Open menu

 saison 1 saison 3

Les Envahisseurs (1967-1968)

SAISON 2


1.ALERTE AU ROUGE
(CONDITION : RED)

La critique de Patrick Sansano : 

Bien qu'étant le premier épisode de la saison 2, cet épisode ressemble à s'y méprendre à ceux qui nous ont passionnés dans la saison 1.

De superbes interprètes sont dans l'épisode : Antoinette Bower (vue aussi dans Le Fugitif, Hawaii 5-0), Jason Evers (vu dans plusieurs Mannix), Mort Mills (un physique qui rappelle Frank Marth de L'innocent et Action de commando)

Une jeune femme, Laurie Keller (Antoinette Bower) fait une chute de cheval. Un médecin s'arrête et constate que son cœur ne bat plus. Or c'est une alien qui est simplement évanouie. Le docteur téléphone d'une cabine pour annoncer la mort de la jeune femme, qui se relève. Musique de Dominic Frontiere et deux envahisseurs noient le docteur dans un lac.

Nous revenons dans ce que nous n'aurions jamais dû quitter : l'ambiance oppressante des Envahisseurs. Après le générique, nous découvrons le mari amoureux (Jason Evers) subjugué par son épouse alien qui lui met derrière le cou une arme permettant de le contrôler et de lui faire révéler des secrets militaires.

L'objectif est de neutraliser le système de défense de l'espace et de permettre à des soucoupes d'arriver en masse sur la terre sans être repérées.

Vincent comme d'habitude mène son enquête en solitaire et devra, poursuivi par des aliens, quitter précipitamment son break, touché par les rayons des pistolets sèche-cheveux.

Le suspense grandit et le major Dan Keller (Jason Evers) finit par comprendre que Vincent a raison, mais trop tard. La scène finale au centre d'opérations du NORAD qui surveille l'espace est grandiose (même si les avions de chasse qui décollent sont sans doute des stock-shot, la série n'ayant pas les moyens d'une telle mise en scène).

On revient donc à l'ambiance des premiers épisodes et nous avons peur, trés peur.

Cette ambiance de montagne isolée, de bases souterraines, de complots, d'épouse qui a séduit le major Keller peu après la crise cardiaque de sa première épouse, font que nous sommes dans Les Envahisseurs, indubitablement.

La critique de Denis Chauvet : 

La seconde saison débute comme la première s’était terminée : par un bon épisode qui marque un sérieux coup d’arrêt dans la conquête des envahisseurs. Cependant, l’éprouvante scène d’introduction, avec la chute de cheval puis la noyade du médecin, laisse présager l’atmosphère angoissante de cet opus, qui se concentre sur la surveillance des airs. Pour ce faire, un militaire est manipulé après l’assassinat de son épouse (la théorie éludée dans l’épisode est pourtant évidente), qui est remplacée par Laurie, une ravissante extraterrestre machiavélique, placée pour soutirer des renseignements militaires au programmateur informatique à l’aide d’une bague qui lui fait couper toute ardeur et déblatérer tout ce qu’elle veut sous hypnose...

Il n’y a pas de surprise sur l’identité des envahisseurs, seulement sur la façon dont l’invasion massive des soucoupes va échouer ; l’informatique, encore à ses balbutiements, ce qui vieillit l’ensemble, est central avec le changement de bobine. L’interprétation des ‘guest stars’ est particulièrement convaincante – Antoinette Bower et Jason Evers - et quelques scènes d’action, dont celle de la caravane, pimentent l’épisode. On remarque à ce sujet que David Vincent n’est pas James West et que l’architecte a la mauvaise habitude de s’exposer à découvert comme lors de la virée nocturne. Le suspense est entretenu, en partie par le major Keller qui paiera cher son entêtement, mais il réussira un appel téléphonique héroïque. La fin semble optimiste, car Vincent se forge une réputation auprès du major Stanhope, chef de la sécurité et membre des services secrets…

Retour à l'index


2.LA SOUCOUPE VOLANTE
(THE SAUCER)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode a été diffusé en novembre 1971 et rediffusé sans être annoncé dans Les dossiers de l'écran de la jeunesse un mercredi après-midi de janvier 1975 lors des débuts d'Antenne 2.

Lors de sa rediffusion en 1987, il fut l'objet d'un second doublage, le texte était différent : ayant enregistré les 26 épisodes ORTF sur des cassettes audio, je connaissais les répliques et les voix. Dans la version 1971, c'est Henri Djanik, la voix française de Telly Savalas dans Kojak qui doublait le shérif dans le pré générique.

L'épisode nous propose plusieurs comédiens confirmés : Ann Francis, Dabney Coleman (L'innocent), Sandy Kenyon. Il s'agit d'un épisode se déroulant dans le désert comme Les sangsues ou La mutation.

Nous voyons pour la première fois la soucoupe volante sous toutes les coutures, on voit David monter dedans, toucher les commandes, être seul maître à bord, sans que cela fasse cheap. D'ailleurs, dans les livres qui abordent les séries américaines, ce sont souvent des photos de cet épisode qui sont retenues, car elles sont les plus accrocheuses.

En 1971, l'épisode fit sensation, c'était avec Alerte rouge le retour des Envahisseurs après deux ans d'absence, pendant lesquelles la seule consolation fut une bande dessinée éditée par Sagedition et dont le premier numéro s'appelait La montagne disparue.

L'histoire de l'épisode est assez facile à résumer : David s'empare d'une soucoupe, envoie quelqu'un chercher les autorités, mais Ann Francis est prisonnière et David l'échange avec les aliens.

Il a pris des photos mais le chef (Sandy Kenyon) lui dit alors : "Un petit détail encore, votre appareil."

Un épisode absolument typique des Envahisseurs, qui contient tout ce qu'on peut attendre de la série.

La critique de Denis Chauvet : 

J’avais déjà écrit que les épisodes se déroulant dans le désert sont excellents, et ça se confirme (le tournage eut lieu en Californie). David Vincent a été contacté par John Carter, un homme qui a vu une soucoupe à deux reprises, et il sait quand elle reviendra. En embuscade, les deux hommes attendent et ils sont récompensés. Tout ne se déroulera pas comme prévu (car la série s’arrêterait de suite), mais l’intrigue est intéressante, avec l’arrivée d’un couple victime d’une avarie sur leur avion de tourisme. Malgré l’adresse de Vincent pour flinguer les extraterrestres, un d’entre eux en réchappera et sera le grain de sable qui va enrayer la machine.

Après L’innocent, Vincent peut de nouveau visiter l’intérieur d’une soucoupe, et il n’est pas le seul. Tous ne survivront pas à l’expérience, qui a des allures de ‘portes ouvertes’, car les envahisseurs sont particulièrement redoutables dans cet opus à suspense. Même si l’histoire du couple est un tantinet ridicule, l’interprétation est solide, avec Ann Francis et Dabney Coleman, déjà vu dans L’innocent. L’homme et son fils dans la séquence pré-générique sont des aliens, comme le couple de campeurs de Beachhead, le premier épisode. L’architecte ne pourra conserver ni son appareil photo, ni la soucoupe qu’il doit échanger contre la jeune femme. Un bon épisode aux effets spéciaux crédibles, surtout pour l’époque. Mais que vont devenir les chats de Carter?

Retour à l'index


3. LES ESPIONS
(THE WATCHERS)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode, diffusé seulement en 1987, ce qui n'est pas une catastrophe, fut parfois présenté dans les programmes télé sous le titre L'espion.

Il s'agit d'un épisode particulièrement soporifique, avec une musique (Duane Tatro?) qui nous casse les oreilles. La seule scène qui rappelle la saison 1 est le suicide forcé du gérant de l'hôtel dans le pré générique.

Ensuite, l'histoire devient vite ennuyeuse. Très peu de suspense, on le regrette car il y a Kevin Mac Carthy de retour en terrain connu (il fut le héros de la première version de The body Snatchers). L'intrigue s'étire péniblement jusqu'à la cinquantième minute. La vedette de l'épisode est une jeune aveugle, Margaret, fille de Kevin Mc Carthy.

Il est facile de deviner que c'est l'un des épisodes que je regarde le moins.

La critique de Denis Chauvet : 

 

Un épisode très moyen, voire inconsistant dans sa première partie. Beaucoup de bavardages et une intrigue simpliste : remplacer un expert en électronique, qui a vu sur les défenses du pays, par un envahisseur. Tout le personnel de l’hôtel est alien et Vincent ne peut compter que sur la nièce aveugle pour faire capoter le projet des extraterrestres. L’architecte devient conducteur de bus pour l’occasion, mais on dénombre très peu de scènes intéressantes ; la choquante introduction sur le tarmac de l’aérodrome et l’envahisseur électrocuté façon Oddjob de Goldfinger.

On reconnaît en Maggie, Shirley Knight, l’inoubliable institutrice crédule dans un épisode des Rues de San Francisco (A Room with a View), puis la belle-mère de Bree de Desperate Housewives des décennies plus tard. Un opus dispensable, car l’histoire de remplacement est éventée rapidement. À noter la petite réplique de Maggie à Vincent qui lui assure que son oncle est un vrai patriote, et pas à la solde des envahisseurs. À remettre dans le contexte actuel…

Retour à l'index


4. LA VALLÉE DES OMBRES
(VALLEY OF THE SHADOW)

La critique de Patrick Sansano : 

Retour à l'ambiance parano et suspense des Envahisseurs, avec cet épisode. Un envahisseur, fait prisonnier dans la petite ville de Carterville, tente de s'évader. Cet alien a tué froidement un médecin qui se portait à son secours après un accident de voiture simplement pour cacher sa nature d'extraterrestre. Lors de sa tentative d'évasion, l'alien est tué et cela en présence de nombreux témoins dont la police.

Si David a enfin sa preuve de l'existence des envahisseurs, il déchante vite comprenant que les envahisseurs encerclent la ville, coupent toutes les communications et vont tuer tous les habitants de Carterville.

Par sa structure narrative, l'épisode évoque le début du film Le village des damnés. Pour sauver les habitants, Vincent propose un marché aux envahisseurs : effacer la mémoire des habitants au cours des dernières vingt-quatre heures.

Ce procédé hypnotique rappelle l'épisode Le document disparu des Avengers saison 6 où les laveurs de carreaux effaçaient la mémoire des personnes dans un bureau (dont Tara King).

L'épisode marque un retour aux scènes qui font peur, par exemple, la voix deformée du chef des envahisseurs (qui a pris l'identité d'un militaire) : "Habitants de Carterville...". Nous entendons d'abord cette voix de façon déformée, puis prononcée normalement par l'alien qui utilise un appareil qui déforme les voix.

Le procédé reste tiré par les cheveux car il est un peu gros qu'en remontant les montres, en faisant voir une version différente des évenements de la journée (un peu comme dans le film avec Bill Murray Un jour sans fin), les habitants perdent si vite la mémoire.

Néanmoins, c'est un épisode qui revient à une moyenne honnête pour la série.

La critique de Denis Chauvet : 

Un épisode lent et pessimiste, qui démontre que la lutte contre les envahisseurs est perdue d’avance, un peu comme l’immigration sur notre continent ! Je ne me souvenais pas du tout de l’avoir vu, et ce n’est pas un des opus les plus représentatifs de la série, heureusement. Lorsque l’envahisseur est tué sur la place publique, il y a de quoi être perplexe ; ça y est, tout le monde est au courant et la série est terminée !

Vincent doit s’allier en fait aux envahisseurs pour sauver 12 000 âmes et faire perdre une journée par lavage de cerveau à toute la population afin d’éviter son élimination par la submersion de la ville. Pessimiste et incohérent au possible. La morale est qu’être un bon samaritain lorsqu’on est docteur n’est pas conseillé ! Quant à la femme médecin, elle représente l’obstination sans limite d’une certaine franche de la population…Une aventure bien rébarbative, jusqu’à l’épilogue. À noter que le prétexte pour ne pas examiner l’envahisseur, et constater qu’il n’a pas de pouls ou de battement de cœur, est de ne pas ‘heurter les gens bien-pensants’…

Retour à l'index


5. L'ENNEMI
(THE ENEMY)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode a traumatisé toute une génération de téléspectateurs. Il fut diffusé après Guerre subversive en décembre 1971 avant une trêve des confiseurs : la série ne fut pas diffusée pendant les fêtes de Noël 1971.

Pour la première fois, nous allons voir un envahisseur sous sa forme originelle. Blake, un alien, est le seul survivant du crash d'une soucoupe volante. Dès les premières images, nous savons que l'épisode est de la trempe de Cauchemar.

Une jeep, la nuit, conduite par Gale, une infirmière qui revient du Vietnam et croit avoir vu toutes les horreurs du monde. Une lumière dans le ciel : la soucoupe habituelle, mais cette fois, elle a une panne et s'écrase. Deux aliens à bord, en combinaison verte, le premier meurt et son corps disparaît comme d'habitude. L'autre, Blake (Richard Anderson, Oscar Goldman de L'Homme qui Valait Trois Milliards) entend la jeep, et menace l'infirmière de son pistolet laser. Mais, blessé, il s'évanouit.

