreprise camouflait les activités de trafiquants d’opium, et le paie de sa vie. Le vrai meurtrier, Wess Martell (Kaz  Garas) est un raciste (on se demande pourquoi il vit sur une réserve indienne !). Beaucoup de manichéisme nous attend lors des premières scènes. Cannon entre dans un bar indien et rencontre la méfiance générale. Il réussit avec sa bonhommie et quelques discours simplistes à apprivoiser tout le monde, et on le met sur la piste du  « traître », Jimmy One Eye (Jay Silverheels) décrit comme un peau rouge avec du sang de blanc ! Ce dernier fournit de la main d’œuvre gratuite aux trafiquants en organisant l’enlèvement de ses « frères ».

Pas moins de vingt indiens ont disparu sans que la police s’émeuve. Cannon, le seul privé au monde à travailler pour rien avec Joe Mannix, aurait dû rester dans la police, car la mission qu’il mène ici est purement celle d’un flic. Trop voyant, trop gênant, Martell ne tarde pas à être tué par son chef, qui n’est autre que le codirigeant du centre indien,  Joe Gilbert (Leslie Nielsen). Au lieu de nous proposer cinquante minutes de suspense et de polar, la série se donne ici des ambitions « éducatives » qui ne sont pas son rôle. Il en résulte pour le téléspectateur de l’ennui. Les quelques scènes d’humour tombent complètement à côté de la plaque. William Conrad déguisé en chef indien n’a pas peur du ridicule. Quant à l’accusé de départ, on l’oublie complètement en route.

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14. DÉTOURNEMENT AÉRIEN
(A WELL REMEMBERED TERROR)

Un instituteur demande à Cannon de protéger sa famille menacée par des coups de fils anonymes et actes de vandalisme. Le détective comprend que c’est la seconde et nouvelle épouse de l’homme veuf qui est menacée, car ancienne hôtesse de l’air, elle peut reconnaître un pirate de l’air.

Cet épisode commence bien, nous sommes le soir d’Halloween, et les enfants se promènent de maisons en maisons en lançant « un bonbon ou un sort ? ». D’ailleurs, l’homme qui tente d’effrayer l’occupante des lieux, Betty Wilson, porte un masque effrayant. La ressemblance avec « Halloween » de John Carpenter s’arrête là. Les Wilson engagent Cannon pour résoudre l’énigme : quelqu’un les terrorise, a tué leur chat.

Paul Wilson, enseignant veuf, père d’une petite fille, est un homme sans histoires. Il a perdu sa femme et s’est remarié avec la douce Betty, hôtesse de l’air jusqu’à un acte de piratage il y a trois ans. Très vite, Cannon découvre que le pirate de l’air est un petit voleur en liberté surveillée qui travaille dans le supermarché que fréquente Betty. Ayant peur qu’il la reconnaisse, il veut faire fuir le couple, car lui-même n’a pas le droit de changer d’adresse. Nous avons ensuite à une bonne petite intrigue policière, mais aucun suspense comparable avec le début.

Nous voyons ainsi défiler le capitaine de bord lors du holà up aérien, Mel Danvers, coupe à la Elvis, pantalon pattes d’éléphant, trop gentil pour être honnête, Herbert Wheelock, le libéré sur parole qui effraie les Wilson, Vince, l’homme qui a organisé le holdup avec Danvers. Au lieu de garder du mystère pour les cinquante minutes, en un quart d’heure, les clefs de l’énigme nous sont révélées. Cela nuit beaucoup à l’intérêt de l’épisode, puisqu’il ne reste que l’enquête de Cannon, qui devra échapper à la mort après que Wheelock ait saboté les freins de sa voiture. L’absence de guest stars connues, la trop rapide révélation de l’énigme, l’enquête somme toute routinière du détective en font un épisode qui se laisse regarder, mais sans plus. Les scènes à bord de l’avion sentent le budget limité et les faux décors naturels conçus en studio. Un épisode passable.

