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Saison 3Présentation

Les Chevaliers du ciel (2005)

Film


1. LES CHEVALIERS DU CIEL

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Film de Gérard Pirès (2005). Scénario original : Gilles Malençon. Musique : Chris Cornell.

Résumé :

Deux pilotes de l’armée de l’air, les capitaines Antoine Marchelli et Sébastien Vallois, sont chargés de retrouver un Mirage 2000 disparu lors d’une démonstration. Mais Marchelli ayant désobéi, il est chassé de l’armée et son copain Vallois le suit. Entrant dans un groupe de mercenaires, ils vont poursuivre pour leur compte la recherche du Mirage.

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Critique :

La question que je me pose est la suivante : pourquoi payer des droits d’auteur aux créateurs de Tanguy et Laverdure, ou à leurs ayant-droits, quand on fait un film qui n’a aucun rapport ni avec les albums de bande dessinée, ni avec la série télévisée ?

Le film nous propose deux nouveaux aviateurs, modernes, interprétés par des comédiens en vogue en 2005, Benoit Magimel et Clovis Cornillac. Il n’est jamais fait allusion dans le métrage à Tanguy et Laverdure, et le style post 11 septembre 2001, évoquant des terroristes, n’a rien de l’insouciance des héros de Jean-Michel Charlier.

On découvre donc un nouvel univers, avec une distribution qui ne se limite pas aux deux héros : Géraldine Pailhas, Alice Taglioni, Philippe Torreton y tiennent des rôles importants. Si les images proposées sont belles, et il faut l’avouer nettement plus réussies au point de vue technique que tout ce que l’on a vu dans la série des années 60, la magie a disparu. Le film évoque d’ailleurs bien plus « Top gun » que « Les chevaliers du ciel ».

La séquence d’ouverture nous met d’emblée dans une action trépidante. Un mirage est dérobé durant un salon aéronautique et l’on peut dire que l’on n’a pas lésiné sur les moyens. Ce sera le problème tout le long du film, une œuvre techniquement parfaite mais sans âme.

Comme pour « Belphégor », « Vidocq », « Les brigades du tigre », on a utilisé une série culte française comme alibi à un film qui n’a strictement rien à voir avec. Les nouveaux spectateurs s’en fichent, mais ceux qui sont venus alléchés par le titre sont frustrés.

Au début du film, qui se déroule au Royaume Uni, on a l’impression d’être dans un blockbuster américain, tant les dialogues anglais renvoient souvent aux sous-titres. Très vite, Magimel et Cornillac prennent leurs marques dans un film extrêmement sombre, sans jamais établir la complicité bon enfant et insouciante de Jacques Santi et Christian Marin.

Les nouveaux héros ne sont pas attachants. Grosse erreur de casting, Cornillac n’a pas du tout l’image d’un pilote de chasse. On comprend qu’il est là pour sa côte au box-office du moment, et est aussi peu convaincant en chevalier du ciel qu’en commissaire Valentin l’année suivante.

Magimel s’en sort à peine mieux : on le trouve assez froid et pas à l’aise.

Les scènes qui suivent tiennent du pur film d’action, elles sont certes spectaculaires, mais l’on retient davantage les prouesses de la prise de vue des avions que l’interprétation. On détient là la grosse différence avec la série, où les moyens financiers de l’ORTF limités laissaient place à beaucoup d’imagination. L’interprétation du tandem Santi-Marin suppléait à un manque de moyens évident, tandis que Pirès dans son film nous livre des images éblouissantes mais l’aspect humain passe au second plan.

Le film donne le tournis et l’on se croit parfois dans un jeu vidéo. Le sexe et la violence surviennent et l’on s’éloigne définitivement de tout espoir d’adaptation de la série.

Toutefois, le balai des mirages, les séquences de poursuites aériennes, offrent un spectacle digne d’un « Top gun ».

Après le Royaume-Uni, retour à la base d’Orange. Déguisé en blonde, Cornillac ne nous arrache pas un sourire. Le film, malgré les apparences, se prend terriblement au sérieux. Tout ce qui pourrait relever du comique sombre dans la vulgarité.

Philippe Torreton est statique durant tout le film. L’émotion est toujours absente, même lorsque Vallois/Cornillac décide de quitter l’armée en solidarité avec Marchelli/Magimel. Presqu’une heure de film (alors qu’il ne dure qu’une heure trente six minutes) s’est écoulé. Il faut donc en une demi-heure expédier les scènes dans le désert avec les mercenaires, la réhabilitation, la péripétie finale qui consiste à déjouer un attentat terroriste avec le mirage disparu.

A force de nous abreuver d’images spectaculaires en vol, Gérard Pirès perd le spectateur en chemin. Nous sommes dans l’imitation d’un film américain. Malgré le charme de Géraldine Pailhas et d’Alice Taglioni, ce film nous laisse de marbre. Il est à la fois trop court pour le développement de l’intrigue, après une exposition qui a pris trop de place, mais en même temps, tout cela est terriblement long.

Si l’on espérait faire une franchise à partir de cette adaptation, « Les chevaliers du ciel » ont suivi le chemin des « Brigades du tigre », du « Saint » avec Val Kilmer, du « Chapeau melon et bottes de cuir » avec Ralph Fiennes ou de la version de Jean-Pierre Salomé d’ « Arsène Lupin ».

Bien que les critiques aient salué un film proposant de belles scènes aériennes sans le recours aux effets spéciaux, l’unanimité s’est à peu près faite sur le peu d’intérêt des personnages, le manque de crédibilité de Magimel et de Cornillac et un scénario assez commun.

Les téléspectateurs continuent de se souvenir avec nostalgie de la série avec Christian Marin, tandis que l’adaptation de Pirès n’a pas fait date. Le film fait partie d’un effet de mode visant à voir au grand écran toutes les séries cultes, avec à l’arrivée un résultat bien mitigé.

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Anecdotes :

  • Pilote pour son plaisir, Gérard Pirès pensait au départ adapter la série fidèlement. Mais en 2005, le monde avait changé par rapport à 1967. A tout point de vue, géopolitique, place réservée aux femmes… Il décida donc de s’écarter à la fois des bandes dessinées et de la série.

  • Par soucis de réalisme, Pirès obtint que les acteurs (Magimel, Cornillac, Alice Taglioni) d’avoir accès à des choses relevant du secret défense.

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