Blake est recueilli par Gale dont il se sert sans scrupules. Il lui dira : "Rien de ce que vous avez vu au Vietnam ne peut être comparé avec moi". Blake, comme Vikki dans La mutation, va vers la fin de l'épisode, éprouver des émotions. Ce qui le poussera à sauver Gale et Vincent à la fin de l'acte 4 au détriment de ses congénères.

David Vincent recherche la soucoupe écrasée (en vain, car Blake l'a désintégrée d'un coup de laser). Il rencontre Gale et se heurte à son hostilité. Il comprend qu'elle le protège. Blake a besoin d'une régénération, ses mains commencent à ressembler par moment à une forme assez gluante (sur leur planète, les aliens ressemblent à des mollusques).

Gale va changer d'avis sur son "protégé" lorsque son amoureux, l'adjoint du shérif, que joue Paul Mantee (figure familière des séries 60's) sera tué par Blake qui aura récupéré son pistolet laser. Pendant ce temps, deux envahisseurs sont à la recherche de Blake et de la caisse qu'il transportait dans la soucoupe. Ils se font passer pour des chercheurs d'or voulant acheter une mine.

L'ambiance est prête pour un film d'épouvante : mine abandonnée, orages, éclairs, fuite de Gale et Vincent, Blake les poursuit avec une lampe de mineur et son pistolet forme sèche-cheveux tout en reprenant sa forme d'origine. L'épisode La genèse est évoqué par Vincent : "La seule autre personne ayant vu un envahisseur sous cette forme a perdu la raison".

L'épisode rivalise alors vraiment avec Cauchemar pour le qualificatif du plus horrifique de la série. Il reste un mystère : après un tel chef-d'œuvre, qu'est ce qui a pris aux producteurs et scénaristes de nous offrir en saison 2 des histoires banales, où le thème de Dominic Frontiere est rare, où les aliens utilisent nos révolvers et non plus leurs armes de l'espace ?

Dans la mine, Gale et Vincent sont confrontés aux deux aliens chercheurs d'or tandis que Blake arrive. Les mains ressemblent à deux griffes gélatineuses, le visage n'a plus rien d'humain mais le réalisateur s'efforce de laisser Blake dans l'ombre. Ce sera bien plus efficace et effrayant que dans le téléfilm séquelle de 1995 avec Scott Bakula où ils ont grosso modo le même visage monstrueux mais en plein jour.

Blake d'un coup de pistolet laser abat ses deux compatriotes, et demande à Vincent : "Je souffre, faites quelque chose". Vincent le tue d'un coup de pistolet et Blake disparaît.

Cet épisode nous donne une idée de ce qu'aurait été la série si Larry Cohen n'en avait pas été dépossédé dès le départ. Cohen avait même imaginé que les aliens avaient un œil dans la paume de la main, ce que le chanteur Jean Louis Murat au début des 90's utilisera dans un clip.

Cet épisode sans temps mort vous garantit cinquante minutes de bonne trouille, et vous en apprend beaucoup sur la série. Malheureusement, après L'ennemi, la série va perdre en force et en qualité et il n'y aura jamais de saison 3.

La critique de Denis Chauvet : 

Cet épisode a une place particulière chez les connaisseurs, car il expose pour la première fois un envahisseur sous sa forme initiale. L’aventure se déroule dans la propriété de Gale, une ex-infirmière devenue fermière, qui a recueilli Blake, un alien, qui a besoin d’une régénération après le crash de sa soucoupe volante ; l’action se conclura dans une mine. La mission de Blake est de transmettre un coffre qui permettra aux envahisseurs de vivre sur Terre sans perdre de temps à utiliser des caissons de régénération. Bien qu’il y ait quelques incohérences, l’opus est intéressant et apporte des spécificités à la série, avec une fin traumatisante.

Certes, l’envahisseur, interprété par Richard Anderson alias Oscar Goldman, et Vincent ont la possibilité de se neutraliser à tour de rôle sans que ni l’un ni l’autre n’en prenne la décision. Cela laisse le téléspectateur perplexe, jusqu’au final où Blake, mourant, tuera deux de ses semblables pour sauver Vincent et Gale.

Avec Gale, nous tenons sûrement le personnage humain le plus naïf jusqu’à présent de la série (bien qu’elle détruise le remède). Elle pense que ces êtres venus d’ailleurs sont pacifiques, et jusque dans l’épilogue, elle se chagrine de la disparition de l’extraterrestre, qui semble plus compter à ses yeux que le malheureux shérif adjoint, la seule vraie victime de l’épisode, alors que Vincent lui fait prendre conscience de la soi-disant ‘mission de paix’ des aliens. L’infirmière se victimise (‘C’est nous, les assassins’), et elle est la retranscription parfaite des individus qui attachent plus d’importance aux envahisseurs qu’à leurs propres congénères. Un personnage exécrable et un message tristement contemporain…

Retour à l'index


6. LE PROCÈS
(THE TRIAL)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode fut diffusé par TF1 l'été 1987. Sony Music Video en 1992 l'avait selectionné comme un des 12 meilleurs épisodes lors de l'édition de 4 VHS. Incompréhensible.

Jamais je ne comprendrai ce qui est passé par la tête de la production pour, après un chef-d'œuvre comme L'ennemi, nous livrer cette ineptie qu'est Le procès, un des plus mauvais épisodes de la série.

Pour vous en convaincre, on peut citer deux scènes : les parents d'un envahisseur qui a été tué viennent témoigner au procès que leur fils était bien humain, ils font leur déposition, puis vont à la machine à café où seul David Vincent les voit, ils s'adressent alors à lui en le narguant et en prenant un cachet mortel et s'enflamment dans le fameux brouillard rouge.

Autre énormité : Janet Wilk (jouée par la délicieuse Lynda Day qui n'était pas encore Lynda Day George) était mariée à l'alien tué. Mais elle ne s'en est pas rendu compte ou plutôt a seulement constaté... qu'ils n'ont jamais fait l'amour.

L'histoire est absurde : deux hommes se battent, l'ex fiancé de Janet et son mari alien. Ce dernier meurt dans le contexte habituel, mais comme on ne trouve pas de corps, Charlie Gilman, qui se trouve être un ami de David et l'ex de Janet, est accusé d'avoir jeté le corps du mari alien dans un haut fourneau.

Finalement, le juge et l'avocat général (ce dernier joué par Harold Gould, le médecin de L'expérience de la saison 1) abandonnent les charges contre Gilman quand Vincent fait une entaille avec un morceau de verre au visage de l'avocat de Gilman qui est un alien. Pas de sang, l'avocat s'enfuit, est tué, brouillard rouge.

Ce devrait être la fin de la série, cette fois un juge et un procureur ont vu ce que David Vincent raconte depuis Première preuve, mais non, on continue la série.

La critique de Denis Chauvet : 

On fait la connaissance d’un ami de Vincent, une amitié qui remonte à la Guerre de Corée, en la personne de Charlie Gilman (Don Gordon), accusé d’avoir tué un collègue dont le corps a mystérieusement disparu après une bagarre. L’ensemble est très bavard, long et n’a aucun aspect si caractéristique d’un épisode de cette série. On peut facilement le zapper, surtout qu’il se passe en intérieur et les grands espaces désertiques font cruellement défaut. C’est d’autant plus décevant que la distribution est prometteuse : Don Gordon, la jolie Day George, bien avant Mission impossible, et Harold Gould, le premier humain tué par un disque des envahisseurs dans L’expérience.

Ne pas vouloir de contact charnel avec Day George est en effet la preuve irréfutable que le type en question ne peut pas être humainement constitué, et la scène du couple de vieux qui disparaît près de la machine à café est la plus ridicule de la série…Le seul passage à sauver est la coupure que fait Vincent au visage de l’avocat prouvant qu’il ne saigne pas. Sa mort devant témoins judiciaires devrait sonner la fin de la série…Un opus qui fait du Perry Mason, cité d’ailleurs dans la VO !  

Retour à l'index


7. LES SPORES
(THE SPORES)

La critique de Patrick Sansano : 

Résumons d'abord ce que nous savons des envahisseurs et de leur nature, car cet épisode va dénoter en ne se présentant pas dans la continuité logique des précédents.

Sous leur forme d'origine, ils ressemblent à des mollusques (La genèse, L'ennemi).Ils ont quand même "ce que l'on appelle un père" (Vikki dans La mutation). Ils ne supportent pas l'oxygène et doivent se régénérer pour garder leur forme humaine (Blake dans L'ennemi dit qu'ils doivent trouver une solution pour survivre avec l'oxygène sur Terre).

Jusqu'ici, il n'a donc jamais été dit qu'ils étaient une espèce végétale, élément qui a été utilisé avec les body snatchers de Jack Finney.

Donc, Les spores, où un envahisseur joué par Gene Hackman transporte dans une valise des graines d'alien, est anachronique. À partir de là, l'épisode peut se regarder, d'abord pour la présence exceptionnelle de Gene Hackman, ensuite pour le suspense et les scènes horrifiques.

Les envahisseurs transportent donc des spores dans une mallette, à bord d'une vieille camionnette type années 50, mais un barrage de police (qui est là pour autre chose) vient perturber nos ennemis qui font demi-tour et prennent la fuite.

Tom Jessup (Gene Hackman) est assis à côté du conducteur ; dans la fuite, la camionnette a un accident auquel Jessup survit. Ernie, le sergent de police, hélas pour lui ex alcoolique, assiste à la mort des deux autres occupants de la camionnette et croise le regard de Jessup. Ernie est confronté à Jessup, et c'est le policier que l'on ne croit pas (en raison de son passé). Or depuis deux ans, Ernie n'a plus bu et doit prendre sa retraite dans un an. Pourtant, Ernie s'accroche à son rapport et est suspendu.

Vincent se rend au commissariat et ne tarde pas à tenter de voler la valise de Jessup qui va passer de mains en mains, de jeunes voyous à un couple peu scrupuleux (la femme dans ce couple c'est Patricia Smith qui jouait l'épouse du pêcheur dans L'innocent) ; l'un des voyous sera tué par les aliens.

Notons que lorsqu'on ouvre la valise, ce que l'on y voit est particulièrement horrible. Les graines ressemblent à de petites bestioles en train d'éclore.

Vincent fait équipe avec Ernie contre Jessup. Des enfants volent la mallette, l'ouvrent et voient ces "choses", l'un des trois enfants s'enfuit et prévient la police où s'est rendu Jessup. Les deux gamins restant sont dans une serre où ils plantent les graines qui poussent à une vitesse record. Jessup et deux aliens accompagnent le troisième enfant (qui s'est rendu à la police) à la serre. Heureusement, David et Ernie sont là.

Vincent confectionne un cocktail explosif avec une bouteille de whisky en récupérant un peu d'essence sous la voiture et le lance sur la serre qui prend feu. La déception vient de la dernière scène : les spores, avant de brûler, ressemblent à des petits fantômes, là où on aurait pu nous montrer quelque chose de bien plus horrible style Blake dans la mine de L'ennemi.

Malgré tout, pour le suspense, le retour à une intrigue qui tienne la route (pas comme Le procès), l'épisode se regarde avec plaisir. Et puis il y a Gene Hackman qui ne fait pas qu'une apparition, il est là jusqu'à la fin de l'acte 4.

La critique de Denis Chauvet : 

La grande attraction de l’épisode est la participation de Gene Hackman, bien avant qu’il ne devienne une des stars du cinéma américain. Il n’y a pas de suspense car le téléspectateur sait dès les premières images qu’il est un envahisseur. Il fait partie d’un convoi chargé d’acheminer des spores afin de multiplier par milliers les extraterrestres. Repéré par la police, il est le seul survivant d’un accident, et il a la charge de prendre soin de la mallette métallique contenant ‘les graines’.

Cette valisette va passer de main en main et faire une victime – un des jeunes rebelles -, tandis que David Vincent s’associe à l’adjoint du shérif, réputé pour son penchant pour la bouteille. Même si la fin déçoit grandement – la serre avec les plantes ridicules et Hackman disparaissant au milieu des flammes -, l’épisode est bien construit, maintient le suspense et bénéficie d’une star en devenir. Parmi les scènes intéressantes, il y a le combat dans la cafétéria – avec des doublures apparentes - mais Vincent ne fait pas le poids, une fois de plus. En face, c’est le costaud d’Hackman, et la rouste est crédible. Un bon opus, et la ‘poignée de graines pourries’ d’extraterrestre – des sortes d’escargots sans coquille qui gigotent - fait penser au projet actuel de conception sans rapport charnel…une horreur !

Retour à l'index


8. UN CURIEUX VOYAGE
(DARK OUTPOST)

La critique de Patrick Sansano : 

Comme Les spores, encore un épisode qui aura attendu la diffusion de l'été 87 sur TF1 pour nous fans français. Cet épisode va nous faire une des plus fausses joies de la série.

En effet, dans L'innocent et La soucoupe volante, David Vincent était monté à bord d'une soucoupe, dans le premier cas on lui a fait croire qu'elle a décollé (en fait il a subi un lavage de cerveau), dans le second il est dans la soucoupe mais reste au sol.

