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L'HéritierStaviskye

Saga Jean-Paul Belmondo

Le Magnifique (1973)


1. LE MAGNIFIQUE

classe 4

Résumé :

Un agent secret des services britanniques se fait tuer, les anglais demandent l'aide de la France et du meilleur agent au monde : Bob Saint-Clar. Alors que les cadavres pleuvent autour de lui, l'enquête de Saint-Clar l'amène à travailler avec la très jolie Tatiana à Acapulco. Mais alors qu'ils sont attaqués par une horde de méchants, une femme de ménage passe l'aspirateur sur le sable de la plage, Bob Saint-Clar est un personnage de romans, écrits par l'écrivain François Merlin. Loin d'être célèbre, son héros au moins le fait vivre, il est édité par une maison qui l'exploite : les éditions Charon. Un jour, une jolie jeune femme anglaise vient lui demander si les plombiers sont encore chez lui et lui emprunte un volume de Bob Saint-Clar, elle s'appelle Christine.

Alors qu'elle dévore les volumes les uns après les autres, François Merlin lui tombe amoureux de sa jolie voisine. Mais alors que sa romance piétine avec la jolie Christine, François Merlin développe une haine envers son héros Bob Saint-Clar que Christine admire et il se met en tête de le détruire. Mais Christine fini par succomber à François, qui remet Bob Saint-Clar sur les rails avant d'arrêter définitivement d'écrire pour se consacrer à Christine.

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Critique :

Jean-Paul Belmondo retrouve une nouvelle fois Philippe De Broca après L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine et ici avec Le Magnifique on frise le chef-d'œuvre ! Parodie assumée de l'univers de James Bond, la caricature est tellement poussée à l'extrême que cela en est jubilatoire !

Le Magnifique c'est des scènes anthologiques comme celle de l'électricien qui vient pour intervenir chez Merlin et qui ne peut rien faire tant que le plombier n'est pas passé, puis le plombier passe, et lui dit qu'il ne peut rien faire tant que l'électricien n'est pas passé. Scène ubuesque prémonitoire qui est devenue presque monnaie courante dans le monde d'aujourd'hui. Pas seulement, c'est aussi la scène au début du film avec les interprètes : le traducteur : « Nous avons trouvé un interprète albanais, mais il ne parle que le roumain alors il nous a fallu trouver un roumain mais il ne parle que le serbe, le serbe ne parle que le russe, le russe que le tchèque, heureusement moi, je parle tchèque ! ». « On va perdre un temps fou » dit le général. C'est à se tordre. Les trouvailles tout au long du film tiennent du génie, et on est émerveillés par tout ce qui se passe.

Aux côtés de Belmondo, on retrouve la splendide Jacqueline Bisset (Bullit, Riches et Célèbres, La Cérémonie) alors au sommet de sa beauté ! Sa prestation est somme toute assez restreinte vis à vis du rôle qu'elle joue, que ce soit en Christine ou en Tatiana, mais sa présence tant elle est magnifique (à l'image du titre du film), est une vraie force pour le film. Vient ensuite Vittorio Caprioli,coproduction Italienne oblige, (La Moutarde me monte au Nez, Salut les Pourris, L'Aile ou la Cuisse) qui fait l'éditeur de François Merlin et Karpov le grand méchant de son livre. La prestation est somme toute remarquable tellement le personnage est ridicule. On en redemande.

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Viennent ensuite les seconds rôles qui complètent la distribution, et le film est plutôt bien fourni de ce côté-là : Monique Tarbès dans le rôle de Mme Berger la femme de ménage de Merlin, grande actrice de théâtre et de la télévision en plus du cinéma. Mais aussi Mario David à nouveau, Jean Lefebvre qui avait déjà tournés Les Gendarmes avec De Funès, Hubert Deschamps en vendeur de machines à écrire, immense acteur lui aussi de théâtre et de la télévision. Raymond Gérôme en général Pontaubert, il y a même Philippe De Broca qui apparaît dans son film en faisant l'un des deux plombiers. Si je n'ai pas tellement apprécié L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Le Magnifique est incontestablement pour ma part le meilleur film jamais réalisé par De Broca !