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15. CHANTAGE SUR LE RING
(ARENA OF FEAR)

Le boxeur Ron Johnson est provoqué dans un bar par un vieux confrère en retraite et saoul, Jimmy Victor. L’ivrogne donne un coup à Ron qui se défend et le tue. En réalité, c’est une machination montée par la mafia.

Nick Nolte, deux ans avant la consécration  avec la série « Le riche et le pauvre » se montre déjà talentueux en boxeur intègre, Ron, dont le manager s’est laissé prendre au jeu du partenariat financier avec le très dangereux Paul Velos (Pat Renella). En fait, convaincu qu’il a tué Jimmy Victor, Ron est désespéré et  demande à sa petite amie Melanie son passeport pour fuir les USA. Ce n’est pas le plan de Velos qui veut que le champion se couche lors d’un match dont il est le favori. Cannon mène son enquête en étant ici particulièrement malmené, échappant plusieurs fois à la mort.

Ainsi, sa voiture est cernée dans un garage et mitraillée, puis Melanie est enlevée. Persuadé que Jimmy Victor est vivant, le détective n’hésite pas à affronter les pires comparses de Velos pour le prouver. Sa cliente est au départ Mélanie, mais une fois de plus, Frank Cannon mène plus une action de policier que de privé. John Marley en manager qui s’est laissé entraîner dans des alliances dangereuses est assez convaincant, mais Nick Nolte domine nettement la distribution. L’intrigue de Meyer Dolinsky est sans surprise, mais la mise en scène énergique de Marc Daniels relève le niveau.

William Conrad est ici au mieux de sa forme, assenant des coups de karaté, dégainant son révolver, rusant pour obtenir des informations. Plusieurs scènes d’humour sont au rendez-vous, ainsi pour faire parler une dame âgée, une logeuse, Cannon l’appelle « Princesse ». Mais il est constamment épaulé par la police officielle ce qui diminue ses mérites. Pat Renella et le comédien qui joue son acolyte, John Davis Chandler ont des faciès qui montrent leur détermination et leur peu de goût pour la plaisanterie. On évite certains clichés sur le milieu de la boxe et l’action non stop permet de ne pas voir le temps passer. Cependant, ce n’est pas un épisode « haut du panier ». On aurait pu éviter quelques péripéties inutiles qui compliquent l’intrigue et surtout n’apportent rien de plus. Il manque aussi ce petit trait de génie qui fait un épisode quatre étoiles comme « L’excès en tout est un défaut ». Mais ne boudons pas notre plaisir, car tous les opus ne sont pas aussi réussis, loin de là.

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16. PORTRAIT DÉDICACÉ
(PHOTO FINISH)

Le général James O’Hara, un mercenaire, qui s’est octroyé lui-même six étoiles, engage Cannon pour découvrir qui a tué en 1970 son jeune frère de 28 ans. Cannon découvre que le fameux frère est une crapule qu’il a tué lorsqu’il était dans la police !

Dès le début, on sait que l’on a affaire à un épisode quatre étoiles. Tout d’abord, le méchant, James O’Hara, champion de tir et mercenaire sadique, joué par Jack Cassidy vu plusieurs fois dans « Columbo », est aussi dangereux que Burdick dans « L’excès en tout est un défaut ». O’Hara est un « fauve » qui rappelle  Scaramanga/Christopher Lee dans « L’homme au pistolet d’or ». Certaines scènes d’ailleurs sont quasiment tirées du film de James Bond (Hommage ? Plagiat ?), notamment la séquence du duel. Mercenaire ayant œuvré dans le petit pays imaginaire de Polemba en Afrique, James O’Hara est parfaitement crédible. Jack Cassidy lui offre une épaisseur indéniable.