Dans cet épisode, Vincent enquête sur la mort mystérieuse de deux infirmiers victimes d'hémorragie cérébrale (un petit coup de disque sur la nuque) alors qu'ils transportaient un alien malade. Car des maladies sans grande gravité pour nous sont dangereuses voire mortelles pour les aliens. Vincent découvre que le malade allait se rendre dans un entrepôt et là il retrouve ses vieux ennemis bien affairés. Il se cache dans un container que les autres mettent dans une soucoupe, et celle-ci décolle.

Alors, pendant un instant, on se dit : "Ça y est ! On va enfin voir la planète des envahisseurs. Vincent va-t-il survivre sans oxygène, va-t-il supporter le voyage, comment est la planète ?".... Hélas, la destination des aliens n'est pas leur planète mais le désert (encore !) sur notre bonne vieille Terre. Vincent se réveille mais bon, nos ennemis auraient pu se servir d'un semi-remorque (comme celui de Première preuve), pourquoi utiliser une soucoupe pour "faire de la route" ?

On se rend compte que ABC manque de moyens pour faire une vraie série de science-fiction, ou alors veut rester dans le vraisemblable en ne nous en montrant pas trop (style les space opéra ou La Planète des Singes).

La suite de l'épisode est un peu décevante. Vincent tombe sur un prof avec ses élèves turbulents qui font un cours de physique en ... plein désert. Le prof nommé Devin (William Sargent) sera vite tué par les envahisseurs, mais l'un d'eux prendra son apparence grâce à une illusion d'optique pour rester dans le groupe d'élèves et les faire parler. Quand il y a une soucoupe, un repaire des aliens n'est pas loin. Ici ils se font passer pour des militaires et ont une base secrète où David dérobe un cristal qu'il cache. Mais une fille du groupe le vole, et c'est ce cristal que les envahisseurs veulent récupérer.

Par manque de moyens, le reste de l'épisode est terne. Vincent et les étudiants réussiront à survivre et à battre les aliens, mais lorsque de vrais militaires arrivent, il n'y a plus de preuves et c'est reparti pour un tour. L'histoire se passe donc dans une base militaire désaffectée avec beaucoup de parlotes, alors qu'au début nous pensions percer bien des questions sans réponses.

Allez, pour le voyage en soucoupe, je mets la moyenne.

La critique de Denis Chauvet : 

Une aventure qui n’apporte pas grand-chose au mystère des envahisseurs. Il est évident que la mort de deux infirmiers par hémorragie cérébrale attire l’attention de David Vincent. L’architecte prend tous les risques après avoir pénétré dans l’usine en se cachant à l’intérieur d’un placard à régénération. Il se retrouve brimbalé et transféré dans un lieu mystérieux. C’est la meilleure scène de l’épisode, car l’effet de surprise est préservé par l’envol soudain de la soucoupe volante.

La suite est moins intéressante, même si je me suis demandé une bonne partie de l’épisode si Vincent n’était pas sur la planète des envahisseurs. En fait, il fait la connaissance d’un groupe de jeunes étudiants en géologie et de leur prof dans un décor désertique habituel et ils vont s’approcher de trop près d’un faux complexe militaire (mais vraie base d’aliens). Les envahisseurs sont tués assez facilement, un cristal dérobé, et l’autre passage digne d’intérêt est l’illusion d’optique de l’exécution sous lavage de cerveau par trois moyens différents.  Six nouveaux témoins, mais c’est la brunette sexy au ventre à l’air, Miss Nevada 1959, qui attire l’attention du téléspectateur (mâle)…

Retour à l'index


9. CONFÉRENCE AU SOMMET - 1re PARTIE
(SUMMIT MEETING PART ONE)

La critique de Patrick Sansano : 

Nous en arrivons donc à Conférence au sommet- 1re partie, qui après les fêtes de Noël 71, marquait le retour des Envahisseurs. À noter que Télé Poche avait écrit lors de la présentation de Alerte au rouge (annoncé par le magazine Alerte rouge !) que "Les envahisseurs, qui nous avaient quittés le 27 novembre 1969, reviennent ce soir pour une série de seize épisodes"... Nenni, il n'y en eut que treize.

À cette époque là, les téléspectateurs français pensaient que la seconde série nous permettrait de voir la fin. Et que chaque épisode était un pas de plus vers l'épisode final. Nous étions très sous-informés en janvier 1972. Conférence au sommet est le seul épisode en deux parties des Envahisseurs, comme Le long sommeil pour les New Avengers. Dans cet épisode, plein de visages connus, d'abord Michael Rennie qui jouait Magnus dans L'innocent, et revient dans le rôle de Per Alquist, adjoint du président d'un pays scandinave.

On apprend aussi que Vincent a un meilleur ami : Michael Tressider qui ne s'était guère manifesté jusque-là. Le personnage est joué par William Windom. On l'avait vu en militaire dans À l'aube du dernier jour. Bizarrerie des séries américaines, on sait que Vincent a un frère, une belle-sœur (Le mur de cristal), une fiancée qui l'a quitté (L'innocent) mais on découvre sa vie privée au fur et à mesure que la série avance. Tressider est un ami de longue date dans Conférence au sommet, mais jusquà présent il n'en avait pas été question.

Diana Hyland joue le rôle d'Ellie Markham, elle avait été la femme de Vikor dans la première saison, mais en 72 en France, nous n'avions pas vu Vikor. Dans un rôle de général, on retrouve Ford Rainey, il jouait le docteur Grundy dans Panique.

En saison 2, les mêmes acteurs dans d'autres rôles, reviennent. Cela permet aux morts de revivre comme James Daly, tué dans Première preuve qui reviendra dans La recherche de la paix.

Conférence au sommet - 1re partie se passe en Amérique, et la seconde partie en Scandinavie. Ce sont donc deux atmosphères différentes.

La première nous révèle que le taux de radioactivité sur terre a grandement augmenté et que Thor Halvorsen, un président scandinave, propose à tous les pays son aide : il dispose de l'AR5. Ce produit contre les radiations, il veut en faire part à toutes les nations du monde lors d'une conférence au sommet. En réalité, les envahisseurs manipulent Halvorsen. Ellie pour sa part est une envahisseuse. Vincent s'en rendra compte lorsqu'elle l'invite à dîner et découpe le gigot, elle se fait une entaille et ne saigne pas. David veut prévenir la police mais elle lui assure "J'ai les moyens de me détruire avant l'arrivée des autorités".

Ellie lui révèle que les envahisseurs veulent tuer tous les chefs d'état lors du sommet en Scandinavie, et selon elle, c'est un mauvais plan. Les terriens découvriront l'existence des aliens et s'uniront pour les battre. Si elle parle à Vincent, ce n'est pas par charité ou bonté comme Vikki dans La mutation, mais juste par stratégie.

Dans la série, on voit parfois Vincent fricoter avec de belles aliens (Kathy Adams dans Première preuve), mais pourrait-il "concrétiser" avec quelqu'un d'une autre planète ? La série sera annulée avant que la réponse à cette question soit dévoilée.

Michael Rennie joue ici un rôle aussi menaçant que Magnus dans L'innocent. Il n'hésite pas à plaquer son disque crise cardiaque à un malheureux chauffeur qui a simplement été témoin de sa rencontre avec Halvorsen.

Le salaud de l'épisode se révèle être le général Blaine, acheté par les aliens, et qui perdra la vie dans cette première partie d'épisode. À la différence du général Beaumont dans À l'aube du dernier jour, il n'agit pas par idéalisme mais par appât du gain. Il tendra un piège à Michael Tressider qui manquera de mourir.

À noter que, suivant sa stratégie, Ellie joue contre son camp dans l'épisode, et aidera Vincent à sauver la vie de Tressider, attiré dans un piège par Blaine et Per Alquist. David Vincent et Michael Tressider remportent la première manche, mais devront se rendre en Scandinavie pour les essais de l'AR5.

Un bon épisode, qui conserve l'intérêt de la saison 1 (combat solitaire de Vincent). Le suspense est au rendez-vous, et nous sommes loin de ratages comme Le procès.

La critique de Denis Chauvet : 

La première partie de l’aventure concentre tout ce qui fait le charme de la série (à part la musique de Dominic Frontiere, malheureusement absente) : le suspense, l’angoisse, la paranoïa…Tous ces thèmes se retrouvent dans l’opus construit sans temps mort grâce à une succession de scénettes efficaces et haletantes : la prise de contact Vincent/ Tressider, la filature du lieutenant, le tir sur Vincent, la mort dans le sauna, l’appel téléphonique (un classique du cinéma), les actes de torture sur Tressider…. Il est indéniable, encore une fois, que des parallèles avec notre monde contemporain sont à souligner ; dès la séquence pré-générique, un chef d'État scandinave, membre des Nations unies, scelle secrètement un pacte avec les envahisseurs pour promouvoir la ‘paix universelle’ et neutraliser un taux anormalement élevé de radioactivité dans le monde…Que dire du général, ‘un traitre à l’humanité’ aux dires de Tressider, prêt à tout pour plus de pouvoir et d’argent ; décidément, les militaires ne sont pas très patriotes dans cette série (c’est au moins le troisième à s’allier aux aliens).

Dans la distribution, le plaisir est immense de revoir Michael Rennie en chef envahisseur dans une superbe prestation (un come-back après L’innocent), ainsi que la ravissante Diana Hyland (la femme sacrifiée de Vikor). Elle incarne une ‘alien’ qui dénonce le plan trop audacieux de ses semblables – exécuter les chefs d’Etat de la conférence pour les remplacer par des envahisseurs – et décide de s’allier à Vincent. La meilleure scène est lorsque l’architecte, invité chez la fille, constate qu’elle ne saigne pas après s’être coupée. Force est de constater que le moule à fabriquer des aliens femmes est de très haut standing : Diane Baker, Suzanne Pleshette, Barbara Luna, Diana Hyland…Vincent est sur le point de craquer mais il doit garder la tête froide ! William Windom, militaire dans A l’aube du dernier jour, complète le casting et tout le monde survit pour la suite…En conclusion, une anecdote à noter : lorsque les deux hommes forcent Vincent, arme au poing, à aller rejoindre Tressider dans sa voiture, l’architecte reproche à son ami de se conduire comme un gangster sorti des Incorruptibles, une autre série Quinn Martin !

Retour à l'index


10. CONFÉRENCE AU SOMMET - 2e PARTIE
(SUMMIT MEETING PART TWO)

La critique de Patrick Sansano : 

Un souvenir me vient en mémoire : nous regardions Les Envahisseurs en famille, série que ma grand-mère regardait mais détestait. Elle obtiendra d'ailleurs que je sois privé de la première diffusion de L'étau après m'avoir vu trembler devant l'épisode Embargo sur le rêve assez traumatisant. Lorsque l'épisode commence, on voit les drapeaux de tous les pays du monde qui assistent à la conférence d'Halvorsen, et ma grand-mère prit cela pour argent comptant : "Ce n'est pas possible, pour cette bêtise, ils ont été déranger les pays et mettre leur drapeau". Ma mère lui expliqua que ce n'était que de la fiction.

Suite donc, et fin pour Michael Tressider, il laisse sa peau dans l'épisode. Halvorsen reconnaît savoir que Per Alquist est un extraterrestre, mais assure à Vincent que les envahisseurs veulent agir contre la radioactivité. Un naïf, comme le général Beaumont de À l'aube du dernier jour.

Vincent retrouve Ellie mais à la fin de l'épisode, elle lui dit : "Si nous nous retrouvons, pas de cadeau, nous serons à nouveau des ennemis".

Bien entendu, je sais aujourd'hui que l'épisode fut certainement tourné en Californie en studios, mais à l'époque, on croyait que David et Michael étaient venus dans le nord de l'Europe continuer leur combat contre les envahisseurs.

Ellie révèle à Vincent que non seulement les aliens sont à l'origine du taux de radioactivité, mais qu'en plus, la démonstration de AR5 sera en fait l'occasion de répandre un gaz nocif pour les terriens et inoffensif pour les envahisseurs. Halvorsen découvrant la vérité fera sauter la bombe en se sacrifiant et en épargnant la vie des autres. En revoyant aujourd'hui l'épisode, on trouve qu'il y a beaucoup de jeu de chat et de la souris entre Vincent et Alquist (finalement tué dans l'épisode).L'action et la mise en scène dans le souterrain sont indignes de figurer dans un James Bond, et de fait, nous sommes bien plus exigeants que lors de la première diffusion de 1972. Le compte à rebours final n'a plus l'impact de jadis. Il y a cette course contre la montre pour convaincre le président Halvorsen, mais l'histoire au fil des ans a perdu beaucoup de son charme.

Moralité : les épisodes comme Première preuve, La mutation, L'innocent résistent le mieux au temps. Ceux qui ont voulu trop jouer dans le registre spectaculaire et film d'action sont inférieurs à des épisodes qui encore aujourd'hui nous flanquent la trouille.