Comme je le disais plus haut, les trouvailles géniales fourmillent tout au long du film et c'est un pur plaisir, par exemple : le simple fait que la réalité de François Merlin empiète régulièrement sur la fiction de Bob Saint-Clar comme la scène de la femme de ménage sur la plage est une merveille. Mieux encore, lorsque par exemple Merlin écrit la scène du rat avec les dents imprégnées de cyanure, et que les personnages de la fiction s'arrêtent se tournent vers la caméra et interrogent l'auteur : tout simplement génial, c'est tout bête, mais il fallait y penser. L'humour omniprésent est également une immense force du film, par exemple lorsque Saint-Clar arrive chez Tatiana et qu'elle lui dit qu'elle a peur de lui, il enlève alors sa veste révélant des pistolets, un poing américain... et lui dit : « mais qu'ai-je donc de si effrayant ? ». Ou encore lorsque François Merlin attend Christine qui doit redescendre le verre et qu'il prépare un super repas avec deux bougies dans des bouteilles et un paquet... de petits Lu ! Ou lorsque Tatiana joue du piano, et qu'elle a la photo idiote de Bob Saint-Clar devant elle. 

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Le film regorge de ce genre de détails qui n'arrêtent pas de faire sourire, et de trouvailles tout aussi géniales. Belmondo est à fond dans son personnage, il aime ça et ça se voit à l'écran : il n'y a qu'à voir ses gimmicks et sa gestuelle tout au long de celui-ci, comme lorsque par exemple il sort et allume une cigarette. Poussant la caricature dans ses derniers retranchements, l'acteur n'a pas peur de se ridiculiser en permanence pour notre plus grand bonheur. Tout comme d'ailleurs Jaqueline Bisset : elle est extraordinaire et il faut lui rendre cet hommage, la pauvre Tatiana fini dans un état à la fin du film, on ne peut qu'être admiratif devant les efforts de l'actrice. Non content de nous faire rire pendant toute sa durée, le film tourné en grande partie au Mexique nous montre également comme dans les deux précédents Belmondo de De Broca, de superbes paysages dignes de cartes postales.

Bref, vous l'aurez compris De Broca réalise ici un film presque parfait ! Presque ? Oui, presque, car malheureusement, tout comme L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine, le film souffre du même défaut : à savoir parfois d'une latence et d'une inertie incompréhensible, mais ce n'est vraiment pas un handicap pour le film, et De Broca a quand même bien révisé sa copie sur ce point-là, c'est vraiment juste un petit désagrément sans plus. On ne voit pas passer les 1H30 du film. La musique, réalisée une fois de plus par Claude Bolling, qui avait déjà travaillé sur Borsalino signe ici une bande musicale somme toute pas désagréable mais qui est mise en retrait tant on est happé par l'action qui se passe à l'écran. En tous cas, elle colle parfaitement à ce qui se déroule sur le dit écran.

Le film sera un succès avec près de 2.9 millions d'entrées, il marchera également très bien en Europe avec plus de 800 milles entrées en Espagne et 1.2 millions d'entrées en Allemagne. Le Magnifique est un film incontournable dans la filmographie de Belmondo, et lorsque vous l'aurez vu, vous aussi vous deviendrez fan de Bob Saint-Clar. Film drôle, amusant, intelligent, et bourré de tendresse, Le Magnifique est grandiose, pratiquement parfait je vous dis !

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Anecdotes :

  • Aucun scénariste n'est mentionné dans le générique du film, il s'agit pourtant bien de Francis Veber à l'origine de celui-ci. Néanmoins, De Broca ayant profondément remanié le script de Veber avec l'aide de Jean-Paul Rappeneau, Veber s'est senti trahi à la projection du film, et ne reconnaissant pas son scénario, a demandé à ne pas être crédité au film.

  • Le DJ Bob Sinclar s'est inspiré du héros de De Broca pour son nom de scène, et est un hommage au personnage interprété par Belmondo.

 

Un remake sera réalisé en 1998, par Marc Angelo. Le film, intitulé Bob Le Magnifique, mettra en vedette pour le rôle-titre : Antoine De Caunes en Bob Saint-Clar, et Clotilde Courau dans le rôle de Christine.

Séquences cultes :

Il a été dévoré par un requin dans une cabine téléphonique

On va perdre un temps fou

Il est pas passé le plombier ?

Je crois qu'elle est tombée dans la piscine

Les dents sont imprégnées de cyanure ?

Comme votre peau va bien avec Bach !

Panari, faut que ça murisse

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