Cannon n’est pas dupe longtemps de ce riche client au passeport diplomatique, intouchable, qui est venu pour le tuer. Mais à trop présumer de son talent (champion de tir, il met toujours dans le mille), O’Hara aura une mauvaise surprise. C’est la dernière apparition dans la série du lieutenant  Rea Heller (Kathryn Reynolds), avec laquelle Cannon plaisante et tente de soutirer des informations. Une autre très jolie fille agrémente l’épisode, Anne (Leonore Kasdorf, de « Starship Troopers », déjà apparue dans la saison 3 de cannon épisode « A charge de revanche » dans un petit rôle différent). Les deux comédiennes évitent que le film se résume à un duel entre deux hommes.

Au début, on s’imagine que l’histoire va nous ramener dans le passé, en 1970, que l’enquête va être compliquée pour retrouver l’identité du coupable. Mais c’est une pirouette destinée à se jouer du téléspectateur. Le courage que montre Frank Cannon face à un tueur d’élite est exemplaire. Anne, qui est la secrétaire de ce sadique mercenaire qui n’hésitait pas à affronter avec du napalm des indigènes munis d’arcs et de flèches, tente de sauver le gros homme alors qu’elle n’est pas riche. Elle réunit l’argent pour engager Cannon et l’éloigner de Los Angeles, mais notre héros sait que c’est reculer pour mieux sauter, qu’un combat à mort s’est engagé, et qu’il se trouve dans un western contemporain dont seul l’un des antagonistes sortira vivant. « Cannon », c’est un mélange de chefs d’œuvre et d’épisodes ratés, et ici nous avons rendez vous avec le meilleur. Mort dans l’incendie de sa villa le 12 décembre 1976 à seulement 49 ans juste après qu’on l’ait vu dans un « Columbo », Jack Cassidy était de la race des grands comédiens. Il le prouve amplement ici.

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17. AMNÉSIE DANS LE DÉSERT
(DUEL IN THE DESERT)

Cannon doit remettre la rançon de Mrs Warren avant que son mari ne prévienne la police. Mais au cours de la remise, il reçoit un coup sur la tête et devient amnésique, avec l’argent en sa possession.

L’immense mérite de cet épisode est de sortir du canevas de la série et de nous proposer une aventure complètement différente de tout ce que nous avons vu en trois saisons. A ce titre, cet opus est l’équivalent d’un « Mademoiselle Pandora » de Chapeau melon et bottes de cuir. Cannon amnésique permet d’exploiter des facettes du héros qui nous sont inédites. Le scénario de Robert C. Dennis aurait pu appartenir à de nombreuses autres séries. C’est de plus une réussite totale, qui repose sur les épaules de William Conrad. Loin de ses repères, le comédien livre ici une composition étonnante. Il a autant de mérite que le désert est presque son seul compagnon (il ne retrouvera la mémoire qu’à la 38e minute sur cinquante).

Joan Van Ark de « Côte ouest » est la seule à donner la réplique de façon convaincante durant l’épisode, puisque les deux comparses du kidnapping, le vieillard ivrogne, le shérif, sont autant de personnages qui ne font que passer. Il n’y a pour ainsi dire pas ici d’énigme mais une aventure. Les poursuites dans le désert sont époustouflantes. On ne s’ennuie pas une seconde, et l’on regrette presque que Cannon retrouve la mémoire tant l’opportunité nous est donnée vu le sujet de vivre une histoire palpitante. Le kidnapping et la rançon ne sont ici que des « mac guffin » dont tout le monde se fiche. Cannon loin du confort de Los Angeles et de son statut d’homme aisé doit réapprendre à vivre et à se battre. « Amnésie dans le désert » nous aurait moins étonné chez « Mannix » où la diversité des enquêtes est plus large que chez Cannon,  Mannix étant une série disons plus athlétique.

Les tentatives de « faire original » avaient jusqu’ici été catastrophiques (l’exemple type est l’épisode 02.14 « Un homme dans le parc »). Cette fois, nous avons une grande réussite, mais dans la mesure où l’on s’écarte complètement du schéma de la série, c’est un peu à double tranchant. C’est un opus exceptionnel dans une série assez banale. On regrette que le mot fin arrive trop vite et cette virée en enfer dans le désert nous marque l’esprit longtemps après la vision de l’épisode, alors que de nombreux autres sont aussitôt vus aussitôt oubliés.