La critique de Denis Chauvet : 

L’action se déplace en Scandinavie et, après une banale séquence pré-générique, David Vincent et Michael Tressider vont tenter par tous les moyens d’approcher Halvorsen, un homme âgé crédule et manipulé par les envahisseurs. Il personnifie la naïveté de l’humanité, qui se sacrifiera finalement après avoir compris sa bévue. Les deux amis sont toujours aidés par Ellie, superbe Diana Hyland dans son ensemble pied-de-poule, disparue beaucoup trop tôt, à 41 ans. Le second volet est marqué par des rebondissements et une partie de cache-cache dans les locaux en souterrain entre Vincent et ses deux alliés opposés à la dizaine d’envahisseurs. L’assassinat de Tressider reste obscur (le point négatif de l’épisode) tandis que la poursuite en jeep est innovante. Mais pourquoi Vincent ne supprime-t-il pas les envahisseurs au lieu de les avoir à ses trousses ? La fusée doit répandre un gaz mortel pour les Terriens mais inoffensif pour les envahisseurs. C’est palpitant bien que conventionnel, et on regrette que les deux parties ne soient pas montées en film.  

Le vol audacieux du programme permet à Vincent d’avoir un coup d’avance sur ses ennemis, et de convaincre le chef d’État scandinave qu’il a été dupé. Même si cette seconde partie est légèrement moins captivante que la première, elle m’a suggéré un pitch qui aurait peut-être donné un second élan à la série. Diana Hyland aurait pu, à partir de cette aventure, devenir l’alliée de Vincent ; une association incroyable qui ouvrait la porte à de nombreuses possibilités. On craint que la jeune femme ne disparaisse dans une lueur rouge suite à une lubie du scénariste, mais elle survit à l’aventure, contrairement à Vicki par exemple. Elle démontre sa loyauté en supprimant un envahisseur avec le revolver que lui a remis l’architecte, et elle décrit à son allié improbable les avantages de ne pas avoir d’émotion. Une présence féminine récurrente aurait sûrement boosté la série, comme cela fut le cas pour diverses séries des années 60.

Retour à l'index


11. LE PROPHÈTE
(THE PROPHET)

La critique de Patrick Sansano : 

Un concurrent sérieux pour le plus mauvais épisode de la série. Si la religion et la croyance en Dieu font parfois bon ménage avec une série SF (Code Quantum), l'illustration des dérives évangélistes médiatiques aux États-Unis demeure une source de perplexité pour les européens. Dans le James Bond Permis de tuer, on voit un évangéliste récolter des fonds lors d'un show télévisé ("Béni sois tu"). Le prophète, diffusé seulement en 1987, est un épisode qui parle de cette médiatisation des prédicateurs. C'est trop américain pour notre culture.

Le frère Avery (Pat Hingle) fait le guignol devant ses paroissiens en jouant avec l'incandescence qui irradie le corps des envahisseurs sur Terre s'ils ne sont pas régénérés. Bien entendu, cela fait sensation auprès des paroissiens, mais nous, nous savons qu'un camion de régénération va vite remettre en forme celui dont le rougeoiment n'a rien de divin. L'épisode ne propose aucune guest star intéressante à part Pat Hingle, le journaliste qui voulait trahir Richard Kimble dans un épisode mémorable de la saison 1 du Fugitif - À la recherche d'un fantôme. L'épisode est basé sur la manipulation que font les envahisseurs de la religion.

Dans La tornade avec le père Corelli (Joseph Campanella), la question est abordée de façon plus subtile. Ici, on a visiblement affaire à un épisode destiné à remplir la saison. Il vaudrait mieux parfois faire moins d'épisodes et rester dans le très bon.

La critique de Denis Chauvet : 

On perd son temps à regarder cet épisode bavard et ridicule, en lice pour être le plus mauvais de la série. Dès la première séquence, on craint le pire avec un illuminé rougeoyant qui balance son prêche devant un petit groupe de jeunes blondes au look aryen. Le prophète, c’est Pat Hingle, méconnaissable, plus à l’aise dans les polars et les westerns. David Vincent a flairé le faux prophète mais un vrai envahisseur, et va trouver Sœur Claire sous le pseudo Dennis Victor pour se convertir après avoir eu la révélation…Bref, c’est risible et la série perd d’un coup toute sa substance. Le seul passage à sauver est la visite à la zone désertique où Frère John attire Vincent dans un piège.

À la fin, ‘Frère Denis’ liquide tous les envahisseurs, sauve Sœur Claire en détruisant le camion régénérateur et le prophète se suicide. J’ai spolié ? Pas grave, je vous ai fait économiser une heure de votre temps…Si vous êtes attentif, vous repérerez Dan Frazer, le capitaine de Kojak, dans un rôle très bref de journaliste.

La saison 2 a 9 épisodes de plus que la première, mais quantité ne rime pas avec qualité. À zapper sans regret. 

Retour à l'index


12. LE LABYRINTHE
(LABYRINTH)

La critique de Patrick Sansano : 

Visiblement, on avait dû louer le décor de Première preuve trop longtemps et il fallait amortir la dépense, d'où les scènes de centrale thermique de cet épisode que l'on a découvert en 1987. Comme dans le pilote, Vincent y voit les tubes régénérateurs, et lorsqu'il revient avec des témoins, il n'y a plus rien.

Ce n'est pas un ratage total comme Le procès, et il y a de belles scènes. Ainsi, on voit des radios d'un envahisseur. Impressionnant. Les envahisseurs n'ont pas de squelette, pas d'os. Le malheureux docteur qui fait ces fameuses radios y laisse évidemment la vie. Au niveau suspense, c'est le moment le plus intense de l'épisode. Ces radios, Vincent réussit à s'en emparer et veut convaincre deux scientifiques de leur authenticité.

Autre scène intéressante : l'actrice Sally Kellerman a un léger défaut de la main dans l'épisode ; Vincent se montre suspicieux et la soupçonne - d'autant plus qu'il l'a vue causer avec un alien peu de temps auparavant. Et là, nous avons une des rares scènes d'humour de la série. Laura, la fille du docteur Crowell (Ed Begley, de retour après La trahison) dit à Vincent : "Je me suis blessée au doigt en tombant de la soucoupe".... Il faut dire que Laura, qui se révèlera une authentique humaine, a été longtemps absente des États-Unis pour ses études.

Ce genre d'épisodes, que nous avons découvert en 1987, donc tardivement, n'a pas le charme de la nostalgie, et en plus donne l'impression que les scénaristes tournent en rond. C'est tout le problème de la saison 2. On y côtoie le pire et le meilleur. J'insiste sur les scènes de la centrale thermique qui cette fois sont risibles. S'agit-il d'un manque de moyens financiers ? Ou d'un manque d'imagination des scénaristes ? Toujours est-il que si vous avez décidé de ne pas voir l'intégralité de la série, vous pouvez aisément zapper Le labyrinthe.

À noter qu'il y a un labyrinthe/jeu de miroirs mais pas ici, c'est dans la première partie de Conférence au sommet.

La critique de Denis Chauvet : 

Bien meilleur que le précédent mais loin de valoir les tops de la série. Les intérêts de l’épisode sont la radiographie sans ossature d’un envahisseur et le suspense entretenu sur l’identité des extraterrestres. L’ensemble n’est pas inoubliable, et sent le ‘déjà-vu’, avec les tubes régénérateurs qui ont disparu de la centrale.

Côté distribution, Sally Kellerman ne rentre pas dans le top cinq des Invaders girls pour ce rôle ambigu jusqu’au dénouement, et Ed Begley, acteur familier déjà vu dans The Betrayed, succède à Pat Hingle, le prophète de l’épisode précédent ; tous les deux étaient à la même époque à l’affiche de Pendez-les haut et court, le premier western américain d’Eastwood. Les rôles des envahisseurs sont tenus par des seconds couteaux, et les passages angoissants n’ont pas l’intensité d’aventures précédentes, que cela soit la maladroite tentative d’échange de valise du chauffeur de taxi, les mensonges de la veuve paniquée du docteur ou le final sans originalité ; Vincent liquide les deux faux policiers dans la centrale et arrive à temps pour sauver la fille. Très convenu.

Avec cet épisode, on touche au problème du renouvellement de la série que je soulignais plus haut. Évidemment, les radiographies partent en fumée. Certes, la paranoïa plane toujours (à la place de Vincent, j’aurais soupçonné les deux professeurs qui l’attendent), mais la volonté des envahisseurs de faire passer Vincent pour un fou n’est pas crédible au vu de sa renommée acquise.

Retour à l'index


13. LA CAPTURE
(THE CAPTIVE)

La critique de Patrick Sansano : 

Épisode découvert en 1987 et considéré par les gens de Sony Music Vidéo comme digne d'être édité en VHS en 1992 dans le cadre des "douze meilleurs épisodes". À croire que ces personnes n'ont jamais vu la série.

La capture se situe dans le cadre de la Guerre Froide et de la tension américano-soviétique. Un envahisseur s'introduit dans l'ambassade soviétique et se fait capturer. Réaction du fonctionnaire borné du KGB : "C'est un robot, fabriqué par les américains".

Il faut dire que le type en question a quelques excuses : chargé de déterminer en 1945 si les américains avaient oui ou non les moyens de lancer une bombe atomique sur Hiroshima, il a répondu catégoriquement non. Cette-fois, il ne veut pas prendre de risques et fera même arrêter Vincent comme complice à l'intérieur de l'ambassade.

L'épisode consiste à savoir si une guerre mondiale ne va pas se déclencher car les envahisseurs, eux, veulent récupérer leur congénère pour que leur présence sur Terre ne soit pas révélée, tandis que le diplomate russe joué par Fritz Weaver (figure bien connue de la télé américaine) n'a en tête que l'affrontement entre les deux blocs.

Dès la première vision de 1987, je n'ai pas accroché à cet épisode qui se perd en longs bavardages, peu de scènes d'action (un hélicoptère avec les aliens qui viendra attaquer l'ambassade) : tout cela n'est pas digne de la série culte qu'est Les Envahisseurs.

La critique de Denis Chauvet : 

Un troisième épisode d’affilée sans intérêt, qu’on peut regarder en faisant autre chose…un comble pour une série supposée distiller angoisse et frayeur. Le  début fait penser à Opération vol avec un cambriolage, et l’intrigue se poursuit comme un film d’espionnage de série Z. L’ensemble, accompagné le plus souvent d’une musique gentillette, a mal vieilli, car il met en lumière les tensions et suspicions est-ouest, et ces querelles de Terriens font jubiler les envahisseurs…

Aucun paysage désertique à admirer car le tout se passe en studio, dans l’enceinte d’une ambassade dont le pays n’est jamais précisé. Comme pour La vallée des ombres, Vincent fait un pacte avec les envahisseurs…ce genre d’histoires a le don de m’exaspérer. Beaucoup de bavardages et d’ennui, peu de tension, et le seul passage à retenir est l’assassinat du conducteur de la voiture dans laquelle Vincent est resté assis. Pas de sang, ni de crime à l’écran, et c’est superbement filmé.

Retour à l'index


14. LES DÉFENSEURS
(THE BELIEVERS)

La critique de Patrick Sansano : 

Ah, enfin un bon épisode après quelques-uns vraiment ratés. Celui-là a été diffusé en 1969 et 1973 et, bizarrement, fut oublié lors de la rediff 1975 de Samedi est à vous. C'est presque un épisode en deux parties puisque le suivant, La rançon, est la suite directe des Défenseurset l'on y retrouve les mêmes personnages.

Premier choc : David Vincent a changé de voix. Rassurez-vous, Dominique Paturel n'est absent que pour Les défenseurs et La rançon, cette fois c'est donc Jacques Thébault qui s'y colle.

Une très jolie fille dans l'épisode : Carol Lynley, la fiancée de Ben Richards dans le pilote de L'Immortel. Les défenseurs change le concept de la série : David Vincent rencontre un riche industriel, Edgar Scoville (Ken Smith) qui met sa fortune et ses moyens à la disposition de Vincent pour combattre les envahisseurs.

Très vite, Vincent est fait prisonnier. Il y a d'ailleurs une scène à laquelle je n'ai jamais rien compris. Prisonnier dans sa cellule, un envahisseur en combinaison verte vient le chercher et semble lui enfoncer dans le visage ou dans le nez le bout du fameux pistolet laser (!). Pendant qu'il est prisonnier, Vincent sympathise avec une terrienne (elle le prouve, elle a du sang et se coupe pour le montrer à Vincent). C'est Elyse Reynolds, dont le frère a été tué par les aliens. Comme elle le croit toujours vivant, elle va trahir Vincent et les amis de Scoville tout au long de l'épisode. Confondue, et mise devant l'évidence de la mort de son frère, les autres feront preuve de compassion envers elle et accepteront de lui pardonner, ce qui au niveau du scénario est assez difficile à avaler. Elyse a en effet provoqué la mort de la femme d'un des adjoints de Scoville, Mary Torin. Son mari Bob Torin, joué par Anthony Eisley, un des astronautes de l'épisode L'astronaute saison 1, participe d'ailleurs à l'épisode suivant La rançon.

