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A bout de souffleUn nommé La Rocca

Saga Jean-Paul Belmondo

Classe tous risques (1960)


1. CLASSE TOUS RISQUES

classe 4

Résumé :

Abel Davos, criminel condamné par contumace, est en fuite perpétuelle et a besoin d'argent pour quitter l'Italie et aller s'installer en France avec sa femme et ses enfants. Il commet un nouvel hold-up avec son ami Raymond Naldi, puis s'enfuient. Mais alors qu'ils arrivent à San Remo, ils se font surprendre par la police et la femme d'Abel et son ami Raymond sont tués.

Arrivés à Nice, il contacte des anciens amis gangsters pour qu'ils le ramènent à Paris. Mais aucun ne veut se mouiller, et ils lui envoient un jeune gangster solitaire : Eric Stark. Ce dernier récupère Davos et ses enfants, en route ils récupèrent une actrice de théâtre : Liliane. Revenus à Paris, Abel se rend compte que ses anciens comparses l'ont lâché. Davos veut quitter la France, mais la police le recherche toujours et remonte jusqu'à Eric Stark. Davos élimine deux de ses anciens complices avant d'être arrêté pour de bon par la police juste après Stark.

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Critique :

Sorti un mois après À Bout de Souffle, ce film est tout simplement le jour et la nuit entre les deux longs métrages où commence à apparaître Belmondo. Réalisé par Claude Sautet (Max et les Ferrailleurs, Peau de Banane, Maigret Voit Rouge), ici, ce n'est autre que Lino Ventura la vedette. Déjà une vedette, celui-ci avait à son actif : Le Gorille vous Salue Bien, Un Témoin dans la Ville, Le Fauve est Lâché, etc. Que dire ? Moi, j'aime beaucoup cet acteur, dont on peut dire que c'est acteur ! Je veux dire, on peut le mettre sur le même plan qu'un Gabin, qu'un Jacques Brel, qu'un Patrick Dewaere, etc. des hommes qui connaissent leur métier et qui crèvent l'écran et dont on sait qu'avec eux, le film sera réussi.

Ventura explosera encore plus en notoriété quelques années plus tard avec Les Tontons Flingueurs en 1963, Les Barbouzes en 1964, Ne Nous Fâchons Pas en 1966, Dernier Domicile Connu en 1970, L'Emmerdeur en 1973, La Gifle en 1974, Espion Lève Toi en 1981, etc. etc. Ici, Ventura est tout simplement impressionnant dans le rôle du gangster qui descend de plus en plus en enfer et qui au final n'a pu rien à perdre et fini par se faire coffrer et fini exécuter (à cette époque, la peine de mort étant encore en vigueur). C'est carré, ciselé, interprété avec maestria : rien à dire. 

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On retrouve à ses côtés, Stan Krol dans un petit rôle, acteur assez méconnu et qui eut une très très courte carrière (3 films), mais également la jolie Simone France dans le rôle de la femme de Davos, rôle assez court également et actrice tout aussi méconnue que Stan Krol. Viennent ensuite les anciens complices de Davos : Claude Cerval (Mélodie en Sous-Sol, Les Grandes Vacances, Coplan Agent Secret FX-18) dans le rôle de Fargier, Michel Ardan (Pas de Pitié pour les Caves, Le Mouton à Cinq Pattes, Dernier Refuge) dans le rôle de Riton la porte, et Marcel Dalio (Le Faux Cul, L'Aile ou la Cuisse, Les Aventures de Rabbi Jacob) qui joue le rôle de Gibelin. La distribution étant donc complété par Jean-Paul Belmondo qui venait de finir À Bout de Souffle, et qui avec ce film allait enchaîner son immense carrière.

D'ailleurs, encore une fois, je ne sais si c'est le fait qu'il soit aux côtés d'une grande vedette comme Ventura et que les réalisateurs avaient une façon de diriger leurs vedettes, mais une fois encore je trouve qu'ici Belmondo a une prestation d'une justesse absolue du début à la fin du film : il suffit de voir le moment où il est à la poste en train d'attendre Ventura : il a tout simplement une classe folle. Il ne surjoue pas, c'est carré, propre, net et sans bavure ! J'aurai aimé qu'il soit comme cela dans ses autres films des années 60, et c'est cette justesse et cette maturité qui je pense dans les années 70 le propulsera au zénith. Il crève littéralement l'écran aux côté de Ventura. Et le duo à l'écran est tout simplement extraordinaire. C'est la magnifique Sandra Milo (Le Sexe des Anges, Relaxe-Toi Chérie, Pour un dollar je Tire) qui termine la distribution et fait le rôle de la petite amie de Belmondo. On me dira ce qu'on veut, mais les femmes des années 60 avaient ce charme très personnel et distingué que n'ont plus la majorité des femmes actuelles, il faut voir l'actrice qui fait le rôle de la fille de Gibelin : magnifique ! 

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Entièrement en Noir & Blanc, contrairement à À Bout de Souffle, Classe Tous Risques possède une ambiance très particulière qu'ont certains films de ces années-là, et qui font qu'ils ne se démodent pas. Ayant pratiquement aucun temps mort, on ne voit pas du tout passer les 1H50 du film. Sautet réalise ici je pense de mon point de vue, le premier road movie ! L'image est belle, c'est bien filmé, techniquement il n'y pas de gros reproche à faire. Le film est noir, glauque, on est attristé par le sort des enfants de Davos (la scène de discussion entre Davos et son petit aîné est tout simplement très très touchante, l'enfant est vraiment très émouvant).

La musique de George Delerue renforce encore cette atmosphère étrange avec une bande-son tout à fait étonnante, qui rappelle celle de la série Belphégore avec Yves Rénier dans le rôle titre.

Si vous n'avez pas vu Classe Tous Risques, avec Belmondo, c'est un film que je vous recommande : vous ne serez pas déçu, et pour moi il est un incontournable dans la filmo de « Bébel » ! Ne serait-ce, déjà, que pour la prestation de Ventura.

Très bon film donc, Classe tous risques, réalisera le score d'un peu plus de 1.7 millions d'entrées. La seule chose que l'on pourrait reprocher, est le narrateur au début du film, et un peu plus loin ensuite dans celui-ci, mais heureusement, cela ne le gâche pas. Regardez-le, vous passerez un excellent moment.

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Anecdotes :

  • Le Hold Up des deux convoyeurs en Italie réalisé par Ventura et Stan Krol fut tourné sans que personne dans la rue ne fut prévenu. Cela causa pas mal de problèmes : les acteurs furent coursés par des gens, et une personne eut un malaise cardiaque.

  • Le personnage interprété par Ventura, Davos, est inspiré du truand Abel Danos qui était un tueur à gages du milieu dans les années 1941 à 1944, et qui était un collabo pendant la guerre avec les allemands en s'enrichissant. Il sera fusillé pour collaboration en 1952.

  • Après la fusillade sur la plage, où la femme de Davos y trouve la mort, lorsque les policiers sont là pour l'enquête, l'un d'eux mentionne que Davos travaillait avec Pierrot Le Fou, qui n'est autre que le titre d'un film de Belmondo qu'il tournera quelques années plus tard.

Séquences cultes :

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