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18. OÙ EST PASSÉE JENNIFER ?
(WHERE'S JENNIFER ?)

Virginia Mc Keller engage Cannon car quelqu’un la persécute. Riche et seule dans une grande demeure, où ne se trouve qu’un couple de domestique qui a abrité en cachette leur neveu qui sort de prison, Virginia est apeurée.  Cannon découvre que Jennifer, la sœur de Virginia est morte en mer il y a cinq ans dans un accident. On n’a jamais retrouvé son corps.

Après l’aventure, le fantastique. Une seconde fois, Frank Cannon est éloigné de son univers de privé, et il faut avouer qu’il s’en sort mieux que Mc Garrett dans « Linda ne meurt pas » (11-10) qui copie beaucoup cet épisode antérieur de plusieurs années. A ce titre, le scénariste de l’épisode d’Hawaii Police d’état, Ken Pettus, a largement pioché dans le script de Phyllis et Robert White pour ce « Cannon ». Pamela Franklin joue ici trois rôles, et elle s’en tire avec brio. Elle est Virginia, la cliente de Cannon, mais aussi une inconnue qui est son sosie, Cindy Matthews, et enfin elle pourrait bien être non le fantôme mais la bien vivante et dangereuse Jennifer.

Dès les premières images, nous comprenons que nous ne sommes pas dans le cadre habituel de la série. L’histoire de Virginia et Jennifer nous évoque la dualité Madeleine et Judy dans « Sueurs froides », tandis que l’ambiance se rapproche de « Psychose ». Autour de Virginia, des vivants bien intéressés par les espèces sonnantes et trébuchantes car la belle n’est pas pauvre. Le neveu des domestiques, Larry (Michael Rupert), a vu Jennifer et veut faire chanter Rick Adante (Christopher Stone, héros de l’éphémère série « Pilotes » diffusée dans les dimanches de Jacques Martin).  Cannon découvre que sa cliente ne lui a pas parlé de Jennifer car elle aurait pu la sauver lors du naufrage d’un voilier et a été prise de panique.

Un bijou en jade met le détective sur la piste de Rick Adante qui vit à bord d’un bateau, le « Volcurian », avec Cindy Matthews, le sosie de Virginia. Adante est l’homme qui a fabriqué le bijou, une paire de boucles d’oreille. Cannon en a trouvé une chez Virginia dans les affaires de Jennifer, l’autre appartient à Cindy. Virginia affirme au détective n’avoir jamais vu cette paire de boucles d’oreille, en revanche, il y avait deux poignards du 17e siècle cadeau de Jennifer à son père décédé et il n’en reste qu’un. On se doute que l’autre ne va pas tarder à servir. Gene Nelson, le réalisateur, place sa caméra où il faut pour nous faire trembler et transforme en avantage l’handicap de ne jamais nous montrer ensemble Virginia et Jennifer. Il maintient ainsi le suspense jusqu’à la révélation finale. Une réussite donc, dont on se gardera de révéler le spoiler.

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19. L'ARGENT SALE
(BLOOD MONEY)

Mécène et financier accusé de fraude fiscale, E.T. Brannigan est en prison. Souffrant, il reçoit la visite de son avocat Tom Baron et du jeune médecin Steve Danvers dont il a financé les études. Quelqu’un a caché une arme dans la sacoche du médecin, le prisonnier s’en empare mais est abattu. Danvers est accusé d’avoir tenté de le faire évader.