Désormais, ce n'est plus un combat solitaire de Vincent seul contre tous mais d'une organisation Scoville vs Invaders. Cela n'empêchera pas de nous proposer des épisodes propres à nous donner des frissons, comme Action de commando vraiment effrayant, mais quelque part, l'esprit de la série est perdu.

Les défenseurs fut diffusé en 12e épisode en 1969 par la première chaîne qui avait acheté la série au MIP TV de Cannes, en avril 1968 d'après Télé Poche. Avec ce qui se passe dans La rançon, l'ORTF tenait une sorte de conclusion possible. Le succès fit que 13 autres épisodes furent achetés et Contre-attaque servit cette fois de fausse fin.

Les défenseurs, sans être un monument, est un bon épisode qui ne démérite pas. Mais il faut impérativement voir la suite, La rançon, sans Carol Lynley hélas. Elle aurait pourtant pu y participer puisque Elyse est toujours vivante à la fin des Défenseurs.

La critique de Denis Chauvet : 

On visionne enfin un très bon épisode, après trois qu’on peut facilement zapper. C’est un tournant car, à défaut d’une envahisseuse récurrente auprès de Vincent comme je l’évoquais pour Conférence au sommet, l’architecte peut s’appuyer sur un groupe qui a rallié sa cause. Sept mercenaires, dont le riche industriel Scoville, agissent pour enrayer l’invasion, avec des fonds et des possibilités qui faisaient défaut à la lutte solitaire de Vincent jusque-là. 

L’aventure démarre sur les chapeaux de roues mais le rythme s’essouffle malheureusement dès la fin du premier acte, avec l’évasion de la base secrète de Vincent et d’Elyse, interprétée par la jolie Carol Lynley, disparue récemment. L’intrigue est construite sur des actes de manipulation des deux côtés (les envahisseurs sur Vincent puis l’architecte sur Elyse), et il y a de nombreuses scènes d’action. Peu de suspense cependant, car il ne fait aucun doute que la jeune femme est alliée aux envahisseurs pour, en définitive, une histoire bancale de chantage (comment peut-elle croire que son frère est toujours vivant ?). Deux alliés de Vincent trouveront la mort à cause de sa naïveté, mais elle sera néanmoins acceptée pour faire partie du groupe. La lutte s’organise enfin ; à sept, c’est mieux que seul. On est ravi que les cristaux d’hypnose ne fonctionnent plus, une arme qui m’a toujours paru surfaite ! Les observateurs remarqueront que l’envahisseur qui capture Vincent n’est autre que Mark Russell, Saperstein de la série Kojak, pas crédité au générique…

Retour à l'index


15.LA RANÇON
(THE RANSOM)

La critique de Patrick Sansano : 

Le 27 novembre 1969 fut pour moi un jour inoubliable, en quelques semaines, David Vincent-Roy Thinnes était devenu le héros de mon enfance. D'une part je pensais naïvement voir le dernier épisode, d'autre part il y a cette scène qui, la première fois, fait un sacré choc : Vincent se bat avec un envahisseur et, projeté contre un bloc électrique, meurt.

Et l'on entend ce dialogue incroyable :
« Il est mort.
- Un instant (Cyrus Stone). Ces quarante années de vie que vous m'avez promises, donnez-les à cet homme.
- C'est demander trop ! (Alfred Ryder jouant le chef des envahisseurs.) »

Le cerveau humain ne pouvant rester sans oxygène plus de trois minutes, les envahisseurs le transportent dans un tube de régénération (curieuse idée puisque habituellement cela tue, cf Alan Landers dans Première preuve). Le cadavre de Vincent avec l'énergie électrique "extraterrestre" semble bouger, mais le pouls ne revient pas.

Finalement, David est ramené à la vie. Mais pendant un moment, les fans ont cru que leur héros était mort !

Cet épisode est la suite directe des Défenseurs, on retrouve bien sûr Scoville mais aussi Bob Torin (Anthony Eisley).

L'épisode nous propose aussi Laurence Naismith cette fois dans le rôle du poète Cyrus Stone, et Karen Black que j'ai revue en 76 dans Complot de famille. Enfin, c'est la découverte de Alfred Ryder, le chef des envahisseurs. À l'époque, l'ORTF n'avait pas diffusé Vikor où il était Nexus. Le visage de ce comédien me hantera longtemps car on le voyait souvent dans des séries américaines en guest à la télé française dans les années 70 : Les Mystères de l'Ouest, Hawaii Police d'État, Agents Très Spéciaux, Mannix, Opération Vol etc...

David Vincent et Bob Torin enquêtent dans un moulin abandonné, dans le Vermont, et tombent sur une base d'extraterrestres. Si Torin est blessé (et sera plus tard tué), les deux hommes font un prisonnier d'une valeur inestimable : le chef des envahisseurs. Eux qui se moquent de la vie et n'ont pas peur de mourir, ni n'éprouvent de sentiments, font grand cas de ce chef qui semble avoir une valeur immense. Il va donc servir de "monnaie d'échange".

L'épisode fut rediffusé en 1973 et dans Samedi est à vous en 75. Avec le temps, l'épisode a perdu de sa force : le discours écolo-moralisateur de Cyrus Stone est aujourd'hui un lieu commum, l'histoire de sa petite-fille Claudia qui a fui la ville pour retrouver les vraies valeurs, cela fait un peu gnan gnan. Alfred Ryder est toujours aussi menaçant, que ce soit dans le rôle de Nexus (Vikor) ou de ce chef sans nom que Vincent finira par appeler "Ryder" dans La recherche de la paix. C'est un des meilleurs méchants de toute l'histoire des séries télé.

Les envahisseurs seront contraints de ramener à la vie un David Vincent électrocuté contre la remise de leur chef. Les décors de montagne et de forêt ajoutent au suspense. On va quand même un peu regretter que Elyse Reynolds (Carol Lynley), pardonnée de sa trahison dans l'épisode précédent, n'ait pas été conviée à cette suite. Laurence Naismith reste ici vivant jusqu'à la fin contrairement à son rôle de Curtis Lindstrom dans L'expérience. Si un épisode joue avec vos nerfs et est plein de suspense, c'est bien La rançon.

La critique de Denis Chauvet : 

On replonge dans le médiocre avec cet épisode qui, pourtant, commence très bien, mais l’intrigue s’enlise au fur et à mesure pour finir dans du grand n’importe quoi. La rançon reste en mémoire, car c’est l’aventure où les envahisseurs font ressusciter David Vincent ! Rien que ça…L’architecte et un allié – le mari de la femme tuée des Défenseurs - s’emparent d’un important chef alien haut placé dans la hiérarchie, interprété par Alfred Ryder, déjà vu dans Vikor, qui fournit de nouveau une grande composition.

La comparaison s’arrête là car toute l’intensité s’évapore dès que Vincent et son prisonnier, qui a besoin de se régénérer pour survivre, se réfugient dans une grande ferme, habitée par un vieux poète et sa fille. Laurence Naismith personnifie l’idéaliste contemporain crédule et moralisateur, c’est du déjà vu, là aussi, une sorte de victimisation, bien loin de son rôle de L’expérience de la première saison. Quant à sa fille, une grande duduche au strabisme prononcé, elle a droit à sa petite balade avec Vincent avant de revenir rapidement au point de départ. De sept, les défenseurs passent à six, car Torin se fait piéger tel un rat par des faux militaires. À noter que les envahisseurs n’ont plus de sèche-cheveux comme arme mais des révolvers et des fusils. Là aussi, le charme est perdu…

Retour à l'index


16. ACTION DE COMMANDO
(TASK FORCE)

La critique de Patrick Sansano : 

Voilà un des épisodes les plus effrayants de la série, même si les aliens ont délaissé leurs pistolets lasers pour des carabines et des révolvers bien terriens.

J'ai vu cet épisode en janvier 1972 et il m'avait (en noir et blanc) flanqué une vraie frousse, et à chaque rediffusion, je trouve qu'il n'a rien perdu de son "pouvoir".

Le pré générique nous montre David Vincent rencontrer un grand patron de presse, William Mace. La scène de son exécution par les envahisseurs, malgré les protestations de son neveu Jeremy, et sous le regard glacial de Frank Marth (de retour après un petit rôle dans L'innocent), ainsi que la scène digne d'une réunion du Spectre dans les James Bond où les envahisseurs, le visage figé tels des robots, autour d'une grande table, décident l'exécution de Mace, sont des moments de grande terreur.

Frank Marth est d'ailleurs remarquable dans son rôle de Eric Lund, qui finira (capturé par Vincent et Jeremy) par se suicider en se jetant d'un hélicoptère en vol. Il est digne des quelques autres chefs implacables personnifiés par Michael Rennie, Alfred Ryder et Murray Matheson. J'ai revu souvent Frank Marth, notamment dans Mannix et bien d'autres séries américaines, et il a toujours ce magnétisme effrayant d'un rôle à l'autre.

Linden Chiles joue à merveille aussi. Il est ici Jeremy, le neveu d'abord lâche, pris de crises genre spasmophilie. Il finira par vaincre sa peur quand il met en joue Eric Lund (ah la scène où ils marchent vers l'hélicoptère). L'acteur avait joué le docteur Bob Vincent frère de David dans Le mur de cristal (à oublier).

Nancy Kovack est également bien jolie en maîtresse de Jeremy qui le quitte pour sa lâcheté. Tout le long de l'épisode dans la VF, elle l'appelle "amour de ma vie" ; à la fin, devant son courage, elle renoue avec lui.

De tous temps, dominer la presse a été pour les dictateurs l'objectif numéro un. C'était donc un objectif évident pour les envahisseurs, mais Mace s'est rendu compte que quelqu'un veut infiltrer son empire de presse, et a demandé son avis à Edgar Scoville, se condamnant à mort par là même.

C'est un épisode qui alterne les scènes d'intérieur, de ville et se termine à la campagne. Le suspense ne faiblit pas un instant. On peut le regarder plusieurs fois sans se lasser et le recommander à quelqu'un qui veut découvrir la série.

La critique de Denis Chauvet : 

La note maximale pour cet épisode, et il faut en profiter car il est possible qu’il n’y ait plus beaucoup de quatre bottes. Quelques imperfections sont à noter comme un début bavard et lent, et les armes des envahisseurs, cette fois-ci montées sur des silencieux, ressemblent de plus en plus à celles de la mafia ; d’ailleurs, la réunion au sommet des envahisseurs au début de l’épisode est une réplique des meetings de Nitti et de gangsters des Incorruptibles. Cependant, en étant patient, à partir à peu près de l’assassinat du directeur de l’agence de presse, on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de la série ; à savoir suspense, frayeur et action.

La distribution est convaincante avec Frank Marth en chef alien et Linden Chiles (qui était le frère de Vincent lors d’un épisode de la première saison). Enfin, il ne faut surtout pas négliger la blonde platinée au look très prisé par Hitchcock, Nancy Kovack, brune au naturel, qui laisse tomber sa superbe chevelure pour ses rendez-vous et qu’on a tendance à soupçonner d’être une alien vu sa froideur. Il n’en est rien et elle participe activement à l’intrigue plutôt innovatrice avec la tentative des envahisseurs de contrôler un organe de presse. La belle secrétaire, en lice pour Miss Invaders, a beaucoup d’influence sur son nouveau patron couard et Vincent passe par elle afin de faire capoter le projet ambitieux des extraterrestres. Les passages marquants sont le meurtre de l’oncle dans un tube, la fusillade devant le studio (un des défenseurs est encore tué) et le final, dont la poursuite dans les champs qui révèle que Nancy Kovack porte un jupon sous sa jupe ! Un épisode qui monte en puissance et qu’il faut savourer alors que la qualité de la série devient très inégale.

Retour à l'index


17. LES POSSÉDÉS
(THE POSSESSED)

La critique de Patrick Sansano : 

La saison 2 je le disais réserve le meilleur comme le pire, l'épisode 15 est fabuleux (Action de commando), le 18 Contre-attaque tellement bon qu'il servit un temps d'épisode final pour l'ORTF. Beaucoup ont même cru que c'était le vrai dernier épisode. Entre les deux, nous avons cet épisode ennuyeux, diffusé pour la première fois sur TF1, Les possédés.

Peut-être les scénaristes écrivaient-ils trop vite ? Les tournages s'enchaînaient rapidement (Roy Thinnes l'a raconté à de multiples reprises), bref de temps en temps cela donne un épisode raté.

Celui-là avait un bon scénario au départ : un médecin ami d'université de David, Théodore Willard, (Michael Tolan, un familier des séries comme Mannix) contrôlé par un émetteur à la base de son cou, le contrôle en question visant à le persuader que les envahisseurs ne sont pas les ennemis des humains (idée déjà exploitée mais avec plus d'efficacité dans L'innocent). Il y a tant de bons épisodes à chroniquer que je ne vais pas m'éterniser sur celui-là, l'histoire est complexe, restent les décors, notamment lorsque David arrive à Las Palmas à l'institut Willard, mais c'est vraiment peu pour retenir l'attention.

