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Le MagnifiquePeur sur la ville

Saga Jean-Paul Belmondo

Stavisky (1974)


1. STAVISKY

classe 4

Résumé :

1933, Léon Trotski obtient le droit d'asile pour la France sans avoir le droit de faire de la politique. Pendant ce temps, au Claridge, Alexandre Stavisky sous le nom de Serge Alexandre, mène grand train et tente d'avoir un non-lieu dans un procès qui dure depuis 7 ans. Mais l'inspecteur Bonny tente de mettre le nez dans le dossier de Stavisky qui est protégé par l'inspecteur principal Boussaud.

Les affaires de Stavisky battent de l'aile, et les pertes sont de plus en plus grandes. Il commence à accumuler des grosses dettes. Alors que Stavisky cherche à s'en sortir, ses affaires avec la police le rattrapent. Et Stavisky finit par se suicider, en se tirant une balle dans la tête.

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Critique :

Ce film a deux gros problèmes de mon point vue, il fait une reconstitution historiques des années 30 (un peu comme le faisait Borsalino) et il parle d'une histoire politique. Ce qui le rend doublement ennuyeux à mon sens. Réalisé par Alain Resnais (Hiroshima Mon Amour, Mon Oncle d'Amérique, On Connaît la Chanson), l'intrigue est difficile à suivre, et dès les premières minutes du film, on comprend que celui-ci sera ennuyeux. Ce qui se confirme au fil des minutes qui passent.

Resnais a pris le parti de mettre en parallèle plusieurs histoires et au bout d'un moment, d'inclure des flashback au même moment que l'histoire qui se déroule : et ça perd totalement le spectateur et rend au final le film très alambiqué et difficilement regardable. Belmondo incarne Serge Alexandre Stavisky, le fameux escroc du siècle des années 30 qui causa une crise politico financière en France.

Le jeu de Belmondo n'est pas mauvais, il ne surjoue pas comme pour certains rôles, alors qu'il le pourrait : en effet, en jouant le rôle de l'escroc, il est sans arrêt en représentation et de ce fait pourrait accentuer ses effets, mais Belmondo ne le fait pas et c'est louable. Il reste dans un jeu classique, et ça sert plutôt bien le film. 

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À ses côtés nous trouvons une kyrielle de bons acteurs qui renforce son jeu, c'est très appréciable. Ainsi cette fois-ci, ce n'est autre que Anny Duperey (Un éléphant ça trompe énormément, Le Grand Pardon, Les Compères) alors toute jeune et d'une réelle beauté qui est sa compagne féminine à l'écran. Son jeu est en parfaite adéquation avec le rôle qu'elle interprète : une femme avec un certain de train de vie et qui est raffinée, et Anny Duperey arrive parfaitement à retranscrire cela à l'écran. Vient ensuite pour les rôles masculins : Claude Rich (Oscar, La Mariée était en Noir, Les Tontons Flingueurs) qui incarne l'inspecteur Bonny. Personnellement j'adore cet acteur et c'est toujours un très grand plaisir que de le voir sur grand écran. Comme d'autres acteurs, Rich a une façon bien particulière de jouer, et qui est toujours dans la justesse du film qu'il tourne. Et cette voix si reconnaissable immédiatement.

Il y a dans ce même registre et présent également dans ce film, Pierre Vernier, que Belmondo retrouvera à plusieurs reprises dans ses films : Le Guignolo, Le Solitaire, Le Marginal, Le Professionnel, etc. là aussi, sa prestation est toujours en adéquation avec le personnage qu'il incarne, dans le cas présent un avocat. Vient ensuite Michael Lonsdale, lui aussi, pour moi il reste à jamais le professeur dans Hibernatus qui 'vanne' De Funès (« vous dodelinez de la tête ! »). Mais c'est un immense acteur de cinéma, et de théâtre. Il n'y a rien à redire, c'est carré, c'est net. Charles Boyer, Marcel Cuvelier, Van Doude, Michel Beaune, et une fois encore Gerard Depardieu dans un petit rôle, complètent la distribution des principaux seconds rôles. 

classe 4

Tout ceci devrait former un excellent film, tant le talent est présent, et pourtant, on sombre vite dans les longueurs inhérentes au film et ça ne fonctionne pas. Ne vous attendez pas ici à voir Belmondo faire des cascades, jouer du revolver, etc. Non, il ne fait que parler, et tente de nous imposer un autre style de jeu d'acteur. Malheureusement, ça ne suffit pas.

Un des points forts du film est tout de même ses extérieurs, il suffit de voir la forêt lorsque Stavisky retourne dans la maison de son père, et qu'ensuite cela se passe dans les bois. L'endroit est superbe et on en redemande. La musique de Stephen Sondheim (Dick Tracy, Sherlock Holmes attaque L'Orient Express, Reds) est à l'image du film : ennuyeuse et ne lui donne aucune identité, c'est dommage.

Bref, vous l'aurez compris, on voit largement passer les 1H55 du film, et personnellement je trouve que vous pouvez le passer dans la filmographie de Belmondo, vous ne manquerez pas grand-chose, même si vous êtes un fan absolu de Belmondo. Bien que descendu par la critique, le film fera tout de même un score honorable en salles avec un peu plus de 1 millions d'entrées en France, et près de 300 milles en Espagne. Ce n'est pas un échec, mais nous sommes loin des scores d'un Belmondo avec Verneuil par exemple.

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Anecdotes :

  • Jean-Paul Belmondo a financé le film à 80% (le budget du film était de 9 millions de Francs) et s'est beaucoup investi dedans. Il fut très triste de voir que les critiques avaient descendu le film, et ne fut pas tendre envers lui. Les rumeurs disent alors que la carrière de Belmondo prit un virage à ce moment-là, et qu'à la suite de ce film, il ne pris plus aucun risque et ne fit que des films 'commerciaux'. Qu'il y a eu un avant et un après Stavisky.

  • Lorsque Alain Resnais est choisi pour réaliser le film, celui-ci n'avait pas travaillé depuis 5 ans, et n'avait pas eu de succès au box-office depuis très longtemps.

  • Le film fut en sélection officielle de Cannes en 1974, c'est là qu'il se fit lyncher, et que le public l'accueillit médiocrement. Belmondo ne voulait pas que le film aille à Cannes, malheureusement on avait réussi à le persuader du contraire.

  • Le film devait s'appeler L'Empire d'Alexandre, mais Belmondo trouvait que cela faisait trop « péplum ». Alain Resnais voulait le nommer Alexandre le Bien-Aimé, mais cela rappelait trop Alexandre le Bien Heureux avec Noiret. C'est finalement le distributeur qui trancha, en acceptant de diffuser le film que sous le titre de Stavisky.

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