Après être sorti le temps de deux épisodes de ses enquêtes routinières, Cannon y revient.  Mais ce script est bourré d’invraisemblances. Tout d’abord, c’est la jeune Julie (Kathleen Miller), l’épouse de Steve, le médecin, qui engage Cannon. Elle n’est guère fortunée. Pendant ce temps, Cannon interroge les gardiens de prison. Une petite frappe, LeRoy Vinson (John Milford) a fait courir le bruit qu’ils étaient corrompus. Pourquoi nous montrer avant la fin de l’acte 1, à la 18e minute, que l’avocat Tom Baron (Peter Haskell, le salaud intégral Charles Estep ennemi de Rudy Jordache/Peter Strauss dans « Les héritiers ») était de mèche avec Brannigan et que ce dernier l’a doublé ? Pourquoi  cette rencontre au bord de l’océan entre Baron et Vinson ? Ce dernier, atteint d’une hépatite, s’est fait soigner par Danvers et pour payer son traitement a travaillé à la fondation médicale Brannigan avec le jeune médecin.

Le défunt Brannigan était un mécène, mais aussi un tricheur, et pas seulement en affaires. Epoux modèle d’Ava (Diana Muldaur de la série « Vivre libre »), veuve qui écoute en boucle des 33t de chansons romantiques sur la fontaine de Trévise et les pièces de monnaie que l’on y jette, il était aussi l’amant de … Julie, ce qui donne un mobile à son mari pour avoir provoqué sa mort. Cette-fois, la défense de Steve Danvers devient un cas désespéré. Mais Cannon est là et tout cela ne peut finir que par un happy end, après quelques poursuites et bagarres. Dans cet épisode, les fans des envahisseurs reconnaissent tout de suite John Milford (le shérif Carver dans le pilote). On regrette que la jolie Kathleen Miller se soit limitée à quelques apparitions (Kojak « Une fille à l’eau » ; « Starsky et Hutch : la vengeance du texan ») avant d’arrêter sa carrière. Peter Haskell est aussi teigneux et menaçant que d’habitude, Diana Muldaur impériale, mais l’épisode revient au niveau de « Sam Cade », « Brigade criminelle » ou « Opération vol » après une embellie de courte durée. Dommage.

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20. MORT D'UN CHASSEUR
(DEATH OF A HUNTER)

Malcolm Lawrence, chasseur et vétérinaire, est tué par un lion en cage dans un parc animalier. Sa jeune veuve, Jill, pense qu’il s’agit d’un meurtre déguisé.

Sans doute le pire épisode de la saison, tourné dans un parc animalier semblable à celui de « Daktari ». Cannon cherche vraiment les enquêtes, ici personne ne lui demande rien, il vient présenter ses condoléances à une amie, Jill Lawrence (Sharon Acker). Celle-ci avait l’âge d’être la fille de son vieux mari, qui soit dit en passant la trompait avec une femme plus âgée rencontrée lors d’un safari, Hilda Wilcox (Jill Jaress). Jill pense que son mari a été victime d’un meurtre, et de fait, le tranquillisant que le vétérinaire avait administré au lion était une mixture de somnifère et d’énergisant. On reconnaît Edward Mulhare, le chef de David Hasselhoff dans « K 2000 » en principal suspect. Le détective trouve très vite un étrange va et vient de cages de lion défectueuses  qui dissimule un trafic de diamants.

C’est un épisode difficile à supporter jusqu’au bout tant le scénario est poussif et mal écrit. C’est visiblement un opus destiné à fournir à CBS le bon nombre d’épisodes pour la saison. Le spectateur s’ennuie ferme et même s’endort sans flèchette hypodermique devant ce soporifique voyage dans un parc animalier. D’habitude inspiré, le réalisateur George Mc Cowan ne fait preuve d’aucune inventivité. S’il y a vraiment un épisode à zapper, qui s’étire en longueur sans apporter le moindre plaisir au spectateur, c’est celui-là. A fuir !

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21. LE TEMPLE DE L'ESPÉRANCE
(THE CURE THAT KILLS)

Un prédicateur d’une église évangéliste, le révérend Will, obtient des testaments de personnes malades qu’il détourne de la médecine afin qu’elles meurent. Il n’hésite pas à recourir au meurtre lorsque quelqu’un se met en travers de sa route.