Comme souvent dans la série, quelqu'un est, dans un passé récent, mort bizarrement d'une crise cardiaque. Dans Alerte au rouge c'était la première femme du major Keller, ici c'est le père de la fiancée de l'ami de David. Celui qui suit la série comprend avant tous les protagonistes que la mort n'est pas naturelle et est dûe aux envahisseurs (au fil des épisodes, ce genre d'allusions à des crises cardiaques - le mari de Kathy Adams dans Première preuve - est devenu courant). La fiancée de l'ami est interprétée par Katherine Justice, qui jouait Helen, la fiancée de David dans L'innocent. Katherine Justice est une familière des amateurs de séries américaines des 60's et 70's (son rôle le plus fort est celui d'une femme violée par un ex policier dans Hawaii Police d'État/épisode Viol, on l'a vue aussi dans Le Magicien avec Bill Bixby, Mannix, Sergent Anderson et Cannon). La fiancée demande donc une autopsie de son père, et à cause de cela, Théodore "sous contrôle" tente de la tuer.

En revisionnant cet épisode, je ne comprends toujours pas pourquoi les scénaristes ont cru bon d'adjoindre à David Vincent un envoyé de Scoville. Il ne fait que rendre l'histoire plus complexe.

Quant au frère de Théodore, il est joué par Michael Constantine (l'un des acteurs qui a été le plus souvent guest star dans différents rôles dans Le Fugitif, on l'a vu aussi dans Kojak et Mission Impossible). L'intrigue trop compliquée fait que la mayonnaise ne prend pas. J'avais trouvé l'épisode raté en 1987, en le revoyant dans le coffret DVD je le trouve toujours aussi mauvais. Il y a les comédiens, mais c'est une piètre consolation.

La critique de Denis Chauvet : 

De nouveau un opus très faible, avec peu d’intérêt. Le gros problème de la série est les scénarios bancals. Cet épisode en est l’illustration parfaite. Comment Vincent ne remarque-t-il pas le gros pansement au cou de son ami par exemple ? L’intrigue en elle-même n’est pas intéressante ; la prise de contrôle des individus par un émetteur suite à une transplantation est plutôt du domaine du fantastique, moins des envahisseurs. Dans la distribution, on note Michael Constantine, un habitué des séries cultes US, et Katherine Justice, qui fut la fiancée de Vincent dans la première saison : elle est maintenant celle de son ami ! Cette histoire de deux frères, dont un soumis aux extraterrestres, est, de plus, truffée de dialogues creux et incohérents…Suivant !

Retour à l'index


18. CONTRE-ATTAQUE
(COUNTERATTACK)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode en février 1972 concluait les 26 achetés par l'ORTF et cette fois, tout le monde pensait que c'était la fin (heureuse). Pourtant, il fut rediffusé en mars 1975 sur Antenne 2 après Aujourd'hui madame en "premier épisode".

Et tout en effet, dans cet épisode, fait croire que c'est la fin. David est dans un premier temps victime d'une cabale (en réalité, c'est un coup monté entre Scoville et lui pour piéger les envahisseurs), coup monté qui va réussir.

À l'époque, je ne trouvais pas insupportable Lin Mc Carthy, qui joue ici le colonel Archie Harmon, le militaire de haut rang que Scoville et Vincent veulent convaincre de l'existence des aliens. Dans cet épisode, les défenseurs ne se débrouillent pas mal puisqu'ils réussissent à brouiller les signaux radars qui permettent aux soucoupes volantes d'atterrir. L'une d'elles s'écrase d'ailleurs en mer.

D'autre part, et ce n'est pas un mince exploit : un chef envahisseur est capturé, attaché sur un lit. Il est filmé alors qu'il meurt dans le brouillard rouge. Cette fois, David Vincent a enfin une preuve.

Pas suffisante apparemment puisqu'il reprend son bâton de pélerin dans l'épisode suivant. À noter que dans une bonne partie de l'épisode, nous pensons que la déchéance a atteint David, qu'il a perdu la confiance de Scoville, tandis qu'il garde le soutien de Joan (Anna Capri - trés mignone actrice que je n'ai jamais revue ailleurs). Joan est la nièce de Scoville, et je ne sais trop pourquoi, en 1972, j'ai pensé que Joan et David dans le prolongement de l'épilogue allaient se marier, que c'était le happy end parfait.

Pendant quelques années, j'ai eu mon dernier épisode, mon épilogue, il était un peu court mais je n'ai pas percuté à l'époque que John Bryce (John Milford), l'un des défenseurs, a été tué dans Inquisition, diffusé une semaine avant Contre-attaque (l'ORTF a diffusé les épisodes dans le désordre).

L'épisode est passionnant d'un bout à l'autre, avec le retournement de situation final (pendant un long moment, on croit que David, désabusé, est devenu un traître), et Joan était d'autant plus convaincante qu'elle n'était pas dans la confidence du plan mené par Scoville et David.

La critique de Denis Chauvet : 

C’est l’épisode qui aurait pu clore la série peut-on lire. Heureusement que non ! Certes, deux envahisseurs agonisants ont été filmés, ce qui devrait faire taire tous les sceptiques. Quelle fin banale cependant ! Comme souvent, l’épisode commence fort mais il s’essouffle malheureusement assez rapidement. Un ami de Scoville est assassiné, alors qu’il avait trouvé le moyen de brouiller les signaux de navigation des navettes spatiales. Les défenseurs deviennent les attaquants et le programme semble alléchant.

Cependant, le plan de Vincent pour attirer les envahisseurs dans le piège tendu présente une ficelle bien grosse pour être crédible. Les extraterrestres d’une soi-disant intelligence supérieure tombent trop facilement dans le panneau.  Sinon, le thème de la déchéance du héros pour infiltrer l’ennemi a été maintes fois traité dans les séries, avec plus ou moins de succès. Là, c’est moyen ; Le cas Valentin des Brigades du Tigre est la perfection dans le domaine. On note que Vincent sait parler aux femmes: "You're happy and you don't have a brain in your head.”, même si Louise en est une…, et qu’un envahisseur montre son doigt à la portière de voiture d’une façon ostensible…

À ce sujet, Larry Cohen, le créateur de la série, déclara : «Le petit doigt raide était un symbole de féminité. Vous savez, la personne qui tient un verre de champagne de cette façon par exemple. Lorsque la série a été tournée dans les années soixante, la communauté homosexuelle était en quelque sorte une communauté invisible. Les gens vivaient des vies cachées. C’est drôle, parce que le petit doigt symbolise en quelque sorte l’homosexualité et que personne ne l’a remarqué ».

La jolie Ahna Capri, d’origine hongroise, la nièce de Scoville dans l’épisode, joua dans de nombreuses séries dont Kojak, et elle eut son heure de gloire dans le Bruce Lee Opération Dragon. Sa voiture entra en collision avec un camion et elle décéda après plus d’une semaine de coma en août 2010.

Retour à l'index


19. EMBARGO SUR LE RÊVE
(THE PIT)

La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode en 1972 m'avait donné une telle frayeur que mes parents décidèrent de me priver des Envahisseurs. Je ratais donc l'épisode suivant, L'étau, mais heureusement je fis revenir l'accord parental et il y avait en jeu l'épisode Mission de vie avec Barry Morse et Diana Muldaur ainsi que les derniers épisodes.

Embargo sur le rêve commence de façon vertigineuse : le professeur Julian Reed (Charles Aidman, celui qui remplace parfois Artemus Gordon en Jeremy Pike dans Les Mystères de l'Ouest) est victime d'hallucinations. Il se voit pourchassé par une soucoupe. Là, le réalisateur a fait très fort. J'ai dit lors d'une critique "il vaut mieux voir la soucoupe la nuit", mais cette fois elle apparaît de façon déformée, irréelle et vraie à la fois. Frôlant ce pauvre homme près de bâtiments, en pleine ville, il y a vraiment de quoi flanquer la frousse à un ado et justifier l'internement de Reed dans l'épisode.

Et des séquences qui donnent une peur bleue, il va en y avoir une condensation dans cet épisode : une machine à rêves qui vous détraque le cerveau et vous rend fou, un envahisseur malin qui a trouvé le moyen de simuler des battements de cœur avec un cœur artificiel, un autre qui se fait démasquer par un chien de garde berger allemand lequel lui assène une morsure mortelle (l'envahisseur disparaît comme d'habitude dans le rouge). Ce n'est pas tout : dans une scène de délire, Reed voit l'auriculaire de Vincent se raidir. Authentique, il prend David son vieil ami pour un alien. Notons enfin que la distribution comprend, dans le rôle de Pat, l'épouse de Reed, l'actrice Joanne Linville, qui retrouve un rôle d'épouse tourmentée semblable à celui qu'elle tenait dans le rôle de l'épouse de Hardy Smith dans L'astronaute.

Il y aussi ce parc d'attractions que le fils des Reed ne trouve pas naturel, et où David va faire un tour. Bien évidemment, il y trouvera des installations extra-terrestres. Et puis nous avons cette fameuse machine à rêves (à cauchemars) conçue par les extraterrestres.

Il n'est donc pas étonnant qu'en 1972, l'accord parental me fut retiré. Embargo sur le rêve est un épisode sur la folie. Larry Cohen était alors éloigné de la série mais il n'aurait pas renié cet épisode digne de Cauchemar, L'innocent ou L'ennemi. Si vous avez envie de dormir tranquille, et bien un conseil, ne regardez pas cet épisode avant d'aller vous coucher.

La critique de Denis Chauvet : 

La séquence pré-générique hallucinatoire est paranoïaque au possible, un petit bijou (‘David, ils sont là !’). Cependant, l’aventure commence lentement avant de s’emballer au second acte avec la scène du chien qui mord un garde envahisseur (ce qui entraine sa mort quelque temps plus tard). Le professeur Julian Reed, qui a appelé Vincent à l’aide, est-il timbré et parano ou les envahisseurs sont-ils vraiment au cœur de l’entreprise ? Le chien, le récit du petit Frankie – le fils de Julian – et des rapports bidouillés sont la clé du mystère.

L’intrigue est intéressante, et le fait qu’un associé ait simulé l’existence d’un cœur brouille les pistes. La séquence à la fête foraine, centre des extraterrestres, est palpitante, mais la fin laisse un peu sur sa faim. Il y a la récurrente scène du faux taxi et le dénouement rapidement expédié où le garde abat tous les envahisseurs annihilant toute preuve possible. La machine à rêves fabriquée par les aliens a bien failli faire perdre la raison à David Vincent. On reconnaît dans la distribution Charles Aidmann, partenaire épisodique de West des Mystères de l’Ouest, et Joanne Linville, une habituée des séries US – Kojak, Les rues de San Francisco - et femme de l’astronaute dans l’épisode du même nom. Le retour du thème musical de Dominic Frontiere (l’introduction, le parc d’attractions) et de beaux extérieurs complètent l’impression positive.

Retour à l'index


20. L'ORGANISATION
(THE ORGANIZATION)

La critique de Patrick Sansano : 

En visionnant cet épisode sur TF1 en 1987, je me suis tout de suite fait la remarque : est-ce que les américains bien-pensants n'ont pas voulu "moraliser" la série en montrant que la mafia et les aliens, c'était le même combat, un peu comme on le ressent à la vision de l'épisode La capture (très anti communiste et montrant un fonctionnaire soviétique prêt à croire que les envahisseurs sont des robots fabriqués aux États-Unis). Bon, la saison 2 ayant fini sa course par une annulation, nous n'avons pas eu de saison 3 où nous aurions sûrement eu affaire à un épisode anciens nazis/envahisseurs : même combat.

L'atout de cet épisode, c'est JD Cannon, un comédien que j'ai découvert dans Première preuve, où il était le lieutenant de police Holman. Il jouait aussi l'homme lâche qui laisse le manchot tuer Mme Kimble dans Le Fugitif, et on l'a revu dans la série Un Shérif à New York l'été 1976 aux côtés de Dennis Weaver, le héros de Duel.

JD Cannon, en caïd de la mafia, est bigrement persuasif. Dans cet épisode, à la dernière scène, on le retrouve mort, criblé de balles à une table de restaurant, pour avoir voulu retrouver un peu de moralité et de dignité. Il faut vous dire que la mafia, dans son dos, pour récupérer une cargaison de drogue, avait conclu un marché impensable avec les envahisseurs. Si on pousse la logique, les envahisseurs sont venus sur Terre pour nous anéantir. Blake le dit à David et à l'infirmière Gale dans L'ennemi : "Si nous ne trouvons pas le moyen de vivre avec l'oxygène, nous retirerons celui-ci de la terre et tuerons toute vie sur cette planète." Alors, la mafia échange Vincent contre une cargaison de drogue, mais le moment venu, toute alliance avec "ces êtres étranges" s'avère perdue d'avance. Dans Vikor, Jack Lord en fait l'amère expérience.

Entendons-nous bien, je ne veux pas défendre la mafia, mais la construction du scénario de L'organisation est totalement illogique. Lorsque les aliens auront gagné - s'ils gagnent - il n'y aura pas de quartier et ils tueront tous les humains.