Les histoires d’évangélistes ne réussissent pas à Quinn Martin. Il avait déjà produit l’affligeant épisode des Envahisseurs  « Le prophète ». Nous ne sommes guère mieux lotis ici avec cet épisode de « Cannon » littéralement plombé par l’interprétation outrancière de Peter Strauss. Difficile de croire que nous sommes en 1974, à deux ans du tournage de la saga « Le Riche et le pauvre », car si Nick Nolte, l’autre vedette de la série, était formidable de talent dans « Chantage sur le ring » (03-15), Strauss ici nous fait douter de son talent, pourtant évident par la suite (« Masada »).

Une fois de plus, personne ne demande rien à Cannon : un vieil homme à la vue déficiente qui lisait ses livres grâce à une jeune femme, Althea Sinns, signale simplement la disparition de cette dernière à Cannon. Comme le détective n’a rien de mieux à faire, il décide de faire une enquête. Plus proche de Jonathan Hart que de Mike Hammer, Cannon découvre donc les magouilles du révérend et de son homme de main Bo Hoffman (Herman Poppe), un géant sans cervelle. Susannah Darrow en Althea Sinns n’est guère plus convaincante. Peter Strauss a un meilleur jeu lorsqu’il quitte les habits outranciers de prédicateur pour celui de tueur.

Toute la partie qui concerne le jeune homme atteint d’une tumeur au cerveau que Will veut « guérir » à sa façon , Derek (Andrew Parks) sombre dans le mélodrame à deux sous. Il ne faut pas chercher un message ici contre les s ectes, c’est un épisode raté de « Cannon » et rien d’autre. On trouve un peu de suspense dans les scènes de fête foraine. Mais c’est maigre et le téléspectateur fait grise mine devant ce brouillon d’épisode.

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22. LE SÉDUCTEUR
(BOBBY LOVED ME)

Vera Marks, une institutrice, engage Cannon pour découvrir qui a tué l’homme qu’elle devait épouser. Cannon se rend vite compte que la victime, Bobby Kester, était un gigolo, escroc, qui séduisait les femmes pour les dépouiller de leur argent.

Encore un épisode soporifique. Collin Wilcox Horne incarne Vera, dont Cannon en la voyant comprend que Bobby Kester a volé ses économies, les 9000 dollars qui lui venaient de son défunt père. Ici, la victime est peu reluisante. Il a séduit une jolie femme mariée, Leona Wilson (Claudia Jennings), ainsi que Miriam Eckworth (Pippa Scott). Cannon découvre qu’un club de célibataires utilisait le gigolo pour soutirer de l’argent. La mère de Bobby, Mrs Kester (Virginia Gregg) est indifférente à la mort de ce fils indigne, mais doit composer avec son autre fils plus jeune, Jimmy, en train de sombrer dans la petite délinquance. Cannon retrouve un flic marron, le lieutenant Lew Hayes (Jon Cypher) qu’il a affronté jadis quand il était dans la police.

Beaucoup de monde gravitait autour de la victime et avait des raisons de le tuer. Webber, un handicapé qui dirige le bar qui sert de club de rencontres est un autre de ces personnages qui hante cette histoire de misère humaine. Dans une scène pathétique mais bien jouée, Colin Wilcox Horne danse toute seule avec le pistolet de son père, comprenant que son prétendant s’est moqué d’elle. Cannon réussit à la désarmer en lui faisant croire que Bobby l’aimait (d’où le titre original). Les scènes d’action tombent comme des cheveux dans la soupe entre des moments d’échange pas réussis. Signe de la misère de cet épisode : on tente de tuer notre détective avec… un landau projeté dans un escalier ! Notons que le comédien qui incarne Jimmy est beaucoup trop jeune pour être le fils de Virginia Gregg. Bref, encore un mauvais épisode.