Alors, pas de jolie fille dans cet épisode, mais un JD Cannon épatant en Kalter, un mafioso qui a compris que, quels que soient les enjeux, il vaut mieux se ranger du côté de David Vincent et de Scoville que des envahisseurs. Dans l'épisode, il est question d'une soucoupe volante qui a heurté un satellite américain. Vincent veut récupérer les débris de l'engin spatial, Kalter (JD Cannon) sa drogue. Kalter n'est pas un saint. Au début, il ne croit d'ailleurs pas du tout à l'existence des aliens.

Au final, Kalter sera le seul à comprendre qu'il vaut mieux aider Vincent et paiera de sa vie le fait de désavouer le pacte mafia/envahisseurs. Ils ne nous ont pas fait non plus un remake des Trois Jours du condor, les dingues de la CIA s'alliant aux aliens. Finalement, sa courte durée aura empêché Les envahisseurs d'explorer toutes les pistes scénaristiques, ce que fit plus tard Chris Carter avec les X Files.

La critique de Denis Chauvet : 

Un très bon épisode innovant avec cette association improbable des Défenseurs avec la pègre. Bien que les chefs mafieux et Scoville soient sceptiques à cette union, Vincent trouve un allié en la personne de Kalter, un caïd interprété excellemment par J.D. Cannon (le flic obtus du premier épisode). Les envahisseurs ont dérobé des métaux d’une soucoupe recueillis sur un bateau ainsi qu’un chargement de drogues. Chacun veut récupérer ce qu’il l’intéresse. On assiste à un renouvellement, même si le premier quart d’heure tire plus vers la série Les incorruptibles que Les envahisseurs.

Cependant, l’intrigue est intéressante, et l’épisode parsemé de passages captivants, tels que l’attaque du fourgon par le motard, la combustion du truand envahisseur en assemblée, la découverte du wagon-citerne qui sert de centre de régénération (on aperçoit Mark Russell alias Saperstein de Kojak), et le final dans le musée d’histoire naturelle. Kalter paiera de sa vie d’avoir sauvé Vincent tout en reniant la trahison et le pacte contre nature entre les aliens et la pègre. La désinvolture et mansuétude des chefs mafieux à l’encontre des extraterrestres – cupidité, trahison et intérêts avant tout - se retrouvent dans l’attitude de nos dirigeants envers nos envahisseurs...

Retour à l'index


21. LA RECHERCHE DE LA PAIX
(THE PEACEMAKERS)

La critique de Patrick Sansano : 

Voilà un épisode ridicule. Dès sa première diffusion sur TF1, il m'a franchement énervé. Mais il y a Alfred Ryder et rien que pour ce merveilleux bonhomme, il faut voir l'épisode.

L'épisode nous ramène l'excellent James Daly (le père de Tim Daly dernier Richard Kimble en date) qui était l'associé de Vincent dans Première preuve. Ici, avec un zozotement ridicule dans la VF, il joue le général Concannon. Je m'arrêterais bien au début de son nom propre. Il martyrise sa propre épouse qui l'a écouté dans son sommeil et sait qu'avec le plan "Armaggedon", il dupe tout le monde et veut bombarder les envahisseurs et leur leader lors d'une réunion, quitte à tuer des innocents. À la fin de l'épisode, il est même prêt à bombarder la réunion alors que sa femme et son fils y sont présents.

Il ne fallait pas rendre la série ridicule et cet épisode va malheureusement dans ce sens. On y voit par exemple David Vincent appeler le chef des aliens du nom de l'acteur qui l'interprète, Ryder, et lui demander de l'aide : vite, une soucoupe pour désintégrer le bombardier du général Concannon.

La belle série de Larry Cohen ne méritait pas cet épisode. On y retrouve le colonel Harmon (avec Lin Mc Carthy et son air béat) et l'apparition de la soucoupe au-dessus du bombardier montre les limites techniques des effets spéciaux. Ce qui a été réussi avec brio dans Embargo sur le rêve (la soucoupe poursuivant le professeur Reed, on y croit) nous donne ici une scène qui se veut spectaculaire. C'est tout le contraire.

De plus, avec un épisode de ce genre, où l'on organise une rencontre au sommet entre les autorités et les envahisseurs, quel rôle reste-t-il à David Vincent ? Enquêteur solitaire et baignant dans un climat de paranoïa dans la saison 1, il est ici relégué à un rôle bien secondaire.

L'épisode se termine sur un point d'interrogation. Le chef des envahisseurs acceptera-t-il une autre négociation de paix si David réunit des gens plus censés que Concannon ? Ce dernier manque mourir empoisonné par des homards (un coup de son épouse), puis n'est pas raté par le rayon lancé d'une soucoupe. On a du mal à le plaindre. Un épisode ni fait ni à faire.

La critique de Denis Chauvet : 

Après un bon début d’épisode, l’intrigue s’effiloche très vite pour se transformer en eau de boudin bavard et incohérent. Beaucoup se questionnent sur les raisons de l’arrêt de la série, mais il ne faut pas chercher bien loin. C’est flagrant : le manque d’imagination des scénaristes, et des histoires qui ne tiennent plus la route. L’arrestation, les deux morts extraterrestres, la tentative d’enlèvement du colonel et la bagarre dans l’appartement s’enchainent sur un rythme nerveux, sans temps mort, puis brusquement, c’est la panne sèche avec des stupidités scénaristiques inconcevables.

Le gouvernement ‘sait’, ce qui implique un secret d’État, mais dans ce cas, Vincent n’a plus besoin de chercher à convaincre des militaires haut gradés ou des politiques ! Puis arrive la proposition faite aux envahisseurs : trouver un terrain d’entente ou on fera exploser la Terre pour la rendre inhabitable ! Qui a pu pondre une telle imbécilité ? Une sorte d’Armageddon mené par un général qui a conçu un plan radical : amener les chefs aliens à une réunion pour tous les éliminer, même si ça doit en même temps supprimer des amis ou sa famille. Bref, c’est du scénario à la truelle, et si on ajoute à cela que le général a une voix désagréable au possible en VF, il faut être courageux pour tenir jusqu’au bout. En fait, c’est le chef alien, Alfred Ryder qui est le seul intérêt de l’opus ; il est ravi de revoir Vincent (après l’épisode La rançon), et l’architecte, qui l’appelle Ryder tout simplement, va jusqu’à demander son aide pour supprimer l’avion du général sur le point de lâcher sa bombe. Je suis très critique dès qu’il y a collaboration avec les envahisseurs, car cela dénature le concept initial. Un épisode à oublier, et c’est pourtant un des préférés du producteur Alan Armer…

Retour à l'index


22. L'ÉTAU
(THE VISE)

La critique de Patrick Sansano : 

Un épisode dont je fus privé en 1972, et sur lequel je me suis jeté 3 ans plus tard. Et après la catastrophe de La recherche de la paix, nous avons cette fois droit à un très bon épisode.

Dans cet épisode, il y a Roscoe Lee Brown qui il me semble jouait dans le film d'Hitchcock L'étau (Topaz) le rôle du journaliste qui aide Frédéric Stafford à piéger les cubains.

L'étau montre un noir, Arnold Warren (RL Brown) qui doit accéder à un poste important lui donnant accès au programme spatial américain. Warren est un envahisseur. Dans l'épisode, un autre noir dira : "Je n'ai jamais vu un noir qui ait des paumes de main comme lui". Nous avons droit aussi à cette savoureuse remarque de James Baxter (Raymond Saint Jacques), un officier de police noir chargé d'enquêter sur la probité et la validité de la candidature de Warren ; ce dernier lui dit: "Je trouve que vous n'êtes pas très loyal vis-à-vis de votre race", et Baxter rétorque : "Oui mais à quelle race, la race noire, ou la race humaine ?".

Son épouse, elle, veut coûte que coûte qu'un noir accède aux plus hautes responsabilités, et elle n'hésitera pas à trahir David Vincent coincé dans un bar, appelant au secours au téléphone son mari. Janet Mac Lachlan, dans le rôle de Celia, l'épouse de Baxter, se comporte, elle, en parfaite raciste.

Car son mari dès le départ lui fait part de ses doutes sur l'honnêteté de Warren, mais elle n'en a cure. Elle se rattrapera, happy end oblige, dans le 4e acte de l'épisode en aidant Vincent et en se faisant passer pour une journaliste multipliant les questions lorsque Warren a besoin d'une imminente régénération.

Le reste de l'épisode est d'un bon niveau, le suspense est constant, que ce soit dans une station service ou dans un bar où, pour échapper à la mort, Vincent se fait passer pour un meurtrier de flic et dit à un barman d'appeler la police pour la récompense (ce qui fera dire au barman : "S'il y a une chose que je supporte encore moins que les flics, c'est les faux flics".)

Il y a aussi ces petits moments qui rendent la série incontournable : ce petit film que projette Scoville où l'on voit le passé de Warren qui un jour fut victime d'un accident et ne saigna pas. Depuis, une légende se fit autour de "l'homme qui ne saigne pas". Cet extrait rappelle le petit film dans L'astronaute qui permet à Vincent de démasquer Hardy Smith.

Au final, un épisode presque parfait.

La critique de Denis Chauvet : 

L’étau présente une intrigue quelconque, au suspense limité, car on connaît les tenants et aboutissants dès le début. Néanmoins, l’épisode est inoubliable, car la distribution est pour la première, et unique fois, composée d’acteurs noirs. Ainsi, on les retrouve partout : vrais et faux policiers, conférencier, barman…Bref, c’est l’épisode noir de la série, qui démontre aussi qu’ils peuvent être des envahisseurs, car deux d’entre eux disparaissent dans l’immolation rougeâtre.

L’histoire est vite oubliée ; un enquêteur noir du Sénat est sur le point de recommander un politique, noir lui aussi, pour un poste important au programme spatial, mais David Vincent sait que l’homme est un envahisseur, et il doit convaincre l’enquêteur et sa femme. Rien de folichon, et le plus intéressant se trouve dans les dialogues, aussi bien en VF qu’en VO. Ainsi, le suspect reproche au détective de ne pas être loyal envers sa race. La réponse est sans appel : ‘Quelle race ? la race noire ou la race humaine ?’. Alors que la femme du policier étale un racisme décomplexé, comme on dit aujourd’hui, en poussant son mari à soutenir l’individu, peu importe les soupçons, sous prétexte qu’il est noir, le flic a plus de recul et utilise un vocabulaire qui serait montré du doigt aujourd’hui : « Just because he’s Negro, I’m not going to whitewash him » traduit par : ‘Je ne le blanchirai pas, uniquement parce qu’il est noir’. Ah, cette réplique ‘made my day’…Énorme ! Essayez de replacer ça aujourd’hui pour voir, ou pire, inversez les couleurs !

À part ça, l’épisode est bavard et bien lent, mais on note la bonne séquence d’ouverture à la station-service (Scoville vouvoie Vincent !), et la fuite de Vincent dans un bar fréquenté que par des noirs, mais le passage est plombé par le mensonge ridicule pour la récompense, qui ne tient pas la route. Un des deux faux policiers est Mark Russel, Saperstein de Kojak, pour sa troisième apparition en envahisseur, toujours sans réplique. Le plan final de Vincent est, comme souvent, très hasardeux, et l’ultime phrase de la voix-off laisse pensif : « ces envahisseurs venus du ciel ». Une époque révolue, ils viennent maintenant par la mer…

Retour à l'index


23. LE MIRACLE
(THE MIRACLE)

La critique de Patrick Sansano : 

Un épisode moins rébarbatif que Le prophète. Il aborde un peu le même thème : la religion

Barbara Hershey jouant ici le rôle de Beth Fergusson était au départ une actrice "sage", disons à l'époque de cet épisode et de sa série western familiale gnan gnan Les Monroe. Barbara Hershey a raconté il y a longtemps que le fils qu'elle a eu de David Carradine était né suite à une scène d'amour trop réaliste sur le tournage d'un film ! Je croyais qu'ils faisaient semblant moi.

Ici, elle joue le rôle de Beth qui est en train de se laisser conter fleurette lorsqu'un envahisseur arrive près d'une statue de la Vierge. Il se fait piquer par un serpent et meurt dans l'étrange brouillard rouge, non sans avoir juste avant confié à Beth un cristal.

Ce cristal est en fait un objet extraterrestre. Il va susciter la dévotion des indiens qui viendront le voir dans le bar du père de Beth, Fergusson, joué par Edward Assner ( vu en saison 1 en alien dans Le mur de cristal). Le père indigne fera croire que le cristal a été volé car sa fille ne veut pas le vendre. En effet, Beth, depuis qu'elle a vu ce qu'elle pense être une apparition, mène une vie de nonne et ne veut plus voir son petit copain.

Si je me souviens bien, cet épisode est le seul depuis Les défenseurs où nous ne voyons pas Scoville, il me semble que Vincent se contente de lui téléphoner.

L'un des moments de frissons de l'épisode est celui où Vincent suit une religieuse qui va vers un centre de régénération. Au milieu d'un épisode trés moyen, il y a toujours ces moments d'angoisse intense qui nous rappelent que nous sommes bien dans Les Envahisseurs.

Quelques plans marquent l'épisode, notamment celui de ces indiens qui regardent fixement et avec dévotion le cristal. Ce n'est pas un épisode indispensable, et vous pouvez le zapper sans perdre la continuité de la série. Il fait partie des épisodes à ne pas recommander à quelqu'un qui n'aurait jamais vu la série.