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23. LE TRIANGLE MAUDIT
(TRIANGLE OF TERROR)

Cannon enquête dans le protectorat  britannique des West Indies, dans les Caraïbes, près du triangle des Bermudes, sur le présumé suicide de Sir Arnold Masters, riche propriétaire d’une banque.

Le décor est  tellement beau que le scénariste Carey Wilber s’est cru dispensé de pondre un script. Dans le prégénérique, nous assistons au meurtre de Sir Arnold. Il était banquier aux West Indies, que CBS nous présente ici avec beaucoup d’efforts et de moyens : les taxis de l’île sont les mini moke, comme dans la série « Le Prisonnier ». Mama Sally, la Carmen Miranda noire locale, se promène avec sur la tête une véritable salade de fruits, et l’adjoint de Cannon n’est autre que le chef constable (Thalmus Rasulala), policier noir qui lui permettra de mener son enquête à terme sans perdre sa bonne humeur et son allure picaresque.

Oublions les allusions au Triangle des Bermudes, objet de superstition, qui n’est qu’évoqué en filigrane dans l’histoire. Kathy Akers (Dana Wynter) refuse de croire que son père, que l’on appelait « le pirate », s’est suicidé. Elle est mariée mais n’aime plus  son conjoint Conrad (Llyod Bochner) depuis plusieurs années. Cannon découvre un triangle entre Conrad, l’aventurier  Novell (Don Knight, le méchant dans « l’immortel ») et le fils de Mama Sally, ce dernier ne tardant pas à être tué. Mama Sally donne à Cannon un lingot d’or marqué de la République de Cuba de Battista. Novell prétendait pouvoir en trouver beaucoup, un avion cubain de l’époque pré-castriste s’étant écrasé dans l’île.

Pour cela, il a demandé à Conrad Akers de le financer. Malgré de bons comédiens comme Don Knight, on s’ennuie ferme. Cannon trop gros pour les Mini Moke se déplace en minibus Ford. Il échappe de façon improbable à un éboulement de pierres dans une crique. Il y a peu d’action et l’on a l’impression que le téléspectateur doit se contenter du seul décor. Il fait certes moins toc que dans « Le Saint », mais ne suffit pas à nous captiver pendant cinquante minutes.

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24. LE CHASSEUR
(THE STALKER)

Cannon est en vacances, faisant de la pêche à Moose Lake. Ben Zalko, qu’il fit jadis coffrer dans un asile psychiatrique alors qu’il était policier, vient de s’évader et veut se venger.

Il y a huit ans, Cannon a mis hors d’état de nuire Ben Zalko l’étrangleur. Il traque désormais Cannon en vacances, qui vient de rencontrer un couple de jeunes mariés, les Bowers. Pour terroriser sa proie, Zalko (Luke Askew, une belle tête de fou halluciné) tire sur Cannon avec un fusil à lunettes tandis qu’il pêche au milieu du lac, mais en le ratant volontairement. Toutefois, on s’ennuie vite : Zalko tient à sa merci le détective mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Il organise une véritable chasse à l’homme, un jeu du chat et de la souris dont on se lasse vite.

Cannon pour se défendre va jouer les Mc Gyver avant l’heure et faire avec les moyens du bord.  June et Steve Bowers font ce qu’ils peuvent pour l’aider, avec leur petit chien Napoléon. Le côté sadique de Zalko est mis en évidence lorsqu’il étrangle le vieux pompiste, Mr Summers. La réalisation de Lawrence Dobkin est tout à fait prévisible. Le tout est un mélange de « chapeau melon : Je vous tuerai à midi » et d’Amicalement vôtre « Un petit coin tranquille ». Retour à la nature, sans jamais tomber dans la violence de « Délivrance ». La saison 3 de « Cannon » se termine donc avec un opus mineur précédé de plusieurs épisodes médiocres. On se demande comment la série a pu être renouvelée pour une saison 4 après un tel nombre d’intrigues moyennes.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)