La critique de Denis Chauvet : 

 

Une intrigue moyenne qui connaît quelques rebondissements intéressants, avec la présence d’une jolie brunette, Barbara Hershey. Cette dernière pense avoir été témoin d’un don du ciel après qu’un envahisseur agonisant lui ait remis un objet. Cette histoire d’un cristal, comparé pendant les deux tiers de l’épisode à un miracle, est assez fastidieuse et, seule, la fin permet de retrouver des frissons dignes de la série avec la découverte de la fausse (mais jolie) bonne-sœur à l’intérieur d’un tube de régénération dans une vieille grange. 

Il y a également quelques scènes de bagarres, mais l’opus est loin d’égaler les excellents épisodes de la première saison. Ça se traine, et David Vincent est même chloroformé façon Tara King. La fin est très étrange : la mort d’Harry (Ed Asner) semble anecdotique pour sa fille et, curieusement, l’architecte réussit à quitter la petite ville du Nouveau-Mexique en emportant le cristal. Est-ce une preuve suffisante pour conclure la série ?

Retour à l'index


24. MISSION DE VIE
(THE LIFE SEEKERS)

La critique de Patrick Sansano : 

Épisode culte avec deux acteurs fabuleux. Barry Morse qui, un an plus tôt a arrêté de courser Le Fugitif (autre production Quinn Martin) joue le rôle de Keith. Diana Muldaur (vedette de la série Vivre Libre et guest de deux épisodes mémorables de Hawaii 5-0) interprète Claire.

Keith et Claire sont en mission de paix sur Terre, ce sont des envahisseurs mais ils ne partagent pas l'objectif criminel de leurs congénères.

Cet épisode vers la fin nous permet de voir à nouveau les fameux pistolets "séche-cheveux" lasers qui étaient légion en saison 1 (La mutation, Les sangsues). En effet, les autres aliens ont décidé de faire la peau à ces deux pacifistes.

C'est un épisode qui a beaucoup de scènes d'action et de poursuites : Keith et Claire se font piéger à un barrage de police alors qu'ils ont besoin de régénération, le troisième alien qui est avec eux est tué par un policier...

Les comédiens sont convaincants dans leur rôle : Diana Muldaur a un physique assez doux et protecteur, tandis que Barry Morse, barbu et moustachu, n'a plus rien de la férocité du lieutenant Gérard. Ce qui gâche un peu la fin, c'est le départ en soucoupe, à nouveau effet spécial raté. Il est étrange de constater comment ce qui "prend" dans Embargo sur le rêve révèle ses limites dans Panique, Guerre subversive et La recherche de la paix. Mais bon, la production n'avait pas les moyens de X Files.

Est-ce le talent de Barry Morse ? L'épisode ne tombe jamais dans le piège des bons sentiments, nous croyons à cette mission de vie. David parviendra à convaincre un policier (que Keith, Claire et lui retiennent prisonnier) de leurs bonnes intentions.

Quelques dialogues de l'épisode :

- Claire (révélant malgré elle son identité d'envahisseuse) répond à David qui lui dit avoir apporté de l'oxygène : "Mais l'oxygène tue."

- Claire se coupe devant le policier prisonnier qui ne croit pas aux extraterrestres

"Il n'y a pas de sang dans ce bras, pas de cœur dans ce corps."
Le policier se met à trembler :
"Vincent, éloignez cette femme de moi !"

Bref, la série s'achève en beauté, nous sommes à deux épisodes de la fin.

La critique de Denis Chauvet : 

Enfin un excellent épisode, seulement le quatrième de ce calibre pour cette seconde saison jusqu’à présent. David Vincent doit jouer les gardes du corps et faciliter le retour sur leur planète de deux envahisseurs. Keith et Claire sont en effet pourchassés par leurs congénères pour leur refus de détruire la Terre. La distribution n’avait pas été aussi qualitative depuis longtemps, car les aliens sont interprétés par Barry Morse, le flic du Fugitif, et la superbe Diana Muldaur, adorable dans son ensemble orange et bleu (l’action se déroule en continu sur une journée, et elle n’aura pas le temps de se changer). Décidément, le moule de fabrication des femmes envahisseuses est réussi, car aucun laideron n’est envoyé dans l’espace pour titiller David Vincent. La liste est belle : Diane Baker, Suzanne Pleshette, Barbara Luna, Diana Hyland…Comme Vikki (La mutation), Claire éprouve des sentiments, et elle est même la seule avec qui l’architecte échange un baiser et il s’enquiert d’un possible retour sur Terre.

La réussite de l’épisode tient, certes, à la qualité de la distribution, mais aussi aux recettes de la première saison, trop rarement usitées lors de la seconde. Dans The Life Seekers, le suspense et l’action rythment l’épisode, et les fondamentaux, tels que le disque mortel, les cristaux d’hypnose et même les fameux pistolets en forme de sèche-cheveux, sont de retour. Keith et Claire se sont réfugiés dans une vieille ferme qui leur sert de quartier général, mais elle se trouve en pleine zone de recherches, et Vincent utilise le capitaine de la police pour passer le barrage, se réfugier dans un motel et reconduire le duo au rendez-vous d’une soucoupe avec de vrais et de faux policiers à ses trousses.

Cet épisode, où se mêlent tous les éléments essentiels de la série auxquels un soupçon de romance s’ajoute, aurait pu constituer une bonne conclusion de l’œuvre. Keith et Claire retournent en effet sur leur planète afin d’essayer de convaincre leurs chefs d’abandonner leur funeste projet de destruction de la race humaine.

Retour à l'index


25. LA FUGITIVE
(THE PURSUED)


La critique de Patrick Sansano : 

Cet épisode n'a été diffusé qu'en 1987 sur TF1.

C'est l'avant-dernier de la série, et pour l'occasion, Suzanne Pleshette revient dans le rôle de Anne Gibbs, une envahisseuse aux pulsions colériques qui n'hésite pas à tuer une réceptionniste d'hôtel qui voulait prévenir la police après qu'elle ait échappé à deux aliens.

Il faut se rappeler qu'à l'époque de la production, personne ne sait qu'il n'y aura pas de saison 3 et que la série sera brutalement annulée.

L'épisode est très loin de valoir La mutation, malgré le talent de Suzanne Pleshette. Tout d'abord, Anne est infiniment moins sympathique que Vikki. Elle raconte à Vincent qu'elle est prête à se livrer aux autorités, qu'elle est la victime d'une expérience faite sur elle et qui la livre à des colères effroyables.

Ainsi, tandis qu'elle est en sécurité chez des amis de Scoville - un père et son fils - elle blesse grièvement le père.

On se demande un peu pourquoi les producteurs ont voulu faire un semi remake de La mutation. J'ai appris l'existence de cet épisode en 1978 avec un article du magazine Starlog qui proposait un guide des épisodes. La série était oubliée là-bas, alors qu'une partie des épisodes était multi diffusée depuis 1969 en France.

Au moment où une commission d'enquête gouvernementale va entendre Anne Gibbs, où l'existence des envahisseurs va enfin être reconnue, le mari de la réceptionniste de l'hôtel qui la traque depuis le meurtre de sa femme l'abat.

Je ne dirai pas qu'elle meurt dans les bras de David (il se serait brûlé !) Mais une fois de plus, la preuve disparaît au moment vital.

La critique de Denis Chauvet : 

On approche du terme de la série et c’est regrettable, car les épisodes proposés sont excellents comparés à une demi-douzaine du milieu de saison. Comme l’aventure précédente, l’accent est mis sur le rythme et une folle poursuite d’une envahisseuse reniée par ses congénères, le tout filmé dans des extérieurs avantageux. Anne Gibbs a une prédisposition à s’emporter dans des colères meurtrières suite à une expérience ratée pour lui inculquer les sentiments humains, et elle présente dorénavant un danger pour les envahisseurs. Elle propose à David Vincent d’aller à Washington et de révéler les intentions de ses semblables.

Après le rôle de Vikki dans La mutation – pour moi, le meilleur opus de la série – Suzanne Pleshette est de retour ; une ravissante actrice dont j’ai toujours apprécié les prestations aussi bien dans les séries qu’au cinéma (Les oiseaux, Nevada Smith…). Elle incarne une énigmatique fugitive extraterrestre alliant le charme et la sensibilité de la jolie Vikki. L’intrigue est intéressante et palpitante, et l’épisode aurait pu constituer, comme le précédent, une conclusion à la série. Évidemment, le coup de folie et la mort de la réceptionniste à l’aide d’une aiguille à tricoter laissent présager qu’Anne Gibbs terminera malheureusement dans une lueur rougeâtre. Pourtant, on y croit, et on espère même qu’elle franchisse la porte quoiqu’elle ait fait auparavant, car le personnage est, en définitive, sympathique et les beaux yeux clairs de la brune Suzanne Pleshette terriblement convaincants. De bonnes scènes d’action et du suspense tiennent en haleine jusqu’aux derniers instants.

Retour à l'index


26. INQUISITION
(INQUISITION)

La critique de Patrick Sansano : 

C'est l'avant-dernier épisode que l'ORTF nous proposa en février 1972, le faisant suivre la semaine suivante par Contre-attaque, et il a fallu un guide des épisodes de la revue américaine Starlog pour que je sache que "Inquisition" est le dernier.

En effet, si l'on peut admettre que c'est le dernier saison 2, c'est un combat de plus des défenseurs au terme duquel Vincent et Scoville auront gagné un allié, Andrew Hatcher (Peter Mark Richman de retour après son rôle de Tom dans Les sangsues) mais rien de plus.

On retrouve aussi la regrettée Susan Oliver (moins sexy que dans Guerre subversive) fiancée de Hatcher qui meurt en voulant sauver Vincent et Scoville dans un accident d'auto.

Une fois de plus, il est question d'un vaste plan d'attaque des envahisseurs - mais rien ne dit "attaque finale" et les défenseurs vont être accusés d'avoir tué un sénateur qu'ils venaient alerter pour le gagner à leur cause (une bombe explose juste après leur départ)

Joan, la petite amie de Hatcher, est journaliste ; elle croit à l'innocence de Vincent et fera tout pour convaincre Hatcher. Avec amertume, tandis que le procureur Hatcher changera d'avis, Vincent lui dira : "Vous avez attendu que votre fiancée soit au cimetière".

L'histoire est passionnante, mais pas comme un épisode de fin de saison. À ce titre, Le condamné ressemblait plus à un cliffhanger fin de saison 1 puisque les plans d'invasion des aliens étaient mis en échec pour longtemps. Alors qu'après Inquisition, tout reste à faire.

L'épisode est de bonne facture (manquerait plus que l'on termine par un mauvais épisode), notamment la scène où Vincent et Boland (John Milford, qui après Carver dans Premièrepreuve revenait comme défenseur récurrent, on le voit dans Contre-attaque) détruisent le repère des aliens, le personnage de Milford perdant la vie à cette occasion. C'est une scène assez spectaculaire.

Pourquoi ABC a-t-elle annulé Les Envahisseurs ? Roy Thinnes a dit que les scénaristes travaillaient sur la saison 3 et qu'il l'a appris par la presse, puis a appelé Quinn Martin

En 1978, quand je commençais une correspondance avec une texane fan de séries télé, elle m'envoya des pages de Starlog. Elle-même n'avait aucun souvenir de la série qui aux États-Unis était, dix ans après son annulation, oubliée...

La critique de Denis Chauvet : 

C’est le dernier épisode, la fin, et on reste terriblement sur sa faim. Un petit opus moyen qui aurait sa place en milieu de seconde saison, pas pour clore l’œuvre, car le déroulement n’apporte rien de neuf. C’est un peu l’épisode de trop…

Vincent et Scoville (qui a une voix française particulièrement désagréable) sont accusés d’avoir déposé une bombe qui a causé la mort d’un sénateur. En fait, les deux hommes ont démasqué un envahisseur parmi les parlementaires et ils se heurtent aux ambitions personnelles d’un procureur, qui s’acharne à les faire accuser. De leur côté, les Défenseurs doivent enrayer le plan des envahisseurs qui sont sur le point d’anéantir l’humanité. Avec l’aide d’une journaliste (Susan Oliver), Vincent réussira à éviter le pire, mais le tribut à payer est funeste avec la mort de l’alliée et d’un fidèle défenseur.

Évidemment, les scénaristes ne se doutaient pas qu’il n’y aurait pas de troisième saison. Néanmoins, lors de la programmation, les deux épisodes précédents Inquisition auraient constitué de meilleures fins ; Mission de vie pour une conclusion optimiste, avec le retour de deux envahisseurs sur leur planète dans le but de convaincre leurs semblables d’abandonner le projet de détruire la Terre, ou La fugitive pour une conclusion pessimiste, après avoir approché comme jamais du but. Dans tous les cas, ces deux épisodes auraient permis à la série d’avoir un épilogue plus mémorable.

Retour à l'index

Crédits photo : TF1 Vidéo.

Images capturées par Patrick Sansano.